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HARMONISER LES RÈGLES DU JEU LA BANQUE MONDIALE AMÉLIORER LES PERSPECTIVES DES FEMMES AGRICULTRICES EN AFRIQUE

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HARMONISER LES RÈGLES DU JEU

LA BANQUE MONDIALE

AMÉLIORER LES PERSPECTIVES DES FEMMES AGRICULTRICES EN AFRIQUE

RÉCOLTE DU GRAIN À KOLU, ÉTHIOPIE.

PHOTO : PETTERIK WIGGERS / IWMI

1Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

HARMONISER LES RÈGLES DU JEU :AMÉLIORER LES PERSPECTIVES DES FEMMES AGRICULTRICES EN AFRIQUE

Remerciements

Avant-propos

Introduction

Résultats clés

1ère partie : Profils des pays

Introduction

Éthiopie

Malawi

Niger

Nigéria

Tanzanie

Ouganda

Synthèse : Facteurs clés de l’écart homme-femme

2ème partie : Aller de l’avant : dix priorités politiques pour réduire les disparités entre les genres dans l’agriculture africaine

Annexes

Annexe 1 : Comparabilité des profils des pays

Annexe 2 : Les agricultrices et le statut de chef de famille

Annexe 3 : Au-delà des données de l’enquête : d’autres facteurs pouvant jouer sur l’écart homme-femme

Annexe 4 : Preuves et guide de mise en œuvre des priorités politiques pour réduire les disparités

Annexe 5 : Annexe technique sur les méthodes de décomposition

Notes

0204060915

4 165

79

1 520222426303234

6566676975

2 REMERCIEMENTS

REMERCIEMENTS

e rapport a été préparé par une équipe d’auteurs dirigée par Michael O’Sullivan de la Banque mondiale et Arathi Rao de ONE. Les principaux auteurs incluent Raka Banerjee, Kajal Gulati et Margaux Vinez.

Ce rapport a été coproduit par la Banque mondiale et ONE. Les groupes de la Banque mondiale ayant apporté leur contribution comprennent le Bureau sur la parité hommes-femmes de la région Afrique (ARGP), l’équipe membre du groupe de recherche en développement économique responsable de l’Étude sur la mesure des niveaux de vie : Enquêtes intégrées sur l’agriculture (LSMS-ISA) et l’Unité sur l’irrigation, le développement rural et l’agriculture de la région Afrique (AFTAR). Le travail fut géré par le responsable d’ARGP, Markus Goldstein, avec l’aide d’Emilie Greenhalgh pour l’écriture, l’édition et la coordination. Sara Harcourt était l’éditrice en chef et dirigea l’équipe de rédaction de ONE tandis que Caitlyn Mitchell géra la production du rapport. Catherine Blampied de ONE a participé à la rédaction. David Wilson fut responsable de la relecture. Le design et la direction artistique du rapport furent menés par Christopher Mattox et la graphiste de ONE, Elizabeth Brady.

Ce rapport a été produit avec les précieux conseils de Adrian Lovett, Jamie Drummond et Sipho Moyo de ONE, et Marcelo Guigale, le directeur de l’Unité pour la gestion économique et la réduction de la pauvreté de la région Afrique de la Banque mondiale et Makhtar Diop, le vice-président de la région Afrique.

Un groupe de conseillers composé de Francisco Ferreira, David Evans, Tijan M. Sallah, Severin Kodderitzsch, Martien Van Nieuwkoop, Calogero Carletto, et Aparajita Goyal de la Banque mondiale ont fourni d’excellentes opinions sur le rapport. Eija Pehu, Pirkko Poutiainen, Lynn Brown, Christine Heumesser, Donald Larson (tous de la Banque mondiale), et Cheryl Doss (université de Yale) ont partagé des remarques pertinentes et détaillées et ont contribué à l’examen du concept du rapport et de sa version finale.

L’équipe en charge du rapport a grandement bénéficié des réunions et des consultations avec divers intervenants dont les travaux de recherche ont contribué au rapport. Les profils de pays sont basés sur une série d’études menées par le programme LSMS « Différences entre les genres dans la productivité agricole :

identification des possibilités de croissance agricole en Afrique subsaharienne » et dont les auteurs sont listés dans les références. De plus, un certain nombre de personnes ont apporté leur aide sur un pays ou sur un sujet particulier. Pour la section d’analyse des pays, Talip Kilic a fourni les recherches sur le Malawi, présenté la méthodologie Oaxaca-Blinder et offert son aide avec des calculs et des clarifications supplémentaires. Gbemisola Oseni a prêté son assistance sur le Nigéria et sur des préoccupations d’ordre général. Amparo Palacios-Lopez a partagé ses connaissances sur le Malawi. Eliana Carranza et Arturo Aguilar ont fourni des informations essentielles sur l’Éthiopie. Vanya Slavchevska a produit des données sur la Tanzanie. Prospere Backiny-Yetna et Kevin McGee ont apporté des informations sur le Niger. Daniel Ayalew Ali, Derick Bowen, Klaus Deininger, et Marguerite Duponchel ont présenté leurs conclusions sur l’Ouganda, avec la contribution d’Ana Paula de la O Campos et d’Alberto Prieto. L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) a offert d’importants conseils sur les recommandations politiques. L’équipe aimerait remercier tout particulièrement les membres clés de l’IFPRI qui ont partagé leurs points de vue sur le rapport, dont Agnes Quisumbing, John Hoddinott, et Alan De Brauw. Amber Peterman (université de Caroline du nord de Chapel Hill) et Jenny Aker (université Tufts) ont également offert des informations essentielles. L’équipe de LSMS-ISA a fourni les données pour toutes les analyses de pays ainsi que l’annexe technique.

Des commentaires constructifs sur les versions préliminaires de ce rapport ont été fournis par le personnel de ONE : Nachilala Nkombo, Eloise Todd, Tamira Gunzburg, Tobias Kahler, Andreas Huebers, Diane Sheard, et Friederike Röder. Kelsey Jack (université Tufts), Molly Kinder (Global Development Innovation Ventures), Philippe Dongier, Paul Numba Um, Marie Françoise Marie-Nelly, Guang Zhe Chen, Kundavi Kadiresan, Rachel Sebudde, Catherine Asekenye Barasa, et Laura Kullenberg (tous de la Banque mondiale) ont fait part de leur opinion sur le rapport. Nous voudrions également remercier Malcolm Ehrenpreis, Katherine Manchester, et Niklas Buehren du Laboratoire d’innovation sur la parité homme-femme de la région Afrique de la Banque mondiale et Elisa Debordes-Cissé de ONE, pour leur aide constante envers différents éléments de la préparation et du lancement du rapport.

3Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

La Banque mondiale tient à reconnaitre le généreux soutien de la Vice-présidence de la région Afrique de la Banque mondiale et le Fonds pour l’égalité des sexes. ONE voudrait aussi remercier la fondation Caterpillar pour leur contribution à ce rapport.

Nous tenons à remercier les membres du Conseil d’administration de ONE et ses éminents conseillers, Bono, Joshua Bolten, Howard G. Buffett, Susie A. Buffett, Joe Cerrell, John Doerr, Jamie Drummond, Michael Elliott, Tom Freston, Helene D. Gayle, Morton H. Halperin, Mo Ibrahim, Ngozi Okonjo-Iweala, Ronald O. Perelman, Jeff Raikes, Condoleezza Rice, Sheryl Sandberg, Kevin Sheekey, Bobby Shriver et

Lawrence Summers, ainsi que les membres du Conseil consultatif sur les politiques africaines, Dr. Melvin Ayogu, Amadou Mahtar Ba, Owen Barder, David Barnard, Erik Charas, Romy Chevallier,  Paul Collier, Nic Dawes, Zohra Dawood, Eleni Z. Gabre-Madhin, Neville Gabriel, John Githongo, Angélique Kidjo, Acha Leke, Dr. Xiaoyun Li, Jon Lomøy, Bunmi Makinwa, Susan Mashibe, Dr. Richard Mkandawire, archevêque Njongonkulu Ndugane, Ory Okolloh, Arunma Oteh, Rakesh R. Rajani, Mandla Sibeko, John Ulanga et Russell Wildeman. Nous exprimons notre gratitude à notre éminent parrain international, l’archevêque Desmond Tutu pour son soutien et son aide.

RECENSEUR EFFECTUANT LES MESURES DE SUPERFICIE

AU COMPAS ET À LA CORDE AU NIGÉRIA.

PHOTO : SyDNEy GOURLAy / BANQUE MONDIALE

4 AVANT-PROPOS

Dans toute l’Afrique subsaharienne, l’agriculture est à la base de l’économie, représentant 30 à 40% des produits intérieurs bruts nationaux, et elle est la source principale d’emplois pour plus des deux tiers de la population. L’amélioration de la productivité, de la rentabilité et de la durabilité de

l’agriculture pour les millions d’exploitations agricoles sur le continent africain est cruciale pour éradiquer la pauvreté et stimuler une croissance partagée dans la région.

Même si les femmes représentent une proportion importante des agriculteurs africains, elles ne peuvent, pour la plupart, ni devenir propriétaires de terres ni accéder aux crédits, aux intrants agricoles productifs, aux services de vulgarisation et aux marchés, pour ne nommer que quelques facteurs essentiels pour leur productivité. Cette liste de défis colossaux signifie qu’en moyenne, les agricultrices africaines produisent moins par hectare que les hommes, ce qui a un effet négatif sur leurs familles, leurs communautés et, à long terme, sur leurs pays.

Malgré la place centrale de l’agriculture dans l’économie de la majorité des nations africaines, on en sait relativement peu sur les raisons pour lesquelles les exploitations gérées par des femmes sont en moyenne moins productives. Cette « lacune de connaissances » se traduit par une « lacune politique » dans les actions que les gouvernements africains, leurs partenaires du développement, les chefs d’entreprise et la société civile peuvent entreprendre pour égaliser les opportunités des agricultrices et des agriculteurs.

Ce nouveau rapport, « Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique », coproduit par la Banque mondiale en partenariat avec ONE, cherche à attirer l’attention internationale sur les obstacles rencontrés par les agricultrices pour nourrir leurs familles, augmenter leurs revenus agricoles et diminuer le poids de la pauvreté dans les zones rurales.

En utilisant les données disponibles renforcées par de nouvelles enquêtes permettant la ventilation des résultats par genre, ce rapport révèle de nouvelles preuves expliquant certains des facteurs responsables de la faible productivité des exploitations agricoles gérées par des femmes en Afrique. Ce rapport étudie six pays, l’Éthiopie, le Malawi, le Niger, le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda, qui ensemble constituent plus de 40% de la population de l’Afrique subsaharienne. Il présente, à ce jour, les preuves les plus claires de l’envergure et de la profondeur de l’écart entre les genres dans l’agriculture africaine.

AVANT-PROPOS

Les recommandations incluses dans le rapport offrent un menu d’actions que les gouvernements peuvent prendre en compte dans leurs efforts de stimuler la productivité des agricultrices à travers le continent. Le rapport affirme que les gouvernements peuvent aider les familles de producteurs agricoles à lutter contre les pièges de la faible productivité qui pérennisent la pauvreté et empêchent des millions d’agriculteurs de vivre une vie décente en élaborant des politiques efficaces ciblant les besoins des femmes, comme le renforcement des droits fonciers, un meilleur accès aux marchés, à la main d’œuvre et aux technologies permettant des économies de main d’œuvre, aux semences améliorées ainsi qu’à l’engrais de qualité, et l’accroissement du capital humain en exploitant les réseaux sociaux pour l’aide à la garde des enfants et pour diffuser les connaissances agricoles.

Ce rapport conjoint du Gender Innovation Lab de la Banque mondiale, région Afrique, et de ONE sort à un moment opportun, alors que la Commission de l’Union africaine a déclaré 2014 comme étant « l’Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire » en Afrique. Nous espérons que les découvertes de ce rapport susciteront beaucoup d’intérêt chez les décideurs politiques et la communauté mondiale pour le développement et qu’elles catalyseront les actions et partenariats pour la promotion d’un développement agricole durable en Afrique subsaharienne.

Il est temps de permettre aux agricultrices de s’émanciper et de les soutenir dans leurs efforts pour augmenter leur production de nourriture. En s’attaquant à la faible productivité affligeant l’agriculture africaine, nous pouvons aider l’économie agricole à révéler son potentiel de moteur majeur de croissance économique, fournissant du travail ainsi que de la nourriture, des revenus et garantissant la sécurité alimentaire. Par une action concertée, nous pouvons apporter des améliorations tangibles dans la vie des agriculteurs africains, hommes et femmes.

Makhtar Diop Vice-président, Région Afrique, Banque mondiale

5Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

AVANT-PROPOS

2014l’Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire de l’Union africaine (UA), offre une opportunité cruciale et potentiellement historique. Au sommet de l’UA en Guinée équatoriale en juin prochain, les dirigeants

africains auront la chance de renouveler leurs engagements envers la croissance et le développement agricoles. J’espère que les dirigeants saisiront cette occasion à deux mains car un secteur agricole revitalisé est essentiel pour éradiquer l’extrême pauvreté, stimuler nos économies, et transformer ainsi la vie de millions de petits exploitants agricoles sur tout le continent.

Il y a dix ans, au sommet de l’UA de Maputo au Mozambique, les dirigeants africains ont pris des engagements audacieux pour résoudre le problème du sous-investissement dans l’agriculture qui a pendant si longtemps été un obstacle au progrès. Reconnaissant le potentiel énorme enfermé au sein du secteur, de grandes promesses ont été faites d’allouer au moins 10% des budgets nationaux à l’agriculture, d’adopter des politiques de développement solides et d’obtenir une croissance d’au moins 6% dans le secteur. Mais une décennie plus tard, de nombreux pays n’ont pas fait de progrès notables sur ces engagements, et leurs plans d’investissements se sont révélés inadéquats pour répondre aux problèmes prioritaires, tels que l’écart persistant entre les genres dans l’agriculture africaine.

Il est clair que nous ignorons à nos risques et périls cette inégalité entre les hommes et les femmes et finalement, à grands frais. C’est une réelle injustice envers les agricultrices africaines et leurs familles : les femmes représentent presque la moitié de la main d’œuvre agricole mais, en moyenne, elles produisent moins par hectare que les hommes. Cet écart homme-femme absurde induit par les désavantages des femmes dans la garantie de leurs droits fonciers, l’accès à la main d’œuvre et d’autres facteurs, compromet le potentiel du secteur de susciter une croissance économique partagée, d’améliorer la sécurité alimentaire et de créer des opportunités commerciales et d’emploi pour les millions de jeunes africains qui chaque année rejoignent le marché du travail.

À ONE, nous avons récemment lancé notre campagne « Do Agric. L’agriculture, ça paye », incitant les gouvernements africains à consacrer au moins 10% de leurs budgets nationaux à des investissements agricoles efficaces, par le biais de budgets transparents et responsables. Et surtout, cette campagne les appelle à adopter des politiques intelligentes et ciblées qui stimuleront la productivité agricole, élèveront les

revenus des petits exploitants agricoles et aideront à créer de bons emplois et des débouchés commerciaux, sortant par la même occasion des millions d’africains de l’extrême pauvreté. Un désir d’atteindre une véritable transformation socio-économique à travers des politiques qui réduiront l’écart entre les genres dans l’agriculture fait partie intégrante de la campagne, cherchant à assurer que les bénéfices des investissements dans l’agriculture sont équitablement partagés et que la productivité accrue des femmes aura des effets gratifiants pour tout le secteur.

Au lancement de la campagne Do Agric à Addis-Abeba en Éthiopie, j’ai rencontré Elizabeth Nsimadala, une jeune agricultrice de l’Ouganda, qui m’a laissé une forte impression et m’a confirmé que le rôle des femmes dans l’agriculture nécessite d’être soutenu si nous voulons exploiter le plein potentiel de l’agriculture afin de parvenir à une transformation économique. Elle déclara au public « je suis une agricultrice fière et prospère. Mes revenus sont supérieurs à ceux des fonctionnaires en Ouganda. Je travaille dans l’agriculture non seulement parce que ça paye mais parce que je peux mieux le faire. » Malheureusement, l’exemple d’Elizabeth est une exception et non la règle. Depuis trop longtemps, les agricultrices d’Afrique ont été négligées et considérablement désavantagées, luttant pour sécuriser leurs terres, embaucher de la main d’œuvre agricole et accéder aux intrants tels que l’engrais.

Ce rapport, développé en partenariat avec la Banque mondiale, présente les preuves les plus évidentes à ce jour de l’envergure et de la profondeur de l’écart entre les genres dans l’agriculture africaine et les mesures à prendre pour l’éliminer. Il énonce plusieurs recommandations politiques pour les gouvernements qui veulent savoir comment mieux aider les agricultrices. Et avant tout, il devrait servir de sonnette d’alarme pour les dirigeants africains et les partenaires du développement, leur indiquant que le moment est venu d’agir et que le progrès est possible. Si les gouvernements et les partenaires investissent aujourd’hui dans l’agriculture et en particulier dans les agricultrices, ils peuvent être sûrs d’hériter d’une meilleure égalité et d’immenses possibilités qui bénéficieront aux africains pour des générations à venir et qui pourraient marquer le début de la fin de la dépendance à l’aide extérieure pour nos peuples.

Sipho Moyo Directrice Afrique, ONE

6 introduction

INTRODUCTION

Le potentiel de l’agriculture de stimuler la croissance et de réduire la pauvreté en Afrique est de plus en plus reconnu1. L’agriculture représente un tiers du produit intérieur brut (PIB) du continent et deux tiers de ses citoyens dépendent de ce secteur pour leurs revenus2. Par conséquent, des

investissements dans l’agriculture amélioreront non seulement la productivité et la capacité du continent à nourrir sa population grandissante, mais aideront aussi les familles africaines à sortir de la pauvreté. En Afrique subsaharienne, plus de 90% des personnes vivant dans l’extrême pauvreté travaillent dans l’agriculture3, et une croissance du secteur est 2 à 4 fois plus efficace pour directement réduire la pauvreté qu’une croissance dans tout autre secteur4.

Cependant l’agriculture africaine n’a pas réalisé son potentiel, souffrant d’un manque d’investissement et d’attention de ses décideurs politiques. Un des principaux freins au développement agricole et à une croissance généralisée est l’écart de productivité agricole omniprésent entre les genres. Les femmes représentent près de la moitié de la main d’œuvre du secteur agricole en Afrique, et plus de la moitié dans certains pays5, mais globalement, elles produisent moins par hectare que les hommes6. Des études à petite échelle conduites à travers le continent rendent compte des nombreux désavantages auxquels les femmes sont confrontées par rapport aux hommes, en termes d’accès aux mêmes ressources, à la formation, aux marchés et aux opportunités. Elles doivent aussi faire face à des normes et à des barrières institutionnelles enracinées qui creusent d’autant plus cet écart. S’attaquer aux obstacles qui freinent la productivité des agricultrices pourrait améliorer l’égalité des genres et accélérer la croissance économique généralisée.

Investir dans les femmes et instituer des politiques qui éliminent l’écart homme-femme dans l’agriculture africaine pourraient engendrer d’énormes bénéfices pour les femmes, leurs familles, leurs communautés et leurs pays. Combler l’écart aiderait à accroître la sécurité alimentaire et à améliorer les conditions de vie de la population africaine grandissante, qui est censée quadrupler dans les 90 prochaines années7. Si les femmes du monde entier avaient le même accès aux ressources productives que les hommes, elles pourraient augmenter leurs rendements de 20 à 30% et accroître la production agricole totale mondiale de 2,5 à 4%8. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que les gains en production agricole pourraient permettre que 100 à 150 millions de personnes ne souffrent plus de la faim.

Éliminer cette disparité peut aussi faire bénéficier la génération future de l’Afrique. Quand une femme a plus de contrôle sur ses revenus, elle a plus de poids dans les décisions importantes concernant sa famille, en particulier ses enfants. Les familles dans lesquelles les femmes influencent les décisions économiques dépensent davantage dans la nourriture, la santé, l’éducation et la bonne nutrition des enfants9. Une meilleure égalité de genres dans l’agriculture pourrait se traduire par une génération d’Africains qui seraient mieux nourris, mieux éduqués et mieux équipés pour apporter une contribution conséquente à leurs économies, dans l’agriculture et au-delà.

Reconnaissant ces opportunités, de nombreux décideurs politiques africains, gouvernements donateurs et partenaires du développement prêtent maintenant attention à la disparité homme-femme dans l’agriculture. Plusieurs dirigeants ont défendu l’importance de l’aide aux agricultrices africaines. Pourtant, malgré leurs témoignages de soutien, ces paroles ne se sont pas toujours traduites par des politiques ciblées dans les plans agricoles nationaux et les efforts régionaux et internationaux n’ont pas non plus abordé l’écart entre les genres de façon adéquate.

Récemment, les agences et donateurs pour le développement se sont mis à intégrer de plus en plus des analyses comparatives entre les genres dans leurs programmes agricoles ainsi que dans leur suivi et évaluation (M&E). La FAO vise à allouer 30% de ses budgets opérationnels à des programmes destinés aux femmes d’ici à 201710. Près de 80% des activités du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) inclut une analyse comparative entre les genres, comme défini dans son concept initial11 . L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a lancé en 2012 l’« Indice de l’autonomisation des femmes dans l’agriculture » pour mesurer les progrès en matière de croissance partagée dans chacun des 19 pays participant à l’initiative « Feed the Future »12. Tandis que 95% des projets de développement rural et agricole de la Banque mondiale ont réussi à intégrer les problèmes de disparité entre les genres dans leur concept et suivi, une plus grande attention est maintenant portée à la mesure rigoureuse des effets de ces changements sur la vie à la fois des hommes et des femmes.

Ces initiatives sont pleines de promesses mais elles pourraient être valorisées en comprenant mieux quels facteurs sous-jacents sont les véritables causes de l’écart homme-femme, comment ces facteurs varient en fonction des pays et des régions,

7Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

et quelles politiques peuvent être mises en place pour combler l’écart. Les données disponibles sur ces sujets ont été jusqu’à présent insuffisantes. Pendant trop longtemps, les décideurs politiques ont manqué de données cohérentes et de qualité sur l’agriculture, et encore plus de données ventilées par genre pour ce secteur13. Souvent, les enquêtes nationales ne fournissent pas de renseignements sur le genre de l’exploitant agricole. Les évaluations de l’accès des femmes à la terre et autres ressources ne sont pas comparables entre ou au sein même des pays, et la majorité des preuves de l’écart homme-femme sont basées sur des enquêtes à petite échelle ne permettant pas de généralisation globale14.

Ce rapport, « Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique », offre des preuves et de nouvelles idées sur les facteurs expliquant l’inégalité des genres dans six pays d’Afrique. Dans ce but, le rapport apporte trois contributions spécifiques.

Premièrement, dans la Première partie : Profils des pays, ce rapport fournit une évaluation plus robuste des écarts entre les genres dans la productivité agricole dans six pays africains, en utilisant des données recueillies par les bureaux de la statistique nationaux avec l’aide du programme d’Étude sur la mesure des niveaux de vie : Enquêtes intégrées sur l’agriculture (LSMS-ISA). Contrairement aux données précédentes, les enquêtes du LSMS-ISA sont représentatives à l’échelle nationale et comportent des informations individuelles au niveau de l’exploitant agricole et de la parcelle permettant des analyses plus riches et détaillées de la dynamique homme-femme dans l’agriculture. Les séries de données publiées pour 6 pays jusqu’à présent par le programme LSMS-ISA (l’Éthiopie, le Niger, le Nigéria, le Malawi, la Tanzanie et l’Ouganda) couvrent plus de 40% de la population de l’Afrique subsaharienne. L’étendue et la richesse de ces données donneront aux décideurs politiques une idée plus précise et plus nuancée des inégalités coûteuses dans leurs secteurs agricoles.

Deuxièmement, dans les profils des pays et le récapitulatif des résultats clés, le rapport identifie des facteurs précis responsables de l’écart homme-femme dans chacun de ces six pays grâce à une décomposition analytique, une méthode statistique normalement utilisée dans l’économie du travail. En appliquant cette méthode au secteur agricole, de nouvelles informations sont collectées sur les effets des différents facteurs jouant sur la productivité des femmes. Les agricultrices font face à un grand nombre d’obstacles, notamment concernant l’accès aux intrants clés et le profit associé (tels que l’engrais et l’information agricole), l’embauche d’ouvriers agricoles, la mobilisation de la main d’œuvre au sein du ménage et la conciliation du travail avec les tâches parentales et ménagères. Les recherches précédentes sur les disparités entre les genres se sont concentrées sur l’accès des femmes aux intrants,

concluant que si les femmes bénéficiaient d’un meilleur accès, elles seraient tout aussi productives. La méthodologie de ce rapport, en revanche, analyse non seulement la quantité et les niveaux de ressources utilisées par les femmes (que ce soit la main d’œuvre, l’engrais ou les services de vulgarisation), mais évalue aussi les retours sur investissement de ces ressources, ou si ces ressources se traduisent réellement par une augmentation de leur productivité agricole15. Ainsi, le rapport montre que, dans la plupart des pays, même si les femmes ont accès à la même quantité d’intrants que les hommes, l’égalité d’accès ne réussit pas à produire le même effet en termes de productivité agricole. Cette idée novatrice indique l’existence de normes plus larges, de défaillances du marché ou de contraintes institutionnelles qui affectent l’efficacité de ces ressources pour les femmes. Ces nouvelles découvertes vont donner aux gouvernements et aux organisations pour le développement le pouvoir de développer des politiques qui agissent sur les disparités de ressources contribuant à l’écart de productivité et qui permettent aux femmes de tirer de plus grands bénéfices de leurs ressources.

Enfin, la Deuxième partie : Priorités politiques présente plusieurs propositions d’actions concrètes afin de faire face aux principaux obstacles auxquels les femmes sont confrontées et qui sont développés tout au long des profils des pays. Se fondant sur une base de données naissante, ces propositions politiques soulignent à la fois des interventions prometteuses et des idées émergentes. Les politiques agricoles de nombreux pays africains n’ont pas fait de distinction entre hommes et femmes et leurs différents besoins. Pourtant, l’incessante disparité des genres, documentée dans ce rapport, souligne le fait qu’un changement de mentalité se fait attendre depuis bien longtemps. Les dirigeants africains doivent mieux adapter les politiques agricoles actuelles aux problèmes compromettant la productivité des agricultrices, et ils doivent concevoir et mettre en place de nouvelles politiques et programmes qui répondent aux besoins de celles-ci afin de stimuler la productivité agricole. Les donateurs peuvent jouer un rôle de catalyseur dans ces démarches en soutenant le développement et l’évaluation rigoureuse de programmes essentiels, élargissant ainsi les connaissances sur les mesures efficaces de soutien aux agricultrices.

L’Union africaine a déclaré que 2014 serait l’« Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire », attirant une attention plus que nécessaire sur la capacité du secteur à transformer le continent. C‘est l’occasion de non seulement revitaliser le secteur agricole mais également de mobiliser les gouvernements africains et les organisations pour le développement à s’engager pour une action politique dont le but est de remédier aux inégalités au sein du secteur, et en faisant cela, de tirer davantage parti des investissements futurs.

LES FEMMES ÂGÉES SONT SOUVENT SEULES À

S’OCCUPER DE LEURS PETITS ENFANTS, EN

RAISON DES EFFETS DE LA PAUVRETÉ SUR LES

COMMUNAUTÉS. LE FAIT D’AIDER CES FEMMES À

TIRER UN PLUS GRAND PROFIT DE LEURS

FERMES LEUR PORTE AIDE AINSI QU’À LA

GÉNÉRATION SUIVANTE.

PHOTO : LAURA ELIzABETH POHL / BREAD FOR THE WORLD

9Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

IllustratIon 1 : Différences entre les genres dans la productivité agricole par pays

Remarque : Les symboles ***/**/* désignent une marge d’erreur de respectivement 10%, 5% et 1%.

DIffÉrence sImple DIffÉrence en consIDÉrant la taIlle Des parcelles et les rÉgIons

0 010 1020 2030 30 40 50 60 70

NIGÉRIA

ÉTHIOPIE

MALAWI

NIGER

TANZANIE

OUGANDA

Nord

Sud

NIGÉRIA

ÉTHIOPIE

MALAWI

NIGER

TANZANIE

OUGANDA

Nord

Sud

23% *** 24% ***25%***

19%***

24%*

13%***

25%***66%***

46%***

23%***33%***

4%

17%

6%

i Les termes agricultrices, exploitantes agricoles et femmes en général sont utilisés de manière interchangeable tout au long du rapport et indiquent les femmes prenant des décisions importantes de gestion sur une parcelle cultivable donnée. L’encadré 1 dans la partie « Introduction des profils des pays » fournit des informations plus détaillées sur cette définition.

ii Les écarts en Tanzanie et au nord du Nigéria sont statistiquement insignifiants en comparaison simple.iii L’écart au sud du Nigéria est statistiquement insignifiant avec cette mesure plus affinée, probablement en raison de l’utilisation d’un échantillon de petite taille.

RÉSULTATS CLÉS

Ce rapport décrit le profil de six pays représentant plus de 40% de la population de l’Afrique subsaharienne et offre la plus claire preuve à ce jour de l’ampleur et de la gravité des disparités entre les genres dans l’agriculture africaine. Une simple comparaison entre la productivité moyenne des hommes et des femmes montre que l’écart varie entre un minimum de 13% en Ouganda à un maximum de 25% au Malawiii. Cette information suggère qu’au Malawi par exemple, les parcelles

agricoles gérées par des hommes produisent en moyenne 25% de plus par hectare que celles gérées par des femmes. Une étude plus approfondie de ces écarts, en prenant en compte les différences de taille des parcelles et les facteurs géographiques, révèle un contraste encore plus saisissant : en comparant les femmes et les hommes avec des parcelles de taille similaire dans un contexte équivalent, les écarts varient de 23% en Tanzanie à 66% au Nigeriii.

Les agricultrices produisent en moyenne moins par hectare que leurs homologues masculinsi.1

10 RÉSULTATS CLÉS

Les disparités entre les genres ne sont pas seulement le résultat d’une inégalité d’accès aux intrants. Les femmes font également face à une inégalité de rendement des intrants auxquels elles ont accès.

Les recherches antérieures mettant en avant les disparités entre hommes et femmes dans l’agriculture se sont concentrées exclusivement sur l’accès des femmes aux intrants clés, tels que les engrais, l’information et la main d’œuvre agricoles, concluant qu’avec un meilleur accès à ceux-ci, les femmes seraient plus productives. La méthodologie utilisée dans ce rapport comprend non seulement une étude de la quantité et des niveaux de ressources utilisées par les femmes, mais aussi des rendements qu’elles obtiennent avec ces ressources, ou comment ces ressources se traduisent en augmentation réelle de leur productivité agricoleiv. Ainsi, le rapport montre que, dans la plupart des pays, même si les femmes ont accès à la même quantité d’intrants que les hommes, l’égalité d’accès ne réussit pas à produire le

même effet en termes de productivité agricole. Cette idée novatrice indique l’existence de normes plus larges, de défaillances du marché ou de contraintes institutionnelles qui affectent l’efficacité de ces ressources pour les femmes. Par exemple, les femmes en Éthiopie et en Ouganda profitent moins que les hommes, en termes d’augmentation de la productivité agricole et de conseils de vulgarisation que leurs foyers reçoivent. Ceci suggère que les programmes de vulgarisation agricole actuels sont peut-être mieux adaptés aux besoins des hommes agriculteurs. Ces nouvelles découvertes vont forcer les gouvernements et les institutions pour le développement à mieux adapter les politiques et les programmes aux questions et contraintes affectant le plus les moyens de subsistance des agricultrices dans leurs pays.

Mettre l’accent sur les facteurs clés des disparités entre les genres dans chaque pays peut améliorer l’égalité des genres et promouvoir la croissance économique.

Les agricultrices font face à de nombreux désavantages, tels que des barrières dans l’accès au crédit et des niveaux d’éducation moins élevés. Cependant, toutes ces disparités ne contribuent pas de manière égale aux écarts entre les genres, certaines n’ont même aucun effet. Ce rapport fournit des preuves sur les facteurs principaux responsables de ces écarts ainsi que sur leur importance relative. Par exemple, au Malawi, les femmes utilisent des niveaux moindres d’intrants agricoles par rapport aux hommes sur leurs terres, comme l’engrais et les services de vulgarisation, et cette différence est la cause de plus de 80% des disparités de productivité dans ce pays. Le rapport montre également que tous les facteurs responsables des disparités ne jouent pas nécessairement un rôle dans chaque pays. En attirant l’attention de la politique et en rassemblant les ressources nécessaires pour s’attaquer aux questions spécifiques à chaque pays (voir Tableau 1), les décideurs politiques, praticiens et partenaires du développement peuvent commencer à s’attaquer au problème de l’égalité entre hommes et femmes et contribuer à une plus grande productivité et croissance. Les éléments suivants sont considérés dans ce rapport comme les facteurs clés des disparités des genres dans les six pays étudiés.

le manque de main d’œuvre constitue un obstacle primordial pour atteindre une égalité de la productivité à travers les pays évalués. pour faire face à cette inégalité, les gouvernements africains et les donateurs doivent faire des efforts pour développer des politiques et des programmes efficaces dans le but d’aider les agricultrices à dépasser cet obstacle.

L’agriculture en Afrique dépend énormément de la main d’œuvre fournie par les foyers des exploitants agricoles, leur famille et leur communauté. Cependant, les femmes trouvent beaucoup de difficultés à mobiliser de l’aide pour travailler sur leur exploitation agricole et ce problème commence dans leur foyer. En moyenne, les agricultrices ont tendance à vivre dans des foyers plus petits avec moins d’hommes, probablement dû au veuvage, à l’émigration ou au divorce. Par conséquent, les agricultrices en Éthiopie, au Malawi, au nord du Nigéria, en Tanzanie et en Ouganda ont moins de membres de leur famille disponibles pour fournir de la main d’œuvre pour des travaux agricoles ou domestiques. Même en prenant en compte la taille du foyer, les exploitantes agricoles au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Tanzanie déploient moins de travailleurs de leur foyer sur leurs terres. D’autre part, dans tous ces pays, sauf au Nigéria, ces travailleurs génèrent moins de rendements

2

3

iv Les déclarations expliquant les découvertes sur les rendements faites dans cette section et dans le reste du rapport supposent que toutes les autres variables demeurent constantes. L’annexe 2 fournit un complément d’information sur chaque étude distincte.

11Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

pour les agricultrices que ceux travaillant pour des agriculteurs. Les agricultrices ont également des difficultés à embaucher de la main d’œuvre extérieure performante. Ces découvertes suggèrent que les femmes ne peuvent peut-être pas se permettre autant que les hommes une main d’œuvre de qualité ; que les normes culturelles font que ces travailleurs travaillent plus durs pour un responsable masculin ; et/ou que les contraintes de temps des femmes (à cause de leur rôle dans le ménage) affectent peut-être leur capacité à encadrer leurs travailleurs. En effet, les femmes assument typiquement un rôle plus large que les hommes dans les responsabilités ménagères et la garde des enfants, ce qui restreint probablement leur aptitude à travailler dans leur propre exploitation et à gérer leur main d’œuvre. Les hommes, pendant ce temps, ont tendance à avoir plus de contrôle sur l’allocation de la main d’œuvre familiale, y compris celle des plus jeunes membres du foyer. Pour ces raisons, le fait d’avoir une plus grande proportion d’enfants dans le foyer (par rapport au nombre d’adultes) réduit la productivité des femmes plus que celles des hommes au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Ouganda.

Bien que les exploitantes agricoles dans chacun des six pays étudiés fassent face au même type de problème de main d’œuvre, les politiques visant à aider les femmes à dépasser ces obstacles sont rares. C’est pour cette raison que les gouvernements africains et les donateurs doivent rendre cette question prioritaire et développer des programmes efficaces qui aideraient les agricultrices à embaucher de la main d’œuvre extérieure, à utiliser des outils et des équipements réduisant la quantité de main d’œuvre requise à la ferme, et à accéder à des services de garderie communautaire.

les différences dans l’utilisation et dans les rendements des engrais et d’autres intrants non liés à la main d’œuvre jouent un rôle dans les disparités des genres.

