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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays.

© Éditions Gallimard, 1976, pour la nouvelle éditionrevue et augmentée.

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Pour Karine

et Rose-Noëlle.

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PRÉFACE A L'ÉDITION

DU BICENTENAIRE, 1976

Lors de la première édition du présent ouvrage, en 1970.les États-Unis sortaient d'une décennie mouvementée.

Ayant accédé, avant tout autre pays, à l'ère de l'opulence,à la satisfaction des besoins pour plus de 80 de lapopulation, à l'éliminalion des pénuries ancestrales.l'Amérique voyait avec stupéfaction sa jeunesse se rebellercontre les conséquences d'une réussite enviée, sinon jalou-sée ou admirée par le reste de l'humanité. Les « maladiesdu bonheur» la drogue, la contestation sous loules sesformes, le crime inorganisé et endémique, la sécession desadolescents ravageaient l'Union des cinquante Étals,avant de se répandre dans tout le monde occidental et mêmedans les régions moins développées de la planèle.

C'est pourquoi notre Histoire du roman américains'achevait, pour bien des chapitres, sur des œuvresdissidentes qui mettaient en cause la société dite de

consommation ou des récits moins sectaires qui reflétaientpouriani la siiuaiion de l'époque.

Les menaces qui ont pesé sur le bien-être du mondeoccidental au cours du dernier lustre ont ramené les

problèmes à leur juste proportion. Depuis que la consom-mation de biens matériels et d'énergie n'est plus enaugmentation rapide et automatique, les défauts dusystème ont soudain perdu de leur acuité aux yeux descontempteurs de l'Occident et ses avantages ont paru plusvisibles. Il en est résulté un déplacement des préoccupa-

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lions romanesques. Certes, l'écrivain américain demeure

fondamentalement un insurgent que sollicitent alternative-ment l'esprit du pionnier et celui du puritain. Mais lanouvelle littérature d'imagination, aux États-Unis, ren-force son caractère poétique et ironique plutôt que sesaspects furibonds.

Dans un contexte qui demeure pratiquement inchangé,car les difficultés surgies aux environs de 1970 semblent encelle année de Bicentenaire se ramener à une fausse alerte,les romanciers mettent l'accenl sur un concept nouveau

celui d'entropie. Le mot désigne une grandeur qui permetde mesurer l'état de dégradation d'un système, en proie àdes modifications irréversibles. C'est un terme emprunté àla thermodynamique, et il est douteux que les littérairessoient capables d'en user avec toute la rigueur scientifiquenécessaire. Peu importe, les connotations sont suffisam-ment évidentes pour que l'on s'en saisisse et que naisse le« roman de l'entropie », ensemble d'œuvres romanesquesdont on prétend qu'elles sont sensibles à la détérioration dela société américaine. Une note leur a été consacrée à la fin

du chapitre correspondant. Dce même, quelques auteurs ontaccéléré et accentué les courants qui se dessinaient

vaguement aux débuts de la présente décennie; d'autres,alors inaperçus, ont conquis entre-temps un vaste publieKurl Vonnegut, Jr. était à peine mentionné dans l'éditionantérieure, son rang actuel justifie que son œuvre soitexaminée plus longuement. Richard Brautigan qui pré-sente bien des affinités avec le précédent n'était même pasnommé, il prend la place qui lui revient et Sylvia Plath lapoétesse romancière, découverte en 1971, huit ans aprèsson suicide, reçoit ici l'hommage qui lui est dû. Cesquelques exemples, parmi d'autres, témoignent des rema-niements exigés par la mise à jour d'une histoire quiévolue rapidement.

De minimes erreurs de détails ont été corrigées, ellesaussi, et il a été tenu compte, avec reconnaissance, decertaines objections justifiées. Mais les commentateurs ont

fait preuve d'une telle indulgence à l'égard de la première

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Préface

édition, que l'essentiel de la thèse subsiste dans le présentvolume. Le seul chapitre qui ait été violemment pris àpartie concerne Herman Melville. L'un de nos critiques.au demeurant favorable à l'ouvrage. disait que les idéescontenues dans ce passage avaient de quoi « faire fuirMoby Dick ». Un autre, moins bienveillant. les tenait pourdivagation pure et simple. Si ces idées onl été conservéesici, c'est surtout parce que les observateurs américains s'ysont spécialement intéressés. Un professeur ne va-l-il pasjusqu'à déclarer, lors d'un symposium uniuersitaire. qu'ily voit le highlight de cette étude? Il a donc paru préférablede laisser les choses en l'état.

