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HYDROQUEST : ON THE RHÔNE AGAIN Déjà soutenue par l'Ademe pour l'installation d'un démonstrateur marin de 1 MW sur le site de Paimpol-Bréhat, HydroQuest est à nouveau lauréate de l'appel à projets renouvelables et fermes pilotes hydroliennes pour un i mportant projet fluvial cette fois-ci. Un marché de niche sur lequel l'entreprise française fait la course en tête, convaincue du déploiement imminent de sa technologie à travers le monde. Son parc de 39 hydroliennes fluviales prendra place sur le Rhône en 2018 et pourrait signer la naissance d'une filière industrielle française, partimothéebongrain « u ne première mondiale » : c'est ainsi qu'HydroQuest et la Compagnie nationale du Rhône (CNR) pré- sentent leur projet depuis qu'il a été retenu par l'Ademe début février dans le cadre du programme d'investissements d'avenir (PIA) et de l'appel à pro- jets renouvelables et fermes pilotes hydroliennes lancé en août 2015. Il faut dire que ce parc, d'une puissance totale de 2 MW, grâce à 39 hydroliennes fluviales de 40 kW et 80 kW, est d'une ampleur inédite. Elles devraient être immergées en 2018 dans le Rhône, à l'aval de Génissiat (Ain), et pro- duire 6 700 M Wh annuellement. L'hydro- lien fluvial tient désormais son démonstra- teur commercial, ce qui a un coût. Le budget d'investissement est de 12 millions d'euros. Le projet bénéficie d'une aide de près de 6 millions d'euros (un tiers de sub- ventions et deux tiers d'avances rembour- sables) au titre du PIA. Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 8-11 SURFACE : 308 % PERIODICITE : Bimestriel DIFFUSION : (3500) 1 avril 2017 - N°237

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Page 1: HYDROQUEST · Ahmed Khaladi. « Début 2015, des essaisde mesure de vitesse,de courantologie, etc. ont été réalisés dans le fleuve avec HydroQuest. » Puis l'appel à projets

HYDROQUEST :ON THE RHÔNE AGAINDéjà soutenue par l'Ademe pour l'installation d'un démonstrateur marin de 1 MWsur le site de Paimpol-Bréhat, HydroQuest est à nouveau lauréate de l'appelà projets renouvelables et fermes pilotes hydroliennes pourun i mportant projet fluvial cette fois-ci. Un marché de niche sur lequel l'entreprisefrançaise fait la course en tête, convaincue du déploiement imminent de satechnologie à travers le monde. Son parc de 39 hydroliennes fluviales prendraplace sur le Rhône en 2018 et pourrait signer la naissance d'une filière industriellefrançaise, p a r t i m o t h é e b o n g r a i n

«une première mondiale » : c'est ainsi qu'HydroQuest etla Compagnie nationale du Rhône (CNR) pré-sentent leur projet depuis qu'il a été retenu parl'Ademe début février dans le cadre du programmed'investissements d'avenir (PIA) et de l'appel à pro-

jets renouvelables et fermes pilotes hydrolienneslancé en août 2015. Il faut dire que ce parc, d'une puissance totale de2 MW, grâce à 39 hydroliennes fluviales de 40 kW et 80 kW, estd'une ampleur inédite. Elles devraient être immergées en 2018 dans

le Rhône, à l'aval de Génissiat (Ain), et pro-duire 6 700 M W h annuellement. L'hydro-lien fluvial tient désormais son démonstra-teur commercial, ce qui a un coût. Lebudget d'investissement est de 12 millionsd'euros. Le projet bénéficie d'une aide deprès de 6 millions d'euros (un tiers de sub-ventions et deux tiers d'avances rembour-sables) au titre du PIA.

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UNE HYDROLIENNE DIFFERENTEET MODULABLEAlors que la plupart des concurrents d'HydroQuest ontopté pour un système avec un axe horizontal et une

hélice qui tourne autour, sur le même principe que latechnologie éolienne majoritaire, HydroQuest a fait unchoix différent. « Nous fonctionnons sur un système à

deux axes verticaux avec des roues qui tournent autourde manière contrarotative. Les génératrices sortent du

carénage, et ne sont pas dans le flux comme dans lessystèmes classiques », résume Jean-François Simon,

président d'HydroQuest. Modulable, l'hydrolienne àdouble axe vertical et flux transverse est adaptable à t o u t

profil de rivière offrant un minimum de 2 m de tirantd'eau. Les deux modèles sont fabriqués en France :

HydroQuest River 1.40 et HydroQuest River 2.80,respectivement à un ou deux étages, avec une puissance

nominale électrique de 40 kW ou 80 kW (avec une vitessed'écoulement de 3,1 m/s).

