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Les meilleurs conseils des banquiersTRANSCRIPT
Les relations entre banques et entreprises ont été plutôt bousculées au cours des derniers mois. Voire parfois carrément bouleversées,
pour les cas les plus critiques. Avec la reprise économique pointant à l’horizon, le temps est venu de repartir du bon pied.
Les meilleurs conseils des banquiers
Dossier
EN PRATIQUESOMMAIRE
N°46 - AVRIL 2011
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°46 - AVRIL 2011
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Les meilleurs conseils des banquiers
Autour de la table: Olivier Marquet, directeur de la Banque
Triodos Belgique, Yves Klein, directeur de l’activité corporate-
banking Wallonie chez Dexia, Arnaud Laviolette, Head of Com-
mercial Banking ING Belgium, Sébastien D’hondt, Head of
Corporate Clients ING Belgium, et Thierry Lebrun, Directeur
Entreprises au Crédit Agricole Belgique.
1Pensez et parlez long terme, de part et d’autreOlivier Marquet: « Les responsables fi nanciers
d’entreprises souhaitent le plus souvent développer une rela-
tion basée sur le long terme avec leurs banquiers. Et les ban-
quiers doivent en faire de même avec leurs clients. La crise de
2008 a certainement sensibilisé les fi nanciers au fait que les
taux d’intérêt et les paramètres techniques des outils fi nan-
ciers ne constituaient qu’une partie de leur relation avec la
banque. Et que faire jouer les organisations bancaires les unes
contre les autres à ce sujet ne constituait pas nécessairement
la panacée, dans la mesure où la dimension long terme et
la disponibilité du banquier, en bonne comme en mauvaise
conjoncture, est tout aussi importante. Nous avons vu de nom-
breuses entreprises se faire surprendre par le retrait subit de
leur banquier lors de la crise, pour des raisons de liquidités ou
autres. D’où mon insistance sur cette notion de long terme et
sur la validation de l’engagement des deux parties. »
2 Soyez transparent!Olivier Marquet: « La transparence est une qualité
fondamentale pour entretenir une bonne relation
avec sa banque. Un client doit faire confi ance à son banquier et
FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS
Les relations entre banques et entreprises ont été plutôt bousculées au cours des derniers mois. Voire parfois carrément bouleversées, pour les cas les plus critiques. Avec la reprise économique pointant à l’horizon, le temps est venu de repartir du bon pied. Finance Management a fait le tour du marché, en quête des meilleurs conseils des diverses institutions bancaires.
FISCALITÉ DOSSIER
TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°46 - AVRIL 2011
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pouvoir lui expliquer, par exemple, qu’il s’attend à une année de
vaches maigres. Et parallèlement, le banquier doit se montrer très
clair vis-à-vis de son client par rapport à sa capacité à s’engager
jusqu’à un certain niveau et par rapport à certaines conditions.
Cette transparence ne doit pas pour autant être naïve mais,
quand une volonté de partenariat s’exprime de part et d’autre,
la relation peut et va se développer de manière très positive sur
le long terme. Malgré la crise, je ne pense toutefois pas que tous
les fi nanciers aient toujours compris à quel point faire preuve de
transparence vis-à-vis de leur banquier permet, d’entrée de jeu,
de développer la meilleure relation possible. Certains font encore
preuve de retenue quand il s’agit de dévoiler une vision globale de
leur projet ou de leur entreprise. Et cette retenue, ce manque de
transparence peut ralentir la prise de décision du banquier, voire
exercer un impact négatif sur celle-ci. »
3Développez la confi anceYves Klein: « Quand un banquier a la chance de
développer une relation avec un client, il doit la
considérer sur le long terme. Il s’agit de courir conjointement
un marathon et non un 100 mètres. Pour que cette relation
à long terme puisse être profi table pour les deux parties, la
confi ance doit naturellement être installée. Ceci requiert de
faire preuve de transparence de part et d’autre. Dans le chef
du CFO qui aura à cœur de transmettre toutes les informa-
tions relatives à son entreprise et de la part du banquier qui
fera en sorte de fournir un feedback sur la manière dont le
client est perçu au sein de la banque. Autre point fondamen-
tal : le corporate banker en charge du dossier doit connaitre
le CFO, l’entreprise et le secteur d’activité. Nos clients nous
disent régulièrement qu’ils apprécient la stabilité de nos
équipes. De la sorte, elles peuvent mieux connaitre la situa-
tion fi nancière d’une entreprise mais aussi, de manière plus
générale, appréhender les besoins d’un secteur d’activité. Je
pense d’ailleurs à ce titre que la crise n’a pas ébranlé la
« Il s’agit de courir conjointement un marathon
et non un 100 mètres. »
Olivier Marquet: « Nous entendons sans cesse de la part de nos clients qu’ils restent chez Triodos et qu’ils poussent d’autres collègues de leur secteur à nous rejoindre parce que, précisément, ils y sont entendus. Ils rencontrent chez nous des gestionnaires qui maîtrisent les spécifi cités de leurs métiers. Le banquier doit être un fi nancier mais aussi un conseiller. »
« La crise n’a pas ébranlé la confi ance entre le CFO et
son banquier pour qui avait instauré ce climat de relation
à long terme. »
