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TRANSCRIPT
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7/23/2019 gfrtrdxcb
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La Bourse, ou la Prison,ptre M. Guillebert,...
par Barthlemy
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France
http://www.bnf.fr/http://gallica.bnf.fr/ -
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Barthlemy, Auguste (1796-1867). La Bourse, ou la Prison, ptre M. Guillebert,... par Barthlemy. 1830.
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L
BOURSE OU
L
PRISON
-
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OUVRAGES
DE MM.
BARTHELEMY
ET MERY.
Pmes
et
Batire .
EPITRE
A
M.
DE
VILLLE
1
5o
SlDIENNES
2
5o
LES
JSUITES
2
LES GRECS,
ptre
au
Grand-Turc.
. .
2
LA
VILLLIADE,
i5e
d
5
ROME
A
PARIS,
5e
d.
2
5o
LA
PEYRONNEIDE,
5e
dition
1
5o
UNE
SOIRE
CHEZ
PEYRONNET
,
6e
d.
1
5o
LE
CONGRS
DES
MINISTRES,
7e
d.
. .
1
5o
LA
CORBIRIDE,
2e
d
2
5o
LA
CENSURE
1
5o
LABACRIADE,
ou
laGuerre d'Alger,
2e
d.
2
5o
ADIEUX
AUX
MINISTRES,
3e
d
1
5o
NAPOLON
EN
EGYPTE
,
in-8
,
8e
d.
.
7
5o
Idem,
in-i8,9ed
6
MARSEILLE,
ode
1
25
PROCS
DU
FILS
DE
L'HOMME
2
5o
WATERLOO.Au
gnral
Bourmont,
5e d.
3
1830.
Satire
politique,
3e
d
2
5o
Pour
paratre
prochainement.
DOUZE
JOOUNES
DE
LA
RVOLUTION.
Imprimerie
ie
3.
ftaetu,
rue
>c
Daugirarb,
n.
36.
-
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8/54
Ca
Moum
ou
h
ffimtm*
:
/
\-l
EPITRE
^GUILLEBER,
HFCEVEUR
DE
L
rNKEGISTR.MENT,
PAR
BARTHELEMY.
Sur
quoi estantinterpelle de respondre,lequel
des
deux
il cuydoit
le
plus
advanlageux
la
chose
publique,
ou
demourer
libre
Rome,
ou levertir
es
Barbares,
le
dict
\ieil
Rgule,
aprs
avoir
part
soi
cogite
et
dlibre,
espondit
telles
paroles
Mieulx
vault
gehe ne
et
captifvite en
Cartbage,
que
non
pas
libert
Rome,
la
ranon
d icelle
estant
moult
dure
et
par
trop
clure.
PLUTARQUE,
traduction
d Jnvyot
)
PARIS
A.-J.
DNAIN,
LIBRAIRE,
PROPRITAIRE
DES
OEUVRES
DE
BARTHELEMY
ET
MERY,
RUE
VIVIENNE,
N
16
1850.
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COPIE
DE
LA
LETTRE
DE
M.
GUILLEBERT.
TRIBUNAL
de
irc
instance
de la Seine.
ki
38 n.56i.
Paris
le
6
mai
i8io.
MONSIEUR
J ai
eu
l honneur de
vous
inviter
par ma
lettre
du
22
mars
dernier
d acquitter
les amendes
et
frais auxquels
vous
avez
t condamn
par
arrt
de
la
Cour royale du
7
janvier
dernier
montant
SAVOIR
;
Amende
1 000 fr.
00
c.
Dixime
100 00
F.
de
ltreIce
et
d appel..
.
81 45
1 181 45
Je
vous
ritre
ma
demande
s tant
gliss
une
erreur
dans
ma
premire qui
tait
de
1 208
fr.
95
c.
Je
vous
engage
vous
librer d ici
au
10
du
courant
pour ne
pas
mettre
l adm. dans
le
cas
-
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11/54
d employer
les
voies
judiciaires
pour
l excution
de
l article
62
du Code
pnal
.
J ai l honneur
de
vous
saluer,
Le
Receveur
de
l enregistrement,
Sign
GUILLEBERT.
ART.
5.
L excution
des
condamnations
l amende,
aux
restitutions,
aux
dommages-intrts
et
aux
frais,
pourra
tre
pour-
suivie
par
la voie
de la
contrainte
par
corps.
-
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12/54
M.
GUILLEBERT
receveur
de
l enregistrement
m a crit
pour
m inviter
acquitter
le
montant
dmon
amende;j ai d lui
repondre et
je
crois
dans
l inte rt
gnerai
des hommes
de
lettres
que
cette
rponse
doit
tre
rendue publique.
Depuis
prs
d un
an
le Tribunal de police
cor-
rectionnelle
est
en verve.
Les
saisies
les ins-
tructions
les rquisitoires
jugemens
con-
damnations emprisonnemens et amendes
sura-
bondent
au
Palais de Justice.
Le greffe cri-
minel
est
en
pleine
prosprit;
une
foule
de
nouveaux
noms
sont
promis
ses
matricules
et
il
y a
lieu
de croire
que
Messieurs
les
gens
du
-
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13/54
Roi
n abandonneront
pas de
sitt
cette
branche
importante de leur
industrie.
Dans
cet
tat
de
choses j ai
pens
que
je serais
utile
mes
con-
frres
en
leur donnant
quelques
notions
prpa-
ratoires
sur
le lieu de
notre
dtention
dernier
rsultat
de
toutes
nos
procdures.
Sainte-Plagie
qui
n tait autrefois
pour
la
lit-
trature
qu une rsidence d exception
semble
tre
devenue aujourd hui
son
domicile
de droit.
Le
plus
pur
de
nos
crivains politiques
ou
po-
tiques
ne
peut
se
dire
l abri
d une condamna-
tion imprvue
et
la justice
distributive
descrous
pse
galement
sur
tous
les
partis. Il
n est
pas
impossible
de
trouver
un
jour
dans
une
mme
chambre
MM.
Benjamin
Constant
et
l archev-
que
de
Malines
ct
de
MM.
de
Madrolle
et
Cottu
et
je
ne
serais
pas
surpris
que
demain
dans
le
sombre corridor Saint-Louis
M.
de
Ge-
noude vint
se
briser
contre
les
formes athltiques
de
M.
Chtelain
On
sent
donc la ncessit
pour
les
hommes
de
lettres
d un
fil
pour
les
guider
dans
celabyrinihe
-
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__
9
d un
guide
sur
d un
manuel
de
choses
et de
lieux
pour
leur
viter
les
premiers
embarras de
leurs
nouvelles
habitudes. J ose
croire
que
cette
ptre
suivie
de
notes
historiques
et
topographi-
ques
leur
sera
de quelque
secours
;
et
si
j arrive
ce
but
j aurai
sujet
de
ne pas
dplorer
ma
d-
tention.
On
voudra bien
me
pardonner
de
me
mettre
si
souvent
en
scne
:
dans des dtails
presque
tous
individuels
le premier
pronom
personnel
est
indispensable.
