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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

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hoomages et temoignages sur abdessamad kenfaoui

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Des hommes de théâtre, des amis, des femmes témoignent.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Tahar Ouaziz : Dramaturge, enseignant universitaire

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Charles Nugue : Animateur culturel et Expert à l'UNESCO (1927 – 2003)

Abdessamad Kenfaoui

Origine d’une vocation ou portrait de l’auteur dramatique à 25 ans.

Dans le fond, il doit être heureux Ŕ bien qu’un peu goguenard Ŕ notre Abdessamad Kenfaoui, de voir que ses pièces de théâtre, plutôt que ses

rapports administratifs assument aujourd’hui la présence écrite de son souvenir. Pour être tout à fait complet (mais pourrait- on jamais l’être avec ce

curieux, gourmand de tout), il faudra aussi éditer un jour ses poèmes, témoignages intimes de sa pudique sensibilité, et surtout les dictons populaires qu’il

récoltait soigneusement, comme de précieuses fleurs parfumées de naïve sagesse. On l’imagine bien à sa table d’auteur dramatique entrain d’inventer les

répliques de ses personnages en s’inspirant du fatalisme d’un proverbe paysan, de l’insolence d’un adage murmuré par une vieille ou de l’audace d’une

maxime lancé par un gamin des rues, sans oublier les comptines rythmant la danse des petits enfants. Même les pièces étrangères qu’il traduira ou adaptera

seront ainsi souvent imprégnées de cet esprit, plein de bon sens et finesse, qui fut l’un des charmes de son théâtre et de son succès populaire. L’œuvre de

Kenfaoui s’inscrit au croisement d’une tradition fondamentale marocaine faite d’une oralité joyeuse impertinente et d’un formalisme reposant sur les

habituels ressorts dramatiques occidentaux. Il eut à explorer ces deux pistes dès le début des années 50. Ayant à peine plus de 20 ans, il fut chargé, avec

Tahar Waziz et aux cotés d’Andre Voisin, de l’encadrement de stages d’art dramatique se déroulant aux chênes, dans la forêt Maâmora et devant déboucher sur

l’émergence d’un théâtre marocain original et moderne. Persuadé qu’il ne saurait y avoir d’avenir sans passé, il eut à cœur de sensibiliser les jeunes stagiaires

dont il avait la charge à l’histoire de ces formes, théâtrales avant la lettre, que sont le Bsat, Sultan Tolba et la Halqua. Si cette dernière existe toujours à

Marrakech, et continue de réunir autour de conteurs et acrobates d’éternels cercles de badauds, les deux autres ont disparu avec le protectorat. Sultan Tolba

donnait aux étudiants de Fez de droit de choisir pour une semaine un roi chargé d’organiser fêtes et concours de poésie où la critique pouvait trouver place.

Le Bsat mettait en valeur l’esprit satirique des saltimbanques qui pouvait devant le Roi ridiculiser une fois l’an les mœurs du temps et les

personnages en vue. Kenfaoui était plus attiré vers ces origines historiques et contestataires que par le répertoire des troupes existantes, généralement

amateurs, oscillant entre les traductions des pièces occidentales et les œuvres des dramaturges du Moyen Orient ou de jeunes auteurs locaux s’inspirant le

plus souvent de problèmes familiaux maladroitement traités. S’il put ainsi faire participer les stagiaires à une meilleure approche du théâtre à travers une

bonne connaissance de son histoire et une analyse critique de sa situation, il dut ainsi contribuer à leur formation professionnelle de futurs comédiens. Mais

il ne se sentait ni compétence, ni attirance pour les arts de la diction et du geste. Son apport consista alors à une recherche de concordances entre les

disciplines corporelles et vocales du métier d’acteur et certaines de ces expressions chorégraphiques, musicales et chantées que sont l’aidous, la guedra ou

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

l’ahouache. Il fut sensible à la dimension cosmique de ces opéras collectifs, intégrant la respiration des saisons dans le rythme des cérémonies d’une

communauté, le rituel ancestral de pas cadencés aux improvisations poétiques issues de l’imaginaire de sociétés encore agro-pastorales. C’est sans doute alors

que Kenfaoui le futur dramaturge, né dans le nord, à Larache, découvrit et fit siennes ces traditionnelles et populaires expressions du sud marocain. C’est au

cours de ces stages dans la forêt de la Maamora que s’affirma pour Kenfaoui une vocation d’auteur dramatique dont lui même jusqu’alors n’avait peut être pas

encore entièrement conscience. Les cours théoriques sur l’histoire du théâtre et la dramaturgie, les exercices pratiques de formation des comédiens,

devaient trouver leur application, en fin de stage, dans la réalisation de spectacles.

Il ne pouvait être question pour André Voisin d’utiliser ni les textes existants en arabe dialectal, souvent de simples pochades, ni les pièces

d’auteurs connus du Moyen Orient, ni les traductions en arabe classique d’œuvres européennes. Il fallait donc inventer un répertoire adapté aux

compétences des stagiaires et pouvant répondre aux attentes d’un nouveau public dont l’émergence était espérée. Kenfaoui sera l’âme et la cheville ouvrière

de ce travail d’imagination et d’écriture. Certes il ne fut pas seul. L’expérience de Tayeb El Alj et la rigueur de Tahar Waziz furent indispensables pour que

puissent être rapidement créés des ouvrages aussi divers qu’Ibrahim Ibn Adham, Chams El Doha, Joha ou Maalem Azzuz. Si les deux premiers s’inspirent de

l’hagiographie et du légendaire arobomusu lman, les deux autres mêlent à la trame de Molière ou Beaumarchais des situations, constructions et expressions

dramatiques spécifiquement marocaines. Puis ce seront des créations plus originales comme les ` les balayeurs ` et les ` Babouches ensorcelées `. Même si

elles restent collectives, Abdessamad en fut le jeune maître d’œuvre. La suite confirmera sa vocation d’auteur dramatique et l’originalité de son théâtre à la fois

universel et spécifiquement marocain. C’est bien en ce tout début des années 50, singulièrement aux chênes et dans les tournées qu’il accompagna, que se

précise sa décision d’écrire pour à la fois faire rire et réfléchir.

Son œuvre parlera donc désormais de la vie au Maroc, tout en racontant les aspirations et désillusions, les espoirs et révoltes, les défauts et

qualités des hommes de partout et de toujours. Subtile alchimie sachant harmoniser une connaissance des ressorts dramatiques les plus intemporels à une

curiosité qui lui fit sans cesse porter un regard aigu sur la société des personnages qui l’entourèrent. Le tout coloré par la tendresse malicieuse, la poésie

nostalgique et l’espérance en l’homme qui furent l’essence profonde de Kenfaoui que j’ai connu et aimé. Dès le début des années 1950 Abdessamad Kenfaoui

fut chargé de l’encadrement de stages d’art dramatique devant déboucher sur l’émergence d’un théâtre marocain original et moderne ; il a contribué à la

formation des futurs comédiens dont Mohamed Afifi, Ait Mouhoub, Hassan Skalli, Fatima Regragui, et d’hommes de théâtre dont Farid Bark De 1952 à 1956, il

fut le maître d’œuvre des créations et adaptations collectives de l’Atelier d’auteurs créé par André Voisin. Il a conduit la première troupe marocaine au Théâtre

Sarah Bernarhardt à Paris en 1958.

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Saïd Saddiki : Dramaturge, journaliste et poète

Les morts, les pauvres morts...

Il y a deux ans, jour pour jour, nous quittait, définitivement hélas, Abdessamad Kenfaoui. Aimé, respecté, estimé, admiré, il incarnait, parmi

nous, la culture, la générosité et l’amour du Maroc et des marocains.

Deux ans seulement que Kenfaoui est absent de cette scène que nous appelons vie et pourtant, déjà, autour de son nom et de son œuvre comme un

voile d’oubli.

Aucune rue, aucune artère de Larache dont il était le fils et qu’il chérissait au-delà de toute expression, ne porte son nom. Les édiles de la ville ont,

c’est évident, bien d’autres chats à fouetter. Laissons les morts enterrer les morts…

Aucune fédération sportive, aucune équipe Ŕ pas même le Raja Ŕ ne lui ont dédié une coupe, ou seulement une rencontre ; lui qui, depuis les temps

lointains de son adolescence s’est dépensé, a dépensé sans compter pour telle ou telle discipline. Il a bu sa « coupe » notre cher Ken. Qu’il en soit

remercié. Mais…en silence !