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confi ance entre le CFO et son banquier pour qui avait instau-
ré ce climat de relation à long terme. »
4Cash collectArnaud Laviolette: « Des outils permettant de
réaliser un cash pool sont intéressants pour le
CFO dans la mesure où ils lui permettent de posséder une
vision centralisée sur l’ensemble des dépôts et d’optimiser,
tant que possible, la gestion de sa trésorerie. Parfois, voire
même souvent, cette trésorerie se retrouve éparpillée sur dif-
férents comptes. Or, le CFO a besoin d’une vision globale sur
l’ensemble des comptes et avoir les moyens de les gérer. ING
est un joueur important en Belgique et à l’étranger dans l’offre
de solutions de cash management et de cash pool. Nous dis-
posons, par exemple, d’une solution tout à fait unique pour
centraliser les comptes en Belgique et à l’étranger, dans dif-
férentes devises, avec une de nos fi liales: la Banque Mendes
Gans. La Banque Mendes Gans permet d’optimiser la gestion
du cash afi n d’obtenir une seule vue à travers les différentes
devises et localisations géographiques. Cette solution est
d’application même si les comptes sont dispersés dans diffé-
rentes banques. Si un client possède ses comptes nationaux
et internationaux chez ING, nous disposons bien entendu
des instruments permettant de reconcentrer l’ensemble des
comptes et d’offrir des conditions plus favorables au tréso-
rier tout en gérant les risques de manière centralisée. Nous
observions déjà une tendance croissante de la gestion cen-
tralisée de la trésorerie avant la crise. La période économique
récente n’a fait qu’augmenter cette pratique. Une bonne ges-
tion de trésorerie, avec l’optimisation du cash, permet de di-
minuer le recours au crédit et donc de solidifi er un bilan. »
5Appliquez une politique stricte de risk managementYves Klein: « La liquidité reste le nerf de la guerre.
Et à partir de là, un excellent suivi de sa balance clients constitue
un des moyens d’appliquer de manière très stricte une politique
de risk management. Dès qu’une prestation a été effectuée,
comment faire en sorte de la transformer en liquidité? J’observe
à ce sujet que certaines entreprises se montrent beaucoup plus
actives que d’autres. Par exemple, certaines envoient, non pas
un rappel après échéance, mais une information avant la date de
règlement de la facture. Et celle-ci rappelle que l’on attend bien
le paiement d’une facture selon le planning et les conditions
défi nies dans le contrat de prestation. Mais en règle générale,
à mes yeux, nous assistons à un suivi de la balance client d’un
niveau nettement plus professionnel qu’il y a quelques mois.
Faire preuve de rigueur administrative en matière de relance de
paiement des créances se montre réellement bénéfi que pour
la santé d’une entreprise. Même si elle travaille pour le secteur
public. Si les créances sont habituellement, en moyenne, de 70
jours, le gain qu’un service de factoring effi cace peut apporter
est de l’ordre de 10 jours. »
6 Anticipez les risquesThierry Lebrun: « Aujourd’hui, une des clés du suc-
cès pour les entreprises réside dans leur capacité à
anticiper et maitriser les risques auxquels elles sont exposées.
Dans cette optique, le banquier se profi le comme un partenaire
privilégié puisque le risque fait partie intégrante de son métier.
Le banquier peut-il dès lors aider le CFO à identifi er les risques
inhérents au business d’une entreprise et à s’en prémunir? Non
seulement il le peut, mais il le doit! Le CFO trouvera auprès de
son banquier un œil extérieur, expert et informé. Les banquiers
possèdent non seulement une vision des activités de leurs
clients mais également une vision sectorielle et une vision géné-
rale de l’économie. A ce titre, nous ne nous substituons bien en-
tendu pas aux CFO et aux entrepreneurs pour établir la stratégie
de l’entreprise ou réaliser l’analyse de risques. Par contre, nous
leur fournirons un regard bienveillant, en toutes circonstances,
mais surtout critique. Le but étant d’apporter des conseils, par
exemple en termes de structuration d’un plan fi nancier à moyen
terme, en élaborant différents scénarios auxquels les clients
ne pensent pas forcément. Nous apportons une contradiction
constructive avec l’objectif de proposer de manière proactive les
meilleures solutions. En tant que banquiers nous ne sommes
pas un distributeur de produits. Nous nous positionnons avant
tout comme un fournisseur de solutions. »
7Limitez le nombre de partenaires bancairesThierry Lebrun: « Dans l’absolu, je conseillerais
aux CFO de travailler avec un nombre limité de banques. Pour
une PME, s’entourer de quelques partenaires bancaires me
semble idéal. Le chiffre de cinq représentant certainement une
limite à ne pas dépasser. Chaque entreprise travaille avec un
pool de banques au sein duquel un à trois banquiers de tête
se dégagent devant d’autres plus ‘périphériques’. J’invite sin-
cèrement les CFO à ne pas entretenir de relations épisodiques
avec ces banquiers. Idéalement, un CFO devrait rencontrer
ses partenaires environ une fois par trimestre pour examiner
les résultats, analyser la stratégie à moyen terme, détermin-
er les projections… Ces rendez-vous sont autant d’occasions
de faire le tour de la relation bancaire et des problématiques
de l’entreprise, dans un climat de partenariat. Régularité et
transparence sont d’ailleurs les clés d’une relation bancaire
sereine car un banquier travaille avant tout sur la confi ance.
