extrait de "au-delà des larmes"

9
Ursula Champeau Au-delà des larmes... - IMAGINANCE -

Upload: imaginance-im

Post on 11-Mar-2016

226 views

Category:

Documents


4 download

DESCRIPTION

Extrait du livre de Ursula Champeau : "Au-delà des larmes"

TRANSCRIPT

Page 1: Extrait de "Au-delà des larmes"

Ursula Champeau

Au-delà des larmes...

- IMAGINANCE -

Ursula Champeau a su mettre son histoire en scène, l’a écrite avec des larmes et des rires, grave et burlesque, tragique et comique à la fois.

Dès les premières pages, on est pris par une in-tense émotion, captivé par ce récit romancé qui parle de la perte de son fils, et qui l’entraîne, grâce à un don précieux, loin, très loin vers une cer-

taine paix de l’âme !

Dans ce roman, elle nous décrit ses rencontres avec des personnes en mal de vivre, auxquelles elle a su redonner joie de vivre et un moral à toute épreuve. Avec une apparente légèreté, elle a su aller au fond des choses pour parler de l’essentiel, pour en extraire le négatif dû aux ravages de la vie, des maladies et de la solitude.

Comment a-t-elle réussi à trouver ce côté positif à tout ce qui semblait négatif ?

Pour le découvrir, il faut lire ce roman si étonnant, qui émeut et qui rassure tellement !

Création & Mise en page : IMAGINANCE, www.imaginance.com

Photo : Marie Durand, www.photobymarie.com

ISBN : 978-2-9534851-0-3

20 € TTC

Ursu

la C

ham

peau

Au-d

elà

des

larm

es...

Page 2: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~203

Je ne puis croire qu’à l’invraisemblable.

Jean Guitton

Je regardais par la fenêtre, les branches des arbres semblaient se tordre dans tous les sens comme pour inciter les feuilles à danser avec elles. Le ciel d’un fondu rose-bleu-gris leur conféra quelque chose d’irréel et de réel en même temps, un peu comme l’esprit et la matière. Je restais encore un moment à admirer le spectacle en rêvassant quand nos premiers invités arrivèrent. La nuit commença à s’étendre sur la vallée et une brume enveloppa les montagnes pour les faire disparaître peu à peu. J’allumai les lumières extérieures et appelai mon mari pour ac-cueillir nos amis. Il s’était encore retiré dans son bureau pour jouer à sa console. Ah, entre les courses d’auto sur circuits et les courses sur l’écran, c’est la passion en XXL ! Mais c’est peut-être sa façon de rester en contact avec Mark. Bon, je vais changer de sujet sinon je finirai par mettre mon moral en berne !

Nos nouveaux voisins s’étaient joints à nous pour la première fois. Lui était un type grand et costaud et semblait être ravi de faire connais-sance avec les autres invités, eux aussi voisins. Pierre, c’était son nom, avait un comportement très ouvert, très à l’aise. Sa femme s’appelait Sonja et semblait, à priori, presque être son contraire, petite, frêle, avec un sourire timide, mais qui, par la suite, s’avéra être une fille adorable et rigolote, un vrai boute-en-train. Nos autres invités faisaient déjà partie de notre cercle d’amis et n’étaient pas tristes, eux non plus. Toujours une réplique d’avance, Téa aimait contredire, d’accord ou pas d’accord, et poussait ainsi la conversation de plus en plus loin. Son mari, Fred, se contentait, la plupart du temps, de sourire de nos pro-pos et d’ironiser. Il faut de tout pour faire un monde ! Isa, ma voisine

Page 3: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~204

la plus proche, était toujours de bonne humeur, elle aimait rire et de-puis que je la côtois, je ne l’avais jamais vue faire la tête à quelqu’un. Elle était bavarde, était au courant de tout ce qui se passait au village. Si on voulait connaître les dernières nouvelles du village, elle se faisait un grand plaisir de nous les décortiquer immédiatement en donnant son avis, jamais avec méchanceté mais en riant ! Laurent, son compa-gnon, était bien plus discret et passa la plupart de son temps à hocher la tête quand Isa prenait la parole.

Pendant l’apéritif, nous restâmes à échanger les banalités habituelles, afin de faire plus ample connaissance.

