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Fascisme, nazisme et stalinisme Quatrième cours : Les bases – Militarisation sociale : Partis et organisations sociales

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Page 1: Fascisme, nazisme et stalinisme Quatrième cours : Les bases – Militarisation sociale : Partis et organisations sociales

Fascisme, nazisme et stalinisme

Quatrième cours :

Les bases – Militarisation sociale : Partis et

organisations sociales

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3.3 – Les ajouts et modifications du stalinisme

• Si le léninisme est un marxisme adapté, le stalinisme serait-il lui aussi une adaptation à la fois du marxisme et du léninisme? Le fait que Lénine fut à la fois un théoricien et un praticien de la révolution ne simplifie pas la tâche : de quel Lénine parle-t-on, alors?

• Le courant dominant dans la soviétologie avait coutume de faire une filiation directe entre Lénine et Staline. La démarche est simple : si le stalinisme est condamnable et si celui-ci descend du léninisme, c’est dire que le léninisme est condamnable.

• Cette lecture impose une analyse déterministe à l’évolution de l’URSS après la mort de Lénine et fait abstraction du rôle joué par les personnalités dans la mise en place de ce qui deviendra le stalinisme.

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• Ainsi, s’il est exact de dire que le stalinisme est une continuation du léninisme, il est exagéré et faux de prétendre qu’il en était la seule continuation possible.

• À la mort de Lénine, Staline n’est que l’un de ses lieutenants, sa pensée politique est peu développée et à côté de lui se trouvent des théoriciens d’un calibre nettement supérieur, à qui il va emprunter certains éléments pour élaborer sa propre vision du léninisme et du marxisme. Ainsi, le stalinisme est bien un léninisme, mais un léninisme parmi tant d’autres.

• Lénine voyait une impossibilité pratique à ce que la révolution socialiste ne triomphe qu’en Russie. Dès 1917, il croit que sans une révolution mondiale, le pouvoir bolchévique ne saurait survivre. Cela tient autant à l’internationalisme prolétarien qu’à l’absence en Russie des structures permettant le socialisme. Il fallait donc exporter la révolution et même en 1917 transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire.

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• Après quelques tentatives, il devient évident que la révolution mondiale n’aura pas lieu et Lénine se décide à se consacrer à la mise en place des conditions économiques nécessaires à l’apparition du socialisme en Russie : ce sera la NEP.

• À la mort de Lénine, Boukharine élabore la théorie du socialisme dans un seul pays : il est vain d’attendre la révolution et il faut se consacrer à développer le pays. Les gauchistes soutiennent plutôt qu’il faut exporter à tout prix la révolution.

• Avec le triomphe de Staline, cette vision s’imposera, mais il ira beaucoup plus loin en cessant de considérer la révolution mondiale comme étant si fondamentale : l’URSS peut très bien, seule, construire le socialisme.

• Plus encore, chez Staline, l’URSS devient la patrie du prolétariat et à ce titre se développe un nationalisme axé non sur l’appartenance ethnique, mais sur l’appartenance de classe.

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• Le nationalisme, c’est-à-dire la défense prioritaire des intérêts nationaux, étant en contradiction avec l’internationalisme, on voit ici une première distinction entre Staline et ses pères théoriques, Lénine et Marx.

• Lénine préfère compter sur quelques individus hors normes. Plus individualiste que le marxisme, le léninisme accorde cependant une grande place au collectif. Son parti, même mené par un chef, est une structure dominée par le sentiment d’appartenance au groupe. C’est un élément de base de toute conspiration et le parti de Lénine est un parti conspirationniste.

• Dans sa pratique, Staline éliminera pratiquement toute forme de direction collective et fera de lui-même le centre du système politique. D’où le culte dont il s’entoure, et qu'il s’emploie également à étendre à Lénine. La déification de celui-ci après sa mort démontre que pour Staline, les masses ne sont rien, l’individu est tout.

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• Lénine se méfie de l’État. Par ces derniers gestes politiques en 1922 et 1923, il cherche à démontrer que le bureaucratisme constitue l’une des plus graves menaces pesant sur le régime. Il tolère l’État, il ne le déifie pas.

• Pour Staline l’État est fondamental et il est perçu comme le plus important des mécanismes à utiliser pour favoriser l’avènement du socialisme. La théorie marxiste du dépérissement nécessaire de l’État lui est complètement étrangère.

• La notion de travail prend aussi chez Staline un tout autre sens que chez Marx et Lénine : le travail est une aliénation et la société communiste sera, en plus d’être une société d’abondance, une société des loisirs.

• Chez Staline, le travail est tout. Il l’exalte et en fait l’une des bases de son État. Sur ce point, le stalinisme est beaucoup plus près des régimes « totalitaires » de droite que des théories marxistes et léninistes.

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• Une autre base du marxisme est l’égalitarisme, lequel est bien exprimé par le slogan « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ».

• Staline condamne l’égalitarisme parce qu’inefficace et au principe de la rémunération identique à la base du premier régime léniniste, il substitue une différenciation en fonction de la productivité, mais aussi de la valeur du travail. D’où les mouvements de travailleurs de chocs, d’où les magasins réservés à la nomenklatura, etc.

• Au même titre que Lénine, Staline peut se prétendre être dépositaire d’une pensée autonome. Son idéologie, quoi qu'elle renferme indubitablement des éléments du marxisme et du léninisme, s’en distingue sur plusieurs points, sa pensée ayant été influencé par sa personnalité, mais aussi par le contexte dans lequel il se débattait en tant que chef d’un État se prétendant marxiste, en contradiction avec les théories de Marx…

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Quatrième cours :

1 – Principes et motivations de l’encadrement social

2 – Les partis

3 – Les organisations de jeunesse

4 – Les organisations féminines

5 – Les organisations professionnelles

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1 – Principes et motivations de l’encadrement social

• Les sociétés modernes sont complexes et la diversification des domaines de connaissances, des professions et des occupations constitue l’une des caractéristiques fondamentales de ces sociétés.

• La fin des ordres médiévaux et leur remplacement par les classes sociales ont entraîné une stratification de plus en plus importante. Il faut garder à l’esprit que ce processus était très avancé au tournant du XXe siècle.

• La réponse des sociétés occidentales modernes à cette diversification est multiple dans ses formes, mais unique dans son principe, soit la mise en place d’organisation regroupant des individus partageant un statut social, une profession, ou simplement une communauté d’intérêts.

