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ETUDE D’IMPACT Projet de loi de programmation pour la justice 2018-2022 NOR : JUST1806695L/Bleue-1 23 avril 2018

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  • ETUDE DIMPACT

    Projet de loi

    de programmation pour la justice 2018-2022

    NOR : JUST1806695L/Bleue-1

    23 avril 2018

  • 2

  • 3

    TABLE DES MATIRES

    TABLEAU SYNOPTIQUE DES MESURES DAPPLICATION _______________________ 6

    TABLEAU SYNOPTIQUE DES CONSULTATIONS MENES _______________________ 12

    TITRE IE R

    : DISPOSITIONS RELATIVES AUX OBJECTIFS DE LA JUSTICE ET

    A LA PROGRAMMATION FINANCIERE _________________________________ 16

    Article 1er

    : Objectifs de la justice et programmation financire _______________________________ 16

    TITRE II : SIMPLIFIER LA PROCEDURE CIVILE _______________________ 20

    Sous-titre Ier

    : REDEFINIR LE ROLE DES ACTEURS DU PROCES _______________ 20

    Chapitre Ier

    : DEVELOPPER LA CULTURE DU REGLEMENT AMIABLE DES

    DIFFERENDS ________________________________________________________________ 20

    Article 2 : Gnraliser le pouvoir dinjonction du juge de rencontrer un mdiateur et lobligation de

    tentative de rsolution amiable pralable la saisine de la juridiction ____________________________ 20

    Article 3 : Scuriser le cadre juridique de loffre en ligne de rsolution amiable des diffrends _____ 32

    Chapitre II : ETENDRE LA REPRESENTATION OBLIGATOIRE ________________ 39

    Article 4 : tendre la reprsentation obligatoire ____________________________________________ 39

    Chapitre III : Repenser loffice des juridictions __________________________________ 49

    Article 5 : Confier aux notaires divers actes non contentieux _________________________________ 49

    Article 6 : Exprimenter une djudiciarisation de la fixation des rvisions des pensions alimentaires _ 55

    Article 7 : Rgimes matrimoniaux ______________________________________________________ 62

    Article 8 : Allger le contrle a priori du juge des tutelles pour les actes de gestion patrimoniale ____ 70 Article 9 : Confier la gestion des fonds issus de la saisie des rmunrations et des sommes consignes

    dans le cadre dune expertise la Caisse des dpts __________________________________________ 74

    Article 10 - 1re

    partie : Moderniser les conditions de dlivrance des apostilles et des lgalisations ___ 80 Article 10 - 2

    re partie : Dcharger les parquets gnraux de leur comptence en matire dobligation

    dmettre un avis dans des procdures de changement irrgulier dusage dun local _________________ 86 Article 11 : Simplification de la mthode de rgulation des tarifs rglements de certains professionnels

    du droit ______________________________________________________________________________ 88

    Sous-titre II : ASSURER LEFFICACITE DE LINSTANCE ______________________ 95

    Chapitre Ier

    : SIMPLIFIER POUR MIEUX JUGER ______________________________ 95

    Article 12 : Suppression de la requte en divorce __________________________________________ 95

    Article 13 : Rglement des litiges sans audience __________________________________________ 108 Article 14 : Traitement dmatrialis des injonctions de payer au sein dune juridiction comptence

    nationale ____________________________________________________________________________ 114

    Article 15 : Harmonisation des procdures durgence au fond _______________________________ 118

    Chapitre II : SIMPLIFIER POUR MIEUX PROTEGER _________________________ 121

    Article 16: Habilitation familiale ______________________________________________________ 121

  • 4

    Article 17 : Externalisation des comptes de gestion ________________________________________ 127

    Article 18 : Amliorer lefficacit des dcisions en matire familiale _________________________ 138

    Chapitre III : Concilier la publicit des dcisions de justice et le droit au respect de la vie

    prive ______________________________________________________________________ 146

    Article 19 : Concilier publicit de la justice et vie prive dans le cadre notamment de la dlivrance des

    dcisions de justice ___________________________________________________________________ 146

    TITRE III : DISPOSITIONS RELATIVES AUX JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES __ 158

    Chapitre Ier

    : ALLEGER LA CHARGE DES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES _ 158

    Article 20 : Allonger la dure de lexprimentation de la procdure de mdiation pralable obligatoire

    en matire de litiges de la fonction publique et de litiges sociaux _______________________________ 158

    Article 21 : Elargir les possibilits de recours aux magistrats honoraires _______________________ 163

    Article 22 : Permettre le recrutement de juristes assistants __________________________________ 172 Article 23 : Tenir compte de lintrt du service public de la justice pour apprcier les mrites dune

    demande de maintien en activit au-del de la limite dge ____________________________________ 178

    CHAPITRE II: : RENFORCER LEFFICACIT DE LA JUSTICE ADMINISTRATIVE __ 182

    Article 24 : Permettre au juge des rfrs prcontractuels et contractuels de statuer en formation

    collgiale ___________________________________________________________________________ 182

    Article 25 : Renforcer leffectivit des dcisions de justice__________________________________ 186

    TITRE IV : DISPOSITIONS PORTANT SIMPLIFICATION ET

    RENFORCEMENT DE LEFFICACITE DE LA PROCEDURE PENALE ______ 192

    Chapitre Ier

    : DISPOSITIONS RELATIVES AU PARCOURS JUDICIAIRE DES

    VICTIMES _________________________________________________________________ 192

    Article 26 : Plainte en ligne___________________________________________________________ 192

    Chapitre II : DISPOSITIONS RELATIVES AUX PHASES DENQUETE ET

    DINSTRUCTION ___________________________________________________________ 203

    Section 1 : Dispositions communes aux enqutes et a linstruction __________________ 203

    SOUS-SECTION 1 : Dispositions simplifiant le recours aux interceptions par la voie des communications

    lectroniques, la golocalisation, lenqute sous pseudonyme et aux techniques spciales denqute 203

    Article 27 : Interceptions tlphoniques et golocalisation __________________________________ 203

    Article 28 : Uniformisation de lenqute sous pseudonyme _________________________________ 211

    Article 29 : Harmonisation de certaines techniques spciales denqute _______________________ 218 SOUS-SECTION 2 : Dispositions relatives au statut et aux comptences des officiers, fonctionnaires et

    agents exerant des missions de police judiciaire ____________________________________________ 229

    Article 30 : Statut et comptence de la police judiciaire ____________________________________ 229

    SOUS-SECTION 3 : Dispositions relatives la garde vue ___________________________________ 242

    Article 31 : Dispositions relatives la garde vue ________________________________________ 242

    Section 2 : Dispositions propres lenqute _____________________________________ 250

    Articles 32 et 33 : Dispositions propres lenqute ________________________________________ 250

    Section 3 : Dispositions propres a linstruction __________________________________ 263

    Articles 34, 35, 36 : Dispositions propres linstruction ____________________________________ 263

  • 5

    Chapitre III : DISPOSITIONS RELATIVES LACTION PUBLIQUE ET AU

    JUGEMENT ________________________________________________________________ 289

    Section 1 : Dispositions relatives aux alternatives aux poursuites et aux poursuites ____ 289

    SOUS-SECTION 1 : Dispositions clarifiant et tendant la procdure de lamende forfaitaire _________ 289

    Article 37 : Dispositions clarifiant et tendant la procdure de lamende forfaitaire ______________ 289 SOUS-SECTION 2 : Dispositions relatives aux alternatives aux poursuites, la composition pnale et la

    comparution sur reconnaissance pralable de culpabilit ______________________________________ 298 Article 38 : Dispositions relatives aux alternatives aux poursuites, la composition pnale et la

    comparution sur reconnaissance pralable de culpabilit ______________________________________ 298

    Section 2 : DISPOSITIONS RELATIVES AU JUGEMENT _______________________ 315

    SOUS-SECTION 1 : Dispositions relatives au jugement des dlits ______________________________ 315 Articles 39 et 41 (I et III) : Dispositions relatives au tribunal correctionnel et la chambre des appels

    correctionnels ________________________________________________________________________ 315 Articles 40 et 41 (II) : Dispositions relatives la comptence du juge unique et lordonnance pnale

    ___________________________________________________________________________________ 326

    SOUS-SECTION 2 : Dispositions relatives au jugement des crimes _____________________________ 355

    Article 42 : Dispositions relatives au jugement des crimes __________________________________ 355

    TITRE V : RENFORCER LEFFICACITE ET LE SENS DE LA PEINE ______ 372

    Articles 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49 et 50 : Dispositions relatives aux peines encourues et au prononc de

    la peine, la probation et lexcution des peines ___________________________________________ 372

    Article 51 : Favoriser la construction dtablissements pnitentiaires _________________________ 425 Article 52 : Accueil temporaire dans le cadre dun placement en centre ducatif ferm et

    exprimentation dune mesure ducative daccueil de jour ____________________________________ 437

    TITRE VI : RENFORCER LORGANISATION DES JURIDICTIONS ______________ 453

    Articles 53 54 : Amliorer lefficacit des juridictions ____________________________________ 453

