histoire lumières

— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 6e64

SommaireSéquence 2

HistoireCette deuxième séquence de travail est exclusivement consacrée à l’histoire. Elle comprend 3 chapitres, chacun comprenant deux séances d’une heure chacune.

L’Europe des LumièresSéance 1 En quoi Voltaire incarne-t-il la philosophie des Lumières ?

Séance 2 Par quels moyens et dans quelles conditions se diffusent les idées des Lumières en France et en Europe ?Objectifs :a) Savoirs :• Situer dans le temps les philosophes des Lumières et l’Encyclopédie et quelques idées qu’ils ont

défendues• Savoir par quels moyens ces idées se sont diffusées partout en Europe.b) Savoir-faire :• Raconter en quelques lignes la vie d’un personnage historique (ici Voltaire)• Croiser des informations issues de plusieurs documents

La traite des noirs et l’esclavage Séance 3 En quoi consistaient les traites négrières au XVIIIe siècle, en particulier la traite atlantique et le commerce triangulaire ?

Séance 4 Sur quoi reposait l’économie de plantation et quelles étaient les conditions de vie des esclaves dans les plantations américaines au XVIIIe siècle ?a) Savoirs :• Connaître les traites négrières existant au XVIIIe siècle, leurs trajets, principes, causes et

conséquences ; savoir les situer sur une carte• Savoir expliquer l’économie de plantation et les conditions de vie des esclaves b) Savoir-faire :• Savoir maîtriser le récit• Savoir présenter et analyser un document

Les difficultés de la monarchie absolueSéance 5 À quelles difficultés se heurte la monarchie française sous Louis XVI ?

Séance 6 Que revendique la société française dans les cahiers de doléances à l’aube de la Révolution ? a) Savoirs :Les dates suivantes : 1774-1792 : règne de Louis XVI1776-1783 : Révolution américaine1783 : Constitution américaine1789 : rédaction des cahiers de doléances en vue des États Générauxb) Savoir-faire :Comprendre et analyser une caricatureComprendre un texte fondamental

Séquence 2séance 1 —

L’EUROPE DES LUMIÈRES

je sais déjà

L’Europe du XVIIIe siècle est dominée par les monarchies absolues. En France, ce régime politique s’est renforcé sous Louis XIV. Les libertés fondamentales, comme la liberté de culte ou la liberté d’expression, n’existent pas. Le roi affirme tenir son pouvoir de Dieu qui aurait choisi sa famille pour régner sur le pays. Il dispose d’une autorité très grande, impose que l’on pratique la même religion que lui, le catholicisme, et peut, par exemple, emprisonner qui il veut de manière arbitraire grâce aux lettres de cachet. Il s’appuie sur les deux premiers ordres de la société, la noblesse et le clergé. Ces deux ordres privilégiés, pourtant minoritaires en nombre, dominent le tiers-état.

Nous allons voir dans ce chapitre comment des hommes vont critiquer ces idées établies.

Séance 1Histoire

En quoi Voltaire incarne-t-il la philosophie des Lumières ?

En France, au XVIIIe siècle, apparaissent des idées nouvelles qui vont se répandre dans toute l’Europe. Elles viennent de penseurs appelés les philosophes des Lumières. Au sens figuré, le mot lumière désigne “ce qui éclaire l’esprit”. Ces penseurs s’efforcent de réfléchir aux grands problèmes sociaux, politiques et religieux de leur temps. Ils se réfèrent à leur raison pour penser et agir et sont convaincus que l’humanité peut accéder au bonheur. La raison doit les “éclairer” et les guider. Ils refusent de penser le monde comme on le faisait jusqu’alors selon une conception chrétienne.

Tu vas maintenant découvrir à travers des documents de différentes natures (biographie, extraits d’œuvres, tableaux) le plus emblématique de ces philosophes et essayer de comprendre pourquoi il incarne parfaitement l’esprit des Lumières.

A Qui est Voltaire ?

Recopie dans ton cahier le titre du chapitre, celui de la séance 1 ainsi que le A.

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Séquence 2 — séance 1

Exercice 1 : Je découvre qui est Voltaire et quelles idées il a défendues ou critiquées

Document 1 : Maurice Quentin de La Tour, Voltaire tenant un exemplaire de la Henriade, 1736, Versailles, Châteaux de Versailles et Trianon.

© RMN Cote cliché 05-531818/MV6101

Voici un texte écrit à l’occasion de la mort de Voltaire par un clerc, l’abbé de Véri, qui va te permettre de découvrir qui était cet homme illustre, de son vrai nom François-Marie Arouet.



Document 2 : Portrait de Voltaire par un de ses contemporains

4 juin [1778]. – Le trente du mois de mai a été le dernier jour du plus grand homme en littérature que la France ait produit. Je ne crois même plus que jamais l’univers connu de nous ait vu son semblable. L’âge de quatre-vingt-quatre ans et les infirmités ordinaires de Voltaire ne pouvaient pas faire espérer qu’il vécût encore longtemps [ …]Il a pu jouir de deux consolations dans les dernières années de sa vie. L’une de voir que l’esprit de tolérance gagnait en Angleterre […] Voltaire a plus attaqué les catholiques que les autres opinions religieuses parce qu’il les regardait comme plus intolérantes. La tolérance civile, c’est-à-dire l’horreur de toute persécution dans les biens et les personnes pour motif de religion, a toujours été la pensée dominante de ses écrits […]La seconde consolation que Voltaire a pu goûter est la cassation* au Conseil de l’arrêt du Parlement** qui fit périr en 1766 le comte Lally*** sur un échafaud. Voltaire appelle ce jugement un «assassinat légal» et, dans ses écrits, il ne cessait d’en faire un reproche au parlement de Paris. Il n’était pas le seul de son opinion. Le public avait bien pensé que le choix de ce militaire pour commander dans les grandes Indes n’était pas bon, puisqu’il avait la tête vide et mauvaise; mais le même public ne le croyait nullement coupable de crime capital […] Ce n’est point sur un ensemble d’accusations légèrement prouvées que les lois mettent un homme à mort […].

Abbé de Véri, Journal II, p.122-125* Annulation d’une décision de justice** Le Parlement de Paris était une assemblée de magistrats (juges) disposant de compétences judiciaires.***Lally Tollendal : Général français qui capitule devant les Anglais à Pondichéry en Inde en 1761. Accusé de trahison, il fut condamné à mort par le Parlement de Paris et décapité.

Écris le numéro de l’exercice et réponds aux questions suivantes à l’aide du document 2 dans ton cahier sous les titres et sous-titres. Attention, tu dois rédiger tes réponses.

1- À quel siècle a vécu Voltaire ? 2- Quelle était sa profession ? 3- Cherche des œuvres qu’a écrites Voltaire et donne un exemple en précisant le genre de

l’œuvre (roman, œuvre philosophique …).

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices avant de répondre à la question suivante.

Voltaire a été extrêmement sévère à l’égard du régime politique, de la religion et de la société de son temps. Quelles sont ses critiques ?

Après avoir à nouveau consulté le livret des corrigés d’exercices, recopie le titre du B. puis continue à répondre aux questions de l’exercice en les numérotant.

B Contre qui se portent les critiques de Voltaire ?

Exercice 2Tu peux répondre à ces questions grâce aux deux textes qui te sont proposés en document 2 ci-dessus et document 3 ci-après.

1- Envers quelle religion Voltaire a-t-il porté ses critiques ? (document 2)

2- Que lui reprochait-il ? (document 2)

3- Dans le dernier paragraphe, que reproche-t-il au Parlement de Paris ? (document 2)



Voici maintenant un extrait de la correspondance de Voltaire dans lequel il évoque une célèbre affaire judiciaire du XVIIIe siècle à laquelle il prit part. Vérifie que tu as bien compris le texte en répondant aux questions.

Document 3 : L’affaire Calas

Au château de Ferney, 1er mars 1765J’ai dévoré, mon cher ami, le nouveau mémoire de M. de Beaumont sur l’innocence des Calas; je l’ai admiré, j’ai répandu des larmes, mais il ne m’a rien appris; il y a longtemps que j’étais convaincu; et j’avais eu le bonheur de fournir les premières preuves […]Sur la fin de mars 1762, un voyageur qui avait passé par le Languedoc, et qui vint dans ma retraite à deux lieues de Genève, m’apprit le supplice de Calas, et m’assura qu’il était innocent. Je lui répondis que son crime n’était pas vraisemblable, mais qu’il était encore moins vraisemblable encore que les juges eussent, sans aucun intérêt, fait périr un innocent par le supplice de la roue […] Je fis réflexion que le père avait été condamné au supplice comme ayant seul assassiné son fils pour la religion*, et que ce père était mort âgé de soixante-neuf ans. Je ne me souviens pas d’avoir jamais lu qu’aucun vieillard eût été possédé d’un si horrible fanatisme. […] Cette idée me fit douter d’un crime** qui d’ailleurs n’est guère dans la nature […] Loin de croire la famille Calas fanatique et parricide, je crus voir que c’étaient des fanatiques*** qui l’avaient accusée et perdue […]

Voltaire, Correspondance, Mélanges philosophiques, VI, p. 307-318».* La rumeur publique accuse Jean Calas, un commerçant protestant de Toulouse, d’avoir assassiné son fils, retrouvé pendu, car il voulait se convertir au christianisme** Convaincu de l’innocence du vieux père et sollicité par l’épouse de celui-ci, Voltaire prend l’affaire en mains, écrit son « Traité sur la tolérance » et réussit à réhabiliter, c’est-à-dire à innocenter, Jean Calas en 1765.*** Qui a une passion aveugle pour une religion, une doctrine et le manifeste souvent par des actes de violence.

Réponds aux questions suivantes à la suite des précédentes à l’aide du document 3 ci-dessus.

4- De quoi Jean Calas est-il accusé ?

5- À quoi est-il condamné pour cela ?

6- D’après Voltaire, qu’est-ce qui explique la condamnation de Calas alors même qu’il parait innocent ?

7- Dans cette affaire, contre quoi se révolte Voltaire ?

8- D’après le titre du traité qu’il rédige à cette occasion, quelle idée défend-il ?

Vérifie tes réponses dans le livret des corrigés d’exercices avant de poursuivre ton travail.

Exercice 3

Document 4 : Un noble est-il utile ?

En France, un noble méprise souverainement un négociant. Je ne sais pourtant lequel est le plus utile à un État : ou un seigneur bien poudré qui sait précisément à quelle heure le Roi se lève, à quelle heure il se couche, et qui se donne des airs de grandeur, ou un négociant qui enrichit son pays et contribue au bonheur du monde.

Voltaire, Lettres philosophiques, 1734.



1- De qui Voltaire prend-il la défense dans cet extrait ? Contre qui ?

2- Explique sa prise de position. (Que reproche-t-il aux seconds) ?

3- Relève la phrase dans laquelle il fait l’éloge de la bourgeoisie marchande.