Et la confi ance, ça se cultive. Si une PME multiplie à outrance
le nombre de partenaires, elle risque tout simplement de se
DOSSIER
« Le gain qu’un service de factoring effi cace peut apporter est de l’ordre de
10 jours. »
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diluer dans ses relations. Les banquiers seront d’ailleurs légi-
timement en ordre de se demander pourquoi un CFO traite
avec dix banques ? Sans parler du temps perdu… Evidemment,
il convient de comparer un produit ou un prix. Mais avec trois,
quatre ou cinq banques, l’échantillon se révèle suffi samment
large, surtout sur un marché compétitif. Comme lorsqu’il est
en quête d’un fournisseur, bien entendu, le CFO doit négocier
avec un banquier afi n d’optimiser les tarifs. Mais le bon prix ne
signifi e pas forcément le prix le plus bas. Car au-delà du rôle de
fournisseur, le banquier représente également un partenaire.
Je reste sceptique face à l’attitude qui consisterait pour un CFO
à essayer systématiquement d’obtenir la tarifi cation la plus
avantageuse pour chaque élément de la gamme de produits
et/ou de services. Pourquoi ? Parce que la relation entreprise-
banque doit rester un win-win. Or, une entreprise vit des cy-
cles. Avec des périodes euphoriques et d’autres plus délicates
durant lesquelles le banquier devra la soutenir. Et une entre-
prise trouvera d’autant plus d’écoute qu’elle aura su entretenir
une relation de confi ance avec ses banques. »
8Vérifi ez avec quel type de banque vous travaillezOlivier Marquet: « Les mêmes causes pro-
duisant les mêmes effets, si des mesures ne sont pas prises
pour clairement séparer la banque classique de la banque
d’investissement, nous courrons de sérieux risques de voir ap-
paraitre une nouvelle crise fi nancière. Pour le moment, c’est
un peu comme si le monde de l’entreprise se tenait à l’écart
du débat. Comme si tout le monde était soulagé de voir la
crise s’effacer. Nous risquons d’oublier d’instaurer une pro-
tection du système bancaire contre les risques spéculatifs. Il
est pourtant indispensable que le monde de l’entreprise rem-
plisse son rôle. Aujourd’hui, on parle beaucoup, et à raison,
de la protection du particulier contre les risques de défaut
bancaire. En 2008, au milieu de la crise, nous avions déjà tenu
une table ronde avec quelques partenaires fi nanciers et indus-
triels et ils pointaient que leurs liquidités étaient, elles aussi,
potentiellement mises en risque par l’attitude de certaines
banques. A l’époque, nos interlocuteurs se positionnaient
déjà en faveur de l’instauration d’une protection du système
bancaire classique. Aujourd’hui, la question primordiale est
de s’assurer que les banques dans lesquelles sont placés des
excédents de liquidité ne « jouent » pas avec cet argent sur
des marchés spéculatifs. Nous prônons la séparation claire
et nette, dans des structures différentes, de l’activité qui con-
siste à collecter l’épargne et à la transformer en crédits et de
l’activité de spéculation. Cette séparation très stricte entre les
deux métiers, instaurée à la suite de la crise des années 30, a
été abandonnée, petit à petit, au cours des années 80 et est
une des origines du krach de 2008. J’invite donc les entreprises
à vérifi er avec quel type de banques elles travaillent… »
9La relation idéaleSébastien D’hondt: « Fondamentalement, les deux
parties doivent entretenir un vrai dialogue. Il ne
s’agit donc pas de se rencontrer une fois par an. Je parle ici
Les accords de réglementation bancaire de Bâle, élaborés
par le Comité de Bâle, depuis 1988 avec Bâle I ont secoué
la relation banques-entreprises. Bâle II, mis en place entre
2004 et 2008, poursuivait comme objectif de mieux appré-
hender les risques bancaires et principalement le risque de
crédit ou de contrepartie et les exigences en fonds propres.
Les accords de Bâle III sont d’ailleurs déjà en gestation. Il
conviendra pour les banques comme les entreprises d’y
être rapidement attentif: l’arrivée de ces nouvelles règles
prudentielles va obliger les banques à relever progressive-
ment leurs niveaux de fonds propres.
En effet, l’accord trouvé fi n 2010 se concentre principale-
ment sur la solvabilité des banques. Il s’agit de renforcer
le niveau et la qualité des fonds propres pour permettre
aux établissements fi nanciers d’absorber plus aisément
les pertes sur des prêts ou des investissements en cas de
crise… et donc d’éviter, à nouveau, de compter sur les fonds
publics. Le Comité de Bâle a donc décidé de relever le ratio
de solvabilité Core Tier 1 de 2% à 4,5% avec en plus un ma-
telas de protection de 2,5%, pour 2019. Les fonds propres
composés uniquement d’actions et de bénéfi ces mis en
réserve devront dès lors représenter 7% des activités de
marché ou de crédit des banques.