L'hydrolienne se démarque également sur deux aspects :- grâce à une grille anti-débris installée sur la structure

de maintien de l'hydrolienne, les corps solides présentsdans l'eau sont déviés. L'hydrolienne en Guyane, « dans

une zone extrêmement hostile, un fleuve amazonien quicharrie tout ce que vous voulez, en a fait ladémonstration : nous savons faire des machines qui

résistent aux embâcles », explique Jean-François Simon ;- la maintenance est facilitée grâce à un système de barge

qui permet de remonter la machine, même à distance,en une dizaine de minutes. « Ce qui nous permet

d'intervenir à sec dessus », avance le présidentd'HydroQuest. Des capteurs équipent la machine

et permettent un monitoring pour suivre sesperformances à distance.

Dernière particularité, les barges, flottantes, sont fixéesau fond du cours d'eau par un système de micropieux.

Elles peuvent être acheminées par terre ou par eau.L'impact environnemental de l'hydrolienne est limité,

notamment sur la faune, grâce à la faible vitesse derotation des turbines. Celles-ci sont, de plus, « recyclables

à 100 % » et ont une durée de vie de plus de 25 ans,assure HydroQuest.

Jean-François Simon,

président d'HydroQuest.

Fondé en 2010,

H y d r o Q u es t estune entreprise basée

à Grenoble et qui

compte aujourd'huiune quinzaine de

personnes. Elle veut, avec ce projet, prouverque cette énergie est « prédictible, régulière,économique », fortifiée par une gamme d'hy-

droliennes fluviales à fort potentiel de déve-loppement en France et à l'international. Pour

ce faire, elle dispose de neuf brevets codétenusà 50-50 avec EDF, fruits d'une dizaine d'an-

nées de recherche antérieures à la créationd'HydroQuest en 2010, notamment à l'Ins-

titut national polytechnique de Grenoble(INPG). Car si des démonstrateurs existent

déjà, ils ne concernent qu'une seule machine.« Nous allons apporter de nouvelles réponses :

comment raccorder l'ensemble des hydroliennespour les mettre sur le réseau ? Nous allons égale-

ment mettre au point des outils de contrôle com-mande, » explique Ahmed Khaladi, chef de

projet chez C N R. Autant de points qui crédibiliseront cette filière

récemment sortie de laboratoire.

VITRINE D'UNE NOUVELLE TECHNOLOGIE

Le site de Génissiat, sur le Rhône, représente « le type de fermes que nousvoulons installer dans le monde, sur les sites où se trouvent des gisements.

C'est la bonne maille », explique Jean-François Simon, président d'Hy-droQuest. Ce, même si la mise en service sur le Rhône n'est pas pour

demain, mais fin 2018. « Maintenant que nous avons fini les discussions

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Le projet estporté par unecoentreprisedétenue à 51 %par la CNRet à 49 % parHydroQuest.

avec l'Ademe, l'année 2017 va êtreconsacrée audéveloppementdu projet et à l'obtention desauto-risations. L'étude d'impact esten cours et nousdevrions déposer les dossierscourant mai. Viendraensuite letempsde l'enquêtepublique. Puis nouspasseronsà lafabrication, à l'installation et enfinà la mise en service», résume Ahmed Khaladi,dont le groupe, la CNR, est très impliqué. Leprojet est en effet porté par une coentreprise

détenue à 51 % par la CNR et à 49 % par HydroQuest, elle-mêmedétenue à 14 % par Constructions mécaniques de Normandie (CMN).Le chantier naval compte d'ailleurs environ cinq personnes qui ne tra-vaillent que pour les projets développés avec HydroQuest.Tout commence par la volonté de la CNR de trouver une solution pourl'alimentation (2 kW) d'un site de mesure de débit et de niveau dans