Un dernier mot. La publication de l'édition antérieure,vile épuisée, m'a valu un certain nombre d'invitations àfaire des conférences. tant à la Sorbonne que dans desuniversités étrangères ou des « centres culturels » divers,notamment américains; aux conversations directes que j'aieues avec les étudiants el mes autres auditeurs, je suisredevable d'échanges fructueux. C'est à mes interlocuteurssurtout que je pense en préparanl cette édition duBicentenaire, prélude à de nouueaux dialogues.

Paris, 1976.

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AVERTISSEMENT

La méthode qui a été suivie ici diffère, en grandepartie, des usages respectés par la plupart des commen-tateurs. En effet, l'on a généralement tendance àétudier le roman américain par grandes tranches hori-zontales, correspondant à autant de générations. Or l'onconstate que, dans la réalité, ces générations s'imbri-quent les unes dans les autres. Hemingway, que l'ontient pour le prototype des auteurs de la « Générationperdue» et des années 20, écrit Le Vieil Homme et laMer en 1952, bien après que Norman Mailer au nomdes témoins de la Seconde Guerre mondiale, ait publiéLes Xus el les Morts. Ce n'est là qu'un exemple. Il nousa paru préférable, sans nier l'existence des générationsde romanciers, quand des regroupements chronolo-giques s'imposaient, de traiter l'Histoire du romanaméricain par grands courants parallèles. C'est ainsi quel'on verra, dans le présent ouvrage, étudier le roman del'Ouest ou les romanciers noirs, le roman de l'opulenceou le secteur de la recherche sans qu'il y soit tenurigoureusement compte de certains décalages dans letemps. Au demeurant, des écarts de quelques annéespouvaient paraître significatifs aux yeux des observa-

teurs privés de recul; ces différences s'estompent àmesure que l'Histoire du roman américain se prolonge.

Reste que l'on ne peut ignorer, par exemple, certainescoïncidences chronologiques; pour n'en citer qu'une,entre 1896 et 1902 naissent John Dos Passos, Scott

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Fitzgerald, Faulkner, Hemingway, Thomas Wolfe etSteinbeck, voire Langston Hughes. Ces correspondancesapparaîtront dans le tableau chronologique figurant

dans le dossier annexé à la présente étude.Ce tableau, où l'on retrouvera mentionnés les événe-

ments littéraires importants ou significatifs, comprendaussi, en parallèle, les faits politiques ou culturels qui, ànotre avis, éclairent le devenir du roman américain ou

le situent dans son contexte. Un tel éphéméridecorrespond à un autre de nos partis pris. Tout au longde notre enquête, il nous est apparu que l'une descaractéristiques majeures du roman américain quipeut aussi, éventuellement, faire l'objet de réflexions àpropos d'autres littératures nationales consistait enune action civique, sociale, économique, d'une efficacitéremarquable. Cela contredit, d'ailleurs, une idée reçueselon laquelle l'écrivain américain ne comptait guère,jusqu'à une date récente, dans la société du Nouveau

Monde. En fait, tout se passe comme si les romanciersétaient, pour user d'une image électronique, les têteschercheuses de la communauté nationale. Nous savons

combien une telle théorie peut être discutable. Elle n'estavancée qu'à titre d'hypothèse.

Enfin l'auteur voudrait s'expliquer ici de ce que l'onpourrait tenir pour un apparent manque de rigueurdans les citations dans le corps de l'exposé, les titresdes œuvres sont parfois donnés en français, parfois en

anglais, selon les cas et conformément à ce qui semblaitpouvoir faciliter la lecture. Mais, afin de pallier cetteabsence nécessaire de système, nous nous sommesastreints à fournir, dans le Lexique des Romanciers, enannexe, le titre original et la date de tous les ouvragescités.

Lasi but not least l'auteur a découvert tant d'erreurs

et de contradictions dans les études existantes qu'il sesent porté à la plus légitime modestie; des fautes

subsistent, sans aucun doute, dans son propre livre. Ilprie le lecteur de les lui signaler et de l'en excuser.

