histoire de mayotte

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Mayotte est une le de l'archipel des Comores, situ au milieu du canal de Mozambique. Elle a t marque par l'histoire du monde maritime de l'Ocan Indien, longtemps dpendante de la traditionnelle navigation saisonnire arabo-indienne et de l'irruption de ses marges africaines et malgaches avant de passer petit petit sous hgmonie europenne. L'islam tolrant et structur qu'elle a prserv indique un vieil hritage shirazien, apport par des colons de la rgion d'Ormuz et du Hadramaout.Sommaire[masquer]

1 Origine du peuplement

1.1 Un peuplement envisageable ds le dbut du premier millnaire de notre re

1.2 La premire priode de peuplement (VIIIe-XIIe sicle) 1.3 Le site archologique de Dembeni (IXe-XIIe sicle)

2 L'poque des Fani btisseurs XIIIe-XVe sicle

2.1 Les premires chefferies au XIe sicle 2.2 Une influence croissante de la cte swahili 2.3 L'islamisation des lites

2.3.1 Les mosques anciennes de Mayotte

2.4 Une socit esclavagiste dirige par les lites islamises 2.5 La liste des Fani de Mayotte

3 tablissement du sultanat

3.1 Origine des princes shiraziens 3.2 Cration du sultanat de Mayotte 3.3 Les sultans de Mayotte 3.4 Sur la dcouverte de l'le de Mayotte

4 Le temps des Sultans batailleurs (Urbain Faurec)

4.1 Rivalits entre les sultanats dAnjouan et de Mayotte

5 Hgmonie sakalave, puis franaise 6 Priode coloniale 7 mancipation des Comores et dissidence de Mayotte 8 Mayotte, collectivit franaise 9 Notes et rfrences 10 Voir aussi

10.1 Bibliographie pour la priode ancienne 10.2 Bibliographie partir de la priode coloniale 10.3 Articles connexes 10.4 Liens externes

Origine du peuplement[modifier]Les travaux archologiques de Claude Allibert et de Henri Daniel Liszkowski (Centre d'tude et de Recherche de l'Ocan Indien) ont considrablement permis de faire progresser ce domaine de connaissance.

Un peuplement envisageable ds le dbut du premier millnaire de notre re[modifier]Il se dessine, au travers des sources greco-romaines des Ier et IIe sicles (Pline l'Ancien et l'anonyme de Priple de la Mer rythre) que la rgion du canal du Mozambique tait dj connue, notamment pour la chasse des tortues de mer alimentant le commerce de l'caille. Un peuplement saisonnier par des pcheurs d'origine africaine est donc envisageable ds le dbut du premier millnaire de notre re. Les dcouvertes rcentes du professeur tanzanien Flix Chami en Grande Comore (grotte de Mal) permettent d'envisager un "ge de pierre" durant cette poque pr-islamique.

La premire priode de peuplement (VIIIe-XIIe sicle)[modifier]Comme pour les autres les de l'archipel des Comores, les premires migrations dbutent au VIIIe sicle (le site archologique de Koungou, au nord de Mayotte a fourni des charbons dats par analyse C14 du VIIIe sicle). L'origine de ces premiers habitants est multiple, Africains bantous et Austronsiens (ou Protomalgaches) originaires de l'archipel indonsien (Kalimantan et Sulawezi). Si l'arrive d'Austronsiens se comprend par leur volont de commercer avec l'Afrique, la prsence bantoue serait le rsultat soit de migrations volontaires venues coloniser l'ensemble comoro malgache, soit les signes d'une traite ancienne du fait des Austronsiens. En effet, au Xe sicle, le persan Borzog ibn Shariyar, dans les Merveilles de l'Inde, rapporte la prsence de Wac wac (Austronsiens) la cte du pays des Zenj (Zanzibar) venus qurir des esclaves. En effet, ds le IXesicle, le commerce entretenu par les Austronsiens entre Madagascar et la cte africaine o se dveloppent les socits swahili est trs intense et repose notamment sur

l'exportation de fer produit Mayotte (site de Dembeni IXe-XIIe sicle). Ds cette poque, des marchands arabo persans font escale dans l'archipel (ncropole de Bagamoyo) introduisant avec eux l'islam dans l'le.

Plage de Koungou, au nord de Mayotte o a t reconnu le plus ancien site archologique de l'archipel des Comores (viiie sicle)

Vase, xe sicle, dcouvert par C.Allibert sur le site de Bagamoyo (Petite Terre), il servait de "couvercle" un petit four chaux de technologie austronsienne.

Bas relief du temple de Borobudur (Java, Indonsie) avec reprsentation d'un navire austronsien du ixe sicle.

Le site archologique de Dembeni (IXe-XIIe sicle)[modifier]

Vue arienne de Dembeni

Situ sur la cte orientale de Mayotte, surplombant une plaine ctire fertile, le site ancien de Dembeni (prs du village actuel de Tsararano) est le site mdival le plus important de l'le que cela soit pour sa taille (plusieurs hectares) que pour les informations rcoltes suite aux recherches archologiques principalement conduites par Claude Allibert. La superficie et la taille de certains dpotoirs tmoignent d'une concentration humaine trs leve. Des centaines de fours mtallurgiques de technologie austronsienne y ont t dcouverts. Les lingots de fer ainsi produits tait destins au monde indien et au Moyen Orient. Cette activit explique l'incroyable prosprit de ce site o des objets originaires de Madagascar, du Moyen Orient et mme de Chine y ont t retrouvs. Une cramique originale, engobe rouge et parfois graphite, que l'on retrouve en abondance sur ce site (preuve d'une production locale?) connat une diffusion importante entre le IXe et le Xe sicle, de la cte occidentale de Madagascar aux cits swahili africaines et jusqu' la pninsule arabique o des exemplaires ont t retrouvs sur le site archologique de Sharma en Hadramaout. Quant l'origine des "Dembniens", on s'accorde reconnatre dans leur culture les caractristiques des populations austronsiennes ou "proto malgaches" bien que certains indices trahissent une prsence bantoue. Ce site, malheureusement attaqu par l'urbanisation, n'a pas livr tous ses secrets : aucune spulture n'y a t dcouverte (pratique de la crmation?) et l'on ignore encore par consquent si les Dembniens taient islamiss, enfin les causes de l'abandon du site et l'effondrement de la "civilisation Dembeni" restent mal expliqus.