Le théâtre, le théâtre marocain dont il a été peut être le pionnier le plus efficace, aura été le plus ingrat envers lui. Mis à part la

commémoration du premier anniversaire de sa mort par Tayeb Saddiki pour lequel il fût l’aîné incomparable, l’initiateur éclairé et l’ami de toujours, aucune

rampe au Maroc ne s’est illuminée en son honneur. « Côté jardin », la verdure s’est fanée, les fleurs ont dépéries et les vases, depuis seulement deux ans,

ont eu le temps de se fêler . « Côté cour », les comédiens qui oublient tout sauf « la réplique » qui les pose, continuent à faire leur cour aux auteurs à succès qui

eux, au moins ont encore l’immense mérite d’être vivants…

Pour certains parmi ces « auteurs », ces dramaturges, ces Molière et ces Brecht à la petite semaine, il semblerait qu’ils optent volontairement

pour l’oubli. On dirait même qu’ils craignent l’apparition d’un spectre indésirable, tant il est vrai que Abdessamad détestait et rejetait ce qui était

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médiocre, impur, intéressé ou faux. Kenfaoui « dérangeait » les grosses têtes pensantes et les petits cœurs vils et serviles. Kenfaoui continue de déranger.

Kenfaoui ne veut pas mourir. Re-tuons-le encore une fois encore, et baissons un lourd rideau sur sa mémoire. Abdessamad, fils de sa ville chérie, sportif

homme de culture, homme de théâtre, militant politique et syndicaliste, chantre de l’amitié, oui, il est tout cela à la fois. Mais il était aussi et surtout, le témoin

exigeant et sceptique, ironique et lucide de son temps, de son pays, de notre théâtre et de notre culture.

Ce témoin, par sa droiture foncière, son honnêteté sans faille, était, est toujours la mauvaise conscience des consciences élastiques. Il aimait Ŕ il

aime toujours, j’en suis sûr -- redresser les échines inclinées et les mains tendues. Détestant la flagornerie, il prenait plaisir à faire taire sur les lèvres des

faux poètes les mots passe-partout et les strophes malsonnantes. Ah ! Certes, par son exemple, par l’exemple de sa vie d’homme libre, d’homme intègre,

Kenfaoui a « dérangé » grandement plus d’un. C’était là sa vertu et sa grandeur. Et c’est notre honneur, nous ses amis, de l’avoir toujours compris et souvent

approuvé et suivi.

Mais je sais très cher Ken, que toi au moins, tu n’es pas « dérangé » par le grand silence qui, déjà, voile ton nom ! Trop intelligent pour croire à ces

marques extérieures de l’humaine gratitude, tu as, une fois de plus, fait fleurir sur tes lèvres gercées le sourire narquois des sages.

Que t’importe, là où tu es, une coupe Kenfaoui, une avenue ou une impasse Kenfaoui, une troupe ou un festival Kenfaoui ? Parmi nous, tu aimais

d’autres coupes, débordantes celles là du vin de l’amitié et de l’amour ! Tu cheminais apparemment nonchalant, à travers tes rues intérieures et qui donnaient

sur de magnifiques jardins de beauté et de rêve. Tes festivals étaient autres ; c’étaient ceux de la haute poésie et de la divine musique. Cel les du Coran, par

exemple.

D’autres amis, non moins chers, ont eu le temps hélas, de te rejoindre, de l’autre côté de la barrière ! Puissent-ils t’avoir transmis notre message

et notre souvenir. Ta place est toujours chaude ici, dans les « coins » où nous aimions à nous rencontrer. Sache du moins, nous garder la nôtre auprès de toi.

Et prépare pour nous, avec la grâce de Dieu, la coupe immaculée, la fleur idéale et le chant qui fait indicible l’éternelle résurrection.

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قصيدة نهزجال انمغربي انسعيد انصديقي

في ذكرى انفنان انراحم عبد انصمد انكنفاوي

ا طالخضاخ دصخ فساا جح

دصخ فظالا دـــــح دغ١ح طفــــــاخ

ـــــ وـــ تســــــح تاألــــــاس صــــــاخ

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فىش ف١ود وح فص١ذح سق ع األدال اضا١ــاخ

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تعذا شعـــــــالخ فسان ا طالخ

ا ته ا ساخ ش١ر عشفره ا عشفره

ط١س اعشا٠ش فجح ساس عش٠ش دىاخ صشاخ

عشصر جفاذا سا عطس ساخ اغح

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٠ا عشر الخش٠ دصخ فسا جح ى صشخح مس

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ال جح ضستح ال جذخ فرعزات

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فزا اسشح ا سدد واله فزا اىا ا عشفر١ عشف

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Mohammed Afifi : Comédien dramaturge

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Aziz Mouhoub : Dramaturge, metteur en scène

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عذح صش اشججخ اشبضخ اصاسح از وبذ رذزض اذشوخ اسشدخ ف اغشة أزان، سغ أ صج وب شوب اشد وب اشد شغ ذشا ذثا 2792ف أاخش سخ

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وزه الزشاح إشبء ىب رجبسي زخ الزصبد افشلخ أ ب لب ث رأسس جخ لشآح اسشدبد . لطعخ أسضخ فالدخ ف غبثخ اعسح رسزغ فالدب ى دخب صبخ أفشاد افشلخ

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سشدز، ظشا طده اجزبدن داخ افشلخ سشذزه أل "اال ثب" اسع ب ة اسشدخ از سفززخ ثب زا اس . فب دخذ عى اشد ف ىزج ثبدس ثبىال. شذن

و عذ دس ظ " اج" شعشد ثشعشخ خففخ ف جس شذح افشدخ لذ أب أثذث ع رغش ب دست، أرى ا أو عذ دس ضه فمبي ثطشمز اعدح . رم ثإخشاجب

ضع . ذجنب ره اخ دزى لبرب أعذد لشائب شاسا دزى رعمذ ف ظبشب ثبطب، وب اشد ىزت ثطشمخ ادزشافخ عبخ ثبء دسا ربي اسشدخ أخزرب، أ -اجس، خز

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وبخ " ز اجذاخ ثثبثخ ازذب ثبسجخ ب، خالي أدائب اشذ األي لب شخص سط اجس اخزبس فزشح صذ صبح ثصر اجسي ظش اث ثذأد اسشدخ، وبذ

" ىزا أصجذذ سشدخ . ث ثذاخ اجخ دزى آخشبافجش اجس ثبضذه ثذأ صفك رعجشا ع إعجبث رمذش، ىزا اسرفع رصفف اجس ثذاخ اسشدخ دزى بزب " اعى

أجد اسشدبد از لذذ فشلخ اعسح ازبسخ شذ عى زا" أي ثخ

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Abdellah Chakroune : Dramaturge, ancien directeur de la RTM

C’est Kenfaoui qui était le responsable…

Nous étions l’été 1952, à l’époque du premier séminaire organisé au bois de Maâmora près de Rabat, pour les gens de théâtre, techniciens et artistes.

L’initiative de cette manifestation venait des services de la Jeunesse et des Sports. Plusieurs jeunes hommes participèrent à ce séminaire et tous étaie- nt

enthousiastes. Ce fut le premier rassemblement du genre dans notre pays.

Nous étions, peu nombreux, quelques uns à assurer le rôle d’animateurs moniteurs. Parmi nous se trouvaient ceux qui se présentaient comme

experts et comptaient sur leur expérience, d’autres qui en hommes cultivés ne tiraient leur action que de leur culture générale et d’autres encore, homme

d’administration, qui n’étaient là que pour répondre à une obligation réglementaire, ou appelés à concourir à la réussite de ce cycle d’essai. Accompagné

d’autres moniteurs français, André Voisin fut du groupe, ainsi que M. Bensaïd, un jeune homme actif et de vive intelligence et aussi, déjà, un fin connaisseur

du monde du théâtre. Vinrent aussi des fonctionnaires de la Jeunesse et des Sports, accoutumés aux rencontres culturelles. Revenu fraîchement de Paris où il

fit ses études supérieures, l’auteur de ces lignes eut le privilège de participer à l’événement.

Au milieu de ce monde varié et sympathique, j’eus le bonheur de faire la connaissance d’un jeune homme au regard franc etŕtout le laissant

devinerŕprofond. Il est, me dit- on, surveillant répétiteur au Collège Moulay Youssef de Rabat en même temps qu’étudiant. On précisa qu’il était aussi un

excellent ami de notre distingué frère le Chérif Moulay Tayeb Zidane, un des cadres les plus valables et les plus dynamiques de la Direction de la Jeunesse et

des Sports. Ce fut Moulay Tayeb qui, en hommage à sa solide culture et à son sens artistique des plus raffinés, choisit ce jeune homme, universitaire de talent :

Abdessamad Kenfaoui.

Nous disposions à Maâmora d’une bibliothèque fournie où nous trouvions ce dont nous avions besoin : documents et références.

C’est Kenfaoui qui en était le responsable et il y eut tout un éventail d’activités entre autres celle d’assurer la traduction en simultané des

interventions techniques, des moniteurs français ; plusieurs membres du séminaire n’entendaient, en effet que l’arabe. Notre cher KEN fut le trait d’union

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idéal et les bilingues parmi nous ne tardèrent pas à découvrir chez lui une vertu complémentaire: son originalité, signe d’une personnalité qui devait par la

suite s’imposer comme particulièrement brillante.