4- Recherche dans un dictionnaire quelle était l’origine sociale de Voltaire.

Comme tu as pu le constater, Voltaire développe un esprit vivement critique à l’égard de la religion catholique qu’il juge intolérante et fanatique, de la société d’ordres dans laquelle la noblesse est beaucoup mieux considérée que la bourgeoisie et de la justice qu’il trouve trop arbitraire.

Ayant vécu en exil en Angleterre, il a été très influencé par un philosophe anglais, John Locke, qui défend les libertés et l’idée qu’aucun gouvernement ne peut exister sans accord passé avec le peuple, c’est-à-dire les gouvernés. Convaincu par ces idées, Voltaire s’oppose à la monarchie absolue, ce qui lui vaut d’être lui-même emprisonné à la Bastille pour ses idées.

D’autres philosophes sont contemporains de Voltaire et aussi illustres que lui. Montesquieu et Rousseau défendent l’idée de démocratie, un régime dans lequel le peuple est souverain et où les citoyens, égaux entre eux, disposent de libertés telles que la liberté d’expression. Ils se font également connaître par de nombreux écrits. Eux aussi remettent en question le pouvoir absolu du roi et les privilèges de la société d’ordres.

Recopie maintenant au stylo les définitions sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la définition à droite comme ci-dessous.

Démocratie : forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est exercé par le peuple ou ses représentants.

Lumières : Courant de pensée européen au XVIIIe siècle pour lequel le progrès est lié à la raison, la liberté, la tolérance.

Tolérance : fait d’accepter des idées politiques ou religieuses différentes des siennes.

Philosophe : une personne qui réfléchit sur l’homme et sa place dans le monde en utilisant son esprit critique.

Tiers état : ordre composé de tous ceux qui ne sont ni nobles, ni clercs, c’est-à-dire environ 97 % de la population.

Monarchie de droit divin : théorie selon laquelle le roi tiendrait son pouvoir de Dieu.

je retiens

je suis capable

Au terme de cette leçon, tu dois être capable de :

Rédiger quelques lignes sur Voltaire et les idées qu’il a défendues ou critiquées

Maîtriser le vocabulaire.



Séance 2Par quels moyens et dans quelles conditions se diffusent les

idées des Lumières ?

Les philosophes pensent que leurs idées peuvent influencer la société et la changer. Nous allons maintenant voir comment ils vont tenter de les diffuser en France, mais aussi à travers l’Europe.

Document 5 (à gauche) : Van Loo, Denis Diderot, écrivain, Paris, musée du Louvre.

Document 6 (à droite) : Catherine Lusurier, Jean Le Rond d’Alembert, 1777, musée Carnavalet, Paris.

© RMN/10-501233/RF1958 © Roger-Viollet/25530-6

A L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert

L’Encyclopédie est un ouvrage présentant l’ensemble des connaissances de l’époque dans tous les domaines. Elle est composée de 17 volumes de textes et 11 volumes de gravures rassemblés par Diderot et d’Alembert. C’est donc un ouvrage monumental auquel ont participé de nombreux philosophes des Lumières. Il est publié entre 1751 et 1772, et censuré à un moment par le roi Louis XV. Malgré son prix élevé, elle est vendue à 25 000 exemplaires dès sa parution à 1781.

Après avoir recopié au stylo sur ton cahier le titre de la séance et le titre du A, réponds au crayon à papier aux questions de l’exercice suivant.



Exercice 4 : Je découvre l’EncyclopédieVoici des extraits de l’Encyclopédie : l’un est un article, l’autre une planche.

Document 7 : Planche d’un métier : Luthier, ouvrages et outils

Encyclopédie de Diderot. Atelier de Luthiers. Estampe de Bénard.

© Roger-Viollet RV-301257

Document 8 : D’Alembert à propos des planches de l’Encyclopédie

“Un coup d’oeil sur l’objet ou sa représentation en dit plus long qu’un long discours.”D’Alembert, Discours préliminaire, 1751.

Document 9 : L’Autorité politique défini par Diderot

« La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. […] Le prince* tient de ses sujets mêmes l’autorité qu’il a sur eux, et cette autorité est bornée par les lois de la nature et de l’État. Le prince ne peut donc pas disposer de son pouvoir et de ses sujets sans le consentement de la nation** ».

Diderot, article « Autorité politique », Encyclopédie.*le roi ** le peuple

1- Cherche dans un dictionnaire qui sont Diderot et d’Alembert.

2- De quel sujet traite la planche du document 7 ?

3- D’après d’Alembert, quelle est l’utilité des dessins ?

4- Relève dans l’article intitulé “l’Autorité publique” deux mots qui sont à la base des idées des Lumières.

5- Quel régime politique Diderot remet-il en question dans la deuxième et la dernière phrase ?



6- Pour Diderot, de quel consentement a besoin le prince pour pouvoir régner ?

7- Par qui l’Encyclopédie a-t-elle été un moment interdite? Pourquoi ?

8- D’après les deux documents, quel est le but de Diderot et D’Alembert ?

Vérifie les réponses dans le livret puis note le titre du B.

B Des philosophes qui voyagent

Exercice 5 : Je croise des informations

Voici deux documents, une carte et un tableau qui vont te permettre de répondre aux questions qui suivent :

Document 10 : La diffusion des idées des Lumières en Europe au XVIIIe siècle

© Pascal Derr / Cned / 2011



Document 11 : Voltaire à la cour de Prusse

Voltaire, écrivain français, chez Frédéric II, roi de Prusse, au château de «Sans-Souci» (environs de Potsdam, vers 1750), par Adolph Friedrich Menzel (1815-1905). Musée de Berlin.

© Roger-Viollet/ RV-64068

Cette scène se passe au château de Sans-Souci, la résidence de Frédéric II, près de Berlin. À l’arrière-plan, au centre, se trouve Frédéric. Voltaire est la deuxième personne assise à sa droite.

Observe attentivement le tableau et réponds aux questions suivantes sous le titre du B.

1- Par qui et quand a été réalisé ce tableau ?

2- Est-il contemporain de la scène ? Justifie ta réponse.

3- Décris la scène (lieu, activité, origine sociale des personnages, etc.).

4- Observe attentivement l’attitude des convives et relève dans la liste suivante les mots qui te semblent convenir à la situation : discussion, tristesse, dispute, plaisir, amitié, égalité, autorité, liberté.

5- Voltaire semble-t-il proche du souverain ou réservé et soumis à son autorité ? Justifie ta réponse.



Certains souverains européens sont séduits par les idées nouvelles et invitent les philosophes à leur Cour et échangent avec eux une correspondance. Ainsi, Voltaire se rend en Angleterre et aux Pays-Bas. Ils recherchent le bonheur de leurs peuples en engageant des réformes et modernisant leur pays: on les appelle des despotes éclairés car ils agissent conformément aux Lumières et à la raison. C’est le cas de Catherine II de Russie qui invite Denis Diderot ou de Frédéric II de Prusse aux côtés de qui Voltaire vivra plusieurs années. Le français est alors la langue pratiquée dans les Cours européennes. Les ouvrages des Lumières sont ainsi lus à l’étranger.

Ces idées vont également se répandre dans des lieux à la mode qui fleurissent dans les villes.

Recopie maintenant le titre du « C » avant de lire attentivement cette sous-partie.

C Salons et cafés : des lieux en vogue où s’échangent les nouvelles idées

Document 12 : Voltaire au café Procope

© Roger-Viollet/G31606/CARG031606/cliché n°37505-9

Attribué à Huber, Voltaire en compagnie d’autres au café Procope au XVIIIe siècle, XVIIIe siècle.

Les idées nouvelles s’échangent dans les salons et les cafés qui apparaissent dans les grandes villes : le premier café ouvre à Marseille, le plus célèbre est le café Procope à Paris. Dans les salons de femmes de la noblesse ou de la bourgeoisie comme Madame Geoffrin se réunissent philosophes et érudits. Les idées y sont débattues, échangées, on y lit des ouvrages.

Il ne faut cependant pas oublier que les philosophes sont poursuivis pour leurs idées: ils sont emprisonnés (Diderot à Vincennes, Voltaire à la Bastille) ou doivent s’exiler tandis que leurs livres sont interdits ou parfois brûlés.

Recopie au stylo les définitions sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la définition à droite comme ci-dessous.



Recopie maintenant le résumé suivant au stylo sur ton cahier et apprends-le en retenant particulièrement les mots soulignés.

En France, au XVIIIe siècle, des écrivains, guidés par leur raison, critiquent le manque

de libertés individuelles telles que la liberté de culte ou d’expression, le fanatisme et

l’intolérance de l’Église catholique, les profondes inégalités qui caractérisent la société

d’ordres. Enfin, ils remettent en question le pouvoir absolu du roi et l’idée que celui-ci

détient son pouvoir de Dieu.

Ces hommes, influencés par des penseurs anglais comme John Locke, sont appelés les

philosophes des Lumières. Les plus illustres sont Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Diderot

et D’Alembert. S’engageant dans un combat contre les autorités religieuses et politiques, ils

s’exposent à la colère de ces dernières : Voltaire est embastillé sur lettre de cachet.

Cependant, les idées des Lumières se diffusent et sont accueillies avec succès en France

dans les salons et les cafés. Elles s’exportent dans toute l’Europe grâce aux voyages des

philosophes, à leurs divers ouvrages et surtout grâce à l’Encyclopédie.

L’Encyclopédie dont le sous-titre est Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers

est une œuvre collective dirigée par Diderot et d’Alembert qui a pour ambition de rendre le

savoir accessible à tous, de valoriser les métiers de l’artisanat, de diffuser la connaissance

des sciences et les idées des Lumières. Cet ouvrage de 28 volumes, réalisé par quelques

150 auteurs entre 1751 et 1772, connaît un véritable succès auprès de la noblesse éclairée

et de la bourgeoisie mais est aussi victime de la censure royale à cause des idées critiques

qu’elle véhicule sur la monarchie absolue de droit divin, le manque de libertés et la religion

à laquelle chacun doit se soumettre aveuglément.

Vocabulaire :Salon : lieu de réunion chez un particulier, d’écrivains, d’artistes et de personnes aisées et instruites qui débattent des idées nouvelles, de l’actualité et assistant à la lecture d’écrits.

Censure : examen des textes par une autorité qui décide de leur publication ou de leur interdiction.

