ici corbu 60 bd4

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ICI CORBU JOURNAL DES HABITANTS DE LA MAISON RADIEUSE Et avant « ICI CORBU » ? La date de paruon du premier Bullen d’informaon est incertaine mais le n°2 est rédigé le 25 août 1955 : trois feuilles dactylographiées reproduites avec les moyens de l’époque, puis un n°3 en oc- tobre de la même année. En novembre 1956, les adhérents re- çoivent Maison Radieuse, un pet for - mat, beige, bleu ou vert selon les mo- ments. Quatorze numéros se succèdent jusqu’en juin 1960. Entre 1966 et 1971, le Bullen de liaison a une paruon irrégulière et une couver - ture illustrée. Depuis 1998, ICI CORBU, à raison de quatre numéros en moyenne par an, donne la parole aux habitants, au Conseil syndical, aux enfants de l’Ecole mater - nelle… L’événement E n 2015, l’A.H.M.R. a 60 ans mais ce n’est pas l’heure de la retraite pour autant… Au contraire, nous ne pouvons que souhaiter une nouvelle jeunesse à l’associaon avec toutes les nouvelles généraons qui gran‑ dissent dans notre Maison et qui espérons‑le, auront envie de s’in- vesr eux aussi dans la vie convi- viale, dynamique et enrichissante de l’immeuble, comme leurs aînés. Car ces Anciens ont œuvré pen- dant 60 ans au travers de l’asso‑ ciaon pour que la Maison Ra‑ dieuse soit celle qu’elle est au- jourd’hui. Cee année est aussi celle du cin- quantenaire de la mort de Le Cor - busier et, à cee occasion, nous vous offrons une pete exclusi- vité : une dédicace du Maître et une photo très rare de celui‑ci sur la passerelle de l’étang, le 2 juil- let 1955, lors de l’inauguraon de l’immeuble. Concours de pêche dans les années 60 2 5 A v r i l 1 9 5 5 - 2 0 1 5 60ans A.H.M.R. EDITION SPECIALE N°60 Le Corbusier sur la passerelle

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Page 1: Ici corbu 60 bd4

ICI CORBU

journal des habitants de la maison radieuse

Et avant « ICI CORBU » ?La date de parution du premier Bulletin d’information est incertaine mais le n°2 est rédigé le 25 août 1955 : trois feuilles dactylographiées reproduites avec les moyens de l’époque, puis un n°3 en oc-tobre de la même année.En novembre 1956, les adhérents re-çoivent Maison Radieuse, un petit for-mat, beige, bleu ou vert selon les mo-ments. Quatorze numéros se succèdent jusqu’en juin 1960.

Entre 1966 et 1971, le Bulletin de liaison a une parution irrégulière et une couver-ture illustrée.Depuis 1998, ICI CORBU, à raison de quatre numéros en moyenne par an, donne la parole aux habitants, au Conseil syndical, aux enfants de l’Ecole mater-nelle…

L’événement

En 2015, l’A.H.M.R. a 60 ans mais ce n’est pas l’heure de la

retraite pour autant… Au contraire, nous ne pouvons que souhaiter une nouvelle jeunesse à l’association avec toutes les nouvelles générations qui gran‑ dissent dans notre Maison et qui espérons‑le, auront envie de s’in-vestir eux aussi dans la vie convi-viale, dynamique et enrichissante de l’immeuble, comme leurs aînés.Car ces Anciens ont œuvré pen-dant 60 ans au travers de l’asso‑ciation pour que la Maison Ra‑ dieuse soit celle qu’elle est au-jourd’hui.Cette année est aussi celle du cin-quantenaire de la mort de Le Cor-busier et, à cette occasion, nous vous offrons une petite exclusi-vité : une dédicace du Maître et une photo très rare de celui‑ci sur la passerelle de l’étang, le 2 juil-let 1955, lors de l’inauguration de l’immeuble.

Concours de pêche dans les années 60

25 Avril

19 5 5 - 2 015

60ans A.H.M.R.

