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La newsletter du Biopark Charleroi Brussels South n°24 — hiver 2014 IBMM - 15 ans L’IBMM fait peau neuve 2 IBMM : M comme médecine… 4 Biopark : près de 900 emplois 6 Nouveau venu: Abel Garcia Pino 7 Lauréat du Fonds Ithier 2014 8 First entreprise GSK-CMMI 9 Masterclass thérapie cellulaire 10 Une alternative à l’histologie ? 11 En bref 12 CHARLEROI BRUSSELS SOUTH

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La newsletter du Biopark Charleroi Brussels South

n°24 — hiver 2014

IBMM - 15 ans

L’IBMM fait peau neuve 2

IBMM : M comme médecine… 4

Biopark : près de 900 emplois 6

Nouveau venu: Abel Garcia Pino 7

Lauréat du Fonds Ithier 2014 8

First entreprise GSK-CMMI 9

Masterclass thérapie cellulaire 10 Une alternative à l’histologie ? 11

En bref 12

C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H

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L’IBMM fait peau neuve

L’IBMM a 15 ans et il s’offre un "lifting" : ses axes de recherches sont réaffirmés, ses réseaux sont animés. Rencontre avec le nouveau bureau de l’IBMM 2015 : Bruno André (Président), Laurence Van Melderen (Secrétaire) et Bernard Robaye (Vice-président et Trésorier).La valeur de la recherche

Il est une évidence qu’il semble falloir rappeler en cette fin d’année : c’est par la recherche fondamentale que se font les grandes avancées en termes scientifiques et donc de progrès de la connaissance, mais aussi les avancées sociétales, médicales et socio-économiques. Le Biopark en est une excellente illustration. Parce qu’au Biopark, la recherche fondamentale de qualité a précédé les créations d’entreprises, l’accompagnement de PME, la formation de demandeurs d’emplois – engagés pour 90% d’entre eux dans les semaines qui ont suivi leur formation. La première pierre du Biopark fut en effet l’Institut de biologie et de médecine moléculaires.

Puisque les souhaits sont de mise en ce mois de décembre, je formulerai un vœu : que le financement de la recherche fondamentale et libre continue à être l’objet de toutes les attentions et puisse être revalorisé, permettant ainsi à cette recherche de s’inscrire dans les meilleurs réseaux belges et internationaux. C’est une autre évidence qu’il convient de répéter : les chercheurs doivent partager, échanger, collaborer pour progresser, que ce soit à l’échelle d’un institut – comme l’a bien compris l’IBMM –, de leur Université, du pays, de l’Europe ou de l’ensemble de la planète…

Bonne et heureuse année 2015.

Serge SchiffmannVice-Recteur à la RechercheUniversité libre de Bruxelles

Humeur

COMMENT SE PRÉSENTE L’IBMM EN 2015 ?Bruno André : L’IBMM compte aujourd’hui environ 85 chercheurs – académiques, postdoc, doctorants –, 13 groupes de recherche qui sont réunis autour de deux grandes thématiques : la microbiologie moléculaire et la biologie cellulaire et du développement. L’axe Microbiologie moléculaire s’intéresse aux virus – notamment HIV –, bactéries, levures, parasites – tels que le trypanosome –, etc. qui peuvent conduire à diverses maladies infectieuses. L’axe Biologie cellulaire et développement étudie quant à lui la cellule complexe de mammifère et le développement embryonnaire via des modèles variés : souris, xénope, poisson-zèbre… Ces travaux visent à mieux comprendre in fine différentes pathologies d’origine génétique et en particulier certains cancers.

CES DEUX AXES, C’EST UNE NOUVEAUTÉ ?Bruno André : Oui puisqu’auparavant, nous nous présentions de manière plus éclatée ; non dans la mesure où certaines de nos

expertises sont reconnues depuis longtemps. Ces deux axes – qui ont d’ailleurs été définis avec les laboratoires eux-mêmes – sont complémentaires à un axe fort déjà identifié il y a plusieurs années sur le Biopark : l’immunologie. En 15 ans, l’IBMM a évolué, des laboratoires ont vu leur thématique de recherche mûrir, de nouvelles équipes nous ont rejoints, il était temps de transcrire cette réalité scientifique dans notre communication aussi.