Despote éclairé : souverain autoritaire qui applique des réformes inspirées des Lumières.

je retiens



Je m’évalue en Histoire sur l’Europe des Lumières :

Dans les cases ci-dessous, barre au crayon à papier (pour pouvoir corriger ou réutiliser si besoin) la ou les mauvaises réponses :

1. Le siècle des Lumières est :- le XVIIe siècle- le XVIIIe siècle- le XIXe siècle

4. Quelles idées défendent les philosophes des Lumières ?

- Le pouvoir du roi est absolu- L’Église doit être plus tolérante et moins

fanatique- La raison doit guider l’homme- Le pouvoir du roi vient de Dieu

2. Parmi ces hommes, lesquels sont des philosophes des Lumières ?

- Diderot- Voltaire- Louis XV- Jean Calas

5. Les souverains européens comme Frédéric II ou Catherine II :

- accueillent les philosophes- sont conseillés par les philosophes- persécutent les philosophes

3. Voltaire :- est un ami de Louis XV- dénonce le manque de libertés- défend des innocents injustement

condamnés- voyage en Europe

6. Les idées des Lumières se diffusent :- dans les salons- dans les cafés- par l’Encyclopédie

Le coin des curieux

Si le sujet t’a intéressé et que tu veux en savoir plus, voici quelques sites que tu peux consulter :

- Sur Voltaire :

http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Voltaire/149270

- Sur les Lumières :

http://expositions.bnf.fr/daumier/pedago/02_1.htm

Les Lumières, un héritage pour demain : http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Lumieres.pdf

Sur Mme de Chatelet, la femme des Lumières :

http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Chatelet.pdf



Séance 3Les Traites Négrières et l’Esclavage

En quoi consistaient les traites négrières au XVIIIe siècle, en particulier la traite atlantique et le commerce triangulaire ?

je sais déjà

En classe de cinquième, tu as appris que l’esclavage est un phénomène ancien en Afrique. Ainsi, au même titre que toutes les sociétés de l’Antiquité (la Grèce antique, Rome, l’Égypte pharaonique…) les sociétés africaines anciennes comprenaient des esclaves ; souvent « étrangers » ou prisonniers de guerre.

À partir du VIIIe siècle de notre ère, l’expansion de la civilisation arabo-musulmane en Afrique du Nord a donné une nouvelle impulsion à l’esclavage et à la traite des esclaves en Afrique subsaharienne. En effet, de nombreux échanges commerciaux se sont mis en place entre l’Afrique du Nord et les empires sahéliens (empire de Ghana, puis empire du Mali, puis empire Songhaï…) à travers le Sahara. Parmi les marchandises échangées (or et sel entre autres), se trouvaient des esclaves en quantité non négligeable. À cette traite transsaharienne s’est ajoutée la traite orientale, à partir des côtes orientales de l’Afrique et par l’Océan indien, jusqu’en Arabie, Proche-Orient ainsi qu’aux Indes et en Chine. Les esclaves africains ainsi déportés étaient destinés à différentes fonctions : domestiques, concubines, soldats, main-d’œuvre dans les plantations (sucrières entre autres). Ces traites orientale, transsaharienne et interne (à l’Afrique subsaharienne) ont perduré jusqu’au XIXe siècle et ont fait de nombreuses victimes (même si les chiffres sont difficiles à obtenir).

Entre le XVIe et le XIXe siècle, à ces traites antérieures, s’ajoute la traite atlantique menée par les Européens que nous allons étudier dans ce chapitre. Cette traite atlantique se place dans la lignée des traites antérieures, mais s’accompagne de spécificités ; notamment le nombre des victimes (cette traite ne durera que trois siècles environ mais fera entre 12 et 14 millions de victimes, ce qui donne des moyennes annuelles très importantes) ainsi que le lien systématique qui se fera à partir de là entre la notion d’esclave et la couleur de peau. En effet, à partir de cette traite atlantique, tout esclave sera noir et tout noir sera esclave ; d’où le terme qui apparaît à cette époque de « traite négrière » (ce lien n’était pas systématique auparavant ; que ce soit dans l’Antiquité ou au Moyen-âge où les esclaves étaient plutôt des « étrangers » ou des « non musulmans »… mais pas forcément noirs).

À ce sujet, un préalable de vocabulaire est nécessaire :

L’esclavage désigne le fait de faire travailler des individus privés de liberté.

La traite désigne le commerce des esclaves organisé entre des zones d’approvisionnement et des zones de vente.

La traite négrière désigne le commerce d’esclaves noirs (tel qu’il a été notamment pratiqué entre le XVIe et le XIXe siècle à travers l’Atlantique, par le commerce triangulaire et en droiture).



À partir de ces connaissances préalables et afin d’étudier les traites négrières et l’esclavage au XVIIIe siècle, nous allons commencer par deux témoignages et donc deux points de vue : celui d’un esclave et celui d’un négrier.

Dans ton cahier d’Histoire, en haut de la page, écris et encadre en rouge le titre de cette troisième séance « Séance 3 d’Histoire : Les traites négrières et l’esclavage ».

Puis saute une ligne, écris et souligne en rouge ce sous-titre « En quoi consistaient les traites négrières au XVIIIe siècle, en particulier la traite atlantique et le commerce triangulaire ? ».

Saute encore une ligne, écris et souligne en rouge le nom de la première partie « A- Les traites négrières à travers deux témoignages ».

Prends ensuite un crayon à papier pour répondre aux questions des exercices suivants. N’oublie pas pour chaque exercice de noter la référence de l’exercice (et du document étudié) et les numéros des questions. Pour répondre, fais des phrases complètes qui reprennent l’intitulé des questions.

A Les traites négrières au XVIIIe siècle à travers deux témoignages.

Exercice 6Document 13-a :

Témoignage de J. E. Tanquerel, capitaine du négrier Le maréchal de Luxembourg« Le 21 juin 1769 a comparu J. E. Tanquerel, capitaine du navire Le maréchal de Luxembourg, du port de Nantes, de 25 tonneaux, armé de 12 canons et équipé de 60 hommes par Deseigne, Drouin et Dulac, négociants à Nantes, bourgeois et armateurs. Il a déclaré être parti le 1er février 1768 pour aller à la côte de l’Or1 où il serait arrivé le 28 mars. Il y aurait traité 691 Noirs de tous sexes et âges. Il serait reparti le 30 octobre pour Saint-Domingue2 où il serait arrivé le 20 février 1769. Il aurait fait la vente de ses Noirs, à l’exception de 50 qui sont morts, tous pendant la traversée. La vente finie, il aurait chargé 270 tonneaux de sucre brut, 67 tonneaux et 125 sacs de café, 132 ballots de coton, 12 tonneaux d’indigo. Son chargement fini, il serait parti le 15 mai dernier pour venir à Nantes et serait arrivé le 19 de ce mois. »

D’après le Registre d’entrée de long cours de l’Amirauté de Nantes, 1769.

1- Territoire d’Afrique riverain du Golfe de Guinée2- Ile des Antilles

Document 13-b :

Récit de la vie d’un esclave, natif d’Afrique occidentale (enlevé en 1755 à l’âge d’une dizaine d’années par des négriers), écrit par Olaudah Equiano)

« Un jour, alors que tout le monde était parti au travail et que ma chère sœur et moi étions restés à la maison, deux hommes et une femme entrèrent, s’emparèrent de nous, nous empêchèrent de crier et, sans nous laisser le temps de résister, ils nous emportèrent en courant vers le bois le plus proche. Là, ils nous ligotèrent les mains et nous emmenèrent aussi loin qu’ils le purent. À la tombée de la nuit, nous atteignîmes une petite maison où nos voleurs s’arrêtèrent pour se restaurer et passer la nuit. Ils nous ôtèrent nos liens, mais nous ne pûmes avaler la moindre nourriture et, écrasés par la fatigue et le chagrin, nous trouvâmes refuge dans le sommeil qui soulagea pour un temps notre malheur. […](La narrateur fut séparé de sa sœur, puis vendu à quatre reprises par des négriers. Il atteignit la mer après plusieurs mois de voyage en pirogue et à pied, où il embarqua dans un navire négrier…)Je fus bientôt envoyé à fond de cale et j’y fus accueilli par une puanteur que je n’avais jamais sentie auparavant : cette odeur infecte et mes larmes me rendirent si malade et si abattu que je ne pus rien manger. Je n’avais d’ailleurs aucune envie de goûter quoi que ce fût. Je n’espérais qu’une chose : être soulagé par ma dernière amie, la mort. Mais malheureusement pour moi, deux des hommes blancs me donnèrent de la nourriture et devant mon refus de manger, l’un d’eux m’attrapa par les mains, me coucha en travers du guindeau et m’attacha les pieds tandis que l’autre me fouettait. […](Le navire négrier accosta l’île de la Barbade où le narrateur fut vendu…)Nous ne restâmes sous la garde du marchand que quelques jours puis nous fûmes vendus de la manière habituelle que voici : au signal convenu (tel qu’un roulement de tambour), les acheteurs se précipitent dans l’enclos où sont confinés les esclaves et choisissent le lot qu’ils préfèrent. Le bruit et les clameurs qui accompagnent tout ceci ainsi que l’avidité visible sur les traits des acheteurs ne contribuent pas qu’un peu à augmenter les appréhensions des Africains terrifiés… Des familles et des amis sont séparés, la plupart pour ne jamais se revoir. Je me souviens que, dans le bateau qui m’amena, il y avait dans la partie réservée aux hommes plusieurs frères qui furent, au cours de la vente, vendus dans des lots différents ; et ce fut une scène déchirante de les voir et d’entendre leurs pleurs quand ils furent séparés. […] »Olaudah Equiano, La véridique histoire d’Olaudah Equiano par lui-même, Mémoires d’un esclave. Publié en 1789Petite note sur l’auteur : Olaudah Equiano est une personne du XVIIIe siècle (vers 1745-1797). Il fut esclave dans les colonies britanniques d’Amérique, sous le nom de « Gustavus Vassa », et servit entre autres en tant que marin. En 1766, il racheta sa liberté et devint une des figures marquantes de la lutte en faveur de l’abolition de l’esclavage.

Un navire négrier est un navire servant au transport et au commerce des esclaves noirs.

Lis attentivement les documents ci-dessus, puis réponds aux questions suivantes :

Questions :

Document 13-a :

1- (Document 13-a) De quel port français part ce navire ? Sur quel océan se situe-il ?

2- (Document 13-a) Quelle est sa première destination ? Dans quel but se rend-t-il là bas ?

3- (Document 13-a) Quelle est sa deuxième destination ? Combien de temps dure la traversée ? Que fait-il une fois arrivé à destination ?




4- (Document 13-a) Quelles marchandises rapporte-t-il en France ?

5- (Documents 13-a et 14) Comment se nomme ce type de commerce et pourquoi ?

Document 13-b :

6- (Document 13-b) Dans le récit d’Olaudah Equiano, d’où le narrateur est-il originaire (continent, lieu sur le continent – à justifier en citant le texte) ?

7- (Document 13-b) À quel âge devient-il esclave ? Que peux-tu en conclure sur les classes d’âge réduites en esclavage ?

8- (Document 13-b) Quelles indications donne ce témoignage sur :

• Les conditions de voyage des esclaves ?

• Les conditions de vente des esclaves ?

Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la suite de la séance.

