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1 REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE Union Discipline Travail ------------- MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE ------------- DIRECTION GENERALE DE L’ENVIRONNEMENT ------------- SERVICE DE SUIVI DES PROGRAMMES NATIONAUX Rapport Final Présenté par Dr YAO N’GUETTIA René Consultant Senior Email : [email protected] OULE ANICET Fortune Consultant Junior Email : [email protected] N’GORAN KOUADIO Désiré Consultant Junior Email : [email protected] Mai 2013 Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements Climatiques En Côte d’Ivoire

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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

Union – Discipline – Travail

------------- MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE ------------- DIRECTION GENERALE DE L’ENVIRONNEMENT

------------- SERVICE DE SUIVI DES PROGRAMMES NATIONAUX

Rapport Final

Présenté par

Dr YAO N’GUETTIA René

Consultant Senior Email : [email protected]

OULE ANICET Fortune

Consultant Junior Email : [email protected]

N’GORAN KOUADIO Désiré

Consultant Junior Email : [email protected]

Mai 2013

Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face

aux Changements Climatiques

En Côte d’Ivoire

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SOMMAIRE RESUME EXECUTIF 4 1ère Partie 8 Problématique 13 Approche méthodologique 14

2ème Partie 18 Evolution des paramètres climatiques 19 Insolation 18 Température 20 Humidité de l’air 24 Vent et Pression atmosphérique 27 Pluie 29 Pluviométrie et durée de la saison sèche 35 Evaporation et déficit hydrique 36 Indice d’aridité de Budyko-Lettau 40 Impacts du changement climatique sur les productions agricoles 41 Productions végétales 42 Produits de rente 42 Cacao Café Palmier à huile Coton Hévéa Anacarde Canne à sucre Coco Rocou Papaye Mangue Produits vivriers 49 Igname Manioc Banane Plantain Taro Maïs Riz Sorgho Arachide Banane douce, Ananas Patate douce Cultures Légumières et Maraichères 68 Tomate Oignon, Piment Aubergine Gombo,

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Productions Animales et Halieutiques 70 Bétails Production de Volailles 73 Productions Halieutiques 74 Productions Forestières 76 Initiatives d’Adaptation des Paysans aux Changements Climatiques Techniques d’Adaptation à vulgariser REFERENCES 87

3ème Partie 91 ANNEXES 92

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RESUME EXECUTIF

L’étude de Vulnérabilité de Secteur Agricole aux Changements Climatiques en Côte d’Ivoire a été

initiée par le Ministère de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable en

collaboration avec le PNUD et conduite par 3 experts consultants nationaux d’octobre 2012 à juin

2013.

L’objectif principal est d’évaluer les impacts actuels et futurs des changements climatiques sur

l’agriculture en Côte d’Ivoire et de proposer des mesures d’adaptation pour une aide à la décision.

Les objectifs spécifiques sont : (1) Evaluer la vulnérabilité des risques climatiques actuels

physique, socio-économique sur le secteur de l’agriculture ; (2) Evaluer et décrire les risques

climatiques futurs sur l’agriculture à partir des scenarios pertinents ; (3) Décrire toutes les

initiatives nationales impliquant la Côte d’Ivoire en matière d’adaptation aux changements

climatiques dans le domaine de l’agriculture ; (4) Proposer des techniques d’adaptation du

secteur agricole aux changements climatiques en cohérence avec les politiques nationales ;

(5) Estimer le coût de la mise en œuvre des techniques d’adaptation proposées.

L’étude a utilisé plusieurs méthodes de travail y compris l’analyse documentaire, des

rencontres et entretiens avec les responsables et techniciens des structures spécialisées, des

enquêtes auprès des populations paysannes et des responsables des structures de l’Etat et

d’encadrement sur le terrain dans 8 localités des 4 zones agroclimatiques de la Côte d’Ivoire.

Plus de 500 paysans et responsables de structures (en moyenne 60% d’hommes et 40% de

femmes) ont été interviewés lors de missions d’enquêtes de terrain de mai et juin 2013 dans

3 communautés villageoises par localité dans la zone agroclimatique 1 à Abidjan et Soubré,

la zone 2 à Gagnoa et Abengourou, la zone 3 à Bondoukou et Bouaké et dans la zone 4 à

Korhogo et Ferké. Des analyses statistiques et l’utilisation de modèles mathématiques et

informatiques ont permis d’établir les corrélations entre les diverses localités et de faire des

projections en l’an 2060 et l’an 2110 soit des estimations dans 50 et 100 ans.

PRINCIPALES CONSTATATIONS

L’analyse de l’évolution des paramètres climatiques suivants durant les 50 dernières années

a permis d’attester le changement climatique en Côte d’Ivoire : (1) l’Insolation augmente

dans la zone forestière du sud (Zones Agroclimatiques 1 et 2) mais évolue très peu dans la

moitié nord du pays (Zones Agroclimatiques 3 et 4) avec des moyennes d’insolation en 2010

de 2400 heures/an à Abidjan, 2000 heures/an à Gagnoa, 2000 heures/an à Bouaké et 2600

heures/an à Korhogo. L’augmentation de l’insolation au sud serait liée à une réduction de la

nébulosité associée aux nuages ;

(2) de 1960 à 2010, la température de toutes les localités étudiées a cru avec un taux moyen

de 1,6 °C soit une augmentation de 3,2 °C/siècle. Les températures moyennes en 2010 sont

de 27,5 °C à Abidjan, 26,2 °C à Gagnoa, 26,5 °C à Bondoukou et Bouaké et 27,5 °C à Korhogo.

L’augmentation de la température serait le résultat de l’accroissement des concentrations

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des gaz à effet de serre. La situation particulière d’Abidjan pourrait s’expliquer par la très

forte concentration des industries dans et autour de la ville ;

(3) durant la même période, l’Humidité de l’air a augmenté dans les Zones Agroclimatiques

1 et 4 et diminué dans les Zones Agroclimatiques 2 et 3 mais la tendance est très faible dans

les deux cas. En général, l’humidité relative moyenne en 2010 décroit naturellement du sud

vers le nord de la Côte d’Ivoire avec 82% à Abidjan, 78% à Gagnoa, 70% à Bondoukou et

Bouaké et 63% à Korhogo ;

(4) La vitesse moyenne des vents dominants fluctue entre 2 et 6 m/s dans toutes les localités

étudiées et son évolution dans le temps n’apparait pas nette. Cependant, la majorité des

paysans enquêtés reconnaissent que les vents qui accompagnent les orages et les tornades

sont maintenant plus forts et plus violents qu’avant. Ces vents impactent négativement les

habitations et les cultures par la casse et la chute des toits et des plantes. Les populations

paysannes considèrent ces vents forts comme un des indicateurs du changement

climatique ;

(5) Sur près de 70 ans d’observation, la pluviométrie interannuelle fluctue avec souvent une

succession d’années tantôt déficitaires, tantôt excédentaires mais la tendance générale est à

la baisse dans l’ensemble des localités étudiées. Ainsi on enregistre de 1940 à 2010 une

réduction de la pluviométrie de 28,9% à Abidjan, 23,5% à Soubré (Zone 1), une baisse à

peine perceptible à Gagnoa et Abengourou (Zone 2), 12,5% à Bondoukou et Bouaké (Zone 3)

et 7,7% à Korhogo (Zone 4). Les plus fortes baisses sont ainsi observées dans la zone

forestière humide du sud proche de la côte et qui pourraient être en partie liées à la

destruction du couvert forestier par l’agriculture extensive et l’exploitation anarchique des

grumes de bois.

Les populations paysannes conçoivent le changement climatique comme principalement une

diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

pluvieuse associée à une augmentation de la durée de la saison sèche. Selon elles les

premières pluies après l’Harmattan (grande saison sèche) arrivent de plus en plus

tardivement en mars au lieu de janvier-février dans la Zone 1, en avril dans la zone 2 au lieu

de mars, en avril-mai dans la zone 3 au lieu de mars, en mai-juin dans la zone 4 au lieu de

mai. Elles reportent également l’apparition de plages sèches de plus en plus longues et

fréquentes durant la première saison pluvieuse affectant significativement le

développement des nouvelles cultures. L’analyse des données pluviométriques confirme que

la pluviométrie moyenne annuelle décroit du sud au nord passant en 2010 de 1800 mm à

Abidjan au sud à 1050 mm à Bondoukou dans le nord-est.

(6) l’Indice d’Aridité de Budyko-Lettau (IABL) en 2010 est inférieur à 1 dans les Zones

Agroclimatiques 1 et 2 indiquant bien leur appartenance à la zone guinéenne couverte par la

forêt tropicale dense humide. Les Zones 3 et 4 ayant en 2010 un 1 <IABL< 2 appartiennent à

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la zone soudano-guinéenne avec une couverture de forêts moins humides et des savanes

humides. La projection de l’IABL en l’an 2110 suggère que seule la Zone 2 restera dans la

zone guinéenne alors que la Zone Agroclimatique 1 rejoindra la 3 comme zone soudano-

guinéenne quand la Zone Agroclimatique 4 avec son IABL> 2 deviendrait une zone sahélo-

soudanaise, plus aride et à risque.

IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Dans la Zone Agroclimatique 1 (Abidjan et Soubré) :

Dans un siècle c’est à dire en 2110, la Zone Agroclimatique 1 de la Côte d’Ivoire verra son

insolation augmenter du fait de la réduction des nuages participant ainsi à l’élévation de la

température de l’air en plus des importants gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère.

La température moyenne de l’air passera de 24-28 °C actuellement à 27-31 °C avec des

pluies plus hétérogènes et potentiellement faibles fluctuant entre 500 et 2300 mm/an.

L’augmentation de l’indice d’aridité au-dessus de 1 fera que les forêts sempervirentes du sud

côtier deviendront moins humides et tendront vers les forêts sèches de la zone soudano-

guinéenne.

Les cultures de rente majoritairement pratiquées par les populations paysannes (Cacaoyer,

Hévéa, Palmier, Caféier) seront mises en place plus tardivement à partir d’avril avec

beaucoup plus de pertes de jeunes plants du fait des plages sèches prolongées durant la

saison pluvieuse.

La mise en place des cultures vivrières (manioc, riz, igname, banane plantain, maïs, taro) sera

de plus en plus retardée en fonction de l’installation des pluies. Les plages sèches arrivant en

période de floraison des cultures telles que le maïs et le riz pourraient réduire

significativement leurs rendements. La méthode d’adaptation paysanne pour le manioc est

le planting des boutures de manioc totalement couvertes en janvier et février durant la

période de fortes chaleurs et de moins d’eau dans le sol alors qu’habituellement la

bouture est émergée en partie et inclinée.

Les vents forts et violents qui accompagnent certaines précipitations pourraient constituer

un handicap pour les bananiers, les céréales (riz et maïs) et l’hévéa à travers la casse et la

chute des plantes. L’utilisation de rangées de Teck en bordure de parcelles comme brise-

vents permettrait de réduire l’effet du vent comme c’est le cas pour l’hévéa chez des

paysans d’Abengourou.

L’allongement de la saison sèche avec pour conséquence le dessèchement et la dureté du sol

va non seulement impacter négativement le développement de l’ensemble des cultures mais

particulièrement la récolte du manioc durant la période de décembre à février. Le planting

du manioc sur buttes, billons ou sur des sols ayant subi un labour profond pourrait faciliter

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l’arrachage pendant les périodes de sécheresse et éviter les pénuries temporaires de

manioc sur les marchés d’Abidjan.

Dans la Zone Agroclimatique 2 (Gagnoa et Abengourou) :

La Zone Agroclimatique 2 de la Côte d’Ivoire verra également son insolation augmenter du

fait de la réduction des nuages. Dans un siècle, c’est à dire en 2110, la température moyenne

de l’air passera de 25-27 °C actuellement à 28-30 °C avec des pluies relativement plus stables

et en légère baisse passant de 1200-1700 mm/an actuellement à 1090-1500 mm/an. Malgré

son augmentation, l’indice d’aridité restera au-dessous de 1 ce qui permettra au couvert

forestier de garder son caractère sempervirent et son humidité élevée, favorables aux

principales cultures de rente et aux vivriers.

Les cultures de rente pratiquées dans cette zone par la majorité des paysans sont : le

cacaoyer (plus de 80%), l’hévéa (plus de 45%) et le caféier (plus de 17%). La mise en place

des cultures est souvent décalée à cause du retard des pluies. Beaucoup de jeunes plants

desséchés du fait des longues plages sèches sont remplacés grâce à des plants en sachets

provenant de pépinières arrosées, créés à dessein pour cet effet.

Les vivriers majoritairement cultivés sont : l’igname, le manioc, la banane plantain, le maïs,

le riz, le taro.

Dans la Zone Agroclimatique 3 (Bondoukou et Bouaké) :

Dans cette zone agroclimatique, la température moyenne actuelle de 26-27 °C passera à 29-

30 °C dans un siècle en 2110. Les pluies annuelles moyennes actuelles de 1000-1400 mm/an

baisseront entre 770 et 1200 mm/an. L’indice d’aridité augmentera mais restera inférieur à 2

indiquant que la zone restera soudano-guinéenne avec des forêts peu humides et des

savanes humides. Les niveaux de pluviométrie seront, cependant marginaux pour la plupart

des cultures pérennes de rente comme le cacaoyer, le caféier l’hévéa et le palmier à huile.

Les feux de brousse seront plus fréquents et détruiraient les pâturages et les plantations.

Dans la Zone Agroclimatique 4 (Korhogo et Ferké) :

Dans cette zone agroclimatique, la température moyenne actuelle de 26-28 °C évoluera vers

29-31 °C dans un siècle en 2110. Les pluies annuelles moyennes actuelles de 900-1400

mm/an baisseront entre 700 et 1200 mm/an. L’indice d’aridité augmentera et passera au-

dessus de 2 transformant la région du nord de la Côte d’Ivoire en une zone semi-aride et

particulièrement à risque car l’érosion des sols pourrait être irréversible. La maitrise de l’eau

grâce à la construction de barrages et de retenues d’eau associée à l’utilisation des systèmes

d’irrigation permettraient de maintenir les productions vivrières à des niveaux élevés.

Zone d’élevage par excellence, la dégradation des conditions climatiques impactera

négativement les productions par le manque de fourrages et d’eau pendant les longues

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périodes de sécheresse. Les conflits agriculteurs et éleveurs seront plus nombreux et plus

fréquents avec des conséquences certainement plus dramatiques. Les barrages

agropastoraux participeraient à la résolution de ces problèmes.

Les feux de brousse seront plus fréquents et détruiraient les pâturages et les plantations.

PRINCIPALES INITIATIVES PAYSANNES D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

SPECULATIONS PRATIQUES ANCIENNES

INITIATIVES PAYSANNES INITIATIVES DE L’ADMINISTRATION

Cacaoyer - Semis direct -Semis direct + plants en sachets -Semis sous anacardiers

- Nouvelle Variété

Hévéa - Pépinière + greffage + Planting

Pépinière + Planting + greffage

Palmier à huile - Décalage planting/Pluies

Caféier Abandonné

Anacardier - Zone sèche Introduit à la place de caféier et cacaoyer

Cotonnier - Décalage semis/Pluies

Rocouyer - Haie vive Introduit à la place de caféier et cacaoyer

Manguier - Décalage planting/Pluies Igname - Buttes - Décalage du buttage Plantain - Décalage planting/Pluies Manioc - Boutures inclinées - Boutures sur buttes,

billons, enterrées/inclinées

Taro - Planting sous anacardiers Maïs - Semis à plat - Décalage semis/Pluies Riz - Décalage semis/Pluies

Mil - Décalage semis/Pluies

Sorgho - Décalage semis/Pluies

Arachide - Décalage semis/Pluies

Poids de terre - Décalage semis/Pluies

RECOMMANDATIONS

A l'endroit du pouvoir public central et local

- Renforcer la politique de mécanisation de l'agriculture en cours actuellement en mettant à la disposition des producteurs des machines adaptées aux caractéristiques des sols de chaque zone et en assouplissant les conditions d'accès à ces machines ;

- Promouvoir la valorisation de la zone de la plaine d'inondation en procédant à des aménagements hydroagricoles et la maitrise de l’eau ;

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- Mettre en place un système d'alerte agrométéorologique en vue de fournir aux producteurs des informations fiables sur la prévision des saisons pluvieuses ;

- Sensibiliser les producteurs sur la réalité des changements climatiques pour un éveil des consciences et une bonne prise de décisions ;

- Créer un cadre officiel de concertation et de sensibilisation entre les « faiseurs de pluies » et les autorités administratives en vue de prévenir les conflits sociaux qui pourraient survenir des amalgames entre les populations locales qui imputent la responsabilité des changements climatiques aux actions des faiseurs de pluies ;

- Promouvoir des activités de diversifications des sources de revenus durables telles que l'élevage et les transformations agroalimentaires ;

- Promouvoir le crédit agricole pour faciliter le financement à temps les activités des producteurs.

A l'endroit des services de vulgarisation et d'encadrement

- Inscrire au rang de priorité les questions des changements climatiques dans leurs programmes d'actions ;

- Etudier dans une perspective d'approche participative, les possibilités de vulgariser des systèmes d'agroforesterie à base d'essences fruitières en vue de permettre aux producteurs de pouvoir limiter l'amenuisement de leur revenu en raison de la baisse de rendement des cultures vivrières induit par les changements climatiques ;

- Accompagner les producteurs dans les opérations de reboisement en vue de la protection des sols contre l'érosion.

A l'endroit des producteurs des villages

- Assurer une franche collaboration avec les services de vulgarisation et d'encadrement afin de tirer profit des savoirs exogènes promus par ces structures ;

- Partager les expériences réussies d'adaptation entre producteurs.

A l'endroit de la recherche

- Mettre au point dans une perspective d'approche participative qui intègre les conditions socio-économiques des producteurs, des variétés à cycle court adaptées aux conditions climatiques actuelles ;

- Mettre au point de variétés rustiques de cultures pouvant mieux supporter les ruptures de pluies en cours de saison pluvieuse ;

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- Améliorer et moderniser les initiatives paysannes d’adaptation aux changements climatiques existantes afin de les rentabiliser.

Au terme de cette étude sur les perceptions des producteurs et des stratégies d'adaptation mises en œuvre pour faire face aux changements climatiques d'autres perspectives s'ouvrent. La durabilité socio-économique et écologique des différentes mesures/stratégies développées par les producteurs devra être étudiée. Il en est de même pour l'impact des changements climatiques sur la mobilisation et la gestion de la main d'œuvre agricole. Les relations entre les changements climatiques et les stratégies de sortie d'agriculture telles que les migrations et l'exode rural pourrait aussi servir de piste pour de nouvelles recherches.

