hantise - extrait

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Les premières pages du cinquième volume des Femmes de l'Autremonde de Kelley Armstrong.

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Page 1: Hantise - extrait
Page 2: Hantise - extrait

Du même auteur, chez Milady :

Femmes de l’Autremonde :1. Morsure2. Capture

3. Magie de pacotille4. Magie d’entreprise

5. Hantise

www.milady.fr

Page 3: Hantise - extrait

Kelley Armstrong

Hantise

Femmes de l’Autremonde – 5

Traduit de l’anglais (Canada) par Mélanie Fazi

Milady

Page 4: Hantise - extrait

Titre original : HauntedCopyright © 2005 by K.L.A. Fricke Inc.

© Bragelonne 2010, pour la présente traduction

Photographie de couverture :© iStockphoto

ISBN : 978-2-8112-0397-9

Bragelonne – Milady35, rue de la Bienfaisance – 75008 Paris

E-mail : [email protected] Internet : www.milady.fr

Milady est un label des éditions Bragelonne

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À ma fille Julia.

Comme Eve, je sais que je vais bientôt devoir lâcher prise… mais je ne suis pas encore prête.

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Remerciements

Comme toujours, je suis infiniment reconnaissante à toutes les personnes qui m’ont aidée à transformer en roman la première étincelle d’idée qui a donné naissance à ce livre. Tous mes remerciements à mon agent, Helen Heller, ainsi qu’à mes éditrices : Anne Groell de Bantam aux États-Unis, Anne Collins de Random House au Canada et Antonia Hodgson de Time Warner au Royaume-Uni.Je remercie tout particulièrement cette fois les modérateurs de mon site web, qui m’ont déchargée d’une grande partie du travail lié à mon forum en plein développement. Merci à Ian, John, Julia, Katrina, Laura, Raina, Sonny, Taylor et Tina, du fond du cœur – sans vous, je ne trouverais jamais le temps d’écrire.

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France/1666

M arie-Madeleine alluma la flamme sous le bol. Un courant d’air s’engouffra dans la cheminée vide et

l’éteignit. Elle ajusta l’écran métallique devant le foyer puis déplaça le bol et renouvela sa tentative. Lorsque la flamme prit enfin, de la fumée s’éleva en tourbillonnant dans la pièce et la remplit d’une âcre puanteur de cheveux brûlés ainsi que d’une odeur douceâtre de romarin.

— Entstehen, mein nix, dit-elle, trébuchant sur ces mots étrangers.

Elle récita la suite de l’incantation. L’air se mit à onduler.— Tu as échoué… une fois de plus, chuchota une voix

féminine.Marie-Madeleine serrait le bol entre ses doigts trem blants.

Des cendres rouges et ardentes en tombèrent et lui brûlèrent la main.

— Ce n’est pas ma faute. Vous ne m’en donnez pas assez. C’est… ce n’est pas facile. Il m’en faut davantage.

— Davantage ? siffla la voix qui résonnait dans sa tête. Ce n’est pas une de tes potions, sorcière, que tu peux boire jusqu’à satiété. Ce que je t’offre, c’est la volonté véritable, une qualité qui te fait cruellement défaut. Que tu choisisses ou non de l’employer, c’est à toi d’en décider.

— Mais je veux l’utiliser. Il faut que Godin obtienne sa revanche, et moi ma liberté.

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La voix de la nixe résonna à son oreille, charriant les mots comme un souffle d’air chaud.

— Quelle idiote tu fais, marquise. Une petite souris piaillante tombée par hasard sur le sortilège qui m’invoque, et qui m’a menti et fait perdre mon temps. Ce que tu cherches, ce n’est pas la détermination. C’est la délivrance. Tu veux que je fasse ça pour toi, pour te décharger de la responsabilité et de la culpabilité qu’implique le parricide.

