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Service veille, études et prospective, Chambre régionale d’Agriculture Technopôle Atalante Champeaux, rond point Le Lannou - CS 74223, 35042 RENNES Cedex Téléphone : 02.23.48.27.70 - Fax : 02.23.48.27.48 - E-mail : [email protected] www.synagri.com des IAA Revue de l’Observatoire La N° 103 - OCTOBRE 2011 ISSN 0299 - 6774 FLASHS : TOUS LES FAITS MARQUANTS Armor Délices repris par Goûters Magiques Augmentation de surface chez Guyader Changement d’actionnaire chez Savena Investissements chez Daucy Frozen Foods p.30 “Agriculture et agroalimentaire en Bretagne - les chiffres” p.36 TENDANCES AGROALIMENTAIRES DOSSIERS VIENT DE PARAÎTRE Analyse de la compétitivité des filières des viandes blanches françaises dans le contexte de l’Union européenne Alors que les filières porcines et avicoles françaises paraissent au pied du mur, les travaux conduits dressent le constat des forces et faiblesses de ces filières face à leurs concurrents de l’Union européenne. Ils proposent une vue critique de l’industrie et des filières et formulent des recommandations. p.7 DOSSIER : LE GROS PLAN ACTIVITÉ Les indicateurs du secteur restent bien orientés au 2 ème trimestre p.2 EXPORTATIONS La bonne tenue des exportations agroalimentaires bretonnes se maintient au 2 ème trimestre p.4 EMPLOI Légère amélioration de l’emploi dans les IAA bretonnes au 1 er trimestre p.6 FILIERES DES VIANDES BLANCHES FRANCAISES Quelle compétitivité ? p.7 QUEL AVENIR POUR LA FILIERE LAITIERE FRANCAISE ? Partage des réflexions de deux experts p.16 AUGMENTATION DES IMPORTATIONS Menace ou opportunité pour les IAA du grand ouest ? p.22 L’EMPLOI DANS LES IAA BRETONNES Evolution de l’emploi salarié depuis 10 ans p.28

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Page 1: EXE RevueObs103 10-2011 - Synagri.com

Service veille, études et prospective, Chambre régionale d’AgricultureTechnopôle Atalante Champeaux, rond point Le Lannou - CS 74223, 35042 RENNES Cedex

Téléphone : 02.23.48.27.70 - Fax : 02.23.48.27.48 - E-mail : [email protected]

desIAARevue

de l’Observatoire La

N° 103 - OCTOBRE 2011 • ISSN 0299 - 6774

FLASHS : TOUS LES FAITS MARQUANTS

• Armor Délices repris par Goûters Magiques

• Augmentation de surface chez Guyader

• Changement d’actionnaire chez Savena

• Investissements chez Daucy Frozen Foods p.30

“Agriculture et agroalimentaire en Bretagne - les chiffres” p.36

TENDANCES AGROALIMENTAIRES

DOSSIERS

VIENT DE PARAÎTRE

Analyse de la compétitivité desfilières des viandes blanchesfrançaises dans le contexte del’Union européenne Alors que les filières porcines et avicolesfrançaises paraissent au pied du mur, les travauxconduits dressent le constat des forces et faiblessesde ces filières face à leurs concurrents de l’Unioneuropéenne. Ils proposent une vue critique del’industrie et des filières et formulent desrecommandations.

p.7

DOSSIER : LE GROS PLAN

ACTIVITÉ

Les indicateurs du secteur restent bien orientés au 2ème trimestre p.2

EXPORTATIONS

La bonne tenue des exportations agroalimentaires bretonnes se maintient au 2ème trimestre p.4

EMPLOI

Légère amélioration de l’emploi dans les IAA bretonnes au 1er trimestre p.6

FILIERES DES VIANDES BLANCHES FRANCAISESQuelle compétitivité ? p.7

QUEL AVENIR POUR LA FILIERE LAITIERE FRANCAISE ?Partage des réflexions de deux experts p.16

AUGMENTATION DES IMPORTATIONSMenace ou opportunité pour les IAA du grand ouest ? p.22

L’EMPLOI DANS LES IAA BRETONNESEvolution de l’emploi salarié depuis 10 ans p.28

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2 • L A R E V U E D E L’ O B S E R VAT O I R E D E S I A A D E B R E TA G N E • N ° 10 3 - O C T O B R E 2 011

Le point de conjoncture nationale

Observatoire économique des IAA de Bretagne, d’après l’INSEE et Eurostat.

Au 2ème trimestre 2011, alors que le PIB stagne, que lesdépenses de consommation des ménages reculent etque l’industrie montre quelques signes de ralentisse-

ment, dans le secteur des industries agroalimentaires les indi-cateurs sont plutôt bien orientés : activité, chiffre d’affaires,effort d’investissements, carnets de commandes sont au vert,seul l’emploi salarié ne bénéficie pas de cette dynamique.

Au cours du 2ème trimestre 2011, le PIB de la zone euro et celuide l’UE27 ont augmenté de 0,2 % par rapport au trimestre précédent, selon les estimations rapides publiées par Eurostat,l’office statistique de l’Union européenne. Au cours du premiertrimestre 2011, le taux de croissance avait été de +0,8 % dansla zone euro et de +0,7 % dans l’UE27. En comparaison avec lemême trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des varia-tions saisonnières a enregistré une hausse de 1,6 % dans lazone euro et de 1,7 % dans l’UE27 au cours du deuxième trimestre 2011, contre 2,4 % dans les deux zones au trimestreprécédent.

Aux Etats-Unis, le PIB a augmenté de 0,2 % au cours dudeuxième trimestre 2011, après +0,1 % au premier trimestre2011. Au Japon, le PIB a diminué de 0,3 % au deuxièmetrimestre, après -0,9 % au trimestre précédent. Par rapport aumême trimestre de l’année précédente, le PIB des Etats-Unis aaugmenté de 1,5 % (après +2,2 % au trimestre précédent) etcelui du Japon a diminué de 0,9 % (après -0,7 %).

La production industrielle corrigée des variations saisonnièresa quant à elle diminué de 0,7 % dans la zone euro et de 1,2 %dans l’UE27 en juin 2011 par rapport à mai 2011. En comparaisonavec le même trimestre de l’année précédente, la productionindustrielle a progressé dans la zone euro de 2,9 % et de 1,7 %dans l’UE27.

En France, au deuxième trimestre 2011, le PIB en volume semaintient à son niveau du premier trimestre : 0,0 % d’évolution,après une vive croissance en début d’année (+0,9 %).

Les dépenses de consommation des ménages reculent (-0,7 %après +0,4 %), tandis que la formation brute de capital fixe

(FBCF) décélère légèrement (+0,9 % après +1,2 %). Au total, lademande intérieure finale (hors stocks) contribue négative-ment à l’évolution du PIB (-0,2 point après +0,5 point).

Les importations se replient (-0,9 % après +3,1 %), alors queles exportations stagnent (0,0 % après +1,8 %). Par conséquent,le solde commercial contribue positivement à la croissance duPIB (+0,3 point après -0,5 point).

Les variations de stocks des entreprises ne contribuent pas à lavariation de l’activité au deuxième trimestre, après avoircontribué pour +0,8 point à la croissance du premier trimestre.

Au cours de ce deuxième trimestre, du côté de l’industrie, la production a diminué tant dans l’industrie manufacturière (-0,4 %), que dans l’ensemble de l’industrie (-0,5 %). Elle est enrevanche en augmentation de 0,8 % dans les industries agricoleset alimentaires. La production manufacturière du deuxième trimestre 2011 est en progression (+3,8 %) par rapport au mêmetrimestre de 2010, le secteur des industries agricoles et alimentaires contribue à cette dynamique puisque ce mêmeindicateur montre une hausse de la production industrielle de4,4 % par rapport au 2ème trimestre 2010, un an plus tôt.

Toujours au deuxième trimestre 2011, le chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière est en hausse (+0,4 %). Il augmenteplus notablement dans les industries agricoles et alimentaires(+2,2 %) porté par la hausse des prix des matières premières queles industriels ont pu partiellement répercuter. A noter qu’en

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Opinion des industriels Ensemble de l’industrie agroalimentaire en France

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Source : INSEESource : INSEE

Etat de la demande et du niveau des stocks

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juin, le chiffre d’affaires des IAA est stable après cinq mois dehausse.

Concernant leurs investissements, les chefs d’entreprise del’industrie manufacturière, interrogés en juillet 2011, indiquentque leurs investissements ont augmenté de 1 % en 2010 parrapport à 2009. Ce n’est pas le cas dans les industries agricoleset alimentaires où le constat est de -2 % en 2010 par rapport à 2009. Pour 2011, les chefs d’entreprise prévoient toujoursune hausse marquée de leurs investissements : +14 % dans l’industrie manufacturière, +11 % dans les industries agricoleset alimentaires.

Enfin, au niveau de l’emploi salarié, l’industrie avait créé desemplois au premier trimestre 2011 (+4 300) pour la première foisdepuis le premier trimestre 2001. Ce trimestre, l’emploi dans cesecteur diminue à nouveau légèrement (-2 900 postes). Sur unan, l’industrie perd 18 500 emplois. Dans l’industrie agroali-mentaire, les effectifs au premier trimestre avaient reculé légèrement (-700), ce recul s’accentue au deuxième trimestre(-2 700 postes). Le secteur a perdu, à l’échelle nationale, autotal 3 500 postes sur un an.

Dans les industries de l’agroalimentaire hexagonales, les chefsd’entreprise interrogés estiment que l’activité des derniers moisest restée assez soutenue. Les stocks de produits finis se sontallégés. Les carnets de commandes globaux et étrangersdemeurent jugés très fournis. La hausse des perspectives personnelles de production suggère que l’activité pourrait s’accélérer au cours des prochains mois.

L’ensemble des données est disponible sur le site internethttp://app.eurostat.ec.europa.eu et http://www.insee.fr

Les tendances régionales

Banque de France, Service des affaires régionales(mois sous revue : août 2011)

En août, la production s’est accrue. La demande globale s’est,elle aussi, inscrite en progrès, des avancées ayant été perceptibles sur le marché intérieur ainsi qu’à l’exportation.Le déficit des carnets de commandes persiste mais restemesuré. Le renchérissement des prix des matières premièresa été limité. A brève échéance, la production devrait continuerde croître mais plus modérément.

• Transformation et conservation de la viande de boucherie :sur le mois, la production a été étale. La demande globale a trèslégèrement fléchi, la meilleure animation remarquée à l’inter-national n’ayant pas totalement compensé le repli noté eninterne. Le déficit des ordres en carnets s’est encore un peucreusé. Les fabrications devraient s’étoffer dans les mois à venirmais cette hausse devrait toutefois rester d’ampleur limitée.

• Transformation et conservation de la viande de volailles : leniveau de la production a fléchi assez nettement du fait d’un tassement des débouchés à l’exportation. L’insuffisance des carnets de commandes s’est, de nouveau, accentuée. Les prixdes matières premières sont repartis sur une tendance haus-sière. Les chefs d’entreprise tablent cependant sur une progression de la production pour les prochaines semaines.

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• Préparation industrielle de produits à base de viandes : levolume des mises en fabrication s’est accru. La demande globale a marqué des avancées en raison des gains intervenussur le marché national et, à un degré moindre, à l’exportation. Lescarnets restent en deçà de la normale. Une augmentation des prixdes matières premières a été observée. Lors des prochains mois,la croissance de la production pourrait se ralentir.

• Transformation, conservation de poisson, crustacés, mollusques : la production a porté sur des volumes nettementsupérieurs à ceux de juillet. La demande globale a égalementfait preuve d’un réel dynamisme, permettant ainsi aux carnetsde commandes d’atteindre un niveau estimé satisfaisant. Cemois-ci, les prix des matières premières ont sensiblement augmenté. Prochainement, l’augmentation de la productiondevrait être plus modeste.

• Fabrication de produits laitiers : fabrication et demande globale ont enregistré des hausses significatives. Les carnets decommandes ont gagné en fermeté. De façon toujours soutenue,le renchérissement du prix de la matière première s’est pour-suivi. A très court terme, les prévisions d’évolution de la produc-tion sont moins favorables.

• Fabrication de produits de boulangerie-pâtisserie, pâtes : laproduction a marqué des progrès sensibles. De façon moins signi-ficative, la demande globale a également connu des avancées. Lahausse des prix des matières premières s’est accélérée. Le niveaucorrect des carnets de commandes autorise des perspectives deproduction favorables pour les toutes prochaines semaines.

• Fabrication d’aliments pour animaux : un accroissement dela production et de la demande globale a été effectif. Pourautant, les carnets de commandes restent nettement en deçà duniveau désiré. L’orientation à la baisse des prix des matières premières s’est prolongée. A bref délai, seul le niveau actuel deproduction devrait pouvoir être reconduit.

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Source : Banque de France, Service des affaires régionales, Bretagne

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Source : Banque de France, Service des affaires régionales, Bretagne

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T E N D A N C E S A G R O A L I M E N TA I R E S

Exportations agroalimentaires bretonnes : la bonne tenue descourants exports se maintient

Mary Henry BouvierService Veille Etudes et Prospective, Chambre régionale d’Agriculture de Bretagne

3.1 Vue d’ensembleAvec une nouvelle progression de 13 % en valeur au cours dusecond trimestre 2011 la bonne tenue des marchés exportsobservée depuis le début de l’année 2010 se poursuit encorepour les exportations agroalimentaires bretonnes. Globalementle chiffre d’affaires à l’exportation du secteur agroalimentairebreton a atteint plus de 945 millions d’euros au cours de cedeuxième trimestre, niveau jamais atteint sur cette période.

Cette excellente orientation concerne la plupart des produitsagroalimentaires bretons : viandes de boucherie (+15 % envaleur), viandes de volailles (+21 %), produits laitiers (+10 %).Seule ombre au tableau : les exportations bretonnes de légumesfrais sont en net retrait par rapport au deuxième trimestre 2010avec -21 % en valeur.

Globalement le contexte économique mondial, avec en parti-culier une demande très dynamique de la part des pays émer-gents, reste donc favorable à l’activité export des industriesagroalimentaires bretonnes. Pour les prochaines semaines, lecontexte ne devrait pas évoluer, à moins que la nouvelle crisefinancière aie des conséquences sur la consommation des paysconcernés.

3viande porcine européenne, et a fortiori bretonne, sur lesmarchés des pays tiers. Grâce à l’absence des opérateurs améri-cains et à la faiblesse de l’euro, l’Union européenne a en parti-culier fortement développé ses ventes sur le marché russe trèsdynamique sur le premier semestre 2011. Les ventes bretonnesenregistrent une hausse de 8 % en valeur sur cette destina-tion, et plus importante en volume. En parallèle, la demande dela Chine continue d’être très soutenue : les exportationsbretonnes sur le marché chinois ont fait un bond de 114 % !Les besoins de la Chine sont importants en raison de la volontédes autorités chinoises de lutter contre l’inflation des prix de laviande de porc.

Le marché coréen est également très actif : les ventes de viandeporcine bretonne y ont progressé de 5 % en valeur au secondtrimestre. Globalement, les Coréens ont importé au 1er semestrepratiquement autant que sur l’ensemble de l’année 2010. LaFrance a progressé sur ce marché de l’ordre de 19 % en volumeen 6 mois. Toutefois, elle fait moins bien que d’autres parte-naires comme l’Espagne, le Danemark, l’Autriche, les Pays-Bas et l’Allemagne. Absente de ce marché en 2010, l’Allemagnea exporté des volumes équivalents aux opérateurs français en2011. Au total, les exportations européennes vers la Corée ontprogressé de 116 % en volume au cours du premier semestre2011.

Pour les mois à venir, aucun élément ne semble poindre pourinverser la tendance sur les marchés asiatiques d’autant que lesprix européens n’ont jamais été aussi proches des prix améri-cains, canadiens et brésilien (moins de 15 cts d’euros/kgd’écart). Le prix européen est donc très compétitif sur le marchémondial.

3.3 Viandes de volaillesPour les viandes de volailles, le contexte est similaire à celui desviandes de boucherie : l’amélioration constatée tout au long del’année 2010 s’est poursuivie au cours du second trimestre2011, avec une progression des exportations bretonnes de 21 %en valeur qui ont généré un chiffre d’affaires de 135 millionsd’euros, soit leur plus haut niveau depuis 2002.

Les progressions les plus spectaculaires en valeur concernentl’Arabie Saoudite (+116 %), les Emirats Arabes Unis (+43 %) etla Jordanie (+40 %). Ces fortes augmentations observées vers lespays tiers font plus que compenser le recul sur la plupart des paysde l’Union européenne (Royaume-Uni : -9 %, Allemagne : -7 %)

Globalement dans les pays du Proche et Moyen Orient, la

3.2 Viandes de boucherieL’excellente tenue des marchés exports s’est confirmée ausecond trimestre 2011 pour les viandes de boucherie bretonnes(viande porcine essentiellement). Les exportations des opéra-teurs bretons ont en effet augmenté de 15 % en valeur sur cetrimestre pour générer un chiffre d’affaires global de226 millions d’euros, niveau record sur cette période. Sur lemarché mondial, le contexte économique reste favorable auxexportations de viande porcine européenne. En effet, les expor-tations européennes profitent notamment de la baisse decompétitivité des viandes d’Amérique du Nord qui souffrent deleur renchérissement en raison d’un recul de la production etd’une parité euro-dollar qui leur est défavorable… Ce resser-rement des prix a contribué à améliorer la compétitivité de la

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3.4 Lait et produits laitiersLes exportations bretonnes de produits laitiers ont poursuivi surleur tendance haussière ininterrompue depuis 2009 pouratteindre des niveaux jamais égalés jusque là. Le chiffre d’affaires export réalisé au cours du second trimestre 2011 parles industriels bretons du secteur laitier s’est élevé à plus de200 millions d’euros, soit 10 % de mieux qu’au second trimestre2010.

Le contexte mondial demeure particulièrement favorable pourles exportations européennes de produits laitiers.

En effet, malgré des cours élevés, la demande reste particuliè-rement dynamique sur le marché mondial, aussi bien de lapart des pays asiatiques (Chine, Indonésie, Malaisie…), quede pays africains (Algérie, Maroc) ou encore d’Amérique latine(Brésil). Malgré une production mondiale de lait orientée à lahausse, celle-ci augmente moins vite que la demande si bienque l’équilibre offre-demande reste particulièrement tendu.L’augmentation de l’offre a été freinée au premier semestre2011 soit par des phénomènes climatiques (sécheresse enEurope dans plusieurs pays), soit par des concurrences inter-productions (aux Etats-Unis, de nombreux producteurs ontréduit ou stoppé leur production laitière au profit des grandes

3.5 Légumes fraisAu second trimestre 2011, les exportations bretonnes delégumes frais ont enregistré une baisse de 21 % en valeur parrapport à 2010 pour descendre à 42 millions d’euros. Cettebaisse du chiffre d’affaires réalisé à l’export par les opérateursbretons est essentiellement le résultat d’une baisse des prixpar rapport à la même période de 2010 au cours de laquelle lesprix avaient fortement progressé. Rappelons que sur cettepériode de l’année, les produits exportés sont majoritairementdes choux-fleurs, et dans une moindre mesure des chouxpommes et des poireaux. La baisse des prix est liée essentiel-lement à un événement : la crise sanitaire provoquée par labactérie « E. Coli ». La découverte de cette bactérie à l’originedu décès de plusieurs personnes en Allemagne dans un premiertemps a immédiatement déstabilisé le marché des légumesfrais quels qu’ils soient, provoquant de fortes chutes de prix.

Les ventes ont chuté de près d’un tiers en valeur vers l’Alle-magne qui reste cependant de très loin le premier débouchépour les légumes bretons (19 millions d’euros soit plus de 45 %du CA export au second trimestre 2011) devant les Pays-Bas(4,6 millions d’euros, -29 %) et le Royaume-Uni (3,9 millionsd’euros, stable).

cultures, plus rémunératrices). Depuis plusieurs mois, lesproduits européens bénéficient également d’une meilleurecompétitivité sur le marché mondial grâce à une parité euro-dollar de plus en plus favorable.

Pour les prochains mois, la demande mondiale devrait restersoutenue, avec une production mondiale également en augmen-tation en Océanie, à moins que de nouveaux accidents clima-tiques ou la crise financière viennent perturber les prévisions.

demande reste forte. La percée importante enregistrée enJordanie résulte d’après les experts d’une volonté de garnirles frigos pour éviter des émeutes de la faim qui pourraients’ajouter aux autres difficultés politiques et sociales actuelles.La France, et en particulier la Bretagne, profite pleinement decette situation.

Seule exception à la bonne orientation des exportationsbretonnes vers le Proche et Moyen Orient : le Yémen. Sur cettedestination les ventes bretonnes ont reculé de 10 % en valeurau second trimestre 2011. Des difficultés politico-économiquesseraient à l’origine de cette situation.

Pour les mois qui viennent, malgré le maintien d’une demandemondiale forte, la hausse du prix des matières premièresdevrait, selon les opérateurs, entraîner une perte de compéti-tivité des exportations françaises face aux concurrents brésiliensnotamment qui depuis 3 mois environ ont orienté leurs prix àla baisse (-10 % pour le poulet export).