Téa bâilla bruyamment, certaine d’attirer ainsi l’attention et répondit à nos regards interrogatifs :

— Ce n’est pas que je sois fatiguée, mais je me demande si vous en avez encore pour longtemps avec vos présentations diverses et variées.

Ça, c’est du Téa tout craché !

— Eh bien, tu es en forme ce soir, à ce que je vois ! plaisanta son mari qui récolta immédiatement un regard sombre.

— Toi, tu ferais bien de la mettre en veilleuse. Tout l’après-midi tu m’as fait la tête parce que je ne voulais pas aller au salon nauti-que.

— Vous y allez un notre jour. Le salon s’étale sur dix jours, je crois, s’en mêla Isa gentiment pour la calmer.

En vain, on n’arrête pas notre Téa !

— C’est exactement ce que j’ai essayé de lui faire comprendre. Je n’ai pas l’intention de passer ma vie à me forcer par peur de ses réactions juvéniles que pourrait engendrer un refus. S’il veut bou-

Page 4: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~205

der, qu’il boude.

— Dis tout de suite que je suis un con, tant que tu y es ! s’insurgea Fred, pas content du tout.

— Mais non, mon amour, tu es juste un peu borné, mais avoue que faire des choses à contrecœur ne rime à rien. Je ne t’oblige pas de venir au salon hippique ! Si je ne m’étais forcée parce que j’avais prévu autre chose ou parce que, vraiment, cette visite ne me disait rien ce jour-là, t’aurais remarqué mon désintéressement et nous aurions fini par bouder et adieu le plaisir ! Mais comme t’es un être intelligent, je pense que tu as compris !

Elle lui envoya un baiser avec sa main en riant malicieusement.

— Oui, oui, c’est ça, l’art de se rattraper, maugréa-t-il, déjà bien moins fâché, tournant ses yeux vers le ciel avec un léger mouvement de tête !

Nous nous regardions tous, d’abord songeurs et puis nous rîmes, contents que personne n’ait l’air de vouloir en rajouter ou avoir envie d’approfondir ces propos délicats !

Nous nous mîmes enfin à table et les discussions allaient bon train. Jean-Pierre ne pouvant pas s’empêcher de leur raconter l’histoire d’eau, histoire d’eau innocente, mais assez marrante. Comme il exagé-rait, je tentai, à plusieurs reprises, de lui couper la parole, parce que là, il me faisait passer pour l’idiote du village, mais sans succès. Il est vrai que sous une pluie battante, un chapeau jaune en vinyle sur la tête, le portable coincé entre l’oreille et la joue, mon antenne dans une main, le parapluie dans l’autre, faisant un pas en avant, un pas en arrière, re-culant de quelques centimètres, avançant d’autant pour trouver l’en-droit exact où je devais marquer le point de forage de mon futur puits, on pouvait facilement me prendre pour un cas d’asile. Bien sûr, ce

Page 5: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~206

récit faisait l’unanimité, à voir et à entendre les éclats de rire ! Je les remerciai avec une grimace, pouvant à peine me retenir de pouffer de rire moi-même! Mais comme je ne voulais pas perdre la face, je restai stoïque ! À ma grande surprise, Pierre est venu à mon secours.

— Même si la façon et les circonstances prêtèrent à rire, l’impor-tant c’est qu’elle ait trouvé l’eau, n’est-ce pas ?

— Vous savez… Je pense que nous avons tous ce pouvoir et bien d’autres…

Sans me donner le temps d’étoffer cette remarque, Jean-Pierre, vou-lant mettre fin à ce sujet étonnant, qu’il détesta, mais qui me passion-nait, moi, lança :

— Tu ne vas pas nous ennuyer toute la soirée avec tes histoires de mesures, d’entités, etc., rassure-moi ?

Feignant d’ignorer royalement cette objection désagréable, j’adressai un grand sourire désespéré à mon voisin de table.

Pierre me faisait un clin d’œil et, en nous regardant à tour de rôle, tout en nous observant, nous informa :

— Moi aussi, je me sers de cette échelle pour travailler, alors les histoires d’Ursula m’intéressent beaucoup.