— N… non. Je ne demanderais jamais…— Je vais t’exaucer.Marie-Madeleine se figea.— Vous allez… m’exaucer ?— Tu n’es pas la seule à tâter de la magie ésotérique,

sorcière. J’ai un sortilège que je voulais utiliser depuis longtemps, mais pour lequel j’attendais le bon réceptacle – le réceptacle adéquat. Grâce à lui, tu m’autoriseras à posséder ton corps, à accomplir cet acte et à obtenir ma récompense. Ensuite, tu pourras en accuser ton amant.

— Quel est ce sort ? Dites-le-moi, vite. Par pitié. Godin s’impatiente.

Le rire de la nixe se déploya dans les airs.— Et moi donc. Écoute-moi attentivement, ma

marquise, et nous en aurons fini avant l’aube.

La nixe ouvrit les yeux. Elle reposait à terre. Des bougies brûlaient tout autour d’elle, d’une lueur si vive qu’elle lui fit cligner des paupières. La fumée envahit ses narines. Elle toussa par réflexe puis sursauta, surprise par la sensation.

Elle leva les mains. Des mains humaines, douces et chargées de bagues. Celles de la marquise. Elle les tendit, puis les ferma. Ses ongles longs s’enfoncèrent dans ses paumes et elle eut le souffle coupé. Alors c’était ça, la douleur. Comme c’était… intrigant. Elle les enfonça encore davantage et

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laissa la douleur se diffuser le long de ses bras. Du sang coula sur sa robe. Elle baissa la main pour la toucher, porta le doigt à son nez, inspira cette odeur, puis tendit la langue pour le goûter.

La nixe se leva, vacilla, retrouva son équilibre. Elle avait déjà pris forme humaine, mais jamais comme ça, en habitant une créature vivante. C’était très différent. Inconfortable… mais intéressant.

Elle leva la tête et renifla l’air. L’aube approchait. Il était temps de se mettre au travail.

Elle porta la soupe au père de la marquise, brandissant le bol telle une offrande, savourant la chaleur qu’il dégageait. Il faisait si froid ici, les murs de pierre laissaient passer des courants d’air à tous les coins. Elle avait ordonné aux serviteurs d’allumer d’autres feux mais ils s’étaient contentés de marmonner quelques paroles d’obéissance avant de s’éloigner d’un pas traînant, sans rien faire pour autant. Quelle insolence ! Si elle était leur maîtresse – mais ce n’était qu’une possession temporaire pour tester le sortilège.

Alors qu’elle entrait dans la pièce, elle regarda le vieil homme, assis, qui lui tournait le dos. Puis elle baissa les yeux vers le bol de soupe empoisonnée. La dose avait intérêt à être la bonne cette fois-ci. Marie-Madeleine l’avait testée sur sa domestique, Françoise, mais la jeune fille n’était pas morte et son amant, Godin Sainte-Croix, avait ajusté la dose. Plutôt que de réessayer sur un nouveau sujet, ils avaient déclaré la mixture satisfaisante.

Que de paresse, d’imperfections et de demi-mesures chez ces humains. Comme ces serviteurs qui ne souhaitaient pas s’aventurer hors des murs du château afin d’aller couper du bois pour le feu. Quelles leçons elle pouvait leur ensei-gner ! Elle le ferait peut-être. Tandis qu’elle avançait, yeux

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baissés vers le bol de soupe, elle comprit avec une bouffée de surprise que la décision suivante était entre ses mains. Elle pouvait administrer le poison au père de Marie-Madeleine ou plutôt aux serviteurs paresseux qui n’avaient pas tenu compte de ses ordres. Pour une fois, elle était actrice et non plus spectatrice.

