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1 Brève histoire de la Sicile par Jean-Jacques TIJET « … il y a au moins vingt-cinq siècles que nous portons sur nos épaules le poids de civilisations magnifiques, toutes venues de l’extérieur ; aucune n’a germé chez nous, nous n’avons donné le la à aucune. Nous sommes des Blancs autant que vous… et pourtant depuis deux mille cinq cents ans, nous sommes une colonie… » Propos tenu par le Prince Fabrizio Salina dans Le Guépard de G. Tomasi di Lampedusa Aucun territoire dans le monde n’a connu autant de « vagues » colonisatrices que la Sicile, la plus grande île de la Méditerranée appelée Trinacrie (l’île du Triangle) dans l’Antiquité ; avant de trouver sa place dans le royaume d’Italie – enfin unifiée en 1861 - cette terre située au coeur des grandes routes commerciales de la Méditerranée - entre Occident, Orient et Afrique - a subi successivement et plus ou moins, la domination des Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Vandales, Ostrogoths, Byzantins, Arabo-Berbères, Normands, Souabes, Angevins, Aragonais, Espagnols, Savoyards, Autrichiens, Espagnols de nouveau… sans oublier le « protectorat de nos amis » anglais d’une dizaine d’années au début du XIX e ! La Sicile grecque Elle commence, selon la légende, en 734 av. J.-C., lorsqu’une simple embarcation en provenance d’Athènes commandée par un certain Théocle échoue sur la plage située aujourd’hui en face de Taormine (qui deviendra Naxos) et se termine par la conquête de Syracuse par une

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Une brève histoire de la Sicile depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle

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Page 1: Histoire de la Sicile

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Brève histoire de la Sicile par Jean-Jacques TIJET

« … il y a au moins vingt-cinq siècles que nous portons sur nos épaules le poids de civilisations magnifiques, toutes venues de l’extérieur ; aucune n’a germé chez nous, nous n’avons donné le la à aucune. Nous sommes des Blancs autant que vous… et pourtant depuis deux mille cinq cents ans, nous sommes une colonie… »

Propos tenu par le Prince Fabrizio Salina dans Le Guépard de G. Tomasi di Lampedusa Aucun territoire dans le monde n’a connu autant de « vagues » colonisatrices que la Sicile, la

plus grande île de la Méditerranée appelée Trinacrie (l’île du Triangle) dans l’Antiquité ; avant de trouver sa place dans le royaume d’Italie – enfin unifiée en 1861 - cette terre située au cœur des grandes routes commerciales de la Méditerranée - entre Occident, Orient et Afrique - a subi successivement et plus ou moins, la domination des Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Vandales, Ostrogoths, Byzantins, Arabo-Berbères, Normands, Souabes, Angevins, Aragonais, Espagnols, Savoyards, Autrichiens, Espagnols de nouveau… sans oublier le « protectorat de nos amis » anglais d’une dizaine d’années au début du XIXe !

La Sicile grecque

Elle commence, selon la légende, en 734 av. J.-C., lorsqu’une simple embarcation en provenance d’Athènes commandée par un certain Théocle échoue sur la plage située aujourd’hui en face de Taormine (qui deviendra Naxos) et se termine par la conquête de Syracuse par une

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légion romaine commandée par le consul Marcellus en 211 av. J-.C. au cours de laquelle est tué le plus célèbre enfant du pays, Archimède ! Elle remplace l’implantation phénicienne limitée à quelques comptoirs commerciaux sur la côte orientale et repousse vers le centre de l’île les premiers habitants, les mystérieux Sicanes, Sicules et Elymes.

La « colonisation » grecque – qui n’en est pas une, absence de relation tant politique qu’économique entre la « métropole » et la colonie – est caractérisée cependant par une importante hellénisation de la Sicile comme la création de magnifiques cités telles Syracuse et Agrigente et par l’édification des premiers grands temples tels ceux de Ségeste et Sélinonte.

Entre le Ve et le IIIe siècle av. J.-C. l’île connait une période agitée marquée par des guerres bien souvent entre cités (la Sicile en tant qu’Etat n’existe pas) car, à la tête de celles-ci, œuvre alors un tyran, terme antique qui désignerait aujourd’hui un dictateur. En particulier les conflits entre Sélinonte et Ségeste sont nombreux et c’est cette dernière qui introduit les Carthaginois dans l’île en leur demandant aide et protection.

Ensuite les Carthaginois tentent de conquérir la partie orientale de l’île qu’ils supposent faible après un nouveau conflit entre Syracuse et Agrigente… qui, retrouvant un semblant d’unité devant la menace, font appel – fin 278 av. J.-C. - au célèbre et puissant aventurier Pyrrhus (fils du roi des Molosses d’Epire). Vainqueur dans un premier temps celui-ci échoue devant la forteresse carthaginoise de Lilybée (Marsala) et quitte l’île à l’automne 276. Sa défaite à Bénévent devant les Romains assure à ceux-ci le contrôle de toute la péninsule Italique ; Rome, à la fin de la 2e guerre punique, bat définitivement Carthage (la ville, maudite, est complètement rasée) et s’affirme comme la nouvelle et formidable puissance méditerranéenne.