C’EST DONC AVANT TOUT UNE OPÉRATION DE COMMUNICATION ?Bernard Robaye : Nous avons jugé nécessaire, après 15 ans d’existence, d’actualiser notre communication sur les expertises et les axes stratégiques de l’IBMM. C’est par exemple utile pour faciliter les liens avec les entreprises. Mais c’est aussi pour nous l’occasion de mieux nous organiser en interne, entre les équipes actives sur le même axe, et d’intensifier les synergies, y compris avec les chercheurs du campus Erasme et du réseau hospitalier de l’ULB ainsi que de l’Institut de bioinformatique (IB2) où d’autres chercheurs travaillent sur des sujets proches des nôtres.

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UN EXEMPLE, PARMI D’AUTRES, DE CES COLLABORATIONS ?Bernard Robaye : Plusieurs équipes de l’IBMM collaborent notamment avec le Laboratoire de Médecine expérimentale dirigé par le Prof. K. Zouaoui Boudjeltia et localisé au CHU Hôpital Vésale de Charleroi. Ces collaborations portent sur des sujets de recherche tels l’athérosclérose et le choc septique. Ce type de collaboration est très important car il concrétise le "M" pour "Médecine" du sigle IBMM et surtout facilite l’accès à du matériel de recherche humain (prélèvement de tissu, cellules sanguines, …).

COMMENT INTENSIFIER CES SYNERGIES ?Laurence Van Melderen : La meilleure manière est de mettre les gens ensemble, simplement, pour exposer leurs recherches et établir de nouveaux liens. C’est ce qui s’est produit quand l’IBMM a organisé un workshop technologique à l’automne : nous faisons le point sur les nouveaux outils de manipulation des génomes, avec des chercheurs de l’IBMM, d’Erasme et d’autres universités qui ont commencé à utiliser cette technologie émergente, des firmes qui la commercialisent, etc. Vu le succès – quelque 130 inscrits – et l’intérêt, ce workshop technologique va devenir annuel. En janvier, nous organisons deux matinées de la microbiologie moléculaire : les jeunes chercheurs – doctorants, postdoc – qui travaillent sur cet

axe viendront présenter leur recherche, en anglais, en maximum 12 minutes, suivies de 5 minutes de questions-réponses. C’est un bon exercice pour eux mais aussi une belle occasion pour nous de nous informer et peut-être de nouer une collaboration. Des représentants d’entreprises actives dans ce secteur seront aussi invités. Là aussi, ce rendez-vous sera annuel, alternant nos deux axes de recherche. D’autres projets articulés sur les deux axes sont en gestation.

L’ENTHOUSIASME EST TOUJOURS PRÉSENT ?Bruno André : Oui, d’ailleurs comment ne pas l’être ? Nous inaugurions l’Institut de biologie et de médecine moléculaires il y a 15 ans, quasiment au milieu des champs. Aujourd’hui, l’IBMM est un institut de recherche aux côtés de l’IMI, du CMMI, etc. mais aussi d’autres acteurs – entreprises, centre de formation, incubateur, etc -, au sein du Biopark. Dans toute cette dynamique, nous avions besoin de nous fédérer et d’afficher nos spécificités au sein de l’IBMM pour, par exemple, monter plus facilement des projets de recherche ensemble ou avec des collègues du campus Erasme ou du secteur hospitalier. En 2015, la dynamique est lancée…

Nathalie Gobbe

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IBMM : M comme médecine…

Composé à quelque 95% de chercheurs de la Faculté des Sciences, l’Institut de biologie et de médecine moléculaires mène des recherches liées à de nombreuses pathologies, qu’il s’agisse de maladies infectieuses, de maladies génétiques ou de cancers.

En tentant de mieux comprendre le rôle de la protéine apoL1, des chercheurs de l’IBMM ont observé un lien potentiel avec certaines formes d’obésité. Actuellement qualifiée d’épidémie, l’obésité touche plusieurs dizaines de pourcents de la population dans de nombreux pays.