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PROBLEMATIQUE

Depuis deux décennies, la Communauté Internationale dans son ensemble accorde une

importance de premier plan aux problèmes d’environnement avec une attention particulière

aux changements climatiques. La dégradation progressive de l’environnement se manifeste

au niveau du continent africain par des phénomènes tels que la sécheresse et la

désertification qui, à court, moyen et long termes, réduisent la productivité agricole dans

nos pays malgré le travail acharné des populations.

En effet, nous assistons depuis les années 1970 à une modification des régimes

pluviométriques dans la sous-région ouest-africaine, signe du changement climatique. Une

des raisons de ce changement réside certainement dans le réchauffement climatique global

lié à l’effet de serre ; mais l’action de l’homme sur son environnement local y contribue

significativement par la déforestation, les feux de brousse, la pollution atmosphérique avec

l’émission des gaz à effet de serre. Les productions agricoles au sens large subissent alors

une importante chute de rendement.

La Côte d’Ivoire dont l’économie repose essentiellement sur l’agriculture, n’est pas à l’abri

de telles calamités naturelles si le processus de réchauffement se poursuit.

Sur le plan éco-climatique, la Côte d’Ivoire est divisée en quatre zones qui sont du Sud au

Nord : une zone forestière côtière très humide ; une vaste région forestière vers l’intérieur

des terres, fortement atteinte par le défrichement et connaissant une pluviométrie variable

pouvant atteindre 2500 mm/an, repartie en 2 saisons (de Mars à Juillet et de Septembre à

Novembre) ; une zone de savane arborée et enfin une zone méridionale de savane herbeuse

plus chaude et plus sèche avec 900 mm/an de pluies en une seule saison de Juillet à

Octobre.

Les volumes pluviométriques, leur répartition annuelle et la longueur de la ou des deux

saisons de pluies ont évolué de manière sensible au cours des 40 dernières années au point

qu’il devient indispensable d’en tenir compte d’un point de vue socio-économique. Ainsi la

boucle du cacao qui était au Centre-Est du pays s’est déplacée au Sud-Ouest en raison de la

dégradation des conditions de production.

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APPROCHE METHODOLOGIQUE

L’Agriculture au sens large comprend les productions végétales, les productions animales et

halieutiques et les productions forestières. Une Approche « Bottom-up » ; c’est-à-dire de la

base au sommet, a été utilisée dans la collecte de l’information pour cette étude durant :

- La Recherche documentaire et bibliographique

- La Recherche de rapports et publications scientifiques spécialisés

- Les visites de Centres de Recherche Agronomique (CNRA, SODEXAM), des ministères

(MINAGRI, ANADER, MIRAH, MINEF, MINEDD, MINCOM, DR et DD) et toutes les

sociétés d’exploitations industrielles (SAPH, SOGB, PALMCI, PALMAFRIQUE, SUCAF,

SUCRIVOIRE, CIDT, ANACARDE, Café-Cacao)

- Les Entretiens avec les responsables des divers services et surtout avec les

communautés villageoises.

I. METHODOLOGIE

I-1 Zonage Agro-climatologique

Du sud au nord de la Côte d’Ivoire, quatre zones d’études sont retenues en fonction de la

carte agro-climatologique (Figure 1) du pays (FAO, CNTIG, IGT, UFR-SSMT/LPA, CSRS). Deux

localités par zone sont choisies sur la base de la disponibilité d’une station agro-

météorologique pouvant fournir les données climatiques. Ainsi, du sud au nord, nous avons

visité les localités de : Abidjan, Soubré, Gagnoa, Abengourou, Bondoukou, Bouaké,

Ferkessédougou et Korhogo.

Trois communautés villageoises par localité et 20 à 30 paysans par communauté ont été

retenus par les responsables locaux des ministères pour participer à l’entretien et répondre

aux questionnaires. Un entretien a également été organisé avec les responsables des divers

services déconcentrés des ministères et des structures sous tutelle (MINAGRI, MIRAH, MEF,

MINEDD, ANADER, OCPV, CNRA et autres privés) afin de collecter des informations et de

répondre à un questionnaire.

I-2 Choix des spéculations

Le choix des spéculations étudiées par zone est fait, en tenant compte des priorités de l’Etat,

lors d’une séance de travail avec la participation des ministères de l’Agriculture, des

Ressources Animales et Halieutiques, de l’Environnement et du Développement Durable, des

Eaux et Forêts.

Les principales spéculations végétales, animales, halieutiques et forestières de la Côte

d’Ivoire sont listées et ont été prises en compte en fonction des réactions des paysans aux

questionnaires.

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Figure 1. Localités d’études dans les 4 zones agro-climatologiques

I-3 Collecte des Données

I-3-1 Données climatiques

L’évolution du climat a été analysée à travers l’insolation, la température de l’air, l’humidité

de l’air, la vitesse du vent, la pluviométrie et le nombre de jours de pluie, le déficit

pluviométrique annuel et l’indice d’aridité de Budyko-Lettau (IABL) (Voir Annexes) sur la

période 1950 à 2010.

Le modèle mathématique statistique (SPSS) a été utilisé pour les projections. Toutefois, le

modèle agro-météorologique (DSSAT) n’a pu être appliqué pour des raisons de détail de

données exigées notamment les données sur le sol.

I-3-2 Données de production

Les données de production des différentes spéculations ont été recherchées auprès des

services en charge des collectes de productions et de la vente des produits agricoles,

animaux, halieutiques et forestiers. Les statistiques agricoles fournies par la FAO ont permis

de compléter les données manquantes (http://www.countrystat.org/).

Localités d’étude

Ferké

SOUBRE

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I-4 Mode de collecte des Données

I-4-1 Elaboration de fiches de collecte de données

Les fiches préparées ont été envoyées aux structures avant l’arrivée de la mission sur le

terrain.

Un entretien a été organisé avec les Structures décentralisées des ministères (MINAGRI,

MIRAH, MINEF, MINEDD, MINCOM), les Chefs des zones ANADER, les Groupements

coopératifs (OPA) et les Exploitations Industrielles par Spéculation

I-4-2 Questionnaires aux communautés villageoises

3 communautés par site, 20 à 30 paysans par communauté et une fiche par paysan ont

permis de faire des analyses statistiques (ANOVA, Séparation des moyennes, etc.) des

données recueillies et fournir des réponses numérisées.

I-5 Analyse et traitement des données

Nous avons dépouillé tous les documents collectés afin de constituer des tableaux Excel qui

ont été utilisés pour les analyses statistiques (régression linéaire, analyse de variance et

séparation de moyennes, corrélations) et faire tourner les modèles (SPSS).

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EVOLUTION DES PARAMETRES CLIMATIQUES

INSOLATION

Les figures 2 et 3 présentent l’évolution de la durée d’insolation dans différentes localités de

la Côte d’Ivoire de 1950 à 2010 et les projection en 2060 et 2110. Il ressort de l’analyse que

la durée d’insolation augmente dans le sud forestier notamment à Abidjan et Gagnoa

(Figures 3a, 3b) au-dessus de 1900 heures/an. L’insolation à Korhogo est naturellement la

plus élevée soit 2657 heures/an mais évolue très peu (Annexes). Ce résultat est en

concordance avec l’évolution baissière de la pluviométrie, mettant ainsi en évidence une

réduction des formations nuageuses. Nul n'ignore l'importance de l'énergie solaire dans

l'évaporation de l'eau, dans l'échauffement de l'air et bien sûr dans l'activité

photosynthétique.

Figure 2. Evolution de la Durée d’Insolation dans les 4 Zones Agroclimatiques de la Côte

d’Ivoire de 1961 à 2010

Figure 3. Durée Annuelle d’Insolation en Côte d’Ivoire en 2010 et son évolution probable

en 2060 et en 2110

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20

TEMPERATURE

La température moyenne interannuelle de la décennie 1960-1969 a varié de 24 à 26 °C dans

la moitié nord de la Côte d’Ivoire et de 27 à 28 °C dans la moitié sud (Figure 5a). La décennie

1990-1999 a enregistré une élévation généralisée de la température moyenne interannuelle

dans toute la moitié est du pays variant entre 27 et 28 °C alors que dans la moitié ouest elle

est restée relativement basse allant de 24 à 26 °C (Figure 5b). D’une manière générale, la

température est demeurée supérieure à la normale depuis 1978 et ceci semble confirmer les

résultats de l’évaporation Piche. Cette augmentation de la température peut s’expliquer

d’une part par l’augmentation de l’énergie solaire au sol et d’autre part par l’action des gaz à

effet de serre.

Figure 4. Evolution de la Température Moyenne de l’Air de 1961 à 2010 à Abidjan,

Gagnoa, Bondoukou, Bouaké et Korhogo ; x = nombre d’années à partir de 1961.

La température moyenne annuelle fluctue d’une année à l’autre mais la régression linéaire

appliquée aux données de 1961 à 2010 donne une augmentation régulière avec un taux

absolu de 1,6 °C au cours des 50 dernières années (Figures 4). Si la tendance actuelle se

maintient, la projection sur un siècle donnerait une élévation de la température moyenne

de 3,2 °C en Côte d’Ivoire.

La projection en 2060 et 2110 (Figure 6) donnent des températures moyennes de l’air 30,7

°C à Abidjan, 28,9 °C à Gagnoa, 29,9 °C à Bondoukou, 30,5 °C à Bouaké et Korhogo.

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21

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22

Figure 5a : Températures moyennes interannuelles au cours de la décennie 1960-1969

(Yao, 2005).

Figure 5b : Températures moyennes interannuelles au cours de la décennie 1990-1999

(Yao, 2005).

1960-1969

Températures

Températures

1990-1999

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23

Figure 6. Température moyenne (°C) de l’air en Côte d’Ivoire en 2010 et son évolution

probable en 2060 et 2110

HUMIDITE DE L’AIR

La figure 7 présente l’humidité relative moyenne interannuelle enregistrée à Abidjan,

Gagnoa, Bondoukou, Bouaké et Korhogo durant la période 1961-2010. D’une manière

générale, l’humidité relative de l’air décroit régulièrement dans l’espace du sud au nord de la

Côte d’Ivoire de 82% à Abidjan sur la côte, à 63% à Korhogo dans le nord ; et dans le temps

elle décroit à Gagnoa, Bondoukou, Bouaké ; mais croit à Abidjan et Korhogo. Les projections

en 2060 et 2110 sont présentées sur la figure 8.

Figure 7. Evolution de l’Humidité Relative Moyenne (%) dans les 4 Zones Agroclimatiques

de la Côte d’Ivoire de 1961 à 2010

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24

Figure 8. Humidité Relative (%) de l’air en Côte d’Ivoire en 2010 et son évolution probable

en 2060 et 2110

VENT

L’analyse de la vitesse des vents dominants enregistrée à Abidjan, Bouaké et Korhogo (Figure

9) montre que la vitesse moyenne varie entre 2 et 5 m/s à Abidjan, 3 et 5,5 m/s à Bouaké et

entre 2,5 et 6 m/s à Korhogo. Sur la période 1961 – 2000, on note une légère diminution de

la vitesse du vent à Abidjan et Bouaké alors qu’à Korhogo on observe une légère

augmentation (Annexes). Il faut noter que la vitesse des vents violents d’orages et de

tornades n’est pas prise en compte. Ces vents forts de vitesse parfois supérieure à 60 m/s

sont souvent dévastateurs pour certaines cultures comme le bananier, le maïs, le riz et

l’hévéa. Il est donc nécessaire de mener une étude approfondie de ces vents afin de

déterminer leur impact réel sur les différentes productions agricoles. La projection en 2060

et 2110 de la vitesse du vent est présentée sur la figure 10.

Figure 9. Evolution de la Vitesse moyenne (m/s) du Vent au Sud, au Centre et au Nord de la

Côte d’Ivoire

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25

Figure 10. Vitesse moyenne du vent (m/s) en Côte d’Ivoire en 2010 et son évolution

probable en 2060 et 2110

PLUIE

L'analyse des séries chronologiques des données pluviométriques annuelles obtenues pour

des postes situés dans les 4 zones agroclimatiques de la Côte d’Ivoire présentent une grande

variabilité interannuelle (Figures 11a et 11b). Malgré d’importantes oscillations, on note

qu’un groupe d'années globalement humides par rapport à la normale succède à un groupe

d'années globalement sèches.

La régression linéaire sur les données d’Abidjan, Soubré, Gagnoa, Abengourou, Bondoukou,

Bouaké et Korhogo, montre qu'il y a une décroissance régulière de la pluviosité. Ce résultat

est une évidence de l'existence d'une tendance au dessèchement (ELDIN, 1984).

Sur 69 ans d’observation, la Zone Agroclimatique 1 du Sud a vu une baisse de la pluviométrie

de 28,9% à Abidjan et 23,5% à Soubré ; dans la Zone Agroclimatique 2, la baisse est à peine

perceptible à Abengourou et Gagnoa ; dans la Zone Agroclimatique 3, elle est de 12,5% aussi

bien à Bondoukou qu’à Bouaké ; enfin dans la Zone Agroclimatique 4, la baisse de la

pluviométrie est de 7,7% sur 29 ans. Les prévisions de la pluviométrie dans 50 ans en 2060 et

dans 100 ans en 2110 sont présentées sur la figure12.

La pluviométrie de la Zone Agroclimatique 1 qui est présentement la plus élevée de la Côte

d’Ivoire pourrait décliner dangereusement à des niveaux moyens aussi bas que 700 mm/an

si rien n’est fait pour inverser la forte baisse de la pluviosité en prenant des mesures

urgentes pour réhabiliter le couvert forestier dans son ensemble.

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26

Figure 11a. Evolution de Pluviométrie annuelle dans la Zone 1 à Abidjan et Soubré et en

Zone 2 à Abengourou et Gagnoa de 1940 à 2010

Figure 11b. Evolution de Pluviométrie annuelle dans la Zone 3 à Bouaké et Bondoukou de

1940 à 2010 et dans la Zone 4 à Korhogo de 1972 à 2001

Figure 12. Pluviométrie Annuelle (mm/an) en Côte d’Ivoire en 2010 et son évolution

probable en 2060 et 2110

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27

NOMBRE DE JOURS DE PLUIE

Le nombre de jours annuels de pluie fluctue d’une année à l’autre mais décroit globalement

dans la zone forestière du Sud (Figures 13a et 13b). Cependant cette décroissance en elle

seule n’explique la forte baisse de la pluviométrie dans la Zone Agroclimatique 1. La figure

14 présente la projection en 2060 et 2110 du nombre moyen de jours de pluie par an dans

les différentes localités étudiées.

y = -0,175x + 142,55R² = 0,0452

y = -0,4251x + 113,68R² = 0,0844

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

Abidjan

Soubré

Linear (Abidjan)

Linear (Soubré)

ANNEES

Nb

re d

e J

ours d

e P

luie

y = 0,1952x + 106,77R² = 0,0435

y = -0,1248x + 142,13R² = 0,0172

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

Abengourou

Gagnoa

Linear (Abengourou)

Linear (Gagnoa)

Nbre d

e J

ours de P

luie

ANNEES

Figure 13a. Nombre de jours de pluie dans la Zone Sud Côtière (Abidjan et Soubré) de 1940

à 2010 et dans la Zone Sud-Centre (Abengourou et Gagnoa) de 1940 à 2000

y = 0,1872x + 89,006R² = 0,0586

y = -0,3007x + 112,83R² = 0,0852

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

Bondoukou

Bouaké

Linear (Bondoukou)

Linear (Bouaké)

ANNEES

Nb

re

de

Jo

urs d

e P

luie

y = 0,0365x + 100,59

R² = 0,0007

y = 0,385x + 84,118

R² = 0,2998

0

20

40

60

80

100

120

140

197

0

197

1

197

2

197

3

197

4

197

5

197

6

197

7

197

8

197

9

198

0

198

1

198

2

198

3

198

4

198

5

198

6

198

7

198

8

198

9

199

0

199

1

199

2

199

3

199

4

199

5

199

6

199

7

199

8

199

9

200

0

Korhogo

Ferké

Linear (Korhogo)

Linear (Ferké)

Nom

bre

de J

ours

de P

luie

ANNEES

Figure 13b. Nombre de jours de pluie dans la Zone Centre-Nord (Bouaké et Bondoukou) de

1940 à 2010 et dans la Zone Nord (Korhogo et Ferké) de 1970 à 2000

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28

Figure 14. Nombre de jours de pluie en Côte d’Ivoire en 2010 et son évolution probable

en 2060 et 2110

PRESENTATION DE LA PLUVIOMETRIE ET LA DUREE DE LA SAISON SECHE EN CÔTE D’IVOIRE

Pluviométrie moyenne annuelle sur la période 1971-2001

La spatialisation de la pluviométrie moyenne annuelle sur la période 1971-2001 est

présentée sur la figure 15. Cette figure montre que les hauteurs pluviométriques en Côte

d’Ivoire sont variables et sont comprises entre 900 mm/an au Nord-Est et 2 200 mm/an au

Sud-Ouest. Elles sont décroissantes du Sud-Ouest au Nord-Est, ce qui correspond à l’axe des

vents dominants en Côte d’Ivoire. Les zones les plus humides sont l’Ouest et le Sud dans

lesquelles les hauteurs de pluie varient de 1 400 à 2 200 mm/an. Les zones les moins

humides sont le Nord et le Nord-Est où les hauteurs de pluie varient entre 900 et 1 300

mm/an.

EVAPORATION ET DEFICIT HYDRIQUE

L'évolution de l'évaporation de Piche enregistrée ces dernières années à Adiopodoumé,

confirme l'existence de deux séquences de part et d’autre de la normale (700 mm/an) dont

la première est humide et la seconde très sèche. Elle suggère que depuis 1978, le Sud du

pays est sous l'influence de plus en plus grande d'énergie advective de l'Harmattan (Alizé

boréal). Cependant, L’évapotranspiration potentielle (ETP) dans les différentes zones est

décroissante sauf à Gagnoa (Annexes).

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29

Figure 15 : Pluviométrie moyenne annuelle sur la période 1971-2001 (Ohouo, 2011)

Le déficit hydrique mensuel est plus élevé dans le sud-est que dans le sud-ouest. Les mois à

fort déficit vont de décembre à mars pour le premier et de janvier à février pour le second.

Contrairement à la grande saison sèche (Harmattan), la petite saison sèche de juillet-août

présente un faible déficit hydrique. Les mois de mai à juillet sont excédentaires en eau. Les

informations enregistrées à La Mé depuis 1930 démontrent bien que la pluviosité est

globalement en déclin alors que le déficit hydrique est en constante hausse (Annexes).

L’augmentation du déficit hydrique annuel n’est pas due à une aggravation du mois le plus

déficitaire (Janvier) mais plutôt à un allongement de la période déficitaire accusant des

déficits plus importants en décembre, février et mars. Les isodéficits migrent à la fois vers le

sud-ouest et le sud-est, aboutissant à une zone centrale du pays de plus en plus sèche

(Annexes). La position actuelle de l’isodéficit 500 mm constituant la limite nord de la zone

favorable à la production du palmier à huile prouve bien la gravité du phénomène de

dessèchement en Côte d’Ivoire (Yao et al, 1995).