EDITION SPECIALEN°60

Le Corbusier sur la passerelle

Page 2: Ici corbu 60 bd4

Dans les premières années, la partici-pation à la gestion de l’immeuble et

les interventions pour améliorer la vie quotidienne mobilisent une grande par-tie des énergies. Le Comité de gestion traite les sujets les plus divers : les loyers, la mise au point des statuts de la coopé-ration, le chauffage (dont le réglage a été difficile entre les températures insuffi-santes de la 1re rue et l’ambiance tropi-cale de la 6e), le gardiennage, la création des nouveaux parkings, l’agrandissement du parc, etc. L’Association des Habitants

ne perd jamais de vue la défense des in-térêts des habitants, ses représentants assistent à des dizaines de réunions avec divers partenaires en particulier lors des grands chantiers de rénovation auxquels elle a toujours été associée. Elle multi-plie les démarches, initie ou soutient les luttes : à partir de 1971 contre la loi Cha-landon qui supprime les coopératives d’habitation, lors des menaces contre l’école, le parc, l’agence postale.

A l’origine la population de l’immeuble comporte un nombre important de fa-milles modestes et l’A.H.M.R. met sur pied une solidarité active. Le bénéfice du Service des visites, géré par l’associa-tion, permet de proposer des prêts dans les circonstances difficiles comme les grandes grèves du milieu des années 50. Le Comité d’Entraide a ensuite réorienté ses activités vers la création de services accessibles à tous. Certains ont disparu : la cireuse électrique louée à l’heure pour reluire le dalami, le taxiphone dans le hall, l’aire de lavage pour les voitures, les

commandes de jouets à prix de gros au moment de Noël. D’autres existent tou-jours, comme les Petites annonces ou le Club Vêtements. L’A.H.M.R. sait adapter ses services à l’époque actuelle : le pa-villon de compostage collectif a été le premier du département et le Tritout, tout à la fois stockage des encombrants, espace de troc et lieu de convivialité, n’a rien à envier aux recycleries qui se déve-loppent ici et là.

Tout au long de ces 60 ans, les activi-tés culturelles et de loisirs n’ont jamais cessé d’animer la vie de l’immeuble. Les archives permettent de recenser plus d’une centaine de clubs, d’ateliers, d’ex-positions et de sorties. La Bibliothèque est la plus ancienne (1955) avec le Club Photo (1958). Le Télé Club (1957‑1987), le Club des Jeunes (1960‑1991), l’Atelier Re-liure‑Cartonnage (1963‑1995) ont mar-qué des générations de Corbuséens. Ces dix dernières années, le Club Nature‑Jar-dins et l’Atelier de Sérigraphie figurent parmi les activités les plus dynamiques. Parmi les plus récents, le Club Sténopé a commencé en 2014.

Un peu d’histoire…

Dès 1954, de futurs habitants de l’immeuble se regroupent en Commission de gestion pour trouver, avec la Maison Familiale, des solutions aux multiples problèmes que le démarrage de ce bâtiment hors normes va poser. De fréquentes réunions aboutissent à la rédaction des statuts et l’Association des Habitants de la Maison Radieuse, association loi 1901, voit officiellement le jour le 25 avril 1955, date de déclaration à la Préfecture.

ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

Niveau 11 - Télé-club

Journée du Patrimoine

Sortie nature dans le parc

Fête des enfants - 1997

60 ans d’action(s) de l’A.h.m.r.

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Et les fêtes ? A une époque où la majeure partie de la population de la Maison Ra-dieuse ne possédait ni voiture, ni télévi-sion, le parc a tout naturellement trouvé une vocation festive : concours de pêche dans l’étang, concours de boules. En 1997, la dénomination Fête de l’Eté est utilisée pour la première fois. Au tradi-tionnel pique‑nique s’ajoutent, selon les années : expositions, chasse au trésor, pêche à la ligne, promenades en poney, soirée dansante. La Galette des rois (dans le Hall depuis 1991), la Fête des enfants et les anniversaires de l’immeuble com-plètent le chapitre des moments festifs.

L’A.H.M.R. sait aussi s’ouvrir sur l’exté-rieur. Elle accueille, y compris dans les appartements privés, des centaines de visiteurs à l’occasion des Journées du Pa-trimoine. Elle reçoit aussi, tout au long de l’année, journalistes, sociologues et étu-diants. Depuis 2004, elle appartient à la Fédération européenne des Associations d’Habitants des Unités d’Habitation de Le Corbusier dont elle est membre fon-dateur. La Fédération permet de renfor-cer les liens et les échanges entre les ha-bitants des œuvres de Le Corbusier.

Comme toute association, l’A.H.M.R. a connu des périodes d’intense activité et des moments de sommeil. Le nombre d’adhérents a considérablement va-rié : 241 appartements en 1956, 150 en 2005, 170 en 2014. Depuis 3 ou 4 ans la tendance est à la stabilité mais le dyna-misme de ses bénévoles ne se dément pas. Rendez‑vous dans 10 ans pour un nouveau bilan !

ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

Club sérigraphie

Concours de boules

Musique au Corbu

Les jardins

Cet article a été écrit à partir des Archives de l’A.H.M.R. en dépôt aux Archives mu-nicipales de Rezé qui en assure le clas-sement, l’inventaire et la conservation. Elles sont en consultation publique.

Page 4: Ici corbu 60 bd4

Chers voisins

Cela fait 7 ans que j’ai quitté le Corbu, en réalité je ne

l’ai jamais quitté totalement.

Aujourd’hui, je n’ai plus l’occasion de dire bonjour à de

nombreuses personnes chaque jour. Lorsque j’y habitais,

je n’avais pas conscience de ce type de liens que j’appelle

aujourd’hui de voisinage, de bon voisinage, Une sorte de

proximité qui n’est pas familiarité, une forme de distance

qui n’est pas gratuité, un sentiment d’être relié aux autres

dans une forme de quotidienneté quelque peu banale, et que

je n’ai trouvé nulle part ailleurs. C’est un peu ce que

ressens lorsque je viens au Corbu au petit marché, chercher

des poulets, en effet je les oublierais presque (les poulets)

tant j’ai plaisir à discuter à papoter avec d’anciens

voisins. Dernièrement, j’ai retrouvé ce sentiment lors d’une

rencontre à la Bernerie, pour dire au revoir à une belle

voisine, là j’ai pu encore mesurer la nature et surtout la

qualité des relations qui nous unissent, j’ai retrouvé de la

reconnaissance, du respect, je mesure que nous ne sommes pas

des étrangers mais bien des proches… et non pas de simples

voisins. C’est certainement cette vie et ces relations de

voisinage qui ont laissé la trace la plus marquée chez moi,

celle d’un long passage au Corbu, par lequel j’ai pu éprouver

que l’expression « vivre ensemble » peut et doit encore avoir

du sens, voici mon impression du jour.

Cordialement, Alexander

ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

Notre Maison a traversé six décennies, quelques clichés…La parole est aux habitants, qu’ils soient nés ICI ou qu’ils y vivent depuis 10, 20, 30, 40 ans ou plus, partis et/ou revenus, ils s’expriment avec leur cœur pour offrir ces différents récits… touchants, poétiques, anecdotiques.

20151957

Fin des années 50

Vue de la terrasse

D’hier à aujourd’hui…

La vie au Corbu…

Etymologie de l’expression "se faire pigeonner”

Années 8O. Pour grandir, il faut manger un peu de tout ! C’est bien connu, et nos pa-rents, bien décidés à assurer leur rôle éducatif, s’efforcent de nous en convaincre (nous : 2 garçons d’une dizaine d’années). C’est pas gagné, surtout pour la viande…Ils ne cèdent pas. Nous non plus ! Bien obligés, nous enfournons (avec réticence) de minuscules bouchées, et faisons traîner les choses."Bon ! Tant pis : ce que vous n’aurez pas mangé ce midi, vous le retrouverez au goûter ce soir !”Et ils ont tenu parole ces bourreaux d’en-fants ! Une fois, une seule fois, et ça a suf-fi. Il n’y a jamais eu de problème par la suite : les assiettes étaient vides à la fin du déjeuner. Ce n’est que dernièrement (aux alentours de la quarantaine aujourd’hui) que nous leur avons avoué que, dès qu’ils quittaient la table, nous virions nos bouchées non termi-nées sur le pare-soleil, pour le plus grand plaisir des pigeons qui squattaient le Corbu avant la grippe aviaire…Bon, maintenant nous raffolons de la viande (entre autre !)… et de toutes façons, depuis le temps, il y a prescription ! Seul point gê-nant : nos (leurs petits-) enfants ont tout entendu. Maintenant, va falloir gérer…

Erwan et Alan

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Le Corbu, ce sont ses habitants qui en parlent le mieux.ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

Ce qui me plaît à la Maison Radieuse ? Ici, on ne se sent pas

seul, il y a de la solidarité.

C’est cet esprit collectif qui régnait parmi les ouvriers de

l’aérospatiale, les militants syndicaux et politiques qui

vivaient ici à l’époque, qui a conduit mon frère à venir. Ma

mère et moi avons suivi. Je suis arrivée officiellement en 1972,

mais ça faisait déjà plusieurs années que je passais tous mes

jours de congé ici.