Au détour de leurs recherches sur le trypanosome, des chercheurs de l’IBMM se sont intéressés aux protéines apoL. Leur rôle physiologique n’est pas connu mais une d’entre elle semble intervenir dans le sepsis, anciennement appelé septicémie, soit un état inflammatoire grave généralement associé à une infection du sang par des bactéries ou des virus. Il entraîne le décès dans 30 à 60% des cas, sur un total de 750.000 par an pour un pays comme les Etats Unis. Son importance pourrait s’amplifier dans les années à venir suite à la progression des infections par des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Le trypanosome est un parasite qui emploie un insecte vecteur, la mouche tsé-tsé, pour se reproduire et se propager dans ses nombreux hôtes mammifères. Chez l’homme, ce parasite provoque la maladie du sommeil, touchant chaque année quelque 60.000 personnes en Afrique.

Des chercheurs de l’IBMM ont réussi à décrire en profondeur le mécanisme moléculaire à la base de la pathogénèse de la maladie du sommeil et à envisager de possibles stratégies thérapeutiques.

La cystinose est une maladie génétique causée par le dysfonctionnement d’une protéine de transport des lysosomes, la cystinosine, qui catalyse la sortie de cystine présente dans ce compartiment cellulaire. Des chercheurs de l’IBMM étudient les liens entre le cystinosine et d’autres protéines de transport du lysosome. L’objectif est de mieux comprendre les conséquences sur la cellule de l’accumulation de cystine dans les lysosomes, ainsi que le mode d’action de la cystéamine, le seul médicament disponible pour traiter cette pathologie.

Maladie du sommeil

Choc septique

Sepsis

Brucellose

ObésitéCystinose

CiliopathiesSyndrome de Pena-Shokeir

Ostéoporose osseuse

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Abrité des chocs par la boîte crânienne, les méninges et le liquide céphalorachidien, le cerveau est en outre équipé d’un filtre biologique complexe: la barrière hémato-encéphalique. Cette interface hautement régulée entre le système sanguin périphérique et le système nerveux central assure l’homéostasie du liquide qui baigne le cerveau et le protège des pathogènes et des neurotoxines qui circulent dans le sang. Les fonctions d’isolement et de protection du cerveau font cependant de cette barrière un obstacle majeur dans le traitement des maladies du système nerveux central, en excluant plus de 98% des molécules thérapeutiques potentielles.

A contrario, une barrière endommagée génère une accumulation excessive de fluide dans le cerveau qui participe à la physiopathologie d’un grand nombre de maladies telles l’accident vasculaire cérébral, les maladies neurodégénératives ou les pathologies neuroinflammatoires. Des chercheurs de l’IBMM tentent de mieux comprendre ces processus.

Malgré l’efficace multithérapie anti-SIDA actuelle, on ne guérit pas encore du SIDA. Actuellement, l’obstacle majeur à l’éradication du virus HIV est la présence dormante de réservoirs du virus qui peuvent se réveiller, par exemple, suite à un simple rhume. Une optimisation importante des traitements anti-SIDA consisterait à réduire, voire éliminer, les réservoirs de virus dormants tout en maintenant le patient sous un traitement anti-SIDA efficace pour empêcher les virus réveillés d’infecter de nouvelles cellules.

Depuis de nombreuses années, des chercheurs de l’IBMM travaillent à mieux comprendre les mécanismes moléculaires responsables de la latence et donc à trouver des stratégies pour débarrasser les patients de leur infection.

Au sein des cellules de notre corps, toutes les protéines sont fabriquées par des nanomachines, les ribosomes. Les ribosomes sont constitués de dizaines de pièces qui doivent être précisément assemblées pour générer des machines fonctionnelles et fidèles. Lorsque les ribosomes sont mal assemblés, nos cellules fabriquent trop peu de protéines qui peuvent en outre contenir des erreurs. Nous risquons alors de développer des maladies graves connues depuis peu sous le nom de ribosomopathies ou maladies du ribosome. Les patients atteint de ribosomopathies sont souvent victimes de cancers, de problèmes de maturation des cellules du sang et de développement du squelette. Des chercheurs de l’IBMM étudient la biogenèse du ribosome dans les cellules humaines et tentent de comprendre comment des problèmes d’assemblage du ribosome entraînent les ribosomopathies.