  • 6

    TABLEAU SYNOPTIQUE DES MESURES DAPPLICATION

    Article Objet de larticle Nature du texte

    dapplication

    Objet du texte

    dapplication

    Administration

    comptente

    2

    Gnraliser le pouvoir

    dinjonction du juge de

    rencontrer un mdiateur et

    largir le domaine de la

    tentative de rsolution amiable

    pralable

    Dcret en Conseil dEtat

    Matires entrant

    dans le champ des

    conflits de

    voisinage ou

    montant au-del

    duquel la tentative

    de rsolution

    amiable nest pas

    obligatoire

    Ministre de la

    Justice

    3

    Scuriser le cadre juridique de

    loffre en ligne de rsolution

    amiable des diffrends

    Dcret en Conseil dEtat

    Cas dans lesquels

    la certification est

    exige, procdures

    de dlivrance et de

    retrait de la

    certification,

    conditions de

    publicit

    Ministre de la

    Justice

    5 Confier aux notaires divers

    actes non contentieux Dcret en Conseil d'Etat

    Coordination des

    dispositions du

    code de procdure

    civile

    Ministre de la

    Justice

    6

    Exprimenter une autre

    procdure de rvision des

    pensions alimentaires

    Ordonnance

    Dfinir les termes

    du dispositif

    exprimental

    Ministre de la

    Justice

    7 Rgimes matrimoniaux Dcret en Conseil d'Etat

    Coordination des

    dispositions du

    code de procdure

    civile

    Ministre de la

    Justice

    9

    Confier la gestion des fonds

    issus de la saisie des

    rmunrations et des sommes

    consignes dans le cadre dune

    expertise la Caisse des

    dpts

    Ordonnance

    Conditions de

    transfert la Caisse

    des dpts et des

    consignations de la

    gestion des saisies

    de rmunrations

    Ministre de

    la Justice

    10 Moderniser la dlivrance des Ordonnance Modalits de Ministre de

  • 7

    Article Objet de larticle Nature du texte

    dapplication

    Objet du texte

    dapplication

    Administration

    comptente

    apostilles et des lgalisations dlgation des formalits

    dapostille et de

    lgalisation

    la Justice

    11 Suppression de la requte en

    divorce Dcret en Conseil d'Etat

    Coordination des

    dispositions du

    code de procdure

    civile

    Ministre de

    la Justice

    12 Rglement des litiges sans

    audience Dcret en Conseil dEtat

    Montant en-

    dessous duquel une

    demande devant le

    TGI peut tre

    traite dans le

    cadre dune

    procdure

    dmatrialise

    Ministre de la

    Justice

    13

    Cration dune juridiction

    nationale de traitement

    dmatrialis des injonctions

    de payer

    Dcret en Conseil dEtat Date dentre

    vigueur Ministre de la

    justice

    14 Harmonisation du En la

    forme des rfrs Ordonnance

    Harmonisation de

    la formulation des

    textes

    Ministre de la

    Justice

    16 Externalisation des comptes de

    gestion Dcret en Conseil dEtat

    Modalits de la

    mesure de

    dsignation dune

    personne qualifie

    Ministre de la

    Justice

    17 Amliorer lefficacit en

    permettant lexcution force

    des dcisions du JAF Dcret en Conseil d'Etat

    Mesures pralables

    visant dterminer

    les modalits

    dexcution les

    plus adaptes

    Ministre de la

    Justice

    19

    Concilier publicit de la justice

    et vie prive dans le cadre

    notamment de la dlivrance

    des dcisions de justice

    Dcret en Conseil dEtat

    Autorits habilites

    prendre les

    dcisions de non

    dlivrance de

    copies

    Conditions

    dapplication de la

    mise la disposition

    du public titre

    gratuit sous forme

    lectronique des

    dcisions des

    juridictions

    judiciaires

    Ministre de la

    Justice

    22 Permettre le recrutement de Dcret en Conseil dtat Modalits Ministre de la

  • 8

    Article Objet de larticle Nature du texte

    dapplication

    Objet du texte

    dapplication

    Administration

    comptente

    juristes assistants dapplication des

    dispositions

    relatives au

    recrutement des

    juristes assistants

    au Conseil dEtat et

    dans les tribunaux

    administratifs et les

    cours

    administratives

    dappel

    Justice

    26 Possibilit de porter plainte en

    ligne Dcret

    Cas et modalits de

    dpt de plainte en

    ligne

    Ministre de la

    Justice

    30 Statut et comptence de la

    police judiciaire Dcret

    Seuil en-dessous

    duquel les OPJ

    peuvent procder

    une rquisition

    sans autorisation

    du procureur

    Ministre de la

    Justice

    43

    Exprimentation de

    lextension du travail dintrt

    gnral au profit de personnes

    morales de droit priv relevant

    de lconomie sociale et

    solidaire

    Dcret en Conseil dEtat

    Conditions

    dhabilitation et

    obligations mises

    la charge de ces

    personnes

    Ministre de la

    Justice

    50

    Simplification du

    fonctionnement de la

    commission dapplication des

    peines

    Octroi de permissions de sortir

    Dcret

    Modalits de

    fonctionnement de

    la commission

    dapplication des

    peines (rgles de

    quorum, cas et

    modalits des

    dlibrations par

    voie

    dmatrialise)

    Modalits doctroi

    par le chef

    dtablissement

    pnitentiaire de

    permissions de

    sortir

    Ministre de la

    Justice

  • 9

    Article Objet de larticle Nature du texte

    dapplication

    Objet du texte

    dapplication

    Administration

    comptente

    53 Amliorer lefficacit en

    premire instance Dcret en Conseil dEtat

    Liste des matires

    civiles, dlits et

    contraventions

    pouvant faire

    lobjet dune

    spcialisation dun

    TGI ;

    Cas de renvoi la

    formation

    collgiale pour les

    affaires portes

    devant le TGI

    Ministre de la

    Justice

  • 10

    Article Objet de larticle Nature du texte

    dapplication

    Objet du texte

    dapplication

    Administration

    comptente

    Dcret

    Fixation des TGI

    comptents sur un

    dpartement pour

    connatre de

    certaines matires

    civiles et certains

    dlits ou

    contraventions ;

    Sige, ressort et

    comptences

    matrielles des

    chambres dtaches

    dnommes

    tribunaux

    dinstance ;

    Modalits du

    service du livre

    foncier ;

    Liste des TGI dans

    un dpartement

    dans lesquels il n'y

    a pas de juge

    d'instruction ;

    Liste des TGI dans

    lesquels un ou

    plusieurs magistrats

    du sige sont

    chargs des

    fonctions de juge

    de lapplication des

    peines

    54 Amliorer lefficacit en appel

    Dcret en Conseil dEtat

    Dcret

    Liste des matires

    civiles dont

    peuvent connatre

    les cours d'appel

    spcialises

    Dsignation des

    chefs de cour

    d'appel exerant

    des fonctions de

    coordination et

    d'animation

    Dsignation des

    cours d'appel

    spcialises

    Ministre de la

    Justice

  • 11

    Article Objet de larticle Nature du texte

    dapplication

    Objet du texte

    dapplication

    Administration

    comptente

    59 Dispositions diverses Ordonnance

    Tirer les

    consquences dans

    les textes de la

    suppression du

    tribunal dinstance

    Ministre de la

    Justice

  • 12

    TABLEAU SYNOPTIQUE DES CONSULTATIONS MENES

    Article Objet de larticle Consultations obligatoires Consultations

    facultatives

    2

    Gnraliser le pouvoir dinjonction

    du juge de rencontrer un mdiateur et

    largir le domaine de la tentative de

    rsolution amiable pralable

    Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    3

    Scuriser le cadre juridique de loffre

    en ligne de rsolution amiable des

    diffrends

    Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    4 Etendre la reprsentation obligatoire Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    Conseil national des

    barreaux

    Organisations syndicales

    et reprsentatives des

    agriculteurs

    5 Confier aux notaires divers actes non

    contentieux Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    Conseil suprieur du

    notariat

    6 Exprimenter une autre procdure de

    rvision des pensions alimentaires Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    7 Rgimes matrimoniaux Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    8

    Allger le contrle a priori du juge

    des tutelles pour les actes de gestion

    patrimoniale

    Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    9

    Confier la gestion des fonds issus de

    la saisie des rmunrations et des

    sommes consignes dans le cadre

    dune expertise la Caisse des dpts

    Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    Comit consultatif de la

    lgislation et de la

    rglementation

  • 13

    Article Objet de larticle Consultations obligatoires Consultations

    facultatives

    financires

    10 Moderniser la dlivrance des

    apostilles et des lgalisations Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    11 Simplification de la mthode de

    rgulation des tarifs rglements

    de certains professionnels du droit

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    Organisations

    professionnelles

    concernes

    Autorit de la

    concurrence

    12 Suppression de la requte en divorce Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    13 Rglement des litiges sans audience Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    14

    Cration dune juridiction nationale

    de traitement dmatrialis des

    injonctions de payer Traitement

    dmatrialis des injonctions de

    payer au sein dune juridiction comptence nationale

    Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    16 Habilitation familiale Nant

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    17 Externalisation des comptes de

    gestion Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    18

    Amliorer lefficacit en permettant

    lexcution force des dcisions du

    JAFAmliorer lefficacit des

    dcisions en matire familiale

    Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    19 Concilier publicit de la justice et vie

    prive dans le cadre notamment de la

    dlivrance des dcisions de justice

    Comit technique des

    services du Conseil dEtat

    Comit technique spcial des

    greffes des tribunaux

    administratifs et des cours

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

  • 14

    Article Objet de larticle Consultations obligatoires Consultations

    facultatives

    administratives dappel

    Commission suprieure du

    Conseil dEtat

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    cours administratives d'appel