-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -24

5

6

7

8

9

10

11

Abengourou

Abidjan Adiaké

Agboville

Bondoukou

Bouaflé

Bouaké

Daloa

Dimbokro

Divo

Gagnoa

Guiglo

Korhogo

Man

Odienné

San-Pédro

Seguela

Touba

Yamoussoukro

900

1000

1100

1200

1300

1400

1500

1600

1700

1800

1900

2000

2100

2200

Hauteur de

pluie (mm)

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30

Durée de saison sèche annuelle maximale et de la saison culturale

La figure 16 suivante présente le nombre de mois secs successifs en Côte d’Ivoire durant la

période 1971-2001. Ce sont les mois successifs pendant lesquels le bilan hydrique est

négatif. La saison sèche annuelle en Côte d’Ivoire varie entre 3 mois à Tabou et 8 mois à

Bouaké et Korhogo. Elle évolue selon un gradient croissant qui part du Sud vers le Nord. La

particularité de la ville de Sassandra (six mois de saison sèche) est due à la géomorphologie

de la région en particulier l’orientation de la côte par rapport aux vents dominants (Avenard

et al, 1971).

Selon les travaux de GOULA et al., la durée de la première saison culturale varie entre 60 et

280 jours et la durée maximale de la saison culturale va de 140 à 280 jours dans l’année. Les

débuts précoces de la première saison culturale vont du 11 au 21 mars à Abidjan, Soubré,

Gagnoa, Abengourou, Bondoukou et Bouaké ; les débuts tardifs vont du 30 avril au 15 mai

pour Abidjan et Abengourou ; du 15 mai au 1 juin pour Soubré, Gagnoa, Bondoukou et

Bouaké. Les enquêtes de terrain confirment ces différentes dates.

Figure 16 : Durée de saison sèche annuelle maximale sur la période 1971-2001 (Ohouo,

2011)

-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -24

5

6

7

8

9

10

11

Abidjan Adiaké

Bondoukou

Bouaké

Daloa

Dimbokro

Gagnoa

Korhogo

Man

Odienné

San-Pédro

Yamoussoukro

Tabou

Sassandra 3

3.5

4

4.5

5

5.5

6

6.5

7

7.5

8

-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -24

5

6

7

8

9

10

11

Durée de saison

sèche (mois)

Page 31: Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements … · 2020-01-01 · diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

31

Tableau 1. Durée de la première saison culturale en Côte d’Ivoire (GOULA et al., 2010)

Localité Début

Précoce

Début

Tardif

Début

Moyen

Fin

Précoce

Fin

Tardive

Fin

Moyenne

Durée

Abidjan 11-21

mars

30 Av-

15 Mai

30 Mars-

14 Avril

15-30

Juillet

1 Sept –

1 Oct

90-105

jours

Soubré 11-21

mars

15 Mai-

1 Juin

30 Mars-

14 Avril

1-15

Juillet

10 Nov-

10 Déc

2 Août –

1 Sept

75-90

jours

Gagnoa 11-21

mars

15 Mai-

1 Juin

30 Mars-

14 Avril

15-30

Juillet

10 Nov-

10 Déc

2 Août –

1 Sept

75-90

jours

Abengourou 11-21

mars

30 Av-

15 Mai

30 Mars-

14 Avril

1-15

Juillet

2 Août –

1 Sept

75-90

jours

Bondoukou 11-21

mars

15 Mai-

1 Juin

14 - 29

Avril

1-15

Juillet

10 Oct-

10 Nov

18 Juillet-

2 Août

60-75

jours

Bouaké 11-21

mars

15 Mai-

1 Juin

14 - 29

Avril

1-15

Juillet

10 Oct-

10 Nov

18 Juillet-

2 Août

60-75

jours

INDICE D’ARIDITE DE BUDYKO-LETTAU SUR LA PERIODE 1950 A 2010

Les calculs à partir des données collectées permettent d’évaluer l’évolution de l’aridité dans

les différentes zones agroclimatiques de la Côte d’Ivoire (Annexe). Ainsi en 2010, Abidjan et

Gagnoa ayant un IABL <1 appartiennent bien à la zone guinéenne avec la forêt tropicale

humide ; Bondoukou, Bouaké et Korhogo ayant un IABL >1 appartiennent à la zone soudano-

guinéenne avec des forêts peu humides ou des savanes humides. Dans 50 ans en 2060, la

situation demeurera similaire à la situation actuelle avec toutefois une augmentation de

l’Indice d’Aridité. Dans 100 ans en 2110, l’IABL à Korhogo sera supérieur à 2 (Figure 17)

correspondant à la zone sahélo-soudanaise et deviendrait alors une zone semi-aride et

particulièrement à risque car l’érosion des sols pourrait être irréversible ; la zone d’Abidjan

avec un IABL>1 sera une zone de forêt tropicale plus sèche et serait comparable aux zones

actuelles de Bouaké et Bondoukou.

Page 32: Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements … · 2020-01-01 · diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

32

Figure 17. Indice d’Aridité de Budyko-Lettau dans différentes régions de la Côte d’Ivoire

en 2010 et son évolution possible dans 50 ans (2060) et 100 ans (2110)

IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES

PRODUCTIONS AGRICOLES

PRODUCTIONS VEGETALES

TABLEAU 2: SPECULATIONS PAR ZONE AGROCLIMATIQUE DE COTE D’IVOIRE

ZONE

AGROCLIMATIQUE SPECULATIONS CONDITIONS

ACTUELLES

(2010)

CONDITIONS

DANS 100

ANS (2110)

N°1

SUD Côtier

Forêts Humides

- Café, Cacao, Hévéa, Palmier à Huile, Cola, Coco,

Agrumes, Ananas, Banane Plantain, Banane douce,

Igname, Manioc, Riz, Maïs, Arachide, Taro, Papaye,

Tomate, Aubergine, Gombo, Piment, Pastèque,

Chou, Concombre, Avocat, Ylang-Ylang, Tabac,

Passiflore, Mangoustan,

- Bovins, Caprins, Ovins, Porcins, Volailles, Pêche,

Aquaculture,

- Forêts

T moyenne =

24 – 28 °C

Pluie

annuelle =

1300 - 2300

mm/an

T moyenne =

27 – 31 °C

Pluie

annuelle =

500 – 2100

mm/an

N°2

SUD-CENTRE

- Café, Cacao, Hévéa, Palmier à Huile, Anacarde,

Rocou, Cola, Coco, Agrumes, Ananas, Banane

Plantain, Banane douce, Igname, Manioc, Riz,

Maïs, Arachide, Taro, Papaye, Tomate, Avocat,

Aubergine, Gombo, Piment, Pastèque, Chou,

Concombre, Ylang-Ylang,

- Bovins, Caprins, Ovins, Porcins, Volailles, Pêche,

T moyenne =

25 – 27 °C

Pluie

annuelle =

1200 – 1700

T moyenne =

28 – 30 °C

Pluie

annuelle =

1090 – 1500

0

0,5

1

1,5

2

2,5

IABL2010

IABL2060

IABL2110

Page 33: Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements … · 2020-01-01 · diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

33

Forêts Humides Aquaculture,

- Forêts mm/an mm/an

N°3

CENTRE-NORD

Forêts Sèches

et Savanes

- Café, Cacao, Hévéa, Palmier à Huile, Rocou,

Anacarde, Canne à sucre, Coton, Cola, Coco,

Agrumes, Ananas, Banane Plantain, Banane douce,

Igname, Manioc, Riz, Maïs, Arachide, Papaye, Taro,

Tomate, Aubergine, Gombo, Piment, Pastèque,

Chou, Concombre, Patate douce, Soja, Pomme de

terre, Mangue, Tabac, Avocat, Sorgho, Mil, Fonio,

- Bovins, Caprins, Ovins, Porcins, Volailles, Pêche,

Aquaculture, miel

- Forêts : Karité, Néré

T moyenne =

26 – 27 °C

Pluie

annuelle =

1000 – 1400

mm/an

T moyenne =

29 – 30 °C

Pluie

annuelle =

770 – 1200

mm/an

N°4

NORD

Savanes

- Anacarde, Coton, Canne à sucre, Soja, Sorgho,

Mil, Fonio, Igname, Manioc, Riz, Maïs, Tabac,

Oignon, Arachide, Papaye, Tomate, Aubergine,

Gombo, Piment, Pastèque, Chou, Concombre,

Patate douce, Pomme de terre, Mangue,

- Bovins, Caprins, Ovins, Porcins, Volailles, Pêche,

Aquaculture, Miel

- Forêts : Karité, Néré

T moyenne =

26 – 28 °C

Pluie

annuelle =

900 – 1400

mm/an

T moyenne =

29 – 31 °C

Pluie

annuelle =

700 - 1200

mm/an

Le tableau 2 présente les spéculations végétales et animales rencontrées dans les différentes

zones agroclimatiques de la Côte d’Ivoire. Les enquêtes de terrain réalisées en mai et juin

2013 ont permis de classer les cultures pratiquées par les paysans dans les localités étudiées

comme présentées dans les tableaux 3 et 4. En terme de cultures de rente la majorité des

paysans cultivent le cacaoyer, l’hévéa, le palmier à huile et le caféier au sud ; l’anacardier, le

cotonnier et le manguier au nord. Les populations de la zone de transition au centre du pays

cultivent à la fois les spéculations du sud et du nord dans des conditions climatiques

relativement marginales.

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34

Tableau 3. Classement des cultures de rente dans les localités en fonction du pourcentage de paysans

ABIDJAN SOUBRE GAGNOA ABENGOUROU BONDOUKOU BOUAKE KORHOGO FERKE

No Cultures de Rente

% Cultures de Rente

% Cultures de Rente

% Cultures de Rente

% Cultures de Rente

% Cultures de Rente

% Cultures de Rente

% Cultures de Rente

%

1 Hévéa 59 Cacaoyer 95 Cacaoyer 81 Cacaoyer 90 Anacardier 98 Anacardier 44 Anacardier 32 Anacardier 78

2 Cacaoyer 51 Hévéa 12 Hévéa 54 Hévéa 45 Rocouyer 62 Cotonnier Cotonnier 26 Cotonnier 67

3 Palmier 43 Palmier 4 Caféier 17 Caféier 25 Cacaoyer 54 Manguier 13 Manguier 2

4 Caféier 8 Caféier 2 Rocouyer 1 Anacardier 8 Caféier 54 Hévéa 2

5 Cotonnier 1 Palmier 10

6 Hévéa 8

Tableau 4. Classement des cultures vivrières dans les localités en fonction du pourcentage de paysans

ABIDJAN SOUBRE GAGNOA ABENGOUROU BONDOUKOU BOUAKE KORHOGO FERKE

No Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

% Cultures Vivrières

%

1 Manioc 94 Riz 79 Manioc 70 Igname 92 Igname 100 Igname 91 Riz 94 Riz 93

2 Plantain 51 Igname 70 Plantain 67 Plantain 87 Plantain 96 Manioc 91 Maïs 85 Maïs 93

3 Igname 47 Maïs 69 Maïs 49 Manioc 79 Taro 93 Maïs 65 Arachide 51 Mil 72

4 Maïs 31 Manioc 69 Riz 48 Taro 73 Manioc 90 Riz 60 Manioc 8 Igname 67

5 Taro 18 Plantain 57 Igname 11 Maïs 41 Maïs 88 Plantain 21 Igname 4 Arachide 39

6 Riz 2 Taro 27 Taro 3 Riz 2 Riz 5 Taro 9 Mil 2 Manioc 35

7 Sorgho 2 Sorgho 19

8 Poids de

terre

17

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35

PRODUITS DE RENTE (Cash Crops)

Figure 18. Pourcentage de paysans cultivant les cultures pérennes

Les principales cultures de rente des populations paysannes selon notre enquête sont le

cacaoyer, l’hévéa, le palmier à huile, le caféier dans la moitié sud du pays ; l’anacardier, le

cotonnier, le rocouyer et le manguier dans la moitié nord du pays.

CACAO (Cocoa)

Le cacaoyer, de la famille des Sterculiacées, est un arbre de 4 à 6 m de haut avec un système

racinaire comportant un pivot de 2 m et des racines latérales de 5 à 6 m autour de l’arbre

(Figure 20). Trois variétés de cacaoyer, appartenant à l’espèce Théobroma cacao L sont

cultivées. Il s’agit des variétés Criollo, Forastero et Trinitario.

La consommation en eau du cacaoyer varie en fonction des conditions du milieu. Ainsi,

pendant la saison des pluies, la consommation en eau dépend de l’ETP ; alors que pendant la

saison sèche elle dépend de la réserve utilisable (RU). En conditions non irriguées, la

consommation du cacaoyer est faible et varie entre 0,5 mm/j et 1,5 mm/j (soit 15 à 45

mm/mois) en fonction de la réserve en eau du sol (Jadin et al, 1976 ; Kassin, 2009).

Le seuil minimal annuel de pluviométrie supportable par le cacaoyer en Côte d’Ivoire est de

1200 mm/an. Pour que le cacaoyer cultivé ait une croissance régulière, des poussées

foliaires bien reparties au cours de l’année, une floraison et une fructification abondante, il

faut :

0

20

40

60

80

100

120

Abidjan

Soubré

Gagnoa

Abengourou

Bondoukou

Bouaké

Korhogo

Ferké

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36

Figure 20. Verger de cacaoyers et séchage des fèves sur claie

une pluviométrie annuelle entre 1200 et 1500 mm/an (Brou et al ; 2003) ;

des cumuls pluviométriques > 700 mm pendant la grande saison des pluies ;

une durée de la grande saison sèche < 3 mois et que le cumul > 70 mm (Dian, 1978).

En Côte d’Ivoire, le cacaoyer (Theobroma cacao L.) est cultivé essentiellement par de petits

planteurs sur une superficie de plus de deux millions d’hectares produisant annuellement,

1,2 million de tonnes de cacao marchand (Figure 21). Durant les 2 dernières décennies, la

production nationale a doublé passant de 700.000 tonnes en 1990 à 1.400.00 tonnes en

2005 avant de chuter autour de 1.200.000 tonnes. Le développement de la cacaoculture

s’est fait au détriment de la forêt participant ainsi à la dégradation de l’environnement et au

changement climatique local. La crise socio-politique a négativement impacté la production

entre 2001 et 2003 (Figures 21). Si l’importance des précipitations affecte localement les

productions, l’augmentation constante des superficies et l’étendue des zones de

production permettent de combler au plan national l’effet du déficit hydrique.

Si l’accroissement des superficies se poursuit au taux actuel, la production de cacao

marchand pourrait atteindre 3.222.446 tonnes en 2060. Cependant l’effet combiné de la

raréfaction des forêts exploitables et la diminution de la pluviosité pourrait à long terme

plafonner la production en dessous de 2 millions de tonnes/an de cacao marchand. La

régénération des vieilles cacaoyères en utilisant les nouvelles techniques de replantation

(replantation totale, partielle ou progressive, sélective ou arbre par arbre, sous vieux

cacaoyers, ou sous couvert d’anacardiers) permettant aux rendements de passer de 450

kg/ha/an à 735 kg/ha/an puis 900 kg/ha/an et même atteindre 1 à 1,5 tonnes/ha/an

pourrait être la solution au plafonnement éventuel de la production du cacao.

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37

Figure 21. Evolution des Superficies de cacaoyers et de la production de fèves en Côte

d’Ivoire de 1990 à 2011 et les estimations pour 2060 et 2110

CAFE (Coffee)

Le caféier est un arbuste à feuillage persistant de la famille des Rubiacées et d’origine

africaine. Plus d’une centaine d’espèces mais 2 sont cultivées : Coffea arabica et Coffea

canephora. Le caféier arabica est principalement cultivé en Amérique Centrale et du Sud ;

alors que le caféier robusta de l’espèce Coffea canephora est plus largement cultivé en

Afrique Tropicale et en Asie (Figure 22). Les températures moyennes favorables se situent

entre 22 et 26 °C. Le caféier prospère bien dans les régions où les précipitations atteignent

1500 à 1800 mm/an avec un régime comportant quelques mois de sécheresse

correspondant à la période de repos végétatif précédant la grande floraison. En dessous de

800 à 1000 mm/an de précipitations, la caféiculture devient aléatoire et la productivité

fluctuante. C’est une des raisons du remplacement du caféier par l’anacardier dans la Zone

Agroclimatique 3 (Bondoukou, Bouaké).

Figure 22. Verger de Caféiers en fleurs et séchage des fruits sur claie

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38

La caféiculture en Côte d’Ivoire est constituée de petites exploitations caractérisées par une

taille qui varie entre 1,5 et 5 ha, par des rendements faibles (0,35 tonne/ha de café

marchand) et par une production sujette à de fortes fluctuations annuelles du fait d’un repos

végétatif très marqué. Cependant, un rendement moyen de 2 à 3 tonnes/ha obtenu en

station avec des variétés de Robusta aurait pu permettre d’atteindre en milieu paysan des

rendements de 1 à 1,5 tonne/ha.

Figure 23: Evolution des superficies de caféiers et de la production de café de 1990 à 2011

et la projection de la production à l’horizon 2025

La production annuelle de café en Côte d’Ivoire, après s’être située plus d’une décennie

entre 250.000 et 300.000 tonnes, a atteint une valeur de 380.000 tonnes en 2000 avant de

baisser jusqu’à 64.000 tonnes en 2008 et même 32.000 tonnes en 2011 suite à une grave

crise entraînant un net déclin de la production (Figure 23). Cette situation s’explique par : le

vieillissement et une conduite extensive du verger ; une faible pluviométrie causant un

important déficit hydrique ; un désintérêt des producteurs de café au profit du cacao en

raison de son prix de vente plus élevé et de ses itinéraires techniques moins contraignants,

et surtout de l’effondrement du prix de vente du café descendu, à un moment donné, à 50 F

CFA/kg bord champ. La situation la plus critique est le remplacement des vergers de

caféiers par de nouvelles plantations d’hévéa, de palmiers à huile et même d’anacardiers

surtout dans l’Est du pays.

Si aucune mesure vigoureuse n’est prise pour réhabiliter les anciens vergers de caféiers ou

en créer de nouveaux, la production de café va totalement disparaitre dans moins de 20 ans

c’est-à-dire vers 2030.

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39

PALMIER A HUILE (Oil Palm)

Le palmier à huile est une monocotylédone arborescente. De la famille des Palmacées, le

genre Elaeis renferme de nombreuses espèces dont deux ont un intérêt économique : -

Elaeis guineensis JAC originaire d’Afrique et - Elaeis oleifera originaire d’Amérique.

