hors-série spectacle vivant midi-pyrénées

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Spectacle vivant - Midi-Pyrénées Que vive le spectacle ! Spectacle vivant en Midi-Pyrénées

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Hors-série sur le spectacle vivant édité en collaboration avec la Région Midi-Pyrénées.

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Spectacle vivant - Midi-Pyrénées

Que vivele spectacle !

Spectacle vivant en Midi-Pyrénées

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2Spectacle vivant - Midi-Pyrénées

La culture est généralement un sec-teur qui pâtit en premier des coupes budgétaires. Est-ce le cas dans le budget 2013 que la Région consa-crera à la culture ?Depuis que je préside le Conseil Régional, c’est-à-dire 1998, j’ai fait progresser notre budget culture de 140 %. Depuis deux ans, les contraintes budgétaires deviennent très lourdes. Malgré cela, nous allons main-tenir notre effort. Le budget affecté à la culture en 2013 sera le même qu’en 2012. Je constate par contre que d’autres col-lectivités ne parviennent pas à maintenir cette stabilité et je crains que la situation se complique en 2014.

Comment s’organise l’action de la Région en faveur de la culture? Y aura-t-il de nouveaux dispositifs lan-cés en 2013 par la Région ?Notre action se poursuivra selon les trois axes que nous nous sommes donnés : soutenir une offre structurée autour de filières professionnalisées présentes sur tout le territoire, élargir les publics et irri-guer les territoires et enfin, valoriser le patrimoine et les festivals de Midi-Pyré-nées. La principale nouveauté sera la mise en place du « Pass Patrimoine » qui per-mettra de faciliter l’accès à une centaine

de lieux culturels de Midi-Pyrénées. L’ob-jectif étant de créer une synergie entre l’offre touristique et l’offre culturelle de Midi-Pyrénées.

…Et concernant plus spécifiquement le spectacle vivant ? Nous avons complètement repensé et simplifié nos dispositifs d’aide au spectacle vivant afin de mieux aider la création en région et la diffusion de ces œuvres, au-delà des frontières régionales également. Le secteur du spectacle vivant est très structuré en Midi-Pyrénées et c’est donc sur ces structures que sont les différentes scènes labellisées que nous nous appuyons pour développer une offre culturelle sur tout le territoire de la région. Cette notion d’équilibre territorial est très importante à mes yeux. Midi-Pyrénées est une région vaste, plus grande que plusieurs pays de l’Union Européenne. Et l’accès à la culture et au spectacle vivant ne doit pas être un privilège réservé à certains territoires au détriment des autres. En plus des scènes labellisées par l’Etat, nous avons donc créé un label « Scènes en région » afin de soutenir des structures comme Derrière le Hublot à Capdenac, le théâtre Apollo à Mazamet, la Petite Pierre à Jegun, le Théâtre de Cahors…

L’accès à la culture ne doitpas être un privilège

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3Spectacle vivant - Midi-Pyrénées

«Cirque contemporain, théâtre, danse, arts de la rue, marionnette,…La Région Midi-Pyrénées cultive une véritable richesse en matière de spectacle vivant. Cette singularité qui participe grandement à l’identité de nos territoires et à notre qualité de vie est au cœur de notre action culturelle. La Région est ainsi devenue au fil des ans un fidèle partenaire pour tous ces artistes et tous ces lieux qui nous invitent à l’évasion et à la réflexion. C’est dans ce même esprit de concertation et d’écoute que nous avons lancé cette année 2 nouveaux dispositifs dédiés spécifi-quement au spectacle vivant et qui répond à un double objectif. Soutenir tout d’abord le processus de création en encourageant la collaboration entre tous les acteurs à travers l’appel à projets « résidences-association ». Favoriser ensuite la diffusion et l’expression de nos talents régionaux par une aide à la mobilité. Pour un spectacle toujours plus vivant, en Midi-Pyrénées comme partout ailleurs.»

