extrait de la publication… · avec les deux premiers une triade. mais il fait ... de la nature...

Click here to load reader

Upload: tranhuong

Post on 16-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • Extrait de la publication

  • Extrait de la publication

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:12FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 3 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

  • Meta-systems - 06-02-13 15:48:12FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 4 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • Jean-Claude DebeirJean-Paul DelageDaniel Hmery

    UNE HISTOIRE DE LNERGIE

    Les servitudes de la puissance

    dition revue et augmente 2013

    Flammarion

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:12FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 5 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

  • Le ciel a ses raisons, la Terre a ses ressources,lhomme a son ordre politique, formant ainsiavec les deux premiers une triade. Mais il faiterreur sil ne respecte pas les fondements decette triade en empitant sur les deux autres.

    Xunzi, 17 (IIIe sicle avant notre re)

    Flammarion, 1986. Flammarion, 2013, pour la prsente dition.

    ISBN : 978-2-0812-9361-8

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:12FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 6 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • Avant-propos

    LNERGIE, LA CRISE

    1973, 1979 : un, deux chocs ptroliers ; 1974 : la criseconomique, relativement brve il est vrai ; 1986 : le troisimechoc ptrolier, lenvers cette fois et Tchernobyl ; 2008 : nouveau la crise conomique mondiale, et 2011 : Fukushima.Une nouvelle situation de chaos sest installe lchelle plan-taire. Pour la premire fois, une grande crise du type decelles qui, dans le pass, ont boulevers en profondeur le capita-lisme, comme la Grande Dpression (1873-1895) et la crise de1929 sest ouverte en synchronisme avec une brusque dstabili-sation des structures nergtiques des socits industrialises, laquelle sajoutent les prmisses dune crise climatique sans prc-dent par le rchauffement rapide de la plante. Cette conjonctionest une donne neuve. Au point que lon a voulu voir dans la criseptrolire, hier, lorigine de la dpression conomique internatio-nale qui a suivi. La rflexion sur les problmes de lnergie, amor-ce entre 1973 et 1980, pitine et se rpte. aucun moment ellene sest vraiment affranchie de modes danalyse rducteurs, quilssoient purement techniques, conomiques ou cologiques.

    Ce synchronisme doit tre pens non pas la manire dunschma explicatif, mais comme un tournant historique de pre-mire importance. Il suggre que toutes les sorties de crise dont les milieux dirigeants des grands tats sefforcent de trouverles voies ne pourront chapper aux effets contraignants du facteurnergtique. Cest ainsi que, depuis les annes 1980, les balancesdes paiements courants de la plupart des pays industriels, qui

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:12FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 7 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE8

    taient restes bnficiaires depuis le milieu du XIXe sicle,except pendant les priodes de guerre et de reconstruction, sontdevenues dficitaires et sont entres dans une re dendettement les plus fragiles depuis 1973, dautres lors du second chocptrolier de 1979 et toutes depuis 2004 , principalement sousleffet de la hausse du cot de leurs importations dnergie. Celaa eu pour effet dimposer un rquilibrage drastique de leursbalances commerciales, finalement au dtriment des consomma-tions intrieures ou, si celles-ci ont t maintenues, ce fut auprix dune dspargne ou dun endettement croissant.

    La crise nergtique na rien de passager. Mme si, de 1981 1986, les prix du ptrole, aprs stre stabiliss, se sont effondrs,la menace dune rupture des approvisionnements en nergie dumonde occidental reste prsente, dautant que depuis 2000lessor de la demande et la multiplication des conflits au Moyen-Orient sont de puissants facteurs de hausse. vrai dire, plus quedune crise il sagit dune dtrioration long terme des fonde-ments nergtiques de lconomie mondiale, dont la crise ptro-lire de la dcennie 1970-1980 naura t que le prologue. Dansle long terme, la dtermination nergtique ne cessera de peser,directement ou indirectement, sur le mouvement de la produc-tion et des changes, dorienter les grands choix technologiques,dinflchir les options politiques. La somme des enjeux quellereprsente pour les socits industrialises est, de toute vidence,incalculable. Elle constitue ncessairement lobjet immdiat detoute rflexion sur lnergie. Mais elle na gure de significationsi on lisole de la situation nergtique des pays mergents et despays du Sud. Situation rien de moins qualarmante, qui apparat,si lon va au-del de la foi nave dans les miracles de la science,sans issue court et mme moyen terme : cest bien lorsquonlenvisage depuis son versant sud que la crise nergtiqueprend des allures de catastrophe.