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• Ces organisations ont pour fonction défendre les intérêts de leurs membres et de faire valoir leurs doléances auprès des pouvoirs publics et de l’opinion publique. C’est donc une façon d’accroitre le pouvoir de l’individu.

• Dans le cadre d’un régime politique pluraliste, la diversité des opinions et l’établissement des rapports de force constituent la base d’une alternance politique basée sur la gestion sociale, économique et politique.

• Cette diversité pose de nombreuses difficultés dans le contexte d’un pouvoir de type téléologique : pour atteindre les objectifs que se fixaient les régimes dits totalitaires, il devenait impératif de s’assurer que tous marchent d’un même pas.

• Même si l’objectif ultime de ces régimes est de créer un jour « l’État du peuple tout entier », en attendant, les différences continuent d’exister au sein de la société. Afin de faciliter la « disparation », de ces disparités, il faut bien sûr encadrer.

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• Mais les réponses apportées à ce problème varient chez les trois systèmes étudiés, entre autres parce que l’objectif téléologique de ces derniers diffère aussi grandement.

• Il y a bien sûr quelque chose de commun aux trois régimes en ce qui concerne l’encadrement social, mais chacun a développé des structures particulières pour répondre à cette diversification sociale, l’encadrer et la mobiliser pour éventuellement, la détruire, car elle est vue, avec raison, comme un obstacle à la construction de « l’avenir radieux ».

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2 – Les partis

2.1 – Le parti national fasciste (PNF)

• Mussolini a hésité à transformer son mouvement en parti, ce qui constitue une conséquence logique de ses atermoiements concernant la stratégie à adopter pour parvenir à ses fins : ou bien un coup d’État, ou bien un accès au pouvoir politique par les voies légales. En 1921, il opte pour la seconde possibilité.

• Pour ce faire, il devra s’opposer aux chefs locaux de son propre mouvement, qui voient dans cette transformation une trahison des idéaux initiaux du mouvement.

• C’est cependant le contexte de l’année 1921 qui va déterminer la victoire de Mussolini.

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• Au cours de l’été 1921, le mouvement sqadriste est confronté à une réaction de la part du gouvernement, exaspéré par les actions violentes du mouvement.

• Le point tournant de ce changement d’attitude fut une fusillade survenue à Sarzana, en Toscane. La réaction musclée et inhabituelle des autorités incitera la population à ne plus tolérer les violences des sqadristes.

• Tout aussi important est le rôle joué par les élus du bloc antisocialiste, partisans de la lutte parlementaire, stratégie mise à mal par les actions des sqadristes.

• Mussolini met alors tout son poids pour forcer une négociation et pose les termes de la façon suivante : ou bien un parti, ou bien une armée.

• La création du Parti National Fasciste (PNF) est donc le fruit d’un compromis entre les tendances légalistes et révolutionnaires du mouvement. Le programme de 1921 porte lui aussi la marque du compromis.

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• Au moment où est formé le PNF, en 1921, les Faisceaux comptent plus de 300 000 inscrits, ce qui représente une croissance extraordinaire par rapport à 1920.

• Les origines sociales des membres témoignent du caractère éclaté du mouvement : 60 % proviennent de la petite bourgeoisie, 40 % sont comme Mussolini issus des mouvements socialistes, ouvriers et chômeurs déçus des résultats de la gauche au pouvoir.

• Après le congrès de fondation du PNF, Mussolini se retrouve à la tête de 700 000 adhérents. Mais les appuis électoraux demeurant faibles, Mussolini utilise une double tactique politique, qui consiste à participer à la lutte électorale, tout en maintenant la pression de la rue.

• Dès que Mussolini devient président du conseil, le PNF change de nature et commence alors la fusion entre l’État et le parti. D’abord, Mussolini observe les formes et fait mine de collaborer avec le parlement, où le PNF ne compte que quelques dizaines de députés.

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• Mais le parti a déjà entre ses mains cinq ministères parmi les plus importants (affaires étrangères, affaires intérieures, justice, finance et « terres libérées »), en plus de la présidence

• Mussolini fait alors adopter par le parlement une réforme de la loi électorale qui modifie les règles de formation du parlement : suivant la loi Acerbo adoptée en 1923, le parti obtenant la majorité des suffrages (minimum de 25 % des voix) lors d’une élection proportionnelle obtenait automatiquement 65 % des sièges.

• Cette modification permit au PNF de prendre le contrôle du parlement : lors des élections de 1924, le bloc mené par le PNF obtint 375 sièges, contre 161 pour l’opposition.

• Dès 1922 et son arrivée au pouvoir, Mussolini créé le Grand Conseil fasciste, organe suprême de direction du parti qui, à partir de 1928, devient un organe constitutionnalisé.

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• Présidé par le Duce, le Grand Conseil regroupe les principaux leviers de contrôle de l’État, qui se retrouve entre les mains de fascistes. Il comprend, outre les principaux ministres, les principaux lieutenants de Mussolini, le président du Sénat et celui de la chambre des députés, etc. La principale structure du PNF devient aussi la principale structure de direction de l’État.

• Même après que le PNF ait commencé sa fusion avec l’État, les débats concernant la structure du parti et sa fonction continuèrent et ce n’est que le début du culte de la personnalité de Mussolini qui permit de donner au PNF un mandat clair, soit celui de se juxtaposer à l’État.

• Le PNF ne fut que tardivement un parti de masse. Ce point est aussi symptomatique des tensions au sein de l’élite dirigeante du parti, alors que certains parmi ceux-ci sont favorables à un parti de masse et que d'autres au contraire voit dans le PNF une structure élitiste visant à préparer les cadres politiques de l’avenir.

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• Mussolini hésite entre ces deux tendances, oscillant de l’une à l’autre, ce qui se reflète dans les fluctuations du nombre de membres et dans les changements à la direction du PNF.

• De 1926 à 1930, Augusto Turati préside le parti. C’est de cette époque que date la mise en place des premiers éléments du culte du Duce, mais surtout la transformation du PNF en parti de masse, dont les effectifs atteignent alors près d’un million de membres.

• En 1931, le successeur de Turati, Giuratti, reçoit le mandat d’épurer le PNF des « poids morts » et les effectifs tombent à 600 000. Nouveau secrétaire en 1932, nouveau changement d’approche : Starace prend la tête du parti et lorsqu’il abandonnera son poste en 1939, le nombre de membres atteint 2,5 millions.