Dans ce contexte, les opérateurs français et bretons sont inquietspour les prochains mois. Ils souhaiteraient que la Commissioneuropéenne leur vienne en aide en augmentant le niveau desrestitutions inchangé depuis plusieurs mois… Mais pour l’ins-tant, elle ne semble pas vouloir leur donner satisfaction.

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Graphique 5 : Industrie de la volaille

Emploi privé dans l’agroalimentaire en Bretagne : 1er trimestre 2011

Graphique 1 : série trimestrielle en niveau, corrigée des variations saisonnières (CVS)

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Graphique 2 à 5 : séries trimestrielles brutes et corrigées (CVS) avec une base 100 au 4ème trimestre 2001

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La question de la compétitivité des filières agroalimentairesn’est pas nouvelle.

Vue de France et dans l’espace européen la problématique asouvent été de savoir comment nos productions pouvaientconserver leurs positions sur le marché ; l’ouverture au sud del’Europe, puis à l’est, a posé, depuis trente ans, la question desdifférences de coût de main-d’œuvre, notamment pour les productions spécialisées.

Il y a près de vingt ans, à l’occasion de la mise en place desaccords de Marrakech, de nombreux travaux ont montré que lehandicap principal de l’Europe vis-à-vis de l’Amérique du Sudrésidait dans une main-d’œuvre beaucoup plus coûteuse, ainsique des disponibilités en matières premières pour l’alimenta-tion animale plus chères. Mais, à cette époque, les opérateursfrançais bénéficiaient d’un avantage certain vis-à-vis des entre-prises concurrentes d’Europe du Nord.

Dans les filières des viandes blanches, la croissance avait étérapide dans les années 80 et commençait à se tasser ; cependant,la France, premier vendeur de viande de volaille, donnait le tonau marché de l’UE ; le cadran breton était déterminant dans lafixation des prix du porc européens. Ces phénomènes repo-saient assez largement sur la capacité des Français, Bretons etLigériens en tête, à produire moins cher que dans les autresÉtats membres. D’autres pays, comme le Danemark et les Pays-Bas, tenaient déjà une place considérable dans la filièreporc, par leur politique commerciale (équilibre des pièces) etleur capacité d’adaptation des produits.

Comme on le sait, à l’issue de la décennie 1990 - marquée parles crises sanitaires, le début de la libéralisation et du verdis-sement de la PAC et la mise en place progressive de l’ouverturedu marché de l’Union aux produits des pays tiers, notammentavicoles - les filières françaises ont connu leurs premiers revers :longues périodes de prix bas pour le porc, perte des marchéseuropéens pour la volaille française.

Depuis, aucun élément nouveau n’est réellement venu modifierle cours des choses dans l’hexagone. Sur le front environne-mental, le plan agricole breton n’a permis, dix ans après sonlancement, ni de redonner une marge de compétitivité auxfilières, ni de régler la question de la pollution.

Sur le plan économique, après un fort recul de la production devolaille (notamment de dinde), les entreprises et les éleveurssurvivent avec peu d’investissements, une production stag-nante, beaucoup d’incertitudes, des rentabilités très faibles.Les filières paraissent vivre une sorte de délitement impercep-tible. Elles ne vont plus de l’avant. La concentration indus-trielle et financière s’est néanmoins renforcée, sans pour autantfavoriser l’émergence de groupes européens transnationaux, àl’instar de ce que l’on constate entre le Danemark, l’Allemagne,la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Ainsi, il apparaît que nos voisins nord-européens ont évoluéalors que les Français demeuraient relativement immobiles.Ces constats se vérifient sur les plans de l’investissement etdes salaires, qui ont été contenus en France (peu d’investisse-ments et une hausse modérée des salaires) mais, dans le mêmetemps, les opérateurs allemands, suivant le mouvement généralde l’économie d’outre-Rhin, ont diminué les coûts salariauxunitaires et développé les investissements.

Depuis un an, à nouveau, de nombreux travaux sont venusconfirmer le constat. “On n’a pas vu venir les Allemands !”commente un dirigeant d’une grande coopérative polyvalentede l’Ouest. De la dénonciation de la concurrence déloyale, dudumping fiscal et du soutien à l’agriculture via le biogaz auconstat de la rigueur française en matière de réglementation dessites classés ou des coûteuses exigences des distributeurs hexagonaux, de nombreuses raisons ont déjà été avancées, desactions engagées.

Notre travail intervient dans ce contexte. Que peut-il apporterde plus ?

Nous proposons une vue critique de l’industrie et des filièresfrançaises. En effet, les handicaps identifiés (coûts, structures,environnement) ne paraissent pas insurmontables à tous lesopérateurs, Français ou Européens. La performance provientaussi de l’adaptation de l’industrie à la demande, qui compenseou accentue les écarts compétitifs provoqués par le coût des facteurs de production.

Nous posons quelques questions clés : au-delà des questions decoût des facteurs, existe-t-il des phénomènes de nature orga-nisationnelle, qui accentuent les handicaps ? Quelles sont lesperspectives d’internationalisation des entreprises françaises ?Quelle est la place de la production française au sein de l’UE ?Quelles sont les attentes des opérateurs français ?

Et apportons, in fine, quelques recommandations qui complè-tent celles qui ont déjà été formulées par nos prédécesseurs.

Synthèse de travaux précédents

Rapport RouaultLe rapport du délégué interministériel aux IAA est sans appelen ce qui concerne les constats : perte de parts de marché, rentabilité plus faible, déficit du commerce extérieur. Ces reversproviennent des causes suivantes : coût de la main-œuvre plusélevé en France, contraintes environnementales plus fortes lorsde la construction de bâtiments, pratiques plus restrictivesconcernant l’utilisation des graisses animales dans les alimentscomposés, TVA agricole forfaitaire en Allemagne, différencesréglementaires pour l’étiquetage de la VSM (viande séparéemécaniquement), prise en charge de l’équarrissage par des

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DOSSIERCOMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

Compétitivité des filières des viandes blanches françaisesdans le contexte de l’Union européenne

Christian Renault (AND), Pascale Magdelaine (ITAVI), Michel Rieu (IFIP) pour FranceAgriMer

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DOSSIER COMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

financements publics dans une large proportion, gammes beaucoup plus larges en France qu’en Allemagne.

Le rapport préconise une modernisation des abattoirs et centresde découpe, un retour réglementaire au salaire minimum européen, la concentration des PME, la meilleure utilisationdes fonds spécialisés comme Sofiprotéol, Unigrains et OSEO.

Rapport du CGAAER - octobre 2010Le rapport du CGAAER (octobre 2010) sur la compétitivité dela filière volaille de chair française constate principalement : un recul de 20 % de la production française entre 2001 et 2009,pendant que l’Allemagne réalise +38 % et le Brésil +53 % ; la part de la production française dans l’approvisionnementnational passée de 78 % à 64 % en 2009 pour le poulet, de 96à 85 % pour la dinde ; les exportations en chute de 34 % ; 2/3 desexploitations non spécialisées, des chefs d’exploitation âgés,des bâtiments vieillissants, des performances inégales. Les différences de coûts entre la France et le Brésil et l’Allemagnesont clairement identifiées. Pour le poulet, le Brésil possède unavantage de 630€/t, l’Allemagne de 123€/t, pour la dinde,l’Allemagne dispose d’un avantage de 160€/t. L’avantage allemand repose notamment sur un coût de main-d’œuvre infé-rieur de 8€/h et un régime de TVA agricole plus avantageux ;d’autre part, le coût de l’aliment est plus élevé en France.

Le rapport propose les recommandations suivantes : indiquer lepays d’origine sur les étiquettes, inventer l’exploitation avicolede demain (optimiser le “panier” d’activités et la taille de l’exploitation, concevoir un nouveau bâtiment plus économiqueet plus performant techniquement, générer de nouvellesrecettes, notamment par la production d’énergies renouvela-bles), négocier avec l’UE la suppression des distorsions deconcurrence liées à la TVA et au coût du travail et défendre lesrestitutions sur le poulet ; standardiser les gammes ; assouplir les règles de la concurrence (concentration) ; clarifier la régle-mentation sur les VSM (dinde).

Étude INAPORC (Ernst & Young - IFIP)L’analyse menée à la demande de l’interprofession conclut elleaussi sur des écarts de compétitivité dans le segment de l’ali-mentation animale et du coût de main-d’œuvre dans l’industriede l’abattage-découpe, sur la nécessité d’une concentrationindustrielle de l’abattage, d’un plan de modernisation des bâti-ments d’élevage, sur l’intérêt en aval d’une communication surl’origine des viandes, sur l’image de la viande de porc et desproduits de charcuterie salaison.

Les recommandations de E&Y pour INAPORC sont de :

- améliorer la compétitivité et les performances, ce qui passeen particulier par une réduction des distorsions de concur-rence entre les pays producteurs européens et par unerestructuration et modernisation des maillons production,alimentation animale et abattage-découpe ;

- définir une stratégie de filière, de manière interprofession-nelle, comprenant notamment une réflexion sur le mode defixation des prix et la modernisation des outils ;

- communiquer sur VPF et mieux prospecter les marchésétrangers ;

- innover “de la génétique au produit fini”, en intégrant ledéveloppement durable et la protection du marché national.

Autres études et enseignementsD’autres ouvrages proposent des analyses convergentes. Les travaux de Rexecode confirment le décrochage des salariésallemands et le recul de la France sur le marché mondial, tousproduits et filières confondus. L’institut propose quelques axesd’action de portée générale ou politique : restaurer la compé-titivité (fiscalité, salaires), améliorer notre “capacité à travaillerensemble”, investir dans la formation et la recherche. Les travaux de P. Van Horne (LEI, Pays-Bas) sont une comparaisondes coûts de production du poulet de chair, notamment entreFrance, Pays-Bas et Allemagne. Ils pointent un léger handicapde la France au stade agricole. Les travaux du CIDEF analysent,pour la production de dinde, les handicaps de la France vis-à-vis de l’Allemagne : coût de la main-d’œuvre, TVA agricole,transport à 44T, étiquetage de la VSM gros grains, normes sanitaires et surtout normes d’installation des sites classés. Lesdonnées Eurostat portant sur les données issues des enquêtesd’entreprise montrent également que, depuis 10 ans, l’évolutiondes coûts de main-d’œuvre a divergé de 25 % au détriment dela France ; elles montrent également que les travailleurs alle-mands dégagent plus de valeur ajoutée que leurs homologuesfrançais, tant dans l’industrie de la viande (porc et bœuf) quedans celle de la volaille. Les travaux de l’ITAVI sur les bâtimentsd’élevage montrent que, depuis presque 10 ans, le solde estnégatif entre fermetures et constructions, la capacité de produc-tion se réduit, les équipements vieillissent.

Opinions des acteurs français et européens

Concernant les éléments économiques et technico-économiques, nousrenvoyons le lecteur à la synthèse des indicateurs présentée au chapitretrois de cet article et au rapport principal. Nous résumons ci-dessous lesopinions que nous avons recueillies au cours de la trentaine d’entretiensque nous avons menés.

Industrie de la volaille

Les Français vus par eux-mêmes - La question du coût de main-d’œuvre est surmontable, selon

une majorité d’acteurs. Elle se conjugue à la question desgammes et de la saturation des sites,

- La médiocrité des relations verticales est fréquemmentdéplorée - tous stades confondus,

- “Tout est géré au moindre coût” autrement dit, il y a peu demodernisation, des revenus et profits faibles, etc. “Attitudesde rentier”,

- Des élevages trop petits et beaucoup de difficultés pour lesconcentrer,

- La situation est meilleure au niveau industriel (en fonctiondes couples produit/marché),

- “On n’aime pas l’industrie en France”.

A propos du futur - “Le sursaut ou le déclin” mais le sursaut sera très rude,- C’est “un chantier de grande ampleur”. Pour certains l’étiage

est atteint,- Il n’existe pas de “plan” visant à inverser la tendance

germano-française.

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Ce qu’il faut faire- Pour un plan public de soutien à l’investissement industriel,- Demandes minoritaires pour un plan de modernisation,- Pour une lecture moins tatillonne de la réglementation euro-

péenne,- Pour la création d’un “QS français”,- Harmonisation des cahiers des charges dans un référentiel

commun permettant de valoriser les spécificités françaises,- Rationalisation des contraintes imposées par la GMS,- Fort consensus. Développement de l’étiquetage sur

l’ensemble de la gamme y compris MDD (forts enjeux sur lesimportations),

- Articulation avec position AVEC (origine UE/non UE) obligatoire et nationale facultative,

- Pour une harmonisation européenne des conditions socialeset fiscales,

- Pour la promotion et l’étiquetage de l’origine nationale,- TVA agricole harmonisée,- TVA sociale en France sur modèle allemand,- Pour la défense des restitutions.

Les Français vus par les Européens- La France n’est pas perçue comme un concurrent par ses

voisins,- Les bâtiments sont anciens, peu spécialisés, peu concentrés,- La filière est peu standardisée (50 formules chez les FAB vs

5 ailleurs),- Le poids des FAB est pointé du doigt,- Le potentiel génétique est mal exploité,- Les éleveurs sont trop dépendants de leurs techniciens,- Les systèmes de certification sont trop divisés.

Les Allemands vus par des AllemandsLes forces

- Un marché en développement,- De nombreux investissements,- Intégration verticale,- Coût de MO peu élevé, - Une forte standardisation,- Un système de certification solide : QS,- Un bon dialogue interprofessionnel et des collaborations

verticales,- Une avance dans la mise en œuvre de la directive

Bien-être.

Les faiblesses- Les contraintes environnementales,- Les risques d’opposition des riverains,- La gestion des effluents,- Loi sur les incendies,- Les relations avec les HD.

Opportunités - Développer les capacités.

Menaces - La dépendance vis-à-vis des discounters,- Les risques sanitaires et environnementaux,- Le changement de règle pour l’emploi d’intérimaires.

Industrie du porc

Les Français vus par eux-mêmes - L’Administration : des contraintes plus fortes et pas de

proposition stratégique.- MO : des écarts de coûts importants pour le stade

découpe/un problème de disponibilité/une gamme large quicoûte cher.

- Industrie : un outil à niveau (automatisation) mais qui souffre de la dispersion géographique et de sa surcapacité“structurelle”. Divergences sur le niveau de concentration.

- Remise en cause de la cotation du marché du porc de Plérin(MPB).

- Des coproduits + ou - bien valorisés.

Deux tendances pour le futur :- Pour une concentration franco-française- Le pressentiment de la venue d’acteurs étrangers.

Les actions à mener, selon les opérateurs français- Accompagner la mise aux normes des élevages.- Réduire les contraintes règlementaires pesant sur l’élevage

(environnement, taille) et les entreprises (sanitaire).- Faciliter l’introduction des graisses animales dans l’alimen-

tation animale, en faisant évoluer les cahiers des charges dela grande distribution, puisque les graisses sont règlemen-tairement autorisées en France comme dans le reste de l’UE.

- Engager une concertation de l’ensemble des acteurs sur lesystème de formation des prix du porc. Réfléchir à la faisa-bilité de prendre en compte la volatilité des prix des matièrespremières végétales.

- Mettre en place une discussion professionnelle pour réduireles catalogues de la grande distribution.

- Accompagner les entreprises sur les marchés à l’exporta-tion par la mise en place d’une plateforme commune à toutesles entreprises, la recherche de nouveaux débouchés et l’accompagnement des industriels dans les démarches decertification de leurs outils.

- Avoir une vision stratégique pour le secteur, partagée par lesacteurs de la filière.

- Continuer les analyses réalisées auparavant par l’Office del’élevage, portant sur la structure économique et financièredes entreprises de l’abattage-découpe, qui ont été aban-données suite à la fusion des offices.

Les Français vus par les Européens- “La France est sur une autre planète. Il manque aux éleveurs

et aux industriels français de la viande un sens de la réalitépar rapport à l’Europe. Ils oublient qu’ils appartiennent à unmarché unique ouvert. Les transformateurs français sontaujourd’hui massacrés par la grande distribution, qui passed’une promotion à l’autre. Les viandes sont bradées, mais restent néanmoins plus chères qu’en Allemagne. En France,la GD suit trop la volonté du consommateur mais n’est pasdu tout partenaire des industriels” Un opérateur belge.

- La France n’est pas perçue comme une origine importantesur le marché international. Elle ne fait pas peur.

- Les Belges sont un peu dans la même situation (sauf pour lerapport avec la GD)

- Les Danois compensent leur coût de MO par la délocalisa-tion et la recherche de VA.

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- Les Espagnols sont à l’aise, avec un coût de MO assez baset des capacités d’exportation en UE et pays tiers.

Les Allemands vus par les Européens - Les Néerlandais pensent que la gamme allemande est plus

large, et n’a pas encore le niveau qualitatif optimal pourl’exportation.

- Les Danois considèrent les Allemands comme leur principalconcurrent, “Tonnies” est vu comme un modèle. Les relationssont bonnes.

- Pour les Belges, l’Allemagne est la plaque tournante du porcen Europe. Petits problèmes de qualité de travail.

- Pour tous, il y a peu d’espoir de voir les coûts de MO allemands augmenter à court terme.

Comparaison volaille et porc3

AVEC = Association de l’aviculture, de l’industrie et du commerce de volaillesous les Pays de l’UE

FAB = fabricant d’aliment du bétail

GD = grande distribution

HD = hard discount

MDD = marque de distributeur

MPB = Marché du porc breton

MO = main-d’œuvre

QS = “Qualität und Sichereit” (Qualité et Sécurité) = système allemand decertification tous produits

VA = valeur ajoutée

VOLAILLE PORC

E L E V A G E

Performance technique P-B , All, B ont des meilleurs indices et GMQ que FF, DK, P-B : comparableEs, All : plus faible (surtout productivité des truies en All)

Coûts de production F : comparables aux autres pays, avec moins d’amortissement F : comparables aux autres pays, avec moins d’amortissements

Situation des éleveursF : 1/3 peu performant avec faibles revenus - Faible dynamique derepriseAll, P-B : bonne situation

F : difficultés chroniques (faibles investissements, difficultésfinancières)DK : fort impact des restructurations à marche forcée=> endettement élevéAll : bon équilibre, rentabilité et situation financière saine

E N V I R O N N E M E N T

Taille et dynamique des élevagesP-B, All : élevages plus grands et plus récentsF : plus anciens, avec coûts d’entretien élevés

DK, P-B : élevages plus grands et plus récentsAll : structure “duale”, forts investissements au Nord-Ouest, le SudreculeF : plus anciens, avec coûts d’entretien élevés

Coût et dynamique de la dépollution

All, P-B : méthanisation et réduction des coûts (encore élevés)F : peu de traitements, épandages, facteur limitant au développement et aux restructurations d’élevage surtout en ZES (zones d’excédants structurels)

DK : dynamique bien intégrée. Fermes avec terres d’épandage Supérieur en All, et surtout P-B : transport du lisierF : diversifié, épandage surtout, traitement

Acceptabilité de l’activitéF : toujours plus faibleP-B, All : assez faible

F : toujours plus faible. très mauvaise imageDK, P-B : contrastée ; opposition exprimée, mais capacité à trouverconsensus => modèles d’avenirAll : légalisme : élus choisissent => alternance selon majorité / Land

I N D U S T R I E

Ultra standardisationEn cours en All (Rothkoetter)La demande intérieure française ne favorise pas cette avancée vers une réduction des coûts

En cours en All (Tönnies)Forte au DK et P-BF : difficulté à ne pas céder/diversité de la demande

Disponibilité en MOForte en All (MO immigrée)Faible en F, P-B

Forte en All et Es (MO immigrée) et DK grâce aux salaires élevésPlus faible en F, P-B

Coût de la MO Idem porc

Avantage absolu All, puis en EsF, P-B médiansDK le plus cher, suivi de BCoût de MO déterminant pour découpe

Sous produits

Objectif du groupe Vion : monopoleConsensus sur l’indispensable valorisation du 5ème quartierUn motif d’augmentation des coûts français (équarrissage : concentration des acteurs, comme dans le reste de l’UE)

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DOSSIERCOMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

Coût d’abattage Avantage de 6 à 10 cts/kg carcasse à l’All, vis-à-vis de la FProximité des coûtsVariance intra nationale > internationale

Régionalisation des bassins IdemTrès avancée, entre B, P-B, DK et AllGrand ouest F isolé - Es isolée

Concentration industrielle et financière Comparable entre la F et AllTrès forte dans Nord-Ouest de l’UE, mais laisse un peu de place à des acteurs régionaux, sauf en All. Moyenne en FFaible en Es et B

Internationalisation des entreprises Moyennement développée en F, P-B , AllTrès avancée pour Vion et Danish Crown. Tönnies en route.Inexistante en F et B, faible en Es

Rôle des leaders

Rothkoetter a bousculé le secteur en All avec l’hyper standardisation. Le modèle de LDC est à l’opposé. Les leaders français sont diversifiés (Doux au Brésil, LDC dans les produits traiteurs, Terrena est une coopérative polyvalente)

Danish Crown : innovation technique, recherche des marchés extérieurs.Vion : taille et travail des co-produitsTönnies : hyper standardisationCooperl : avancée vers le stade de détail, maîtrise de toute la filière

M A R C H É S

Importance du marché intérieurFondamental pour All, B et FMoins important pour les P-B

Très grande pour F et EsGrande en All, même si export de + en + importantStructurellement faible en P-B, DK, B

Taux de pénétration du marché intérieurF importe 40 % de son poulet fraisAll est devenue excédentaireP-B exportent plus qu’ils ne produisent

Significatif pour les pièces désossées en F et B et pour les produits bruts en AllRéduit en Es et au DK

Exploitation du marché mondialF reste forte sur pays tiers avec restitutions. P-B présents sur paystiers avec découpes de poulet

En croissance pour tous les États membresFondamentale pour DKImportante : AllMoyenne : F, P-B, Esproduits à faible VA : F, B

P R O D U I T S

GénétiqueF a peu évolué. All et P-B ont des souches plus lourdes avec plus defilet, yc en dinde

Peu d’écarts entre la F et les autres pays (B : Piétrain, particularités)All : retard compensé par import

StandardisationTrès forte en All, B, P-BFaible en F

Très forte en All, DK et P-B (découpe)

Différenciation

Point fort de la filière française, si l’on considère le canard et lesespèces gastronomiques. L’intégration du bien-être est en retrait par rapport à All. Différences d’appréciation réglementaire en bio(F : vulnérable) ? Le secteur Label est en recul en F

DK, P-B : recherche de différenciation pour les petites entreprises :Bio, bien-êtreF : faible développement du Label Rouge et du bioB : découpe sur mesure, difficile à valoriserAll et DK dominent F sur marché européen du bio

O R G A N I S A T I O N F I L I È R E

Certification Idem

Systèmes qualité unifiés et structurants en All, P-B, DK(équivalence entre QS, IKB, Danish system)Pas d’équivalent en B, Es, F (systèmes propres aux entreprises)Généralisation des certifications industrielles internationales (IFS, BRC)Intégration dans les cahiers des charges de la grande distribution

Coopération verticaleForte en All entre la distribution, l’industrie et la génétique.Faibles relations stratégiques en F entre génétique et industrie.Conflit industrie/GMS.

