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REVUE DES sCIE.NCES PHILOSOPHIQUES ET THÉOLOGIQUES •• ! T' ., 1 •• • . PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J · VRIN . 6, Place de la Sorbonne 1954 •• < t , .. l

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REVUE DES

sCIE.NCES PHILOSOPHIQUES ET

THÉOLOGIQUES

•• !

T' .~ ., 1 •• • ~:. ~. • . • •

PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J · VRIN

. 6, Place de la Sorbonne

1954

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BULLETIN DE LITURGIE

OUVRAGES GÉNÉRAUX

Mélanges. - Disciples et amis du P. Alban Dold lui ont offert pour ses soixante-dix ans un monumental recueil (1) qui s'étend aux différentes branches de la science abordées par l'infatigable érudit de Beuron. Ceux auxquels il a été donné d'approcher cette personnalité si attachante s'asso· cieront bien sincèrement à un hommage justement mérité.

Parmi les trente contr~butions du volume (2) à peu près une moitié

(1) Colligere fragmenta. Festschri{t Alban Dold zum 70. Geburlslag am 7. 7. 1952, hrsg. v. Bonifatius FISCHER u.V. FIALA, BeuronjHohenzollern, Beuroner Kunstverlag, 1952; 22 x 30, xx-295 pp., 3 pl., DM 28.- Avec une bibliographie du P. D.

(2) Voici les principales: H. VoGELS, Codex V Il der Cathedralbibliolhek von Verona. (Sans doute écrit à Vérone au vm• s., contient Mt. 1·9, 9 avec des indications litur­giques) pp. 1-12.- J. ZIEGLER, Die Septuaginta Hieronymi im Buch des Prophelen Jeremias, pp. 13-24. - M. SrENZEL, Zum Vulgatatext des Canticum Habacuc, pp. 25-33.- A. VACCARI, Occhio al commenta 1 A proposito di ipse o ipsa in Gen. 3, 15, pp. 34-39.- F. SruMMER, Via peccantium complanata lapidibus (Eccli. 21, 11), pp. 40-44.­L. K. MüHLBERG, Historisch·kritische Bemerkungen zum Ursprung der sogenannlen Memoria apostolorum an der Appischen Strasse (Cf. infra, p. 604, n. 87) pp. 52-74. -J. ScHILDENBERGER, Die llala des hl. Augustinus, pp. 84-102.- C. LAMBOT, L'authen­ticitt du mmon 369 de S. Augustin pour la {~te de Noël. (Cette authenticité, d. L. la réta­blit; c'est le sermon cité dans la préface gélasienne in octavas Domini [Wilson, p. 9] ), pp. 103-112.- A. ÜLJVAR, Der hl. Pelrus Chrysologus ais Verfasser der Pseudo-Augu­stinischen Predigten Mai 30, 31 und 99 (§ 2-3}, pp. 113-123.- Balth. FISCHER, Zu Btnedikls lnterpretation von Rom. 8, 15. (Origène déjà appelle le Christ Père), pp. 124-126. - E. DEKKERS, Les autographes des Ptres Latins, pp. 127-139. - P. BELLET,

Oraciô de Claudi de Tori en el comentari a Hebreus de Pseudo-Att6 de Vercelli, pp. 140-143. - Bonif. FISCHER, Die LeBungen der r~mischen Ostervigil unter Gregor d. Gr., pp. 144·159. - P. SrFFRIN, Das Hilarius-Formular in Missale Francorum auf seine V or/agen untersuchl (Le M. Franc. doit conserver certaines oraisons romaines prégré­goriennes qui ne nous sont pas connues autrement), pp. 160-165. - L. EIZENHôFER, Zu Bannis/ers Echternachtr Messformular {ar die Vigil von Christi Himmel{ahrt. (Second quart du vm• s., à rattacher aux GHasiens anciens ; le P. E. donne un dossier patris­tique sur Je Christ qui iudicandus advenit ... iudicalurus adveniat. Y joindre l'ant. des laudes du jeudi saint: vincas cum iudicaris; cf. Aug., Enarr. in Ps. 50, 10 [P. L. 36, 1'>90-591)), pp. 166·172.- L. BRou, L'ancien répons Videte mlracu1um: un cas complexe de composition patristique (Répons du 2 février}, pp. 173-184. - J. A. JuNGMANN, Fermentum. Ein Symbol kirchlicher Einheil und sein Nachleben im Mittelalter, pp. 185-190.- G. KuNZE, Das Ràlsel der Warzburger Epislelliste, pp. 191-204.- V. Fu..LA,

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intéresse la liturgie, spécialement les sacramentaires, calendriers et lection­naires du haut moyen âge latin. Avec les lectionnaires viennent naturellement les versions latines de l'Écriture et quelques études directement patristiques. Signalons spécialement les études du P. Mohlberg sur le culte de S. Pierre à la voie Appienne, du Prof. Balth. Fischer sur la dévotion patristique au Christ, et l'ensemble important qui concerne les lectionnaires. Le P. Fiala montre qu'il faut écarter l'hypothèse de Baumstark selon laquelle le sanc· toral du Cames Theotinchi reposerait en partie sur une source romaine du début du ve s. : en réalité T. exploite simplement le martyrologe hiéro­nymien.

De son côté le P. Bonif. Fischer édite en entier un texte latin (verus latina) et grec des leçons romaines de la Vigile pascale, copié en 817-835. Le texte avait déjà été signalé par H. Schneider en 1938, mais le P. F. réta­blit l'ordre des lectures (3). Il incline à penser que les lectures d'Abraham et du Deutéronome, en fin de liste, appartiennent en réalité à la vigile de Pentecôte, et que les quatre premières, attestées par le sacramentaire d'Hadrien, remontent telles quelles à S. Grégoire. Je ne crois pas que cette interprétation soit la bonne, car elle n'explique ni les leçons de la vigile de Pentecôte au sacramentaire d'Hadrien (Baruch), ni la juxtaposition des 3 cantiques Cantemus, Vineo, Attende, à des leçons qui ne leur correspon­daient qu'incomplètement (4). Le plus vraisemblable, me semble-t-il, est que l'ancienne vigile pascale romaine avait 6 leçons, comme l'a suggéré dom Botte (5) et que ces leçons étaient précisément celles que le P. F. a publiées d'une façon si opportune. Puis, au plus tard dans le courant du VIne s., on a réduit les leçons à 4, en sacrifiant en partie l'unité entre leçons et cantiques, mais en gardant tous les cantiques. Au contraire dans la Vigile pascale restaurée, le choix des leçons est commandé par les cantiques.

Neue Beobachtungen zum Sanctorale des Cornes Theotinchi, pp. 205-213.- O. HEIMING,

Die iillesten ungedruckten Kalender der mailiindischen Kirche, pp. 214-235. - E . .MuN· DING, Das iiltesle Kalendar der Reichenau (Aus Cod Vindob. 1815 saec. IX med.), pp. 236-246. - B. BISCHOFF, Das karolingische Kalendar der Palimpsesthandschrift Ambros . .M. 12 Sup. (cf. infra, p. 606).

(3) Gn. 1. 1-2, 3; Ex. 14, 24-15, 3 (y compris le cantique) ; ls. 4, 1-5, 7 (y compris le cantique) ; Is. 54, 17-55, 5 avec Ps. 41, 2-4; Gn. 22, 1-19; Dt. 31, 21-32, 4 (y compris le cantique).

(4) Ces cantiques sont attestés par tous les mss. de l'Antiphonale sextuplex. Le fait que le sacramentaire d'Hadrien ne mentionne pas la lecture du Deutéronome ne prouve pas l'omission du cantique Attende. Sur le désaccord entre les leçons et les cantiques cf. Amalaire, Liber of!lcialis, l. 1, cap. 19 (Opera, éd. Hanssens, T. II, pp. 113 sq.).

(5) B. BoTTE, Le choix des lectures de la veillée pascale, dans Quest. lit. par. 32 (1952) pp. 65-70. Le P. B. compare en outre les leçons romaines avec celles des autres liturgies ct en discerne 3 qui représentent une tradition ancienne et universelle : Gn. 1, Gn. 22 et Ex. 14. Le sacramentaire d'Hadrien reporte Gn. 22 à la vigile de la Pentecôte. Si les leçons de cette dernière vigile devaient être supprimées, on souhaiterait que la péricope du sacrifice d'Abraham conserve de quelque manière une place dans le Missel.

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Dès la 1re éd. allemande de Missaru.m Sollemr!ÙI le P. Jungmann ren· voyait à propos du fermentum à un article à paraître sur ce sujet. C'est dans la Festschrift Dold qu'il nous donne ce dossier simplement résumé dans une note de son grand ouvrage. L'enquête est naturellement très bien conduite, mais le résultat un peu décevant : si le rite du fermentwm a survécu à travers le moyen âge, il avait perdu dès l'époque carolingienne sa signification de communion.

Signalons enlin l'édition, par le spécialiste éminent qu'est le P. Heiming, des deux plus anciens calendriers ambrosiens, de la seconde moitié du XI' s. Il nous donne à cette occasion une notice sommaire sur chacune des fêtes, en attendant son ouvrage d'ensemble sur l'héortologie milanaise.

Nous recensions il y a deux ans la Festschrift ]ungrnann. Elle vient d'être rééditée sans changement (6). Rien ne montre mieux la valeur de cet ouvrage, et l'intérêt qu'il y a à donner aux mélanges jubilaires une véri· table unité organique.

A ces Mélanges nous voudrions joindre un volume dédié à la mémoire d'un grand liturgiste, la Bibliographie de dom Wilmart (7) publiée par les Edizioni romaines di Storia e Letteratura qui continuent à marquer dans le domaine de l'histoire de la culture et de l'érudition ecclésiastique. -Bibliographie sommaire : A dire vrai l'on peut douter qu'il lui manque quelque chose pour être complète. On y a joint une brève notice autobio· graphique de dom W., où paraissent assP.z nettement ses trois centres d'in· térêt successifs : patristique, liturgie, piété médiévale. Disciple de Batiffol et de Bishop, c'est à celui-ci plutôt qu'à celui-là qu'il dut sa formation de liturgiste, après l'initiation par dom Cagin qu'il juge lui-même un « auto­didacte brouillon mais génial » (p. 22). A partir de 1908, en relations cons· tantes avec Bishop, il s'attaque au problème des sacramentaires et des lee· tionnaires. La mort de Bishop en 1917, la découverte de la collection authentique des prières de S. Anselme (1916-1917) font qu'il se tourne peu à peu, et définitivement, vers l'histoire spirituelle du moyen âge. C'est sans doute dans ce dernier domaine que son œuvre aura l'influence la plus profonde.