Ken ne se contentait pas de traduire. Sans jamais rien dénaturer, il se permettait, très sûr de lui, mais à juste titre et à bon droit, d’inclure dans son propos ses

remarques à lui, où éclatait une technicité étonnante vu son âge. Tous les stagiaires ne tarissaient pas d’éloges à son endroit. De leur côté, les moniteurs

l’admirèrent et le félicitèrent chaudement.

Il m’incombait, entre autres responsabilités, d’élaborer la version arabe du texte de la revue théâtrale « Ibrahim ben Adham », ce qui m’amena à

passer bien des moments féconds à la bibliothèque du stage, aux côtés d’Abdessamad. Nous discutions et souvent, je m’éclairais de ses avis et conseils

toujours pleins de sagesse.

Dans un autre ordre d’idées, nous coordonnions en commun le travail quotidien. C’est ainsi que naquit et se développait notre amitié. J’eus

l’insigne bonheur de découvrir ses grandes qualités de cœur et ses dons d’homme d’esprit, fin, subtil, prompt à l’intelligence des hommes et des choses. Et,

surtout si sensible.

Au terme du séminaire, nous mesurions tous deux, les horizons du théâtre et en saisissions l’importance pour l’avenir de notre jeunesse et de la

culture nationale. Cette bonne rencontre fut un excellent départ pour une amitié et une réciproque estime qui ne faillirent jamais.

Ken, repose en paix, l’âme en joie pure !

Tu as réussi à t’entourer de camarades et d’amis qui perpétuent ton souvenir de camarade attentionné, d’ami sûr, d’homme noble et généreux.

Ton cœur pur les inspirera à jamais, Abdessamad.

Il n’est pour résumer la considération dont tu jouis que cette unanimité des voix autour de ton nom. On humera longtemps ton doux parfum,

celui de l’amitié, celui d’un sourire qui fut ton secret, comme fut ton secret l’Amour que Dieu dans Sa sagesse incommensurable a su en mesurer la dimension

et en la belle et dense éternité.

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Mohammed Zniber : Ecrivain, ancien président de l’Association des Ecrivains du Maroc

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Mahjoub Ben Seddik : Secrétaire général de l’UMT

Un homme de principes et de luttes

Il a laissé un immense vide. Mais sa mémoire, façonnée par son intelligence et sa créativité, invite à l’enthousiasme et à l’espérance qui ont

toujours animé cet homme à la vie débordante. Voilà pourquoi l’évocation de Abdessamad Kenfaoui, le témoignage de son sujet, ne peuvent que susciter en

moi des émotions et des sentiments contrastés.

Tristesse et regret de la perte d’un être qui me fut cher ; en même temps, souvenir vif et chaleureux du personnage et de ses inoubliables

qualités.

Il était un homme de principes, un homme de lettres et un homme de lutte. Son destin a été celui d’un créateur, d’un militant authentique et d’un

fin diplomate. Il a réuni l’amour d’un théâtre de talent, un total engagement envers l’action et l’organisation syndicales ; il était curieux des cultures des autres

et ouvert au dialogue avec elles. Il était une personnalité tolérante et agréable.

Abdessamad Kenfaoui, c’est une évidence de le dire, avait investi sa créativité personnelle dans le théâtre. Il l’aimait, passionnément. Peut être

bien que son œuvre telle qu’on la connaît, d’une qualité exceptionnelle, ne suffit pas à restituer sa relation au théâtre, ni le temps et l’énergie qu’il lui

consacrait. Cette passion a eu pour elle la richesse et la diversité culturelles d’un auteur dont l’art s’enracinait dans l’authenticité de sa propre

personne. C’est que Abdessamad était un homme à la connaissance plurielle. Et son éclectisme à lui s’est révélé fécond parce que c’était un éclectisme

ordonné, ancré au plus profond de sa société et sereinement ouvert à l’intelligence de son temps.

Comment ne pas évoquer le théâtre travailliste, cette première et véritable école du théâtre marocain qui a donné une des meilleures générations

d’acteurs et de créateurs que notre pays ait connues. Abdessamad avait apporté au théâtre travailliste une contribution des plus précieuses et des plus riches.

Je suis certain, qu’à tout jamais, l’histoire du théâtre marocain s’écrira en bonne partie avec le nom de Abdessamad Kenfaoui et avec le théâtre travailliste

au chapitre de la reconnaissance.

Quant au militant syndicaliste, son action s’est déclenchée au lendemain de la grève de 1961 à la suite de laquelle il n’a pas repris ses fonctions.

Abdessamad avait alors choisi d’assumer son sort, digne, et il a rejoint l’Union Marocaine du Travail, abandonnant des années d’une carrière diplomatique.

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En fait il n’était pas tout à fait étranger à la lutte syndicale et il n’a fait qu’y prendre la place qui lui revenait. Au sein comme à l’extérieur de l’Organisation,

il aura sans cesse été porté par son sens de l’engagement, de la fidélité aux idéaux et par un souci tout à fait rare de la qualité, du devoir, et du travail bien

fait.

Abdessamad n’était pas de ces intellectuels cloîtrés dans leur tour, seuls avec leur savoir, imbus parfois de leur production et de leur personne.

De tels destins et de telles productions sont sans utilité pour le mouvement social. Il n’était pas non plus de ces opportunistes dont l’âme déserte

généralement la plume. Ceux-là considèrent les travailleurs et leurs luttes comme une abstraction utilitaire. On a pu voir combien, inéluctablement, ils

sont gommés par le mouvement des choses et de l'histoire.

Abdessamad était un intellectuel au sens simple, c'est-à-dire au sens plein ; le verbe, pour lui, était action et l’action pour lui était principe, c'est-

à-dire qu’elle était lutte. Il a observé et compris la fraternité et la communauté d’idéal des hommes et des femmes organisés et agissant pour des principes et

des droits. Il les a rejoints et a agi avec eux. Sa force d’abstraction et son intelligence, il les convertissait en humilité pour être chaque jour, avec les autres,

comme tous les autres, un militant, un vrai.

Quelques mots aussi sur le diplomate. La carrière de Abdessamad Kenfaoui a été brève, certes, mais sans doute est-elle, au moins en partie,

à l’origine de ces traits de caractère qui étaient bien à lui : ouvert, disponible, ayant le sens du dialogue, de l’écoute de l’autre, le sens de l’argument. Il était fin,

délicat et discret. Aussi brève qu’elle fût, sa carrière aura été intense car vécue durant ce qu’on appelle un moment d’accélération de l’histoire, une phase

difficile mais riche en événements.

Tel était, à mon sens, et aussi brièvement que possible, Abdessamad Kenfaoui. Une personnalité immensément attachante. Je n’oublie pas notre

tristesse à tous quand il nous a quittés. Son souvenir est demeuré parmi nous d’autant plus présent et plus fort, j’allais dire intact, grâce à son œuvre

magnifique et à son engagement exemplaire.

1996

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Bachir Aouad : Enseignant à la Sorbonne Nouvelle Paris III et à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales

L’initiative de publier les quelques pièces de théâtre du regretté et ami Abdessamad Kenfaoui, dont on a réuni les manuscrits, est le

meilleur hommage que l’on puisse rendre à cet auteur dramaturge de talent, disparu avant de parachever une œuvre qui s’annonçait fort prometteuse pour

le théâtre maghrébin, à une époque où ce genre était encore à ses premiers balbutiements.

Tout le mérite de cette initiative combien heureuse, revient à son épouse Danièle qui n’a cessé de se battre pour que l’œuvre de son mari

prenne la place qui lui revient dans le patrimoine culturel de notre pays. Est-il besoin d’ajouter que sa lutte n’avait d’autre but que de témoigner à cet

homme tout l’amour et l’admiration qu’elle lui portait.

Les quelques pièces qui font l’objet de cette publication sont au nombre de cinq : - A MOULA NOUBA - BOUKTAF EN ARABE - BOUKTAF

EN FRANÇAIS - Une adaptation de TARTUFFE : SI TAKI - BARBE BLEUE.

Certes, bien avant Abdessamad, quelques auteurs marocains s’étaient essayés dans ce genre avec plus ou moins de bonheur.

Celui qui avait réussi à avoir une assez large audience et à toucher le grand public sûrement grâce au choix de la langue utilisée, à savoir le

dialectal a été incontestablement Abdallah Chekroun qui occupait un poste de responsabilité à l’Union de la Radio et Télévision Marocaine.

Toutes les tentatives ébauchées, une vingtaine d’années environ avant Abdessamad Kenfaoui, étaient conçues pour la radio et à ma

connaissance, jamais portées à la scène.

C’est à Abdessamad Kenfaoui que le public marocain et international doit les premières représentations d’un théâtre qui se distingue par

son authenticité et son originalité quant aux thèmes abordés et à la langue utilisée.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Si ma mémoire ne me trahie pas, je dirais que les sketches d’Abdellah Chekroun tournaient sans cesse autour des questions de

mariage forcé de nos jeunes filles et de quelques conflits de générations.