Depuis trois cents ans, elle était contrainte d’observer passivement les humains en espérant qu’ils utiliseraient la détermination qu’elle leur offrait. Elle recevait en récompense douleur, souffrance et chaos. Mais s’ils échouaient, elle restait sur sa faim – aussi impuissante qu’un gamin des rues qui mendie une croûte de pain. Ces gamins des rues que les humains surnommaient d’ailleurs « rejetons des nixes » – comme s’ils savaient et se riaient du pouvoir qu’ils exerçaient sur ces semi-démons. Et pourtant, elle était là, avec entre les mains le pouvoir de la mort qu’elle pouvait administrer à sa guise. Elle sourit. Peut-être resterait-elle un peu plus longtemps que Marie-Madeleine l’avait souhaité.

Lorsqu’il l’entendit approcher, le père de Marie-Madeleine se retourna.

— Tu n’avais pas besoin de l’apporter toi-même.Elle s’inclina.— C’est le devoir d’une fille, et son privilège, de servir

son père.Il rayonna.— Et c’est le plaisir d’un père d’avoir une fille si dévouée.

Tu comprends maintenant que j’avais raison au sujet de Godin Sainte-Croix. Ta place est auprès de ton mari et de ton père.

Elle baissa la tête.— Ce n’était qu’une passade, dont je conçois d’autant

plus de remords qu’elle a jeté l’opprobre sur ma famille.— N’en parlons plus, dit-il en lui tapotant le bras.

Profitons donc de nos vacances ensemble.

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— Vous devriez d’abord goûter votre soupe, père. Avant qu’elle refroidisse.

Lors des quatre jours qui suivirent, d’Aubray connut les souffrances d’une lente agonie. Elle resta à ses côtés et mit grand soin à faire tout ce qu’elle pouvait pour lui, sachant que ça ne suffirait pas à le sauver, profitant de cette excuse pour s’attarder et absorber sa souffrance. Lorsqu’il reposa enfin dans ses bras, à deux doigts de la mort, il employa son dernier souffle à la remercier pour tout ce qu’elle avait fait.

— Tout le plaisir était pour moi, dit-elle avec un sourire en lui refermant les yeux.

Il fallut six ans à la nixe pour se lasser de Marie-Madeleine et épuiser les possibilités offertes par sa petite vie stupide. Il était temps de passer à autre chose, de trouver de nouvelles occasions… mais pas avant d’avoir exploité les dernières bribes d’amusement que pouvait lui offrir celle-ci.

D’abord, elle avait tué Sainte-Croix. Rien de personnel : il avait été un bon amant ainsi qu’un partenaire utile, mais elle n’avait plus besoin de lui, sinon pour le laisser jouer un rôle dans le dernier acte du drame. Il était mort dans son laboratoire, victime apparente de son propre poison, son masque de verre ayant glissé au moment inopportun.

Après avoir anonymement averti la police de sa mort, elle s’était ruée à l’intendance pour réclamer qu’on lui retourne une boîte qui se trouvait dans le laboratoire scellé. Elle lui appartenait et devait donc lui être rendue sans qu’on y ait touché. Naturellement, cette requête ne fit que pousser la police à l’ouvrir. Elle y trouva le bon que la marquise avait remis à Sainte-Croix en échange du poison destiné à tuer son père, plus l’héritage que lui léguait

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son amant – un assortiment de poisons dont les autorités françaises n’avaient jamais vu l’équivalent. Elle avait fui Paris pour se réfugier dans un couvent. Le procès avait eu lieu et Marie-Madeleine, ne s’étant pas présentée pour se défendre, fut condamnée à mort.

Et tout se mit en place.La nixe regagna Paris, où elle savait que Marie-Madeleine

serait vite arrêtée. Elle prit une chambre tranquille dans une auberge, s’étendit sur le lit, ferma les yeux et récita l’incantation qui mettait fin à la possession. Au bout de quelques minutes, elle ouvrit les yeux et leva la main. Toujours humaine.

Avec un grognement, elle ferma les yeux et répéta le sortilège. Rien ne se produisit. Elle gronda, contracta sous forme de boule son essence spirituelle et se projeta vers le haut, répétant les mots une fois de plus, avec un volume croissant, tandis que son âme restait attachée à cette forme humaine. Pendant deux heures, elle se jeta contre les murs de sa prison de chair.

