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Fiches de synthèse des Territoirs: Chefchaouen (MAR) Route d’Apprentissage Intercontinentale “Tisser des liens entre les territoires d’Amérique Latine et de la Méditerranée pour un réseau d’initiatives innovantes de valorisation de la diversité bio-culturelle” -Trame Méditerranéenne – 26 septembre – 7 octobre 2011 Organizadores: Patrocinadores: Colaboradores:

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Fiches de synthèse des Territoirs: Chefchaouen (MAR) Route d’Apprentissage Intercontinentale

“Tisser des liens entre les territoires d’Amérique Latine et de la

Méditerranée pour un réseau d’initiatives innovantes de valorisation de la diversité bio-culturelle”

-Trame Méditerranéenne –

26 septembre – 7 octobre 2011

Organizadores:

Patrocinadores: Colaboradores:

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Fiche de synthèse : Territoire de Chefchaouen

Auteur/s de la systématisation: Diversités & Développement Date: Septembre 2011

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Sommaire Introduction…………………………………………………………………………………………………………………2 1. Le contexte territorial et ses dynamiques principales…………………………………….....3

2. La diversité bioculturelle territoriale et les initiatives /stratégies actuelles en

cours de valorisation………………………………………………………………………………………………6

3. Initiatives……………………………………………………………………………………………………………. 13

4. Analyse des potencialités et limites de l’expérience territoriale………….………… 27

5. Bibliographie…………….………………………………………………………………………………………….29

6. Liens intéressants.……………………………………………………………………………………………….29

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Introduction Conscient de la valeur ajoutée que peut générer la valorisation des patrimoines naturels et culturels des territoires ruraux ayant des índices importants de pauvreté et de la nécessité de mettre en place des stratégies de différenciation des produits et services patrimoniaux dans un contexte de Mondialisation, le Maroc initie une politique ambitieuse de régionalisation et de promotion des spécificités territoriales dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture. Par conséquent, l’expérience du Maroc, pays reconnu pour la diversité de ses traditions, sa culture ancienne et qui possède la plus riche biodiversité Méditerranéenne après la Turquie, est intéressante pour analyser l’articulation entre les politiques nationales et les dynamiques territoriales en matière de conservation/valorisation de la diversité bioculturelle Dans ce contexte, la región de Chefchaouen dans le massif du Rif est un bon exemple de promotion de nouvelles dynamiques territoriales. La región comprend un certain nombre de cadres de gouvernance nationaux et internationaux liés à la conservation et gestion durable des ressources naturelles. A titre d’exemple, ce territoire fait partie de la Réserve de Biosphère Intercontinentale Méditerranéenne, reconnue par l’UNESCO en 2006 comme première réserve de biosphère à cheval sur deux continents. La région abrite egalement le Parc National de Talassemtane, le pays d’accueil touristique de Chefchaouen et le projet de Parc Naturel de Bouhachem. Cette región montagneuse, où se sont développés tout au long de l’histoire des agrosystèmes complexes et diversifiés a vu sa structure agraire profondément modifiée, durant la seconde moitié du 20è siècle, par l’expansion massive de la culture illicite de cannabis. Le développement exponentiel de ce qui s’est progressivement converti en une monoculture a generé des processus de déforestation, une utilisation abusive des engrais et irrationnelle de l’eau, accompagnée par une perte massive des savoirs traditionnels associés à la préservation et la gestion durable des agro-systèmes traditionnels. Pour faire face à cette tendance, les acteurs locaux de développement (à la fois l'Etat et la société civile) ont lancé une série d'initiatives visant la diversification productive et se basant sur la valorisation du patrimoine naturel et culturel du territoire. Ceci avec un accent fort mis sur la revalorisation du patrimoine agroalimentaire et le developpement des produits de terroir, axe central d'une stratégie de développement socio-économique destinée à une population majoritairement rurale. L’importance accordée aux productions agroalimentaires ayant une base patrimoniale demontre la place particulière occupée par ces productions agricoles, à l’intersection entre agriculture et culture. Ce type d’initiatives révèle une nouvelle façon de voir le patrimoine immatériel ainsi que les intéractions entre diversité biologique et culturelle. Derrière la valorisation d'une production ayant une identité spécifique, la préservation d'une variété ou d’une race locale ou la conservation du patrimoine culinaire, c’est une “chaîne patrimoniale” tout entière qui est en jeu, allant de la table au paysage à travers les savoir-faire, les métiers traditionnels et une gamme de modes de vie et de consommation associés. C'est cet héritage que les acteurs du territoire de Chefchaouen essaient de valoriser, comme en temoigne le dynamisme de la société civile. Dynamisme qui comme nous le verrons manque trop souvent de vision territoriale partagée et de mecansismes de concertation et de coordination.

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1. Le contexte territorial et ses dynamiques principales

Territoire de Chefchaouen : La Réserve de Biosphère Intercontinentale Mediterranéenne

L’inclusion de la Réserve de Biosphère Intercontinentale Méditerranéenne dans la liste mondiale des Réserves de Biosphère de l’UNESCO en octobre 2006 est le point culminant d’un processus initié par le Royaume du Maroc et la región Andalousie en février 2000. A cette époque, le ministère de l'Environnement du Royaume du Maroc et le ministère de l'Environnement de la Junta de Andalucía ont signé un protocole pour le développement d'un programme de Coopération Transfrontalier entre l’Andalousie et le Maroc dans le domaine de l'environnement.

Le 19 mars 2003, la Conseillère de l’environnement de la región Andalousie et le Secrétaire Général du Département des Eaux, Forêts et Lutte contre la Désertification du Royaume du Maroc, ont signé à Rabat la Déclaration d’Intention pour la Formulation de la Proposition de Création d’une Réserve de Biosphère Transcontinentale. En complément, le Programme de Développement transfrontalier d’Andalousie et du Nord-Maroc a été approuvé durant la période 2003-2006 au sein du programme d’initiative communautaire INTERREG. Durant cette période (2003-2006), des actions visant à l’élaboration de la proposition technique de la réserve ont eu lieu tant dans la partie marocaine qu’espagnole. Cela s’est traduit notamment par: la signature d'accords sur leur zone géographique, les catégories de zonage ou les bases du plan d'action pour la future réserve. Suite à ces actions, le Plan d'action pour la création et la consolidation de la Réserve de Biosphère Intercontinentale Méditerranéenne a été rédigé.

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L'objectif principal du plan d'action est de promouvoir le développement humain intégral, participatif, durable et écologique. À cette fin, les priorités énoncées visent notamment à: protéger et améliorer la qualité de l'environnement, la conservation, l'utilisation durable des ressources naturelles; et la conservation/valorisation du patrimoine culturel.

L’étendue de la Réserve de Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée recouvre un total de 109 municipalités, dont 48 correspondent au nord du Maroc, réparties comme suit: 23 communes appartenant à la province de Tétouan, 17 dans la province de Chefchaouen, 7 à la province de Larache et une dans la province de Tanger). Ce groupe maintient les traits caractéristiques du milieu rural de la Méditerranée et dans ses paysages, on reconnait les signes des modes de vie traditionnels associés aux zones de montagne. Ces signes sont notamment: la présence d'un certain isolement (maintenu à travers les siècles), une densité de population diverse et une production varié et axée sur la subsistance, mais avec des moments ponctuels de croissance socio-économique dérivée de l'exploitation de ressources spécifiques (par exemple, la monoculture du kif ou cannabis sativa).

Le Rif Occidental, zone marocaine choisie pour la RBIM, est original par rapport aux autres montagnes marocaines, et particulièrement en ce qui concerne la démographie et la socio-économie. De plus, en comparaison avec l’Est du Rif, situé au milieu du Royaume, c’est l’unique montagne majeure du Maroc qui n’est pas berberophone, c’est pour cela qu’on parle de “pays jbala”.