Dictionnaires.- Depuis notre précédent Bulletin la maison Letouzey a fait paraître les trois derniers fascicules du Dictionnaire d'archéologie chré-

(6) Die Messe in der Glaubensuerkandigung, hrsg. von F. X. ARNOLD u. B. FISCHER, 2• éd., Freiburg, Herder, 1953; 15x23, 410 pp. 7 hors-texte, DM 19, 50 ou 16, 80 (cr. Reuue 1952, 292).

Dans cette 2• éd. l'on a traduit en allemand les 3 contributions étrangères, et complété la bibliographie du P. Jungmann. On a oublié d'y mentionner son intéressante étude Das Konzil von Trient und die Erneuerung der Liturgie, dans Das Wellkonzil von Trient, hrsg. von G. ScuREIBER, Freiburg, 1951, T. 1, pp. 325-336.

(7) J. BIGNAMI·ODIER, L. BRou O. S. B., A. VERNET, Bibliographie sommaire des trauaux du Ptre André Wilmart O. S. B. (1876-1941). (Sussidi eruditi, 5). Rome, Ed. di Storia e Letteratura, 1953; 17 x25, !56 pp. et 2 hors-texte; 1500 lires.

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tienne et de liturgie, de Tournai à Zraïa (8). Plus qu'à la liturgie, nous semble-t-il, c'est à l'archéologie que dom H. LECLERCQ fait la part princi­pale. En liturgie, outre quelques notices sur des fonds de mss., qu'on fera bien de compléter par celles de V. Leroquais, notamment pour le prétendu pontifical de Prudence de Troyes, signalons les articles Toussaint et Tré­passés, Vêpres (9), Vêtement (10), VellJIJes, Vierges, Vigiles. Ces articles offrent des matériaux d'une incontestable utilité, parfois difficiles à trouver ailleurs, mais ils restent étrangers à tout ce que la science liturgique a acquis depuis une bonne vingtaine d'années, en particulier en ce qui con­cerne l'histoire de l'office divin (11). Les fouilles du V a.tican font l'objet d'un copieux appendice dû à J. CARCOPINO pour la nécropole antique et à H.-1. MARROU pour les fouilles de la Confession (12).

Le Reallexikon für Antike !Md Christentum progresse également, avec les fasc. 10-14 (Beschneidung-Celsws), dus le plus souvent à des collabo­rateurs allemands (13). Les spécialistes discuteront ici ou là la portée des rapprochements entre le christianisme antique et le monde païen environ· nant ; la volonté d'attention aux contextes historiques donne en tout cas une salutaire fraîcheur à l'analyse des sources. Outre des données liturgi­ques sur des sujets insuffisamment étudiés comme les funérailles (Be­stattung), les processions (Bittprozession) ou le culte des images (Bild) (14) on relèvera avec un particulier intérêt les articles qui aident à con­naître le tissu culturel de la poétique et du sacramentalisme chrétien : la fleur (Blume), le pain (Brot, Brotbrechen, Brotformen, Brotstempel) ; en attendant Ehe, et H ochzeit, l'art. heilige Brootschaft, qui rassemble les thèmes de l'Église-épouse, sera précieux pour le théologien autant que pour le liturgiste. Souhaitons que ce dictionnaire acquière hors d'Allemagne la réputation qu'il mérite.

Le Dictionnaire pratique de liturgie romaine (15) est plus exactement un dictionnaire de cérémonies, et comme tel il répond à un besoin réel, en

(8) Paris, Letouzey, 1952-1953. (9) On sera heureux de trouver reproduit ici en appendice un article de dom

G. Morin sur les vêpres pascales dans l'ancienne liturgie romaine, paru en 1889 dans le Messager des fidèles, t. VI, pp. 150-157.

(10) A compléter par l'étude importante de Th. KLAUSER, Der Ursprung der bi­schO{iichen Insignien und Ehrenrechte (cf. Revue, 1952, p. 317). Celle-ci a été rééditée sans changement en 1953, Crefeld, Scherpe-Verlag, 14 x21, 44 pp. Y joindre cependant l'article, également important, d'un élève de K., E. STOMMEL, Die bischOfliche Kathedra im christlichen Altertum, Münch. Theo/. Zeitsch. 3 ( 1952) 17-32, qui modifie en partie les conclusions de l'étude précédente.

(Il) Cf. infra, p. 597. ( 12) Cf. infra, p. 604. (13) Stuttgart, Hiersemann, 1952-1954. (14) Article dO pour la partie chrétienne à J. KoLLWITZ. Cf. du même, Zur Frahge­

schichte der Bilderuerehrung, dans Rlimische Quartalsch. 48 ( 1953}, P~· 1-20. ( 15) Dictionnaire pratique de liturgie romaine publié sous la direction de R. LESAGE,

Paris, Bonne Presse, 1952 ; 16 x 25, 576 pp., 3400 frs.

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un temps où l'observation des rubriques est souvent négligente. Malheureu­sement l'information historique, volontairement élémentaire, est peu sûre, et l'ouvrage s'ouvre trop peu encore à la préoccupation pastorale dont le S. Siège a plusieurs fois manifesté ces dernières années qu'elle était essen­tielle à une saine intelligence de la liturgie : utile sans doute aux cérémo­niaires de cathédrales et aux prêtres déjà formés, ce dictionnaire ne sera pas à conseiller sans discernement au clergé en général.

Manuels. - La sixième édition du manuel de LECHNER-EISENHOFER a suivi de près la cinquième (16). On ne saurait trop louer le Dr Lechner pour la manière dont il a revisé ce célèbre manuel. Attentif à toutes les remarques il a, tout en restant fidèle à un plan et à une méthode qui sem· hien! avoir fait leurs preuves, introduit des améliorations presque à chaque page, ajouté ici une phrase, nuancé là un mot, ailleurs récrit un paragraphe entier. L'introduction insiste maintenant sur l'acte cultuel du Christ, tout en faisant une place à la participation active des fidèles (peut-être .eût-il pu placer ici un paragraphe sur l'assemblée liturgique). La loi de l'adapta· lion pastorale est mieux mise en valeur, en particulier dans le paragraphe sur la langue liturgique, qui pourra s'adoucir encore. Le vieux manuel complètement rajeuni est en train de perdre ce que sa clarté avait de trop analytique et, mettant mieux en place les ensembles (cf. l'année liturgique par ex. ou l'histoire du bréviaire), il commence à rendre aux parties de la liturgie des proportions plus traditionnelles. La bibliographie s'est éga· lement complétée, notamment pour les études non-allemandes : chose curieuse, aucune publication du Centre de Pastorale liturgique n'est men· tionnée.

La Storia liturgioo de Mgr RIGHETTI, la plus ample peut-être qui ait paru depuis deux siècles, s'achève avec le 4e vol., qui contient les sacre­ments autre que l'Eucharistie, les sacramentaux et près de lOO pages de tables (17). Ce volume manifeste les mêmes qualités que les précédents : ampleur de la documentation en même temps que recours constant aux sources, exposé clair et vivant. Dans une œuvre aussi considérable, appelée

(16) J. LECHNER, Lilurgik du rDmischen Rilus begründet v. L. EISENHOFER, 6• éd., Freiburg, Herder, 1953; 15 x 23, xvi-400 pp. (Cf. Revue, 1952, p. 293). - Pour l'ensei­gnement religieux secondaire, signalons le très bon manuel de KEMPF-FAUSTMANN, dont le Dr. A. B. GoTTRON a publié en 1950 la 19• éd. (Handbuch der Lilurgik. Paderborn, F. SchOningh; 16 x 24, 244 pp., DM 5, 80). Bien informé, judicieusement illustré, il aide le maitre à une éducation effective du sens liturgique.

(17) M. RJGHETTI, Manuale di Sloria Lilurgica. Vol. IV, 1 sacramenli. 1 sacramen­lali. Indice generale. Milano, Ancora, 1953; 16 x 25, xvi-576 pp., 2000 L. (Cf. Reuue, 1950, p. 61 ). A la différence des autres vol., les illustrations ont été supprimées.

Signalons en traduction anglaise l'utile opuscule de Th. KLAUSER, The Weslern Liturgy and ils Hislory, London, Mowbray, 1952, 63 pp., avec une bibliographie de l'A. (Cr. Revue, 1952, p. 293). Nous n'avons pas reçu B. STEUART O. S. B., The Develop­ment of Christian \V orship, London, Longmans, 1953 ; 30 s.

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sans doute à un long service, il est inévitable qu'un assez grand nombre de petites erreurs de détail se soient glissées, qu'une prochaine réédition cor· rigera. Dès maintenant en tout cas l'histoire de Mgr R. est nécessaire aux bibliothèques ecclésiastiques et à tous ceux qui recherchent une informa· tion approfondie sur l'histoire de la liturgie.

Dans le même domaine le protestantisme allemand se signale par deux œuvres importantes, très différentes l'une de l'autre : Le Lehrbwch der Liturgik de RIETSCHEL·GRAFF (18) et Leiturgia, HaJndbuch des evangeli­schen Gottesdienstes, œuvre collective dirigée par K. F. MuELLER et W. BLANKENBURG (19). Nous aurions voulu comparer le Lehrbuch avec les deux volumes publiés par Rietschel en 1900 et 1909. N'ayant trouvé nulle part ces volumes, nous en sommes réduit à apprécier la refonte du Dr Graff telle qu'elle se présente à nous, en deux tomes compacts réunis sous une même pagination et une même reliure .et consacrés, le premier à la signifi· cation et à l'histoire du culte en général (avec l'Eucharistie), le second au casualia (qui correspondent aux 6 autres sacrements). L'histoire de la liturgie catholique et celle du culte luthérien sont également traitées. Pour l'histoire du culte luthérien, on a là une mine inépuisable d'informations, proches des sources et de l'histoire locale. Le Dr Graff n'est-il pas l'auteur d'une Histoire de la décomposition des anciennes formes cultuelleS! pans le luthéranisme, qui fait autorité ? Pour prendre ce processus historique par l'autre bout, ce sera une révélation pour le liturgiste catholique de constater dans quelle large mesure les formes liturgiques du catholicisme médiéval ont survécu, parfois pendant un siècle ou deux, au sein de la Réforme ; de constater également que le culte luthérien a subi au cours des derniers siècles des influences générales assez semblables à celles qui ont marqué la liturgie catholique : un tel fait suffit à montrer que le liturgiste catholique ne peut se désintéresser de ce grand Lehrbuoh protestant.