Puis elle se mit à hurler.

Nicolette balaya du regard la foule amassée dans la cour en priant pour ne reconnaître personne. Si sa mère apprenait qu’elle était là… Elle frissonna en imaginant comme elle se ferait attraper. La mort n’est pas un spectacle, dirait sa mère. Nicolette devrait le savoir mieux que personne. Mais elle n’était pas ici pour voir mourir la marquise de Brinvilliers… pas vraiment. C’était le spectacle entourant le spectacle qui l’attirait, l’occasion de prendre part à un événement dont tout Paris parlerait pendant des années.

Un jeune homme traversait la foule pour distribuer des brochures décrivant la torture de la marquise. Quand il vit Nicolette, il sourit tout en la toisant de la tête aux pieds.

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— Une brochure, madame, dit-il en lui jetant un exemplaire. Avec mes compliments.

Nicolette baissa les yeux vers le papier qu’il lui tendait. Au recto figurait le croquis grossièrement tracé d’une femme nue dont le corps se cambrait comme pour se tendre vers celui d’un amant, les membres attachés à la table, un entonnoir enfoncé dans la bouche, le visage tordu par la souffrance. Nicolette frissonna et détourna le regard. Sur sa gauche, une vieille femme gloussa de rire. Le jeune homme aux brochures s’approcha d’elle et ouvrit la bouche, mais un homme l’inter-rompit et le renvoya avec quelques mots bourrus.

— Vous ne devriez pas être ici, madame, lui grommela-t-il à l’oreille après le départ du jeune homme. Ce n’est pas un endroit pour vous.

Non, sa place était sur les balcons, d’où elle pourrait assister au spectacle avec une vue dégagée tout en dégustant des gâteaux et du vin. Nicolette s’était déguisée pour se fondre aux gens du commun, mais on la reconnaissait toujours.

Elle s’apprêtait à repartir quand les portes de la prison s’ouvrirent. Un petit groupe en émergea. Au centre se trouvait une femme minuscule, ne dépassant pas le mètre cinquante, dont le visage sale trahissait toujours la beauté qui avait dû être la sienne. Pieds nus, vêtue d’une robe droite très simple, elle s’avança en titubant, trébuchant et tirant sur les cordes qui la ligotaient, l’une autour des mains, l’autre de la taille, la troisième du cou.

Tandis que le garde tirait la marquise en arrière, elle leva la tête et vit la foule pour la première fois. Ses lèvres se retroussèrent, déformant son visage en une grimace si affreuse que la vieille femme placée près de Nicolette recula, refermant les mains sur son chapelet. Tandis que la marquise montrait les dents, son visage ondulait comme si son esprit même cherchait à s’échapper. Nicolette avait déjà vu des fantômes, elle en voyait depuis l’enfance – comme sa mère

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et son grand-oncle. Pourtant, lorsque l’esprit de la marquise se dévoila, tous les gens qui l’entouraient reculèrent avec un hoquet de surprise collectif.

Nicolette regarda furtivement autour d’elle. Eux aussi l’avaient donc vu ?

Le garde poussa la marquise dans un tombereau. Ce voyage-là, elle ne le ferait pas dans une voiture dorée tirée par des chevaux. Son véhicule était un chariot crasseux, à peine assez grand pour la contenir et au fond recouvert de paille sale. Elle dut s’accroupir dans le chariot comme un animal, jurant et montrant les dents tandis qu’il s’éloignait.

Autour de Nicolette, la foule se mit en marche en direction de la cathédrale Notre-Dame. Elle hésita, car elle n’était plus très sûre de vouloir assister à la fin du voyage de la marquise, mais la foule l’emporta tel un courant, auquel elle céda après de faibles tentatives de résistance.

