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la petite vermillon

 

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MontparnasseL’âge d’or

 

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Du même auteur

A U X

É D I T I O N S

D E N O Ë L

Le Roman du Printemps, l’histoire d’un grand magasinLever de rideau, histoire des théâtres privés de ParisMontparnasse, l’âge d’or

Collection des Grands Express Internationaux,en collaboration avec Jean des Cars

L’Orient-Express, cent ans d’aventures ferroviaires.

Couronné par l’Académie française

Le Transsibérien, l’extrême Orient-ExpressLe Train bleu et les Grands Express de la RivieraLes Trains des rois et des présidentsL’Aventure de la malle des IndesLa tour Eiffel, un siècle d’audace et de génie

A U X

É D I T I O N S

F L A M M A R I O N

Saint-Germain-des-PrésLe Paris de Jacques PrévertLes Champs-ÉlyséesLe Goût du voyage, de l’Orient-Express aux trains à

grande vitesse

C H E Z

D I V E R S

É D I T E U R S

Voyages

, préface de Pierre-Jean Remy (Olivier Orban)

Escales

(La Table Ronde)

L’Art du Sud – Provence-Côte d’Azur

(Image-Magie)

Normandie

, préface de Malcolm Forbe (Image-Magie)

Vivre Paris

, préface de Jacques Laurent (Mengès)

Vagabondages littéraires à Paris

(La Table Ronde)

Petite Anthologie de poésie ferroviaire

(La Table Ronde)

 

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La Table Ronde

14, rue Séguier, Paris 6

e

Jean-Paul Caracalla

MONTPARNASSE

L’ÂGE D’OR

 

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Première publication : Denoël, 1997.

© Éditions de La Table Ronde, 2005.ISBN 2-7103-

2797-X.

 

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Sommaire

Le crépuscule du Boulevard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1. Montparnasse pour aller danser. . . . . . . . . . . . . 152. La Closerie dont le prince est un poète . . . . . . . 233. Ombre et lumière de la guerre . . . . . . . . . . . . . . 454. Mastroquets et aubergistes . . . . . . . . . . . . . . . . 575. Les empereurs de la limonade . . . . . . . . . . . . . . 696. Abeilles et bourdons de la Ruche. . . . . . . . . . . . 1097. Y a d’la joie ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1238. Où est donc passée Mona Lisa ? . . . . . . . . . . . . 1359. Ladies or gentlemen publishers . . . . . . . . . . . . . 143

10. Le Raspail vert et noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

Épilogue

. Le neuf, le nouveau et moderne aujourd’hui 161

Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

Brève bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

 

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À ma mère (Paris, 1893-1994)

.

« C’est la récompense de ma vie que desentir parfois ma ressemblance avec unemère qui, tout me le démontre tardive-ment, délicieusement, fut une femmeincomparable. »

Colette.

 

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Le crépuscule du Boulevard

Lorsque Ernest La Jeunesse disparaît le2 mai 1917, c’en est fini du Boulevard. Cegrand bougre, le plus souvent sanglé dans unveston boutonné jusqu’au cou sans chemisedessous, est « hideux et sordide dans son accou-trement de marchand de peaux de lapin » (LéonDaudet). Laid, mal rasé, une voix de fausset, lespieds plats, de grosses bagues de pierres multi-colores à tous les doigts, il se coiffe d’un feutreminuscule posé sur sa tignasse rebelle. Écrivain,critique à l’ironie mordante, auteur de pastichesdivertissants,

Les Nuits, les Ennuis et les Âmes denos plus notoires contemporains

, La Jeunesse,chargé de la rubrique académique au quotidien

Le Journal

, illustre lui-même sa chronique decaricatures cocasses. Chaque jour on le voit lireses journaux au

Cardinal

, déjeuner au

Grand U

,griffonner l’après-midi chez

Bols

, le bar hollan-dais où il boit son schiedam. Le soir, il assiste

 

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MONTPARNASSE. L’ÂGE D’OR

aux apéritifs du

Napo

(le

Napolitain

) où, autourde « la table à Catulle » (Catulle Mendès), seréunissent Jules Renard, Georges Courteline,Jean Moréas, Émile Bergerat, Georges Feydeau,et où quelques autres beaux esprits de ce tempspassent et reviennent. Il termine sa soirée, ruedu Helder, au bar du

Journal

, en compagnied’Adrien Hébrard (1)*, Paul-Jean Toulet, Cur-nonski… Sa mort sonne le glas du Boulevard etdes cafés littéraires de la rive droite.

