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Gestion d’un accident nucléaire majeur
Dr Daniel SCHOULZ
CEA/DAM/DQS Bruyères le Châtel
Journée AMTSN
25 mai 2012
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Contexte réglementaire général
La gestion d’une catastrophe, naturelle ou technologique se fait dans
un contexte réglementaire :
Loi de modernisation de la sécurité civile : loi 2004-811 du 13.08.2004
« l’Etat est garant de la cohérence de la sécurité civile au plan national. Il en
définit la doctrine et en coordonne ses moyens »
Dispositif ORSEC (Organisation de la Réponse de SEcurité Civile) décret 2005-
1157 du 13 septembre 2005. « Les pouvoirs publics et les opérateurs privés
concourent à la protection générale des populations. »
Dans quel cadre sommes nous prêts à gérer un accident majeur ?
Ce dispositif se décline en dispositions :
générales : commandement, transmissions,
activation et modalités d’actions (ORSEC
nombreuses victimes, ORSEC décès massifs…)
spécifiques (ORSEC PPI, ORSEC TMR…)
Ce dispositif se décline aux niveaux :
national
zonal (région de défense)
départemental
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Contexte réglementaire spécifique
Le code de la santé publique Situations d’urgence radiologique : section 6, art. R. 1333-75 à R.1333-94
Organisation de l’Etat : directive interministérielle du 5 avril 2007 Niveau national :
Pouvoir publics : le PR, le PM, le min. de l’Intérieur, les ministres concernés
L’autorité de sûreté nucléaire
L’IRSN, le CEA, Météo France
Les opérateurs (EDF, AREVA, CEA et Min. Défense)
La cellule interministérielle de crise nucléaire et radiologique (CICNR)
Niveau local :
Pouvoirs publics : le préfet et ses services + ARS
Pour chaque site nucléaire un Plan Particulier d’Intervention (ORSEC PPI - décret
2005-1158 du 13 septembre 2005
Les opérateurs
Chaque opérateur établit pour son site un Plan d’Urgence Interne (PUI)
Organisation des secours médicaux Circulaire n° 800/SGDSN/PSE/PPS du 18 février 2011
Plan blanc NRBC pour les hôpitaux (décret 2005-1764 du 30 décembre 2005)
Un accident nucléaire majeur ?
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Exploitant
Niveau local
PCD ASN
COD PCD-L
CTC
IRSN
Cercle
décisionnel
PCD-N
Cellule
Interministérielle
d’information
ETC-N
ETC-LPouvoirs publics
Niveau local
Pouvoirs publics
Niveau national
Exploitant
Niveau national
Cercle de presse
Déclenchement
PPIDéclenchement
PUI
Citoyens
Acteurs économiques
Elus locaux
Associations
Cercle
technique
COGIC
CICNR
Cellule de
presse PCD-N
Cellule de
presse PCD-L
Cellule de
presse COD
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Organisation pratique locale/1
Gestion technique du site : Plan d’Urgence Interne
L’opérateur met en œuvre son PUI. L’objectif est de limiter les conséquences.
Il reçoit l’aide de renforts des P.P (SDIS), des autres opérateurs
Intervenants appartiennent aux groupes 1 et 2 définis par le CSP (et le CT art.
R.4451-93 à R.4451-98) pour les situations d’urgence radiologique.
Contraintes de dose :
groupe 1 = 100 mSv voire 300 mSv,
groupe 2 = 10 mSv.
Les intervenants « opérateur » du groupe 1 sont des salariés de catégorie A …
en reste t-il dans nos INB ?
Réf. Importante : arrêté du 8 décembre 2005
Prise en charge médicale des victimes : hôpitaux locaux, hôpitaux référents,
hôpitaux des armées. Conventions.
OBJECTIF : retour le plus rapide possible à un état stable en limitant
au maximum les rejets de matières radioactives.