Ces deux témoignages attestent donc de l’existence, au XVIIIe siècle, d’un commerce reliant les ports européens aux côtes africaines puis à l’Amérique : c’est le commerce triangulaire, qui repose entre autres sur le transport et la vente d’esclaves pris en Afrique subsaharienne, jusqu’en Amérique. À l’exemple du narrateur, dans le récit d’Olaudah Equiano, devenu esclave vers l’âge de 10 ans, toutes les classes d’âge sont réduites en esclavage (à l’exception des personnes âgées, car très peu utiles pour ce commerce et pour le travail dans les plantations). Les esclaves sont capturés à l’intérieur du continent africain, avant d’être transférés sur les côtes (au niveau des forts côtiers) puis embarqués et entassés dans les navires négriers en direction de l’Amérique.

Nous allons maintenant replacer ces deux témoignages dans leur contexte historique, en abordant de façon générale les traites négrières au XVIIIe siècle (dont le commerce triangulaire est un exemple flagrant, mais non unique) ainsi que les principaux trajets et les principales étapes.

Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge « B- Les traites négrières au XVIIIe siècle (traites atlantiques et commerce triangulaire) ».

Puis étudie avec attention les documents de l’exercice suivant et réponds aux questions correspondantes (au crayon à papier).



B Les traites négrières au XVIIIe siècle (en particulier traites atlantiques et commerce triangulaire)

Exercice 7Document 14 : Les traites négrières (du XVIe au XVIIIe siècle)

Document 14-c

© Roger-Viollet/Ullstein-Bild

Vente aux enchères d’esclaves aux États-Unis, vers 1850

Document 14-dAnnonce pour une vente d’esclaves aux États-Unis (1784) : « Noirs à vendre »« Une cargaison d’hommes et de femmes vigoureux, en bonne santé et aptes à servir immédiatement, vient d’arriver de la Côte de l’Ivoire à bord du « Two brothers ». Les conditions (de paiement) sont les suivantes : une moitié en liquide ou en nature, l’autre moitié étant payable le premier janvier prochain, avec contrat d’engagement si nécessaire. La vente sera ouverte chaque jour à 10 heures dans l’entrepôt de M. Bourdeaux, n°48, sur le port. 19 mai 1789. John Mitchell. »

Document 14-b

© Roger-Viollet/RV-45499_42-2

Coupes et plans du Brookes, un navire négrier anglais. Gravure de 1789 (Gravure de propagande contre l’esclavage diffusée par la « Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade », Londres.)

Document 14-a

« Porte du Non retour », Mémorial édifié à Ouidah en 1992 en mémoire des victimes des traites négrières (Ouidah ayant joué un rôle important dans l’embarquement des esclaves vers l’Amérique, autour de forts négriers)© Stéphanie Renoult/Ouidah au Bénin/2010


© Pascal Derr / Cned / 2011


« Un petit coup de pouce » à propos de la carte…Les traites négrières du XVIe au XVIIIe siècle se composent essentiellement des traites atlantiques (c’est-à-dire le commerce d’esclaves à travers l’Océan atlantique) et des traites orientales (c’est-à-dire le commerce d’esclaves à travers l’Océan indien).

Les traites atlantiques ont provoqué une ponction démographique, évaluée entre 12 millions et 14 millions de personnes (des chiffres exacts étant impossibles à obtenir). Elles ont duré du milieu du XVe siècle jusqu’au XIXe siècle, sachant que l’apogée de ce trafic a eu lieu à la fin du XVIIIe siècle.

Questions :

Le commerce triangulaire :

1- (Document 14 et documents complémentaires 14-a, 14-b, 14-c, 14-d) Qu’est ce que le commerce triangulaire ?

Complète le schéma ci-dessous du commerce triangulaire, en plaçant :

• Dans les rectangles, le nom des trois continents impliqués

• Sur les lignes, un phrase expliquant ce qui se passe entre chacun de ces continents (acteur, marchandises transportées, objectifs…)

______________________________________________

______________________________________

______________________________________________

2- (Document 14) Quels sont les trois principaux pays européens pratiquant le commerce d’esclaves ? Quels sont les principaux ports négriers d’Europe ?

3- (Document 14) Durant quelle période ce commerce a-t-il été effectif ? Quand a-t-il atteint son « apogée » ?

4- (Document 14) Combien d’Africains ont été victimes de ce commerce ? Ces chiffres sont-ils exacts ou approximatifs ? (Justifie ta réponse)

5- (Document 14-a) Contre quoi les Européens échangeaient-ils les esclaves ? Dans quels types de lieux ces échanges se faisaient-ils ?

6- (Document 14- b) Qu’est ce qu’un navire négrier ? Où les esclaves prenaient-ils place ? Comment étaient-ils disposés et pourquoi ?

7- (Documents 13-b et 14-b) Comment peux-tu expliquer la forte mortalité des esclaves durant la traversée de l’océan ? (Explique et justifie ta réponse)

8- (Documents 14-c et 14-d) D’où viennent ces esclaves et quelles qualités l’annonce leur prête-t-elle? Où sont-ils vendus, à qui et comment ?

9- (Document 14) Quelles ont été les conséquences de ce commerce triangulaire pour l’Europe ? pour l’Afrique ? pour l’Amérique ?



Les autres formes de traites négrières :

10- (Document 14) Comment se nomme l’autre forme de traite atlantique ? En quoi consiste-t-elle ?

11- (Document 14) Sur quels autres lieux et à travers quel autre océan les traites négrières se font-elles ?

Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices. Puis lis attentivement le point méthode proposé, avant de passer à la rédaction du récit demandée.

je rédige

Point méthode : Comment rédiger un récit à partir de documents ?1- Lire et bien comprendre le sujet à traiter.2- Etudier attentivement les documents et en dégager les idées principales.3- Rechercher des connaissances personnelles qui pourraient compléter les informations

issues des documents.4- Trouver un plan logique, et organiser toutes les idées et connaissances autour de ce

plan.5- Rédiger le récit, en faisant une petite introduction (qui permet notamment de le situer,

géographiquement et historiquement), un développement puis une petite conclusion (qui permet de résumer les grandes idées mises en valeur).

6- Relire, en faisant entre autres attention à l’orthographe et à l’expression écrite.

À partir de toutes tes réponses aux exercices 1 et 2, rédige un paragraphe qui résume, à partir d’exemples, en quoi consistait le commerce triangulaire, quelles en étaient les principales étapes et caractéristiques, et quelles en ont été les conséquences pour les trois continents impliqués.

Maintenant, regarde dans le livret de correction le paragraphe proposé.

Ainsi, le XVIIIe siècle est le siècle d’apogée des traites négrières (surtout la seconde moitié de ce siècle). Aux traites anciennes, transsaharienne et orientale entre autres, s’ajoutent à l’époque moderne les traites atlantiques : commerce en droiture mais surtout commerce triangulaire. Ces traites atlantiques, entreprises par les Européens, furent spécifiques : elles n’ont duré que « peu de temps » (quatre siècles) mais ont contribué cependant à la déportation de très nombreux esclaves (les moyennes annuelles de déportation étant bien supérieures à celles des autres traites) ; elles se sont accompagnées de traitements particulièrement dégradants et inhumains pour les esclaves (lors du transport sur les navires négriers, lors de la vente…) ; et elles se sont accompagnées de présupposés racistes qui n’existaient pas jusque là (les esclaves étant systématiquement des noirs).

Maintenant que tu as effectué les exercices et la rédaction, lis attentivement le résumé ci-dessous. Une fois qu’il est lu et compris, recopie-le au stylo bleu sur ton cahier (garde la même présentation sous forme de schéma) puis apprends-le.



Les traites négrières, en particulier les traites atlantiques – commerce triangulaire et commerce en droiture, se développent entre le XVIe et le XIXe siècle et connaissent leur apogée au XVIIIe siècle. Elles ont abouti à la déportation de 12 à 14 millions d’esclaves, ce qui a provoqué une saignée importante pour le continent africain, et ce qui au contraire a considérablement enrichi les marchands européens le pratiquant, et donc les ports et pays négriers européens.

je retiens

Une fois arrivés dans les Antilles, les esclaves sont vendus aux enchères (de façon individuelle ou collective, dans des marchés aux esclaves) et servent de main d’œuvre dans les plantations d’Amérique du sud, d’Amérique du Nord ou des Antilles. Les trafiquants européens repartent avec les produits de ces plantations (ex : café, coton, sucre…) qu’ils revendent en Europe.

EUROPEPrincipaux pays européens impliqués : Portugal, Angleterre, France…Principaux ports négriers européens : Nantes, Bordeaux, Le Havre, Liverpool, Bristol, Copenhague, Amsterdam, Lisbonne, Séville…

AMÉRIQUE(Transit par les Antilles, puis plantations en Amérique du Nord ou du sud)

Les trafiquants européens apportent des marchandises telles que des armes, de l’alcool, du tissu (connues sous le terme générique de « pacotilles » …) sur les côtes africaines, surtout du Golfe de Guinée (« Côte des esclaves »). Ils échangent ces pacotilles contre des esclaves, capturés dans l’intérieur du continent (par des peuples africains de la côte).

Les trafiquants européens embarquent les esclaves africains sur les navires négriers (ils les entassent dans les cales) qui se dirigent vers l’Amérique. Le voyage dure plusieurs mois et les conditions sont très difficiles pour les esclaves.

AFRIQUE(Surtout les côtes du Golfe de Guinée « Côte des esclaves ») Les principaux forts négriers du Golfe de Guinée : Ouidah, Elmina, Cape Coast…

Vocabulaire

Recopie au stylo les définitions suivantes sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la définition à droite comme ci-dessous :

Esclavage C’est le fait de faire travailler des individus privés de liberté.

Traite des esclaves C’est le commerce des esclaves organisé entre des zones d’approvisionnement et des zones de vente.



Traite négrière C’est le commerce d’esclaves noirs (tel qu’il a été notamment pratiqué entre le XVIe et le XIXe siècle à travers l’Atlantique, par le commerce triangulaire et en droiture).

Commerce triangulaire

C’est le commerce pratiqué par les Européens à travers l’océan atlantique - entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique (« pacotilles » d’Europe en Afrique ; esclaves d’Afrique en Amérique ; produits des plantations d’Amérique en Europe).

Commerce en droiture

C’est le commerce d’esclaves pratiqué à travers l’océan atlantique, directement entre l’Afrique et l’Amérique (notamment entre le Brésil et les côtes de l’Afrique australe, par les Portugais).

Navire négrier C’est un navire servant au transport des esclaves.

Fort négrier C’est une forteresse servant à l’embarquement des esclaves sur les navires négriers.

Puis apprends-les par cœur.

je suis capableAu terme de cette leçon, tu dois être capable de :

- Comprendre, expliquer et compléter une carte et/ou un schéma des traites négrières et du commerce triangulaire au XVIIIe siècle.

- Raconter et expliquer les mécanismes des traites négrières et du commerce triangulaire au XVIIIe siècle à partir d’exemples.

- Connaître par cœur le vocabulaire.