L'poque des Fani btisseurs XIIIe-xve sicle[modifier]Les premires chefferies au XIe sicle[modifier]Les XIe-XIIe sicles voient l'effondrement de la civilisation dembeni : abandon des activits mtallurgiques et repli des changes conomiques. Des communauts villageoises de taille rduite poursuivent nanmoins la mise en valeur agricole de l'le, jetant la trame villageoise actuelle. Les premires enceintes fortifies apparaissent (rempart de Majicavo, d'Acoua, etc.) et signalent ds cette haute poque l'existence de potentats locaux attribuables des chefferies. Ainsi, s'labore ds le XIe sicle une priode nouvelle qui prfigure la structuration politique de l'archipel des Comores en sultanats :

l'poque des Fani. Ce terme dsigne les chefs, hommes ou femmes, islamiss et dirigeant l'espace villageois, entit politique alors indpendante.

Une influence croissante de la cte swahili[modifier]Mayotte, comme le reste de l'archipel entre alors sous l'influence de la culture swahili, influence qui s'explique comme Ngazidja et Ndzuani par l'installation de nouveaux clans originaires de la cte swahili et sudarabique, venus principalement pour s'enrichir du commerce rgional et propager l'islam[rf. ncessaire]. Ces nouvelles influences transforment profondment la socit qui adopte le mme mode de vie que les populations swahili de la cte africaine. C'est alors que des cits se constituent, prosprant du commerce des esclaves principalement et de l'exportation des productions agricoles (viandes, riz). Les premires habitations en pierre, rsidences des lites rvles par l'archologie, apparaissent ds le XIVe sicle. Les rivalits entre ces cits et peut-tre dj entre les les, se traduisent par la multiplication des sites fortifis. Les principales cits d'alors sont Mtsamboro, Acoua, Tsingoni, Bandrl... qui connaissent un fort dveloppement et amorcent un processus d'urbanisation.

Aperu de la fouille du quartier des notables d'Acoua avec vestiges de constructions des XIVe-XVe sicles.

Restitution d'une habitation aise Acoua, au xve sicle.

L'islamisation des lites[modifier]Si les spultures islamiques de la ncropole de Bagamoyo (IXe-xe sicle) tmoignent d'une prsence ancienne de l'islam dans l'le, le nombre croissant de dcouvertes de spultures musulmanes dates des XIe et XIIe sicles atteste d'une islamisation massive des lites mahoraises autour duXIIe sicle, ce qui rejoint les crits d'al Idrisi qui au XIIe sicle rapporte que les lites de l'archipel sont musulmanes. Si l'islam sunnite chafite, dvelopp la cte swahili, est impos par le sultanat shirazi au XVe sicle, il n'en a pas toujours t ainsi puisque le soufisme chiite et l'ibadisme ont laiss des traces sur l'le : au travers du

nom de certains fani, de la vnration des tombes des saints ziara et de l'existence sur le site de Mitseni des vestiges d'une mosque ibadite antrieure la mosque chafite, enfin dans la lgende, date des XIVe et XVe sicles, de Matsingo et de son poux Mwarabu (l'Arabe), ce dernier veut enseigner l'islam chafite aux chefs de l'le et voit le refus de certains prtextant qu'ils ont dj leurs propres traditions islamiques.

Tombe (colonne basaltique dresse) sur le site de Mitseni

Couloir latral occidental et porte nord de la mosque de Pol (Petite Terre),XVe-xixe sicle.

Les mosques anciennes de Mayotte[modifier]Bien que des spultures islamiques aient t dcouvertes dans la ncropole de Bagamoyo (Petite-Terre) pour les IXe-Xe sicles, aucune mosque remontant cette haute poque n'a encore t rvle Mayotte, d'une part parce que la recherche archologique est encore trs insuffisante dans ce domaine et d'autre part parce que les difices religieux de cette poque taient construits en matriaux prissables et n'ont donc laiss peu de traces visibles pour orienter une fouille archologique. Une vingtaine de mosques anciennes existent Mayotte et la trs grande majorit sont ruines du fait de l'abandon de ces anciens villages la fin du XVIIIe sicle. Leur datation est trs incertaine : les plus anciennes pourraient remonter au XIVe sicle mais seule la date de construction de la mosque de Tsingoni est aujourd'hui acquise grce une inscription conserve dans son mihrab. En effet, le sultan Assa (ou Ali) ben Mohamed embellit la premire mosque signale ds 1521 par l'ajout d'un mihrab en 1538. Les mosques anciennes de l'le prsentent les mmes grandes caractristiques empruntes l'architecture religieuse swahili elle-mme copie des mosques du Hadramaout : une salle de prire avec mihrab encadr par deux couloirs latraux accessibles par une cour o est plac un bassin pour les

ablutions. Ces mosques n'ont pas de minaret et, de taille modeste, ne peuvent accueillir qu'une cinquantaine d'hommes. Les toitures taient principalement ralises avec une couverture vgtale deux pans, mais Tsingoni possdait une toiture plate soutenue par des piliers dans la salle de prire. Les murs, construits en blocs de pierre et de corail sont gnralement couverts d'enduit de chaux et ne possdent pas d'autre dcoration. Le mihrab de Tsingoni, ralis partir de corail sculpt, est ce titre un exemplaire remarquable et unique dans l'le de l'art religieux dont on retrouve des parallles Domoni (Anjouan) et dans les anciennes cits swahili de la cte africaine.

Une socit esclavagiste dirige par les lites islamises[modifier]La socit d'alors, est domine par l'aristocratie Fani. Cosmopolite, elle est le fruit du brassage entre l'ancienne aristocratie et les nouveaux clans. L'essentiel de la population n'en reste pas moins compose d'esclaves qui ont grandement contribu peupler et mettre en valeur l'le. En effet, au cours des XIIIeXIVe sicles, le nombre de villages ne cesse d'augmenter, croissance dmographique soudaine que seul le recours l'esclavage peut expliquer. C'est d'ailleurs cette poque que se dveloppent les ports antalaotra de la cte malgache, ports dont la prosprit est due l'exportation des esclaves originaires des hauts plateaux malgaches (pays Hova) vers le Moyen-Orient via les Comores et les cits swahili. De nombreux indices (tmoignages portugais) laissent entendre que les Comores importent aussi des esclaves africains. On entrevoit alors que ds les XIVeXVe

sicle, l'levage des esclaves dcrit en 1521 par Piri Reis est une spcialit dj ancienne des

Comores. C'est donc dans une socit largement intgre au grand commerce, et principalement la traite des esclaves, et ayant adopt depuis plus d'un sicle le mode de vie swahili que vont s'panouir au XVe sicle les premiers sultanats fonds par des princes swahili de la ligne prestigieuse des Shirazi.