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Filariose

SIDA Ribosomopathies

Leucémies et lymphomes d'origine virale

Leucémie aiguë myéloblastique

Maladies cérébrovasculaires

Cancer

Maladie liée à la cicatrisation osseuse

Ostéoporose osseuse

Anévrisme

Athérosclérose

Néphropathies

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Biopark : près de 900 emplois

Données récoltées entre mars et août 2013 auprès des membres du Biopark

Master

Ils sontdiplômés33%

Doctorat

24%Enseignement

secondaire

16%

Baccalauréat

27%

France

3%

Brabant Wallon

12%

Hainaut

46%

Bruxelles

15%

Namur16%

Liège4%

Flandres4%

Ils habitent

L’IBMM et ses quelque 150 emplois à l’origine ont essaimé : aujourd’hui, 15 ans plus tard, le Biopark emploie près de 900 collaborateurs, représentant pas moins de 22 nationalités différentes, titulaires de diplômes variés (du secondaire au doctorat) et habitant pour près de 80% d’entre eux en Wallonie, comme l’indiquent nos dernières statistiques1.

1 Statistiques au 15 novembre 2014, établies en collaboration avec les différents instituts et entreprises du Biopark

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Structure des protéines : des cristaux de patience

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Une armoire, quelques tables, deux chaises et des murs encore vierges de tout poster : le bureau d’Abel Garcia Pino est encore assez vide. "Je viens de m’y installer", précise ce

trentenaire plutôt discret, "Il y a encore tellement de choses à faire". Arrivé à l’IBMM il y a quelques semaines, Abel Garcia Pino prévoit de fonder son unité de recherche, le futur laboratoire de Biologie structurale et biophysique. "J’ai toujours voulu étudier la Biologie structurale", explique-t-il, "c’est un des rares domaines en biologie pour lequel on a un résultat visible sous les yeux. Et on peut obtenir déjà beaucoup de renseignements sur le fonctionnement d’une protéine rien qu’en regardant sa structure". C’est déjà avec cette envie en tête que le chercheur d’origine cubaine a quitté La Havane pour Bruxelles et la VUB afin d’effectuer un master, directement suivi d’un doctorat et d’un post-doctorat. Une formation qui lui a appris la patience : "Il faut parfois beaucoup de temps avant d’arriver à cristalliser une protéine", explique-t-il, "C’est beaucoup de travail. Il faut savoir gérer la frustration de l’échec et recommencer, encore et encore. Heureusement, c’est une technique fascinante et je suis plutôt tenace."

DÉJÀ DES PROJETS EN COURSUne ténacité qu’Abel Garcia Pino devra conserver, le temps que son laboratoire se mette en route : le chercheur tente pour l’instant de financer l’achat d’un appareil de purification des protéines, une étape nécessaire du processus de cristallisation. Cet appareil devrait être la base de nombreuses collaborations au sein du Biopark : "Tous ceux travaillant au niveau cellulaire auront l’opportunité de comprendre ce qu’il se passe au niveau moléculaire, structural. Et pour moi, ce sera l’occasion de diversifier mes futures recherches. C’est donc un endroit parfait pour se lancer", conclut le chercheur, qui ne se contente cependant pas d’attendre. À peine arrivé, il a déjà entamé quelques recherches conjointes avec le laboratoire de Laurence Van Melderen, situé dans le même couloir. "Elle entretient une collaboration de longue date avec le laboratoire de la VUB où j’ai effectué mes études", explique Abel Garcia Pino, "je la connais donc depuis quelques temps déjà et nos intérêts sont similaires". Le Bruxellois souhaite en effet étudier le phénomène de persistance bactérienne, expliquant l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques, qui est aussi un sujet d’intérêt du laboratoire de Génétique et physiologie bactériennes voisin. "Maintenant que des protéines impliquées dans ce processus sont connues, mes recherches tenteront d’éclaircir ce qu’il se passe à un niveau moléculaire. Le

but est de mieux comprendre la régulation du métabolisme bactérien et l’émergence des facteurs de résistance et, pourquoi pas, de définir des cibles pharmaceutiques intéressantes", conclut le chercheur, plutôt impatient de lancer ses propres chantiers. Une fois le purificateur de protéines en place, il faudra doucement attirer les étudiants, doctorants et post-doctorants. S’il n’en dit pas plus, la stratégie d’Abel Garcia Pino semble claire et le chercheur confiant : "J’ai toujours voulu lancer mes propres recherches, aujourd’hui c’était le bon moment. C’est un nouveau challenge", constate-t-il simplement.