L’augmentation de ce ratio devra contribuer à limiter l’inci-
tation à la prise de risque. Néanmoins, plusieurs voix se
sont déjà élevées pour signifi er que ces normes semblent
fi nalement peu contraignantes pour les banques. Car
d’une part, elles bénéfi cient d’un long délai s’y conformer
et d’autre part, le relèvement du ratio de fonds propres
reste mesuré: dans la pratique, la plupart des banques
européennes visent déjà les 7%. Le crédit risque-t-il d’être
(à nouveau) menacé? On peut le craindre. Si les banques
doivent thésauriser davantage, les ressources pour le crédit
pourraient diminuer. Et les PME, plus particulièrement, de
se retrouver encore une fois en première ligne… alors que
l’on annonce à peine la sortie de la crise…
BÂLE III: INCERTITUDE RELATIVE« Nous apportons une
contradiction constructive avec l’objectif de proposer de manière proactive les
meilleures solutions. »
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d’une relation entretenue régulièrement, de manière continue,
pour aborder la stratégie de la société, les conditions du mar-
ché et aussi les produits bancaires. La banque doit se montrer
proactive et initier ce dialogue avec les entreprises. Notre ap-
proche sectorielle est une composante de notre démarche, elle
favorise ce dialogue. Du côté des entreprises nous attendons
qu’elles soient dotées d’une bonne maitrise du business, d’un
outil de reporting effi cace afi n de bien comprendre les chiffres
et de suivre leur évolution de manière précise. Pour les projets
plus ambitieux, la capacité du CFO à se projeter dans le fu-
tur sera prépondérante: prévoir l’évolution du chiffre d’affaires,
comprendre et anticiper les coûts, déterminer le cash-fl ow fu-
tur… Sur cette base, la banque pourra répondre en élaborant
des solutions en matière de fi nancement, de taux, de crédit…
Autre conseil: je suggèrerais de considérer les différents outils
de fi nancement et ne pas avoir peur de les diversifi er. C’est sans
doute une des grandes leçons post-crise : le crédit bancaire reste
un outil privilégié mais d’autres solutions, comme les marchés
obligataires pour les corporates, le leasing pour le fi nancement
de l’équipement ou de l’immobilier ou le factoring pour le fi -
nancement des créances commerciales, sont à disposition. Et
parfois, elles se révèlent même préférables : durées plus longues,
maturité différente, autres interlocuteurs avec différentes sensi-
bilités, etc. Ces outils sont vraiment excellents pour diversifi er le
fi nancement, les interlocuteurs et les risques. »
10Optez pour une banque spécialisée dans votre métierOlivier Marquet: « Un banquier doit regarder
au-delà des chiffres. Et je ne saurais trop conseiller à un en-
trepreneur et/ou à un fi nancier de s’assurer que son banquier
connaisse son métier, dans toutes ses dimensions. Avec son
banquier, il convient, bien entendu, d’entretenir un dialogue
basé sur des chiffres. Mais il faut avant tout lui faire compren-
dre le métier dans lequel on est actif. Un banquier peut-il con-
naître en profondeur tous les métiers? Je ne le pense pas. Ce
que je sais, c’est que, à la Banque Triodos, nous connaissons
les métiers de nos clients parce que, depuis 30 ans, nous nous
spécialisons dans certains secteurs. A moins d’exercer un mé-
tier qui se décline de façon généraliste et où le développement
de l’entreprise suit des règles générales, ce qui est fi nalement
le cas dans très peu de métiers, le banquier devra nécessaire-
ment saisir et maitriser les spécifi cités qui peuvent faire la
différence en matière de conseil: prestations saisonnières,
qualité des fournisseurs, profondeur du marché, formation des
prix, etc. Prenons l’exemple des maisons de repos et de leur
fi nancement. Ce marché se révèle extrêmement compliqué
du fait des structures de reconnaissance régionales. En outre,
l’accord de subsides s’effectue au niveau de l’Inami, donc au
niveau national, en fonction des critères régionaux. Pour être
capable de se forger une opinion professionnelle sur les projets
de fi nancement qui nous sont présentés, le banquier doit donc
maitriser parfaitement ces critères sur l’ensemble des régions,
les normes fédérales, les nuances techniques entre les diffé-
rents types de subsides attribués par lit, etc. Prenons l’exemple
du secteur du théâtre, fortement subsidié. La mise à disposi-
tion de ces subsides dépend très fort d’une communauté à
l’autre. Par ailleurs, la spécifi cité de la proportion des revenus
propres du théâtre par rapport aux subsides constitue un élé-
ment très important qu’il faut évaluer en fonction de la con-
naissance générale que l’on possède du marché. Dans ces deux
secteurs d’activité, la connaissance du marché est importante
pour aider le client à optimaliser sa gestion fi nancière mais
aussi pour se forger une opinion sur ce même client. Nous en-
FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS FISCALITÉ DOSSIER
Arnaud Laviolette: « Des outils permettant de réaliser un cash pool sont intéressants pour le CFO dans la mesure où ils lui permettent de posséder une vision centralisée sur l’ensemble des dépôts et d’optimiser, tant que possible, la gestion de sa trésorerie. Parfois, voire même souvent, cette trésorerie se retrouve éparpillée sur différents comptes. »
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tendons sans cesse de la part de nos clients qu’ils restent chez
Triodos et qu’ils poussent d’autres collègues de leur secteur
à nous rejoindre parce que, précisément, ils y sont entendus.