    Comment la comprendre aussi si lon ne la rapporte pas auxdivers modes de fonctionnement nergtique des socits dupass, si lon ne tente pas de reprer dans lhistoire les solutionslogiques que les groupes humains ont sans cesse inventes ourinventes pour assurer les conditions nergtiques de leursurvie ou de leur croissance ? Ce nest que par la connaissance et

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 8 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • AVANT-PROPOS 9

    la comprhension du processus historique de longue dure, quia dbouch sur la double crise de lnergie aujourdhui, celle dessocits industrialises, celle des socits du Sud, quil devientpossible de cerner lventail des choix rels. Mais une telledmarche nest elle-mme envisageable que si lon dispose duncertain nombre dhypothses, dinstruments danalyse. Pour lemoment, ces instruments nexistent gure. Lnergie reste unimpens historique. Si la plthore et le gaspillage structurel dansles socits des pays industrialiss et des pays mergents ont pourcondition le dnuement nergtique gnralis dans les pays duSud, la richesse ptrolire et lectrique de nos socits a pourcontrepartie la pauvret des reprsentations de sa gense et deson devenir.

    ** *

    Depuis la formation de la pense scientifique, en particulierdepuis lintroduction de la notion dnergie par le physicienanglais Young, au dbut du XIXe sicle, et depuis lavnement dela thermodynamique, une image sest peu peu impose : lner-gie nest quune ralit physique matrisable par des procdstechniques selon une logique purement conomique. Cestltude de plus en plus spcialise de ces procds et de cettelogique machines, capitaux, organisation du travail, rseaux delchange qui a pris le dessus dans la rflexion sur lnergie.Celle-ci a t pense comme un donn brut, implicitementconsidr comme neutre, illimit, inpuisable comme lair quenous respirons, dpourvu dincidence particulire sur le devenirsocial, subordonn au contraire ce dernier, dominable volont. Pour les sciences humaines, lnergie nexiste pas commeobjet spcifique de connaissance, elle nest aborde que dans laperspective de la croissance conomique.

    Le rtrcissement de loptique des marxistes depuis lpoquedu Capital est, cet gard, typique et contraste avec lampleurde la problmatique initiale de Marx. Ce dernier pose, en effet,les prmisses dune rflexion systmatique sur les changes entrelhomme et la nature, au centre desquels il y a lnergie, et lon

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 9 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE10

    na toujours pas dpass llaboration quil propose ds 1857 dela notion de production : Toute production est appropriationde la nature par lindividu au sein dune forme sociale dtermi-ne par le truchement de celle-ci 1. Pour lui, la production sesitue la jointure dun double faisceau de relations : le systmedes rapports entre la socit et la nature, le systme des rapportsinternes la socit, dont les plus dterminants sont les rapportsde production qui rgissent lorganisation sociale des rapportssocit/nature. Marx conoit galement dans Le Capital lalogique de la destruction tendancielle de lenvironnement par lemode de production capitaliste, lequel lui apparat tout autantmode de destruction que mode de production, ide que dvelop-pera Schumpeter vers 1940. Avec Engels, il sinterroge sur linci-dence des dterminations physiques dans la production dusurproduit. Tous deux affirment maintes reprises, souslinfluence des conceptions de la thermodynamique, la naturenergtique de tout acte productif. Ils dveloppent une concep-tion complexe de la rvolution industrielle, dans laquelle sentre-croisent, outre ses dimensions sociales, la fois linvention de lamachine-outil et celle dun nouveau type de moteurs. Pour eux,socit et nature forment une totalit indissociable, la naturetant lobjet des processus de travail.

    Pourtant, dans Le Capital, Marx abandonne trs vite cetteapproche si stimulante pour privilgier lanalyse des deux autreslments du processus, le capital et le travail. Dans cette optiqueplus limite, lnergie nest rien dautre quun condens de cesdeux lments.

    Quant la rflexion de ses continuateurs, elle sest dveloppehistoriquement selon la mme pente, dans le sens dune lucida-tion des mcanismes sociaux de la reproduction du capital et deses mcanismes politiques, notamment de limprialisme, ce qui,dailleurs, reprsente un apport certain pour lanalyse des phno-mnes nergtiques. On a perdu la piste quouvrait le conceptde totalit socit/nature, celle dune rflexion fconde sur

    1. MARX K., Fondements de la critique de lconomie politique (Grundrisse derKritik der Politischen konomie, 1857-1858), trad. R. Dangeville, Paris,Anthropos, 1967, t. I, p. 16.