Forte en All entre distribution et industrie. Domination de la distribution en F et B.DK, P-B : orientation demande clients internationaux

Pilotage

En F le pilotage est partagé, de fait, entre la distribution (qui détermine les gammes et les prix) ; il y a peu de partenariats en amont (abattage, élevage, nutrition animale, génétique)Il semble que dans le bassin Nord-Ouest, l’industrie est moins soumise et moins dépendante de la distribution : certains pour DK et P-B, All : esprit plus partenarialEn Es, le poids de la GD est moins fort, l’industrie et la nutrition animale sont dominantsAccompagnement plus réduit des pouvoirs publics en F et B (sanitaire, export, environnement…)

QS = “Qualität und Sichereit” (Qualité et Sécurité)=système allemand de certification tous produits,GD = grande distributionDC = Danish Crown

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Opinions des acteurs français et européens

L’élevage

Volaille Les trois points clés de la problématique sont le renouvelle-ment des bâtiments, les vocations des éleveurs et la dynamiquedu contrat trois points. Il y a des voies d’amélioration : rénova-tion du parc, amélioration du niveau technique des éleveurs,adaptation de l’industrie de la nutrition animale et recherched’optimisation du modèle technique. La mise en œuvre de cestactiques suppose que l’activité et sa modernisation soientacceptées par la société.

PorcLes écarts de coûts de revient sont réduits entre les cinq principaux producteurs européens ; la France, les Pays-Bas,puis le Danemark ont les coûts les plus faibles, l’Allemagne et l’Espagne ont des coûts supérieurs en raison de moindres performances techniques.

Malgré cette proximité des coûts, la problématique de compé-titivité s’évalue sur le long terme au regard de la situation économique des élevages. Les Français connaissent des diffi-cultés financières et des freins, les conduisant à peu investirdans les structures de production. La bonne compétitivité apparente (coûts les plus faibles de la comparaison) résulte dufaible montant des investissements et a pour contrepartie l’usurede l’outil.

Les freins pesant sur les élevages français sont liés à leur acceptabilité par la société et l’accompagnement des pouvoirspublics, notamment sur les questions environnementales et detaille des élevages. Une des voies d’amélioration de la situationde l’élevage français résiderait alors dans la concertation desacteurs sur la meilleure insertion des structures de production,dans l’environnement et l’activité économique locale tout enleur garantissant une viabilité financière grâce à un accompa-gnement sur la modernisation et l’agrandissement des bâtiments.

L’industrie

VolailleLa France est handicapée sur deux points importants : la gammeet la main-d’œuvre.

L’ultra ou l’hyper standardisation est très difficile à mettre enœuvre en France en raison des multiples demandes des distri-buteurs et d’une culture de la différenciation tout au long de lafilière : chacun sa barquette, son système qualité, son cahier descharges, son label, etc.

La question de la main-d’œuvre n’est pas la plus grave pour lafilière. Elle n’en est pas moins préoccupante. La question de ladisponibilité passe par une réduction de la pénibilité et généralement par l’amélioration des conditions de travail. Laquestion du coût passe par davantage d’automatisation, ce quirenvoie, pour partie, au point précédent. Au-delà, cela renvoieà des questions de politique générale : fiscalité, financement dusystème social, modalités d’exercice de la main-d’œuvre originaire d’autres pays de l’UE.

Les autres indicateurs ne sont pas au désavantage des Françaismais le bassin du Grand Ouest est très isolé par rapport au bassin dominant du nord de l’Europe.

PorcCertains outils français d’abattage porcin se situent au niveautechnologique de leurs concurrents européens, conduisant àdes écarts de coût d’abattage très réduits, alors qu’ils sont nettement plus conséquents sur la découpe, en raison du coûtde la main-d’œuvre et d’une moindre standardisation.

D’un point de vue industriel, une amélioration de la situationfrançaise proviendrait de l’amélioration de la productivité etde la valorisation de la découpe. Avant même d’être celle d’unerestructuration plus poussée et de la constitution de groupesd’abattage de la dimension des leaders danois, néerlandais ouallemands, la question posée aux industriels français est d’ordre stratégique. La réflexion doit porter sur l’intérêt d’uneprésence à l’étranger, la maîtrise de tous les marchés nécessairesà l’écoulement des produits issus de l’abattage et de la découpe(produits nobles, produits secondaires et co-produits…), le degréd’élaboration des produits, l’importance et la nature des produitsfinis, l’organisation de l’activité de découpe porcine en termesd’outils industriels, de localisation et de logistique, la disponi-bilité de la main-d’œuvre…

Les marchés

VolailleLa filière française de la volaille vit de trois marchés : la grandedistribution, la RHD (restauration hors domicile) françaises etl’exportation avec restitutions vers les pays tiers. Les marchésde l’UE sont devenus secondaires, le segment des viandes defabrication n’est que partiellement exploité face à l’offre brésilienne. Avec l’essor du poulet basique allemand, quirépond à une demande en croissance dans toute l’Europe, laperspective existe de voir se structurer un segment “européen”.La voie d’amélioration est que certains opérateurs françaissoient en mesure de donner la réplique à ce modèle et que lesFrançais ne soient pas réduits, progressivement, à fournir lecomplément de gamme.

PorcAlors que les Danois, Néerlandais, Belges et Espagnols exploitent fortement les marchés d’exportation, la France resteplus préoccupée par la valorisation des produits sur le marchénational, malgré un volume d’exportations non négligeable.De plus, la pénétration des pièces à forte valeur ajoutée s’accroîtsur le marché français, de même qu’en Belgique, en raison dela proximité de l’Allemagne et du choix déterminé qu’a faitl’Espagne d’occuper ce créneau.

Les opérateurs français tireraient profit d’une modification de leur considération des débouchés export, dans un souci derecherche constante de valeur ajoutée et d’optimisation de chaque couple produit/marché.

Les produits

VolailleLa France se distingue du reste du monde par ses souches depoulet, qui présentent l’intérêt d’un prix de poussin moins élevémais un léger inconvénient de moindres performances entermes d’indice et de rendement en filet. De même, la souche

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DOSSIER COMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

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de dinde medium distingue la France du reste de l’Europe. Lesabattoirs français ne sont majoritairement pas équipés pourabattre des dindes lourdes. La France se distingue aussi par unegamme très large en termes d’espèces et de présentations.

Les voies d’amélioration seraient, d’une part, une rationalisa-tion des gammes (moins de présentations différentes et moinsde rigidité sur les poids de filet) et, d’autre part, une évolutionde la génétique et des poids vifs et des outils d’abattage visantà améliorer le rendement en découpe.

PorcLes difficultés de relations entre la grande distribution et lesindustriels se répercutent sur la diversité de l’offre de produitsporcins et, au final, sur l’organisation des activités de découpe.Une rationalisation de la demande des distributeurs doit êtrerecherchée dans l’ensemble de la filière, afin de réduire le nombre de produits offerts par les industriels qui pourraientalors optimiser leur découpe et en accroître la productivité,grâce à une automatisation plus poussée.

L’organisation de la filière

VolailleLa collaboration professionnelle verticale n’est pas le propre dela filière. L’histoire interprofessionnelle en atteste. L’intensifi-cation du dialogue entre les partenaires ou parties prenantespourrait être porteuse si elle survenait. Le programme est vaste :simplification des gammes, évolution des souches, stratégies alimentaires (sélection, accouvage, industrie), contrats de production, plan de rénovation des bâtiments, unification dusystème de certification.

PorcEn dépit de l’existence d’une interprofession française, la coordination amont-aval apparaît beaucoup plus efficiente enAllemagne, en raison d’une culture pragmatique tournée versla recherche concertée de solutions. Pour le porc français, leschantiers sont aussi très nombreux et souvent en souffrance :légitimité de l’activité, plan bâtiments, gammes de découpe,valorisation des co-produits, grille de paiement et mode defixation des prix, place des UVCI (unité de vente consommateurindustrielle)…

Synthèse du diagnostic

La somme d’écarts significatifs fait une grande différencePris un à un, les écarts de compétitivité jouant au détriment desfilières nationales ne représentent pas un handicap insurmon-table. La somme de l’ensemble des écarts tend à le devenir.

Par ordre d’importance décroissant, ces handicaps des filièresfrançaises sont, respectivement, pour la volaille et le porc : l’hyper standardisation des produits offerts par les entreprises dunord de l’Europe, le coût élevé de la main-d’œuvre, d’autreshandicaps comme l’absence de croissance, la moindre saturationdes outils, une absence de R&D dans les groupes, la non utilisa-tion des graisses animales dans l’alimentation animale imposéepar les cahiers des charges de la grande distribution, des taxesplus élevées (foncière, professionnelle ou assimilée), le coût del’équarrissage, les écarts de valorisation des co-produits.

Un environnement français peu attractifA l’épreuve des faits, on pourrait conclure que la société française ne tient pas particulièrement à l’existence des filièreshors-sol, c’est un changement fondamental par rapport auxpériodes de croissance :

1) Il existe une opposition citoyenne, peut-être minoritaire,mais très active et visible au modèle dit de “l’élevage intensif”, dénoncé comme polluant, cruel, dangereux pourla santé et anti-gastronomique.

2) Les politiques régionales ne sont pas portées sur la compétitivité des filières industrielles, mais sur le déve-loppement des modèles alternatifs.

3) L’action de l’Etat est moins favorable que par le passé : pasde soutien à l’investissement, contrôles souvent tatillons.

4) Les choix de l’Etat sont souvent contraires à l’objectif deréduction ou de maîtrise des coûts de production : défini-tion franco-française des seuils déclenchant la procédured’autorisation lors de projets, qu’ils soient de constructionde bâtiments neufs ou de rénovation ; réforme de l’équar-rissage ; la précaution publique maximale prévaut partout.

5) Au niveau de l’UE, l’incertitude concerne le maintien desrestitutions octroyées aux exportations de poulets de chair ;l’enjeu est l’occupation de 1 million de m2 en Bretagne etVendée.

Les filières françaises sont bloquées

Les modèles techniques ne s’adaptent que lentement aux nouvelles donnesLa demande, dans le contexte de la crise économique et sociale,évolue vers la simplicité et les prix bas. Le modèle de l’hyperstandardisation peut y répondre mais il n’est pas développé enFrance ; il permet aussi de répondre à la demande de viande detransformation (volaille) ; en porc il s’agit aussi de standardiserles gammes de découpe à destination de l’industrie et de centrer le développement des UVCI sur une gamme courte.Sur les marchés extérieurs, la réussite des Européens est liée àleur capacité à adapter leur offre (porc) ; en volaille, tout est suspendu au sort des restitutions, qu’il faut défendre.

Les points et les mécanismes de blocageL’insuffisance de coopération verticale est patente. Elle sembleprocéder et découler de l’immense méfiance qui existe entreindustriels et distributeurs, la relation d’aval étant pétrie dedéfiance et d’incertitude, l’attitude s’est diffusée dans toute lafilière (volaille et porc) et les relations inter entreprises visentdavantage à tenter de capter la marge plutôt qu’à la construirede concert, en entreprenant des recherches.

Dans les deux secteurs, on a pu constater que les stratégiescollectives sont difficiles à élaborer et à mettre en place (VPF,Volaille de France, par exemple).

Absence de marge pour les points centraux de la filière. Les éleveurs et les entreprises d’abattage-découpe, dans les deuxfilières, enregistrent depuis de nombreuses années des tauxde rentabilité très bas ; les industries d’amont (notamment lanutrition animale et plus précisément les firmes services et prémixeurs) sont mieux loties ; la seconde transformation et ladistribution ont pu compenser l’augmentation de leurs charges.Ainsi, les métiers fondamentaux, les producteurs et les transformateurs, sont les moins rémunérés.

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DOSSIERCOMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

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DOSSIER COMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

Découragement des opérateurs. On a pu identifier une sorte decercle vicieux de la démotivation, qui à moyen terme pourraitamener un fort recul de l’élevage, qui ruinerait de nombreuxacteurs de l’abattage, sans espoir de reprise rapide. On assistedonc à un mécanisme pernicieux de perte d’influence : l’absence de dynamique ne permet pas d’innover et donc derépondre, de manière efficace, aux demandes nouvelles.

Stratégie défensive des leaders. En raison de la concentrationassez importante de chacune des deux filières, l’attitude des leaders est à la fois un révélateur et une explication de la phasestratégique : l’intérêt légitime des leaders, reconnus commedes entreprises bien gérées, qui ont réalisé la plupart des bonschoix stratégiques depuis 30 ans, n’est ni de pousser l’expan-sion de la production, ni de se mesurer aux acteurs les plusagressifs sur le marché mondial.

Des filières à vocation régionale ? Les opérateurs français s’insèrent peu dans la dynamique demondialisation des marchés.

La concentration sur le marché national est la logique d’actiondominante des opérateurs français. Au-delà de certains acteurs,les ventes sur les marchés européen, asiatique, africain, sont descréneaux secondaires pour les entreprises françaises.

On peut légitimement arguer que la moindre présence sur cesmarchés est la conséquence d’une moindre compétitivité (etnon l’inverse) ou encore que le marché français est le secondplus important d’Europe, après l’Allemagne. La situationactuelle serait donc logique. Mais elle contraste avec le positionnement des autres Européens qui considèrent lesmarchés d’exportation comme de réelles possibilités de valorisation, et non comme un simple dégagement des surplus.

La France n’effraie personne. Les opérateurs européens quenous avons interrogés ne semblent pas se préoccuper de lasituation française. Ils ne pensent pas que les entreprises françaises puissent y jouer un rôle majeur. Les opérateurs fran-çais ne sont pas des cibles prioritaires dans les stratégies d’internationalisation des opérateurs européens et mondiaux.

L’avenir des filières françaises peut-il alors être régional ? L’ensemble des arguments mis bout à bout mène à la conclu-sion que les filières françaises relèvent d’un bassin qui s’isoleà l’ouest de l’Europe et que, dès lors que ses opérateurs ne participent pas au phénomène de régionalisation du bassinprincipal du nord, qu’ils ne mettent pas en œuvre les mêmessauts d’échelle que leurs confrères du bassin principal, qu’ils nedisposent plus d’un avantage relatif en coût de main-d’œuvre,la stratégie des entreprises françaises ne peut être que de préserver leur pérennité et de travailler en priorité sur le marché local, non pas dans une logique de volume mais dansun esprit de valeur ajoutée et de défense des parts de marché.Pour autant, une telle stratégie est-elle tenable pour les filières françaises et à quel prix ? Des entreprises françaises peuventchoisir cette stratégie, mais les filières dans leur ensemble ? La pénétration croissante sur le marché français du porc et dupoulet venant d’autres pays de l’UE montre que le marché“régional” français n’est en rien protégé, car les entreprisesétrangères sont en mesure d’offrir des prix et des services propres à séduire les acheteurs français. Dans ces conditions,une stratégie “régionale” des filières françaises conduirait àune perte de parts du marché français.

Des bases pour perdurerIl demeure assez d’atouts pour que la filière française puissefaire face. La situation est grave mais pas désespérée : en 2010-2011, le prix de revient du porc ou du poulet français restecomparable à celui des pays les mieux placés dans la concur-rence européenne. Les savoir-faire existent à tous les stadesde la filière, avec de bonnes performances techniques en élevage, des coûts de revient compétitifs et à l’aval, un outilindustriel correct. Le marché français est, par son volume, unebase intéressante.

La question est davantage celle de la définition d’un projet,d’une politique nationale. Dans une lecture libérale orthodoxe,ce type de question ne se pose pas : elle est du ressort desentreprises. Cela étant dit, même les plus libérales des nationspeuvent mettre en adéquation les actions de l’Etat et celles des entreprises, dans l’objectif de réalisation des objectifs respectifs.

La définition d’un projet pour les viandes blanches ne peut sefaire isolément : associations environnementales, industrie, production, syndicats, distribution et pouvoirs publics doiventposer les problèmes de manière concertée, afin de redéfinir lesbases d’un consensus. Les grandes questions sont les suivantes :

- Quel consensus environnemental ? Comment envisager unplan de modernisation des bâtiments qui concilie un impact moindre sur l’environnement et une plus grande productivité ?

- Quel objectif économique ? Souhaite-t-on développer unefilière d’exportation ? Souhaite-t-on assurer 80 % de l’ap-provisionnement national et rien au-delà ? Les objectifsgénéraux sont-ils les emplois agricoles ou les emplois indus-triels ? Les emplois dans les services liés ? La balance ducommerce extérieur ? Le débouché des grains des bassinscéréaliers français ? Un objectif régional peut-il faire l’éco-nomie de la compétitivité des coûts salariaux ? Un tel objectifest-il tenable dans le contexte actuel ?

- Quel objectif en termes de produits ? Le modèle français,diversifié, varié est-il incompatible avec la mise en œuvred’une certaine massification de la production, de l’abattage-découpe et de la fabrication des UVCI ?

Les pistes

Quels conseils pour quels décideurs ? Les problèmes qui se posent aux filières viandes blanches renvoient aux domaines de responsabilité de différents acteurs.L’enjeu est de modifier les relations entre les acteurs de la filièrepour passer de la confrontation à la collaboration, pour résoudre les difficultés portant sur les questions environne-mentales et sur la standardisation des gammes de produits etdonc l’amélioration de la productivité en découpe.

En ce qui concerne les coûts de main-d’œuvre, la questionrelève de choix politiques généraux : le décalage n’est pas sectoriel, il concerne de nombreuses branches de l’industrie etdes services.

Les opérateurs industriels demandent en priorité des conditions d’activité qui soient identiques à celles de leursconcurrents de l’UE en ce qui concerne le transport, les taxes,l’environnement, l’utilisation de co-produits dans la nutritionanimale. Ils souscrivent à l’idée d’un soutien public pour la

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rénovation/construction de bâtiments. Les acteurs du secteurvolaille soutiennent très largement l’objectif de maintien desrestitutions.

Les acteurs du porc et de la volaille sont favorables à un soutien à un programme de promotion, incluant une identifi-cation de l’origine française, mais aussi à un programme deprospection/promotion à l’exportation (porc).

Le volet le plus communément admis au stade industriel, leplus routinier (le soutien à l’investissement agricole, donc le plan bâtiment) ne pourra réussir sans un consensus avec lesacteurs de l’environnement.

On peut imaginer un débat sur l’évolution du modèle européen des filières viandes blanches qui donnerait de laFrance une image moins dégradée. La dernière décennie a vuune restructuration accélérée : concentration géographiquedans le Nord-Ouest autour de la dynamique allemande, concen-tration des élevages, concentration et multinationalisation desentreprises d’aval, de la génétique…

Tous les effets de ces évolutions vont-ils dans le sens de ladurabilité souvent évoquée comme une aspiration des citoyens :mouvements d’animaux, impact environnemental, risques sanitaires, conséquences sociales, déséquilibres territoriaux ?