L’apport nouveau du théâtre Abdessamad Kenfaoui réside dans sa volonté de porter à la scène des pièces traitant des thèmes à caractères

universels.

A ce propos il ne pouvait mieux choisir que de faire connaître au peuples marocains le grand Molière et ce, en faisant des adaptations

notamment de Tartuffe, etc...

L’originalité du théâtre de Abdessamad Kenfaoui, c’est aussi de préserver de l’oubli, des traditions on ne peut plus pittoresques, mais du

génie de notre peuple. Je veux parler de Soltane Tolba et A Moula Nouba.

Rappelant qu’en 1956, il a remporté un immense succès au théâtre des Nations avec une adaptation des Fourberies de Scapin et une pièce

originale des Balayeurs avec la première troupe théâtrale professionnelle marocaine, dont il était le fondateur.

La chanson « Ana echettab » chantée par les comédiens des Balayeurs fût un véritable tube à l’époque, et fredonnée par la jeunesse

marocaine.

1996

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Hamid Triki : Historien

Le solitaire ressuscité

Moi, le damné, le solitaire. Moi qui suis le dépositaire Des péchés de tous les proscrits (...) Je m'assieds et je contemple.

Abdessamad Kenfaoui

Mais je sais très cher Ken que toi au moins tu n'es pas » dérangé » par le grand silence

qui. déjà, voile ton nom ...

Saïd Saddiki ( 1978)

Je me sens d'autant plus mal venu d'affronter cette « préface » que je n'ai point eu la

faveur de connaître personnellement Abdessamad Kenfaoui afin de pouvoir joindre

mon témoignage à celui de ses amis. Cependant, aurais-je pu me dérober à la

sollicitation de Madame Danièle Kenfaoui et aux personnes qui, en ce moment même,

s'activent à ressusciter la mémoire du dramaturge ? Certes non. Et il est d'autres

raisons qui m'invitent à accepter. En premier lieu le respect que nous, marocains, devons

à la mémoire de l'auteur de « Soltan Tolba Ne serait-ce pas une manière de nous

libérer de cette lourde dette envers l'homme qui consacra le peu d'années actives qui lui

furent imparties à l'illustration de notre culture populaire ? Ce fut en un temps - celui

de la ferveur des premières années de l'indépendance - alors que la vague de la «

modernité » expédiait aux bas-fonds tant de traditions culturelles accumulées des siècles durant, tant de modes d'expression empruntant les voies du

Malhoun, des quatrains de al-Majdûb et de ses héritiers les « Hlaïqis » des places publiques...

Page 24: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Il faut savoir gré à A. Kenfaoui d'avoir audacieusement mis en scène

aussi bien les strates enfouies de cette culture populaire que la langue qui les

porte. On imagine aisément que cela lui en coûta de nager à contre-courant dans

les ténébreux limbes de notre mémoire.

Pardonne-nous, cher Kenfaoui, si nous t'avons par deux fois

ensevelies ! Mais, voilà que tu ressuscites : 1994, les œuvres de ton « théâtre

populaire » sont enfin publiées, accompagnées de magnifiques témoignages.

1998, sur ton sol natal à Larache, est créé le Prix Abdessamad Kenfaoui

et c'est la biographie que t'a consacré Hassan Bahraoui qui en recueillait la

primeur.

Entre temps, la Faculté des Lettres de Ben Msik à Casablanca t'a dédié

son « Sixième Festival International du Théâtre Universitaire ». Ton nom repose

enfin paisiblement dans une salle au Parc de la Ligue Arabe. Aujourd'hui, c'est le manuscrit déterré de ton « Soltan Tolba », enfoui depuis les premières

représentations en 1967, qui est offert au public. Est-ce le prélude à la reconstitution de notre mémoire estropiée ?

Voilà donc la première raison justifiant cette préface. La seconde consisterait, au regard de l'historien que je suis, à aspirer à couvrir autant que

possible la pièce de Soltan Tolba d'une sorte de tenture historique. J'avoue que l'entreprise n'est pas exempte d'interprétation comme la nature même de la

pièce m'y autoriserait.

En effet, entre le scénario théâtral et les événements qui le fondent depuis le XVII siècle, la relation est établie, à quelques nuances près. Du reste,

Kenfaoui, dans les manuscrits autographes de cette œuvre a pris soin de mentionner constamment les sources historiques consultées.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Cependant, il est aussi un fait que le caractère historique de Soltan Tolba ne saurait soustraire à notre vigilance les engagements culturels et politiques

de Kenfaoui, les profonds mobiles ayant présidé au choix par lui de ce thème précisément dans l'élan de notre jeunesse des années 1960 : enthousiasme

accompagnant la réémergence de notre langue et de notre culture populaire ; tentative de résistance, par cette culture, à la double vague d'acculturation,

orientale et occidentale qui planait alors sur nous ; rappel au souvenir d'un passé si proche, aux effets palpables, d'une ancestrale tyrannie ; sans oublier cette

ferveur qui saisissait notre jeunesse d'alors... Un sultan des étudiants !

Quelle charge d'illusion cette expression pourrait-elle engendrer en caressant d'un frisson

les esprits et les cœurs !

Mais au fait, quel sens attribuer, en profondeur, à cette tradition remontant au XVII siècle

et consiste à élire, chaque printemps, un Soltan Tolba à la souveraineté aussi éphémère

qu'illusoire ? Réjouissances d'étudiants au tempérament naturellement fêtard ? Cela est certes

vrai. Mascarade Carnavales que prenant l'étudiant comme pâture et le tournant en dérision ? Cela

se dégage clairement des propres propos des tolbas pendant la cérémonie. Prétexte pour parodier le

Makhzen, son appareil répressif, la corruption de ses représentants ? C'est manifestement

évident à en juger par le cérémonial traditionnel de la fête, au moins tel qu'on en connaît le

protocole d'après les descriptions depuis la fin du XIXème siècle et l'iconographie du début du

XXème siècle. Encore faudrait-il préciser que ce cérémonial était établi en accord avec le sultan

régnant. Cette « complicité » du haut Makhzen était peut-être une manière d'adresser un message déguisé rappelant à l'ordre ses propres agents.

Page 26: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Reste enfin le non-dit ... Etait-ce le rêve de voir évoluer l'ordre établi que seul le Carnaval était à même d'exprimer dans les sociétés où le pouvoir

s'exerçait sans limite ?

Pour ne point abuser de la patience du lecteur, je l'invite, s'il le désire, à pénétrer dans l'alcôve historique de Soltan Tolba par l'intermédiaire des

documents écrits et iconographiques mis à sa disposition. Ainsi ce serait au lecteur de les interpréter à son tour.

Hamid TRIKI

Page 27: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Ziadi Abderrahman : Cadre - Directeur à La CNSS

نان ف نضال

مد خم

زؾه فـ١ا تال اؽساي [1]

زـؾــرـا ٠ـا اىـفـا ؽساي [3]

ا ـد ـدـا سـال ـا ا ازا ف أػـا ــا [2]

زؾان ذ

ؼان تىـا خ ازــ١ـا أتـىـا ن أ[4]

اشز اغؼ١ذ ػض٠ض

عظ اؼا ف١ح ٠ـرـ صذ لـر١ دا ئا ـصذ له ثــؼهزر

.ىافس١ ضس١١ غ اخذى وــرـ فـ عــ١ؼـح صا ـ

انظرو ف

اغ١ذج فاغ١ داـ١١ـ .صخح اىفا افا اا ض اذصد ت

عثد سأ٠ ف ذشخح األثا ٠ ـصذا لـرـ ـغ اـشا زـ ـظشا

.خــغ تـم غ١١ش وـا ا ـ ذمذ٠ اشز زا ارشاز اا ئ

.سفظ اض١اع اـرـضـ١ـ ورـا ب خـ١ـ ـؾـش ف ذـمـشس

.اؼشف تاراضغ افىشاؾا اؼا د ي اشخ ا ر ذـمـذ ٠ـ زا

Page 28: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

اندراست و انحياة انمسرحيت

زا و اثالد االعرؼـا س االعثا [5]

ػثذ اصذ اىفا ف اؼشائؼ اصداد

ذاتغ ف١ا اذساعح االترذائ١ح غ االالد وا ـؼـؾـق فـ ـذ ٠ــح األ ـدا د

اـذ سا عح اـثا ـف اشتا ط .ف اػذاد٠ح ال ٠عف زاص اثاواس٠ح وـ

ؾــؤ ا ـثـمـا فـ١ـــحذـؼـ١ـ سئـ١ـظ اـ تـؼـذ د سا عـح ا ـؼــ ا ـمـا ــ١ـــح

غــ١ــح خـ١ا ـ١ـح تــز وــاء ا تـذع ش٠اضح اصسح اشوض٠حف اؾث١ثح ا

.اـغـشت١ح ـصا ـر ؽـثـا ب ـ اــخـثـح ذـأ عـ١ـش ا ـرـذاس٠ـة اـغشزـ١ـح فـ

.ـــغــشب ػــصش ـغـشذ خــك ا ـرـذ ا س٠ـــة ـا ر ـ اــمـصد

.اـىــفـا [6]