• Malgré son nombre impressionnant d’adhérents, le PNF demeurera toujours une structure passablement fermée et très hiérarchisée.

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• Même après sa transformation en parti de masse, le PNF se présentera sous la forme d’une organisation de type « aristocratique », dans laquelle les membres doivent justement se sentir à part du reste de la société.

• Pour le reste de la population, il y avait une multitude d’organisations sectorielles qui avaient pour mandat d’encadrer la société italienne. On évalue à plus de 20 millions le nombre de personnes faisant partie des organisations de masses menées par la PNF en 1939.

• Il va de soi que la destitution de Mussolini et son exécution en 1945 mettent un point final à l’existence du PNF. D’autant que dans le contexte de l’occupation de la péninsule par les forces anglo-américaines, une chasse aux sorcières est lancée contre les principaux dirigeants de l’État, donc du parti.

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2.2 – Le parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP)

• Le NSDAP a été fondé sous le nom de Parti ouvrier allemand en 1919, pour « protéger l’Allemagne des Juifs et des francs-maçons », par Drexler. Quelques mois après la fondation du DAP, Hitler se joint au parti, en prend peu à peu le contrôle et lui donne le nom sous lequel il sera désormais connu.

• L'histoire du NSDAP connaît deux phases successives. Jusqu'en 1933, il est l'instrument de la conquête du pouvoir par Hitler; après 1933, le NSDAP devient, comme parti unique, le moyen-clé du régime nazi.

• À partir du groupuscule qu'est le DAP, Hitler fait un véritable parti politique, lui donnant son programme, son emblème et son hebdomadaire, le Völkischer Beobachter, fondé en décembre 1920.

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• Devenu président du parti, après avoir éliminé Drexler et l'équipe fondatrice, Hitler attire dans la formation une clientèle d'anciens combattants et de pseudo-intellectuels, noue des liens dans la haute société et les milieux politiques d'extrême droite de Munich, conquiert des soutiens prestigieux comme celui de Ludendorff.

• Dans la période de crise 1920-1923, le NSDAP devient une des forces politiques qui comptent en Bavière. Le procès d’Hitler lui donne l'occasion de se faire connaître et les élections de mai 1924 permettent aux nazis, unis aux groupes racistes de l'Allemagne du Nord dans le Mouvement national-socialiste allemand pour la liberté, de faire élire quelques-uns des 32 députés Völkisch.

• Malgré ce succès, la stabilisation politique est néfaste au parti et celui-ci va connaître une crise de 1924 à 1928.

• Cette crise est d'abord marquée par une querelle des dirigeants qui se disputent l'intérim d'Hitler emprisonné.

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• Celui-ci a nommé à la tête du parti Rosenberg; mais son action est paralysée par Julius Streicher, qui l'accuse de vouloir supplanter Hitler, et son autorité est contestée par Strasser, qui s'efforce de faire jouer un rôle politique au NSDAP.

• Autour de Strasser se rassemble un groupe parlementaire nazi qui risque d’éclipser Hitler, qui ne peut jouer de rôle parlementaire. Hitler laisse se développer les querelles qui conduisent à l'échec des nazis aux élections de décembre 1924.

• Hitler encourage aussi les attaques de Streicher contre les dirigeants d'extrême droite du nord; en se ralliant à Hindenburg, il blesse Ludendorff, qui rompt avec lui.

• En 1925-1926, il va affronter une fronde conduite par Goebbels et Strasser. En novembre 1925, Strasser tente d’introduire dans le programme des éléments à gauche et Goebbels propose même d'expulser Hitler du parti.

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• En février 1926, Hitler impose que tous les dirigeants soient nommés par le président du parti et crée un tribunal, l'Uschla, chargé de régler les conflits internes.

• C'est pendant ces années de crise qu’Hitler jette les bases d'une nouvelle organisation. Il décide de donner au NSDAP une structure entièrement nouvelle et qui révèle son but : renverser l’État ne suffit pas, il faut auparavant avoir mis sur pied un nouvel État que l'on aura sous la main pour pouvoir rapidement le remplacer.

• Ainsi, les structures du NSDAP doublent celles du Reich avec son organisation en Gaue, sa double direction, le PO I confié à Strasser qui a pour mission de saper la position du gouvernement et le PO II, cabinet fantôme, avec des sections spécialisées dans les Affaires, le tout rattaché à Hitler, véritable chef d'État en puissance.

• En 1929, Hitler a réussi le redressement. S'il n'est pas un parti de premier plan, le NSDAP est une force qui compte, avec 180 000 adhérents.

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• Sa composition révèle une surreprésentation des classes moyennes et des paysans. Les ouvriers représentent 46 % de la population, mais ne constituent que 28 % des membres. À l’inverse, ces chiffres sont de 12 % et de 26 % pour les employés; de 9 % et 21 % pour les professions libérales; de 5 % et 8 % pour les fonctionnaires et de 11 % et 14 % pour les paysans.

• À partir de 1929, la crise amène au parti un flot d'adhérents : ils sont 806 000 en 1931, quatre millions deux ans plus tard. Son audience électorale croît aussi : 18,3 % des votes et 107 députés en septembre 1930, 37,3 % et 230 sièges en juillet 1932, 33,1 % et 196 sièges en novembre 1932.

• Allié à la droite traditionnelle contre la République, le NSDAP devient le fer de lance de l'opposition au régime. Son succès fait d'Hitler, son chef, le chancelier du Reich, le 30 janvier 1933.

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• Dès lors, le NSDAP devient un des instruments du régime hitlérien. La dissolution des partis politiques le constitue en parti unique en 1933, rendant passible de sanctions judiciaires la reconstitution d'autres forces.

• En décembre 1933, la loi sur la « Sauvegarde du parti et de l'État » institutionnalise le rôle du parti comme instrument de la domination hitlérienne.

• Elle déclare que le NSDAP est le « dépositaire de la notion allemande de l'État ». Les chefs du parti, sous l'autorité d'Hitler, prennent rang de ministres. On en vient à fusionner les deux structures. Hess, chef de l'organisation civile et Ernst Röhm, entrent au cabinet.

• Mais le NSDAP est encore à l’époque insuffisamment docile pour Hitler et il veut s’assurer qu'aucune tendance centrifuge ne s'y exercera. C’est dans ce contexte que prend place la Nuit des longs couteaux.