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Avertissement1

Au demeurant, cette œuvre peut aussi être tenue

pour un roman d'un genre particulier. L'auteur en est,comme toujours, le principal personnage; mais, enl'occurrence, une foule de ses confrères viennent hanter

l'intrigue, chacun traînant à sa suite ses proprescréatures de fiction, ses propres fantômes. Montage,certes, ce livre rejoint la plupart de nos expérienceslittéraires antérieures sinon en cours, car quelle

expérience est jamais achevée?Roman à thèse, pourtant, sinon à clef. Nous tenons

que le roman américain est formé essentiellement detrois éléments qui, sans cesse, se recoupent et lui furentimposés à l'origine par les empreintes indélébiles del'aventure pionnière, du puritanisme fondateur, et de ladissidence inhérente à cette rupture inaugurale qu'estl'établissement d'Européens dans le Nouveau Monde,sans esprit de retour.

Insurgé, sinon insurgent, c'est fort indirectement quele roman américain porte témoignage pour les États-Unis, le plus mal compris des grands États modernes;indicateur c'est-à-dire informateur le romancier

est perpétuellement témoin à charge dans ce pays où lacritique spontanée est article de foi (et se vend bien), oùle droit de faire opposition n'est pas moins constitution-nel que celui de porter les armes, et où la liberté depenser est un devoir.

M. S.

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I

Les origines contestatairesde la littérature américaine

PROLOGUE

Le premier roman qui fut imprimé sur le territoiredes colonies britanniques destinées à devenir les États-l'nis, n'était pas américain. Il portait un titre dont il nefaut pas mésestimer le sens, la portée ou les implica-tions Pamela ou la vertu récompensée, œuvre édifiante,s'il en fut, d'un des plus célèbres écrivains anglais deson temps, Richardson.

Certes la première presse installée dans le NouveauMonde l'avait été à Boston dès 1639, et l'on comptaithuit librairies dans cette commune en 1686, mais

lorsque paraît, à Philadelphie, par les soins de BenjaminFranklin, en 1744, cette Pamela de fameuse mémoire,

dont deux autres éditions sont signalées, la mêmeannée, à Xew York et à Boston, la production localen'est rien moins que romanesque. La pédagogie ydispute le premier rang à la piété. Car si l'importationde livres en provenance de l'Ancien Continent donnelieu à un commerce fructueux, les puritains ne man-quent pas de brandir leurs foudres à l'encontre desouvrages « licencieux» et la vertueuse Pamela elle-

même semble avoir été particulièrement visée par lesdiatribes de l'intransigeant Jonathan Edwards touteœuvre d'imagination étant, par définition, un « men-songe ».

C'est en 1789 que les écrivains américains, autoch-tones ou immigrés, prennent, à défaut de la Bastille, le

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maquis de l'imaginaire. A vrai dire, le pouvoir dont ilss'emparent n'a rien de compromettant The Power of

Sympathy (« La Puissance de la compassion ») est lepremier roman que fait paraître un auteur du cru, sur leterritoire national. Encore faut-il dire que d'aucunsdésignent le responsable de cette fade imitation sous lenom de William Hill Brown (1765-1793), tandis qued'autres persistent à l'identifier avec une certaineMrs Sarah Wentworth Morton (1759-1846), une « damede Boston ».

Devaient bientôt suivre, dans le goùt de Richardson,Charlotte Temple de Susanna H. Rowson (1762-1824) etThe Coquette (1797) d'une autre « dame », Mrs HannahWebster Foster (1759-1840), qui allaient, l'un et l'autre,connaître bon nombre de rééditions.

Dans l'intervalle, au cours des quelque quarante-cinqannées qui séparent l'apparition de Pamela de lapublication de The Power, Boston, « la Sparte chré-tienne », ou Philadelphie, « l'Athènes du NouveauMonde », n'avaient vu se succéder que des spécimens del'art romanesque britannique qui témoignent d'uncertain goût pour les valeurs sûres Robinson Crusoe,

par exemple, en 1768; Le Vicaire de Wakefield, en 1772ou les Œuvres, un peu moins conformistes, de LawrenceSterne, en 1774.