Ils rencontrent chez nous des gestionnaires qui maîtrisent les
spécifi cités de leurs métiers. Le banquier doit être un fi nancier
mais aussi un conseiller. Le fait d’extrêmement bien connaitre
les structures de subsides nous permet de bien conseiller les
clients sur l’optimalisation de leur activité et de les informer
des solutions possibles. Mais plus largement, cette connais-
sance pointue nous permet aussi d’évaluer avec davantage
de rigueur le risque lié au projet et au crédit demandé. Nous
pouvons donc éviter à notre client de se barder de toutes sortes
de garanties éventuellement superfl ues pour éviter des risques
inconnus. Notre expérience de l’éolien nous a notamment per-
mis de conseiller régulièrement nos clients par rapport à leurs
fournisseurs ou assureurs. L’activité de conseil de Triodos va
bien au-delà des seules questions fi nancières. »
11Financez les besoins en fonds de roulementYves Klein: « Aujourd’hui, une grande partie des
demandes concernent les besoins en fonds de roulement. Dès
le début de la crise, le défi n’était pas seulement de la gérer
mais surtout d’en gérer la sortie. Par contre, ils devaient déjà
anticiper les diffi cultés de la sortie de crise. Et ces ‘prévisions’ se
sont révélées exactes car, en pratique, nous y sommes actuelle-
ment confrontés. Nombre de nos clients ont pris les bonnes dé-
cisions à temps, ont fait en sorte de réduire la voilure et donc,
de diminuer leur base de coûts. Mais malgré ces interventions,
ils ont accusé une baisse de revenus, ils ont « mangé » dans les
fonds propres et ont diminué le montant des liquidités, voire
parfois utilisé des lignes de crédit court terme pour fi nancer
les pertes. Ce qui signifi e qu’aujourd’hui, dans une phase de
relance de l’économie, toute la diffi culté réside dans le fait de
pouvoir régénérer des liquidités pour remettre la machine en
route: acheter les matières premières, fi nancer le processus de
préfabrication, transformer les stocks et en cours en créances,
fi nancer les délais de paiement… Le cycle de fi nancement du
besoin en fonds de roulement est véritablement crucial à ce
moment-ci. Les banquiers doivent vraiment jouer leur rôle et
aider leurs clients en refi nançant cette reprise d’activité. Aux
CFO, je conseillerais de bien expliquer à leurs banquiers quelles
sont les perspectives de l’entreprise. Et à partir du moment
où le cycle de fonctionnement d’une organisation est bien
compris par le banquier, celui-ci va se rendre compte qu’il va
fi nancer des actifs amenés à devenir des créances clients. Pour
autant que ces créances génèrent un chiffre d’affaires renta-
ble, naturellement… Enfi n, outre les banquiers, soulignons que
les invests publics jouent pleinement leur rôle via l’octroi de
crédits court terme ou de garanties en faveur des banques. »
12Appuyez le managementYves Klein: « De manière plus générale, j’estime
que les CFO devraient mettre davantage en avant
la qualité du management de leur entreprise. Comment une
entreprise se distingue-t-elle dans son secteur? Quelle est son
expérience? La crise fut un excellent révélateur des bonnes ré-
actions du management. Dans quelle mesure s’est-il montré
proactif pour mettre en place les mesures qui lui ont permis de
survivre? Quelles perspectives le management s’est-il donné à
ce moment? Ce point est fondamental. Or, je crains que le ban-
quier ne soit encore trop perçu comme une personne octroyant
des fonds contre des garanties. Ces garanties sont indispensa-
bles, bien entendu. Mais il ne s’agit absolument pas du premier
point qui me vient en tête lorsque je dois présenter un dossier
en comité de crédit. Nous nous y demanderons d’abord à qui
Sébastien D’hondt: « La qualité du dialogue et la confi ance réciproque permettront de répondre aux défi s du futur. Et les banques comprennent très bien que les entreprises puissent vivre des moments plus diffi ciles, sanctionnés par une baisse de la rentabilité. »
« Aujourd’hui, une grande partie des demandes
concernent les besoins en fonds de roulement. »
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octroyons-nous du crédit? Quelles sont les forces de décision
dans cette entreprise? Comment se distinguent-ils de la con-
currence? Quand je fais du crédit, mon but est de me faire rem-
bourser et non de réaliser des garanties. Je dois d’abord être
convaincu que les fonds accordés génèreront de la rentabilité
et du profi t. Nous pourrons alors analyser quels types de pro-
duits fi nanciers disponibles dans notre gamme pourront coller
au mieux aux besoins de l’entreprise. Ensuite, il conviendra de
défi nir la façon dont le client va générer sa capacité de rem-
boursement. Et seulement si toutes ces questions trouvent
une réponse favorable, nous allons étudier le besoin de nous
couvrir avec des garanties et si oui, lesquelles se révèlent les
plus adéquates. »
13Allégez la structureYves Klein: « Les dix dernières années sont un
bel exemple d’adaptabilité de nos entreprises. En
clair, il conviendra désormais de faire la chasse aux structures
comportant des coûts fi xes importants pour s’orienter vers des
structures qui tentent de rendre leurs coûts variables. En Bel-
gique, nous avons la chance de pouvoir compter sur certaines
mesures comme le chômage économique qui fut un excellent
support durant la crise. Mais nos clients ne s’y sont pas limités.