> centre dramatique national : TNT à Toulouse> scènes nationales : L’Estive à Foix, L’Athanor à Albi, Le Parvis à Tarbes > centre national de création musicale : GMEA à Albi (Groupe de Musique Electroacoustique d’Albi)> centre de développement chorégraphique : CDC Midi-Pyrénées à Toulouse> orchestre national : Orchestre national de Toulouse> opéra en région : Théâtre du Capitole à Toulouse> pôle national des arts du cirque : CIRC à Auch> centre national des arts de la rue : Pronomades à Encausse les Thermes

Musiques actuelles : Le Bikini à Ramonville, Le Rio à Montauban, Le Bolégason à Castres, La Gespe à Tarbes

Arts plastiques :> FRAC : Abattoirs / FRAC à Toulouse> centres d’art contemporain : musée des arts Georges Pompidou à Cajarc, BBB à Toulouse,Chapelle St Jacques à St Gaudens

Ramdam rédaction : 51, rue des Paradoux, 31000 Toulouse. Téléphone : 05 34 31 26 31, Fax : 05 34 31 26 30 E-mail : [email protected] de publication et Directeur de la rédaction : Pierre Combes. Rédaction : André Lacambra, Virginie Peytavi, Maeva Robert.Conception graphique : Valentin Pi. Impression : Imprim 33. Dépôt légal 2346.96. ISSN 1276-6267. Ramdam est une publication de Ligne Sud SARL 51, rue des Paradoux. Au capital de 8000 €. Par RCS Toulouse 1998B01046. APE 7022 G. © Ligne Sud et les auteurs. Téléphone : 05 34 31 26 31Sauf autorisation écrite de la direction, la reproduction des textes, illustrations, partiellement ou dans leur totalité est interdite. Les documents ou manuscrits non insérés ne seront pas rendus. La direction et la rédaction ne sont pas responsables des textes, dessins, illustrations, publicités publiées qui n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Dominique Salomon

Scènes labellisées

Vice-présidente de la Région Midi-Pyrénéeschargée de la culture

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Tout pourla musique

« En ce moment se ressent un impor-tant dynamisme des acteurs du sec-teur des Musiques Actuelles en Midi-

Pyrénées. Je citerais « Les Inouïs du Printemps de Bourges » qui ont affiché cette année un record de candidatures avec 227 artistes ou groupes ayant répondu à l’appel, preuve de l’ébullition artistique en région. La sélec-tion des huit artistes, qui se produiront au Bijou et au Bikini, fut d’ailleurs difficile du fait de la qualité des participants. Bien sûr cette dynamique n’arrive pas ex-nihilo mais est étayée et bien relayée. Je pense en particulier à la FLIM, Fédération des Labels Indépendants, à Culture Bar-Bars (collectif national de bars culturels), au

nombre de disquaires indépendants, mais aussi à Avant-Mardi qui, riche aujourd’hui de 43 structures, est un acteur représen-tatif de la filière musicale et de son déve-loppement. Participant toujours de cette dynamique, quatre études sur les Musiques Actuelles sont en cours dans la région dont Les Docks à Cahors et celle concer-nant Toulouse et la nouvelle salle, Le Metronum. Enfin, nous sommes dans une démarche de création du premier cluster culturel Ma Sphère (grappes d’entre-prises) dont l’objectif est la créativité et l’innovation. On peut donc parler d’un moment charnière pour le secteur des Musiques Actuelles. »

Échange avec Cyril Della-Via, médiateur culturel d’Avant-Mardi, acteur et commentateur avisé du dynamisme de la filière musicale régionale.

Prix d’écriture Claude Nougaro 2012-2013En 2006, la Région Midi-Pyrénées, en partenariat avec l’association Claude Nougaro et avec le concours de l’as-sociation Prix du jeune écrivain, crée ce prix dont le double objectif tient à encourager la créativité des jeunes auteurs et à promouvoir de nouveaux talents en Midi-Pyrénées. Quatre catégories sont ouvertes aux partici-pants : écrire une nouvelle, un scénario de court-métrage, une bande dessinée ou une chanson. Deux tranches d’âge sont concernées, les 15-18 ans pour le Prix Découverte et les 18-25 pour le Prix Tremplin. Pour participer, textes et dossiers doivent être envoyés avant le 15 février 2013 à la Région Midi-Pyrénées.