J aurais
bien
pu
recourir
un
ar-
tifice
de
style
et
mettre
le
nous
a
la place
du
je;
mais
ce
nous
trop souvent
rpt
devien-
drait
aussi
fastidieux
que son
quivalent;
et
d ail-
leurs il
serait
parfois
ridicule
de
l employer
ici
par
exemple
comme
si
voulant
parler de
moi
dans
ma
chambre
je
disais
:
Nous
sommes
seul.
-
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-
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JSttinu-ptajjic
U
9
mot
1830
Souffre
que
conservant
ma
svre tiquette
Je
rponde
ta
prose
en
style de
pote;
Puisque
j ai fait subir
ce
langage
des
Dieux
A
Menjaud-Dammartin
rival
de
Desglajeux
-
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12
A
ma
muse
ton
tour
prte
une
oreille
humaine
Et
prouve que
les
vers
entrent
dans
ton
domaine.
Oui
dans
ce
domicile
affranchi de
loyer
Que
la faveur royale
a
daign
m octroyer
A
travers
le
guichet
j ai
reu
ta
missive
2
D un fisc inexorable
interprte
expressive
;
Aux
douteuses
lueurs
de
notre
corridor
Je
l ai
lue
:
il
parat
que
je
dois
au Trsor
Pour
amende
pour
frais
et
dpens lgitimes
Onze
cent
quatre-vingt-un
francs
plus
les
centimes.
Le
compte et
le calcul
sont
parfaits
en
tout
point
Tu
remplis
un
devoir
je
n en
murmure
point
;
Je
conois
que
l tat
gn dans
ses
finances
Ramasse
comme
il
peut
ses
petites
crances
;
Et
puis
tout
citoyen
l heure
du
danger
Doit
porter
son
tribut
pour
la
guerre
d Alger.
-
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18/54
13
Moi
surtout,
qui
du
Nil
ai
chant
la
conqute,
J applaudis
des
deux
mains
cette
sainte
qute,
Heureux
si
je
pouvais
noliser
en
ballon
Nos
modernes Croiss
rassembls
Toulon
Puissent-ils
rapporter
de
leur
noble
campagne
Les
lauriers
de
la
Grce
et
le butin
d Espagne,
Ressusciter
des faits
graver
sur
l airain,
Trocadero
sur
terre
et
sur
mer
Navarin,
Et
laisser
en
partant,
aux
plages
de Lybie,
L ternel souvenir
de leur
gloire amphibie
Si,
vainqueur
du
Soudan
,
le
nouveau
Godefroi
De
cette
autre
Solyme
un
jour n est
pas
le
roi,
S il
prfre
ce
sceptre
un
bton
militaire
;
Le
jour
o
rentrera
l aigle
du ministre,
Tout
fier d avoir
saisi
dans
le
creux
de
leur
roc
Les
vautours
de
Tunis,
d Alger
et
de
Maroc,
Quand
suivi
de
captifs,
au
milieu
des
fanfares,
A
son
char
insolent
tranant
les
rois
barbares,
-
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19/54
14
Il
viendra dposer
dans
le
temple
des
lois
Le
coupable
ventail
conquis
par
ses
exploits
;
Que
ce
coup
du hasard, trophe
expiatoire,
Rhabilite
enfin
ce
failli
de
la gloire,
Et
que
dans
le
Snat, sur
son
haut palanquin,
Il
entre,
salu
du
surnom
d Africain.
Mais
quel
transport
m gare
Infidle
mon
titre,
Je
vais
faire
un
pome
en
place
d une
ptre;
Et
toi,
le doigt
fix
sur
ton
code
pnal,
Tu
rappelles
mes
yeux
vers
l article
final.
Dois-je
en
faire
l aveu
?
dans
ta
main
menaante,
La
foudre
du bureau
sur
moi
glisse
impuissante,
Le
fisc
a
beau
tonner
,
je
le
brave debout
;
Connais-moi,
Guillebert,
et
poursuis
jusqu au
bout.
Je
l ai
trouve
ici,
cette
douce
retraite
Que
Corbire accordait
l indigent
pote
3.
-
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15
En
condamnant
ma
muse
de
longs
repentirs,
Menjaud
de
Dammartin
m a fait
ces
doux
loisirs
4
Ici, vient
expirer
la
tempte qui
gronde
Sur
les
jours
agits
des habitans
du
monde;
C est
un
port
au
milieu
de
l orageux
Paris
;
Une
ternelle
paix rgne
sous
nos
lambris.
Jamais
autour
de
nous
le
sapin
de
remise
Ne roule
avec
fracas
sur
le
pav
qu il
brise
;
Nous
bravons
sous
l abri
de
nos
portes
d acier
Le
matinal
abord
du subtil
crancier
;
Point
de
ces
visiteurs vieux amis
de
collge
Qui,
promenant
partout
leur dextre
sacrilge,
Fouillent les
noirs papiers
du pudique
crivain,
Et
de
leur
froid
contact
glacenfson
feu divin.
Ah
si la
libert, transfuge involontaire,
Etait
bannie
un
jour
du
reste
de
la
terre,
Si
son
astre
brillant
quittait
notre
horizon,
On
la
retrouverait
au
sein
d une
prison
-
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16
0
vous,
dont
la
douceur
jamais
ne
rassasie,
Vous qui mieux
qu'Apollon
versez
la
posie,
Solitude
et
silence,
ineffables
trsors
L'homme bien
vainement
vous
poursuit
au
dehors
;
Vos
paisibles faveurs
qui lui
sont refuses
Se
trouvent
seulement
dans
nos
Champs-Elyses
,
Dans
nos
calmes
dortoirs,
dans
nos
dsertes
cours.
Il n'est
plus
les
Dettiers
l'ont
conquis
pour
toujours
Ce vieux
corridor-rouge
aux
troites
limites8,
O
priaient
autrefois de profanes
ermites
;
Mais
dans
ce
corridor
qu'on
nomme
Saint-Louis
7,
Les
yeux
par
le
soleil
ne
sont
pas
blouis
;
A
travers
les barreaux
nagent
vers
la
paupire
Un
moelleux clair-obscur,
une
douce lumire
;
C'est
l
que
j'erre
seul
:
quelquefois
en
marchant
Je
prlude
au
dbut d'un
potique
chant;
D'autres fois,
je poursuis
ma
ligne
accoutume'e
En
aspirant
du
tube
une
longue
fume,
-
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17
Et
de
mes
maux
passs
le souvenir
amer
Fuit
avec
la
vapeur
de
l cume de
mer.
Non
jamais
sous
le
toit
de
nos
vieux monastres
Ces
bats
indolens Lucullus solitaires
Bndictins
dodus
ou
thatins vermeils
N eurent
des
jours
si
doux
et
des
loisirs pareils
:
Jamais
dans
ma
cellule
une
cloche
argentine
Ne
m arrache du
lit
pour
aller
mtine
;
Je puis
faire
mon somme ou ma
prire
Dieu.
Ai-je
faim
?
l instant
je
vois
luire
le feu
;
Le
Vatel du
logis
restaurateur
sans
carte
8
M apprte le
festin
d un
citoyen
de
Sparte
Et
ma
main
huis-clos
verse
un
moka brlant.