La guerre des deux rives n’a pas eu lieu. Lecombat entre le

Napolitain

et

La Closerie

auraitété par trop inégal. Jean Moréas s’exile rive gau-che, au

Vachette

du boulevard Saint-Michel, oùfréquente un jeune diplomate, épris de littéra-ture, Jean Giraudoux ; Oscar Wilde, dandydéchu, traîne son infortune d’une rive à l’autre,Courteline, loin de Montmartre, ronchonne dedevoir renoncer à ses parties de manille del’

Auberge du clou

, sise avenue Trudaine, GeorgesFeydeau, lugubre, se morfond sur la banquettede velours rouge de

Maxim’s

.

Tortoni

,

Brébant

, le

Café anglais

, la

Maisondorée

, le

Madrid

,

Bols

, le

Grand Café

, le

Weber

,où les discussions esthétiques et littéraires vont

* Les notes sont reportées page 165.

 

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LE CRÉPUSCULE DU BOULEVARD

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bon train, ferment les uns derrière les autres, aufur et à mesure de l’extinction de leurs consom-mateurs les plus illustres.

À Montmartre, l’âge d’or s’achève. Au

Chat-Noir

, la lanterne du théâtre d’ombres s’estéteinte, dispersant ses pères fondateurs :Alphonse Allais, Maurice Donnay, CharlesCros, Mac Nab, Xanroff, Vincent Hyspa… etses illustrateurs : Caran d’Ache, Léandre, Stein-len, Willette…

Le nouveau Montmartre, lieu de plaisir tape-à-l’œil, fait décamper les artistes de la Butte. Tra-versant la Seine, ils s’installent sur la rive gauche,notamment autour du carrefour des boulevardsRaspail et du Montparnasse. Ils y seront vite enplus grand nombre qu’à Montmartre. Bientôt, leprolongement du boulevard Raspail entre la ruede Vaugirard et le boulevard du Montparnasseachevé – inauguré par Raymond Poincaré, nou-veau président de la République, le 10 juillet1913 –, le carrefour Montparnasse-Vavin devientleur lieu d’élection.

Le 1

er

août 1914, la fermeture des bals Bul-lier et du Moulin-Rouge, suivie de l’ouverturedes hostilités franco-allemandes, marque, endépit du calendrier, le véritable terme du

xix

e

siècle.

 

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Montparnasse pour aller danser

Le chemin édifiant de Montparnasse

Jadis, avant le percement du boulevardSaint-Michel, on accédait à Montparnasse,depuis le Quartier latin, en empruntant la rueSaint-Jacques et le quartier des couvents. Enpassant devant Saint-Jacques-du-Haut-Pas, onavait une pensée pour Mme de Longueville (2).Les libéralités de cette frivole assagie, sœur duGrand Condé et du prince de Conti, ont permisd’achever son édification. Après quoi, on lon-geait les anciens couvents des ursulines, puiscelui des carmélites où sœur Marie de la Miséri-corde, alias duchesse de La Vallière, favorite deLouis XIV, se réfugia dans la pénitence quandMme de Montespan la supplanta dans le cœurdu roi.

Victor Hugo a passé une partie de sonenfance dans l’ancien couvent des feuillantines

 

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MONTPARNASSE. L’ÂGE D’OR

qui précède le Val-de-Grâce, gage de gratituded’Anne d’Autriche pour louer la providenced’avoir donné un dauphin à la couronne deFrance. Enfin, sur le boulevard de Port-Royal,l’ancienne maison de refuge de l’abbaye dePort-Royal-des-Champs abrite désormais unematernité. Un obus allemand y fit une vingtainede victimes en 1918. Le boulevard Saint-Micheltermine sa course au carrefour de l’Observa-toire, où se font face

La Closerie des lilas

et lecentre universitaire Bullier, édifié à l’emplace-ment du célèbre bal. D’ici part la majestueuseallée, avec sa double rangée d’arbres taillés à lafrançaise menant, d’un côté, au palais duLuxembourg et, à l’opposé, à l’Observatoire,construit par Claude Perrault.

Deux monuments superbes du

xix

e

siècleornent ce rond-point historique : la fontaine des

Quatre Parties du monde

de Carpeaux, élevée surla ligne idéale du méridien de Paris, et la statuedu maréchal Ney par Rude.

Au-delà, dans la rue Boissonade, s’étend lejardin conventuel des dames de la Visitation.De sa fenêtre, Romain Rolland en admiraitl’ordonnance en écrivant

Jean-Christophe

, de1904 à 1912.