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• Les quatre millions de membres de 1933 sont huit millions en 1939, 11 millions en 1945. À tous les échelons, l'administration de l'État est doublée par celle du parti dont la mission est de maintenir l'unité intérieure du peuple allemand et la plupart des titulaires des postes à responsabilité sont issus du parti.

• Le NSDAP est alors administré par un état-major dont les dirigeants disposent d'une grande puissance dans leur domaine. La direction du parti est exercée par la Chancellerie du Reich, confiée d'abord à Hess, puis à Martin Bormann jusqu'en 1945.

• Les principaux dirigeants du parti échappent à cette direction et apparaissent comme des féodaux régnant sur leur fief : Himmler sur la SS et la Gestapo; Frank sur l'appareil judiciaire; Goebbels sur la propagande; Goering sur l’industrie et l'aviation; Darré sur le monde rural; Ley sur les syndicats et le monde du travail; von Schirach sur la jeunesse, etc.

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• Une vingtaine de ces Reichsleiter règlent les grands problèmes sectoriels au niveau du Reich, cependant que les Gauleiter (43 en 1941) et leurs subordonnés contrôlent l'administration du Reich et de ses conquêtes.

• Enfin, les ligues nationales-socialistes encadrent tous les groupes existant en Allemagne dans tous leurs types d'activité. Ainsi le parti nazi parvient à enserrer la totalité de la population dans un filet aux mailles si serrées que personne ne peut espérer échapper au contrôle du parti.

• Comme pour Mussolini, la mort du chef en 1945 et la défaite militaire de l’Allemagne, entraînent l’effondrement total du parti, qui cesse d’exister. Ses principaux dirigeants seront par la suite accusés de divers crimes de guerre et contre l’humanité lors des procès de Nuremberg.

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2.3 – Le parti communiste de l’Union soviétique (PCUS)

• L’histoire du PCUS est particulièrement complexe parce que les origines du parti remontent loin en arrière, à une époque où il porte un autre nom, est dirigé par des personnes très différentes et présente un programme politique tout aussi différent.

• Le parti d’où provient le PCUS, le parti ouvrier social-démocrate russe, a été fondé en 1898 à Minsk, par la fusion de trois organisations ouvrières, toutes interdites par le pouvoir tsariste de l’époque.

• Lénine rejoint le groupe en 1901, où il dirige l’Iskra, le journal de l’organisation. En 1902, Il publie Que faire ?, qui pose les bases de sa pratique révolutionnaire. Les dissensions éclatent alors entre la tendance léniniste radicale et les « économistes ». En 1903, lors du congrès de Londres, la rupture est consommée entre bolcheviques et mencheviques.

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• De 1903 à la guerre, les deux tendances s’éloignent. Au marxisme orthodoxe des mencheviques, les bolcheviques opposent un programme révolutionnaire.

• Lors des différentes Douma qui vont siéger entre 1906 et 1914, les mencheviques participent activement, alors que la position des bolcheviques varie grandement entre rejet, attentisme et participation active.

• Avec la révolution de février, les deux tendances vont définitivement se séparer. Lénine, de retour en avril 1917, réclame tout le pouvoir aux soviets, alors que les mencheviques, s’ils critiquent le gouvernement provisoire, ne remettent pas en question sa légitimité.

• La situation économique et politique se détériorant, les nouveaux membres affluent au parti bolchevique, lequel voit ses effectifs passer de 10 000 à 350 000 d’avril à septembre 1917. Le nombre d’ouvriers s’accroît, mais le parti demeure dominé par les intellectuels.

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• En octobre 1917, les mencheviques entrent dans l’opposition. La fraction bolchevique du POSDR se proclame indépendante et prend le nom de Parti communiste (bolchevique) de Russie.

• Jusqu’en 1921, différentes tendances cohabitent au sein du parti, mais à partir de cette date, les individus plus critiques sont d’abord mis de côté, avant d’être exclus.

• Entre 1918 et 1923, différents partis continuent d’exister, mais à partir de cette dernière année, le PC(b)R devient le seul parti légal en URSS. En 1925, il change aussi de nom pour refléter la création de l’URSS en 1922 et devient le PC(b)P, ou VKP(b).

• Les grands changements surviennent dans le cadre de l’aggravation de l’état de santé de Lénine. En 1922 Staline devient secrétaire général du parti. Jusqu’à cette date, Lénine présidait le parti, mais son action politique ne s’exerçait pas par celui-ci, mais bien plutôt au sein du SOVNARKOM, organe suprême de la direction de l’État.

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• Une fois Lénine mort, les structures de l’État deviendront peu à peu subordonnées au parti. La fiction de la séparation des deux instances demeurera tout au long de l’histoire de l’URSS, avec certaines périodes au cours desquelles le parti cèdera le pas partiellement aux institutions étatiques.

• Ainsi, Staline ne fut jamais le chef de l’État soviétique, à part au cours de la guerre, mais « seulement » secrétaire général du PCUS. Dans les années 30, le titre de chef de l’État soviétique appartient à Kalinine.

• Cela témoigne du peu d’importance de l’État par rapport au parti. Toutes les décisions, à partir de la fin des années 1920, sont prises au Politburo et tous les ministres sont doublés au sein du parti par des secrétaires chargés des différents secteurs.

• Ainsi, les décisions économiques, par exemple, ne relèvent pas du ministère correspondant, mais plutôt du secrétariat responsable au sein du Politburo.

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• Le rôle fondamental du parti est clairement stipulé dans les constitutions soviétiques à partir de celle de 1936, lesquelles font du PCUS le centre du système.

• Cela étant, ce rôle fondamental est subordonné à la volonté d’un seul homme, lequel n’hésitera pas à purger périodiquement les structures de direction du parti. Ce n’est qu’après la mort politique de Staline, en 1956, que le régime devient une partitocratie : avant, le PCUS est aussi vulnérable à la vindicte de son secrétaire général que toute autre institution au pays.

• En ce qui concerne les effectifs, le PCUS, sans être un parti de masse à proprement parler (au maximum de son expansion, il rejoint environ 20 millions de Soviétiques, soit moins de 10 % de la population), n’est pas non plus strictement élitiste. L’adhésion au parti n’a jamais été obligatoire, mais le désir d’obtenir un poste de haute responsabilité impliquait la nécessité de rejoindre le parti.