La Sicile romaine

Avec la domination de Rome la Sicile va connaitre une longue période de paix. Devenue la

première province de la République elle vit pour la première fois dans une même entité administrative. Les anciennes traditions disparaissent au profit du droit romain et des coutumes gréco-romaines car les langues vernaculaires des Siciliens deviennent le latin et le grec.

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Elle sera de longues années le « grenier à blé du peuple romain » même si, après la conquête de la péninsule Ibérique et de l’Egypte, elle n’est plus la seule province pourvoyeuse de céréales.

Ses terres appartiennent à des sénateurs romains, à l’empereur lui-même et à partir du IIIe siècle à des ecclésiastiques de la péninsule. Tous ces propriétaires les louent à des grands entrepreneurs qui, à leur tour, les sous-louent à des paysans qui les exploitent.

Comme dans toutes les régions occupées par les Romains des vestiges d’amphithéâtres, d’odéons, de théâtres et de thermes font encore l’admiration des touristes à Syracuse, Catane, Taormine, etc. Dans le centre de l’île, à Piazza Armerina, les restes d’une villa romaine imposante (construite au début du IVe ?) sont réputés par son extraordinaire pavement de mosaïques.

Si la Sicile est épargnée par le Wisigoth Alaric en 410 qui ravage la péninsule elle ne peut échapper en 440 à l’invasion des Vandales en provenance d’Afrique qui met fin à près de 6 siècles de domination romaine.

La Sicile byzantine

C’est durant le règne de l’empereur d’Orient Justinien qu’en début d’année 535 le fameux général Bélisaire et son armée de 12 000 hommes débarquent à Catane et s’emparent de l’île sans coup férir en rejetant à la mer les Ostrogoths (ils occupent l’Italie depuis le règne de Théodoric le Grand en 493) qui avaient succédé aux Vandales après que ceux-ci aient été chassés de l’Afrique par ce même général. Seule la cité de Palerme résiste mais chute à son tour à la fin de l’année. En réalité il semble que les élites de l’île aient accueilli favorablement les Byzantins en tant que représentants de leur civilisation gréco-latine et chrétienne.

Les historiens sont partagés quant à l’apport de la culture byzantine dans la Sicile durant les 3 siècles de la domination lointaine de Constantinople. En ce qui concerne le christianisme en particulier on est presque sûr que l’Eglise romaine n’a pas été complètement supplantée par l’Eglise grecque même si les monastères adoptent à partir du milieu du VIIe siècle la règle de saint Basile plutôt que celle de saint Benoît.

Quant à l’architecture il ne reste que peu de traces…les monuments élevés à cette époque n’ont pas passé les siècles, démembrés ou réemployés durant les occupations suivantes.

La Sicile musulmane Ce serait l’enlèvement d’une nonne, en juin 827, qui déclenche la conquête musulmane de la

Sicile ! Ce qui est sûr c’est que, auteur du rapt ou pas, Euphémius, amiral et gouverneur byzantin de l’île en disgrâce, pour se protéger des représailles de son empereur Michel II le Bègue, fait appel à l’émir de Kairouan qui lui envoie une flotte de près de 100 navires avec à leur bord 700 cavaliers et 10 000 fantassins. Les Arabo-Berbères sont ainsi sur place mais en définitive la conquête va durer encore de longues années jusqu’à la prise des derniers bastions chrétiens, Syracuse en 878, Taormine en 962 qui sera complètement détruit après un siège de 2 ans et Rometta (près de Messine) en 965. Notons qu’il a fallu 138 années aux guerriers d’Allah pour occuper la totalité de l’île !

C’est de Sicile que la plupart des raids prédateurs musulmans vers la Provence et l’Italie péninsulaire seront lancés (Gênes en 934, par exemple).

La conquête menée au nom de la guerre sainte et la résistance acharnée des Siciliens chrétiens ont provoqué violence et cruels combats. Par la suite, dans les zones pacifiées, il semble qu’il ait eu une coexistence pacifique même si les autorités ont la volonté de créer une société fondée sur la ségrégation religieuse stigmatisant les infidèles par des mesures vexatoires et humiliantes (impôts particuliers et port d’un signe distinctif sur les habits). Cependant des voyageurs de passage à Palerme à la fin du Xe siècle sont étonnés de constater le nombre élevé de couples mixtes… qui éduquent les garçons dans la religion musulmane et les filles dans la religion chrétienne !