Séance 4Sur quoi reposait l’économie de plantation et quelles étaient les conditions de vie des esclaves dans les plantations américaines

au XVIIIe siècle ?

je sais déjà

Dans la première séance, nous avons étudié les traites négrières au XVIIIe siècle, c’est-à-dire le commerce des esclaves ; depuis leur « capture » dans l’intérieur de l’Afrique, leur embarquement sur les navires négriers au niveau des forts côtiers ouest-africains, leur traversée de l’océan Atlantique, jusqu’à leur arrivée en Amérique et leur vente aux propriétaires de plantations américaines.

À partir de là, leur « vie d’esclaves » commence sur ces plantations. C’est cette seconde étape que nous allons étudier dans cette séance et que nous allons replacer dans son contexte plus général de « l’économie de plantation » au XVIIIe siècle.

Sur une nouvelle page de ton cahier, écris et souligne en rouge le titre de la nouvelle séance « Séance 4 : Sur quoi reposait l’économie de plantation et quelles étaient les conditions de vie des esclaves dans les plantations américaines au XVIIIe siècle ? ».

Puis saute une ligne, écris et souligne en rouge le titre de la première partie de cette séance « C. Les conditions de vie des esclaves dans les plantations américaines ». Puis lis attentivement les consignes de l’exercice 8 et réponds aux questions au crayon à papier sur ton cahier.



C Les conditions de vie des esclaves dans les plantations américaines au XVIIIe siècle

Exercice 8

Document 15-a :

La vie des esclaves dans une plantation… Témoignage de Bernardin de Saint Pierre[…] Voici comment on les traite. Au point du jour, trois coups de fouet sont le signal qui les appelle à l’ouvrage. Chacun se rend avec sa pioche dans les plantations où ils travaillent presque nus, à l’ardeur du soleil. On leur donne pour nourriture du maïs broyé cuit à l’eau, ou des grains de manioc ; pour habit, un morceau de toile. À la moindre négligence, on les attache par les pieds et par les mains, sur une échelle ; le commandeur, armé d’un fouet de poste, leur donne sur le derrière nu cinquante, cent, et jusqu’à deux cents coups. Chaque coup enlève une portion de la peau. Ensuite, on détache le misérable tout sanglant ; on lui met au cou un collier de fer à trois pointes, et on le ramène au travail. Il y en a qui sont plus d’un mois avant d’être en état de s’asseoir. Les femmes sont punies de la même manière…Il y a une loi faite en leur faveur, appelée le Code Noir. Cette loi favorable ordonne qu’à chaque punition ils ne recevront pas plus de trente coups ; qu’ils ne travailleront pas le dimanche, qu’on leur donnera de la viande toutes les semaines, des chemises tous les ans ; mais on ne respecte point la loi […].

Bernardin de Saint-Pierre, Extrait de Voyage à l’île de France, Lettre XII, « Au Port-Louis de l’île de France ce 15 avril 1769 ».



Document 15-b :

Extraits du Code Noir (dans les colonies françaises)Article 2Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion Catholique. […]Article 3Interdisons tout exercice public d’autre religion que la religion catholique. […] Voulons que les contrevenants soient punis comme rebelles et désobéissants à nos commandements. […]Article 6[…] Défendons [à tous nos sujets] de travailler ni de faire travailler leurs esclaves auxdits jours [dimanches et fêtes] depuis l’heure de minuit jusqu’à l’autre minuit à la culture de la terre, à la manufacture des sucres et à tous autres ouvrages, sous peine d’amende et de punition arbitraire contre les maîtres et confiscation tant des sucres que des esclaves qui seront surpris par nos officiers dans le travail.Article 12Les enfants qui naîtront des mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves et non à ceux de leurs maris, si le mari et la femme ont des maîtres différents.Article 15Défendons aux esclaves de porter aucunes armes offensives ni de gros bâtons, à peine de fouet et de confiscation des armes au profit de celui qui les en trouvera saisis, à l’exception seulement de ceux qui sont envoyés à la chasse par leurs maîtres et qui seront porteurs de leurs billets ou marques connus.Article 16Défendons pareillement aux esclaves appartenant à différents maîtres de s’attrouper le jour ou la nuit sous prétexte de noces ou autrement, soit chez l’un de leurs maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les grands chemins ou lieux écartés, sous peine de punition corporelle qui ne pourra être moindre que du fouet et de la fleur de lys; et, en cas de fréquentes récidives et autres circonstances aggravantes, pourront être punis de mort, ce que nous laissons à l’arbitrage des juges. Enjoignons à tous nos sujets de courir sus aux contrevenants, et de les arrêter et de les conduire en prison, bien qu’ils ne soient officiers et qu’il n’y ait contre eux encore aucun décret.Article 25Les maîtres seront tenus de fournir à chaque esclave, chaque année, deux habits de toile ou quatre aunes de toile, au gré des maîtres.Article 26Les esclaves qui ne seront point nourris, vêtus et entretenus par leurs maîtres (…) pourront en donner avis à notre procureur général et mettre leurs mémoires entre ses mains, sur lesquels et même d’office, si les avis viennent d’ailleurs, les maîtres seront poursuivis à sa requête et sans frais (…).Article 27Les esclaves infirmes par vieillesse, maladie ou autrement (…) seront nourris et entretenus par leurs maîtres, et, en cas qu’ils eussent abandonnés, lesdits esclaves seront adjugés à l’hôpital, auquel les maîtres seront condamnés de payer 6 sols par jour, pour la nourriture et l’entretien de chaque esclave.



Article 33L’esclave qui aura frappé son maître, sa maîtresse ou le mari de sa maîtresse, ou leurs enfants avec contusion ou effusion de sang, ou au visage, sera puni de mort. Article 34Et quant aux excès et voies de fait qui seront commis par les esclaves contre les personnes libres, voulons qu’ils soient sévèrement punis, même de mort, s’il y échet. Article 38L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à compter du jour que son maître l’aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d’une fleur de lys sur une épaule; s’il récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura le jarret coupé, et il sera marqué d’une fleur de lys sur l’autre épaule; et, la troisième fois, il sera puni de mort. Article 42Les maîtres pourront seulement, lorsqu’ils croiront que leurs esclaves l’auront mérité, les faire enchaîner et les faire battre de verges ou cordes. Leur défendons de leur donner la torture, ni de leur faire aucune mutilation de membres, sous peine de confiscation des esclaves (…). Article 44Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté, n’avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre les cohéritiers, sans préciput et droit d’aînesse. […]

Questions:

1- (Document 15-a) Où vivent et habitent les esclaves ?

2- (Document 15-a) Cite trois éléments de ce témoignage qui prouvent la dureté de la vie des esclaves.

3- (Document 15-a) Comment se nomme le décret officiel (pris par Colbert en 1685) qui règlemente la vie des esclaves et le traitement qui doit leur être porté ?

4- (Document 15-a) D’après Bernardin de Saint-Pierre, ce décret est-il positif ou négatif pour les esclaves ? Comment justifie-t-il cela ? (Document 3-b) Cite trois articles du Code Noir qui vont dans ce sens.

5- (Document 15-b) Quel article du Code Noir indique que l’esclavage est considéré comme héréditaire ?

6- (Document 15-b) Quel est le point commun entre les articles 16, 33, 34 et 38 ?

7- (Document 15-b) Qu’arrive-t-il à un esclave fugitif ? (à préciser) Quel article en parle ?

8- (Document 15-b) Dans l’article 44, à quoi sont assimilés les esclaves ? Qu’est-ce que cela signifie en cas de mort de leur maître ?

Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices.

Une fois en Amérique, les esclaves vivent et travaillent dans les plantations, qui vont des petites fermes comprenant seulement quelques esclaves (notamment au nord des États-Unis) jusqu’aux grandes exploitations agricoles du sud des États-Unis et des Antilles, comprenant parfois plusieurs centaines d’esclaves (travaillant sous le contrôle de « surveillants »).

Les conditions de vie sur les plantations sont très difficiles (travail incessant, privation de toute liberté, châtiments et punitions pour toute transgression des interdits…), si bien que l’espérance de vie des esclaves une fois sur les plantations est très courte. Dans les colonies françaises, le statut des esclaves est fixé par le « Code noir », texte promulgué en 1685 sous Louis XIV, dans le but de règlementer le système esclavagiste et de limiter les abus (ainsi, un maître ne peut pas tuer ou torturer son esclave « sans raison » ou de façon abusive ; un



maître doit accorder une journée de repos par semaine à ses esclaves ; il doit leur donner nourriture et vêtement…). Mais le Code Noir est aussi un texte caractéristique et révélateur de cette époque et des conditions de vie souvent dramatiques des esclaves (ainsi d’après ce code, l’esclave est par exemple considéré comme un bien appartenant totalement à son maître ; la condition d’esclave est héréditaire ; tout esclave en tort ou fugitif est sévèrement puni…).

Poursuis ton travail maintenant avec l’exercice 9.

Exercice 9

Lis attentivement le point méthode, puis observe le document 16 et réponds aux questions suivantes :

Point méthode : Comment présenter un document ?1) Il faut tout d’abord identifier le document : ¸ Donner sa nature (ex : peinture, gravure, sculpture, texte…) ¸ Donner son auteur ¸ Donner sa date ¸ Donner son lieu (lieu de réalisation, lieu représenté, lieu de conservation actuel…) ¸ Donner son titre2) Il faut ensuite dégager le sujet et les idées principales abordées par le document3) Il faut enfin replacer le document dans son contexte (historique, géographique…)

Document 16 :

Vue d’une plantation aux Antilles, gravure de Bénard tirée de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, 1756

© Bridgeman-Giraudon/STC 109049



« Un petit coup de pouce » à propos de cette gravure…

Les conditions de vie des esclaves dans les plantations sont très difficiles (leur espérance de vie moyenne sur une plantation se situe entre 7 et 10 ans), mais elles varient en fonction des tâches auxquelles ils sont affectés. Les esclaves agricoles, travaillant dans les champs, sont les plus nombreux mais aussi ceux dont le travail est le plus dur. En dehors de ceux-ci, il y a des domestiques (cuisiniers, nourrices, cochers…) ainsi que les travailleurs spécialisés ou « nègres à talent » (maçons, forgerons…).

Questions :

1- En t’aidant du point méthode ci-dessus, présente le document 16.

2- Sur le document 16, place les numéros correspondant aux différentes parties de la plantation :

1 : Champs de canne-à-sucre

2 : Maison du maître

3 : Cases des esclaves

4 : Prairies

5 : Bâtiments d’exploitation

3- À partir du document 16 et du « Coup de pouce », complète le tableau ci-dessous :

Catégorie d’esclaves Emplois occupés Lieu de travail au sein de la plantation

4- Dans le document 16 et dans le « Coup de pouce », quelles informations montrent que les conditions de vie sur les plantations sont très difficiles ?