Les femmes souffrent d’une inégalité d’accès à des intrants productifs variés1 et ce rapport démontre également l’importance de l’inégalité de rendement de ces intrants. En effet, les différences d’utilisation et de rendement d’intrants contribuent à la disparité des genres dans tous les pays étudiés. Au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Ouganda, les femmes utilisent en général des quantités plus faibles d’engrais que les hommes, ce qui réduit leur productivité agricole relative. En Éthiopie et en Tanzanie, les différences de rendement lié à l’engrais entre les genres suggèrent que les agricultrices dans ces pays utilisent des engrais de moins bonne qualité, l’appliquent mal ou au mauvais moment. Les gouvernements africains et les donateurs devraient soutenir les programmes qui encouragent les femmes à utiliser des quantités plus importantes d’engrais et d’autres intrants sur leurs terres et à se procurer des engrais de meilleure qualité.

même si une femme a accès à une terre agricole, d’autres défis associés peuvent limiter sa productivité.

L’accès aux terres et leur contrôle est essentiel pour le bien-être des foyers ruraux. Cependant, les régimes fonciers légaux et coutumiers défavorisent souvent les femmes en milieu rural. Celles-ci ont moins de chances de contrôler des terres que les hommes et l’insécurité foncière des femmes réduit leur investissement dans leur terre, nuisant donc à leur productivité. L’étude dans ce rapport ne peut que partiellement éclaircir ces problèmes complexes liés à l’accès aux terres et à leur contrôle. Néanmoins, elle suggère qu’un nombre de facteurs liés à la terre (au-delà de l’accès en lui-même) peut aider à expliquer les disparités entre les genres. L’un d’entre eux est la taille des terres. En Éthiopie et en Tanzanie, les femmes ont de moins bons rendements que les hommes par hectare supplémentaire de terre. Cela pourrait être dû à une moins bonne qualité des terres mais cela pourrait également être causé par la difficulté relative des femmes à gérer la main d’œuvre agricole ou l’application d’autres intrants sur des parcelles plus étendues. Les gouvernements africains doivent chercher à renforcer les droits fonciers des femmes afin de résoudre ces problèmes compromettant leur productivité.

la vulgarisation et les informations agricoles n’améliorent pas autant la productivité des agricultrices que celle des agriculteurs.

Les connaissances et la formation aux méthodes et techniques de production agricole sont essentielles, à la fois pour les hommes et pour les femmes mais les agricultrices ont souvent moins accès à cette information, en particulier celle adaptée à leurs besoins. Les exploitantes agricoles ont tendance à n’avoir qu’un accès indirect à l’information à travers leurs maris ou amis si elles ne sont pas chefs de famille. En outre, elles ne participent peut-être pas aux activités de formation du fait de leurs responsabilités ménagères ou de contraintes de transport, et elles ne peuvent peut-être pas communiquer efficacement avec des agents de vulgarisation masculins pour des raisons culturelles2. Ce rapport montre que les femmes en Éthiopie et en Ouganda profitent moins que les hommes, en termes de productivité agricole accrue, de certaines formes de conseil en vulgarisation reçues par leur ménage, suggérant que les programmes actuels de vulgarisation sont probablement plus adaptés aux besoins des exploitants masculins. Les agricultrices au Malawi, elles, font partie de foyers recevant moins de conseils techniques sur la production agricole et la commercialisation, ce qui contribue à l’écart entre les genres. Les décideurs politiques dans ces pays devraient penser à mieux adapter les services de vulgarisation aux besoins des femmes et à étendre les connaissances en agriculture en utilisant d’autres mécanismes, comme l’implication de réseaux sociaux de femmes par exemple.

12 RÉSULTATS CLÉS

les disparités entre les genres dans l’accès à l’éducation, très répandue dans les décennies passées, continue d’affecter les agricultrices aujourd’hui.

Bien que de nombreux pays africains aient récemment fait de gros progrès pour la parité dans l’enseignement, les inégalités entre les genres des années précédentes continuent de jouer un rôle dans les écarts de productivité d’aujourd’hui entre les hommes et les femmes. Les différences de scolarité entre ces derniers se traduisent en différences de productivité agricole en Ouganda et, dans une moindre mesure, au Malawi. Les décideurs politiques dans ces pays devraient donc faire tout leur possible pour élever les niveaux de scolarité des agricultrices adultes afin de les aider à combler cet écart de productivité.

l’amélioration de l’accès aux marchés pour les femmes et l’aide aux exploitantes agricoles pour passer à une agriculture commerciale à forte valeur ajoutée font leurs preuves.

Au Malawi, les agricultrices sont moins susceptibles que leurs homologues masculins de cultiver des cultures d’exportation telles que le tabac. Cette distinction contribue considérablement aux disparités entre les genres dans le pays car les cultures d’exportation se vendent à un prix plus élevé que les cultures vivrières. Cependant, au Malawi, au nord du Nigéria et en Ouganda, les exploitantes agricoles profitent de meilleurs rendements que les hommes en passant à une agriculture à forte valeur ajoutée. Les politiques qui exploitent cet avantage peuvent donc améliorer l’égalité des genres et stimuler la croissance agricole.

L’année 2014 offre une occasion historique pour les dirigeants africains, les gouvernements donateurs et les partenaires du développement de prendre les choses en main et de s’engager à lancer une action politique concrète pour diminuer l’écart entre les genres dans l’agriculture africaine.

Dans de nombreux pays africains, la politique agricole ne distingue pas les hommes et les femmes et leurs besoins respectifs. L’incessante disparité des genres, documentée dans ce rapport, souligne le fait qu’un changement de pensée se fait attendre depuis bien longtemps. Les politiques agricoles actuelles doivent mieux

s’adapter aux problèmes limitant la productivité des agricultrices, et les nouvelles politiques et programmes doivent être conçus et mis en place pour répondre à leurs besoins. Si des initiatives ne sont pas prises pour augmenter la productivité des femmes, une occasion de croissance agricole restera inexploitée et les efforts plus larges en matière de développement en seront entravés.

L’Union africaine a déclaré que 2014 serait l’Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, attirant une attention plus que nécessaire sur la capacité du secteur à transformer le continent. Dans le cadre de cette année historique, les gouvernements africains devraient renouveler leur engagement à réduire l’écart entre les genres dans l’agriculture et révéler cet engagement au sommet de l’Union africaine en Guinée Equatoriale au moins de juin.

Pour réduire cet écart, les dirigeants africains devraient prendre en considération les dix priorités et options détaillées dans ce rapport, pour répondre aux défis spécifiques à leurs pays (voir Tableau 1). Ces priorités politiques s’inspirent de la nouvelle mise en évidence de facteurs clés dans la disparité entre les hommes et les femmes. Basée sur les meilleures recherches disponibles et sur une évaluation d’impact crédible, elles sont constituées à la fois d’interventions prometteuses, pour lesquelles les données actuelles indiquent un fort potentiel de succès, et d’interventions émergentes, qui pourraient bénéficier de recherches plus poussées.

En parallèle, étant donné la connaissance limitée que nous avons de l’efficacité des politiques actuelles, les donateurs et les institutions pour le développement peuvent jouer un rôle de catalyseur en aidant les gouvernements africains à réduire l’écart entre les genres dans l’agriculture en prenant les mesures suivantes :

• En créant un « fonds d’encouragement » pour soutenir le pilotage et le renforcement des politiques qui ont fait la preuve de leur efficacité dans l’aide aux agricultrices et la réduction des disparités.

• En soutenant les plans agricoles qui accordent une attention particulière aux différences de besoins entre hommes et femmes.

• En examinant les découvertes de ce rapport relatives aux programmes de don, en continuant à faire des analyses comparatives entre les genres dans la création de programmes et en continuant de collecter des données ventilées par genre pour assurer le suivi et l’évaluation des impacts de ces programmes.

• Ces mesures marqueront un important tournant pour les exploitantes agricoles africaines afin d’obtenir l’égalité qu’elles méritent.

4

13Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Action politique prometteuse (fondée sur les données disponibles) Action politique émergente (fondée sur les données disponibles)

facteur prIncIpal polItIque publIque prIorItaIre actIons polItIques possIbles

TERRE 1. Renforcer les droits fonciers des femmes

Formaliser les droits à travers un enregistrement foncier afin d’accroître la sécurité foncière des femmes.

Augmenter la création de titres fonciers individuels et partagés pour les femmes.

Réformer la loi relative à la famille et à la succession pour protéger le droit des femmes.

MAIN D’œUVRE

2. Améliorer l’accès à l’embauche de main d’œuvre pour les femmes

Accorder des financements aux femmes pour faciliter l’embauche de main d’œuvre agricole.

Charger les agents de vulgarisation d’aider les exploitantes agricoles à trouver de la main d’œuvre.

3. Accroître l’utilisation par les femmes d’outils et d’équipements qui réduisent la quantité de main d’œuvre agricole nécessaire

Accorder des financements ou des remises aux femmes pour faciliter l’achat de machines.

4. Fournir des services de garderie communautaires. Fournir des services de garderie communautaires.

INTRANTS NON LIÉS À LA MAIN D’œUVRE

5. Encourager les agricultrices à utiliser plus d’engrais et de meilleure qualité

Accorder des financements ou des remises alignés sur leur cycle de revenus pour encourager les achats d’engrais.

Certifier des petits sacs d’engrais pour l’utilisation par les femmes.

6. Augmenter l’utilisation par les femmes de semences « améliorées »Offrir des financements flexibles pour l’achat de semences.

Aider les femmes à mieux identifier et à obtenir des semences de qualité.

INFORMATION7. Adapter les services de vulgarisation aux besoins des femmes et

tirer parti des réseaux sociaux pour y diffuser les connaissances agricoles

Former les agents de vulgarisation à cibler les agricultrices et à mieux répondre à leurs besoins en informations agricoles.

Mettre des formations et des conseils en agriculture à la disposition des femmes à travers des fermes-écoles et des applications pour téléphonie mobile.

Identifier des conseillères agricoles volontaires pour diffuser l’information dans les réseaux sociaux féminins.

ACCèS AUX MARCHÉS

8. Promouvoir l’utilisation par les femmes de cultures à haute valeur ajoutée/commerciales Promouvoir l’utilisation par les femmes de cultures à haute valeur ajoutée/commerciale.

9. Faciliter l’accès des femmes aux marchés ainsi que leur pleine participation

Offrir des services marchands à travers l’utilisation de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).

Rassembler les femmes regroupés en réseaux existants pour accéder à des débouchés commerciaux.

CAPITAL HUMAIN 10. Élever le niveau de scolarité des exploitantes agricoles adultes Élever le niveau de scolarité des exploitantes agricoles adultes.

tableau 1 : Dix priorités politiques pour réduire les disparités entre les genres dans l’agriculture africaine

14 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

UNE AGRICULTRICE VEND SON SURPLUS DE

PATATES DOUCES SUR UN MARCHÉ À MWASONGE,

TANzANIE.

PHOTO : FONDATION BILL & MELINDA GATES

15Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

1ère PARTIE : PROFILS DES PAyS

Bien que l’existence de disparités entre les genres dans la productivité agricole soit largement reconnue, les dirigeants et les décideurs politiques ont manqué d’informations cruciales sur l’étendue de ces disparités, leurs causes et les différences régionales et contextuelles. Les éléments

présentées dans cette section, couvrant une large partie du continent, comblent ce manque. Cette section offre des preuves nouvelles sur les écarts de productivité entre les hommes et les femmes dans six pays d’Afrique : l’Éthiopie, le Malawi, le Niger, le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda qui représentent ensemble plus de 40% de la population d’Afrique subsaharienne. L’analyse exposée ici permet une meilleure compréhension des défis auxquels font face les femmes, que ce soit au sein de leur famille, de leur village ou dans leur pays, pour que les décideurs politiques, praticiens et partenaires du développement puissent identifier les actions politiques prioritaires. L’encadré 1 fournit des renseignements supplémentaires sur l’utilisation des termes « agricultrice », « gérante de parcelle » et « exploitante agricole » et l’utilisation de ces termes tout au long du rapport.

Presque toutes les précédentes tentatives de compréhension de l’écart homme-femme dans l’agriculture en Afrique subsaharienne se sont appuyées sur des données provenant d’enquêtes à petite échelle qui n’étaient pas représentatives à l’échelle nationale1. Quand les analyses se basaient sur des données au niveau national, les jeux de données manquaient d’informations détaillées sur les activités individuelles et du ménage ainsi que sur les ressources liées aux parcelles individuelles, ce qui est essentiel pour une analyse rigoureuse des écarts de productivité entre les genres2.

L’analyse présentée dans les études de ces six pays remédie à plusieurs de ces lacunes grâce à la disponibilité de nouvelles données et de nouvelles méthodes d’analyse. Ces nouvelles données ont été obtenues à travers l’Étude sur la mesure des niveaux de vie : Enquêtes intégrées sur l’agriculture (LSMS-ISA) de la Banque mondiale, un programme d’enquête sur plusieurs pays visant à améliorer les statistiques sur les ménages et sur l’agriculture dans l’Afrique subsaharienne (voir encadré 2).

Afin d’identifier les facteurs déterminants de l’écart entre les genres dans la productivité agricole, les données sont analysées par l’application inédite de la

méthode de Décomposition de Oaxaca-Blinder (voir encadré 3)3. Cette méthode est normalement utilisée pour examiner les écarts de salaire dans l’économie du travail, mais ici, elle a été employée pour obtenir de nouvelles informations sur les différences homme-femme dans la productivité agricole. L’analyse définit les problèmes clés qui contribuent à l’écart dans chaque pays et indique les solutions politiques pour répondre aux problèmes et réduire l’écart. La méthode distingue les facteurs contribuant à la disparité en deux groupes de différences entre les hommes et les femmes : 1) quantité (ou niveaux) de ressources (ex : heures de travail agricole) et 2) rendements de ces ressources (ex : combien est produit par hectare en une heure de travail agricole). Étant donné la diversité des sources de données employées dans les profils des pays et de la pertinence des facteurs dans chaque cas, la méthodologie varie quelque peu entre les six pays. Des précisions sur ces différences sont disponibles dans l’annexe 1.

MESURER L’écARt HOMME-fEMME DANS LA pRODUctIVIté

Dans ce rapport, la productivité agricole est définie comme la valeur moyenne de la production agricole par hectare ou acre de terre (voir encadré 4). Les différences de productivité ont été mesurées soit au niveau de la parcelle ou ajoutées au niveau individuel de l’agriculteur dans chaque pays. Les résultats de ces enquêtes montrent que des écarts de productivité conséquents existent entre les hommes et les femmes dans chacun des six pays. L’illustration 2 démontre l’ampleur de ces écarts. Une simple comparaison de la productivité entre hommes et femmes indique des écarts notables variant entre 13% en Ouganda et 25% au Malawi (les écarts en Tanzanie et au nord du Nigéria sont statistiquement insignifiants dans cette simple comparaison). Ceci suggère qu’au Malawi par exemple, les parcelles gérées par des hommes produisent en moyenne 25% de plus par hectare que les parcelles gérées par des femmes. Une étude plus approfondie de ces écarts, prenant en compte les différences de taille de terrains et les facteurs géographiques, révèle un contraste encore plus saisissant : en comparant les femmes et les hommes avec des parcelles de taille similaire dans un contexte équivalent, les écarts varient de 23% en Tanzanie à 66% au Niger4.

16 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

IllustratIon 2 : Différences entre les genres dans la productivité agricole par pays

Après avoir pris en compte l’influence de la taille de la parcelle sur la productivité, la taille des écarts de la seconde série d’estimations est frappante. Ces estimations montrent que, dans la plupart des cas, si les femmes avaient des terrains agricoles d’une taille similaire comparée aux hommes, l’écart de productivité serait encore plus grand. Les chercheurs ont trouvé qu’il existe une relation inverse bien établie entre la taille de la parcelle et la productivité5. En d’autres termes, les rendements agricoles ont tendance à diminuer plus la taille des fermes augmente. Comme les femmes en Afrique sont plus susceptibles de cultiver des parcelles plus petites que celles des hommes, ceci peut masquer la véritable étendue de l’écart de productivité. Il est important de garder cette information à l’esprit lors de l’examen des écarts de productivité entre hommes et femmes. Cette tendance se vérifie dans toute une série de contextes6.

En particulier, les résultats très contrastés du Niger, du nord du Nigéria et de la Tanzanie illustrent l’influence de la taille des terres sur les estimations de productivité.

Le reste de cette section (« 1ère partie : Profils des pays ») explore les conditions déterminantes pour ces écarts dans chacun des six pays sélectionnés. Les six profils de pays reflètent une large sélection de pratiques agricoles et de contextes agro-climatiques, chacun avec ses possibilités et ses défis propres. Chaque profil présente le contexte du pays, définit les facteurs contribuant à l’écart homme-femme (à la fois en termes de quantité de ressources et de rendements) et offre des recommandations politiques prioritaires basées sur les facteurs clés majoritairement responsables de cet écart. La synthèse à la fin de cette section identifie les principaux freins à la productivité qui sont ressortis de l’analyse des données. Elle examine également l’importance relative d’autres facteurs qui ne s’inscrivaient pas dans les paramètres de ces analyses et fait le compte rendu des thèmes dominants dans le but de guider les futures actions politiques. « 2ème partie : Priorités politiques » offre un guide politique spécifique pour s’atteler aux problèmes prioritaires identifiés dans la 1ère partie.

Remarque : Les symboles ***/**/* désignent une marge d’erreur de respectivement 10%, 5% et 1%.

DIffÉrence sImple DIffÉrence en consIDÉrant la taIlle Des parcelles et les rÉgIons

0 010 1020 2030 30 40 50 60 70

23% *** 24% ***25%***

19%***

24%*

13%***

25%***66%***

46%***

23%***33%***

4%

17%

6%

NIGÉRIA

ÉTHIOPIE

MALAWI

NIGER

TANZANIE

OUGANDA

Nord

Sud

NIGÉRIA

ÉTHIOPIE

MALAWI

NIGER

TANZANIE

OUGANDA

Nord

Sud

17Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ENcADRé 1 : QUI ESt UNE ExpLOItANtE AGRIcOLE ?

Dans le but de maximiser la production agricole, différents membres du ménage consacrent leur temps et leur énergie aux tâches agricoles quotidiennes. Les hommes, femmes, garçons et filles d’un même ménage peuvent tous travailler la terre. En moyenne, 39% des femmes dans les six pays étudiés participent à la production agricole du ménage (tel que rapporté par le gérant agricole)7.

La plupart des recherches précédentes se sont restreintes à l’examen de la production agricole du ménage ou du chef de famille, présumant dès le départ que tous les membres du ménage ont un accès équivalent aux intrants et les utilisent avec la même efficacité, avec des niveaux similaires de productivité8. Pourtant dans de nombreux pays africains, les hommes et les femmes gèrent leurs propres parcelles. Il est donc possible et instructif d’étudier les gérants de parcelles spécifiques et de déterminer comment les niveaux de productivité diffèrent entre les hommes et les femmes9.

Ce rapport définit les exploitantes agricoles comme étant les femmes qui ont le pouvoir de décision sur une parcelle ou sur des parcelles de terre cultivable(s) et/ou sur la récolte qui en découle. Ces décisions peuvent porter sur la

préparation de la terre, les semailles, le désherbage, la récolte, le traitement agroalimentaire et la vente du surplus. De plus, le rapport utilise les termes « agricultrices », « exploitantes agricoles » et « gérantes de parcelle » de manière interchangeable. L’analyse repose sur des ensembles de données à l’échelle nationale et la définition exacte de ces termes varie quelque peu en fonction du pays examiné. Dans les profils des pays, la définition peut faire référence à l’individu dans un ménage donné qui est responsable de la gestion et de la prise de décision sur les terres agricoles ; qui cultive la parcelle donnée ; qui prend des décisions au sujet des semences à planter, des intrants à utiliser et du calendrier des tâches agricoles spécifiques ; qui décide quoi planter sur la parcelle ; ou qui est la personne considérée comme contrôlant la production des cultures plantées sur ladite parcelle. Chaque profil de pays est accompagné d’une note de bas de page contenant les détails sur la définition exacte employée dans son contexte propre. L’annexe 2 fournit des informations supplémentaires sur la proportion des agricultrices par rapport au genre du chef de famille dans chacun des pays étudiés.

ENcADRé 2 : étUDE SUR LA MESURE DES NIVEAUx DE VIE : ENQUêtES INtéGRéES SUR L’AGRIcULtURE (LSMS-ISA)10

Mis en place par l’équipe de l’Étude sur la mesure des niveaux de vie (LSMS) de la Banque mondiale, le projet LSMS-ISA travaille avec les bureaux nationaux de la statistique pour produire des données de haute qualité dans huit pays africains, dont six ayant à l’heure actuelle des données disponibles qui sont présentées dans les pages suivantes11. Toutes les données de l’ISA sont représentatives à l’échelle nationale et s’attachent à de multiples sujets d’enquêtes, permettant une analyse riche et détaillée des liens entre le bien-être, l’agriculture et la diversification des revenus en Afrique subsaharienne. Ces

données sont également ventilées aux niveaux de l’individu et de la parcelle agricole, rendant possible l’analyse d’un large éventail de sujets liés à la question de l’égalité entre les genres. En outre, toutes les enquêtes ISA sont faites par panel, ce qui veut dire que, afin de comprendre les changements dans le temps, au moins deux visites sont effectuées dans chaque ménage. Le projet LSMS-ISA mène aussi des recherches méthodologiques pour améliorer la qualité des données, véhiculant de meilleures méthodes par l’intermédiaire de formations, de documentation, de classes et d’aide technique.

18 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

ENcADRé 3 : DécOMpOSItION D’OAxAcA-BLINDER

La méthode de décomposition d’Oaxaca-Blinder permet la distinction de l’écart homme-femme en deux composants principaux : l’effet de dotation et l’effet structurel. L’effet de dotation fait référence à la portion de l’écart résultant des différences entre hommes et femmes en termes de facteurs de production tels que l’âge, les années de scolarité, la quantité d’engrais utilisée, l’utilisation de technologies agricoles et ainsi de suite. Plus simplement, il désigne les différences de quantités ou de niveaux de ressources utilisées dans l’agriculture par les hommes par rapport aux femmes. Aspect important pour les politiques publiques, cette portion de l’écart peut être diminuée en veillant à ce que les femmes obtiennent les ressources qui leur font défaut par rapport aux hommes. Cette augmentation de mise à disposition de ressources peut se faire par exemple sous la forme de plus d’éducation, d’engrais ou de main d’œuvre agricole.

D’un autre côté, l’effet structurel prend en compte les rendements des ressources. Cette portion de l’écart découle des différences de résultats

obtenus à partir d’une quantité donnée d’un facteur de production : par exemple, la différence entre la production agricole par hectare ou acre des hommes et celle des femmes ayant le même nombre d’années de scolarité ou utilisant la même quantité d’engrais. Même si les hommes et les femmes ont accès aux mêmes quantités de ressources, ils peuvent ne pas obtenir les mêmes résultats. Une différence notable dans les rendements de ressources indiquent des différences de traitement des hommes par rapport aux femmes au sein des institutions sociétales formelles et informelles, des marchés, des programmes sociaux etc12… Par conséquent, la mise à disposition de ressources supplémentaires ne réduira pas nécessairement cet effet structurel. Les politiques publiques devraient plutôt apporter des réponses au contexte plus large des désavantages auxquels sont confrontées les femmes dans le secteur agricole comme la discrimination et les services de vulgarisation agricole qui se concentrent sur les hommes.

L’annexe 5 fournit plus de détails techniques sur cette méthodologie.

ENcADRé 4 : cOMMENt AVONS-NOUS MESURé LA pRODUctIVIté AGRIcOLE ?

La productivité agricole est définie dans ce rapport comme la valeur moyenne de la production agricole par unité de terre. Les individus au sein de chaque ménage sont assignés à chaque parcelle pour une comparaison de la productivité entre les genres. Par exemple, un homme qui cultive une parcelle d’un hectare au Malawi produisant du maïs d’une valeur de 50 000 kwacha est relativement plus productif qu’une femme qui cultive une parcelle d’un hectare produisant du maïs d’une valeur de 40 000 kwacha. Plus spécifiquement,

l’analyse utilise la valeur totale de la production agricole par unité de terre, où le montant de la production agricole est mesuré d’après les estimations des agriculteurs (selon qu’ils consomment cette production, la vendent, etc…). Des valeurs sont tirées d’informations sur les prix de vente locaux et régionaux pour permettre une meilleure comparabilité, et la superficie des terres est définie soit par des appareils GPS soit par les estimations de l’agriculteur, en fonction de la série de données.

19Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

FEMMES ALLANT CHERCHER DE L’EAU

DANS UN PUITS À GOUEzE (NIGER).

PHOTO : ALBERTO zEzzA / BANQUE MONDIALE

20 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

RÉSUMÉles exploitantes agricoles13 en Éthiopie produisent en moyenne 25% de moins (en termes de valeur brute de la production) par hectare que leurs homologues masculins.

les agricultrices ont accès à un réservoir plus restreint de main d’œuvre dans leurs ménages, consacrent moins de temps aux activités agricoles et sont moins susceptibles de cultiver une parcelle louée que les hommes, contribuant aux disparités homme-femme. De plus, les femmes ont des rendements plus faibles par rapport au temps qu’elles consacrent aux activités agricoles, aux services de vulgarisation reçus et à leur utilisation d’engrais et de bœufs.

les interventions politiques visant à combler le fossé entre les genres devraient promouvoir l’utilisation par les femmes de technologies permettant des économies de main d’œuvre, offrir des conseils sur l’utilisation d’intrants qui leur sont mieux adaptés et prendre en compte leurs responsabilités ménagères.

INTRODUCTIONDes améliorations dans le secteur agricole offrent une grande chance de réduire la pauvreté en Éthiopie, le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. Le secteur compte pour près de la moitié du PIB14 éthiopien. En outre, plus des trois-quarts de la population du pays résident dans des zones rurales, où le taux de pauvreté est de 30%. Les petits agriculteurs cultivent 96% des terres agricoles d’Éthiopie, produisant principalement des cultures céréalières de subsistance. Le gouvernement joue un rôle central dans les marchés de semences et d’engrais et

reste propriétaire de toutes les terres du pays, régulant les transferts et les locations. Les politiques gouvernementales s’efforcent de développer la prestation de services de crédit et de vulgarisation agricole pour les agriculteurs. Malgré ce progrès, un écart demeure entre hommes et femmes agriculteurs. Augmenter la contribution des agricultrices dans leur secteur pourrait engendrer des bénéfices pour les ménages en milieu rural et pour toute l’économie éthiopienne.

MESURER L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURECe profil est basé sur les recherches de Aguilar et al., qui ont examiné l’ampleur en Éthiopie de l’écart entre les genres dans la productivité agricole et les facteurs qui y contribuent15. Leur étude est fondée sur les données de l’Enquête socio-économique rurale de l’Éthiopie de 2011-2012 (ERSS), menée par l’Agence centrale de

statistiques d’Éthiopie dans le cadre de l’initiative du LSMS-ISA. L’échantillon de l’enquête comprenait 1 528 gérants agricoles dont approximativement 16% étaient des femmes.

ÉTHIOPIE

21Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

En moyenne, les exploitantes agricoles en Éthiopie produisent 23% en moins par hectare que leurs homologues masculins16. Cet écart monte à 26% pour les exploitants agricoles à des niveaux médian de productivité (ceux au 50ème percentile) et se réduit à 11,8%17 pour les moins productifs (au 10ème percentile). Les agricultrices éthiopiennes font face à des obstacles multiples qui limitent leur productivité : des différences à la fois dans les niveaux de facteurs de production utilisés et dans les rendements de ces facteurs qui élargissent considérablement l’écart homme-femme. Des détails plus approfondis sur ces différences clés sont listés ci-dessous :

• Disponibilité de la main d’œuvre agricole dans le ménage : les exploitantes agricoles d’Éthiopie vivent dans des ménages avec en moyenne 1,7 moins de membres que leurs homologues masculins. Cette différence amplifie grandement l’écart de productivité agricole entre les genres, expliquant près d’un quart (23%) de l’écart général. Cette découverte suggère que les femmes pourraient profiter d’un plus grand réservoir de main d’œuvre dans leur ménage (en particulier de plus d’hommes adultes) pour accroître leurs niveaux de production.

• obligations ménagères concurrentielles : les femmes sont souvent chargées des tâches ménagères dont la garde des enfants. Ces obligations se traduisent par un manque de flexibilité des agricultrices pour déterminer quand et combien de temps elles peuvent se consacrer aux activités agricoles. En effet, les exploitantes agricoles éthiopiennes consacrent presque neuf heures de moins par semaine aux tâches agricoles que les hommes et cette disparité compte pour 13% de l’écart général entre hommes et femmes. De plus, une heure de travail agricole effectuée par une

PRENDRE EN COMPTE L’ÉCART HOMME-FEMME EN ÉTHIOPIE

Les prochaines interventions politiques agricoles devraient prendre en compte les problèmes suivants liés à la disparité entre les genres afin de réduire la pauvreté et parvenir à une croissance agricole partagée en Éthiopie :

promouvoir les technologies permettant des économies de main d’œuvre pour les femmes : des outils, équipements et machines qui diminuent la quantité de la main d’œuvre nécessaire peuvent bénéficier aux agricultrices. Les politiques qui augmentent la main d’œuvre disponible pour les exploitantes agricoles devraient aussi être engagées.

fournir des informations pertinentes pour les agricultrices : les agents de vulgarisation et autres sources de conseil agricole devraient mieux adapter leurs informations aux besoins des femmes. En particulier, les femmes pourraient profiter d’informations sur l’ utilisation correcte d’intrants agricoles clés comme l’engrais.

alléger le poids des tâches ménagères : Offrir des services qui réduisent le temps que les femmes passent à s’occuper des tâches ménagères pourrait leur permettre d’allouer plus de temps à des activités agricoles productives.

femme ne produit pas un aussi bon rendement qu’une heure de travail agricole effectuée par un homme, en termes d’augmentation de la productivité.

• qualité et taille des terres : les femmes ont des difficultés à obtenir les bonnes terres agricoles pour améliorer leur productivité. Elles sont moins susceptibles que les hommes de louer leur terre, une tendance qui explique 20% de l’écart général. Les locations de terres peuvent permettre aux agriculteurs d’accéder à des terres de meilleure qualité que celles qu’ils possèdent. Une autre explication à cette découverte est que les exploitants les plus productifs (des hommes dans ce cas) sont aussi les plus susceptibles de louer des terres. Les différences de rendement par rapport au nombre de champs gérés et la distance entre les parcelles et le ménage minimisent d’autant plus la productivité des femmes comparée à celle des hommes.

• rendements liés à l’utilisation d’intrants agricoles : les femmes ont une moins bonne production agricole que les hommes même lorsqu’elles utilisent la même quantité d’engrais et de bœufs dans leurs champs. De nombreuses raisons peuvent être à la source de ces résultats, telles que les différences de connaissance des techniques agricoles les plus appropriées ou du bon moment pour utiliser ces intrants.

• connaissance des pratiques agricoles améliorées : bien que l’accès aux services de vulgarisation agricole ne contribue pas à l’écart homme-femme, ces services génèrent des rendements relativement meilleurs pour les hommes. Ce résultat suggère que les femmes reçoivent peut-être des conseils de vulgarisation moins efficaces ou que ceux-ci ne sont pas adaptés à leurs besoins spécifiques.

PRIORITÉS POLITIQUES

22 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

MALAWI

RÉSUMÉen moyenne, les parcelles gérées par des femmes18 produisent 25% de moins (en termes de valeur brute de la production) par hectare que celles gérées par des hommes.

les femmes utilisent des quantités plus faibles d’intrants agricoles comme des semences améliorées, des engrais inorganiques et des services de vulgarisation sur leurs terres que les hommes. cette disparité représente plus de 80% de l’écart homme-femme en productivité agricole du malawi. les différences de qualité de ces intrants et leurs rendements contribuent au reste de l’écart.

les interventions politiques visant à réduire cet écart devraient s’assurer de l’égalité d’accès aux intrants agricoles et de leur utilisation et devraient prendre en considération les obligations de garde des enfants des femmes.

INTRODUCTIONLe Malawi, avec sa population à majorité rurale de presque 16 millions d’habitants, repose fortement sur des exploitations agricoles de petite taille pour assurer la sécurité alimentaire et stimuler la croissance économique du pays. Le secteur agricole représente 31% du PIB, bien que les changements climatiques, le déclin de la fertilité des sols et l’utilisation limitée d’intrants et de pratiques agricoles améliorées aient compromis la productivité du secteur lors des vingt dernières années19. L’agriculture représente également le principal moyen de subsistance : 84% des ménages au Malawi

possèdent ou cultivent des terres et presque tous font pousser du maïs, le principal aliment de base du pays. La plupart des ménages agricoles pratiquent l’agriculture de subsistance, avec moins de la moitié vendant ce qu’ils produisent. La pauvreté y reste donc une question fondamentale et elle affecte de façon disproportionnée les ménages dont les chefs de famille sont des femmes : en 2011, 49% des ménages avec des hommes pour chef de famille vivaient sous le seuil national de pauvreté, comparé à 57% des ménages avec des femmes pour chef de famille20.

MESURER L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURECe profil est basé sur les recherches de Kilic et al., qui se sont efforcés d’évaluer l’écart homme-femme dans la productivité agricole au Malawi et de reporter toute différence observée entre les parcelles gérées par les hommes et celles gérées par les femmes21. L’analyse est fondée sur les données de la 3ème Enquête intégrée sur

les ménages (IHS3) de 2010–11 collectées par le Bureau national de la statistique du Malawi avec l’aide de l’initiative du LSMS-ISA. Les données de l’IHS3 portent sur 12 271 ménages. L’échantillon est composé de 16 372 parcelles, dont 26% gérées par des femmes.

23Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

PRENDRE EN COMPTE L’ÉCART HOMME-FEMME AU MALAWIEn moyenne, les parcelles gérées par des femmes produisent 25% de moins par hectare que celles gérées par des hommes. Cet écart varie de 22% pour les agriculteurs les moins productifs (au 10ème percentile) à 37% pour les plus productifs (au 90ème percentile). Plusieurs facteurs y contribuent :

• quantité d’intrants agricoles : Les femmes utilisent moins d’intrants agricoles, notamment de semences améliorées22, d’engrais inorganiques et de services de vulgarisation, sur leurs terres que les hommes. Globalement, cette disparité représente plus de 80% de l’écart homme-femme dans la productivité agricole du pays. Elle représente la totalité de cet écart parmi les agriculteurs les moins performants du Malawi, ceux dans le dernier tiers en termes de productivité agricole. S’assurer que les femmes utilisent des quantités d’intrants complémentaires équivalentes aux hommes pourrait donc limiter le pourcentage de la disparité entre les genres à 4,5% et l’éliminer complètement parmi les moins productifs.

• qualité de l’épandage d’engrais : Bien que les différences dans les quantités d’intrants utilisées soient responsables de la majorité de l’écart de productivité, les différences dans la qualité de ces intrants et leurs rendements ont également un impact. Les hommes ont de meilleurs rendements même quand ils appliquent la même quantité d’engrais inorganique que les femmes, ce qui suggère que les

femmes utilisent peut-être de l’engrais de qualité inférieure, l’appliquent mal ou au mauvais moment.

• efficacité de la main d’œuvre agricole : L’utilisation de la main d’œuvre masculine adulte du ménage génère de meilleurs rendements pour les terres gérées par les hommes que celles gérées par des femmes. Ceci suggère que les hommes travaillent plus durs ou plus efficacement sur les terres agricoles gérées par d’autres hommes.

• poids de la garde des enfants : Les obligations parentales incombent principalement aux femmes et il est plus probable qu’elles restreignent la capacité de celles-ci à encadrer leur main d’œuvre agricole et qu’elles réduisent leur productivité. En effet, un plus grand nombre d’enfants dans les ménages réduit de manière significative la productivité des terres gérées par les femmes mais n’affecte pas celle des hommes.

• exportation des cultures : Les hommes sont plus susceptibles de cultiver des cultures d’exportation. Parmi les agriculteurs les plus productifs, cette différence dans la part des terres utilisées pour l’exploitation de cultures d’exportation (tabac et coton principalement) accentue l’écart homme-femme, représentant plus de la moitié de la différence en productivité agricole.