Ils ont également externalisé tout ce qui était possible de façon
à pouvoir très rapidement s’adapter aux circonstances extéri-
eures. Notre économie régionale est frappée par une succession
d’événements externes mais qui, malheureusement, ne sont
pas sans infl uences. Pour le futur, une structure légère et vari-
able risque bien de se montrer une garantie de pérennité. »
14Encadrez les projetsSébastien D’hondt: « Les entreprises nourrissent
des projets dans une proportion bien plus impor-
tante qu’il y a six ou douze mois. Les entreprises ont fait leurs
‘devoirs’ durant la crise, elles ont fait preuve, pour la plupart,
d’une extrême réactivité. En conséquence, les organisations,
pour la très grande majorité, peuvent avancer des bilans sains
et même souvent une activité de dépôt importante. Et donc,
les entreprises se montrent à nouveau ambitieuses. Je con-
state également un certain recul, une analyse approfondie,
un regard critique par rapport aux projets. Les choses réalisées
sont bien pensées et bien réfl échies. Par rapport aux oppor-
tunités de croissance il y a aussi des réfl exions en termes de
croissance externe et vers des marchés à plus grandes potenti-
alités. Les pays émergents, l’Asie, l’Amérique latine ou l’Europe
centrale sont autant de thématiques qui reviennent fréquem-
ment. Le plus important dans ce contexte, et nous attirons
tout particulièrement l’attention de nos chargés de relations
sur ce point, reste de mener un dialogue avec les CFO de nos
clients. La stratégie est, bien entendu, déterminée par le cli-
ent. Mais nous favorisons une approche sectorielle, tant pour
les corporates (grandes entreprises) que les PME, afi n de bien
comprendre leurs drivers. De sorte à apporter notre vue sur les
aspects fi nanciers.
FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS FISCALITÉ DOSSIER
Thierry Lebrun: « Une banque ‘moyenne’ ne signifi e pas pour autant des possibilités vues au rabais. Bien au contraire. Le Crédit Agricole tire sa force de son agilité, de sa rapidité de réaction et de décision. Bien souvent, chez un grand acteur où l’actionnariat est désormais étranger, le Comité de crédit ne se situe plus en Belgique. »
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Arnaud Laviolette: « Un nouveau projet d’expansion doit
considérer deux aspects essentiels: la croissance interne et
la croissance externe. Pour la croissance interne, nous ne con-
seillerons pas le client sur le matériel à choisir dans sa poli-
tique d’investissement. Par contre, nous pouvons l’encadrer
dans le moyen de le fi nancer : crédit classique, leasing, etc. La
localisation des investissements est également importante.
Elle peut se réaliser en Belgique mais les entreprises se tour-
nent de plus en plus vers l’international. Et notre réseau per-
met d’accompagner les clients et de conseiller sur la structure
de fi nancement, sur le meilleur type de fi nancement, sur la
prise de contact avec des autorités locales ou régionales, etc.
Concernant la croissance externe, dès que l’on comprend la
stratégie du client, nous souhaitons nouer un contact perma-
nent et l’accompagner dans la réfl exion sur les cibles éven-
tuelles de son secteur, en Belgique ou à l’étranger, et, ensuite,
dans l’exécution des transactions. »
15Sécurisez l’avenirSébastien D’hondt: « Un directeur fi nancier doit
tenir compte d’une situation économique désor-
mais plus volatile. Cela signifi e qu’il doit pouvoir utiliser les
moments plus favorables pour fi nancer à long terme, sécuris-
er, gérer les risques et assurer un travail de fond sérieux en
termes de bilan. »
Arnaud Laviolette: « Diversifi er les sources de fi nancement –
via la dette bancaire, les marchés obligataires ou fi nanciers…
– et les maturités – aujourd’hui, plus un seul CFO ne se fi nance
exclusivement à court terme alors que certains le faisaient
avant la crise – sont deux incontournables. Je conseillerais
également de pouvoir bénéfi cier de documentations de crédit
qui prévoient certains ajustements liés à des circonstances ex-
ceptionnelles et temporaires. »
Sébastien D’hondt: « La qualité du dialogue et la confi ance
réciproque permettra de répondre aux défi s du futur. Et les
banques comprennent très bien que les entreprises puissent
vivre des moments plus diffi ciles, sanctionnés par une baisse
de la rentabilité. Mais dans la mesure où le dialogue a eu lieu
et où la banque a compris, en parlant avec le directeur fi nan-
cier, ce qu’il attend comme projections futures, elle restera
présente auprès de son client. »
16Surveillez les tauxSébastien D’hondt: « Si l’on considère
l’environnement économique actuel, on parle
de manière de plus en plus pressante, y compris au niveau
de la Banque centrale européenne, d’entrer dans une ère
d’augmentation des taux. Mais quelle est la position du re-
sponsable fi nancier d’une entreprise par rapport à ces taux?