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L’apport de la civilisation musulmane, en dehors de l’architecture pratiquement disparue aujourd’hui, est à rechercher dans le domaine de l’agriculture avec la généralisation de l’irrigation des terres et l’introduction de nouvelles plantes comme l’oranger, le mûrier, l’abricotier, la fraise, l’épinard, etc.

Après l’installation d’un émirat héréditaire à Palerme cette cité devient durant le Xe siècle l’une des villes la plus prestigieuse de l’Islam occidental avec Cordoue ; en plus c’est une place commerciale d’importance en relation avec tous les ports de la Méditerranée et au débouché d’une riche région agricole car la Sicile est, depuis l’époque romaine – on l’a vu - l’un des greniers à blé de l’Occident méditerranéen.

Mais cette prospérité va péricliter par la dispersion de l’autorité et la prolifération de guerres intérieures dont va bénéficier une famille de hobereaux normands courageux, talentueux et ambitieux, les Hauteville.

La Sicile normande C’est l’insécurité qui fait intervenir les Normands dans l’Italie du Sud ; celle-ci, sur la route de la

Terre sainte (les pèlerinages existaient bien avant les fameuses croisades) subissait des raids de pillage et était attaquée régulièrement par les musulmans. Les Normands, réputés excellents combattants en maitrisant la nouvelle technique du combat à cheval, étaient souvent enrôlés – en revenant de Palestine - comme mercenaires afin d’aider la population locale à se défendre… et à cela s’ajoutait l’attrait d’un beau et riche pays !

Ce sont les fils de Tancrède, seigneur de Hauteville (aujourd’hui Hauteville-la-Guichard dans le département de la Manche) – dans le diocèse de Coutances – qui vont s’illustrer dans la conquête de territoires dans l’Italie méridionale et même créer de toutes pièces un royaume, celui de Sicile qui perdurera jusqu’à l’unité italienne au XIXe siècle.

L’un d’eux, Dreu en 1046, après quelques succès militaires contre les Lombards et Byzantins crée un début de système féodal et se déclare « comte des Normands de toute la Pouille et de la Calabre » ; Robert Guiscard, son frère, se range en 1059 sous la vassalité pontificale et obtient le titre de duc de Pouille et de Calabre ainsi que de la Sicile… mais celle-ci est à conquérir !

La conquête sera de longue haleine (de la prise de Messine en 1061 à celle de Noto – près de Syracuse - et l’île de Malte en 1091) et entreprise conjointement avec son frère Roger qui devient comte de Sicile après le contrôle de Palerme acquis à la suite d’un rude siège de 10 mois en janvier 1072.

En 1105 un de ses fils, Roger lui succède. En soutenant l’antipape Anaclet il obtient le titre de roi en 1130… titre qui lui sera confirmé (il est vrai après une victoire sur les troupes pontificales près de Gaète) par le pape légitime Innocent II en 1139 : Roger II est reconnu comme roi de Sicile, duc d’Apulie et prince de Capoue.

C’est un évènement considérable – et estimé comme tel par les contemporains – car c’est une période où les Siciliens eurent un roi et un gouvernement qui leur étaient propres. Même si le royaume englobe tout le sud de l’Italie - à partir des Etats pontificaux et du duché de Spolète - le lieu du pouvoir est dans l’île car la Cour séjourne à Palerme.

Il faut souligner les talents d’administrateur de ces 2 aventuriers normands. En charge de l’île durant près de 100 ans (1061 à 1154) ils ont laissé une empreinte puisque les Siciliens, encore aujourd’hui, sont fiers d’eux et notamment le père qu’ils nomment respectueusement « il Gran Conte ». Ils avaient des qualités communes, bons guerriers et fins stratèges, excellents politiques et remarquables organisateurs. Par exemple le « grand Comte » Roger, en 1098, obtient du pape Urbain II le droit d’agir en lieu et place du légat apostolique lorsque celui-ci est absent de l’île, légat qui ne peut être nommé qu’avec l’acceptation du comte ! Ce privilège considérable – qui n’a jamais été accordé dans aucun autre royaume ou principauté - n’a été aboli qu’en 1871 lors des accords entre l’Eglise et le nouvel Etat italien !

Ils ont su aussi favoriser une cohabitation presque harmonieuse entre des communautés grecque, juive, latine et musulmane qui, partout ailleurs en ce temps de croisades, s’opposaient. La population musulmane se trouve dans la même situation que la population chrétienne sous

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l’occupation précédente. Dans la deuxième partie du XIIe siècle beaucoup d’Arabes et de Berbères quittent l’île pour aller vivre dans un pays musulman, remplacés numériquement par une population italique originaire de la Lombardie, de la Ligurie et du Mezzogiorno en particulier.