PRIORITÉS POLITIQUESLes prochaines interventions politiques agricoles devraient prendre en compte les problèmes suivants liés à la disparité entre les genres afin de réduire la pauvreté et parvenir à une croissance agricole partagée au Malawi :

s’assurer que les agricultrices aient accès et utilisent la même quantité d’intrants productifs clés que leurs homologues masculins : s’assurer que les agricultrices du Malawi appliquent des quantités similaires d’intrants agricoles tels que de l’engrais inorganique, des pesticides et herbicides, et cultivent des variétés de cultures améliorées et d’exportation, pourrait réduire l’écart homme-femme moyen de plus de 50%.

prendre en compte les obligations parentales et autres responsabilités ménagères des femmes : les politiques qui permettent aux femmes de consacrer une plus grande partie de leur temps à la gestion de leurs exploitations agricoles pourraient stimuler leur productivité.

encourager les agricultrices productives à se lancer dans l’agriculture d’exportation : aider les exploitantes agricoles à forte productivité à développer des cultures d’exportation pourrait réduire l’écart homme-femme.

24 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

NIGER

RÉSUMÉau niger, les parcelles gérées par des femmes23 produisent en moyenne 19% de moins (en termes de valeur brute de la production) par hectare que celles gérées par des hommes.

une plus forte utilisation par les hommes de main d’œuvre d’hommes adultes et leurs meilleurs rendements sont responsables de la majorité de l’écart homme-femme du niger. les hommes utilisent également des quantités plus importantes d’engrais et sont plus susceptibles d’être propriétaires de leurs terres, accroissant d’autant plus les disparités. les différences de rendements liées à l’engrais organique, la terre et la proportion d’enfants dans le ménage contribuent aussi à la différence de productivité, soulignant l’importance des inégalités structurelles fondamentales dans l’écart homme-femme au niger.

les interventions politiques visant à réduire cet écart devraient se concentrer sur l’augmentation de l’embauche de main d’œuvre agricole et l’utilisation d’engrais par les femmes et sur l’amélioration de leur accès aux terres et leur contrôle.

INTRODUCTIONLe Niger, un pays enclavé de l’Afrique de l’ouest avec une population de plus de 17 millions d’habitants, est confronté à un climat défavorable avec peu de précipitations et des sècheresses fréquentes. Bien que le désert du Sahara couvre la majorité du pays, n’en laissant que 12% cultivable, le Niger repose fortement sur l’agriculture pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de ses citoyens. La production agricole et animale représentait 40% du PIB du Niger entre 2004 et 2011, et plus de 60% des revenus des ménages ruraux proviennent du secteur agricole. Cependant, le secteur est caractérisé par une utilisation très limitée d’intrants et une faible

productivité. Près de la moitié des citoyens vivent en-dessous du seuil de pauvreté national et pratiquement tous ces ménages pauvres (94%) vivent dans les zones rurales. Les femmes représentent environ 24% de la main d’œuvre agricole du Niger, un chiffre bien en-dessous de celui des autres pays examinés dans ce rapport24. Les femmes sont les seules propriétaires de seulement 9% de toutes les terres contrôlées par des ménages nigériens, par rapport à 62% appartenant à des hommes25. Accroître la contribution des femmes dans le secteur agricole du Niger pourrait aider les ménages ruraux à se sortir de la pauvreté.

MESURER L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURECe profil est basé sur les recherches par Backiny-Yetna et McGee, et analyse l’écart homme-femme dans la productivité agricole du Niger en exploitant les données de l’Enquête Nationale sur les Conditions de Vie des Ménages et l’Agriculture (ECVMA) de 2011, recueillies par l’Institut National de la Statistique du Niger avec l’aide de l’initiative LSMS-ISA26. L’ensemble des données de l’ECVMA couvre 3 968 ménages.

Les auteurs ont examiné les données de 4 814 parcelles gérées par les hommes et les femmes dans ces ménages. Environ 40% des parcelles de l’échantillon étaient administrées collectivement par la famille. Dans ce cas, les auteurs ont assigné le chef de famille comme étant le gérant de la parcelle. Les femmes gèrent approximativement 15% des terres de l’échantillon total.

25Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

PRENDRE EN COMPTE L’ÉCART HOMME-FEMME AU NIGEREn moyenne, les parcelles gérées par des femmes produisent 19% de moins par hectare que celles gérées par des hommes27. L’écart de productivité entre les hommes et les femmes, qui a tendance à être le plus fort parmi les agriculteurs les plus productifs du Niger, varie entre 4%28 parmi les moins productifs (au 10ème percentile) et 34% parmi les plus productifs (au 90ème percentile). Plusieurs facteurs y contribuent :

• main d’œuvre : Les femmes sont confrontées à des difficultés d’accès, d’utilisation et de mobilisation de main d’œuvre agricole masculine. Les Nigériens utilisent plus de main d’œuvre adulte masculine issue des ménages dans leurs fermes que les Nigériennes, et ce déséquilibre contribue largement à l’écart entre les genres dans le pays. Les femmes bénéficient moins, en termes de gains de productivité, du travail d’un homme par jour et par hectare que les hommes. De plus, l’ajout au ménage d’une personne supplémentaire augmente plus la productivité des parcelles gérées par des hommes que celles gérées par des femmes. Le recours à l’embauche de main d’œuvre agricole ne fait qu’aggraver ces inégalités : les hommes bénéficient de rendements relativement plus élevés après l’embauche de main d’œuvre dans la communauté ou l’utilisation plus intensive de main d’œuvre non-familiale.

• quantité et qualité de l’engrais : Les hommes utilisent plus d’engrais organique et inorganique par hectare que les femmes, accroissant l’écart homme-femme.

Cette différence de rentabilité exacerbe la différence de rendements. Ces découvertes suggèrent que, bien que l’utilisation d’intrants agricoles soit globalement faible dans tout le Niger, les disparités entre les genres dans l’utilisation d’intrants réduit davantage la productivité.

• propriété foncière et caractéristiques : Les hommes sont plus susceptibles d’être propriétaires agricoles et profitent de meilleurs retours sur investissement que les femmes. Ils bénéficient également de relativement meilleurs rendements avec l’altitude des parcelles, une découverte nécessitant des recherches plus approfondies. Toutes ces différences creusent l’écart de productivité homme-femme et soulignent l’importance des disparités des genres dans la sécurité foncière et l’attribution des terres au Niger.

• responsabilités parentales : Une augmentation de la proportion d’enfants dans les ménages est corrélée à de meilleurs rendements pour les hommes que pour les femmes. Cette découverte est peut-être liée au fait que les femmes ont un plus grand rôle dans la garde des enfants et les tâches ménagères, ce qui restreint probablement leur capacité à superviser leur main d’œuvre agricole et ainsi réduit la productivité de leurs parcelles.

PRIORITÉS POLITIQUESLes prochaines interventions politiques agricoles devraient prendre en compte les problèmes suivants liés à la disparité des genres afin de réduire la pauvreté et parvenir à une croissance agricole partagée au Niger :

faciliter l’accès à l’embauche de main d’œuvre agricole et son utilisation par les femmes : les décideurs nigériens devraient envisager des politiques qui répondent à la pénurie de main d’œuvre des agricultrices ainsi que des options qui permettent aux femmes de consacrer une plus grande partie de leur temps à la gestion de leurs terres.

accroître l’utilisation efficace d’engrais par les femmes : les femmes appliquent moins d’engrais sur leurs parcelles que les hommes et elles le font de façon moins efficace. Des politiques qui augmentent et améliorent leur utilisation d’engrais pourraient donc aider à combler cette différence.

soutenir l’accès aux terres et la sécurité foncière des femmes : les femmes ont besoin d’un meilleur accès aux terres ainsi que de la confiance et de l’assurance qu’elles et leurs familles bénéficieront de leurs investissements fonciers. Pour ces raisons, des politiques visant à renforcer les droits fonciers des femmes devraient être envisagées.

26 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

NIGÉRIA

RÉSUMÉla taille et la grande diversité socio-économique du nigéria prouvent la nécessité d’une analyse régionale des différences de productivité entre les hommes et les femmes.

au nord du nigéria, les terrains agricoles gérés par des femmes29 semblent, en effectuant une simple comparaison, être aussi productifs que ceux gérés par des hommes. cependant, il existe des différences clés de quantité entre les hommes et les femmes à travers plusieurs facteurs de production, tels que la taille des terres, l’utilisation d’engrais, les caractéristiques de la main d’œuvre et du ménage. après avoir pris en compte ces différences, les terrains gérés par les femmes produisent 27% de moins (en termes de valeur brute de la production) par hectare que ceux gérés par des hommes. en plus de divergences de quantités des facteurs productifs, les différences de rendements de ces facteurs constituent un des principaux éléments de la disparité entre les genres, suggérant que le fait de simplement fournir aux femmes les mêmes quantités d’intrants productifs que les hommes ne parviendra pas à combler complètement cet écart.

au sud du nigéria, en faisant une simple comparaison des moyennes, les parcelles gérées par les femmes semblent produire beaucoup moins (en termes de valeur brute de la production) par hectare que celles gérées par des hommes. cependant, en prenant en compte les différences de quantités de facteurs productifs clés, cet écart n’est plus statistiquement significatif. contrairement au nord, les femmes du sud ont des rendements moyens liés aux facteurs de production similaires aux hommes. ces découvertes suggèrent que si les femmes du sud utilisaient les mêmes quantités de facteurs de production que les hommes, elles pourraient produire autant et l’écart pourrait disparaître.

les politiques futures visant à réduire cet écart au nigéria devraient se concentrer sur l’augmentation de l’utilisation de main d’œuvre, de technologies permettant des économies de main d’œuvre et d’intrants chimiques par les femmes, tout en élargissant la participation des femmes dans l’agriculture commerciale et en adaptant ces politiques aux divergences de pratiques agricoles et de facteurs institutionnels entre les régions.

INTRODUCTIONLe Nigéria est en bonne voie de devenir le quatrième pays le plus peuplé du monde en 202530. L’agriculture joue un rôle important dans son économie, contribuant à environ 40% de son PIB et fournissant du travail à près de 60% de sa population active31. L’agriculture joue un rôle encore plus grand au nord du pays, employant 80% des ménages comparé à 50% dans le sud, producteur de pétrole et plus urbanisé. Pourtant, le secteur reste basé sur des petites exploitations de subsistance, avec des niveaux relativement faibles de commercialisation. Près de la moitié des Nigérians

vivent en dessous du seuil de pauvreté et ceux vivant du secteur agricole sont confrontés à des niveaux de pauvreté encore plus élevés32. De multiples facteurs entravent la contribution des femmes à la croissance agricole. Comme dans la majorité de l’Afrique subsaharienne, les Nigérianes ont un accès relativement limité aux terres, aux intrants et aux services agricoles productifs en comparaison avec les hommes. La réduction de l’écart homme-femme dans la productivité agricole promet donc de réduire considérablement la pauvreté dans le pays.

27Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

MESURER L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURECe profil est basé sur les recherches d’Oseni et al., qui ont évalué l’écart entre les genres dans la productivité agricole du Nigéria ainsi que les facteurs clés contribuant à cet écart33. Ils ont utilisé les données de l’Enquête générale par panel sur les ménages (GHS-Panel), conduite par le Bureau national de la statistique du Nigéria avec l’aide de l’initiative LSMS-ISA. Le GHS-Panel inclut 2 431 ménages agricoles exploitant 4 240 parcelles de terres, dont 25% sont gérées par des femmes. En raison du nombre limité

de parcelles gérées par des femmes à l’ouest du pays ainsi que dans l’état de Niger et le territoire fédéral d’Abuja, l’analyse finale ne prend en compte qu’approximativement 3 000 parcelles dans le reste du pays. Les auteurs ont subdivisé leurs résultats par groupes du nord (zones nord-est et centre-nord) et du sud (zones sud-est et sud-sud) pour fournir des informations plus détaillées, étant donné la variété des zones agro climatiques et du contexte socioéconomique du Nigéria.

PRENDRE EN COMPTE L’ÉCART HOMME-FEMME AU NIGÉRIAAu nord du Nigéria, les parcelles gérées par les femmes semblent être en moyenne aussi productives que celles gérées par des hommes en faisant une simple comparaison, en raison des différences de tailles des terres agricoles. Les femmes du nord gèrent des terrains qui font presque la moitié de ceux des hommes. Plus la taille de la ferme augmente, plus sa productivité baisse (voir l’encadré 5 de l’Introduction des profils des pays pour plus de détails). Cette différence masque donc les écarts flagrants qui existent entre les genres dans les rendements agricoles au nord du pays. En d’autres termes, l’écart homme-femme serait encore plus grand si les femmes du nord avaient des parcelles de taille similaire à celles des hommes. En effet, après la prise en compte des caractéristiques du ménage, de gestion et d’utilisation d’intrants, les parcelles gérées par les femmes produisent en moyenne 27% en moins par hectare que celles gérées par les hommes, soulignant l’importance non seulement des quantités mais aussi des rendements des facteurs productifs dans la disparité des genres au nord du pays.

• quantité et efficacité de la main d’œuvre agricole : les hommes du nord sont plus susceptibles de vivre dans des familles qui ont plus de main d’œuvre adulte disponible et d’embaucher plus de main d’œuvre extérieure pour satisfaire leurs besoins agricoles. Les différences dans le nombre d’hommes adultes dans les ménages et l’intensité de l’embauche de main d’œuvre masculine (mesurées par jour par hectare) représentent une large proportion de l’écart général. Parallèlement, l’ajout d’une femme adulte au ménage génère moins de rendements pour les parcelles gérées par des femmes que celles gérées par des hommes. Cette découverte suggère que les femmes sont moins performantes sur les parcelles gérées par d’autres femmes.

• proportion de l’utilisation d’engrais : les agricultrices ont tendance à utiliser moins d’engrais par hectare que les hommes, et cette différence représente une proportion importante de l’écart général. L’élimination de cette disparité dans l’utilisation d’intrants pourrait réduire l’écart de productivité entre les genres dans le nord du pays.

• participation à l’agriculture commerciale : l’utilisation de cultures commerciales et de semences achetées par les femmes réduit l’écart entre les genres en termes de rendements, signifiant que la productivité des agricultrices augmente davantage grâce à ces activités que celle de leurs homologues masculins. Encourager les exploitantes agricoles à cultiver des cultures à plus forte valeur ajoutée pourrait les aider à éliminer l’écart de productivité entre les hommes et les femmes.

• Âge : les femmes plus âgées ont de moins bons rendements, suggérant que les femmes et en particulier les veuves sont désavantagées dans leur production agricole avec l’âge.

Au sud du pays, les femmes obtiennent en moyenne des rendements liés aux facteurs de production similaires aux hommes, indiquant que les différences dans la productivité entre hommes et femmes disparaîtraient si les femmes pouvaient bénéficier de quantités égales d’intrants clés. Les facteurs influençant la disparité des genres dans le sud incluent :

• Disponibilité de la main d’œuvre : les agriculteurs du sud, comme leurs homologues du nord, emploient plus de main d’œuvre sur leurs terres. Les

28 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

différences de quantité de main d’œuvre du foyer utilisée par hectare expliquent la majorité de l’écart homme-femme du sud.

• utilisation d’herbicide : les femmes utilisent moins d’herbicide par hectare que les hommes et ce déséquilibre amplifie l’écart de productivité entre les genres dans le sud.

• structure du ménage : Les hommes profitent relativement d’une plus grande hausse de productivité du fait d’avoir des enfants supplémentaires dans leur ménage. Cette différence dans les rendements suggère que les hommes arrivent mieux à mobiliser les membres les plus jeunes de leur famille pour travailler dans leur ferme.

PRIORITÉS POLITIQUESLes prochaines interventions politiques agricoles devraient prendre en compte les problèmes suivants liés à la disparité entre les genres afin de réduire la pauvreté et parvenir à une croissance agricole partagée au Nigéria :

aider les femmes à surmonter leurs problèmes de main d’œuvre : faciliter l’utilisation de main d’œuvre et de techniques d’économie de main d’œuvre par les femmes pourrait réduire l’écart entre les hommes et les femmes dans l’agriculture à travers le pays.

Développer l’utilisation d’engrais et d’herbicides par les femmes : assurer une application égale d’intrants chimiques clés pourrait diminuer la disparité entre les genres à la fois au sud (herbicides) et au nord (engrais). De plus, une augmentation de l’utilisation d’herbicides au sud pourrait offrir des bénéfices supplémentaires en réduisant la main d’œuvre nécessaire pour le désherbage.

augmenter la participation des femmes dans l’agriculture commerciale : les femmes du nord profitent plus que les hommes, en termes de retour sur investissement, de la culture commerciale et de l’utilisation de semences achetées. Les politiques visant à encourager et à soutenir la participation des femmes dans l’agriculture à forte valeur ajoutée pourraient donc stimuler la production agricole des femmes et réduire l’écart de productivité.

adapter les politiques aux différences régionales : au sud, les politiques devraient s’assurer que les femmes ont accès aux intrants, tels que la main d’œuvre et les herbicides et en utilisent des quantités similaires aux hommes. Parallèlement, les politiques ciblant les agricultrices du nord devraient prendre aussi en compte les handicaps structurels empêchant les femmes et leurs familles de bénéficier pleinement de leur production agricole.

29Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

UNE AGRICULTRICE TANzANIENNE (FEMME DE

GAUCHE) DIRIGE LE GROUPE AGRICOLE DE SA

COMMUNAUTÉ, METTANT À PROFIT LES

COMPÉTENCES D’IRRIGATION DU SOL, DE

MULTIPLICATION DES CULTURES ET DE VENTE

QU’ELLE A ACQUISES AU COURS D’UN

PROGRAMME LOCAL D’AGRICULTURE.

PHOTO : FONDATION BILL & MELINDA GATES

30 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

TANzANIE

RÉSUMÉen tanzanie, les parcelles gérées par des femmes34 sont en moyenne aussi productives que celles gérées par des hommes. pourtant en prenant en compte des éléments clés tels que les caractéristiques de gestion, de type de ferme et de ménage, un écart homme-femme évident apparaît : les parcelles gérées uniquement par des femmes produisent en moyenne 14% de moins (en termes de valeur brute de production) par hectare que celles gérées uniquement par des hommes ou conjointement avec d’autres membres de la famille.

un manque de main d’œuvre, en particulier de main d’œuvre masculine adulte, et des retours sur investissements dans la main d’œuvre plus faibles sont les facteurs limitant le plus la productivité des exploitantes agricoles tanzaniennes. De plus, des rendements moindres issus de l’utilisation de pesticides et d’engrais organique restreignent d’autant plus la productivité féminine et accentuent l’écart entre les genres en tanzanie.

les politiques qui aident les femmes à embaucher de la main d’œuvre et à consacrer une plus grande partie de leur temps aux activités agricoles devraient être considérées pour concilier la différence de productivité. ces politiques pourraient s’accompagner d’une meilleure information sur l’utilisation d’intrants complémentaires et sur des interventions spécifiques à chaque région.

INTRODUCTIONMalgré une croissance économique soutenue durant ces dix dernières années, la Tanzanie continue de lutter contre une pauvreté élevée. Le taux de pauvreté national était de 28% en 201235. La pauvreté dans les zones rurales, où 80% des pauvres du pays résident, reste particulièrement difficile à éradiquer. Le programme gouvernemental « Kilimo Kwanza » (« l’agriculture d’abord ») et des initiatives similaires visent à moderniser le secteur agricole du pays et à aider les ménages ruraux à échapper à la pauvreté. Les Tanzaniennes représentent 53% de la main

d’œuvre des petites exploitations agricoles et jouent de ce fait un rôle central dans le secteur de l’agriculture36. Cependant les exploitantes agricoles, qui ont tendance à être moins éduquées, sont moins susceptibles d’être mariées et ont plus de chances de vivre dans un ménage de petite taille, font face à de multiples obstacles qui limitent leurs contributions à la croissance économique rurale. Comprendre l’étendue de la disparité homme-femme dans la productivité agricole pourrait donc aider à améliorer le train de vie des groupes les plus pauvres de la population tanzanienne.

MESURER L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURECe profil est basé sur les recherches de Slavchevska et se sert des données des deux premiers tours de l’Enquête nationale par panel (NPS) de la Tanzanie, réalisés en 2008-09 et en 2010-11, afin d’explorer l’impact du genre sur la productivité agricole37. L’analyse des données du NPS, recueillies par le Bureau national de la statistique de Tanzanie avec l’aide de l’initiative LSMS-ISA, inclut un total de 6 954 parcelles gérées

par 2 182 familles agricoles, dont 71% cultivaient des parcelles pendant les deux tours d’enquête. Les femmes gèrent seules 21% des terres tanzaniennes et les hommes 29%, tandis que les 50% restantes sont gérées conjointement par plusieurs membres d’une même famille.

31Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

PRENDRE EN COMPTE L’ÉCART HOMME-FEMME EN TANzANIEÀ travers la Tanzanie, les terres gérées par des femmes sont dans l’ensemble aussi productives que celles gérées par des hommes, bien que ce résultat soit dû principalement aux différences de taille de terrain. Comme dans d’autres pays d’Afrique, les femmes en Tanzanie cultivent des terres considérablement plus petites que celles des hommes, et cette différence réduit l’écart de productivité entre les genres (voir l’introduction des profils des pays pour plus de détails). Pour cette raison, après la prise en compte de la taille des terres et des caractéristiques de ménage et de gestion, et les choix d’intrants et de semences, un grand écart de rendements entre les genres apparaît : les parcelles gérées uniquement par des femmes produisent en moyenne 14% de moins par hectare que celles gérées uniquement par des hommes ou conjointement avec d’autres membres de la famille38. Cet écart varie entre 6,8%39 pour les exploitants les plus productifs (au 90ème percentile) et 8,8% pour les moins productifs (au 10ème percentile).

Les éléments suivants contribuent à la disparité des genres dans l’agriculture en Tanzanie :

• quantité et efficacité de la main d’œuvre : les ménages dont les parcelles sont gérées par des hommes ou conjointement bénéficient presque du double d’hommes adultes travaillant sur les terres que ceux dont des femmes sont en charge de la gestion. Ce déséquilibre est responsable d’une grande part de l’écart de productivité homme-femme en Tanzanie. La disponibilité ainsi que l’utilisation et

son intensité (en termes de nombre de jours travaillés par hectare) de main d’œuvre agricole masculine contribuent à la différence de rendement entre les hommes et les femmes. Un jour de travail effectué par un membre masculin familial ou un ouvrier embauché génère également de plus grands gains de rendements pour les parcelles gérées par des hommes ou conjointement que pour celles gérées par des femmes, suggérant que ces ouvriers agricoles ne sont pas aussi performants quand ils travaillent pour des femmes gérant seules l’exploitation.

• qualité de l’utilisation d’engrais et de pesticides : les terres exploitées par des hommes ou conjointement ont de meilleurs rendements liés à l’utilisation d’engrais organiques et de pesticides que celles exploitées par des femmes. Cette disparité peut être expliquée par le fait que les femmes sont moins susceptibles de savoir quand et comment utiliser ou choisir ces intrants productifs.

• Différences régionales : l’écart moyen national de productivité masque des disparités régionales conséquentes. En effet, les régions de Tanzanie les plus arides et à forte insécurité alimentaire ont tendance à souffrir de plus grands écarts de rendements entre les genres. Les exploitantes agricoles au centre et à l’est du pays produisent invariablement moins par hectare que les hommes ou les exploitants conjoints, avec des écarts moyens de 26% pour la région centrale et 51% pour la région est. Parallèlement, dans le sud, le grenier du pays, les hommes et les femmes ont des niveaux de productivité similaires.

PRIORITÉS POLITIQUESLes prochaines interventions politiques agricoles devraient prendre en compte les problèmes suivants liés à la disparité des genres afin de réduire la pauvreté et parvenir ainsi à une croissance agricole partagée en Tanzanie :

accroître l’accès à l’embauche et aux outils d’économie de main d’œuvre ainsi que leur utilisation par les femmes : les agricultrices tanzaniennes doivent surmonter leur grave manque de main d’œuvre agricole avant de pouvoir réaliser leur potentiel de productivité. Des politiques permettant aux femmes d’embaucher de la main d’œuvre, de réduire la quantité de main d’œuvre nécessaire, ou de consacrer une plus grande partie de leur temps à du travail agricole productif devraient être explorées pour combler l’écart de productivité agricole entre les genres.

améliorer l’utilisation par les femmes d’intrants supplémentaires : les écarts de rendements liés aux intrants productifs, dont l’engrais et les pesticides, expliquent la majorité de la disparité des genres dans l’agriculture tanzanienne. Bien que fournir des intrants supplémentaires aux femmes ne fera pas complètement disparaitre cette disparité, les décideurs politiques devraient envisager de les informer sur leur bonne utilisation.

Développer des politiques régionales ciblées : le centre de la Tanzanie a les moins bons rendements agricoles et, avec l’est, les plus grands écarts de productivité entre les genres, renforçant le besoin d’interventions agricoles ciblées qui adressent les difficultés spécifiques à ces régions.

32 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

OUGANDA

RÉSUMÉen ouganda, les parcelles gérées par des femmes40 produisent en moyenne 13% de moins (en termes de valeur brute de la production) par hectare que celles gérées par des hommes ou conjointement avec d’autres membres de la même famille.

l’écart entre les genres est accru par des niveaux de scolarité plus faibles, un accès aux services de vulgarisation plus limité et une utilisation moindre d’intrants non liés à la main d’œuvre, comme les pesticides et l’engrais organique, des femmes par rapport aux hommes.

les politiques visant à offrir plus d’informations techniques aux femmes, à assurer un accès et une utilisation équivalents d’intrants non liés à la main d’œuvre et à soutenir l’éducation et la formation des femmes aideront à atténuer l’inégalité des genres dans le secteur et à augmenter la productivité.

INTRODUCTIONLa plupart des 36 millions d’habitants de l’Ouganda41 vivent dans des zones rurales et dépendent du secteur agricole, qui constitue le principal moyen de subsistance pour 73% de la population active. Le pays a fait des progrès impressionnants dans la réduction de la pauvreté, avec 22% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté national en 2012-13 comparé à 31% en 2005-0642 . Néanmoins, la pauvreté reste forte parmi les ménages ruraux qui dépendent de la production agricole des

hommes et des femmes pour leur subsistance. En effet, les femmes jouent un rôle vital dans le secteur agricole rural de l’Ouganda et constituent la plus grande part de main d’œuvre agricole (56%) des six pays étudiés dans ce rapport43. Augmenter la productivité de tous les ménages ruraux ougandais sera essentiel à tout effort pour accélérer la réduction de la pauvreté du pays.

MESURER L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURE

Ce profil est basé sur les recherches d’Ali et al., qui a examiné le rôle des genres dans la productivité agricole de l’Ouganda44. Pour cela, les auteurs ont utilisé des données par panel tirées des résultats de 2009-10 et 2010-11 de l’Enquête

nationale pluri-thématique sur l’Ouganda (UNPS), exécutée par le Bureau de la statistique de l’Ouganda avec l’aide de l’initiative LSMS-ISA. L’échantillon inclut 14 192 parcelles45, dont 48% sont gérées par des femmes.

PRENDRE EN COMPTE L’ÉCART HOMME-FEMME EN OUGANDAEn moyenne en Ouganda, les parcelles exploitées par des femmes produisent 13% de moins par hectare que celles exploitées par des hommes ou conjointement avec d’autres membres de la même famille. L’écart est dû principalement aux différences

de rendements que les hommes et les femmes obtiennent des facteurs de production, plus encore qu’en raison des niveaux utilisés de ces facteurs, suggérant que les femmes sont confrontées à des désavantages dans de multiples domaines

33Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

socioéconomiques. Les facteurs suivants sont responsables de l’écart homme-femme en Ouganda :

• niveau et qualité d’éducation : les exploitantes agricoles sont en moyenne scolarisées 1,9 années de moins que leurs homologues masculins et cette différence est la cause d’une grande part de l’écart homme-femme. Les hommes profitent également plus de leur éducation que les femmes. En effet, la productivité agricole des hommes augmente plus par année de scolarité supplémentaire que celle des femmes.

• efficacité des services de vulgarisation et des informations techniques : les exploitantes agricoles sont moins susceptibles de recevoir des conseils de vulgarisation de la part des Services nationaux en conseil agricole de l’Ouganda (NAADS). S’ajoutant à cela, les gains tirés des services de vulgarisation sont plus élevés pour les parcelles gérées par des hommes ou conjointement que pour celles gérées uniquement par des femmes. Ces différences peuvent signifier que les services de vulgarisation de l’Ouganda sont plus en phase avec les besoins des agriculteurs masculins en termes de choix de culture, de calendrier et de l’emplacement des activités et donc, que les femmes pourraient profiter davantage d’informations et de services répondant à leurs besoins spécifiques.

• Disponibilité et utilisation de la main d’œuvre agricole : les agriculteurs ougandais ont tendance à vivre dans des ménages avec plus d’adultes. Ils ont ainsi accès à un plus grand réservoir de travailleurs, leur donnant un avantage sur les agricultrices en termes de ressources. Les agriculteurs utilisent aussi plus de main d’œuvre embauchée, accentuant l’écart de productivité agricole entre les genres. D’un autre côté, la main d’œuvre familiale affecte l’écart de manière plus nuancée. Bien que les femmes utilisent une plus grande quantité de main d’œuvre familiale que les hommes, aidant à réduire l’écart, leurs gains relatifs liés à cette ressource sont moindres, élargissant l’écart. Cette découverte indique que, bien que les femmes puissent profiter de la main d’œuvre familiale, celle-ci est moins performante sous leur direction.

• accès aux intrants non liés à la main d’œuvre et leur utilisation : dans l’ensemble, en Ouganda l’utilisation d’intrants non liés à la main d’œuvre est faible, que ce soit par les hommes ou par les femmes. Cependant, les terres exploitées par des hommes ou conjointement entre membres de la même famille sont tout de même presque deux fois plus susceptibles de profiter de l’utilisation de pesticides et d’engrais organique que celles exploitées par des femmes. Ce déséquilibre accroit l’écart de productivité entre les genres. S’assurer que les femmes appliquent des quantités adéquates d’intrants non liés à la main d’œuvre pourrait à la fois réduire l’écart de productivité et augmenter les réserves de nourriture disponible pour les ménages ougandais.

PRIORITÉS POLITIQUESLes prochaines interventions politiques agricoles en Ouganda devraient prendre en considération les priorités politiques suivantes afin de réduire la pauvreté et parvenir à une croissance agricole partagée :

réévaluer le modèle de services de vulgarisation : le modèle actuel des services de vulgarisation en Ouganda pourrait être renforcé afin de mieux adresser les besoins d’information et les compétences des femmes. L’expérimentation de différentes méthodes de prestation devrait être encouragée. Un modèle de ferme-école, par exemple, donne déjà des résultats encourageants pour stimuler la productivité des femmes46. La mise en œuvre d’une approche ciblée de formation mieux adaptée aux niveaux d’éducation des femmes pourrait aussi aider.

Investir dans l’éducation des femmes adultes : bien que l’Ouganda ait déjà atteint une parité des genres dans l’inscription nationale aux écoles primaires et secondaires, les effets des disparités de scolarité du passé persistent. Des investissements dans l’alphabétisation et la formation des adultes ciblant les agricultrices peuvent avoir des bénéfices tangibles sur leur productivité.

accroître l’utilisation par les femmes d’intrants améliorés : la productivité des femmes est limitée par leur usage moindre de pesticides et d’engrais organique. Les décideurs politiques devraient penser à améliorer l’accès de tous les agriculteurs à ces intrants, tout en offrant une aide toute particulière aux femmes pour surmonter les barrières spécifiques limitant leur utilisation actuelle d’intrants.

34 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

SyNTHÈSE : FACTEURS CLÉS DE L’ÉCART HOMME-FEMME

L’étude des six pays dans ce rapport présente des preuves évidentes que les désavantages auxquels les agricultrices font face en Afrique se caractérisent par un profond écart entre les genres. Les agricultrices dans ces pays africains, comprenant certains des principaux producteurs agricoles du continent, sont en moyenne systématiquement moins productives que leurs homologues masculins, avec des écarts variant entre 13% en Ouganda et 25% au Malawi. Bien que les facteurs responsables de ces écarts diffèrent en fonction du pays, ce rapport révèle plusieurs facteurs clés de l’écart homme-femme qui sont visibles dans tous les pays et toutes les régions. Cette section met en avant les défis les plus conséquents.

D’autres rapports ont documenté les nombreux désavantages auxquels les femmes sont globalement confrontées, que ce soit les difficultés d’obtention de crédits ou un accès insuffisant aux technologies agricoles modernes1. Les profils des pays dans ce rapport soulignent les principaux facteurs et désavantages qui affectent l’écart de productivité et aussi ceux qui n’ont pas d’effet dans ces pays en particulier. Le Tableau 2 fournit une synthèse de ces découvertes. En attirant l’attention du monde politique et en rassemblant les ressources nécessaires pour s’attaquer aux questions spécifiques dans chaque pays, les décideurs politiques, praticiens et partenaires du développement peuvent commencer à s’attaquer au problème de l’égalité entre hommes et femmes et contribuer à une croissance et une productivité plus grandes.

Outre les facteurs clés identifiés dans les études de cas des pays, il existe d’autres éléments importants qui peuvent jouer sur l’écart de productivité entre les genres. Bien que cette analyse offre une vision plus complète du problème, des limitations dans la méthode, les données et les enquêtes signifient qu’elle ne peut pas tout mesurer. La littérature empirique actuelle cite souvent trois autres facteurs en particulier : l’accès à la terre, les réseaux sociaux et la qualité des sols. Après avoir commenté les facteurs clés de l’écart homme-femme identifiés dans les profils des pays, cette section offre une brève vue d’ensemble de ces autres facteurs. L’annexe 3 fournit des détails supplémentaires.

fActEURS cLéS DE L’écARt HOMME-fEMME DANS L’AGRIcULtURE AfRIcAINE

Main d’œuvre

• main d’œuvre du foyer : l’agriculture en Afrique dépend énormément de la main d’œuvre disponible dans le ménage, la famille et la communauté de l’agriculteur. À bien des égards, la main d’œuvre est l’un des principaux défis à surmonter pour atteindre une égalité des genres dans la productivité dans tous les pays étudiés et ce problème commence au niveau du foyer. En moyenne, les agricultrices ont tendance à vivre dans des foyers plus petits avec moins d’hommes, ce qui peut être dû au veuvage, à l’émigration ou à un divorce. Par conséquent, les agricultrices en Éthiopie, au Malawi, au nord du Nigéria, en Tanzanie et en Ouganda ont moins de membres de la famille aptes à fournir de la main d’œuvre à la ferme ou de l’aide au foyer. Les exploitantes agricoles au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Tanzanie emploient aussi moins d’hommes du foyer sur leurs terres. Dans tous ces pays sauf au Nigéria, ces travailleurs génèrent moins de rendements pour les agricultrices que pour des agriculteurs. Et bien qu’en Ouganda les femmes soient capables de mobiliser la main d’œuvre du foyer, elles n’en tirent pas toujours autant de rendements que les hommes2. Ces rendements plus faibles pourraient être dus aux contraintes de temps des femmes (en raison de leur rôle dans le ménage) affectant peut-être leur capacité à encadrer leurs travailleurs ou aux normes culturelles faisant que ces travailleurs travaillent plus dur pour un responsable masculin. Au Niger et au nord du Nigéria, la présence d’un membre supplémentaire au foyer augmente davantage la productivité des hommes que celle des femmes, indiquant potentiellement une meilleure capacité des hommes à contrôler les ressources de main d’œuvre agricole au sein du foyer.

• main d’œuvre embauchée : les agricultrices sont également confrontées à des obstacles dans l’embauche de main d’œuvre extérieure performante, peut-être en raison de manque de ressources financières, soit au moment le plus opportun dans le cycle de production soit en général. Les femmes au nord du Nigéria et en Ouganda utilisent moins d’employés par hectare/acre sur leurs terres agricoles et ce déséquilibre creuse l’écart homme-femme.

35Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Parallèlement, la main d’œuvre embauchée génère de moins bons rendements pour les agricultrices que pour leurs homologues masculins au Niger et en Tanzanie. Ceci suggère que les femmes, à cause d’autres responsabilités, sont peut-être moins capables de gérer ces ouvriers agricoles et/ou que les normes empêchent les femmes d’encourager leurs ouvriers à travailler aussi efficacement. Par ailleurs, les femmes ne peuvent peut-être simplement pas se permettre de payer des travailleurs performants autant que le ferait un homme.

• responsabilités parentales et ménagères : les femmes endossent typiquement un rôle plus important que les hommes dans les responsabilités ménagères et la garde des enfants, ce qui restreint probablement leur aptitude à travailler dans leur propre ferme et à gérer leur main d’œuvre. Les hommes, pendant ce temps, ont tendance à avoir plus de contrôle sur l’allocation de la main d’œuvre familiale, y compris celle des membres les plus jeunes du foyer. Pour ces raisons, le fait d’avoir une plus grande proportion d’enfants dans le foyer (par rapport au nombre d’adultes) réduit davantage la productivité des femmes que celles des hommes au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Ouganda. En Éthiopie, les agricultrices consacrent moins de temps aux tâches agricoles que les hommes et ont un rendement relatif plus faible sur le temps qui y est consacré. Libérer du temps pour les femmes pourrait donc avoir d’importantes implications sur leur productivité agricole3.

Intrants non liés à la main d’œuvre

Les différences dans l’utilisation et dans les rendements des engrais, des herbicides et des pesticides jouent un rôle dans la disparité des genres. Les femmes souffrent d’une inégalité d’accès à des intrants productifs variés, dont les engrais et pesticides4. Les profils des pays démontrent également l’importance des inégalités de rendements venant de ces intrants. En effet, les différences d’utilisation et de rendement d’intrants contribuent à la disparité des genres dans tous les pays étudiés. Au nord du Nigéria, les femmes utilisent moins d’engrais par hectare que les hommes, tandis que les femmes au sud du Nigéria rapportent qu’elles utilisent des pesticides et herbicides de manière moins intensive5. Ces différences réduisent la productivité agricole des nigérianes par rapport au nigérians. En Ouganda, les femmes utilisent moins d’engrais, de pesticides et d’herbicides que les hommes, élargissant l’écart entre les genres dans le pays. En Éthiopie et en Tanzanie, les différences de rendements entre les hommes et les femmes venant de l’utilisation

d’engrais contribue à l’écart, suggérant que les femmes dans ces pays utilisent des engrais de moins bonne qualité, les appliquent mal ou au mauvais moment. Les femmes au Niger et au Malawi, quant à elles, voient des écarts dans les deux domaines : elles utilisent moins d’engrais que les hommes et elles obtiennent des gains de productivité moindres. La promotion de l’utilisation de semences améliorées par les femmes est aussi une option. Les agricultrices au Malawi et en Ouganda sont moins susceptibles d’utiliser des semences améliorées que les hommes, augmentant les disparités. Au nord du Nigéria, les semences achetées génèrent de meilleurs rendements pour les agricultrices par rapport à leurs homologues masculins. Ainsi, l’augmentation de l’utilisation par les femmes de semences achetées et améliorées au Malawi, en Ouganda et au nord du Nigéria pourrait réduire leurs écarts homme-femme respectifs.

Vulgarisation et informations agricoles

Les services de vulgarisation et les informations agricoles reçus par les agricultrices sont souvent moins bénéfiques pour leur productivité que ceux reçus par des agriculteurs. Les femmes en Éthiopie profitent moins que les hommes, en termes d’augmentation de leur productivité agricole, des conseils de vulgarisation que leur foyer reçoit, suggérant que les programmes de vulgarisation agricole actuels sont peut-être mieux adaptés aux besoins des exploitants masculins. Les agricultrices au Malawi, elles, font partie des foyers recevant moins de conseils techniques sur la production agricole et la commercialisation, ce qui contribue à l’écart entre les genres. En Ouganda, les femmes reçoivent moins d’assistance technique du Service national de conseil en agriculture (NAADS) et obtiennent de moins bons rendements provenant d’autres sources de services de vulgarisation par rapport aux hommes, creusant une fois de plus l’écart entre les genres.

terre

De nombreux facteurs limitent l’accès des femmes à la terre, comme détaillés dans la section suivante. Cependant, même si une femme a accès à des terres agricoles, d’autres obstacles associés peuvent freiner sa productivité. Un de ces obstacles est lié à la taille des terres6. En Éthiopie et en Tanzanie, les femmes ont de moins bons rendements que les hommes par hectare supplémentaire. Cette différence pourrait suggérer, entre autres, que les terres obtenues par les femmes sont de moins bonne qualité que celles des hommes7. Les différences entre les genres dans d’autres caractéristiques liées à la terre, comme l’altitude de la parcelle et le contrôle de la

36 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

terre, réduisent d’autant plus la productivité des femmes comparée à celles des hommes en Éthiopie, au Malawi et au Niger.

Accès aux marchés

Permettre aux exploitantes agricoles de passer à une agriculture commerciale à forte valeur ajoutée fait ses preuves. Au Malawi, les agricultrices sont moins susceptibles que leurs homologues masculins de cultiver des cultures d’exportation telles que le tabac. Cette distinction contribue considérablement à la disparité entre les genres dans le pays. De manière similaire en Ouganda, le fait que les femmes aient moins tendance à cultiver des cultures à forte valeur ajoutée accentue l’écart homme-femme. Cependant dans l’ensemble, au Malawi, au nord du Nigéria et en Ouganda, les exploitantes agricoles profitent de meilleurs rendements que les hommes en passant à une agriculture à forte valeur ajoutée. Les politiques qui exploitent cet avantage peuvent donc améliorer l’égalité des genres et stimuler la croissance agricole8.

capital humain

Bien que la plupart des pays africains aient récemment fait de gros progrès pour la parité dans l’enseignement, les inégalités entre les genres des années précédentes continuent de jouer un rôle dans les écarts de productivité d’aujourd’hui entre les hommes et les femmes. Les différences de scolarité entre ces derniers se traduisent en différences de productivité agricole en Ouganda et, dans une moindre mesure, au Malawi.

facteurs mesurés supplémentaires

D’autres facteurs jouent un rôle mais se sont révélés moins pertinents que prévus pour expliquer l’écart homme-femme dans les pays examinés. Le manque de revenus supplémentaires non liés à la production agricole contribue à l’écart entre les genres au Niger mais n’affecte pas celui de l’Éthiopie, du Malawi ou du Nigéria. Les agricultrices ont tendance à être plus âgées en moyenne que les agriculteurs, mais l’âge contribue à l’écart de rendement seulement en Tanzanie, au Nigéria et en Ouganda. Enfin, bien que le manque de crédit et d’irrigation puisse affecter l’accès des femmes aux intrants et leur productivité globale, ces facteurs ne semblent dans aucun des pays étudiés déterminer directement l’écart de productivité entre les hommes et les femmes9.

AU-DELà DES DONNéES DE L’ENQUêtE : D’AUtRES fActEURS pOUVANt JOUER SUR L’écARt HOMME-fEMME

Les données tirées de la littérature empirique actuelle indiquent plusieurs autres facteurs de disparité qui n’ont pas été suffisamment pris en considération dans ces analyses de pays en raison des limitations des données, des enquêtes et de la méthodologie utilisées. Une analyse plus approfondie de ces facteurs révèle que l’accès à la terre et les réseaux sociaux informels sont des sujets prioritaires pour l’action politique, et que la qualité des sols requiert de plus amples recherches. L’annexe 3 contient une discussion plus détaillée sur ces facteurs supplémentaires.

Accès à la terre et à la sécurité foncière

L’accès à la terre et l’assurance de son contrôle sont essentiels pour les investissements agricoles et le bien-être des ménages ruraux. Pourtant, les femmes sont désavantagées sur ces deux fronts. Les études montrent systématiquement que les femmes en Afrique sont moins susceptibles de contrôler et d’être propriétaires de terres que les hommes, une tendance confirmée par les données sur les ménages analysées dans ce rapport10. Des normes et des institutions coutumières profondément enracinées gouvernent la terre dans la majorité de l’Afrique rurale subsaharienne, souvent limitant jusqu’au droit des femmes à accéder et à cultiver la terre de leur mari11. Cependant, l’introduction de systèmes juridiques officiels, en parallèle des institutions coutumières, met souvent les femmes dans des situations problématiques et ambiguës12. Par exemple, les lois peuvent ne reconnaitre qu’un seul propriétaire foncier, ne prenant ainsi pas en compte le droit d’accès secondaire informel que les femmes ont d’après les systèmes coutumiers13. En outre, les lois sur la famille et la succession peuvent désavantager les femmes, rendant difficiles pour elles de réclamer et de transférer de façon permanente des terres après un divorce ou la mort d’un père ou d’un mari14. Les inégalités dans les droits de propriété empêchent la sécurité foncière des femmes, ce qui, à son tour, réduit la productivité agricole. Les évidences empiriques de contextes aussi divers que l’Éthiopie, le Rwanda et le Ghana établissent des liens étroits entre la sécurité foncière et le niveau d’investissement dans la terre concernée, comme dans la plantation d’arbres, la conservation des sols, la mise en jachère et l’embauche de main d’œuvre15.

37Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Réseaux sociaux

Les réseaux sociaux informels jouent un rôle crucial dans l’échange d’informations liées à l’agriculture et l’adoption de technologies agricoles parmi les agriculteurs16. Les normes culturelles, telles que les restrictions d’interactions des femmes avec des hommes hors du ménage et les contraintes de temps et de mobilité, peuvent limiter les moyens des agricultrices d’accéder aux services de vulgarisation publics et d’information agricole officiels17. Les réseaux de femmes ont tendance à être différents de ceux des hommes (ils sont plus petits, entre autres), et les recherches suggèrent que les femmes en dépendent plus pour accéder aux informations agricoles, en particulier venant d’autres femmes18. Une étude en particulier a montré que, dans les communautés où les conseillers agricoles volontaires faisant circuler les informations sur les nouvelles techniques étaient des hommes, les agriculteurs n’adoptaient significativement pas plus ces nouvelles techniques19. En revanche, dans les communautés où ces conseillers étaient des femmes, les femmes avaient plus tendance à adopter ces techniques. Par ailleurs, la même étude a trouvé que les agriculteurs et agricultrices, dans ces communautés où les conseillers étaient des femmes, étaient également plus susceptibles de partager leur savoir sur ces techniques avec d’autres.

LEçONS POLITIQUESEn plus d’identifier les éléments clés de l’écart de productivité agricole entre les hommes et les femmes, les profils des pays révèlent trois leçons globales qui devraient guider l’action politique dont le but est de réduire cet écart.

tout d’abord, la disparité entre les genres dans l’agriculture en afrique ne peut simplement pas être éliminée en ne faisant que s’assurer de l’égalité d’accès aux ressources productives clés. bien que les différences d’accès à la terre, aux engrais et autres intrants restent importantes, les différences sur les bénéfices tirés de l’utilisation de ces ressources (soit leurs rendements) ont souvent un effet encore plus marqué. cette découverte a des implications majeures pour les décideurs politiques qui cherchent des dividendes de croissance liés à une plus grande égalité entre hommes et femmes.

Deuxièmement, les agriculteurs avec différents niveaux de productivité font face à des difficultés propres à leur situation et les décideurs politiques devraient le prendre en compte. par exemple, la même réponse politique peut ne pas nécessairement bénéficier à la fois aux agricultrices de subsistance et aux agricultrices extrêmement productives.

troisièmement, les différences régionales jouent un rôle important. au sein d’un même pays, les facteurs responsables de l’écart homme-femme peuvent varier par région. Dans des pays comme le nigéria ou la tanzanie par exemple, les décideurs politiques doivent adapter leurs réponses politiques au niveau de l’état ou de la région.

La dernière section de ce rapport présente des recommandations politiques spécifiques pour s’attaquer aux facteurs clés de l’écart entre les hommes et les femmes.

Qualité des sols

La qualité des sols20 est un facteur déterminant de la productivité agricole en Afrique et il est souvent affirmé que les terres gérées par les femmes sont de moins bonne qualité que celles gérées par les hommes21. Cependant, le coût élevé et la logistique nécessaire à la réalisation d’une analyse à grande échelle des sols en Afrique limitent la disponibilité de données de qualité au niveau de chaque ferme. En raison de ces défis, les preuves empiriques sur la disparité entre les genres dans la qualité des sols sont rares et peu concluantes. Dans une étude du sud du Ghana, les chercheurs ont découvert que les femmes exploitent des parcelles ayant des niveaux plus faibles de matières organiques, mais que cette différence influence rarement les rendements22. Les résultats sur petit échantillon au Burkina Faso et en Ouganda n’ont offert aucune différence notable dans la qualité des sols entre les femmes et les hommes23. Le manque d’études empiriques robustes souligne le besoin de recherches plus approfondies pour développer la base de connaissances sur ce sujet.

38 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

tableau 2 : facteurs qui augmentent les disparités de genre dans la productivité agricole

Éthiopie

malawie

niger

nigéria du n.

nigéria du s.

tanzanie

ouganda

Taille de l’exploitation

Autres caractéristiques de l’exploitation

Semences améliorées/achetées

Utilisation d’herbicide/de pesticide†

Utilisation d’engrais (organique ou non)† Irrigation

Équipement et outils de l’exploitationTaille du foyer

Main d’œuvre masculine du foyer†

Main d’œuvre féminine du foyer†

Main d’œuvre employée de l’exploitation†

Temps consacré aux activités agricoles

Nombre d’enfants par rapport aux adultes dans le foyer

TERRE INTRANTS HORS MAIN D’ŒUVREMAIN D’ŒUVRE

39Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Formation agricole

Cultures commerciales d’exportation

Crédit ou capital agricole

Distance jusqu’au marché ou à une route

Activité/revenu non-agricole Âge

Niveau d’instruction Consommation

Rendement du facteur observé comme augmentant les inégalités homme-femme

Niveau du facteur observé comme augmentantles inégalités homme-femme

Niveau et rendement du facteur observés comme augmentant les inégalités homme-femme

Facteur inclus dans l’analyse du pays mais qui n’a pas été observé comme augmentant les inégalités homme-femme

Facteur non inclus dans l’analyse du pays

INFORMATION ACCÈS AUX MARCHÉS ÂGE ET CAPITAL HUMAIN

RICHESSE

Note :

Seuls les facteurs importants statistiquement (seuil d’importance statistique de 10%) qui augmentent les inégalités homme-femme ont été rapportés ici.

*Nombre de parcelles cultivées et pente, altitude, qualité du sol, droits de propriété et certificats administratifs par parcelle.

† Inclut à la fois l’utilisation et l’intensité d’utilisation du facteur (quantité / mesure par hectare ou are).

40 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

UNE AGRICULTRICE EN OUGANDA.

PHOTO : USAID

FPO

41Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Bien que l’on s’accorde de plus en plus à reconnaitre les désavantages rencontrés par les femmes dans l’agriculture, les données dans ce rapport sur les six pays étudiés suggèrent qu’une disparité demeure entre les genres dans la productivité agricole. Le maintien du statu quo coûte cher, en termes

d’opportunités manquées pour favoriser l’égalité, pour améliorer la productivité agricole globale et pour accélérer la croissance économique. L’écart persistant de productivité entre les genres, évident dans les pays analysés, souligne le fait qu’un changement de pensée se fait attendre depuis bien longtemps. Les politiques agricoles actuelles doivent mieux s’adapter aux problèmes compromettant la productivité des agricultrices, et les nouvelles politiques et les nouveaux programmes doivent être conçus et mis en place pour répondre à leurs besoins.

Cette section introduit dix priorités politiques basées sur les facteurs principaux de l’écart homme-femme identifié dans les profils de pays. Chaque priorité expose des options politiques, qui ont été déterminées après un examen de données tirées d’évaluations d’impact rigoureuses et de recherches déductives crédibles, lorsqu’elles étaient disponibles. Ces options incluent à la fois des interventions prometteuses, pour lesquelles les preuves existantes indiquent un fort potentiel de succès, et des interventions émergentes, qui pourraient bénéficier d’études plus approfondies. Le choix d’options politiques adoptées par chaque pays individuellement dépendra finalement des contraintes majeures auxquelles les agricultrices sont confrontées ainsi que de la pertinence de l’option dans chaque contexte national. Les dix priorités politiques sont énumérées dans la page suivante, regroupées par facteur clé de l’écart de productivité agricole entre les genres auquel elles répondent.

Il est important de noter que les preuves de l’existence de politiques efficaces aidant les agricultrices et visant à combler le fossé entre les genres sont rares. Dans la mesure du possible, ces options politiques sont établies d’après des données collectées dans des pays africains. De plus, ces options sont classifiées comme « prometteuse » ou « émergente » en fonction de la rigueur et de la quantité des preuves disponibles. Les interventions sont définies comme émergentes si l’état actuel des preuves est mince et/ou indirect, et prometteuses s’il existe une preuve, résultant d’une étude d’impact rigoureuse, de l’existence d’effets positifs sur la productivité pour les agricultrices1. Alors que certaines options politiques, telles que les interventions visant à fournir de meilleurs intrants non liés à la main d’œuvre, peuvent bénéficier à la fois aux femmes et aux hommes à des degrés variables, d’autres interventions proposées, tels que des services de vulgarisation plus personnalisés, sont axées uniquement sur l’amélioration de la productivité agricole des agricultrices. L’annexe 4 offre une évaluation complète des preuves politiques présentées dans cette section.

Cette section conclut en offrant des directives précises pour les dirigeants africains désirant réduire l’écart homme-femme dans leurs secteurs agricoles et en décrivant le rôle de catalyseur que les donateurs et autres organisations pour le développement peuvent jouer en assistant les gouvernements africains dans leurs efforts, comme, par exemple à travers le financement de programmes pilotes ayant le potentiel de combler l’écart et en utilisant des données ventilées par genre dans le suivi et l’évaluation de leurs programmes afin de mieux surveiller les impacts sur les agricultrices.

2ème PARTIEALLER DE L’AVANT : DIX PRIORITÉS POLITIQUES POUR RÉDUIRE LA DISPARITÉ ENTRE LES GENRES DANS L’AGRICULTURE AFRICAINE

42 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

tableau 5 : dix priorités politiques pour réduire la disparité des genres dans la productivité

facteur principal politique publique prioritaire actions politiques possibles

TERRE 1. Renforcer les droits fonciers des femmes

Formaliser les droits fonciers à travers leur enregistrement, afin d’augmenter la sécurité foncière des femmes.

Augmenter la création de titres fonciers individuels et partagés pour les femmes.

Réformer la loi relative à la famille et à la succession pour protéger le droit des femmes.

MAIN D’œUVRE

2. Améliorer l’accès à l’embauche de main d’œuvre pour les femmes

Accorder des financements aux femmes pour faciliter l’embauche de main d’œuvre agricole.

Charger les agents de vulgarisation d’aider les exploitantes agricoles à trouver de la main d’œuvre.

3. Accroître l’utilisation par les femmes d’outils et d’équipements qui réduisent la quantité de main d’œuvre agricole nécessaire

Accorder des financements ou des remises aux femmes pour faciliter l’achat de machines.

4. Fournir des services de garderie communautaires Fournir des services de garderie communautaires.

INTRANTS NON LIÉS À LA MAIN D’œUVRE

5. Encourager les agricultrices à utiliser plus d’engrais et de meilleure qualité

Accorder des financements ou des remises alignés sur le cycle de revenus des agricultrices pour encourager les achats d’engrais.

Certifier des petits sacs d’engrais pour utilisation par les femmes.

6. Augmenter l’utilisation par les femmes de semences « améliorées »

Offrir des financements flexibles pour l’achat de semences.

Aider les femmes à mieux identifier et à obtenir des semences de qualité.

Action politique prometteuse (fondée sur les données disponibles)Action politique émergente (fondée sur les données disponibles)

43Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

facteur principal politique publique prioritaire actions politiques possibles

INFORMATION7. Adapter les services de vulgarisation aux besoins des femmes

et tirer parti des réseaux sociaux pour y diffuser les connaissances agricoles

Former les agents de vulgarisation à cibler les agricultrices et à mieux répondre à leurs besoins en informations agricoles.

Mettre des formations et des conseils en agriculture à la disposition des femmes à travers des fermes-écoles et des applications pour téléphonie mobile.

Identifier des conseillères agricoles volontaires pour diffuser l’information dans les réseaux sociaux féminins.

ACCèS AUX MARCHÉS

8. Promouvoir l’utilisation par les femmes de cultures à haute valeur ajoutée/commerciale

Promouvoir l’utilisation par les femmes de cultures à haute valeur ajoutée/commerciale.

9. Faciliter l’accès des femmes aux marchés ainsi et la pleine participation

Offrir des services marchands à travers l’utilisation de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).

Rassembler les groupes existants pour accéder à des débouchés commerciaux.

CAPITALHUMAIN 10. Élever le niveau de scolarité des exploitantes agricoles adultes Élever le niveau de scolarité des exploitantes agricoles adultes.

Action politique prometteuse (fondée sur les données disponibles)Action politique émergente (fondée sur les données disponibles)

44 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

1. RENFORCER LES DROITS FONCIERS DES FEMMES

La sécurité foncière incite les femmes à investir dans leurs fermes. En effet, les données montrent qu’accroître les droits fonciers officiels des femmes stimule les investissements agricoles, en particulier dans les sols et la conservation de l’eau2. Le renforcement des droits fonciers signifie également que les femmes devront passer moins de temps et utiliser moins de ressources à essayer de sécuriser leur terre, libérant dès lors des ressources pour investir dans d’autres domaines3. Afin d’avoir de tels droits et ainsi améliorer la productivité des femmes, les décideurs politiques devraient examiner la mise en œuvre des mesures suivantes.

formaliser les droits via un enregistrement foncier afin d’accroître la sécurité foncière des femmes

Les décideurs politiques devraient envisager de régulariser le régime foncier par l’intermédiaire d’un enregistrement des terres de la collectivité, un enregistrement des titres de propriété ou une homologation des terres. À titre d’exemple, au Rwanda, un programme d’enregistrement foncier à faible coût et respectant les besoins des femmes et des hommes (voir encadré 5) a augmenté les investissements agricoles pour les femmes et les hommes, les femmes augmentant leurs investissements presque deux fois plus que les hommes. Ces résultats impressionnants indiquent comment la sécurité foncière peut se traduire par des investissements concrets4. Les réformes aident aussi à clarifier la répartition des droits au sein du ménage, augmentant les chances d’une femme mariée d’être reconnue comme copropriétaire de la terre et des enfants d’hériter de la terre de leurs parents.

Avoir des droits officiels de propriété influe aussi sur le choix des femmes de louer les parcelles d’autres membres de leur communauté ou inversement, de louer leurs parcelles à des membres de leur communauté, avec des implications sur leur propre productivité. Formaliser les droits fonciers à la fois pour les hommes et les femmes pourrait aider à remédier à cette situation et accroître l’accès des femmes à des terres en location. Les hommes ayant des titres fonciers officiels consentent probablement plus facilement à louer des terres à des femmes grâce à la certitude que les femmes ne pourront pas revendiquer des droits de propriété sur celles-ci5. D’un autre côté, quand une femme loue une parcelle et ne la cultive pas directement, elle risque de la

perdre. Pour cette raison, les femmes hésitent à louer leur terre ou à la laisser en jachère lorsque leurs droits fonciers ne sont pas bien documentés ou que leur communauté ne reconnait pas ces droits. Formaliser les droits fonciers facilite et augmente la participation des femmes au marché locatif6. Ainsi, pour les femmes et les hommes, cette politique pourrait aider à réduire l’écart de productivité, tout en augmentant la sécurité foncière et le bien-être global7.

état actuel : pROMEttEUSE

Des preuves directes d’impacts positifs sur les investissements et la productivité agricoles sont disponibles.

augmenter la création de titres fonciers individuels et partagés pour les femmes

Outre la formalisation des droits fonciers, les décideurs politiques peuvent se concentrer sur l’enregistrement des terres pour les femmes, soit conjointement avec leurs maris soit individuellement, pour augmenter leur productivité. Les titres fonciers partagés entre maris et femmes offrent une façon rentable d’assurer que les femmes bénéficient des réformes légales associées aux titres8. En Tanzanie, les décideurs politiques encouragent les titres partagés en offrant des remises de prix aux propriétaires souhaitants recevoir des titres fonciers officiels et acceptants leurs femmes comme copropriétaires de leur terre9. Ils ont évalué cette initiative grâce à une expérimentation aléatoire et ont constaté que ces petites incitations financières parvenaient à atteindre une parité presque complète des genres sans affecter la demande de titres fonciers, témoignant d’une approche efficace et rentable pour accéder à une égalité entre les genres dans la possession des terres. Les décideurs politiques pourront également envisager des incitations financières pour encourager la création de titres fonciers au nom des femmes, surtout pour les femmes célibataires, non mariées ou les femmes chefs de famille, comme elles ne peuvent pas directement bénéficier des réformes légales sur les titres partagés10.

45Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ENcADRé 5 : SécURISER LES tItRES fONcIERS pOUR LES HOMMES Et LES fEMMES AU RwANDA

Un des pays les plus peuplés d’Afrique, le Rwanda, a depuis longtemps été confronté au défi de développer un système de gestion des terres qui est efficace, juste et non discriminatoire. Certains soutiennent que l’incapacité à relever le défi a joué un rôle important dans le génocide de 1994. Le gouvernement s’est depuis efforcé de clarifier les droits fonciers et à surmonter les inégalités en établissant des règles et des principes de bonne gestion dans sa Politique foncière (2004) et sa Loi organique (2005). Ce processus a abouti à un programme de régularisation du régime foncier (LTR), une des premières initiatives en Afrique adressant l’insécurité foncière au niveau national, avec pour objectif ambitieux d’enregistrer tous les propriétaires de terres du pays. Le LTR est innovant dans son traitement des problèmes de genres, exigeant que les femmes légalement mariées soient reconnues comme copropriétaires dans le processus d’enregistrement. Projet pilote en 2007-2008 et déployé nationalement en 2010, le programme a défini et numérisé 10 millions de parcelles, et a émis 6,1 millions de titres fonciers. Les donateurs internationaux ont soutenu ces efforts, notamment le Département du développement international (DFID) du Royaume-Uni et la Banque mondiale. Une étude récente a révélé des effets intéressants et positifs sur l’écart homme-femme :

Les ménages qui ont enregistré leurs terres à travers le LTR étaient plus susceptibles d’y investir (par exemple, en construisant des terrasses et des barrages), et cet effet était deux fois plus fort dans les ménages avec une femme pour

chef de famille, suggérant que l’insécurité foncière a agi comme une barrière à l’investissement, surtout pour les femmes.

Après avoir participé au programme LTR, les 76% des femmes de l’étude qui avaient un certificat de mariage étaient plus susceptibles d’être vues comme copropriétaires avec leurs maris.

Les droits fonciers des femmes qui ne sont pas officiellement mariées ne sont pas protégés sous la loi rwandaise. Le programme pilote LTR a eu pour effet de diminuer les chances de ces femmes de devenir des propriétaires fonciers documentés. Cependant, d’après ces résultats initiaux, le gouvernement rwandais a développé une nouvelle politique visant à renforcer les droits des femmes n’ayant pas de certificats de mariage officiels, et les résultats préliminaires indiquent que cela a grandement amélioré l’impact du programme.

La reconnaissance et le soutien des droits fonciers des femmes a été au cœur du remarquable agenda de réformes du Rwanda. Le programme LTR sert de modèle d’inspiration pour les autres pays confrontés aux problèmes d’insécurité foncière et d’inégalité entre les genres.

Sources : D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein. 2014. “Environmental and Gender Impacts of Land Tenure Regularization in Africa: Pilot evidence from Rwanda”. Journal of Development Economics; DFID. 2013. “Annual Review: Support for Land Tenure Regularisation Programme in Rwanda”. http://devtracker.dfid.gov.uk/projects/GB-1-200284/documents/

46 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

Les expériences passées ont montré que les réformes de création de titres fonciers en Afrique et dans d’autres régions peuvent parfois porter préjudice aux femmes si elles ne sont pas établies consciencieusement11. Les programmes d’enregistrement foncier doivent prendre en compte tous les facteurs déterminants : l’accès des femmes à la terre et leur contrôle, le cadre légal sous-jacent, l’interaction entre les lois officielles et coutumières, la compréhension par les femmes de leurs droits et l’application efficace de ces droits. Des aides légales et paralégales à l’échelle du village peuvent offrir un soutien à l’application de ces réformes de création de titres partagés12.

état actuel : pROMEttEUSE

La politique fait preuve d’impacts positifs sur l’écart homme-femme dans l’accès et le contrôle des terres.

réformer la loi relative à la famille et à la succession pour protéger le droit des femmes

Les décideurs politiques devraient envisager des réformes des lois familiales et de succession qui assurent aux femmes les mêmes droits que les hommes en ce qui concerne l’accès, l’utilisation, le contrôle et le transfert de ressources productives telles que la terre. Ces lois peuvent être conçues en particulier pour protéger les droits fonciers des femmes en cas de divorce. Offrant un parfait exemple, la constitution du Malawi stipule que, après dissolution d’un mariage, une femme a droit à une juste

distribution des propriétés détenues en commun avec son mari13. Une étude en Éthiopie démontre que le changement de la loi familiale du pays a augmenté la participation des femmes à la vie active et dans d’autres secteurs productifs (bien que les impacts sur l’agriculture n’aient pas été séparément identifiés)14. De manière similaire, en utilisant des preuves non expérimentales à partir d’un ensemble de données sur les droits fonciers des femmes dans 100 pays sur une période de 50 ans, les chercheurs ont découvert que les réformes légales correspondaient à une plus grande participation au travail des femmes, des taux plus élevés d’ emplois salariés parmi les femmes, une plus faible fécondité des adolescentes, une réduction de la mortalité maternelle et infantile et une augmentation des inscriptions scolaires des femmes15. Après que l’Inde ait changé sa loi sur les successions pour accorder aux filles et aux fils les mêmes droits d’héritage des terres ancestrales, les filles ont obtenu un plus grand accès à la terre par héritage, augmentant ainsi leur réussite scolaire et retardant leur mariage16. Ces réformes des lois sur la famille et la succession peuvent augmenter l’accès des femmes à la terre et ainsi accroître leurs investissements et leur productivité agricoles. Cependant, de la même façon que dans l’exemple précédent sur les titres fonciers, l’accès à la justice et l’application de ces lois sont essentielles pour le succès de telles réformes.

état actuel : éMERGENtE

Des preuves rigoureuses ne sont disponibles dans aucun pays africain, mais il existe des résultats d’impacts positifs sur l’écart homme-femme dans l’agriculture dans d’autres pays en voie de développement.

2. AMÉLIORER L’ACCÈS À L’EMBAUCHE DE MAIN D’ŒUVRE POUR LES FEMMES

En raison de leurs responsabilités ménagères et parentales, le temps que les agricultrices peuvent consacrer à leurs propres tâches agricoles est limité, ce qui sape leur productivité. Pour aggraver les choses, elles ont en moyenne moins de membres de la famille disponibles pour aider à la ferme que les hommes, et elles font face à des difficultés pour embaucher de la main d’œuvre agricole supplémentaire, soit parce qu’elles n’ont pas les liquidités nécessaires soit parce que les normes sociales les empêchent d’embaucher des hommes. Lorsque les femmes embauchent de la main d’œuvre, leurs ouvriers génèrent un moins bon

rendement que ceux qui travaillent pour des hommes. Ceci est peut-être dû au fait que leurs problèmes de liquidité les obligent à embaucher de la main d’œuvre moins chère et moins productive. De plus, ces contraintes peuvent varier pour les femmes chefs de famille en fonction de leur statut : non mariée, divorcée ou veuve. Les agricultrices à travers les six pays étudiés sont confrontées à ce genre d’obstacles et dans chaque cas, ces obstacles ont élargi l’écart de productivité agricole entre les genres. Cependant, les politiques visant à aider les femmes à surmonter ces barrières sont rares. Il est donc vital que les décideurs politiques

47Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

envisagent le lancement et l’évaluation d’options politiques, comme celles examinées ci-dessous, afin d’identifier le moyen de permettre aux agricultrices à travers l’Afrique subsaharienne de surmonter ces obstacles.

accorder des financements aux femmes pour faciliter l’embauche de main d’œuvre agricole

Les décideurs politiques devraient envisager de mettre à l’essai et d’évaluer des interventions offrant des options de financement aux agricultrices pour leur permettre d’embaucher de la main d’œuvre extérieure pour s’occuper de tâches agricoles spécifiques, comme la plantation, le labourage, le désherbage et la récolte. Ces mesures peuvent se traduire par des bons spécifiques d’embauche de main d’œuvre, des transferts d’espèces ou des crédits. De nombreuses tâches agricoles doivent être réalisées dans des délais spécifiques et les pénuries de main d’œuvre surviennent souvent durant ces périodes. Si les agricultrices ne peuvent pas se permettre d’embaucher des ouvriers supplémentaires ou d’embaucher des ouvriers pour s’occuper de ces tâches au bon moment, le délai peut résulter en une productivité réduite de leurs fermes. L’offre de financement pour ces tâches peut permettre aux femmes d’embaucher de la main d’œuvre en temps opportun, augmentant à la fois le nombre d’ouvriers qu’elles peuvent embaucher et leur efficacité. Par exemple en Zambie, une évaluation préliminaire de transferts d’espèces donnés aux ménages avec des enfants de moins de cinq ans a montré que ceux-ci augmentaient les dépenses dans l’embauche de main d’œuvre en plus d’autres intrants agricoles, tels que les semences et l’engrais. Les dépenses dans l’embauche ont quadruplé par rapport à leurs valeurs avant l’établissement des transferts d’espèces17. Le choix des décideurs politiques du mécanisme de financement (que ce soient des bons, des transferts d’espèces ou des crédits) peut varier en fonction du marché du travail et du contexte institutionnel du pays en particulier.

état actuel : éMERGENtE

Des preuves indirectes existent de l’impact des transferts d’espèces sur l’embauche de main d’œuvre mais aucune preuve directe n’est disponible de l’impact de l’aide au financement des femmes pour embaucher de la main d’œuvre.

charger les agents de vulgarisation d’aider les exploitantes agricoles à trouver de la main d’œuvre

Les décideurs politiques pourraient également piloter et évaluer des programmes communautaires par lesquels des agents, hommes et femmes, aideraient les agricultrices à entrer en contact avec de la main d’œuvre potentielle. Cette option politique peut se montrer particulièrement payante pour les exploitantes agricoles ayant des difficultés à embaucher parce qu’elles ne peuvent pas facilement quitter leur maison ou parce que les normes culturelles limitent leur capacité à embaucher de la main d’œuvre masculine. Les femmes ont déjà prouvé qu’elles étaient des sources efficaces d’information de vulgarisation. Par exemple, dans le programme de vulgarisation du Mozambique, les femmes agents ont été chargées de diffuser les connaissances sur les pratiques durables de gestion de la terre dans leurs communautés respectives18. Une extension naturelle de ce type de programme pourrait impliquer que ces agents aident les femmes à embaucher de la main d’œuvre extérieure. Les décideurs politiques peuvent piloter ce type de programme séparément ou le combiner avec d’autres interventions de vulgarisation.

état actuel : éMERGENtE

cette politique manque de preuves empiriques directes et rigoureuses.