ػض٠ض ڤـاصا ؽـشفـا ػ إـؾاء ـا د اـفـ اسـ١ـ عاش

. ػثمش٠ر اـىــفـا ذاعإت اورؾف تــمـذ سذــ[7]

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ــغـشزـ١ــح زـشوـح ذــؾـأ تـا ػ ضـشس٠ــح وـا ـد ؽـشط ثــال ثـح

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Page 29: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

.ادـذ اغـشس ـغـشذ أعـا ط ـ اـدــــس اثـ ا ـرأ ـ١ـف

ارسك ت اغ١ة ؼح اضخاي اؾس ازوس اثـالث اد اـغا ٠ح اخـرـذ

غـشت ف لا ة ذىـرـثـا اغشز١اخ األخـث اـرـشاز تذا اال لـرـثا ط

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رشخح[9]

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١١ش ـمـرـثــغح خسا ػا ٠

اضظ .صا ذـشخـرا ادػحڤـا أـفـا اـغـشز١ح ا ـمـصـ١ـشج ػ

ـؼـشتـ١ــح ذشخا ـغشا خــ١ـ أفا تاالد١ض٠ح[10]

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ت خزاف ا ح ج ب ل ف هم ف ثل وع ػ دور م ــمـ ـتل ـ ـ خـجـا ـزب ـ ـها وو ـت ا ح فـزل ـ ل

مـطزوحت ـت حل ال ل كـ شـ صىص مـ ىـ ـ ال بـذا ف ـ ـت ال با ا خـ ـ ـت ص ل مـجـمـىع ال

أل ـت سمت ا لـىل مـخـ كـزوا وا ال خـ ـ ـحـل ب لك ل ت وخ كال ش مىق ا ف ح مؤل ت ال عزوف م ال

مـجـمـىعـ ثل اةل م ثل" م سم ف لو عطا" ا ـل "ك سجـ خـ ـ ا ب سـزح ـمـ ت ا ث ال خـىب كـ ـمـ ل

Page 30: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

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أل ف ذري ل ىاسان ألو ل ف ىذ م ز ال ى م ا ال

ـحـىار ل ل ـاال ضع ـجـمـ ـى ـ فـا ك ىـ كـ ـ ا وي ال لـى ة د س ـه عـ كـى ـ ثــل ح ـمـمـ ال

ـل لـ ـ ـز وال شـخـ خـمـ ـ ال ا ب ىها ب ـ عـمـل ر ل ـل وال ص سهـز ا أل ـ لى وك ـزاج ع اإلخ

فشلح ارث١ اغشت شخا غشذ األ

ـذ ٠ـش فـشلـح اـرــثـ١ـ ا غــشتـ ف تذا٠ح االعرمالي ذؼ١ اىــفا

عـد ج تـ ا زذ اغـ١ـذ ا ـفا ض ا ـرـغــ١ـح ا ؽــشف ػـ ا د

.ف اؾث١ثح اـش٠ا ضح اذح وا ذة ا ـــذ ج ا ر فـ وـا اــ

[14]

ا أل ــ ـغــشذ ـــشخـا فـ افـشلـح تا ـرــا ؽاسود ا د

.اـفـ االػـال ػـا صح تاس٠ض ف اـــا عـا سج تــشـا س تــغـشذ

فـاصا االخـشا ج ػـ أ ؽـشف اؾغـا ب تؼـا ٠ خسا ؽـا سود

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

.ـض٠ــا تــدـا ذ فـا ص ا ـؼـشض ا باغ١ة اصـذ ٠م ا ـؾـ عاػذ

سوـضاػ افـشلح اغشت١ح ارا صج د اصسافح افشغ١ح تا ـؾاسوح

.ا سج تـمـذسج أ داس ؽخـصا اــثــ١ـ ا غـا ستــح تا لـا ـا

تا لا ـخـد ج ؽــا د اخ ا ـدـشا ئـذ [15]

فـشا غح ث١ و١ذ٠ا أ زـغـ

ــثـ وـثـ١ــش ا ـصـذ ٠ـم ـ١ـة ا ـغ [17]

لاي اصسف ١١ش [16]

"د٠اؼ اذا"ف

ا[18]

.الوشخاسج زح اشعا د وا تـشػــح د س عـىـا تـا خـسـا ـثـ

اغاستح ثد تىفا ئح خـا ي فـشلح زـا ص االعـرـمـال لاي اـغشب صاد

.اغشت اـغشذ تاعرمـال ١ح ألؼرا اـؾؼـثـ اـذ ٠ىـس األ داء أ ذـمــد

.اـذ ا سخـح تـا ـغـح ـىــرـتح وـــا رػح سا ٠ا خ اىــفـا ا ـرـح

. اــــا عـثـح اـظشف فــشضا ذــا لـــصـــح ـــا ــغــشزــ١ـح وـــ

.أ ــال ــتــح تــ١ــا عـــغـا [19]

عغا اغثح إ تـذاػـ توـرـف

.ا ــمــرــثــغــح ا ـشا ٠ـا خ فـــ اضسلـا ح اسـ١ اـغ اـرـا ل أ ا

Page 32: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

سغـ اـضا ٠ـمـا خ ا خــمـا ذـ سغـ اػـــا ـ زــمـمـ ا د ؽـ

.ؽا ػـش٠ـرـ ـغ خـال ذــ وـ١ـرـأ ـ ػـثمـش٠ر عدا خ اشلاتح ا سغ

٠ــا ال اـــال ٠ـ .اىـ١ح سا ٠ـ ػ ذـغـا ـغ زـر تـا ـثـــ١ــح ذـــ

.أزس٠ح أ زـس٠ح ســن ػـز تـن ؽــفـا فـ١ـح تـوـــرــف تـىـ لـا ــا

اـثال اسشا ـ اـفـا ٠ـسـفـظ ـا ػـ اـ ٠ـؼـ١ـظ , ٠ـؼـ١ـظ اـ

.سضا وـ١ـف ؽــش ـسـش وـ١ـف ػـذ ا ـســذ ـذ ٠ـص ػ

.انمسرح انعماني

.اضا اؼ ارػ١ح ذسعح [20]

ػ اــغشذ اؼـا ا غا

ارـضح اؾؼـثـ١ح اثـما فـح ـضح االذساد اغشت ؾغ زمك ضح

ؽشفـا ػ زا االخر١اساخ اث١ح [21]

اغ١ؼح غشذ ــضح ؽـدـغ

.اصذ٠م ػ١ ػ اصغ١شج اىث١شج وــثـ١ـــشج ــــثـــ١ــ أ عــش

[22]

ڭڭي(اش٠ف١ضس) غشز١ح افرؼ وا و١رأد ػشض ٠ مثي

Page 33: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

امذ٠[23]

خؼ١ح اغاء ألس٠غغفا ـ١ــح ـرـفـ١ـك اسـىـ١ـ تـ١ـ ٠ـ

. تاــضا ي اــما ت اظ[25]

ارض اـؼـ تاغشذ [24]

ذؼشفد اؾث١ثح اؼاح

انحياة اننقابيت

تاالذساد اغـشت ــؾـغـ ارسك تؼذا غادس اىفا صاسج اخا سخ١ح

وـا ـثـغـ اإلخــا ا عـرـمـثـــ اذ تـاع١ح اس١ا ج ساء ذـشن

خـ١ـ األعش ف اــضا ي و[26]

وف وغؤي ػ ارذاس٠ة امات١ح

ؼ[27]

ث ذؼ١ خث١ش ف اظح اذ١ح د ـ١ـح ف شاخااخ االذساد

اغشب ذذ فـغ ف[29]

تىاخ رماعؼح [28]

اـسـدـب خـش٠ـذ ج فـ ؽا سن

اـىـفـاذ اــضا ي ـمـا الخ ـغ صـثـــا ذ وــ ذــمـشأ ذـــؾـش

ـمـشاء غـشب افساع١ تـدـا ذ أفىاس اـرـضا تاىال اثـا ذ م

[30]

د ا د ــضـا ي صوـ١ـح صو ا ـخـد تـا را اـدـش٠ذ ج ؽـشف

Page 34: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

اندارجت واألمثال

ا ض تا ػ ذـىـ ـؼـضصج اعرؼ اىفا ف اغشذ اذاسخح

مح ـغح ـغـح األ ـ تأ ا را اغح ا غا ػ ـذ صا ٠ اض

ا ــؾــشا ا ـثـ١ــغ ـغـح ا ـــمــا تــح ا ـؼــا ي ـغـح

[32]

اســمح [31 ]