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« Nous démarrons avec un mois de jan-vier chargé : la sortie chez éOle Records de notre premier DVD qui reprend le

spectacle produit par le Théâtre du Capi-tole en 2011, L’Aire du dire, un oratorio scé-nographié de Pierre Jodlowski. Je suis ravi de la sortie de ce DVD qui reflète notre goût pour la musique d’aujourd’hui. Ensuite, tout au long de l’année, nous célèbrerons le cin-quantenaire de la disparition de Poulenc avec un programme a cappella qui mêle sa musique sacrée et profane. Une création, Hommage à Poulenc, en l’église de Blagnac dans le cadre de la programmation d’Odys-sud le 31 janvier, immédiatement repris à Nantes pour La Folle Journée début février, puis en avril à Tarbes avec en suivant une

tournée nationale. Troisième temps fort, une création contemporaine, un concerto pour piano et chœur de Thierry Pécou, Le Visage-Le Cœur, avec Alexandre Tharaud au piano. Une création mondiale donnée dans le cadre du festival de La Roque d’An-théron le 28 juillet, et dès le lendemain nous partons au Québec pour une tournée de ce concerto et de l’hommage à Poulenc. C’est un moment privilégié et une grande joie que de travailler avec Thierry Pécou. Enfin une nouvelle collaboration en janvier avec Emmanuel Krivine et la Chambre Philarmo-nique pour Le Paradis et La Peri de Robert Schumann que nous retrouvons en mai à la Cité de la Musique avec Die Erste Walpur-gisnacht de Mendelssohn. »

Joël Suhubiette nous entretient des 4 temps forts des Eléments pour une année 2013 particulièrement riche.

Les Eléments,un chœur d’aujourd’hui

Des archets innovants pour l’Orchestre de chambre de ToulouseLes archets d’instruments à cordes peuvent aujourd’hui délaisser le crin de cheval utilisé depuis cinq siècles pour le rem-placer par un matériau composite plus solide et aux qualités similaires mis au point par l’Orchestre de chambre de Tou-louse. La nouvelle fibre, commercialisée sous la marque « Coruss » a reçu un prix de l’innovation de la Région Midi-Pyrénées.

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Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie, il réanime le patrimoine chorégraphique noir et fait danser le territoire. Son nom : Carlès, James Carlès.

Mission : let’s dance

La cie James Carlès est porteuse d’une identité chorégraphique spécifique…La compagnie travaille sur le patrimoine, le répertoire et la création. Concernant le patrimoine, elle recherche et reconstruit les œuvres qui sont issues des chorégraphes de la diaspora africaine en Occident au XXe siècle. Je me suis intéressé à ce versant de l’histoire de la danse car nous étions face à un déficit de références. Nous sommes porteurs de techniques de corps pour for-mer des danseurs qui sont en lien direct avec ce patrimoine. Cela paraissait une évi-dence de constituer un corpus des œuvres, des pensées qui les accompagnent et des techniques corporelles qui les lient. Tout cela donne à la compagnie une singularité autour de ce que l’on appelle le territoire des danses noires.

Comment votre compagnie résiste-t-elle aux soubresauts de la crise écono-mique ?Avec la crise, il a fallu inventer mais aussi convoquer des outils que nous possédions comme la mutualisation avec d’autres asso-ciations. En ce qui concerne les projets de production, nous sollicitons des partenaires comme le CDC de Toulouse ou le CND. Le problème majeur réside dans la diffusion, ici le CDC a choisi de porter la compagnie dans la production déléguée ce qui nous allège financièrement et nous fait profiter de son réseau pour tourner. Egalement, nous fai-sons de la médiation auprès des scolaires, des quartiers, avec le réseau des ADDM (Association Départementale de musique et de danse) qui dépend du Conseil Général. Enfin, nous proposons deux actions grand

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public, tout d’abord des bals populaires pour mettre en danse un public important et nous répondons à des demandes de congrès en termes d’événementiel. Les temps sont difficiles et il ne faut rien négliger.