Faut-il acclrer l estomac
indolent
?
Je
dirige
mes
pas
vers
les
fraches
arcades
D une
cour
dvolue
mes
nonVcamarades
9;
-
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23/54
18
L
croissent
lentement
sous
un
soleil
jaloux
Douze
arbustes
sans
fruits
crous
comme
nous
10
;
Sur
le front
qui
rclame
un
abri
tutlaire
Leur
feuillage
amaigri
projette
une
ombre
claire
Et
pourtant
cet
aspect semble
doux
nos
yeux.
Mais
sitt
que
juillet
vient
nous
vomir
ses
feux
Les
rameaux
calcins
par
la chaleur
intense
Figurent
des
gibets
des fourches
de
potence
Et
d une
scne trange
analogues
dcors
Semblent
au
lieu
de
fruits
devoir
porter
des
corps.
Ainsi
ma
vie
esclave
est
de
fleurs
enchane
;
Lgre
comme
un
songe
ainsi
fuit
la
journe
;
La
nuit
vient
l heure
sonne
et
de
mon
doux
manoir
Le
bnin guichetier
vient
boucler
le
fermoir
ll.
L
sur
un
noir pav
dont
j ai
compt
les
briques
Je
puis
former
en
long
trois
pas
gomtriques
12
;
-
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24/54
19
Le
boudoir
n est
pas
vaste,
il
faut
en
convenir,
Mais
il
suffit
encor pour
aller
et
venir.
Oh
que ne
puis-je ici,
pote
cnobite,
Peindre,
comme
Gresset,
ce
rduit
que
j habite
Tu
verrais,
ple-mle
pars
sur trois
rayons,
Lettres,
cartons,
papiers,
livres, plumes,
crayons
,
Des
journaux
du
matin
les
feuilles profanes
,
L informe
manuscrit
de
mes
Douze
Journes
3,
Quelques
vases
grossiers
sur
leur
base indcis,
Tels
qu en
pouvaient avoir Philmon et
Baucis
;
La
coupe
au
teint
vineux,
et
l hydraulique
amphore,
Et
le
nocturne
clair qu allume le
phosphore,
Et
mes
longs
vtemens
rids
contre
les
murs
,
Et
mille objets
sans
nom
dans les
angles
obscurs
,
Assemblage confus
qui
dignement
s accole
Au
noble
mobilier
de
la
double
pistole
*.
-
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25/54
Mais quoi
dans
ce
palais gard
par
cent
verroux
,
En
comptant
mes
loisirs j'ai cach le
plus
doux
Puissent-ils
excuser
ma
coupable lacune,
Ces
joyeux
commensaux,
compagnons
de
fortune,
Qu'au
sceptre
de
Mangin
a
confis
Thmis
En
passant
le guichet
nous sommes
tous
amis
;
Le
cercle du
matin
est
chez
eux;
la
soire
Groupe
dans
mon
salon leur
troupe
resserre
:
Bert,
au visage
calme,
au
suave
entretien'
5;
Chtelain,
du
Courrier
inflexible
soutien
'6
,
Qui
clans
son
noble
coeur,
foyer de
sa
doctrine
,
Conserve
une
ame
forte
autant
que
sa
poitrine
;
Magalon ,
le
hros
de la
captivit
' 7.
Que
de fois
devant
nous sa
bouche
a
rcit
Du
voyage
Poissy
la
fameuse
torture
C'est
le baron
de
Trenck
de
la
littrature
'8
;
Son
vaste
souvenir,
rpertoire
de
faits
,
Retrace
sans efforts
trois
rgnes
[de
prfets
;
-
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26/54
Tl
sait
de
tous
les
temps
les
moeurs
et
les
usages
9.
Des
moindres
porte-clefs
il
connat
les
visages
;
D un
pas
leste
et
superbe
il
parcourt
la
prison
Et
l on
croit voir
en
lui
le
fils
de la
maison.
A
ce
cercle
choisi
venait
se
joindre
encore
Fontan
que
chaque
jour
notre
plainte
dplore
La
veille
o
dans
Poissy
fut
jet
le
martyr
A
son
dernier
agape
il
nous
fit
consentir
Et
contre la douleur
qu un
dernier
adieu
laisse
De
son
propre
courage arma
notre
faiblesse.
Tu
le
vois
Guillebert de
mes
tranquilles
jours
Ce
seul
jour
de
tristesse
a
suspendu
le
cours.
En
vain
pour
m branler
ton
zle
me
signale
L article
de la
loi
que
tu
nommes
pnale
;
Va
je
n accuse
pas
le
rigoureux
destin
:
A
quoi
bon
me
dbattre
en
prisonnier
mutin
-
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27/54
Il
le
faut,
j'y souscris. Trop
heureux
le
pote
Qui
lgue
son
public le
tourment
de
sa
dette
Sitt
qu'envelopp de
ses
amis
en
deuil,
De
Sainte-Plagie il
a
franchi le
seuil
,
Soudain
,
chaque
lecteur dont
il
se
fit
l'idole
Au
tronc
du
publicain
vient jeter
son
obole,
Et
de
tous
ces
pis
la
civique moisson
De
l'illustre
captif complte la
ranon.
Te
serais-tu
flatt
que
la
main
populaire
Viendrait
de
mes
dlits
acquitter
le
salaire
?
A
quel
titre
?
J'ai
bien
sem
depuis
six
ans
Quelques
milliers de
vers
qu'on dit
assez
cuisans
;
On
m'a
vu
quelquefois, dans
une
pre
satire,
Des lus
du pouvoir
consommer le
martyre
;
Mais
hlas
du
Parnasse
infirme
nourrisson,
Je
n'ai
pu me
grandir
jusques
la chanson,
Et
fonder
le massif d'une
gloire
certaine
Sur
des
trelin
tin
tin
et
des
faridondaine.
-
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28/54
Ainsi,
dment
puni
de
mon
obscurit,
Du
stupide Plutus
enfant dshrit,
Ne
pouvant
t'adoucir
par
l'argument
qui
sonne,
Je
vois
bien
qu'il
faudra
payer
de
ma personne.
Viens
donc,
viens
dans le
greffe
o
je
fus accueilli,
Rajeunir
mon
crou
que
trois
mois
ont
vieilli
;
Je
jure
d'obir
sans
dserter
ce
poste,
A
l'enregistrement je
m'offre
en
holocauste,
Et
puisque
par
les fers
l'or
peut
tre
achet,
Ds
ce
jour,
pour
six
mois,
je
vends ma
libert.
Rsumons
en
deux
mots
:
ta
caisse
me
demande
Onze
cent
quatre-vingt-un
francs
pour
mon
amende;
Or,
par
mois
cette
somme,
en
calculant
sans
dol,
Fait
cent
nonante-sept
,
comme
dit
Mrindol.
Eh bien
dans
ses
rigueurs
qui
ne
sont
qu'apparentes,
Ta
loi m'offre
un
moyen
de
me
crer
des
rentes,
-
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29/54
Moi
qui
jusqu
ce
jour
pote
insoucieux
N ai
vu
pour
avenir
que
ma
part
dans
les
cieux.