ا ـثـغـا ط ـغـح ا ـــسـ ا ـؼـ١ـغــح ـغـح

تــغـح ا ألثـا ٠ـ ا ـسـىــح زا ذـىـرـثا خ ا د ا ــمـذ ـح

خ ا ف١ إؽاساخ دا غض ذشت ذ٠ش٠ تضاي اىفاتاػ ثما

٠ـمـي ٠ـؼـا د ٠ـمـي ٠ـض٠ـذ ٠ـمـي ـىــفـا ٠ىـ وا

أ ــ ـغــح غــ١ـش فـ ــىـ وـا ـؼــشف ـا أ ـا

ـا اـ تـغـ١ـرـا فــــ .اـ ـغـا ـؼـ١ـ ػـ ــ عـ

اعرؼ ف اغشذ زغاالعرؼاي األ ـثـا ي ـغـح اـذا سخـح

األ لـا ي ا ـذ ـ١ـ ػـ ـا د ف اساساعرؼ امصاساغاي

Page 35: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

دغـ تـسـىـ زـىــا ػــ١ــا ا لا تورف ذ صازة ااي

تـمـ توـرـف زـ١ـشا و١رغاءي ا ازذ أد اثغ ػؾشج اذا اثشدػح

.اـدــ سا ط ا ــذ ـ ـغ ا ـســ ٠ـىــ غــا د وـ١ـف

س٠ا دا" ـفـظ اغشز١ح تورف لـا ي فـ١ا ا ال ذـ "س تاا ا ذغم

ـا "ف١ا ا زفش ؽ زفشج و١غ١ر" ػــ١ـــا ا تــشا ــ١ــ صا د أ

١ش و١سح ػ١" لاي ػ "ا ذىا٠ظ ػ ز [33]لطان س ما ال ب ف غشز١ح

[34]

ت ػثذ اشزا ازرح ػ١ "ثا تذ٠د تذا اثا ٠ ػذ ن " أ خا

اع ـا ي ػــ ـؼـضص اـثـسـا عـل إ أػغان اؼاع ا ذسشز اذ

ـؼ ف تال اىث١ش األثاي ف غشز١اذ ـز وـس٠ .وـرا ت ا ــ ـا

.ا تا ـؼـمــ١ح اغـشتـ١ـح وـ١ـؼـشفـ االثاي خضء زضاسذا األص١ح

.تا ـــضا ي ا ؼـض اــغـؤـ١ـح التذ سافظا ػ ثـما فـرـا اؾؼـثـ١ح

Page 36: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

ا نـزوجـت انـمنـا ضهـت

.صثشخ صاب اؼ١ؼ ال ا صات زثات ازرشد تؼثذاصذ دا١١ ذضخد

. دػا ـ ػا ئــرـ ا صسا تـ ا تسدا تاسدب تـ اصذ٠ك أزا

.ـخد إ ا٢خـش٠ـ غـا ت دا ئـا ات اشف١ك سذ ػـثـذ اشصاق

.أ زـثـا تـ تـؾــا د ا خ ػضصذ وـرــتــ عـثـؼــد زـرـ خـشا خ

.ـؾـ١ــش ـرـىــ١ـ ا ـ تـا لـ تـال وـثــ١ــش وــرــذ ٠ـش ـدـــد ل تا

.ـا س ــ٠ــضتــؼـشتـ ا ـغـ١ـذ ج عؼذاذا ف اد ا١ذا ؾدؼح اىراب

.ا ــــ١ــش ا ـؼـــ ـا د ػــ ا ـرــ٠ـ وــ خــ١ــش ذـغـرـسـمـا

.ػ أػا ػ لف ا ــثـ١ـ تاد١ ورؼـرشف الذساد اض١

عاء ذـؼـا ـح ف اخاسج أ اذاخ تؼذ ا ذىف تصاسف شض اشا ز

س اثـ١ــغـ١ـذ اتـ عدج اغرـؾا ا [35]

أ سعـ اغـفـس ا ــه ادــ١ـ

[36]

. أل فـشاد أعشج اؼـشا ٠ـؾ األص١ـ ـغـ١ـذج دا١ـ١ــرـمـذ ٠ـ اـرـؼـا ص

Page 37: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

ا ـصـش ا ــــ ـال ـا اال ــا ا اغـفـش ـفـمـثـذ اؼشتح االعال

.غالاسصل ا اصسح اؼاف١ح ا خالح اه ســذ اغادط اـــا

ــســــــذ عــ١ــذ ــا آ ي ػـــ ص اـــ ػ عـ١ـذ ـا ـســذ

.األ ػــ١ـا صـسـثـ آ ــ ػـ ػـــــذ ـــــــا ــــذ عــــ١ــــذ

Les amis intimes de Kenfaoui l’appelaient aussi Wahch.

[2]

Comprendre par twahchnak et wahchak : tu nous manques.

[3]

Lalla Mannana est un cimetière de Larache.

[4]

Il s’agit de feu Saïd Saddequi (frère aîné de Si Tayyeb) poète, journaliste et aussi militant à l’UMT.

[5]

8782اصداد ف عح

[6]

André Voisin a été engagé par les services de la Jeunesse et des Sports en 1950 en tant qu’ «expert culturel » pour encadrer les troupes du théâtre amateur. Voir note n°13

[7]

Charles Nugue, instructeur d’art dramatique au service de la Jeunesse et des Spotrs en 1952. Après l’indépendance, il est engagé par L’Ambassade de France au Maroc

comme conseiller artistique.

[8]

Molière

[9]

Beaumarchais

[10]

Shakespeare

Page 38: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

[11] Mohamed Afifi homme de théâtre et comédien de grand talent. Il a fait, lors de l’émission Hodor en 1977 à la TVM un brillant et original parallèle entre Kenfaoui et

Stanislavski.

[12]

Hamlet

[13]

ATA WAKIL , ce pseudonyme comporte les initiales des quatre auteurs : André Voisin , Tahar Waâziz, Kenfaoui et Laâlej. Cinq pièces théâtrales sont produites par cette

création collective : Brahim Ibn Adham, Ammi Zlat, les Babouches ensorcelées, les Balayeurs et le Malade imaginaire. André Voisin en désaccord avec la politique culturelle

de la France au Maroc a pu convaincre ses supérieurs de la nécessité de promouvoir « Les Ateliers d’Auteurs » , solution idoine pour créer un répertoire marocain adapté à la

situation du Maroc à cette époque.

[14]

Théâtre des Nations (festival de Paris)

[15]

Comédie Française

[16]

Dimanche Matin du 3 juin 1956 (journal)

[17]

Georges Hilaire journaliste

[18]

Delacroix peintre français.

[19]

« Soltan Tolba » Tarik éditions 2004 : Carrefour du Livre.

Sotan Tolba était un spectacle initié par le Sultan Moulay Errachid (1664-1672) qui a été soutenu par les étudiants contre son adversaire Ben Mechâal.( Voir détails de la

préface et de la présentation réalisées par l’ historien Hamid Triki)

[20]

Théâtre travailliste (union marocaine du travail)

[21]

Théâtre d’avant-garde

[22]

Le Revizor de Nicolaï Gogol

[23]

L’Assemblée des femmes d’Aristophane (auteur dramatique athénien 450 avant JC)

[24]

Jeunesse ouvrière marocaine (JOM), organisation des jeunes travailleurs de l’UMT reconnue sur le plan national et international.

[25]

Théâtre engagé

[26]

Ecole de formation syndicale

Page 39: hommages_temoignages_II

Archives Mme Danièle Kenfaoui.

[27] Expert auprès de l’Organisation Internationale du Travail

[28]

M Mahjoub Benseddiq secrétaire général de l’UMT. Il s’agit du journal Maghreb Informations

[29]

Mots croisés

[30]

Zakia Daoud, journaliste à Maghreb Informations et auteur de plusieurs livres dontAbdelkrim une épopée d’or et de sang (Séguier) et Les années Lamalif (Tariq éditions

fevrier 2007) : carrefour du Livre.

[31]

Le bsat était un spectacle annuel qui se prod0.uisait à la cour en présence du Roi, des membres du gouvernement et des notables du royaume. Les représentations

produites, outre leur caractère burlesque étaient satiriques ; tout le monde y passait.

[32]

Halqa est un spectacle populaire produit en plein air. Les représentations de la halqa sont très variées : halqa de musiques populaires, danses folkloriques, gnaouas,

acrobates, prestidigitateurs, petits sketchs improvisés……

[33]

Soltane Balima est en cours d’édition chez Tarik éditions

[34]

Réplique de Abderrahmane employeur de Ali dans Soltane Balima

[35]

Feu SM HassanII bien sûr.