Vous êtes le fondateur du festival Danses et Continents Noirs, les fon-damentaux de l’événement sont-ils restés les mêmes à savoir mémoire, patrimoine et création ?Le festival permet d’ouvrir le patrimoine (les œuvres de la diaspora africaine) au plus grand nombre avec un dispositif appro-prié. Il donne la possibilité d’inviter d’autres chorégraphes avec d’autres œuvres, tout en intégrant également deux concepts : la trace et la correspondance. La trace est le témoin de la relation entre deux per-

sonnes et permet d’intégrer des œuvres non directement issues de la diaspora mais qui s’y sont confrontées. La correspon-dance traite des préoccupations com-munes partagées et de l’écho survenu.

Aujourd’hui vous êtes également cho-régraphe associé à l’Astrada, nou-velle salle de spectacle de Marciac…Cela fait plusieurs années que j’interviens dans le cadre de Jazz in Marciac, donc très naturellement j’ai proposé une résidence associée quand la nouvelle salle s’est ouverte. Le lieu nous permet de porter des projets lourds de la compagnie et de béné-ficier des moyens de l’Astrada pour à la fois diffuser le travail mais également déve-lopper la pratique et la culture chorégra-phique sur le territoire.

Cie Samuel Mathieu en résidence-association à RodezLa MJC de Rodez et la Compagnie Samuel Mathieu ont souhaité s’associer sous la forme d’une résidence-association pour faire partager les bénéfices mutuels de cette rencontre avec le public et plus largement les habitants de la commune et du territoire alentour. Le travail sur lequel se fonde la résidence-mission porte sur la nouvelle création, Les Identités Remarquables, une pièce de 9 danseurs. Cette résidence se décline autour de trois axes forts : la création, la diffusion et l’action auprès des publics.

Le CDC Toulouse Midi-Pyrénées, pôle ressource en régionUne des missions du CDC est de favoriser le rayonnement de la danse contemporaine en région Midi-Pyrénées en fédérant les acteurs culturels des huit départements de la région. Ainsi, une vingtaine de partenaires de toute la région se réunissent régulièrement pour échanger sur les spectacles, parler des projets qu’ils souhaitent accompagner et accueillir en région des spectacles programmés en coproduction. Aujourd’hui la région s’inscrit dans la cartographie de la danse en Europe.

Carré BlancDepuis 1986 Carré Blanc cie, sous l’égide de la chorégraphe Michèle Dhallu, crée et s’in-terroge sur le spectacle jeune public. Dix neuf créations, jouées en France et à l’étranger, ont jalonné son parcours. Avec sa prochaine implantation sur la commune de Gimont, où l’ancienne gare de fret deviendra le lieu de travail de la compagnie, Carré Blanc cie porte le projet artistique du « Quai des Arts, carrefour des écritures enfance et jeunesse ». Elle sera à Odyssud en février prochain avec l’Extensible voyage d’Evea.

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Comment définissez-vous le théâtre du Groupe Merci ? Et tout d’abord merci à qui, merci pourquoi ?Merci aux spectateurs qui suivent notre travail et qui se prêtent à nos petites pro-vocations. Nous faisons un théâtre par-ticulier qui allie les textes des auteurs contemporains avec des images réflé-chissantes et des espaces déplacés. Un théâtre de débat qui parle des catas-trophes d’aujourd’hui et qui expose nos corps, nos esprits avec ce qui les entrave et les empêche. Un théâtre qui trouble la relation avec le spectateur pour faire trembler les certitudes, les cadres établis, tout ce qui fige nos conceptions. C’est aussi un théâtre pour remettre l’imagi-naire en mouvement, pour ouvrir l’espace mental, redonner du possible…

Le Groupe Merci cherche à faire vivre la parole théâtrale dans des espaces inattendus, pourquoi ?Parce qu’avant tout nous considérons que le théâtre est l’art de la relation. Nous prenons grand soin du rapport qui nous lie aux spectateurs. D’abord nous voulons créer la surprise grâce à des lieux inattendus, improbables, des lieux en mutation ou bien oubliés pour faire surgir le tragique là où on ne l’attend pas. Le but étant de nous bousculer car nous ne voulons pas reproduire des formes, nous installer dans des habi-tudes paresseuses. Nous voulons sol-liciter l’esprit d’aventure, le nôtre d’abord et celui des spectateurs ensuite. C’est dans l’inconfort que surgit la transfor-mation.