Silence à tous les étages ! Bouches ouvertes, mes amis le regardèrent tous d’un air interrogateur. Alors profitant de ce temps de réflexion qui s’était installé silencieusement, je bondis de ma chaise, me précipi-tai dans ma chambre et, reprenant ma place en brandissant mon échelle, je mis fin à la méditation ambiante en expliquant l’utilité de cet appareil de mesure. Et tant pis pour mon mari !

Pierre écouta attentivement et hocha la tête en approuvant mes dires et reprit la parole :

Page 6: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~207

— Ce n’est pas parce que je suis médecin que je ne m’intéresse pas à d’autres moyens de détecter les maladies, soulager les mala-des.

Et il nous expliqua en quelques mots sa façon de travailler. Grosso modo !

Je dois avouer, je n’ai pas compris grand-chose. Les expressions : «or-thobiotique» et «orthoénergétique» m’étaient alors complètement in-connues. Il se sert d’un programme informatique, mis en place par lui avec des données médicales et physiques et promit de m’ envoyer par mail un dossier explicatif.

Téa, notre belle Téa, accoudée, les mains tenant sa tête, ses grands yeux bleus écarquillés, réagissait la première.

— C’est quoi, ce délire ? Vous faites tourner ce bidule et hop, vous savez tout sur tout le monde ? C’est ça, votre truc ? Mais c’est n’importe quoi ! Elle me regarda bien en face et me rit au nez !

— L’utilisation d’un ordinateur avec des programmes, OK, je peux comprendre, mais le reste… je n’y crois pas. Ça me dépasse largement.

Sympas, les copines ! Je laissai écouler quelques secondes et en jetant un œil sur mes convives, je remarquai l’air ahuri de quelques-uns. Ahu-ri à cause de ce qu’a crié Téa, peut-être, mais à cause de ce que j’avais osé avancer, sûrement ! Je fais quoi maintenant ? Je continue ? J’arrê-te ? Mes pensées s’emmêlaient, ma tête devenait un vrai tambour. Plus j’ observais mes convives plus je me disais que ce n’était pas gagné. Mais bon, me souvenant d’un des conseils de ma mère, « si on dit A on dit B », je respirai à fond, lentement, et repris, courageusement :

— Ce n’est pas parce que nous vivons à l’heure de la rationalité scientifique que je n’ai pas le droit de croire au surnaturel. Je ne

Page 7: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~208

me souviens pas dans quel livre j’ai lu cette phrase, mais elle m’a marquée, car elle exprime parfaitement ma pensée. Les miracles, les dons de guérisseur, la voyance et j’en passe, faisaient déjà par-tie de la vie de tous les jours depuis des siècles. Bon, il est vrai qu’à certaines époques, on faisait brûler ces pauvres gens sur les bû-chers, en les traitant de sorcières, jugés par l’église pour des paro-les et des faits attentatoires à Dieu. Heureusement, nous avons évolué sur ce point. Cela dit, j’admets volontiers que mes propos peuvent paraître complètement fous. Je comprends ta réaction ! La première fois que j’ai entendu parler de cela, j’ai cru, moi aussi, halluciner. Des histoires de fantômes et de guérisons comme en-lever le feu et les verrues, de rebouteux et d’exorcistes, ont tra-versé les siècles. Beaucoup de monde a déjà profité de ce genre de soins, d’autres y croient sans savoir pourquoi, d’autres en refusent l’idée. C’est comme ça.

— Il faut de tout pour faire un monde ! lui répondis je. Je crois, je vais te resservir un autre verre de vin, tu as l’air d’avoir besoin d’un petit remontant !

Tout le monde s’esclaffa, vu la tête qu’elle faisait !

— Elle peut même savoir ce que tu as mangé hier soir, se moqua Fred. Il paraît qu’elle a su trouver avec qui son mari a déjeuné à une date donnée ! Et puis, si tu as un problème avec moi, elle peut t’arranger cela aussi !

— Très drôle ! lui sifflai-je entre les dents.