3. ACCROîTRE L’UTILISATION PAR LES FEMMES D’OUTILS ET D’ÉQUIPEMENTS QUI RÉDUISENT LA QUANTITÉ DE MAIN D’ŒUVRE AGRICOLE NÉCESSAIRE

Améliorer l’accès des femmes aux outils et aux machines diminuant la quantité de main d’œuvre agricole requise a la capacité de réduire l’écart de productivité

entre les hommes et les femmes. Les outils et les machines peuvent aussi aider les femmes à améliorer les rendements de leur main d’œuvre agricole. L’utilisation

48 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

de meilleurs outils et équipements pourrait être attrayant pour les femmes qui disposent d’un temps limité en raison de leurs responsabilités ménagères. Les femmes qui travaillent sur leurs propres fermes mais qui ont des difficultés à embaucher de la main d’œuvre extérieure pourraient également en bénéficier.

accorder des financements ou des remises aux femmes pour faciliter l’achat de machines

Les décideurs politiques devraient envisager un programme pilote accordant des dons de bons d’achat, des transferts d’espèces, des prêts ou des remises aux agricultrices pour qu’elles puissent se procurer des machines et des équipements et ils devraient ensuite évaluer l’impact de ces programmes sur la productivité agricole des femmes. Par exemple, un programme au Kenya et en Tanzanie incitait les femmes à acheter des pompes d’irrigation mais, malgré l’accent mis sur les femmes, une évaluation qualitative du programme a constaté que les femmes ne représentaient que 10% du total des acheteurs de pompe19. Cet exemple montre que les approches fondées sur le marché pour augmenter l’utilisation de technologies doivent aborder les contraintes financières et celles

liées aux informations disponibles pour les femmes, telles que le manque d’explications sur l’utilisation des machines. Il indique également que les technologies devraient être adaptées aux situations des femmes, à l’adéquation culturelle et au confort ergonomique lorsque possible. Dans le cas ci-dessus, deux personnes étaient nécessaires pour faire fonctionner les pompes d’irrigation les plus efficaces et celles-ci obligeaient les femmes à utiliser leurs jambes pour pédaler, ce qui est considéré comme culturellement inapproprié. Les financements ou les remises facilitant la location ou l’achat de machines et d’équipements n’ont pas besoin d’être donnés directement aux femmes et pourraient à la place inciter les prestataires de services à offrir leurs services aux exploitantes agricoles. Dans les cas où des agricultrices veulent, individuellement ou en groupe, acheter des machines, le financement d’achats en différé20 peut aussi être utile, surtout pour réduire le coût initial élevé des équipements agricoles.

état actuel : éMERGENtE

Seules des données indirectes sont disponibles sur l’impact de l’utilisation de machines.

4.FOURNIR DES SERVICES DE GARDERIE COMMUNAUTAIRES

Généralement, les femmes s’occupent des enfants et cette responsabilité peut limiter le temps qu’elles peuvent consacrer à leurs fermes ainsi que leur capacité à superviser la main d’œuvre agricole. Dans plusieurs des contextes étudiés, comme le Malawi, le Niger et le sud du Nigéria, ce manque de temps contribue à l’écart de productivité entre les genres.

Les décideurs politiques devraient envisager de piloter la création de crèches communautaires pour soulager les responsabilités ménagères des femmes et évaluer l’impact de ces crèches sur le travail des femmes à la ferme. Les crèches ont déjà amélioré la participation à la vie active des femmes travaillant dans d’autres secteurs. Par exemple, un programme d’inscription préscolaire dans le milieu rural du Mozambique a permis aux personnes qui gardent les enfants, surtout aux mères, d’économiser 15 heures par semaine de responsabilité de garde des enfants, comme

l’a démontré une évaluation expérimentale récente. Le programme a aussi augmenté de 6% la possibilité pour les personnes qui gardent les enfants de rejoindre le marché du travail21. De la même manière, une étude au Togo a constaté que les femmes ont plus tendance à travailler quand elles ont moins d’enfants à charge et que les jeunes femmes sont davantage susceptibles de participer à la vie active si leurs enfants sont inscrits dans un programme préscolaire22.

état actuel : éMERGENtE

Des preuves indirectes mais significatives sont disponibles pour cette politique. cependant, elles concernent les personnes qui gardent les enfants et pas spécifiquement les agricultrices.

49Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

5. ENCOURAGER LES AGRICULTRICES À UTILISER PLUS D’ENGRAIS ET DE MEILLEURE QUALITÉ

Malgré sa capacité à booster la production et à augmenter les profits, les niveaux d’utilisation d’engrais restent très faibles en Afrique23, surtout parmi les femmes24. En 2002, les agriculteurs de l’Afrique subsaharienne ont utilisé en moyenne 8kg d’engrais par hectare de terre cultivée, ce qui est extrêmement peu comparé aux moyennes de plus de 100kg en Asie du sud et 78kg en Amérique latine25. Les données présentées dans les profils des pays soulignent le fait que, dans de nombreux pays africains, les femmes utilisent encore moins d’engrais que les hommes. Accroître l’utilisation d’engrais, à la fois en termes de quantité et de qualité, s’est révélé être une priorité essentielle dans la réduction de l’écart de productivité agricole entre les genres, en particulier en Éthiopie, au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Ouganda. Pourtant, de nombreuses barrières peuvent empêcher les agricultrices d’utiliser de l’engrais, telles que son prix26, leur incapacité à obtenir des crédits pour l’acheter27 ou leur manque d’accès aux points de vente. Les décideurs politiques ont donc besoin de mieux comprendre les barrières spécifiques, dans leur contexte particulier, qui empêchent les agricultrices d’utiliser plus d’engrais et d’obtenir des rendements plus élevés liés à son application. Ils devraient ensuite envisager les options politiques suivantes.

accorder des financements ou des remises alignés sur leur cycle de revenus pour encourager les achats d’engrais

Les décideurs politiques devraient envisager d’offrir aux agricultrices des financements ou devraient utiliser d’autres incitations financières, telles que des remises à durée limitée, pour les encourager à accroître leur utilisation d’engrais. Les exploitantes agricoles ont peut-être moins tendance à utiliser de l’engrais si elles manquent d’informations sur ses bénéfices ou la façon de l’appliquer, ne peuvent pas se permettre d’en acheter ou ont des difficultés à conserver des liquidités entre les saisons agricoles. Des incitations par les prix peuvent se révéler être un outil efficace pour surmonter ces problèmes. Un essai contrôlé aléatoirement au Mali a découvert que, lorsque les femmes reçoivent de l’engrais gratuit, l’utilisation de cet intrant augmente, ainsi que celle d’autres intrants complémentaires, comme les herbicides, ou même embaucher de la main d’œuvre28. L’intervention a résulté en une augmentation générale de la production agricole, mais du fait que les dépenses dans

l’embauche de main d’œuvre et les herbicides ont aussi augmenté, elle n’a pas généré de meilleurs profits agricoles. Dans d’autres programmes de subvention où les femmes ne sont pas spécifiquement visées, les preuves d’impact n’ont pas été aussi encourageantes. Une évaluation préliminaire récente du Programme de subvention des intrants agricoles au Malawi a montré que, lorsque des bons de caisse pour l’utilisation d’intrants étaient donnés à des ménages pauvres possédant et cultivant des terres, il n’y a pas eu de gains évidents de productivité sur les parcelles gérées par des femmes, bien que le programme ait eu des effets positifs sur les parcelles gérées par des hommes29. Ce type d’intervention augmenterait l’utilisation d’engrais par les femmes, mais ne les aiderait pas forcement à obtenir les rendements optimaux attendus liés à son utilisation. Pour cette raison, des interventions complémentaires pour améliorer les connaissances sur la façon d’utiliser l’engrais (via des services de vulgarisation, par exemple) sont nécessaires pour aider les femmes à récolter tous les bénéfices de son utilisation.Les agriculteurs peuvent aussi avoir des difficultés à faire des économies entre la période de récolte et la saison des semailles. Une évaluation aléatoire au Kenya a indiqué que des petites remises à durée limitée sur les engrais, sous la forme de livraison gratuite, a provoqué des plus grandes augmentations d’utilisation d’engrais que celles résultant de subventions plus importantes plus tard dans la saison30. Cette évaluation n’a pas distingué les effets selon les genres. Cependant, si les femmes ont plus de fluctuations dans leurs liquidités que les hommes tout au long de la saison agricole, un programme similaire pourrait alors leur être plus bénéfique. Il est important de noter que les coûts de mise en œuvre d’une telle intervention pourraient être significatifs en Afrique, puisque les bons et les intrants ont besoin d’être livrés dans un délai court. Les décideurs politiques devraient s’assurer qu’ils ont les ressources suffisantes pour exécuter une telle intervention, et devraient envisager la conception d’un mécanisme de livraison intelligent pour réduire les coûts de livraison.

état actuel : pROMEttEUSE

Il existe des preuves que les bons peuvent augmenter l’utilisation d’engrais par les femmes mais l’impact des remises à durée limitée n’est pas différencié par genre.

50 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

6. AUGMENTER L’UTILISATION DE SEMENCES AMÉLIORÉES PAR LES FEMMES34

Les semences améliorées peuvent booster les rendements des agriculteurs. Cependant, les agricultrices ne peuvent pas forcément se permettre d’en acheter ou peuvent avoir un manque de connaissances et de confiance dans leur qualité. Une étude sur l’adoption du soja au Nigéria a examiné de simples données transversales et a découvert que les femmes ont tendance à utiliser moins souvent de graines de soja améliorées que les hommes. Cette différence est en corrélation avec un accès réduit à l’embauche et moins de débouchés commerciaux35. La faible utilisation de semences améliorées par les femmes, et par conséquent leurs rendements limités, a joué un rôle dans l’élargissement de l’écart entre les genres au Malawi, tandis qu’au nord du Nigéria36, l’utilisation de ces semences est un facteur qui a aidé à réduire cet écart. Peu d’études rigoureuses ont examiné de façon empirique l’augmentation de l’utilisation de variétés de semences améliorées ou de leurs rendements associés. Pour cette raison, cette section offre des directives politiques basées sur les leçons

apprises dans des secteurs comparables, comme le marché des produits pharmaceutiques. Se fondant sur ces leçons, les décideurs politiques devraient considérer les difficultés des femmes à obtenir d’autres intrants pouvant être nécessaires pour cultiver avec succès des semences de meilleure qualité, tels que de l’engrais et de la main d’œuvre à certains moments précis du cycle de production.

offrir des financements flexibles pour l’achat de semences

Les décideurs politiques pourraient piloter et évaluer des options de financement avec contraintes de temps, telles que des bons, des prêts ou des transferts d’espèces pour l’achat de semences améliorées et autres intrants qui peuvent être nécessaires pour cultiver des variétés de semences améliorées. Les mêmes barrières qui freinent l’utilisation d’engrais peuvent aussi limiter les achats de semences. Des options de

certifier des petits sacs d’engrais pour l’utilisation par les femmes

Les décideurs politiques et les acteurs dans le secteur privé pourraient piloter des interventions pour certifier des plus petits sacs d’engrais pour les exploitantes agricoles et évaluer si ces mesures améliorent l’utilisation de l’engrais et ses rendements. L’engrais est généralement certifié et vendu en grosses quantités. Par exemple, les engrais tels que l’urée et le phosphate de diammonique (DAP) sont actuellement vendus dans de nombreux pays d’Afrique de l’ouest dans des sacs scellés et certifiés de 50kg, ce qui est une large quantité pour des niveaux moyens faibles d’utilisation d’engrais. Comme les femmes cultivent en moyenne des parcelles de terres plus petites que celles des hommes31, elles ont besoin de quantités encore plus petites d’engrais. Cependant, les petits sacs d’engrais certifiés ne sont pas facilement disponibles. Les femmes ont donc souvent recourt à l’achat d’engrais de qualité incertaine ou frelatée, ce qui explique peut-être l’utilisation limitée de cet intrant et leurs rendements inférieurs liés à son application.

Il faut avouer que cette intervention peut être coûteuse puisqu’elle requiert le conditionnement et la certification de sacs plus petits, augmentant ainsi le coût

unitaire32. Mais de nombreux produits comme le savon ou le shampoing sont disponibles en petits sachets dans les zones rurales, il n’est donc pas irréaliste de fournir de l’engrais dans des petits sacs si le secteur privé s’engage en tant que partenaire. En outre, les systèmes légaux et de certification de l’engrais à travers l’Afrique n’ont peut-être pas la capacité de déployer cette politique par eux-mêmes. Au Mali par exemple, il n’existe pas de laboratoires pour vérifier la qualité du produit avant la vente de l’engrais33. Néanmoins, l’initiative peut offrir des perspectives de réduction de l’écart homme-femme dans des contextes avec de solides capacités administratives et de maintien de la qualité. Se doter de ces capacités est une précondition pour une certification efficace de l’engrais et qui portera ses fruits à la fois pour les femmes et les hommes, avec potentiellement de meilleurs bénéfices pour les femmes.

état actuel : éMERGENtE

Aucune preuve directe et rigoureuse de l’effet de fournir des plus petits sacs d’engrais certifiés sur la productivité agricole n’est disponible.

51Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ENcADRé 6 : BOOStER L’AccÈS DES fEMMES à LA VULGARISAtION Et AUx INtRANtS DE SEMENcES EN RépUBLIQUE DéMOcRAtIQUE DU cONGO (RDc)

Le Projet d’appui à la réhabilitation et à la relance du secteur agricole (PARRSA) du gouvernement congolais financé par la Banque mondiale est un exemple d’initiative de développement agricole qui adopte une démarche innovante et sensible aux genres. Le projet vise à améliorer la productivité agricole des petits exploitants en stimulant le marché des semences de variétés à haut-rendement dans la province au nord de l’équateur. Le projet développe des marchés de semences augmentant à la fois l’offre (en encourageant les agro-multiplicateurs au niveau local à produire et à vendre leurs propres semences) et la demande (en fournissant des services de vulgarisation et des bons de semences).

La mise à disposition d’informations et de formation, à travers la vulgarisation agricole et d’autres moyens, est un élément essentiel pour améliorer la productivité et pour surmonter l’écart entre les genres parmi les petits exploitants agricoles en Afrique. Les services de vulgarisation sont particulièrement importants dans l’introduction de nouvelles variétés de semences aux agriculteurs, qui peuvent ne pas vouloir prendre de risques et préférer planter des semences qui leur sont familières. Bien que la vulgarisation puisse encourager

l’adoption de semences améliorées et d’autres pratiques pour accroître la productivité agricole, la participation des femmes aux activités de vulgarisation dans la RDC est très faible. Pour adresser ce déséquilibre, la moitié des parcelles de démonstration du PARRSA sont réservées aux femmes, et le programme fait également en sorte que certains des formateurs locaux soient des femmes.

Les observations sur le terrain indiquent que les services de vulgarisation ont un impact limité s’ils ne sont pas complétés par d’autres interventions d’augmentation de la demande de semences améliorées. Face à ce défi, le projet distribue des bons de semences offrant ainsi des remises de prix aux hommes et aux femmes dans 60 villages. De plus, un camion livre les semences directement à la moitié des villages pour évaluer comment le manque de transport pourrait entraver l’intérêt futur envers les variétés de semences à haut-rendement. Le Gender Innovation Lab de la Banque mondiale et l’École d’économie de Paris collaborent avec le PARRSA pour mener une évaluation rigoureuse de l’impact de cette approche à la fois sur les femmes et sur les hommes..

Source : Banque mondiale. 2014. « DRC PARRSA Implementation  », non publié mimeo.

financement avec contraintes de temps peuvent être des remèdes politiques. Une expérimentation en cours sur les bons de semences dans la République démocratique du Congo offre une application innovante de cette approche (voir encadré 6). Les décideurs politiques peuvent aussi envisager de combiner plusieurs bons pour toute une gamme d’intrants au sein de la même intervention, comme c’est le cas dans le programme de subvention des engrais au Malawi, où des paquets de coupons pour l’achat d’engrais, de maïs ou de légumes hybrides ou à pollinisation libre37. Pourtant, comme le montre le test au Mali de l’engrais gratuit, subventionner un intrant peut

affecter l’utilisation d’autres intrants, donc les complémentarités entre les différents intrants agricoles doivent être prises en compte38.

état actuel : éMERGENtE

Les preuves sont indirectes et relatives à d’autres intrants non liés à la main d’œuvre et pas directement à l’utilisation de semences améliorées.

52 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

aider les femmes à mieux identifier et à obtenir des semences de qualité

Les décideurs politiques pourraient piloter et évaluer des programmes encourageant les agents de vulgarisation à enseigner aux agriculteurs comment identifier les semences de qualité et en incitant les revendeurs de semences à labéliser et à marquer les semences de bonne qualité et à certifier des petits sacs de semences améliorées. Comme pour les engrais et les médicaments, les agriculteurs ne font pas confiance à la qualité des semences achetées au marché, en particulier s’ils doivent acheter des semences dans des sacs non-certifiés. Les agricultrices ont de plus grandes difficultés à obtenir des informations sur le marché et donc, si elles doutent de la qualité des semences disponibles, elles auront encore moins tendance que les hommes à en acheter. Des leçons peuvent être tirées de l’exemple des marchés des produits pharmaceutiques, où les vendeurs de faux médicaments ont exacerbé les inquiétudes concernant la qualité, dans le but d’améliorer l’accès aux semences de qualité. En Ouganda, où une ONG étrangère a vendu des médicaments authentiques et de qualité sur le marché local, la disponibilité des faux médicaments et la réputation de leurs fournisseurs ont diminué, comme l’a démontré une évaluation aléatoire39. Une autre expérimentation de terrain a examiné les médicaments

anti-malaria en Tanzanie et a montré que l’adoption et la formation sur les médicaments étaient plus élevées là où les erreurs de diagnostic de malaria étaient plus fréquentes, et que les individus apprenaient des mauvaises expériences de ceux ayant utilisé des médicaments avant eux40. Les politiques encourageant les organisations de vulgarisation à enseigner aux agriculteurs comment reconnaitre les semences de qualité ou comment aider les revendeurs de semences à labéliser et marquer les semences de qualité pourraient ainsi être des moyens efficaces pour éliminer les idées fausses sur la qualité41. Comme les femmes cultivent en moyenne des parcelles plus petites, et qu’elles ont peut-être besoin de quantités plus réduites d’intrants achetés, les programmes pilotes qui offrent des plus petits sacs certifiés de semences améliorées peuvent constituer une autre option politique valable.

état actuel : éMERGENtE

Aucune preuve rigoureuse d’impacts positifs sur la productivité agricole n’est disponible concernant l’amélioration de l’accès aux semences de bonne qualité.

7. ADAPTER LES SERVICES DE VULGARISATION AUX BESOINS DES FEMMES ET TIRER PARTI DES RÉSEAUX SOCIAUX POUR y DIFFUSER LES CONNAISSANCES AGRICOLES

La connaissance et la formation aux méthodes et techniques agricoles sont cruciales pour tous les agriculteurs mais elles sont particulièrement importantes pour les femmes. Les agricultrices ont tendance à obtenir l’information indirectement de la part de leurs maris ou de leurs amis si elles ne sont pas le chef de famille. Elles peuvent aussi ne pas pouvoir assister aux activités de formation en raison de leurs responsabilités ménagères ou de contraintes de déplacement et de ne pas pouvoir interagir avec des agents de vulgarisation masculins à cause de normes culturelles42. Les agricultrices au Malawi reçoivent moins de services de vulgarisation que les

hommes ; cette différence contribue à l’écart homme-femme du pays. De même, les services de vulgarisation ne produisent pas les mêmes augmentations de rendements pour les agricultrices en Éthiopie et en Ouganda que pour leurs homologues masculins, ce qui suggère que ces services sont moins efficaces pour les femmes ou qu’ils ne sont pas bien adaptés à leurs besoins. Les options politiques suivantes peuvent aider à aborder ces problèmes et par conséquent, à réduire les écarts entre les genres dans ces contextes.

53Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

former les agents de vulgarisation à cibler les agricultrices et à mieux répondre à leurs besoins en informations agricoles

Les décideurs politiques devraient penser à revoir leurs modèles de services de vulgarisation, afin que ceux-ci encouragent les agents à cibler les agricultrices en particulier et qu’ils fournissent l’information dont les agriculteurs des deux genres ont besoin. Le Rural Capacity Building Project (RCBP, projet de développement de la capacité rurale) éthiopien offre un bon exemple d’une telle intervention. Le programme, qui se concentre sur l’amélioration de la prestation des services de vulgarisation à travers le pays, cherche explicitement à améliorer la participation des femmes et à promouvoir l’égalité des genres au sein du système de vulgarisation en formant les agents à cibler les agricultrices43. Une évaluation récente du programme a donné des preuves inégales mais globalement encourageantes de l’impact sur les ménages dont le chef de famille est une femme : ces ménages étaient plus susceptibles d’entrer en contact avec les bureaux d’agriculture locaux dans les zones d’intervention du programme que les ménages dans les zones de comparaison. Les ménages gérés par des femmes et ceux gérés par des hommes ont tous obtenu des résultats positifs grâce au programme et bien que l’ampleur des résultats soit plus faibles pour les femmes, ce n’est pas une différence significative. Le programme a également fait bénéficier autant les femmes que les hommes en matière de culture de semences à forte valeur ajoutée. Bien qu’il ait obtenu de bons résultats dans l’agriculture, le programme a eu un effet significativement plus faible sur les exploitations d’élevage gérées par des femmes.

état actuel : pROMEttEUSE

Des preuves empiriques rigoureuses d’impacts positifs dans des contextes africains sur la productivité agricole des femmes lorsque la vulgarisation vise spécifiquement les agricultrices sont disponibles.

mettre des formations et des conseils en agriculture à la disposition des femmes à travers des fermes-écoles et des applications pour téléphonie mobile

Les décideurs politiques devraient envisager de développer des fermes-écoles et de créer des applications pour téléphonie mobile afin d’offrir aux agricultrices des formations et des conseils en agriculture. Les femmes ont tendance à ne pas participer aux formations de vulgarisation ou aux initiatives similaires parce qu’elles ne peuvent pas se déplacer sur de longues distances pour assister aux sessions ou parce qu’elles n’ont pas le temps d’y aller44. Les fermes-écoles et les applications

pour téléphonie mobile pourraient permettre aux femmes de recevoir des informations agricoles malgré ces obstacles.

Les fermes-écoles exigent des sessions régulières, de la plantation à la récolte, où des groupes d’agriculteurs voisins apprennent de nouvelles techniques agricoles et discutent les problèmes de gestion de ferme. Le programme de vulgarisation des fermes-écoles peut mieux incorporer des sujets spécifiques aux exploitantes agricoles, tels que des modules de formation sur les semences qui pourraient leur être plus bénéfiques à cultiver. Les emplois du temps flexibles des formations offertes par les fermes-écoles peuvent également mieux accommoder les agricultrices, qui doivent déjà concilier leurs tâches agricoles et leurs responsabilités parentales et ménagères. Une étude des fermes-écoles au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda a constaté que le programme a aidé à améliorer grandement les revenus agricoles par personne des ménages gérés par des femmes par rapport à ceux gérés par des hommes. La productivité des cultures a aussi augmenté dans les ménages gérés par des femmes participants à l’étude au Kenya et en Tanzanie. Globalement, l’étude a révélé que les ménages gérés par des femmes profitaient beaucoup plus que ceux gérés par des hommes de leur participation à ces fermes-écoles.

Enfin, des interventions pilotes, telle que la Community Knowledge Worker Initiative (initiative de partage de connaissances entre travailleurs dans leur communauté) en Ouganda, où un point de contact communautaire offre aux agriculteurs des services agricoles sur téléphonie mobile, sont maintenant déployées à plus grande échelle45. Les agriculteurs points de contact communautaires fournissent à leurs homologues des rapports météorologiques, des informations sur les prix des cultures et des conseils sur les maladies affectant les cultures en les reliant virtuellement à des bureaux de vulgarisation qui peuvent être très éloignés. De telles interventions soulignent la facilité et la vitesse à laquelle les technologies des informations et communications (TIC ) peuvent améliorer et mieux adapter les conseils disponibles aux agricultrices.

état actuel : pROMEttEUSE

Des effets positifs sur la disparité des genres dans la productivité agricole grâce aux fermes-écoles ont été enregistrés dans les pays africains, mais aucune preuve directe d’impacts sur la productivité par genre grâce à l’utilisation de téléphones mobiles n’est disponible.

54 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

SOURcE : BANQUE MONDIALE. 2014. « DRc pARRSA IMpLEMENtAtION », NON pUBLIé MIMEO.

Les agriculteurs pauvres pourraient tirer profit de nombreuses technologies simples et bon marché, comme l’utilisation de compost. Ils y sont cependant réticents. Une explication est que ceux-ci peuvent ne pas connaitre suffisamment la technologie pour croire en ses bénéfices ou pour l’essayer sur leurs propres parcelles, surtout si leur subsistance et celles de leurs familles dépendent d’une bonne récolte. Reconnaissants cet obstacle, de nombreux gouvernements se sont tournés vers les programmes de vulgarisation agricole pour transférer les connaissances aux agriculteurs, mais les taux d’adoption restent faibles.

Les recherches effectuées au Malawi par l’initiative d’évaluation d’impact en matière de développement de la Banque mondiale suggèrent que les réseaux sociaux pourraient offrir des moyens plus efficaces de diffusion des connaissances agricoles. De plus, les hommes et les femmes profitent de la même façon de la transmission de nouvelles informations. À travers un programme exécuté par le ministère de l’agriculture du Malawi, les agriculteurs leaders dans les zones rurales ont reçu des formations sur des méthodes innovantes de cultures de maïs, comme la plantation en fosse pour faciliter la rétention d’eau dans les zones arides et

l’utilisation de compost. Un essai contrôlé aléatoirement a découvert que, grâce aux agriculteurs leaders :

Deux fois plus d’agriculteurs avaient une meilleure connaissance des techniques agricoles.

Trois fois plus d’agriculteurs utilisaient des techniques agricoles.

Les agriculteurs et agricultrices leaders ont tous aussi bien diffusé les connaissances.

Les agricultrices leaders ont été bien plus performantes que les hommes lorsque ces deux groupes ont reçu une incitation en espèce.

Néanmoins, les agricultrices leaders ont été jugées défavorablement par rapport à leurs homologues masculins, malgré leurs niveaux de performance équivalents. Elles ont reçu de moins bonnes évaluations en termes de leurs connaissances, de leur capacité et de la qualité de leur enseignement. En conclusion, alors que les normes liées aux genres peuvent limiter l’efficacité de l’utilisation des réseaux sociaux pour diffuser les connaissances techniques, des interventions ciblées peuvent partiellement surmonter ces barrières culturelles et sociales.

Source : A. Benyishay, M. Jones, F. Kondylis et M. Mobarak. 2014. “Farmers Teaching Farmers: Gender and Lead Farming”. Mimeo.

55Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Identifier des conseillères agricoles volontaires pour diffuser l’information dans les réseaux sociaux féminins

Les décideurs politiques peuvent également désigner des conseillères agricoles volontaires au sein des communautés agricoles, fournir une formation agricole à ces volontaires et les encourager à promouvoir leurs connaissances dans leurs cercles sociaux. Les réseaux sociaux constituent un atout important dont les décideurs politiques peuvent tirer profit pour combler le fossé entre les genres dans la productivité agricole. Afin de plus efficacement fournir des conseils aux femmes, les décideurs politiques peuvent choisir des conseillères volontaires dans chaque communauté, qui acceptent de rencontrer régulièrement des agents de vulgarisation pour des formations et des démonstrations agricoles. Ils encourageraient ensuite ces conseillères à partager l’information apprise au sein de leurs cercles sociaux. Cette approche a engendré des résultats prometteurs au Mozambique, où les agents de vulgarisation ont identifié des conseillères volontaires et apporté des démonstrations de vulgarisation plus près des lieux de résidence des femmes. Les résultats ont

montré que, dans les communautés qui avaient une conseillère agricole, à la fois les agriculteurs et les agricultrices étaient plus susceptibles d’adopter des pratiques durables de gestion de la terre46. De la même manière, des résultats prometteurs au Malawi suggèrent que les femmes peuvent être aussi efficaces que les hommes dans le partage d’informations agricole avec leurs homologues (voir encadré 7). Les décideurs politiques pourraient aussi compléter l’utilisation des conseillères agricoles avec l’exploitation des réseaux sociaux qui existent déjà au sein des organisations agricoles, que celles-ci soient réservées aux femmes ou qu’elles soient mixtes.

état actuel : pROMEttEUSE

Des preuves empiriques montrent que les conseillères agricoles volontaires arrivent avec succès à diffuser les informations agricoles, que ce soit aux agricultrices ou aux agriculteurs.

8. PROMOUVOIR L’UTILISATION PAR LES FEMMES DE CULTURES À HAUTE VALEUR AJOUTÉE/COMMERCIALE

Les hommes et les femmes cultivent souvent différents types de culture et les femmes sont moins susceptibles que les hommes de cultiver des cultures commerciales47. La majeure partie de ces cultures commerciales peuvent être vendues au marché ou exportées, peuvent avoir une grande valeur commerciale et peuvent être des cultures alimentaires ou non. Tandis que cette différence de choix de cultures entre les genres contribue à l’écart homme-femme dans plusieurs contextes, les agricultrices au Malawi et au nord du Nigéria, qui se sont engagées dans l’agriculture commerciale obtiennent de meilleurs retours sur investissement que les hommes ayant fait le même choix (toutes caractéristiques égales).

Afin d’améliorer la productivité globale et le bien-être des femmes, les décideurs politiques devraient piloter et évaluer des programmes qui introduisent des cultures commerciales/à haute valeur ajoutée dans les systèmes de culture des femmes. Ils

doivent prendre en compte les considérations suivantes dans la conception de ces mesures :

• Les cultures commerciales doivent souvent être complétées par d’autres intrants pour en tirer tous les bénéfices, comme des variétés de semences améliorées, de l’engrais et de l’embauche de main d’œuvre, auxquels les femmes peuvent ne pas avoir accès.

• L’accès aux marchés est essentiel pour garantir la réussite de ces cultures. Cela couvre un large éventail de questions, aussi bien l’accès au transport, que l’acquisition des documents nécessaires pour l’exportation, ou que l’obtention en temps voulu d’informations fiables sur les prix.

56 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

• Les femmes peuvent préférer certaines cultures en raison de la période de maturation, du rendement, du goût ou de la couleur de ces cultures. Ces préférences pourraient jouer sur leur décision d’investir dans des cultures commerciales et à forte valeur ajoutée48. En outre, les femmes ont tendance à favoriser les cultures qui demandent un plus faible investissement au départ et une utilisation moindre d’intrants complémentaires49. Les programmes devraient encourager les femmes à adopter des cultures commerciales possédant leurs caractéristiques préférées. Par exemple, les études sur la culture des variétés de riz NERICA au Ghana, au Togo et en Guinée ont montré que les hommes favorisaient des cycles courts de croissance et des plantes de taille basse, tandis que les femmes préféraient des caractéristiques telles qu’une bonne tolérance et vigueur du plant, probablement parce qu’elles sont plus impliquées dans les tâches de semaille et de désherbage.

• Comme dans la promotion de l’adoption de culture commerciale/à forte valeur ajoutée chez les hommes, des mesures sont essentielles pour atténuer les risques de ces nouvelles variétés et pour fournir aux agricultrices des informations adéquates et au bon moment.

• Les hommes jouent un rôle critique dans le choix de cultures. Par exemple, dans un souci d’augmenter l’apport en vitamine A en Ouganda, une initiative a distribué des fanes de patates douces orange biofortifiées (OSP). L’examen du programme

a constaté que sur environ 60% des parcelles, les hommes et les femmes ont décidé ensemble de cultiver des OSP, même si les hommes avaient un plus grand pouvoir de décision. Sur 17% des parcelles, les hommes et les femmes ont décidé ensemble mais les femmes avaient un plus grand pouvoir de décision. Sur 20% des parcelles, les femmes seules ont pris la décision de cultiver des OSP et les hommes ont pris la décision seuls sur uniquement 5% des parcelles50. Le fait que les hommes aient un rôle important à jouer dans le processus de décision devrait également être pris en compte lors de la création des interventions qui encouragent les femmes à cultiver des cultures commerciales et à forte valeur ajoutée. Du fait que les rôles traditionnels réservent les cultures commerciales aux hommes et limitent les femmes aux cultures alimentaires, les tentatives d’accroître la production de ces cultures par les femmes pourraient résulter dans l’appropriation de ces bénéfices par leurs maris. Les décideurs politiques devraient envisager de définir dans leurs programmes de vulgarisation des cultures commerciales/à forte valeur ajoutée comme étant des cultures spécifiques pour les femmes et d’encourager celles-ci à les cultiver.

état actuel : éMERGENtE

Des preuves indirectes et limitées d’impacts positifs de la culture commerciale ou à forte valeur ajoutée par les femmes sont disponibles.

9. FACILITER L’ACCÈS ET LA PLEINE PARTICIPATION DES FEMMES AUX MARCHÉS

Le simple fait de stimuler la production agricole d’une femme n’améliorera pas automatiquement ses revenus. Dans les cas où les femmes n’ont pas accès aux marchés pour vendre leurs récoltes, des améliorations de leur productivité peuvent ne pas être directement rentables. En Tanzanie, les différences homme-femme quant à la distance entre leur parcelle et la route la plus proche contribue à l’écart de productivité. Au Malawi, bien que les femmes aient autant que les hommes accès aux bureaux de commerce agricole, les femmes en tirent moins de bénéfices. Les

gouvernements et les organisations pour le développement devraient donc donner la priorité à l’amélioration de l’accès et de la participation aux marchés des agricultrices. L’utilisation de TIC (technologies de l’information et de la communication) et l’exploitation des groupes sociaux existants sont des outils potentiels d’amélioration de l’accès aux services commerciaux et aux informations. Comme les données sur les nombreuses interventions pilotes fondées sur les TIC , lancées en Afrique, sont incomplètes, les décideurs politiques devraient comprendre l’utilisation particulière

57Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

des TIC pour répondre aux obstacles commerciaux auxquels les hommes et les femmes sont confrontées tels que le coût élevé des déplacements ou l’impossibilité d’accéder à l’information pour ceux vivants dans des régions isolées51.

offrir des services marchands à travers l’utilisation de tIc

Les décideurs politiques peuvent envisager de piloter des innovations de TIC et d’élargir la base de données autour de l’impact sur l’accès aux marchés et à l’information des exploitantes agricoles de ces programmes pilotes. Plusieurs projets en Afrique ont cherché à mieux connecter les agriculteurs aux marchés et à fournir des informations agricoles par l’intermédiaire des téléphones mobiles. Par exemple, une intervention en téléphonie mobile en Ouganda a résulté en une plus grande participation commerciale des agriculteurs, en particulier de ceux qui cultivaient des cultures périssables52. Les applications en téléphonie mobile ont également aidé les exploitants agricoles à uniformiser les prix de leurs cultures. Au Niger, les tarifs des produits céréaliers reçus par les agriculteurs étaient beaucoup moins variables en raison de l’utilisation étendue des téléphones mobiles53.

état actuel : pROMEttEUSE

Des preuves directes existent sur l’efficacité des téléphones mobiles pour fournir des informations commerciales, mais les résultats ne sont pas spécifiques aux femmes.

exploiter les groupes existants pour accéder à des débouchés commerciaux

Les décideurs politiques pourraient également piloter et évaluer des interventions qui impliquent les groupes de femmes afin d’améliorer leur accès aux marchés et aux informations commerciales. Par exemple, par le passé, de nombreux programmes en Afrique et en Asie ont impliqué les groupes de femmes, tels que des groupes religieux, professionnels ou financiers, pour offrir des formations commerciales et les relier aux chaînes de valeur agricoles. Accéder à ces opportunités de formation à travers un groupe facilite le processus pour les femmes et accentue leur pouvoir de négociation. De plus, les femmes exigent davantage de capital entrepreneurial sous l’influence positive de leurs pairs, comme le suggèrent des données non-expérimentales au Paraguay54. Au Sénégal et au Burkina Faso, une étude a classifié des organisations de villages soit en tant qu’organisations commerciales soit en tant qu’organisations communautaires en fonction de leur rôle premier et a découvert que les organisations commerciales étaient plus efficaces pour fournir des services tels que des informations et des formations, qui exigent moins de ressources55. Les groupes de femmes peuvent aussi transporter collectivement leurs productions agricoles vers les marchés. En Ouganda par exemple, les ménages dirigés par des femmes vendent des quantités plus petites de café au marché en raison d’un manque de moyens de transport et financiers56. Les groupes peuvent aider les agricultrices à réduire leurs coûts de transport et à réduire leurs coûts à l’unité.

état actuel : éMERGENtE 

Il n’existe aucune preuve directe reliant la productivité agricole à l’exploitation des réseaux sociaux pour acheminer les informations commerciales. cependant, cette politique devrait être facile à mettre en œuvre.