A la tête du Groupe Merci, elle pratique un théâtre électrochoc dans des lieux improbables. Pour bousculer nos habitudes et réactiver les questions morales dévoyées. Rencontre avec Solange Oswald, amène et rieuse néanmoins.

Réveiller les morts

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Vous aimez théâtralement fêter les morts, vous êtes adepte d’un catas-trophisme joyeux, est-ce le fait d’un état dépressif chronique ou pensez-vous qu’il faille porter le fer où cela blesse et dérange ?Nous voulons nous déranger, alimenter le régime de crise dans nos têtes, c’est cer-tain ! Notre époque ne s’occupe pas de métaphysique, de notre rapport avec la mort mais tout le théâtre parle de la mort, parle même aux morts et aux vivants confon-dus. Nous n’oublions pas que la pire catas-trophe est notre mort, mort de la civilisa-tion et mort individuelle. La mort c’est aussi la métamorphose, car quand on parle de la mort, on aborde aussi la renaissance. Donc cela peut apparaître comme un acte dépressif, mais je pense au contraire que

c’est une invitation à la métamorphose. Pour moi, une définition du théâtre pour-rait être une invite à la métamorphose.

Pourquoi donner à vos créations le beau titre d’ « Objets nocturnes » ?J’ai toujours le désir de faire apparaître les choses là où on ne les attend pas. Des sortes d’apparition de l’ordre du saisissement qui surgit dans l’ombre, dans le noir, que l’on a dans la conscience mais caché. Les psy-chanalystes parlent du refoulé et le théâtre que nous pratiquons est moins de raison-nement, de dialectique, que de faire res-surgir le refoulé, les cauchemars, les trau-mas, les blessures inguérissables, les deuils impossibles, la mélancolie… Notre travail est de mettre à distance pour soulager, évi-ter de sombrer.

Cie Tabula RasaLa compagnie Tabula Rasa a été créée en 2003 à Toulouse par le metteur en scène Sé-bastien Bournac. Le projet artistique de la compagnie est résolument axé sur les écritures contemporaines en favorisant la création d’écritures nouvelles, par le biais de commande et de compagnonnage avec les auteurs (Daniel Keene, Koffi Kwahulé, Ahmed Ghazali…). Parmi les auteurs que l’on retrouve régulièrement au cœur du travail artistique de la compagnie figurent notamment Pier Paolo Pasolini, Heiner Müller, Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès, Daniel Keene, Koffi Kwahulé, Christophe Huysman… Parallèlement à ses créations et à ses chantiers artistiques, la compagnie développe de manière très militante auprès des publics de larges programmes d’actions culturelles, de sensibilisation et de formation au théâtre (résidences, ateliers, stages, rencontres, conférences, DVD…).

A découvrir : le collectif Petit TraversLe groupe est formé d’artistes, auteurs, interprètes, venus d’horizons divers, qu’ils soient jongleurs, danseurs, musiciens, comédiens, circassiens ou plasticiens, la notion de spectacle vivant les relie dans leurs pratiques et nourrit leurs questionnements. Les points de vue divergent, les pratiques sont différentes mais un questionnement commun autour de l’acte de montrer les réunit.

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Que reste-t-il de traditionnel dans les arts de la rue aujourd’hui ? La tradition n’a pas plus d’intérêt dans les arts de la rue que dans d’autres formes d’art, ils ne relèvent pas de la muséolo-gie. Il y a ici, comme dans d’autres sec-teurs du spectacle vivant, de belles évo-lutions stimulantes.