Le palmier à huile est une plante de lumière à croissance et production continues avec des

contraintes climatiques particulières (Figure 24). La production optimale n’est obtenue que

dans des situations de pluviométrie (1.800 mm/an, soit 150 m/mois), de température

(moyenne de 26°C), d’humidité relative (HR>75%) et d’ensoleillement (2.000 heures/an soit

165 heures/mois) aussi proches que possible de l’optimum pendant toute l’année. Tout

écart par rapport aux conditions optimales entraîne une baisse de production (Surre et

Coomans, 1972 ; Yao et al, 1995 ; Koné, 2010). Le palmier à huile est plastique par rapport

aux sols. Il demande néanmoins des sols profonds ; meubles et perméables.

L’augmentation du déficit hydrique suite à la diminution de la pluviométrie est une menace

pour l’industrie éléicole de la Côte d’Ivoire.

La production nationale de régimes de palme a évolué entre 993.000 tonnes/an et 1.855.000

tonnes/an avec une forte perturbation entre 2001 et 2003 liée à la crise politico-militaire

(Figure 25). A partir de 2005 il y’a eu une forte croissance de la production associée à

l’entrée en production de nouvelles plantations. La production des plantations industrielles

couvre sensiblement la moitié de la production totale (Figure 25). Au moment où les

conditions climatiques semblent devenir défavorables, de nombreuses plantations

villageoises sont de plus en plus créées dans les forêts sèches de l’intérieur du pays

compensant la chute de production liée à l’augmentation actuelle du déficit hydrique. La

projection des productions en 2060 et 2110 donne respectivement 2.700.000 de tonnes et

plus de 4.000.000 de tonnes de régimes.

Figure 24. Parcelle de palmiers à huile et régimes de palme murs

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40

Figure 25. Evolution de la Production de Régimes de palme en Côte d’Ivoire de 1990 à 2011

et son estimation en 2060 et 2110

COTON (Cotton)

Historiquement, les populations du nord et du centre de la Côte d’Ivoire, utilisaient le

cotonnier comme culture secondaire et employaient le coton pour leurs activités de litage et

de tissage. Le cotonnier (Gossypium hirsutum L. et Gossypium barbadense), de la famille des

Malvacées, est une plante arbustive, pluriannuelle (Figure 26). Sa racine pivotante et

ramifiée peut atteindre 2 m de profondeur. Le cotonnier est une plante de lumière et des

pays chauds. Si l’optimum de température pour la germination des graines est de 33 °C, celle

de la maturité se situe à 26 °C. Le cotonnier demande 600 à 800 mm d’eau durant la durée

de son cycle végétatif, mais sa répartition est beaucoup plus importante car les besoins sont

plus élevés entre le début de la floraison et l’ouverture des capsules. Dès que les capsules

arrivent à maturité, il faut une période sèche aussi parfaite que possible.

Les variétés locales de cotonniers sont de l’espèce Gossypium barbadense. La recherche a

successivement développé la variété Mono puis Allen. Cette dernière variété, bien que

associée aux cultures vivrières, donne de bons rendements d’un coton à fibre longue et donc

facilement exportable. La culture du cotonnier en Côte d’Ivoire, essentiellement pluviale, est

pratiquée par des petits exploitants individuels. Elle concerne 150.000 planteurs chaque

année dans plus de 4.000 villages. La production ivoirienne de coton graine a augmenté très

rapidement sous l’effet de l’accroissement du rendement (600 kg/ha en 1960 à 1.450 kg/ha

en 1984) et des superficies, atteignant 400.000 tonnes en 2000. Mais, elle a

progressivement chuté pendant la période de crise sociopolitique de 2002 à 2011 avec une

production de 120.000 tonnes en 2008 avant de remonter à 250.000 tonnes en 2011 (Figure

27).

0

1000000

2000000

3000000

4000000

5000000

2010 2060 2110

Régimes (Tonnes)

Régimes (Tonnes)

A

Pro

du

ctio

n d

e ré

gim

es

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41

Figure 26. Champ de cotonniers et du coton sur tige

Le coton constitue le pivot d’un ensemble cultural comprenant le coton en culture pure en

rotation avec le riz, le maïs, l’arachide, le mil, le sorgho. Le rendement moyen de ces vivriers

est plus élevé grâce à l’effet résiduel des engrais appliqués au cotonnier. Le coton dans le

nord du pays est appelé l’or blanc à cause de sa contribution dans le revenu des populations

des régions de savanes.

Figure 27. Evolution de la production de coton graine en Côte d’Ivoire de 1990 à 2011

HEVEA (Hevea)

De la famille des Euphorbiacées, l’hévéa (Hevea brasiliensis L.) est un arbre de forêt qui peut

atteindre 25 à 30 m de hauteur (Figure 28). Il se développe en milieu équatorial ou tropical

humide avec une température moyenne annuelle de 25°C, une pluviosité moyenne annuelle

de 1.500 mm, une bonne capacité de rétention des sols, un ensoleillement élevé et des sols

humifères et profonds.

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42

L’hévéa a été introduit en Côte d’Ivoire en 1955 mais avant, l’extraction de caoutchouc se

faisait sur des lianes telles Landolphia heudelotii et Funtumia elastica ou d’autres essences

laticifères comme le Ficus vogelii. L’exploitation de l’hévéa a débuté en 1961 avec la mise en

saignée des arbres plantés en 1956 par la SAPH (Société Africaine de Plantation d’Hévéa) et

la CCP (Compagnie du Caoutchouc du Pakidié).

Les plantations d’hévéa qui étaient au départ créées dans la zone forestière côtière se

retrouvent aujourd’hui dans toute la moitié Sud du pays, dans des zones climatiquement

marginales dont la pluviométrie est souvent inférieure à 1.200 mm/an.

Figure 28. Parcelle d’hévéa et le système de collecte du latex

La production de caoutchouc naturel a régulièrement augmenté depuis 1995 passant de

64.000 tonnes à 287.000 tonnes en 2011 (Figure 29) avec très peu de fluctuation sauf en

2002 et 2003. L’accroissement constant des superficies ne permet pas de déceler l’impact de

l’augmentation du déficit hydrique sur la production nationale. Si cette tendance continue la

production de caoutchouc naturel pourrait avoisiner le million de tonnes de caoutchouc

naturel en 2060 et près de 3.500.000 tonnes en 2110.

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43

Figure 29. Evolution des Superficies d’hévéa (ha) et de la Production de caoutchouc

(Tonnes) de 1990 à 2011 et la projection (Tonnes) en 2060 et 2110

ANACARDE (Cashew)

De la famille des Anacardiacées, l’anacardier (Anacardium occidentale), appelé aussi

pommier de cajou, est un arbuste cultivé pour ses fruits à pulpe connus sous le nom de

pomme-cajou ou a anacarde (Figure 30). L’anacardier est une plante qui demande peu de

soins, s’adapte à tous les climats et fructifie au bout de 2 à 3 ans. L’anacardier accepte des

pluviosités de 500 à 4.000 mm/an ; mais en production de fruits il faut au moins 1.000

mm/an et 5 mois de pluies. Il supporte les fortes chaleurs mais est sensible aux basses

températures.

Introduit en Côte d’Ivoire vers 1957, l’anacardier a surtout servi au départ à faire du

reboisement dans les régions de savanes du Nord et du Centre du pays. A partir de 1972, les

noix de cajou sont achetées et exportées vers l’Inde. Avec la disparition des vergers de

caféiers et de cacaoyers des forêts sèches de l’intérieur du pays, l’anacardier s’est étendu

vers le Sud prenant la place laissée par le café et le cacao. Les vergers existants sont très

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hétérogènes avec de très fortes densités de population. Les techniques de culture sont mal

maitrisées et les parcelles mal-entretenues. Les producteurs sont composés d’une multitude

de petits planteurs qui ne sont pas regroupés en coopératives. Les quantités de noix

exportées se sont accrues très rapidement atteignant 400.000 tonnes en 2011 (Figure 31).

Figure 30. Anacardier en fleurs et pommes de cajou

Figure 31. Evolution de la production de noix de cajou en Côte d’Ivoire de 1990 à 2011

CANNE A SUCRE (Sugar cane)

De la famille des Graminées et originaire de l’Inde, la canne à sucre est cultivée pour ses

tiges qui contiennent un jus sucré dont on tire le sucre (Figure 32). Le genre Saccharum

comprend 6 espèces. La canne à sucre (Saccharum officinarum) est une plante des régions

y = -1,549x5 + 79,60x4 - 1392,x3 + 10719x2 -29873x + 30445

R² = 0,992

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

350000

400000

450000

NOIX DE CAJOUNOIX DE CAJOU

Poly. (NOIX DE CAJOU)

ANNEE

Pro

du

ctio

n(T

on

ne

s)

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tropicales ensoleillées qui supporte des températures élevées. Les températures optimales

varient entre 26 et 33 °C. Les besoins en eau au stade végétatif sont de 100 à 170 mm/mois

suivant les conditions climatiques soit 1000 à 2000 m/an avec une saison sèche marquée de

4 à 5 mois. La canne craint les vents forts et desséchants. En général, la culture de la canne

dure 4 à 8 ans. Les rendements sont de 100 tonnes/ha pour la canne vierge irriguée de 12

mois, 150 tonnes/ha pour la canne vierge irriguée de 18 mois. En culture industrielle sèche,

le rendement moyen économique est de 65 tonnes/ha.

Introduite en côte d’Ivoire en 1900, le développement de la culture de la canne à sucre a

véritablement commencé en 1971 avec la création d la SODESUCRE. De 1974 à 1980 la Côte

d’Ivoire a créé et doté d’usines 6 complexes agroindustriels sucriers (Ferké I, Ferké II,

Borotou-Koro, Sérébou-Comoé, Katiola-Marabadiassa et Zuenoula. Les superficies ont

augmenté rapidement atteignant 30.000 ha avec une production de sucre dépassant

186.600 tonnes en 1982/83. Par la suite, Sérébou et Katiola ont fermé et les superficies et la

production ont régulièrement baissé à 108.700 tonnes de sucre en 1997/98. De 1990 à 2009,

la production totale de cannes sur l’ensemble des Complexes sucriers a fluctué entre

1.081.130 tonnes en 1998 et 1.849.142 tonnes en 2009. Les crises politico-militaires ont

entraîné des chutes de production (Figure 33).

Des plantations villageoises ont été créées autour des complexes sucriers de Borotou,

Zuenoula, Ferké I et Ferké II et ont permis d’installer plus de 1000 planteurs en 1999/2000

sur 1500 ha.

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46

Figure 32. Parcelle de canne à sucre Figure 33. Production et Superficie de canne

ROCOU

Le rocou est une teinture alimentaire rouge orangée obtenue à partir de la graine du

rocouyer (Bixa orellana), arbuste de 4 à 5 m de hauteur (Figure 34) de la famille des

Bixacées. La culture du rocouyer, malgré l’absence d’un programme national de

développement, connaît un essor remarquable dans plusieurs régions du pays notamment à

Tanda où la production est surtout écoulée vers le Ghana voisin. Le rocouyer souvent utilisé

comme haie vive se développe dans des milieux écologiquement différents et s’adapte bien

aux climats à 4 saisons caractéristiques de la zone forestière de la Côte d’Ivoire. C’est une

plante à croissance rapide qui rentre en production seulement après une année.

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47

Les paysans ont développé la culture du rocouyer en remplacement du caféier et du

cacaoyer dans des régions de plus en plus climatiquement défavorables à ces cultures

traditionnelles comme c’est le cas dans la région de Tanda. Les planteurs semblent s’occuper

réellement de la récolte du rocou quand les prix sont élevés. Ainsi dans le département de

Tanda par exemple la production de rocou a varié entre 707 et 7.463 tonnes entre 2005 et

2011 (Figure 35) et semble relativement liée au prix d’achat (Tableau 4).

Figure 34. Rocouyer portant des gousses et grains de rocou

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

8000

Rocou (Tonnes)

Prix (F CFA)

ANNEE

Pro

du

ctio

nd

eR

oco

u(T

on

nes

)

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48

Figure 35. Evolution de la production et du prix du rocou dans le département de Tanda

Tableau 4. Corrélations entre le prix et la production de quelques produits de rente

Corrélations de Pearson

Café T Café P Cacao T Cacao P Cajou T Cajou P Rocou T Rocou P

Café (Tonnes)

1

Café Prix 0,135 1

Cacao (Tonnes)

0,424 -0,284 1

Cacao Prix -0,786 -0,675 -0,154 1

Cajou (Tonnes)

-0,376 -0,278 0,424 0,501 1

Cajou Prix -0,519 -0,116 -0,558 0,609 0,145 1

Rocou (Tonnes)

-0,486 0,018 -0,696 0,462 -0,214 0,918** 1

Rocou Prix -0,714 -0,193 -0,574 0,755 0,204 0,966** 0,898

* 1

**. Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed).

*. Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed).

MANGUE (Mango)

Originaire d’Indo-Malaisie et introduit au début du XXème siècle en Afrique de l’Ouest, le

manguier (Mangifera indica) qui est de la famille des anacardiacées, se retrouve dans tout le

paysage local en Côte d’Ivoire (Figure 36). Le manguier traditionnel peut atteindre 30 m de

haut avec des fruits petits et fibreux. Les variétés issues de greffage sont généralement de

petite taille et donnent des fruits plus volumineux (Figure 36). La croissance du manguier

demande une pluviométrie minimale de 1.000 à 1.200 mm/an. Une saison sèche de 4 à 6

mois avec moins de 60 mm/mois de pluie favorise la production. La floraison a lieu en saison

sèche après une courte pluie. Une bonne insolation à maturité améliore la couleur et le

parfum du fruit. Le manguier aime les sols sablo-limoneux bien drainés.

L’exploitation des manguiers régie au départ par le système de cueillette est de plus en plus

considérée comme une culture de diversification avec l’exportation des mangues vers le

marché européen. Le manguier est surtout cultivé dans la zone Nord de la Côte d’Ivoire où

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49

les conditions climatiques naturelles se prêtent à ses exigences, particulièrement autour de

Korhogo et Ferkéssédougou.

La production de mangues en Côte d’Ivoire est faite pour les ¾ par des petits producteurs

dont les superficies varient entre 2 et 3 ha. La tendance actuelle est à la plantation des

variétés Keitt et Kent qui s’exportent bien et bénéficient d’une forte demande sur le marché

intérieur. La récolte de mangue s’étale sur 5 mois allant de mars à juillet grâce à une gamme

variée de variétés. La production de mangues de 2000 à 2010 a varié 25.000 à 45.000

tonnes (Figure 37) sur une superficie de 5.000 à 7.000 ha. La majeure partie des vergers se

situe aux environs des grandes villes et gros villages et le long des axes routiers ou des pistes

praticables. La densité de plantation varie entre 100 et 200 arbres/ha. Les rendements

varient entre 10 et 20 tonnes/ha. L’exportation des mangues vers l’Union Européenne a

augmenté très fortement dans les années 1990 à 1999 faisant de la Côte d’Ivoire le

deuxième exportateur africain de mangues sur le marché européen après l’Afrique du Sud.

Pour accroître les quantités exportées, il faut satisfaire des normes de qualité de plus en plus

rigoureuses : caractéristiques variétales, fruits colorés, calibrage, homogénéité, état de

maturation et délais de livraison. Les conditions climatiques défavorables entrainent une

baisse de la production.

Figure 36. Un manguier local portant des fruits et des mangues greffées mûres

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50

Figure 37. Evolution des productions de Mangues, Papayes et Avocats en Côte d’Ivoire de

2001 à 2011

Page 51: Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements … · 2020-01-01 · diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

51

Tableau 5. Corrélations de PEARSON entre la pluviométrie des zones agroclimatiques et les productions de rente en Côte d’Ivoire

Abidjan Gagnoa Bondoukou Korhogo Cacao Café Palme Caoutchouc Canne Coton Cajou Coco Karité Cola

Abidjan Pluie 1

Gagnoa Pluie 0,02 1

Bondoukou Pluie 0,25 0,08 1

Korhogo Pluie 0,01 -0,26 0,01 1

Fèves de Cacao 0,16 0,27 -0,13 -0,16 1

Cerises de Café -0,19 -0,51* -0,42 -0,11 -0,24 1

Régimes de Palme 0,15 0,45* 0,20 0,24 0,39 -0,49

* 1

Caoutchouc 0,25 0,58** 0,07 -0,29 0,77

** -0,55

** 0,80

** 1

Canne à Sucre 0,06 0,21 -0,01 -0,62* 0,48

* -0,04 0,53

* 0,66

** 1

Coton Graine -0,41 -0,36 -0,29 -0,30 0,16 0,35 -0,38 -0,31 -0,01 1

Noix de Cajou 0,25 0,62** 0,15 -0,35 0,56

** -0,57

** 0,85

** 0,97

** 0,65

** -0,48

* 1

Noix de Coco -0,01 0,39 -0,14 -0,46 0,78** -0,13 0,15 0,50

* 0,56* 0,30 0,36 1

Noix de Karité 0,05 0,36 -0,01 0,02 0,65** 0,01 0,39 0,53

* 0,27 0,12 0,45

* 0,50

* 1

Noix de Cola -0,06 -0,71** -0,23 0,88 0,08 0,56 -0,21 -0,38 0,46 0,69

* -0,37 0,14 0,70

* 1

** Corrélation de Pearson significative à la probabilité de 0,01

* Corrélation de Pearson significative à la probabilité de 0,05

La pluviométrie de la Zone agroclimatique 2 comprenant Gagnoa et Abengourou a les meilleures corrélations avec les productions des cultures

de rente en Côte d’Ivoire.

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52

PRODUITS VIVRIERS (Food Crops)

Figure 38. Pourcentage de paysans produisant les cultures vivrières

Les principales cultures vivrières pratiquées par la majorité des populations paysannes des

localités de Côte d’Ivoire étudiées sont l’igname, le manioc, la banane plantain, le maïs, le

riz, le taro, le mil, le sorgho et l’arachide (Figure 38).

IGNAME (Yam)

Par son extension géographique et le volume de sa production (6.000.000 tonnes en 2010),

l’igname occupe le premier rang au sein des vivriers en Côte d’Ivoire. De la famille des

Convolvulacées, les ignames appartiennent au genre Dioscorea qui comprend plus de 600

espèces dont seules 10 sont cultivées. La plante est exigeante en eau dans les 5 premiers

mois de la culture avec 400 mm entre les 14ème et 20ème semaines de végétation. Les

meilleurs rendements sont obtenus avec une pluviométrie annuelle de 1.500 mm, une

température moyenne de 23 à 25°C. La récolte intervient 9 mois après plantation avec un

rendement qui peut atteindre les 20 tonnes/ha.