Ceci dit, il faut avouer que pour tout ce qui touche à l'histoire de la liturgie catholique ancienne, l'ouvrage, excellent il y a un demi-siècle, a sans doute été trop peu revisé : les détails nouveaux ne manquent pas, mais le Dr G. semble avoir été débordé par l'ampleur de la tâche. A cet égard les étudiants luthériens trouveront mieux dans le manuel allemand, qui paraît depuis 1952 sous le patronage de la Conférence liturgique luthé­rienne et doit comporter 4 volumes sur le culte en général (paru), la messe (en cours de parution), les casualia et la musique ecclésiastique. L'inten· tion qui préside à cette œuvre est d'unir une science historique exigeante au souci de renouveau des formes liturgiques, pour le plus grand bénéfice

{18) G. RIETSCHEL, Lehrbuch der Liturgik, 28 éd. refondue par P. GRAFF, GOttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1951 ; 16 X 24, Iv-930 pp., DM 72.

(19) Leilurgia. Handbuch des euangelischen Gotlesdienstes hrsg. v. K. F. MüLLER u. W. BLANKENBURG. T. 1. Geschichte, Lehre u. Formen des euangelischen Gottesdienstes, et T. II, fasc. 1. Kassel, Johannes Stauda-Ver1ag, 1952-1954; 17x25, xvi-534+96 pp., DM 3, 80 par fasc. {8 fasc. parus).

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de l'une et de l'autre. Il n'est pas douteux que les 8 fascicules parus jusqu'à présent constituent une vraie réussite dans ce sens par le sérieux de l'in­formation historique, également par une certaine sûreté du sens liturgique et biblique dont les ouvrages scolaires osent rarement faire étalage. Aussi ne s'étonnera-t-on point que les AA. retrouvent souvent, et avec fraîcheur, des valeurs de tradition catholique. Nous avons été frappés à cet égard par la remarquable contribution de l'architecte G. LANGMAACK sur l'espace cultuel et certaines parties de l'étude de P. BRUNNER sur la théologie du culte, étude qui occupe dans le 1•r vol. une place centrale. Le chapitre de R. SrAEHLIN sur l'histoire de la liturgie est très bon ; celui de G. KUNZE sur l'année liturgique fait attendre avec intérêt celui qu'il doit consacrer aux péricopes, domaine où l'on sait sa compétence.

Liturgie comparée (20) d'A. BAUMSTARK (f 1948) n'est pas une histoire de la liturgie, mais une recherche des lois de l'histoire liturgique à la lumière de la « liturgie comparée », cette discipline créée par Baumstark lui-même et qui a porté des fruits si heureux. Remercions dom Botte d'avoir réédité cet ouvrage plus utile que tout autre à une culture liturgique pro­fonde. Il a ajouté ici où là quelques références aux ouvrages depuis 1939 et complété la précieuse bibliographie des sources qui fonne l'appendice. D'aucuns trouveront la main de Dom Botte trop discrète, et regretteront qu'il n'ait pas indiqué plus explicitement les points sur lesquels les litur· gistes actuels ne suivent pas Baumstark, ou l'ont dépassé. Plus que tout autre il était désigné pour une telle tâche.

La Liturgie, lieu théologique. - Même aux époques où le sens liturgi­que n'était généralement pas très élevé, les théologiens n'ont jamais cessé de s'intéresser à la liturgie dans le cadre du traité de locis theologicis, mais cette question mériterait d'être reprise avec plus d'ampleur. Un Jésuite por­tugais, le P. PINTO, s'y est employé dans sa thèse doctorale (21). Assuré d'une solide formation scolastique et abondamment infonné de la littéra­ture du sujet, il offre une très claire mise au point, présentée à juste titre dans les catégories théologiques les plus classiques, quoique d'une façon parfois un peu scolaire. Sa connaissance des données de l'histoire de la liturgie est correcte, mais il ne manie pas cette discipline avec assez d'ai­sance pour recueillir tout le bénéfice qu'elle peut apporter au théologien. On eût souhaité par exemple qu'il examine de plus près la question des

(20) A. BAUMSTARK, Liturgie comparée. Principes et méthodes pour l'étude histo­rique des religions chrétiennes. 3• éd. revue par dom B. BoTTE. Chevetogne, 1952; 14;21, XVI·292 pp., 165 fr. B.

(21) M. PINTO S. J., 0 valor leoltlgico da Iiturgia (ensaio de um lralado). Braga, Livraria Cruz, 1952; 14x 19, xuv-370 pp., 40 Esc. Il nous faut au moins signaler dans un domaine auquel touche le P. P., l'important article du P. A. STENZEL S. J., Cultus publicus. Ein Beitrag zum Begriff und ekkleaiologischen Ort der Liturgie, paru dans Zeilsch. f. kath. Theo/. 75 ( 1953), pp. 174-214.

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éléments liturgiques de tradition apostolique, question que les plus récents historiens de la liturgie ont commencé à renouveler, en particulier par l'étude de la structure de la célébration eucharistique (22). - Les chapitres 'sur l'argumentation liturgique des conciles, des papes et des théologiens réunissent des matériaux particulièrement utiles (23). Dans l'analyse détail· lée qu'il consacre à l'argument liturgique dans la doctrine de Pie XII, le P. P. examine les rapports entre la lex fidei et la lex supplicandi : on sait que l'encyclique Mediator, retournant l'adage traditionnel pour faire face à l'interprétation moderniste de Tyrrell, proclame la priorité du dogme sur la liturgie. Il s'agit, remarque avec raison le P. P., d'une priorité onto­logique qui n'exclut pas la priorité logique de la liturgie par rapport à la théologie. Encore faudrait-il faire mention ici du développement dogma· tique : il est des dogmes, ceux de 1' Assomption et de l'Immaculée Concep· tion par exemple, qui, avant d'atteindre leur explicitation plénière et leur formulation dogmatique proprement dite, ont d'abord été professés par l'f:glise uniquement dans I.e culte liturgique : le P. P. le souligne ailleurs. Il mérite en tout cas d'être remercié pour cet ouvrage d'une utilité évidente.

Art sacré et liturgie. - Art Sa'Cré au xxe siècle, du P. RÉGAMEY (24), qui est peut-être un des plus grands livres de théologie morale et de phi­losophie de l'art parus depuis 20 ans, est aussi une contribution majeure à la théologie de la liturgie. Préparée longuement par les articles de l'Art sacré, l'œuvre est dégagée des controverses qui ont permis au P. R. et à ses collaborateurs de faire prendre conscience au public du divorce entre l'Église et l'art contemporain, et par là de commencer à y remédier (25). Tout d'abord le P. R. pose avec vigueur la connexion entre l'art sacré et la liturgie : celle-ci est « art sacré majeur ... .et toujours, à des degrés divers, plus qu'un art » (p. 24). Il est conduit par là à des analyses très riches sur la psychologie de la liturgie : signalons en particulier les pag.es sur la notion du sacré (26) et sur le caractère spirituel du problème de l'art dans le monde contemporain : il n'est pas douteux que l'art est pour toute une partie de l'élite contemporaine une voie essentielle d'accès au sacré et à

(22) cr. infra, p. 596.

(23) On Y ajoute maintenant le chapitre de .Mgr A. M. LANDGRAF, Liturgie und Dogma, dans sa Dogmengeschichte der Frühscholaslik, II, 1 ; Die Lehre von Christus (Regensburg 1953), pp. 31-55.

(24) P.-R. RÉGA!IIEY O. P., Art sacré au XXe siècle? (L'Art et Dieu, 2). Paris, Cerf, 1952; 14 x 23, 484 pp., 1200 frs.

(25) On trouvera un utile tableau d'ensemble de la controverse dans 1\f. OcHsÉ, La nouvelle querelle des images. Prét. de DANIEL-RoPs. Paris, Centurion, 1953; 14 X 19, 144 pp., illustré, 250 frs. Le souci de modération, naturellement louable en soi, conduit parfois à l'oubli des valeurs artistiques en cause.

(26) On rapprochera de ces pages, ainsi que du livre célèbre de R. Guardini, la si intéressante étude du P. H. RAHNER S. J., Der spielende Mensch, publiée en 1948 dans Eranos Jahrb. et reprise depuis en brochure (Christ Heute II, 8), Einsiedeln, Johannes-Verlag, 1952; 12xl9, 80 pp., DM 6, 50.

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Dieu. La portée spirituelle de la liturgie s'en trouve accrue, mais la qua­lité sacrée de la célébration devient encore plus urgente. Le P. R. analyse cet accès au sacré, lui donne sa profondeur, le corrige au besoin par une théologie solide et étonnamment sensible aux valeurs spirituelles. On remar­qllt'ra aussi les indications sur foi et sentiment, mystère et sensibilité spiri­tuelle ; le P. R. rejoint ici l'étude importante du théologien allemand Richard EcENTER sur le kitsch (27), c'est-à-dire le sentimentalisme dans l'art et la vie chrétienne en général. Le professeur de Munich montre que le kitsch constitue un problème moral : une fois de plus la liturgie est un élément essentiel du ressourcement de l'esprit chrétien.