Ce qui caractérise cette période normande de l’île c’est l’apparition, dans le paysage sicilien, de châteaux forts alors très en vogue dans le monde occidental ! Ce n’est pas seulement un bâtiment défensif mais aussi et surtout un signe de puissance et d’autorité du seigneur, la plupart du temps d’origine « franque ».

Les rois normands construisent aussi des chapelles (Cefalu et la chapelle Palatine à Palerme), des églises (Monreale) et des cathédrales (Palerme) dont la construction et l’architecture ont été influencées par l’art arabe.

Si Roger II savait se conduire parfois en bon chrétien en favorisant par exemple l’implantation

de monastères grecs et latins (Bernard de Clairvaux lui en était très reconnaissant) il entretenait parallèlement un harem – comparable à celui d’un sultan arabe - dans son palais de Palerme. A sa décharge les eunuques et les femmes étaient tous de confession musulmane !

Leur succession sera délicate après la disparition du petit-fils de Roger II, Guillaume II en 1189 (Guillaume Ier a régné de la mort de son père à 1166). Son cousin germain, Tancrède de Lecce, hérite du trône ; à sa mort en février 1194, l’héritière légitime est de nouveau Constante de Sicile, la fille posthume de Roger II. Cette fois son mari, l’empereur germanique Henri VI (fils de Frédéric Ier de Hohenstaufen dit Barberousse), ne rate pas l’occasion et se fait proclamer – au grand dam de la noblesse franco-sicilienne - roi dans l’église de Palerme le jour de Noël 1194. Le lendemain naît son fils, Frédéric-Roger. A Pâques 1195 il fait défiler dans Palerme un long cortège de chevaux de bât, portant les trésors accumulés par les rois Normands, en partance pour la Germanie. Cette cohorte est d’autant plus triste qu’elle est suivie par un prisonnier, un tout jeune enfant, châtré et aveuglé, Guillaume le dernier fils de Tancrède. Cet empereur souabe mérite bien le surnom qu’il a laissé dans l’Histoire, « le Cruel ». La formidable épopée de la Sicile normande par la dynastie des Hauteville est bien terminée.

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La Sicile souabe de Frédéric II Petit-fils et de Frédéric Barberousse et de Roger II, Frédéric-Roger se devait d’avoir une forte

personnalité. Très tôt orphelin de père (1197) et de mère (1198), il vivra son adolescence assez librement à Palerme.

Roi de Sicile en 1198, doté d’un caractère entier et d’une forte détermination il va conquérir le trône impérial germanique (en grande partie grâce à Philippe Auguste qui, en 1214 à Bouvines, défait Othon IV de Brunswick) et devenir un prince hors norme sous le nom de Frédéric II, à la suite de son couronnement impérial en août 1220 à Rome. C’est ainsi que l’avenir du royaume de Sicile devient lié à celui de l’empire germanique !

Même si il a choisi la cathédrale de Palerme pour y être enseveli dans un tombeau proche de celui de ses parents il séjournera peu dans l’île après 1212, entre l’automne 1221 et le printemps 1225 et entre avril 1233 et février 1234. Palerme perd sa condition de capitale et le centre de gravité du pouvoir se décale vers le nord, Naples, Capoue…

Doté d’une certaine intelligence il orientera à jamais sa vie dans deux directions, le savoir et le pouvoir.

Très érudit il excellait dans plusieurs domaines comme les mathématiques et la géographie ; il parlait plusieurs langues dont le latin, le grec et l’arabe et a écrit un livre sur l’art de la chasse aux faucons. Il est reconnu comme le fondateur de l’université de Naples.

Il sera par contre un prince intransigeant dans le domaine de la gouvernance et n’hésitera pas à châtier brutalement toutes les résistances à son pouvoir. Il aurait confisqué plus d’une centaine de châteaux forts à des seigneurs récalcitrants. Au début de son règne il réprime durement des révoltes de musulmans, non pas en tant que tels, mais parce qu’ils rentrent en dissidence en désirant rester indépendants ; c’est un problème politique et non pas religieux.

Pour asseoir son pouvoir il édifie un réseau de forteresses dont les ruines de certaines sont encore visibles aujourd’hui comme celles de Catane, de Syracuse et d’Augusta.

Il mènera une croisade (la 6e) non pas en chevalier mais en diplomate qui lui permettra de récupérer les Lieux saints sans bataille en 1229 !

Il se heurte à la papauté qui ne peut admettre un autre pouvoir sur terre que le sien et qui, d’autre part, considère que l’Italie est son « domaine », il sera ainsi excommunié 2 fois.

Doté d’une haute capacité intellectuelle et d’une autorité naturelle il est indéniablement le plus grand monarque du XIIIe siècle reléguant à plusieurs longueurs notre Louis IX national trop conventionnel. Mais on peut être reconnu comme stupor mundi, avoir convolé 4 fois, laissé une nombreuse descendance légitime et illégitime et avoir des problèmes de succession !