Jusqu’ici, a-t-il privilégié des taux fi xes? A-t-il préféré les taux
fl ottants, extrêmement avantageux quand l’Euribor, l’un des
principaux taux de référence du marché monétaire de la
zone euro, se situait sous 1%? Nous ne pouvons pas donner
de conseil précis car, en réalité, tout dépend de la situation
de chaque entreprise et de la vue que le CFO se fait à propos
des taux. Mais ce serait certainement une erreur de ne pas,
au minimum, procéder à une étude et en parler à ses ban-
quiers. Un taux fi xe se révélera évidemment plus élevé mais
apportera une certitude pour le futur. Mais la solution idéale
peut très bien résider dans un panachage des deux formules
car on s’attend à plusieurs hausses successives des taux
d’intérêt dans la zone euro au cours des 12 prochains mois…
Chaque entreprise doit mener sa réfl exion. »
17Ouvrez-vous aux autres acteursThierry Lebrun: « Depuis 2008, les événements
ont amené les CFO à percevoir les banques différemment.
Tout le monde garde désormais à l’esprit la faillite brutale
de Lehman Brothers, le sauvetage de Fortis par une banque
française et de la KBC par l’Etat belge… Il y a eu une certaine
prise de conscience : une banque est un partenaire qui peut,
lui aussi, se voir fragilisé. Le Crédit Agricole, non exposé aux
subprimes, a passé la crise sans encombre. Il est d’ailleurs
assez intéressant d’observer le positionnement des banques
de taille ‘moyenne’ face aux ‘grandes’ banques. Très claire-
ment, le Crédit Agricole se positionne comme une alterna-
tive à ces grandes enseignes. Tant pour la gestion des ex-
cédents de trésorerie que pour le crédit, les entreprises ont
intérêt à ne pas se contenter de relations avec des grandes
banques et faire entrer dans leur pool d’autres acteurs plus
‘petits’. C’est à la fois ‘techniquement’ réalisable mais aussi
de bon aloi pour la stratégie. Une banque ‘moyenne’ ne sig-
nifie pas pour autant des possibilités vues au rabais. Bien
au contraire. Le Crédit Agricole tire sa force de son agilité,
de sa rapidité de réaction et de décision. Bien souvent, chez
un grand acteur où l’actionnariat est désormais étranger, le
Comité de crédit ne se situe plus en Belgique. Ce n’est pas
le cas chez nous puisque notre Comité de crédit est bien
à Bruxelles. Les prises de décision sont donc plus rapides.
Enfin, si le Crédit Agricole en Belgique reste un partenaire
à taille humaine, nos clients bénéficient du partenariat
actionnarial avec le Crédit Agricole France. Nous sommes
la porte d’entrée sur un réseau international présent dans
plus de 60 pays, et nos clients disposent d’une offre étendue
grâce à notre partenariat étroit avec les Caisses Régionales
de Crédit Agricole en France et les filiales spécialisées de
taille européenne ou mondiale du Groupe. »
« Le directeur fi nancier doit tenir compte d’une situation économique désormais plus volatile. »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°46 - AVRIL 2011
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« Instaurons des balises fi nancières qui pourront exercer une infl uence sur la marge mais
aussi sur la disponibilité à long terme du fi nancement. »
Développer la compréhension mutuelleInvité dans le cadre du cours de gestion fi nancière des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur pour parler du partenariat banque-entreprise, Benoît Mélot, directeur commercial Liège-Namur-Luxembourg chez BNP Paribas Fortis, est un interlocuteur tout désigné. Il nous livre ses impressions sans concession.
FISCALITÉ DOSSIER
TEXTE : LAURENT CORTVRINDT
Comment envisagez-vous la relation idéale entre un CFO et
son banquier?
Benoît Mélot: « Je l’articulerais autour de deux axes. Le CFO
comme le banquier doivent se montrer transparents et bien
connaitre leur partenaire. L’entreprise doit pouvoir expliquer
quels sont ses points forts et ses faiblesses, quelle est sa stra-
tégie, qui sont ses concurrents, comment se comporte son
marché, ses avantages comparatifs mais aussi les risques de
son business model... Mais elle devra également comprendre
qui se trouve en face d’elle: quel est la position de son ban-
quier? Que recherche-t-il? La vision traditionnelle que se
forgent les entreprises à propos des banquiers est un peu sté-
réotypée. Elles considèrent souvent qu’ils offrent des services
identiques. Or, ce n’est pas du tout le cas. Dans les relations
avec leurs clients, les banques mettent en avant certaines
actions ou produits fi nanciers plutôt que d’autres. Il convien-
dra donc pour un CFO de trouver un bon ‘match’, selon ses
aspirations. De l’autre côté de la barrière, le banquier devra
connaitre son client sur le bout des doigts pour pouvoir, en in-
terne, expliquer ce qu’il fait et défendre son dossier. La trans-
parence et la connaissance permettent en outre d’anticiper. Il
ne faut donc pas hésiter à investir du temps dans cette rela-
tion CFO-banque. Les grands corporates connaissent généra-
lement à merveille le fonctionnement des banques. Ils savent
jusqu’où leur banquier est prêt à les suivre et dans quelles
circonstances. Par contre, j’observe que du côté des PME, le
réfl exe est plus craintif. Il n’y a pas cette même proximité. Et
parfois, cela mène au clash… »
Un exemple?