Qu’y a-t-il d’innovant ?Les définir par le lieu – la rue - est aujourd’hui réducteur. Les arts de la rue ne sont plus seulement dans la rue. Ils désignent toutes les écritures qui interrogent la place même du spectateur dans son rapport à l’art, le contexte, la mise en relation avec l’envi-ronnement. Ils jouent de la proximité du

public, de l’éloignement dans le paysage… C’est un secteur qui développe de plus en plus un rapport complice et complexe à l’œuvre. Complice, parce que généreux ; complexe, parce qu’exigeant. Ils interro-gent le monde au même titre que les autres formes d’art, avec la même perti-nence et la même impertinence .

Que dire du rapport singulier que Pronomade(s) entretient avec son territoire ?Il existe une dizaine de lieux en France labellisés CNAR : ancré dans le territoire du Comminges, Pronomade(s) est le seul en milieu rural. Il a été le premier en France à proposer une saison, et permettre grâce

Il est en Midi-Pyrénées un territoire éloigné des hauts lieux de diffusion où les arts de la rue empruntent les chemins de traverse. C’est la belle idée de Philippe Saunier-Borrell, codirecteur de Pronomade(s), Centre National des Arts de la Rue.

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à cela l’irrigation du territoire. Ce qu’on voit au théâtre Garonne à Toulouse, on peut le voir à Pronomade(s). Mais c’est moins une affaire d’arts de la rue que de projet culturel de territoire. En revanche, ces formes-là permettent une confron-tation avec les lieux, et les non-lieux, inventent des moments de possible là où il n’y a rien ; beaucoup d’artistes interro-gent spontanément les habitants et les territoires. Alors oui, il y a là un vrai levier, une vraie légitimité. Et un vrai savoir-faire.

Peut-on parler d’un renouveau des arts de la rue en Midi-Pyrénées ?Je pense que oui. A l’échelle nationale, Midi-Pyrénées affiche un temps d’avance.

D’abord pour des raisons historiques, grâce à la notoriété de compagnies (Royal de Luxe, Le Phun, La Machine), de lieux (l’Usine), de festivals (La Saint-Gaudin-gue et Ramonville). Aujourd’hui, le nou-veau souffle vient de la mise en œuvre des projets culturels de territoire, à l’image du travail impulsé par Derrière le Hublot ou Pronomade(s). Pendant que dans d’autres régions en France les lieux cultu-rels structurants sont aspirés par les métropoles, Midi-Pyrénées fait à travers les arts de la rue – mais aussi le cirque - un vrai choix d’aménagement du terri-toire en soutenant le développement de projets nationaux en Comminges ou dans le Gers.

Brigitte Pougeoise résidente du festival MIMABirgitte Pougeoise photographie des images de scènes, et en particulier des spectacles de marionnettes. Témoin de la richesse plastique de ce théâtre contemporain, elle monte au-jourd’hui à partir de ses photographies ses propres spectacles et installations. A l’occasion de MIMA, festival international de la Marionnette à Mirepoix, elle a été cet été l’une des premières artistes à bénéficier du dispositif des résidences associations créé en 2012 par la Région.

Midi-Pyrénées fait son cirque en AvignonMidi-Pyrénées, terre de cirque, a voulu pour la filière une vitrine à portée internationale ; de ce vœu est née il y a quelques années l’opération Midi-Pyrénées fait son cirque en Avignon, impulsée et soutenue par la Région. Son organisation a été confiée l’un des acteurs majeurs de la filière du cirque actuel en France, CIRCa à Auch. En partenariat avec la Grainerie à Balma et le Lido à Toulouse, les trois principales structures régionales dédiées aux arts du cirque permettent chaque année à une dizaine de compagnies originaires de Midi-Pyrénées ou invitées, de se produire pendant un peu plus de deux semaines à l’occasion du Festival Off d’Avignon.