Reste donc qu'avant la proclamation de l'Indépen-dance, voire de la Constitution fédérale (1789), les

romanciers locaux n'ont guère la parole. A vrai dire, ilest difficile de parler de « roman » sans faire ici la partde l'aventure vécue, dont les pionniers ont laissé

témoignage, et de la littérature puritaine qui est à lasource des Lettres américaines volets qui, tous deux,encadrent le centre d'un retable primitif, formé par uneproduction pamphlétaire d'inspiration politique, voirerévolutionnaire. Ces trois ingrédients de base donnent,

dès l'origine, le ton à ce qui sera bientôt le « romanaméricain ».

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Les origines contestataires.

PREMIER VOLET: L'AVENTURE VÉCUE

« Ce que la Méditerranée fut pour les Grecs, brisantles liens de l'habitude, offrant de nouvelles expériences,suscitant de nouvelles institutions et de nouvelles

activités, tout cela et bien davantage, la Frontière,toujours refoulée, l'a été pour les États-Unis. » Cettecitation de l'historien Frederick Jackson Turnerprendun sens particulier dans le domaine de la littérature.

Mais il faut, en premier lieu, évoquer ce qu'est la« Frontière» dans l'esprit des Américains. Il ne s'agitpas ici de délimitation entre deux nations, mais entreLA nation et le néant, le vide, l'espace immense qui

s'étend à l'Ouest. La Frontière, c'est presque exclusive-ment le front de peuplement qui progresse en directiondu Pacifique, une zone mal définie, constammentreportée vers le Couchant, plus loin, plus outre, àmesure qu'avancent les colons dans la Prairie. Peu demots courants de la langue américaine ont engendréplus de malentendus à l'étranger, et l'ambiguïté qui endécoule a suscité bien des interprétations erronéesquand le président J. F. Kennedy a placé son pro-gramme sous le signe de la « Nouvelle Frontière »

concept presque intraduisible dans toute autre langue.La vie sur ce front de peuplement est soumise à des

conditions dont le monde civilisé avait alors perdu lesouvenir; les arrivants s'installent où bon leur semble.

Dans ces régions extrêmes où la civilisation pardéfinition peut-on dire n'a pas encore pénétré, iln'existe aucune structure sociale fermement établie, pasd'institutions autres que celles improvisées par lespionniers eux-mêmes à la mesure de leurs besoins. Si les

1. La Frontière dans V Histoire des Étals-Unis, PressesL'niversitaires de France.

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habitants veulent se prémunir contre le vol, il leur faut

organiser leur propre police, nommer leurs propresjuges; s'ils vont bâtir une maison, ils ne peuventcompter sur le travail d'artisans rémunérés; s'ils sou-haitent se doter d'un confort quelconque, ils ne peuventutiliser que les outils qu'ils ont apportés avec eux ou lematériau qu'ils trouvent sur place.

Les forceurs de pistes se voient dans l'obligation deréinventer la société, en passant par tous les stades quiont précédé l'instauration d'une communauté policée àla loi du plus fort succède celle de l'entraide; à laproduction de subsistance, le troc; à celui-ci, le marchéquand les conditions de sécurité le permettent.

Les hommes qui ont vécu cette aventure avaient-ilsbesoin de romans autres que ceux dont ils étaientquotidiennement les héros? C'est là un point dont onpourrait débattre. Le fait est que nombre d'entre eux sesont faits les chroniqueurs de leur propre geste. L'imagi-nation n'en était pas absente dès l'origine, ChristopheColomb ne prétendait-il pas avoir vu des sirènes« moins belles qu'on ne le dit »? Les récits des autresdécouvreurs suivirent, à l'avenant.

Parmi les plus anciens écrits qui émanent du conti-nent, figurent donc des relations de voyage, plus oumoins fantaisistes, au temps où l'Amérique tout entièren'était encore que la frontière de l'Europe. Ce sont parexemple les mémoires légendaires du capitaine JohnSmith qui passe aux yeux des historiens pour unmenteur invétéré et dont l'idylle avec l'Indienne Poca-hontas présente tous les éléments du roman d'amour et

d'aventures le plus classique celui du bel étrangersauvé par la fille du chef. Le sont aussi, les rapports descompagnons de Sir Walter Raleigh, qui peignirent, en1584, le Nouveau Monde en des termes destinés àengendrer des vocations de pionniers 1.

1. Les citations qui suivent sont extraites du remarquablerecueil de Bayrd Still, Pionniers vers l'Ouest. Éd. Seghers, coll.« Vent d'Ouest». •

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