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 10 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • AVANT-PROPOS 11

    lembotement des rapports sociaux de production et de la bio-sphre, sur le jeu rciproque des dterminants naturels et desdterminants sociaux. Cette virtualit du marxisme de Marx estreste inexplore. Marx lui-mme, dailleurs, a largement contri-bu orienter dans cette voie les prolongements de son uvrethorique en affirmant ds les Grundrisse de 1857-1858 quele capitalisme na que des limites internes et quil est en mesurede saffranchir des dterminations naturelles.

    Ds lors, le rapport socit/nature na plus t envisag quedans le cadre dune thorie purement conomique, celle de larente foncire. Pour la plupart des marxistes, les problmes ner-gtiques ne seront dsormais conus que comme des processusde production et dchange qui, dans un contexte dabondancedes ressources, relvent de la notion de force productive, laquellena t utilise le plus souvent que de manire rhtorique etconstitue aujourdhui lun des principaux points aveugles de lapense marxiste. Cette longue drive a conduit la convictionirraisonne de labolition prochaine des contraintes naturelles,principale caractristique idologique du mouvement scienti-fique aux XIXe et XXe sicles, dont les divers marxismes ont tde par le monde les principaux vecteurs. Le scientisme aura t mais pouvait-il en tre autrement dans le contexte idologiquede lpoque ? leur commune maladie infantile. Certes, il nestpas question dans ce livre de sacrifier lantimarxisme, lieucommun, aujourdhui rpandu sous linfluence dun no-libra-lisme dominant qui, bien que sinistr par ses nombreux checs,exerce encore par effet dinertie un magistre sur de nombreuxintellectuels. Car, sans lapport thorique de Marx et dequelques-uns de ses continuateurs, on ne peut pas penser le fonc-tionnement nergtique des diffrentes formations conomiques-sociales. Mais, cette fin, on ne peut pas non plus se satisfairede ltat de non-dveloppement actuel de la rflexion marxiste.Dautant que ce non-dveloppement a ouvert la voie aux thoriesqui, linverse, font de lnergie lultima ratio de lhistoirehumaine et de lcologie le critre unique dune critique radicaledes socits industrialises, la cl du passage une hypothtiquesocit postindustrielle, fonde sur les industries de linforma-tion, ce nouveau mythe dun temps de crise. Le concept dner-

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 11 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE12

    gie est, en effet, le concept central de lanalyse de nombreuxcologistes, de Howard T. Odum par exemple 1, qui conoiventles mcanismes sociaux en termes de flux nergtiques.

    Le principal intrt de cette approche est de permettre la com-paraison entre plusieurs filires techniques du point de vue de leurscots nergtiques : elle a effectivement dmontr que, dans lessocits industrialises, le rendement est pour linstant dlibr-ment sacrifi la puissance. Mais, quelque novatrice que soit lamthode, elle ne suffit pas rendre compte des conditions socialesdes choix techniques effectus et, surtout, elle aboutit dans sa ver-sion dogmatique rduire lhistoire humaine au simple jeu de loisnergtiques. Le concept dnergie sert ici de substrat indiffren-ci, de notion universelle permettant une interprtation cosmiquede la ralit sociale. La thermodynamique remplace la mcaniquecomme fondement dune nouvelle vision du monde. Maislessence de la dmarche demeure inchange : il sagit dune tenta-tive de mise en quation de lunivers, dont chaque lment estramen une commune unit nergtique. En tablissant desbilans prcis, on peut certes dgager quelques grandes caractris-tiques des mcanismes dutilisation de lnergie dans les socitscontemporaines : de ce point de vue, lanalyse nergtique est unoutil irremplaable pour une bonne gestion des ressources natu-relles. Mais lanalyse des systmes telle que lont pratiqueH.T. Odum et, sa suite, de nombreux cologistes, biologistes etthermodynamiciens, tend rduire la socit un ensemble deproducteurs, transformateurs, conducteurs, rservoirs de calories :on revient une conception du monde qui substitue au matria-lisme conomiste , qui sest lui-mme construit au XIXe sicle surle modle de la mcanique rationnelle, un matrialisme nerg-tique . partir de tels modles, la recherche dalternatives socialesse rsout en recherche dalternatives nergtiques. Et, faute dunevision critique de la socit, faute dune analyse des forces qui syaffrontent, le grand projet dune conception totale de la socitfonde sur lco-nergtique devient une simple ingnierie delenvironnement 2.