On avait dressé l’échafaud devant Notre-Dame. Nicolette les regarda entraîner la marquise en haut des marches, la forcer à se baisser et commencer à couper ses longs cheveux.

Nicolette y voyait presque trop bien à son goût, mais la foule, derrière elle, était si dense qu’elle n’avait aucune chance de s’échapper. Alors qu’elle s’efforçait de détourner son attention de l’échafaud, un homme s’écarta de la foule. Un étranger à la peau olivâtre et aux sombres cheveux ondulés. Ce qui aurait suffi, en soi, à retenir son attention, mais pas autant que sa beauté. Nicolette, qui considérait ces choses-là comme indignes d’elle, se surprit à le regarder aussi fixement qu’une fillette sortie d’un couvent.

Il ressemblait à un soldat – non par ses habits, très communs, mais par son port. Un homme qui retenait irrésistiblement l’attention… et pourtant, aucun regard

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ne se tourna vers lui. Ce qui, pour Nicolette, ne pouvait signifier qu’une chose : c’était un fantôme.

Il monta sur l’échafaud. Parvenu au sommet, il s’arrêta au garde-à-vous tandis que le garde taillait la chevelure de la marquise. De toute évidence, il voulait une place de premier choix. Était-il l’une de ses victimes ?

Puis, alors que le bourreau tirait son sabre des plis de sa robe, le fantôme tendit les mains, paumes tournées vers le haut. Un geste curieux, comme pour vérifier s’il pleuvait. Ses lèvres remuèrent. Quelque chose miroita dans ses mains puis prit forme. Une épée. Une énorme épée luisante. Tandis qu’il glissait la main jusqu’à la poignée, Nicolette comprit ce qu’il était et se laissa tomber à genoux en faisant le signe de croix.

Malgré la densité de la foule, l’ange remarqua son geste et croisa son regard. Lors de cet instant, toutes les mauvaises actions qu’elle ait jamais commises défilèrent dans sa tête et un grand froid envahit ses tripes, tant elle était certaine qu’il était en train de la juger… et de lui trouver des lacunes. Mais l’ange esquissa un faible sourire et inclina la tête, avec la même désinvolture que s’il saluait un voisin de passage. Puis il reporta son regard sur la marquise et son expression se durcit.

Le sabre du bourreau s’abattit. Un soupir s’éleva de la foule lorsque la tête de la marquise roula lourdement sur l’échafaud. Nicolette ne la vit pas tomber. Elle regardait, pétrifiée, une brume jaune s’élever du corps de la marquise. Le brouillard se tortilla et s’épaissit pour prendre la forme d’une jeune femme.

L’ange leva son épée et parla d’une voix aussi claire et mélodieuse que les cloches de Notre-Dame.

— Marie-Madeleine d’Aubray de Brinvilliers, pour vos crimes, vous avez été jugée.

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Alors qu’il agitait son immense épée, l’esprit qui s’échappait du corps de la marquise rejeta la tête en arrière puis éclata de rire.

— Je ne suis pas la marquise, idiot, cracha-t-il.L’ange fronça les sourcils en une expression de perplexité

aussi humaine que le signe de tête dont il avait gratifié Nicolette. Mais l’épée était déjà en mouvement, fendant l’air en direction du fantôme.

Les lèvres de l’esprit se tordirent.— Vous n’avez aucun pouvoir sur…Lorsque l’épée frappa l’esprit, il laissa échapper un

hurlement qui obligea Nicolette à se plier en deux, les mains sur les oreilles. Tout autour d’elle, les gens se bousculaient pour mieux voir le corps de la marquise tandis qu’on y mettait le feu, sans entendre les hurlements.

Nicolette leva la tête. L’ange se tenait sur l’échafaud, l’esprit embroché au bout de son épée. La créature se tortillait, hurlait, jurait, mais l’ange souriait simplement. Puis ils disparurent.