Les ignames précoces, particulièrement adaptées à la zone de savane et gustativement

recherchées, appartiennent à l’espèce Dioscorea cayenensis rotundata d’origine africaine

(Figure 39). Elles donnent deux récoltes par an. Les ignames tardives de l’espèce Dioscorea

alata, d’origine asiatique donnent une seule récolte par an. D. alata occupe une place

importante en termes de superficies cultivées et de production d’igname.

0

20

40

60

80

100

120

Abidjan

Soubré

Gagnoa

Abengourou

Bondoukou

Bouaké

Korhogo

Ferké

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Les variétés les plus répandues en Côte d’Ivoire sont Kponan, Krenglè et Lokpa (D.

cayenensis rotundata) et Florido et Bètè-bètè (D. alata).

Les régions du centre, du nord-est et du nord constituent le bassin de production de

l’igname en Côte d’Ivoire. Lokpa englobe généralement toutes les variétés précoces à deux

récoltes. Lopka comme Kponan est décrite comme l’igname de soudure car elle met fin à

une période de pénurie. La première récolte fournit une igname immature et a lieu fin juin-

juillet pour le Kponan et septembre pour le Lopka, le tubercule de la deuxième récolte est

utilisé comme semence.

L’igname est le centre d’un système de culture incluant d’autres cultures vivrières (taro,

maïs, manioc, piment, gombo, aubergine, tomate, ananas) et même avec des cultures

pérennes (cacaoyer, caféier, anacardier). Cette association culturale offre plusieurs

avantages : - une couverture maximale de l’espace qui réduit l’érosion et l’enherbement ; -

des cultures diversement affectées par les perturbations climatiques conduisant à une

production globale supérieure à celle qui aurait été obtenue en culture pure. De 3.122.822

tonnes e 1990, la production ivoirienne d’igname a évolué pour atteindre 6.000.000 tonnes

en 2008 (Figure 40).

La durée de conservation des variétés de l’espèce D. cayenensis rotundata est généralement

courte et ce sont principalement les semences qui sont stockées. Les méthodes

traditionnelles de conservation utilisées en Côte d’Ivoire ont été étudiées et répertoriées par

différents auteurs (Koné, 1983 ; Serpentie, 1982 ; Deferne, 1984 ; Girardin et al, 1996). Les

méthodes les plus fréquentes sont : la conservation en buttes, en fosses, en tas, sur plates-

formes, sur claies verticales (Figure 40) et en paillotes. Les paillotes sont spécifiques au nord

de la Côte d’Ivoire alors que la claie communément appelée grange à igname est la méthode

de conservation la plus efficace et la plus répandue.

L’augmentation de la durée des saisons sèches et l’apparition de périodes sèches (dry spells)

affectent significativement la mise en place des cultures d’igname et réduit les rendements.

Le changement climatique est tel qu’au nord-est l’igname précoce Krenglè autrefois utilisée

dans les rituelles lors de la fête des ignames en septembre n’est souvent pas disponible et le

Kponan acheté sur le marché est alors utilisé. Ceci est dû au retard de plus en plus important

pris dans la mise en place des cultures suite au décalage du début de la saison des pluies.

L’incertitude est telle que souvent la production d’igname de toute une zone est nul et les

paysans sont obligés d’aller de village à village à la recherche de semences.

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54

Figure 39. Champ d’igname et claie verticale de conservation de l’igname

Figure 40: Evolution des Superficies (ha) et des Productions d’Igname en Côte d’Ivoire de

1990 à 2011 et la projection en 2060 et 2110

MANIOC (Cassava)

De la famille des Euphorbiacées, le manioc est une plante (Figure 41) d’une grande plasticité

sur le plan climatique et pédologique. On le retrouve donc largement répandu dans le pays

avec une prédominance en zone forestière. L’optimum de rendement est obtenu avec des

pluies annuelles de 1.200 à 1.500 mm, une température moyenne entre 23 et 24°C et une

saison sèche de 2 à 3 mois. Le sol idéal pour la culture de manioc est sablo-argileux, profond,

bien drainé. La récolte intervient à 10-12 mois pour le manioc en légume frais et à 18-24

mois pour la féculerie.

Le manioc est au centre d’un système de culture où il est associé avec les céréales (maïs)

dans l’Ouest et l’igname, la banane plantain et les légumes dans le Centre et l’Est. La

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productivité du manioc chute fortement en passant de la zone forestière (12 tonnes/an) à la

zone de savane (4 tonnes/an).

Deuxième production vivrière en Côte d’Ivoire (plus de 2.500.000 tonnes) après l’igname et

devant la banane plantain, le manioc (Manihot esculenta Crantz) constitue autant un

aliment de base qu’une culture de rente. Le manioc est la culture ivoirienne qui fournit la

plus grande variété de produits alimentaires, parmi lesquels figure l’attiéké. Dans les zones

rurales, le manioc constitue un aliment de soudure qui intervient quand il n’y a plus

d’igname, de banane plantain, de riz ou de maïs. La production qui était de 1.393.000 tonnes

en 1990 est passée à 2.539.000 tonnes en 2008 (Figure 42).

Le manioc est cultivé majoritairement par les femmes dans certaines régions comme à l’Est

du pays. Il est de plus en plus associé à la banane plantain et à l’igname dans la confection

des mets tels que le foutou.

Chez le manioc, le stock hydrique disponible dans le sol influence la vitesse d’émission et la

sénescence foliaires, la taille des feuilles et la production de matière sèche. L’efficience

hydrique (EH) suit les mouvements de la réserve hydrique utilisable avoisinant 1 g/kg d’eau

en période de sécheresse mais pouvant atteindre 8 g/kg d’eau en conditions hydriques

favorables, et avec un indice foliaire optimal de 3 (Yao et al, 1989). L’augmentation de la

sécheresse liée au changement climatique non seulement réduit les rendements mais

accroît les difficultés de récolte à cause de la dureté du sol.

Figure 41. Champ de manioc et tubercules de manioc

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56

Figure 42: Evolution des Superficies (ha) et des Productions de Manioc en Côte d’Ivoire de

1990 à 2011 et la projection en 2060 et 2110

BANANE PLANTAIN (Plantain)

Le bananier plantain (Musa acuminata L.) a connu un grand développement en Côte d’Ivoire

grâce à sa complantation avec le caféier et le cacaoyer en zone forestière (Figure 43). Les

besoins en eau du bananier sont couverts avec un régime pluviométrique de 125 à 150

mm/mois. La demande en eau d’environ 6 mm/jour est plus élevée en régions sèches et

chaudes ou en situation de vents forts. La température optimum est de 28 °C. Les vents

violents au- dessus de 60 km/h entrainent la casse et la chute des bananiers. Une

hygrométrie supérieure à 90% est très favorable au développement du bananier. Il réagit à

une période de sécheresse par un dépérissement plus ou moins accentué et cela a des

répercutions à long terme sur la production. Cependant, une inondation produit une

asphyxie du système racinaire entrainant le jaunissement suivi du pourrissement et de la

mort du bananier.

La récolte s’échelonne normalement sur toute l’année bien que l’on constate un déficit

saisonnier d’avril à septembre du fait de sa sensibilité au déficit hydrique. Avec une

production annuelle qui depuis 1998 fluctuent entre 1.500.000 et 1.700.000 tonnes, la

banane plantain est le troisième plus important vivrier de la Côte d’Ivoire en termes de

volume (Figure 44). La production ivoirienne de banane plantain au départ autoconsommée

à plus de 60%, fait de plus en plus l’objet d’un commerce interne entre les régions de

production et les centres urbains du pays. Aujourd’hui, la production est également

exportée vers les pays de la sous-région en particulier vers le Ghana et le Burkina Faso et à

l’international. Les productions attendues en 2060 et 2110 sont respectivement de

2.405.580 tonnes et 3.195.280 tonnes (Figure 45).

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57

Figure 43. Bananier plantain et régimes de banane plantain

Figure 44: Evolution des Superficies (ha) et des Productions de Banane Plantain en Côte

d’Ivoire de 1990 à 2011

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Figure 45. Evolution comparative des 3 grandes productions vivrières de la Côte d’Ivoire

TARO (Cocoyam)

De la famille des Aracées, il existe deux genres différents de taro : Colocasia antiquorum

originaire d’Inde et Xanthosima sagitifolium originaire d’Amérique. Le taro est une plante

rhizomateuse à tubercules (Figure 46). Il existe deux sortes de tubercules : la souche

principale et les petits tubercules latéraux. D’une manière générale, les Xanthosima sont

plus grands, plus hâtifs et plus productifs que les Colocasia. Ce sont des plantes de la zone

équatoriale humide avec une température moyenne variant entre 20 et 25°C et des sols

humides et légers. Le taro est une plante vivant à l’ombre ou mi-ombre et est très sensible à

la sécheresse.

Le taro est traditionnellement produit en culture de case ou en association avec le cacaoyer,

le caféier et le bananier plantain. On peut considérer sa récolte comme une production de

soudure ou un aliment occasionnel. Il représente néanmoins des surfaces assez importantes

en zone de forêt dans le Centre-Ouest, le Sud-Est et l’Est. La production nette annuelle ces

deux dernières décennies fluctue entre 51.000 et 81.000 tonnes (Figure 47). Les productions

de taro attendues en 2060 et 2110 sont respectivement de 77.990 tonnes et 89.772 tonnes.

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59

Figure 46. Plante de taro et tubercules de taro

Figure 47. Evolution des Superficies (ha) et de la Production de Taro en Côte d’Ivoire de

1990 à 2011 et la projection en 2060 et 2110

MAïS (Maize)

De la famille des graminées, le maïs (Zea mays L.) est la céréale la plus répandue en Côte

d’Ivoire (Figure 48). Il est exigeant en eau avec des besoins de 5,2 à 5,5 mm/jour avant la

floraison, 6 mm/jour pendant la floraison et 4 mm/jour après ; soit plus de 600 mm pour un

cycle de 120 jours. Il est présent dans toutes les zones rurales ; cependant, les grandes

régions productrices sont : le Nord, le Centre et le Centre-Ouest. Les périodes de culture

correspondent aux saisons des pluies ce qui donne la possibilité de 2 cycles dans certaines

régions du Sud. Généralement, les rendements en culture traditionnelle varient entre 500 et

800 kg/ha ; en station de 6 à 7 tonnes/ha et en culture intensive de 3 à 4 tonnes/ha. Les

rendements en Côte d’Ivoire peuvent varier entre 1,2 à 4,3 tonnes/ha selon les conditions du

milieu (Yeboua et, 1996).

L’importance du maïs sur le plan alimentaire est très inégale selon les régions. Consommé

plus volontiers en épi frais dans la zone côtière, il représente plus du tiers de la ration

calorique dans le Nord du pays, sous forme de farine servant à la fabrication du « tô ». On

l’utilise également dans la fabrication du « tchapalo », une boisson locale. D’autres

débouchés existent sous forme de farine panifiable, dans l’alimentation infantile et dans

l’alimentation animale, l’aviculture notamment.

Le maïs apparaît comme une culture de rente dans le Sud mais largement autoconsommée

dans le Nord. La consommation per capita est 4 fois plus élevée au Nord qu’au Sud. Le

niveau de la production annuelle a dépassé les 500.000 tonnes depuis 1992 grâce à la

diffusion de variétés à cycle intermédiaire (105-115 jours) telles CJB, Ferké 7928, Ferké 8128.

La diffusion de nouvelles variétés composites à haut potentiel a permis de palier la réduction

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60

de production liée aux irrégularités pluviométriques et de maintenir des chiffres de

production annuelle de 640.000 tonnes (Figures 49). Les productions de maïs attendues en

2060 et 2110 sont respectivement de 959.901 tonnes et 1.288.246 tonnes.

Figure 48. Culture intensive de maïs (Agnibilekro) et Association maïs-gombo

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61

Figure 49. Evolution des Superficies (ha) et des Productions (Tonnes) de maïs en Côte

d’Ivoire de 1990 à 2011 et la projection en 2060 et 2110

RIZ (Rice)

Il existe de nombreuses variétés de riz (CNRA, 2011) provenant essentiellement des espèces

Oryza glaberrima originaire d’Afrique et Oryza sativa originaire d’Asie (Figure 50). Elles sont

cultivées selon trois techniques : - la riziculture pluviale, de pratique ancestrale et la plus

importante avec plus de 90% des surfaces cultivées ; - la riziculture de bas-fonds ; - la

riziculture irriguée réalisée sur des périmètres aménagés, avec une maîtrise totale ou

partielle de l’eau, permettant la possibilité de deux cycles de cultures dans l’année et qui ne

représente qu’environ 5% des superficies emblavées.

La culture pluviale de riz nécessite 160 à 300 mm/mois d’eau soit 1.000 à1.800 mm pendant

tout le cycle. La floraison exige une humidité relative entre 70 et 80%. La température

optimale pour la production du riz varie entre 28 et 30°C et les températures supérieures à

40°C sont nuisibles. Le riz est plastique en ce qui concerne les sols.

Avec plus de 600.000 ha cultivés et une production annuelle de riz paddy variant entre

586.000 et 787.000 tonnes de 1990 à 2010, le riz constitue une des cultures vivrières les plus

importantes en Côte d’Ivoire (Figure 51). Aliment de base de la zone forestière de l’Ouest et

d’une partie de la zone de savane, le riz est un élément clé dans la réalisation de

l’autosuffisance alimentaire du pays. Sa consommation est devenue très importante dans les

centres urbains au détriment des féculents locaux que sont l’igname et le manioc, entraînant

un déficit de la production intérieure équivalent à près de 700.000 tonnes de riz blanchi,

comblé par les importations. Les besoins de la population ivoirienne sont estimés à

1.400.000 tonnes de riz blanchi. Les productions de riz attendues en 2060 et 2110 sont

respectivement de 1.053.269 tonnes et 1.410.799 tonnes.

L’étude de la communauté des producteurs en riziculture pluviale de la zone ouest d la Côte

d’Ivoire montre que celle-ci est composée à 96% de femmes, généralement mariées (70%) et

de plus 49 ans d’âge en moyenne. Les exploitants enquêtés utilisent la main d'œuvre

familiale sur de petites superficies cultivées en riz (1/2 ha ou moins pour ¾ des cas). Pour

60% des riziculteurs, il n’y a pas de financement de l’activité rizicole. Dans la majorité des

cas, le nombre moyen de variétés cultivées par rizière est rarement supérieur à 2 avec des

variétés de cycle végétatif moyen.

Les exploitants sont conscients des changements au niveau de la pluviométrie et de la

température. Ils estiment qu’il fait plus chaud et qu’il pleut moins par rapport au passé. Ils

affirment avoir constaté le glissement du début des pluies et une réduction de la durée de la

saison des pluies.

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62

Dans leur majorité les riziculteurs estiment que le changement climatique a un effet négatif

sur la production du riz pluvial car il occasionne une mauvaise levée qui nécessite de

resemer d’après deux exploitants sur trois. Le riz talle moins, souvent sèche sur pieds avant

l’épiaison et enfin de compte donne des rendements bas. Les riziculteurs pensent que

l’impact du changement climatique n’est pas uniforme sur toutes les variétés. Selon eux, les

variétés à cycle court sont les plus touchées par rapport aux cycles moyen et long. Dans leur

perception, plus le cycle du riz est long moins il est touché par les perturbations climatiques.

La première stratégie d’adaptation pour 70% des exploitants est de procéder à des semis

tardifs pour coïncider avec le démarrage tardif des pluies. La deuxième stratégie pour 2/3

des exploitants est de diversifier leur production par l’introduction de nouvelles cultures

telles le manioc (40%), le maïs (22%), l’igname (15%) et la banane plantain (13%). Ils

associent également dans de très faibles proportions, le cacao, l’hévéa et le palmier à huile.

La troisième stratégie est l’abandon pur et simple pour les personnes vulnérables de plus de

de 54 ans d’âge moyen (CNRA, 2011).

Figure 50. Champ de riz et riz paddy

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63

Figure 51. Evolution des Superficies (ha) et des Productions (Tonnes) de Riz Paddy en Côte

d’Ivoire de 1990 à 2011

Figure 52. Projection de la production de riz paddy (Tonnes) de la Côte d’Ivoire en 2060 et

2110

SORGHO (Sorghum), MIL (Pearl Millet) et FONIO

Principalement cultivées en zone de savane, le sorgho, le mil et le fonio sont de la famille des

Graminées. Ces trois céréales ont une importance économique et alimentaire limitée aux

départements du septentrion de la Côte d’Ivoire. Le mil (Pennisetum typhoïdes) et le sorgho

(Sorghum bicolor L. ; Sorghum vulgare) sont le plus souvent cultivés en association avec le

maïs sur près d’un tiers des surfaces. Dans un cas sur cinq on les trouve exploités en culture

pure alors que pour le fonio ceci constitue une pratique généralisée.

0

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

800000

900000

Riz (Tonnes)

Riz (ha)

ANNEEPro

du

ctio

n (

Ton

nes

) /

Sup

erfi

cies

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64

De nombreuses variétés de sorgho sont photosensibles et sont de jours courts comme les

variétés candatum et guineensis. Les besoins en eau du sorgho sont 20% moins que ceux du

maïs et la consommation en eau d’une culture de sorgho varie entre 550 et 600 mm.

La température moyenne pour le développement du mil est de 28°C. Son cycle végétatif est

court (60 à 90 jours) et atteint rarement 120 jours. Le mil a un faible besoin en eau. Ainsi 200

mm d’eau suffisent parfois pour boucler le cycle ; mais les besoins optimum varient entre

400 et 700 mm. Les pluies de plus de 1.200 mm entrainent le développement du charbon.

Les variétés locales de sorgho ont des rendements de 910 kg/ha comparativement à la

variété améliorée Framida qui donne 1.270 kg/ha et est résistante au striga, aux maladies et

aux insectes (Sivakumar, 1986).

Les rendements moyens du mil varient entre 600 et 800 kg/ha mais peuvent descendre à

300 kg/ha ou dépasser 1.500 kg/ha. Certaines variétés améliorées de mil donnent des

rendements qui varient entre 1.870 et 1.930 kg/ha.

Les productions ivoiriennes de sorgho et de mil sont strictement liées aux superficies

emblavées (Figures 53 et 54) et sont en croissance régulière atteignant 45.000 tonnes pour

le sorgho et le mil en 2010. Ces productions sont faiblement corrélées négativement avec la

pluviométrie de la zone productrice de Korhogo avec r2 = -0,186 pour le sorgho et -0,233

pour le mil. Les productions de sorgho et de mil attendues en 2060 et 2110 sont

respectivement de 78.288/65.578 tonnes et 116.536/88.683 tonnes (Figures 54, 55 et 56).