Comparé aux liturgistes contemporains, le P. R. est plus attentif que la plupart au hiératisme de la liturgie qu'à ses possibilités d'adaptation, à son côté mystique qu'à son côté pastoral. Il a des remarques bienfaisantes sur les excès du didactisme, spécialement opportunes en un temps où cer­tains vœux de réforme liturgique ne sont pas assez enracinés dans l'esprit de la prière de l'Église. Néanmoins nous ne croyons pas entièrement adé­quate la distinction entre le rôle didactique de l'art sacré et l'aide qu'il apporte à la création d'une ambiance contemplative. La perspective dog­matique du W concile de Nicée semble bien nous inviter à considérer une troisième fonction de l'œuvre d'art sacré, à savoir l'image comme terme de culte, prolongeant en quelque sorte le réalisme de l'Incarnation : là se trouve la limite que l'Église imposera toujours à un art non-figuratif, au moins, par exemple, pour les principales statues d'une église. A cet égard le P. R. a heureusement complété son livre par le récent cahier de l'Art sacré sur l'art byzantin.

Mouvement liturgique.- Un Luthérien américain de tendance Haute­Église, le Rév. Ernest B. KoENKER, consacre une étude importante à la Renaissance liturgique clans ftglise catholiqwe romaine (28) : aux :f:tats· Unis en effet, comme en Europe, les confessions anglicane et luthérienne ont conservé une part plus ou moins considérable du patrimoine cultuel catholique, ce qui les prédisposait à subir l'influence du Mouvement litur· gique. L'information de K. est abondante, de seconde main une fois ou l'autre (29), mais en général fort exacte. A notre avis, il ne souligne pas

(27) Kitsch und Chrislen-Leben. Ettal, Buch- u. Kunstverlag Abtei Ettal, 1950 ; 18x 12, 182 pp. & 16 pl., DM 4, 80.

(28) E. B. KOI!NKBR, The Lilurgical Renaissance in /he Roman Catholic Church. Chicago, Uni v. of Chicago Press, 1954; 15 x 24, 272 pp., S 5.

J. H. SRAWLEY (t 1954), chanoine anglican de Lincoln et bon historien de la liturgie des premiers siècles, laissait à sa mort une brochure intitulée The Liturgical Movemenr. lts Origin and Growth (Alcuin Club Tract 27). London, Mowbray, 1954 ; 13 x 18, 36 pp., 4 s. C'est une initiation commode et valable à la problématique de mouvement liturgique catholique avant 1940. Pour la période plus récente son information est assez incomplète.

(29) Il ne semble guère connaltre la crise liturgique allemande de 1940-43 qu'à travers La Jllnison-Dieu. De môme pour la discussion autour de dom Case!.

BULLETIN DE LITURGIE 591

assez le rôle joué par dom Lambert Beauduin et les Bénédictins belges à la suite des grandes initiatives de Pie X ; d'autre part le crédit accordé par le Mouvement liturgique aux vues de dom Casel a comporté plus de nuances, voire parfois d'hésitations, qu'il ne l'exprime. Il a bien reconnu par contre, l'ampleur des préoccupations du Mouvement au cours des der· nières décades, non seulement dans le domaine de la pastorale, mais dans ceux de la théologie et de l'art sacré (le liturgiste américain donne ici sa préférence aux réalisations de Beuron et de Maria-Laach, dont les fruits de faux hiératisme sont encore appréciés outre-Atlantique). Divers chapitres sont consacrés à la redécouverte des doctrines du Corps mystique et du sacerdoce des fidèles, au rôle du Christ dans les sacrements ; les points communs avec le protestantisme sont soulignés, mais 'aussi les divergences, comme dans le cas du sacerdoce des fidèles : le liturgiste catholique pensera, encore que K. ne le dise pas, que les vues de Luther sur le sacerdoce des fidèles procèdent de l'insuffisance de sa doctrine du Corps mystique. D'une façon plus générale, il éprouvera un certain malaise à lire cet exposé où la sympathie et le souci d'objectivité sont pourtant si évidents. Ce malaise est dû, nous semble-t-il, au fait que K. présente la restauration théologi· que qui accompagne le Mouvement liturgique dans un.e perspective évolu· tionniste qui lui est étrangère. Une opposition telle que son exposé la sug· gère entre un catholicisme liturgique et un catholicisme préliturgique, n'existe pas : aux yeux de tous les liturgistes, les vérités sur lesquelles le Mouvement liturgique .est bâti tirent leur prix de leur insertion organique dans l'ensemble de la doctrine de l'Église.

Tous s'accordent à reconnaître que le pontificat de S. Pi.e X a marqué une étape importante dans la réforme et la restauration liturgique. Aussi le P. BuGNINI a·t·il rendu service aux liturgist.es en groupant dans un recueil élégant et pratique les Documenta; poontificia ad insta:urationem liturgicam spectantia (1903-1953) (30). Ces documents sont si nombreux qu'on devait se résigner à ne publier que ceux qui intéressent de façon directe le Mou­vement liturgique. Le professeur de l'Athénée de la Propagande a donc écarté tant les textes de technique rubricale que ceux qui intéressent l'en· seignement théologique, la constitution Sacrœmentum Ordinis par exemple : on trouvera facilement ceux-ci dans Denzing.er ou les recueils analogues. Ici ou là quelques notes historiques et la référence des principaux com­mentaires ajoutent à l'utilité du volume.

Le cinquantenaire de S. Pie X a donné aux animateurs du mouvement liturgique dans les différents pays l'occasion de se rassembler sous la ban­nière du saint Pontife et de mesurer à la fois le chemin parcouru et I.es tâches à accomplir. Les Actes du congrès liturgique de Lugano (31), publiés

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en italien, allemand et français, constituent moins un apport nouveau à l'histoire liturgique qu'un bilan capital de la pastorale liturgique.

Ils sont heureusement complétés par les Actes du congrès interTUlltionol de mu.sÛ]ue sacrée organisée à Rome en 1950, Actes publiés grâce au zèle de Mgr A.IVGLÈS (32). Nous ne saurions résumer ici ce très bel ensemble d'une centaine de communications, réparties en 6 sections : questions prati­ques, chant oriental et byzantin (33), chant grégorien, musicologie, orgue, musique religieuse contemporaine. La vitalité intense et diverse de la musi­que sacrée, du chant grégorien en particulier, s'y montre avec évidence. Du point de vue historique, la qu.estion des origines du chant grégorien se trouve posée en diverses communications (W. LIPPHARDT, B. STAEBLEIN) qu'il faut compléter maintenant par une très importante étude dans laquelle dom HucLO inventorie les mss. du chant « vieux-romain » (34) : souhai­tons que dom H. éclaire bientôt les rapports entre chant « vieux-romain :. et chant « grégorien ,,

MoNOGRAPHIEs

La messe : Histoire. - Les dernières années ont vu paraître un ensem­ble d'ouvrages remarquables sur la messe, auxquels il faut joindre des rééditions parfois importantes, tandis que les missels des fidèles atteignent une perfection jusqu'à présent inégalée. La collection Étude~ liturgiques, publiée sous la direction conjointe du Centre de Pastorale liturgique et de l'Abbaye du Mont César, s'est ouverte par Les oruisaros du missel romain de dom BRUYLAi'ITS (35) et un recueil sur L'Ordinuire de la Messe (36) : le 1er des deux volumes de dom B. indique en tableaux synoptiques la présence et la composition de chacun des formulaires (37) du missel romain actuel, signalées dans une trentaine de témoins manuscrits (38) et 3 témoins imprimés de la tradition romaine (39) depuis le léonien jus-

Lilurgica 1). Lugano, Cenlro di Liturgia, Como, Ars Comacina 1953; 16 x 21, 254 pp. Cr. Lifurgisches Jahrbuch 1953/11 et La Maison-Dieu 37.

(32) 1. ANGLÈs, Alli del Congresso lnternazionale di Musica Sacra (Roma 1950). Tournai, Desclée, 1952; 18 x 25, 420 pp.

(33) cr. infra, p. 602. (34) M. llt;GLO O. S. B., Le chant • vieux-romain'· Liste des manuscrits el témoins

indirecls, dans Sacris Erudiri 6 (1954) pp. 96-124. (35) P. BnuYLANTs O. S. B., Les oraisons du missel romain. Texte et histoire . 1.

Tatmlae synoplicae rontium Missalis Romani; Indices. Il. Orationum textus et usus juxta rontrs. Louvain, Mont César, 1952; 19 x 25, xiv-330 pp. et 17, 5 x 25, 344-xiv pp.

(36) B. BoTTE O. S. B. et Cu. MonRMANN, L'Ordinaire de la Messe. Texte critique, traduction et éludes (Études lilurgiques, 2). Paris, Cerf et Louvain, Mont César, 1953 ; 17 x 25, 152 pp.

(37) • !'lous appelons • formulaire • l'ensemble des pièces euchologiques aiTectées à une même messe • (T. l, p. Ix).

(38) Dont 4 inédits : le sacramentaire de Gellone, le sacramentaire de Paris (Na!. lai. 2296, vm•-1x• s.) et les 2térnoins du missel de la Curie, Avignon 100 et Otto b. lat. 356 (cf. infra, p. 610).

(39) C'est dire que J'apparition tardive d Rome d'une oraison (ou d'une fête) ne

BULLETIN DE LITURGIE 593

qu'à nos jours ; en même temps sont signalées par leur incipit les oraisons aujourd'hui sorties de l'usage (40). La fin du volume est occupée par la table des incipit et un index verbal des oraisons du missel. Le second volume donne le texte de toutes les oraisons actuelles du missel, rangées par ordre alphabétique et affectées d'un numéro d'ordre, en indiquant l'em· ploi de chaque oraison dans les témoins mss. et toutes les variantes du texte. A la fois par les variantes textuelles et par l'index verborum l'ou­vrage de dom B. est un instrument de travail sans prix, désormais indis­pensable à toute étude sérieuse du sens des oraisons comme à l'exploitation théologique du missel romain. Bien des oraisons difficiles s'éclairent. par la connaissance des variantes, ou des autres emplois d'un même mot. Quelle ressource pour le théologien de pouvoir accéder facilement à tous les emplois dans le missel de grati<J, mysterium, sacramentum, peccatum, devo­tio et bien d'autres mots intéressant l'histoire des doctrines ; encore fau­dra-t-il se garder d'oublier, au-delà de la relative stabilité du vocabulaire, les quinze cents ans d'histoire linguistique et théologique qui affectent chaque mot, toujours de variations de nuance et souvent de modifications plus fondamentales.