    Comit technique des

    services judiciaires

    1920

    Allonger la dure de

    lexprimentation de la procdure de

    mdiation pralable obligatoire en

    matire de litiges de la fonction

    publique et de litiges sociaux

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    des cours administratives

    d'appel

    Conseil national d'valuation

    des normes

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    21 Elargir les possibilits de recours aux

    magistrats honoraires

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    des cours administratives

    d'appel

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    22 Permettre le recrutement de juristes

    assistants

    Commission suprieure du

    Conseil dEtat

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    des cours administratives

    d'appel

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    23

    Tenir compte de lintrt du service

    public de la justice pour apprcier les

    mrites dune demande de maintien

    en activit au-del de la limite dge

    Commission suprieure du

    Conseil dEtat

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    des cours administratives

    d'appel

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    24

    Permettre au juge des rfrs

    prcontractuels et contractuels de

    statuer en formation collgiale

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    des cours administratives

    d'appel

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    25 Renforcer leffectivit des dcisions

    de justice

    Commission suprieure du

    Conseil dEtat

    Conseil suprieur des

    tribunaux administratifs et

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

  • 15

    Article Objet de larticle Consultations obligatoires Consultations

    facultatives

    des cours administratives

    d'appel

    Conseil national d'valuation

    des normes

    30 Statut et comptence de la police

    judiciaireHabilitation des officiers et

    agents de police judiciaire

    Conseil national dvaluation

    des normesNant Conseil national

    dvaluation des normes

    32 Visite des navires et engins flottants Nant

    Conseil suprieur de la

    marine marchande

    Chambre nationale de la

    batellerie artisanale

    34 36

    3

    Dispositions propres linstruction

    Faciliter le recours lassignation

    rsidence sous surveillance

    lectronique

    Comit technique de

    ladministration pnitentiaire

    Comit technique des

    services pnitentiaires

    insertion et probation

    Nant

    40 et

    41II

    Dispositions relatives la

    comptence du juge unique et

    lordonnance pnale - travail

    dintrt gnral

    Comit technique de

    ladministration pnitentiaire

    Comit technique des

    services pnitentiaires

    insertion et probation

    Nant

    42 Dispositions relatives au jugement

    des crimes

    Comit technique des

    services judiciaires

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    43 50

    Dispositions relatives aux peines

    encourues et au prononc de la peine,

    la probation et lexcution des

    peines

    Comit technique ministriel

    Comit technique des

    services judiciaires

    Comit technique de

    ladministration pnitentiaire

    Conseil technique ministriel

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    51 Favoriser la construction

    dtablissements pnitentiaires

    Comit technique des

    services pnitentiaires

    insertion et probation

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    52

    Accueil temporaire extrieur dans le

    cadre dun placement en CEF et

    exprimentation dune mesure

    ducative daccueil de jour

    Comit technique de la

    protection judiciaire de la

    jeunesse

    Ensemble des acteurs

    dans le cadre des

    chantiers de la Justice

    53 55 Renforcer lorganisation des

    juridictions Comit technique des

    services judiciaires

    Commission

    permanente dtudes du

    ministre de la justice

  • 16

    TITRE IER

    : DISPOSITIONS RELATIVES AUX OBJECTIFS

    DE LA JUSTICE ET A LA PROGRAMMATION FINANCIERE

    Article 1er

    : Objectifs de la justice et programmation financire

    1. ETAT DU DROIT ET DIAGNOSTIC

    Le budget du ministre de la justice reprsente 8,7 milliards deuros en crdits de paiements et

    9 milliards deuros en autorisations dengagement dans la loi de finances initiale pour 2018,

    dont 5,5 milliards deuros de crdits de rmunrations (titre 2) et 3,2 milliards deuros de

    crdits de paiement et 3,5 milliards deuros dautorisations dengagement pour les autres titres

    (fonctionnement, investissement, interventions). Le plafond dautorisations demplois slve

    84 969 quivalents temps plein travaills.

    Le budget de la mission Justice est en progression constante depuis dix ans. Il affiche une

    progression moyenne de 3,2 % par an entre 2007 et 2017, avec une inflexion en 2014

    (+ 1,5 %) et 2015 (+ 1,1 %), puis une reprise en 2016 et 2017, du fait notamment des deux

    plans de lutte contre le terrorisme. Le ministre a par ailleurs bnfici de crations demplois

    importantes :plus de 12 000 quivalents temps plein crs entre 2007 et 2017.

    Pour autant, la part relative du budget de la mission Justice dans le budget de ltat, hors

    engagements financiers de ltat, rgimes sociaux et de retraite, relations avec les collectivits

    territoriales et remboursements et dgrvements, sest stabilise environ 3,2 % depuis 2012.

    Par ailleurs, en dpit de la progression de ses moyens, le ministre de la justice connat une

    certaine pauprisation : malgr plusieurs programmes de constructions pnitentiaires, les

    prisons franaises souffrent dune sur-occupation importante qui altre les conditions de

    rinsertion des dtenus et pse sur les personnels ; les moyens des tribunaux ne leur

    permettent pas de rduire fortement les dlais de jugement, les conditions de travail des

    magistrats et des fonctionnaires sont dgrades, les fournisseurs peuvent tre pays avec

    retard ; le patrimoine immobilier de la protection judiciaire de la jeunesse est fortement

    dgrad ; linformatique ministrielle souffre dun sous-investissement et les infrastructures

    comme les applications sont largement obsoltes.

    La transformation de la justice ncessite donc un investissement dans la dure.

  • 17

    2. NCESSIT DE LGIFRER ET OBJECTIFS POURSUIVIS

    La dernire loi de programmation pour le ministre de la justice remonte 2002 : loi n 2002-

    1138 du 9 septembre 2002 d'orientation et de programmation pour la justice.

    Dans le contexte actuel, une nouvelle loi de programmation est indispensable, pour permettre

    de programmer dans la dure laugmentation des moyens de la justice ncessaires

    laccomplissement des rformes en profondeur qui sont lances : transformation numrique

    du ministre, simplification de la procdure civile et de la procdure pnale, refonte des

    peines, renforcement de lorganisation judiciaire.

    Le budget du ministre de la justice est marqu par limportance de grands programmes

    dinvestissement, quil sagisse des constructions de nouvelles places de prisons, de la

    rnovation, la restructuration ou lextension des palais de justice ou du dploiement de projets

    informatiques structurants. Ces projets de long terme ncessitent de disposer dune visibilit

    sur les moyens accords.

    Par ailleurs, la construction de nouveaux tablissements pnitentiaires, le dveloppement des

    alternatives lincarcration et du suivi des personnes places sous main de justice,

    laugmentation du nombre de magistrats et de fonctionnaires pour amliorer les dlais de

    jugement, le dveloppement des applications informatiques du ministre, le renforcement de

    laccompagnement des jeunes suivis par la protection judiciaire de la jeunesse vont conduire

    une forte augmentation des volumes de recrutements dans tous les mtiers du ministre de la

    justice. En donnant des perspectives cinq ans, la loi de programmation permettra de garantir

    des recrutements de qualit dans la dure.

    Enfin, les diffrentes transformations en profondeur induites par les dispositions lgislatives

    proposes dans le cadre de la loi de programmation pour la justice doivent, compte tenu de

    leur ampleur, sappuyer dans un cadre financier stable afin de pouvoir tre conduites dans les

    meilleures conditions.

    La loi de programmation pour la justice sinscrit dans le cadre de la loi n 2018-32 du 22

    janvier 2018 de programmation des finances publiques pour les annes 2018 2022. Celle-ci

    prvoit son article 22 que lors du dpt au Parlement d'un projet de loi de programmation

    autre qu'un projet de loi de programmation des finances publiques, le Gouvernement remet

    au Parlement un rapport permettant de s'assurer de la cohrence du projet de loi avec la

    trajectoire de finances publiques figurant dans la loi de programmation des finances

    publiques en vigueur .

    La loi de programmation des finances publiques fixe une trajectoire ambitieuse correspondant

    une baisse dun point de PIB du niveau des prlvements obligatoires, de plus de trois points

    de PIB de la dpense publique, et de plus de cinq points de PIB de la dette publique. Pour

    respecter ces objectifs, en particulier sur le primtre de la norme pilotable de l'tat,

    l'volution de la dpense en 2018 s'lvera + 1,0 % en volume, puis - 0,5 % en volume en

  • 18

    2019, soit + 1,6 milliards deuros par rapport 2018. Sur la priode 2020-2022, alors que la

    charge de la dette augmentera de l'ordre de 0,1 point de PIB par an, le taux d'volution en

    volume de la dpense sous norme pilotable sera de - 1 % par an.

    Pour les annes couvertes par la loi de programmation des finances publiques, la loi de

    programmation pour la justice est cohrente avec les plafonds en crdits fixs par mission du

    budget gnral larticle 15 de la loi de programmation des finances publiques et aux

    crations demplois sous-jacentes, ce qui garantit sa soutenabilit.

    Ainsi, sur le primtre de la mission Justice , les ressources programmes hors pensions

    volueront comme suit entre 2018 et 2022 :

    Milliards deuros courants 2018 2019 2020 2021 2022

    Crdits de la mission Justice 7,0 7,3 7,7 8,0 8,3

    La trajectoire en effectifs prvoit la cration de 6 500 quivalents temps plein sur la priode

    2018-2022.

    2018 2019 2020 2021 2022

    TOTAL

    2019-2023

    volution des effectifs 1 100 1 300 1 620 1 260 1 220 6 500

    Il est prvu une actualisation de la programmation avant la fin de lanne 2021, afin de

    vrifier la bonne adquation entre les objectifs fixs, les ralisations et les moyens consacrs.

    3. ANALYSE DES IMPACTS DES DISPOSITIONS ENVISAGES

    Ces ressources supplmentaires permettront de mettre en uvre les chantiers de

    transformation de la justice.

    Les moyens accords ladministration pnitentiaire permettront notamment :

    - la construction de 7 000 places de prison dici 2022 et lamlioration de lentretien du

    parc existant ;

    - le dveloppement des alternatives la dtention et lamlioration de

    laccompagnement des personnes places sous main de justice, par un dveloppement

    de linsertion et de la probation, en vue de lutter contre la rcidive ;

    - le renforcement de la scurit des tablissements et du renseignement pnitentiaire ;

    - lamlioration des conditions de travail des personnels, notamment par une diminution

    des vacances de postes et par une meilleure reconnaissance professionnelle.

    Les moyens accords la justice judiciaire, associs aux rformes de procdures et

    dorganisation, permettront de rnover profondment les mthodes de travail des juridictions,

    par une rsorption des vacances de postes, par la constitution dquipes autour du magistrat,

  • 19

    par la numrisation des procdures. Un effort important est consenti pour amliorer le

    fonctionnement des juridictions et la rnovation des palais de justice.

    Les moyens accords la protection judiciaire de la jeunesse permettront la construction de

    20 centres ducatifs ferms dans le quinquennat et une diversification des modes de prises en

    charge, afin dadapter la rponse apporte la problmatique particulire de chaque jeune.