Figure 53: Champ de sorgho et champ d mil

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65

Figure 54. Evolution des superficies (ha) et des productions (Tonnes) de sorgho de 1990 à

2011 et la projection en 2060 et 2110

Figure 55. Evolution des superficies (ha) et des productions (Tonnes) de mil de 1990 à 2011

et la projection en 2060 et 210

Les productions de toutes les céréales (maïs, sorgho, mil, fonio) sauf le riz sont

significativement corrélées négativement à l’évapotranspiration potentielle de Korhogo dans

la zone nord du pays. Partout ailleurs, même s’il existe une faible corrélation elle n’est pas

significative (Tableau 6).

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66

Figure 56. Evolution comparative de la Projection de production des céréales en Côte

d’Ivoire

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67

Tableau 6. Corrélations de Pearson entre l’ETP et la Production des Céréales

Abidjan Gagnoa Bondoukou Korhogo Riz Sorgho Mil Fonio Maïs

Abidjan 1

Gagnoa 0,49 1

Bondoukou 0,41 0,81** 1

Korhogo -0,36 0,22 0,39 1

Riz -0,16 -0,40 0,01 0,32 1

Sorgho 0,60 0,09 0,01 -0,59 -0,49 1

Mil 0,58 -0,29 -0,26 -0,71* -0,01 0,78** 1

Fonio 0,54 0,03 -0,05 -0,61* -0,48 0,99** 0,79** 1

Maïs 0,44 -0,25 -0,15 -0,60 -0,11 0,89** 0,89** 0,91** 1

**. Corrélation très significative à la probabilité de 0,01 *. Corrélation significative à la probabilité de 0,05

ARACHIDE (Peanut, Groundnut)

L’arachide (Arachidis hypogaea L.) (Figure 57) est surtout cultivée dans les régions du Nord

et du Centre de la Côte d’Ivoire. L’arachide peut être récoltée sur un ou deux cycles de

culture selon le régime des pluies. Près de 40% de la superficie est consacrée à la culture

pure. Les associations les plus courantes se font avec les céréales à hautes tiges comme le

maïs, le mil et le sorgho. La complantation avec les féculents reste exceptionnelle. Le

rendement moyen de l’arachide en zones tropicales semi-arides est de 800 kg/ha ;

cependant en station certaines variétés peuvent donner 6.500 à 7.000 kg/ha.

Plusieurs facteurs climatiques dont la pluie, la température et le déficit de saturation

affectent la croissance et la production de l’arachide. L’arachide a de gros besoins en

chaleur. Ainsi, la température optimale va de 32 à 34°C pour la germination, de 15 à 45°C

pour le développement, de 24 à 33°C pour la croissance. L’arachide a besoin de 400 à 1200

mm d’eau pour boucler son cycle ; mais la dernière partie du cycle doit être sèche.

Le déficit pluviométrique ou la sécheresse vont impacter négativement la production de

l’arachide. L’excès d’eau après la maturation des gousses associé aux fortes températures

entraine également des pertes de production liées à la germination sous terre des graines et

au développement d’Aspergillus flavus L. (un champignon) qui va sécréter l’aflatoxine. En cas

de sécheresse sévère le rendement de l’arachide en culture pure peut passer de 3 tonnes/ha

à presqu’un rendement nul. En association avec le sorgho, le rendement de l’arachide passe

de 1,8 tonnes/ha à zéro quand celui du sorgho passe de 3 tonnes/ha à 1 tonne/ha (Willey et

al, 1986).

L’arachide est produite essentiellement par les zones de Bouaké, Katiola, Mankono,

Dabakala et Séguéla d’une part, et Korhogo, Boundiali et Odienné d’autre part. En 1997/98,

sa production annuelle a été de 145.000 tonnes ; mais à cause de la crise que la Côte d’Ivoire

a traversé, la production a chuté fortement est 90.000 tonnes. Les projections en 2060 et

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68

2110 donnent 130.000 et 180.000 tonnes (Figure 58). L’arachide est consommée sous forme

de graines crues, cuites ou grillées et sous forme de farine, de pâte ou d’huile incorporée

dans les sauces.

Figure 57. Champs d’arachide et gousses d’arachide

Figure 58. Evolution des Superficies (ha) et des Productions (Tonnes) d’arachide en Côte

d’Ivoire de 1990 à 2011 et la projection en 2060 et 2110

BANANE DOUCE (Banana)

La culture intensive de la banane dessert : Banane Corne (Musa corniculata), Banane Poyo

(Musa sinensis), Banane Gros Michel (Musa sapientum) (Figure 59), s’est surtout implantée

dans le Sud-Est du pays autour d’Abidjan. Cependant, la banane douce est généralement

associée au cacaoyer et caféier au cours des premières années de culture pour une

autoconsommation et la vente sur les marchés locaux. Pour l’exportation, la banane poyo

est la plus fréquemment cultivée pour sa grande résistance aux maladies et au transport.

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69

Son cycle végétatif est de 9 à 10 mois. La culture intensive de la banane dessert occupe une

superficie de 5.000 ha, essentiellement aux mains de gros et moyens exploitants de type

industriel. La production totale se situe autour de 200.000 tonnes/an (Figure 60).

Comme le bananier plantain, le bananier dessert est exigeant en eau, est très sensible au

déficit hydrique, à la sécheresse, aux vents violents, aux basses températures et aux

inondations. Les besoins en eau du bananier varient entre 120 et 150 mm/mois et au-delà

de 2 mois consécutifs déficitaires, l’irrigation est nécessaire.

Figure 59. Champ de bananiers dessert et régimes de bananes douces

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70

Figure 60. Evolution de la Production de Banane douce en Côte d’Ivoire de 1990 à 2011

ANANAS (Pineapple)

De la famille des Broméliacées, le genre Ananas comprend plusieurs espèces : Ananas

bracteatus, Ananas ananassoïdes, Ananas erectifolius, Ananas comosus. Toutes les variétés

ou cultivars utilisés proviennent de l’espèce Ananas comosus : Cayenne, Queen, Spanish et

Abacaxi. L’ananas est une plante herbacée pérenne à enracinement superficiel. La

température est le principal facteur qui agit sur le développement. La température optimale

se situe à 25°C avec une amplitude journalière de 12°C. L’ananas est peu exigeant en eau et

se développe bien dans les régions à pluviométrie annuelle de 1.200 à 1.500 mm. Une bonne

insolation est favorable au rendement et à la coloration. L’ananas s’adapte mieux aux sols

meubles, légers, bien aérés et perméables.

La production industrielle de l’ananas en Côte d’Ivoire s’est développée autour de trois

usines SALCI à Ono, SAFCO à Tiassalé et SIACA à Bonoua. La production des conserveries

s’est accrue régulièrement jusqu’en 1978 avec 182.000 tonnes d’ananas traité. De 1970 à

1983, la production exportée d’ananas frais a été multipliée par 6 avec 95.000 tonnes en

1983.

L’Organisation Centrale des Producteurs-Exportateurs d’Ananas et de Bananes (OCAB), créée

en 1992 suite à la libéralisation du marché européen organise les exportations et la mise en

marché des ananas frais et bananes. L’ananas est produit par environ 2.500 petits planteurs

généralement affiliés à des structures coopératives et par quelques planteurs industriels. Les

2 groupes assurent chacun 50% des exportations.

Les principales zones de production pour l’exportation sont l’Est du fleuve Comoé (Bassam,

Bonoua, Adiaké, Aboisso) où 70 à 80% de l’ananas est produit ainsi que les zones de Dabou,

Tiassalé, Azaguié et Agboville avec 20 à 30% de la production. Dans l’ensemble du pays et

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71

surtout dans la partie forestière l’ananas autoconsommé est associé aux cultures vivrières.

Les produits sont également vendus sur les marchés locaux.

La production totale se situe autour de 200.000 tonnes/an. La superficie occupée par la

culture pure d’ananas varie entre 15.000 et 16.000 ha et celle récoltée est de 5.000 ha. La

sécheresse sévère entraine une chute de rendement.

Figure 61. Parcelle d’ananas et fruits d’ananas

Figure 62. Evolution des Superficies et des Productions d’ananas en Côte d’Ivoire de 1990

à 2011

PATATE DOUCE (SWEET POTATO)

De la famille des Convolvulacées, la patate douce (Ipomea batatas) est une plante vivace

mais annuelle en culture. C’est une plante plastique cultivée aussi bien en zone tempérée

qu’en zone tropicale. Les besoins en eau sont de l’ordre de 600 mm pour un cycle de 120 à

210 jours. La température moyenne optimale varie entre 22 et 30°C. Aliment de soudure

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initialement limité au Nord et à l’Ouest, la patate douce est aujourd’hui cultivée dans

l’ensemble du pays. La production est d’environ 40.000 tonnes/an et est concentrée dans les

régions d’Odienné, Korhogo, Séguéla et Man. La patate douce est souvent cultivée en

association avec le manioc et le maïs.

Figure 63. Evolution des Superficies et des Productions de Patates douces de 1990 à 2011

CULTURES LEGUMIERES ET MARAICHERES

TOMATE (Tomato)

De la famille des Solanacées, la tomate (Lycopersicum esculentum) est une plante originaire

d’Amérique. Sa multiplication se fait par graine. Les températures optimales varient entre 13

et 20°C pour la nuit et entre 20 et 27°C pour le jour. Les besoins en eau de la culture sont de

5 mm/jour de la plantation à la floraison, puis 10 mm/jour de la floraison à la récolte. Les

meilleurs résultats sont obtenus pendant la saison sèche en irrigation.

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73

Figure 64. Fruits de tomate

OIGNON (Onion)

De la famille des Liliacées, l’oignon (Allium cepa), originaire d’Asie, s’est bien adapté dans la

zone soudano-sahélienne pour les variétés qui bulbent en condition de jours courts. Il est

pratiquement hors de la zone équatoriale sauf en altitude. En zone intertropicale, il faut des

jours de 12 – 13 heures pour déclencher la formation de bulbe.

Figure 65. Champ d’oignon

PIMENT (Pepper) et POIVRON (Sweet Pepper)

De la famille des Solanacées, le piment (Capsicum frutescens) et le poivron (Capsicum

annuum) sont des épices traditionnelles originaires d’Amérique. La plante est un petit

arbuste vivace qui se développe dans les régions à climat chaud et humide. La température

optimale de croissance varie entre 25 et 30°C. Les piments contiennent une petite quantité

d’huile essentielle à laquelle ils doivent leur odeur et un alcaloïde la Capsaicine à laquelle ils

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doivent leur saveur piquante et brûlante. Le piment comme le poivron sont récoltés soit en

vert ou rouge maturité (Figure 66). En culture pluviale, les rendements varient entre 300 et

1.100 kg/ha. En culture irriguée, le rendement peut dépasser les 7 tonnes/ha. Le poivron se

développe de plus en plus en savane durant la saison sèche pour l’exporter en contre)saison

vers le marché européen.

Figure 66. Fruits de piment et d’aubergine

Figure 67. Evolution des Productions maraichères en Côte d’Ivoire de 2000 à 2011

AUBERGINE (Eggplant)

De la famille des Solanacées, l’aubergine (Solanum melongena) doit être irriguée 1 à 2 fois

par semaine. La récolte des fruits intervient 2 mois après repiquage et pendant 2 à 3 mois

(Figure 66). La culture d’aubergine occupe le terrain pendant 4 à 5 mois et donne des

rendements de 15 à 40 tonnes/ha.

GOMBO (Okra)

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De la famille des Malvacées, le gombo (Hibiscus esculentus) est une plante annuelle de 50

cm à 1,5 m de hauteur qui résiste bien à la chaleur. Les fruits sont récoltés très jeunes

(Figure 68). L’irrigation pendant la saison sèche se fait 2 fois par semaine. La récolte

intervient 60 à 80 jours après le semis et dure 25 à 30 jours avec un rendement de 5

tonnes/ha.

La production ivoirienne de gombo a varié entre 92.000 et 142.500 tonnes de fruits frais de

2000 à 2011 (Figure 67 ; Tableau 20).

Figure 68. Parcelles de gombo (a) non fertilisée, (b) fertilisée et fruits de gombo.

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Abidjan Gagnoa Bondkou Korhogo Ananas Arachide Avocat Banane Plantain Fonio Igname Maïs Mangue Manioc Mil Papaye Patate Riz Sorgho Taro

Abidjan 1

Gagnoa 0,025 1

Bondoukou 0,253 0,080 1

Korhogo 0,009 -0,261 0,008 1

Ananas -0,085 -0,215 -0,112 -0,525 1

Arachide 0,382 0,403 0,156 -0,153 -0,647** 1

Avocat 0,668* -0,370 -0,256 -1,000** -0,035 0,383 1

Banane 0,144 0,391 -0,194 -0,149 0,088 0,221 -0,135 1

Plantain 0,232 0,149 -0,130 0,140 -0,127 0,425* 0,547 0,675** 1

Fonio 0,180 0,328 -0,008 -0,100 -0,576** 0,770** 0,166 0,657** 0,651** 1

Igname 0,144 0,540* -0,011 -0,101 -0,488* 0,626** -0,182 0,752** 0,652** 0,90** 1

Maïs 0,195 0,349 0,076 0,023 -0,326 0,559** -0,235 0,641** 0,669** 0,69** 0,853** 1

Mangue 0,481 0,268 0,407 .a -0,944** 0,862** 0,95** -0,339 0,122 0,83** 0,836** ,197 1

Manioc 0,281 0,429 0,011 0,023 -0,405 0,652** 0,095 0,743** 0,845** 0,90** 0,930** 0,81** 0,786** 1

Mil 0,359 0,324 0,198 -0,233 -0,663** 0,924** 0,248 0,104 0,304 0,77** 0,551** 0,45* 0,792** 0,560** 1

Papaye 0,327 0,485 0,451 1,000** -0,941** 0,838** -0,004 -0,300 -0,019 0,87** 0,840** 0,165 0,973** 0,843** 0,82** 1

Patate 0,204 0,032 -0,202 -0,091 0,023 0,226 0,315 0,684** 0,811** 0,60** 0,509* 0,452* -0,192 0,676** 0,270 -0,316 1

Riz 0,248 0,161 0,391 0,084 0,003 0,148 -0,334 -0,207 -0,292 -0,145 -0,033 0,184 0,415 -0,111 0,196 0,433 -0,368 1

Sorgho 0,318 0,423 0,060 -0,186 -0,513* 0,903** 0,251 0,564** 0,621** 0,92** 0,800** 0,71** 0,778** 0,830** 0,90** 0,801** 0,519* -0,007 1

Taro -0,142 0,097 0,279 -0,347 -0,431 0,245 0,128 -0,249 -0,333 0,243 0,157 -0,109 0,694* 0,031 0,372 0,717** -0,212 0,015 0,202 1

*. Corrélation significative à la probabilité de 0,05 **. Corrélation très significative à la probabilité de 0,01 a. n’a pu être calculée car au moins une des variables est constante.

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PRODUCTIONS ANIMALES ET HALIEUTIQUES

BETAILS (LIVESTOCK): Bovins (Cattle), Ovins (Sheep), Caprins (Goats), Porcins (Pigs)

Figure 69. Pourcentage de paysans menant une activité d’élevage ou une activité

forestière

Au cours de la décennie 2000- 2010 marquée notamment par l’occupation de la zone Nord du pays par la rébellion, le secteur de l’élevage a subi de très fortes perturbations qui ont freiné son élan. En dépit des investissements réalisés, depuis environ quatre décennies, le pays est un importateur net de viande. Le secteur des ressources animales contribue pour environ 2% au PIB national et joue un rôle important dans l'économie nationale en termes d'équilibre interrégional, de sécurité alimentaire, de gestion de l'espace et de création d'emplois.

Aujourd’hui il n’existe plus de ranch en tant que tel, ni de véritable structure d’encadrement pouvant assurer l’appui nécessaire aux éleveurs et aux potentiels candidats à l’élevage. Les stations de recherche-développement, notamment le ranch de la Marahoué et le Centre national Ovin de Béoumi, spécialisées dans la production de géniteurs et de matrices ont été détruites. Certaines fermes privées modernes à caractère industriel ont elles aussi été quasiment décimées, conduisant ainsi le pays dans une dépendance totale vis-à-vis de l’extérieur en matière de viande rouge. Les filières avicoles et porcines n’ont pas échappé aux aléas des crises successives à savoir la

grippe aviaire, la peste porcine africaine, les effets néfastes des importations massives de

volaille et de porcs congelés et la crise sociopolitique. Ces crises ont occasionné un

affaiblissement du potentiel de production.

Au niveau de la filière bétail-viande, plus de 95% des élevages sont de type traditionnel. La production bovine en 2006 était de 15 165 tonnes équivalent carcasse (tec) et 7 495 tec pour les petits ruminants. Les taux de couverture en 2006 sont de 25% pour la viande bovine et 64% pour les petits ruminants. En 2011, pour couvrir la demande nationale, le pays a importé 58% de viande de bovins et 32% de viande de petits ruminants. La production est de 23 825 tonnes équivalent lait. En 2006, Le taux de couverture des besoins est

0

10

20

30

40

50

60

Volaille

Bovin

Ovin

Porcin

Caprin

Halieutique

Forêt

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78

seulement de 10%. En 2011, le pays a importé 83% de laits et produits laitiers.

Figure 70. Evolution du Nombre d'Animaux en Côte d’Ivoire de 1990 à 20010

Figure 71. Ovins et caprins à Korobo un village du nord-est

En dehors de la peste porcine enregistrée en 1996 et ayant causé la chute de la population

porcine, les productions animales ont progressé à un rythme régulier mais faible en Côte

d’Ivoire. Cependant, la production de volailles a beaucoup fluctué malgré sa très forte

progression à partir de 2006 et cela à cause des différentes apparitions de la grippe aviaire.

L’industrie avicole reste la plus dynamique sur le territoire national (Annexes).

PRODUCTION DE VOLAILLES (POULTRY) ET D’ŒUFS (EGG PRODUCTION)

Au niveau de la filière avicole, la production est passée de moins d’une tonne de

viande de volaille moderne produite en 1960, à près de 16 873 tec de viande de volaille et

26 050 tonnes d’œufs en 2005. La production nationale est la principale source

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d’approvisionnement de nos marchés et assure environ 50 % des besoins de viande de

volaille et 100% pour les œufs.

Figure 72. Evolution du Nombre de volailles en Côte d’Ivoire de 1990 à 2010

Au niveau de la filière porcine, les approvisionnements proviennent des élevages

traditionnels (4.532 t), des élevages modernes (1.560 t) et des importations (23.786 t). En

2009, sur les 29.878 tonnes de viande et abats porcins mis sur le marché, 80% sont des

produits congelés importés à bas prix. Ces importations massives constituent un réel frein à

la promotion de la production locale.