    1. ODUM H.T., Environment, Power and Society, New York, Wiley Inter-science, 1971.2. BOOKCHIN M., Pour une socit cologique, trad. H. Arnold et D. Blan-chard, Paris, C. Bourgois, 1976.

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 12 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • AVANT-PROPOS 13

    Les cologistes ont raison lorsquils dnoncent le caractre irr-versible de la destruction de la biosphre. Ils ont tort, coupsr, de croire que la crise sera tranche par un simple programmede survie cologique. Cest ce niveau que se situe la limitevritable des modles nergtiques de la socit quils dfendent,qui se rduisent trop souvent une simple gestion plus ration-nelle des flux dnergie. Une des rares exceptions ce rduction-nisme nergtique est constitue par les travaux de BarryCommoner 1. Ce dernier a su mettre en vidence, ds 1976, lesrelations entre diffrents niveaux de ce quil est convenu dappe-ler la crise de lnergie, sans ngliger le moment socio-cono-mique de lanalyse, confirmant lapproche de Marx selon laquellela socit capitaliste est incapable de rconcilier lhomme aveclhomme et lhomme avec la nature : Un enchanement aveugleet irraisonn [] concentrer la force physique de lnergie etle pouvoir social dcoulant de la richesse quelle procure entreun petit nombre de socits [], dont la puissance a alimentchmage et pauvret, voil le vice foncier qui a engendr la crisede lenvironnement et de lnergie et qui menace de nousengloutir sous les dbris dun systme conomique chance-lant 2.

    Lacuit de la crise cologique rend urgent lavnement dunesocit o les choix productifs seraient fonction de la valeurdusage relle des produits et non plus dtermins par limpla-cable logique du profit pour une accumulation matrielle de plusen plus gaspilleuse dnergie. Les cologistes ont sans aucundoute raison de souligner la contradiction entre la destructionacclre des stocks dnergie engendre par cette croissance etla finitude de la biosphre. Mais ils doivent aussi se rendre cette vidence : pas plus quil ny a de rverie possible lencontredes lois de lcologie et de la thermodynamique il ny a de rveriepossible rencontre des contraintes sociales et historiques.

    ** *

    1. COMMONER B., La Pauvret du pouvoir (1976), trad. J. Bernard, Paris,PUF, 1980.2. Ibid., p. 176.

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 13 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE14

    Le succs de ces deux types de dmarches, les versions cono-mistes ou troitement politiques du marxisme et les lectures co-logistes de la crise, sexplique au fond par leur complmentaritet par lidentit profonde de la logique qui les sous-tend. Toutesdeux consistent faire dun facteur, le capital, la marchandise oulnergie, la rfrence unique qui permet de rendre compte de ladynamique des socits. Toutes deux sinterdisent de comprendrecette dynamique complexe et contradictoire, et, en consquence,davoir prise sur elle.

    Lambition du prsent travail est de dpasser les limitesactuelles des diffrentes approches de la crise de lnergie. Lunedes moindres nest pas la prolifration des recherches empiriques,de plus en plus parcellaires, prisonnires de la tendance lourde de la recherche actuelle, historienne notamment laccumula-tion indfinie de rsultats , et qui se refusent envisager latotalit, mettre la crise nergtique en perspective historique.Celle-ci constitue pourtant le seul choix mthodologique quipuisse fonder solidement lanalyse du rapport des socits lnergie.