 

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MONTPARNASSE POUR ALLER DANSER

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Grand bal chez les chartreux

Dès le début du

xix

e

siècle, Montparnasseavait été choisi par peintres et sculpteurs, aumême titre que Montmartre et ses environs. Denombreux ateliers au loyer modeste ont attiréces artistes dans ce quartier resté champêtre.Cochers, maréchaux-ferrants, blanchisseusesvivent là près des vergers dont Balzac, dit-on,appréciait les cerises.

On se donne rendez-vous au bal Bullier, aucoin des boulevards du Montparnasse et Saint-Michel. C’est là qu’en 1838 un certain Car-maud a ouvert un bal, dans les vestiges d’unancien séminaire de chartreux. On y danse sousune tente, sorte de grand parapluie entouré decariatides soutenant des globes éclairés au gaz etappliqué au mur devant lequel fut exécuté,vingt-trois ans plus tôt, le 7 décembre 1815, lemaréchal Ney. Parent pauvre du bal de laGrande Chaumière, son voisin, il n’a pas bonneréputation. Carmaud fait de mauvaises affaires.Une publicité tapageuse et des manifestations,aussi insolites que les grandes fêtes qu’il donnede midi à minuit, ne réussissent pas à élargir saclientèle, ni à la fidéliser.

François Bullier, un solide gaillard qui avaitdébuté comme allumeur de lampions au bal de

 

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MONTPARNASSE. L’ÂGE D’OR

la Grande Chaumière, entreprend de rénoverl’établissement. Il remplace le grand parasol parune piste de danse en plein air, entourée d’arca-des imitées des merveilles de l’Alhambra. Der-rière cette façade hispano-mauresque s’ouvreun jardin aux bosquets touffus dans lequel peu-vent rêver les poètes et s’égarer les amoureux.Bullier plante, en outre, pas moins de millepieds de lilas. Ouvert en 1847, son bal prend lenom de

La Closerie des lilas - Jardin Bullier

. Lesuccès obtenu un an auparavant par

La Closeriedes genêts

, la pièce de Frédéric Soulié (3), àl’Ambigu, n’est certainement pas étranger aunom du nouveau bal. Danses nouvelles, lamazurka et la scottish remplacent le quadrille.

En dépit de prédictions pessimistes, ce lieud’ébats en musique gagne la faveur du public ; ildevient vite très en vogue.

Blouse grise et chapeau de paille, les mainsderrière le dos, le père Bullier se promène aumilieu de celles qu’il appelle ses brebis : Cigale,Clara Fontaine, Rose Pompon, Zélie Hoff-mann, Clara Fauvette, Pauline la Folle,Olympe, Pochardinette, et d’autres commePomaré ou Mogador, reines des bals du Cour-rier-Français et des Quat’z-Arts, bien connuesdes Parisiens pour leur conduite extravagante.

 

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MONTPARNASSE POUR ALLER DANSER

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Alfred Delvau (4), historien de Paris, parle deces « belles drôlesses vêtues de robes de foulard,coiffées de chapeaux de paille à la “Paméla”,chaussées de cothurnes dorés sur tranche, et quis’appelaient “Henriette-Zonzon, Anita l’Espa-gnole, Isabelle l’Aztèque, Peau-de-Satin,Bouffe-Toujours, Nina-Belles-Dents, Finette laBordelaise, Canard, Emma-Cabriole” ». Dansleur

Journal

les Goncourt rapportent que lecourriériste Claudin, qui passait le plus clair deson temps chez Bullier, disait avoir entenduMogador s’écrier en arrivant : « Qu’est-ce quime paye un bifteck ? Je reste avec lui jusqu’àdemain matin. »

Courtisanes, demi-mondaines, jeunes fillesdu quartier, messieurs sérieux, étudiants etpetits-bourgeois curieux du spectacle s’y préci-pitent, trois soirs par semaine.

Paul Fort (5) le chantera : « Bullier, dont lestyle ottoman, fleuri de globes électriques, plaîtà toutes les demoiselles de la taverne du Pan-théon, Orient pour vingt sous, harem où l’oda-lisme est à cinq francs quand ce n’est pas la mi-carême, Bullier dans son style ottoman accueilletous les sentiments des enfants de la Républiquesous sa colonnade électrique. »

 

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MONTPARNASSE. L’ÂGE D’OR

La réussite de François Bullier a été si écla-tante qu’elle a contraint son ancien patron à fer-mer les portes de la Grande Chaumière en1855.