La liste des Fani de Mayotte[modifier]Il sagit de la liste la plus complte connue ce jour. Dcouverte en 1979, elle fut tudie et publie par Claude Allibert et Sad Inzoudine. Chaque Fani est associ une localit :

localit Bandrele (1) Pole Kungu Dzoumoni Saba mutsanga (2) Mtsamboro Karihani Munyombani Shungi(1) Wurini Domweli

fani Muguzu mubadini et Sao Maringa Mwalimu Kashikazi Zina wandru Mariamu Mama mutsanga Mwalimu puru Mwana mungwana Mwalimu shingi Fusuliyamini et Mamiya diva Bungo Miko dili

localit Nyombeni Mtsapere Longoni Saba Marumba (2) Tsingoni Acoua Maweni Sazile Wangani Soulou Dembeni

fani Kulu dunu Pir motuwabao Bako miko tutu Koho mutsanga Mamu shiko Bakari Karuwa maro Waziri kutra Mama sazile Makasa adamu Maki musa Kutra musa

Kwale Huquzi (2) Hamuro Muhuni (2) Mronabeja Mzuazia Djimawe Pamandzi hashiwawa

Mwanesha musindzanu Malili Yabisha muhonkoni Mwalimu Khanakazi Muka rima Mududu wabuzi Mwalimu kali Alimadi kufu wa mungu tsimwana damu Madzina sharifu

Hajangua Handre shombo Shaliwdji (2) Bambo Chirongi Majimbi moya Hadipe (2)

Bandra musa Mamu kumila Mwalimu mahodo Mwalimu Bambo Pika Alimadi musay Marika yantsuzi

1 : Deux Fani sont ainsi connus pour les villages de Bandrl et Shungi. 2 : Localit inconnue

Les anciens mwalimu de Mayotte (manuscrit de Mkadara ben Mohamed, 1931). Ce manuscrit fournit une liste des anciens mwalimu, lgrement diffrente de la liste prcdente.

localit Shungi Mayombini Karihani ? Acoua Djimawe ? Mtsanga Hamro Pol Mtsamboro Msapr Niyomboni ? Insunju: Hamro Dzaoudzi Bandrl Chirongui Jimaw

mwalimou Diva Mame Mami Adina Bedja Mhunguni et Malyaheja ben Bedja Mhunguni Fani Bakari Karona Morona Alimadi Koju Majimbi-Hunguni Mami Mtsanga Swamha Mwalim Kachikazi Kobeyani Kudini Mwalim puru Piritkutua Baode Fani Kolo Duni Fani Pugu Mlizi Tazasuazetu Mwalimu Kanahazi Diziri Nahudu Chumu Fani Mguzuni et Fani Siwamoringa Fani Pere Dikuta Fani Masaha

tablissement du sultanat[modifier]Les sources historiques plus nombreuses (sources pigraphiques, relations de voyage europennes, archologie et traditions orales) permettent de mieux connatre l'histoire de l'archipel partir du XVe sicle.

Origine des princes shiraziens[modifier]Les Shirazi constituent un clan prestigieux et charismatique prsent dans tout l'Ocan indien occidental. Il s'agit de groupes islamiss originaire du golfe Persique (notamment de Siraf, le port de Shiraz) et qui s'tablirent la faveur des contacts commerciaux sur le littoral africain o ils fondrent des sultanats (on peut leur sujet parler de diaspora chiite en Afrique orientale). Ils s'tablirent ainsi d'abord Mogadiscio et Barawa dans le Bnadir partir du IXe sicle. On retrouve des princes shirazi Kilwa, partir du XIIe sicle, ainsi que sur l'le de Zanzibar au XIIIe sicle. L'important changement dynastique connu Kilwa la fin du XIIIe sicle avec l'avnement du sultan al-Hassan bin Talib entrane l'exil de princes shirazi vers

les Comores. C'est en effet au XIIIe sicle o se situe l'arrive de princes shirazi aux Comores (lgendes de l'arrive de princesses shirazi Ngazidja, mariage de la fille du fani Othman de Domoni un "arabe"). cette premire vague succde au XVe sicle une nouvelle installation de shirazi Anjouan et Mayotte, celle-ci aboutissant la cration de vritables sultanats. cette date, les princes "shirazi" qui s'tablirent aux Comores taient, comme le reste des islamiss de la cte africaine swahili depuis le xiiie sicle, convertis l'islam sunnite chafite. C'est l'instauration des sultanats shirazi aux Comores qui conduisit l'adoption du chafisme dans ces les, gommant les anciennes traditions islamiques anciennement tablies (chiite, zaydite, ibadite qui purent s'y tablir entre le Xe et xiiie sicle).

Cration du sultanat de Mayotte[modifier]Jusqu' la fin du XVe sicle, l'le de Mayotte est morcele en territoires indpendants commands par des chefs, les "Fani". Ces derniers, hommes ou femmes (islamiss comme en tmoignent les patronymes musulmans que la tradition leur attribue) constituent une aristocratie d'influence swahili et malgache hritire des sicles passs. Venu d'Anjouan o le clan shirazi est tabli depuis plusieurs gnrations, Attoumani ben Mohamed, par mariage avec la fille du puissant fani de Mtsamboro (Mwalimu Poro) fonde la premire dynastie princire de l'le. De ce mariage naquit Jumbe Amina qui pousa le sultan d'Anjouan, Mohamed ben Hassan. Par ce mariage, le sultanat d'Anjouan, dominant dj Mohli, tendait son influence Mayotte. De ce mariage naquit Assa ben Mohamed. Celui-ci hrita, par sa mre Amina, du droit de rgner sur le sultanat de Mayotte, qui ds lors affirma son indpendance vis--vis du sultanat d'Anjouan. La capitale fut alors transfre de Mtsamboro Tsingoni (Chingoni) vers 1530. En 1538 tait inaugure la mosque royale en partie conserve aujourd'hui.

Mihrab de la mosque shirazi de Tsingoni (1538): il a t construit par le sultan Issa ben Mohamed, troisime sultan de Mayotte

relev des inscriptions scelles dans le mihrab et donnant son anne de construction

mausoles shirazi de Tsingoni, ces tombes royales sont similaires aux spultures dme de l'archipel de Lamu.

Le rgne d'Assa (40 ans d'aprs certaines traditions) est une priode de prosprit pendant laquelle le sultanat est consolid (domination de tous les anciens Fani qui conservent nanmoins une partie de leurs anciens pouvoirs en exerant localement la fonction de vizir), affirme son indpendance vis--vis d'Anjouan (fortification de localits de la cte occidentale -face Anjouan-), et s'ancre dans la culture swahili (dveloppement dans plusieurs localits de quartiers urbains en pierre, alliances matrimoniales avec les clans hadrami de l'archipel swahili de Pate, "plaque tournante" entretenant des rseaux commerciaux entre Madagascar, les Comores et la pninsule sudarabique (notamment pour la traite des esclaves malgaches). C'est en 1557, durant le rgne d'Assa, qu'une flotte portugaise commande par Baltazar Lobo da Susa explore l'le, seulement signale par les Portugais en 1506.