A sa mort en décembre 1250 son fils Conrad lui succède mais meurt en 1254. Les papes successifs (Innocent IV, Alexandre IV et Urbain IV) ne veulent plus voir régner un membre de la famille Hohenstaufen tant dans l’empire germanique que dans le royaume de Sicile : la revendication de la papauté pour le dominium mundi se heurte à celle des empereurs qui soutiennent la primauté du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel. En plus les derniers rois de Sicile s’alliaient – parfois - ouvertement avec les Sarrazins !

Juste avant sa mort en 1264 Urbain IV – de son vrai nom Jacques Pantaléon né dans cette belle et bonne ville de Troyes – offre le trône de Sicile à Charles d’Anjou (le frère du roi de France Louis IX)… à charge pour lui d’aller le conquérir. C’est ce qu’il fait le 26 février 1266 à Bénévent en battant Manfred, le fils illégitime de Frédéric II, qui avait succédé à Conrad ; il avait été couronné roi le 6 janvier à Rome et non pas à Palerme…

La Sicile angevine

Les papes se repentirent rapidement de leur choix car Charles d’Anjou, en rien comparable à son frère, n’était pas un saint homme tant son ambition mêlée d’avidité et de cruauté était révoltante ! Nous avons cru recevoir un roi du Père des Pères, nous avons reçu un anti-Christ et d’après Michelet …Il [Charles] lança dans tout le pays une nuée d’agents avides qui, fondant comme des sauterelles, mangèrent le fruit, l’arbre et presque la terre…

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Tous les barons siciliens implorent le secours de Conradin, le fils de Conrad qui, dès ses 15 ans, réunit une troupe et s’en va affronter Charles. La confrontation a lieu dans la plaine de Tagliacozzo (dans les Abruzzes en Italie centrale) le 23 août 1268. Non seulement Conradin perd la bataille mais il sera traité d’une façon ignominieuse par Charles qui le décapite à Naples le 29 octobre suivant provoquant l’indignation de toute l’Italie.

Ne nous étonnons pas que les Siciliens, exaspérés par les méthodes brutales de leur roi et de l’administration angevine, cherchent vengeance. Ce sera fait le lundi de Pâques de l’année 1282 (30 mars). Les raisons de l’embrasement ne sont pas nettes mais d’après Michelet, ce serait une offense faite à une jeune Sicilienne par un Français qui, sous prétexte d’une fouille pour trouver une arme, aurait mis ses mains sous la robe ! Il est tué sur le champ par les compagnons de la jeune femme puis aux cris de « A mort, à mort les Français » toute la population de Palerme se révolte. S’ensuit un sanglant massacre (800 victimes ? enfin tous ceux qui n’ont pas su prononcer cicirru en sicilien : tchitchirou et non pas sissiru) passé à la postérité sous le nom de Vêpres siciliennes car peu à peu le furieux mouvement se propage dans toutes les cités de la Sicile. Les Angevins, réfugiés à Messine, sont contraints de quitter l’île et s’empressent de gagner le continent. C’est alors que le roi d’Aragon Pierre III débarque à Trapani, fait une entrée triomphale à Palerme et s’y fait couronner roi de Sicile le 7 septembre 1282 !

La Sicile aragonaise Que vient faire le roi d’Aragon dans cette affaire ? Il estime que, par son épouse Constance,

fille de Manfred de Hohenstaufen et donc petite-fille du grand Frédéric II, il a des droits sur la Sicile !

Son conflit avec Charles d’Anjou (à base de batailles navales qu’il remportera) et ses démêlés avec le pape Martin IV qui désapprouve son comportement à tel point qu’il l’excommuniera fin 1282 sont des péripéties car la situation politique ne changera pas : maintenant on distingue deux Sicile, l’une continentale avec comme capitale Naples (angevine) et l’autre insulaire (aragonaise) ; c’est la raison pour laquelle lorsque elles seront réunies plus tard, on parlera alors de « royaume des Deux-Siciles » !

Les hostilités entre Siciliens-Aragonais et Napolitains-Angevins se poursuivent de façon épisodique. Le traité d’Anagni signé le 7 juin 1295 sous la haute autorité du pape Boniface VIII qui accorde la Sicile à Charles II d’Anjou (l’Aragon reçoit la Sardaigne et la Corse en compensation) ne change rien en définitive car les Siciliens refusent la domination angevine en proposant en janvier 1296 leur territoire à Frédéric, le 3e fils de Pierre III (le 2e est devenu le roi d’Aragon Jacques II), qui se fait couronner à Palerme en mars sous le nom de Frédéric II de Sicile.