    Les moyens accords laccs au droit et laide aux victimes permettront de garantir, dans

    ce contexte en transformation trs profonde, que tous les justiciables, et en particulier les plus

    faibles, pourront bnficier dun accs au droit et au service public de la justice.

    Enfin, les moyens accords au secrtariat gnral du ministre permettront la remise niveau

    des infrastructures informatiques et tlcommunications et le dploiement de nouvelles

    applications en vue dune justice plus simple, plus efficace et plus proche des citoyens et de

    conditions de travail amliores pour tous les agents et partenaires du ministre. Par ailleurs,

    un effort important est entrepris en faveur de laction sociale au bnfice des agents.

  • 20

    TITRE II : SIMPLIFIER LA PROCEDURE CIVILE

    SOUS-TITRE IER

    : REDEFINIR LE ROLE DES ACTEURS

    DU PROCES

    CHAPITRE IER

    : DEVELOPPER LA CULTURE DU

    REGLEMENT AMIABLE DES DIFFERENDS

    Article 2 : Gnraliser le pouvoir dinjonction du juge de

    rencontrer un mdiateur et lobligation de tentative de rsolution

    amiable pralable la saisine de la juridiction

    1. ETAT DU DROIT ET DIAGNOSTIC

    1.1. ETAT DES LIEUX

    La conciliation sest dveloppe ds lpoque rvolutionnaire auprs des juges de paix,

    anctres des tribunaux dinstance. Le pouvoir du juge de tenter une conciliation a par la suite

    t gnralis, larticle 21 du code de procdure civile disposant dsormais qu il entre dans

    la mission du juge de concilier les parties . Par consquent, tout juge peut, lorsquil est saisi

    dun litige et sil lestime opportun, tenter de concilier les parties.

    Pour certains contentieux, tels que pour les litiges prudhomaux ou devant le tribunal paritaire

    des baux ruraux, ce pouvoir de conciliation du juge est devenu un pralable obligatoire. Par

    ailleurs, pour les tribunaux dinstance et les autres juridictions dexception connaissant une

    procdure orale, ont t crs, par un dcret n78-381 du 20 mars 1978, les conciliateurs de

    justice, auxiliaires bnvoles du service public de la justice qui ont notamment pour mission

    dassurer, par dlgation, la conciliation que peut dcider le juge. Les conciliateurs de justice

    peuvent en outre tre directement saisis par les parties, dans un cadre extrajudiciaire, avant

    que le litige ne soit port devant le juge.

    Le nombre de tentatives de conciliation judiciaires (par le juge ou le conciliateur de justice

    dsign par lui) effectues dans le cadre dune saisine du tribunal dinstance , juridiction

    principalement concerne en pratique, tait faible jusqu lentre en vigueur de larticle 4 de

    la loi n2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe sicle

    instaurant la tentative de conciliation pralable obligatoire. Depuis lentre en vigueur de cette

    disposition, la part des tentatives de conciliation par rapport aux affaires nouvelles introduites

  • 21

    au fond augmente comme le dmontre ci-aprs le tableau des tentatives pralables de

    conciliation devant le tribunal dinstance et la juridiction de proximit, avant sa suppression

    Devant le tribunal dinstance Devant le juge de proximit

    Tentatives de

    conciliation par le

    juge ou le

    conciliateur

    dlgu par lui

    Affaires

    introduites au fond* %

    Tentatives de

    conciliation par le juge

    ou le conciliateur

    dlgu par lui

    Affaires

    introduites au

    fond*

    %

    2010 4 365 305 407 1,4 477 102 908 0,5

    2011 2 700 281 701 1,0 812 93 434 0,9

    2012 2 365 284 800 0,8 1 488 76 594 1,9

    2013 2 580 282 161 0,9 1 654 74 764 2,2

    2014 2 191 297 646 0,7 1 817 84 990 2,1

    2015 2 567 284 596 0,9 2 161 81 418 2,7

    2016 3 083 267 261 1,2 2 265 78 825 2,9

    2017p** 4 630 291 684 1,6 1 185 30 179 3,9

    Source : Exploitation statistique du Rpertoire gnral civil par Secrtariat gnral / Sous-direction de la

    statistique et des tudes et Direction des affaires civiles et du sceau / Ple dvaluation de la justice civile.

    * hors contentieux gnral : hors tutelles, surendettement

    ** : donnes provisoires, extraction au 26 fvrier 2018

    Ces chiffres, qui ne concernent que les conciliations effectues par le juge ou sa demande,

    doivent tre mis en perspective avec lactivit globale des conciliateurs de justice qui, entre

    2001 et 2015, a vu le nombre de saisines (hors et au cours dune instance) passer de 106 300

    142 100 affaires (Infostat justice fvrier 2017 n 148

    (http://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_Infostat_148.pdf)

    L'activit des conciliateurs de justice

    2001 2015

    Evolution

    2001/2015

    en %

    Nombre de conciliateurs 1 815 1 920 6

    Visites reues 164 000 230 000 40

    Ensemble des saisines 106 300 142 100 34

    Ensemble des affaires concilies 60 200 80 200 33

    Taux de russite des conciliations en % 57 56 ///

    Saisine directe par les particuliers

    Toutes saisines directes 96 700 125 800 30

    Affaires concilies 54 400 72 200 33

    Taux de russite des conciliations en % 56 57 ///

    Saisine par le juge

    Toutes saisines par le juge 9 600 16 300 69

    Affaires concilies 5 800 8 000 39

    Taux de russite des conciliations en % 60 49 ///

    Source: ministre de la justice-SG-SEM-SDSE- Enqute conciliateurs

    http://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_Infostat_148.pdf

  • 22

    Paralllement aux conciliations, la mdiation sest dveloppe depuis les annes 1990, plus

    particulirement en matire familiale. Un diplme dtat de mdiateur familial a t cr. La

    mdiation sest aussi dveloppe dans les autres matires civiles, notamment en matire de

    consommation la suite de lordonnance n2015-1033 du 20 aot 2015 relative au rglement

    extrajudiciaire des litiges de consommation ainsi quen matire commerciale.

    La mdiation s'entend de tout processus structur, quelle qu'en soit la dnomination, par

    lequel deux ou plusieurs parties tentent de parvenir un accord en vue de la rsolution

    amiable de leurs diffrends, avec l'aide d'un tiers, le mdiateur1, Celui-ci peut tre choisi par

    les parties dans un cadre extrajudiciaire ou dsign par le juge mais toujours avec laccord des

    parties.

    La mdiation est payante puisquil sagit dune activit librale et les tarifs sont libres. Ils

    peuvent tre fonction du montant ou du type de litige, de la qualit des parties (professionnels

    ou particuliers), du temps pass (le cot horaire de mdiation est alors variable de 100 euros

    plus de 500 euros), mme si des forfaits, assortis dun tarif pour chaque heure supplmentaire

    effectue, sont souvent proposs (de 500 euros 1 500 euros). Les cots sont rpartis entre les

    parties la mdiation.

    En revanche, la mdiation familiale fait lobjet dun financement public, par la Caisse

    nationale des allocations familiales, la Caisse centrale de la mutualit sociale agricole, le

    ministre de la justice et certaines collectivits locales signataires dun schma dpartemental

    de dveloppement de la mdiation familiale, qui en rduit le cot pour les particuliers. Si le

    mdiateur familial est conventionn par la Caisse nationale des Allocations familiales, il

    prend en considration la situation financire de chaque partie et un barme simpose (de 2

    131 euros par partie et par sance selon le revenu des parties).

    Si la mdiation ncessite laccord des parties, le juge peut enjoindre celles-ci de rencontrer

    un mdiateur pour quil les informe sur lobjet et le droulement dune mesure de mdiation :

    en matire familiale, larticle 373-2-10 du code civil prvoit que le juge aux affaires familiales

    peut enjoindre aux parties de rencontrer un mdiateur familial. De mme, larticle 22-1 de la

    loi n 95-125 du 8 fvrier 1995 relative lorganisation des juridictions et la procdure

    civile, pnale et administrative permet tout juge, dans les cas de tentative pralable de

    conciliation prescrite par la loi, denjoindre aux parties de rencontrer un mdiateur. Lobjectif

    de cet entretien est de lever les rticences des parties et dobtenir leur accord sur une tentative

    de mdiation judiciaire.

    Les statistiques relatives aux mdiations et injonctions de rencontrer un mdiateur ordonnes

    devant les tribunaux de grande instance ces dernires annes sont les suivantes:

    1 Ordonnance n 2011-1540 du 16 novembre 2011 portant transposition de la directive 2008/52/CE du Parlement

    europen et du Conseil du 21 mai 2008 sur certains aspects de la mdiation en matire civile et commerciale.

  • 23

    Ensemble des affaires TGI (JAF et

    hors JAF*) Ensemble des affaires JAF* Ensemble des affaires hors JAF

    Ensemble des

    affaires termin

    es*

    Envoi en mdiatio

    n ou injonctio

    n de rencontr

    er un mdiateu

    r**

    dont envoi

    en mdiati

    on

    dont injonction de

    rencontrer un mdiat

    eur

    Ensemble des

    affaires termin

    es*

    Envoi en

    mdiation ou

    injonction de

    rencontrer un mdiat

    eur

    dont envoi

    en mdiati

    on

    dont injonction de

    rencontrer un mdiat

    eur

    Ensemble des

    affaires termin

    es*

    Envoi en

    mdiation ou

    injonction de

    rencontrer un mdiat

    eur

    dont envoi

    en mdiati

    on

    dont injonction de

    rencontrer un mdiat

    eur

    2010

    692 336 4 228 2 925 1 303 286 910 3 996 2 697 1 299 405 426 232 228 4

    2011

    676 573 3 480 2 821 659 277 104 3 234 2 576 658 399 469 246 245 1

    2012

    695 904 3 413 3 080 333 279 686 3 115 2 784 331 416 218 298 296 2

    2013

    685 755 3 792 3 352 440 270 160 3 390 2 950 440 415 595 402 402 0

    2014

    706 064 4 071 3 650 421 272 214 3 349 2 928 421 433 850 722 722 0

    2015

    720 023 3 910 3 532 378 278 757 3 396 3 019 377 441 266 514 513 1

    2016

    730 643 4 134 3 716 418 285 853 3 401 2 985 416 444 790 733 731 2

    2017p

    736 342 3 764 3 486 278 282 703 3 005 2 727 278 453 639 759 759 0

    Source SDSE-RGC ; DACS PEJC

    * hors divorce par consentement mutuel, hors jonction

    ** y compris prononcs dans le cadre de la mise en tat 2017

    p : donnes provisoires Source : Exploitation statistique du Rpertoire gnral civil par Secrtariat gnral/ Sous-direction de la statistique et des tudes et

    Direction des affaires civiles et du sceau / Ple dvaluation de la justice civile

    Introduite par la loi n 2010-1609 du 22 dcembre 2010 2 suite aux prconisations de la

    commission de rflexions sur la rpartition des contentieux, dite commission Guinchard ,

    la procdure participative est inspire du droit collaboratif nord amricain. Aux termes de

    larticle 2062 du code civil, la convention de procdure participative est une convention par

    laquelle les parties un diffrend, assistes par leurs avocats respectifs, sengagent uvrer

    conjointement et de bonne foi la rsolution amiable de leur diffrend ou la mise en tat de

    leur litige.