Pour une rénovation des bâtimentsL’objectif doit être de faire en sorte que les parcs de bâtimentsd’élevage de porcs et volailles répondent aux normes écono-miques de la décennie 2010 : une taille moyenne plus grande,facilitant la mécanisation, les gains de productivité, une orga-nisation efficace du travail et de bonnes conditions de sa pratique ; une gestion environnementale sans faille, si possibledébouchant sur une valorisation énergétique.

Cela ne pourra se faire sans une phase préalable de concilia-tion entre les défenseurs de l’environnement et les profession-nels. Les pouvoirs publics doivent être le garant de l’équilibreet du respect des engagements. Compte tenu de l’urgence etdes délais, il serait nécessaire d’engager cette concertation(agriculture, IAA, environnement, énergie, pouvoirs publics) àl’automne prochain.

Pour une concertation sur la question de la main-d’œuvre Les responsables de la filière porc ayant déjà porté la questionde la loyauté de la concurrence allemande devant les instancesidoines, il n’y a rien à recommander sur ce plan.

La question de la main-d’œuvre pose un grave problème. Eneffet, elle est à la fois trop peu disponible et trop coûteuse.Simultanément, il est évident que les salaires perçus ne permettent pas aux salariés d’accéder à un niveau de vie suffisant. C’est donc sur ce point de marché que la question de

la compétitivité est la plus aiguë. Quelles sont les solutions ? Sous-traitance à l’étranger ? Importation de saisonniers sous-payés comme en Allemagne ? Automatisation maximale dela découpe ?

Pour une défense des restitutionsLes restitutions disparaîtront-elles ou non ? Nous n’avons pastrouvé d’opposition forte, en Europe, aux “refunds” (restitu-tions) qui bénéficient essentiellement aux opérateurs françaisde la volaille. Néanmoins, les positions de la Commission restent floues. Il convient que l’Etat conserve une position forteauprès de la Commission, en s’appuyant sur le poids social del’élevage breton en zones sensibles (centre Bretagne, risquede dépopulation), sur le faible poids budgétaire (et donc sur l’efficience du dispositif) voire sur l’absence d’opposition externe(Brésil).

Pour une concertation avec la grande distributionsur la question des gammes et sur la certificationLa largeur de gamme française a constitué un atout en termesde consommation mais, crise et perspective de réduction de lataille moyenne des magasins aidant, les gammes trop largesgénèrent des surcoûts tant au niveau des usines qu’à celui desmagasins, sans réelle différence de produit pour le consom-mateur final. Le fait nous a été signalé tant pour le porc que pourla volaille.

Si l’on admet que la multiplication des références est le produitdes initiatives des fournisseurs et des distributeurs pour tenterd’échapper à la concurrence en créant des produits particu-liers, alors on peut admettre que les principaux opérateurspourraient se concerter - dans l’intérêt général - pour définir unegamme basique et s’engager à structurer les discussions commerciales sur la base d’un catalogue national.

Parallèlement, la rationalisation des systèmes de certification,là aussi multiples et redondants, devrait permettre, d’une part,de réaliser des économies en matière de certification, d’autrepart, de faciliter la reconnaissance des certifications françaisessur le plan international, troisièmement de faciliter un étique-tage d’origine. Par rationalisation, nous entendons unificationdu système, sur le modèle du QS allemand ; si la perspective deréunir les démarches des filières porcine, avicole, bovine, lait etviande et celles des fruits et légumes frais et du fourrage paraîtéloignée bien que - selon nous - un tel objectif est hautementsouhaitable, il faut néanmoins retenir, filière par filière, la dynamique interprofessionnelle de la démarche allemande.

L’intérêt de ce modèle est bien d’établir les bases d’un dialogue technique vertical, mutualisé et général de la production de fourrage jusqu’à la vente au détail de la viande.Aucune organisation française des filières viandes ne parvientà ce résultat sur une étendue aussi large, de l’amont à l’aval.

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DOSSIERCOMPÉTITIVITÉ DES FILIÈRES DES VIANDES BLANCHES FRANÇAISES DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

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DOSSIER DES MARCHÉS EN ÉBULLITION ET UNE FILIÈRE LAITIÈREFRANÇAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

Alors que la sortie du régime des quotas laitiers se rapproche,la filière laitière française dans son ensemble s’interroge sur sacapacité à produire et à valoriser des volumes de lait supplé-mentaires.

En 2011, tout porte à croire que les opportunités se multiplientsur le marché mondial : la demande est dynamique, l’offrepeine à la satisfaire et les prix sont au rendez-vous. Pourtant, lasituation était tout autre en 2008, où les effets conjugués de lacrise de la mélamine et de la crise économique mondiale ontconduit à la forte dégradation des marchés laitiers. Finalement,la volatilité semble être devenue la norme et il est difficile deprédire si les beaux résultats de 2011 seront amenés à durer.

Que réserve l’avenir aux opérateurs de la filière laitière ?

À l’occasion de la journée CEREL1 2011 et du Séminaire « Produire du lait en Bretagne en 2020 » organisé par laRecherche Appliquée des Chambres d’Agriculture de Bretagne,deux experts ont partagé leur vision du monde laitier et de sesperspectives. Leurs constats et analyses, allant parfois à contre-courant des préceptes de ces dix dernières années, parais-sent de nature à alimenter la réflexion des opérateurs bretons,aussi la Revue de l’Observatoire a-t-elle souhaité en restituer lateneur au travers de comptes-rendus de leurs interventions.

Philippe Jachnick, expert du CNIEL2 intervenu à l’occasion dela journée CEREL 2011, évoque ainsi la réorganisation deséquilibres offre-demande à l’échelle planétaire, la montée enpuissance de l’Asie et des pays émergents, source d’opportu-nités pour la filière laitière, et la volatilité qui désormais carac-térise les marchés. En parallèle, les grandes entreprises laitièresdes différents bassins de production et de consommation semblent en proie à un profond mouvement de restructuration- les rapprochements et autres fusions sont légions - et multiplient les investissements à l’international. Ces mouve-ments éclairent sur les stratégies d’entreprises amenées, encette période charnière, à repenser tout leur positionnementsur les marchés domestiques et mondiaux.

Ce constat d’un monde laitier en pleine mutation est partagé parGérard Calbrix, économiste au sein de l’ATLA3. Les marchés,désormais libérés de toute régulation publique, se caractéri-sent par une expansion certes continue, mais inégale selon lesannées. L’expert dresse le portrait d’une Europe à plusieursvitesses, où quelques rares États membres dépassent réguliè-rement leur quota tandis qu’une majorité ne semble plus enmesure de le réaliser. La France, où la maîtrise administrativede la production persiste encore, a longtemps axé son déve-loppement sur les produits de grande consommation. Or, leursfabrications ne progressent plus avec le dynamisme des années1990 et leur consommation semble avoir atteint un palier. Lesproduits industriels valorisés sur le marché mondial, longtempsla bête noire des entreprises laitières, pourraient bien se révéler

à nouveau source de croissance… à condition que les opérateurs français puissent s’appuyer sur un réseau commer-cial solide pour aller à la conquête du marché mondial.

(Les comptes-rendus d’interventions ont été établis sur la based’une prise de notes en séance et en s’appuyant sur les diapo-ramas des intervenants.)

La scène laitière dans le monde et enEurope, entre rupture et continuité

Ph. Jachnik, consultant international en économie et politiqueslaitières, est conseiller auprès du Directeur général du CNIEL.

L’avenir se présente plutôt bien pour les marchés laitiers. Siles grands équilibres entre l’offre et la demande à l’échellemondiale sont progressivement recomposés, la consommationde produits laitiers augmente et va continuer à progresser. Lesopérateurs auront donc à gérer l’équilibre offre-demande dansun contexte où le problème essentiel sera - au-delà de la question du prix - de sécuriser les marges et ce, aussi bien pourles transformateurs que pour les producteurs. Dans ce contexte,de nouvelles opportunités s’ouvrent pour les entreprises laitières, si bien que celles-ci font évoluer leur structuration etaccentuent leur internationalisation.

Les grands équilibres offre-demande sont revisitésEn 2010, 771 millions de tonnes ont été produites dans le monde.L’Asie a contribué à hauteur de 36 % à la production mondiale,devant l’Europe (31 %), l’Amérique du Nord (13 %), l’Amériquedu Sud (9 %) ou encore l’Océanie (4 %). Depuis quelquesannées, la production laitière mondiale progresse à un rythmeralenti, notamment du fait de scandales sanitaires tels que lacrise de la mélamine en Chine et des aléas climatiques quiprennent des proportions inédites. Limitée par ses quotas laitiers, l’Union européenne n’a augmenté sa production que de1 Mt4 entre 2005 et 2010. L’Océanie, pénalisée par des séche-resses et des inondations, a enregistré une évolution similaire.Impulsée par les États-Unis, la hausse a été plus marquée enAmérique du Nord (+7 Mt), tandis que portée par le Brésil, leChili et de façon plus aléatoire par l’Argentine, l’Amérique duSud a accru sa production de 10 Mt. C’est finalement l’Asie quiréalise la plus forte progression (+41 Mt) grâce à une croissancesoutenue des livraisons dans ses pays leaders laitiers (Inde,Chine et Pakistan).

Malgré cette évolution positive de la production laitière,ramenés au nombre d’habitants, les volumes de lait disponiblessont plus faibles aujourd’hui qu’il y a trente ans : alors qu’en1980, le ratio atteignait 105 kg/hab., il s’établit en 2010 à103 kg/hab. Ce recul s’explique par l’effondrement des écono-mies socialistes et communistes qui, il y a une vingtaine d’an-

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Des marchés en ébullition et une filière laitière françaiseà la croisée des chemins

Maud Marguet, chargée d’études économiques, Chambre d’Agriculture d’Ille-et-Vilaine

1CEREL : Centre Européen de Recherche et d’Enseignement sur le Lait2CNIEL : Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière3ATLA : Association de la Transformation Laitière française

4Mt : million de tonnes

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nées, a eu pour conséquence un effondrement de la productionlaitière (cf. graphique n°1). Aujourd’hui encore, ce décrochagede la production laitière n’a pas été totalement compensé. Faiblement peuplée, l’Océanie produit 700 kg de lait par habitant, loin devant l’Union européenne (294 kg/hab.), l’Amérique du Nord (277 kg/hab.), l’Amérique du Sud(157 kg/hab.) et l’Asie (62 kg/hab.).

Les pôles de production ne coïncident pas toujours avec lespôles de consommation : ainsi, un Mexicain consomme enmoyenne 121 kg de produits laitiers chaque année quand laproduction moyenne par habitant ne dépasse par 83 kg/hab. enAmérique centrale. De plus, les niveaux de consommations’avèrent très variables à l’échelle de la planète. Si, ramenée enéquivalent lait, la consommation mondiale moyenne atteint103 kg/hab., elle s’établit à 290 kg/hab. au sein de l’Union euro-péenne contre 36 kg/hab. en Chine. En Chine en particulier, laproduction augmente plus vite que la consommation, mais ledéficit en produits laitiers reste de l’ordre de 8 % de la consom-mation. Aussi, les importations se développent à un rythmemoins élevé que la production locale mais supérieur au rythmede croissance de la production océanienne. L’Océanie ne pourrarépondre à elle seule à l’accroissement de la demande asiatique.Par ailleurs, le déficit commercial de la Chine (en volume)devrait continuer de se creuser dans les années à venir, demême que dans le reste de l’Asie (cf. graphique n°2). Soyons-

À moyen-long terme, la demande mondiale devrait rester soutenue en particulier dans les pays émergents. Malgré le discours pseudo-nutritionnel anti-graisses et anti-protéinesanimales largement répandu au sein de nos pays riches, danstous les pays émergents ou en développement, dès que lepouvoir d’achat progresse et est mieux réparti, la consomma-tion de protéines animales augmente. Ce phénomène se vérifiemême sur les continents où il n’existe pas une tradition deconsommation de protéines animales. Ainsi demain, dans uncontexte où la demande sera présente, l’équilibre structureldu marché dépendra surtout de l’offre.

La filière laitière restera exposée à une forte volatilité des prix.La production des principaux fournisseurs de lait s’accroît eneffet modérément et les stocks mondiaux sont très réduits.Auparavant, la régulation opérée par l’Union européennepermettait de maintenir les cours mondiaux, les autres opéra-teurs comptant sur l’Europe pour stabiliser les marchés. Ledésengagement de l’UE des marchés laitiers fait que doréna-vant, comme il y a peu de fournisseurs sur le marché mondialet que leur production est cyclique, la volatilité n’est pas prêtede reculer. La hausse des coûts de l’énergie et la volatilité descoûts de production seront autant de paramètres supplémen-taires à gérer par les différents maillons de la filière.

Quant à l’Europe, elle va devoir s’habituer aux aléas clima-tiques. Dans un environnement déjà propice à l’instabilité, quedeviendra la volatilité des prix si les aléas climatiques se multi-

en convaincus, l’avenir du monde sera largement chinois : cepays compte 18 % de la population mondiale et le trio Chine-Inde-Pakistan regroupe à lui seul un quart de la populationmondiale. Il y a là des opportunités à saisir pour l’Union euro-péenne, second fournisseur de la Chine derrière la Nouvelle-Zélande, mais aussi les États-Unis, l’Australie, la Biélorussie ouencore l’Argentine.

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DOSSIERDES MARCHÉS EN ÉBULLITION ET UNE FILIÈRE LAITIÈREFRANÇAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

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19701975

19801985

19901995

20002005

2010

PopulationProduction laitière

Graphique 1 : évolution de la production laitière mondiale et de la population mondiale (base 100 en 1970)

Source : ONU et FAO

Nombre d’habitants (millions)

Production par habitant(kg/hab.)

Amérique de Nord 340 277

Amérique centrale 200 83

Amérique du Sud 390 157

Europe 740 294

Afrique 1 030 36

Asie 4 160 62

Océanie 35 700

Total monde 6 900 103

Sources : CNIEL

Tableau 1 : production laitière disponible par habitant en 2010

Graphique 2 : évolution du solde de la balance commerciale pour les produits laitiers (millions de tonnes équivalent lait liquide)

Source : CNIEL

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-10

-5

0

205020302000

-6,9

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Extrême-Orient

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-2

0

205020302000

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Asie du Sud

-6

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-2

0

205020302000

-1,9

-3,8-4,3

Afrique subsaharienne

-15

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-5

0

205020302000

-5,4

-10,2

-13,6

Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient

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DOSSIER DES MARCHÉS EN ÉBULLITION ET UNE FILIÈRE LAITIÈREFRANÇAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

plient ? Les risques sanitaires pèseront aussi, si bien que certainsexperts s’attendent à ce que soient recréées des politiques agricoles dédiées à la gestion des aléas climatiques et desinci-dents sanitaires. Cependant, une certitude reste : la part desaides publiques dédiée à l’agriculture ne sera plus ce qu’elleétait.

La structuration des entreprises laitières évolueLe poids financier des leaders mondiaux a doublé en l’espaced’une douzaine d’années. Entre 1996 et 2009, le chiffre d’affairescumulé des 20 premiers leaders mondiaux a progressé de 60 à114 Mds €. Par ailleurs, en 1996, les leaders mondiaux étaientlocalisés dans un nombre restreint de pays fortement indus-trialisés (12 leaders européens dont Nestlé le 1er mondial,4 leaders nord-américains, 3 japonais et 1 néo-zélandais). En2009, la concentration géographique se révèle moins marquéeavec 9 leaders européens, 4 nord-américains, 2 japonais,2 chinois, 1 néo-zélandais et 1 mexicain, opérateur qui a puis-samment investi dans le lait de consommation aux États-Unis.Les leaders asiatiques notamment affichent une très forte croissance de leur activité depuis cinq ans.

D’importantes restructurations se sont opérées en Europe, àl’exemple des opérations réalisées aux Pays-Bas. En 1996, lepays comptait encore quatre groupes laitiers, contre deux seulement un an plus tard : Friesland d’une part et Campinad’autre part. En 2008, ces groupes ont fusionné pour formerune seule coopérative. En guise de comparaison, il peut êtresouligné que la production laitière des Pays-Bas représente lamoitié de la production française. En France, une concentrationdu même ordre équivaudrait à deux groupes collectant 80 % à90 % du lait français. Mais plus encore que le périmètre desbilans, c’est la taille des ateliers qui fait la différence entre lesPays-Bas et la France. En Allemagne, les groupes coopératifs serapprochent enfin, la fusion début 2011 de Nordmilch etHumana permettant l’émergence d’un nouveau championnational, DMK, qui regroupe 11 000 producteurs.

Les leaders laitiers ont accentué leur internationalisation. Lactalis par exemple s’est implanté dans les années 2000 enRussie, au Moyen-Orient, en Algérie etc. Il est devenu le leaderdes produits laitiers en Espagne tandis qu’avec l’acquisitionde Parmalat, il conforte encore sa présence en Italie. Le groupeBongrain a poursuivi son développement au Japon, en Ukraine,en Égypte, en Irlande… En Europe du nord, Arla Food tisse satoile : 2ème opérateur au Royaume-Uni, également présent auDanemark, en Suède et en Finlande, il s’est implanté aux Pays-Bas et en Allemagne où il a fusionné avec une coopérative. EnRussie, Pepsico et Danone se positionnent comme les nouveauxleaders de la filière laitière. Danone notamment a triplé sonpoids dans ce pays en absorbant en 2010 le groupe laitier russeUnimilk, faisant de ce fait de la Russie son 2ème marché pour lesproduits laitiers, derrière la France et devant l’Espagne. Nestlé,déjà présent au Brésil, y a multiplié les investissements. Dansle même temps, des industriels du monde de la viande apparaissent dans le secteur laitier et des opérateurs nationauxse regroupent.

L’internationalisation est désormais une stratégie égalementprisée par les grands groupes de pays émergents. Certainsopérateurs (chinois en particulier) essaient de sécuriser leurapprovisionnement en investissant à l’international (enNouvelle-Zélande, en Afrique et même en Bretagne pour lesChinois !). Ainsi, au premier semestre 2011, le groupe chinois

Austnutria spécialisé dans la nutrition infantile a acquis coup surcoup deux transformateurs laitiers néerlandais. Quant à BrightDairy, ce groupe chinois a pris le contrôle du néo-zélandaisSynlait, prenant de vitesse les européens qui essayaient d’en-trer sur ce marché. Le groupe vietnamien Vinamilk a égalementpris position sur ce marché convoité au travers d’une prise departicipation au sein d’un nouvel industriel néo-zélandais. EnFrance, c’est notamment le chinois Synutra qui prévoit d’investir : son implantation à Carhaix représente une sécuri-sation phénoménale des débouchés pour le Grand ouest laitier.À ce sujet, soyons conscients du fait que si la hausse de production ne se fait pas en Bretagne, elle se fera ailleurs enEurope (Irlande,…) !

En France, une forte restructuration s’opère notamment au seindes grandes coopératives laitières. Les négociations étaient encours depuis longtemps mais ont été accélérées par la criseéconomique, la perspective de la disparition des quotas laitierset la nécessité grandissante de s’organiser face au poids deplus en plus écrasant de la grande distribution. Il est à noterqu’une des spécificités de la laiterie France, dont sont conscientsses collègues européens, est qu’elle dispose de belles entre-prises et de belles marques internationales, voire mondiales.Cependant, ce que la France a longtemps fait semblant de nepas voir est qu’elle était aussi le plus gros utilisateur de primeseuropéennes (aide à la dénaturation du beurre dans l’industrie,de la poudre pour l’alimentation animale, aide à la fabricationde caséine). Au cours des trente dernières années, la laiterieFrance s’est révélée très bonne dans le haut de gamme (produitsbien marquetés, appellations d’origine) mais aussi dans la production industrielle : le stockage public lui a indirectementservi de débouché. Comme cette politique (intervention)n’existe presque plus, il va falloir que les laiteries gèrent leurséquilibres (matières grasses, protéines) toutes seules.

Demain, il y aura des belles places pour des petites oumoyennes entreprises européennes, mais sur des niches bienréfléchies (produits très typés). À cet égard, le mouvement encours aux États-Unis est éclairant : il ne cesse de s’y créer despetites entreprises qui répondent à une envie de diversificationdes consommateurs. Cependant, les petites entreprises n’exis-teront pas sans les grands groupes - seules, elles n’ont aucunmoyen de gérer les équilibres matière.

ConclusionsDans le contexte actuel, il est clair que le maillon production doits’organiser. Le maillon des producteurs est mieux armé qu’il nele pense lui-même la plupart du temps, parce que la consom-mation restera importante en Europe et que la production yrestera localisée. Toutefois, il ne faudra pas vouloir s’épuiser àmaintenir la production dans tous les cantons de France. Parailleurs, les producteurs doivent être conscients du fait que,quand les industriels prennent des décisions d’investissements,ils le font sur la base de l’idée qu’ils se font de demain oud’après-demain. Pour que ces investissements soient des succès,les transformateurs feront alors tout ce qui est dans leur pouvoirpour que demain soit tel qu’ils l’avaient imaginé. Ces décisionsd’investissements sont fondamentales pour les producteurs, quiont intérêt à les comprendre, voire à en être partie prenante età les influencer.

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Eléments de prospective des marchés laitiers

Gérard Calbrix, économiste de l’ATLA, s’occupe notammentdu suivi des marchés laitiers, de la production, du prix du lait,de l’OMC et de la PAC.