    Ce choix conduit tenter dvaluer un certain nombre destructures nergtiques, celles de lAntiquit occidentale et delEurope mdivale, de la Chine impriale, des socits industria-lises dEurope et dAmrique, avant daborder les aspects essen-tiels de la crise actuelle de lnergie : crise ptrolire, rupture dessystmes nergtiques du Sud, contradictions de la filirenuclaire. Quatre hypothses ordonnent cette rflexion :

    mdiation la plus contraignante, mais non la seule, durapport de lhomme la nature, lnergie est la condition fonda-mentale de lexistence des groupes humains ;

    la mobilisation des nergies sorganise au sein de systmesdont les dimensions sont la fois sociales, techniques, politiques,mentales, etc. : les systmes nergtiques ;

    lensemble des systmes nergtiques est aujourdhui envoie de dtrioration, lun des enjeux cruciaux du futur est larecherche des voies dune transition, dune substitutionnergtique ;

    cette transition ne peut se rduire de simples dveloppe-ments techniques, la mise au point de filires nergtiques nou-

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 14 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

  • AVANT-PROPOS 15

    velles. Elle implique ncessairement la mutation densemble dessocits lchelle du monde. Quels que puissent tre sa dure etson rythme, cette mutation sera globale. Jusqu prsent, aucunervolution na rellement ou durablement remis en question lesfondements matriels de lorganisation sociale. Ceux-ci ne sau-raient dailleurs tre modifis par dcret. Pourtant, aucune alter-native sociale nest plus dsormais concevable qui nimplique lamise en place dun nouveau systme nergtique.

    Cet essai tente de rpondre la ncessit dapprhender defaon systmatique lun des dfis majeurs de notre temps. Ilcompte dinvitables lacunes. Il faut souhaiter que les dfauts decet ouvrage seront relevs et rpars par les spcialistes, auxquelsil doit beaucoup, des diffrents domaines concerns et, aussi, queces derniers entreprendront enfin de sattaquer ce quilsngligent de plus en plus par ces temps dmiettement des savoirset dclatement des pratiques : linconfortable mais indispensabletravail de synthse, tape difficile, mais sans laquelle il nest pasde connaissance ni dinnovation sociale. Aujourdhui plus quejamais, le vrai est dans le tout

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 15 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

  • Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 16 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • 1

    NERGIE ET SOCITS

    I. Rgulations cologiques et rgulations sociales

    Les relations entre les socits humaines et la biosphre nepeuvent se rduire leur dimension conomique ni mme leur dimension sociale, car elles concernent aussi le mode de vieparticulier de lhumanit en tant quespce biologique. Celasignifie quaucune espce, pas mme lespce humaine, ne peutchapper aux lois des sciences de la nature. Les activitshumaines telles quelles sont analyses par lconomie (produc-tion, change, consommation) ne constituent quune premiresphre, qui obit ses propres rgulations (dans la socit capita-liste : le march, les prix), incluse elle-mme dans une sphresociale plus large (la socit civile, ltat, les idologies). Maiscette premire sphre souvre son tour sur lunivers plus largede la matire inanime et vivante, qui lenglobe et la dpasse.Ces trois sphres, celle des modes de production, celle de laformation sociale et celle de la biosphre, rendent compte delensemble des activits humaines.

    Ce constat conduit aux remarques suivantes, triviales et nan-moins lourdes de consquences 1 : les activits conomiquesnont de sens que dans la sphre sociale ; la reproduction et largulation de chacune des trois sphres passent par celles desdeux autres ; si les relations entre ces trois sphres sont dinclu-

    1. PASSET R., Lconomique et le Vivant, Paris, Payot, 1979.

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 17 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE18

    sion, on peut affirmer que les lments de la sphre conomiqueappartiennent la biosphre et obissent ses lois, mais que tousles lments de la biosphre nappartiennent pas la sphre delconomie et ne se plient pas ses rgulations. Pour cette der-nire raison, confrer un caractre dterminant en dernireinstance lconomique a pour effet de soumettre la socit, leshommes et la nature un dterminisme qui ne saurait tre leurloi commune : dans cette perspective, la biosphre, qui a sespropres rgulations, se trouve de ce fait place sous la dpen-dance de lun de ses sous-systmes.