Sur les plantations, les esclaves sont affectés à des tâches diverses : la majorité des esclaves réalisent les travaux agricoles, tandis que d’autres sont domestiques ou encore « Nègre à talent », c’est-à-dire occupant une fonction bien spécifique. Leur traitement, et donc leurs conditions de vie sur les plantations, dépendent entre autres de ces affectations.

Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge « D- Les révoltes d’esclaves et le marronnage ».

Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 10 et réponds aux questions correspondantes (au crayon à papier).



D Les révoltes d’esclaves et le marronnage

Exercice 10Document 17 :

Sévère Hérault est un Nantais ayant vécu entre 1780 et 1827. Il embarque en 1805 pour la Guyane où il occupe différentes fonctions, dont celle de membre de la « milice blanche de Cayenne ». A ce titre, il participe en 1808 (avec une troupe de 80 hommes) à la destruction d’établissements de marrons* près de Cayenne. Il relate cet événement dans une lettre expédiée à sa sœur en 1808 : « Le chef principal de toute la cohorte se nommait Simon, vieux nègre décrépit qui avait appartenu à un habitant nommé Frossart, qui était dans le bois depuis plus de cinquante ans. Ce vieux scélérat est celui de tous qui nous a fait le plus de mal, ayant tué ou blessé de sa main dix ou douze hommes, tant des détachements que des habitations. Connaissant parfaitement les bois et toutes les rivières qu’on y trouve, il ne s’égarait jamais et était toujours sûr de nous rencontrer dans les passages étroits et presque impraticables : c’était là que nous courions des risques extrêmes et que nous recevions des fusillades qui nous tuaient ou blessaient presque toujours quelqu’un. Aussitôt leur décharge faite, les brigands s’enfuyaient en poussant des cris de joie. Nous ripostions, mais sur qui ? Nous ne voyions personne. À vingt pas plus loin, nos coquins étaient encore embusqués et cachés dans d’épaisses broussailles et nous recevaient comme auparavant. C’est ainsi qu’ils faisaient la guerre. Malheur à celui qui eût tombé entre leurs mains, il eût été infailliblement massacré. Le vieux Simon Frossard a enfin expié ses crimes. Il a été pris après avoir été dangereusement blessé de plusieurs coups de fusil ; et comme on craignait qu’il n’eût été repris par ses camarades qui l’avaient en grande vénération ou qu’il ne mourût de ses blessures, on l’a provisoirement dépêché à grands coups de sabre, genre de mort un peu cruel mais encore trop doux pour un scélérat comme Simon Frossard. Sa tête fut coupée et apportée à Cayenne où elle a été très longtemps exposée aux regards de tous les nègres comme un épouvantail. Tous les principaux chefs Georges, Charlemagne, Evariste, Cupidon, etc... ont subi à peu près le même sort de sorte qu’il ne reste plus que quelques fugitifs épars et sans ressource... À l’époque où j’ai été envoyé en détachement, les nègres du grand-bois étaient divisés en quatre bandes qui formaient autant d’établissements principaux, lesquels étaient tous éloignés les uns des autres d’environ trois lieues. Les nègres de ces différents établissements communiquaient entre eux par de petits sentiers forts étroits et paraissant à peine sur les feuilles sèches qui recouvrent la terre. Les autres établissements étaient : Jolie Terre où commandait Simon Frossard ; Couleuvre commandé par Charlemagne, Berthier et Léveillé-Terrasson (…) ; Sainte-Elisabeth commandé par Georges, créole du bois ; et l’établissement Paulin commandé par ce même Paulin qui appartenait à M. Ménard père et qui s’était enfui depuis quatre ans avec toute sa famille. (…) Tous ces établissements étaient faits depuis quatre ou cinq années seulement. Les nègres marrons en avaient abandonné plusieurs autres considérables qu’on avait découverts à force de battre les bois et ravager comme nous l’avons fait à Jolie Terre, à Couleuvre et partout ailleurs (...).

Extrait d’une lettre de Sévère Hérault adressée à sa sœur Léonice, en 1808.* Le terme « Marron » désignait un esclave fugitif

Questions :

1- Où se déroule l’action ? Cette région était une colonie de quel pays européen ?

2- Qui est Sévère Hérault et quelle est sa fonction ?



3- D’après le texte, qu’est ce qu’un marron ? Comment peux-tu expliquer leur existence ?

4- Où les marrons vivent-ils ? Comment s’organisent-ils et comment se défendent-ils ?

5- Qu’arrive-t-il aux marrons repris par les propriétaires blancs ?


Les conditions de vie et de travail très difficiles sur les plantations américaines incitent certains esclaves à s’enfuir. Ils deviennent alors des Marrons, c’est-à-dire des esclaves fugitifs qui se cachent (ils peuvent cependant s’organiser en communautés très structurées) et sont sévèrement punis s’ils sont retrouvés par les propriétaires blancs. Le marronnage se multiplie à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, notamment dans les lieux qui ont connu l’abolition puis le rétablissement de l’esclavage (par exemple dans les colonies françaises).

Des révoltes d’esclaves se multiplient également, que ce soit au sein des plantations mais aussi sur les navires négriers, comme ce fut le cas de la mutinerie des esclaves en 1839 sur la Amistad, navire espagnol.

Finalement, le système esclavagiste s’affaiblit et sera définitivement aboli au cours du XIXe siècle. Cette abolition est très lente et progressive, et varie largement selon les pays. Ainsi, c’est d’abord la traite négrière qui est abolie (par le Danemark en 1803, par les Anglais en 1807, par les américains en 1808, par les Pays-Bas en 1814, par l’ensemble des pays européens à partir du Congrès de Vienne en 1815), suivie de l’abolition de l’esclavage (en 1833 dans les colonies britanniques, en 1848 dans les colonies françaises, en 1860 dans les colonies hollandaises, en 1865 aux États-Unis d’Amérique, en 1869 dans les colonies portugaises).

je rédige

À partir des documents 15, 16 et 17 et de toutes tes réponses précédentes, rédige un paragraphe autour du thème suivant :

Imagine que tu rentres d’une mission dans les Antilles où tu as recueilli des documents et des témoignages relatifs à la traite et à l’esclavage.

Rédige un texte argumenté en faveur de l’abolition de l’esclavage, sous forme d’une lettre adressée au chef du gouvernement de l’époque ; ou sous forme d’un article de journal (journal l’Abolitionniste français) ; ou sous forme d’un discours prononcé à l’Assemblée nationale.

Maintenant, regarde dans le livret de correction le paragraphe proposé.

Maintenant que tu as effectué les exercices et la rédaction, lis attentivement le résumé ci-dessous. Une fois qu’il est lu et compris, recopie-le au stylo bleu sur ton cahier puis apprends-le.



Les esclaves importés d’Afrique par les traites atlantiques sont utilisés comme main d’œuvre dans les plantations américaines et contribuent ainsi à la production des diverses marchandises (sucre, café, cacao, tabac…) vendues ensuite en Europe : Ils sont ainsi partie prenante de l’économie de plantation (qui favorise l’enrichissement des pays européens).

Les esclaves vivent et travaillent sur ces plantations : ils peuvent être domestiques (ex : servantes, nourrices, cuisinières, cocher…), ouvriers agricoles ou esclaves « spécialisés » (« nègres à talents » : forgerons, maçons, peintres, charpentiers, maréchaux-ferrants, cordonniers, couturières…).

Les conditions de vie sur ces plantations dépendaient des tâches attribuées mais étaient de façon générale très difficiles; les esclaves étant considérés comme des biens matériels plus que comme des êtres humains (comme le reflète le « Code Noir » pour les colonies françaises ; texte pourtant promulgué dans le but de règlementer le système et de limiter les abus). Ces conditions inhumaines et dégradantes ont poussé un certain nombre d’esclaves au marronnage (c’est-à-dire à la fuite) ou à la révolte ; jusqu’à ce que finalement les traites négrières et l’esclavage soient progressivement abolis au cours du XIXe siècle.

je retiens

Vocabulaire

Recopie au stylo les définitions suivantes sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la définition à droite comme ci-dessous :

Plantation C’est une grande exploitation agricole.

Économie de plantation Ce terme désigne l’organisation de la production agricole autour des plantations, qui fonctionnent grâce à la main d’œuvre esclave.

Abolition de l’esclavage C’est l’interdiction de l’esclavage.

Marron C’est un esclave fugitif.

je suis capable de

Au terme de cette leçon, tu dois être capable de :

- présenter un document (sur une plantation américaine du XVIIIe siècle, ou sur les conditions de vie des esclaves dans ces plantations ou encore sur le marronnage),

- rédiger un récit sur les conditions de vie des esclaves au sein des plantations américaines (et les marronnages et révoltes qui en découlent),

- Connaître par cœur le vocabulaire.



je m’évaluePour être sûr que tu as bien compris et appris, réponds aux questions suivantes…

1- Qu’est-ce qu’être esclave ?

2- Comment se nomme le commerce d’esclaves noirs ?

3- Quelles ont été les deux traites atlantiques qui ont existé ?

4- Combien de victimes les traites atlantiques ont-elles fait ?

5- Quels sont les trois lieux concernés par le commerce triangulaire ?

6- Cite trois ports négriers européens.

7- Comment se nomme une grande exploitation agricole américaine dans laquelle la main-d’œuvre est essentiellement esclave ?

8- Comment se nomme le texte promulgué en 1685 par Colbert (sous Louis XIV) qui fixe officiellement le statut des esclaves dans les colonies françaises ?

9- Cite trois produits agricoles ramenés d’Amérique par les trafiquants européens (pour être vendus en Europe).

10- Comment se nomme un esclave fugitif ?

Vérifie maintenant tes réponses dans le livret de corrigés. Si tu as moins de 6 bonnes réponses, il est nécessaire que tu revoies la leçon avant de passer à la séquence suivante.

Le coin des curieuxSi tu es curieux et que tu veux en savoir plus sur l’esclavage et sur les traites négrières, tu peux te tourner vers les différentes sources suivantes:

• Tu peux trouver dans certains livres (tels que L’esclavage : de l’Afrique aux Amériques, C. Hatt, Documents d’Histoire, éditions Gamma 2002, ou encore Les routes de l’esclavage, C. Fauque et M.J. Thiel, éditions Hermé, Paris 2004) des détails sur l’esclavage et les traites négrières ainsi que des témoignages et documents illustrant ces phénomènes ;

• La bande dessinée Les passagers du vent, de François Bourgeon (notamment les tomes III et IV), est bien documentée et peut aussi te permettre d’approfondir de façon un peu plus « ludique » ce chapitre ;

• Tu peux également te tourner vers quelques films (comme Amistad, de Steven Spielberg, 1997) ou romans (comme La case de l’oncle Tom, d’Harriet Beecher Stowe) ;

• Enfin, tu peux consulter des sites internet, dont le suivant :

o http://www.routesduphilanthrope.org/ site d’une association de Haute-Normandie dont le but est de faire connaître l’histoire de l’esclavage, des traites négrières et des abolitions (notamment au public scolaire) ;

• Certains musées abordent les thèmes de l’esclavage et des traites négrières, comme la Maison de l’Armateur, au Havre (76).