Aujourd’hui, les marchés laitiers européens dépendent essen-tiellement du marché mondial, en pleine expansion. Quellepourrait être la place de la France sur ce marché mondial àl’horizon 2020 et quelle est la stratégie gagnante à adopterpour les opérateurs laitiers ?

Un marché mondial en expansionLa production et la consommation mondiales sont orientées àla hausse. La production laitière mondiale augmente chaqueannée, mais dans des proportions qui fluctuent fortement d’uneannée sur l’autre. Il n’existe pas un lien immédiat entre lesvolumes produits et la santé des marchés ; ainsi en 2008, l’excédent de production a été très réduit mais a suffi à faire s’effondrer les prix. De même, la consommation mondiale progresse chaque année à un rythme qui varie notamment enfonction de la croissance économique. En tendance, sa haussepotentielle se situe aux alentours de 2,5 % par an. Cependant,quand les prix augmentent faute d’une offre suffisante, laconsommation est freinée et certains pays - c’est le cas d’unegrande partie de l’Afrique noire aujourd’hui - ne peuvent plusaccéder aux produits laitiers. À l’opposé, une faible baisse desprix suffit à relancer la consommation. En 2009, malgré lemanque d’offre, les marchés laitiers se sont révélés trèsdégradés : ce sont les insuffisances de la consommation, limitéepar les effets de la crise financière et économique ainsi queceux de la crise de la mélamine, qui expliquent leur effondre-ment. En 2010, la progression de la consommation a étécontenue par un nouveau déficit que les stocks, asséchés en2009, n’ont pas permis de compenser. Au cours des dix dernièresannées, six ont été déficitaires : la production s’est régulièrementavérée insuffisante au regard des besoins de consommation. Lessituations de déficit de lait sont plus fréquentes que les situa-tions d’excédent : c’est bien la preuve qu’il ne faut pas avoirpeur du marché mondial.

Les échanges se développent. En 1990, environ 900 000 t dechacun des grands produits laitiers (poudres grasses, poudreécrémée, fromages, beurre) s’échangeaient dans le monde.Depuis, le marché de la poudre écrémée s’est considérable-ment développé. Ce marché qui a longtemps végété s’envoledepuis quatre ans ; en 2010, les volumes échangés ont atteintpresque 1,5 million de tonnes. Les échanges de fromages et depoudres grasses se sont également fortement accrus : en 2010,près de 2 millions de tonnes de poudres grasses et 1,6 millionde tonnes de fromages se sont exportés. Seuls les échanges debeurre sont restés stables. Il n’y a pas de raison de penser quela situation va s’inverser d’ici 2020 : la population augmente, leniveau de vie et la consommation aussi, y compris dans lespays où manger des produits laitiers ne fait pas partie ducomportement alimentaire classique. À ce sujet, on peut releverun effet « fast foods » : ceux-ci se développent dans toutes lesrégions du monde et contribuent à la hausse de la consomma-tion mondiale de fromages.

Le commerce mondial de produits laitiers est dominé parl’Océanie. Celle-ci a conquis le leadership à la fin des années

1990 et a dépassé l’Europe à la faveur des accords du GATT, lalimitation des restitutions a en effet réduit la compétitivité del’Union européenne. Cette dernière a vu ses expéditions stagnerdepuis une vingtaine d’années. En 2010, elle a regagné desvolumes à l’export de façon très significative car la production océanienne n’a pas suffi - et semble durablement ne plus pouvoir suffire - à répondre à la hausse de la demande. Soutenus par la faiblesse du dollar, les traditionnellement peuexportateurs États-Unis sont redevenus compétitifs sur le marché mondial grâce au manque d’offre.

Depuis la libéralisation de la politique européenne de gestiondes marchés laitiers en 2007, les stocks ne sont plus queconjoncturels au sein de l’Union européenne. En lien avec lacrise économique, des stocks se sont temporairement reconsti-tués en 2009. Cependant, dès 2010, les stocks publics de beurrese sont asséchés, de même, il n’y a plus de poudre écrémée disponible aujourd’hui.

Toutes ces évolutions se traduisent dans les cours mondiaux :les variations des cours étaient réduites avant 2007, depuis, lavolatilité est forte. Les fluctuations se révèlent en moyenne plutôt favorables pour les industriels laitiers ; les prix sont enmoyenne beaucoup plus élevés qu’auparavant et dernièrementatteignent des niveaux jamais vus. Si la libéralisation du marché européen ne signifie pas systématiquement prix bas, leproblème tient en réalité à la volatilité très forte qui en résulte.Face à la volatilité, il n’existe pas de consensus mondial pourréguler et les exportateurs ne souhaitent pas freiner une haussedes prix qui leur est favorable. Les prix du beurre, de la poudre de lait écrémé et du cheddar connaissent donc uneforte volatilité. Les écarts de prix très marqués d’un mois surl’autre sont extrêmement compliqués à gérer pour les industriesagroalimentaires. Financièrement, elles ne sont pas capablesd’atténuer ces variations, si bien qu’elles les répercutent sur lesproducteurs de lait. Ainsi, le prix européen du lait, resté très stable jusqu’en 2006 grâce à l’effet modérateur de la PAC, enregistre depuis 2007 des variations inédites. En moyenne surla période 2007-2011, il dépasse le prix des années précédentes.

La situation de la production en EuropePar rapport à son niveau de 1984, date de mise en place desquotas, la production laitière française a diminué. Elle s’est stabilisée depuis une vingtaine d’années. Ses à-coups sont liésau mode de gestion des allocations supplémentaires ; les autrespays européens ne connaissent pas autant de fluctuations. Cettemaîtrise de la production a privé les producteurs français d’opportunités sur le marché mondial, cela apparaît clairementen 2010-2011.

Au sein de l’Europe, très peu de pays européens remplissentleur quota (seuls les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche, leLuxembourg, Chypre, la Belgique y parviennent), ceux-ci désormais ne sont contraignants que pour une poignée de pays.La France et le Royaume-Uni affichent les niveaux de sous-réalisation les plus élevés. Pour le Royaume-Uni, c’est lefait d’une filière déréglée et pilotée par la distribution, quant enFrance, cela tient surtout à la gestion politique des quotas.

La campagne laitière 2010-2011 a été plutôt bonne en Europe.Certains pays ont augmenté fortement leur production, commeles Pays baltes, l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, la France, le Royaume-Uni, l’Irlande, ou encore l’Autriche. Toutefois, malgré des prix du lait favorables, la

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DOSSIERDES MARCHÉS EN ÉBULLITION ET UNE FILIÈRE LAITIÈREFRANÇAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

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DOSSIER DES MARCHÉS EN ÉBULLITION ET UNE FILIÈRE LAITIÈREFRANÇAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

production a décliné significativement dans certaines zones,en particulier dans les Pays de l’Est de l’Union européenne (àl’exception de la Pologne et de la Slovénie) : les producteurs deces pays font face à d’autres difficultés que le seul prix du lait.En lien avec des conditions naturelles difficiles pour la production laitière, les livraisons diminuent aussi dans les paysscandinaves (Suède et Finlande). Les pays méditerranéensconnaissent une baisse structurelle et même l’Italie estconcernée : des problèmes climatiques ont forcé les éleveurs àrecourir aux aliments achetés qui ont enchéri les coûts deproduction. Cette dépendance aux aliments achetés paraît peufavorable au développement de la production après la suppres-sion des quotas laitiers.

Perspectives pour la France à l’horizon 2020Les PGC, produits d’avenir ? Traditionnellement, les opérateursfrançais cherchent à développer leurs ventes de Produits deGrande Consommation (PGC), produits qui sont sensés valoriserle mieux le lait. Les Produits Industriels (PI) sont considéréscomme un pis-aller, un écoulement du lait qui n’est pas placésur un marché bien valorisé.

L’évolution des fabrications de PGC amène à un constat plusnuancé. Les fabrications de lait de consommation ne se sont pasréellement développées au cours des vingt dernières années ets’avèrent même en baisse sensible depuis deux ans. Il s’agitd’un marché en régression, sur lequel les opérateurs ne gagnentplus de volumes. Au cours des années 1990 et jusqu’au débutdes années 2000, les fabrications de yaourts et desserts lactés ontconnu une belle progression. En revanche, elles enregistrentune inflexion nette depuis 2003-2004 : le marché est saturé.Certes, la France fait partie des pays où l’on consomme le plusde produits laitiers frais par habitant. Si ce marché est toujoursen croissance, il ne l’est plus qu’à un faible niveau. De plus, lapart des ingrédients non laitiers ajoutés aux produits fraisaugmente : la consommation réelle de lait est stagnante plutôtque croissante. Il ne faudra pas compter sur les PGC pourécouler d’importants volumes supplémentaires de lait. Lesfromages sont un point fort de la France laitière. Celle-cifabrique deux types de fromages essentiellement : les pâtesmolles et l’emmental. En ce qui concerne les pâtes molles, uneexpansion paraît improbable, pour les entreprises il serait trophasardeux de créer une nouvelle fromagerie de brie ou decamembert, les débouchés nouveaux se font en effet rares. Lemarché de l’emmental a quant à lui augmenté pendant delongues années. Depuis le début des années 2000, ce marchéstagne mais la concurrence s’accroît : chacun se bat pourconquérir des parts de marché, or, l’argument qui départage lesopérateurs, c’est le prix. Cette situation est synonyme d’unedégradation très forte de la rentabilité, à l’instar de ce qu’aconnu Entremont.

Les volumes de PI vendus à l’export connaissent un dévelop-pement spectaculaire. Depuis le début 2007, les exportationseuropéennes ne sont plus soutenues par la PAC ; sauf périodede crise, les restitutions ont été nulles. Les volumes de poudrede lait écrémé exportés par l’UE atteignaient environ 10 000 tà 20 000 t par mois jusqu’à début 2009. Début 2009, ces volumesont fortement augmenté avec pour certains mois entre 30 000 tet 40 000 t exportées : c’est le résultat de l’évolution du marchémondial. Or, la France est le premier producteur européen de poudre de lait écrémé. Pour elle, le développement de ce marché constitue un réel moyen d’écouler des volumes de lait

supplémentaires. C’est aussi un moyen d’augmenter les prix.Autant le fait d’augmenter de 2 % les prix en Grande etMoyenne Surface relève de l’exploit, autant sur le marchémondial, les prix peuvent croître sans difficulté de 30 % d’uneannée à l’autre et même de 40 % pour le beurre. En compa-raison aux PGC, les rapports de force sont inversés : pouraccéder à la marchandise, le client n’a d’autre choix que d’enpayer le prix et ceci vaut également pour le marché intra-euro-péen. Concernant les fromages, les ventes à l’export de cheddar,de gouda, d’edam et de mozzarella industrielle se dévelop-pent. La France n’est pas en capacité de profiter de cette oppor-tunité : à part marginalement de la mozzarella, elle ne fabriquepas ces produits.

Le potentiel sur les marchés mondiaux repose sur les PI. Lavalorisation beurre-poudre permet de gagner de l’argent… etd’en perdre. Avant 2000, les périodes de faibles pertes s’équi-libraient avec les périodes de faibles gains. La réforme de laPAC de 2003 a fait que le beurre-poudre est devenu structu-rellement déficitaire. Les années 2002 à 2006 ont consisté en unepériode d’adaptation à la nouvelle PAC et à la baisse des prixd’intervention. Cette dernière a plongé des entreprises dansde grandes difficultés financières. 2007 a été une année favorable pour les PI, suivie par des crises et des pertes dramatiques en 2008-2009. Avec la reprise des marchés depuis2010 et plus précisément 2011, le beurre-poudre est redevenuexcédentaire : il n’y a pas de fatalité à ce qu’il soit déficitaire.En Europe, depuis six mois, du fait des pressions de la distri-bution sur les prix, le lait est mieux valorisé en beurre-poudrequ’en PGC de base type MDD (Marques de Distributeurs). À l’avenir, le beurre poudre sera équilibré par rapport au prixdu lait et sa valorisation sera égale à celle des PGC.

PI versus PGC, la donne a changé. Il y a quelques années, lastratégie de toute entreprise laitière consistait à réduire la partdes PI dans son mix-produit au profit des PGC. Depuis, ledémantèlement de la PAC a conduit à une révolution dans lesecteur laitier européen. La France s’est trop longtemps attachéeà limiter la production pour avoir le prix aux dépens desvolumes. Pourtant, l’ensemble de l’économie libérale joue lesvolumes aux dépens du prix, c’est la stratégie poursuivie enEurope du Nord en particulier. Ainsi, s’il existe des marges demanœuvre sur les volumes, il n’y a pas de degré de liberté surle prix : le prix français ne peut pas être déconnecté du prix dumarché. Au niveau de l’exploitation, augmenter les volumespermet de compenser des prix plus faibles, surtout si les volumesde lait supplémentaires sont transformés en des produits qui sevendent bien. La PAC d’avant 2006 avait dissimulé ces réalitéset depuis, il apparaît que sur des marchés en expansion, il estpossible d’augmenter fortement les volumes produits. L’année2009, avec l’invasion des produits allemands en France, a servide réveil pour les industriels français. Ils ne peuvent pas prati-quer des prix totalement déconnectés de ceux des voisins, saufà se positionner sur des niches (AOC). En Bretagne, le poten-tiel de production est présent et c’est sur les volumes qu’il fautavancer. Cependant, il ne suffira pas de fabriquer, il faudraégalement vendre dans de bonnes conditions et s’appuyer surun réseau commercial solide. Face à des concurrents européenstrès organisés, le principal danger au développement desvolumes en France consisterait à aborder le marché mondial enordre dispersé.

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ConclusionsLe potentiel de développement des volumes se situe sur le marché mondial et en particulier auprès des pays émergents. Il concerne surtout les poudres de lait et les fromages commo-dités. Perspective favorable pour les prix, les marchés devraientêtre tendus pour les dix à vingt années à venir. Cependant, lafilière laitière ne sera pas à l’abri des périodes de surproduction,celles-ci font partie intégrante de la vie des marchés libéra-lisés. Ainsi, la volatilité perdurera.

En ce qui concerne la répercussion de la volatilité sur le prix auxproducteurs, les marges nettes de l’industrie laitière (privée oucoopérative) s’établissent à environ 1,5 % : elle n’a pas la capa-cité à amortir la volatilité et en cas de baisse des prix, ellen’aura d’autres choix que de répercuter la baisse au producteur.Deux politiques pourront être adoptées, celle du prix diffé-rencié en fonction des volumes ou celle du prix unique. Dans

tous les cas, les producteurs devront s’attendre à des fluctuationsimportantes des prix à l’avenir.

Si la hausse des coûts de production inquiète, elle concerneratoutes les régions du monde, y compris la Nouvelle-Zélande. Lesproducteurs européens les plus dynamiques et les plus compétitifs bénéficieront des meilleures opportunités de développement. Ils profiteront des reculs de production decertaines zones qui ne pourront faire face aux crises. Ce phéno-mène s’observe déjà dans les pays de l’est de l’Europe, suite àla crise de 2009, de nombreux producteurs ont arrêté leur activité et ne la reprendront pas. Au sein même de l’Unioneuropéenne, l’Espagne et l’Italie qui doivent acheter des aliments à des coûts élevés pour produire du lait voient desproducteurs abandonner la production laitière. Des clivagesentre régions européennes voire même françaises s’observeront.Au niveau européen, une réorganisation complète de la production semble prévisible.

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DOSSIERDES MARCHÉS EN ÉBULLITION ET UNE FILIÈRE LAITIÈREFRANÇAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

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DOSSIER AUGMENTATION DES IMPORTATIONS : MENACE OU OPPORTUNITÉ POUR LES FIRMES AGROALIMENTAIRES DU GRAND OUEST ?

L’augmentation des importations :Quels enjeux pour les territoires ?

Depuis 1995, date de la mise en place des accords de Marra-kech à l’OMC, et donc l’introduction de l’agriculture et l’agro-alimentaire dans ces accords, le marché européen a vu saprotection vis-à-vis des pays tiers baisser de 41 % pour lesproduits agricoles et 30 % pour les produits transformés. Enlien avec cette ouverture, et une concurrence accrue au sein dumarché unique européen, les importations françaises ont forte-ment augmenté entre 1995 et 2007 : +51 % pour les produitsagricoles et +94 % pour les produits transformés.

Cette augmentation des importations concurrence directementles territoires du Grand Ouest (GO), c’est-à-dire de Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes.Rappelons que les activités agricoles et agroalimentaires contri-buent largement au développement et à l’emploi de ces régionset que le GO est fortement spécialisé dans ces activités(Cf. Tableau 1). Caractérisées par une forte proximité entreleur production agricole et leurs industries de transformation,ces régions représentent 57 % de la production agricole fran-çaise et regroupent 27 % des établissements agroalimentairesde plus de 20 salariés, soit près du tiers (29 %) de l’activitégénérée par le secteur des industries agroalimentaires auniveau national en terme de chiffre d’affaires (secteur des bois-sons inclus) et 34 % en terme d’emploi. La Bretagne et les Paysde la Loire représentent à elles seules 72 % de la valeur ajoutéedes quatre régions citées.

1Dans ces régions, l’implantation historique des industries agroa-limentaires est fréquemment signalée en liaison avec le bassind’approvisionnement en composant majeur pour leurs activitésindustrielles (viandes de volaille, de porc, fruits et légumes,lait…). Parallèlement, ces régions de la façade atlantique sontdotées de ports spécialisés dans l’importation de produits brutsagricoles (Brest, Lorient, Saint-Malo, Nantes-St-Nazaire) facilitant ainsi l’accès à des importations qui peuvent s’avérerêtre plus compétitives que les productions régionales.

Certains pays concurrents en matière agricole disposent d’avan-tages compétitifs (économies d’échelle, moindre charges patro-nales, etc.). Ces importations de produits agricoles peuventdonc constituer une opportunité pour certains industriels entermes d’approvisionnement en matières premières à moindrecoût. Dans ce cas, l’importation de produits bruts se substitueà l’approvisionnement local en produits agricoles. A titred’exemple, notons qu’entre 1995 et 2009, les importations fran-çaises de volailles « hors UE » ont augmenté de 93 % (DirectionGénérale des Douanes Françaises). Toutefois, cette meilleureaccessibilité internationale aux produits agricoles bénéficieégalement aux autres bassins de production. Ceci conduitmécaniquement à une réduction de l’avantage relatif des terri-toires du GO en termes de compétitivité par rapport aux autresrégions bénéficiant également de la même baisse des barrièresaux échanges pour les produits agricoles. Autrement dit, leseffets bénéfiques d’une meilleure accessibilité aux matièrespremières agricoles pour les industries de transformation pour-raient être moins forts dans le GO que dans d’autres territoiresconcurrents. De plus, la concurrence apparaît également auniveau des produits alimentaires à différents stades d’élabora-tion. Selon les niveaux de transformation des produits importés,les enjeux pour les territoires et les secteurs d’activité vont êtredifférents. Par exemple, les volailles importées (entières oudécoupées) peuvent se substituer à la production agricole localetransformée par les industries des régions du Grand Ouest.Dans ce cas, le niveau de transformation des produits importéssera déterminant de la répartition de la valeur ajoutée entre lesterritoires. Concrètement, les entreprises locales peuvent avoirintérêt à importer des produits bruts peu chers et à les trans-former pour maximiser la valeur ajoutée générée localement.Un schéma d’approvisionnement « multi-provenances » est déjàlargement utilisé par les industries agroalimentaires, notam-ment pour la production de plats préparés à base de viande.

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Augmentation des importations :menace ou opportunité pour les firmes agroalimentaires du Grand Ouest ?1

Corinne Bagoulla2, Emmanuelle Chevassus-Lozza3, Karine Daniel4, Carl Gaigné5, Annie Lambert6, Vanessa Persillet7

Poids du GO/ National Poids Bretagne et Pays de la Loire/ GO

Chiffre d’affaires 29 76

Nb d’établissements 27 73

Effectifs employés moyen 34 80

Valeur ajoutée 26 72

Source : EAE 2007

Tableau 1 : poids des régions du Grand Ouest dans l’activité agro-alimentaire (%)

1Merci à Monique Harel (INRA Nantes Angers LERECO) pour le traitement des données et à Anne-Catherine Chasles (INRA Nantes Angers LERECO) pour la relecturedu document.2PRES LUNAM, Université de Nantes, LEMNA 3Agrocampus Ouest4PRES LUNAM Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers - LARESS et INRA Nantes-Angers LERECO5INRA UMR1302 SMART-LERECO, Rennes.6ONIRIS LARGECIA7INRA Nantes-Angers LERECO

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DOSSIERAUGMENTATION DES IMPORTATIONS : MENACE OU OPPORTUNITÉ POUR LES FIRMES AGROALIMENTAIRES DU GRAND OUEST ?