Les sultans de Mayotte[modifier]Article dtaill : Liste des sultans de Mayotte.

La succession des rgnes sappuie sur les diffrentes traditions existantes - notamment celle du cadi Omar Aboubacar de 1865 - confrontes aux sources historiques disponibles.

sultan Attoumani ibn Ahmed (ou Uthman ibn Ahmed) Mohamed ibn Hassan dit Mchindra le vainqueur Issa (ou Ali ?) ibn Mohamed Ali ibn Bwana Foumou ibn Ali Umar ibn Ali Ali ibn Umar Ma naou binti Mw Fani Aboubakar ibn Umar Salimou ibn Mw Fani Bwana Kombo ibn Salim Saleh ibn Mohamed ibn Bechir el Monzari Souhali ibn Salim Mahona Amadi Bwana Combo Andriantsoly

dates de rgne seconde moiti du XVe sicle v1530-fin XVIe sicle 1643-v1680

v1700-1727 1727-1750 1752-v1790 vers 1790-1807 1807-1817 1817-1829 1829-1836 1832-1833, 1836-1845

Sur la dcouverte de l'le de Mayotte[modifier]

Caraque portugaise, d'aprs un portulan du XVIe sicle

Lorsqu'une flotte portugaise baptise l'le de Mayotte, en dcembre 1503, l'le du Saint Esprit, en rfrence l'un des navires de l'escadre, cela fait plus de six sicles que cette le est connue et frquente par des navigateurs arabes. Dj au XVe sicle, Ibn Majid signale l'le de "Maouta" alors que l'archipel d'Al Qomor est dcrit au XIIe sicle par Al Idrisi. Il semble que les premiers Europens en fouler le sol soient l'quipage de la flotte de Baltazar Lobo da Susa, en 1557, puisqu'il est le premier a nous en livrer une description prcise sur ses habitants. Cependant, la prsence europenne Mayotte est rare jusqu'au XIXe sicle. Mais chaque description qu'elle fournit par ces relations de voyages sont trs prcieuses en l'absence de sources historiques directes comoriennes.

Le temps des Sultans batailleurs (Urbain Faurec)[modifier]Bien que conservant le titre prestigieux de "shirazi", les successeurs d'Assa sont des princes swahili originaires de Pat ou d'Hadramaout. Ceux-ci vont abandonner les pratiques matrilinaires de transmission du pouvoir pour la patrilinarit. Le fin du rgne du sultan Omar ben sultan Ali (1643-vers 1680) marque la fin de la prosprit du sultanat de Mayotte. Celui-ci est en effet affaibli par une srie d'pisodes contribuant la ruine et au dpeuplement de l'le : d'une part, les successeurs d'Omar ne vont cesser de se disputer le pouvoir, entranant des "cascades de rvolutions de palais", d'autre part, Mayotte est frquente entre 1680 et 1720 par des pirates europens refouls des Carabes. Daniel Defoe attribue l'un d'entre eux, Nathaniel North, le pillage de Tsingoni en 1701. Cet affaiblissement du sultanat de Mayotte ravive les prtentions du sultanat d'Anjouan rtablir son hgmonie sur l'archipel. partir des annes 1740, des expditions armes sont rgulirement diriges depuis Anjouan sur Mayotte, causant la ruine de nombreuses localits. Enfin, partir des annes 1790, et ce, jusqu'en 1820, Mayotte, tout comme le reste de l'archipel, est pille par les pirates Malgaches Betsimisaraka et Sakalava, en qute d'esclaves pour alimenter la traite en direction des plantations franaises de l'Ile de France (le Maurice) et de l'le Bourbon (la Runion).

Rivalits entre les sultanats dAnjouan et de Mayotte[modifier] partir des annes 1740, le sultanat de Mayotte subit les attaques rptes de son voisin anjouanais. La chronique du cadi Omar Aboubacar ignore pourtant cet aspect historique : cet auteur, protg du sultan dAnjouan, accuse davantage la ruine du sultanat aux razzias malgaches. Les sources historiques

europennes signalent pourtant plusieurs reprises ces incursions dont le principal enjeu est la capture desclaves qui sont ensuite vendus aux trafiquants ngriers franais. Parfois ceux-ci fournissent une aide prcieuse lors de ces incursions et reoivent comme salaire du sultan dAnjouan des centaines de captifs.

Dzaoudzi, 1855, gravure tire du Magazin pittoresque, dessin de Lebreton.

Lorigine de ces incursions est cependant lie des querelles dynastiques, remontant la fin du XVIIe sicle, lorsque Echati, une fille du sultan de Mayotte, Omar ben Ali, pouse un haut notable anjouanais Houssein Mw Fani. Leur fille rgne sur Mayotte au dbut du XVIIIe sicle sous le nom de sultane Mwanao binti Mwe Fani. Mais celle-ci est vince du pouvoir par son oncle, Aboubakar ben Omar. On comprend alors le dsir du sultan dAnjouan Salim (dit la grenade du paradis ) de placer sur le trne de Mayotte un descendant dun haut dignitaire anjouanais dont la famille est connue pour sa fidlit au sultan et lexercice de trs hautes fonctions Anjouan (gouverneur de Mutsamoudou et commandant des armes). Cest ainsi que le second fils de Mwe Fani, Salim ben Mwe Fani, renverse son oncle Aboubacar avec laide anjouanaise et devient sultan de Mayotte. Cette conqute sest certainement droule en 1742, daprs les crits de Mathieu de Gesnes. Cependant le nouveau sultan Salim trs vite va se retourner contre le sultanat dAnjouan, refusant de faire allgeance au nouveau sultan dAnjouan Ahmed, successeur du sultan Salim. Il sensuit une nouvelle incursion militaire anjouanaise qui cette fois-ci se solde par un cuisant chec lors de la bataille de Zidakani (petite cuvette louest de Tsingoni) vers 1750. Le sultan Ahmed ne cessera tout au long de son rgne de renouveler les tentatives de conqutes : en 1781, daprs William Jones, deux garnisons ont ainsi t tablies Mayotte tandis quen 1783, une nouvelle expdition est prpare, de mme en 1789 o des naufrags arrivant Anjouan signalent labsence du sultan et de nombreux habitants partis en campagne militaire Mayotte. En 1790 et 1791, deux expditions sont commandes par le fils du sultan Ahmed, Salim mais sans davantage de succs malgr laide de deux trafiquants franais. Lassassinat de Salim ben Ahmed et lavnement du sultan Abdallah puis les incursions malgaches sur larchipel mettent un terme un demi-sicle de tentatives du sultanat dAnjouan simposer sur son voisin mahorais, mais sans rel succs. Aprs un sicle de troubles, Mayotte est totalement dpeuple passant de 12 000 habitants au XVIe sicle moins de 5000 lors des premiers recensements effectus aprs la prise de possession de l'le par les