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De quoi se nourrit votre cirque ?De tout sauf du cirque. Au départ, nous sommes jongleurs et acrobates. Puis les choses ont évolué, on est parti explorer d’autres directions, la danse, le chant… Ce qui nous intéresse, c’est de développer nos techniques propres, on y passe des heures. Notre travail est très instinctif, on ne s’impose aucune limite : ça a donné naissance à des tas de formes différentes nées du cirque. Des formes que nous explo-rons aussi en parallèle : concerts, exposi-tions photo… Le croisement des disciplines, est-ce ce qui caractérise le cirque contem-porain ?Le cirque a toujours été comme ça. Dans une école de cirque on apprend beaucoup de choses, mais surtout une manière de travailler, de fonctionner. Cependant, le mot «cirque» semble signifier deux choses différentes qui auraient perdu le lien entre elles, l’une liée à la tradition, l’autre à la

création contemporaine. Le cirque contem-porain peut jouer avec l’imaginaire du cirque traditionnel, il en a gardé le carac-tère nomade et artisanal. Mais ce qui le caractérise véritablement, c’est cette liberté qu’il prend - et qu’on lui laisse aussi au niveau institutionnel - quitte à s’éloi-gner de la pratique de base.

Vous vous produisez aussi à l’étran-ger. Comment est perçu cet art aux ramifications hybrides ?Notre pratique est singulière et peut par-fois déstabiliser certaines personnes qui ont une image du cirque plus convention-nelle. Ce que l’on nomme ici «cirque contem-porain» va par exemple être programmé à l’étranger dans des festivals de danse. On rentre du Chili ; on se rend mieux compte qu’en France une vraie place est accor-dées aux arts du cirque. En Midi-Pyrénées notamment, il existe une dynamique très stimulante liée à des structures comme l’école du Lido et Circa.

Avec sa partenaire Domingo Jur, ils réinventent à l’instinct un cirque à la croisée des disciplines. Un cirque nommé Cridacompany.

3 questions àJulien Vittecoq

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Qui sont les défenseurs de le la lan-gue et de la culture occitanes ?Des gens normaux qui assument l’histoire de cette Terre et sa richesse ; qui ont conscience qu’il y a devoir absolu envers l’humanité de redonner à cette langue et à cette culture une place véritable, non pas comme dans un musée, mais dans la vie réelle. Les meilleurs défenseurs sont ceux qui utilisent le vecteur le plus socialisant : la musique et la chan-son ; et parmi ceux qui chantent, ceux qui composent, car ils disent que cette langue est utile pour parler d’aujourd’hui et de demain. Au fond, défendre la culture occi-tane aujourd’hui, n’est-ce pas avoir intégré qu’il n’y a pas de développement possible – économique, social - sans identité culturelle du territoire et que la culture occitane peut jouer un formidable rôle en faveur du déve-loppement territorial ?

Quel rôle ont à jouer les artistes et les opérateurs culturels ?Bouleverser les représentations sociales

et culturelles négatives qui frappent encore trop souvent la langue et la culture occitanes. Toucher les gens qui se sen-tent a priori éloignés de cette langue et de cette culture est un vrai défi positif, un projet social et culturel. Mon plus grand plaisir est de voir augmenter le nombres de ces personnes à l’Estivada : elles ne repartent jamais indemnes.

Ça veut dire quoi être artiste occi-tan aujourd’hui ? Ça veut dire être artiste et être occitan ! La scène artistique la plus jeune et la plus dynamique a cessé de se poser la question sur son statut. Elle défend son identité de manière totalement décom-plexée, elle a envie de parler avec le monde. Les cultures n’ont d’avenir que si elles assument d’être dans le monde. L’avenir de la culture occitane n’est pas dans le repli sur soi, il est forcément dans le dialogue, la rencontre, la confron-tation.

Directeur du festival l’Estivada à Rodez, Patric Roux œuvre pour une langue et une culture occitanes vivantes et décomplexées.