Le caractère rural de l'échantillon de population pour la RBIM peut être estimé à partir de la démographie de la province de Chefchaouen, essentiellement montagneuse, comparativement au reste de la région Tanger-Tétouan. La province de Chefchaouen, peuplée de 525 000 habitants (recensement 2004), est à 90% rurale. La région de Tanger-Tétouan dans son ensemble, y compris les grandes villes et les littoraux modernes, avec une population d'environ 2,5 millions d'habitants, ne dépasse pas 40% en milieu rural est plus faible que la proportion moyenne nationale (45%).

La population du noyau urbain de Chefchaouen est très importante, avec environ 40.000 habitants. C’est la seule municipalité de la RBIM, les autres noyaux étant classées comme communes rurales. Au niveau régional, les trois autres noyaux exceptionnels du périmètre de la RBIM sont les villes portuaires de Tanger et de Larache, et la ville de Tétouan (la plus proche du territoire espagnol par la latitude nord).

Située dans les contreforts des montagnes du Rif, Chefchaouen ou Chaouen, capitale de la province du même nom, est aujourd'hui un centre touristique de premier plan, attirant non seulement étrangers, mais aussi les visiteurs marocains, principalement en provenance du sud. On évalue le flux de touristes qui passent par la ville de Chefchoauen de 100.000 à 150.000 touristes par an. Chefchaouen est devenu ces dernières années l'un des centres les plus attrayants pour le tourisme de « nature & culture » au niveau régional, national et en phase de le devenir au niveau international.

Toutefois,il faut noter que compte tenu du peu d’informations touristiques existantes, beaucoup de ces touristes ne sont pas conscients de la richesse et la

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diversité des patrimoines naturels et culturels du milieu rural. En grande majorité, ce flux important de touristes se limite à la ville de Chefchaouen et a peu d’incidence sur l’offre et le développement du tourisme rural de la región.

Selon de nombreux géographes, Chaouen joue un rôle trop limité au niveau régional, c’est une ville qui « polarise » peu. Son implication et influence dans les zones rurales sont limitées du point de vue des services et des échanges commerciaux. Ceci s'explique par le manque de voies de communication, la concurrence avec d'autres villes et l'importance du réseau des souks dans le monde rural.

La structure physique

La partie marocaine de la RBIM s’articule sur le Rif Occidental – Sous-structure de l’arc Bético-Rifain-, et ses caractéristiques géomorphologiques génèrent une orographie complexe, avec des pics dépassant 2000m d’altitude: Jbel Tissouka (2122m) Jbel Lakraa (2159m) et Sfiha Telj (2159m) situés dans le parc national de Talassemtane, et d'autres pics mineurs tels que le Jbel Sougna (1603m), le Jbel Bouhachem (1602m), tous deux dans le Parc Régional de Bouhachem, le Jbel Keltie (1926m) du Parc national de Talassemtane ou Jbel Moussa (841m), près de Ceuta.

Hydrologie

La chaîne de montagnes du Rif agit comme une barrière sur les bourrasques de l'Atlantique, ce qui résulte en une forte pluviométrie sur le versant atlantique avec plus de 1000mm par an (avec des zones de plus de 2000mm), par opposition à la zone méditerranéenne, dont les stations météorologiques relèvent une moyenne de 500mm. Cette forte pluviosité donne naissance à d’importants fleuves tels que: l'Oued Martil et Oued Laou, qui relient les vallées intérieures (sud-ouest) avec la Méditerranée.

Cette pluviométrie, conjuguée à la géologie de la région, favorise la formation de grands aquifères.

Climatologíe

La saisonnalité marquée des précipitations et du régime de températures de la région constituent deux zones climatiques distinctes. Le sud-ouest de la chaîne de montagne, avec des hivers pluvieux et froid et le nord-ouest ou versant méditerranéen, avec des hivers secs et doux, l’été étant chaud et sec dans les deux zones.

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Foto : Ville de Chefchaouen

2. La diversité bioculturelle territoriale et les initiatives/stratégies actuelles en cours de valorisation.

Comme dans la Serrania de Ronda (autre territoire choisi pour accueillir la Route d'Apprentissage dans la partie espagnole), le territoire de Chefchaouen s’est caractérisé par ses difficultés de communication entre ses municipalités, principalement en raison de son orographie complexe. Cela a permis de conserver d'importantes ressources naturelles et culturelles, ce qui génère un patrimoine ethnographique vivant mais menacé par l'absence de transmission aux nouvelles générations et le manque d’opportunités que présente sa valorisation. Ainsi, un effort a été fourni pour développer des projets pilotes impliquant la conservation et la valorisation des ressources naturelles et culturelles du territoire en augmentant la valeur ajoutée des productions agricoles et en soutenant la diversification économique dans des activités non agricoles.

Dotation en ressources territoriales Ce qui va suivre présente rapidement les ressources bioculturelles du territoire de la partie marocaine de la Réserve de Biosphère Intercontinentale Méditerranéenne. Patrimoine naturel Les Espaces Protégés

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Le Parc National de Talassemtane couvre une superficie de 58.950 ha répartis entre les provinces de Chefchaouen et Tétouan, comprenant les massifs de Jbel Keltie et Talassemtane qui composent une bonne partie de la dorsale calcaire du Rif Occidental et d'importantes sections des rivières Laou et Kanar. Fut reconnu Parc National en Octobre 2004 par le biais du programme MEDA en incluant un SIBE qui comportait une importante masse de sapinières marocaines (Abies maroccana). La flore se caractérise par une diversité de plantes vasculaires (plus de 700 espèces décrites dans le Parc National), dont beaucoup sont endémiques (38 espèces), et l’on remarque d’ importantes zones forestières composées, dans les hautes altitudes, du sapin mentionné plus haut (Abies maroccana) accompagné par le cèdre de l'Atlas (Cedrus Atlantica). Au centre et en bas du Parc National, en fonction des caractéristiques climatiques et pédologiques, on trouve le chêne-liège (Quercus suber), le chêne vert (Quercus ilex) et des maquis de chênes kermès (Quercus coccifera). En termes de faune, le Parc National de Talassemtane est caractérisé par la présence de nombreuses espèces de mammifères, parmi lesquelles on remarque ses populations de macaques de Barbarie (Macaca sylvanus) et la loutre (Lutra lutra), plus de 100 espèces d'oiseaux dont l'aigle royal (Aquila chrysaetos) ou le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) et une large représentation de plus de 20 espèces d'amphibiens et de reptiles, dont beaucoup sont endémiques.

Parc Naturel Régional Bouhachem

Actuellement en phase de constitution, le Parc Naturel Régional englobera l’actuel de SIBE de Bouhachem (8000ha), et réunira tout le massif formé par Jbel Bouhachem, Jbel Soukna et le versant sud-ouest de Jbel Keltie, formant un parc de plus de 33 000 ha. La superficie du futur Parc Naturel Régional de Bouhachem comprend de nombreuses forêts significatives de chênes (Quercus faginea, Quercus pyrenaica,Quercus suber), le pin maritime (Pinus pinaster ssp maghrebiana), et même dans de petites parcelles, du cèdre (Cedrus atlantica). La faune est caractérisée par une des plus grande colonie de macaques de Barbarie de tout le Maroc, environ 32 espèces de mammifères, plus de 91 espèces d'oiseaux, 17 espèces de reptiles et 9 des 11 espèces d'amphibiens présentes au Maroc. D'autre part, dans le cas du Parc Naturel Régional de Bouhachem, il faut noter l'important patrimoine culturel autant matériel qu’immatériel, telle le pélerinage annuel à Moulay Abdelsalam, un de ses joyaux les plus précieux.