Natacha Jordens

Après un long passage par la VUB, le chercheur d’origine cubaine Abel Garcia Pino s’installe au Biopark pour lancer un laboratoire centré sur l’étude de la structure des protéines. Un nouveau challenge qui demande patience et persévérance. Rencontre.

La structure d’une protéine (ici, la myoglobine) fournit beaucoup d’informations sur sa fonction.

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Lauréat du Fonds Ithier 2014 à l’IMI

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Grâce à ses recherches menées sur le rôle des cellules T Gamma Delta durant la vie précoce et son application possible dans les immunothérapies du cancer, David Vermijlen, chargé de cours à la Faculté de Pharmacie et chercheur à l’Institut d’immunologie médicale, vient de recevoir le prix du Fonds Ithier 2014.

Créé pour promouvoir la lutte contre le cancer au sein de l’Université libre de Bruxelles, le prix Gaston Ithier 2014 a été attribué à David Vermijlen, chargé de cours à

la Faculté de Pharmacie et chercheur à l’Institut d’immunologie médicale, IMI. Une récompense récente (75 000 euros ont été alloués à son projet) pour une recherche menée depuis quelques années et son intérêt notamment pour le rôle des cellules T Gamma Delta dans la vie précoce : fœtus, nouveau-né, premières années de la vie.

"Grâce à une interaction interdisciplinaire de l’IMI avec l’hôpital Erasme et d’autres hôpitaux, nous avons découvert que les cellules T Gamma Delta humaines (qui sont des cellules T non conventionnelles) peuvent lutter contre des agents infectieux même avant la naissance", précise David Vermijlen. "Nous avons découvert plus récemment que ces cellules Gamma Delta anti-infectieuses, exprimant un récepteur Vg8Vd1, réagissent aussi avec des cellules cancéreuses".

Présentes chez chaque individu, ces cellules T Gamma Delta Vg8Vd1 pourraient être intéressantes dans les immunothérapies du cancer. Si le ligand (molécule liée à un récepteur) est identifié, il serait possible de stimuler ces lymphocytes T Gamma Delta pour tuer les cellules cancéreuses (voir figure). "Le défi est en fait de pouvoir identifier ce ligand pour une meilleure compréhension de ces cellules et de leur rôle. Cela pourrait conduire au développement d’une nouvelle stratégie d’immunothérapie du cancer", poursuit David Vermijlen.

DAVID VERMIJLEN, EN BREF

• 1990-1995 : études de bio-ingénieur à l’Université de Gand.

• 2003 : thèse à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de la VUB sur le mécanisme de défense des Natural Killers (cellules du système immunitaire) présents dans le foie.

• Jusqu’en 2003 : assistant au Laboratoire de Biologie cellulaire et d’Histologie de la VUB.

• 2003-2006 : post-doctorat au sein du Laboratoire d’Immunobiologie du King’s College London.

• Depuis 2006 : chercheur à l’Institut d’immunologie médicale, IMI.

• Depuis 2012 : chargé de cours à la Faculté de Pharmacie de l’ULB.

Comment le récepteur Vg8Vd1 TCR identifié dans les recherches antérieures agit-il avec les cellules cancéreuses ? Que reconnait/voit ce récepteur ? Quel est le rôle de ce ligand ? C’est à toutes ces questions que David Vermijlen tentera de répondre dans les mois qui viennent.

Damiano Di Stazio

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Une aide First (FIRST Hautes Ecoles, FIRST Spin-Off, FIRST Entreprise…), c’est une prise en charge par la Wallonie (et de GSK, dans le cas de ce projet en particulier) de la rémunération d'un jeune chercheur durant deux années. L’ambition de ces programmes ? Créer les conditions d’une réelle collaboration entre les différents acteurs de la recherche, disposés à s'enrichir mutuellement par l'échange du savoir scientifique et technologique qu'ils détiennent. "Ces dispositifs permettent de partager des expériences et des équipements sophistiqués, mais également de prendre conscience des contraintes et objectifs parfois différents que ces acteurs poursuivent", explique Dominique Demonté, directeur du Biopark. "C’est, de plus, en parfaite adéquation avec un des objectifs des fonds FEDER qui ont financé le CMMI, à savoir permettre un transfert de compétences entre universités et entreprises".