Charles II essaiera de récupérer la Sicile par les armes, en vain et un nouveau traité est conclu en août 1302 : Frédéric épouse une fille de Charles II d’Anjou, Eléonore, et s’engage à rendre la Sicile, à sa mort, à la Maison d’Anjou ! Bien évidemment il n’en fit rien et c’est son fils Pierre qui lui succèdera ! La couronne se transmettra de père en fils (ou fille) dans cette famille jusqu’en 1401 à la mort de Marie qui laisse le trône à son mari Martin d’Aragon.

Après une période trouble, durant la première partie du XVe siècle, le roi d’Aragon Alphonse V gouverne directement l’île. En juin 1442 il s’empare de Naples dont il fait sa capitale en battant les Angevins menés par le piètre René d’Anjou (qui avait hérité du royaume de Naples par le testament de la dernière reine angevine, Jeanne II) et prend le titre de roi des Deux-Siciles. Désormais l’Italie du Sud, insulaire et péninsulaire, est soumise à la même autorité, celle du monarque aragonais (Jean II roi en 1458 déclare perpétuelle l’union de la Sicile à l’Aragon) jusqu’en 1516 et ensuite espagnol jusqu’en 1713.

La Sicile, devenue une simple province, sera gouvernée par un vice-roi nommé par le souverain. Un semblant de démocratie est procuré par un Parlement, représentant les 3 ordres de l’époque, le clergé, la noblesse et les cités ; réuni tous les 3 ans – mais une députation permanente de 12 membres assure la continuité de la représentation parlementaire – sa principale mission est de voter l’impôt. Il aurait dû être un contrepoids aux décisions du vice-roi et de celles de l’administration d’origine ibérique ; il s’avère qu’il n’en a rien été et en réalité

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l’aristocratie et la bourgeoisie urbaine, satisfaites de cette autonomie limitée, se sont unies pour imposer un statut-quo politique et social.

La Sicile piémontaise (ou savoyarde) La mort du roi d’Espagne Charles II le 1er novembre 1700 va déclencher une guerre

européenne calamiteuse dont l’issue modifiera considérablement l’équilibre politique en Europe. Sans héritier il avait désigné par testament son petit-neveu Philippe, le cadet des petits-fils de Louis XIV comme son successeur (Charles II était le demi-frère de Marie-Thérèse, l’épouse de Louis XIV, leur père est Philippe IV dont la femme est une fille d’Henri IV…). Bien évidemment ce testament n’est pas accepté par les Habsbourg d’Autriche qui règnent sur l’Empire germanique ; ils proposent Charles le fils cadet de l’empereur Léopold. Comme Louis XIV intronise son petit-fils roi d’Espagne sous le nom de Philippe V (en gardant ses droits à la couronne de France), l’Angleterre, l’Autriche, les Provinces-Unies et une grande partie des Etats constituant l’Empire déclarent la guerre à la France et à l’Espagne. Cette coalition anti-française est connue sous le nom de Grande Alliance de La Haye. Nous sommes à l’automne 1702.

Cette guerre prend fin par une série de traités – qui redessinent l’Europe - dont celui d’Utrecht en avril 1713 qui donne le royaume de Sicile au duc de Savoie, Victor-Amédée II, et c’est ainsi que la très ancienne Maison de Savoie devint royale. Pourquoi ? Malgré ses virages diplomatiques (selon Pierre Milza) il semble que c’est l’Angleterre – Victor-Amédée avait l’amitié de Londres - qui a proposé en premier cette élévation pour, sans doute, « gêner » la France en lui adossant devant le territoire italien morcelé en de nombreuses principautés un Etat royal, en croyant qu’un royaume ne s’envahit pas et ne s’occupe pas comme un duché (la France, durant ce conflit avait occupé le duché… pour la 5e fois de son histoire) ! Philippe V est officiellement reconnu comme roi d’Espagne mais il perd le Milanais et Naples qui échoient à l’empereur Charles VI.

Fier de cette acquisition Victor-Amédée se rend, dès le mois d’octobre 1713, en Sicile pour se faire couronner et de jurer en personne, devant le Parlement, de respecter les privilèges du royaume.

La bonne entente entre l’élite sicilienne et Victor-Amédée est de courte durée car ce dernier veut administrer l’île comme la Savoie et le Piémont ; en particulier il envisage de supprimer de nombreuses franchises donnant lieu à trop de fraudes et d’abus et en plus il veut réduire le rôle du Parlement.

Comme la monarchie des Bourbons d’Espagne veut reconquérir le trône de Sicile elle envoie des troupes dans l’île en juin 1718 qui sont accueillies favorablement par les Siciliens. Cela contrecarre les visées expansionnistes de l’Autriche qui songe à faire de la totalité de l’Italie une vaste aire économique. En février 1719 une armée impériale accoste en Sicile et de nouveau l’île est le théâtre d’opérations militaires avec son cortège de ravages et ses pratiques de terres brulées.