PRODUCTIONS HALIEUTIQUES (PRODUCTION OF FISHERIES)

Le secteur des pêches et de l’aquaculture occupe une place stratégique dans l’économie ivoirienne au regard de la problématique de la sécurité alimentaire. Le poisson est en effet, la principale source de protéines animales du consommateur ivoirien (50%) et la consommation per capita se situe entre 11 et 14 kg/hab/an. La pêche procure près de 70 000 emplois directs et fait vivre plus de 400 000 personnes. La production de la pêche maritime est de 46 880 tonnes en 1997, celle de la pèche continentale et lagunaire de 20 000 tonnes. La demande nationale en produits halieutiques est forte et soutenue, mais, les eaux maritimes ivoiriennes sont naturellement pauvres, notamment en raison de l’étroitesse du plateau continental.

Durant les années 1990, la Côte d’Ivoire était la vitrine du développement de l’aquaculture en Afrique de l’Ouest, grâce aux résultats obtenus des projets appuyés par les partenaires techniques et financiers. Des opérateurs privés avaient même mis en place des élevages de

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poissons (Tilapia-Oréochromis niloticus) en cages dans les lagunes et l’Etat appuyait un programme en faveur de la pisciculture en milieu rural et même en milieu péri-urbain dans le Centre et le Nord du pays.

Mais depuis une décennie, la production de l’aquaculture ivoirienne a baissé de façon

drastique. Elle ne représente que 11% de celle de la pêche continentale. La production

aquacole a été fortement ébranlée par la crise sociopolitique, surtout dans les régions

Centre, Nord et Ouest où les fermes ont été abandonnées, le matériel d’exploitation et les

centres de production d’alevins pillés. La couverture des produits halieutiques, de 31% en

1999 est passée à 25% en 2010. Durant les 10 dernières années, les pisciculteurs n’ont

produit seulement que 1.200 t/an alors que le pays possède des sites aquacoles

considérables, dont 150.000 ha de lagunes, 350.000 ha de lacs et de nombreux bas-fonds

propices à l’implantation d’exploitations aquacoles à hauts rendements.

Figure 73. Evolution des Captures de Pêche en Côte d’Ivoire de 1990 à 2000

Les captures de pêche sont globalement décroissantes durant les deux dernières décennies. Les

Causes de la Baisse Constante des Captures de Pêche en Côte d’Ivoire sont nombreuses :

1 – La vétusté de la flottille (40 navires de pêche industrielle) 2 – Le rendement faible des chalutiers ivoiriens: 4881 kg/marée contre 9435 kg/marée pour les navires étrangers 3 – Le conflit d’occupation des zones de pêche (pêche industrielle côtière et artisanale) 4 – La proportion importante de juvéniles dans les prises de certains navires de pêche industrielle 5 – Le réchauffement des eaux de l’océan conduisant à une diminution de l’amplitude de l’Upwelling 6 – Le développement de la pêche illicite ou clandestine avec la crise depuis 2002 7 – La collecte inefficiente des données statistiques

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PRODUCTIONS FORESTIERES

Les résultats d’étude sur la déforestation en Afrique tropicale montrent que la Côte d’Ivoire

(90%) et le Nigeria (61%) détiennent les taux les plus importants (Yao, 2005). Si en 1900, la

Côte d’Ivoire disposait de 16 millions d’hectares de forêts denses humides et forêts denses

sèches confondues, ces massifs forestiers ont diminué très rapidement sous l’action de

l’exploitation de grumes d’essences nobles comme le sipo (Entandrophragma utile),

l’assamela (Periscopsis elata), l’iroko (Chlorophora africana L.), l’acajou (Kahya ivorensis L.)

etc. ; de l’agriculture itinérante sur brulis ; le surpâturage et la dégradation de

l’environnement liée au changement climatique et aux feux de brousse.

Ainsi les superficies forestières ivoiriennes sont passées successivement à 12 millions d’ha en

1955, 9 millions en 1966, 7 millions en 1970, 6 millions en 1987, 2,5 millions en 2000, moins

de 2 millions en 2005 (Figure 74). La déforestation est ralentie mais demeure largement

supérieure à la régénération naturelle de la forêt (Ohouo, 2011).

Figure 74 : Evolution de la couverture forestière ivoirienne de 1 900 à 2005 (MINEEF, 2009)

Le zonage agroclimatique de quelques essences de reboisement (Figure 75) montre que les

zones actuelles favorables sont très réduites par rapport aux zones phytogéographiques

naturelles (Ohouo, 2011) et ceci est dû à la réduction de la pluviométrie d’une part et à la

durée de plus en plus grande de la saison sèche d’autre part.

02468

1012141618

superficie en millions d'ha

Années

Su

per

fici

e en

mil

lio

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d’h

a

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82

Figure 75. Zonage agroclimatique du Samba (Triplochiton scleroxylon)

Tableau 23. Situation des Productions du bois en Côte d’Ivoire

Spéculations Tendance Volumes (m3

/an)

Grumes Croissance légère 692 887 - 741 384

Sciages Décroissance légère 473 263 - 440 445

Contreplaqués Croissance légère 47 106 - 90 460

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83

Figure 76. Evolution des Volumes de Bois en Côte d’Ivoire de 2005 à 2008

Figure 77. Reboisement avec des tecks et Acacia mangium

Figure 78. Incendie de cultures et de forêts

Page 84: Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements … · 2020-01-01 · diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

84

INITIATIVES PAYSANNES D’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Les enquêtes menées sur le terrain pendant les mois de mai et juin 2013 ont permis de

recenser les initiatives d’adaptation des paysans aux changements climatiques dans les

localités étudiées.

Abidjan

Calage des périodes culturales avec les saisons pluvieuses

Utilisation de produits phytosanitaires pour accroitre le rendement, surtout du cacaoyer

Abandon de culture notamment le caféier au profit de l’hévéa

Remplacement des boutures desséchées suite aux fortes chaleurs

Planting du manioc sur buttes

Utilisation d’engrais pour l’hévéa, le palmier et le manioc

Arrosage en pépinière et en plantation de l’hévéa, du cacaoyer

Associations de cultures : cacaoyer + bananier plantain + manioc ; manioc + maïs

Utilisation de nouvelles variétés de manioc (Tanda, Yacé, BOCOU I & II)

Planting des bananiers plantains par vague à cause des grands vents

Ejection de muraille avec des bambous de chine pour amortir les vents violents

Utilisation de tuteurs pour les bananiers

Création de parcs à bois améliorés de manioc par l’ANADER

Interventions d’encadreurs de l’ANADER, du FIRCA, de la SAPH, des Services Vétérinaires

Soubré

Adaptation des périodes culturales en rapport avec les saisons climatiques

Utilisation de produits phytosanitaires pour accroitre le rendement

Abandon de culture notamment le caféier au profit de l’hévéa

Recours au riz irrigué

Gagnoa

Adaptation des périodes culturales en rapport avec les saisons climatiques

Utilisation de produits phytosanitaires pour accroitre le rendement

Abandon de culture notamment le caféier au profit de l’hévéa

Recours au riz irrigué

Encadrement sur les techniques culturales pour le cacao et l’hévéa par l’ANADER et des privés

Introduction de programme de certification du cacao

Abengourou

Utilisation de pépinière en sachets arrosée pour le caféier, le cacaoyer et l’hévéa

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Semis direct avec remplacements par des plants en sachets pour le cacaoyer en cas de non germination

Semis direct du cacao sur le sommet des buttes d’igname contre semis entre les buttes anciennement pratiqués

Association de cultures sur une même parcelle (igname, taro, piment, tomate, arachide, aubergine, etc.)

Adaptation des périodes des calendriers culturaux en fonction des saisons climatiques (Décalage de la mise en place des cultures en fonction de l’installation des pluies)

Planting de boutures de manioc sur buttes entièrement couvertes lors de la récolte de l’igname en période sèche

Utilisation d’herbicides sélectifs

Utilisation de produits phytosanitaires pour traiter le cacaoyer

Pas de 2ème sarclage pour protéger les jeunes plants de cacaoyer contre la sécheresse

Usage de nouvelles variétés de cacao (cacao Mercedes du CNRA)

Fourniture aux paysans de cabosses sélectionnées de cacao

Formation pratique des paysans par l’ANADER à travers des champs écoles (Alépé)

Pratique de l’agroforesterie Utilisation de semences sélectionnées de maïs

Pépinières d’hévéa et cacaoyers réalisées près de rivières, ruisseaux ou retenues d’eau

Irrigation motorisée Utilisation de rejets agricole pour amendement des terres Semences de maïs mélangées à décis pour lutter contre les oiseaux

Production de maraîchers à contre saison Amélioration des techniques culturales par un planting en ligne à une densité recommandée

Pépinière et greffage d’hévéa près d’un point d’eau avant le transport des plants

Echange entre paysans de boutures de manioc, taro, banane plantain

Lignes de teck autour de parcelles d’hévéa pour réduire la casse par les vents Bondoukou

Utilisation de pépinière en sachets arrosée pour le caféier, le cacaoyer et l’hévéa

Semis direct avec remplacements par des plants en sachets pour le cacaoyer en cas de non germination

Semis direct du cacao sur le sommet des buttes d’igname contre semis entre les buttes anciennement pratiqués

Association de cultures sur une même parcelle (igname, taro, piment, tomate, arachide, aubergine, etc.)

Adaptation des périodes des calendriers culturaux en fonction des saisons climatiques (Décalage de la mise en place des cultures en fonction de l’installation des pluies)

Elevage de volailles sous anacardier

Planting de boutures de manioc sur buttes entièrement couvertes lors de la récolte de l’igname en période sèche

Planting de cacaoyers sous couvert d’anacardiers

Repiquage du caféier à l’aide de plantules 2 feuilles

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Utilisation d’herbicides sélectifs

Traitements phyto pour le cacaoyer

Pas de 2ème sarclage pour protéger les jeunes plants de cacaoyer contre la sécheresse

Usage de nouvelles variétés de cacao (cacao Mercedes du CNRA)

Pratique de l’agroforesterie pour protéger les ignames, les cacaoyers et les caféiers contre les rayons du soleil et la saison sèche

Utilisation de semences sélectionnées de maïs

Planting de l’hévéa en sachet sur le terrain avant le greffage

Irrigation motorisée

Utilisation de rejets tout-venant pour les bananiers plantains et de bouche

Production de maraîchers près des rivières et des retenues d’eau

Planting en ligne à une densité recommandée

Echange entre paysans de boutures de manioc et rejets de taro et banane plantain

Semis à plat de l’anacarde, le rocou, le maïs, la banane plantain, le manioc

Bouaké

Adaptation des périodes culturales aux nouvelles saisons pluvieuses

Utilisation de fertilisants chimiques pour accroitre le rendement

Recours à d’autres variétés tolérantes au stress hydrique (le Florido et le Cameroun pour l’igname ; le wita9 pour le riz ; BOCOU 1&2 pour le manioc)

Association de cultures (igname + maïs + maraichers + manioc)

Changement de pratique culturale du manioc (bouture entièrement enterré en saison sèche et une partie couverte en période des pluies

Recours à d’autres activités : le commerce par exemple en période de baisse de récolte

Recours au riz irrigué au détriment du riz pluvial

Korhogo

Adaptation des périodes culturales aux nouvelles saisons pluvieuses

Utilisation de fertilisants chimiques pour accroitre le rendement

Recours à d’autres variétés tolérantes au stress hydrique (le Florido et le Cameroun pour l’igname ; le wita9 pour le riz)

Abandon progressif de la culture d’igname pour des raisons de raréfaction des terres arables

Association de cultures (igname + maïs + maraichers)

Recours à d’autres activités le commerce par exemples en période de baisse de récolte

Recours au riz irrigué au détriment du riz pluvial

Recours à l’irrigation pour les maraîchers

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Ferké

Adaptation des périodes culturales aux nouvelles saisons pluvieuses

Utilisation de fertilisant chimique pour accroitre le rendement

Recours à d’autres variétés tolérantes au stress hydrique (le Florido et le Cameroun pour l’igname)

Abandon progressif de la culture d’igname pour des raisons de raréfaction de terres arables

Association de cultures (igname + maïs + maraichers)

Recours à d’autres activités le commerce par exemples en période de baisse de récolte

Recours au riz irrigué au détriment du riz pluvial

Recours à l’irrigation pour les maraîchers

Les populations ivoiriennes dans leur ensemble reconnaissent qu’il y’a un changement

climatique surtout en terme de variation dans les quantités de pluie tombées et la

distribution de ces pluies. Les populations rencontrées sont unanimes pour dire qu’il fait de

plus en plus sec et de plus en plus chaud ces 30 dernières années. Elles affirment que les

pluies démarrent tardivement, s’arrêtent précocement et qu’il apparaît des plages sèches au

cours de la période pluvieuse. Les paysans confirment sur le terrain qu’ils observent un

glissement du début des pluies et une réduction de la durée de la saison des pluies.

Diverses initiatives d’adaptation aux changements climatiques ont été recensées à travers le

pays.

- La délocalisation des activités qui fait par exemple que la boucle du cacao s’est déplacée du

Centre-Est au Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Il y’a un exode des bras valides vers les régions

du pays encore humides et plus favorables aux cultures.

- L’introduction de nouvelles spéculations plus résistante à la sécheresse : c’est le cas du

rocouyer et de l’anacardier qui remplacent le caféier et le cacaoyer dans le Nord-Est. C’est

également le cas de l’hévéa et du palmier à huile qui prennent le pas sur le caféier et le

cacaoyer à l’Est dans les régions de l’Indénié et du Nzi Comoé.

- L’Utilisation de nouvelles variétés plus résistantes à la sécheresse et aux maladies dans la

réhabilitation des plantations : C’est le cas du projet PNUD/ANADER de Production-

Commercialisation-Formation des Exploitants pour le riz. C’est également le cas du

Programme 2QC (Qualité-Quantité-Croissance) pour la promotion de la qualité du cacao

financé par le FIRCA. C’est aussi le cas du projet SACO/ANADER de Production qualité cacao.

Les riziculteurs de la région de Gagnoa par exemple disent que les variétés de riz de cycle

long semblent plus adaptées aux changements climatiques que les variétés de cycle moyen

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ou court. Les paysans ignorent malheureusement que l’utilisation des variétés à cycle court

dans un programme de calage du cycle végétatif peut permettre d’éviter les effets négatifs

du changement climatique sur la production.

- Le changement de stratégies. C’est le cas de l’abandon de certaines spéculations sensibles

au profit de nouvelles plus résistantes. Le retard dans la mise en place des cultures pour

tenir compte du décalage de la saison des pluies.

- La multiplication des activités. C’est le cas de l’exploitant agricole qui associe plusieurs

vivriers sur la même parcelle ou fait également de l’embouche villageoise. Les différentes

cultures associées varient suivant les régions du pays.

- L’utilisation de nouvelles techniques culturales adaptées aux nouvelles conditions

climatiques. C’est le cas de l’utilisation des sachets plastiques pour les pépinières de caféiers,

cacaoyers, palmiers à huile et hévéas afin de garantir le succès de la reprise après plantation.

C’est aussi le cas de la mise en place de cultures maraichères au bord des cours d’eau ou de

points d’eau.

- L’élevage transhumant pour la recherche de point d’eau et de fourrages. - L’intensification et la modernisation de l’élevage. - L’utilisation des arbres à croissance rapide dans l’agroforesterie. TECHNIQUES D’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES A VULGARISER - Agroforesterie (Arbres à croissance rapide pour régénérer la forêt pour favoriser les cultures sous forêt) ; - Maitrise d’eau à l’aide de retenues d’eau et l’irrigation : construction de barrages agropastoraux ; - Politiques d’investissement agricole et politique forestière ; - Développement et intensification de l’élevage et la pisciculture ; - Les pluies provoquées. 1. Lutte contre la destruction de la forêt

Si nous ne voulons pas arriver à une situation climatique fatale nous devons contrôler

la destruction des écosystèmes forestiers tout en maintenant notre production

agricole. Pour cela, il faut améliorer le taux de boisement régional. Cet objectif est

fort heureusement une des grandes préoccupations des autorités du Ministère des

Eaux et Forêts de notre pays.

Dans les zones où la végétation est déjà détruite, il faut un reboisement qui doit

mobiliser le maximum d'eau, lutter contre le vent et présenter une lisière aussi

fermée que possible, pour créer un microclimat plus favorable sous le couvert ; le

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reboisement doit enfin laisser sur place le plus possible de résidus. L'association de

plusieurs espèces parait améliorer la stabilité du boisement et la protection des sols.

L'intensification de l'agriculture et le défrichement en bande (bande de forêt laissée

entre deux zones défrichées) devraient permettre une exploitation rationnelle de nos

forêts tout en maintenant notre climat.

2. Lutte contre la sécheresse

* Recours au matériel végétal

Les variétés de cycle court sont plus économes en eau et surtout elles procurent

davantage de souplesses dans le calendrier cultural et de sécurité des rendements

(DANCETTE, 1984). Certes lors des années pluvieuses, on peut perdre en rendement

potentiel, avec une variété de cycle court par rapport à une variété de cycle plus

long. C’est le cas par exemple de l'arachide.

FOREST et DANCETTE (1982) ont démontré que l'on peut gagner en sécurité sur les

conditions d'alimentation hydrique des cultures de cycle court, en se préservant des

"faux départs" de la saison des pluies et en ne semant qu'après une date bien

déterminée, faisant cadrer le cycle de la culture, avec le cœur de l'hivernage et le

maximum de chances d'avoir des pluies suffisantes.

* Recours aux techniques culturales

Il faut de nouvelles techniques culturales adaptées aux nouvelles conditions climatiques : le

mode de semis ; la lutte contre les adventices ; le travail du sol ; le paillage ; les associations

culturales ; les brise-vents ;

Le mode de semis: on peut pratiquer un semis en sec effectué à une date opportune

et jouer aussi sur la profondeur du semis.

Lutte contre les adventices: il est important de savoir qu'une jeune culture transpire

peu (2 mm/j) alors que une jachère d'herbes peut consommer 6 à 7 mm/j (BALDY,

1986). D'où la nécessité du sarclage ou de l'utilisation d'herbicide.

Le travail du sol permet d'économiser l'eau: directement en réduisant les pertes par

évaporation et par ruissellement, indirectement en supprimant toute végétation

indésirable. Le labour permet une meilleure utilisation de l'eau par les cultures grâce

à un enracinement plus performant. L'engrais épandu en surface induit un

enracinement plus superficiel que lorsqu'il est enfoui par le labour (CHOPART, 1984).

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90

Le paillage permet de réduire l'évaporation du sol nu, comme avec les travaux du sol

: cependant, l'intérêt du paillage est moindre lorsque les sols eux-mêmes sont

"automulchants" (cas des sols sableux).

Les associations culturales sont intéressantes pour mieux valoriser l'eau mais

certainement pas pour l'économiser.