Le programme First Entreprise en particulier permet à une entreprise d'engager un chercheur pour mener une recherche et d'assurer sa formation par le biais d'un stage au sein d’une unité de recherche (université, centre agréé…). C’est dans

cette aventure que GSK (GlaxoSmithKline) et le CMMI (Centre d’imagerie et microscopie moléculaire) se sont lancés via le projet "Plate-forme industrielle de préparation de nanoparticules vaccinales".

"Celui-ci vise à développer de nouveaux essais de caractérisation in vitro des formulation nanoparticulaires développées par GSK", précise Pol Harvengt, Expert Scientist chez GSK. Ces outils seront appliqués à l’étude de l’impact de certaines propriétés physico-chimiques des nanoparticules, comme leur taille ou encore les propriétés de leur couche de surface.

Pour GSK, le bénéfice concret du projet sera l’acquisition par le chercheur des compétences nécessaires à l’évaluation et à la sélection des technologies d’imagerie. Ces dernières devraient permettre la caractérisation des nanoparticules vaccinales, leur évaluation ex vivo ainsi que le suivi de leur activité in vivo. "Grâce à cette expérience au sein du CMMI, GSK aura la possibilité d’acquérir les compétences requises pour l’évaluation des meilleures techniques d’imagerie", poursuit Dominique Demonté. Cela pourrait réellement contribuer à la sélection et à la validation de nouvelles formulations nanoparticulaires.

Actuellement ces techniques ne sont pas disponibles au sein de l’entreprise.

Damiano Di Stazio

First Entreprise. Un projet win-win

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Né d’une collaboration entre GSK et le CMMI, le projet First Entreprise permettra à un chercheur d’être engagé pendant 2 ans dans l’entreprise et de suivre un stage au sein de l’unité de recherche.

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Défi majeur des sciences biomédicales et des industries pharmaceutiques, la thérapie cellulaire s’invite à nouveau au Biopark Formation en mars 2015. "Cette thématique représente un enjeu important pour le campus du Biopark et pour la Wallonie en général", explique Arnaud Termonia, directeur du Biopark Formation. "En témoigne notamment le regroupement de cinq sociétés de thérapie cellulaire, membres de BIO.BE, qui s’associent au sein de la plateforme Co-ACT : Beta-Cell, Bone Therapeutics, Cardio3 BioSciences, Promethera Biosciences et TiGenix visent ainsi la création de 2000 emplois d’ici à 2017. Depuis plusieurs années, la thérapie cellulaire est activement supportée par le Plan Marshall et est une des priorités du pôle de compétitivité Biowin".

Un évènement y sera d’ailleurs entièrement consacré, sur le campus du Biopark, les 1er et 2 avril prochains : la B4B-Connection Thérapie Cellulaire (Conférences Buzz4Bio), ayant pour vocation "de permettre aux acteurs du secteur de réseauter de manière formelle (conférences d'intérêt, présentations…) et informelles (pauses Networking), apéro et lunch Networking".

C’est dans ce contexte que le Biopark Formation lance sa MasterClass en thérapie cellulaire, lors d’une journée (31 mars 2015) qui sera consacrée au développement de partenariats utiles à la commercialisation de biens ou de services dans le secteur. "Nous pensons qu’il est important de venir épauler et enrichir cet évènement avec des activités de formation", précise Arnaud Termonia. "Deux thématiques seront développées lors de cette journée de formation", poursuit Béatrice Goxe, coordinatrice scientifique et formatrice au Biopark Formation. "La première partie visera à mieux interagir avec les partenaires des affaires réglementaires belges et françaises et la seconde sera dédiée à la recherche de nouveaux partenaires pour le financement des activités de thérapie cellulaire".