Franais en 1843. De nombreuses localits pourtant jadis prospres sont abandonnes telle la capitale Tsingoni, dlaisse vers 1795 pour le rocher fortifi de Dzaoudzi. La Grande Terre n'est alors rellement peuple que sur la pointe Choa (Pointe Mahabou Mamoudzou), tandis que de rares hameaux occupent le reste de l'le. Auteur: Martial Pauly, pour en savoir plus sur l'histoire pr-coloniale de Mayotte, consulter le site de la Socit d'Histoire et d'Archologie de Mayotte, (lien en bas de page).

Hgmonie sakalave, puis franaise[modifier]Mayotte a, faits historiques dcoulant de sa proximit gographique, eu beaucoup plus d'changes avec les rivages malgaches que les autres les des Comores. Vers 1830, un chef de province militaire autonome de Madagascar, nomm par Radama Ier, roi des Hovas/Mrinas, s'assimilant au prcdent roi dcd en 1828, vainc le roi des Sakalava, Tsy Levalou rgnant Iboina. Le roi dchu chappe la haine des Hovas et d'une partie des siens, et s'enfuit de son trne avec sa cour et une fraction de son arme au-del des rivages malgaches Nossy B. Le sultan de Mahore en guerre avec les les voisines et souhaitant extirper la piraterie de ses rivages fait appel au service du souverain exil, poursuivi et contraint de gagner sa vie en mercenaire. Ds 1832, la souverainet du sultan est restaure sur l'le. Elle est enfin reconquise de haute lutte aprs trois longues annes par le chef sakalave qui, sduit par la famille de son hte, se convertit sous le nom Andrian Souly, il est plus tard nomm Andriantsoly aprs son mariage avec la fille du sultan et reoit pour sa probit et sa loyaut une partie de l'le, puis hrite du sultanat. Mais l'le au grand lagon ne cesse d'tre l'objet des rivalits locales. En 1833, l'le est momentanment conquise par Mohli, puis le 19 novembre 1835, le sultan d'Anjouan irrit par les nouveaux venus impose son arbitrage et en prend possession. En 1836, au terme d'puisantes preuves de force, le sultan de Mayotte obtient sa reconnaissance et l'indpendance de l'le. Se sachant affaibli, craignant l'intervention du chef hovas autodnomm Radama, qui, install sur le rivage de la Grande le est furieux de ne pouvoir le capturer, faute de flotte efficace, et multiplie les malfiques agissements contre les Sakalaves insoumis, le sultan Andriantsoly est conscient de son prcaire pouvoir. Il ne peut que perdre le contrle de l'le sans flotte de guerre, et recherche des protecteurs pour garantir la scurit des habitants en cas de reprise des hostilits. Missionn pour organiser l'installation Nosy Be partir de 1841, les militaires franais dirigs par Hell, Jhenne et Passot sont intresss car ils anticipent avec intelligence les puissantes mutations en cours de la navigation maritime. Le clipper et le navire vapeur commencent changer les routes maritimes sculaires dans l'ocan Indien, une meilleure cartographie et la matrise instrumentale de la position gographique rendent moins dangereux les parages coralliens. C'est pourquoi les Franais tendent investir la cte nord-ouest de Madagascar1. Le 25 mars 1841, le sultan opre la cession de sa souverainet de l'le la France par une simple vente o il obtient du commandant de vaisseau de La Prvoyante, Pierre Passot une rente viagre personnelle de 1000 piastres et quelques promesses.

Les ngociateurs franais sont ravis car si gologues amateurs, ils ont dcouvert des anses naturelles au milieu de coules de laves et de coraux, ils reconnaissent aussi des havres idaux, protgs des courants pour leurs bateaux de guerre. Cette cession est ratifie prudemment aprs une enqute demande par le souverain Louis-Philippe et ses ministres doutant du pouvoir rel d'un surprenant sultan vendeur. Ainsi, aprs de fastidieuses vrifications, la prise de possession officielle avec installation du drapeau flottant a lieu le 13 juin 1843. Entre temps, les marins franais patients avaient assur la protection de Mahore. Les descriptions de l'le portent souvent sur sa partie Nord-Est, caractrise par une langue de terre de 5 6 mtres au-dessus du niveau marin, appele la pninsule de Choa. Droit en face, sur une petite presqu'le de sables amoncels de coraux au nord-ouest de l'lot de Mayotte ou le de Pamandzi, s'lve le rocher de Zaouzi, prononc Dzaoudzi. Le canal qui spare les deux pointes de la Grande Terre et de l'lot a 1 200 mtres de long. Selon les descriptions encyclopdiques de l'poque, les deux pointes abritent chacun un village typique : Choa est essentiellement peupl de Sakalaves, Dzaoudzi, son rocher fortifi et son port aux boutres appartiennent des Arabes2. C'est sur ce dernier centre et lot idal pour le mouillage des gros navires que les prvoyants marins franais jettent leur dvolu. Mais il ne font que reprendre avec vigueur un lointain hritage du sultanat de Mayotte. Ds 1845, le ramnagement de btiments mieux adapts l'autorit, sous forme d'extensions et de surlvements plutt que des compltes construction ex nihilo, est achev en face de la grande rade. Et ainsi apparaissent les blancs btiments de gouvernement et d'administration, un hpital civil et militaire, un corps de garde proche de l'entre principale de la forteresse, un arsenal du gnie prs du port aux boutres arabes. L'ancien palais des sultans reste un lieu prudemment prserv pour maintenir l'change et les rencontre avec les administrs mahorais, arabes et sakalaves. La rassurante prsence franaise concilie les reprsentants des communauts et permet d'apaiser les violentes tensions et querelles internes que la piraterie incontrle avait exacerbes. Mais dans le canal du Mozambique, une sourde rivalit anglaise est dsormais ne, elle est appele se dployer pendant des dcennies. Tout au long des rivages ou dans ses parties les plus fertiles et accessibles de la Grande Terre, des domaines esclavagistes sont installs. L'intrieur de la Grande Terre est couverte de vgtation verte et dense, quoique en maints endroits les zones montueuses restent dgrades par les pillages des grands bois organiss rgulirement par les matres des domaines. Il existe ainsi de nombreux ddales de vgtations o se nichent des cases de paysans pauvres. Ses populations libres, non recenses fuyant au besoin leurs habitations sommaires pour d'autres repres moins accessibles, vitent plus qu'ils ne combattent leurs possibles perscuteurs. Ces Mahorais de culture swahilie se regroupent par intrt, s'affrontent parfois, se plaant au besoin sous la protection ou l'arbitrage religieux du sultan. Derniers venus avant l'hgmonie franaise, Sakalaves et Antalaotsi adoptent irrversiblement ces deux modes de vie suivant leur cohsion : ils essaient vainement de s'organiser entre ces deux extrmes, la vie domaniale imprativement hirarchise et ingalitaire en liaison avec le monde marchand, le monde paysan communautaire libre et souvent prcaire du fait de l'absence de titre de proprit garanti par un systme de