Séance 5Les difficultés de la monarchie absolue

je sais déjàTu as travaillé en classe de 5e sur la monarchie absolue qui atteint son apogée sous le règne de Louis XIV au XVIIe siècle. Dans un chapitre précédent de cette même séquence, tu as également appris que ce régime politique est, à partir du XVIIIe siècle, vivement critiqué par les philosophes des Lumières qui s’en prennent aussi aux inégalités qui marquent la société d’alors.

À la fin du XVIIIe siècle, Louis XVI, descendant direct de Louis XIV, marié à une princesse autrichienne, Marie-Antoinette, règne sur la France depuis 1774, date à laquelle est mort son grand-père Louis XV. La monarchie absolue, déjà ébranlée par les philosophes des Lumières, est confrontée à une triple crise financière, économique et sociale.

Document 18 : Callet Antoine-François, Louis XVI, roi de France (1754-1793), portant les ordres du Saint-Esprit et de la Toison d’Or, 1786, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

© RMN : Cote cliché :87-000607/MV218

Tu vas, à travers des documents de diverses natures, tenter de comprendre quelles sont les difficultés que rencontre le pouvoir royal.

À quelles difficultés se heurte la monarchie française sous Louis XVI ?

La société sous Louis XVI est composée de trois ordres, le clergé, la noblesse et le tiers état : les deux premiers bénéficient de privilèges. Cette organisation sociale, qui demeure inchangée depuis le Moyen-âge, est remise en question au XVIIIe.

Recopie sur ton cahier le titre du chapitre, de la séance et du chapitre A.



A Une société d’ordres contestée

Exercice 11 : J’étudie une caricatureDocument 19 : A faut espérer q’eu’ jeu la finira ben tot

© RMN Cote cliché:03-013613/23539LR

Caricature de 1789, Anonyme, Eau-forte en couleur, Paris, Musée du Louvre.

Réponds au crayon à papier, sur ton cahier, aux questions de l’exercice. Certains mots sont définis dans « Je retiens » à la fin de la séance. N’hésite pas à aller le consulter.

1- Quelle est la nature du document ?

2- Ce type de document traduit-il trait pour trait la réalité ?

3- Cette scène est composée de trois personnages. Comment sont-ils disposés ?

4- En analysant les détails du dessin, précise à quel ordre chaque personnage semble appartenir. Tu mentionneras pour chacun « l’indice » qui t’a permis de l’identifier.

5- Quel fardeau réel doit supporter le tiers état ?

6- Ce document critique-t-il cette situation ou en fait-il l’éloge ?

Dans les années 1780, une grande partie de la population aspire à plus d’égalité, notamment sur le paiement de l’impôt. Cependant, toutes les réformes proposées par les ministres des Finances royales comme Necker sont repoussées par la Cour et les privilégiés à qui l’on voudrait faire payer l’impôt.

Les idées des Lumières se diffusent ainsi que les modèles politiques anglais (la monarchie parlementaire) et américain. Je te propose de découvrir plus en détail ce dernier à partir d’un texte historique fondamental.

Recopie maintenant le titre du B.



B L’influence de la révolution américaine

À partir du XVIIe siècle, les britanniques se sont installés sur la côte est de l’Amérique du Nord et y ont fondé 13 colonies. Un siècle plus tard, les colons britanniques commencent à s’opposer à la Couronne d’Angleterre qui multiplie les impôts sans les consulter. En 1773, à Boston, des jeunes gens jettent à la mer une cargaison de thé pour protester contre une nouvelle taxe sur ce produit très consommé. La Boston Tea Party, telle qu’on l’a surnommée, marque le début de la Révolution Américaine. Le 4 juillet 1776, les représentants des colonies proclament leur Déclaration d’indépendance à Philadelphie. Dès lors s’ouvre une véritable guerre entre troupes britanniques et colons, surnommés les Insurgents. Ils sont menés par George Washington et aidés militairement par la France. Vaincue en 1783, l’Angleterre doit alors reconnaître l’indépendance des États-Unis d’Amérique. Le nouvel état se dote d’une constitution, rédigée par ceux que les Américains appellent les Pères Fondateurs et elle est proclamée le 13 septembre 1787.

Je te propose de découvrir maintenant quelques extraits de ce texte.

Exercice 12 : Je découvre la constitution américaineVoici des extraits de ce texte fondamental sur lequel tu vas devoir travailler. Lis-le attentivement afin de répondre aux questions qui suivent.

Document 20 : Extraits de la Constitution américaine

Nous, Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d’établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d’assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d’Amérique.Article ISection 1Tous les pouvoirs législatifs accordés par cette Constitution seront attribués à un Congrès des États-Unis, qui sera composé d’un Sénat et d’une Chambre des représentants.Section 2La Chambre des représentants sera composée de membres choisis tous les deux ans par le peuple des différents États […] Section 7Tous projets de loi comportant la levée d’impôts émaneront de la Chambre des représentants […] Section 8Le Congrès aura le pouvoir : De lever et de percevoir des taxes, droits, impôts […], de payer les dettes et pourvoir à la défense commune et à la prospérité générale des États-Unis ; mais les dits droits, impôts […] seront uniformes dans toute l’étendue des États-Unis ; De réglementer le commerce avec les nations étrangères, entre les divers États, et avec les tribus indiennes ; De favoriser le progrès de la science et des arts utiles, en assurant, pour un temps limité, aux auteurs et inventeurs le droit exclusif à leurs écrits et découvertes respectifs ;



Article IISection 1Le pouvoir exécutif sera conféré à un président des États-Unis d’Amérique. Il restera en fonction pendant une période de quatre ans et sera, ainsi que le vice-président choisi pour la même durée, élu comme suit : Les électeurs se réuniront dans leurs États respectifs et voteront par bulletin […]La présente Constitution, ainsi que les lois des États-Unis qui en découleront, et tous les traités déjà conclus, ou qui le seront, sous l’autorité des États-Unis, seront la loi suprême du pays.

http://www.crdp-nice.net/editions/supplements/2-86629-368-1/GTR02

Réponds aux questions dans ton cahier en les numérotant.

1- D’après le texte, essaie de donner une définition simple de « constitution ».

2- Relève dans le préambule une phrase qui montre que les rédacteurs de la Constitution sont largement influencés par les philosophes des Lumières.

3- Comment sont répartis les pouvoirs législatif et exécutif ?

4- En quoi ce régime politique diffère-t-il de la monarchie absolue française ?

5- Cite un des droits politiques dont disposent les citoyens américains.

Tu peux constater, après avoir répondu à ces questions, que le régime politique mis en place aux États-Unis est très différent de la monarchie absolue mais qu’il s’inspire des idées des philosophes français. Le principe de la séparation des pouvoirs, par exemple, a été inspiré par Montesquieu.

Recopie maintenant le titre du C dans ton cahier.

C Des difficultés financières et économiques

Tu vas maintenant travailler sur des documents réalisés par des historiens pour comprendre à quels problèmes financiers et économiques est confronté le roi.



Document 21 : Le dernier budget de l’Ancien Régime (1789)

Dépenses en millions de livres Recettes en millions de livresDépenses civiles : 145,2 dont :Frais de finances : 38Frais d’administration : 19Dépenses d’assistance et d’instruction : 12Dépenses d’économie publique : 23Secours à des collectivités : 17,6Cour : 32,7 Privilégiés : 2,9

Recettes fiscales : 459,6 dont :Impôts directs : 157,6Impôts indirects : 208Monopoles royaux (poste, manufactures) : 14,3Recettes des domaines : 50,3Subventions des pays d’Etats : 29,7

Dépenses militaires et diplomatiques : 165,5 Dont :Guerre : 105Marine et colonies : 45

Recettes non fiscales : 43,7 dontRecettes d’origine ancienne : 26,9Ressources exceptionnelles : 16,8- Loteries : 9,9- Créances sur les Etats-Unis : 1,6

Dette : 310,4Divers : 8,5

Total des dépenses : 629,6 Total des recettes : 503,3

Le dernier budget de l’Ancien Régime 1789 d’après F. Braesch, Finances et monnaies révolutionnaires, Paris, 1936.

Document 22 : L’évolution des récoltes et des prix dans le royaume de 1778 à 1790

© Pascal Derr /Cned / 2011



Exercice 13 : J’analyse un tableau de chiffres et un graphique

1- Calcule la différence entre les dépenses et les recettes qui constituent le budget de la France en 1789. À combien s’élève le déficit ?

2- À quoi la moitié environ des dépenses est-elle consacrée ?

3- Quelles dépenses peuvent choquer le peuple ?

4- À l’aide du graphique, explique l’évolution des prix à partir de 1785 et ses conséquences sur la vie quotidienne du peuple.

Dans les années 1780, la crise des finances publiques s’aggrave, en partie à cause de la participation de la France à la guerre d’indépendance américaine. Le problème de la dette royale affaiblit le régime et s’accompagne d’une série de mauvaises récoltes. Elles entraînent la hausse des prix, notamment celui du pain et provoquent le mécontentement général. Des émeutes et des soulèvements paysans éclatent alors un peu partout dans le royaume. Comment Louis XVI va-t-il tenter de faire face à cette crise ?

Avant de tenter de répondre à cette question, ce qui va faire l’objet de la séance 6, recopie le vocabulaire dans ton cahier puis le résumé que tu dois apprendre.

Privilégiés : groupes de la société qui bénéficient de droits et d’avantages refusés aux autres (ex : l’exemption d’impôts).

Monarchie parlementaire : monarchie dans laquelle le pouvoir du roi est limité par un parlement, en partie élu.

Pouvoir exécutif : pouvoir de faire appliquer les lois.

Pouvoir législatif : pouvoir de préparer et voter les lois.

Constitution : texte qui fixe les principes d’organisation d’un état, définit le régime politique, précise les différents pouvoirs et les droits des citoyens.

République : régime politique dans lequel les détenteurs du pouvoir sont élus pour une période donnée.

je retiens

En 1787, la constitution américaine met en place une république avec un président élu pour 4 ans et dans laquelle les trois pouvoirs politiques sont séparés. En 1789, George Washington est élu premier président des États-Unis. Le pays apparaît alors comme une terre de liberté et sa constitution comme un modèle à imiter.

Ces événements trouvent écho en France – le gouvernement français a soutenu la guerre d’Indépendance – alors que de graves difficultés dues à une crise financière et économique sans précédent frappent le royaume. En effet, les dettes s’accumulent et la hausse des prix, provoquée par de mauvaises récoltes successives, entraîne le mécontentement du peuple. Celui-ci réclame plus d’égalité et des réformes afin que chacun paye l’impôt, comme avaient tenté de l’imposer, mais sans succès jusqu’alors, les ministres des Finances Royales dans les années 1780.