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Patrimoine culturel :

Les objectifs de la RBIM sont la conservation de la bio-diversité, la promotion d’un développement durable en etroite relation avec la société civile et les populations locales dans l’utilisation rationnelle des ressources naturelles. Ces enjeux liés à la mise en place de la RBIM en ont modelés les frontières qui n’ont pas pour fondement une entité culturelle définie. La RBIM est en plein coeur de la société jbala-ghomara sans en embrasser l’étendue. Ses frontières ne sont pas celles de la réalité ethnograhique et culturelle des populations qu’elle englobe. La RBIM, côté Maroc, ne renferme donc qu’une partie de l’aire culturelle jbala-ghomara. L’homogénéité culturelle et ethnographique des jbala-ghomara ne peut être contenue et se comprendre dans le simple cadre de la RBIM. Au contraire, c’est la réserve de biosphère qui constitue une partie de l’aire culturelle des jbala-ghomara.

Les jbala, tiennent leur nom du pluriel de jebli, montagnard issu de jbel, montagne. Loin de nous tout déterminisme géographique, cet ethnonyme n’est pas ancestral, il est récent. Il s’est substitué assez tardivement, au XVème siècle peut être à un autre consacré par l’histoire médiévale : Ghomara. Les habitants de la région de Fes, qui étaient en relations commerciales avec les habitants du Nord-Maroc, les ont qualifiés de « jeblis », habitants de la montagne. Bien qu’il y ait de nombreuses populations de montagne au Maroc, ce nom se retrouve fortement lié aux habitants du Rif Occidental, région connue dans tout le Maroc par « Pays Jbala ».

Limites du “Pays Jbala”

Les attributs essentiels de cette population :

- l’importance des grandes villes facilitant les communications. Une autre configuration a marqué l’histoire de la région : le détroit de Gibraltar. Cette zone qui ferme la Méditerranée a toujours été riche en cités. Cela dès les Phéniciens, qui ont installés deux avant postes sur les routes Atlantiques : Cadix en Espagne et Lixus au Maroc. Concernant la péninsule Tingitane, on parle entre l’Antiquité et le

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moyen-Age de ceinture ou couronne urbaine. On a là une densité urbaine qui ne s’est jamais retrouvée ailleurs par le passé au Maroc.

- la proximité des grandes routes commerciales séculaires entre le Détroit de Gibraltar, carrefour international menant à al-Andalus, et Fès autre carrefour commercial et capitale.

- le refuge que furent ces montagnes, au Xème siècle pour les princes idrissides menacés par les Fatimides de Tunis et les Omayyades des Cordoue.

- le vieil enracinement des courants mystiques dans la région avec l’éminent Moulay Abslem Ben Mchich.

- la participation sur le front au jihâd mené du XV au XVIIème siècle contre la Reconquista entraînant notamment la construction de la ville fortifiée de Chefchaouen et la reconstruction de Tétouan.

- la très grande démographie de la région. La région jbala est en effet très densément peuplé et de sédentarité ancienne.

Du point de vue de la culture matérielle, en dehors des techniques liées au monde agricole et pastoral, deux particularités sont des marqueurs forts de l’identité jbala. Ils concernent la demeure et le vêtement. La maison Jbala, comme celle des ghomara des crêtes, est la seule au Maroc à être recouverte d’un toit de chaume à double pente.

Alors que le vêtement masculin tant à se banaliser (certaines djellaba restent spécifiques), le vêtement féminin est l’une des distinctions les plus flagrantes de la culture des jbala-ghomara. Trois pièces en sont caractéristiques : la jupe tablier, mendil, la ceinture de laine, kurziya, et le chapeau, chechiya

« Le pays jbala nous interroge et nous surprend ainsi sur les capacités de certaines sociétés de montagnes, à telle période de leur histoire, à se définir comme d’authentiques et dynamiques centres de rayonnement culturel. (...) Plus que le Rif dans son ensemble, c’est bien sa zone centrale et occidentale, la plus élevée et la plus humide, qui apparaît frappée du sceau de la singularité». Il ne fait pas de doutes qu’il y là « les effets des confluences nées de la proximité des routes terrestres et maritimes millénaires, permettant à cette région d’héberger des apports multiples qui ont favorisé une singulière fécondité culturelle » (Vignet-Zunz, 2010)

Le patrimoine agroalimentaire: Axe central des stratégies de valorisation de la diversité bioculturelle La région jbala est caractérisée par un système agro-sylvo-pastoral. Aux cotés des ressources de l’arboriculture fruitière qui font pour partie la renommée de la région, s’étalent des cultures céréalières et de légumineuses aux voisinages des ressources forestières entre lesquelles le cheptel pâture. Cet agroécosystème, comme bien d’autres, présente la particularité d’être un écosystème où les milieux cultivés, les milieux naturels et les milieux semi-naturels coexistent et sont étroitement imbriqués.

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Aujourd’hui, les principales caractéristiques du système agro-sylvo-pastoral en pays jbala peuvent être énoncées comme suit1 : une grande diversité des cultures, une SAU réduite et prédominance de la micro (< 0.5 ha) et de la petite propriété (< 5 ha), une forte densité démographique, la présence de la cannabiculture, l’utilisation presque exclusive des variétés locales et l’absence de semences sélectionnées, un faible échange et circulation des semences et des boutures, des cultures rustiques à faible rendement, un savoir-faire traditionnel encore vivant mais menacé, de grandes potentialités en matière de ressources génétiques, et un véritable refuge de l’agrodiversité.

Les principales céréales cultivées sont le blé dur (gemh) et les nouvelles

variétés sélectionnées de blé tendres, l’orge, (chaair), le seigle (chentil) et des céréales de printemps : le maïs (dra tourkiya) et le sorgho (dra ou el hrouni) qui constitue une grande originalité des agrosystèmes rifains. Pour toutes céréales, ils existent une ou plusieurs variétés locales dont les semences proviennent essentiellement des agriculteurs eux-même (circuit fermé). Bien souvent, la céréaliculture se fait en culture intercalaire avec l’arboriculture (olivier surtout). Les engrais et les semences améliorées sont encore peu utilisées. Mais les faibles rendements obtenus, dû notamment à la non mécanisation des travaux agricoles, incitent les agriculteurs à privilégier les cultures à haut rendements comme le cannabis.

Aujourd’hui, plusieurs variétés locales sont menacées de disparition. Il s’agit de variété de céréales anciennes et rustiques : l’engrain ou le petit épautre (chqalia), le seigle (chentil) et d’une variété locale d’orge dite cha‘ir anbia littéralement « l’orge des prophètes » qui est encore parfois cultivée pour des dimensions identitaires et sociales. Les processus actuels de standardisation des modes de production et de consommation suscitent une érosion des savoir-faire et de la diversité des céréales locales. Pour autant, la céréaliculture fait partie du quotidien des populations locales et est un élément incontournable de l’alimentation au travers de la diversité des pains et des semoules.

Les légumineuses sont elles aussi très présentes dans la culture alimentaire des jbala et sont parfois cultivées pour l’alimentation des troupeaux. La fève (ful ou ibawen), le pois chiche (houmès), le pois (jelbana) et les lentilles (laades) sont les plus fréquemment cuisinées et consommées. Elles sont soit cultivées en potager-jardin, soit en intercalaire avec les vergers de fruitiers. Une diversité de plats existent à partir des légumineuses qui peuvent être consommées entières ou après concassage. Certaines variétés de légumineuses locales sont aujourd’hui classées comme des cultures rares ou marginales dont la dolique et les vesces2.