Au menu, des intervenants de haut vol, avec notamment Eric Halioua pour la recherche de capitaux en dehors de l’Europe, Alan Fauconnier pour l’expertise en affaires réglementaires ou encore Jean Van Nuwenborg pour l’expertise financière.

Destinée aux managers du secteur de la thérapie cellulaire, une MasterClass sera organisée le 31 mars par le Biopark Formation. Une nouveauté du catalogue dédiée au développement de partenariats utiles à la commercialisation de biens ou de services dans le secteur de la thérapie cellulaire.

Le public visé ? Les managers de jeunes ou futures entreprises spécialisées en thérapie cellulaire ainsi que tous les acteurs industriels du secteur désirant créer des filiales ou diversifier leurs partenaires en Belgique et en France.

Damiano Di Stazio

AU PROGRAMME DE LA JOURNÉE

• Tout savoir sur la législation pour les produits de thérapie cellulaire ;

• Mise en situation coachée par les experts réglementaires ;

• Introduction sur les principales pistes de financement pour les entreprises de thérapies cellulaires ;

• Présentation de 2 cas d’études : o Cas de la recherche de capitaux hors

Europe ; o Cas d’une entrée en bourse réussie.

• Mise en situation coachée par les experts financiers ;

• Fin de journée avec cocktail dinatoire.

Lancement d’une MasterClass en thérapie cellulaire

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Une alternative à l’histologie ?

Au niveau réglementaire, une des phases critiques du développement préclinique des médicaments en général et des produits cellulaires en particulier est la validation in vivo de leur efficacité dans des modèles proches de leurs applications cliniques. Cette étape demande le développement et la validation de méthodes d’analyse in vivo souvent difficiles à mettre en place.

À l’heure actuelle, l’étude préclinique de la réparation osseuse se fait principalement par une approche histologique. Cette approche est pertinente, indispensable et éthiquement acceptable pour des modèles simples. Mais elle devient lourde en termes d’utilisation d’animaux pour des études cinétiques in situ de la réparation osseuse indiquées dans le suivi de fractures complexes : la durée de l’étude est beaucoup plus longue, les échantillonnages intermédiaires demandent le sacrifice des animaux, etc.

Financé par la Wallonie, le projet CWALity OSTEOMOD est né d’une collaboration entre Bone Therapeutics et le Centre d’imagerie et microscopie moléculaire (CMMI). En utilisant une combinaison de méthodes d’imagerie, il a pour finalité d’offrir une alternative non invasive à l’histologie. Il permet d’obtenir des

résultats fiables, sans sacrifice des animaux et avec un vrai suivi dynamique in situ de la réparation des défauts osseux. "Le projet OSTEOMOD s’inscrit dans la lignée de la Règle des 3 R", précise Enrico Bastianelli, directeur de Bone Therapeutics. "Réduire, Raffiner et Remplacer. Réduire le nombre d'animaux en expérimentation, Raffiner la méthodologie utilisée et Remplacer les modèles animaux".

"Cela fait plusieurs années que le CMMI et Bone Therapeutics travaillent ensemble", explique Gaetan Van Simaeys, chercheur au CMMI et au Service de Médecine nucléaire de l’Hôpital Erasme. "Grâce à notre matériel d’imagerie biomédicale de pointe, nous pouvons développer des indices quantitatifs en imagerie".

"Le CMMI nous offre un service à haute valeur ajoutée grâce notamment à sa solide expérience dans le domaine de l’imagerie osseuse et cartilagineuse", poursuit Enrico Bastianelli. "Et ce n’est pas la première fois que nous bénéficions de cette expertise : CARTIM, un projet d’imagerie du cartilage pour l’évaluation de produits thérapeutiques visant à réduire les dégâts articulaires occasionnés par l’arthrose, en est la preuve".

Damiano Di Stazio

À l’heure actuelle, l’étude préclinique de la réparation osseuse se fait principalement par une approche histologique. En utilisant une combinaison de méthodes d’imagerie, le projet OSTEOMOD - fruit d’une collaboration entre le CMMI et Bone Therapeutics - entend proposer une alternative à l’histologie.