Voilà, mets-en une couche ! Je m’efforçais de garder mon calme, mais lui envoyai tout de même un regard furieux. Il fallait qu’il en rajoute, vraiment. À croire que c’est maladif chez lui ! C’est dans ces mo-ments-là que je me demande si c’est n’est pas du délire, pourquoi je leur raconte tout ça et si, après tout, je ne suis pas folle à lier. Mais

Page 8: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~209

rassurez-vous, cela ne dure pas très longtemps parce que, au fond de moi, je sais que je ne suis pas folle. J’ai même les pieds bien ancrés sur terre, et aussitôt qu’un doute se pointe, un doute sur un sujet que je ne connais pas bien, je m’informe, je le retourne, je l’examine, je le tor-ture et ensuite je m’écoute. Si la réponse me procure un bien-être profond, une paix absolue, je sais que je sais ! Et les doutes, je les laisse tomber, je les mets à la poubelle comme sur un ordinateur, et je vide !

— Si je comprends bien, tu interviens donc dans le destin des personnes quand tu les mets sur la même longueur d’onde ? » in-sista Léa. Ça y est, elle remet ça !

— Si j’ai la permission ! Je ne fais rien sans permission !

— Tu interviens !

Je vous l’ai dit : une vraie sangsue ! Elle ne lâchera pas. Je me demande souvent si elle s’obstine pour semer la panique ou pour s’instruire ! Parce que, en fait, elle-même parle rarement, elle ne fait que poser des questions, et, ce qui est vraiment énervant, avec un air mi-ironique, mi-offusqué, mi-cause-toujours !

Je levai la tête vers la cheminée. La lueur des trois bougies dansait sur les photos de Mark accrochées au mur. En regardant ses yeux, il me semblait voir un sourire malicieux. S’il s’y met aussi, l’explication va être ridicule. Bon, tant pis, je me jette à l’eau ! Et courageusement, mais avec une voix, teintée d’une pointe d’hésitation, j’annonçai la couleur :

— Tu me fatigue, Léa ! Eh bien, oui… et non. Du point de vue raisonné, oui.

Mais qu’est ce que je raconte. Mal partie comme elle est, mon histoire, je crains de m’emmêler les pinceaux. Je recommence donc :

Page 9: Extrait de "Au-delà des larmes"

~ ~210

— Deux personnes, une alignée et l’autre pas, n’ont guère de chance de s’entendre. Mais si elles sont sur la même longueur d’onde, elles bénéficient d’une parfaite entente !

— Donc, tu interviens, puisque tu changes leur perception ! ren-chérit mon mari !

— Bon sang, si tu m’interromps tout le temps… Laisse-moi fi-nir, sinon je risque de perdre le fil et tu ne sauras rien, et les autres non plus ! Et puis zut, je ne dirai plus rien, puisque de toute façon, vous êtes obtus et vous ne croyez à rien !

Voilà, ce que je vous disais ! Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre qui insiste ! Peut-être ai-je besoin d’eux à mes côtés qui remettent toujours tout en question, en ce qui concerne ce que j’appelle un don, pour que moi, à mon tour je m’interroge, mais parfois, ils m’exaspèrent. Ce n’est pas tant que je veuille avoir raison ou leur donner des leçons de quoi que ce soit, mais je refuse qu’ils considèrent, oui, qu’ils puissent seule-ment émettre l’idée, que ma pratique est une dynamique de manipula-tion ou de domination. Je suis tout à fait consciente du fait que tra-vailler dans un esprit aussi malsain est grave et dangereux spirituellement et physiquement, aussi bien pour ceux que je veux aider que pour moi-même. Je veille toujours à utiliser mon don de façon positive, en tout cas, je fais ce que je peux. Il arrive qu’ il y a des ratés, quand je veux faire trop vite ou quand je suis déconcentrée. Dans ces cas-là, ON me le fait savoir en me donnant des réponses oui, non, oui, non. Alors, je pose tout et quand je me sens prête, vraiment prête, concentrée et tout, je recommence ! Mais jamais, je n’utiliserai ce don dans un esprit de vengeance ou de malveillance. Je ne peux même pas faire de mal à une mouche, et quand j’en écrase une, je m’excuse ! C’est pour dire… !

— Va ! Continue, ne les écoute pas, ils sont nuls ! Moi, je trouve cette discussion intéressante, s’offusqua Sonia. Je connais bien le