dfense efficace ou un pouvoir fort. Une conversion religieuse l'Islam leur permet de bnficier d'une meilleure reconnaissance auprs des populations mahoraises et d'une pacification juridique communment accepte. Mayotte ne compterait qu'un peu plus de 3000 habitants permanents3. Elle est place par le chef d'expdition Passot sous l'autorit maritime franaise. Aprs son acquisition, elle dpend administrativement du gouverneur de la Runion, mais l'efficace gouvernement de Mayotte avec sa flotte et son administration modernise s'tend aux les franaises les plus proches. Lui sont rattaches deux les ctires de Madagascar, Nosy Be (occupe par la France ds 1841) et Sainte-Marie de Madagascar (franaise depuis 1820), l'ensemble composant la colonie de Mayotte et Nossi-B . Au lendemain de sa prise de possession, Passot avait fait procder une estimation de la population servile de le qui avait abouti au chiffre de 1 500 individus soit prs de la moiti du total. Un document donne la rpartition suivante : Sakalava 600, Arabes 700, Mahorais 500, esclaves 1500, soit, au total, 3 300 individus. Le chiffre de 1 500 esclaves auquel Passot tait parvenu en 1843 tait le rsultat une estimation approximative. En fvrier 1846, il fit procder un recensement systmatique qui aboutit cette fois une population servile de 2 733 individus. Le mme recensement donnait pour la population libre le chiffre de 2 553 personnes dont 104 Malgaches4. Le 9 dcembre 1846, une ordonnance royale portant sur labolition de l'esclavage est promulgue Mayotte. Applique en 1848, elle provoque une fuite des matres des plantations de Mahore et de leurs esclaves obissants, qui esprent trouver ailleurs des terres mettre en valeur sans cette contrainte5. Cet exode rapide favorise l'installation de planteurs franais sur la Grande Terre. Les croles monopolisent alors les meilleurs terres, l o ils ont remarqu la profonde dcomposition des anciennes laves en sols rouges. Une gestion hydraulique grce des retenues d'eau sur des tapis naturels d'argiles peut tre amliore. L'ordre franais semble favoriser ces coteux amnagements.

Priode coloniale[modifier]De 1846 1886, Mayotte dpeuple est une pitre et phmre colonie sucrire. Le roseau sucr est cultiv sur la Grande Terre6. En 1856, un travail forc est tabli pour remdier l'absence de main d'uvre, il provoque la Rvolte de Bakari Koussou . Les travailleurs des plantations en nombre insuffisant sont en particulier soumis des conditions de travail inhumaines. Trs vite, les planteurs franais qui ne veulent pas perdre le bnfice des bons sols mahorais modernisent les installations de traitement de la canne sucre. Alors que la population de simples travailleurs de plantations s'accrot aprs 1860, des usines sucres modernes naissent Debeney (Dembeni), Kaweni et Dzoumogn. La production annuelle de sucre atteint 1 500 tonnes et pourrait tre tendue au besoin sur 8000 ha de terres cultivables, soit le quart de la superficie de l'le. Mais les annes 1880 confirment le dclin de l'activit sucrire, soumise une concurrence internationale.

Mais les domaines ont dj diversifi leurs productions : ils cultivent de la cannelle, du poivre, du girofle et du caf qui poussent bien sur les sols rouges. Ils vendent aussi des fibres cellulosiques : coton et sisal, tout en grant de faon spculative leurs rserves de bambous gants, lianes et "bois noirs". Ils importent de l'le de la Runion des lianes de vanilles7. Les bois de construction sont rares car, attestant des dfrichements multisculaires, il y a peu de grandes forts avec des reliquats de takamaku blanc, de bois d'bne et de bois de natte. Il ne reste que le bois de cocotier commun. Confronts une baisse de leurs revenus, les domaines prennent en partie modle sur les pratiques culturales des populations mahoraises les plus modestes qui marquent les zones habites, par des champs de manioc environns de bananiers et de cocotiers. La distillation traditionnelle par alambic de plantes parfum les incite tendre les cultures traditionnelles de basilic, de citronnelle, de palmarosa ou initier la culture d'ylang-ylang. Pour cette culture, Denis de Bellemare importe dans son domaine de Kangani en 1905 des plants de Cananga Odoranta, dont il adapte la pratique culturale sous forme de sarments dvelopps par contrainte en branches tordues hauteur d'homme8. Obissant au dernier vu du sultan, les Franais installent une premire cole publique Dzaoudzi en 1864. Le gouvernement de Mayotte qui y sige, appuy par la flotte franaise, administre plus de 24300 habitants d'les, rparties sur trois secteurs assez loigns : Helleville ou Nossi B,Sainte-Marie et Mayotte qui comptent respectivement 15000, 5900 et 3400 habitants recenss. La priode coloniale, installant une caste financire, raciste et litiste au pouvoir, instaure un pillage marchand des matires premires et une exploitation honte des ressources humaines. Elle ne commence vritablement qu'aprs 1873. Cette idologie fait autant de victimes en proportion parmi les premiers colons, hommes d'initiative et de labeur que parmi les populations attaches aux modes de vie traditionnels. Ses effets sont d'autant plus dvastateurs que les militaires franais ont impos la paix et qu'un possible regain de prosprit tait la porte de tous. Profitant d'un discours caricatural ou dogmatique, mais toujours mensonger, du Progrs qui envahit les esprits, quelques opportunistes ou spculateurs s'enrichissent au niveau local en dpit de la chute et du malheur du plus grand nombre : parmi eux, des matres de domaines aux mains propres s'occupant mieux d'affaires, de propagande ou de lobbying, ou bien de politique et de corruption, mais aussi indispensables la justification de ces abus immoraux, quelques petits et grands fonctionnaires laxistes et corrompus ou encore de trs nombreux compradores habiles s'imposer dans le rle d'intermdiaires. En 1886, Humblot, un amateur franais d'orchides devenu aventurier politique, convainc le sultan d'Anjouan de placer son pays, c'est--dire les les de Grande-Comore, Anjouan et Mohli sous protectorat franais. L'hgmonie franaise sur les Comores porte au paroxysme la rivalit franco-anglaise. Puis la tension guerrire retombe en 1890 alors que les contentieux disparaissent subitement par un accord diplomatique entre les deux nations coloniales : les Anglais obtiennent la zone de Zanzibar et la scurit de leurs places dans l'ocan Indien, les Franais sont dsormais sans rival aux Comores et Madagascar. Le 30 mars 1896, le protectorat s'tend sur l'ensemble de l'archipel, Mamoudzou en devient la capitale. Le 9 avril 1908, Mayotte, au statut de colonie, et les trois les comoriennes, au statut de protectorat, sont