Guillebert
tu
sauras
si
ma
constance
est
ferme
Et
tu
pourras
ainsi
jusqu
son
dernier
terme
Forant
ton dbiteur
ce
pnible
gain
Sur
un
chtif
Ouvrard
parodier Sguin
33.
-
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30/54
OTS
-
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31/54
-
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32/54
NOTES.
APERU
GENERAL SUR SAINTE-PELAGIE.
L ensemble de
cette
Bastille plbienne
figure
un
paralllo-
gramme
rgulier form de
quatre
grands massifs
de btimens
opposs
aux
quatre
points cardinaux.
La faade de
la
vieille
entre
situe
la partie
de l ouest
rue
de
la
Clef
prsente
une
architecture bizarre
qui
annonce
vaguement
une
sinistre desti-
nation
;
elle
est
recrpie
d un
ciment rougetre incrust de
petits
cailloux dont
l assemblage
produit
une
grossire
mosaque
;
d -
troits soupiraux
grills
sont
dissmins
aux
diflfrens
tages
et
deux gurites o
n entra jamais
le sommeil
flanquent
la lourde
et
troite
porte
du guichet
sur
laquelle
retombe
un
gigantesque
fronton.
Tout
autour
de l difice
rgnaient autrefois
un
chemin de ronde
et
une
haute
muraille
qui
l enlaait
comme
les
fosss
d un
vieux
chteau
;
mais
ce
mur
a t
remplac
au
midi
par
une
immense
-
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construction
tout--fait
rcente.
Cette
haute faade
blanche
lisse
et
perce
de quelques
meurtrires
est
assez
dans
le
got
des maisons
mahomtanes
qui
n ont
pas
de fentres
sur
la
rue.
La
porte
principale dessine
en arceau a
quelque
chose
de
gran-
diose
;
elle
ne
s ouvre
que
dans les occasions
solennelles
dans
les
jours
d apparat
l arrive
des
procureurs-gnraux
ou
du
prfet
de
police
;
c est
l entre d honneur
;
quant au
modeste
guichet
qui
se
trouve
gauche il
suint
la plbe
des
petits criminels
vaga-
bonds malfaiteurs
et
hommes
de
lettres.
Le
style
d architecture de
cette
partie
neuve
est
mieux
exprim
l intrieur; l
au
lieu
de
ces
maussades fissures
qui attristent la
rue
du
Puits-VHermite
s ouvrent
de hautes
et
larges fentres
cintre
rgulirement
superposes
en
deux lignes
et
soutenues
par
un pristyle
en
arcades. On
est
frapp
de cet
aspect
en
en-
trant
dans la
premire
cour
et
l on
est
tent
de
croire
que
ce
corps
de
btiment
clair
et vaste
a
t
moins
construit
pour une
prison
que pour
des
greniers
d abondance
ou
des
salles d exposi-
tion
industrielle
:
par
malheur
ces
larges
appartemens
sont
encore
sans
utilit
et
vierges
de
locataires;
mais
les
maons y
travaillent
toujours
avec
ardeur
et
il
y
a
tout
lieu de
croire
que
leurs
cons-
tructions seront
entirement
termines
avec
la seconde
galerie du
Louvre
et
l arc de triomphe de l Etoile.
L espace qui
se
trouve entre cette
haute inutilit
et
le btiment
en
face
forme
une cour
longue
et
pave
dont
l usage
n est
accord
aux
prisonniers
que
d aprs
une
permission
expresse.
J espre qu on
en
continuera la
jouissance
aux
dlits
politiques.
Une
fois
dans
cette
enceinte
on a
devant
soi la vieille
Sainte-
Plagie
dont
le
mur
dcrpit
les
sales fentres
et
la
toiture dla-
bre attristent la
vue.
On
y
remarque
cependant
droite
sur
le
comble
une
jolie
petite lucarne
avec ses
persiennes
et
ses
grille-s
-
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34/54
29
vertes;
c est la chambre
d un
prisonnier
de
la
delte
M.
Carcas-
sonne
rdacteur
d un
journal utile
et
courageux
:
le Pauvre
Jac-
ques
pilori
hebdomadaire
des
incarcrateurs de
Paris. Cette
pe-
tite
habitation
si
bien peinte si
haut
perche
contraste
agra-
blement
avec
l ensemble
terne et
dsol du
reste
comme
ces
touffes
de plantes
fortuites
qui
s lvent
au
sommet
des
ruines.
La
nuit
une
sentinelle
veille
dans la
cour
et
d autres
faction-
naires
parcourent
en
mme
temps
le
long
et
magnifique
belvder
pratiqu
sur
la haute toiture
de
tout
l difice.
Ce chemin de ronde arien
est
coup
par
des
gurites
de dis-
tance
en
distance
et
l extrmit
du
ct
de
l est
se
termine
par
un
paratonnerre.
Nous
ignorons quie
l on doit
cette
construction
prservatrice
;
dans
le doute il
est
juste
de
l attribuer
aux
soins
des
cranciers incarcrateurs
intresss garantir
les
jours
de
leurs
in-
solvables patiens.
Il serait
bien doux sans doule
pour
ce
peuple de
captifs qui
habitent
les
rgions
subalternes
de
monter
un
moment
du
jour
sur
cette tenasse
dpendante de leur domaine
de
goter
le
bonheur de la
sentinelle
d embrasser d un regard
cette
ville
dont
ils
sont
squestrs
de
rafrachir leurs
poumons
dans
cette
atmosphre salubre
toute
imprgne
des
parfums du Jardin
des
Plantes; mais
la loi rigoureuse
de la
maison
interdit
cette
pro-
menade
:
un
seul homme jouit
de
ce
privilge;
c est le
major
Swan
Amricain;
il
a
fallu qu il l achett
par
vingt-trois
ans
de
captivit.
De
ce
point
de
vue ou
dcouvre parfaitement
la
grande
cour
intiieure
de
Sainte-Plagie
et
l on
compte
les
deux
cent
onze
fentres
barreaux
des dtenus.
Cette
cour
est
divise
en
deux
par une
galerie basse
et
couverte
au
centre
de laquelle
s lve unecoupole
ardoise;
c est la chapelle
de
la
maison
:
la nuit
son
effet
est
pittoresque
cl
la
calotte
gris
de
plomb
ressemble
assez
bien
des dmes
de
mosque
de Constan-
-
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tinople
ou
du
Caire. L'intrieur
est
troit,
pauvre
et
malsain
;
il
semble
que
l, la prire doit
tre
touffe
et
crase, qu'elle
est
prisonnire,
et
qu'elle
ne
peut monter
Dieu. Le dimanche,
la
messe
ou
aux
offices,
on
souffre
voir
tant
de
visages ples
;
on
sent
qu'ils
manquent
d'air,
et
l'on croit
voir
tous
ces
mal-
heureux fidles placs
sous
le rcipient d'une machine
pneu-
matique.
Mais quoi
bon
ces
mditations philantropiques
? Noire
livre serait
trop
long; il
est temps
d'abandonner
ces aperus
g-
nraux
,
et
de
nous resserrer
dans
les
dtails d'intrieur
:
c'est
le
but
de
cette
notice.