Le second ouvrage de la collection a été élaboré à la demande des prin­cipaux missels des fidèles de langue française, qui souhaitaient posséder une traduction commune de l'Ordinaire de la Messe, à la fois exacte et assimilable pour les fidèles. Au texte latin de l'édition typique, qui fait face à la traduction (41), on a joint un apparat critique simplifié préparé par dom Botte à partir de son édition critique du Canon. Deux chapitres d'introduction donnent un bref historique des prières de l'Ordo Missae (d. BoTTE) et une vue d'ensemble sur le latin liturgique (M 11e MoHRMANN). 9 excursus prolongent les notes de la traduction (Amen, ponctuation de la préface, maiestas, illibatus, rationabilis, locus refrigerii, in wnitate Spiritus Sancti, pietas, ite missa est). On voit que le souci dominant a été de fair~ servir à l'intelligence du texte liturgique la science philologique depuis longtemps utilisée dans les traductions bibliques. Beaucoup de points du texte de l'Ordinaire en reçoivent une lumière nouvelle, tandis que la supé­riorité religieuse et littéraire du Canon sur les autres prières sacerdotales de l'Ordo Missae se manifeste nettement dans la traduction. Le clerc cul­tivé puisera dans ce livre une connaissance neuve des paroles de la messe.

nous dispense pas de chercher si cette oraison n'a pas eu une longue histoire en Gaule ou ailleurs avant d'entrer dans la liturgie romaine. Dom B. a très justement fait remar­quer qu'il était forcé de se limiter pour aboutir.

(40) La complexité de la typographie représente un tour de force de la part de l'imprimeur. Signalons quelques corrections à faire dans l'index L'erborum: p. 225 (con{lrmo), après perpetua salvatione lire 717; p. 226, ajouter contumacia 628; p. 267 (regnum); lire regnum aeternum 257 etc.

(41) Deux omissions sont à réparer: Gloire au Père ... (p. 71), Amen à la fin de la traduction du Suscipiat (p. 73).

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Au moment où paraissait une s• édition de The Shape of the Litwrgy (42) de dom B. Dix (f 12 mai 1952), le P. ]UNGMANN a publié une 3e édition allemande de Missarum Sollernnia (43) dont a pu profiter le 2• volume de la traduction française (44) : cette traduction se recommande par les qua­lités que nous avons déjà signalées (45) à propos du 1er vol., elle se réfère à la 3' édition allemande, sans pouvoir œnir compte de tous les change· ment que le P.J. y a introduit presque à chaque page, et qui, d'édition en édition, renouvellent la valeur de cet ouvrage sans en modifier la physio· nomie de façon essentielle.

Eucliariste de M. et Mm• BouLET-DENIS (46) est fort différent. Volontai· rement avare de notes, quoique fait de première main, il commence par un pèlerinage aux diverses célébrations eucharistiques actuelles, aussi bien orientales qu'occidentales, où l'accumulation minutieuse des détails lasse­rait parfois si la description n'était animée par une sensibilité vivante. La suite du volume nous fait remonter l'histoire de la messe jusqu'à ses ori· gines, tant en Orient qu'en Occident. Sans cesse le liturgiste cueillera des réflexions originales et il devinera à bien des allusions que ces pages si aisées en apparence supposent une riche documentation et une longue fami· liarité avec les problèmes de l'histoire et de la théologie. Dom Dix en par· ticulier, cet esprit si créateur qu'on a suivi sans critique ou contredit de façon trop absolue, se trouve discuté utilement et avec justesse. Enfin le pèlerinage d'Euchariste aboutit aux sources scripturaires de la messe, qui forment la matière d'un chapitre de 50 pages.

Quelques conclusions désormais assurées, quelques orientations nouvelles paraissent se dégager de ce magnifique ensemble d'études sur la messe que nous avons trop brièvement présentées. Pour la période médiévale, nous avons tout d'abord la possibilité, grâce aux Ordiroes Romani édités par Mgr Andrieu, de distinguer heaucoup plus exactement qu'autrefois le rite de la messe romaine d'une part, et les additions et modifications fran· ques d'autre part : avoir assimilé toutes ces données nouvelles n'est pas le moindre mérite de la 3• éd. de Missarum Sollf!Tnni.a.

(42) G. D1x, The Shape of the Liturgy. 5• éd. London, Dacre Press, 1952; 15 x 22, xx-764 pp. Il n'y a pas eu de changements après la 2• éd.

(43) J. A. JUNGMANN S. J., Missarum Sollemnia. Eine genetische Erklfirung der rumischon Messe. 3• éd., Wien, Herder, 1952; 2 vol., 15 x 22, xxlv-634 et 636 pp., 14B S.

(44) Missarum Sollemnia. Explication génétique de la messe romaine. T. II [=le déroulement de la messe jusqu'à la llo de I'OITertoire]. Paris, Aubier, 1952; 14 x 22, 3B4 pp.

(45) On a laissé des coquilles dans les noms propres. P. 279 à la place de Pierre de Millau, ne faut· il pas lire: Pierre Ameihl '/ Ici ou là les traducteurs n'ont pas remarqué la nuance du mol stadlr6misch par lequel le P.J. distingue la liturgie romaine tout à fait proprement dite de la liturgie romaine telle qu'on la pratiquait dans l'empire franc.

(46) N. MAURICE-DENIS, R. BouLET, Eucharisle ou la Messe dans ses variélés, aon histoire el ses originu. Paris, Letouzey, 1953; xx-496 pp., 15 x 22, 1200 frs.

BULLETIN DE LITURGIE 595

Dans deux autres chantiers liturgiques ouverts également par Mgr Andrieu, et là encore admirablement choisis, à savoir la Rhénanie du X8 s. et la Curie romaine du XIIIe, un Prémontré belge, le P. Luyks, et un Franciscain hollandais, le P. van Dijk ont effectué des travaux importants dont il faut souhaiter la prompte publication : c'est en Rhénanie et non à Séez qu'il faut chercher l'origine de cet ordo missae signalé naguère par le P. Jung· mann ; d'autre part la Curie romaine d'Innocent III et de ses successeurs célèbre déjà la messe, à peu de chose près, comme le fera l':tglise latine toute entière avec S. Pie V.

Si nous nous tournons vers l'Antiquité, nous voyons les liturgistes s'in­téresser à nouveau à l'élaboration du Canon romain, discutée vers 1900 avec si peu de résultats. A Maria Laach dom Frank (47), au mont César dom Capelle (48) et dom Botte dans le volume recensé plus haut arrivent à penser que la structure du Canon était déjà en place à la fin du IVe s., et qu'il n'a subi au cours du ve que des aménagements rédactionnels. D'autre part le prof. Klauser, qui proposait de situer sous Damase l'éta· blissement (ou la traduction) du Canon romain, n'a guère recueilli l'assen· timent des spécialistes, et c'est nettement plus tôt qu'il faudrait placer cette adaptation sans doute très libre d'un modèle grec. Une question reste insuf­fisamment étudiée, celle du Sanctus : on n'a peut-être pas assez tenu compte des remarques de Dix pour qui le Sanctus n'a été inséré dans les liturgies occidentales que tardivement, à la suite des polémiques antiariennes.

A côté des ouvrages principalement historiques il en est d'autres qui sont plutôt des méditations théologiques, toutes nourries d'ailleurs de la Tradi­tion et se donnant pour but de la faire retrouver. C'est le cas d'Euolutristia de Mgr PASCHER, dont celui-ci vient de publier une édition refondue (49), qui tient largement compte de l'encyclique Mediator. Nous avons déjà dit la méthode et la valeur des ouvrages de Mgr P., admirablement adap· tés à la formation liturgique et théologique des clercs (50). Les pages sur la participation des fidèles au sacrifice sont parmi les meilleures qui aient été écrites ces dernières années ; celles sur le repas ont été mises au point dans le sens d'un repas cultuel référé à un sacrifice (51). Plus limité dans son objet, le Sœcrifice de louange de dom JuGLAR (52) traite de la messe comme action de grâces, comme « eucharistie ». Une première partie étudie dans la Tradition des quatre premiers siècles les thèmes mêlés de

(47) H. FRANK O. S. B., Beobachtungen zur Geschichte des Messkanons, dans Archiv f. Liturgiewiss. 1 (1950) pp. 107-ll9.

(48) B. CAPELLE O. S. B., Innocent J•r et le canon de la messe, dans Rech. théol. anc. médiév. 19 (1952) pp. 5-16.

(49) J. PASCHER, Eucharistia. 2• éd. {1°' éd. 1947), Freiburg i. Br., E. Wewe1 et Münster/W., AschendorfT, 1953 ; 15 x 21, 392 pp., DM 14, 60.

(50) Cf. Revue, 1952, p. 294. (51) Cf. Revue, 1952, p. 295. (52) J. JuaLAR O. S. B., Le sacrifice de louange (Lex Orandi, 15). Paris, Cerf, 1953;

13 x 21, 292 pp., 660 rrs.

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l'action de grâces, de la louange et du sacrifice spirituel ; on ne pourra désormais négliger ces pages où le sens religieux s'allie à une fine intelligen­ce de la mentalité patristique. La seconde partie reprend les mêmes thèmes dans les prières de la messe. Il était difficile de le faire sans quelque artifice. Peut·être eÛt·il mieux valu se limiter à la première partie, qui est excellente, en renvoyant souvent à l'expression des thèmes patristiques dans la messe romaine.

On remarquera dans ces divers travaux sur la liturgie de la messe, deux orientations nouvelles par rapport à l'avant·guerre. En premier lieu les recherches historiques sont guidées par une conception pastoral.e de la liturgie. On cherche à comprendre tel rite, par sa fonction pastorale, t.elle évolution historique par les besoins du peuple chrétien à une époque don­née. C'est le P. ]UNGMANN qui a ouvert cette voie, et il vient de compléter à cet égard son grand ouvrage par un recueil de quatre conférences qui porte le titre caractéristique V um Sinn der Messe ais 0 pfer der Gem.einschaft (53).