L’arboriculture fruitière est, depuis l’antiquité, caractéristique des agroécosystèmes des montagnes rifaines. De manière générale, les fruitiers revêtent par la richesse des cultures et la diversité des variétés, un intérêt particulier et constituent une caractéristiques des agroécosystèmes traditionnels dans le Rif et donc chez les Jbala-ghomara. Les travaux de Y. Hmimsa, ont permis de recenser pas moins de 15 espèces fruitières à l’échelle du Rif. Les trois essences emblématiques chez les jbala-ghomara comme pour la Méditerranée, sont l’olivier, le figuier et la vigne. Le prunier, l’abricotier, le grenadier, l’oranger, l’amandier, le pommier... sont également

1 Y. Hmimsa et M. Ater, « Agrosystème et agrodiversité : du concept au terroir », Regards sur les patrimoines et les terroirs des Jbala, Ministère de la Culture Marocain, Chefchaouen, Juin 2010, p. 66-68. 2 Se reporter aux travaux de Y. Hmimsa en bibliographie.

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cultivés en fonction des terroirs locaux. Le figuier est particulièrement intéressant du point de vue de la richesse des variétés locales et se présente de fait comme un élément incontournable des paysages locaux.

Quant à l’olivier, majoritairement présent, il a fait l’objet de nombreux projets d’appui et de développement et sa diversité variétale est aujourd’hui assez faible mais les pratiques de greffage sur les oléastres sont assez répandues. Les olives et l’huile d’olive font d’ailleurs partie de l’alimentation quotidienne locale.

Pour ce qui concerne la vigne, certaines de ses variétés cultivées sont, comme pour le figuier, rares à l’échelle du Maroc. En plus de la préparation de raisins secs (zbib), la vigne sert à la préparation de samet, sirop traditionnel à base de jus de vigne cuit), mais sa culture est en nette régression.

L’élevage, qui est surtout extensif, est une activité majeure du pays jbala qui sont d’ailleurs considérés comme des éleveurs de montagnes. Ce dynamisme ancien de l’élevage est aujourd’hui célébré bi-annuellement à Chefchaouen à l’occasion de la foire caprine.

De la diversité à la stratégie de l valorisation …. Les initiatives de valorisation de la diversité biculturelle au niveau du territoire de Chaouen ont principalement visé l’augmentation de la valeur des espaces naturels du territoire, des produits agricoles avec une valeur rajoutée ainsi que l’appui à la diversification économique via la promotion d’activités extra-agricoles comme le tourisme rural. Cependant, il n’existe pas une vision stratégique et concertée du développement territorial mais un ensemble de plans sectoriels, sans mécanismes de coordination visant à valoriser les synergies entre les différents secteurs d’activités. Approches nationales et territoriales … La nouvelle stratégie de développement du secteur agricole, le “Plan Maroc Vert”, considère l’agriculture comme principal moteur de croissance et de lutte contre la pauvreté. Il a été lancé officiellement en avril 2008 et vise la réalisation de 1000 à 1500 projets de développement dans les différents secteurs de l’agriculture. En 2010 l’investissement total, autant public que privé, réalisé grâce à ce plan a atteint un milliard d’euros, dans le but d’atteindre un Produit Intérieur Brute Agricole de neuf milliards d’euros en 2020. D’une manière globale, la stratégie du Plan Maroc Vert (PMV) fait la différence entre l’agriculture intensive, industrielle et productiviste (pilier I) et l’agriculture solidaire à petite échelle (pilier II) et propose une stratégie de développement adaptée pour chaqu’une d’entre elles. Dans le cadre du deuxième pilier du “PMV”, un vaste programme d’identification et développement des produits locaux a été lancé dans toutes les régions du pays, afin de valoriser le patrimoine agroalimentaire en tant que moteur de l’économie rurale pour les agriculteurs à petite échelle. Au cours des dernières années, la région Tanger- Tétouan en général et la province de Chefchaouen en particulier, se sont illustrées par leur appui fourni au développement des produits locaux emblématiques de la région.

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Les différents acteurs publics et la société civile considèrent la valorisation et la promotion de la diversité des produits de la région comme un axe stratégique. Des produits tels que le fromage frais à base de lait de chèvre, viande de chevreau, huile d’olive, miel, figues sèches, haricots, samet (jus de raisin cuit), plantes médicinales et aromatiques, etc. Le développement de ces secteurs a atteint son point culminant avec le Forum International “Planète Terroirs”, organisé en juin 2010 à niveau de Chefchaouen, par l’association française “Terroirs et cultures” en partenariat avec une association locale très active dans ce domaine, l’ « Association Talassemtane pour l’Environnement et le Développement » a Chefchaouen, ATED. L’intérêt porté par les différents acteurs du développement à ces productions s’est centré sur le développement des secteurs de production (création de groupes professionnels, renforcement des capacités au niveau de l’organisation et la production) et dans l’amélioration des capacités de gestion. Les interventions n’ont pas donné une grande importance aux aspects relatifs à la structuration des chaînes de valeur, négligeant un axe central de toute initiative de développement concernant le secteur productif: la commercialisation et la mise en marché de ces productions locales. Actuellement, la commercialisation de ces produits locaux est considérée comme le principal facteur qui limite le développement et l’impact socio-économique des différents secteurs productifs. Dans ce contexte, depuis maintenant deux ans, la municipalité de Chefchaouen s’est positionnée comme un acteur fondamental de la gouvernance des différents acteurs au niveau territorial et de la promotion des ressources locales. Cette volonté a été matérialisée par : la réalisation d’un ensemble d’initiatives avec des associations locales sur des questions concernant le développement local / un travail de facilitation et de mediation entre les associations et les acteurs de la coopération internationale / l’appui au renforcement de l’attractivité de la ville et du territoire / et plus récemment via sa participation active dans des projets de développement touristique, marketing territorial et promotion des produits locaux (par exemple : création récente à Chefchaouen d’un marché des produits locaux). Toutes ces actions ont été reconnues par l’UNESCO en 2010 qui a designée Chefchaouen comme “communauté emblématique » de la Diète Méditerranéenne, patrimoine culturel immateriel de l’humanité. Aujourd’hui, plusieurs initiatives pilotes existent dans la région de Chefchaouen. Les participants de la Route d’Apprentissage pourront les découvrir. Il est prévu de créer les conditions adéquates pour arriver à un vrai échange concernant les déterminants et les facteurs de blocage des dites initiatives. Celles-ci ont été choisies pour leur dynamisme et le compromis des acteurs locaux concernant la valorisation des ressources endogènes en tant que facteur de développement local et territorial.

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INITIATIVES Nom de l’initiative et localisation: La Cinémathèque de Tanger www.lacinémathèquedetanger.com Brève description du projet : Le projet de La Cinémathèque de Tanger est né du désir d’un groupe d’artistes de montrer des films peu vus, peu projetés au Maroc, issus d’horizons esthétiques et géographiques lointains. Mais aussi du désir de les conserver, d’en garder une trace et de la perpétuer auprès du public. Unique initiative socio-culturelle qui se visite à Tanger, la cinémathèque est une initiative pionière de conservation et valorisation du patrimoine audiovisuel au niveau de l’Afrique du Nord. Yto Barrada, la gérante, est une artiste connue dans le monde entier. Après six ans de travail acharné, la Cinémathèque de Tanger (CdT) s'est installée en décembre 2006 dans les murs du cinéma Rif (1938). Entièrement rénovée, la CdT dispose d'équipements uniques dans la région : deux salles de projections (300 places et 50 places) équipées pour le 35mm, le 16mm, et la vidéo. La CdT dispose également d'une bibliothèque, d'un café Wi-Fi, d'une salle de montage et de post-production, et d'un centre de consultation dédié à nos archives. La Cinémathèque de Tanger est une association à but non lucratif qui veut développer la culture cinématographique au Maroc, être un lieu de découverte, de rencontre et de savoir. Relation avec la dynamique de territoire: Nos activités sont résolument plurielles : projections de classiques du cinéma et de films arabes récents, programmations hebdomadaires de courts-métrages et de documentaires, festival dédié au jeunes Talents, et ciné-club junior. Avec ses ateliers de réalisation, la Cinémathèque de Tanger propose la seule école de cinéma accessible à tous. Et parce qu’une cinémathèque, c’est aussi une collection, nos archives, composées de documentaires, et de films d’artistes du Maghreb et du Moyen-Orient, des origines à nos jours, témoignent de l’histoire et du devenir de la Région, et sont notre patrimoine commun. Cette collection, riche et unique, a déjà voyagé de Paris à Los Angeles, en passant par Londres et Séville. Données quantitatives: 2 salles de projection : 365 et 75 places L’équipe est composée de 4 membres Les tarifs d’entrée sont faibles pour permettre à tout le monde de venir :