Sainte-Plagie
est
divise
en
deux
sections
:
la dette
et
la d-
tention.
Cette
dernire
occupe
:
i
le
deuxime
tage
du midi,
appel le Corridor
Saint-Louis, plus
une
chambre
au
troisime.
Ce
corridor
Saint-Louis
se
trouve
ainsi
plac entre
l'ancien
Corridor-Rouge
,
et
les mansardes qu'on
a
dcores
du
nom
de
Palais
-
Royal, rsidences affectes
la'dette.
2.
Dans
le
corps
de logis
de l'est,
toute
la
longueur du deuxime
tage
jusqu'aux
limites
de la
cour;
l
se
trouve
la grande salle
com-
mune
qu'on
nomme
la
Prfecture.
3.
Tout
le
rez-de-chausse
o
sont
les
ateliers.
C'est l
que, sous
l'inspection d'un
entre-
preneur-gnral
,
les pauvres
dtenus
se
livent
un
travail
ma-
nuel,
dont ils
retirent
un
exigu salaire. Il
semble
que, par
la
na-
ture
mme
de leurs
occupations, on ait voulu
attacher
constam-
ment
leurs
yeux
des
images
de douleur,
des symboles d'escla-
vage
:
leurs
occupations
quotidiennes
se
rduisent
confectionner
des espagnolettes,
des agrafes
et
des
cravaches
,
c'est--dire des
ferremens
,
des chanes
et
des
verges
Toutes
les
autres parties
de
l'tablissement servent
aux
loge-
mens
des dtenus civils.
-
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31
Etrange
contraste
dans
ces
deux
sections
Il
y
a
l deux
colo-
nies bien
distinctes,
deux
peuples
bien differens
de physionomie,
et
spars
seulement
par
l paisseur
d un
mur.
Ici,
une
sorte
de
gouvernement
dmocratique
;
l
,
le
rgime
de
la monarchie
absolue.
Nul
rapport
sympathique
entre
eux; moeurs,
lois,
ca-
ractre,
rglemens,
plaisirs, habitudes
de
vie, rien n est
com-
mun
l un
et
l autre. Les
uns
gais,
turbulens,
gastronomes
;
les autres
tristes, taciturnes et
sobres
;
ils
couchent
sous
le
mme
toit;
et
cependant
tandis
que
les
uns
,
claquemurs
de bonne
heure,
dorment
sur
la paille
ou
sur
le lit
de
sangle, les
autres
,
libres
dans leurs
corridors, prolongent
les
douceurs d un
festin
nocturne,
passent
et
repassent
mille fois devant
leurs chambres
illumines,
entonnent
de bruyans refrains,
ou
entament
des collo-
ques
interminables
qui
troublent
les
rveries du
pote
de
la
dten-
tion
:
citoyens de
la
mme
ville,
ils
se
touchent
sans se
con-
natre; habitans
du
mme
climat, ils
en
reoivent des
influences
opposes
;
en
un
mot,
les deniers
sont
les Athniens de
Sainte-
Plagie;
nous en sommes
les
Spartiates.
Terminons
ici
ce
parallle
et
ces
digressions.
J ai
promis
de
laisser des renseignemens de localit
aux
futurs usufruitiers
de
ma
chambre
;
il faut
que
je
rentre
dans le
corridor Saint-Louis.
Voici
donc
la partie
utile
du
livre
:
j en viens
aux
prceptes.
Quand, de
concert
avec
l huissier
de la Cour
royale
porteur
du
compelle
intrare,
vous aurez
pris jour
pour vous
constituer
prisonnier,
ce
jour
venu,
il
est
fort
inutile
de
vous
prsenter
de
grand
matin la
porte
de Sainte-Plagie;
ne vous pressez
pas
:
vous pouvez
fort
bien
encore
djeuner
avec
vos
amis, faire
votre
promenade
sur
les
boulevards,
et
mme
dner
avec
votre
femme
si
vous en
avez
une.
Contentez-vous
d arriver
avant
la
fermeture
du
greffe
;
celte
journe
vous sera
compte
comme
pleine. Le
-
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37/54
jour
de
votre
dlivrance profitez
galement du bnfice de
la
loi.
Soyez levs
avant
l ouverture des
portes
faites
vos
adieux
vos
amis
et sortez
promptement
de chez
M.
Mangin
:
c est
encore
un
jour
que
vous
gagnerez.
Vous
noterez
qu ici
tous
les
mois
sont
de
trente
jours.
Si
votre
arrive le
hasard
vous
prsente
plusieurs chambres
vides il
y
a un
choix
faire. En hiver
prenez
celles qui
sont
au
midi
;
en
t
celles
qui
donnent
sur
la cour.
Si
la dure
de
la
d-
tention
embrasse
toutes
les
saisons
dterminez-vous
toujours
pour
le
nord;
car avec un
pole
vous
supporterez
sans
peine
le froid
le plus rigoureux
tandis
que
toutes
vos
prcautionsne pourraient
vous
garantir
des soleils dvorans
d t
rflchis
vers vos
barreaux
par
la blanche
faade
du btiment
neuf.
Si la dtention dpasse deux mois
en
prenant
possession de
votre chambre
faites
blanchir
laver
tapisser
et
vernir
surtout
pendant
les
chaleurs.
Regardez
comme un
trs-grand malheur celui
d tre
mis
dans
une
chambre dj
occupe
par
un ou
plusieurs.
Quel
que
ft
votre
chambriste
il
vous
faudrait
renoncer
tout
travail d esprit
et
toute
libert
domestique.
Par
cette
raison
gardez-vous
bien
de
vous
laisser
sduire
l aspect de la chambre du
troisime
tage
avec son
petit
cabinet
son
carr
son
air
pur
et
son
jardin
encaiss
sur
la
fentie
;
moins
d avoir
une
garantie
de
possession
exclusive
signe du prfet de
police
ayez en
horreur
cet
appartement
vous
n en
seriez jamais
le
matre.
Je
conseille
mes
confrres
qui
viendront
ici de
ne se
charger
que
d un
trs-petit bagage.
Les chambres
sont
si
troites
qu elles
sont
entirement
encombres
par
deux
ou
trois
jours
d habita-
tion;
si
l on
prouve quelques
besoins
on
y
pourvoira
successi-
vement.
-
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38/54
Conformez-vous
aux
rglemens de la
maison,
ou,
si
vous
les
violez, viter
le
scandale
:
quelques
jours
avant
mon
arrive,
uu
imprudent
fut
surpris
en
flagrant
dlit
avec
une
fiole
de rhum
ou
d eau-de-vie.
On
le traita
comme
un
homme
de lettres
:
il fut
transfr
Poissy.
Ne
lsinez
pas
avec
le
garon
de corridor
;
il
vous
sera
d une
utilit
continuelle. Chargez-le
du
soin
de
vous
acheter
le
matin
les
oeufs
ou
la
crme
;
il
vous
pargnera la peine
de
vous
lever,
si
vous
passez comme
moi la nuit
crire. Je
dois
ici
vous recom-
mander-fortement l usage de
cette
crme
qui
d honneur
est
excel-
lente,
et
je
suis
bien
aise de
venger
ici
notre bonne laitire
ca-
lomnie
par
les Ermites qui
accusent
mchamment
son
lait d tre
clairci
par
l eau
de la
Seine.