En second lieu il est clair que la problématique imposée il y a 25 ans par Lietzmann est maintenant complètement dépassée et que les liturgistes catholiques, moins pressés par les nécessités de la controv.erse avec les pro· testants, accèdent à une considération positive de la structure des anapho­res. Cela est remarquable surtout dans différents articles du P. Jungmann et dom Botte (54). La première tâche est de dégager les éléments qui appar­tiennent universellement à l'anaphore : c'est le cas du récit de l'institution et de l'anamnèse, même pour l'anaphore chaldéenne des Apôtres, comme l'a montré dom Botte. Par contre il est assuré que l'épiclès.e consécratoire n'est pas primitive encore que les liturgies syriennes en aient élaboré une dès le Ive s., plutôt semble·t·il par développement interne que par réaction contre les pneumatomaques. Il est également de moins en moins sûr que le Sanctus ait primitivement appartenu à l'anaphore, quoi qu'il en constitu.e un développement capital. A ce sujet il faut saluer avec joie la traduction française du petit livre d'E. PETERSON intitulé le livre! des Anges, mais qui est en réalité une théologie biblique et liturgique du Sanctus et de la valeur eschatologique du culte chrétien (55). La traduction, conform.e à l'édition allemande de 1935 ne fait point mention des études parues sur ce sujet depuis 20 ans, spécialement outre· Rhin (56). Néanmoins ce petit livre savant, parfois un peu subtil, mais d'une grande fraîcheur et d'une grande riche~&! de perceptions, est plus apte qu'aucun autre à faire entrer nos con·

(53) Einsiedeln, Johannes Verlag, 1954; 12 x 19, 78 pp. (54) J. A. JuNGMANN, Das Gediich!nis des Herrn in der Eucharistia, dans Theol.

Quarlalschr. 133 (1953) pp. 385-399; B. BoTTE, Problèmes de l'anamnèse, dans Journal of Eccl. flistory 5 ( 1954) pp. 16·24; cf. infra, p. 601.

(55) E. PP.TERSON, Le livre des Anges. Trad. Cl. CHAMPOLLION avec une préf. de J. DANihou. Paris, Desclée de Brouwer, 1954; 12 x 18, 138 pp. - Cf. Revue, 1935, p. 730. Quel dommage que les notes soient séparées du texte 1

(56) Cf. par exemple, du point de vue archéologique, Revue, 1952, pp. 313 et 319.

BULLETIN DE LITURGIE 597

temporains dans la perspective eschatologique essentielle du culte chrétien. L'effort prindpal des PP. Jungmann et Botte a porté sur l'anamnèse

dont ils ont souligné la solidarité absolue avec le récit de l'institution. La Tradition ne connaît pas de célébration eucharistique dans laquelle l'anam­nèse ne formerait pas un bloc unique avec les paroles du Christ. Il est remarquable aussi que toutes les anamnèses connues ajoutent et associent à la commémoraison de la mort du Christ, mentionnée par S. Paul, celle de sa résurrection en attendant de faire porter l'anamnèse sur l'économie entière de la rédemption. Enfin le P. Jungmann analyse longuement l'élé­ment sacrificiel de l'anamnèse, dont il fait très tôt partie intégrante.

Iconographie de la messe.- Le sujet est immense et encore peu exploré. C'était donc chose opportune que de réunir les reproductions concernant l'Eucharistie dans l'art espagnol comme on l'a fait dans un beau recueil publié à l'occasion du congrès eucharistique de Barcelone (57). Après une introduction rappelant à grands traits les bases bibliques et les caractéris­tiques iconographiques de chaque époque, 155 planches manifestent la richesse de l'art eucharistique espagnol. Peu sont dépourvues d'intérêt, et l'ensemble est splendide. Le liturgiste relèvera spécialement les repré­sentations du moyen âge et les retables du XVIe s.

Office divin.- Son histoire n'a fait l'objet d'aucun ouvrage d'ensemble depuis le début du siècle, et la Nacturna Lans d'A. BAUMSTARK, annoncée par l'Abbé Herwegen dès 1938, est toujours inédite. Néanmoins le pro· blème des origines et de la structure de l'Office a progressé, en partie grâce aux idées lancées par Baumstark lui-même. Voici que le P. J. M. HANSSENS nous offre une utile mise au point en même temps que des lumières nou­velles, dans un volume relativement peu étendu, mais d'une technique très poussée, intitulé Nature et genèse de l'Office des matines (58). Une première constatation s'impose avec évidence au sujet de la structure de l'Office divin : après les travaux de Baumstark, de dom Salmon (59), du P. Jungmann (60), le livre du P. H. consacre la distinction fondamentale entre office monastique et Office « paroissial » (Baumstark disait : « cathé­dral »), et l'on peut se demander si la réforme du bréviaire romain accom­plie sous Pie X n'eût pas été toute différente si les liturgistes du saint Pon· tife avaient eu connaissance de ce fait majeur de Tradition : seul l'Office

(57) La Eucaristia. El tema eucaristico en el arle de Espana. Estudio preliminai' de L. FoNT. Repertoria iconogrùfico seleccionado y anotado por E. BAGUÉ y J. PETIT.

Barcelona, Seix Barral, 1952 ; 28 x 22, XLVIII·! 50 pp. ( I 55 pl.). -Au moment de conclu­re ce Bulletin, nous n'avons pas encore reçu les Actes du Congrès de Barcelone. Ils contiennent, croyons-nous, plusieurs contributions de valeur à l'histoire liturgique.

(58) J. M. HANSSENS S. J.; Nature et genèse de l'office des matines (Analecta greg., 57). Rome, Univ. Grégorienne, 1952; 16 x 23, 122 pp., L. 900.

(59) cr. La Maison-Dieu 27, pp. 114-136. (60) cr. Zeitsch. f. kath. Theo/. 72 ( 1950), pp. 66-ï9.

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monastique comporte traditionnellement la récitation intégrale du Psautier ainsi que la célébration quotidienne des petites Iœures du jour et des Matines avant les Laudes, tandis que les deux Offices du matin et du soir (si l'on veut, Laudes et Vêpres), avec un petit nombre de Psaumes fixes, constituent la hase originelle de l'Office « paroissial ». On ne peut retenir la tl1èse avancée récemment par dom Froger, selon laquelle nos Laudes seraient nées à la fin du Ive s.

Le P. Hanssens a cherché à résoudre la question si discutée de l'origine des matines. Il est d'accord avec le P. Jungmann pour considérer comme une pure fantaisie l'explication, naguère courante, selon laquelle vêpres, matines et laudes seraient issues du démembrement d'une vigile primitive de la nuit entière : tous sans doute se rallieront à leur jugement. Mais faut-il prendre en considération le mot de S. Augustin qui proclame la vigile pascale mater omnium sanctarum vigiliarwm (Serm. 219) ? ou faut­il plutôt chercher aux matines une origine monastique ? Pour l'Italie et l'Mrique, les recherches récentes du P. Monachino, pour la Gaule celles de dom Salmon, ont montré que l'influence directe de la vigile pascale sur d'autres vigiles se limite à quelques grandes fêtes ; la même enquête devrait être entreprise pour les grandes villes d'Orient : à Jérusalem au moins, la vigile dominicale semble hien comporter quelque analogie avec la vigile pascale. L'influence du monachisme est en tout cas beaucoup plus nette que celle de la vigile pascale. Aussi est-ce aux moines que le P. Jungmann attribue l'établissement des matines. Le P. Hanssens tient une position plus compliquée: pour lui les matines sont nées de l'amplification de l'office des laudes (qui est primitif) ... « par l'adjonction à celui-ci de la récitation du psautier comme tel. Cette adjonction, œuvre de moines, est à mettre en étroite relation avec l'usage également monastique des veillées nocturnes, totales ou partielles , (p. 58).

Le P. H. insiste sur l'unité des matines avec les laudes à cause de leur parallélisme de structure avec l'orthros byzantin, qui est un office simple et indivisible (p. 26). Toutefois le P. Raes a retourné la solution en mon· trant tout récemment que l'ancien office matinal a comporté dans la litur· gie byzantine la même structure bipartite que dans les autres rites (61).

Année liturgique.- Les moines de Solesmes ont publié de 1948 à 1952 une édition nouvelle en 5 volumes de ce grand classique qu'est l'Année liturgique de dom Guéranger (62). L'ouvrage conçu par dom G. tenait à la fois de ce que nous appelons aujourd'hui une «·année liturgique :. et du missel des fidèles avec commentaire. La diffusion récente des missels permettait d'alléger l'œuvre des textes latins, qui sont déjà dans toutes les

(61) A. RAEs S. J., Nole sur lu anciennes malines byzantines et arméniennes, dans Or. Chris/. Per. 1953, pp. 205-210.

(62) P. Gui!RANOI!R, L'ann~e liturgique. ~dillon nouvelle revue et mise à jour par les moines de Solesmes. Paria-Tournai-Rome, Deaclée, 1948-1952; 5 vol. 17 x 12, 888·1028-1038-1036·970 pp.

BULLETIN DE LITURGIE 599

mains. En respectant le texte de dom G. lui-même, quitte à y ajouter quel­ques subdivisions et des notes, on a aménagé celui de son continuateur, refait certaines notices de saints, introduit certaines autres. Ainsi le lecteur a·t·il la double satisfaction de savoir que le texte même de dom G. a été respecté et que des indications hagiographiques sérieuses ont été intro­duites. On a maintenant groupé à la fin de chaque volume le florilège de textes liturgiques (63), d'ailleurs entièrement renouvelé avec l'aide des moines de Chevetogne.

L'influence si féconde du grand ouvrage de dom Guéranger est à l'ori­gine de bien des « années liturgiques » plus récentes. La collection Lex Orandi vient d'en publier une nouvelle, due à Don BARSOTTI. A lire Vie mystique et mystère liturgique (64) on éprouve la satisfaction de voir tous les aspects de la théologie contemporaine servir à éclairer la vie intérieure et la vie liturgique. Écrit dans un style fluide ce livre est un regroupe· ment des doctrines les plus nourrissantes. Il convient admirablement à la collection dans laquelle il est traduit et aidera utilement à vivre et à prê­cher au long de l'année liturgique une vision forte de l'économie du salut.