rattachs au gouvernement gnral de Madagascar. Le 25 juillet 1912, la Franceconfirme par une loi la prcdente annexion de l'ensemble de l'archipel. Celui-ci est dsormais plac sous la dpendance administrative rgionale de Madagascar. Dsormais Mayotte n'est qu'une des quatre les des Comores sous la vaste gide malgache. Noy au sein de l'immense gouvernement franais de Madagascar, les Comores souvent mconnues sont oublies pendant la ridicule apoge coloniale franaise des annes trente, vantant des valeurs surannes alors que la ralit du pouvoir passe par les intrts des comptoirs des puissantes socits commerciales, telle la socit coloniale homonyme du lieu de sa fondation Bambao sur l'ile d'Anjouan. Un tat de drliction s'installe durablement, de nombreux Comoriens quittent leur contre natale pour gagner parfois succs les ctes de l'Afrique ou Madagascar. Pourtant beaucoup reviennent avec en tte l'utopie nationaliste. Ils se sentent frustrs de toutes les commodits d'un progrs inenvisageable dans leur pays fig dans des structures qui ont rsist tant bien que mal aux dernires offensives colonialistes des annes trente. Cet tat de drliction de l'conomie, le dsintrt de l'tat franais qui n'a plus de facto qu'un pouvoir nominal, l'abandon des populations fidles la France qui rend justice des droits et des devoirs ne sera dnonc que dans les annes soixante par quelques Franais intresss par le monde maritime9. Paul-mile Victor et les rdacteurs de l'encyclopdie Marco Polo tirent ainsi une sonnette d'alarme, totalement inaudible pour les reprsentants mtropolitains, au dbut des annes 1970.

mancipation des Comores et dissidence de Mayotte[modifier]En 1947, les quatre les des Comores obtiennent une autonomie administrative et la suite du rfrendum de 1958, le statut de territoire d'outre-mer. L'instabilit politique de l'archipel s'accrot, focalise par la lutte entre le rassemblement dmocratique du peuple comorien (les turbans blancs du R.D.P.C.) et l'union dmocratique comorienne (les turbans verts ou partisans modernistes de l'U.D.C.). En 1972, le gouvernement du prince Sad Ibrahim est mis en minorit, remplac par celui du prince Sad Ibrahim Jaffar contraint son tour dmission le 19 octobre suivant. En septembre 1972, empruntant une ide fdratrice, celle de la revendication d'indpendance, aux membres du Mouvement de Libration des Comores, rfugis Dar es-Salaam, les formations majoritaires fusionnent momentanment. Le conseil des ministres de la mtropole observant les divergences de vues des appareils politiques, prononcent la dissolution de la chambre des dputs du Territoire des Comores le 15 novembre 1972. En dcembre 1972, les lections confirment le succs de deux partis majoritaires, uvrant l'indpendance. La France accepte les ngociations mais se trouve embarrasse car, seule le de l'archipel affirmant une dissidence marque vis--vis de ces voisines depuis 1958, Mayotte a vot positivement au rfrendum pour conserver ses liens avec la France. Les autres les dclarent leur indpendance. Le vote est de 63,8% en faveur de la conservation de ce lien, alors qu'il n'est que de 0,6% dans les autres les (soit 99,4% contre). La socit mahoraise, plus encore que celles des autres les des Comores, est trs peu influence par le mode de vie occidental et vit au rythme de la vie musulmane traditionnelle. Mais les causes relles de ce puissant refus sont triples :

une vritable crainte de l'expansionnisme anjouanais, associ aux humiliations de la priode coloniale prserves par une forte mmoire orale sculaire,

le transfert de la capitale Moroni en 1958, effectivement ralis en 1966, laissant dans un sordide abandon l'lot de Dzaoudzi trop exigu pour les administrations et causant des pertes d'emplois en cascade dans une le l'conomie moribonde,

le statut des femmes dans la socit mahoraise.

Jouant sur les rancurs exacerbes, le MPM ou Mouvement Populaire Mahorais n'a pas de mal mobiliser pour la prservation d'une lgitime tutelle franaise. Il bnficie de surcrot de l'incroyable enthousiasme des femmes mahoraises et de leurs gnreuses associations pleinement actives dfendre cette dissidence. Hsitante devant les pressions internationales attises par la Rpublique des Comores qui s'estime floue d'une part de son territoire naturel, la Rpublique Franaise accepte de reconduire un nouveau scrutin pour Mayotte. Le dbat l'assemble nationale suscite une motion politique du RPR qui, vot le 3 juillet 1975, propose une loi de validation d'autonomie le par le. Mais tout s'acclre : press par l'opinion publique comorienne, le prsident Ahmed Abdallah proclame l'indpendance le 6 juillet 1975. Le mouvement mahorais entre en dissidence, s'affirme le seul lgaliste, et condamne la sortie du cadre des discussions. Un coup d'tat organis le 3 aot met en place un gouvernement prsid par le prince Jaffar, homme de paille d'Ali Soilih. En septembre, les rvolutionnaires capturent Anjouan le prsident Ahmed Abdallah en rsistance et contrle l'essentiel des trois les. Des ngociations commencent toutefois Paris, mais en octobre 1975, l'ONU reconnat l'tat comorien dans les limites dfinies avant 1975, mettant un point final la ngociation laborieusement ouverte. Par peur de reprsailles sur ces ressortissants, la France dcide de retirer tous ses agents et fonctionnaires des Comores. Les services restent sans techniciens, les lyces vides d'enseignants. Alors qu'ils partent dans l'anonymat ou sous des hues organises d'insultes dans le reste des Comores, Mahorais et Mahoraises les retiennent et s'opposent ceux qui voudraient abandonner, par crainte des troubles venir, le service public. Le 21 novembre 1975, Ali Soilih organise une marche rose, pacifique, pour reprendre Mayotte mais choue convaincre les dissidents mahorais. La France organise un rfrendum spcial le 8 fvrier 1976, les habitants de Mayotte confirment encore plus massivement leur premier vote avec plus de 90 %. Le gouvernement est nouveau dans un rel embarras pour justifier sa politique internationale de non-intervention et les accords prexistants. Le parlement franais, aprs une enqute mticuleuse, entrine les votes mahorais le 24 dcembre 1976. Mayotte devient une collectivit territoriale au prudent statut provisoire initial prvu pour cinq annes. L'assemble gnrale des Nations unies et l'Union africaine condamnent et menacent, la France est isole. Mais, face la menace d'invasion militaire qui plane sur Mayotte, les Franais ont aussi des forces militaires qui savent protger les populations qui ont librement choisi de vivre avec eux, sans discrimination de religions et de familles, de richesses sociales et de couleurs de corps. Entre 1977 et 1978, une