Des travaux innovants pour analyserces enjeux pour les régions du Grand Ouest : deux analyses originales et complémentaires

L’augmentation des importations agricoles et agroalimentairesconstitue-t-elle une menace ou une opportunité pour les firmesdu Grand-Ouest ? Cette question est traitée dans le projet derecherche CLAP (Cf. Encadré 1) en ayant recours aux outils del’économie internationale, de l’économie géographique, del’économie régionale et de l’économie industrielle. En terme deméthode, ce projet présente l’originalité de mobiliser à la foisune approche économétrique et la réalisation d’enquêtes auprèsd’industriels.

2 Encadré 1 :

le projet CLAP dans le programme PSDR

Le programme « Pour et Sur le Développement Régional »(PSDR) vise à mieux comprendre les dynamiques écono-miques et sociales à l’œuvre sur un territoire et à identifierles leviers du développement régional.

Parmi les neuf projets du programme développés dans leGrand Ouest, CLAP (Compétitivité Localisation ActionPublique) se concentre sur les relations entre la localisationdes activités agricoles et agroalimentaires des quatrerégions du Grand Ouest (Basse-Normandie, Bretagne, Paysde la Loire et Poitou-Charentes), et la compétitivité desfirmes et des territoires.

Dans un contexte d’ouverture du marché européen, ceprojet met notamment en évidence l’effet de l’augmentationdes importations de produits agricoles et agroalimentairessur la localisation et la production relative des activitésagro-industrielles entre les régions françaises.

Un modèle d’économétrieUne équation économétrique est testée sur les données desrégions françaises.

A travers ce modèle, nous estimons dans quelle mesure laproduction de biens agro-alimentaires d’une région pourune année donnée (variable expliquée) dépend :

• Des coûts salariaux de ce secteur (effet de compétitivitérégionale),

• De l’accès potentiel de la région aux bassins de consom-mation du bien considéré (effet de proximité du marché),

• De l’accès de la région aux produits agricoles utilisés(effet de proximité agricole),

• Des importations françaises du bien alimentaire (effet deconcurrence des importations alimentaires),

• Des importations de biens agricoles mobilisés (effet deconcurrence sur les inputs).

Ainsi, nous estimons dans ce modèle les effets induits parles importations agricoles et alimentaires sur la productionde biens transformés, en tenant compte de la compétitivitéde la région et de sa position par rapport au marchénational.

Ce modèle est testé sur un panel de données sectorielles(31 secteurs alimentaires et 19 agricoles) et régionales(21 régions) entre 1995 et 2002. Les données des EquilibresRessources Emplois, des Enquêtes Annuelles d’Entreprises(INSEE) et des douanes (importations) sont mobilisées.Nous considérons des relations verticales entre les secteursagricoles et alimentaires.

Enquêtes auprès des opérateurs

Des entretiens semi-directifs ont été conduits en 2010auprès d’industriels des quatre régions du Grand Ouest.Complétant les analyses statistiques, ces enquêtes visent àrépondre au questionnement sur la force de l’ancrage terri-torial comme source de compétitivité et force d’attractiondes firmes. Elles portent sur les secteurs de deuxième et troisième transformation en découpe et produits élaborés devolaille ainsi que sur les plats préparés tous produits alimen-taires.

Une trentaine d’entretiens ont été conduits suivant un questionnaire axé sur cinq items : l’approvisionnement, laproduction, la logistique, la vente et les processus de décision. Cet éclairage permet de mettre en évidence lesressources qui sont activées par une entreprise sur un terri-toire (approvisionnements, main-d’œuvre, compétences,réseaux, infrastructures…) et de caractériser les stratégiesindustrielles en termes de localisation.

Les données obtenues sont traitées selon une analyse multicritères mettant en évidence les facteurs similaires oudifférenciés qui caractérisent les actions des entreprises.Cette analyse permet de construire une typologie d’entre-preneurs qui se différencient selon leur comportement entermes d’approvisionnement et de stratégie d’implantation.

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Encadré 2 : les logiques de territorialisationNotre objectif est de penser l’ancrage d’une firme sur unterritoire ou territorialisation comme un substrat deressources et d’aptitudes spécifiques animés par desacteurs locaux.

Le territoire est activé par des logiques de constructionorganisées des acteurs, fondées sur l’interaction et l’ap-prentissage, facilitées par les proximités géographiques.Les liens firme/territoire (de la localisation à la territo-rialisaction au sens d’une construction compétitive deressources sur un territoire) s’organisent selon quatrelogiques de territorialisation dominantes (Saives A.L.,2002) (Cf. Graphique 2) : • La logique de contagion est mise en évidence surtout

pour des activités d’assemblage, gérées en ateliers flexibles avec des entrepreneurs entreprenants déve-loppant des réseaux locaux. Elle conduit à l’émergencede nouvelles activités et à la constitution de réseauxactifs sur les moyens et structures des entreprises et lesinfrastructures.

• La logique de consommation correspond à des entre-prises de grande taille, appartenant à un groupe, positionnées sur des fabrications d’aval de la chaînealimentaire en industries alimentaires jouant l’oppor-tunité dans leurs approvisionnements, avec l’industria-lisation poussée de leurs fabrications en continu et deculture plutôt nomade sous-entendant une attitude deconsommation opportuniste des ressources de leur terri-toire.

• La logique de conservation mentionne l’existence debastions locaux structurés par des relations de filièresavec des approvisionnements garantis par contrats avecdes producteurs locaux et utilisant les identificationsde signes de qualité territoriaux.

• La logique de cooptation correspond à des entreprisesplus isolées dans des comportements de type notablepositionnées sur des produits relativement stables participant à une offre concentrée et gérant leurs appro-visionnements dans des relations de confiance.

DOSSIER AUGMENTATION DES IMPORTATIONS : MENACE OU OPPORTUNITÉ POUR LES FIRMES AGROALIMENTAIRES DU GRAND OUEST ?

Localisation des firmes agroalimentaires : l’importance des relations avec l’amont et le rôle déterminant des dirigeants

Les résultats de l’analyse économétrique montrent que le niveaurégional des productions agroalimentaires est fortement lié àl’accessibilité aux productions agricoles susceptibles d’êtretransformées et, dans une moindre mesure, à la proximité desbassins de consommation. En outre, les différences de coûtssalariaux entre régions affectent fortement la répartition de laproduction agroalimentaire, secteur intensif en main-d’œuvre.La localisation des activités agroalimentaires est donc largementdéterminée par l’hétérogénéité spatiale des marchés du travailet de l’offre de produits agricoles intermédiaires.

Les enquêtes précisent ce résultat et indiquent qu’il dépendfortement du niveau de transformation opéré par les firmes surles produits. La localisation des industries de première transformation sera en effet davantage liée à la spécificité decertains secteurs agricoles que celle des industries fabriquantdes produits plus élaborés. Ceci se vérifie particulièrementquand le coût de transport des matières premières est élevé.C’est le cas pour les industries laitières ou les conserveries qui doivent gérer la contrainte de la forte périssabilité desproduits agricoles. Ceci constitue un avantage pour les régionsdu Grand Ouest globalement caractérisées par une forte densitéde production agricole. Les industries de produits élaborés telsque les plats cuisinés-traiteur sont davantage liées au terri-toire par le facteur main-d’œuvre qui se caractérise par uneassez grande flexibilité et disponibilité en milieu rural. Parailleurs, certaines préparations nécessitent un savoir-faire quis’acquiert avec le temps, et le coût d’apprentissage de la maind’œuvre peut être un frein à la délocalisation des firmes.

Les enquêtes révèlent également que la stratégie du dirigeant(processus de décision) en lien avec la détention du capital,est fondamentale (Cf. graphique 1). Si le capital de l’entreprise

3

24 • L A R E V U E D E L’ O B S E R VAT O I R E D E S I A A D E B R E TA G N E • N ° 10 3 - O C T O B R E 2 011

Densité derelations

Densité des relations locale t

Cooptation

Conservation

ContagionGouvernanceindustrielle

forte

faible Rural agricole

Rural aidé

Rural Pôles AAConsommationGouvernance

financière

Densité des relations extra-locale

Graphique 1 : la dynamique des logiques de co-construction des relations entre firmes sur un territoire

Graphique 2 : les logiques de territorialisation

CONSOMMATION

COOPTATION

CONTAGION

CONSERVATION

Ressources locales et extralocales

Ressources locales

Activation simple des ressources

et aptitudespar la firme

Activation complexe des ressources

et aptitudes par la firme

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présente un caractère familial ou coopératif, les objectifs fixéspour l’entreprise suivront plutôt une gouvernance industriellede maintien des actifs à moyen voire à long terme. En revanche,si la détention du capital répond davantage à une gouvernancefinancière, l’objectif principal sera la rentabilité de court termepour une future cession des actifs, d’où une possibilité de délo-calisation. Les entreprises les plus ancrées au territoire suiventune logique d’activation forte de leurs réseaux à tous lesniveaux, local, régional ou national, et s’appuient sur un envi-ronnement de pôles agroalimentaires (logique de contagion -Cf. Encadré 2). Ce type d’entreprises va se rapprocher d’unestratégie d’intégration de filière dont la politique d’approvi-sionnement sera davantage tournée vers le local. Les entre-prises sous gouvernance financière ne vont pas consolider cesrelations locales. Elles arbitrent entre les ressources locales etextra-locales de manière à augmenter leur rentabilité. Elles sesituent plutôt dans une logique de consommation et pratique-ront un approvisionnement «multi-provenances ». C’est pour cetype d’entreprises que la substitution entre produits locaux etproduits importés est la plus sensible aux évolutions relativesde prix et de disponibilité des produits entre production localeet importée.

L’importation de produits alimentaires a un effet concurrentiel relativement limitéalors que l’augmentation desimportations agricoles change la donne

D’après nos résultats, une augmentation des importations deproduits alimentaires se traduit par un renforcement de laconcurrence pour les firmes européennes et françaises. Cephénomène semble avoir un effet différencié selon la localisa-tion des firmes. En effet, dans ce secteur intensif en main-d’œuvre, les différences de coûts salariaux jouent un rôlesignificatif dans la localisation de la production. Les régions lesmoins compétitives en termes de coûts de production sont lesplus sensibles à une hausse des importations de produits transformés. Autrement dit, l’accroissement de la concurrenceinternationale pour les industries agro-alimentaires a des effetsnégatifs plus importants pour les entreprises localisées dans lesterritoires avec une plus faible compétitivité coût. En revanche,nos résultats suggèrent que les territoires avec un bon niveaud’accessibilité aux marchés ne résistent pas mieux à l’accrois-sement de la concurrence internationale. L’éloignement parrapport aux marchés de consommation ne semble pas êtreaujourd’hui un handicap face à la concurrence internationale.

L’augmentation des importations agricoles a, en revanche, deseffets à plusieurs niveaux. Elle favorise globalement la produc-tion des firmes agroalimentaires en France. En effet, lesnouvelles opportunités d’approvisionnement via l’importation

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DOSSIERAUGMENTATION DES IMPORTATIONS : MENACE OU OPPORTUNITÉ POUR LES FIRMES AGROALIMENTAIRES DU GRAND OUEST ?

de produits agricoles stimulent l’offre de produits agroalimen-taires. Les firmes et les régions françaises vont plus ou moinsprofiter de cette opportunité en fonction de leur orientationproductive (secteur d’activité et degré de transformation desproduits) et de leur localisation. Ce sont les zones les plus éloi-gnées des bassins de production agricole qui saisissent le plusces opportunités. Ainsi, la proximité géographique de l’agri-culture et de l’agroalimentaire dans l’ouest de la France limitecet effet au sein des régions, mais de nouvelles concurrencesapparaissent avec le marché européen. En effet, les opportu-nités créées par l’augmentation des importations agricolesextra-européennes se substituent progressivement aux impor-tations européennes et concernent donc directement, par cebiais, les productions des régions de l’ouest de la France.

Le recours aux enquêtes auprès des opérateurs permet d’ap-préhender plus finement les motivations de leurs arbitragesen termes de provenance de leurs approvisionnements.

Les motifs du recours aux importations

Lors des enquêtes, l’approvisionnement international est logi-quement mentionné par les industriels pour des composantsnon disponibles régionalement sous forme sèche ou surgelée(riz, fruits exotiques…). L’importation est aussi citée pour lescomposants concurrents (sur le prix d’achat), tels que lesproduits découpés en volaille. Si les grands groupes maintien-nent globalement une logique de filière, le secteur des PAI(Produits Alimentaires Industriels) en volaille se développe enparallèle et suit une nouvelle logique d’approvisionnement« multi-provenances ». Pour les produits marqués par unecertaine typicité régionale souvent élément phare de la stratégiedes PME, l’approvisionnement local reste dominant (produitsde charcuterie et légumes). Cependant, les contraintes deproduction en flux tendus obligent à une régularité des appro-visionnements toute l’année. Même si les entreprises conçoiventdes gammes saisonnières, elles recourent aux importationspour des produits difficilement stockables. Pour cela, l’ache-minement des produits ne passe pas forcément par les ports lesplus proches mais par ceux qui sont les plus spécialisés et lesplus efficients en Europe.

En comparaison avec des résultats d’enquêtes de 1996-98, ceséléments ont clairement pris de l’importance sur la périoderécente. Les importations de fruits, de légumes mais surtout devolailles (entières ou découpées, fraîches ou congelées) desquatre régions du Grand Ouest ont augmenté respectivementde 87 %, 59 % et 135 % entre 1997 et 2007 (Cf. Graphique 3,page suivante). Dans ce contexte, les importations agricolesconstituent une source de réduction des coûts de revient desindustries de transformation et renforcent simultanément leseffets de concurrence pour certaines productions agricoles del’ouest de la France, dont la volaille. Sur la période 1997-2007,les effectifs de volailles (gallus, canards et dindes) des régionsBretagne et Pays de la Loire, ont diminué de 31 % et 12 %respectivement.

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DOSSIER AUGMENTATION DES IMPORTATIONS : MENACE OU OPPORTUNITÉ POUR LES FIRMES AGROALIMENTAIRES DU GRAND OUEST ?

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Implications pour la décision publique

Les résultats obtenus dans le cadre du projet CLAP peuvent êtremobilisés pour éclairer la décision publique à plusieurs niveaux.En effet, si la politique commerciale relève de décisions euro-péennes prises en fonction des discussions menées dans lecadre de l’OMC, les collectivités locales, et notamment lesrégions ont des leviers d’action, notamment dans le champ dudéveloppement économique.

L’effet important de l’augmentation des importations agricolessur les dynamiques régionales, par rapport à l’effet moindre del’augmentation des importations de produits finis montre que,dans le cadre des négociations commerciales à l’OMC, la vigi-lance doit être portée spécifiquement sur la protection desmarchés agricoles.

Le recours aux importations est source de compétitivité desfirmes agroalimentaires des régions du Grand Ouest. Cesimportations sont souvent complémentaires de l’approvision-nement régional. Notons toutefois que cette situation pourraitévoluer en cas de nouvelle ouverture du marché européen.

Un élément essentiel pour les industriels est la qualité de l’approvisionnement, en quantité et fréquence. L’organisationdes filières régionales doit répondre à ces exigences, sachantque le recours aux importations assure la continuité de l’approvisionnement. Le positionnement commercial des portsrégionaux doit intégrer ces éléments. Les aides régionales auxfilières agroalimentaires doivent considérer cette dimensiond’adéquation entre l’offre agricole et de produits intermédiaireset la demande des firmes.

L’intervention publique devra plus globalement tenir comptedes potentialités et des différentes vocations locales, c’est-à-direassurer la conciliation de logiques de co-construction de relations sur un territoire et l’entretien de la diversité du tissuindustriel local.

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20000

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140000Importation de fruits dans le Grand Ouest

Basse-Normandie Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes Total Grand Ouest

1997 2000 2003 2007

20000

40000

0

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80000

100000

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140000Importation de légumes dans le Grand Ouest

Basse-Normandie Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes Total Grand Ouest

1997 2000 2003 2007

20000

40000

0

60000

80000

100000

120000Importation de volailles dans le Grand Ouest

Basse-Normandie Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes Total Grand Ouest

1997 2000 2003 2007

Graphique 3 : augmentation des importations de produits fruits, légumes etvolailles pour les régions du Grand Ouest (en milliers d’euros)

Source : Direction Générale des Douanes Françaises 1997 à 2007

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DOSSIERAUGMENTATION DES IMPORTATIONS : MENACE OU OPPORTUNITÉ POUR LES FIRMES AGROALIMENTAIRES DU GRAND OUEST ?

Pour aller plus loin…

• BAGOULLA, C., CHEVASSUS-LOZZA, E., DANIEL, K., GAIGNE, C. (2010), Regional production adjustment to import competition: Evidence from the French Agro-Industry. American Journal of Agricultural Economics, 92(4): 1040-50.

• LAMBERT, A., PERSILLET, V. (2011), Les logiques de territorialisation dans les secteurs de la volaille et des platspréparés : la région Grand Ouest. Rapport pour le programme CLAP.

• SAIVES AL. (2002). Territoire et compétitivité de l’entreprise. Ed. L’Harmattan. Paris, 492p.

Cette recherche s’inscrit dans le cadre du programme Pour et Sur le Développement Régional (PSDR) Grand Ouest, 2007-2011 financé par les régions Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes, l’INRA et le CEMAGREF : www.psdrgo.org

Contacts :

Coordination scientifique du Programme CLAP

Karine Daniel

([email protected])

Chargée d’animation PSDR GO :

Anne-Catherine Chasles

([email protected])

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DOSSIER L’ÉVOLUTION DE L’EMPLOI SALARIÉDANS L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE BRETONNE

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L’évolution de l’emploi salariédans l’industrie agroalimentaire bretonne

Florence Le Bris, INSEE Bretagne

L’industrie agroalimentaire est fortement présente enBretagne : elle emploie quatre salariés de l’industrie sur 10 en2010. L’industrie des viandes est particulièrement développée.Le recours à l’intérim, important dans l’agroalimentaire,continue à progresser : +40 % en 10 ans. Malgré cela, cesecteur a perdu des salariés depuis 2001, mais moins que dansles autres industries. Le Finistère est particulièrement touchéalors que les effectifs de l’agroalimentaire progressent en Ille-et-Vilaine.

Sixième région de métropole par le nombre total de ses salariés,la Bretagne occupe le premier rang national dans l’industrieagroalimentaire, devant les Pays de la Loire, l’Île-de-France etRhône-Alpes. Le secteur emploie 68 900 salariés hors intérim fin2010, soit 12 % des emplois salariés de l’agroalimentaire enFrance.

Il représente 39 % de l’emploi salarié industriel breton, soitdeux fois plus qu’en France de province. L’industrie des viandesprédomine : elle représente la moitié des postes de l’agroali-mentaire, suivie par l’industrie du lait et la fabrication des aliments pour animaux.

L’industrie agroalimentaire compte aussi de nombreux emploissaisonniers. Par ailleurs, le recours à l’intérim y est particuliè-rement important : 11,5 % des effectifs du secteur en 2010, soitprès du double du reste de l’industrie. En 2010, au plus fort de la saison, 10 000 intérimaires travaillent dans l’industrieagroalimentaire, soit le tiers des intérimaires bretons.

L’emploi décline dans l’agroalimentaire, malgré un recours à l’intérim en hausseAprès un boom de l’emploi dans les années 90 (+25 % en10 ans), les effectifs se stabilisent autour de 73 000 salariésjusqu’en 2003. Depuis, ils diminuent régulièrement : le secteurperd ainsi 4 000 emplois de fin 2001 à fin 2010. La Bretagne anotamment subi de plein fouet la crise avicole amorcée en 2001.

Toutefois, si l’emploi permanent baisse, le recours à l’intérims’accentue dans le secteur :

+ 40 % en emplois équivalents temps plein de fin 2001 à fin2010, soit 2 500 emplois équivalents temps plein supplémen-taires. Ces emplois intérimaires se substituent en partie auxemplois permanents. C’est surtout à partir du 2ème semestre2006 que le recours à l’intérim s’accélère. La hausse est deuxfois plus forte qu’au niveau national. Par ailleurs, la baisse del’emploi salarié est relativement moins marquée que dans lesautres secteurs industriels sur la décennie.

Sur la période récente, l’emploi dans l’agroalimentaire a aussimoins souffert de la crise économique que les autres secteursindustriels. L’emploi permanent s’y est maintenu alors qu’il a fortement baissé dans le reste de l’industrie (près de10 000 emplois perdus entre mi-2008 et mi-2009). En 2009, lenombre d’intérimaires diminue, mais nettement moins que dansles autres secteurs industriels.

80

85

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100

105Industrie hors IAAIAA

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Graphique 1 : évolution trimestrielle de l’emploi salarié en Bretagne(indice base 100 4ème trimestre 2001, données CVS)

Source : INSEE, estimations d’emploi

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160Industrie hors IAAIAA

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Graphique 2 : évolution trimestrielle de l’intérim* en Bretagne(indice base 100 4ème trimestre 2001, données CVS)

*En équivalent emploi à temps pleinSource : Dares - Direccte (calcul CVS)

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Des évolutions contrastées selon les secteursC’est l’industrie des viandes de boucherie qui emploie le plusde salariés : 25 % des postes du secteur. Ses effectifs permanentsont augmenté de 11 % depuis 2001.

Dans le même temps, l’industrie de la volaille perd un nombred’emplois conséquent (-40 %). Les effectifs dans les activités depréparations industrielles à base de viande et de l’industrie dulait baissent de 10 %.