Les moniales bénédictines de Herstelle ont eu l'heureuse idée de publier les conférences spirituelles de dom CASEL leur fit sur l'Avent, Noël et l'Épiphanie (65). A ces textes, qui se répartissent sur plusieurs dizaines d'années, on a ajouté des passages liturgiques et patristiques qui en forment comme le prolongement. On ne cherchera pas ici la formulation nette des doctrines où Casel s'oppose à d'autres théologiens, mais une vision patris­tique de la situation du chrétien dans l'économie du salut et la saveur retrouvée de l'attente de « Celui qui vient » : il n'est guère douteux que le moine de Laach, discutable peut-être comme théologien, pourra grâce à ces écrits posthumes étendre encore son rayonnement spirituel et aider à mieux viv;re du mystère liturgique.

Les petits volumes de dom FucoTEAUX sur le temps liturgique sont peut­être les meilleurs du genre en langue française (66). D'une lecture aisée, solidement informés des travaux scientifiques, attentifs à la fois aux riches-

(63) Ce genre de florilège répond certainement à un btsoin profond de la piété liturgique actuelle. Signalons aussi deux petits recueils très bien faits traduisant, le premier des prièt·es liturgiques des 4 premiers siècles (surtout de l'euchologe dit de Sérapion de 1 hmuis), le second, des préfaces des sacramentaires latins groupées par thèmes : L. A. WINTERSWYL, Gebete der Urkirche. 26 éd., Freiburg, Herder, 1952; 12 x 19, 80 pp., DM 2, 80. G. J. STRANGFELD S. J., Das Dankgebel der Kirclle. Latei· nische Prâfationen des christlichen Altertums. Mit einer Einleitung von J. A. JuNG­MANN S. J., 2• éd., Freiburg, Herder, 1952; 12 x 19, 96 pp., DM 2, 80.

(64) Divo BARSOTTI, Vie mystique cl mystère liturgique {Lex Orandi, 16). Paris, Cerf, 1954; 13x20, 484 pp., 930 frs. (original italien paru en 1951).

(65) O. CASEL, Myslerium des Kommenden. Paderborn, Bonifacius-Druckerei, 1952; 12x 19, 262 pp., DM 7, 50. 3 belles retraites prêchées par O. C. en 1945-47 ont été également publiées sous le titre Vom wahren Menschenbild. Regensburg, Pustet, 1953; 11 x 19, 192 pp., DM 5, 80.

(66) E. FucoTEAUX O. S. B., Le triomphe de Pâques. La cinquantaine pascale (L'esprit liturgique, 6). Paris, Cerf, 1953; Il x 18, 154 pp.

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ses du grégorien et aux problèmes de la pastorale, ils sont à r.ecommander à tous (67).

Origines de la Pâque chrétienne. - Élève de Joachim Jeremias, qui fait autorité dans la question de la dernière Cène et de la Pâque juive, M. LoHSE a consacré une thèse doctorale de grande valeur à la Pâque des quartodécimfills (68). Selon lui les quartodécimans jeûnent le 14 Nisan pour les Juifs, en prière pour eux ; la veillée pascale, le soir du 14 jusqu'à 3 heu· r~ du matin le lendemain, est une attente de la parousie, car le Messie (re-)vicndra dans la nuit pascale; cette veillée s'achève par l'agape pascale, sans agneau, car le Christ est l'Agneau, et par l'Eucharistie. La référence du jeûne et de la pâque quartocédimane en général à la mort d.e Jésus serait un développement ultérieur. L. est convaincu que la célébration pas· raie quartodécimane est en substance celle de la communauté primitive. Vers 115 le pape Xyste aurait, en s'inspirant en partie de la pâque quar­todécimane, institué une fête différente, I.e dimanche de Pâques, avec, si l'on ose dire, un objet formel différent, à savoir la commémoration de la mort et de la résurrection du Christ, l'Eucharistie terminant la v.eillée y recevant le sens d'une commémoraison de la résurrection.

Le travail de L. est extrêmement intéressant à condition que le lecteur respecte le caractère de simple vraisemblance qu'il entend lui-même don. ner à un bon nombre de ses interprétations. Par exemple c'est sur une argumentation bien fragile que repose la date de l'institution de la pâque romaine ; et les distinctions trop tranchées entre jeûne pour les juifs et jeûne commémoratif de la mort du Christ, eucharistie d'attente de la parousie ou de joie de la présence du Christ, ont quelque chose d'artificiel et d'un peu forcé. Toutefois L. montre bien la prise de conscience pro­gressive du caractère spécifique de la pâque chrétienne comme commémo­raison de ce que les chrétiens appellent le mystère pascal : à cet égard la pâque dominicale romaine, qu'elle soit d'origine apostolique ou immédia· tement subapostolique, représente par rapport à la pâque quartodécimane, l'explicitation définitive de la fête centrale du christianisme.

LITURGIES ORIENTALES

Anaphores syriaques.- Le fasc. I du t. II des Anaphorae Syriacae de l'Institut Oriental nous est parvenu trop tard pour pouvoir être recensé dans notre dernier Bulletin (69). Il contient les 3 anaphores de Jacques del

(67) Nous avons aussi reçu l'édition commentée de l'Office de la nuit pascale par Ch. BECKER, avec une introduction du P. JuNGMANN: La nuit pascale. Trad. B. LA VAUD

O. P., Paris, Desclée de Brouwer, 1954; II x 19, 208 pp. Cette édition est la seule, croyons-nous, qui contienne à la fois l'Office traduit et un bon commentaire spirituel.

(68) E. LoHsE, Das Passafesl der Quarladecimaner. Gütersloh, Bertelsmann, 1953; 15x22,5, 148 pp., DM 14.

(69) Anaphorae Syriacae quolquot in codicibus adhuc reperlae sun!. Vol. Il, Fasc. 1.

BULLETIN DE LITURGIE 601

Saroug et celle de Jean Sabas. Cette dernière anaphore, très courte et jus­qu'à présent inédite, est éditée par le P. RAES qui propose de l'attribuer au Jean Sabas qui fut évêque et supérieur du monastère de Mar Mattaï en 1290. Particularité tardive, une seule formule consacre le pain et le vin. -Les anaphores de J. de Saroug ont été préparées par le liturgiste anglais H. W. CoDRINGTON (f 1942) qui laisse également 6 autres anaphores prêtes pour l'édition. L'évêque monophysite du début du VIe s. ne peut être l'au­teur d'aucune des 3 anaphores qui lui sont attribuées. Saroug I, contenu dans une trentaine de mss., dont 2 du XIIIe s., emprunte à beaucoup de sources, entre autres à la liturgie égypti.enne de S. Marc et à l'anaphore de Cyriaque d'Antioche (f 817) ; elle est probablement du IXe s. Saroug II peut être un peu plus tardive, Saroug III, très courte, dépend surtout de Saroug II.

La- partie principale du fasc. II est occupée par la version syriaque de l'anaphore de S. Jacques. L'édition, préparée d'abord par A. Rücker (f 1948) a été reprise sur une base nouvelle par dom HEIMING : le P. H. édite l.e meilleur ms. (xe s.) en donnant en apparat tous les éléments de contrôle. Il résulte de la comparaison entre le texte grec et le texte syriaque que celui-ci repose sur un original grec plus ancien que celui que nous pos· sédons. Le textus antiquior de Jacques Syriaque a été traduit (et en quelques endroits adapté) du grec à une date intermédiaire entre la seconde décade du VIe s. et la version de Jacques d'Edesse (f 708) si toutefois elle a bien c.e der· nier pour auteur. En tout cas l'anaphore de S. Jacques n'a encore que peu d'influence dans le monophysisme syrien des VI·VIIe s. - Le P. RAES lui joint l'anaphore abrégée de S. Jacques (fin XIIIe) que, contre Baumstark, il revendique pour Grégoire Bar Hebraeus. Vient enfin une anaphore inédite composée au xme par Grégoire, moine et évêque de Mar Mattaï.

Ces fascicules donnent comme les précédents une traduction latine en face du texte critique syriaque, et l'apparat critique lui-même est traduit. C'est dire que l'intérêt de cette édition déborde le cercle des syriacisants, toute grande bibliothèque théologique se doit de l'acquérir.

Nous avons déjà signalé l'intérêt théologique de l'étude de dom Botte sur l'épiclèse des anaphores syriennes (70). Du point de vu.e de l'histoire liturgique il met en relief l'homogénéité de la famille liturgique syrienne par delà les barrières linguistique et confessionnelle, c'est sans doute au mili.eu du vre s. que le rédacteur de l'anaphore de Nestorius remanie l'épi· clèse syrienne orientale d'après un modèle grec. Par ailleur dom B. con­firme pour la partie de l'épiclèse le caractère assez archaïque de l'anaphore « prébasilienne » (Basile égyptien) et montre qu'elle a subi l'influence de l'anaphore de S. Jacques (71).

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Chant.- La grande entreprise internationale des Monumenta Music~ Byzantinae a repris son travail avec zèle dans les années qui ont suivi la guerre. Depuis la fondamentale History of Byzantine Musio and Hymno­graphy du D' Wellesz (Oxford 194.9) ont paru, à Boston les Twenty Canons from the Trinity Hirmologium du prof. TILLYARD (72), et à Copenhague la première partie des Hymn.s of the Hirmologium (73) ainsi que le 3e fascicule du Prophetologium (74). L'hinnologium (x1v• s.) de Trinity College (Cambridge), sans avoir l'importance des deux mss. de l'Athos et de Grottaferrata (dont les Moruanenta ont déjà publié de luxueuses éditions fac-similés), les complète d'autant plus heureusement que la tradition mélodique est ici beaucoup moins uniE.ée que pour les chants du stichera:;. rion. Le prof. T. en publie 20 canons sur les cantiques bibliques, panni les plus célèbres (6 de Cosmas de Maïouma, 5 de S. Jean Damascène, 2 de S. André de Crète, l du patriarche S. Germain) avec une traduction latine juxtalinéaire. Cette édition permet donc aux milieux cultivés occidentaux d'exécuter et d'apprécier facilement quelques-unes des plus belles compo­sitions liturgiques byzantines. Souhaitons qu'on donne aux clercs l'occa­sion de les entendre. En même temps paraît, sous la direction et avec un commentaire du prof. H0EG la 1re partie (l•r mode et 1er mode plagal) du recueil général des Hirmi, basé sur le ms. de l'Athos complété, pour le 1er ca­non de chaque mode, par l'ensemble des données de la tradition manuscrite. Pour le texte même de cette cinquantaine de pièces, on n'a pas cherché à l'établir de façon critique. La dernière section des Moroumenta, celle des lectionnaires, progresse lentement. Le 5• fascicule du Prophetologium, paru en 1952, contient les leçons et les hymnes correspondantes pour les 3e et 4' semaines de carême, édité selon la même méthode et avec le même soin que les fasc. précédents. Souhaitons qu'on nous donne sans tarder la semaine sainte et la vigile pascale, qui intéressent non seulement la musicologie, mais la liturgie comparée et l'histoire du texte biblique.