L’Espagne capitule en mai 1720 et par le traité de Londres en août de la même année, la Savoie cède officiellement la Sicile à l’Autriche en échange de la Sardaigne.

La Sicile autrichienne

En définitive et comme la domination savoyarde précédente, l’occupation de l’Autriche en Sicile sera éphémère ! D’autant plus qu’elle va accumuler les provocations à l’encontre de la société sicilienne comme le refus du vice-roi de jurer de respecter les privilèges du royaume.

Les essais de relancer l’économie et l’industrie insulaires en les modernisant seront aussi un fiasco (soie, papier, sucre de canne, savon, draperie, etc.) seule l’amélioration des routes aura réussi.

A la fin de l’année 1733 des troupes espagnoles emmenées par Charles de Bourbon, un fils de Philippe V, débarquent en Sicile et conquièrent facilement l’île, aidées en cela par toute la population. Quelque temps plus tard elles vont dans la péninsule et après une courte campagne

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repoussent et battent les Autrichiens. Le 10 mai 1734 Charles de Bourbon fait une entrée triomphale à Naples. Le royaume de Naples et celui de Sicile sont de nouveau réunis à la tête desquels trône le même monarque ; cette situation sera entérinée par la paix de Vienne en 1738.

La Sicile sous les Bourbons d’Espagne Jusqu’à l’annexion de la Sicile au royaume d’Italie en 1860, c’est la même famille qui va régner

sur l’île. L’infant Charles sera le dernier souverain à venir se faire couronner à Palerme le 3 juillet 1735 sous le nom de Charles V. Il règne sur 2 royaumes, Naples et Sicile, tient sa cour à Naples et se fait représenter à Palerme par un vice-roi. Pour la petite histoire il est connu comme celui qui a lancé les fouilles à Herculanum et Pompéi.

Durant cette époque la Sicile laisse entrevoir une véritable faiblesse qui durera jusqu’au milieu du XXe siècle, la production de blé qui représente la seule richesse de l’île est entre les mains de quelques puissantes familles. En vérité la société sicilienne est duale, d’un côté les riches propriétaires et de l’autre les pauvres paysans qui exploitent une terre qui ne leur appartient pas. Ceux qui essaieront de modifier cette situation par des réformes ne réussiront pas, la modernisation et la diversification de l’agriculture seront négligeables et la société restera figée, pas de catégorie sociale entre les « barons » et la « plèbe ».

Lorsque Charles, en 1759 à la mort de son demi-frère et roi d’Espagne Ferdinand VI, monte sur le trône, il laisse les royaumes de Naples et de Sicile à son jeune fils (8 ans) Ferdinand… qui va connaitre quelques vicissitudes durant sa longue vie (il meurt en 1825 à 73 ans) !

Dès 1798 ce souverain indolent, plus soucieux de pêche et de chasse que de haute politique, s’engage dans une guerre contre la France. Qui l’a influencé, sa femme Marie-Caroline, qui hait la Révolution française laquelle a guillotiné son beau-frère et sa sœur cadette Marie-Antoinette, ou les Anglais en la personne de l’amiral Nelson (chacun sait que son idylle avec la ravissante Emma Hamilton débute à Naples) ? Peu importe car le 23 janvier 1799 une armée française commandée par Macdonald fait son entrée dans Naples, abolit la royauté et crée la République parthénopéenne… qui ne durera que le temps d’une rose car, début mai, le futur maréchal quitte le sud de la péninsule : le Directoire lui demande d’aller soutenir Moreau dans la plaine du Pô !

Comme Ferdinand intègre la 3e coalition contre Napoléon, une armée de celui-ci envahit son royaume, occupe Naples en février 1806 et bat définitivement l’armée napolitaine le 9 mars à Campo Tenese (en Calabre). Le lendemain Joseph Bonaparte monte sur le trône du royaume de Naples. Il sera remplacé par Murat en 1808 qui régnera jusqu’en 1815. Ce dernier essaiera (sans l’accord de Napoléon) de conquérir la Sicile en septembre 1810, vainement ; les quelques centaines de soldats qui aborderont l’île seront accueillis par les paysans des villages de Santo Stefano et Santo Paulo (au sud de Messine) aux cris de « A bas les Français » et « Vive les Anglais »…

La Sicile anglaise A chacune des 2 occupations de son royaume péninsulaire, Ferdinand va se réfugier à

Palerme et s’y rend sur une frégate anglaise (la première fois, fin 1798, elle fait partie de l’escadre commandée par Nelson à qui il donne, en témoignage de sa reconnaissance un grand fief, le duché de Bronte, terre sicilienne sur les contreforts ouest de l’Etna). Sa femme et lui-même auront une attitude pleine de suffisance à l’égard de la société palermitaine en ne fréquentant que les représentants des vieilles familles napolitaines et les émigrés français, milieu qui ne comprenait rien aux changements de l’Europe.