L’organisation en place bénéficie du REX des accidents de TMI et
Tchernobyl : accidents nucléaires majeurs de niveau 5 et 7 INES
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Organisation pratique locale/2
Gestion technique de l’environnement du site : ORSEC Plan Particulier
d’Intervention
Mise en œuvre par le préfet du plan ORSEC-PPI avec pour but la protection des
personnes, des biens et de l’environnement
Le centre opérationnel de défense (COD) à la préfecture
Le poste de commandement avancé (PCO) au plus près du site
Sur la base des prévisions de rejet et des mesures, les actions sont :
Évacuation de population avec relogement temporaire ou définitif si dose efficace
prévisionnelle supérieure à 50 mSv
Confinement si dose efficace prévisionnelle supérieure à 10 mSv
Restrictions de consommation : Codex alimentarius Alinorm 2005, R Euratom 3954/87
Prise d’iode stable (si installation susceptible de rejeter des produits de fission dont les
iodes radioactifs) si dose équivalente prévisionnelle à la thyroïde supérieures à 50 mSv
Rq : contrairement aux recommandations de la CIPR (63, 96), de l’AIEA, en France, il
n’est pas défini de temps d’intégration des doses qui conduisent aux contre-mesures …
Cette gestion locale se fait en liaison étroite avec l’échelon national.
Décisions gouvernementales (CICNR) transmises pour application par le
préfet, au COD via le COGIC
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Organisation pratique locale/3
Gestion de l’évolution de la situation en termes de rejets
Les actions mises en œuvre dans le cadre du plan ORSEC-PPI peuvent
évoluer en fonction de la situation technique du site et des conditions
météorologiques : extension des territoires concernés
Niveau national : rôle majeur des évaluations et prévisions faites par l’IRSN et
Météo-France. Anticipation d’actions vis-à-vis des populations (CICNR).
Niveau local : les prévisions, sur modèles, rendent-ils compte de la réalité ?
Tout un dispositif de mesures environnementales est mis en place sur la base de la
directive interministérielle du 29 novembre 2005 :
objectifs des mesures dans les différentes phases
organisation pour la réalisation, centralisation, traitement, rendu des résultats : plan
directeur mesures (PDM)
acteurs : DGSCGC (MARN), ASN/ASND, IRSN, SDIS, CEA
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Puis le 11 mars 2011…
L’organisation décrite précédemment implique un
« système » organisé et au complet. Les moyens d’intervention
et de secours sont disponibles et opérationnels.
Fukushima : l’accident nucléaire est une des conséquences
d’une double catastrophe naturelle :
Nombreuses victimes, « nombreuses » urgences conventionnelles
Infrastructures, routes, communications, énergie
détruites
Les moyens de secours et d’intervention
locaux sont affaiblis
L’accident nucléaire se surajoute,
sa gestion se complique.
Un tremblement de terre et un tsunami de très grande ampleur
touchent le Japon. La centrale nucléaire de Fukushima Daïchi est
atteinte.
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De nouvelles données d’entrée
L’action des pouvoirs publics ne peut plus se focaliser que sur
l’accident nucléaire, tout du moins au niveau local :
Nombreuses victimes
Moyens de secours locaux affaiblis, devenus aussi des victimes
Infrastructures détruites conduisant à l’isolement
Des priorités qui changent :
Catastrophe naturelle risques déterministes, vitaux, immédiats
Catastrophe nucléaire risques stochastiques, long terme
L’organisation qui repose sur le niveau local et régional est
fragilisée, les Secours devront venir de l’extérieur.
Le niveau national, pouvoirs publics comme exploitants doivent
réfléchir sur « comment venir en aide à la zone sinistrée et prendre le
relais dans la conduite des opérations »
Les moyens « externes » doivent disposer d’une capacité d’accès et
être inter-opérables.
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Réflexion nationale dans ce nouveau contexte
Dès le mois de juillet 2011 , le 1er ministre demande de réfléchir sur
une nouvelle organisation qui prend en compte les premiers
enseignements du Japon. Le SGDSN a initié 8 GT de réflexion et de
proposition associant PP, experts et opérateurs.
Concernant les pouvoir publics : les GT ont rendu un rapport d’étape le 11
décembre 2011.
Concernant les opérateurs : création de Forces d’Action Rapide Nucléaires
(FARN) : l’objectif est de suppléer voire remplacer les opérateurs locaux qui
devront gérer seuls la situation initiale dans des conditions très dégradées afin de
rétablir au plus vite les principales fonctions de sûreté.
Le premier ministre a demandé de poursuivre les travaux pour
aboutir à la rédaction d’un plan spécifique sur le type de la dernière
version du plan pandémie. Objectif été 2012
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Exemple : une autre approche de l’intervention
Jusqu’alors pour un relevage de victimes en faible nombre dans un
milieu irradié et contaminé :
Contrainte de dose (cf. CSP)
Prise en compte de l’exposition externe mesurable
Absence de dose interne par port des EPI.