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• La composition ethnique du PCUS reflétait à peu de chose près celle de l’URSS. Ainsi, environ 55 % des membres du parti appartenait à la majorité russe, ce qui correspond au pourcentage des Russes au pays.

• Quant à l’origine sociale des membres, si au début seuls 30 à 40 % de ceux-ci étaient issus des classes laborieuses, ce nombre a crû au cours des 70 ans d’existence de l’URSS, pour atteindre à terme près de 60 %. Mais en devenant membre du parti, la plupart des ouvriers cessaient graduellement d’être des ouvriers

• Le destin de l’URSS ayant été singulièrement différent de celui des régimes italiens et allemands, il en va de même de celui du PCUS. N’ayant pas été fondé par son dirigeant des années 1920 à 1950, il n’a pas non plus suivi la même route. Ce n’est qu’avec Gorbatchev qu’il cesse de jouer son rôle au sein du système, avant d’être interdit en 1991, pour enfin faire un retour sous le nom de Parti communiste russe au début des années 1990.

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3 – Les organisations de jeunesse

• Le projet des régimes de type totalitaire les incite à être très attentif à la jeunesse. D’une certaine façon, c’est pour les générations futures que ces « nouveaux mondes » se mettent en place, les « anciens » ayant été formés à une autre époque, peuvent tant bien que mal s’adapter, du moins certains d’entre eux, mais sans plus.

• La jeunesse, au contraire, si elle est prise et encadrée dans les premières années, pourra être éduquée pour vivre dans ces univers nouveaux.

• Puisqu’il faut créer un nouvel homme, plus tôt on commence, meilleures sont les chances d’y parvenir. C’est précisément de cette terre meuble que pourra sortir l’homo soviéticus, l’Aryen ou le nouvel Italien.

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3.1 – Les jeunesses fascistes

• D’abord constitués isolément, les mouvements de jeunesse fascistes furent regroupés en 1926, dans l'Opéra Nazionale Balilla (ONB), puis en 1937 dans la Gioventù italiana del littorio, gigantesque organisation qui, en 1940, rassemblait quelque huit millions d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes.

• Les premiers mouvements de jeunesse, les Gruppi universitari fascisti (GUF), furent créés en 1920 dans le milieu étudiant et regroupaient des étudiants âgés de 18 à 28 ans.

• Puis apparurent les Balilla (du nom de Giovanni Batista Perasso, dit « Balilla », un jeune Génois qui, en 1746, avait donné le signal de la révolte contre les Autrichiens), destinés aux garçons de 8 à 14 ans.

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• Au milieu des années vingt, d'autres groupes furent fondés : les Avanguardisti (garçons de 14 à 18 ans) et, pour les « futures mères des nouvelles générations fascistes », les Petites Italiennes (8-14 ans) et les Jeunes Italiennes (14-18 ans).

• L'édifice fut complété en 1930 par la création des Fasci giovanili di combattimento qui accueillaient dans leurs rangs les jeunes de plus de 18 ans entrés dans la vie active, puis, en 1934, par les Fils de la Louve pour les enfants de 4 à 8 ans.

• Placés d’abord sous la tutelle du parti fasciste, les Balilla et les Avanguardisti (80 000 membres en 1926) furent intégrés le 3 avril 1926 dans l'ONB, rattachée au chef du gouvernement, au ministre de l'Intérieur et au commandement de la Milice.

• Les jeunes filles dépendaient, des fasci féminins, tandis que les GUF et les Fasci giovanili relevaient du PNF.

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• L'ONB avait pour tâche d'assurer l'éducation physique et morale, c'est-à-dire idéologique, des jeunes de 8 à 18 ans. L'adhésion était facultative et le consentement des parents exigé.

• En janvier 1927, Renato Ricci, connu pour sa loyauté envers Mussolini, en fut nommé président. En septembre 1929, l'ONB devint l'une des branches du ministère de l'Éducation nationale.

• En dix ans, il fit de l'ONB un véritable empire, englobant l'Œuvre nationale pour l'Éducation physique, l'Institut national pour l'alphabétisation et l'Association pour le Mezzogiorno. Il s'arrangea pour que l'ONB prenne le contrôle de toutes les petites écoles rurales.

• Jusqu'en 1928, les activités furent surtout centrées sur le sport et les manifestations culturelles organisées dans les Case Balilla qui ouvrirent leurs portes dans plusieurs centaines de villes italiennes.

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• Puis la fascisation du mouvement s'accéléra et l'entraînement militaire devint la préoccupation essentielle.

• L'été, les enfants participaient à des camps de vacances durant lesquels l'accent était mis sur le patriotisme et le culte du Duce. La propagande était partout présente.

• Après la dissolution en 1928 de toutes les associations de jeunesse catholiques, les effectifs des mouvements fascistes connurent une forte progression : en janvier 1933, on dénombrait 386 000 Balilla, 244 000 Avanguardisti, 720 000 Petites Italiennes et 92 000 Jeunes Italiennes.

• En 1937, lorsque l'inscription devint obligatoire, ils étaient 5 millions. En octobre de la même année, toutes les organisations furent regroupées au sein de la Gioventù italiana del littorio, qui passa sous le contrôle du PNF. Starace lui donna un mot d'ordre « Croire, Obéir, Combattre » et une organisation militaire.

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3.2 – La Hitlerjugend

• Créée en 1926, la Hitlerjugend est placée en 1931 sous l'autorité de von Schirach. Durant toute la période de Weimar cette organisation végète et, en 1932, elle a tout juste 100 000 membres.

• Ce n’est véritablement qu’à partir de l'arrivée au pouvoir d'Hitler que les Jeunesses hitlériennes connaissent un essor important, Hitler considérant la prise en main de la jeunesse nécessaire à l'éducation des futurs Allemands dans la ligne des buts qu'il assigne au Reich.

• Nommé, en juin 1933, chef des Jeunesses du Reich, von Schirach met la main sur les bureaux et les biens considérables du Comité des associations de jeunesse du Reich. Progressivement, les persécutions ou les coups de force viennent à bout des diverses organisations de jeunesse.

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• Le 1er décembre 1936, un décret met hors-la-loi toutes les organisations de jeunesse non nazies et oblige toute la jeunesse à entrer dans les Jeunesses hitlériennes. Fin 1938, la Hitlerjugend compte 7 700 000 membres.