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NOUVEAU PARTENARIAT POUR BONE THERAPEUTICSBone Therapeutics a annoncé, en novembre dernier, le lancement d’une collaboration entre l’entreprise belge et la française KASIOS dans le but de développer un nouveau produit de réparation des lésions de la colonne vertébrale. Soutenu par la Wallonie, le projet combine les technologies des deux entreprises : la thérapie cellulaire à partir d’ostéoblastes de donneur, ALLOB®, de Bone Therapeutics et le substitut osseux synthétique en micro-granules TCP de Kasios.

Les partenaires espèrent développer une nouvelle approche pour guérir les lésions vertébrales grâce à la combinaison de ces deux produits, particulièrement dans le processus d’ostéoconduction, pendant lequel le matériel greffé sert de support à la croissance du nouvel os.

MicroCT de fracture de fémur de souris, tel qu’il sera réalisé par le CMMI dans le cadre de sa collaboration avec Bone Therapeutics dans le projet OSTEOMOD.

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En bref

Périodicité trimestrielle

Rédacteur en chef : Nathalie Gobbe • Comité de rédaction : Bruno André, Marie Bouillez, Michel Braun, Christelle De Beys, Dominique Demonté, Natacha Jordens, Véronique Kruys, Arnaud Termonia

Secrétariat de rédaction : Nancy Dath • Photos : Bruno FAHY (partim) • Graphisme : Céline Kerpelt | Curlie.be

Contact : ULB-Département des Relations extérieures, Communication Recherche : [email protected], +32 (0)71 60 02 03 • http://www.biopark.be

L’ACIDIFICATION PERMET À APOL1 D’EXERCER SON ACTIONEt une couverture de plus pour le CMMI ! Après Science, Eukaryotic Cell, the Journal of Microscopy, c’est au tour du Molecular Microbiology de choisir une photo du centre de microscopie pour illustrer son édition de novembre dernier. La photographie d’un trypanosome accompagne l’article de Laurence Lecordier et l’équipe du laboratoire de Parasitologie moléculaire (IBMM), sous la direction d’Etienne Pays, et concerne le mécanisme d'immunité naturelle que l'homme possède contre le parasite africain Trypanosoma brucei, immunité probablement acquise lors de l'apparition des ancêtres de l'homme sur le continent africain.

Le laboratoire avait découvert précédemment que cette immunité est liée à la protéine sérique APOL1 : cette protéine forme des pores dans le compartiment digestif du trypanosome, ce qui conduit à son élimination. Dans cette dernière publication, l’équipe a identifié les composants du parasite qui permettent à l’APOL1 d’exercer son action. Ces différents composants ont en commun de participer à l'acidification progressive du compartiment digestif, démontrant ainsi que cette acidification est nécessaire à l'activité de l'APOL1 dans le trypanosome.

PROTÉINES INFLAMMATOIRES DÉGRADÉES EN CONTINULes protéines de la famille TTP/Tis11 sont des facteurs impliqués dans la régulation négative de plusieurs familles de gènes, dont ceux engagés dans la réponse inflammatoire : un niveau trop élevé de ces protéines peut constituer un frein important à la réponse immunitaire, alors qu'un niveau trop faible peut favoriser le processus et le déclenchement de maladies inflammatoires ou auto-immunes. La régulation du niveau des protéines de cette famille joue donc un rôle crucial dans l'organisme, mais les mécanismes de cette régulation restent encore mal compris.

Dans un article paru dans Molecular & Cellular Biology, Cyril Gueydan et l’équipe du Laboratoire de Biologie moléculaire du gène (IBMM) ont mis en évidence le mécanisme qui permet aux cellules de dégrader les protéines de la famille TTP/Tis11. Mais contrairement au mécanisme classique de dégradation, qui consiste à ajouter une étiquette de dégradation sur la protéine ciblée (ubiquitination), ces protéines TTP/Tis11 sont reconnues et dégradées en continu par la machinerie cellulaire. C’est la balance entre cette élimination constante et la synthèse de nouvelles protéines qui permet de réguler le niveau intracellulaire.

L’équipe tente dès lors de comprendre quels sont les détails de ce mécanisme de dégradation dans les cellules du système immunitaire, afin d’éclaircir son implication potentielle dans le déclenchement et le contrôle de la réponse inflammatoire et des éventuelles maladies qui y sont liées.

C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H