2Odh l’entrée (~1,80 €) 100dh l’abonnement à l’année (~9,10€) Budget annuel = ~5 millions de dirhams (=~455 000 €) Fréquentation : 2500 à 4000 visiteurs/mois

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Principaux facteurs de réussite/blocage et vision pour le futur La programmation est conçue comme un festival permanent, festif et convivial : carte blanche à des festivals du monde entier, films primés des 5 continents, rencontres avec des réalisateurs, hommages à des grands cinéastes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Nom de l’ initiative et localisation: Chaouen rural, Chefchaouen En 2006, un ensemble d'acteurs impliqués dans le développement du tourisme rural dans la région ont décidé de créer un réseau de gîtes ruraux unissant leurs forces dans le but d'améliorer la commercialisation de services touristiques et de contribuer à la conservation des savoirs traditionnels de la région. Cette initiative, appelée "Chaouen Rural» permet aux touristes de découvrir les richesses naturelles et culturelles de la région et de participer à de petits ateliers d'apprentissage. L'association "Chaouen Rural» est aujourd'hui constituée d'un comité de pilotage qui réunit les gérants de trois gîtes très actifs au niveau régional et un secrétariat chargé de la promotion et la commercialisation de l'offre touristique existante dans la région, en se focalisant sur l’axe central, commercialiser des séjours dans les gîtes du réseau. L’Association Chaouen Rural est le résultat d'un projet de collaboration mené par l'Association catalane pour les loisirs et la culture (ww.actlc.org) initié en 2006. Entre autres activités, les visiteurs peuvent apprendre les techniques traditionnelles de fabrication du pain apprendre à reconnaître et traiter certaines plantes aromatiques et médicinales ou apprendre quelques techniques de la poterie traditionnelle. Cette forme de tourisme est très similaire à ce que l'UNESCO appelle «tourisme créatif», une nouvelle génération de tourisme qui suppose une intéraction éducative, émotionnelle et sociale avec le lieu, sa culture et les communautés locales. Ce type de tourisme permet aux détenteurs des savoirs traditionnels de participer activement à leur conservation et de dépasser le statut d’observateur dans lequel le tourisme les positionne pour être considérés comme des transmetteurs de connaissances.

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Aujourd'hui, Chaouen Rural est une initiative pionnière dans la région au nord du Maroc, cependant le statut d’association limite la visibilité de leurs travaux de commercialisation de services touristiques car la législation marocaine autorise uniquement la commercialisation de ce type de services au niveau des agences de voyage. Par conséquent Chaouen Rural se positionne comme un acteur intermédiaire entre les demandes des visiteurs et les gîtes ruraux, sans trop mentionner leurs activités de commercialisation. Plus d'informations sur www.chaouenrural.org

Nom de l’initiative et localisation: Union de coopératives apícoles Rif Chaouen (UCAP) www.mieldesjbalas.com Localisation: Centre de la Commune Rurale de Dardara Les coopératives membres de l’Union sont toutes issues des provinces de Chefchaouen et Ouezzane, mais dans son statut, l’Union prévoit d’inclure des coopératives de toute la región Tanger-Tetouan (7 provinces). Brève description du projet: Antécédents: Depuis la fin des années 90, diverses initiatives d’ONG étrangères et locales et, plus récemment, de l’Etat, particulièrement à travers le projet MEDA entre le Ministère de l’Agriculture et l’Union Européenne, sont venus promouvoir le développement du secteur apicole comme alternative d’activité économique durable, dans la province de Chefchaouen. En 2007, on comptabilise une cinquantaine de coopératives dans la province, avec des niveaux de gestión et de développement assez hétérogènes. De plus, on a identifié différents défis pour les apiculteurs de cette región: la nécessité d’améliorer les résultats techniques, adapter ses produits aux différents marchés potentiels, faire face à la concurrence des miels des autres régions, participer à la préservation de la biodiversité et contribuer au développement local et la valorisation su territoire. Création: En juillet 2008 avec 8 coopératives, dans le cadre d’un projet réalisé par ADL-Chefchaouen et la fondation IPADE, financé par l’ AECID (Agence Espagnole de Coopération Internationale). Champs d'action: Objectifs: Renforcer les capacités humaines, techniques et matérielles des coopératives membres, et mettre en œuvre des services collectifs qui permettront d'atteindre l'autonomie financière. En ce sens, l'UCAP travaille dans la valorisation de la production des coopératives à travers l’amélioration de la qualité, la diversification des produits et le renforcement de la commercialisation..

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Modèle de gestion/gouvernance: En 2011, l’ UCAP est formée de 13 coopératives apicoles. Les conditions d'adhésion à l'UCAP sont: avoir une situation jurídico-légale à jour, avoir pour principale activité l’apiculture, se situer dans la región Tanger-Tétouan et accepter les statuts de l’UCAP. L'assemblée générale est composée d'un représentant de chaque coopérative mandaté par celle-ci, et se réunit au moins une fois par an. Le conseil d'administration de l'Union se compose de 6 membres élus par l'assemblée générale se réunit chaque mois pour effectuer le contrôle, le suivi et la planification des activités de l'UCAP. Accès aux marchés/profil des consommateurs: L'accès aux marchés s'est considérablement améliorée en 2011 avec la réalisation de supports marketing (étiquettes, roll-up, des brochures, site internet en cours de finalisation) et la participation de l’UCAP à différents salons internationaux, régionaux et locaux . Jusqu'à présent, la vente était faite uniquement dans le local de l'UCAP. Les acheteurs sont des consommateurs (principalement des habitants de la région et certains touristes nationaux de passage dans la région ...). Relation avec la dynamique territorial - L'Union des coopératives apicoles a pris part au projet initié par la ville de Chefchaouen visant à créer un marché des produits locaux. Les synergies avec d'autres coopératives de la región ont été encouragées: la Coopérative Jnan Rif et l’association de femmes d’Amlay à travers la commercialisation de leurs produits (figues, plantes aromatiques et médicinales) - Collaboration avec l’ Association “Chaouen Rural”, qui dispose d'un espace de vente sur Chefchaouen Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la politique agricole nationale: Le Plan Maroc Vert Evolution de la production: Volume de production de toutes les coopératives: En 2009: 5316 kg de miel avec 1314 ruches en production. En 2010: 9215 kg de miel avec 1801 ruches en production de miel (contribution de 140 ruches pleines de la part de IPADE / ADL). En 2011, l'UCAP a reçu 1000 ruches pleines par la DRA. Facteurs de réussite 1) L'idée initiale de s’unir vient de la volonté de quelques coopératives et fut soutenue par l’administration et les ONGs. 2) Certaines des coopératives membres de l'UCAP ont bénéficié d'aide dans le cadre de projets antérieurs et disposaients d’une expérience et de moyens minimes. 3) La construction et l'équipement d'un centre de conditionnement, l’appui au

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marketing et la formation continue. 4) L'appui et le contrôle technique permanent par le projet ADL / IPADE et maintenant par la Direction Provinciale de l'Agriculture. Facteurs de bloquage - Niveau de gestion, de production et de commercialisation hétérogène entre les différentes coopératives. - Des visions et des objectifs différents parmi les membres des coopératives Vision à moyen/long terme: - Autonomiser la gestion administrative et financière de l'UCAP. - Développer des services pour les coopératives membres (formation, assistance technique, vente d'intrants ...) (vue partagée par la DPA et les ONGs) - Améliorer la communication interne entre les coopératives membres et l’UCAP - Participer à des foires de produits locaux, naturels ... - Augmenter la capacité de vente locale, en ayant un espace de vente dans la ville de Chefchaouen. - Commercialiser dans les supermarchés Marocains Nom de l’initiative et localisation: Maison Rurale de Bellota

Douar Bellouta, commune rurale Brikcha, Province Ouezzane Brève description du projet : La Maison familiale fut construite à partir de1980. Le projet de tourisme rural de Bellota est une initiative familiale dont l’objectif est d’augmenter le revenu familial et contribuer à la dynamique socio-économique de la région. Il a commencé en 2006, dans le cadre d’un partenariat de projet entre l’ONG espagnole (ACTLC) et l’association marocaine (Rif el Andalous) visant à promouvoir le tourisme rural dans la province de Chefchaouen.