• Pour contraindre à l'adhésion les récalcitrants, une loi de mars 1939 institue la conscription de tous les jeunes dans l'organisation, avec menace aux parents de leur enlever leurs enfants. À ce moment, tous les jeunes Allemands de six à dix-huit ans sont tenus d'être inscrits.

• De six à dix ans, le jeune garçon fait une période d’apprentissage : il est muni d'un carnet de notes sur lequel sont indiqués ses progrès en matière d'activité physique et idéologique. À dix ans, après avoir satisfait à certaines épreuves, il entre dans le Jungvolk où on lui fait prêter serment

• De quatorze à dix-huit ans, le jeune garçon entre dans les Jeunesses hitlériennes.

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• Il y est éduqué dans les domaines sportif, idéologique et au maniement d'armes, au sein d'une formation paramilitaire. À dix-huit ans, il passe dans le Service du travail, puis dans l'armée.

• Les fillettes et les jeunes filles connaissent des organisations parallèles. De dix à quatorze ans, elles sont Jungmaedel, dotées d'un uniforme, entraînées au sport, éduquées idéologiquement et formées à une conception qui les prépare à devenir mères de famille.

• De quatorze à dix-huit ans, elles deviennent membres de la Ligue des filles d'Allemagne (Bund Deutscher Maedel, BDM) et à dix-huit ans, elles accomplissent une année de service agricole (Land Jahr) ou ménager.

• Les Jeunesses hitlériennes sont chargées de recruter les futures élites de l'État nazi. L’organisation gère les « écoles Adolf Hitler » qui choisissent parmi les membres du Jungvolk les garçons qui leur apparaissent les plus doués afin d'en faire des futurs chefs.

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• Ils sont alors soumis à une discipline sévère et subissent six années d'entraînement intensif sportif, intellectuel et idéologique. À leur sortie de l'école, ils peuvent entrer à l'Université.

• Globalement, les Jeunesses hitlériennes ont rempli la mission qui leur était assignée et ont formé des millions de jeunes dans l'esprit national-socialiste en les soustrayant à l'influence éducative de leur famille. La vie en plein air et les activités sportives qu'elles offraient ont largement contribué à son succès.

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3.3 – Le komsomol

• Les jeunesses communistes, ou komsomols, apparaissent au cours de l’année 1918. Mais même avant la prise de pouvoir, le parti bolchevique s’était doté de structures pour encadrer la jeunesse, au sein des organisations « Travail et lumière », puis de l’Union socialiste des jeunes travailleurs.

• L’organisation a été fondée à l’initiative de Lazar Chatskine lors du premier congrès des jeunesses communistes, au début du mois de novembre 1918.

• Le komsomol était véritablement une organisation de masse. L’adhésion n’était pas obligatoire, mais fortement recommandé pour les parents membres du parti et pour ceux qui désiraient permettre à leurs enfants d’accéder à une carrière politique, l’une des fonctions du komsomol étant justement de servir de pépinière pour les cadres.

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• Le komsomol est un véritable parti dans le parti et dispose de ses propres journaux : en 1970, les 131 journaux relevant du komsomol publient quotidiennement 16 millions d’exemplaires.

• Le komsomol encadrant les adolescents et les jeunes adultes, d’autres organisations sont chargées de faire ce travail auprès des plus jeunes. Dès l’âge de 7 ans, les parents peuvent confier leurs enfants aux octobristes (jusqu’à l’âge de 9 ans). Ensuite, c’est l’organisation des pionniers qui prend la relève.

• Dédié aux plus jeunes, ces deux organisations différent bien sûr dans les activités proposées aux enfants, mais le but demeure le même : préparer les générations futures en leur inculquant les valeurs jugées nécessaires pour vivre dans « l’univers communiste de l’avenir radieux » : esprit civique, conscience de classe, mais aussi respect de la hiérarchie et de l’autorité, de même que culte du chef, particulièrement à l’époque de Staline.

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• Utilisant l’enthousiasme révolutionnaire de la jeunesse, les structures du komsomol ont été mises à contribution dans les campagnes de modernisation. C’est ainsi que dans les années 30, les membres du komsomol ont participé activement à la campagne de liquidation de l’analphabétisme, avec un succès remarquable.

• L’augmentation du nombre de membres témoigne de la popularité de l’organisation : au moment de la fondation, elle comptait environ 20 000 membres, puis près de 500 000 en 1922. Au début de la guerre, le komsomol regroupait plus de 10 millions de membres, garçons et filles, âgés de 14 ans jusqu’au début de la vingtaine.

• La grande différence du komsomol avec ses équivalents italien et allemand, c’est que l’aspect militaire y est très secondaire. Le patriotisme est de mise, de même que le culte de la personnalité du chef, mais l’ennemi sur lequel le parti lance ses hordes de jeunes n’est que rarement extérieur.

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4 – Les organisations féminines

• Dans la même logique que les organisations de jeunesse, les organisations féminines ont également une vocation éducative.

• D’autant que ces régimes sont du point de vue des rôles sexuels très conservateurs. Conséquemment, les femmes sont vues avant tout (surtout dans le fascisme et le nazisme) comme des mères.

• Le cas soviétique est différent, entendu que la proclamation dès 1917 de l’égalité homme femme a eu tendance à effacer partiellement cette division stricte des rôles sexuels.

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4.1 – Fascio Femminili

• L’association dédiée à l’encadrement féminins, outre les associations concernant les fillettes et les jeunes filles, portait simplement le nom de Faisceaux féminins.

• À l’origine, lors de la période révolutionnaire, cette organisation tentait d’effacer les lignes de partage entre hommes et femmes. Celles-ci étaient entraînées au combat de rue, puisque l’on s’attendait à ce qu’elles soient aussi en mesure de lutter physiquement contre les ennemis du mouvement.

• À noter que la mise en place du régime fasciste va complètement modifier l’optique des Fascio Femminili dans un sens nettement plus conservateur, lequel ira d’ailleurs en s’accentuant tout au long du régime mussolinien.

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• L’objectif de l’organisation devient alors de mettre en valeur les vertus domestiques des femmes, de réaffirmer l'image traditionnelle de « l'ange du foyer » véhiculée par la presse, la littérature fasciste et les textes à l'école.

• Les faisceaux féminins étaient directement subordonnés au parti et chaque faisceau comprenait une section féminine, dont la vocation était de coordonner toutes les activités des organisations de femmes du Parti.