58 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

10. ÉLEVER LE NIVEAU DE SCOLARITÉ DES EXPLOITANTES AGRICOLES ADULTES

Dans tous les pays examinés dans ce rapport, les niveaux de scolarité plus faibles des femmes entrave à la fois leur accès aux ressources agricoles et leurs rendements associés. L’écart agricole entre les genres dans le capital humain observé aujourd’hui est en partie dû au manque d’accès à l’éducation par les femmes au cours des décennies précédentes. Bien que les taux d’inscription scolaire des filles aient nettement augmenté, offrant la promesse que les futures générations d’agricultrices ne seront pas confrontées aux mêmes obstacles de productivité, les agricultrices adultes d’aujourd’hui continuent d’avoir un niveau d’éducation moins élevés.

Les décideurs politiques devraient par conséquent envisager de piloter, évaluer et développer des programmes qui élèveront le niveau d’éducation des femmes en lecture, écriture et calcul. Un programme d’éducation rural pour adultes au Niger donne des idées intéressantes pour améliorer les connaissances de base en lecture et en écriture des adultes (voir encadré 8). Des cours d’alphabétisation et de calcul étaient offerts sur une période de deux ans. Les emplois du temps des cours suivaient de près les saisons agricoles et les cours n’étaient pas offerts pendant les

hautes saisons de plantation et de récolte. Des téléphones mobiles étaient donnés dans 58 des 140 villages couverts par le programme pour aider davantage l’apprentissage. Une évaluation du programme a révélé des résultats positifs d’apprentissage autant pour les femmes que pour les hommes, suggérant que des méthodes innovantes d’enseignement pour adultes peuvent améliorer le niveau d’éducation des femmes dans des contextes ruraux. Un impact encore plus formidable du programme est qu’il résulta en un plus grand nombre de femmes cultivant des cultures commerciales par rapport à celles dans les villages non couverts par le programme, suggérant que l’enseignement non-traditionnel pour adulte peut aider les femmes à booster leur productivité57.

état actuel : pROMEttEUSE

Il existe des preuves empiriques rigoureuses de changements de cultures par les femmes en améliorant leur niveau d’éducation.

59Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ENcADRé 8 : éDUcAtION pOUR ADULtES Et téLépHONES MOBILES AU NIGER

Le Niger a l’un des écarts d’alphabétisation entre les genres les plus prononcés du monde : 43% des hommes ont des connaissances de base en lecture et écriture contre seulement 15% des femmes. L’insécurité alimentaire est chronique dans les zones rurales et le manque d’accès à l’information commerciale, accentué par l’illettrisme, en est un facteur clé. Pour aider à résoudre ce problème, les services de secours catholique (CRS) ont établi un programme d’éducation pour adultes de deux ans sur 140 villages.

Dans le cadre d’une expérimentation aléatoire en collaboration avec les universités Tufts et d’Oxford, un module supplémentaire fut ajouté dans 58 des 140 villages. Ce module, Projet Alphabétisation de Base par Cellulaire ou « Project ABC », fournit des téléphones mobiles bon marché à partager et enseigne comment s’en servir. Les interventions qui utilisent de simples technologies de téléphonie mobile dans l’Afrique rurale ont proliféré ces dernières années, reconnaissants le potentiel énorme de ces appareils dans l’augmentation du flux d’information et dans la transformation de la vie des agriculteurs. Armé d’un téléphone mobile (et des connaissances pour s’en servir), un agriculteur peut plus facilement obtenir des informations utiles sur les marchés, les prix, l’agronomie et la météo, lui permettant d’accroître sa productivité et son niveau de vie. Dans le Project ABC, les participants ont pu accéder aux informations commerciales en utilisant des téléphones mobiles et

s’entrainer aussi à lire et à écrire, renforçant leurs connaissances acquises lors de cours traditionnels de lecture, d’écriture et de calcul.

Les résultats du Project ABC sont extrêmement prometteurs, surtout pour les femmes. Dans le programme d’éducation, autant les femmes que les hommes ont considérablement amélioré leurs connaissances en lecture/écriture et en mathématiques, sans différence notable de performance entre les genres. Les participants dans les villages ABC, qui ont reçu en plus une formation en téléphonie mobile, ont eu des résultats encore meilleurs, avec des scores 20% plus élevés que les participants dans les autres villages. À travers le programme, il a été découvert que les élèves apprenaient plus efficacement avec des éducateurs de leur propre genre, ce qui a des implications valables dans la conception de futurs programmes. En outre, les améliorations des connaissances en lecture/écriture, en calcul et en téléphonie mobile se sont traduites par un véritable stimulus de la diversification agricole. Les ménages participant aux Project ABC ont accru de 8% le nombre de cultures produites par rapport aux autres ménages. De plus, les agricultrices ABC, plus susceptibles de cultiver des cultures commerciales comme la cacahuète ou le gombo après avoir participé au programme, ont largement suscité cette hausse de la diversification.

Sources : J.C. Aker, C. Ksoll et T.J. Lybbert. 2012. “Can Mobile Phones Improve Learning? Evidence from a Field Experiment in Niger”. American Economic Journal: Applied Economics, 4(4): 94-120; J.C. Aker et C. Ksoll. 2013. “Can Mobile Phones Improve Agricultural Outcomes? Evidence from a Randomized Experiment in Niger”. Mimeo; UNESCO, International Literacy Data. http://www.uis.unesco.org/literacy/Pages/data-release-map-2013.aspx?SPSLanguage=EN

60 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

LEçONS GÉNÉRALES POUR LA CONCEPTION ET LA MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES

Un certain nombre de considérations globales devraient guider les décideurs politiques dans la conception et la mise en œuvre des options politiques proposées dans ce rapport.

profiter des complémentarités : les exploitantes agricoles dans tous les pays étudiés font face à de multiples obstacles. Les actions politiques proposées peuvent avoir un plus grand impact sur la réduction de l’écart entre les genres si les décideurs politiques tirent profit des synergies potentielles entre les facteurs de production, comme les semences, l’engrais et la main d’œuvre. Définir la bonne combinaison exigera de prêter attention non seulement au type d’intrants (par exemple, une culture à haut rendement nécessitant de l’engrais) mais aussi aux contraintes particulières dans un contexte donné.

se tourner vers le secteur privé comme partenaire potentiel : les décideurs politiques devraient envisager de se tourner vers le secteur privé comme partenaire pour certaines solutions, comme la vente d’engrais et de semences de haute qualité dans des petits paquets et la prestation de conseils techniques.

recourir aux groupes de femmes pour accentuer l’impact : les décideurs politiques peuvent aider les groupes d’agricultrices à tirer profit de la dynamique de groupe pour accéder aux semences, aux sacs d’engrais et à la terre, ainsi que pour l’embauche de main d’œuvre ou l’achat de machines. Le soutien à la création de ces groupes sous la forme d’associations d’agricultrices (lorsqu’elles n’existent pas déjà) peut également aider les femmes à partager leurs connaissances agricoles et surmonter les barrières culturelles liées à l’accès à la terre et à la main d’œuvre.

envisager les dons d’espèces sans engagement aucun : bien qu’un clair consensus de l’impact sur la productivité de transfert d’espèces sans conditions n’ait pas encore émergé, une telle approche peut aider les femmes et les hommes vivant dans des ménages ruraux qui sont en pénurie d’argent. Par exemple, le système social de transfert d’espèces du Malawi, un programme de protection sociale qui ne ciblait pas l’agriculture en particulier, fournit de l’argent sans conditions à des ménages extrêmement pauvres. En plus de ses effets sur la pauvreté, une évaluation d’impact du programme a

révélé de fortes augmentations de l’accession à la propriété de biens agricoles productifs et du temps consacré aux exploitations familiales58. Des impacts des transferts d’espèces sur la production, comme une plus grande utilisation d’intrants tels que l’engrais et la main d’œuvre embauchée par les agricultrices, ont également été observés en Zambie, ou de l’argent fut donné aux ménages avec des enfants de moins de cinq ans59.

tenir compte des contraintes auxquelles les différents types de ménages gérés par des femmes sont confrontés : les agricultrices peuvent exploiter leur ferme avec leurs homologues masculins du même ménage, ou être le chef de famille de leur propre ménage. Les pouvoirs de décision et les contraintes peuvent varier pour ces femmes chefs de famille en fonction du fait qu’elles soient célibataires, divorcées, veuves ou ont un homme chef de famille qui a émigré.

comprendre le large éventail d’activités économiques dans lesquelles s’engagent les agriculteurs et agricultrices : ces activités peuvent fournir des informations pour des interventions complémentaires : par exemple, améliorer non seulement l’accès à la main d’œuvre et aux équipements de récolte, mais aussi renforcer le traitement post-récolte et l’emballage.

reconnaitre à quel moment mettre fin à l’intervention : la plupart des défis abordés dans cette section découlent de problèmes dans les marchés et les institutions. Dans certains cas, le remède politique n’a pas besoin d’être un programme permanent. Par exemple, une exploitante agricole peut être réticente à passer à la production de cultures à forte valeur ajoutée parce qu’elle ne sait pas comment les cultiver au mieux. Un programme de bons à court terme peut lui permettre d’essayer de cultiver la semence et de développer ses connaissances associées par elle-même tout en minimisant ses coûts parce qu’elle n’aura pas à payer pour les intrants clés. Cependant, une fois qu’elle sait correctement comment cultiver la semence à forte valeur ajoutée et l’adopte, l’échec commercial n’existera plus et le programme de bons ne sera plus nécessaire.

61Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

RÉDUIRE L’ÉCART HOMME-FEMME DANS L’AGRICULTURE AFRICAINE : ALLER DE L’AVANT

Ce rapport présente des preuves claires du grand écart homme-femme qui persiste dans l’agriculture africaine. Bien qu’il soit possible d’identifier les priorités des pays pour combler l’écart, la base de données pour orienter l’élaboration des politiques est encore limitée. Néanmoins, cette section a tracé une feuille de route générale pour lancer des actions politiques sur cette importante question. Elle met également en avant les rôles et les responsabilités des gouvernements africains, des donateurs et des organisations dans le développement pour aller de l’avant.

En plus de clairement intégrer la question des genres dans leurs plans agricoles nationaux, les décideurs politiques africains peuvent prendre des mesures concrètes pour réduire l’écart homme-femme dans l’agriculture africaine.

s’engager sérieusement pour réduire l’écart entre les genres : dans le cadre de l’Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire de l’Union africaine (UA), les gouvernements africains devraient prendre un nouvel engagement fort pour réduire l’écart entre les genres dans l’agriculture et l’annoncer au Sommet de l’UA en juin 2014 en Guinée équatoriale. Cet engagement devrait refléter une compréhension globale de l’écart homme-femme dans le secteur agricole exposé dans ce rapport et des priorités politiques définies dans cette section, qui adressent les barrières clés sapant la productivité de plus de 40% des agricultrices de l’Afrique subsaharienne. Si des initiatives ne sont pas prises pour augmenter la productivité des femmes, la croissance agricole restera probablement dans l’impasse et les efforts plus larges en matière de développement en seront entravés.

mettre en œuvre et développer des programmes et des politiques d’après les idées prometteuses pour aider les agricultrices : ce rapport équipe les décideurs politiques africains de six pays (l’Éthiopie, le Malawi, le Niger, le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda) d’une compréhension détaillée des défis spécifiques auxquels les agricultrices font face dans leurs pays. Le rapport met ensuite en relief des interventions prometteuses, c’est-à-dire celles avec des preuves d’impact, pour relever ces défis. Les décideurs politiques des pays examinés dans ce rapport et à travers le continent devraient mettre en œuvre et perfectionner les programmes prometteurs qui sont pertinents dans leurs contextes nationaux.

piloter, développer et évaluer les idées émergentes pour identifier de nouvelles politiques et programmes efficaces pour les agricultrices : pendant trop longtemps, la compréhension limitée des contraintes clés auxquelles les agricultrices africaines (et d’autres régions en voie de développement) sont confrontées a entravé les efforts de réduction de la disparité entre les genres dans l’agriculture. Maintenant que les décideurs politiques en ont conscience, ils doivent mettre la priorité sur le développement de politiques et de programmes efficaces pour résoudre ces problèmes clés, comme la question de la main d’œuvre. Les décideurs politiques peuvent commencer ce processus en pilotant les idées émergentes que ce rapport met en avant (comme des crèches communautaires), en évaluant leurs efficacités et en partageant leurs connaissances. Ces efforts permettront aux décideurs politiques à la fois d’identifier les programmes efficaces d’aide aux agricultrices dans leurs situations propres et d’offrir des exemples, des conseils et des options aux décideurs politiques des autres pays, où les agricultrices sont confrontées à des contraintes similaires.

renforcer la collecte de données et les efforts d’analyse pour déterminer les obstacles spécifiques auxquels les agricultrices sont confrontées dans les pays dont le profil n’a pas été dressé : ce rapport porte sur seulement six pays d’Afrique subsaharienne. Ces pays comprennent plus de 40% de la population de la région, couvrent un éventail large de contextes et présentent des obstacles clés rencontrés par les agricultrices dans cette région, comme l’utilisation d’intrants agricoles. Cependant, comme le suggèrent les profils de pays, les facteurs responsables de l’écart de productivité agricole entre les genres peuvent varier par pays. Les décideurs politiques des pays dont le profil n’a pas été directement établi dans ce rapport partent d’une base plus réduite de données disponibles. Ils devraient envisager de renforcer leur capacité à collecter des données et des analyses comparables pour qu’ils puissent commencer à réduire tout écart coûteux existant entre les femmes et les hommes dans leurs secteurs agricoles. De plus, les profils de pays suggèrent que, dans le but d’améliorer davantage les connaissances sur l’écart homme-femme dans l’agriculture africaine globale, plus de données et d’études empiriques sont nécessaires sur les allocations de temps et de main d’œuvre des femmes travaillant au sein de ménages gérés par des hommes, par des femmes ou des ménages multi-générations, ainsi que sur la fertilité

62 2ème PARTIE : PRIORITÉS POLITIQUES

des sols, l’accès aux sources d’eau et d’irrigation, et les contraintes rencontrées par les différentes sortes de ménages gérés par une femme.

Entretemps, les donateurs et les organisations pour le développement devraient jouer un rôle de catalyseur en soutenant les gouvernements africains à réduire l’écart entre les genres. Ce rapport équipe les gouvernements africains d’une compréhension nouvelle et riche des principaux défis rencontrés par les agricultrices dans leurs pays. Les donateurs et les organisations pour le développement peuvent jouer un rôle important en aidant les gouvernements à transformer ces informations en améliorations tangibles du bien-être de leurs agricultrices par l’intermédiaire des actions suivantes.

créer un « challenge fund » (fonds passerelle de défi) pour aider le pilotage et le développement de politiques efficaces soutenant les agricultrices et réduisant l’écart homme-femme : comme décrit ici, il existe peu de politiques efficaces traitant la question de l’inégalité entre les genres dans l’agriculture africaine. Par exemple, les agricultrices dans tous les pays étudiés ont de grandes difficultés à mobiliser et à superviser des ouvriers agricoles pour qu’ils travaillent sur leurs parcelles. Pourtant, il n’existe aucune politique ou aucun programme qui se distingue comme aidant les agricultrices à surmonter ces obstacles. Pour cette raison, les donateurs devraient s’associer aux gouvernements africains et financer les efforts de développement de politiques efficaces visant à éradiquer ces contraintes clés identifiées dans ce rapport. Une des façons d’y arriver peut se faire à travers la création d’un « challenge fund ». Ce fonds indépendant permettrait aux décideurs politiques africains d’obtenir une assistance technique les aidant à piloter, développer et évaluer des programmes tels que les options politiques émergentes présentées dans ce rapport, dans le but de mieux soutenir les exploitantes agricoles. Les activités générées par le fonds auraient des avantages multiples : elles permettraient aux décideurs politiques d’identifier les programmes efficaces d’aide aux agricultrices dans leurs contextes spécifiques et elles offriraient des exemples, des conseils et des options aux décideurs politiques des autres pays, ou les agricultrices sont confrontées à des contraintes similaires.

soutenir les plans agricoles nationaux comprenant des éléments forts à jouer la question des genres : ce rapport devrait équiper les décideurs politiques africains, en particulier dans les pays étudiés, avec les outils nécessaires pour s’attaquer à l’inégalité entre les genres, et ces politiques et programmes devraient être abordés dans leurs plans agricoles nationaux. Les donateurs devraient s’employer à soutenir le financement des plans agricoles nationaux directement et au moins à s’assurer que leurs efforts

complémentaires s’alignent sur les éléments des plans nationaux adressant la question de l’inégalité entre les genres.

prendre les découvertes du rapport en considération dans les programmes de dons : de nombreuses organisations donatrices et partenaires au développement administrent des programmes mettant l’accent sur les agricultrices en Afrique. Les découvertes de ce rapport devraient donc aider à orienter leurs programmes dans les six pays examinés, tandis que les options politiques devraient aussi guider leur action envers les agricultrices rencontrant des contraintes similaires dans d’autres contextes. Les organisations donatrices et pour le développement devraient également continuer à s’appuyer sur les analyses de la disparité entre les genres dans la conception de leurs programmes afin de mieux comprendre les contraintes sous-jacentes auxquelles les femmes sont confrontées. Elles devraient également collecter des données ventilées par genre dans le cadre du suivi et de l’évaluation des programmes agricoles pour mieux surveiller les impacts sur les exploitantes agricoles.

L’adoption de ces priorités politiques marquera un important tournant pour les exploitantes agricoles d’Afrique afin d’obtenir les opportunités et l’égalité qu’elles méritent.

63Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

64 ANNEXES

FERMIERS RÉCOLTANT DES HARICOTS,

MELAKASSA, ÉTHIOPIE.

PHOTO : FONDATION BILL & MELINDA GATES

65Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ANNEXES

ANNEXE 1 : COMPARABILITÉ ENTRE LES PROFILS DES PAySBien qu’aucun effort n’ait été ménagé pour standardiser les profils des pays dans ce rapport, les lecteurs devraient garder à l’esprit en comparant ceux-ci aux différences concernant les données et les méthodologies d’enquêtes.

Premièrement, les enquêtes contribuant aux profils des pays furent mises en œuvre par le bureau national de la statistique dans chaque contexte et donc, celles-ci peuvent varier de plusieurs manières. En particulier, la formulation des questions et les mesures des différents aspects agricoles peuvent différer1. Par exemple, les enquêtes dans certains pays, comme l’Ouganda et le Malawi, distinguent les interactions avec les services de vulgarisation au niveau du gérant de parcelle tandis que dans d’autres, comme l’Éthiopie, le Niger et le Nigéria, celles-ci sont mesurées au niveau du ménage. De plus, certaines enquêtes, comme celles de l’Ouganda, demandent de préciser les sources de vulgarisation agricole, alors que d’autres n’ont qu’une seule question couvrant multiples sources de vulgarisation.

Deuxièmement, les auteurs des études à la base des profils peuvent avoir abordé l’analyse de manière quelque peu différente. La structure des données elles-mêmes (par ex. la définition du « gérant agricole » dans le profil éthiopien) peut être responsable de certaines de ces différences. En outre, dès le départ, les auteurs ont porté des jugements informés sur les facteurs qui pourraient être déterminants pour leurs analyses en se basant sur la littérature existante et ils ont ensuite centré celles-ci sur ces facteurs.

Troisièmement, des différences structurelles entre les pays peuvent avoir joué sur l’application d’approches différentes. Pour cette raison, certaines études de pays ne couvrent pas des facteurs spécifiques, comme le montre le Tableau 2 à la page 38.

Ces trois types de différences ont influencé le choix des variables de contrôle dans les analyses de décomposition sous-jacentes2. Toutes les analyses utilisent des contrôles pour la zone géographique dans laquelle un ménage se trouve, mais ceux-ci peuvent être très réduits (par ex. par zones de recensement en Ouganda) ou très larges (par ex. par états au Nigéria). Toutes les analyses évaluent le choix de cultures par les agriculteurs ou les ménages, mais les cultures individuelles et leurs groupements varient d’une étude à l’autre.

Malgré ces différences, il est important de noter que le contenu de chacune des enquêtes de pays est en grande partie similaire et que la méthodologie de base reste cohérente entre les études. De plus, les auteurs ont régulièrement communiqué entre eux tout au long de leurs études, ce qui a facilité la comparabilité des analyses de pays. Les lecteurs qui désirent plus de détails sur un pays en particulier sont invités à consulter les études sur lesquelles reposent les profils des pays.

66 ANNEXES

ANNEXE 2 : LES AGRICULTRICES ET LE STATUT DE CHEF DE FAMILLE

Le tableau suivant illustre la répartition des agriculteurs et des agricultrices en fonction du genre du chef de famille, basée sur les échantillons de l’enquête du LSMS-ISA dans chacun des six pays étudiés. Par exemple, en Éthiopie, la grande majorité des agriculteurs de l’échantillon (1 268 sur 1 277) réside dans un ménage dont le chef de famille est un homme, tandis que la plupart des agricultrices (231 sur

241) résident dans un ménage dont le chef de famille est une femme. Les analyses en Tanzanie et en Ouganda incluent les parcelles gérées conjointement par plus d’un membre du ménage. Par exemple, sur les 2 224 parcelles gérées par deux ou plus membres du ménage dans l’échantillon ougandais, un grand nombre d’entre elles (1 711 sur 2 224) appartiennent à des ménages dont le chef de famille est un homme.

ÉthIopIe malawI nIger nIgÉrIa (norD) nIgÉrIa (suD) tanzanIe ouganDa

HOMME FEMME HOMME FEMME HOMME FEMME HOMME FEMME HOMME FEMME HOMME FEMME HOMME FEMME

HOMME 1,268 9 11,894 134 4,051 17 1,851 4 539 10 1,919 115 4,832 156

FEMME 10 231 814 3,530 501 245 98 97 186 210 237 1199 4,481 2,491

JOINT 3,028 456 1,711 513

ge

nr

e D

u g

er

an

t D

e p

ar

ce

lle

genre Du chef De famIlle

67Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ANNEXE 3 : AU-DELÀ DES DONNÉES DE L’ENQUêTE : D’AUTRES FACTEURS POUVANT JOUER SUR L’ÉCART HOMME-FEMME

Les profils des pays dans ce rapport identifient plusieurs facteurs clés comme les principaux contributeurs à l’écart de productivité agricole entre les hommes et les femmes. Cependant, d’autres facteurs souvent mentionnés qui sont à considérer n’ont pas été suffisamment pris en considération dans les analyses en raison des limitations des données, des enquêtes et de la méthodologie utilisées. Cette section se fonde sur de la littérature empirique pour explorer comment trois autres facteurs clés soit l’accès à la terre, les réseaux sociaux et la qualité des sols, peuvent aussi influencer l’écart de productivité entre les genres en Afrique.

Accès à la terre

L’accès à la terre et la sécurité de son contrôle sont essentiels pour les investissements agricoles et le bien-être des ménages ruraux. Les ensembles de données de la LSMS-ISA, bien que riches en détails, ne peuvent que partiellement faire la lumière sur les problèmes complexes liés à l’accès à la terre et à son contrôle. De plus, l’analyse par décomposition fut (délibérément) effectuée uniquement pour ceux qui cultivaient déjà la terre, limitant ainsi son champ d’application. Néanmoins, cette analyse suggère qu’un certain nombre de facteurs en rapport à la terre (au-delà de l’accès propre) peut aider à expliquer l’écart homme-femme, tels que la propriété, les locations de terre et les droits fonciers officiels. Ces découvertes sont complétées par une quantité considérable de littérature explorant l’importance des inégalités entre les genres dans l’accès, la sécurité de contrôle, le régime et les droits relatifs à la terre.

les femmes sont désavantagées à la fois dans l’accès à la terre et dans lasécurité de son contrôle. Des normes et des institutions coutumières profondément enracinées gouvernent la terre dans la majorité de l’Afrique rurale subsaharienne, et les femmes sont souvent désavantagées dans les systèmes de régime foncier, que ceux-ci soient légaux ou coutumiers1. Traditionnellement, les femmes obtenaient le droit d’utilisation des terres principalement grâce à leurs maris et étaient limitées à l’accès à la terre qu’elles cultivaient et occupaient, compromettant ainsi leurs droits de posséder ou d’hériter des terres. L’introduction de systèmes juridiques officiels, lorsqu’en combinaison avec les institutions coutumières existantes, a souvent mis les femmes dans des situations problématiques et ambiguës qui

les désavantagent2. Malgré des efforts pour prendre en compte les intérêts des femmes dans les réformes récentes des droits fonciers, de larges inégalités entre les genres dans l’accès aux droits fonciers officiels persistent dans de nombreux pays d’Afrique3. Par exemple, les lois peuvent ne reconnaitre qu’un seul propriétaire foncier (ignorant tous les utilisateurs secondaires), ne prenant ainsi pas en compte le droit d’accès secondaire informel des femmes d’après les systèmes coutumiers4. En outre, les lois sur la famille et sur la succession peuvent désavantager les femmes, rendant difficile pour elles de réclamer et de transférer de façon permanente les terres après un divorce ou la mort d’un père ou d’un mari5.Une tendance ressort systématiquement des études sur la propriété foncière en Afrique : les femmes rurales sont moins susceptibles de contrôler et de posséder des terres que les hommes ruraux6. Cette constante est supportée par les analyses des données de la LSMS-ISA. Par exemple, en Tanzanie, de toutes les terres agricoles cultivées par des ménages ruraux, 91% appartiennent à des agriculteurs (que ce soit officiellement documenté ou non), 44% appartiennent uniquement à des hommes, 16% uniquement à des femmes et 39% sont en copropriété7. Dans les six pays inclus dans ce rapport, les hommes ont constamment des niveaux plus élevés de propriété unique que les femmes, sauf au Malawi. Au Nigéria, ils possèdent 99 fois plus de terres que les femmes, bien que 13% des terres soient gérées par des femmes8. Ces proportions sont plus faibles dans les autres pays : 7:1 au Niger, 3:1 en Tanzanie et 2:1 en Ouganda9. Ces inégalités dans les droits officiels de propriété inhibent la sécurité foncière des femmes sur les terres qu’elles cultivent, ainsi que leur capacité à revendiquer leurs droits dans le cas de conflits fonciers (c.à.d. des revendications concurrentes de propriété). Ces défis rendent le transfert de terres beaucoup plus problématique pour les femmes. Elles dépendent moins du marché pour les locations temporaires de parcelle, sont confrontées à des restrictions officielles et non-officielles sur les ventes de terres et risquent de perdre leur accès à la terre si leur mari décède10.

la précarité du régime foncier limite les investissements et la productivité agricole.La littérature empirique a établi des liens étroits entre la sécurité foncière et le niveau d’investissement dans la terre concernée11. Par exemple, des recherches en Éthiopie ont découvert que la menace d’expropriation a tendance à réduire l’investissement dans les mesures de conservation des sols, tandis que la reconnaissance des titres fonciers (augmentant la sécurité foncière) stimule

68 ANNEXES

l’investissement et l’activité du marché locatif12. De la même manière au Rwanda, des recherches ont montré que les femmes ont des niveaux plus faibles de sécurité foncière que les hommes, ce qui restreint leur volonté de faire ou de maintenir des investissements dans des structures telles que des murets, des terrasses ou des barrages13. Une étude sur neuf pays de l’Afrique de l’ouest a conclu que la sécurité foncière a tendance à accroître de façon significative la plantation d’arbres et les investissements à long terme, tels que la mise en jachère de la terre14.

Une sécurité foncière fragile peut également affaiblir la productivité agricole d’autres manières. Une étude au Ghana a trouvé que les femmes obtiennent de moins bons rendements car elles laissent moins longtemps la terre en jachère15. Une sécurité foncière plus fragile signifie que les femmes sont plus susceptibles de perdre leur terre quand elles la laissent en jachère.

Réseaux sociaux

Les réseaux sociaux informels jouent un rôle crucial dans les échanges d’informations agricoles et l’adoption de technologies agricoles entre les agriculteurs16. Les données détaillées sur le rôle des réseaux sociaux sortent du champ d’application des enquêtes LSMS-ISA, mais la littérature actuelle a suggéré que les réseaux sociaux de femmes ont tendance à être différents de ceux des hommes, et que les hommes et les femmes ont tendance à les utiliser différemment, avec des implications pour leur productivité agricole17. Les hommes et les femmes s’appuient souvent sur des réseaux sociaux séparés par genres pour obtenir des informations agricoles et ces réseaux sont en général de taille plus petite pour les femmes. Les chercheurs au Mozambique, par exemple, ont découvert que l’ajout de nouvelles connexions au sein de petits réseaux sociaux accroît les chances des participants de cultiver des tournesols pour la première fois, cet effet étant plus prononcé parmi les ménages dont le chef de famille est une femme18. Les réseaux d’information des producteurs d’ananas au Ghana ont tendance à être basés sur des groupes du même genre, du même clan et du même âge19. Dans une étude en Éthiopie, une majorité d’agriculteurs qui avaient adopté des intrants tels que de l’engrais ont attribué leur décision à la présence d’un individu du même genre dans leur réseau social20.

Les femmes dépendent probablement plus des réseaux sociaux que les hommes pour accéder aux informations agricoles21. Les normes culturelles, telles que la restriction des interactions des femmes avec des hommes hors du ménage et les contraintes de temps et de mobilité, peuvent limiter les moyens pour les

agricultrices d’accéder aux services publics de vulgarisation et d’information agricole officiels22. Dans de telles situations, les femmes ont largement recourt à leurs réseaux sociaux féminins pour s’informer sur les nouvelles technologies agricoles. Au Mozambique, les chercheurs ont examiné l’impact de la formation de conseillers agricoles volontaires des deux genres, retenus pour diffuser l’information dans les communautés à propos de ces techniques23. Dans les communautés où les conseillers étaient des hommes, le programme n’a eu aucune incidence significative sur l’adoption des techniques. Dans les communautés où les conseillers étaient des femmes, les femmes étaient plus susceptibles d’adopter la technologie, suggérant que les conseillères incitent d’autres femmes au sein de leurs réseaux à apprendre et à adopter des techniques agricoles. Par ailleurs, à la fois les agriculteurs et les agricultrices, dans ces communautés où les conseillers étaient des femmes, étaient également plus susceptibles de partager leur savoir sur ces techniques avec d’autres.

Qualité des sols

La qualité des sols24 est un facteur déterminant de la productivité agricole en Afrique et il est souvent affirmé que les terres gérées par les femmes sont de moins bonne qualité que celles gérées par les hommes25. Cependant, le coût élevé et la logistique nécessaire pour effectuer une analyse à grande échelle des sols en Afrique limitent la disponibilité de données de qualité au niveau de chaque ferme. Les enquêtes du LSMS-ISA ne contiennent pas de données objectives (basées sur les mesures chimiques des sols) et donc, la qualité des sols n’a pas été adressée dans les analyses de pays inclues dans ce rapport26. En raison de ces défis, les preuves empiriques de disparité entre les genres dans la qualité des sols sont rares et peu concluantes. Par exemple, une étude au Burkina Faso n’a trouvé aucune preuve indiquant que les parcelles des femmes étaient de moins bonne qualité. De la même façon, en Ouganda, aucune différence n’a été trouvée entre les parcelles des maris et celles des femmes (bien que l’échantillon étudié fût très petit). Dans une étude du sud du Ghana, les chercheurs ont découvert que les femmes exploitent des parcelles ayant des niveaux plus faibles de matières organiques, mais que cette différence influence rarement les rendements27.

Il se peut qu’il soit vrai que les femmes gèrent et cultivent des terres dont les sols sont de moins bonne qualité que les hommes. Cependant, le manque d’études empiriques robustes souligne le besoin de recherches plus approfondies afin de développer la base de connaissances sur ce sujet.

69Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

ANNEXE 4 : PREUVES ET GUIDE DE MISE EN PLACE DES PRIORITÉS POLITIQUES POUR RÉDUIRE LA DISPARITÉ

actIon État actuel* pays prIncIpales conclusIons

exIstence De DIffÉrences entre les genres InterventIon pIlote possIble

PRIORITÉ POLITIQUE : 1) RENFORCER LES DROITS FONCIERS DES FEMMES

Formaliser les droits à travers un enregistrement foncier afin d’accroître la sécurité foncière des femmes

Prometteuse Rwanda L’enregistrement foncier a eu un effet positif sur les investissements agricoles à la fois pour les femmes et pour les hommes, avec des bénéfices bien plus importants pour les ménages dont le chef de famille était une femme (Ali et al., 2014).

Oui Évaluer l’impact de programmes d’enregistrement foncier à grande échelle sur la sécurité foncière des hommes et des femmes.

Éthiopie La délivrance de titres de propriété a considérablement réduit l’insécurité foncière et a augmenté les investissements liés à la terre (Deininger et al., 2011).

Non

Augmenter la création de titres fonciers individuels et partagés pour les femmes

Prometteuse Tanzanie Des petites incitations financières permettent d’obtenir à un faible coût une meilleure égalité entre les genres dans les droits de propriété et sans perte de demande de titres fonciers (Ali et al., 2013).

Oui Étudier l’effet du partage des titres fonciers sur les femmes en ce qui concerne leur accès à la terre, leur productivité, leur responsabilisation, leur pouvoir de négociation et leur distribution des ressources dans le ménage.

Réformer la loi relative à la famille et à la succession pour protéger le droit des femmes

Émergente Monde Éliminer la discrimination dans les droits fonciers entre les femmes et les hommes est associée à une évolution positive pour les femmes (Hasan et al., 2013).

Oui Analyser l’impact des réformes des lois relatives à la famille et à la succession sur les investissements et sur la productivité agricole en se servant de données expérimentales ou quasi-expérimentales.

Émergente Inde L’élimination dans les droits fonciers de la discrimination entre les hommes et les femmes est associée à des améliorations positives en termes de développement pour les femmes (Hasan et al., 2013).

Oui

TERRE

* Une priorité politique est classifiée comme « Prometteuse » si elle a été soumise à au moins une étude d’impact avec un scénario contrefactuel plausible qui met en évidence les résultats attendus. Une priorité politique est classifiée comme « Émergente » si elle manque de preuves directes et rigoureuses d’un impact sur les résultats de productivité agricole en matière d’égalité des genres.

70 ANNEXES

actIon État actuel* pays prIncIpales conclusIons

exIstence De DIffÉrences entre les genres InterventIon pIlote possIble

PRIORITÉ POLITIQUE : 2) AMÉLIORER L’ACCèS À L’EMBAUCHE DE MAIN D’œUVRE POUR LES FEMMES

Accorder des financements aux femmes pour faciliter l’embauche de main d’œuvre agricole

Émergente Zambie Des transferts en espèces sans conditions peuvent accroître la quantité d’argent dépensé dans l’embauche de main d’œuvre (Seidenfeld et al., 2013).

Non Tester si le financement de l’embauche de main d’œuvre par les femmes les aide à augmenter leur main d’œuvre et réduit l’écart entre les genres. Comparer les différents mécanismes pour y arriver, tels que les transferts en espèces, les crédits ou les bons.

Charger les agents de vulgarisation d’aider les exploitantes agricoles à trouver de la main d’œuvre

Émergente – – – Examiner les effets de la formation des agents de vulgarisation pour aider les femmes à trouver de la main d’œuvreet l’utiliser au mieux.

PRIORITÉ POLITIQUE : 3) ACCROîTRE L’UTILISATION PAR LES FEMMES D’OUTILS ET D’ÉQUIPEMENTS QUI RÉDUISENT LA QUANTITÉ DE MAIN D’œUVRE AGRICOLE NÉCESSAIRE

Accorder des financements ou des remises aux femmes pour faciliter l’achat de machines

Émergente Kenya etTanzanie

Promouvoir les technologies qui prennent en compte les contraintes financières et de main d’œuvre rencontrées par les femmes et dont l’utilisation par les femmes est culturellement appropriée (Njuki et al., 2013).

Oui Examiner quels mécanismes financiers fonctionnent le mieux pour augmenter l’utilisation de machines et d’outils et l’impact de cette utilisation sur la main d’œuvre et la productivité agricole.