Il s’agit d’un projet agro-écotouristique qui intègre le tourisme rural et l’exploitation agro-écologique des parcelles. Activités proposées : sur place : Pratique d’activités agroécologiques, ateliers de gastronomie locale (pain, tajines, …) ,traite de la vache, broyage des fèves et du maïs au moulin traditionnel, vêtements locaux. aux alentours : Circuits pedestre dans le SIBE Brikcha, balades au Douar (architecture, histoire, géographie), visite des coopératives (apiculture, produits cosmétiques, sel de la montagne, huile d’olive), musée d’ethnoécologie, visite du Souk (samedi)

Les principales étapes depuis la création ont reposées sur : -l’amélioration de la structure d’accueil (capacité d’accueil, hygiène,…) ; -la formation des membres de la famille (accueil, services,…) ; -le développement des circuits et visites (SIBE de Brikcha, coopératives,…)

Les personnes ressources de la famille sont: Abelghani : agent de développement, président d’une coopérative de tourisme rurale, président de l’association locale (ARDB).

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Abdenour : apiculteur, gérant de la Coopérative Agricole de Bellota (CAB). Salaheddine : géographe, animateur en agroécologie. La membres de la famille sont chargés de l’accueil et des services du gite (cuisine, entretien,…)

Cette initiative s’adresse aux touristes(tourisme solidaire),jeunes mais aussi

aux experts et agriculteurs sensibles à la préservation des ressources naturelles. Relation avec la dynamique de territoire: La maison rurale est au cœur des initiatives de développement territorial, elle fait partie d’un réseau d’acteurs et plusieurs membres de la famille font partie d’une association. Elle propose des activités telles : Visites de coopératives et achat de produits par les Touristes ; Présentation des produits locaux et du patrimoine naturel et culturel de la région aux touristes ; Sensibilisation des visiteurs à l’agro écologie. Données quantitatives: Estimations de l’année 2010-2011: Nombre de nuitées par an :200 Nombre de couverts :160 Revenu Net : 80 000dh (soit ~7300€) On observe une évolution de 20 à 40% chaque année. Nationalité des touristes en 2010-2011: Français, Marocains, Américains, Anglais, Espagnols Principaux facteurs de réussite/blocage et vision pour le futur Facteurs de réussite : La situation géographique (SIBE Brikcha…) ; La motivation ; Le savoir faire ; Gestion privée de projet de gite ; Implication des habitants de la région à la dynamique socioculturelle Ouverture sur d’autres organismes et recherche de partenaires clés Facteurs de blocage : Manque d’investissements privés Manque d’aide de l’état Manque de visibilité (marketing,…) Absence de programmes de développement dans le secteur de l’agro-écotourisme au Maroc.

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A moyen et long terme : La structure a une vision de développement durable (tourisme, agriculture, artisanat, nature-culture,..), de retour à la terre et de valorisation du territoire (écologique, économique et social). Elle veut prendre part activement dans la dynamique socioéconomique régionale.

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Nom de l’initiative et localisation: Coopérative APIA, Commune Rurale Asjen, Mokrisset. Brève descriptión du projet: La coopérative APIA a été créée en 1999 par un couple d’ingénieurs agronomes décidés à se lancer dans l'aventure des produits du terroir en utilisant les moyens modernes du marketing. Ils ont commencé leurs activités avec la production de miel avant de se diversifier et développer une gamme de produits du terroir.Ainsi vend-elle aujourd’hui une vingtaine de variétés de miel, toutes produites au Maroc, de l’huile d’olive et des olives conditionnées, des plantes aromatiques et médicinales, l’incontournable l’huile d’argan et des confitures. Tout cela est écoulé au sein de ses propres points de vente. Réunissant 5 apiculteurs et 2 arboriculteurs, cette coopérative est une vraie réussite, comme l’atteste la multipliation des points de vente en 10 ans : Ouezzane, Rabat, Maline (Belgique), et plus récemment sur le boulevard convoité d’Anfa à Casablanca. Elle a montré l’importance des techniques modernes de marketing pour la valorisation et la commercialisation des produits du terroir. Relation avec la dynamique territoriale: La coopérative APIA contribue à maintenir les savoirs traditionnels, elle commercialise une large gamme de produits du terroir qui s’est élargie au fil des contacts avec les agriculteurs. Elle fait preuve d’une réelle dynamique de territoire en multipliant les partenariats et activités, elle tente d’intégrer des agriculteurs et participe à plusieurs projets de développement, par exemple elle a financé la construction d’une station de traitement des rejets liquides pour l’huilerie d’Ouazzane en partenariat avec la coopération espagnole et l’Agence du bassin hydraulique du Loukkos. Données quantitatives: Investissements depuis le debut de l’initiative: 8 millions de dhs (~730.000 €) Production:Une centaine de tonnes d’huile d’olive; environ 30 tonnes de miel; 4000 litres d’huile d’argan; Principaux facteurs de réussite/blocage et vision pour le futur

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Les débuts furent difficiles, la commercialisation posait un grand problème et la coopérative a eu enfin recours au marketing. Malgré la qualité des produits, ils ne savaient pas les vendre. Ils ont donc décidé d'utiliser les techniques de marketing qui se basent sur le prix, le produit, la place de vente et la promotion pour mieux commercialiser les produits. Le marché de la grande distribution a été abandonné car la concurrence du miel importé et étiqueté marocain était forte, la

coopérative a alors opté pour la vente directe. Ces techniques ont aidés à respecter les critères de qualité et d’authenticité des produits tout en répondant aux attentes des consommateurs. La coopérative a diversifié ses activités, et sa clientèle en multipliant les points de vente, ce qui lui donne à présent une structure solide. La production est alignée sur les besoins des points de vente et l’absence d’intermédiaire permet de proposer des produits à un prix étudié. Il est prévu d’ouvrir en 2011 une usine pour la production de l’huile d’argan dans la región d’Agadir, mais aussi un point de vente pour le miel et une unité de production des plantes aromatiques et médicinales à Kénitra. Le catalogue des produits va continuer à s’épaissir, la coopérative est actuellement en voie de lancer un projet de labellisation « produits du terroir » et un site internet pour la vente en ligne des produits est actuellement envisagé.