Promenez-vous
jusqu
la
lassitude,
soit
dans
les corridors,
soit
dans
les
cours. Si vous
tes
malade
,
traitez-vous
dans
votre
chambre,
ou
obtenez la
maison
de
sant;
fuyez
surtout
l infir-
merie
pestilentielle de
la maison; MM.
Bourgeois
et
Pinel
g-
missent
chaque
jour
en
entrant
dans
cet
infme
labyrinthe; ils
gurissent
leurs malades, l infirmerie les
tue.
Heureux le
prisonnier
qui
est
visit
par ses
amis
Quelle
vive
motion
,
quand
il
entend
sa
porte
la pulsation du
doigt inter-
rogatif
Avec
quel
empressement
il s crie
:
Entrez
Oh
1 puissent
vos
amis
ne
pas vous
oublier dans
le corridor Saint-Louis
puis-
sent-ils remplir chaque
jour
votre
petite cellule
Toutefois,
il
faut
le dire
la tche
que
j ai entreprise m im-
pose
un
dernier conseil
:
si
l tude
vous
est
chre, si
la
perte
du
temps est
cruelle
pour vous
,
n hsitez
pas,
sevrez-vous
des
visi-
teurs
;
dans
le
monde
vous
avez
mille
moyens
pour
viter
un
abordage
;
ici
toutes
ces ressources
sont
interdites.
Le
cas
est
terrible,
je
l avoue
;
j ai
vu
un
compagnon
d infor-
3
-
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39/54
lune
rduit
crire des circulaires
une
vingtaine
de
ses
meil-
leurs amis
et
placarder
dans l intrieur
de
sa
chambre
un
arrt
tendant
abrger
les
visites.
Je
n ose
vous
prescrire
cette
mesure
nergique
et
je
laisse
votre
salut
vos sages
ins-
pirations.
J aurais
pu
facilement
prolonger
cet
aperu
en
fouillant dans
les
chroniques
l historique
de
cette
maison depuis
son
origine
jusqu
nous;
mais
je
crois
cette
rudition
de
dates
fastidieuse
pour
la
plupart
et
inutile
pour
tous.
Les
prisonniers enferms
la
Bastille
s inquitaient
peu
de savoir qu elle
avait
t
fonde
par
Marcel prvt
des marchands
en
l3oo
et
termine
en
i383
;
et
nous
serons-nous
bien
avancs
de lire
dans Moreri
que nous
de\ ons
Sainte-Plagie
une
dame
Miramion;
et
que
vers ce
temps
l
en
i665
on y
renfermait des femmes
repenties
peu
prs
comme
sont
repentans
les
hommes
de lettres
qui
l habitent
au-
jourd hui
?
Appliquons
notre
mmoire
aune
chronologie
moins
poudreuse.
L histoire
seule
des
quarante
ans
qui
s coulent
a
plus d intrt
pour
nous que
les
quatorze
sicles de
notre
vieille
monarchie.
Qu on
btisse
des maisons
de force
et
des citadelles
pour
le
pouvoir
le
peuple oubliera bientt
cette
poque; qu on
les
d-
truise
il ternisera
la
date de
leur
chute
;
il
ne
sait
plus
en
quelle
anne
fut
fonde la vieille
Bastille
et
le i4
JUILLET
est
imprissable
dans
ses
souvenirs.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
40/54
35
1
Menjaud de
Dammartin
rival de
Desglajeux.
En premire instance
associant la
verve
loquente
de
mon
dfenseur
ma
faible voix de
pote
je voulus dans
un
plaidoyer
en
vers
justifier le Fils de l Homme. Pour
la
premire
fois
peut-
tre
les
votes
de
la
police correctionnelle
retentirent
de
logiques
alexandrins
;
mais
l essai
ne
fut
pas
heureux
M. Menjaud
m -
crasa
du
poids
de
sa
prose.
Ds-lors
je renonai
toute
dfense
potique
je
sentis
mes
inspirations
tomber devant
ce
Palais
de
Justice
si
grave
si
positif; d ailleurs
revenir
la charge
en
Cour
royale
et
t
un
plonasme
un
bis in idem. Me Mrilhou
seul
pouvait
rajeunir dans
son
argumentation
brillante
et
serre
une
matire
dj
vieillie
:
Si
Pergama
dextr
Defendi
possent etiam
bc
defensa
fuissent.
2
A
travers
le guichet
j ai
reu
ta
missive.
Le premier guichet
est
l entre extrieure
le
second
sur le
petit
perron
de
la
premire
cour.
Tout
ce
qui
entre
Sainte-
Plagie doit
passer par
le guichet
et
tre
vrifi
avec
soin.
L
sont
arrtes
toutes
les lettres adresses
aux
prisonniers
;
elles
pas-
sent
par
le
cabinet
noir qui les dcachette
et
elles
ne
sont
ren-
dues
qu aprs
cette
preuve
inquisitoriale.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
41/54
3
Que
Corbire accordait
a
l indigent
pote.
Que
faut-il
un
homme
de
lettres? Cinquante francs
par
mois
et
une
mansarde,
disait
le ministre
breton.
Pour
un
bibliophile
le
mot
est
dur.
Grce
mes
juges,
je vais
forcer
le
gouverne-
ment
me
subventionner
d une manire plus
gnreuse.
Je
lui
dois
,
d aprs
M. Guillebert,
1181
francs,
ou
six mois de
prison.
En
optant
pour
le
dernier mode
d acquittement,
j arrache
au
Trsor
186
fr. 83
c. par
mois,
et
de
plus
un
logement
gratuit
au
deuxime
tage,
logement de
huit pieds
carrs,
mais
l abri
de
toute
taxe
mobilire
ou
personnelle.
4
Menjaud
de Dammartin
m a
fait
ces
doux loisirs.
Encore M.
Menjaud de
Dammartin
pour
cette
fois, il n a
pas
se
plaindre
;
je lui donne le rle
d Auguste,
et
moi,
je
suis
le
Tityre
de l glogue.
Il n est
plus les
detticrs
l ont
conquis pour
toujours.
C est
l expression
consacre,
comme
celle
de
visitans
pour
vi-
siteurs.
6
Ce
vieux
corridor-rougc
aux
troites
limites,
Ou
priaient autrefois
de
profanes ermites.
Dans
la
notice prparatoire,
nous avons
dj tabli
la
position
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
42/54
du
corridor-rouge.
Il
tait
riche
en
souvenirs.
Messieurs
Jay
et
Jouy
qui
en
ont
t
les ermites
et
les
lgendaires
ont
eux-
mmes
ajout
ses
vieilles
illustrations. Je dois
dire
toutefois
que
M.
Jouy
se
trompe
ou
veut
se
tromper
quand
il
transporte
dans
sa
chambre
les
grandes notabilits
de Sainte-Plagie.