Dans les premières années, la nuit, à partir d’une certaine

heure, seul un côté de la rue restait éclairé. Ramassage

scolaire original : les parents déposaient et récupéraient

leurs petits directement aux ascenseurs. Les arbres étaient

moins hauts que maintenant, et le parc moins grand.

C’est peut-être pourquoi les enfants allaient y jouer seuls.

Ils avaient tous la clé de chez eux autour du cou. Aux heures

des repas, on entendait les mères les appeler des loggias.

J’habite la 3e rue, qui est très différente des autres : il n’y a

que deux niveaux (et non trois), et tous les appartements sont

descendants. C’était pour pouvoir proposer des appartements

plus petits que les T4 : des T3, des T2 et

des studios. Moins de familles y vivent, mais plus d’étudiants

et de personnes âgées.

Autre particularité de la 3e rue, certains T3 sont non-

traversants, ce qui explique que l’on y voie des loggias

petites et grandes.

Originalité supplémentaire, certains appartements présentent

des loggias sur toutes les pièces. Erreur ou coûts de

construction trop importants ? Ce ne sont en tous cas pas les

habitants qui s’en plaignent !

Il s’en est passé, des choses, dans la 3e rue ! Je me souviens

par exemple qu’un couple avait acheté deux T2 face à face :

la journée, ils se voyaient dans l’un des appartements ;

le soir, chacun dormait chez soi.

Avec une architecture aussi originale, les habitants ne

pouvaient que l’être aussi !Une habitante de la 3

e rue

Jardin d’hiver

2015, le bateau fleuri

2004, l’installation du bateau

jardin

… en mots et en photosSouvenirs, souvenirs

J’habite un grand vaisseau qui m’emmène vers demain.

Comme un pays, il est peuplé de mille visages

de mille fenêtres grandes comme vos regards éclairés

d’autant de silhouettes gracieuses et légères qui en frôlent

d’autres plus cabossées

de celles qui portent des peines de toutes tailles

et de toutes formes.

J’habite un palais rempli d’amoureux qui se cherchent

d’amis qui se trouvent, de yeux rieurs, de sourires fidèles

de soirs bavards ou silencieux.

J’habite un édifice fier, dressé sur des jambes de colosse

Qui portent de longs corridors

Où résonne le pas du cow-boy en cavale

Où martèle celui de plusieurs oiseaux noirs

pressés par leurs santiagues et leurs blousons pointus

Où chuchote celui d’autres gens aux cheveux blancs

qui s’affairent tout autant

Où vibre encore celui là : le pas absolument lent de celui

qui médite.

Les cellules montent et descendent nuit et jour dans ses artères

pour y jouer la partition de rencontres fantasques.

On y flaire son prochain dans l’angle du miroir

ou bien on ne regarde rien d’autre que le bout de ses chaussures

usées par tous ces pas.

J’habite une cité où des migrants parfois se nichent

et s’attachent à bon port

où des bohèmes se réinventent

où des révoltes se disent sans cris.

Et certains soirs d’été elle explose de beauté.

Par ma fenêtre, les arbres noirs tracent le dessin de l’hiver

dans le ciel blanc.

Ce matin froid, frappé de soleil

l’ombre des branches s’allonge infinie

portée jusqu’au béton

pour dire les lignes de désir du printemps.

Dehors

les enfants rient et pleurent

je les entends jouer à la guerre

comme les grands.

Avec leurs ailes de fées, leurs capes et leurs épées

ils inventent le pays des merveilles

comme avant.

L’architecte a bien raison de la nommer maison

elle est très grande

elle abrite une très grande famille

et moi comme tant d’autres

je suis passée

d’une vie à une autre.

Et toujours les pruniers ont fleuri

Et toujours ma famille a grandi.

Sandrine,

Février 2015

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ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

Souvenirs du 30 e anniversaire

Juin 1985 : 30 ans déjà ! Parmi les animations organisées à cette occasion,

l’une des plus spectaculaires fut sans conteste la descente en rappel de la

face ouest du Corbu, depuis la terrasse.

Assuré par les moniteurs du Club Alpin Français, l’exercice était ouvert aux

volontaires, habitants de l’immeuble pour la plupart. Le défi fut également

relevé par le Maire de l’époque, Jacques Floch.