    2 loi n 2010-1609 du 22 dcembre 2010 relative l'excution des dcisions de justice, aux conditions

    d'exercice de certaines professions rglementes et aux experts judiciaires

  • 24

    1.2. CADRE CONSTITUTIONNEL

    Lintroduction de dispositions relatives aux modes alternatifs de rsolution des diffrends doit

    prserver le principe de recours effectif au juge tel quil rsulte de larticle 16 de la

    dclaration des droits de lhomme de 1789. En effet, le Conseil constitutionnel considre quil

    ressort de cette disposition qu'il ne doit pas tre port d'atteinte substantielle au droit des

    personnes intresses dexercer un recours effectif devant une juridiction.

    Sil peut donc tre impos aux parties de tenter une conciliation ou une mdiation avant de

    saisir le juge, cela suppose que soient runies deux conditions :

    - la structure de conciliation ou de mdiation doit tre aisment accessible, ce qui

    signifie quelle doit pouvoir tre rapidement disponible pour pouvoir recevoir les parties qui

    doivent justifier au moins dune tentative de conciliation ou de mdiation ;

    - le cot de cette conciliation ou de cette mdiation doit tre nul ou dune somme trs

    modique.

    Cest la runion de ces deux conditions qui permet que ltape obligatoire de tentative de

    conciliation ou de mdiation ne retarde pas dmesurment la saisine du tribunal, ne constitue

    pas une entrave laccs au juge, ni une charge supplmentaire supporter en plus de celles

    relatives la procdure judiciaire.

    Laccs direct au juge doit par ailleurs tre assur pour des cas durgence.

    1.3. CADRE CONVENTIONNEL

    Les engagements internationaux, en particulier les dispositions de la convention europenne

    des droits de lhomme, garantissent le droit daccs un juge. En effet, larticle 6 de la

    convention europenne des droits de lhomme reconnat toute personne le droit ce que sa

    cause soit entendue quitablement, publiquement et dans un dlai raisonnable, par un tribunal

    indpendant et impartial.

    1.4. ELMENTS DE DROIT COMPAR

    Dans de nombreux pays, les parties sont incites se renseigner sur la mdiation, mais pas y

    recourir. En Angleterre ou en Espagne, la mdiation nest jamais une phase obligatoire, mais

    il existe des mcanismes incitatifs. Au Qubec, les parties sont tenues dassister une sance

    dinformation sur la mdiation familiale, mme si elles ne sont pas obliges de recourir la

    mdiation. En Roumanie, les sances dinformation sur les avantages de la mdiation sont

    gratuites pour les parties. Aux Etats-Unis, les cours fdrales ont lobligation de promouvoir

    les modes alternatifs de rsolution des diffrends. Enfin, en Italie, le juge peut obliger les

    parties tenter une conciliation en ordonnant aux parties de recourir la mdiation, qui ne se

    poursuivra cependant quavec leur accord recueilli par le mdiateur en prsence de leurs

    avocats qui les assistent durant la mdiation.

  • 25

    2. NCESSIT DE LGIFRER ET OBJECTIFS POURSUIVIS

    2.1. OBJECTIFS POURSUIVIS

    Lobjectif poursuivi par ces dispositions est de dvelopper les modes alternatifs de rsolution

    des diffrends afin que ne soient portes devant le juge que les affaires les plus contentieuses,

    pour lesquelles les parties nont pu trouver ensemble de solution amiable et afin dapaiser

    autant que possible les changes entre les parties. Il sagit de permettre au juge de conduire les

    parties, qui navaient initialement pas envisag un mode alternatif de rsolution des

    diffrends, tenter une mdiation, et de faire de la rsolution amiable un principe gnral.

    2.2. NCESSIT DE LGIFRER

    Les possibilits dinjonction rencontrer un mdiateur pour un entretien informatif ouvertes

    par larticle 22-1 sont aujourdhui encore peu utilises. La loi n 2016-1547 du 18 novembre

    2016 de modernisation de la justice du XXIe sicle a pourtant consacr le rle des conseils

    dpartementaux de laccs au droit dans la mise en uvre de la politique locale de rsolution

    amiable des diffrends.

    Il est ncessaire damener plus systmatiquement les parties rechercher un mode alternatif

    de rsolution des diffrends, ce qui ncessite une disposition lgislative. Le prsent projet de

    loi vise franchir une tape supplmentaire par rapport celles dj institues pour favoriser

    les modes alternatifs de rsolution des diffrends, en dernier lieu avec la loi n2016-1547 du

    18 novembre 2016 susmentionne car les effets de cette dernire restent somme toute trop

    limits.

    Pour favoriser lmergence daccords issus de mdiation non seulement en dbut mais

    galement au cours de linstance, le gouvernement a la volont de gnraliser la possibilit

    pour le juge denjoindre aux parties de rencontrer un mdiateur, ce qui implique de modifier

    la loi n95-125 du 8 fvrier 1995 relative l'organisation des juridictions et la procdure

    civile, pnale et administrative.

    3. OPTIONS POSSIBLES ET DISPOSITIF RETENU

    3.1. OPTION CARTE

    Loption consistant permettre au juge saisi dordonner une conciliation ou mdiation, mme

    en cas dopposition dune ou des parties na pas t retenue. Une telle obligation apparatrait

    contraire ladhsion que les accords supposent de la part des parties. En effet, le succs de

    ces processus ncessite leur adhsion. En outre, cela implique une accessibilit et une

    disponibilit des structures de conciliation ainsi quun financement de ces structures, ce qui

    nest dans limmdiat pas envisageable.

  • 26

    3.2. DISPOSITIF RETENU

    Le dispositif envisag comprend plusieurs mesures.

    En cohrence avec la suppression de laudience de non-conciliation, il est propos de

    supprimer le premier alina de larticle 22-1 qui interdit au juge de dsigner un mdiateur

    pour procder aux tentatives pralables de conciliation prescrites par la loi en matire de

    divorce et sparation de corps.

    Il est propos par ailleurs daffirmer dans ce mme article que le juge peut enjoindre aux

    parties de rencontrer un mdiateur en tout tat de la procdure, y compris en appel, lorsque le

    juge estime quune rsolution amiable est possible. Il nexistera ainsi plus de restriction tenant

    la nature du contentieux ou la juridiction saisie. Il ne sagit pas dimposer aux parties une

    mdiation mais de les renvoyer vers une sance dinformation sur lobjet et le droulement

    dune mesure de mdiation, qui pourra les inciter en raliser une.

    Il est enfin propos de permettre au juge aux affaires familiales cette fois ncessairement

    avec laccord des parties- dordonner une mdiation dans la dcision statuant dfinitivement

    sur les modalits dexercice de lautorit parentale.

    Le projet de loi prvoit dtendre la tentative pralable obligatoire de rsolution amiable,

    actuellement prvue pour les litiges devant le tribunal dinstance, aux litiges ports

    dornavant devant le tribunal de grande instance lorsque la demande nexcde pas un montant

    dfini par dcret en Conseil dEtat ou lorsquelle a trait un conflit de voisinage. La tentative

    de rsolution amiable consistera, au choix des parties, en une tentative de conciliation, de

    mdiation ou de procdure participative. A dfaut, le juge dclarera la demande irrecevable.

    Toutefois, linstar de ce qui tait prvu pour la tentative de conciliation pralable obligatoire

    issue de larticle 4 de la loi n 2016-1547, lobligation ne sappliquera pas dans les cas

    suivants :

    - lorsque les parties sollicitent conjointement l'homologation dun accord ;

    - lorsque lexercice dun recours pralable est obligatoire devant lautorit ayant pris la

    dcision (cf. les contestations en matire de scurit sociale qui donnent lieu un recours

    pralable devant la caisse de scurit sociale compter du 1er

    janvier 2019) ;

    - lorsque les parties peuvent justifier d'un motif lgitime pour tre dispenses de la

    tentative pralable de conciliation ;

    - si le juge doit, en vertu dune disposition particulire, procder une tentative de

    conciliation (cf. le tribunal paritaire des baux ruraux qui relvera dornavant du TGI)

    Les conflits de voisinage sentendront stricto sensu des conflits entre parties relatifs aux fonds

    dont ils sont propritaires ou occupants titrs, tels que les demandes en bornage ou les

    demandes relatives aux servitudes. Ces contentieux ont fait lobjet de 3 705 saisines du

    tribunal dinstance et 4 965 saisines du tribunal de grande instance en 2016.

  • 27

    4. ANALYSE DES IMPACTS DE LA DISPOSITION ENVISAGE

    4.1. IMPACTS JURIDIQUES

    Larticle 22-1 de la loi n 95-125 du 8 fvrier 1995 relative l'organisation des juridictions et

    la procdure civile, pnale et administrative dune part et larticle 4 de la loi n 2016-1547

    du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe

    sicle dautre part seront

    modifis.