Dans les zones semi-arides comme au Sahel, les brise-vent doivent être

recommandés pour mieux lutter contre la sécheresse. On peut avoir recours à des

haies brise-vent mortes ou vives. C'est aussi l'utilisation judicieuse, sous diverses

formes d'associations de plantes hautes et de plantes basses

* Recours à l'irrigation

Il s'agit d'un mode de lutte contre la sécheresse très efficace, mais aussi très contesté en

raison surtout de son coût et la technicité qu'elle implique. Sans parler forcement des grands

aménagements ou installations coûteuses. Il est certain que les possibilités ne sont pas

négligeables dans le domaine de la petite hydraulique et surtout dans l'optique d'un meilleur

aménagement des terroirs avec récupération maximale de l'eau pluviale. Si le maraîchage

parait surtout valoriser l'irrigation, les cultures vivrières et les grandes cultures de rente

pourraient aussi en bénéficier sans trop de frais par l'irrigation de complément.

Une des solutions au problème de la sécheresse serait la valorisation des bas-fonds

où l'eau est disponible pendant une grande partie ou toute l'année. Cependant, cette

valorisation nécessiterait une rééducation des masses paysannes qui sont plutôt

habituées à l'agriculture pluviale. Cette rééducation consistera, d'une part à

apprendre aux paysans à accepter les nouvelles cultures adaptées au maraîchage et

d'autre part à leur inculquer les techniques du maraîchage en insistant évidemment

sur l'irrigation. Le riz de bas-fond serait la culture vivrière cible pour cette opération.

L'irrigation des cultures n'est cependant pas la panacée: il faut rappeler les

problèmes créés dans le domaine de la santé par le développement des maladies

transmises par l'eau des lacs et autres points d'eau de surface et par le pataugeage

dans des champs irrigués par submersion (en particulier dans les rizières). D'après

BALDY (1986), les risques de transmission des maladies par l'eau (simulies et

onchocercose, anophèles et paludisme etc..) sont si considérables qu'il faut trouver

rapidement des palliatifs.

On pourrait alors introduire l'irrigation par aspersion de complément pour éviter à la

fois les problèmes de santé et les coûts trop élevés d'exploitation.

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91

*Recours à Prévisions des évènements climatiques

Il faut développer un système de parcs météo sur l’ensemble du territoire national

afin de faire une prévision des évènements climatiques majeurs pour mieux

conseiller les paysans

En Côte d’Ivoire, les quantités de pluies annuelles sont relativement élevées (>1000

mm). Le problème se situe surtout au niveau de la répartition des précipitations au

cours de l’année. Le développement et la modernisation de l’agriculture ivoirienne

nécessitent donc la maîtrise de l’eau aussi bien dans son stockage que dans son

utilisation d’où la nécessité des construire des barrages agropastoraux qui vont servir

à l’agriculture et à l’élevage.

CONCLUSIONS

Pour stabiliser le climat tout en améliorant la production agricole, il faudrait:

- Préserver l'écosystème forestier par :

*une rationalisation de l'exploitation des essences forestières;

*une intensification de l'agriculture;

*un développement de cultures fourragères ;

*une réduction des feux de brousse.

- Lutter contre la sécheresse par l'emploi de :

* matériel végétal sélectionné;

* bonnes techniques culturales;

* l'irrigation.

- Promouvoir une interaction constante entre la recherche et le développement.

- Vulgariser l'utilisation d'équipements modernes.

- Assurer une bonne éducation du paysan.

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96

ANNEXES

Tableau 1. Evolution de la Durée d’Insolation en Côte d’Ivoire

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ZONE Agroclimatique

Tendance Régression Linéaire

Valeurs (heures/an)

1 Abidjan Augmentation

Y = 4,7722X + 2106,4 R2

= 0,1625

1763 - 2475

2 Gagnoa Faible Augmentation

Y = 2,8886X + 1813,3 R2

= 0,0688

1468 - 2065

3 Bouaké Fluctuation / Equilibre

Y = - 0,099X + 2051,4 R2

= 3E

-05

1580 - 2371

4 Korhogo Fluctuation / Equilibre

Y = 0,2682X + 2653,4 R2

= 0,0002

2518 - 2811

Tableau 2. Evolution de la pluviosité en Côte d’Ivoire

ZONE Agroclimatique

Tendance (Diminution Généralisée)

Hauteurs (mm/an)

1 Abidjan/

Soubré

Forte Y = - 9,1928X + 2219,7 R2

= 0,198

Forte Y = - 6,2793X + 1674,1 R2

= 0,155

1059 - 3129 1013 - 2419

2 Gagnoa/

Abengourou

Faible Y = - 0,8916X + 1460,5 R2

= 0,007

Faible Y = - 0,3541X + 1312,1 R2

= 0,001

1006 - 2048 893 - 1977

3 Bouaké/

Bondoukou

Légère Y = - 2,5140X + 1200,3 R2

= 0,067

Légère Y = - 2,7944X + 1205,6 R2

= 0,058

727 - 1757 750 - 1601

4 Korhogo/Ferké Légère Y = - 3,1802X + 1266,8 R2

= 0,028 836 - 1556

Tableau 3. Evolution du nombre de jours de pluie en Côte d’Ivoire

ZONE Agroclimatique Tendance Régression linéaire

Valeurs (jours/an)

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98

1 Abidjan/ Soubré

Fluctuation/Equilibre/ Diminution

Y = - 0,175X + 142,55 R2

= 0,0452

Y = - 0,4251X + 113,68 R2

= 0,0844

182 - 107 140 - 36

2 Gagnoa/ Abengourou

Fluctuation/Equilibre/Augmentation

Y = - 0,1248X + 142,13 R2

= 0,0172

Y = 0,1952X + 106,77 R2

= 0,0435

178 - 89 65 - 159

3 Bouaké/ Bondoukou

Fluctuation/ Forte Diminution

Y = - 0,3007X + 112,83 R2

= 0,1667

Y = 0,1872X + 89,006 R2

= 0,0832

155 - 46 140 - 52

4 Korhogo/ Ferké

Fluctuation/Légère Augmentation

Y = 0,0365X + 100,59 R2

= 0,0007

Y = 0,385X + 84,118 R2

= 0,2998

70 - 124 75 - 105

Tableau 4 : Indice d’Aridité de Budyko-Lettau dans différentes régions de la Côte d’Ivoire

en 2010 et son évolution possible dans 50 ans (2060) et 100 ans (2110)

IABL en

2010

IABL en

2060

IABL en

2110

Abidjan 0,7 1,0 1,6

Gagnoa 0,8 0,9 0,9

Bondoukou 1,3 1,5 1,8

Bouaké 1,4 1,6 1,9

Korhogo 1,5 1,8 2,1

Tableau 5. Evolution de la Température moyenne de l’air en Côte d’Ivoire

ZONE Agroclimatique

Tendance Régression Linéaire

Niveau 1961-2010

Augmentation Sur 100 ans

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(°C) (°C)

1 Abidjan/ Soubré

Augmentation

Y = 0,0327X + 25,874 R2

= 0,6477

25,7 - 28,4 3,3

2 Gagnoa/ Abengourou

Augmentation

Y = 0,0267X + 24,892 R2

= 0,7286

23,9 - 27,5 2,7

3 Bouaké/ Bondoukou

Augmentation

Y = 0,0377X + 24,796 R2

= 0,7459

Y = 0,0328X + 24,951 R2

= 0,7499

24,7 - 27,0

3,8 3,3

4 Korhogo/ Ferké

Augmentation

Y = 0,03X + 25,989 R2

= 0,4516

26,0 - 27,7 3,0

Moyenne 23,9 – 28,4 3,2

Tableau 6. Evolution de l’Humidité Relative de l’air en Côte d’Ivoire

ZONE Agroclimatique Tendance Régression Linéaire

Valeurs (%)

1 Abidjan/Soubré Fluctuation/Equilibre

Y = 0,0233X + 82,18 R2

= 0,015

75 - 87

2 Gagnoa/Abengourou Fluctuation/Légère baisse

Y = - 0,0135X + 79,56 R2

= 0,016

75 - 82

3 Bouaké/Bondoukou Fluctuation/ Diminution

Y = - 0,1041X + 74,51 R2

= 0,214

64 - 72

4 Korhogo/Ferké Fluctuation/Augmentation

Y = 0,051X + 61,37 R2

= 0,038

58 - 67

Tableau 7. Evolution de la vitesse moyenne du vent en Côte d’Ivoire

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100

ZONE Agroclimatique Tendance Régression Linéaire

Valeurs (m/s)

1 Abidjan/Soubré Fluctuation/Diminution

Y = - 0,0285X + 3,904 R2

= 0,1358

1,5 - 5,0

2 Gagnoa/Abengourou -

3 Bouaké/Bondoukou Fluctuation/ Légère baisse

Y = - 0,0103X + 4,2621 R2

= 0,0344

2,9 - 5,5

4 Korhogo/Ferké Fluctuation/Augmentation

Y = 0,1133X + 3,0919 R2

= 0,5434

2,5 - 5,8

Tableau 8. Statistiques de production et de commercialisation des produits de rente à

Tanda

Campagnes Café Cacao Anacarde Rocou

Tonnes F CFA Tonnes F CFA Tonnes F CFA Tonnes F CFA

2005/06 836 390 1637 360 6274 175 1139 165

2006/07 683 400 578 375 6033 175 769 175

2007/08 222 500 977 425 7185 175 707 200

2008/09 167 350 902 700 5946 150 1383 200

2009/10 136 285 1402 1000 8206 235 1135 280

2010/11 28 400 125 850 6292 350 7463 400

Tableau 9. Situation des Productions de Rente en Côte d’Ivoire de 1990 à 2010

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101

CULTURE TENDANCE PRODUCTION (Tonnes/an)

Cacao Augmentation 703 615 – 1 559 441

Café Diminution 380 000 – 32 291

Régimes de Palme Augmentation 1 029 141 – 1 855 123

Caoutchouc Augmentation 74 034 – 255 000

Coton Fluctuation 396 417 – 123 856

Canne à Sucre Fluctuation 1 081 130 – 1 849 142

Anacarde (Noix de Cajou) Forte Augmentation 6 325 – 400 000

Noix de Coco Fluctuation 56 640 – 263 550

Noix de Cola Augmentation 57 640 – 75 030

Noix de Karité Augmentation 8 220 – 32 631

Tableau 10. Matrice des Corrélations entre les Productions de Rente en Côte d’Ivoire et la

Pluviosité des 4 Zones agroclimatiques

CULTURES x Pluie Zone 1

Abidjan

x Pluie Zone 2

Gagnoa

x Pluie Zone 3

Bondoukou

x Pluie Zone 4

Korhogo

Cacao 0,158 0,272 - 0,132 - 0,158

Café - 0,188 - 0,507* - 0,422 - 0,112

Caoutchouc 0,249 0,580** 0,072 - 0,293

Canne à sucre 0,060 0,207 - 0,009 - 0,618*

Coton - 0,411 - 0,361 - 0,294 - 0,297

Régimes de Palme 0,148 0,446* 0,195 0,245

Noix de Cajou 0,247 0,621** 0,147 - 0,351

Noix de Coco - 0,061 - 0,709** - 0,229

Noix de Cola - 0,008 0,389 - 0,144 - 0,456

Noix de Karité 0,053 0,362 - 0,014 0,024

Papaye 0,327 0,485 0,451

Ananas - 0,085 - 0,215 - 0,111 - 0,525

Mangue 0,481 0,268 0,407

Avocats 0,668 - 0,370 - 0,256

I-3-1 Données climatiques

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102

L’évolution du climat sera analysée à travers la pluviométrie annuelle, la température

moyenne annuelle, le déficit pluviométrique annuel et l’indice d’aridité de Budyko-Lettau

(IABL) sur la période 1950 à 2010.

IABL = Rn/LEp

Où LEp = Energie utilisée pour l’évaporation de la pluviométrie annuelle

Rn, le bilan radiatif au-dessus d'un couvert végétal s'écrit;

Rn = Rg - Rr + sRa - Rt

Rn = (1-Rg + scTc4 + sTs

4

Rg = rayonnement solaire global reçu;

Rr = rayonnement réfléchi par la surface du couvert;

Ra = rayonnement atmosphérique;

Rt = rayonnement émis par le système sol – végétation ;

= (Rr/Rg) = albédo du couvert

s, Ts = coefficient d’émissivité et température de la surface du couvert.

c, Tc = coefficient d’émissivité et température du ciel.

= constante de Stefan-Boltzman = 0,67 10-8 Wm-2K-4

IABL ≥ 10 Vrai désert saharien (végétation seulement dans les oasis)

7-10 Sahélo-saharien (semi-désertique, steppes)

2-7 Sahélien-sahélo-soudanais (savane sèche, forêt très dégradée)

1-2 Soudano-guinéen-soudanais (savane humide, forêt sèche)

≤1 Guinéen (forêt tropicale)

Les zones les plus à risque sont celles pour lesquelles IABL est entre 2 et 7.

Quand la pluviométrie annuelle est zéro alors IABL ∞ Quand IABL ≤2 alors la végétation est suffisamment importante pour recoloniser les sols

dénudés. L’érosion du sol n’est pas irréversible.

Quand IABL ≥2 on a une zone aride (désert, savanes, forêt sèche).

Le déficit hydrique du sol a été calculé avec la méthode simplifiée du Bilan Hydrique (BH) du

Sol.

BH = P + R – E

Où P = pluviométrie de la période considérée en millimètres, R = réserve en eau du

sol d’une période à l’autre (limitée à 30 mm au nord, Korhogo et

Ferkessédougou ; 60 mm au centre, Bondoukou, Bouaké, Abengourou et

Gagnoa ; 100 mm au sud, Abidjan et Soubré), E = Evapotranspiration maximale

(ETM) pour chaque situation ou spéculation.

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103

Il y a déficit quand BH est négatif. Le déficit hydrique (DH) s’exprime alors sous la

forme : DH = - BH

Tableau 11. Evolution de l’Evapotranspiration Potentielle (ETP) en Côte d’Ivoire

ZONE Agroclimatique Tendance Régression Linéaire

Valeurs (mm/an)

1 Abidjan/Soubré Fluctuation/Légère Diminution

Y = -0,8996X + 1418,6 R2

= 0,0272

1467 - 784

2 Gagnoa/Abengourou Fluctuation/Légère Augmentation

Y = 1,3184X + 1235,5 R2

= 0,0203

1092 - 1309

3 Bouaké/

Bondoukou

Fluctuation/ Diminution

Y = - 6,0908X + 1636,2 R2

= 0,1158

Y = - 1,4983X + 1439,1 R2

= 0,0472

1728 - 1380 1495 - 1365

4 Korhogo/Ferké Fluctuation/Diminution

Y = - 19,217X + 1887,8 R2

= 0,6632

1900 - 1508

Tableau 12. Evolution des Productions Vivrières en Côte d’Ivoire

CULTURES TENDANCE PRODUCTION (Tonnes)

Igname Forte augmentation 3 122 822 - 5 945 374

Manioc Légère augmentation 1 393 000 – 2 531 241

Bananes Plantains Fluctuation 1 086 000 – 1 717 287

Maïs Légère augmentation 484 000 – 640 213

Riz Paddy Légère augmentation 585 977 – 722 609

Sorgho Augmentation 26 000 – 46 460

Mil Augmentation 35 000 – 49 000

Fonio Augmentation 9 000 – 17 300

Taro Augmentation 53 927 – 76 503

Patates douces Augmentation 40 554 – 54 141

Arachides Augmentation 60 888 – 91 844

Banane douce Augmentation 146 000 – 362 703

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104

Tableau 13. Matrice des Corrélations entre les Productions Vivrières en Côte d’Ivoire et la

Pluviosité des 4 Zones Agroclimatiques

CULTURES x Pluie Zone 1

Abidjan

x Pluie Zone 2

Gagnoa

x Pluie Zone 3

Bondoukou

x Pluie Zone 4

Korhogo

Igname 0,144 0,540 - 0,011 - 0,101

Manioc 0,281 0,429 0,011 0,023

Bananes Plantains 0,232 0,149 - 0,130 0,140

Maïs 0,195 0,349 0,076 0,023

Riz Paddy 0,248 0,161 0,391 0,084

Sorgho 0,318 0,423 0,060 - 0,186

Mil 0,359 0,323 0,198 - 0,233

Fonio 0,180 0,328 - 0,008 - 0,100

Taro - 0,142 0,097 0,279 - 0,347

Patates douces 0,204 0,032 0,201 - 0,091

Arachides 0,382 0,403 0,156 - 0,153

Banane douce 0,144 0,391 - 0,195 - 0,149

Tableau 14. Situation des productions maraichères et fruitières en Côte d’Ivoire

CULTURE TENDANCE PRODUCTION (Tonnes/an)

Ananas Diminution 252 000 – 66 730

Mangues Augmentation après 2002 27 490 - 45 026

Avocat Augmentation après 2002 21 732 – 27 700

Papaye Augmentation après 2002 3 981 – 11 626

Aubergines Augmentation après 2002 67 793 – 85 739

Gombo Augmentation après 2002 98 934 – 129 594

Tomates Augmentation après 2002 24 578 – 32 364

Concombres Diminution 32 324 – 20 327

Haricot vert Diminution 5 025 – 4 596

Page 105: Etude de Vulnérabilité du Secteur Agricole face aux Changements … · 2020-01-01 · diminution de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la longueur de la saison

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La pluviométrie de la Zone agroclimatique 2 comprenant Gagnoa et Abengourou a aussi les

meilleures corrélations avec les productions des cultures vivrières en Côte d’Ivoire. Ce

résultat permet d’affirmer que l’estimation des productions agricoles ivoirienne a partir des

données pluviométrique de Gagnoa ou d’Abengourou devrait être la plus fiable

Tableau 15. Situation des Productions Animales en Côte d’Ivoire de 1990 à 2010

Spéculations Tendance et nombre de têtes

Taux (%) de croissance

Régression linéaire

Bovins Croissance régulière 1 035 000 – 1 581 582

52,8 Y = 22156X + 855524 R2

= 0,9991

Ovins Croissance régulière 1 120 000 – 1 692 181

51,1 Y = 28360X + 1E

+06 R2

= 0,9987

Caprins Croissance régulière 880 000 – 1 324 377

50,5 Y = 27733X + 1E

+06 R2

= 0,9995

Porcins Croissance régulière 242 204 – 348 590

43,9 Y = 7545,2X + 241282 R2

= 0,9728

Volailles Croissance régulière/forte 24 100 000 – 45 051 530

86,9 Y = 773687X + 2E

+07 R2

= 0,7643

Tableau 16. Situations des Pêcheries en Côte d’Ivoire de 1990 à 2009

PECHERIES TENDANCE PRODUCTION (Tonnes)

Pêche Totale Forte et constante diminution 95 000 - 46 441

Pêche Industrielle Forte et constante diminution 40 000 – 9 200

Pêche Maritime et Lagunaire Diminution 34 000 – 31 592

Pêche Continentale Fluctuation/Diminution 21 000 – 5 649