C’était la fin de matinée, et tout se déroulait normalement jusqu’à ce qu’il

arrive à la hauteur du balcon de l’un de ses amis. Lui tendant un verre de

pastis, ce dernier le convia à une “descente” d’un autre genre pour arroser

son exploit ! Difficile de refuser… mais cette initiative donna des idées aux

habitants des appartements inférieurs qui ne voulurent pas être en reste…

Sans doute ne put-il pas accepter toutes les invitations qui lui furent faites,

et c’est frais et dispos qu’il regagna le plancher des vaches.

En tout cas, ce fut un petit échauffement pour la suite : le comité d’accueil

l’entraîna illico vers l’apéritif officiel lançant les festivités de la journée…Michel

D’hier à aujourd’hui…

Les jeux d’enfants

1957

19672015

Hiver 1955

Quand on m’a parlé d’écrire sur mes impressions, mon ressenti sur le Corbusier. J’ai opiné du bonnet, oui, pourquoi pas ! Et me voilà devant ma feuille à me torturer les méninges en quête d’anecdotes, d’inspirations et même de sens.

Lorsque je pense à ma vie au Corbu, il y a mille et une images qui se déroulent devant mes yeux. De la période

de l’enfance, il y a l’école maternelle sur le toit de la Maison, le parc et les copains et copines aux

joues rouges, les pantalons déchirés et les écorchures. De l’adolescence, nettement moins de parc, horizon

trop réduit, amis partis et une envie d’ailleurs et d’anonymat.

De la femme adulte que je suis devenue et ce depuis longtemps, une construction, des enfants, des ruptures, des manques, des rires et des fêtes. Je suis revenue vivre au Corbusier, comme on revient au village.

Ma vie dans l’immeuble ressemble à un ruban de réglisse, elle se déroule tranquillement et puis soudain il y a

des coupures, des fragments s’en vont, on rafistole des morceaux mais le déroulé reprend le cours des choses.

Eve

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A l’intérieur

ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

Parler du lieu où l’on a grandi, que ce soit un lieu spécial

ou non, c’est pas facile. Quand on est enfant, on ne se rend

pas compte de ces choses là.

Et moi à part l’herbe haute du parc l’été où je pouvais faire

le tigre et bondir sur mes frères je ne voyais pas grand

chose... Bon, j’exagère un peu, j’avais quand même conscience

du bâtiment, je le trouvais très beau, magnifique même et

tous mes amis le trouvaient moche et gris. Moi, je ne voyais

que des touches de couleurs entourant des fenêtres. Mais ça

c’était en primaire, revenons en arrière.

La maternelle.

Je n’ai plus beaucoup de souvenir de la maternelle, je

me souviens qu’il y avait du vent mais que dès que l’on

se mettait derrière les grands garde-corps on se sentait

protégé, il n’y avait plus de bruit, plus rien, une bulle.

C’était vraiment une sensation que j’adorais.

Avec les autres enfants on se battait souvent pour prendre

la « place du roi » sur le rocher. J’avais fait une alliance

avec d’autres pour que j’accède au trône en escaladant par

derrière, mais comme c’était plutôt malhonnête de prendre

le trône dans le dos du roi, le destin à voulu que je tombe

sur le menton. J’ai eu un bleu qui changeait de couleurs tous

les jours, il est resté plusieurs semaines. C’est à partir de

ce moment là que j’ai commencé à complexer sur ma fossette.

Aujourd’hui et vu de l’extérieur, il est vrai que cet

immeuble peut faire peur, il est sombre, venteux mais à moi,

il ne m’a jamais fait peur, même la nuit.

Et pourquoi cela ? Parce que tout le monde se connait, ça

rassure. Kaya

1960, famille d’hier

Années 70 2015

2015, famille d’aujourd’hui

Poème de l’angle droit Le Corbusier, 1955

Je suis un constructeurde maisons et de palaisje vis au milieu des hommesen plein dans leur écheveauembrouilléFaire une architecture c’estfaire une créature. (…)Apparaîtront je le sensla splendeur du béton brutet la grandeur qu’il y aura eu à penser le mariagedes lignesà peser les formesA peser…

La cour de la maternelle

Le Corbu, ce sont ses habitants qui en parlent le mieux.