[36]

Décès à Casa le 31 mars 1976

ػثذ اشزا اض٠اد

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Mohamed Jibril

Pour ceux qui ont vécu les moments forts du mouvement national comme pour les générations d’après l’indépendance, la pièce maitresse de

Abdessamad Kenfaoui,«Bouktef», restitue avec une fraîcheur totale, l’esprit de ce progressisme qui, jusqu’au milieu des années 70, anima cette vision du

monde quelque peu simpliste mais résolue, et cette sensibilité exaltée par un optimisme historique ayant valeur d’absolu»

Le populisme de Kenfaoui n’a pas le goût ranci des écrits populistes d’aujourd’hui. On adhère volontiers aux prototypes de sa pièce, car ils ne

prétendent pas tant fixer la réalité, que susciter le changement au nom de valeurs premières, qui ont nom justice et dignité»

Bouktef, c’est surtout cette langue dialectale riche, alerte, aux litotes poétiques et inattendue. Mais cependant si familière et si proche., il a lui-même

traduit « Bouktef » en français . Pièce donnée en représentation au théâtre municipal de Casablanca le 31/03/1977 et le 1ere et 2 Avril 1977. Diffusée sur la

chaine 2M en Février 2003

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Danièle Kenfaoui

Remerciements à l’occasion de l’édition de la nouvelle collection théâtre (en 2010)

Durant toutes ces années pendant lesquelles j’ai partagé sa vie... «Une vie de gueux faite à deux», comme il aimait le répéter... Abdessamad

Kenfaoui n’a pas cessé de dénoncer à travers ses choix dure, ses écrits et tout son œuvre de théâtre, proverbes, critiques littéraires et mots croisés, l’injustice ,

la corruption et la tartufferie, sans chercher dans sa grande humilité, à faire publier ses manuscrits. C’est pourquoi quand la mort l a surpris, je m suis

retrouvée en face d une œuvre importante, parfois inachevée, sans savoir s il aurait vraiment souhaité qu elle fût publiée. En cette année 2009, à un

moment charnière entre mémoire et histoire, me voici arrivée au terme de la tâche que je mettais fixée : rassembler et publier son œuvre, en arabe dialectal

et en français, dans une nouvelle collection en six volumes. Toutes les actions menées ont pu être réalisées, grâce à des amitiés fidèles à sa mémoire,

convaincues de son talent et de l importance du rôle qu il a joué, en fervent défenseur de la tradition et de la modernité, dans l enrichissement de la

culture de son pays, durant une période des plus cruciales de l histoire du Maroc.

Je remercie aujourd’hui toutes les personnes qui m ont aidée, de près ou de loin à faire éditer son oeuvre et en particulier ses «fidèles», Mmes

Marie Louise Belarbi, Leila Messaoudi, Odile Suire Sinaceur, MM Abderrahman Ziadi, Boubker Monkachi, Reda Barrada, Mohamed Berrada, Hamid

Oudgghiri et le Dr Mustapha Agueznay, la plupart d être eux membres fondateurs de l Association Abdessamad Kenfaoui. Mes remerciements, vont

particulièrement à Monsieur Mohamed M jid, humaniste convaincu et sincère, qui malgré ses activités multiples et prenantes m a consacré beaucoup de

son temps, ainsi qu’à Monsieur Abbas El Fassi, Premier Ministre et Député de Larache, Monsieur André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi, pour leur

aide précieuse et leur sensibilité, relative à la sauvegarde du patrimoine culturel marocain, fidèles en cela à l estime et à l amitié qui les liaient au défunt.

Enfin j exprime toute ma gratitude à l égard de MM. Abid Kabadi, Abdelkader Boukhriss, Abed El Maallem, le Pr Hamid Triki et le Dr Noureddine

Bouchareb pour le soutien qu ils ont apporté à l Association depuis sa création en 2002. Que ses amis le retrouvent dans ses écrits, que les jeunes

générations le découvrent sur le site Web qui lui sera consacré, et qu on lui rende la place qu il mérite dans l histoire du théâtre marocain, demeure mon

vœu le plus cher.

Danièle Kenfaoui

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Marie Louise Belarbi : Libraire-éditeur

A l’occasion de la publication de la pièce de théâtre : Soltan Tolba (2004)

Tarik Editions, existe depuis juin 2000 et s’est fixé comme objectifs, non seulement la publication de témoignages de l’histoire vécue et non encore

révélée du Maroc récent et contemporain, mais aussi de rééditer les œuvres des plus grands écrivains marocains tombés dans l’oubli ou tout simplement

publiés à l’étranger, ainsi pour Mohamed Khair-Eddine dont nous avons réédité six titres et aujourd’hui enfin, pour Abdessamad Kenfaoui. Nous

souhaitons rendre au Maroc ce qui constitue son patrimoine culturel.

Pour notre ami « Ken », la tâche n’a pas été facile ! Cela fait plus de dix ans que Danièle, son épouse, travaille à rassembler ses œuvres éparpillées au gré

des lectures que « Ken » confiait à ses amis : poèmes, œuvres théâtrales, proverbes, critiques littéraires et même mots croisés , en français ou en arabe

dialectal…et il en manque encore !…Mais aujourd’hui grâce à la création de l’Association Abdessamad Kenfaoui regroupant ses plus fidèles amis, l’œuvre,

entière pourra être rassemblée, déposée, protégée, mise en scène et éditée, car comme vous le savez, Danièle a rejoint dès sa création, l’équipe de Tarik

Editions.

La Salle Kenfaoui , rénovée, reprendra du service pour donner un nouvel essor au théâtre populaire marocain, et faire connaitre aux jeunes troupes et à la

jeunesse marocaine, ces œuvres qui leur étaient au fond, destinées ; elles n’ont rien perdu de leur actualité, de leur humour !

« Très cher Ken, permets-moi aujourd’hui de t’interpeller, car je sais que tu es là ce soir, tu ne nous as jamais quittés ; je te vois, penché vers nous, sur les

balcons du ciel, avec ton sourire narquois de sage et ton œil malicieux et tendre. Ben oui ! Je suis sûre que tu n’en reviens pas, toi qui de ton vivant ne t’es

jamais préoccupé de ta notoriété : tu vois, Danièle a accompli, avec l’aide précieuse de ses garçons et demoiselles d’honneur, la mission dont elle se

sentait investie : Abdessamad Kenfaoui est de retour dans l’aventure du théâtre marocain ! »

Marie Louise Belarbi – Tarik éditions – Oct 2004

A l’occasion de la publication de la pièce de théâtre : Soltan Tolba

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Charlyne vasseur fauconnet (psychologue, directrice de collection chez l’Harmattan)

"L’AMI aux talents multiples"

« Ce que j’ai appris, je l’ai oublié ; Ce que je sais, je l’ai inventé ». Chamfort

Je me souviens de Abdessamad KENFAOUI, cet ami aux talents multiples, homme de théâtre, chercheur, écrivain, poète visionnaire, militant …Nous nous

sommes rencontrés dans les années cinquante [1], années charnières entre le protectorat et l’indépendance ; malgré la complexité politique, il essayait de

concilier la vie, avec la réalité incertaine de cette période historique.

Né à Larache, il se situait à la croisée des langues arabe, française et espagnole. Il connaissait admirablement bien l’âme marocaine, et son pays.

Aux côtés d’André Voisin [2], il fut le promoteur d’un théâtre populaire de langue arabe. Il s’engagea dans cette aventure qui lui permettait de repenser le

monde, et de faire prendre consciences à la jeune génération marocaine de leur individualité, et de la richesse de leur culture.

Le théâtre est aventure humaine, un lieu géométrique où se déroulent des événements, des combats où les héros sont souvent pris au piège des libertés, et les

libertés prises aux pièges des héros. Magnifique échiquier, pour ce cérébral soumis à ses pensées, à ses sentiments, mais parfois isolé au milieu des réalités.

Ni homme de parti, ni homme de pouvoir. Il mesurait l’espace qui lui permettait d’agir dans une relation, authentique à lui-même. Il lui fallait être juste avant

d’être généreux. Il n’était point bavard, mais observateur ; et derrière l’acuité de son regard et la distance de son sourire réservé, il y avait une véritable écoute

de l’autre.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Dans ce cahier retrouvé après sa mort, il avait consigné des pensées, des images, autant d’amorces propres à stimuler l’imagination, favoriser des processus de

métamorphose, à engendrer de nouvelles énonciations. Il usait volontiers des aphorismes, comme de petites étincelles d’esprit ou de sagesse Ŕ et la sagesse

prête main forte à l’homme pour affronter les contradictions de l’existence.

Elle a participé en 1952 au stage fondateur du théâtre marocain à la MAAMORA

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Leila Ben Allal Messaoudi : Ecrivain

Mon cher Ken,

J’ai fait ta connaissance avant même de t’avoir jamais vu, toi pour qui le théâtre a tant compté, m’en voudras-tu si je cède à la tentation d’évoquer les étapes

de nos rencontres sur le rythme d’une pièce en 3 actes ?

Acte

A l’occasion d’une rentrée scolaire, après les vacances d’été, une camarade de classe me fait le compte-rendu de son séjour en « métropole ». Partie avec

un groupe envoyé en colonies par le service de la Jeunesse et des Sports de l’époque, elle, française du Maroc, découvrait la France pour la 1ére fois. De

retour, elle voulait tout me raconter de ce pays, que pour ma part je connaissais alors à travers les leçons apprises quasi par cœur. Bien que mes

ancêtres n’aient pas été gaulois, j’avais quand même eu le privilège, parmi mes camarades qui eux en descendaient en droite ligne, d’accéder à toutes ses

ressources, architecturales, agricoles, viticoles…Les moindres affluents de chacun de ses fleuves, les points culminants de ses chaînes montagneuses, son

relief côtier et même son découpage départemental n’avaient effectivement aucun secret pour moi.