La Sicile – qui est un des rares territoires européens à n’avoir pas subi une occupation de la France révolutionnaire ou napoléonienne – a accueilli par contre près de 20 000 soldats anglais accompagnés de nombreux marchands… qui ne peuvent plus commercer dans les ports européens à cause du blocus continental imposé par Napoléon. Durant la période 1806 à 1815 la Sicile est anglaise et satisfaite de l’être car, d’après J.-Y. Frétigné, …on se pique de parler le dialecte sicilien avec l’accent anglais ! Bref, les liens très forts qui unissent les 2 îles sont, non seulement ancestraux (l’origine normande…), diplomatiques, militaires et économiques mais

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également politiques car l’Angleterre (par son envoyé spécial le très libéral Lord William Bentinck) va être à l’origine de l’élaboration d’une constitution qui, non seulement abolit les privilèges liés à la féodalité, mais également doit permettre l’établissement d’une royauté parlementaire ! Lourde charge… qui déplait fortement au roi qui se retire et laisse la place à son fils François en tant que « vicaire du royaume » malgré l’entremise du duc d’Orléans qui a essayé de jouer les négociateurs entre le roi et les Anglais (le prince, futur Louis-Philippe Ier, résidait à Palerme depuis son mariage fin 1809 avec Marie-Amélie, une des filles de Ferdinand et de Marie-Caroline) !

La constitution sera approuvée en juillet 1812 et mise en place difficilement jusqu’en 1815, date du retour de Ferdinand à Naples après la défaite de Murat en mai à Tolentino. L’espèce de protectorat anglais en Sicile prend fin.

La Sicile dans le royaume des Deux-Siciles Par 2 décrets signés en décembre 1816 Ferdinand – qui a repris les rênes du pouvoir - met fin

à la constitution de 1812 et, en accord avec les grandes puissances, crée le royaume des Deux-Siciles réunissant sous le même sceptre Naples et Palerme ; il prend le nom de Ferdinand Ier. La Sicile qui n’est plus un royaume redevient une simple province d’un nouvel Etat. Elle subit une administration centralisée à Naples et cette période de l’histoire de l’île est celle qui est la moins appréciée des Siciliens.

Elle va durer jusqu’à la réunion de la Sicile à la nation italienne naissante non sans quelques crises ou révoltes du peuple comme en 1820, 1837 et 1848.

C’est le génial aventurier niçois Garibaldi qui va redonner de la fierté aux Siciliens puisque c’est en Sicile que commence sa fameuse expédition qui aboutira à la conquête du royaume ; les Mille (nom de sa troupe composée d’un millier de volontaires) débarquent à Marsala le 11 mai 1860, battent les Napolitains à Calatafimi puis à Milazzo, poursuivent leur marche à l’intérieur de la péninsule et investissent Naples le 7 septembre.

Le 21 octobre par un plébiscite, plus de 430 mille électeurs siciliens (6 cents sont contre) acceptent la réunion de leur île à une Italie une et indivisible avec Victor-Emmanuel comme roi constitutionnel (c’est le souverain du royaume de Piémont-Sardaigne, le descendant des comtes et ducs de Savoie ; à cette époque l’Italie n’est pas encore celle d’aujourd’hui, il lui manque la Vénétie qui est autrichienne et le Latium autour de Rome appartenant à l’Eglise).

Le 17 mars 1861, après la réunion du premier parlement italien, Victor-Emmanuel II est déclaré officiellement roi d’Italie.

Est-ce que l’Italie unifiée va conquérir le cœur des Siciliens, eux qui ont tant de fois subi le joug

de leurs envahisseurs, exacteurs byzantins, émirs berbères, vice-rois espagnols ? On peut supposer que leur Histoire, de 1861 à nos jours, sera encore faite de misères et de grandeurs… et qu’ils s’adapteront, à moins qu’ils ne prennent enfin leur destin en main car maintenant « … la Sicile n’est plus une terre de conquête mais une partie libre d’un Etat libre » comme le reconnaît le Prince Salina, en novembre 1860, fin de sa réflexion citée en préambule.

Sources Histoire de la Sicile de Jean-Yves Frétigné Histoire de l’Italie – Des origines à nos jours de Pierre Milza Histoire de Byzance 330-1453 de John Julius Norwich L’Aventure des Normands VIIIe – XIIIe siècle de François Neveux Histoire de France Tome III de Jules Michelet Murat de Jean Tulard Les occupations françaises de la Savoie de Jean-Jacques Tijet Les deux dernières figures ont été reproduites à partir du livre Histoire de la Sicile, la première a été

empruntée à Wikipédia (Histoire de la Sicile)