PRIORITÉ POLITIQUE : 4) FOURNIR DES SERVICES DE GARDERIE COMMUNAUTAIRES

Fournir des services de garderie communautaires

Émergente Mozambique L’inscription des enfants en école maternelle ou en crèche augmente la probabilité de participation de main d’œuvre féminine (Martinez et al., 2012).

Non Évaluer les conséquences directes de l’inscription des enfants dans des centres communautaires de garde d’enfants sur la disponibilité de la main d’œuvre féminine dans l’agriculture.

MAIN D’œUVRE

* Une priorité politique est classifiée comme « Prometteuse » si elle a été soumise à au moins une étude d’impact avec un scénario contrefactuel plausible qui met en évidence les résultats attendus. Une priorité politique est classifiée comme « Émergente » si elle manque de preuves directes et rigoureuses d’un impact sur les résultats de productivité agricole en matière d’égalité des genres.

71Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

actIon État actuel* pays prIncIpales conclusIons

exIstence De DIffÉrences entre les genres InterventIon pIlote possIble

PRIORITÉ POLITIQUE : 5) ENCOURAGER LES AGRICULTRICES À UTILISER PLUS D’ENGRAIS ET DE MEILLEURE QUALITÉ

Accorder des financements ou des remises alignés sur leur cycle de revenus pour encourager les achats d’engrais.

Prometteuse Mali Les bons d’engrais gratuits augmentent non seule-ment l’utilisation d’engrais mais aussi celle d’autres intrants complémentaires (Beaman et al., 2013).

Oui Évaluer les conséquences directes de l’inscription des enfants dans des centres communautaires de garde d’enfants sur la disponibilité de la main d’œuvre féminine dans l’agriculture.

Kenya Une mise à disposition au moment opportun et à un prix abordable est essentielle : des incitations d’achat à prix réduit alignées sur le cycle de revenus des agriculteurs peuvent accroître considérablement l’utilisation d’engrais (Duflo et al., 2011).

Non

Certifier des petits sacs d’engrais pour l’utilisation par les femmes

Émergente – – – Tester si le fait de fournir des petits sacs certifiés d’engrais a un effet positif sur l’utilisation d’engrais et la productivité des femmes et des hommes qui en justifie le coût.

PRIORITÉ POLITIQUE : 6) AUGMENTER L’UTILISATION PAR LES FEMMES DE SEMENCES « AMÉLIORÉES »

Offrir des financements flexibles pour l’achat de semences

Émergente Mali Des bons pour engrais gratuits augmentent non seulement l’utilisation d'engrais mais aussi celle d’autres intrants complémentaires (Beaman et al., 2013).

Oui Évaluer l’influence de différents mécanismes financiers, niveaux de rabais et le calendrier des offres de rabais pour des intrants variés sur l’utilisation et les rendements venant de ces intrants sur les parcelles gérées par des femmes.

Kenya Une mise à disposition au moment opportun et à un prix abordable est essentielle : des incitations d’achat à prix réduit alignées sur le cycle de revenus des agriculteurs peuvent accroître considérablement l’utilisation d’engrais (Duflo et al., 2011).

Non

Aider les femmes à mieux identifier et à obtenir des semences de qualité

Émergente – – – Tester si le fait de fournir des petits sacs certifiés de semences a un effet positif sur l’utilisation de semences de qualité et sur la productivité agricole des femmes.

INTRANTS NON LIÉS À LA MAIN D’œUVRE

72 ANNEXES

actIon État actuel* pays prIncIpales conclusIons

exIstence De DIffÉrences entre les genres InterventIon pIlote possIble

PRIORITÉ POLITIQUE : 7) ADAPTER LES SERVICES DE VULGARISATION AUX BESOINS DES FEMMES ET TIRER PARTI DES RÉSEAUX SOCIAUX POUR Y DIFFUSER LES CONNAISSANCES AGRICOLES

Former les agents de vulgarisation à cibler les agricultrices et à mieux répondre à leurs besoins en informations agricoles

Prometteuse Éthiopie Les ménages gérés par des femmes profitent des services de vulgarisation qui visent spécifiquement à accroître la participation de celles-ci. (Buehren et al., 2013).

Oui Comparer l’impact des différents agents (les employés de service de vulgarisation, les agriculteurs en chef, les conseillers volontaires) et des différentes modalités de prestation (en face à face, via téléphones mobiles, à travers des groupes d’agriculteurs) sur l’utilisation d’intrants ainsi que les techniques et la productivité agricoles des agricultrices.

Mettre des formations et des conseils en agriculture à la disposition des femmes à travers des fermes-écoles et des applications pour téléphonie mobile

Prometteuse Kenya, Ouganda et Tanzanie

Les ménages gérés par des femmes peuvent davantage bénéficier que les ménages gérés par des hommes d’une participation à une ferme-école (Davis et al., 2010).

Oui

Identifier des conseillères agricoles volontaires pour diffuser l’information dans les réseaux sociaux féminins

Prometteuse Mozambique La sélection de conseillères agricoles volontaires au sein des communautés améliore l’utilisation des techniques agricoles à la fois par les agriculteurs et agricultrices de ces communautés (Kondylis and Mueller, 2013).

Oui

INFORMATION

* Une priorité politique est classifiée comme « Prometteuse » si elle a été soumise à au moins une étude d’impact avec un scénario contrefactuel plausible qui met en évidence les résultats attendus. Une priorité politique est classifiée comme « Émergente » si elle manque de preuves directes et rigoureuses d’un impact sur les résultats de productivité agricole en matière d’égalité des genres.

73Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

actIon État actuel* pays prIncIpales conclusIons

exIstence De DIffÉrences entre les genres InterventIon pIlote possIble

PRIORITÉ POLITIQUE : 8) PROMOUVOIR L’UTILISATION PAR LES FEMMES DE CULTURES À HAUTE VALEUR AJOUTÉE/COMMERCIALE

Promouvoir l’utilisation par les femmes de cultures à haute valeur ajoutée/ commerciale

Émergente – – – Tester les différents mécanismes d’augmentation de l’adoption de cultures commerciales/à haute valeur ajoutée dont une augmentation de l’information et/ou des subventions (pour les semences mais aussi pour les intrants complémentaires) et évaluer leur impact.

PRIORITÉ POLITIQUE : 9) FACILITER L’ACCèS DES FEMMES AUX MARCHÉS AINSI QUE LEUR PLEINE PARTICIPATION

Offrir des services marchands à travers l’utilisation de TIC

Prometteuse Niger Les programmes d’alphabétisation d’adultes associés à des formations sur l’utilisation du téléphone mobile améliore la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul des femmes et des hommes presque autant et accroît l’utilisation de cultures commerciales par les femmes (Aker et al., 2012; Aker and Ksoll, 2013).

Non Examiner si les agricultrices profitent davantage que, et différemment, des agriculteurs de l’utilisation des téléphones mobiles pour accéder aux informations sur le marché agricole.

Exploiter les groupes existants pour accéder à des débouchées commerciales

Émergente – – – Évaluer l’effet d’offrir des formations et des informations commerciales aux agricultrices (seules ou à travers un groupe) sur l’accès au marché, les ventes de récoltes et la productivité agricole.

ACCèS AUX MARCHÉS

* Une priorité politique est classifiée comme « Prometteuse » si elle a été soumise à au moins une étude d’impact avec un scénario contrefactuel plausible qui met en évidence les résultats attendus. Une priorité politique est classifiée comme « Émergente » si elle manque de preuves directes et rigoureuses d’un impact sur les résultats de productivité agricole en matière d’égalité des genres.

74 ANNEXES

actIon État actuel* pays prIncIpales conclusIons

exIstence De DIffÉrences entre les genres InterventIon pIlote possIble

PRIORITÉ POLITIQUE : 10) ÉLEVER LES NIVEAUX DE SCOLARITÉ DES EXPLOITANTES AGRICOLES ADULTES

Élever les niveaux de scolarité des exploitantes agricoles adultes

Prometteuse Niger Les programmes d’alphabétisation d’adultes associés à des formations sur l’utilisation du téléphone mobile améliore la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul des femmes et des hommes presque autant et accroît l’utilisation de cultures commerciales par les femmes (Aker et al., 2012; Aker and Ksoll, 2013).

Oui Évaluer l’impact sur les résultats agricoles de différents mécanismes pour augmenter l’alphabétisation et les compétences en calcul des femmes.

CAPITAL HUMAIN

* Une priorité politique est classifiée comme « Prometteuse » si elle a été soumise à au moins une étude d’impact avec un scénario contrefactuel plausible qui met en évidence les résultats attendus. Une priorité politique est classifiée comme « Émergente » si elle manque de preuves directes et rigoureuses d’un impact sur les résultats de productivité agricole en matière d’égalité des genres.

75Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Cette annexe offre une vue d’ensemble technique des méthodes quantitatives utilisées pour établir les profils des pays présentés dans ce rapport1.

Les méthodes de décomposition par régression ont été largement utilisées dans l’économie du travail, suite aux publications fondatrices de Oaxaca (1973)2 et de Blinder (1973)3, particulièrement dans les analyses sur l’écart de rémunération entre les genres, en fonction de l’appartenance à un syndicat et de l’inégalité croissante des rémunérations45. Malgré l’utilisation extensive de la décomposition moyenne par régression d’Oaxaca-Blindé par des experts en économie appliquée sur les trois dernières dizaines d’années et les progrès réalisés pour étendre son application sur la décomposition de statistique sur la distribution en dehors de la moyenne, les questions auxquelles cette méthode tente de répondre demandent une base d’hypothèses solide6.

En particulier, ces méthodes suivent une approche d’équilibre partiel, où les résultats observés pour un groupe peuvent être utilisés pour établir plusieurs scénarios alternatifs pour l’autre groupe7. Bien que les décompositions soient pratiques pour quantifier, au sens strictement comptable du terme, la contribution de nombreux facteurs à la différence de résultats parmi les groupes ou à un changement dans le résultat pour un groupe spécifique dans le temps, elles sont fondées sur des corrélations et donc ne peuvent pas être interprétées comme étant des estimations des paramètres causals sous-jacents, comme l’ont indiqué Fortin et al. (2011). L’utilisation dans ce rapport d’expressions telles que « facteurs clés de l’écart entre les genres » devrait donc être vus sous cet angle. Néanmoins, les méthodes de décomposition récoltent des données sur l’importance quantitative relative des facteurs expliquant un écart observé, suggérant ainsi quelles analyses plus approfondies et ultimement quelles interventions politiques sont prioritaires8.

Pour documenter l’étendue et les moteurs de la différence de productivité agricole entre les genres, les documents de référence alimentant ce rapport se fondent sur une décomposition moyenne par régression d’Oaxaca-Blinder. Typiquement, ils partent du principe que l’enregistrement d’une mesure de la productivité agricole (Y ), à savoir la valeur brute de la production agricole par hectare, pour les parcelles gérées par des hommes (M ) et des femmes (F ), est estimé comme suit :

( 1 )

1

Technical Annex on Decomposition Methods This annex provides a technical overview of the quantitative methods used for the country profiles presented in this report.i Regression-based decomposition methods have been widely utilised in labour economics following the seminal papers of Oaxaca (1973)ii and Blinder (1973),iii notably in analyses of the gender wage gap, union wage gap and growing wage inequality.ivv Despite the extensive use of Oaxaca-Blinder regression-based mean decomposition by applied economists over the past three decades and the advances that have been made to extend its application to the decomposition of distributional statistics besides the mean, the questions that the method attempts to address require a strong set of assumptions.vi In particular, these methods follow a partial equilibrium approach, where observed outcomes for one group can be used to construct various counterfactual scenarios for the other group.vii Another limitation is that while decompositions are useful for quantifying, purely in an accounting sense, the contribution of various factors to a difference in an outcome across groups or a change in an outcome for a particular group over time, they are based on correlations, and hence cannot be interpreted as estimates of underlying causal parameters, as noted by Fortin et al. (2011). The use of phrases in this report such as “drivers of the gender gap” should therefore be viewed in this light. Nevertheless, decomposition methods do document the relative quantitative importance of factors in explaining an observed gap, thus suggesting priorities for further analysis and, ultimately, policy interventions.viii To document the extent and drivers of the gender difference in agricultural productivity, the background papers that underlie this report rely on an Oaxaca-Blinder regression-based mean decomposition. Typically, they assume the log of an agricultural productivity measure (Y), namely gross value of agricultural output per hectare, for male- (M) and female- (F) managed plots, estimated as: (1) ∑

where G indicates the gender of the plot manager (one exception is Ethiopia, where the analysis is conducted at the individual plot-holder level); X is a vector of k observable, plot-/holder-, household- and/or community-level explanatory variables; β is the associated vector of intercept and slope co-efficients; and ε is the error term under the assumption that E(εM) = E(εF) = 0. The gender gap “D” is expressed as the mean outcome difference:

où G représente le genre du gérant de parcelle (sauf pour l’Éthiopie, où l’analyse est effectuée au niveau du propriétaire de parcelle) ; X est le vecteur observable de k , soit les variables explicatives au niveau de la parcelle, du propriétaire, du ménage et/ou de la communauté ; β est le vecteur associé aux coefficients de la pente et de l’ordonnée à l’origine ; et ε est le terme d’erreur dans l’hypothèse que E(εM) = E(εF) = 0.

L’écart entre les genres «D » est une expression de la différence de production moyenne :

( 2 )

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

Les équations (1) et (2) signifient que :

( 3 )

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

( 4 )

et l’équation (2) pourrait être reformulée comme suit :

( 5 )

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

Ensuite, β* pourrait être défini comme le vecteur de coefficients obtenu par une régression de Y qui est basée sur l’échantillon groupé des parcelles et qui inclut l’identifiant d’appartenance à un groupe, soit une variable fictive identifiant les parcelles gérées par des femmes. L’inclusion d’un indicateur d’appartenance à un groupe dans la régression groupée pour l’estimation de β* prend en compte la possibilité que la mesure de différence moyenne de productivité à l’échelle de la parcelle soit expliquée par le genre du gérant de la parcelle, évitant une distorsion

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

ANNEXE TECHNIQUE SUR LES MÉTHODES DE DÉCOMPOSITION

76 ANNEXES

possible des résultats de décomposition en raison de la différence résiduelle entre les groupes reflétée dans β*.9 En réarrangeant l’équation (5) en ajoutant et soustrayant (i), le coefficient de pente de la régression groupée (β0*) et (ii), le retour des covariables observées de chaque groupe dont les valeurs sont β*

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

, la formule suivante est obtenue :

( 6 )

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

(k=1….K ) sont les coefficients estimés de l’ordonnée d’origine et de la pente de chaque covariable inclue dans les régressions pour les échantillons de parcelles gérées par des hommes, gérées par des femmes et groupés.

L’équation (6) est connue sous le nom de décomposition agrégée. Le premier composant est l’effet de dotation, soit la portion de l’écart homme-femme determinée par les différences dans les niveaux des covariables observables entre les deux groupes. Cet effet correspond aux termes « quantité » ou « niveaux » utilisés dans ce rapport. Il est égal à la somme sur l’ensemble des covariables des différences entre les moyennes masculines et féminines, évaluées au rendement « moyen » correspondant. Le second composant est l’effet structurel, soit la portion de l’écart homme-femme determinée par les décalages des rendements de chaque groupe par rapport au rendement « moyen » correspondant. L’effet structurel combiné correspond au terme « rendements » utilisé dans ce rapport. Le premier terme de l’effet structurel represente l’avantage structurel masculin, qui est égal à la portion de l’écart entre les genres determinée par les décalages des coefficients de régression masculine par rapport à ceux de régression groupée. Le second terme de l’effet structurel représente le désavantage structurel féminin,

qui est égal à la portion de l’écart entre les genres déterminé par les décalages des coefficients de régression groupée avec eux de régression féminine10.

En pratique, l’équation [1] est estimée pour (i) les parcelles gérées par des hommes, (ii) les parcelles gérées par des femmes et (iii) l’échantillon de parcelles groupé (avec une variable booléenne identifiant les parcelles gérées par des femmes), et utilise le vecteur résultant des coefficients β

M, β

F et β*, avec les valeurs moyennes

pour chaque covariable de chaque groupe XM

et XF, pour calculer les composants de

l’équation (6).

Fortin et al. (2011) font un compte rendu détaillé des hypothèses requises pour identifier les paramètres de population essentiels. Deux hypothèses cruciales pour la validité de la décomposition agrégée sont (i), le chevauchement de l’aide et (ii) l’ignorabilité. Le chevauchement de l’aide signifie qu’il n’existe aucune valeur unique de X = x or ε = e pour identifier la gestion de parcelle par une femme. L’ignorabilité désigne l’affectation aléatoire de la gestion de parcelle à une femme, conditionnée par des caractéristiques observables. Les autres hypothèses essentielles requises par une décomposition détaillée afin d’identifier la contribution individuelle de chaque covariable sont la linéarité cumulative et la moyenne conditionnelle du point d’origine. Cette dernière sous-entend que ε est indépendant de X. En d’autres termes, nous supposons qu’il n’y a aucune hétérogénéité inobservable déterminant à la fois le résultat et les caractéristiques observables. Il convient de noter que même si les hypothèses supplémentaires requises par la décomposition détaillée peuvent ne pas être vraies, la décomposition agrégée resterait valide du moment que les hypothèses de chevauchement de l’aide et d’ignorabilité restent valables.

Bien qu’il soit important d’effectuer une décomposition Oaxaca-Blinder de la moyenne avec des données à l’échelle nationale, les documents de référence à la base de ce rapport reconnaissent qu’il est crucial d’aller au-delà de l’agriculteur « moyen » et de comprendre l’hétérogénéité des contraintes auxquelles font face les agriculteurs de différents genres et profils de productivité afin de mieux concevoir et mettre en place des interventions ciblées visant à combler l’écart. La question est de savoir si les découvertes, basées sur les moyennes d’échantillons, sont assez solides pour la décomposition de statistiques alternatives sur la distribution au-delà de la moyenne.

2

(2) .

Equations (1) and (2) imply that:

(3) ∑

(4) ∑

and Equation (2) could be rewritten as: (5) ∑ ∑

Subsequently, β* could be defined as the vector of co-efficients that is obtained from a regression of Y that is based on the pooled plot sample and includes the group membership identifier, i.e. a dummy variable identifying female-managed plots. The inclusion of the group membership indicator in the pooled regression for the estimation of β* takes into account the possibility that the mean difference in plot-level productivity measure is explained by the gender of the plot manager, avoiding a possible distortion of the decomposition results due to the residual group difference reflected in β*.ix Rearranging Equation (5) by adding and subtracting (i) the slope co-efficient of the pooled regression (

and (ii) the return to the observable co-variates of each group valued at β*

, the following is obtained:

(6)

⏟ ⏟

where

(k=1….K) are the estimated intercept and slope co-efficients

of each co-variate included in the regressions for the male-managed, female-managed and pooled plot samples.

77Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Une méthode du même esprit que la décomposition moyenne se fonde sur des régressions de la fonction d’influence recentrée (RIF) proposée par Firpo et al. (2009)11 et offre un cadre simple dans lequel les différences entre les groupes pour toute statistique sur la distribution pourraient être décomposées. La méthode de décomposition RIF est ensuite utilisée pour fournir des estimations de décomposition agrégée et détaillée de l’écart homme-femme à différents centiles de la distribution de la productivité agricole.

Une régression RIF est similaire à une régression OLS standard, sauf que la variable dépendante Y est remplacée par la RIF des statistiques d’intérêt sur la distribution. La méthode assume que l’espérance conditionnelle de la

4

beyond the “average” farmer and understanding the heterogeneity of constraints faced by farmers with different gender and productivity profiles is crucial for the design and implementation of better-targeted interventions aimed at bridging the gap. An important question is whether the findings, based on the sample means, are robust to the decomposition of alternative distributional statistics beyond the mean. A method that is similar in spirit to the mean decomposition relies on the recentred influence function (RIF) regressions proposed by Firpo et al. (2009)xi and provides a straightforward framework within which cross-group differences in any distributional statistic could be decomposed. The RIF decomposition approach is subsequently used to provide estimates of the aggregate and detailed decomposition of the gender gap at different percentiles of the agricultural productivity distribution. An RIF regression is similar to a standard OLS regression, except that the dependent variable, Y, is replaced by the RIF of the distributional statistic of interest. The approach assumes that the conditional expectation of the can be modelled as a linear function of observable attributes, X, such that | , as in the mean decomposition. Assuming that is the influence function corresponding to an observed productivity outcome y, for the distributional statistic , the RIF is defined as: (7) . In the case of quantiles, the influence function is equal to: (8) { }

, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

peut être modelée comme une fonction linéaire de caractéristiques observables, X, telles que

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beyond the “average” farmer and understanding the heterogeneity of constraints faced by farmers with different gender and productivity profiles is crucial for the design and implementation of better-targeted interventions aimed at bridging the gap. An important question is whether the findings, based on the sample means, are robust to the decomposition of alternative distributional statistics beyond the mean. A method that is similar in spirit to the mean decomposition relies on the recentred influence function (RIF) regressions proposed by Firpo et al. (2009)xi and provides a straightforward framework within which cross-group differences in any distributional statistic could be decomposed. The RIF decomposition approach is subsequently used to provide estimates of the aggregate and detailed decomposition of the gender gap at different percentiles of the agricultural productivity distribution. An RIF regression is similar to a standard OLS regression, except that the dependent variable, Y, is replaced by the RIF of the distributional statistic of interest. The approach assumes that the conditional expectation of the can be modelled as a linear function of observable attributes, X, such that | , as in the mean decomposition. Assuming that is the influence function corresponding to an observed productivity outcome y, for the distributional statistic , the RIF is defined as: (7) . In the case of quantiles, the influence function is equal to: (8) { }

, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

, comme dans la décomposition moyenne. Partant du principe que

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beyond the “average” farmer and understanding the heterogeneity of constraints faced by farmers with different gender and productivity profiles is crucial for the design and implementation of better-targeted interventions aimed at bridging the gap. An important question is whether the findings, based on the sample means, are robust to the decomposition of alternative distributional statistics beyond the mean. A method that is similar in spirit to the mean decomposition relies on the recentred influence function (RIF) regressions proposed by Firpo et al. (2009)xi and provides a straightforward framework within which cross-group differences in any distributional statistic could be decomposed. The RIF decomposition approach is subsequently used to provide estimates of the aggregate and detailed decomposition of the gender gap at different percentiles of the agricultural productivity distribution. An RIF regression is similar to a standard OLS regression, except that the dependent variable, Y, is replaced by the RIF of the distributional statistic of interest. The approach assumes that the conditional expectation of the can be modelled as a linear function of observable attributes, X, such that | , as in the mean decomposition. Assuming that is the influence function corresponding to an observed productivity outcome y, for the distributional statistic , the RIF is defined as: (7) . In the case of quantiles, the influence function is equal to: (8) { }

, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

est la fonction d’influence correspondant à un résultat de productivité observée y, pour la statistique sur la distribution,

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beyond the “average” farmer and understanding the heterogeneity of constraints faced by farmers with different gender and productivity profiles is crucial for the design and implementation of better-targeted interventions aimed at bridging the gap. An important question is whether the findings, based on the sample means, are robust to the decomposition of alternative distributional statistics beyond the mean. A method that is similar in spirit to the mean decomposition relies on the recentred influence function (RIF) regressions proposed by Firpo et al. (2009)xi and provides a straightforward framework within which cross-group differences in any distributional statistic could be decomposed. The RIF decomposition approach is subsequently used to provide estimates of the aggregate and detailed decomposition of the gender gap at different percentiles of the agricultural productivity distribution. An RIF regression is similar to a standard OLS regression, except that the dependent variable, Y, is replaced by the RIF of the distributional statistic of interest. The approach assumes that the conditional expectation of the can be modelled as a linear function of observable attributes, X, such that | , as in the mean decomposition. Assuming that is the influence function corresponding to an observed productivity outcome y, for the distributional statistic , the RIF is defined as: (7) . In the case of quantiles, the influence function is equal to: (8) { }

, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

, la RIF est définie comme suit :

( 7 )

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beyond the “average” farmer and understanding the heterogeneity of constraints faced by farmers with different gender and productivity profiles is crucial for the design and implementation of better-targeted interventions aimed at bridging the gap. An important question is whether the findings, based on the sample means, are robust to the decomposition of alternative distributional statistics beyond the mean. A method that is similar in spirit to the mean decomposition relies on the recentred influence function (RIF) regressions proposed by Firpo et al. (2009)xi and provides a straightforward framework within which cross-group differences in any distributional statistic could be decomposed. The RIF decomposition approach is subsequently used to provide estimates of the aggregate and detailed decomposition of the gender gap at different percentiles of the agricultural productivity distribution. An RIF regression is similar to a standard OLS regression, except that the dependent variable, Y, is replaced by the RIF of the distributional statistic of interest. The approach assumes that the conditional expectation of the can be modelled as a linear function of observable attributes, X, such that | , as in the mean decomposition. Assuming that is the influence function corresponding to an observed productivity outcome y, for the distributional statistic , the RIF is defined as: (7) . In the case of quantiles, the influence function is equal to: (8) { }

, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

En cas de quantiles, la fonction d’influence est égale à :

( 8 )

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, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

où 1 {Y≤QT} est une fonction d’indicateur égale à 1 si la valeur de la variable de

résultat est plus petite ou égale au quantile QT et 0 dans les autres cas, f

Y(Q

T) est la

densité de la distribution marginale de Y, et où QT est le quantile T-de la population

de la distribution inconditionnelle de Y. Par conséquent,

( 9 )

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, where { } is an indicator function equal to 1 if the value of the outcome variable is smaller than or equal to the quantile QT and 0 otherwise, is the density of the marginal distribution of Y, and QT is the population T-quantile of the unconditional distribution of Y. Consequently, (9) .

In practice, the RIF is first estimated as a function of the sample quantile QT (e.g. the 10th percentile), the dummy variable identifying whether the observed outcome, Y, is smaller than or equal to the sample quantile, and the density estimated using kernel methods at the point of the sample quantile. In the second stage, the estimated RIF is used as a dependent variable in an OLS regression that is run separately for the male-managed, female-managed and pooled plot samples. The resulting parameters γM, γF and γ* replace the β counterparts

En pratique, la RIF est d’abord estimée comme une fonction du quantile QT de

l’échantillon (soit le dixième centile), de la variable booléenne identifiant si le résultat observé, Y, est plus petit ou égal au quantile de l’échantillon, et de la densité estimée grâce à des méthodes de kernel au niveau du quantile de l’échantillon. Dans la deuxième phase, la RIF estimée est utilisée comme variable dépendante dans une régression OLS qui est faite séparément pour les échantillons de parcelles gérées par des hommes, ceux de parcelles gérées par des femmes et ceux de parcelles groupées. Les paramètres résultants γ

M, γ

F and γ* remplacent les

équivalents β dans l’équation (6). Ceux-ci sont utilisés avec les valeurs des moyennes spécifiques à chaque groupe pour chaque covariable, X

M et XF, pour

effectuer des décompositions agrégées et détaillées de toute statistique sur la distribution au-delà de la moyenne dans le même cadre à la base de la décomposition de Oaxaca-Blinder.

78 1ère PARTIE : PROFILs DEs PAYs

UNE FEMME AGRICULTRICE DE POIS

CHICHES À TULU BOLO, ÉTHIOPIE. SA

FORMATION GRÂCE À LA COOPÉRATIVE SUR

LES SEMENCES AMÉLIORÉES ET LES

TECHNIQUES AGRICOLES A AUGMENTÉ SA

PRODUCTION AGRICOLE ET A TRANSFORMÉ

SA VIE AINSI QUE LA VIE DE SA FAMILLE.

PHOTO : MIKE TURNER

79Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

NOTES

INtRODUctION

1. Banque mondiale. 2007. “World Development Report 2008: Agriculture for Development”. Washington, DC: Banque mondiale.

2. Banque mondiale. 2013. “Fact Sheet: The World Bank and Agriculture in Africa.” http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/AFRICAEXT/0,,contentMDK:21935583~pagePK:146736~piPK:146830~theSitePK:258644,00.html

3. C. Carletto, D. Jolliffe et R. Banerjee. “The Emperor Has No Data! Agricultural Statistics in Sub-Saharan Africa”. http://mortenjerven.com/wp-content/uploads/2013/04/Panel-3-Carletto.pdf

4. Banque mondiale. 2013. “Agriculture: Sector Results Profile.” http://www.worldbank.org/en/results/2013/04/15/agriculture-results-profile

5. FAO. 2011. “The State of Food and Agriculture 2010–2011: Women in Agriculture: Closing the Gender Gap for Development”. http://www.fao.org/docrep/013/i2050e/i2050e00.htm.

6. La contribution de main d’œuvre féminine à la production agricole varie entre 24% et 56% à travers les six pays étudiés dans ce rapport.

7. Nations Unies, division population. 2013. “World Population Prospects: the 2012 Revision”.

8. FAO. 2011. “The State of Food and Agriculture 2010–2011”, op. cit.

9. E. Kennedy et P. Peters, 1992. “Household food security and child nutrition: the interaction of income and gender of household head”. World Development, 20(8): 1077-1085; E. Kennedy et L. Haddad. 1994. “Are preschoolers from female-headed households less malnourished? A

comparative analysis of results from Ghana and Kenya”. Journal of Development Studies, 30(3): 680-695; J. Hoddinott et L. Haddad. 1995. “Does female income share influence household expenditure patterns?”. Oxford Bulletin of Economics and Statistics, 57(1): 77-96; D. Thomas. 1997. “Incomes, expenditures and health outcomes: evidence on intrahousehold resource allocation”. Dans L. Haddad, J. Hoddinott et H. Alderman (eds.). “Intrahousehold Resource Allocation in Developing Countries”. Johns Hopkins University Press, Baltimore, USA; L. Haddad. 1999. “The earned income by women: impacts on welfare outcomes”. Agricultural Economics, 20(2): 135-141; A. Quisumbing et J. Maluccio. 2000. “Intrahousehold Allocation and Gender Relations: New empirical evidence from four developing countries”. IFPRI. Washington, DC; L.C. Smith, U. Ramakrishnan, A. Ndiaye, L. Haddad et R. Martorell. 2003. “The Importance of Women’s Status for Child Nutrition in Developing Countries”. Research Report No. 131. IFPRI. Washington, DC; C.R. Doss. 2005. “The effects of intrahousehold property ownership on expenditure patterns in Ghana”. Journal of African Economies, 15(1): 149-180.

10. FAO, Bureau régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes. 2013. “The FAO Gender Equality Policy and Land: The Challenge of Gender Disaggregated Data”. http://www.rlc.fao.org/en/press/columns/gender-disaggregated-data/

11. GAFSP. 2013: “Increasing Incomes, Reducing Hunger: GAFSP Annual Report 2013”. http://www.gafspfund.org/sites/gafspfund.org/files/Documents/GAFSP_AR2013_low.pdf

12. USAID. 2013. “Feed the Future: Women’s Empowerment Agricultural Index”. http://www.usaid.gov/developer/WEAI

13. C. Carletto, D. Jolliffe et R. Banerjee. “The Emperor Has No Data!”, op. cit.

14. R. Meinzen-Dick et A. Quisumbing. 2012. “Closing the gender gap”. Institut international de recherche sur la

politque alimentaire (IFPRI). http://www.ifpri.org/sites/default/files/publications/gfpr2012_ch04.pdf

15. Les déclarations expliquant les découvertes sur les rendements, faites dans cette section et dans le reste du rapport, supposent que toutes les autres variables demeurent constantes. L’annexe 2 fournit un complément d’information sur chaque étude distincte.

RéSULtAtS cLéS

1. Peterman, A.R. Quisumbing et J. Behrman. 2014. “A Review of Empirical Evidence on Gender Differences in Nonland Agricultural Inputs, Technology, and Services in Developing Countries”, dans A. Quisumbing, R. Meinzen-Dick, J. Behrman, T. Raney, A. Croppenstedt et A. Peterman (eds.). “Gender in Agriculture and Food Security: Closing the Knowledge Gap”. Éditions Springer (publication prévue fin mars) . Dordrecht, Pays-Bas.

2. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers: Resources, Constraints, and Interventions”. Développement mondial 38, 581-592.

1ère pARtIE - pROfIL DES pAYS

Introduction

1. T. Kilic, A. Palacios-Lopez et M. Goldstein. 2013. “Caught in a Productivity Trap: A Distributional Perspective on Gender Differences in Malawian Agriculture”. Document de travail de recherche sur la politique de la Banque mondiale No. 6381.

2. A. Peterman, A. Quisumbing, J. Behrman et E. Nkonya. 2011. “Understanding the Complexities Surrounding Gender Differences in Agricultural Productivity in Nigeria and Uganda”. Journal of Development Studies 47, 1482-1509.

3. A.S. Blinder. 1973. “Wage discrimination: reduced form and structural estimates”. The Journal of Human Resources. 436-455; R. Oaxaca. 1973. “Male-female wage differentials

80 notes

in urban labor markets”. International Economic Review. 14, 693-709.

4. L’écart au sud du Nigéria est statistiquement insignifiant avec cette mesure plus affinée, probablement en raison de l’utilisation d’un échantillon de petite taille.

5. C. Carletto, S. Savastano et A. Zezza. 2013. “Fact or artifact: the impact of measurement errors on the farm size–productivity relationship”. Journal of Development Economics, 103, 254-261; M. Carter. 1984. “Identification of the inverse relationship between farm size and productivity: an empirical analysis of peasant agricultural production”. Documents économiques d’Oxford, 36, 131-145; D. Larson, K. Otsuka, T. Matsumoto et T. Kilic. 2012. “Should African rural development strategies depend on smallholder farms? An exploration of the inverse productivity hypothesis”. Document de travail de recherche sur la politique de la Banque mondiale No. 6190.

6. C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa: Myths versus Reality”. Document de discussion de l’IFPRI 01308.

7. L. Christiaensen, T. Kilic et A. Palacios-Lopez. 2014. “Rhetoric and Reality: How Much Do Women in Africa Contribute to Agriculture?”. Mimeo. T. Kilic, A. Palacios-Lopez et M. Goldstein. 2013. “Caught in a Productivity Trap”, op. cit.

8. T. Kilic, A. Palacios-Lopez et M. Goldstein. 2013. “Caught in a Productivity Trap”, op. cit.

9. A.R. Quisumbing. 1996. “Male-Female Differences in Agricultural Productivity: Methodological Issues and Empirical Evidence”. Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).

10. Les donateurs du projet incluent, entre autres, la Fondation Bill & Melinda Gates, le Département du développement international (DFID), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Des informations supplémentaires sur le projet LSMS-ISA sont disponibles à http://www.worldbank.org/lsms-isa.

11. Les huit pays sont le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Malawi, le Mali, le Nigéria, le Niger, la Tanzanie et l’Ouganda.

12. T. Kilic et al. 2013. “Missing(ness) in Action: Selectivity Bias in GPS-Based Land Area Measurements”. Document de travail de recherche sur la politique de la Banque mondiale No. 6490.

éthiopie

13. Le terme « exploitant agricole » fait référence ici à la personne du ménage responsable de la gestion et des décisions sur les terres agricoles. Les auteurs ont fait leur analyse au niveau de l’exploitant agricole. Presque tous les exploitants agricoles (99% des hommes et 95% des femmes) étaient également le chef de famille.

14. A. Aguilar, E. Carranza, M. Goldstein, T. Kilic and G. Oseni. 2013. “Decomposition of Gender Differentials in Agricultural Productivity in Ethiopia”. Document de travail du programme de recherche LSMS de la Banque mondiale, Écarts entre les genres dans la productivité agricole : Identifier les opportunités de croissance agricole dans l’Afrique subsaharienne.

15. Ibid.

16. Cette estimation ne prend pas en compte les différences homme-femme dans la taille des terres. En Éthiopie, plus la ferme s’étend, plus sa productivité baisse, une tendance observée dans de nombreux pays en voie de développement (voir l’Introduction des Profils de Pays pour plus de détails). Comme les femmes cultivent des plus petites parcelles que les hommes, cette différence réduit l’écart de rendements entre les genres.

17. Cette différence n’a plus de signification statistique, potentiellement en raison de la petite taille de l’échantillon d’exploitantes agricole au niveau du décile (ce qui est aussi le cas pour le Niger et la Tanzanie).