• À côté de cette organisation générale, le milieu des années 20 a aussi vu la création d’une organisation fasciste des femmes rurales, dédiée à faire la promotion des « valeurs fascistes » féminines dans les campagnes d’un pays alors faiblement urbanisée.

• Le fascisme n’insistait pas seulement sur les vertus domestiques de la femme et ne faisait pas seulement la promotion de la subordination de celles-ci aux hommes et favorisait la participation des femmes et des filles à des activités à l'extérieur à la famille.

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• En décembre 1925 fut mis en place l'OMNI (Opera Nazionale per la Maternità ed Infanzia) qui en 1927 lança une campagne nationale visant à accroitre le nombre de naissances.

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4.2 - La ligue des femmes nationales-socialistes

• En Allemagne, la tâche de contrôler et d’enrégimenter la gent féminine était dévolue à Ligue des femmes nationales-socialistes, fondée en 1931 par la fusion de plusieurs associations nationalistes et nationales-socialistes. Subordonnée au NSDAP, elle est d’une certaine façon la branche féminine du Front du travail

• Elle constitue la poursuite logique des BDM dont sont membres les Allemandes de quatorze à dix-huit ans, même si les adolescentes peuvent rejoindre le NSF dès l'âge de quinze ans.

• L'organisation vise à diffuser chez les femmes l'adhésion à l'idéologie officielle et le soutien aux dirigeants du parti et de l'État. Elle vise ainsi à étendre le modèle de la femme nationale-socialiste en conformité avec la politique définie par le régime.

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• L’organisation reprend à son compte, mais avec des objectifs différents l'adage de la société traditionnelle allemande, « Les enfants, la cuisine et l'église ».

• Cela étant, le Reich ayant besoin de toutes les énergies du peuple, doit aussi inciter les femmes à participer à l’effort de production en les orientant vers des métiers « d'essence féminine » comme institutrice ou infirmière.

• Le national-socialisme, traditionaliste et conservateur, n'est pas hostile à ce que des femmes jouent un rôle de premier plan dans de nombreux domaines.

• Dans le cadre de la guerre, si l'organisation promeut le travail des femmes pour certains métiers, elle n'est pas favorable à ce que les femmes combattent.

• La ligue participa à la promotion de la politique d'autarcie défendue par le régime et tenta d’influencer les habitudes de consommation des ménages par des campagnes destinées aux femmes.

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• La ligue avait pour vocation de relayer les messages que le parti voulait faire passer auprès du public féminin. Elle possédait son propre organe de presse.

• L’orientation du NSDAP quant au rôle éducatif des femmes dans la société a évolué et avec les années, l'éducation tend à être progressivement retirée aux familles au profit de l'État.

• Le national-socialisme n'exalte pas la famille traditionnelle : c'est la procréatrice que le régime célèbre, comme en témoigne la création des Lebensborn, qui permettent aux filles-mères d’accoucher de façon anonyme et de remettre leurs enfants à l’État, qui se charge alors complètement de l’éducation

• Un an après sa fondation, la NSF comptait un peu plus de 100 000 membres, alors qu’avant la guerre, près de 2 millions de femmes y étaient inscrites, ce qui représente environ 50 % de l’effectif féminin du NSDAP.

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4.3 – Le Jenotdel

• Dans l’URSS stalinienne, il n’y a pas d’organisation dédiée spécifiquement aux femmes, application concrète de l’égalité juridique des sexes. Ainsi, dans toutes les organisations du parti et de l’État, aucune distinction n’est faite entre les hommes et les femmes. Les organisations comme le komsomol sont toutes mixtes.

• Jusqu’à la fin des années 1920, et donc jusqu’à la prise en main autoritaire de l’État par Staline, il y existait au sein du parti une section destinée à la gent féminine, que l’on nommait le Jenotdel.

• Loin de travailler à cantonner les femmes dans leur rôle traditionnel, le Jenotdel, qui fut dirigé par de grandes théoriciennes du féminisme russe, dont Inessa Armand et Alexandra Kollontaï, avait un rôle très différent, celui de lutter contre la phallocratie d’une société conservatrice et de faire valoir les droits des femmes.

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• Parmi les objectifs atteints par cette structure, on compte l’autorisation de l’avortement et des mesures facilitant grandement l’obtention du divorce pour les femmes. Les succès de l’organisation sont assez importants pour attirer plus de 600 000 femmes en son sein, au moment de sa dissolution en 1927.

• Car la prise de contrôle stalinienne change la situation. Staline est d’un naturel conservateur, et même si le régime demeure progressiste en ce qui concerne la condition féminine, il va s’employer d’abord à rogner les pouvoirs du Jenotdel, avant de le supprimer simplement.

• L’argument est égalitariste : en URSS, puisqu’hommes et femmes sont égaux en droit, il n’y a aucune raison de maintenir une organisation dédiée aux femmes.

• Par la suite, Staline va s’employer à « retraditionaliser » les rôles sexuels, mais surtout féminins, en faisant la promotion par exemple de la maternité ou en réduisant les droits octroyés aux femmes.

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5 – Les organisations professionnelles

• En ce qui concerne les autres organisations civiles, il devient très difficile de dresser un tableau d’ensemble, car celles-ci varient énormément d’un régime à l’autre, en fonction des priorités de chacun d’entre eux.

5.1 — Fascisme

• Si l’ensemble des organisations du PNF regroupe, on l’a vu, plus de 20 millions de personnes, la puissance de pénétration de ces organisations dans la société, de même que l’ampleur du quadrillage social par le parti n’atteignent pas le degré tentaculaire observé en URSS stalinienne ou dans l’Allemagne nazie.

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• La base de toutes les organisations sectorielles est le faisceau, structure locale qui chercher à encadrer la population suivant des critères d’âge, de sexe ou d’appartenance à des groupes socioprofessionnels, comme les Groupes universitaires, première organisation de jeunesse du parti, créée dès 1920.

• Dans l’Italie fasciste, il y existe des différences de traitement du parti envers les différentes composantes de la société civile, ce qui n’existe pas, ou peu, dans les versions maximalistes hitlérienne et stalinienne.

• En ce qui concerne les rapports avec le secteur productif, par exemple. Alors que les syndicats sont étroitement contrôlés par le parti (à partir de 1926, les syndicats indépendants sont interdits et dissous et les seuls syndicats autorisés sont les syndicats fascistes), les relations du régime avec le patronat sont d’un tout autre ordre.