Enthousiaste, mon amie me décrit tout ce qui a trouvé grâce à ses yeux. Parmi les meilleurs souvenirs rapportés, elle évoque la présence dans le groupe d’un «

Marocain » d’une grande finesse d’esprit, avec un sens de la répartie et une verve sans pareils et cerise sur le gâteau : « ce garçon est cultivé, aimable, courtois,

si bien élevé… »

Nous vivions alors la dernière année du protectorat français au Maroc et autant d’éloges à l’adresse d’un « marocain » en cette période de préjugés, de

défiance, de rancœurs, de la part dune communauté à l’égard de l’autre, ne pouvaient être que remarquables.

Je découvris par la suite que ce « Marocain » si particulier, c’était toi.

Acte II

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Tu étais conseiller culturel à l’Ambassade du Maroc à Paris, j’étais au Ministère des Affaires Etrangères à Rabat.

Le Ministre de notre département commun, t’avait fait rentrer au Maroc pour une consultation dans le cadre de ta fonction. Oui, mais voilà que cette

rencontre avec le Ministre qui semblait présenter un caractère d’urgence impérieux, se fait attendre indéfiniment, d’autres urgences avaient pris le pas sans

doute.

Pour tuer le temps, tu te mis alors à rendre visite aux différents membres du « service Central » encore assez embryonnaire en ce début d’indépendance de

notre pays.

Je te voyais pour la 1ére fois.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Odile Suire Sinaceur : Directrice de l'école El Jabr

En 1958, à Paris, des étudiants maghrébins m'ont présenté Abdessamad, alors attaché culturel à l'Ambassade du Maroc.

En France la situation politique était plus que précaire pour tous ces étudiants et particulièrement les Algériens qui ne pouvaient rester indifférents

à la guerre qui sévissait dans leur pays, (le seul pays du Maghreb qui n'avait pas encore recouvré son indépendance.)

Dès lors, nombreux d'entre eux furent arrêtés, condamnés à diverses peines de prison, à l'issue desquelles, il y avait souvent des mesures

d'internement administratif.

Beaucoup ont réussi à quitter le territoire pour échapper à cette deuxième peine restrictive de liberté. Abdessamad n'y était pas étranger et son aide

leur fut précieuse.

C'est donc, avant l'auteur, l'homme à l'écoute des autres, sensibilisé à leurs difficultés, que j'ai d'abord connu. Mais sa personnalité ne pouvait que

rendre curieux de son oeuvre qui est malheureusement restée trop longtemps ignorée du grand public.

Aujourd'hui, la réédition de l'ensemble de ses pièces, n'est que justice rendue !

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Dominique Caubet : Professeur à l’INALCO Sorbonne

ABDESSAMAD KENFAOUI, PIONNIER DU THÉÂTRE MAROCAIN, MORT PRÉMATURÉMENT...

Voilà tout ce que je savais il y a peu, d'Abdessamad Kenfaoui que je n'ai pas connu personnellement ; je l'ai découvert un jour dans les années quatre

vingt dix, au Carrefour des Livres, la librairie de Casablanca créée par Marie-Louise Belarbi, alors que je faisais le tour des librairies marocaines à la recherche

d'ouvrages publiés en arabe marocain.

Le livre était empilé là : Kenfaoui Abdessamad, Théâtre Populaire : Œuvres, Horizons Maghrébins, Casablanca, 1994 ; préface de Danièle Kenfaoui

262 p. (ISBN 9981-34-006-5)…

Je me suis réjouie de trouver plusieurs pièces dans leur intégralité : Bouktef, Si Taki (adaptation de Tartuffe), A Moula Nouba (Chacun son tour) et

Barbe Bleue…A l'époque les ouvrages de prose en darija étaient rares. J'étais déjà contente d'avoir déniché les recueils de zajal de Ahmed Lemsyeh (Chkoun

trez el ma ? ou Dell errouh'), qui travaillait à faire revivre ce genre poétique.

Pour ce qui est de Kenfaoui, sa carrière à l'UMT ou de haut fonctionnaire au Maroc ou à l'étranger, ses activités militantes me sont inconnues jusqu'à

ce jour.

C'est l'homme de théâtre qui est aujourd'hui presque oublié de la jeunesse marocaine que j'ai découvert avec émerveillement.

Le seul écho qui sonne familier, c'est à Casa, la "Salle Abdessamad Kenfaoui" située dans le Parc de La Ligue Arabe, récemment restaurée et qui abrite

rencontres et spectacles. Mais qui connaît Abdessamad Kenfaoui et son œuvre ?

Pourtant, son théâtre est profondément ancré dans la société marocaine, par les thèmes qu'il fait vivre ou revivre dans ses pièces, et surtout par la

langue qu'il utilise et qui le pose de plein pied dans sa société : la darija. Aujourd'hui que la darija commence à faire parler d'elle, on ne réalise peut-être pas

que dans les années cinquante-soixante (et encore dans certains milieux de nos jours !), en plein mouvement d'indépendance, l'arabe "dialectal" - comme on

le nommait à l'époque - était totalement décrié ; il était plutôt considéré comme "ringard", synonyme d'arriération et d'analphabétisme, et regardé avec le

mépris qu'on attachait aux choses trop populaires.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Finalement, et si l'on se situe au niveau de tout le Maghreb, on s'aperçoit que, dix à quinze ans avant Kateb Yacine, Kenfaoui a eu cette intuition que le

théâtre populaire (dans son sens le plus noble) ne pouvait s'écrire que dans la langue du peuple. C'est sans doute aussi parce que, en ce temps-là, le théâtre

maghrébin existait et les tournées se faisaient du Maroc à la Tunisie, en passant par l'Algérie ; Kenfaoui a organisé de tels périples et en particulier avec les

Nass El Ghiwane débutants.

Kenfaoui ne s'est jamais posé la question de savoir dans quelle langue écrire : d'emblée c'est la darija dont il va se saisir; et c'est cette même

darija que l'on retrouve ici dans ces aphorismes qu'il aimait collecter. Kenfaoui était comme la plupart des Marocains, grand amateur des quatrains

d'Abderrahmane El Mejdoub homme/héros légendaire du 16ème siècle, si lié au Nord du Maroc, dont lui-même était originaire (Larache) : El Mejdoub qui

se raconte encore chez les Masmouda et les quatrains devenus sagesse populaire marocaine par excellence.

Kenfaoui affectionnait également les histoires de Jha, patrimoine méditerranéen s'il en est ! C'est ainsi que l'adaptation de Molière est devenue tout

naturellement Les fourberies de Joha qui sera mis en scène par André Voisin et joué par les jeunes Tayeb Saddiqi et Ahmed Tayeb Lâalej en 1956, année

le l'indépendance du Maroc.

Pour ce qui est de la forme, au-delà de l'adaptation du théâtre occidental de Molière à Brecht, en passant par Beaumarchais, c'est en revisitant les

formes traditionnelles du "Bsat" (genre satirique) et de la "Halqa" (cercle des conteurs sur les places), qu'est né le théâtre marocain dont Kenfaoui est l'un des

fondateurs. Il a permis que s'invente un répertoire marocain, et que cela se fasse en marocain (darija). On est là dans la gestation d'un genre théatral nouveau

qui sera poursuivi et repris, chacun à leur manière, par Tayeb Saddiqi, Ahmed T. Laâlej et d'autres à leur suite…

Le nom de Kenfaoui évoque aussi des lieux: le Théâtre Municipal de Casa, malheureusement détruit depuis plus de 25 ans. En 1967, c'est là qu'il y

crée sa pièce Soltan Tolba qui reprend une vieille tradition du monde étudiant marocain: ils élisaient leur sultan qui régnait pendant une semaine et avait

l'occasion d'exprimer toutes leurs revendications et leurs critiques. Juste en face, naguère haut lieu de la culture aujourd'hui redevenu assommoir, le café "La

Comédie" a vu se croiser hommes et femmes de théâtre, de musique et plasticiens. Il a vu s'y retrouver Kenfaoui et Saïd Saddiqi, grand frère de Tayeb, les

Ghiwane et autres Jil Jilala…

Ces dernières années, on a commencé à reparler de Kenfaoui en 2005, lors de la publication de la pièce Soltan Tolba chez Tarik Editions ; tant d'autres

textes restent inédits, dont il faudrait entreprendre la publication.

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Archives Mme Danièle Kenfaoui.

Pourquoi enfin, ne pas monter et filmer ces pièces pour la télévision afin que les Marocains puissent avoir accès à ces textes que l'on devrait considérer

comme une richesse du patrimoine théâtral marocain ?

2009

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Fin