    Plus prcisment, la disposition dlargissement du champ de lobligation de tentative de

    rsolution amiable pralable envisage dans le cadre du prsent projet de loi constitue une

    extension de larticle 4 de la loi n2016-1547 du 18 novembre 2016 relative la

    modernisation de la justice du XXIme sicle instituant un pralable obligatoire de

    conciliation par un conciliateur de justice, dans certains cas3 et certaines conditions4. Il sagit

    dinstaurer une tentative obligatoire de rsolution amiable ds lors que la juridiction de droit

    commun (le tribunal de grande instance) et le tribunal dinstance sont saisis dune demande

    nexcdant pas un certain montant dtermin par dcret en Conseil dEtat ou est relative un

    conflit de voisinage. Les demandes en paiement doprations de crdits la consommation ne

    seront pas concernes par la tentative pralable obligatoire de rsolution amiable.

    La disposition dextension du pouvoir dinjonction du juge rencontrer un mdiateur

    envisage ne contrevient pas ce droit effectif dans la mesure o elle noblige pas les parties

    procder une mdiation mais permet au juge de les obliger sinformer, auprs du

    mdiateur, sur le recours cette mesure.

    Dans ce cadre, sagissant de larticulation avec le droit international et le droit de lUnion

    europenne, il convient de prciser que les garanties prvues par les dispositions envisages

    sont suffisantes pour assurer le respect de larticle 6 de la convention europenne des droits

    de lhomme garantissant le droit daccs un juge.

    4.2. IMPACTS SUR LES SERVICES JUDICIAIRES

    Ces dispositions devraient permettre, terme, une rduction significative de la dure des

    procdures et du nombre de contentieux ports devant le juge et par consquent diminuer la

    charge de travail des juridictions. Mais il est difficile den chiffrer les effets, dautant plus

    quil nexiste pas en ltat dlments permettant de calibrer la charge de travail des

    magistrats et des fonctionnaires en cas de recours la mdiation lors dune procdure.

    Limpact de la disposition relative la tentative pralable obligatoire de rsolution amiable est

    en outre dpendant du montant qui sera dfini par dcret en Conseil dEtat et des contentieux

    3 En cas de saisine du tribunal dinstance par dclarations au greffe.

    4Cette obligation nexiste pas en en cas dhomologations daccord, dexistence dune tentative de rsolution

    amiable, de motif lgitime.

  • 28

    qui seront qualifis de conflits de voisinage. Ce primtre sera fix dune part en fonction des

    donnes statistiques de lactivit en 2017 des conciliateurs de justice qui permettront de

    mesurer limpact de la rforme de 2016, dautre part de la capacit des conciliateurs faire

    face ces nouvelles demandes.

    En 2016, les conciliateurs de justice ont t saisis de 133 428 affaires nouvelles5. Le taux de

    russite de la conciliation est de 54 %, constant ces dernires annes, et atteint donc un niveau

    particulirement lev. 70 nouveaux conciliateurs ont t recruts en 2017 pour atteindre le

    chiffre de 2 021 personnes exerant cette mission la fin de lanne. Prs de 94% sont des

    retraits. Les conciliateurs sont rembourss de leurs frais de transport et peroivent une

    indemnit forfaitaire annuelle pour leurs menues dpenses comprise entre 464 et 926 euros

    par mois. Les conciliateurs sont majoritairement saisis directement par les particuliers, ce qui

    reprsentait 125 000 saisines en 2015. Les saisines par le juge slvent 16 000 sur la mme

    priode.

    Sil est difficile de quantifier les effets exacts de la disposition, il est prvoir une

    augmentation significative de lactivit des conciliateurs, ncessitant dimportantes

    campagnes de recrutement pour voir leurs effectifs augmenter dans des proportions similaires.

    Limpact sur le budget des juridictions sera limit et fonction du volume de saisine pralable

    obligatoire des conciliateurs. Laccroissement de lactivit des conciliateurs ncessitera de

    renforcer la qualit de leurs conditions de travail, au besoin en collaboration avec les autres

    autorits publiques sagissant par exemple des locaux de consultation.

    A terme, ce dispositif permettra de rduire significativement la charge de travail des juges et

    des greffiers compte-tenu de lextension significative du champ de cette tentative pralable

    obligatoire.

    En effet, les affaires concilies pralablement toute saisine seront autant de dossiers qui ne

    seront pas soumis au juge, ou ne le seront que dans le cadre de la procdure d'homologation :

    - dans le premier des cas, l'impact en terme humain et matriel est trs important

    puisqu'il diminue d'autant le nombre de saisines du juge ;

    - dans le second cas, l'impact est moindre dans la mesure o le dossier devra faire l'objet

    d'un enregistrement par le greffe et d'une dcision du juge, mais l'homologation

    implique une procdure rapide et simple.

    Si lon fait lhypothse dun recrutement de 100 conciliateurs supplmentaires par an de 2019

    2022, soit 400 en plus en fin de priode, traitant en moyenne 66 affaires, avec un taux de

    russite denviron 50 %, ce sont 13.200 affaires qui niraient pas devant le juge ou seulement

    pour une homologation, soit une conomie demplois denviron 11 magistrats et 16 greffiers.

    Si lon parvient en parallle accrotre le nombre daffaires traites par conciliateur pour

    atteindre 100 affaires, le potentiel est de 20 000 affaires pour les nouveaux recrutements et

    34 300 affaires pour les 2 021 conciliateurs en fonction, soit 54 300 affaires. Dans cette

    fourchette haute, lconomie en fin de priode pourrait atteindre 43 magistrats et 65 greffiers.

    5 Source :Chiffres clefs de la justice 2017

  • 29

    4.3. IMPACTS BUDGTAIRES

    Sagissant de laide juridictionnelle et laccs au droit, linjonction de rencontrer un mdiateur

    pour un entretien dinformation est surtout dveloppe actuellement dans le cadre de la

    mdiation familiale (article 373-2-10 du code civil). Cet entretien est ralis par les

    mdiateurs familiaux conventionns avec la Caisse nationale des allocations familiales, sans

    frais pour le justiciable. Le rfrentiel national de financement partenarial des services de

    mdiation familiale prcise que linformation individuelle et collective comme lentretien

    pralable, gratuits pour les parties, sont pris en charge par les financeurs publics de la

    mdiation familiale .

    En dehors du champ de la mdiation familiale, les conseils dpartementaux de laccs au droit

    pourront conventionner avec des mdiateurs pour organiser loffre dentretien pralable

    dinformation titre gracieux. Les CDAD ont, dores et dj, pour mission, de participer la

    politique locale de rsolution amiable des diffrends depuis la loi de modernisation de la

    justice du XXIme sicle (art 54 : Il participe la mise en uvre d'une politique locale de

    rsolution amiable des diffrends. Il peut participer au financement des actions

    poursuivies. ) venue consacrer une pratique prexistante. Ainsi, des conciliations ont lieu

    dans les PAD, RAD et MJD et, en matire de mdiation, des runions dinformation peuvent

    tre organises. Celles-ci sont non payantes pour les parties, linstar de toutes les

    permanences dintervenants organises dans les CDAD. Le cot pour les conseils

    dpartementaux de laccs au droit devrait tre relativement limit dans la mesure o les

    mdiateurs ont un intrt direct ces entretiens, qui sont de nature accrotre leur activit en

    dbouchant dans un certain nombre de cas sur une mdiation rmunre.

    La rencontre avec un mdiateur, vise informative, pourra se drouler dans un local mis

    disposition par la juridiction, dans une maison de justice et du droit, ou au lieu dexercice du

    mdiateur.

    Limpact sur laide juridictionnelle dpend du dveloppement de la mdiation qua vocation

    gnrer cette mesure. La loi de finances pour 2016 a en effet cr une aide la mdiation

    permettant la rtribution tant de lavocat que du mdiateur, dont les modalits ont t

    prcises par le dcret n 2016-1876 du 27 dcembre 2016 portant diverses dispositions

    relatives l'aide juridique. La rtribution du mdiateur slve 256 HT par partie

    bnficiant de laide juridictionnelle, dans la limite de 512 HT pour lensemble des parties.

    Celle de lavocat est de 4 UV, soit 128 HT. Les frais engags au titre de laide

    juridictionnelle en matire de mdiation (rtribution des mdiateurs et ventuellement des

    avocats) sont estims aujourdhui 1,2 M pour 2 300 mdiations (donnes dfinitives 2017

    non encore disponibles).

    La conciliation, dans la mesure o elle est ralise par des conciliateurs bnvoles, est sans

    impact direct sur laide juridictionnelle.

    Le dveloppement de la conciliation et de la mdiation pourra terme avoir un impact la

    baisse sur laide juridictionnelle en rduisant le nombre de contentieux, plus coteux.

  • 30

    4.4. IMPACTS CONOMIQUES ET SOCIAUX

    4.4.1 Impacts sur les auxiliaires de justice

    La gnralisation du pouvoir dinjonction de rencontrer un mdiateur na en soi aucun impact

    sur les auxiliaires de justice. Lusage de ce pouvoir peut cependant avoir un impact sur leur

    activit quil est difficile destimer. Lavocat peut accompagner son client aux runions de

    mdiation. A contrario, limpact espr en termes de rduction des contentieux peut avoir un

    impact la baisse sur son activit. Toutefois, une partie des auxiliaires de justice exerce

    galement en tant que mdiateur et peut donc bnficier directement dun dveloppement de

    la mdiation.

    Les avocats peuvent galement tre sollicits pour assister les justiciables dans le cadre de

    tentatives pralables de conciliation.

    Enfin, le dveloppement de la procdure participative aura un impact bnfique pour la

    profession davocat, lassistance dun avocat tant obligatoire.