C’était le temps de la polka

Pendant soixante-dix ans, la Grande Chau-mière avait drainé par milliers les amateurs degambille vers Montparnasse ; elle avait mêmeconcurrencé les bals Mabille, de l’avenue Mon-taigne, et le Tivoli, de la rue Saint-Lazare. Situéau cœur d’un grand jardin, entouré de tonnelleset de gloriettes, le bal était devenu l’un des pluspopulaires de Paris. L’entrée, fixée à cinquantecentimes, ne dispensait pas les hommes derégler un supplément de trente centimes pardanse ; l’accès étant libre pour les dames. Lesfrères Goncourt racontent que, lorsque les fillesallaient danser à la Grande Chaumière, leursmères leur attachaient un mouchoir autour de lataille pour que les mains des danseurs ne salis-sent pas leur robe.

Lahire, son propriétaire depuis 1837, unancien grenadier de la Garde, doué d’une forceherculéenne, assurait à lui seul le service d’ordrede son établissement.

 

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MONTPARNASSE POUR ALLER DANSER

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C’est à la Grande Chaumière que la polka afait sa première apparition, en 1845 ; puis larobert-macaire, version scabreuse du quadrille.Enfin la création du cancan y fit scandale avantde faire les beaux soirs du Moulin-Rouge.Quant au chahut, sorte de cancan jugé indé-cent, il fut interdit par la police. LolaMontes (6), alors danseuse à la Porte-Saint-Martin, vint un soir, au bras du clown Auriol,danser un quadrille délirant.

La Grande Chaumière offrait à sa clientèled’autres attractions : montagnes russes, standsde tir, terrain de jeu de boules, balançoires…

Fréquenté plutôt par des étudiants, desbohèmes, des artistes, l’amour y restait volage,mais point tarifé, comme bien souvent dans lesbals de la rive droite.

La Grande Chaumière fermée, Bullierdevient le bal le plus couru. Vivante expressiondu Quartier latin, il évolue au gré de la mode,laquelle transforme la plupart des brasseries enbars de nuit et son pseudo-Alhambra de jadis enune salle de bal peinte en vert et blanc.

Le cake-walk et la matchiche succèdent à lapolka. Quand arrive le temps du tango, l’épo-que, hélas, n’est plus à la danse. Le 1

er

août

 

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MONTPARNASSE. L’ÂGE D’OR

1914, l’appel sous les drapeaux le contraint àfermer ses portes.

Avant la « der des ders » se retrouvaient déjàà Montparnasse, dans des bistrots glauques, lespremiers émigrés des ghettos lituaniens et desCastillans fuyant la misère de leur

pueblo

.Le cosmopolitisme qui allait régner dans les

cafés du carrefour Vavin s’amorçait.

 

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La Closerie dont le prince est un poète

Paul Fort opte pour

La Closerie des lilas

Jusqu’en 1890, le café

Versailles

, établiplace de Rennes (rebaptisée place du 18-Juin-1940), face à l’ancienne gare Montparnasse,n’est fréquenté que par quelques artistes aca-démiques. Chapeau à large bord, barbiche etlavallière les distinguent de la clientèle ordi-naire. Tous ne sont pas nécessairement despeintres « pompiers ». Ainsi, au

Versailles

ou àla terrasse du

Lavenue

, son voisin d’en face,voit-on le vieil Harpignies (7), à plus de qua-tre-vingt-dix ans, siroter chaque soir des perro-quets, son apéritif favori, ou l’élégant Fantin-Latour (8), dont le succès assure désormaisune cour de jeunes artistes admiratifs.

Le 22 octobre 1895, les consommateurs desdeux cafés ont la surprise de voir, vers seize heu-res, la locomotive du Granville-Paris jaillir de la

 

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Remerciements

Je suis très reconnaissant à mon ami André Bayd’avoir mis à ma disposition la documentation qu’il avaitréunie pour son ouvrage historique Adieu Lucie, le romande Pascin (Albin Michel). Josette Hayden, aujourd’huidisparue, m’avait confié des documents précieux sur sonmari, le peintre Henri Hayden ; Caroline Tachon m’a,elle aussi aidé, dans mes recherches ; un grand merci àl’ami Philippe Brugnon à l’inépuisable bibliothèque.Quant à Pierre Canavaggio, attentif à mon travail, il estassuré de mon amitié.

Je ne fais jamais appel en vain à mon ami JacquesCrépineau, historien du spectacle, à sa mémoire et à sesdossiers ; qu’il en soit ici remercié.

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Cet ouvrage a été achevé d’imprimerpar l’Imprimerie Darantiere (Quetigny)

en septembre 2005 pour le compte desÉditions de La Table Ronde.

Dépôt légal : septembre 2005.No d’édition : 136812.No d’impression : ????.

Imprimé en France.

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