    Aussi longtemps que les activits conomiques nont faitqugratigner la biosphre, le non-respect des relations dinclu-sion na pas eu de consquences trop graves, car le monde vivant absorbait sans difficult les interventions humaines, encoreque certains phnomnes historiques dimportance puissent sansaucun doute tre relis une pression trop forte des activitshumaines sur les cosystmes. Ainsi, le surpturage des steppesde lAsie centrale na-t-il pas t lun des facteurs dun dsastrecologique qui expliquerait au moins partiellement les phno-mnes migratoires sculaires vers lEurope ? Ou les vastes dboi-sements qui ont prcd la rvolution industrielle alors quele bois tait un matriau essentiel exploit comme seule sourcednergie thermique nont-ils pas conduit le monde occidentalvers une crise qui a dbouch sur le dveloppement rapide delextraction du charbon et sur linvention de la machine vapeur ? Que dire daujourdhui, o les rpercussions des activi-ts humaines mettent en jeu la reproduction mme des cosys-tmes qui les portent ? Cette situation dinterdpendance destrois sphres ncessite imprativement de prendre en comptesimultanment des rgulations conomiques et sociales ainsi quedes rgulations cologiques. Ce qui ne signifie pas quil faillechausser des lunettes clectiques pour voir apparatre le mondesous la forme dune mosaque sans structure. Au contraire, unerflexion approfondie sur le rle de lnergie dans lhistoire dessocits humaines peut remettre de lordre dans notre vision deces trois sphres et dans la comprhension de la place quoccupelnergie face au dfi majeur auquel est aujourdhui confrontelhumanit.

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 18 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • NERGIE ET SOCITS 19

    II. La place de lnergie dans ces rgulations

    Les physiciens furent les premiers avoir donn une dfinitionscientifique au concept dnergie. Cette notion a t labore auXVIIIe sicle partir de celle de travail mcanique. Son extension la chaleur date du XIXe sicle. Dune faon trs gnrale, onpeut dfinir lnergie comme ce quil faut fournir ou enlever un systme matriel pour le transformer ou le dplacer 1 . Cettedfinition suppose dans son principe la possibilit de comparerentre elles toutes les transformations possibles de tous les sys-tmes possibles. On peut prendre lune delles pour talon etlutiliser comme unit de mesure. Le mouvement mcanique, lerayonnement, la chaleur, entre autres, apparaissent bien commedes formes diffrentes dun mme phnomne, lnergie, mesu-re avec une unit commune (la calorie, le joule, la tep, etc.).Cette quivalence est exprime au milieu du XIXe sicle par lepremier principe de la thermodynamique, selon lequel lnergiene peut tre ni cre ni dtruite. Lorsquon transforme de lner-gie en vue dune utilisation prcise, on utilise un convertisseur ;par exemple, une centrale thermique transforme en lectricitlnergie chimique stocke dans le charbon ou le fuel ; unmoteur transforme cette lectricit en nergie mcanique. Laquantit dnergie finale est toujours infrieure la quantitdnergie brute de dpart. Ainsi, le rendement du convertisseur,rapport entre ces deux quantits, nergie finale et nergie initiale,est toujours un nombre infrieur 1. Ce rsultat a t formulpour la premire fois par Carnot dans son mmoire de 1824 2.Sa rflexion part de lobservation du trs bas rendement desmachines vapeur construites lpoque 3 pour dmontrer que

    1. BIENVENU C., Vous avez dit nergie ?, Paris, Sofedir, 1981.2. CARNOT S., Rflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machinespropres dvelopper cette puissance (1824), Paris, A. Blanchard, 1953.3. La puissance motrice de la chaleur est indpendante des agents mis enuvre pour la raliser ; sa quantit est fixe uniquement par les tempraturesdes corps entre lesquels se fait en dernier le transport du calorique (ibid.,p. 38). Prcisment, selon le principe de Carnot, le rendement thoriquemaximal dune machine thermique est donn par r = 1 T1/T2, o T1 estla temprature absolue de la source froide, T2 celle de la source chaude.

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 19 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • UNE HISTOIRE DE LNERGIE20

    ce rendement a une limite thorique indpassable. La portethorique et pratique de ce principe, le second principe de lathermodynamique, dpasse trs largement le domaine desmachines vapeur. Il introduit un concept de qualit de lner-gie, une mesure de la capacit dun systme transformer de lachaleur, considre comme une forme dgrade de lnergie ennergie mcanique.