Benoît Mélot: « Prenons celui d’une PME belge qui s’inter-
nationalise. Si elle ne s’intéresse pas de près à la manière
dont les banques travaillent, elle va suivre une approche
géographique. Imaginons qu’elle soit présente dans cinq
pays. Comme une entreprise se lie généralement à trois par-
tenaires fi nanciers, elle devra gérer quinze banques au total
si elle gère ses fi nances de manière décentralisée. Un vrai
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cauchemar. Par contre, si elle investit un peu de temps dans
une relation avec ses banquiers, elle n’en sélectionnera que
trois ou quatre, basés en Belgique si nécessaire, mais surtout
présents dans les pays où elle travaille. Elle pourra alors dé-
terminer avec eux comment ‘imposer’ à ses fi liales locales le
meilleur outil: cash management international, trade fi nance
international, leasing, factoring, corporate fi nance, active
fi nance… Les banquiers devront en faire de même, en coor-
donnant la relation auprès du réseau international de leur
établissement. Par rapport aux Corporates, les PME pèchent
souvent par un manque de connaissance de la manière dont
leurs banques travaillent et surtout par un faible intérêt pour
la chose bancaire. »
Dès lors, comment essayer de les rapprocher?
Benoît Mélot: « Les banques devraient mieux communiquer leur
stratégie : comment fonctionnent-elles et à quoi le client sera-
t-il confronté? Par exemple, qui, aujourd’hui, connait l’impact
de Bâle III? Or, l’infl uence en termes d’évolution de marges, de
disponibilité de crédit… sera énorme pour les clients! Je conseille
aux CFO d’interroger leur banque comme la banque les inter-
roge. Sur leurs points forts et points faibles, sur ce qui les pousse
à s’engager vis-à-vis de leur projet, sur ce que l’on peut attendre
d’eux… Et sur cette base, ne pas hésiter à tester le banquier sur
des engagements à long terme. On en revient à cette question
de connaissance de l’autre tout à fait indispensable… »
Les enquêtes de satisfaction des banques notent-elles une
restauration de la confi ance?
Benoît Mélot: « Oui. Même s’ils ne s’avouent pas encore plei-
nement satisfaits, nous sommes passés d’une critique massive
à une appréciation plutôt positive. Cette dernière s’adresse
davantage au banquier qu’à la banque: cela signifi e que les
chargés de relation sont plutôt bien perçus par leurs clients. »
Percevez-vous des besoins spécifi ques de la part des entre-
prises? Comment les banquiers tentent-ils d’y répondre?
Benoît Mélot: « Tout dépend très fort de la nature de l’activité
du client… Les PME wallonnes expriment un fort besoin d’ac-
compagnement dans le développement de leurs activités à
l’international. Car il s’agit vraiment du volet où une entreprise
a besoin d’un banquier pour d’autres conseils que du crédit ou
surveiller les comptes… Les banques qui sont capables de sou-
tenir leur client en fournissant des informations sur les mar-
chés ou en trouvant des débouchés apporteront une réelle va-
leur ajoutée. J’observe aussi une recrudescence des demandes
de conseils qui concernent les moments critiques de la vie
d’une entreprise, comme par exemple les opérations de fusion/
acquisition ou d’acquisition fi nance, dont le marché repart à la
hausse. Les PME demandent ici à être accompagnées dans ce
processus de valorisation et de négociation. »
La bulle Internet, le 11 septembre, la crise économique et
fi nancière, les crises répétées du pétrole, le Japon… sans par-
ler d’effet papillon, chaque « événement » semble crisper
les marchés. Doit-on craindre le pire? Comment se prému-
nir? Est-ce que notre futur économique et fi nancier ne sera
qu’une succession de crises?
Benoît Mélot: « Je ne me montrerais peut-être pas aussi
pessimiste… Je constate un retour en force de la puissance
publique et des autorités monétaires. Elles ont particuliè-
rement bien réagi au cours de la crise. Des chocs, nous en
avons connu hier, nous en connaissons aujourd’hui et nous
en connaitront encore demain. Du point de vue fi nancier, sur
une période écoulée de dix ou vingt ans, soulignons que les
taux sont extrêmement bas, tout comme les marges. Si vous
avez de l’endettement structurel pour fi nancer une activité
long terme, dans un climat de relative incertitude, le bon
conseil serait d’avoir une partie de l’endettement consolidée
à long terme avec des taux fi xes. De la sorte, en cas de haut
et de bas conjoncturels, on est un peu plus relax par rapport
aux secousses. Bien entendu, parfois, tout ne se passe pas
comme prévu. Grâce à une relation transparente, on peut très
bien fi xer des ‘points de passage’: les covenants fi nanciers.
L’entreprise reçoit un fi nancement à long terme, elle profi te
d’un taux bas et si le business devient plus risqué et que cer-
tains points de passage ne sont pas rencontrés, simplement,
on peut revoir les marges à la hausse! Et à l’inverse, si cela se
passe mieux que prévu, on pourra les baisser. Je parle donc
ici très clairement d’instaurer des balises fi nancières précises
qui pourront exercer une infl uence sur la marge mais aussi
sur la disponibilité à long terme du fi nancement. »
Benoît Mélot: « Je conseille aux CFO d’interroger leur banque comme la banque les interroge. Sur leurs points forts et points faibles, sur ce qui les pousse à s’engager vis-à-vis de leur projet, sur ce que l’on peut attendre d’eux… Et sur cette base, ne pas hésiter à tester le banquier sur des engagements à long terme. »