Madame Roland n habitait
pas
le
corridor-rouge
mais
bien le
corridor
Saint-Louis
;
suivant
les
meilleures traditions elle
fut
enferme
au
n
9
et
Josphine Beauharnais
eut
le
n
11
et
non
la
chambre
de l ermite. Quant
Mina
qui
parvint
s vader
on
croit
qu il
tait log dans le mme
corridor
au
n
32
que
j oc-
cupe
moi-mme.
A
ces noms on
doit
ajouter
encore
madame Ption
qui s y
trouva
avec
la citoyenne
Roland.
Enfin
Sainte-Plagie
conserve
avec
soin
sur
ses
crous
le
nom
de
ce
bon
M. Franchet
qui
avant
son avnement
au
ministre
de
la
police
fut un
des
locataires
de
la
maison.
Il
y
entra
le i5
fvrier
i8n
et
n en sortit
que
trois
ans
aprs.
Ce
noviciat
pour
arriver
au
pouvoir
est
tant
soit
peu
rude j en
conviens; cependant
je
crois qu il serait
trs-utile
un
prfet de
police
de
passer
au
moins quelques mois
en
qualit de
prison-
nier
soit ici soit
Poissy
son
choix
pour
connatre
fond
l empire
et
les sujets
qu il
est
appel
gouverner.
7
Mais dans
ce
corridor qu on
nomme
Saint-Louis.
C est
comme
nous
l avons dit la partie
affecte
aux
hommes
de
lettres
;
d autres
dtenus
occupent
les
autres
chambres
du
mme
corridor
;
la
plupart
y
sont
presss
au
nombre
de
deux
ou
de
trois;
il
est
trs-difficile
d obtenir
l avantage
d tre
seul.
-
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43/54
8
Le
Vatel du
logis
restaurateur
sans
carte.
Je
recommande
mes successeurs ce
bienfaisant
cuisinier;
ce
qu il
sert
est
assez
bon
pour
tre mang
et
pas assez
pour
exciter
des
excs
de table
qui
pourraient
tre
nuisibles
par
le
manque
d exercice. C est
une
cuisine
neutre
un terme
moyen
entre le
jene
et
l intemprance.
9
Les
fraches arcades
D une
cour
dvolue
mes
noirs camarades.
Cette galerie
dont
j ai
parl
au
commencement
de
ces
notes
h
est
supporte
au
nord
par
les piliers de
la galerie.
La
cour
est
l usage
de la
dtention
toute
la
journe
except
depuis
une
heure
jusqu
trois
;
elle
est
alors
ouverte
aux
dettiers.
Cependant les
jeudis
et
dimanches
elle
nous
appartient
exclusi-
vement.
L pithte
de noirs
que
je
donne
ici
mes
camarades
ne
s ap-
plique ni
leur
peau
ni
leur
ame.
J ai
voulu dsigner
seule-
ment
la
couleur de l uniforme
de la maison. Ce
vtement noir
consiste
en
un
pantalon
et
une
veste
qui
passent
au
hasard
et
par
succession
sur
toute
espce
de formes d homme.
Rgle
gn-
rale
:
on
donne
celte
dplorable
livre
tous
ceux
qui n ont
pas
droit
de
cit
au
corridor
Saint-Louis
:
en
sortant
ils
la
laissent
au
vestiaire
et
quelquefois
ils
ne
tardent
pas
venir
la
re-
prendie.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
44/54
39
IO
Douze
arbustes
sans
fruits crous
comme
nous.
On
a
remarqu
que
les arbres
assez
malheureux
pour
respirer
l air de
cette
cour ne
commencent
verdir
que
foittard
et
perdent
tout
leur
feuillage
vers
le
mois
de
juillet.
1
Le
bnin guichetier vient
boucler
le
fermoir.
En
langage de
prison
boucler
est
synonyme
de
fermer.
Chaque
ct
du corridor
est
alternativementboucl
le
premier.
En
hner
on
boucle
huit
heures;
dansles
grands
jours
neuf.
L ouverlure
se
fait
suivant les saisons
six
heures
ou
huit du matin.
11
Je
puis
former
en
tout
tiois
pas
gomtriques.
Trois
pas
carrs;
c est
peu
prs
la
dimension de
toutes
les
cellules.
Mon inventaire
du
mobilier
est
d une exactitude
parfaite
;
les
potes
en
gnral qui
ont
chant
leurs chres mansardes
ont
embelli leuis
descriptions d un
luxe de
pauviet
idale;
ici
tout
est
rigoureusementvrai;
si je
parle
de
trois rayons
c est que
j en
ai
trois
et
non
pas
quatre.
J aurais
d
encore
faire
mention d un
petit
pupitre
bascule
que
j ai
fait
construire et/dont
je
recommande
l usage
tous
les crivains
paresseux.
Au
moyen
de
cette
tablette
on
peut
crire quoique couch
dansson
lit;
on
la redresse
contre
le
mur
quand
on
ne
veut
plus
s en
servir
ou
bien
on
la
laisse
abattue
sans
qu elle
gne
le
moins
du
monde.
Tout
ce que
j ai
crit
Sainte-Plagie
l a
t
sur
cette
tablette.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
45/54
L informe
manuscrit de
mes
Douze
Journes.
Depuis
plus
d un
an,
je
me
trouve
en
prsence
de
ce
sujet,
dont
la difficult
me
poursuit
tout
le
jour
et
me
pse parfois
1A
nuit
comme
un
cauchemar
pnible. Je
vis
dans
cette
atmosphre
de force
et
d action
populaire;
juge et tmoin,
j assiste
ces
d-
bats
o la Rpublique dcrtait
un
chafaud
la monarchie,
o
les
factions
se
dvoraient l une
aprs
l autre;
j entends les
cris des
montagnards, les
harangues
des clubs;
je
vois luire
les piques
des
faubourgs.
Jamais
la
posie
n avait abord
cette
scne im-
mense
,
et
moi-mme,
frmissant
comme
la
pythonisse
sur
son
trpied,
je
m agite,
pouvant
du Dieu. La
sant
de
mon
collabo-
rateur
habituel
l ayant
empch
de me
prter,
dans
ce
travail,
son
utile
coopration, je
ne
crois
pas
pouvoir,
avant
le mois
d oc-
tobre
prochain,
livrer
au
public le
premier rsultat
de
mes
efforts.
Toutefois
avant cette
poque
un
prospectus
prcisera
les piso-
des
ou
tableaux
que
j ai
choisis,
et
l ordre
de
leur
publication.
Au
noble mobilier de la double pistole.
Le loyer
de la
chambre
est
gratuit
;
dans
tous
les
cas on
paie
chaque
mois
le
louage
de
l ameublement
ainsi
qu il
suit
:
Lit
ordinaire
,
deux matelas, draps
,
une
couverture
et
un
traversin
4
f-
10
s-
Pour
chaque
couverture
en
sus
6
Un
oreiller
9
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
46/54
41
Une
chaise
Une
table 6
Bert
au
visage
calme
Je
dois
Sainte-Plagiela
connaissance d'hommes
distingus,
dont l'amiti
est
honorable,
et
dont le savoir remplit les longues
heures de la
captivit.
M.