    4.4.2 Impacts sur les particuliers

    Lentretien dinformation sur la mdiation sera sans impact financier sur les particuliers. Si

    les parties dcident dengager une mdiation, les frais de mdiation seront en revanche leur

    charge (cf indication de tarifs donne au 1.1), sauf pour les bnficiaires de laide

    juridictionnelle. Comme indiqu prcdemment, sagissant de la mdiation familiale, le cot

    est rduit en fonction du niveau de ressources des parties, pour une mdiation ralise par un

    mdiateur conventionn par la CNAF.

    Lobligation dune tentative pralable de rsolution amiable des diffrends pour certains

    litiges na pas dimpact financier automatique sur les particuliers puisquils peuvent

    entreprendre une conciliation avec un conciliateur de justice, qui est gratuite. Le recours une

    mdiation ou une procdure participative payante est laiss au choix des parties.

    Les modes alternatifs de rsolution des diffrends ouvrent la perspective pour le justiciable

    dun rglement plus rapide de leur litige et dune pacification des rapports entre les parties.

    4.4.3 Impacts sur les collectivits territoriales

    Ces dispositions nont pas dimpact automatique sur les collectivits locales. Certaines dentre

    elles participent au financement des conseils dpartementaux daccs au droit (2,9 M de

    financements apports par les collectivits territoriales en 2016) et peuvent souhaiter apporter

    des financements pour des actions en faveur de la politique de rsolution amiable des

    diffrends, sans que cela constitue pour elles une obligation. Certaines collectivits locales

    concourent galement au financement de la mdiation familiale en participant aux schmas

    dpartementaux de mdiation familiale.

  • 31

    5. MODALITS DAPPLICATION DE LA LOI

    5.1. MODALITS DAPPLICATION DANS LE TEMPS

    La loi sera dapplication immdiate.

    5.2. MODALITS DAPPLICATION DANS LESPACE

    Cet article est applicable en Guadeloupe, La Runion, en Martinique, en Guyane, Mayotte,

    Saint-Martin, Saint-Barthlemy et Saint-Pierre-et-Miquelon.

    Sagissant du I, en vertu des dispositions de l'article 82 de la loi n 95-125 du 8 fvrier

    1995 relative l'organisation des juridictions et la procdure civile, pnale et administrative,

    Le I de l'article 5 et les articles 7 17 et 20 de la prsente loi sont applicables en Nouvelle-

    Caldonie, en Polynsie franaise et dans les les Wallis et Futuna .

    Ds lors que la disposition modifie larticle 22 de ladite loi qui na jamais t rendue

    applicable en Nouvelle-Caldonie et en Polynsie franaise, elle ne saurait sy appliquer. La

    disposition y est dautant moins applicable que ces collectivits sont devenues comptentes en

    matire de procdure civile, item auquel doivent tre rattaches les dispositions relatives la

    mdiation.

    Bien que lEtat demeure comptent en matire de procdure civile Wallis-et-Futuna, les

    rgles relatives la mdiation ny ont jamais t tendues historiquement pour des raisons

    dopportunit lies limportance de la coutume pour le rglement des litiges.

    Il rsulte de ce qui prcde que les dispositions du I sont inapplicables dans les trois

    collectivits du Pacifique. A dfaut de mention expresse dapplication, elles ne sappliquent

    pas dans les TAAF.

    Sagissant du II, en vertu des dispositions de l'article 112-II-B de la loi n 2016-1547

    du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe sicle, l'article 4 est applicable

    dans les les Wallis et Futuna.

    Une mention expresse dapplication au bnfice des les Wallis et Futuna est ncessaire afin

    que la rforme puisse y trouver application.

    En revanche, le II du prsent article na pas vocation sappliquer en Nouvelle-Caldonie et

    en Polynsie franaise en raison de la comptence propre de ces collectivits en la matire.

    5.3. TEXTES DAPPLICATION

    Un dcret en Conseil dtat sera pris pour la mise en uvre de la mesure envisage.

  • 32

    Article 3 : Scuriser le cadre juridique de loffre en ligne de

    rsolution amiable des diffrends

    1. ETAT DU DROIT ET DIAGNOSTIC

    1.1. ETAT DES LIEUX

    Alors que le lgislateur tend les hypothses dans lesquelles la tentative de rsolution amiable

    constitue un pralable obligatoire la rsolution du litige, loffre daide cette rsolution se

    dveloppe rapidement grce loutil numrique, y compris au moyen dalgorithmes, mais

    sans garantie pour le justiciable sur la qualit du service apport.

    Si les conciliateurs ont pour linstant seulement cr un site internet facilitant la prise de

    rendez-vous, le dveloppement de la mdiation en ligne est beaucoup plus consquent.. Par

    ailleurs, le dveloppement de loffre en ligne concerne galement larbitrage, mode de justice

    non tatique qui implique lintervention dune autorit (larbitre) qui tient son pouvoir de

    juger, non dune dlgation permanente de lEtat ou dune institution internationale, mais de

    la convention des parties (clause compromissoire). Ces nouveaux dispositifs de rsolution des

    litiges, utiles pour le justiciable car simples et rapides, proposent des prestations payantes,

    variant de 400 euros plus de 14.000 euros en fonction de la complexit de la matire,

    montant auquel peut sajouter un surcot tenant au nombre de pices produites, au recours la

    visioconfrence, lexistence dune demande reconventionnelle prsente par le dfendeur.

    1.2. CADRE CONSTITUTIONNEL

    La mdiation en ligne tant une activit librale, la rgulation de loffre dalternatives au

    rglement des diffrends doit tre concilie avec la libert dentreprendre. Il ne sagira pas

    dempcher les plateformes offrant un service de conciliation, de mdiation ou darbitrage

    doprer sur ce march, mais doffrir aux utilisateurs un gage de qualit des plateformes grce

    la certification

    1.3. CADRE CONVENTIONNEL

    La disposition envisage visant la certification de services en ligne de conciliation, de

    mdiation ou darbitrage, dans la mesure o elle nest pas rendue obligatoire, doit tre en

    conformit avec le rglement (UE) 2016/679 du Parlement europen et du Conseil du 27 avril

    2016 relatif la protection des personnes physiques l'gard du traitement des donnes

    caractre personnel et la libre circulation de ces donnes, notamment son article 42.3 qui

    dispose que La certification est volontaire et accessible via un processus transparent .

  • 33

    La certification de services en lignes ne constitue pas au sens strict une mesure technique au

    sens de la directive (UE) 2015/1535 du Parlement europen et du conseil du 9 septembre 2015

    prvoyant une procdure dinformation dans le domaine des rglementations techniques et des

    rgles relatives aux services de la socit dinformation.

    Cependant, dans la mesure o la certification sera ncessaire pour le raccordement au service

    public de la justice et o les utilisateurs de plateformes seront donc incits aller vers celles

    certifies, une telle certification pourrait tre assimile une rgle technique "de facto"

    mentionne au :

    - f) i) les dispositions lgislatives, rglementaires ou administratives d'un tat membre

    qui renvoient soit des spcifications techniques ou d'autres exigences ou des rgles

    relatives aux services, soit des codes professionnels ou de bonne pratique qui se rfrent

    eux-mmes des spcifications techniques ou d'autres exigences ou des rgles relatives

    aux services, dont le respect confre une prsomption de conformit aux prescriptions fixes

    par lesdites dispositions lgislatives, rglementaires ou administratives;

    - f) iii) : les spcifications techniques ou d'autres exigences ou les rgles relatives aux

    services lies des mesures fiscales ou financires qui affectent la consommation de produits

    ou de services en encourageant le respect de ces spcifications techniques ou autres

    exigences ou rgles relatives aux services; ne sont pas concernes les spcifications

    techniques ou autres exigences ou les rgles relatives aux services lies aux rgimes

    nationaux de scurit sociale 6.

    A titre de prcaution, une notification la Commission europenne, sur le fondement de la

    directive (UE) 2015/1535 prcite, semble donc prfrable.

    1.4. ELMENTS DE DROIT COMPAR

    Il existe aux Pays-Bas un site officiel qui fournit des informations juridiques et propose une

    aide la rsolution des litiges, grce lintelligence artificielle. Le logiciel couvre le droit de

    la famille, le droit de la consommation, le droit des baux d'habitation, le droit du travail et le

    droit administratif. Sil propose une aide en ligne la rsolution des diffrends, il ne fait pas

    lobjet dune labellisation.

    Un projet de plateforme de mdiation en ligne des litiges de consommation sest galement

    dvelopp au Canada. La plateforme a t peu utilise en raison notamment dun manque de

    visibilit auprs du grand public. Ce constat a rcemment conduit un tribunal canadien

    6 Voir galement le considrant 12 de la directive : Il est ncessaire de prciser la notion de rgle technique de

    facto. Notamment, les dispositions par lesquelles l'autorit publique se rfre des spcifications techniques ou

    d'autres exigences, ou incite leur observation, ainsi que les dispositions visant des produits auxquelles l'autorit

    publique est associe, dans un but d'intrt public, ont pour effet de confrer au respect desdites spcifications ou

    exigences une valeur plus contraignante que celle qu'elles auraient normalement en raison de leur origine

    prive.

  • 34

    spcialis dans les conflits affectant des coproprits semparer de cette plateforme pour son

    propre contentieux.

    Ces exemples illustrent la ncessaire visibilit dont les sites internet de rsolution amiable des

    diffrends ont besoin et lapport indniable que constituera leur certification par des

    organismes accrdits, afin que les citoyens puissent avoir recours un site prsentant les

    garanties indispensables la mdiation.

    2. NCESSIT DE LGIFRER ET OBJECTIFS POURSUIVIS

    Compte tenu de la diversit des plateformes et solutions techniques proposes en matire de

    rsolution des diffrends ne faisant pas appel la justice tatique, le ministre de la justice

    considre ncessaire de mettre en adquation offre et demande du public en matire de

    conciliation, de mdiation ou darbitrage en ligne, dans un cadre scuris. La certification de

    sites proposant des solutions exclusivement issues de traitements algorithmiques ou

    automatiss nest pas envisage. La rgulation de loffre de conciliation, de mdiation et

    darbitrage doit reposer sur linformation et le consentement des utilisateurs quant au

    fonctionnement partiel du site sur un algorithme. Il est galement propos dimposer ces

    services de sassurer que les personnes physiques oprant pour leur compte respectent des

    conditions dimpartialit, de comptence et de diligence.. La mise en place dune certification

    par un organisme accrdit ncessite une disposition de nature lgislative.