Malawi

18. Les auteurs définissent un gérant de parcelles comme la personne du ménage qui décide quoi planter, quels intrants utiliser et quand entreprendre des activités agricoles sur une parcelle donnée.

19. Banque mondiale. “Malawi”. http://data.worldbank.org/country/Malawi

20. T. Kilic, A. Palacios-Lopezet M. Goldstein. 2013. “Caught in a Productivity Trap: A Distributional Perspective on Gender Differences in Malawian Agriculture”. Document de travail de recherche sur les politiques de la Banque mondiale No. 6381.

21. Ibid.

22. La vente de semences génétiquement modifiées est interdite dans chacun des six pays étudiés dans ce rapport.

Niger

23. Les auteurs définissent un gérant de parcelles comme la/les personne(s) du ménage qui cultive(nt) une parcelle donnée. Les parcelles gérées conjointement dans un ménage sont assignées au chef de famille.

24. L. Christiaensen, T, Kilic et A. Palacios-Lopez. 2014. “Rhetoric and Reality: How Much Do Women in Africa Contribute to Agriculture?” Mimeo.

25. C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa: Myths versus Reality”. IFPRI, Document de discussion 01308.

26. P. Backiny-Yetna et K. McGee. 2014. “Gender Differentials and Agricultural Productivity in Niger”. Document de travail du programme de recherche LSMS de la Banque mondiale, Écarts entre les genres dans la productivité agricole : Identifier les opportunités de croissance agricole dans l’Afrique subsaharienne.

27. Le fait que les femmes au Niger cultivent des parcelles considérablement plus petites que les hommes masque un grand écart sous-jacent de productivité, comme dans plusieurs autres pays inclus dans ce rapport (voir l’Introduction des profils des pays pour plus de détails).

28. Cette différence n’est pas significative statistiquement, peut-être due à la petite taille de l’échantillon d’agriculteurs pour chaque décile.

81Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

Nigéria

29. Un gérant de parcelle est défini ici comme la ou les personnes du ménage qui fait/font le choix des cultures à planter sur la parcelle.

30. Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population. 2013. “World Population Prospects: The 2012 Revision, Highlights and Advance Tables”. Document de travail ESA/P/WP.228. http://esa.un.org/wpp/Documentation/pdf/WPP2012_HIGHLIGHTS.pdf

31. Bureau national de la statistique du Nigéria. http://www.nigerianstat.gov.ng

32. D. Phillip, E. Nkonya, J. Pender et O.A. Oni. 2009. “Constraints to Increasing Agricultural Productivity in Nigeria: A Review”. Document d’information 6, NSSP. IFPRI, Washington, DC.

33. G. Oseni, P. Corral, M. Goldstein et P. Winters. 2013. “Explaining Gender Differentials in Agricultural Production in Nigeria”. Document de travail du programme de recherche LSMS de la Banque mondiale, Écarts entre les genres dans la productivité agricole : Identifier les opportunités de croissance agricole dans l’Afrique subsaharienne.

tanzanie

34. Un gérant de parcelle est défini ici comme la ou les personnes du ménage qui fait/font le choix des cultures à planter sur la parcelle. L’enquête a identifié jusqu’à trois membres par famille comme étant gérants de parcelle. L’auteur a donc fait la distinction entre les terres gérées uniquement par une femme, celles gérées uniquement par un homme et celles gérées conjointement par plusieurs membres de la même famille.

35. Banque mondiale. “Tanzania”. http://data.worldbank.org/country/tanzania

36. L. Christiaensen, T. Kilicet A. Palacios-Lopez, 2014. “Rhetoric and Reality: How Much Do Women in Africa Contribute to Agriculture?“ Mimeo.

37. V. Slavchevska. 2014. “Gender Differences in Agricultural Productivity: The Case of Tanzania”. Document de travail du programme de recherche LSMS de la Banque mondiale, « Écarts entre les genres genres dans la productivité agricole :

identifier les opportunités de croissance agricole en Afrique subsaharienne ».

38. En comparant les parcelles gérées uniquement par des femmes à celles uniquement gérées uniquement par des hommes avec le même type de caractéristiques, l’écart de productivité entre les genres est de 16%.

39. Cette différence n’est pas significative statistiquement, peut-être dûe à la petite taille de l’échantillon d’agriculteurs pour chaque décile.

Ouganda

40. Les auteurs définissent le gérant de parcelle comme la personne du ménage qui contrôle la production agricole des cultures cultivées sur cette parcelle. Dans le cas de parcelles à cultures multiples, si toute la production est contrôlée par des membres féminins du ménage, la parcelle est définie comme gérée par une femme. Si tout ou une part de la production est contrôlée par des hommes, la parcelle est considérée comme gérée par un homme ou conjointement.

41. Banque mondiale. http://data.worldbank.org/country/uganda

42. Bureau de la statistique de l’Ouganda. Enquête nationale sur les ménages de 2005–06 et enquête nationale par panel de 2012-13.

43. L. Christiaensen, T. Kilic et A. Palacios-Lopez. 2014. “Rhetoric and Reality: How Much Do Women in Africa Contribute to Agriculture?” Mimeo.

44. D. Ali, D. Bowen, K. Deininger et M. Duponchel. 2014. “Investigating the Gender Gap in Agricultural Productivity: Evidence from Uganda”. Une analyse similaire peut être trouvée dans A.P. De la O Campos et A. Prieto. 2014. “How Does the Choice of the Gender Indicator Affect the Analysis of Gender Differences in Agricultural Productivity? Evidence from Uganda”. Mimeo.

45. L’échantillon est tiré de ménages dans lesquels il y a un changement du genre de l’exploitant de la parcelle soit entre, soit ou durant les années étudiées, et où au moins une observation par an est faite.

46. K. Davis, E. Nkonya, E. Kato, D.A. Mekonnen, M. Odendo, R. Miiro et J. Nkuba. 2012. “Impact of Farmer Field Schools on Agricultural Productivity and Poverty in East Africa”. Développement mondial 40, 402-413.

Synthèse : facteurs clés de l’écart homme-femme

1. FAO. 2011. “La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture : Le rôle des femmes dans l’agriculture : Combler le fossé entre les hommes et les femmes, pour soutenir le développement”. FAO, Rome; Banque mondiale. 2011. “World Development Report 2012: Gender Equality and Development”. Banque mondiale, Washington, DC.

2. Les données sur l’Ouganda ne font pas la différence entre la main d’œuvre familiale masculine et féminine.

3. La fonction reproductrice d’une femme influence sûrement sa productivité agricole, suggérant un besoin possible d’ouvriers agricoles supplémentaires pour aider les femmes enceintes.

4. A. Peterman, A.R. Quisumbing et J. Behrman. 2014. “A Review of Empirical Evidence on Gender Differences in Nonland Agricultural Inputs, Technology, and Services in Developing Countries”, dans : A.R. Quisumbing, R. Meinzen-Dick, J, Behrman, T. Raney, A. Croppenstedt et A. Peterman (eds.). “Gender in Agriculture and Food Security: Closing the Knowledge Gap”. Éditions Springer (prévu pour mars 2014), Dordrecht, les Pays-Bas.

5. Une utilisation plus faible de pesticides et d’herbicides réduit également la productivité des femmes par rapport aux hommes au Malawi, tandis que les différences de rendements venant d’intrants chimiques accroissent l’écart homme-femme en Tanzanie.

6. Bien que la taille plus petite des parcelles des femmes peut réduire l’écart observé dans la productivité (voir encadré 5 dans l’Introduction des Profils de pays), reflétant une différence entre les genres dans la quantité de terres, les différences de rendements venant de la terre peuvent néanmoins élargir l’écart entre les genres.

7. Au Niger, les hommes obtiennent de moins bons rendements que les femmes venant de l’utilisation de main

82 notes

d’œuvre féminine. Ces ouvrières agricoles peuvent être les épouses des gérants de parcelles. Comme les femmes ont tendance à ne pas avoir de sécurité foncière sur les parcelles de leurs maris, elles sont moins incitées à travailler dur et à investir, contribuant peut-être aux rendements plus faibles observés.

8. Les profils de pays pour l’Éthiopie, le Niger et la Tanzanie n’examinent pas le rôle de l’agriculture à haute valeur ajoutée sur l’écart homme-femme.

9. Certains facteurs, comme l’irrigation, ne sont presque pas utilisés que ce soit par les femmes ou par les hommes et ne contribuent donc pas pour l’instant à l’écart entre les genres.

10. C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa: Myths versus Reality”. Document de discussion de l’IFPRI 01308.

11. A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers: Resources, Constraints, and Interventions”. World Development 38, 581-592.

12. C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa: Myths versus Reality”, op. cit.

13. D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein 2014. “Environmental and gender impacts of land tenure regularization in Africa: pilot evidence from Rwanda”. Journal of Development Economics; J.-M. Baland et P. Francois. 2005. “Commons as insurance and the welfare impact of privatization”. Journal of Public Economics 89, 211–231; K. Firmin-Sellers et P. Sellers. 1999. “Expected Failures and Unexpected Successes of Land Titling in Africa”. World Development 27, 1115-1128; M. Kevane et L.C. Gray. 1999. “A Woman’s Field Is Made At Night: Gendered Land Rights And Norms In Burkina Faso”. Feminist Economics 5, 1-26; E. Sjaastad and D.W. Bromley. 1997. “Indigenous land rights in sub-Saharan Africa: Appropriation, security and investment demand”. World Development 25, 549-562.

14. K. Deininger et R. Castagnini. 2004. “Incidence and impact of land conflict in Uganda”. Document de travail de recherche

sur les politiques de la Banque mondiale No. 3248; T. Hasan, A.B. Rusu et M. Hallward-Driemeier. 2013. “Women’s Legal Rights over 50 Years: What Is the Impact of Reform?”. Document de travail de recherche sur les politiques de la Banque mondiale No. 6617; la Banque mondiale, la FAO et le Fonds international de développement agricole (IFAD). 2009. “Gender in Agriculture Sourcebook”. Banque mondiale: Washington, DC.

15. D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein. 2014. “Environmental and gender impacts of land tenure regularization in Africa”, op. cit.; T. Besley. 1995. “Property Rights and Investment Incentives: Theory and Evidence from Ghana”. Journal of Political Economy 103, 903-37; G. Feder et D. Feeny. 1991. “Land Tenure and Property Rights: Theory and Implications for Development Policy”. World Bank Economic Review 5, 135-153; F. Hagos et S. Holden. 2006. “Tenure security, resource poverty, public programs, and household plot-level conservation investments in the highlands of northern Ethiopia”. Agricultural Economics 34, 183-196; F. Place et K. Otsuka. 2002. “Land Tenure Systems and Their Impacts on Agricultural Investments and Productivity in Uganda”. Journal of Development Studies 38, 105-128; F. Place et B.M. Swallow. 2000. “Assessing the relationships between property rights and technology adoption in smallholder agriculture: a review of issues and empirical methods”. Document de travail de CAPRi No. 2; K. Deininger, D.A. Ali et T. Alemu. 2011. “Impacts of Land Certification on Tenure Security, Investment, and Land Market Participation: Evidence from Ethiopia“. Land Economics 87, 312-334; J. Fenske. 2011. “Land tenure and investment incentives: Evidence from West Africa”. Journal of Development Economics 95, 137-156: M. Goldstein et C. Udry. 2008. “The Profits of Power: Land Rights and Agricultural Investment in Ghana”. Journal of Political Economy 116, 981-1022.

16. G. Feder et D. Feeny. 1991. “Land Tenure and Property Rights“, op. cit.; E.M. Rogers. 2010. “Diffusion of Innovations, 4th Edition”. Free Press.

17. F. Kondylis et V. Mueller. 2013. “Seeing is Believing? Evidence from a Demonstration Plot Experiment in Mozambique”; A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers”, op. cit.

18. T.G. Conley et C.R. Udry. 2010. “Learning about a New Technology: Pineapple in Ghana”. American Economic Review 100, 35-69; E. Katungi, S. Edmeades et M. Smale. 2008. “Gender, social capital and information exchange in rural Uganda”. Journal of International Development 20, 35-52; O. Bandiera et I. Rasul. 2006. “Social Networks and Technology Adoption in Northern Mozambique”. The Economic Journal 116, 869-902; S. Weir et J. Knight. 2000. “Adoption and Diffusion of Agricultural Innovations in Ethiopia: The Role of Education”. Document de travail de CSAE No. 2000-05. Centre d’étude sur l’économie africaine, Université d’Oxford.

19. F. Kondylis et V. Mueller. 2013. “Seeing is Believing?”, op. cit.

20. Tout un nombre d’indicateurs peuvent fournir des informations sur la qualité du sol mais le niveau de fertilité du sol (la quantité et la composition des nutriments disponibles dans le sol) est peut-être le plus crucial pour la productivité agricole.

21. C.H. Gladwin. 2002. “Gender and Soil Fertility in Africa: An Introduction”. African Studies Quarterly; A. Croppenstedt, M. Goldstein et N. Rosas. 2013. “Gender and Agriculture: Inefficiencies, Segregation, and Low Productivity Traps”. World Bank Research Observer lks024.

22. M. Goldstein et C. Udry. 2008. “The Profits of Power”, op. cit.

23. P. Nkedi Kizza, J. Aniku, K. Awuma et C. Gladwin. n.d. “Gender and soil fertility in Uganda: a comparison of soil fertility indicators for women and men’s agricultural plots”. African Studies Quarterly 6; C. Udry. 1996. “Gender, Agricultural Production, and the Theory of the Household”. Journal of Political Economy 104, 1010-46.

2ème pARtIE - ALLER DE L’AVANt : DIx pRIORItéS pOLItIQUES pOUR RéDUIRE LA DISpARIté ENtRE LES GENRES DANS L’AGRIcULtURE AfRIcAINE

1. Une priorité politique est classifiée comme « prometteuse » si elle a été soumise à au moins une étude d’impact avec un scénario contrefactuel plausible qui met en évidence les résultats attendus. Une priorité politique est classifiée comme « émergente » si elle manque de preuves directes et

83Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

rigoureuses d’un impact sur les résultats de productivité agricole en matière d’égalité des genres.

2. Croppenstedt, A., Goldstein, M., Rosas, N., 2013. Gender and Agriculture: Inefficiencies, Segregation, and Low Productivity Traps. World Bank Res. Obs. 024.

3. Deininger, K.W., Banque mondiale, 2003. Land policies for growth and poverty reduction. Banque mondiale; Oxford University Press, Washington, DC; Oxford; New York.

4. D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein. 2014. “Environmental and Gender Impacts of Land Tenure Regularization in Africa: Pilot evidence from Rwanda”. Journal of Development Economics.

5. J. Bruce. 2006. “Land Law Reform: Achieving Development Policy Objectives”. Publications de la Banque mondiale.

6. K. Deininger, D.A. Ali et T. Alemu. 2011. “Impacts of Land Certification on Tenure Security, Investment, and Land Market Participation: Evidence from Ethiopia”. Land Economics 87, 312–334; S.T. Holden, K. Deininger et H. Ghebru. 2007. “Impact of Land Certification on Land Rental Market Participation in Tigray Region, Northern Ethiopia”. http://mpra.ub.uni-muenchen.de/5211/

7. A. Croppenstedt, M. Goldstein et N. Rosas. 2013. “Gender and Agriculture: Inefficiencies, Segregation, and Low Productivity Traps”. World Bank Research Observer 28(1), 79-109; P.B.R. Hazell. 2013. “Options for African agriculture in an era of high food and energy prices”. Agricultural Economics 44, 19-27.

8. D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein. 2014. “Environmental and Gender Impacts of Land Tenure Regularization in Africa”, op. cit.

9. Ibid.

10. T. Hasan, A.B. Rusu et M. Hallward-Driemeier. 2013. “Women’s Legal Rights over 50 Years: What Is the Impact of Reform? ”. Document de travail de recherche sur les politiques No. 6617.

11. D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein. 2014. “Environmental and Gender Impacts of Land Tenure Regularization in

Africa”, op. cit.; J.-M. Baland et P. Francois. 2005. “Commons as insurance and the welfare impact of privatization”. Journal of Public Economics 89, 211-231; K. Firmin-Sellers et P. Sellers. 1999. “Expected Failures and Unexpected Successes of Land Titling in Africa”. World Development 27, 1115-1128; L.C. Gray et M. Kevane. 2001. “Evolving Tenure Rights and Agricultural Intensification in Southwestern Burkina Faso”. World Development 29, 573-587; E. Sjaastad and D.W. Bromley. 1997. “Indigenous land rights in sub-Saharan Africa: Appropriation, security and investment demand”. World Development 25, 549-562.

12. Bien que les résultats d’enregistrement foncier soient prometteurs, aucune preuve rigoureuse n’existe sur l’efficacité de l’aide légale locale.

13. Article 24.1, ONU Femmes. 2013. “Realizing women’s rights to land and other productive resources”. Nations Unies.

14. M. Hallward-Driemeier et O. Gajigo. 2013. “Strengthening economic rights and women’s occupational choice: the impact of reforming Ethiopia’s family law”. Banque mondiale. Document de travail de recherche sur les politiques No. 6695.

15. T. Hasan, A.B. Rusu et M. Hallward-Driemeier. 2013. “Women’s Legal Rights over 50 Years: What Is the Impact of Reform?”, op. cit..

16. K. Deininger, A. Goyal et H. Nagarajan. 2013. “Women’s Inheritance Rights and Intergenerational Transmission of Resources in India”. The Journal of Human Resources 48, 114-141.

17. D. Seidenfeld, S. Handa et G. Tembo. 2013. “Social Cash Transfer Scheme: 24-Month Impact Report for the Child Grant Programme”. American Institutes for Research.

18. F. Kondylis et V. Mueller. 2013. “Seeing is Believing? Evidence from a Demonstration Plot Experiment in Mozambique”.

19. J. Njuki, E. Waithanji, B. Sakwa, J. Kariuki, E. Mukewa et J. Ngige. 2013. “Can Market-Based Approaches to Technology Development and Dissemination Benefit Women Smallholder Farmers? A Qualitative Assessment of the Ownership, Purchase, and Use of Kickstart’s Irrigation

Pumps in Kenya and Tanzania”. Document de discussion de l’IFPRI. Washington, DC.

20. Dans les achats en différé, contrairement aux locations-ventes ou aux accords de paiement échelonné, l’acheteur ne reçoit pas le produit tant qu’il n’a pas été payé en totalité. Le vendeur peut demander des frais de réservation, mais aucun intérêt n’est facturé.

21. S. Martinez, S. Naudeau et V. Pereira. 2012. “The Promise of Preschool in Africa: A Randomized Impact Evaluation of Early Childhood”. Banque mondiale.

22. F. Tabbert et K. Platz. 2009. “Child Care and Female Labor Force Participation in Developing Countries – Quasi-experimental results from Togo”.

23. E. Duflo, M. Kremer et J. Robinson. 2011. “Nudging Farmers to Use Fertilizer: Theory and Experimental Evidence from Kenya”. American Economic Review 101, 2350-90.

24. Bien qu’une dépendance trop grande aux engrais engendre un problème de durabilité non négligeable pour les sols et la dégradation environnementale, l’utilisation d’engrais dans les pays africains est bien en dessous de la quantité la plus minime recommandée pour améliorer la fertilité des sols, les agriculteurs en Afrique appliquant de l’engrais inorganique de façon beaucoup moins intensive que dans le reste du monde.

25. M. Morris, V.A. Kelly, R.J. Kopicki et D. Byerlee. 2007. “Fertilizer Use in African Agriculture: Lessons Learned and Good Practice Guidelines (No. 160)”. Banque mondiale.

26. T. Abdoulaye et J.H. Sanders. 2006. “New technologies, marketing strategies and public policy for traditional food crops: Millet in Niger”. Agricultural Systems 90, 272-292.

27. S. Abrar, O. Morrissey et T. Rayner. 2004. “Crop-Level Supply Response by Agro-Climatic Region in Ethiopia”. Journal of Agricultural Economics 55(2), 289-311.

28. L. Beaman, D. Karlan, B. Thuysbaert et C. Udry. 2013. “Profitability of Fertilizer: Experimental Evidence from Female Rice Farmers in Mali”. American Economic Review 103, 381-86.

84 notes

29. R.W. Karamba. 2013. “Input Subsidies and Their Effect on Cropland Allocation, Agricultural Productivity, and Child Nutrition: Evidence from Malawi”.

30. E. Duflo, M. Kremer et J. Robinson. 2011. “Nudging Farmers to Use Fertilizer: Theory and Experimental Evidence from Kenya”, op. cit.

31. A.D. Alene, V.M. Manyong, G.O. Omanya, H.D. Mignouna, M. Bokanga et G.D. Odhiambo. 2008. “Economic Efficiency and Supply Response of Women as Farm Managers: Comparative Evidence from Western Kenya”. World Development 36, 1247-1260; Arguilar et al. 2013. “Decomposition of Gender Differentials in Agricultural Productivity in Ethiopia”. Forthcoming; A. Croppenstedt, M. Goldstein et N. Rosas. 2013. “Gender and Agriculture: Inefficiencies, Segregation, and Low Productivity Traps”. World Bank Research Observer 28(1), 79-109; C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa: Myths versus Reality”. Document de discussion de l’IFPRI 01308; T. Kilic, A. Palacios-Lopez et M. Goldstein. 2013. “Caught in a Productivity Trap: A Distributional Perspective on Gender Differences in Malawian Agriculture”.

32. B.L. Bumb, M.E. Johnson et P.A. Fuentes. 2011. “Policy Options for Improving Regional Fertilizer Markets in West Africa”.

33. Ibid.

34. Dans les pays étudiés dans ce rapport, les semences améliorées font référence à toute semence ayant un plus fort potentiel de rendement. Les semences améliorées ne sont pas nécessairement des variétés de semences génétiquement modifiées (GM). ONE considère que c’est aux gouvernements africains de décider si des innovations GM ou non-GM sont appropriées pour soutenir leurs stratégies de transformation des modes de subsistances des petits exploitants agricoles et plus largement du secteur agricole et pour promouvoir une sécurité alimentaire régionale et nationale.

35. P.C. Sanginga. 1999. “Social Impact of Soybean in Nigeria’s Southern Guinea Savanna”. Institut international d’agriculture tropicale, Ibadan, Nigéria.

36. Les données de l’enquête du Nigéria mesurent la différence d’utilisation de semences achetées, incluant certainement des semences améliorées.

37. R.W. Karamba. 2013. “Input Subsidies and Their Effect”, op. cit.

38. L. Beaman, D. Karlan, B. Thuysbaert et C. Udry. 2013. “Profitability of Fertilizer: Experimental Evidence from Female Rice Farmers in Mali”, op. cit.

39. M. Björkman-Nyqvist, J. Svensson, et D. Yanagizawa-Drott. 2013. “The Market for (Fake) Antimalarial Medicine: Evidence from Uganda.” Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab.

40. A. Adhvary. 2011. “Learning, Misallocation, and Technology Adoption: Evidence from New Malaria Therapy in Tanzania”. Documents de travail 92, Université de Yale, Département d’économie.

41. Björkman-Nyqvist et al. 2013, op. cit.

42. A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers: Resources, Constraints, and Interventions”. World Development 38, 581-592.

43. N. Buehren, M. Goldstein, T. Ketema, E. Molina et A. Yirbecho. 2013. “The Impact of Strengthening Agricultural Extension Services: Evidence from Ethiopia”. Mimeo. Banque mondiale.

44. K. Davis, E. Nkonya, E. Kato, D.A. Mekonnen, M. Odendo, R. Miiro et J. Nkuba. 2012. “Impact of Farmer Field Schools on Agricultural Productivity and Poverty in East Africa”. World Development 40(2): 402-413.

45. B. Van Campenhout. 2013. “Is There an App for That? The Impact of Community Knowledge Workers in Uganda”. Document de discussion de l’IFPRI. Washington, DC.

46. F. Kondylis et V. Mueller. 2013. “Seeing is Believing? Evidence from a Demonstration Plot Experiment in Mozambique”.

47. C.R. Doss. 2001. “Designing Agricultural Technology for African Women Farmers: Lessons from 25 Years of

Experience”. World Development 29, 2075-2092; C. Udry. 1996. “Gender, Agricultural Production, and the Theory of the Household”. Journal of Political Economy 104, 1010-46; A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers”, op. cit.

48. C.R. Doss. 2001. “Men’s Crops? Women’s Crops? The Gender Patterns Of Cropping In Ghana”. Meeting annuel de l’association américaine d’économie agricole, 2001, Chicago, Illinois.

49. A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers”, op. cit.; E.A. Somado, R.G. Guei et S.O. Keya. 2008. “NERICA: The New Rice for Africa: a Compendium”. Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO).

50. D.O. Gilligan, S. McNiven, N. Kumar, J.V. Meenakshi et A. Quisumbing. 2013. “Who Decides to Grow Orange Sweet Potatoes? Bargaining Power and Adoption of Biofortified Crops in Uganda”. GAAP 35.

51. J.C. Aker, C. Ksoll et T.J. Lybbert. 2012. “Can Mobile Phones Improve Learning? Evidence from a Field Experiment in Niger”. American Economic Journal: Applied Economics 4, 94-120.

52. M. Muto et T. Yamano. 2009. “The Impact of Mobile Phone Coverage Expansion on Market Participation: Panel Data Evidence from Uganda”. World Development 37, 1887–1896.

53. J.C. Aker, C. Ksoll et T.J. Lybbert. 2012. “Can Mobile Phones Improve Learning?”, op. cit.

54. D. Fletschner et M.R. Carter. 2008. “Constructing and reconstructing gender: Reference group effects and women’s demand for entrepreneurial capital”. Journal of Socio-Economics 37, 672-693.

55. T. Bernard, M.H. Collion, A. de Janvry, P. Rondot et E. Sadoulet. 2008. “Do Village Organizations Make a Difference in African Rural Development? A Study for Senegal and Burkina Faso”. World Development 36(11), 2188-2204.

85Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en afrique

56. R.V. Hill et M. Vigneri. 2010. “Mainstreaming Gender Sensitivity in Cash Crop Market Supply Chains”. Document d’information preparé pour “The State of Food and Agriculture 11”.

57. J.C. Aker et C. Ksoll. 2013. “Can Mobile Phones Improve Agricultural Outcomes? Evidence from a Randomized Experiment in Niger”. Mimeo.

58. R. Boone, K. Covarrubias, B. Davis et P. Winters. 2013. “Cash transfer programs and agricultural production: the case of Malawi”. Agricultural Economics 44, 365–378.

59. D. Seidenfeld, S. Handa et G. Tembo. 2013. “Social Cash Transfer Scheme: 24-Month Impact Report for the Child Grant Programme”, op. cit.

ANNExESAnnexe 1

1. Les différences de questionnaire entre les pays, qui ont été remarquées lors du programme de recherche, ont incité l’équipe du LSMS à augmenter la comparabilité des outils de questionnaire dans les tours suivants d’enquêtes.

2. Les variables de contrôle sont des variables utilisées dans l’analyse de régression de facteurs, tels que les différences régionales, mais dont les résultats ne sont pas discutés ici.

Annexe 3

1. A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers: Resources, Constraints, and Interventions“. World Development 38, 581-592.

2. D.A. Ali, K. Deininger et M. Goldstein. 2011. “Environmental and gender impacts of land tenure regularization in Africa: pilot evidence from Rwanda”. Document de travail de recherche sur les politiques No. 5765. Banque mondiale; J.-M. Baland et P. Francois. 2005. “Commons as insurance and the welfare impact of privatization”. Journal of Public Economics 89, 211-231; K. Firmin-Sellers et P. Sellers. 1999. “Expected Failures and Unexpected Successes of Land Titling in Africa”. World Development 27, 1115-1128; M. Kevane et L.C. Gray. 1999. “A Woman’s Field Is Made At Night: Gendered Land Rights And Norms In Burkina Faso”. Feminist Economics 5, 1-26; E. Sjaastad et D.W. Bromley. 1997. “Indigenous land rights in sub-Saharan Africa: Appropriation, security and investment demand”. World Development 25, 549-562.

3. C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa: Myths versus Reality”. Document de discussion de l’IFPRI 01308.

4. Ali et al. (2011); Baland et Francois (2005); Firmin-Sellers et Sellers (1999); Kevane et Gray (1999); Sjaastad et Bromley (1997).

5. K. Deininger et R. Castagnini. 2004. “Incidence and impact of land conflict in Uganda”. Document de travail de recherche sur les politiques No. 3248. Banque mondiale; la Banque mondiale, la FAO et le Fonds international de développement agricole (IFAD). 2008. “Gender in Agriculture Sourcebook”; T. Hasan, A.B. Rusu et M. Hallward-Driemeier. 2013. “Women’s Legal Rights over 50 Years: What Is the Impact of Reform?”

6. C. Doss, C. Kovarik, A. Peterman, A.R. Quisumbing et M. van den Bold. 2013. “Gender Inequalities in Ownership and Control of Land in Africa”, op. cit.

7. Ibid.

8. Dans ce contexte, « géré » signifie acheté, accédé ou distribué par un clan ou une famille.

9. Au Malawi, la propriété foncière unique est similaire entre les hommes et les femmes.

10. A.D. Alene, V.M. Manyong, G.O. Omanya, H.D. Mignouna, M. Bokanga et G.D. Odhiambo. 2008. “Economic Efficiency and Supply Response of Women as Farm Managers: Comparative Evidence from Western Kenya”. World Development 36, 1247-1260; Arguilar et al. 2013. “Decomposition of Gender Differentials in Agricultural Productivity in Ethiopia.” Forthcoming; A. Croppenstedt, M. Goldstein et N. Rosas. 2013. “Gender and Agriculture: Inefficiencies, Segregation, and Low Productivity Traps”. World Bank Research Observer [lks024]; T. Ilic, A. Palacios-Lopez et M. Goldstein. 2013. “Caught in a Productivity Trap: A Distributional Perspective on Gender Differences in Malawian Agriculture”; A. Peterman. 2012. “Widowhood and Asset Inheritance in Sub-Saharan Africa: Empirical Evidence from 15 Countries”. Development Policy Review, Vol. 30, Issue 5, 543-571.

11. D.A. Ali, K. Deininger, et M. Goldstein. 2011. “Environmental and gender impacts of land tenure regularization in Africa“, op. cit.; T. Besley. 1995. “Property Rights and Investment Incentives: Theory and Evidence from Ghana“. Journal of Political Economy 103, 903-37; G. Feder et D. Feeny. 1991. “Land Tenure and Property Rights: Theory and Implications for Development Policy“. World Bank Economic Review 5, 135-153; F. Hagos et S. Holden. 2006. “Tenure security,

resource poverty, public programs, and household plot-level conservation investments in the highlands of northern Ethiopia“. Agricultural Economics 34, 183-196; F. Place et K. Otsuka. 2002. “Land Tenure Systems and Their Impacts on Agricultural Investments and Productivity in Uganda“. Journal of Development Studies 38, 105-128; F. Place et B.M. Swallow. 2000. “Assessing the relationships between property rights and technology adoption in smallholder agriculture: a review of issues and empirical methods“. Document de travail de CAPRi No. 2, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).2002; Place and Swallow, 2000

12. K. Deininger, D.A. Ali et T. Alemu. 2007. “Assessing the Functioning of Land Rental Markets in Ethiopia”. Banque mondiale. Washington, DC; K. Deininger, D.A. Ali et T. Alemu. 2011. “Impacts of Land Certification on Tenure Security, Investment, and Land Market Participation: Evidence from Ethiopia”. Land Economics 87, 312-334.

13. D.A. Ali, K. Deininger,et M. Goldstein. 2011. “Environmental and gender impacts of land tenure regularization in Africa“, op. cit.

14. J. Fenske. 2011. “Land tenure and investment incentives: Evidence from West Africa”. Journal of Development Economics 95, 137-156. L’analyse n’a cependant trouvé aucune preuve d’une augmentation d’investissement à court terme dans la main d’œuvre, l’engrais, les insecticides ou autres intrants.

15. M. Goldstein et C. Udry. 2008. “The Profits of Power: Land Rights and Agricultural Investment in Ghana. Journal of Political Economy 116, 981-1022.

16. G. Feder et D. Feeny. 1991. “Land Tenure and Property Rights“, op. cit.; E.M. Rogers. 2010. “Diffusion of Innovations, 4th Edition“. Free Press.

17. T.G. Conley et C.R. Udry. 2010. “Learning about a New Technology: Pineapple in Ghana”. American Economic Review 100, 35-69.

18. O. Bandiera et I. Rasul. 2006. “Social Networks and Technology Adoption in Northern Mozambique”. The Economic Journal 116, 869-902.

19. T.G. Conley et C.R. Udry. 2010. “Learning about a New Technology: Pineapple in Ghana”, op. cit.

20. S. Weir et J. Knight. 2000. “Adoption and Diffusion of Agricultural Innovations in Ethiopia: The Role of Education”. Document de travail du CSAE No. 2000-05. Centre d’étude des économies africaines, Université d’Oxford.

86 notes

21. E. Katungi, S. Edmeades et M. Smale. 2008. “Gender, social capital and information exchange in rural Uganda”. Journal of International Development 20, 35-52.

22. F. Kondylis et V. Mueller. 2013. “Seeing is Believing? Evidence from a Demonstration Plot Experiment in Mozambique”; A.R. Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the Needs of Poor Female Farmers”, op. cit.

23. F. Kondylis et V. Mueller. 2013. “Seeing is Believing?”, op. cit

24. Tout un nombre d’indicateurs peuvent fournir des informations sur la qualité du sol mais le niveau de fertilité du sol (la quantité et la composition des nutriments disponibles dans le sol) est peut-être le plus crucial pour la productivité agricole.

25. C.H. Gladwin. 2002. “Gender and Soil Fertility in Africa: An Introduction”. African Studies Quarterly; A. Croppenstedt, M. Goldstein et N. Rosas. 2013. “Gender and Agriculture”, op. cit.

26. Les enquêtes du LSMS-ISA dans certains pays incluent des mesures auto déclarées de la qualité des sols.

27. Goldstein et Udry. 1999.

Annexe 5

1. Cette annexe se fonde principalement sur l’étude méthodologique présentée dans Kilic, T., Palacios-Lopez, A., Goldstein, M. 2013. “Caught in a Productivity Trap: A Distributional Perspective on Gender Differences in Malawian Agriculture”. Document de travail de recherche sur les politiques de la Banque mondiale.

2. Oaxaca, R. 1973. “Male-female wage differentials in urban labor markets”. International economic review 14, 693-709.

3. Blinder, A.S. 1973. “Wage discrimination: reduced form and structural estimates”. Journal of Human resources, 436-455.

4. O’Neill, J.E., O’Neill, D.M. 2006. “What do wage differentials tell about labor market discrimination?”, dans : Polachek, S.W., Chiswick, C., Rapoport, H. (eds.). The Economics of Immigration and Social Diversity, Research in Labor Economics. Emerald Group Publishing Limited, pp. 293-357.

5. Fortin, N.M. 2006. “Greed, Altruism, and the Gender Wage Gap”. Document de travail, Département d’économie, Université de Colombie britannique.

6. Fortin, N.M., Lemieux, T., Firpo, S. 2011. “Decomposition Methods in Economics”, dans : Handbook of Labor Economics. Elsevier, pp. 1-102.

7. Ibid.

8. Ibid.

9. Jann, B. 2008. “The Blinder-–Oaxaca decomposition for linear regression models”. The Stata Journal 8, 453-479.

10. L’utilisation du terme « désavantage » est liée à la discussion de la section suivante sur les coefficients de régression estimés à partir des échantillons de parcelles groupés, gérées par des hommes et gérées par des femmes. Comparés à leurs équivalents estimés à partir de l’échantillon de parcelles groupé, les coefficients de régression tirés de l’échantillon de parcelles gérées par des femmes qui devraient être positifs et qui sont associés à des facteurs clés de production sont tout le temps positifs mais plus bas en termes absolus. Inversement, l’utilisation du terme « avantage » est liée au même ensemble de coefficients de régression étant plus élevé dans l’échantillon de parcelles gérées par des hommes comparés à ceux de l’échantillon de parcelles groupé.

11. Firpo, S., Fortin, N., Lemieux, T. 2009. “Unconditional Quantile Regressions”. Econometrica 77, 953-973.

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