un site isolé, parce que très encaissé, à l'avalde Génissiat (Ain), sur le Rhône. « Nous avonsalors cherché le meilleur moyen de productionpour ce site isolé et avons pris contact avec diffé-rents constructeurs d'hydroliennes », témoigneAhmed Khaladi. « Début 2015, des essais demesure de vitesse,de courantologie, etc. ont étéréalisés dans le fleuve avec HydroQuest. » Puisl'appel à projets de l'Ademe sort en août 2015.« Nous avons alors découvert que cesite avait un

très bon potentiel énergétique », ajoute le chefde projet de la CNR. Suffisant en tout caspour faire quelque chose de plus conséquentet « servir de vitrine et de démonstrateur pourcette nouvelle technologie. »

J O L s sEN MER AUSSI, ÇA TURBINELa mer intéresse aussi HydroQuest, dont une machinemarine d'1 MW sera posée en mer (Paimpol-Bréhat).Il s'agit de la même technologie que celle utilisée surle Rhône, mais avec une taille (25 m de largeur) et unepuissance démultipliées. « La construction commenceactuellement, pour une mise à l'eau mi-2018 », assureJean-François Simon. « Environ un an et demi après,il s'agira de mettre en route une ferme pilote

(trois machines de 7 MW et de 2 MW) », ajoute leprésident d'HydroQuest, qui dit regarder différentes

options en France ou à l'étranger pour cette future installation. « Puis, encore un an et demi après,débutera la phase commerciale. Il faudra alors des parcs d'une dizaine de machines au minimum. »Et le président de tempérer, « nous ne sommes pas encore, contrairement au fluvial, en phasecommerciale, comme certains de nos concurrents. Cela n'interviendra pas avant 3-4 ans. »

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INNOVATION CONTINUEET GRANDES SÉRIESLa CNR, qui maitrise l'ensemble de la chaînede production hydroélectrique, éolienne etphotovoltaïque, réalise le projet et s'occuperade la partie raccordement au réseau. Elleexploitera et fera la maintenance de l'instal-lation. Elle a choisi la technologieHydroQuest, ressortie « comme la plusmature, confie Ahmed Khaladi. Elle avaitsuffisamment d'avance et sesrésultats étaientdéjà là. » Les hydroliennes fluviales d'Hy-

droQuest sont eneffet déjà testées enconditions réelles.Une première estexploitée depuisdeux ans par EDFdans les conditions

extrêmes de l'écosystème amazonien, sur larivière Oyapock en Guyane. Une seconde estimmergée dans la Loire, à Orléans. Elle apermis de valider la robustesse de la machineet d'optimiser ses performances en milieunaturel. C'est en tout cas la première etl'unique hydrolienne à être connectée auréseauélectrique français. La proximité géo-graphique des deux compagnies (Lyon-Gre-noble) et le fait qu'HydroQuest soit adosséeà un chantier naval ont achevé de convaincrel'énergéticien.L'accord stratégique entre HydroQuest, quiassure la conception et supervise l'assemblagedes hydroliennes, et les chantiers navals deCherbourg (CMN, Construction mécaniquede Normandie) vise la fabrication sur placede grandes séries. « Si nous voulons rester entête, ilfaudra devenir économiquement viables,assure Jean-François Simon. Deux voies pourcela : l'innovation continue et les grandesséries(achats et mécanismesdeproduction plus per-formants). » Le président d'HydroQuestconsidère qu'avec ces machines, la tailleoptimum des parcs est comprise « entrequelquescentainesdekW (environ 300 kW) et3-4-5 MW. » Même si cela reste des « petitsprojets », il espère les multiplier. « Noussommes déjà sur d'autres projets, assure-t-il.Nous sommes d'ailleurs prêts à signer pour ledéploiement de 10, 20, 30 sitescomme celui-ci,entre 1 et 3 MW. » Et son partenaire de laC N R , Ahmed Khaladi, de préciserqu'« HydroQuest a descontacts enAngola, auBrésil et en Birmanie. CNR en a au Vietnamet enAfrique. » Autant de pays qui pourraientêtre convaincus par le projet du Rhône. B

Fabrication de

Vhydrolienne fluviale

HydroQuest River 1.40.

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