    3. OPTIONS POSSIBLES ET DISPOSITIF RETENU

    3.1. OPTIONS CARTES

    La proposition de loi dorientation et de programmation pour le redressement de la justice

    manant de Monsieur Philippe Bas, adopte au Snat le 24 octobre 2017, prvoyait en son

    article 8 la rgulation des prestations daide la rsolution amiable des litiges dune part

    et la cration dun service public en ligne dautre part7. Le rapport damlioration et de

    7 Article 8 de la proposition de loi dorientation et de programmation pour le redressement de la justice

    enregistr la Prsidence de lAssemble nationale le 25 octobre 2017 :

    Aprs larticle 4 de la loi n 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe sicle,

    sont insrs deux articles 4-2 et 4-3 ainsi rdigs :

    Art. 4-2. Les personnes proposant, de manire rmunre ou non, un service de communication au public en

    ligne fournissant des prestations daide la rsolution amiable des litiges respectent des obligations

    dinformation pralable, dimpartialit, de comptence, de diligence et, sauf accord contraire des parties, de

    confidentialit prcises par un dcret en Conseil dtat.

    Est puni dun an demprisonnement et de 75 000 euros damende le fait, pour une personne physique ou pour

    le dirigeant de droit ou de fait dune personne morale exerant lactivit dfinie au premier alina, de ne pas

    avoir respect les prescriptions de ce mme premier alina.

    Les personnes morales peuvent tre dclares pnalement responsables de ces infractions dans les conditions

    prvues larticle 121-2 du code pnal. Elles encourent une peine damende, suivant les modalits prvues

    larticle 131-38 du mme code, ainsi que les peines mentionnes aux 2 et 9 de larticle 131-39 dudit code.

  • 35

    simplification de la procdure civile remis la ministre de la justice le 15 janvier 2018 se

    prononait aussi en faveur dune offre publique. Le dveloppement dun service public de

    rsolution amiable des diffrends a toutefois t cart car cette option aurait ncessit des

    investissements techniques considrables, alors mme que des oprateurs privs se

    dveloppent sur ce terrain, en proposant des solutions numriques innovantes.

    Par ailleurs, a t carte la piste de la cration dune commission de certification au sein du

    ministre de la justice. Loption dune extension de la comptence de la commission de

    mdiation de la consommation a galement t carte en raison de son champ dapplication

    spcifique et du fait que son existence mme est requise par le droit de lUnion europenne.

    3.2. DISPOSITIF RETENU

    Contrairement aux deux rapports prcits, le rapport relatif la transformation numrique de

    la justice, remis la ministre de la justice le 15 janvier 2018, affichait une nette prfrence

    pour linitiative prive en la matire. Cest cette orientation qui a t retenue en dcidant de

    procder la certification doprateurs numriques privs par des organismes accrdits.

    Cest pourquoi il est envisag dimposer aux services en ligne fournissant des prestations

    daide la rsolution amiable des diffrends de sassurer que les personnes physiques oprant

    pour leur compte respectent des conditions dimpartialit, de comptence et de diligence et

    dassurer linformation des parties lorsque la mdiation sera propose laide dun

    algorithme. Le respect de la confidentialit des informations dtenues par les personnes

    uvrant sur ou pour ces services en ligne sera pnalement assur.

    La certification des plateformes devra galement leur ouvrir la possibilit, dans lavenir, de se

    raccorder au systme dinformation de la justice. Ce raccordement sera subordonn au respect

    de prescriptions prcises par arrt technique du garde des sceaux, ministre de la justice, pris

    aprs avis de la commission nationale de linformatique et des liberts.

    Il conviendra daccorder la certification aux mdiateurs justifiant de leur inscription sur la

    liste prvue larticle L. 615-1 du code de la consommation au titre de leur activit de

    mdiation de consommation. En effet, la commission dvaluation et de contrle de la

    mdiation de la consommation sassure du respect par les candidats des conditions

    garantissant leur indpendance lgard des professionnels. La commission veille

    lventuelle porosit des personnes ou organisations sollicitant linscription sur la liste de

    mdiateurs de la consommation et des entreprises dont ils pourraient procder. Elle est

    galement trs attentive au statut des personnes travaillant avec le mdiateur de la

    consommation inscrit sur la liste quelle tablit. Lexamen approfondi auquel procde la

    commission dvaluation et de contrle de la mdiation de la consommation justifie que les

    Linterdiction mentionne au 2 du mme article 131-39 est prononce pour une dure maximale de cinq ans et

    porte sur lactivit professionnelle dans lexercice ou loccasion de laquelle linfraction a t commise.

    Art. 4-3. Il est institu un service public gratuit en ligne daide la rsolution amiable des litiges, conforme

    aux prescriptions du premier alina de larticle 4-1.

  • 36

    personnes physiques ou morales inscrites sur cette liste bnficient de la certification objet de

    la prsente disposition de plein droit (73 mdiateurs de la consommation ont t inscrits par la

    commission dvaluation et de contrle de la mdiation de la consommation sur la liste des

    mdiateurs de la consommation la date du 19 fvrier 2018).

    De mme, la certification sera accorde aux personnes inscrites, dans le ressort dune cour

    dappel, sur la liste des mdiateurs prvue larticle 22-1 A de loi n 95-125 du 8 fvrier

    1995 relative l'organisation des juridictions et la procdure civile, pnale et administrative.

    Cette liste est dresse par lassemble gnrale des magistrats de la cour dappel, en veillant

    au respect de critres de comptence et de probit dtermins par le dcret n 2017-1457 du 9

    octobre 2017 relatif la liste des mdiateurs auprs de la cour d'appel et aprs prestation de

    serment du mdiateur.

    4. ANALYSE DES IMPACTS DES DISPOSITIONS ENVISAGES

    4.1. IMPACTS JURIDIQUES

    Trois articles supplmentaires, 4-1,4-2 et 4-3 relatifs la scurisation de loffre en ligne de

    rsolution amiable des diffrends seront insrs dans la loi n 2016-1547 du 18 novembre

    2016 de modernisation de la justice du XXIe sicle.

    Le premier article :

    - Impose aux personnes qui proposent un service de conciliation, mdiation, arbitrage en

    ligne, de respecter les obligations relatives la protection des donnes personnelles et,

    sauf accord des parties, de confidentialit, ainsi que de garantir un accs direct aux

    informations relatives au processus en question ;

    - Enonce que le service de conciliation, mdiation ou arbitrage implique lintervention

    dune personne physique qui accomplit sa mission avec diligence et comptence, en

    toute indpendance et impartialit, dans le cadre dune procdure efficace et

    quitable ;

    - A ce titre, le service en question ne peut rsulter exclusivement dun algorithme ou

    dun traitement automatis. Lorsque le service est propos laide dun tel outil,

    lintress doit avoir connaissance et y consentir expressment ;

    - Soumet au secret professionnel les personnes qui concourent la fourniture ou au

    fonctionnement de ce service, au-del du mdiateur dj tenu par une obligation de

    confidentialit.

    Le deuxime article prvoit que les services en question peuvent faire lobjet dune

    certification par un organisme accrdit. Cest le Comit franais de laccrditation

    (COFRAC) qui accrditera ces organismes certificateurs. Le COFRAC, cr en 1994 sous le

    rgime de la loi du 1er juillet 1901 (association de droit priv but non lucratif) a t dsign

  • 37

    comme unique instance nationale daccrditation par le dcret du 19 dcembre 2008,

    reconnaissant ainsi laccrditation comme une activit de puissance publique. Afin de tenir

    compte des expertises dj acquises dans ce domaine, et pour viter les doublons

    administratifs, seront certifis de plein droit les conciliateurs de justice, les mdiateurs de la

    consommation (au titre de lactivit de mdiation de consommation) et les personnes inscrites,

    dans le ressort dune cour dappel sur la liste des mdiateurs tenue pour linformation des

    juges. En effet, le cadre lgislatif et rglementaire applicable dans chacun de ces domaines

    permet de considrer que les garanties sont runies pour que le service en ligne satisfait aux

    exigences prcites.

    Le dernier article renvoie un dcret en Conseil dEtat le soin de dfinir les cas dans

    lesquels la certification est exige (ce pourra tre le cas pour linterconnexion de ces services

    au systme dinformation de la justice), la procdure de dlivrance et de retrait de la

    certification et les conditions dans lesquelles est assure la publicit de la liste des services en

    question.

    4.2. IMPACTS SUR LES SERVICES JUDICIAIRES

    La rgulation de loffre de rsolution amiable des diffrends en ligne a vocation favoriser

    son dveloppement et ainsi rduire, terme, les saisines contentieuses des tribunaux.

    Le raccordement des plateformes de mdiation en ligne aux systmes dinformation de la

    justice ncessitera des travaux importants qui ne pourront tre engags quune fois la nouvelle

    chane applicative civile dploye entre 2020 et 2022. En effet, les applications informatiques

    civiles existantes, installes sur des serveurs locaux ne permettent pas, sauf engager de trs

    coteux et lourds dveloppements de sinterfacer avec des applications externes au ministre

    de la justice.

    A noter galement que le nouveau cadre juridique de loffre en ligne de rsolution amiable

    des diffrends introduit par le projet de loi trouvera sappliquera galement dans le cadre des

    litiges ports devant les juridictions administratives au cours desquels des mdiations

    pourraient tre menes linitiative des parties, sur le fondement de larticle L. 213-5 du code

    de justice administrative, ou linitiative du juge, sur le fondement de larticle L. 213-7 du

    mme code.

    4.3. IMPACTS CONOMIQUES ET SOCIAUX

    4.3.1 Im