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• Le maintien tout au long du régime fasciste de la Confindustria témoigne d’une importante différence d’approche. Les relations avec cette organisation sont très différentes que celles qu’entretient les nazis et les chefs d’entreprises allemands, qui dès 1933 se retrouvent de plus en plus contrôlé par le parti.

• En Italie, ces relations ressemblent davantage à du clientélisme qu’à une domination. La signature du pacte Vidoni en octobre 1925, par lequel le régime et la Confindstria s’entendent pour poser les bases de la coopération économique entre eux (laquelle pose par l’interdiction du droit de grève) va clairement en ce sens.

• Autre exemple, l’Institut de reconstruction industrielle, créé au début des années 1930 pour sauver de la faillite les banques italiennes. Mais avec le temps, l’IRI deviendra un moteur économique, qui permettra à l’État de se passer davantage de l’approbation du patronat. Dans la foulée de la guerre, ce fait devient patent.

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• Ainsi, tout en cherchant à contrôler en totalité les masses populaires italiennes, le fascisme italien, surtout dans un premier temps, maintient des rapports hiérarchiques plus traditionnels, dans la mesure où son contrôle tatillon ne concerne pas tout le monde. C’est une différence importante avec Hitler et Staline, pour qui tous, sans exception, doivent être subordonnés de la même façon à l’État.

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5.2 – Nazisme

• Dès 1925 commence la création au sein du NSDAP des « Ligues nationales-socialistes », afin de recruter partout les noyaux qui permettront d’attirer au nazisme la majorité des Allemands.

• Outre celles, déjà évoquées, dédiées à la jeunesse et aux femmes, on en trouve une multitude s’adressant aux différents groupes socioprofessionnels (Ligue des étudiants, des juristes, des médecins, etc.)

• Jusqu’en 1933, ces Ligues demeurent des coquilles vides et ne rassemblent que de petits groupes, mais après cette date, elles vont constituer la base d’un encadrement total de la population allemande.

• Les Juifs en sont bien sûr exclus, de même que tous ceux qui font preuve d’un manque d’enthousiasme avec le régime.

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• Cette exclusion implique des conséquences redoutables, car pour pratiquer nombre de professions (journalisme, enseignement, etc.), il est impératif d’appartenir à la ligue correspondante. Conséquemment, la non-adhésion signifie l’exclusion de l’individu de la société et éventuellement la privation de moyens de subsistance.

• En 1933 est créé le Front du travail, consécutivement à la dissolution de tous les syndicats, lequel sera intégré en 1934 au NSDAP. Son objectif est de combattre la lutte des classes par une organisation visant à générer la solidarité entre travailleurs et employeurs.

• Le Front du travail deviendra conséquemment un rouage essentiel de la main mise du parti sur la société, surtout après la création de la Force par la Joie qui lui est subordonnée et qui lui permet, non seulement de contrôler les ouvriers dans leurs tâches de production, mais aussi dans leur loisir.

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• C’est le Front du travail qui a été chargé du projet Wolkswagen, après qu’Hitler ait décidé que chaque travailleur allemand devait posséder sa voiture.

• Enfin, il convient de mentionner, à côté de ces organisations dévolues aux masses, d’autres qui ont pour mandat de contrôler la production, laquelle n’est pas nationalisée et dispose jusqu’à la guerre d’une certaine autonomie.

• C’est ainsi qu’en février 1934 sont créés les groupes économiques : sept organisations représentant les principales branches industrielles et qui ont pour mandat de coordonner la production et de favoriser la pénétration de l’esprit national-socialiste dans les entreprises.

• En ce qui concerne la production agricole, cette mise sous tutelle était survenue quelques mois auparavant, à l’automne 1933, avec la création du Groupe des Producteurs du Reich (Reichnährstand).

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5.3 – Stalinisme

• En URSS, et même avant la formation du pays en 1922, s’est posée avec acuité la question des relations de travail et des organisations de défense des travailleurs, qui avaient joué un rôle important dans la pénétration des idéaux bolcheviques auprès des classes urbaines laborieuses.

• Mais une fois instaurée la « dictature du prolétariat », que faire avec les syndicats, qui deviennent théoriquement inutiles, car il n’est plus nécessaire de défendre les ouvriers qui sont désormais au pouvoir ?

• Mais dans les faits, ils sont bien sûr encore utiles aux ouvriers. Trop même, car les syndicats se retrouvent dès lors en compétition avec le pouvoir et agissent de façon à lui rappeler les promesses faites aux ouvriers.

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• Des divergences existent au sein du parti sur cette question, mais l’option défendue par Trotski (la fusion des syndicats au sein du parti) va l’emporter.

• Dès l’été 1918 est crée le Conseil central panrusse des organisations professionnelles, qui sera la base de la mise sous tutelle par l’État des syndicats, même si dans les premières années de son existence, elle sera aussi utile dans la lutte contre l’analphabétisme.

• Par la suite, et surtout à partir de Staline, les unions professionnelles d’URSS n’auront plus guère pour vocation de défendre les travailleurs, mais bien plutôt de les encadrer et d’en faire des rouages dociles de l’appareil de production.

• L’adhésion du travailleur aux syndicats est automatique et les attributions des organisations extrêmement larges : elles s’occupent du travail, bien sûr, mais aussi des loisirs, du logement, de l’approvisionnement, etc.

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• Les syndicats parviennent à faire ce que le parti ne peut pas faire : contrôler l’ensemble de la population. En effet, le travail étant obligatoire en URSS, cela revient à dire que tout le monde était membre d’un syndicat.

• Dans les campagnes, où les syndicats à proprement parler n’existent pas, après la collectivisation, ce sont les sovkhozes qui sont responsables de l’encadrement idéologique des populations rurales.

• Dans le cas des kolkhozes, les Stations de Machine et Tracteurs auront, en plus de leurs attributions professionnelles, la responsabilité d’améliorer la « préparation idéologique » des masses laborieuses.

• Enfin, les années 1930 vont voir la multiplication des organisations sectorielles dans le milieu artistique et intellectuel : l’Union des écrivains, des compositeurs, des journalistes, etc., afin que tous, sans exception, travailleurs intellectuels comme travailleurs manuels, soient encadrés.