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Depuis 1979, le Centre Occitan de Recherche, de Documentation et d’Animation Ethno-graphiques (La Tahura) œuvre à la conser-vation et la diffusion du patrimoine cultu-rel occitan. C’est aussi un espace de liberté où La Talvera évolue au croisement des cultures, se nourrit d’influences venues d’ailleurs et de musiques actuelles, inclas-sables et métissées. Daniel Loddo, auteur – compositeur, l’envisage comme un for-midable outil de rencontre, à l’image de l’une de leurs dernières collaborations avec

le brésilien Silvério Pessoa : «Nous avons une posture de chansonniers, de porte-paroles. La langue est un vecteur de spé-cificités qui permet de dire le monde dif-féremment. Elle est comme un passeport qui nous offre la possibilité de raconter notre pays à d’autres, de susciter des curio-sités. Cette ouverture a toujours été pré-sente dans la musique occitane ; jadis les musiciens voyageaient aussi beaucoup. La seule façon de sauver la culture, c’est de la métisser».

«La culture occitane a longtemps été cantonnée à un public très ciblé. Aujourd’hui un festival comme l’Estivada attire 100 000 per-sonnes sur 5 jours ! Et les artistes circulent sur d’autres festivals. A travers son schéma de dévelop-

pement de l’occitan, la Région soutient notamment de nombreuses associations qui oeuvrent tous les jours pour promou-voir la langue occitane. Conta’m propose

par exemple des dessins animés doublés en occitan, un collectif de professionnels de l’audiovisuel, Detz, crée des courts métrages à l’ humour corrosif (http://www.detz.tv/); sur internet seront bientôt disponibles des outils de type dictionnaire pour apprendre la langue… Les nouveaux médias, comme les nouvelles technolo-gies, sont très importants pour l’avenir de la langue, notamment pour la socia-liser auprès des jeunes».

De Cordes-sur-Ciel au Nordeste du Brésil, le groupe de musique occitane La Talvera cultive son identité un pied dans la tradition, l’autre dans le monde actuel.

Guilhem Latrubesse, conseiller régional, délégué aux affaires occitanes

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Accompagner les phases de travail suc-cessives, de la création à la diffusionLe travail en résidence offre un contexte particulièrement favorable aux compa-gnies en phase de création. Pour encou-rager la pratique, la Région met en place les résidences associations, un dispo-sitif de subventions à destination des struc-tures régionales qui les accueillent afin de pouvoir répéter leurs spectacles dans de réelles conditions professionnelles. Au-delà du temps de création, le dispositif soutient l’autre phase majeure, celle de la diffusion, en favorisant les partenariats entre structures régionales, ainsi que les actions de sensibilisation à destination des publics. Cette année, dix-sept com-pagnies de Midi-Pyrénées au total ont bénéficié indirectement de ces aides.

Favoriser une visibilité nationale et internationaleLes aides à la mobilité ont été adop-

tées afin d’élargir le dispositif d’aide à la diffusion à des lieux et festivals hors région, choisis pour leur importante capacité de visibilité auprès du public, et des program-mateurs. Grâce à une participation finan-cière, aux frais de transport et d’héberge-ment notamment, vingt-huit compagnies régionales se sont produites à l’extérieur de Midi-Pyrénées cette année, dont onze à l’international.

Mettre à disposition des lieux de tra-vail adaptésPlateaux techniques, moyens humains, équi-pements spécifiques… En marge de la phase de création, les artistes sont aussi à la recherche de lieux pour travailler leurs techniques dans des conditions adaptées. Grâce au soutien financier et technique accordé par le dispo-sitif FABER, Circa à Auch, Cap’Découverte à Carmaux et l’Usine à Tournefeuille accueille-ront chacun cinq équipes par an pour une durée de une à deux semaines.

Aides à la création, aides à la diffusion : la Région maintient ses efforts en faveur d’un spectacle vivant novateur et dynamique. Tour d’horizons des dispositifs adoptés en 2012.

AID

ES

Soutenir la filière du spec-

tacle vivant : les nouveaux

dispositifs régionaux©

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Page 16: Hors-série spectacle vivant Midi-Pyrénées

Spectacle vivant - Midi-Pyrénées 16