Souvenirs, souvenirs

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Les mots-croisés de Michel

ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015

P… de balcon !Mai 1981 : premier printemps au Corbu. Après une grasse matinée, au saut du lit et en tenue d’Adam, je me fais un devoir d’étendre le linge fraîchement lavé sur le balcon inondé de soleil et balayé d’un petit vent coulis. Par ce temps, la “corvée” est plutôt agréable et je m’attarde un peu… Sympa la vie au Corbu…Vlam !!! Une brusque saute de vent, la porte s’est refermée, les loquets sont retombés… et me voilà “enfermé dehors”.J’appelle, je tambourine à la vitre… Peine perdue : ma conjointe, en pleine cuisine dans la partie haute du duplex n’entend absolument rien. Au bout d’une demi-heure, à la limite de l’extinction de voix, je commence à désespérer, d’autant que le vent a forci et que je commence à ne plus avoir chaud du tout !Petit bruit : la porte du balcon attenant s’ouvre… Je me dévoile un peu par-dessus la claustra et, tout penaud, j’expose la situation à la voisine, qui, écroulée de rire, va informer ma conjointe.Tout se termine autour d’un apéro… pour lequel j’ai enfilé une tenue plus décente !

Michel

ICI CORBU N°60 a été conçu et réalisé par le club journal de l’Association des Habitants de la Maison Radieuse, mis en page par Véro et Erwan, avec la collaboration de Martine, Marie, Alain, Didier et Annie. Merci à Marie‑Françoise et à Michel, ainsi qu’à tous les témoins de ce numéro et à ceux qui ont contribué de près ou de loin à son élaboration.Crédits photographiques : © Archives municipales de Rezé, Archives A.H.M.R. © F.L.C./ADAGP Paris 2015

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« Soixantenaire oblige : après 14 grilles de mots croisés, dont 148 cases noires et 446 définitions, Michel nous offre une grille spéciale anniversaire de 12x12. Alors, à vos stylos… et à vos calculettes : sachant que 2 grilles étaient de 8x8 et les autres de 10x10, combien de cases blanches avez-vous dû compléter ? » (abonnement annuel à « Ici Corbu » et entrée gratuite à la fête pour tous les gagnants !)

IntemporelLe coup du balcon…

Horizontalement1 ‑ La Maison Radieuse en fait désormais partie. 2 ‑ Aide tem-poraire. 3 ‑ Caractérise un animal royal ou un contrat abu-sif ‑ Possède davantage de sièges en France qu’en Angleterre. 4 ‑ Devant devant, pouvait faire perdre la tête en 1793 ‑ Note ‑ Tout doux pour les enfants, plutôt rugueux pour un adulte. 5 ‑ Impossible à modifier. 6 ‑ Exprime une restriction ou une exclusivité. 7 ‑ Certaine ‑ Son action dans l’eau est synonyme d’inefficacité. 8 ‑ La précédente se voit chez lui comme le nez au milieu de la figure ‑ Veille aux intérêts de la co‑propriété. 9 ‑ Nouvel ancien ‑ Rats musqués. 10 ‑ Blonde ? (selon cer-tains machos) ‑ Sans accent : sur le chef des anciens papes; avec : dans les cheveux des vahinés. 11 ‑ Rauque ‑ Fais un choix. 12 ‑ Etablissements où, selon le pays, on peut déguster pizzas, rizottos, paellas, bacalhau, sarmale...

VerticalementA ‑ On peut toujours le faire dans le parc quand il fait beau. Mais pour le soixantenaire, on vous proposera mieux ! B ‑ Chez eux, c’est US ‑ Sœur roumaine de Rezé ‑ Arrose Chartres. C ‑ Taille de la maxi‑teuf du soixantenaire du Corbu ‑ Nimbas ou tachas. D ‑ Ancêtres ‑ Peut être mouillé par une source ou l’énurésie. E ‑ Entre les cordes vocales ‑ Frit, par exemple. F ‑ Un allemand ‑ Ecart maximum entre l’extrémité du pouce et celle du petit doigt ‑ Deux tours, mais un lieu unique. G ‑ Voir le jour ‑ Promeut le recyclage à Rezé ‑ Ainsi commence l’erreur. H ‑ Premier d’une liste menacée par la réforme ter-ritorriale ‑ Son 1er se fête ‑ Principe chinois inversé. I ‑ Veille au son ‑ Acquis résultant souvent d’un effort. J ‑ Repli plus ou moins stratégique ‑ Enlèvement. K ‑ Maigre lopin ‑ Mis de côté. L ‑ Prends la porte ‑ Corrections (à l’ancienne ?)