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Nom de l’initiative et localisation: Groupement d’Intérêt Economique « Femmes du Rif », Douar Bab Joughmar, Commune Rurale d’Ain Baida, Province d’Ouezzane

Brève description du projet : Le GIE « Femmes du Rif » regroupe une dizaine de coopératives féminines sur un rayon de 120 km, c’est un des plus importants projets pilotes du Programme Intégré Maroc initié en 2001 par le Ministère marocain chargé du Commerce et de l’industrie en collaboration avec l’ONUDI, avec l’appui de la coopération espagnole à travers le projet « Développement de l’entreprenariat féminin dans le secteur agro-industriel au Maroc ». Il produit en agriculture et process certifiés biologique de l’huile d’olive extra vierge, vierge et courante, et des produits dérivés (Olives de table, pate d’olive, savon mou et savon dur). C’est un marché de niche, puisqu’il privilégie la qualité à la quantité, et est en cours de labellisation commerce équitable (FLO). Relation avec la dynamique de territoire: Cette initiative a créée une vraie dynamique de territoire, notamment à travers la création de plusieurs emplois stables, l’amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires, la synergie mise en place en partenariat avec les autorités locales, les bailleurs de fond nationaux et autres acteurs de développement. Données quantitatives: Capacités de production/transformation : 15 à 30 tonnes d’huile d’olives (environ 200 tonnes d’olives traitées) Chiffre d’affaire annuel ~675.000 à 1.350.000 dhs, (de 61 000 à 123 000 €) Exportations : 65% des ventes Ventes locales : 35% Principaux facteurs de réussite/blocage et vision pour le futur Principaux facteurs de réussite : la démarche bien réfléchie depuis le début du projet basée sur les principes et les bonnes pratiques de production, fabrication et de qualité. Principaux facteurs de blocage : analphabétisme et commercialisation Le développement de la structure à moyen et long terme ne se fera qu’à travers le réseautage, la mutualisation des efforts des différents acteurs de développement, la mise en synergie et le partenariat, notamment à travers des initiatives innovantes telles que le projet « Route d’Apprentissage ».

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Vue panoramique des champs d’oliviers

Une femme faisant découvrir le produit à son mari

les membres du GIE en action

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Nom de l’initiative et localisation: Coopérative JNAN RIF de séchage de fruits secs - Douar Ljabrienne, CR Ain Baida, Mokrisset Brève description du projet : Le groupement s’est créé en 2006 et compte 9 adhérents. Le projet vise à améliorer le revenu des agriculteurs à travers la valorisation du secteur des fruits secs notamment les figues. Ce projet a bénéficié de plusieurs appuis, la DPA a mis à disposition le local et les équipements de la coopérative, le Programme INDH a financé la clôture de la coopérative. L’Assistance technique a été appuyée conjointement par la DPA et l’ONG ENDA Maghrib. Relation avec la dynamique de territoire: Le projet concerne la valorisation de tout le secteur des fruits secs et bénéficie aux initiatives similaires. La coopérative est intégrée dans un réseau d’acteurs (touristiques et développement) et contribue à perpétrer les savoirs traditionnel Données quantitatives: 2006-2007 : Séchage de 6 tonnes de figues 2007-2008 : Séchage de 11 tonnes des figues 2008-2009 : Séchage de 9 tonnes de figues Principaux facteurs de réussite/blocage et vision pour le futur La zone d’action de la coopérative (Ain baida) a une faible production de figues, ce qui crée une forte dépendance en matière première provenant d’autres zones. La coopérative a mobilisée un fond de roulement trop faible, incapable de réaliser les objectifs escomptés de l’unité, qui tourne à 30% de sa capacité minimale). La structure nécessite une Assitance Technique en matière d’application des bonnes pratiques de qualité (production, transformation, hygiène et de commercialisation) et sur les plans organisationnel, administratif et comptable. Elle effectue un travail de recherche sur l’implantation des vergers par des variétés de figues aptes au séchage dans la zone.

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Nom de l’initiative et localisation: Fromagerie Ajbane Chefchaouen Brève description du projet : La production de lait de chèvre et sa transformation de fromage frais ou « jben » est une activité traditionnelle de la ville de Chefchaouen. En 1990, une fromagerie collective a été créée par les services de la DPA et a bénéficié de l’appui financier du Programme Alimentaire Mondial (PAM), puis la gestion de cette unité a été confiée à l’ANOC en mai 1999. Le lait est collecté auprès d’une quarantaine d’éleveurs adhérents au prix de 6,30 dh/L (6 dh/L pour l’éleveur), puis transformé et commercialisé par la fromagerie. Les éleveurs bénéficient d’un encadrement technique de la part de l’ANOC. Les fromages produits sont les suivants :Fromage frais lactique / Tomme de pate pressée, produite depuis 2004 / Gouda, produit depuis 2010 Depuis 2011, les produits bénéficient d’une IGP agrémentée dont les procédures restent à mettre en place. La fromagerie a bénéficié de l’accompagnement de divers acteurs : CFPPA et Centre Fromager de Carmejane, l’ONG belge Louvain Développement, la CTB (ambassade de Belgique au Maroc), l’Ambassade de France, et le Projet MEDA (mise aux normes HACCP et obtention d’un agrément sanitaire).

La fromagerie Ajbane Chefchaouen emploie 2 techniciennes spécialisées (gestion et qualité) et 3 ouvriers, salariés de l’ANOC. Les éleveurs qui livrent le lait sont organisés en groupement ANOC et impliqués dans la gestion de l’unité . Les consommateurs sont essentiellement issus d’une classe sociale relativement aisée et sont situés dans les grandes villes (Tétouan, Tanger, Rabat, Casablanca) et à Chefchaouen où le fromage de chèvre est fortement ancré dans la patrimoine

gastronomique. Relation avec la dynamique de territoire: La fromagerie Ajbane Chefchaouen est un outil de développement socio-économique pour la région car elle assure des revenus intéressants aux éleveurs du fait du prix d’achat du lait qui est bien supérieur aux prix habituellement observés sur le marché. De plus, le fromage de chèvre est un produit emblématique de la région qui contribue à son image et à sa renommée à l’échelle nationale. Il est notamment valorisé dans les restaurants de Chefchaouen. Données quantitatives: Année 2010 Collecte : 155 347 L de lait collecté par an Transformation : 140 962 L en fromage frais, 11 710 L en tomme et 1310 L de gouda. Chiffre d’affaire annuel et évolution sur les dernières années : 2008: 1.232.487 Dh (110 000€) ; 2009: 1.552.107 Dh (141 100 €) ; 2010: 1.810.691 dh (160 000€) Marge brute pour l’éleveur : 2OOO Dh/chèvre élevée

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Principaux facteurs de réussite/blocage et vision pour le futur Facteurs de blocage : L’unité a rencontré quelques difficultés de commercialisation à ses débuts, le problème réside dans la saisonnalité du produit (dépend de la lactation)et la méconnaissance du produit par les clients distributeurs. L’unité tourne à 30-50% de sa capacité et trouve des difficultés pour augmenter le volume de lait à collecter (dominance de chèvres locales pour la viande). Facteurs de réussite : Le produit s’est imposé par la qualité des produits, la notoriété et l’ancrage dans le territoire… La fromagerie compte diversifier ses produits et note que le gouda a un potentiel dans la région, par ailleurs l’effort va être porté sur la qualité (hygiène, sécurité alimentaire…) en vue d’obtenir des certifications (HACCP). La fromagerie veut continuer sa démarche de développement en intégrant des agriculteurs et par ses actions.