Sur les cinq dernières années, la fabrication d’aliments pour animaux, la transformation de fruits et légumes et la fabricationindustrielle de produits de boulangerie-pâtisserie maintien-nent leurs effectifs. En revanche, l’industrie du poisson perd desemplois tandis que l’industrie des plats préparés en gagne.

Le Finistère à la peine tandis que l’Ille-et-Vilaine recruteLe Finistère est particulièrement touché par les réductions d’effectifs sur la dernière décennie : 3 000 emplois permanentsen moins et un nombre d’intérimaires en faible augmentation.Le Morbihan est aussi impacté : 1 700 emplois permanents enmoins, mais l’intérim se développe davantage. Dans les Côtes-d’Armor, l’emploi permanent baisse un peu, mais il estlargement compensé par le recours à l’intérim. L’Ille-et-Vilaineest le seul département où le nombre d’emplois permanentss’accroît, avec en parallèle une nette augmentation du recoursà l’intérim.

Ces évolutions modifient la répartition départementale de l’emploi permanent dans le secteur : 27 % des emplois sontdésormais implantés dans le Finistère (contre 30 % en 2001), et25 % en Ille-et-Vilaine (contre 22 % en 2001). La situation variepeu pour les Côtes-d’Armor et le Morbihan où se trouvent respectivement 21 % et 27 % des emplois.

N ° 10 3 - O C T O B R E 2 011 • L A R E V U E D E L’ O B S E R VAT O I R E D E S I A A D E B R E TA G N E • 29

DOSSIERL’ÉVOLUTION DE L’EMPLOI SALARIÉDANS L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE BRETONNE

EMPLOI SALARIÉ HORS INTÉRIM1 EMPLOI INTÉRIMAIRE2

NombreEvolution

4ème trim. 2001 - 4ème trim. 2010 (en %)

Evolution(en nombre) Nombre

Evolution 4ème trim. 2001 -

4ème trim. 2010 (en %)

Evolution(en nombre)

Côtes d’Armor 14 120 -2,9 -423 2 490 58,1 +915

Finistère 18 830 -13,8 -3 016 2 577 10,9 +253

Ille-et-Vilaine 17 110 -6,8 +1 082 1 545 87,3 +720

Morbihan 18 870 -8,3 -1 716 2 444 31,8 +590

Bretagne 68 930 -5,6 -4 073 9 056 37,6 +2 478

1Données CVS 4ème trimestre 20102En emplois équivalents temps plein, données brutes 4ème trimestre 2010

Sources : INSEE, estimations d’emploi - Dares (emploi intérimaire)

Tableau 1 : l’emploi dans l’industrie agroalimentaire par département en 2010

Pour en savoir plus• L’implantation des grands établissements

de l’industrie agroalimentaire / Florence Le BrisInsee Bretagne. Dans : Octant Infon°15 (2011, septembre). 2 p.

• Synthèse régionale de l’industrie bretonne /Jean-Jacques Allain, Nadine Blot, Adrienne Courcoul…[et al.] ; Insee Bretagne.Dans : Octant. n°114 (2008, oct.). p.5-22.

• Tableaux de l’agriculture bretonne 2011 : résultats2010 / Srise Bretagne. Rennes : direction régionale de l’Agriculture et de la Forêt de Bretagne, 2011. 169 p.

• Zoom sur le secteur de l’industrie agro-alimentaire en Bretagne : situation au 31 décembre 2010 /Service Statistiques, Études & Évaluations.Rennes : Pôle emploi, Direction régionale de Bretagne,2011. 8 p.

• L’emploi dans les IAA bretonnes depuis 20 ans : desévolutions importantes de contenu et un rôle essentielpour l’économie régionale / Jean-Luc Cade. - Dans : La revue de l’observatoire des IAA [Bretagne] n°100(2011, janv.). p. 12-14.

• Les chiffres de l’agriculture, de l’alimentation, de lapêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire- Édition 2011 / Ministère de l’Alimentation ; de l’Agriculture et de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire. - Dans : Alim’agri.Hors-Série n°25 (2011, janv.). 50 p.

La publication peut être téléchargée à l’adresse suivante :

http://www.insee.fr/fr/insee_regions/bretagne/themes/octantinf/octinf14/octinf14.pdf

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F L A S H S A G R O A L I M E N TA I R E S

Flashs agroalimentaires

1. Côtes d’Armor

Armor Délices repris par Goûters Magiques

Le groupe Goûters Magiques (groupes Galapagos et Norac)poursuit son développement en reprenant la société ArmorDélices (10 millions d’euros de chiffre d’affaires, 33 salariés)située à Saint-Agathon. Celle-ci contrôlée jusqu’à présent parla famille Le Nevez produit près de 2 000 tonnes de Made-leines d’Armor par an dans une usine de 6 000 m2. Le groupeGoûters Magiques est né en 2008 du rapprochement d’unepartie des activités des deux groupes Galapagos et Norac, quicontrôlent chacun 40 % des actions de cette holding. Les 20 %restants sont aux mains de financiers. Le groupe est composéde trois outils industriels (hors Armor Délices) produisant30 000 tonnes de pâtisseries pour un effectif de 450 salariés.Cette reprise permet à Goûters Magiques, qui fédère lesmarques Le Ster, Whaou et Gaillard d’étendre son panel afinde peser davantage dans la grande distribution.

Une nouvelle unité de production pour La Paimpolaise conserverie

Cette conserverie (10 salariés, 1 million d’euros de chiffre d’affaires) fabrique 25 recettes différentes haut de gamme àbase de poissons et de coquillages (cf. Revue de l’Observatoiren° 99 - octobre 2010). Son créateur fera partie des lauréatsnationaux « Stars et métiers ». Cette opération organisée par laBanque Populaire et les Chambres de Métiers et de l’Artisanatrécompense les artisans qui ont su s’illustrer tant par leur réus-site en matière d’innovation que par leur savoir-faire et leurdynamique commerciale. Début 2012, une nouvelle structurede production ouvrira ses portes à Paimpol, et d’autres produitsenrichiront sa gamme, avec le développement de soupes depoissons, de tapas et de sauces. Il est prévu de nouvellesembauches.

Saloir du Daoulas entre au rayon libre service

Cette entreprise, située à Mur de Bretagne, spécialisée dans lesproduits à base de porc (rôtis, travers, jambons…) à destinationdes points chauds en GMS voulait se diversifier pour faire faceà une baisse de son chiffre d’affaires. Elle a développé lesRiby’s, mini-travers de porc grillés qui se réchauffent au micro-onde pour une consommation immédiate. Sur le plan industriel,le Saloir du Daoulas a mis en place un partenariat avec LDCpour le conditionnement des Riby’s. Avec une quinzaine desalariés et un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros en 2010,le dirigeant prévoit une stabilisation voire une légère augmen-

tation de son activité en 2011 grâce aux Riby’s dont les ventesdevraient atteindre 500 000 à 700 000 euros.

Nathalie Le DrezenChargée d’études économiques

Chambre d’Agriculture des Côtes d’Armor

2. Finistère

Océane Alimentaire : du poisson sauvage très frais et des produits bio

Installée à Saint-Guénolé Penmarc’h, la conserverie Océane Alimentaire qui emploie quinze personnes et réalise un chiffred’affaires de 1,3 million d’euros en 2010 travaille exclusivementdu poisson sauvage très frais : sardines, thon (germon), maque-reaux, lottes… ainsi que des saint-jacques ; les approvision-nements étant rythmés par les saisons. L’entreprise se veutartisanale, comme le soulignent ses dirigeants : « on ne faitpas de l’industriel, on sort seulement 500 à 800 conserves deverre par jour ». La traçabilité est une réalité dans l’entreprise :d’où l’indication sur l’étiquette des noms des bateaux qui ontdébarqué les poissons qui vont être travaillés dans la conser-verie. Les ingrédients qui sont utilisés, comme l’huile et leslégumes, sont bio. Les ventes se font sur le lieu de fabrication,dans le magasin d’usine, dans les épiceries fines et dans lesmagasins bio sous la marque Belle Bretagne. Océane Alimen-taire fait de la recherche et développement aussi bien sur lagraisse de sardine, que sur le plancton et les algues, voire lesécailles : elle vient de recruter un ingénieur agroalimentaire.

Globe Export : une aide du Conseil régional

L’entreprise Globe Export de Rosporden avec ses 2 filiales« Algues de Bretagne » et « Algues et Saveurs » (cf. Revue del’Observatoire n° 94 - juillet 2009 ; n° 101 - avril 2011 ; n° 102 -juillet 2011) vient de recevoir une aide de 17 870 euros duConseil régional afin de renforcer son action dans les domainescommercial et du marketing.

Elbé Fruits et La Légumière : une nouvelle plateforme logistique à Quimper

Les 2 filiales quimpéroises du groupe Le Saint de Bourg Blanc(près de Brest), Elbé (négoce) et La Légumière (légumes de 4ème

et 5ème gamme) qui comptent 75 salariés disposeront, début2012, en bordure de la voie express (direction Lorient), d’unenouvelle plateforme logistique. Celle-ci représentera 4 000 m2

couverts et un investissement de 3,5 millions d’euros. Sur cettesurface, environ 350 m2 seront réservés à l’entreprise de marée

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du groupe, Top Atlantique. En 2010 Elbé Fruits et La Légumièreont vendu près de 20 000 tonnes de fruits et légumes dans leFinistère Sud et l’ouest du Morbihan, pour un chiffre d’affairesde 17 millions d’euros. Cette même année l’ensemble dugroupe Le Saint qui possède 10 sites logistiques a réalisé unchiffre d’affaires de 195 millions d’euros et vendu200 000 tonnes de fruits et légumes.

Guyader : un doublement de la surface de l’atelierpoisson à Landrévarzec

Le groupe Guyader Gastronomie va doubler la superficie deson atelier poisson à Landrévarzec (près de Quimper), siège del’entreprise, et y installer une seconde ligne de production.Cette extension est le résultat de sa réussite dans la fabricationde produits élaborés de la mer dont les tonnages ont doublé en10 ans pour atteindre 2 700 tonnes en 2010. Les bâtiments oùsont stockés les emballages vont eux aussi doubler de surface.Les travaux préparatoires à l’extension sont engagés, l’agran-dissement de l’outil de production intervenant en 2012.

Hénaff : une médaille d’honneur de l’ANIA à Ginette Hénaff

L’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) adécerné, il y a peu, une médaille d’honneur à Ginette Hénaff,administratreur du groupe Hénaff, pour « sa contribution à ladynamique du secteur alimentaire à l’export ». Elle a été direc-trice export de l’entreprise Hénaff de 1980 à 2010, année où elleest devenue directrice des relations internationales du groupe.Tout a commencé en 1976 quand, Ginette Hénaff qui est profes-seure, titulaire d’une licence d’allemand, avec en plus debonnes connaissances en anglais, saisit l’opportunité de s’in-vestir dans la prospection internationale pour l’entreprise, dontson mari Jean-Jacques est le Président, et c’est ainsi que l’ex-portation va démarrer chez Hénaff, en commençant par l’Al-lemagne et la Grande-Bretagne. Aujourd’hui l’entrepriseHénaff exporte dans 50 pays, en Europe, en Asie, en Amérique,en Océanie et il y a quatre personnes au service international.Ginette Hénaff, la directrice des relations internationales de lasociété Hénaff est aussi vice-présidente en charge des PME, auComité National des Conseillers du Commerce Extérieur deFrance. Elle préside par ailleurs depuis novembre 2010, legroupe de travail « soutien à l’exportation et à la levée desobstacles à l’export » au sein du Comité Stratégique de l’agroa-limentaire et de l’agro-industrie de l’ANIA.

Tipiak : un objectif de croissance annuelle de 5 à 6 %de 2011 à 2013

Sur la période 2011-2013 le groupe Tipiak a pour objectif untaux de croissance annuelle de 5 à 6 %, à l’identique de laprogression du chiffre d’affaires enregistrée sur le premiertrimestre 2011. Concrètement, c’est la marque Tipiak (+12 %)qui a porté la croissance du groupe sur les 6 premiers mois.L’activité plats cuisinés de Tipiak qui a deux unités de produc-tion, à Fouesnant et à Marans (17) présente des nouveautés en2011 avec les « poêlées cuisinées » (légumes, quinoa, céréales)en sachet de 600 grammes et les coquilles de fruits de mer, maissans les saint-jacques. En 2010, elle avait enregistré une baissede 3 % de son chiffre d’affaires (cf. Revue de l’Observatoiren° 102 - juillet 2011).

Hénaff : les eaux retraitées de l’usine pour arroser les champs

De mai à octobre, l’eau retraitée par la station d’épuration biologique de l’usine Hénaff est utilisée pour l’arrosage deschamps. Au total, six agriculteurs de Pouldreuzic et 70 hectares,en quasi-totalité des pâtures, sont concernés par ce dispositifd’arrosage.

Hema-Sidel : un nouveau directeur général dans uneentreprise innovante et très fortement exportatrice

Depuis maintenant 75 ans, Hema-Sidel fabrique des machinesde remplissage de produits et de liquides alimentairescomplexes pour l’industrie alimentaire. En 1995, elle a intégréle groupe Sidel qui lui-même depuis quelques années faitpartie de la holding Tetra Laval dont le capital est helvético-suédois. Un nouveau directeur général, Gilles Delaitre quipendant 25 ans a été manager des achats industriels chez Sidelau Havre, succède au suédois Sven Muregard. Le passage detémoin s’est fait dans des conditions tout à fait satisfaisantes :les effectifs qui étaient tombés à 80 en 2009, avec la crise, sontremontés à 100 salariés en 2010, pour un chiffre d’affaires de20 millions d’euros. Plus encore, « Hema-Sidel embauche desingénieurs, des techniciens, des commerciaux ». Six remplis-seuses sont actuellement en cours de fabrication dans l’entre-prise qui en moyenne annuelle en produit 30 et il y en a 15autres dans les carnets de commandes. Hema-Sidel exporte95 % des remplisseuses qu’elle fabrique dans 55 pays et ellecompte 1 000 clients parmi lesquels : Coca-Cola, Pepsi,Unilever, Heinz, Tulip, Danone… mais aussi Hénaff, Larzul, LaLaiterie Le Gall, La Belle Iloise, William Saurin, Paulet (PetitNavire)…

Britt lance trois nouveaux produits

La brasserie Britt de Trégunc qui produit 2,5 millions de litresde bière poursuit son développement en lançant trois nouveauxproduits : la Celtika Cranberry, la Britt Cola et le « Cavalie-cran ». La Celtika Cranberry est une bière rouge qui titre 4,8°,à base de canneberge (baie rouge acidulée) sans ajout de sucreni colorant. La Britt Cola est un soda à la saveur caramel aubeurre salé dont la brasserie attend une forte demande. Le« Cavaliecran » représente, quant à lui, une innovation tout àfait spécifique, en ce sens qu’il s’agit de l’habillement de lapompe à bière dans les bars, les restaurants et les hôtels. LaBritt a remplacé le système basique du cavalier classique oùfigure le nom de la bière par le « Cavaliecran » qui est un écranvidéo, lequel permet de visionner des clips. C’est une start-upde Audierne, D-Carte, qui a créé pour Britt le « Cavaliecran ».Celui-ci est déjà installé à Paris, New-York, Tokyo, Clermont-Ferrand… sans oublier la Bretagne où il a déjà naturellementsa place. La notoriété de la Britt, 7ème brasseur français, aaujourd’hui largement dépassé les frontières de la France et del’Europe (cf. Revue de l’Observatoire n° 100 - janvier 2011).

La Sill : une activité jus de fruits importante

L’arrivée des quotas laitiers en 1984 a bridé l’expansion de laSill qui est une entreprise de transformation laitière située àPlouvien (nord de Brest). Ce choc l’a conduite à se diversifierdans les jus de fruits, choix qui a été influencé par le fait quela Sill avait déjà une expérience dans la brique de lait, que lesinstallations en place pouvaient être utilisées moyennantquelques aménagements et que sa capacité de négociation

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pour les achats d’emballage allait se trouver renforcée.Aujourd’hui, les jus de fruits représentent 37 % du chiffre d’af-faires de la Sill et 12 % du chiffre d’affaires du groupe(300 millions d’euros) qui comprend aussi les Laiteries Le Gallet Malo ainsi que Primel Gastronomie. L’ensemble compte720 salariés. L’importance prise par l’activité jus de fruits estl’aboutissement de la dynamique qui caractérise l’entreprise,laquelle se trouve dans le top 3 des fournisseurs de la GMS enmarque distributeur et se classe avec sa marque propre PleinFruit dans les 5 ou 6 premiers fabricants français.

Ateliers des Saveurs : Jean-Marie Guilbault, meilleur confiturier de France

Le titre de meilleur confiturier de France a été remporté parJean-Marie Guilbault de l’« Atelier des Saveurs » à Bénodet,lors du concours national de confitures qui s’est déroulé àBeaupuy dans le Lot-et-Garonne les 20 et 21 août. Il y avait82 participants au concours, placé sous l’égide du Ministère del’Agriculture ; chaque candidat présentant 3 confitures diffé-rentes. Cinq critères étaient pris en compte par le jury (6 juges)pour la notation : la présentation commerciale, l’originalité, lacouleur et l’aspect, la consistance, le goût. Les confitures deJean-Marie Guilbault ont fait l’unanimité, qu’il s’agisse de saconfiture de clémentine corse, de celle à la carotte et au romarinou de sa gelée de safran. En 2010, Jean-Marie Guilbault avaitobtenu le 2ème prix des confituriers. Pour information, en 2002,Jean-Marie Guilbault et son épouse ont reconverti leur restau-rant gastronomique à Bénodet en confiturerie et en magasin,l’ensemble répondant au joli nom d’« Atelier des Saveurs ».

Polaris : lauréate du prix Pierre Potier 2011

Située à Pleuven (près de Quimper) où elle a son siège, Polaris(44 salariés) qui est spécialisée dans les lipides nutritionnels(oméga 3) d’origine marine et végétale a remporté le 8 juillet2011, dans la catégorie « procédé », le prix Pierre Potier dontc’était la 6ème édition. Il y avait 28 candidats qui concourraientdans cette catégorie. Ce prix a pour objet de faire connaître lesinitiatives de l’industrie chimique qui servent le développementdurable. Polaris a été distinguée par ce prix pour la mise aupoint, en partant de graines de bourrache riches en oméga 3,d’un procédé d’extraction et de concentration en acide gammalinolénique (GLA) de l’huile de bourrache, sans utilisation desolvants chimiques. Le GLA est un actif santé qui entre dansla composition de compléments alimentaires et de produitscosmétiques. Le procédé innovant qui a été primé se fondesur les principes de la chimie verte « en utilisant des conditionsdouces, respectueuses de l’environnement, sans générer dedéchets ». Neuf années de recherche ont été consacrées parPolaris à la mise au point de son procédé qui associe la chimieenzymatique et la distillation moléculaire, ouvrant ainsi laporte a de nombreuses applications industrielles dont certainessont en cours. Toute cette recherche a aussi débouché sur l’in-vention « d’un modèle unique de machine sous-vide aveccentrifugeuse ».

Bigard : doubler les ventes de Charal d’ici 2020

L’objectif fixé par le groupe Bigard à la marque Charal dont ilest propriétaire, est de doubler ses ventes d’ici 2020. Il estfondé sur le postulat qu’il existe encore un marché potentiel àconquérir. Ce sont les pièces, le haché, le hamburger et les platscuisinés qui seront privilégiés par cette politique, parce que

mieux valorisés que la viande de boucherie traditionnelle.Concrètement, Bigard veut occuper tous les vides du marché,d’où l’intérêt qu’il porte aux magasins de proximité dans lesvilles, aux stations-service, aux parcs de loisirs, aux gares.Dans cette optique, il ne doit pas y avoir de moment de ruptureau niveau du marché : d’où le renforcement des équipes decommerciaux. Dans le même temps, la communication doitêtre développée, à savoir que outre la télévision, tous lesmédias doivent être utilisés (affichage, facebook, cinéma…)mais sans dépenser plus. Enfin Charal doit être « accessible auplus grand nombre » : d’où la mise en place de formats spéci-fiques comme les boites « happy family » de 3 ou 6 steackshachés proposés en permanence à 3 ou 6 euros.

JB Océane : une nouvelle conserverie en projet

Située à Concarneau, la conserverie JB Océane qui emploieune douzaine de salariés a en projet, la construction d’unenouvelle usine sur un terrain de 1 hectare, dans la même ville.Créée il y a une vingtaine d’années par Jean Burel, anciencuisinier et ancien pêcheur au thon tropical, JB Océane a dèsle départ ciblé la conserve haut de gamme, à destination desépiceries fines des magasins bio et des 3 boutiques à l’en-seigne « Marin de Concarneau ». Créatif, le fondateur de laconserverie est toujours à la recherche de produits nouveaux,témoin la gamme bio Algo d’Or et les rillettes de poisson auxalgues qu’il a lancées et plus récemment la gamme de tapasqu’il a mise en vente dans ces circuits de vente. La décision deJean Burel d’investir dans une nouvelle usine a certes étéfondée sur la possibilité de gagner de nouveaux marchés et dedévelopper de nouveaux produits, tout en restant dans laproduction artisanale mais elle a tout autant, voire plus, étémotivée par la présence de ses deux fils dans l’entreprise. Leprojet sera finalisé en 2012 : la conserverie devrait alors compterde 15 à 20 salariés.