    Finalement, la science de lnergie peut tre condense en cesdeux principes : lnergie dun systme isol est constante ; enmme temps que lnergie dun systme isol se dgradeconstamment, son entropie augmente. Lnonc de ces deuxprincipes montre que le problme auquel est confronte lhuma-nit nest pas celui de la conservation de lnergie, mais celui dela conservation dune certaine qualit de sa dot nergtique, sacapacit fournir du travail utile. De ce point de vue, le secondprincipe donne les fondements rationnels dune bonne poli-tique de lnergie : comment tirer de notre dot nergtique lemaximum dnergie utile, sous forme de travail, de lumire, denourriture, etc. ? La Terre est un systme nergtiquementouvert. Toute vie procde du Soleil : le rayonnement solaire estcapt par les plantes, qui le transforment, par le mcanisme dela photosynthse, en forts, prairies, plancton marin, etc. Cettevgtation est consomme par les animaux et lhomme, inca-pables de consommer lnergie solaire comme le font les plantes.Les concepts nergtiques permettent ainsi de reprsenter assezsimplement le fonctionnement pyramidal dun cosystme : labase, les plantes vertes, qui se partagent lespace disponible pourcapter lnergie solaire et fabriquent leur propre combustible.Elles en consomment une partie ; une autre est prleve par lesanimaux (herbivores, insectes) ou les hommes ; le reste sedgrade (pourrissement, puis minralisation par les micro-orga-nismes du sol). La fraction de ce combustible prleve par lesherbivores est ensuite utilise dune faon analogue leurs prda-teurs (carnivores) prlevant leur tour leur propre nourriture jusquau sommet de la chane cologique, qui peut tre occuppar de grands carnivores ou par lhomme. On trouve donc, chaque tage de la pyramide, bien des espces, dont le nombreest rgl par la niche propre chacune delles, la niche colo-

    Meta-systems - 06-02-13 15:48:13FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 20 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

  • TABLE

    Avant-propos. Lnergie, la crise ............................................. 7

    1. nergie et socits ........................................................ 172. De la prhistoire aux mondes antiques ........................ 413. Le modle nergtique chinois ..................................... 914. Contrainte cologique et innovations mcaniques dans

    lOccident mdival...................................................... 1435. Rvolution de lnergie et industrialisation europenne 1756. Lexpansion du systme nergtique capitaliste : lge

    des rseaux.................................................................... 2157. La fracture nergtique (1973-1985)............................ 2678. la recherche dune issue : gense et contraintes du

    nuclaire ....................................................................... 3259. Un nuclaire trs cartsien ........................................... 367

    10. Insoutenabilit et rsilience du systme nergtiquecontemporain ............................................................... 419

    11. nergie, cologie, socialisme :une problmatique mondiale........................................ 505

    Crdit des illustrations .......................................................... 547Bibliographie ........................................................................ 549Index des noms propres.......................................................... 567Index des thmes ................................................................... 577

    Meta-systems - 06-02-13 15:49:46FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 591 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

  • Mise en page par Meta-systems59100 Roubaix

    No ddition : L.01EHBN000588.N001Dpt lgal : mars 2013

    Meta-systems - 06-02-13 15:49:47FL1639 U100 - Oasys 19.00x - Page 592 - BAT

    Une histoire de lnergie - NBS - Dynamic layout 152x 240x

    Extrait de la publication

    UNE HISTOIRE DE LNERGIEAvant-propos1. NERGIE ET SOCITSTABLE

    /ColorImageDict > /JPEG2000ColorACSImageDict > /JPEG2000ColorImageDict > /AntiAliasGrayImages false /DownsampleGrayImages false /GrayImageDownsampleType /Bicubic /GrayImageResolution 300 /GrayImageDepth -1 /GrayImageDownsampleThreshold 1.50000 /EncodeGrayImages true /GrayImageFilter /DCTEncode /AutoFilterGrayImages true /GrayImageAutoFilterStrategy /JPEG /GrayACSImageDict > /GrayImageDict > /JPEG2000GrayACSImageDict > /JPEG2000GrayImageDict > /AntiAliasMonoImages false /DownsampleMonoImages false /MonoImageDownsampleType /Bicubic /MonoImageResolution 1200 /MonoImageDepth -1 /MonoImageDownsampleThreshold 1.50000 /EncodeMonoImages false /MonoImageFilter /CCITTFaxEncode /MonoImageDict > /AllowPSXObjects false /PDFX1aCheck false /PDFX3Check false /PDFXCompliantPDFOnly false /PDFXNoTrimBoxError true /PDFXTrimBoxToMediaBoxOffset [ 0.00000 0.00000 0.00000 0.00000 ] /PDFXSetBleedBoxToMediaBox true /PDFXBleedBoxToTrimBoxOffset [ 0.00000 0.00000 0.00000 0.00000 ] /PDFXOutputIntentProfile (None) /PDFXOutputCondition () /PDFXRegistryName (http://www.color.org) /PDFXTrapped /Unknown

    /Description >>> setdistillerparams> setpagedevice