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3- Analyse des potentialités et limites de l’expérience territoriale et des Apprentissages Facteurs de succès: Le facteur de succès principal de la dynamique territoriale observée dans le territoire marocain de la Reserve de la Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée est le dynamisme de la société civile et sa relation avec les programmes de coopération internationale, principalement espagnole et française, favorisée par la position stratégique de ce territoire du nord de l’Afrique (frontière avec l’Europe). Ces dernières années, la plupart des associations internationales et marocaines se sont centrées sur la conservation et la valorisation des patrimoines naturels et culturels du territoire, avec un appui spécial donné au développement des coopératives agricoles et au developpement de l’offre de tourisme rural. Par ailleurs, la place occupée par Chefchaouen en tant que principale destination pour le tourisme naturel et culturel au niveau regional et national, a contribué à donner une cohérence entre produits locaux et image du territoire, ce qui permet que le nom de Chaouen, avec ses valeurs naturelles, d’authenticité et typicité influence de manière positive la perception qu’ont les visiteurs des produits de terroir de la région. Enfin, il est evident que la volonté politique tant au niveau municipal que national de valorisation des spécificités locales dans un contexte de regionalisation avancée est un facteur très important afin d’accompagner et stimuler ces processus de valorisation de la diversité bio-culturelle. Principaux facteurs limitants: Le manque de coordination et de concertation entre les acteurs locaux et le manque de vision stratégique pour le futur du territoire sont sans doute les principaux facteurs limitant une valorisation durable des patrimoines naturels et culturels. Il est très important d’avoir un acteur qui coordonne les différentes initiatives pour la valorisation des ressources bio-culturelles. Ainsi, l’ensemble des initiatives sont à même de maximiser les résultats individuels générés et donc l’impact sur le développement du territoire s’en voit renforcé. Le système de gouvernance marocain, et ses différents « couches superposés » tels que l’echelon municipal, provincial et régional, associé à la faible gouvernance de la RBIM et des parcs nationaux existants ainsi qu’à la fragmentation et la sectorialisation extrême des interventions des acteurs publics empêchent qu’un acteur soit suffisamment légitime et ait les compétences nécessaires afin de prendre le leadership de la gouvernance territoriale. Récemment la municipalité de Chaouen a pris l’initiative de créer à la fin de l’année 2011 des comités citoyens où les différents acteurs du territoire seront réunis, divisés en thématiques diverses (jeunesse, loisirs, économie locale, tourisme, etc.). Pourtant la légitimité de la municpalité est parfois questionnée par des acteurs territoriaux qui reprochent à la municipalité d’aller plus loin que ses prérogatives, qui selon eux se limitent à la gestion de la comune urbaine de Chefchaouen. Le fait que les sièges sociaux de principales associations se trouvent dans le centre urbain, ainsi que le dynamisme et la vision de l’équipe municipale, pourrait pourtant couvrir de manière partielle ce déficit de gouvernance. D’un autre côté, après la réforme constitutionnelle réalisée au Maroc suite aux mouvements sociaux généralisés dans tout le monde arabe, l’on prévoit le renforcement des prérogatives des régions afin qu’elle puisse se positionner comme acteurs centraux de la gouvernance territoriale avec un important appui de la part des municipalités. Le Maroc, conscient du

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problème central que représente une gouvernance diluée dans un contexte d’intervention publique-privée massive dans le domaine du développement rural et territorial, espère trouver au cours des prochaines années, les mécanismes de concertation et de coordination nécessaires qui permettront d’améliorer efficience et impact au niveau de la planification territoriale. Un autre facteur limitant au développement d’une stratégie de valorisation de la diversité bio-culturelle est le manque de commercialisation et accès au marché pour les produits et services du territoire. A titre d’exemple le seul magasin permanent dans la médina de Chefchaouen qui vend des produits alimentaires locaux (produits des coopératives), le magasin “Chaouen Rural”, réalise un chiffre d’affaire annuel de 600€ ! Ce chiffre extrêmement faible (comparé au 1,5 millions d’euros de chiffre d’affaire potentiel estimés pour la vente des productions locales dans la région de Chefchaouen) peut être expliqué par le manque de visibilité du magasin, et le manque de compétences commerciales du personnel. Ces données, auxquelles s’ajoute le chiffre de plus de 100.000 visiteurs par an qui passent par Chaouen, justifient le besoin de consolider les espaces de vente actuels et le développement de nouveaux espaces d’échange entre les consommateurs urbains et les producteurs ruraux. Le manque de sensibilisation des jeunes sur la richesse et diversité des patrimoines locaux représente également un autre facteur limitant de grande importance. Le faible intérêt des jeunes pour les initiatives liées à la valorisation des patrimoines locaux est egalement lié au point précédent concernant le manque de commercialisation et l’accès au marché limités, puisque ces initiatives ne sont pas considérées attirantes du point de vue économique. Dans le même sens, l’innovation et la créativité liée à la recherche de nouvelles perspectives de valorisation des ressources locales qui stimulerait les opportunités économiques, n’a pas été très développée. Un des axes centraux des stratégies de valorisation et l’appui à l’innovation, la créativité et aux procès innovateurs d’interprétation du patrimoine local. Enfin, l’égalité et l’équité des sexes sont essentiels dans tout procès de développement, dans le cas du territoire de Chefchaouen où la femme urbaine et rurale sont sans doute le moteur du développement local, il est nécessaire d’impliquer les femmes et de valoriser leur rôle dans les processus de développement, afin de renforcer leur contribution et générer des dynamiques positives. Enfin, paradoxalement, un important facteur limitant est lié à un des principaux facteurs de réussite : la temporalité et la dynamique propre à la politique nationale de valorisation des sepcificités locales. Cette politique ambitieuse et proactive est menée avec des objectifs de résultats et une temporalité parfois peu cohérente avec les processus de construction territoriale, de concertation et particpation des acteurs locaux. Enfin, dans la recherche de nouvelles formes de valorisation du patrimoine bio-culturel il existe le risque de provoquer la marginalisation des connaissances, produits et pratiques qui ne sont pas encore viables du point de vue économique, et ne le seront peut-être jamais et qui pourtant, font partie de notre diversité créative et pour cette raison constituent une source potentielle de développement.

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3. Bibliographie

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-­‐ E.G.M.A.S.A.  Programa  de  uso  público  –  Parque  Nacional  de  Talassemtane   (Marruecos),  RBIM,  Andalucía  (2008).  

-­‐ Etude   de   faisabilité   pour   la   création   d’un   marché   des   produits   du   terroir   à   Chefchaouen,  Diversités  et  Développement,  junio  de  2011.    

- Haut    Commissariat  aux  Eaux  et  Forêts  et  à  la  Lutte  Contre  la  desertification,  GTZ.  Les  aires  protégées  du  Maroc.  Septiembre  2002.  

- Hmimsa  Y.  et  M.  Ater,  «  Agrosystème  et  agrodiversité  :  du  concept  au  terroir  »,  Regards  sur  les  patrimoines  et  les  terroirs  des  Jbala,  Ministère  de  la  Culture  Marocain,  Chauen,  junio  de  2010,  pp.  66-­‐68.  

- Jabiot   (I),   «   Penser   le   rapport   à   l’environnement   »   en  Regards   sur   les   patrimoines   et   les  terroirs  des  Jbala,  Ministère  de  la  Culture  Marocain,  Chauen,  junio  de  2010,  pp.  94-­‐99.    

- Junta  de  Andalucia  La  propuesta  de  la  reserva  de  biosfera  intercontinental  del  Mediterráneo  Andalucía  (España)  –  Marruecos,  en  http://www.juntadeandalucia.es/  

- Vignet-­‐Zunz   (J),  «  Un  Rif  ou  deux  Rif  ?»,  en  Regards  sur   les  patrimoines  et   les   terroirs  des  Jbala,  Ministère  de  la  Culture  Marocain,  Chauen,  junio  de  2010,  pp.14-­‐17  

- Vignet-­‐Zunz,  «De  l’identité  des  Jbala»  en  Regards  sur  les  patrimoines  et  les  terroirs  des  Jbala,  Ministère  de  la  Culture  Marocain,  Chauen,  junio  de  2010,  p.57.  

4. Liens útiles

 

www.rbiosferamediterraneo.com

www.chaouen.ma    

www.chaouenrural.org    

http://chefchaouenrural.blogspot.com/  

http://www.accueil-­‐paysan.com/hote.asp?fiche=MA09