Les secours vont chercher les victimes et les évacuent de la zone
Fukushima : victimes d’un tremblement de terre et d’un tsunami en
grand nombre - urgences vitales - durées d’intervention très longues
(déblaiement)
Contrainte de dose : OUI (DSC Fr : 10 mSv mission, 1 mSv/j)
Exposition externe mesurable : OUI
Port de EPI : IMPOSSIBLE (durée +++) comment prendre en compte la
dose interne ? Pas de données (spectre). Contributeur majeur = iodes radioactifs;
Contrainte de dose et intervention accident de réacteur nucléaire
Solution : prise d’iode stable pour « éliminer » une partie de la dose
Besoins : développer des outils simplistes (spectres connus) pour faire une
évaluation grossière de la dose interne potentielle à partir d’une simple
mesure de débit de dose ambiant.
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Aspects médicaux, réflexions…
Réflexions en cours : nouveau GT
2 problèmes : Les victimes de syndromes aigus d’irradiation (site)
Tchernobyl : 600 000 intervenants, 237, 134 hospitalisés, 28 décès
Fukushima : 20 000 intervenants, 0 SAI,2 cas d’irradiation aiguë localisée
Les irradiés et contaminés à faible niveau (réf. Fukushima)
Site : 167 doses > 100 mSv dont 6 > 250 mSv (2 CI thyroïdiennes)
Population : sur 10 000 personnes issues des zones évacuées,
40 % dose ext. < 1 mSv - 71 individus dose externe > 10 mSv max 23 mSv.
Irradiés et contaminés graves : le réseau hospitalier
Les populations, notamment déplacées : population stressées,
inquiètes à qui il faut expliquer la radioactivité, les doses, les risques,
l’iode stable… Qui pour faire cela ? Le monde médical et para-médical n’est pas préparé et souvent n’en sait pas
plus que les victimes.
Rôle, dans un premier temps, des médecins (SST, service interentreprises) et
paramédicaux des opérateurs du nucléaire. Ne seraient ils pas les mieux armés ?
Données : académie des sciences, mise à jour 13/03/2012
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Hôpitaux et risques NR
L’EPRUS
Etablissement de préparation et de réponse aux
urgences sanitaires
- gestion des stocks nationaux de matériels et de
médicaments
- gestion de la réserve sanitaire
Le corps de réserve sanitaire
- Réserve d’intervention
- Réserve de renfort
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MERCI DE VOTRE ATTENTION
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Zones de défense et hôpitaux référents
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SGDSN : groupes de travail post Fukushima
GT 1 : analyse des risques et définition des scénarios de référence Objectif : définir des scénarios de référence
GT 2 : transition entre la gestion de crise et le post accidentel Objectif : préparer, dès la gestion de crise, le traitement du post-accidentel :
GT 3 : dispositif de protection des populations Objectif : organiser la réponse gouvernementale et territoriale permettant de limiter l’exposition des populations :
- révision de la doctrine, réflexions sur les périmètres des PPI,
- propositions de mesures tant au niveau territorial que national,
GT 4 : mise à niveau des capacités techniques et opérationnelles d’intervention et de projection des opérateurs
Objectif : accompagner et appuyer le travail des opérateurs dans le renforcement de leurs capacités techniques d’intervention sur le territoire national
GT 5 : capacités techniques et scientifiques de connaissance et d’expertise Objectif : proposer un plan d’action relatif à l’amélioration des programmes de mesures de la radioactivité de l’environnement
et des moyens d’anticipation de l’évolution de la situation en cas de crise nucléaire (modélisation, recherche et développement)
GT 6 : capacités et moyens de l’Etat Objectif : définir les contours de la force d’intervention rapide voulue par le président de la République et le Premier ministre
GT 7 : organisation gouvernementale de réponse à une crise nucléaire Objectif : définir les spécificités de l’organisation gouvernementale de gestion d’une crise nucléaire, ’information des populations , continuité de l’activité économique et sociale
GT 8 : dimension transfrontalière, européenne et internationale de la gestion d’une crise nucléaire Objectif : identifier les réseaux d’alerte internationaux, les mécanismes de coopération bilatéraux, européens et internationaux, étudier les conditions de projection des moyens français à l’étranger