Bigard : la marque Valtero cédée à SAS MonfortViandes

Le groupe Bigard a cédé, début juin, la marque Valtero àSAS Monfort Viandes, une entreprise familiale qui est installéeau Faouët dans le Morbihan et compte 100 salariés. La marqueValtero a été créée en 2001 par le groupe coopératif Socopa,lequel a été racheté en 2009 par Bigard. Cette marque qui a unpositionnement haut de gamme comme Charal, mais loin après,couvre la viande fraîche, marinée, le steack haché, la brochetteet depuis peu une déclinaison bio. Le repreneur, SAS MonfortViandes, est membre du pôle Bretagne Viande Bio au Faouëtet il est spécialisé dans l’abattage, la découpe et la transfor-mation de bovins issus d’élevages bio. Son activité représente5 000 tonnes de viande pour un chiffre d’affaires de 25 millionsd’euros en 2010. Précisons que la cession de la marque Valteroétait une obligation, demandée au groupe Bigard par la Direc-tion Générale de la Répression des Fraudes (DGCCRF), lors durachat des actifs du groupe coopératif Socopa, au motif queBigard, avait avec Charal la première marque de viande fraîcheou surgelée en France.

L’Adria : 40 ans au service de la recherche dans l’industrie alimentaire.

L’Association pour le Développement de la Recherche dans l’Industrie Alimentaire (Adria) a fêté ses 40 ans le 1er juillet àQuimper. Le premier projet de centre de recherche à finalité

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alimentaire dans le département, fut initié par la Chambred’agriculture du Finistère dans le cadre du IVème Plan (1962 -1965). Dès le 27 mai 1963, la Chambre d’agriculture du Finis-tère réunie en « sa première session ordinaire » décidait departiciper au financement d’une station expérimentale de laconserve dans la région de Quimperlé pour un montant de« 150 000 francs ». La station expérimentale projetée ne verrapas le jour avec le IVème Plan ; la Chambre d’agriculture n’ayantpas été suivie financièrement par les acteurs économiques etinstitutionnels qu’elle avait sollicités. Le projet finistérien nesera pas pour autant abandonné, il sera retravaillé et appro-fondi. Dans sa formulation définitive il aura comme ambition,la création d’un centre de recherche appliquée, dédiée à l’in-dustrie de transformation des légumes, de la viande et dupoisson. Ce sont les actions concertées et conjuguées de laChambre d’agriculture et du Comité d’Expansion deCornouaille (CECOR), né en 1963, qui feront aboutir le dossier,suivi de la création de l’Adria à Quimper en 1971. Aujourd’huil’Adria compte 50 salariés dont 6 docteurs, 10 ingénieurs et unthésard. Elle travaille pour 500 entreprises de la Très PetiteEntreprise au groupe international. Ses compétences sontreconnues en France et dans l’Union européenne, voire plusloin. Si les analyses microbiologiques pour assurer la sécuritédes aliments qui furent au départ des interventions de l’Adriaauprès des entreprises restent d’actualité, il n’en demeure pasmoins que depuis le début des années 1980, la recherche, l’in-novation et les missions de formation et de conseil, au niveaunational et international, ont pris une place de plus en plusimportante. L’Adria intervient ainsi pour expertise dans18 projets labellisés Valorial, elle conseille ses clients sur lesbonnes pratiques à mettre en œuvre et elle assure la formationde 5 000 salariés dans l’année. Fin 2011, début 2012, c’est unprogramme d’aide aux PME bretonnes de l’agroalimentaire,dans le domaine de la compétitivité industrielle qui seraengagé. Ce chantier ambitieux ne fait pas pour autant oublierau directeur général de l’Adria, Jean-Robert Geoffroy que lapriorité de demain sera la prévention des risques chimiquesdans la filière agroalimentaire (cf. Revue de l’Observatoiren° 101 - avril 2011).

Pierre BellecEconomiste

3. Ille-et-Vilaine

Timac reçoit un trophée de l’excellence

L’édition 2011 du Trophée des usines, organisée par “L’Usine Nouvelle” et l’Insead, récompense deux sites industriels : Airbus à Saint-Eloi (Haute-Garonne) et Timac (groupe Roullier)à Saint-Malo. Ce prix honore la politique de gestion dans tousses processus ainsi que l’accompagnement humain. Pour laTimac c’est une série de mesures en matière d’économied’énergie, de gestion des ressources humaines, de gestionrigoureuse de ses déchets qui lui vaut sa récompense. Depuis3 ans, elle a investi pour réduire les nuisances issues de saproduction d’engrais (2 millions d’euros en 2010), diminuerses rejets de poussières (800 000 euros en 2009)… La filiale dugroupe malouin Roullier est spécialisée dans la fabrication et

la commercialisation de fertilisants et d’amendements pourl’agriculture. Elle intervient également dans la nutritionanimale. Elle est titulaire des normes ISO 9001 et 14001. Cettesociété de 650 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010,emploie 650 salariés répartis entre six usines.

Le Duff va ouvrir en Chine

Le groupe rennais de restauration rapide qui réalise à ce jourplus de la moitié de ses activités à l’étranger, poursuit samondialisation (cf. Revue de l’Observatoire n° 102 - juillet2011). Il annonce la prochaine installation de Brioche Dorée enChine (Shanghai et Hong Kong) d’ici la fin de 2011. Il a d’oreset déjà constitué une équipe pour le nouveau développementde son enseigne Brioche Dorée d’une vingtaine de personnesdont les trois-quarts seront des locaux. En 2011, le groupeLe Duff (1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2010)emploie 13 400 salariés dans 1 095 restaurants et boulange-ries. Présents sur les cinq continents, il possède par ailleurs cinqusines de fabrication.

Le Duff candidat au rachat du traiteur Lenôtre

Louis Le Duff, propriétaire et fondateur du groupe Le Duff(Brioche Dorée, Del Arte, Bridor), est intéressé par le rachat dutraiteur Lenôtre, mis en vente fin avril 2011. Pour le groupe Le Duff qui souhaite développer son activité traiteur, cettecandidature est logique et entérine 10 années de partenariatavec Lenôtre, par le biais de sa filiale Bridor. Lenôtre, filiale dugroupe Accor, possède des boutiques à Paris, des restaurants,dont le Pré Catelan, qui affiche 3 étoiles au guide Michelin etest également présent à l’étranger avec un réseau de 22 fran-chisés.Une dizaine de postulants sont sur les rangs.

Ademi Pesage s’installe à Noyal-Châtillon-sur-Seiche

Le ligérien Ademi Pesage s’installe en Bretagne avec la créa-tion de sa 18ème agence à Noyal-Châtillon-sur-Seiche. Trèsprésente dans les Pays de la Loire, dans une moindre mesuredans l’est de la France et dans le Midi, Ademi Pesage, créée ily a une quinzaine d’années, est spécialisée dans le pesage etla métrologie. Elle compte 8 000 clients travaillant dans leslaboratoires, l’enseignement, la chimie-pétrochimie, l’impri-merie, l’agroalimentaire, la métallurgie, les travaux publics,la recherche, les déchets et les industries diverses. Avec unprévisionnel de 7 millions d’euros de chiffre d’affaires pour2011, Ademi pesage est aujourd’hui leader sur la façade atlan-tique dans son domaine. A Noyal-Châtillon-sur-Seiche, sonéquipe, constituée d’une dizaine de collaborateurs, va pros-pecter la Bretagne entière. Cette installation est accompagnéepar l’agence de développement économique Idea 35 et vabénéficier de l’aide du Fonds de Revitalisation d’Ille-et-Vilainepour ses embauches.

Goëmar soutenue pour le projet Phytomarc

Phytomarc projet des pôles de compétitivité Valorial et Quali-méditerranée, a pour objectif de mettre au point trois produitsnaturels, alternatifs aux produits de synthèse, pour aider lesagriculteurs à produire mieux et plus de fruits, légumes etcéréales, dans un souci de qualité et de rentabilité économiquedes filières, tout en respectant l’environnement et la santéhumaine. Il est notamment prévu de valoriser les sous-produitsissus de la distillerie du marc de raisin et de diminuer de 50 %l’utilisation des pesticides. Coût : 1,6 million d’euros. La société

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malouine Goëmar est engagée dans ce programme deRecherche et Développement pour lequel elle reçoit un accom-pagnement de la collectivité Saint-Malo Agglomération d’unmontant de 129 193 euros. Les autres collectivités concernées,le Conseil général d’Ille-et-Vilaine et le Conseil régional deBretagne, devraient également soutenir l’entreprise malouine.

Savena rachetée par IK Investment Partners, unesociété de capital-investissement

Savena, spécialisée dans les ingrédients alimentaires aroma-tiques, fonctionnels et nutritionnels, était jusqu’ici contrôlée parles fonds Azulis Capital et Céréa Capital qui cèdent leurs partsà IK Investment Partners. Savena précédemment nomméeSaveur (cf. Revue de l’Observatoire n° 98 - juillet 2010), qui aréalisé un chiffre d’affaires de 78 millions d’euros en 2010détient 22 % de son capital. L’entreprise emploie 265 salariésrépartis sur quatre sites de production (dont une soixantaine depersonnes à Bréal) et 30 personnes dans son service deRecherche et Développement. Elle travaille actuellement surun projet d’extension de sa principale usine située à Bréal-sous-Montfort près de Rennes. IK Investment Partners n’est,quant à lui, pas le premier venu dans le secteur de l’agroali-mentaire. Après avoir acquis en 2002 la société Labeyrie (foiegras, saumon fumé...) avant de la revendre 2 ans plus tard.Plus récemment, IK Investment Partners a acheté EuropeSnacks, le leader des gâteaux apéritifs salés à marque distri-buteur. Il a déjà investi dans 76 sociétés européennes et levé5,7 milliards d’euros. Le fonds scandinave annonce qu’ilsouhaite développer les capacités de production de Savenaen investissant dans les actuelles usines et en achetant d’au-tres sites de production. IK Investment Partners assure parailleurs que ce rachat n’engendrera « aucune conséquencenégative pour le personnel. Au contraire ».

32 emplois seront créés par Aama Agro Produits à St-Méen

Aama Agro Produits, une entreprise à capitaux pakistanais s’installe à Saint-Méen-le-Grand. Filiale du groupe pakistanaisMK Foods, Aama Agro Produits a racheté une partie des locauxindustriels de l’ancienne laiterie Entremont pour trier, trans-former et conditionner principalement du riz sur le départe-ment. Un investissement de 2,5 millions d’euros est annoncépour adapter le site aux productions d’Aama Agro Produitsnotamment pour la transformation de riz. Au total, 32 emploisseront créés par cette entreprise au cours des trois prochainesannées. L’inauguration du nouveau site industriel aura lieu le28 septembre prochain.

Société Générale investit 2 millions d’euros dans Soréal

Spécialisée dans la fabrication de sauces pour l’industriealimentaire, Soréal Ilou poursuit ses projets de développementavec la Société Générale Capital Partenaires, qui vient d’in-vestir 2 millions d’euros dans la nouvelle holding de tête FiftyWin. Parallèlement les principaux cadres de l’entreprise ontaccru leur participation. Gilles Bocabeille, son fondateur, restemajoritaire. Soutenu financièrement, Soréal Ilou qui ambi-tionne de devenir leader français des sauces, envisage plusieursprises d’intérêt au sein d’outils industriels complémentaires. En2010, Soréal-Ilou a réalisé un chiffre d’affaires de 16 millionsd’euros, en croissance de 35 % et vise une progression de 25 %

pour 2011. Implantée à Brie, Soréal dispose d’un site industrield’une capacité de production de 7 000 tonnes par an (cf. Revuede l’Observatoire n°100 - janvier 2011).

Investissement et embauche chez Atelier de l’Argoat

Basée à Plélan-le-Grand, Atelier de l’Argoat est spécialisé dansla fabrication d’andouillettes. il annonce plus de 1,5 milliond’euros d’investissement pour augmenter ses capacités deproduction et améliorer les conditions de travail (cf. Revue del’Observatoire n° 97 - avril 2010). Ce projet a reçu l’assentimentdu Conseil général d’Ille-et-Vilaine qui va lui apporter lasomme de 15 000 euros et des collectivités qui accompagnentle projet à hauteur de 31 000 euros. Grâce à ces travaux, l’ac-tivité de l’entreprise doit se développer de l’ordre de 15 à 17 %par an, générant la création d’une dizaine d’emplois au coursdes prochains mois. La SA Atelier de l’Argoat réalise un chiffred’affaires annuel de 5 millions d’euros avec un effectif de prèsde 70 collaborateurs.

Monique Ruffel-BurlotService documentation,

Chambre régionale d’Agriculture de Bretagne

4. Morbihan

SAS Monfort Viandes rachète la marque Valtero au groupe Bigard

SAS Monfort Viandes (Le Faouët), spécialisée dans la découpeet la transformation de bovins, s’offre un débouché dans lagrande distribution en rachetant au groupe Bigard, la marqueValtero. D’autre part, SAS Monfort Viandes vient de conclureun accord avec l’enseigne Carrefour pour la production deviande bio qui représente actuellement 20 % de ses volumes(cf. Revue de l’Observatoire n° 102 - juillet 2011).

D’Aucy Frozen Foods engage des investissementsdans son outil de production

Division des légumes surgelés du groupe Cecab, spécialiséedans la transformation de légumes surgelés et la fabrication deplats cuisinés, D’Aucy Frozen Foods (Moréac) investit 3,5millions d’euros dans l’extension de son bâtiment industrieldestiné à accueillir une chambre froide de 50 000 m3 pour lestockage et la logistique de ses gammes surgelées. Un autreinvestissement de 5,5 millions d’euros est annoncé pour lamodernisation de ses moyens industriels. Une alliance straté-gique entre la Cecab et le belge Pinguin Lutosa est en cours ausujet de cette entreprise, qui emploie 800 personnes, réalisantun chiffre d’affaires de 128 millions d’euros en 2010, et quivend ses gammes en France et en Europe (cf. Revue de l’Ob-servatoire n° 98 - juillet 2010).

Saveurs et Logistique créé son site internet Lyophilise.fr

Spécialisée dans la vente de repas lyophilisés, l’entrepriselorientaise a créé une plateforme de vente de ses produitsdestinés aux équipages des courses au large mais égalementaux plaisanciers. Saveurs et Logistique a en stock 10 000 repaslyophilisés et s’engage sur un délai de livraison de l’ordre de

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BULLETIN D’ABONNEMENT (octobre 2011)Je m’abonne à La Revue de l’Observatoire des IAA pour 1 an (4 numéros + suppléments spéciaux)

et joins un chèque d’un montant de 106 € TTC à l’ordre de :

l’agent comptable de la Chambre régionale d’Agriculture de Bretagne

(Une facture acquittée me sera adressée à réception du réglement).

La société ou l’organisme : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nom de la personne destinataire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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48 à 72 heures. L’entreprise, dirigée par Ariane Pehrson,dispose également d’une boutique dans les espaces de la basedes sous-marins de Kéroman à Lorient. Site internet :http://www.lyophilise.fr.

Le groupe Goûters Magiques a racheté la sociétéArmor Délices

Le groupe Goûters Magiques basé à Locminé, a fait l’acquisi-tion du fabricant de madeleines, de sablés et de palmiers ArmorDélices dont le siège se situe à Saint-Agathon, près de Guin-gamp dans les Côtes d’Armor. Cette opération est réalisée avecla collaboration de l’entreprise Les Gavottes de Dinan. GoûtersMagiques, qui compte déjà trois sites de production en Bretagneavec les sociétés Gaillard Pâtisserie, la biscuiterie Le Ster etles crêpes Whaou va, grâce à ce rachat, étoffer la gamme de sesproduits et développer le secteur de la madeleine.

Christine EsvanChambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan

5. Bretagne

Cargill rachète Provimi

C’est finalement Cargill, le géant américain de l’agroalimen-taire qui l’emporte face au consortium néerlandais Nutreco-DSM ou encore le chinois New Hope group. L’union entreCargill et Provimi sera affective à la fin de l’année. Pour cela,Cargill va racheter les parts détenues par le fonds d’investis-

sement Permira pour un montant de 1,5 milliard d’euros.Provimi, spécialiste néerlandais de la nutrition animale(1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 7 000 salariés dans26 pays), est une firme service qui met au point des ingré-dients et des pré-mélanges destinés aux filières d’élevage. Lacomplémentarité issue de ce rapprochement, ne se situe passeulement en termes de métiers mais également à l’échellegéographique. Cargill, 130 000 salariés dans 63 pays, affiche unchiffre d’affaires de 120 milliards de dollars et opère dans lenégoce international, la première transformation de matièrespremières et dans l’alimentation animale. Dans l’ouest Cargilldétient plusieurs usines dont des usines de trituration de colzaet de soja à Brest et St-Nazaire.

Système U Ouest : une nouvelle répartition du territoire

Pour « renforcer et fédérer un réseau en plein essor »,Système U Ouest vient de se réorganiser en 3 RED (régionséconomiques de développement) : RED Bretagne, RED Pays dela Loire et RED Centre-Ouest. Il ne s’agit pas de « structurescomplémentaires mais d’un nouvel outil de développementqui ne complexifie en rien l’organisation ». Chacune des REDnommant à sa tête un vice-président, chargé d’aider l’actuelprésident de Système U Ouest, Yves Petitpas, dont le départ estprogrammé en juin 2012. Système U Ouest compte 424 maga-sins (127 en Bretagne) pour un chiffre d’affaires de 6,7 milliardsd’euros (hors carburant) en 2010. La centrale couvre 20 dépar-tements du Grand Ouest et 3 départements d’outre-mer.

Julie RioChargée d’études économique

Chambre régionale d’Agriculture de Bretagne

Page 36: EXE RevueObs103 10-2011 - Synagri.com

Comitéde rédaction

Pierre BELLECEconomiste

Stéphanie BENVELChambre de commerce et d’industrie de région Bretagne

Gilbert BLANCHARDCBB Développement

Claude BROUSSOLLEDirecteur de recherche honoraire INRA

Jean-Luc CADEADEFIA

Patrick DOUDARDBanque de France

Chrstine ESVANCCI Morbihan

Magali FEVRIERDRAAF Bretagne

Isabelle FRAYSSINETDRAAF Bretagne

Stéphane GOUINAgrocampus Rennes

Michel GUILLEMETDirection régionale de l’INSEE

Mary HENRYChambre régionale d’Agriculture de Bretagne

Françoise LEDOSCoop de France Ouest

Nathalie LE DREZENChambre d’Agriculture des Côtes-d’Armor

Joseph PENNORSChambre régionale d’Agriculture de Bretagne (Collège salariés)

Monique RUFFELChambre régionale d’Agriculture de Bretagne

Joëlle SALAÜNChambre régionale d’Agriculture de Bretagne

Nathalie SIMON-RICHARTÉConseil régional de Bretagne

Philippe SOMMER

CCI Morbihan

Dépôt légal 3ème trimestre 2011

Directeur de la publication : Jacques JAOUEN

Responsable de la rédaction : Joëlle SALAÜN

Maquette et exécution : PYGMALION - Rennes

Prix de l’abonnement :

106 € par an, 29 € au numéro

La reproduction des informations contenues dans ce bulletinest autorisée sous réserve de la mention de la source : “Revue de l’Observatoire Économique des IAA de Bretagne”.

Observatoire Economique des IAA de BretagneChambre régionale d’Agriculture

Rond point Maurice le LannouCS 7422335042 Rennes Cedex

Cette revue trimestrielle d’informations bénéficie du soutien financier du Conseil Régional de Bretagne et de la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt

Agriculture & agroalimentaire en Bretagne - les chiffres Edition 2011

Cette année, la Chambre régionale d’Agriculture de Bretagne édite, sous format CD-ROM, sa plaquette intitulée “Agriculture & agroalimentaire en Bretagne - Les Chiffres”. Ce document est un condensé de chiffres clés décrivant l’agriculture bretonne et ses filières de production ainsi que l’agroalimentaire en Bretagne, par le biaisdes informations statistiques les plus récentes. Parmi les informations, retrouvez les chiffres de la production, des fabrications, des exportations, de l’emploi… ainsi que lescartes régionales localisant les entreprises de chaque secteur.

Ce document est réalisé avec le soutien financier du Conseil régional de Bretagne et enétroite collaboration avec de nombreuses organisations agricoles.

Cette plaquette est disponible gratuitement et téléchargeable à l’adresse suivante : www.bretagne.synagri.com/chiffres2011

La version anglaise est disponible à l’adresse : www.bretagne.synagri.com/figures2011

Pour tous renseignements :

Evelyne Dugué - Tél. 02 23 48 27 42

Chambre régionale d’Agriculture de Bretagne - Service Veille-Etudes-Prospective

V I E N T D E PA R A Î T R E