Bert, rdacteur-grant
du Journal du
Commerce,
est
de
ce
nombre. Grave
et
profond,
nul
mieux
que
lui
ne
sait
cacher
sous
des dehors
simples
et
affectueux
une
por-
te
d'esprit
peu commune.
Jamais dans la
conversation
M. Bert
ne
cherche
son
terrain
;
mais
quelque
part
qu'on le
conduise
,
il
s'y
montre
fort
et
brillant, potique
et
rationnel.
J'ai
peu
vu
d'hommes
la fois plus clairs
et
plus
modestes. Qu'il
me
per-
mette cet
loge,
personne
ne
le dmentira.
Chtelain
M.
Chtelain,
rdacteur-grant
du
Courrier
Franais,
est
venu
expier
Sainte-Plagie
un
article
sur
l'association
bretonne,
et
un
autre
sur
le
philantrope
M. Mangin.
Seul
entre
les hommes
du
8
aot, M. Mangin
s'est
cabr
contre
les
attaques
person-
nelles
;
M. de
Bourmont n'a
pas
dit
mot
quand
on
l'a
accus
d'avoir
pass
l'ennemi
;
M.
le prfet
de police
ne
veut
pas
qu'on
mette
en
doute
son
humanit.
Dcidment,
M. Mangin
est
l'tre
le plus
bilieux du
ministre.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
47/54
17 Magalon le hros
de
la
captivit.
M.
Magalon
est
sur
le point
d atteindre le
seuil de
la
libert
c est--dire
qu il
termine le
troisime
volume de
sa
triste his-
toire
;
sa
premire dtention
fut de
quinze mois
la
seconde
de
quinze
jours
et
cette dernire
tait
d un
an.
Son
premier
crou
fut
inscrit la
Force
le
3
fvrier
1823
;
depuis
ce
jour
il
a
souffert
sous
trois
prfets successifs
et
la plus dure
de
ses
perscutions
eut
lieu
sous
le
rgne de Delavau.
Les journaux
ont
retenti pendant
des
annes
de
cette
iniquit
jusqu alors
inouie
;
des historiens
ont
fait
le
rcit
de
ce
triste
pisode de
sa
vie
mais
nul
ne
l a
fait
avec
la simplicit
effrayante
de
l auteur lui-mme
;
il a
crit
l vangile
de sa
passion.
On
lit
encore
avec
indignation
et
douleur
un
crit
qu il
publia
ce
sujet
intitul
:
Ma
Translation
ou
la Force
Sainte-
Plagie
et
Poissy.
Dans
ce
dernier
sjour
Sainte
-
Plagie
M.
Magalon
a
consacr
une
partie de
son
temps
un
ouvrage
qui
a
paru
tout
rcemment
:
Les
Veilles de
Sainte-Plagie
o
des
questions de morale
et
de
lgislation
sont
traites
sous
une
forme
dramatique
tout--fait
neuve et pleine
d intrt.
18
C est
le
baron
de
renck de la
littrature.
Il
est
peu
de
personnes
qui
ne
connaissent
l histoiie
du
baron
de
Trenck
;
on
sait
que
charg de
cent
livres
de
chanes il
sup-
porta
vingt
ans
de
captivit dans
la
citadelle
de Spandavv.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
48/54
1
Il
sait de
tous
les
temps
les
moeurs
et
les
usages.
C est
uniquement
par
habitude
de
collge
et
trs-innocemment
que
ce vers
de Boileau
se
trouve
ici.
a
Fontan
que
chaque
jour
notre
plainte
dplore.
Pauvre Fontan
lui
pote
doux
et
inofensif,
on
l a
trait
l gal d un
galrien Aprs
sept
lieues dmarche
entre
deux
gen-
darmes
,
on
l a mis
au
bain
cte cte
avec un
voleur;
on
l a
revtu
de l habit
bariol;
on
lui
a
pos
sur
la
tte
l infme
bon-
net
de
la
maison
,
sous
lequel
ses
cheveux
ont
l instant
blanchi,
et
dans
ce
hideux
accoutrement
on
l a
livr
l entreprise.
L,
sous une
loi de
fer
commune
tous,
il vit dans
une
atmosphre
empeste,
couche
dans
la
vermine,
mange
la gamelle, boit
au
verre
commun,
et
va,
recommenant
son
ducation,
tisser le
coton
ou
carder la laine.
Pauvre Fontan
on
l a
livr
comme
marchandise,
et
l entrepreneur l exploite.
Et
puis la
Gazette,
avec
son
rire
froce
et
stupide,
vient
vous
dire
que
c est
la loi.
Silence, barbouilleurs
monarchiques
Etait-ce la loi
quand
vos
confrres
en
absolutisme,
effleurs
par une
condamnation
,
allaient
subir leur peine
sous
de
vertes
alles
ou
des
berceaux
odorans?
Taisez-vous Soyez
cruels, si
vous
le
voulez; mais
pour
Dieu
ne
soyez
pas
absurdes.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
49/54
ai Sitt qu'envelopp
de
ses
amis
en
deuil,
De
Sainte-Plagie il
a
franchi le seuil.
C'est
une
sorte
de
crmonie
funbre,
que
l'entre
d'un
con-
damn
Sainte-Plagie.
En
tte
s'avance,
d'un
air
grave,
le
noir
dlgu de
Thmis. Le convoi
des
amis
se
montre
ensuite
:
il
accompagne
le
corps
jusqu' la
porte
du
greffe,
entre
avec
lui
dans
le cimetire du guichet
et
ne
le
quitte qu'aprs
l'avoir
dpos
dans
la
tombe
de
l'crou.
Alors l'huissier
et
les
assistans
se
reti-
rent
,
et
la
scne
se passe
entre
le
criminel
et
le
Rhadamante
du
greffe
;
celui-ci
vous
interroge
:
vous
dclinez
vos nom
et
prnom,
ge, profession
et
domicile. On
enregistre
vos
rponses
avec
le
jour
de
votre entre
et
l'extrait
du
jugement qui
vous
a
condamn.
On
prend
votre
signalement
exact,
aprs quoi
on vous
fait
passer
sous
la
toise
comme
au
bureau des
passeports
ou
comme
un
che-
val
de
remonte
,
et
le
tout
est
inscrit
sur
le
livre des
crous.
Ainsi,
pour
connatre
lavritable hauteurde quelques-uns
de
nos
grands
hommes
,
on
peut
consulter le greffier
qui
les
a
toiss.
Fait
cent
nonante-sept,
comme
dit Mindol.
Messieurs du
Roi
ont souvent
cr
des
mots
qui
resteront.
Si
j'tais
comptent
a
fait la
fortune de M.
Mangin;
insolent
sera.
probablement
celle de M. Menjaud. La mtaphore
de
cuir
bouilli
planera
sur
la
tte
du
Breton Keranflec
comme une
aurole lumi-
neuse
,
et
mon
compatriote
Mrindol
ira
sans
doute
la
post-
rit
,
cheval
sur son
nonante-cinq.
-
7/23/2019 gfrtrdxcb
50/54
45
3
Sur
un
chtif
Ouvrard
parodier
Sguin
-
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