intervention de couverture militaire est organise, affirmant une prsence maritime franaise dans le canal du Mozambique jusque-l dlaiss. Une garnison, compose de troupes de la lgion et d'infanterie de marine gravite autour la nouvelle base mahoraise gre par la marine nationale. Le parlement franais peroit aussi la gageure juridique pour intgrer la population mahoraise. Une administration prfectorale est installe par dfaut pour grer avec prudence en fonction des principales normes administratives la collectivit mahoraise. Si le droit franais s'applique, le droit traditionnel musulman peut galement y tre appliqu au gr des justiciables par les tribunaux locaux prsids par les cadis (de l'arabe signifiant juge). Le parlement proroge par la loi du 22 dcembre 1979 une nouvelle priode quinquennale le statut de la collectivit de Mayotte.

Mayotte, collectivit franaise[modifier]Depuis 1975, l'le de Mayotte est toujours revendique par l'Union des Comores et l'Union africaine reconnat ce territoire comme occup par une puissance trangre. En 1976, La RFI des Comores a saisi le Conseil de scurit des Nations unies qui rejette la demande de reconnaissance de la souverainet de la RFI des Comores sur Mayotte par 11 voix pour et une voix contre ( vto franais )10. Durant ce temps, les lus de Mayotte, fortement pousss par la population, tentent d'obtenir de la France le statut de dpartement franais afin d'assurer un ancrage dfinitif de l'le au sein de la Rpublique Franaise. L'conomie dlabre des Comores ainsi que les graves troubles causs par la restructuration tatique comorienne ds l'arrive au pouvoir d'Ali Soilih le 2 janvier 1976 provoque un chaos et une anarchie pouvantable qui jettent des milliers de rfugis Mayotte, le qui s'obstine rester franaise. Ces migrs fuient l'action des comits politiques instaurs par le pouvoir comorien. Ceux-ci galvanisent les lycens dsuvrs dtruire la vie traditionnelle (mariages, funrailles, vieilles croyances des plus pauvres, port du voile, libres signes de distinction religieux ou ethnique...). Ils s'efforcent d'humilier les notables et marchands qui ne soutiennent pas les actions du rgime autoritaire et organisent des campagnes militaires contre les mosques, supposs lieux de rsistance au rgime qui doit apporter le bonheur tous11. En 1978, 8000 rfugis comoriens vivent Mayotte qui ne compte encore que 47000 habitants. L'installation de la garnison et de la nouvelle administration prfectorale franaise, calque sur celle de la mtropole, provoquent un afflux montaire sans prcdent. Les meilleurs agriculteurs dlaissent leurs champs pour prendre un emploi de service faible qualification. Le passage du SMIC 800 Francs dtermine le retrait des socits coloniales : elles vendent leurs terres la France. Ainsi choit l'autorit politique et administrative coup sur coup deux adaptations l'conomie moderne : la production de cultures vivrires et la mise en valeurs des ressources locales pour l'exportation. partir des annes 1990, on note un fort investissement conomique franais et un profond changement de la socit mahoraise.

En 1995 : face la croissance de l'immigration en provenance des autres les commoriennes, le gouvernement Balladur abolit la libre circulation entre Mayotte et le reste des Comores. Les Comoriens sont ds lors soumis au rgime des visas. Le 27 janvier 2000, les principaux partis politiques de Mayotte signent laccord sur lavenir de Mayotte et sur son dification en collectivit dpartementale. Le 11 juillet 2001, une nouvelle consultation lectorale approuve 73% la modification du statut de l'le qui change pour un statut assez proche de celui des dpartements d'outre-mer : une collectivit dpartementale d'outre-mer. Le 28 mars 2003, la constitution franaise est modifie et le nom de Mayotte est numr dans l'article 72 concernant l'outre-mer. Du ct des Comores, la question de Mayotte perd peu peu son importance. Ainsi, depuis 1995, la question de Mayotte n'a plus t inscrite l'ordre du jour de lAssemble gnrale de l'ONU. En 2005, le colonel Azali Assoumani, prsident des Comores depuis 1999, a dclar qu' il ne sert plus rien de rester fig dans nos positions antagonistes dantan, consistant clamer que Mayotte est comorienne, pendant que les Mahorais eux se disent Franais . Il autorisera donc Mayotte se prsenter aux jeux des les de l'ocan Indien sous sa propre bannire. Depuis le rattachement la France, l'immigration clandestine venant essentiellement d'Anjouan (l'le la plus proche) n'a fait que s'accentuer. En 2005, prs de la moiti des reconduites la frontire effectues en France l'ont t Mayotte. Cette question de l'immigration cre aujourd'hui des tensions locales. Jusqu' prsent, les immigrs clandestins comoriens, venus chercher l'Eldorado, servaient souvent de main d'uvre bon march, dans des conditions de travail proches de la condition d'esclave, pratique courante depuis des annes et exerce en toute impunit par certains entrepreneurs mahorais. Aujourd'hui, alors que la politique intrieure de la France s'est resserre et que la dmographie locale ne fait qu'augmenter, le dsir de refouler ces clandestins vers les Comores se fait de plus en plus sentir. Aucune structure n'existe pour aider ces clandestins, aucun service social hormis la DDASS, et la coopration entre la France et les Comores reste embryonnaire sur la question de la sant, malgr la prsence de cooprants franais mdicaux Anjouan. Dzaoudzi-Labattoir a t le chef-lieu transitoire de Mayotte. Mamoudzou en est devenu le chef-lieu par arrt ministriel.