Séance 6Que revendique la société française dans les cahiers de

doléances à l’aube de la Révolution ?

Nous avons vu dans la séance précédente que le peuple français, à la fin des années 1780, aspire à des réformes sociales et politiques qui semblent impossibles.

En juillet 1788, les députés dauphinois des trois ordres, réunis au château de Vizille, demandent au roi de convoquer les États-Généraux qui n’ont pas été réunis depuis 1614. Alors que le prix du pain monte en flèche à Paris, Louis XVI s’y résout, espérant apporter une solution à la grave crise financière, économique et sociale qui frappe le royaume. Conformément à la tradition, il est alors demandé à chaque ordre de rédiger des cahiers de doléances et d’élire des députés.

Recopie le titre de la séance, puis le titre du A.

A Qu’est-ce qu’un cahier de doléances ?

Voici des extraits de cahiers de doléances des trois ordres de l’Angoumois, ancienne province française, située entre Limousin à l’est, Périgord au sud, Saintonge à l’ouest, et Poitou au nord (il correspond à la partie centrale de l’actuel département de la Charente). Tu peux aussi voir, à travers le document 23, à quoi ressemble un cahier de doléances d’origine. Ce sont des sources précieuses pour les historiens et bon nombre de ces cahiers sont conservés aux Archives nationales en tant que documents patrimoniaux.



Document 23 : Page d’un cahier de doléances

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Cahier contenant les doléances des habitants du village de Gagny (Seine-Saint-Denis), Paris, Archives nationales.

Entre janvier et mai 1789, tous les hommes de plus de vingt-cinq ans et qui paient des impôts sont invités à élire leurs représentants qui siégeront à l’assemblée des États généraux et à rédiger des cahiers de doléances. Les Français sont avertis de la convocation des États généraux et de la rédaction des cahiers par leur curé, lors de la messe.

Lis maintenant le document 24 ci-dessous avec attention afin de répondre aux questions. N’oublie pas de rédiger tes réponses.



Exercice 14 : J’étudie des cahiers de doléances

Document 24 : Les doléances du tiers-état de l’Angoumois

Cahier du Tiers-État de l’AngoumoisAujourd’hui 1 mars 1789, ... il a été procédé à la rédaction des cahiers de doléances, plaintes et demandes ainsi qu’il suit :Article 2 - Le retour périodique des États Généraux, tous les cinq ans au plus tard, assuré par une loi qui deviendra constitutionnelle et qui admettra le Tiers-état en nombre égal aux deux autres ordres réunis. *Article 3 - Les trois ordres contribueront également et à perpétuité à tous les impôts relativement à leurs facultés et propriétés et renonceront en conséquence à tous les privilèges pécuniaires.Article 8 - Les lois et règlements généraux ne seront reçus et exécutés dans le royaume qu’après avoir été consentis ou proposés par la Nation et revêtus du sceau de l’autorité royale.Article 12 - La liberté individuelle des citoyens et l’abolition des lettres de cachet.Article 13 - La liberté de la presse avec les modifications nécessaires à l’ordre social.Article 17 - Les délibérations se prendront en commun et les voix seront comptées par tête et non par ordre.Article 22 - Suppression de tous les impôts connus sous la dénomination de tailles, capitations, impositions accessoires et vingtièmes; leur remplacement par un impôt également réparti sur les propriétaires de tous ordres, ... et sur les capitalistes négociants, marchands et artisans.

http://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/IMG/pdf/cahier_Tiers-Etat.pdf * Le tiers-état était sous-représenté par rapport aux deux autres ordres. En décembre 1788, le doublement de la représentation du tiers fut admis. Ainsi, en mai 1789, date à laquelle se réunirent les Etats-Généraux, on comptait 326 députés du clergé, 330 députés de la noblesse et 661 députés du tiers.

1- D’après cet extrait, que contient un cahier de doléances ?

2- Quels sont les principaux thèmes abordés ?

B Quelles sont les revendications des Français en 1789 ?

Recopie maintenant le titre du B et poursuis l’exercice.

Les deux documents suivants complètent le premier et vont te permettre de comprendre que les aspirations des français sont différentes selon l’ordre auquel ils appartiennent.



Document 25 : Les doléances de la noblesse de l’Angoumois

Cahier de la Noblesse d’AngoumoisArticle 6 - La liberté générale et individuelle des citoyens.Article 5 - La liberté de la presse sans les modifications que les États Généraux jugeront convenables d’y introduire.Article 8 - L’abolition absolue des lettres de cachet tant pour exil que pour emprisonnement... Article 17- Que les ministres soient responsables envers la Nation des fonds qui leur seront confiés et des abus de leur administration.Article 28 - Ils demanderont aussi que les emplois militaires ne soient à l’avenir conférés qu’à ceux qui auront la noblesse acquise et transmissible.Article 60 - La liberté étant l’âme du commerce, ... il paraît donc nécessaire de supprimer toutes les entraves et les gênes qui lui viennent des droits perçus dans l’intérieur du royaume.Article 50 - L’énormité des impôts et la misère extrême du peuple semblent demander que, pour lui ménager tous les moments de travail nécessaires à la subsistance, on réduise le nombre de jours des fêtes à celui qu’exigent indispensablement la sainteté et la majesté du culte.Fait et arrêté en l’assemblée de l’Ordre de la Noblesse, tenue à Angoulême, par ordre du Roi, les 16, 17, 18, 19 et jours suivants du mois de mars 1789.

http://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/IMG/pdf/cahier_noblesse.pdf

Document 26 : Les doléances du clergé de l’Angoumois

Cahier du Clergé de l’AngoumoisL’an 1789 et le 25e jour de mars, l’ordre du Clergé légalement assemblé, adresse à Sa Majesté ses très humbles doléances de la manière qui suit : D’abord, il paraît naturel que l’ordre du Clergé... se fût borné à représenter à Sa Majesté les funestes effets de l’incrédulité. La France a été inondée en moins d’un siècle de livres obscènes, impies et scandaleux et qui deviennent, au préjudice de la religion et des mœurs le seul code d’instruction d’une jeunesse insensée.Désirant donner des preuves de son patriotisme et de cet attachement inviolable et respectueux qui caractérise les fidèles sujets de Sa Majesté, le dit ordre du Clergé pour exprimer la sincérité de son sentiment devant un Roi qui invite son peuple à donner le plus libre essor à la vérité, a arrêté :Article 1 - Sa Majesté sera très humblement suppliée de déclarer qu’à l’avenir, aucun impôt ne pourra être consenti ou prorogé que par les États Généraux.Article 2 - La périodicité des États Généraux sera fixée par une loi à l’époque et dans la ville qu’il conviendra à Sa Majesté d’indiquer.Article 3 - Les ministres seront à l’avenir responsables devant la nation assemblée de leur gestion... Article 5 - La liberté individuelle des citoyens sera assurée par une loi irrévocable.Article 7 - L’ordre du Clergé ne s’oppose pas à la liberté de la presse, pourvu qu’elle soit modifiée, que les écrits ne soient pas anonymes et que l’on interdise l’impression des livres obscènes et contraires aux dogmes de la foi et sur principes du gouvernement...Article 17 - Comme le Clergé fait, pour le bien de la patrie, le sacrifice de ses privilèges pécuniaires, il demande la suppression de tous les impôts qui ne lui seraient pas communs avec les autres ordres.

http://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/IMG/pdf/cahier_clerge.pdf



1- Recopie et complète le tableau ci-dessous qui montre les aspirations de chacun des ordres dans le domaine de la réforme de l’impôt, des libertés, de la réforme de la justice et du rôle des États Généraux. Tu préciseras l’article qui t’a permis de répondre.

Attention, veille à construire un tableau suffisamment grand pour pouvoir y écrire lisiblement tes réponses !

Ce que propose le tiers-état

Ce que propose la noblesse

Ce que propose le clergé

ImpôtLibertésJusticeRôle des États-Généraux

2- Montre que la noblesse reste attachée à ses privilèges.

3- Pour le Tiers-État, qui doit être à l’origine des lois ?

4- Semble-t-il souhaiter pour autant un autre régime que la monarchie ? Justifie ta réponse avec un extrait du texte.

5- Rédige une phrase de conclusion qui montre que les aspirations de chaque ordre sont différentes, notamment sur la question de l’impôt.

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de recopier le vocabulaire et le résumé suivant au stylo sur ton cahier.

En vue de la convocation des États généraux, environ 60 000 cahiers de doléances ont été rédigés dans chaque paroisse de janvier à mai 1789. Ils sont d’un grand intérêt car ils reflètent les aspirations des Français à la veille de la Révolution. Ces documents précieux nous montrent aussi que ceux-ci ont une assez bonne opinion de Louis XVI et apprécient qu’on leur demande leur avis. Force est de constater cependant que les plaintes et les vœux varient selon les ordres, notamment au niveau de la réforme de l’impôt, ce qui annonce des difficultés à venir.

je retiens

Il ne te reste plus qu’à apprendre ta leçon. Tu pourras vérifier tes connaissances avec l’exercice « Je m’évalue ».

Vocabulaire :

États généraux : Assemblée de représentants des trois ordres convoqués par le roi. Ils n’ont pas été réunis entre 1614 et 1789.



Je m’évalue en Histoire les difficultés de la monarchie absolue :

Dans les cases ci-dessous, barre au crayon à papier (pour pouvoir corriger ou réutiliser si besoin) la ou les mauvaises réponses :

1. Les trois ordres de la société sont :- le clergé- le tiers-état- la bourgeoisie- la noblesse

4. Dans les années 1780, le royaume est confronté :

- à une crise économique- à une crise financière- à une crise sociale

2. La constitution américaine : - est proclamée en 1787- institue la séparation des pouvoirs- instaure une république- met en place une monarchie limitée

5. Les cahiers de doléances sont :- rédigés par ordre- rédigés en vue d’une révolution- rédigés en vue des États Généraux

3. Le tiers-état est : - le plus important en nombre des trois

ordres- un ordre privilégié- un ordre composé de paysans, d’artisans

et de bourgeois- le seul ordre qui paie des impôts

6. Le tiers-état souhaite :- la fin de la monarchie- un impôt partagé par tous- être représenté de manière égalitaire avec

les autres ordres aux États Généraux

Vérifie les réponses dans le livret de corrigés. Attention, si tu as plus de cinq réponses fausses, c’est que tu ne maîtrises pas bien ton cours !

Le coin des curieux

Tu peux visiter les sites Internet suivants pour en savoir plus sur :

- la caricature en général :

http://expositions.bnf.fr/daumier/pedago/02_1.htm

- les cahiers de doléances :

www.larousse.fr/encyclopedie/divers/cahiers_de_doléances/182555

- la guerre d’Indépendance :

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Indépendance_américaine/124905

Sur la guerre d’Indépendance, tu peux aussi visionner The Patriot, le chemin de la liberté de R. Emmerich, 2000.