L'histoire des canons byzantins, dont nous parlions ci-dessus, et de façon plus précise la question des origines des canons a été abordée par le D' Wellesz dans une communication du Congrès international de musique sacrée (75) : il estime que les canons se développèrent après que le concile in Trullo eût restauré une homélie proprement dite après l'évangile du dimanche à la place du commentaire poétique des kontalâa. Toute cette section des Actes du congrès de musique sacrée est intéressante. Signalons

(72) H. J. TILLYARD, Twenly Canons from !he Trinily Hirmologium (Monumen!a Musicae Byzanlinae, Transcripta, vol. IV). Boston, Byzantine Institute, 1952; 19 x 28, xu-130 pp. 25 S.

(73) A. AvourANTI, M. SrOnn, C. H0EG, ThP. Hymns of the Hirmologium. Part 1 (Mon. Mus. Byz., Transcripta, vol. VI). Copenhague, Munksgaard, 1952; 19x26, L-334 pp., 38 cour.

(74) C. HoEG, G. ZuNrz, Prophelologium. Fuse. JI 1 (Mon. Mus. Byz., Lectionaria, vol. 1, pp. 197-246). Copenhague, Munksgaard, 1952; 18 cour.

(75) Konlakion and Kanon, dans Acles ... (cf. supra, note 32) pp. 131-133.

BULLETIN DE LITURGIE 603

les recherches sur la notation musicale paléobyzantine, encore indéchiffrée (B. DI SALVO, O. STRUNK), et les exposés sur les chants liturgiques orien­taux autres que le chant byzantin, où il est urgent de transcrire des tradi­tions jusqu'ici presque exclusivement orales : un mékhitariste de Venise, le P. DAYAN, indique (76) les conditions d'une telle entreprise pour le rite arménien. Il a publié depuis les 3 premiers fascicules d'un hymnaire armé­nien en notation occidentale, avec transcription des paroles en lettres lati­nes (77). Ces fasc. contiennent le canon de la résurrection de Lazare, celui du dimanche des Rameaux et l'ordre de l'ouverture de la porte. Une œuvre aussi utile mérite le succès.

Mentionnons enfin la communication de M. WERNER sur les rapports entre chant chrétien et chant hébraïque. On sait que l'interprétation géné­rale de la musicologie byzantine actuelle, celle d'un Wellesz par exemple, rattache le chant byzantin comme les autres trésors artistiques de Byzance, à des origines orientales, et considère en même temps que notre chant gré­gorien lui est apparenté. Pour vérifier cette thèse il faudra poursuivre le repérage des « éléments orientaux dans le chant occidental » (78). Dom HUGLO s'y est attaché (79) et nous révèle ainsi des influences grecques dans la mélodie "« authentique » du Credo de la Vaticane. Il faudra également déceler, s'il en existe, les parentés avec le chant synagogal : entreprise d'un intérêt capital, où il n'est pas facile toutefois d'atteindre des conclusions vraiment sûres. M. W., qui s'y emploie depuis des années, donne ici une idée des résultats parfois surprenants qu'il a obtenus (80).

Traduction.- Celle du P. MERCENIER a rendu accessible à hien des lec· teurs occidentaux les grands textes de l'année liturgique byzantine. On lui sera reconnaissant d'avoir refondu complètement le volume qui con­cerne les fêtes fixes (81). Si les explications de cérémonies ont été en partie abandonnées, à cause de la diversité des usages d'une église à l'autre, la traduction a été améliorée presque à chaque page. C'est dans les volumes de cette série que les lecteurs de langue française continueront à trouver re contact avec la tradition orientale qui s'impose à toute culture liturgique un peu sérieuse.

(76) 1 canti armeni alfraverso la lradizione dei secoli, dans Acles, pp. 152-154. (77) L. DAYAN, Les Hymnes de l'Église Arménienne, vol. IV, fasc. 1-3. Venise,

S. Lazare, 1952; 21 x 31, 88 pp., 2500 lires. (78) Selon le titre du livre d'E. Wellesz (Oxford 1947). (79) M. HuoLo O. S. B., Origine de la mélodie du Credo authentique de la Vaticane,

dans Acles, pp. 240-244; cf.' son art. L'ancienne version latine de l'hymne acathiste, dans Muséon 34 (1951), pp. 27-61.

(80) E. WERNER, The Common Ground in the Chant of Church and Synagogue, dans Actes, pp. 134-148.

(81) E. MERCENIER, G. BAINBRIDGE, La prUre des Églises de rite byzantin. II, 1 Fétes fixes. Éd. de Chevetogne, 1953; 14 x 21, 442 pp., 180 fr. B./1260 fr.

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LITURGIES LATINES

Les fouilles entreprises à Saint-Pierre de Rome depuis 1939 et décrites dans la publication officielle de 1951 ont suscité de nombreux comptes ren· dus critiques (82). J. CARCOPINO leur a consacré la plus grande partie de ses twdes d'histoire chrétienne (83) dont il a repris les conclusions dans l'appendice du D. A. C. L. rédigé en collaboration avec H.·l. MARROU (84). Le genre même de ce Bulletin ne permet pas d'entrer dans I.e détail d'une discussion qui dépasse de beaucoup l'histoire liturgique et intéresse même les bases dogmatiques de la primauté romaine (85). On sait que le monu· ment dont on a retrouvé les vestiges dans les parois de la nicchia dei pallii a toutes chances d'être le « trophée » dont, au début du m• s., le presbytre romain Caïus fait gloire à son ~glise. De sérieuses probabilités, semble· t·il, font penser que ce monument fut élevé au n• s. sur la tombe primitive de l'Apôtre, mais il se trouve des savants catholiques qui ne croient pas pouvoir écarter une autre interprétation : que le trophée soit un monu· ment commémoratif élevé entre 180 et 200 sur le lieu - réel, présumé ou approximatif - du supplice de S. Pierre (86). En ce qui concerne le culte liturgique rendu à S. Pierre, l'accord, qui semblait presque acquis avant les fouilles, pour exclure un transfert ad catacumbas en 258, est à nou­veau mis en question, mais il semble bien que l'hypothèse du transfert sou­lève plus de difficultés qu'elle n'en résout (87). De toute façon les fouilles

(82) cr. la bibliographie dans J. RuvsscHAERT, Réflexions sur les fouilles vaticanes. Le rapport officiel el la critique. Données archéologiques (à suivre) dans Re v. d' hist. eccl. 48 (1953), 5i3-631. - Parmi les travaux du côté protestant le plus récent est celui de A. voN GERKAM, Die Forschung nach dem Grab Petri dans Zeilschr. f. neulesl. \ViBB. 44 (1952/53), 196-205.

Le livre tout fervent du prof. H. KRONSTEINER, Das Pelrusgrab (Graz-Wien-Altot­ting, Verlag Styria, 1952; 13 x 21, 168 pp. et 8 h. -t., Sch. 33) a chance d'être le premier à mettre à la portée du grand public chrétien la question de la tombe de Pierre. Sérieu­sement informé, instructif et agréable à lire on souhaiterait qu'il lût ici ou là plus sobre dans le sentiment.

(83) Paris, Albin Michel, 1953; 20x 13, 293 pp., 840 frs. Ces études avaient paru d'abord en article de Revue de même que l'étude sur le • carré magique • qui leur est jointe (Museum Htlvelicum 5 (1948), pp. 16-59). A l'aide d'un certain nombre de rappro­chements M. C. soutient que le carré apparalt dans les milieux chrétiens de la Gaule Lyonnaise vers 170.

(B4) Cf. supra, p. 585 et note 8. (85) Il importe toutefois de noter que si le fait de la fondation de l'Église romaine

par S. Pierre est lié au dogme de la primauté, la découverte d'un simple monument commémoratif du martyre de l'Apôtre ou éventuellement d'un tombeau vide ne mettrait pas en cause le dépôt de la foi. Il n'est peut-être pas moins difficile d'échapper ici à une préoccupation inconsciemment apologétique (cf. Carcopino, pp. 99-101) qu'à la tentation de l'hypercritique.

(f:!6) Cf. Marrou, col. 3344. (f:!7) cr. E. GRIFFE, La question du transfert des reliques de s. Pierre ad Catacumbas,

Bull. Lill. eccl. 54 (1953), 129-142. De son côté dom Mohlberg (cf. supra, note 2) développe la thèse selon laquelle le

sanctuaire de la voie Appienne appartenait aux novatiens.

BULLETIN DE LITURGIE 605

ont permis de constater quelles difficultés Constantin a affrontées (dénivel­lation de 11 m. du N. au S., nécropole à exproprier et ensevelir) pour construire une basilique où la place d'honneur, au cœur du presbyterium, fût occupée par la partie supérieure du monument de Caïus et le fragment de mur auquel il était adossé. On n'a pas retrouvé d'autel de l'époque cons­tantinienne. Il en fallait un cependant, au plus tard à partir du pontificat de Damase pour les quelques fêtes où le pape venait chaque année célébrer l'Eucharistie dans la basilique (88) : J. Carcopino le situe au sommet de la grande nef, juste devant l'arc triomphal (p. 227). C'est S. Grégoire qui, après avoir surélevé le sanctuaire, plaça définitivement l'autel sur le mono· ment même de Caïus : Hic feoit ut super corpus bœti Petri missaJS cele­brarentur (89) .

Office monastique. - Ayant à étudier les possibilités de réforme de l'Office bénédictin, le P. HEIMING, dont on sait le sens liturgique et la sûreté d'historien, en a profité pour faire le point sur la question de la Regula Magistri, en quelques pages, peut-être les plus claires et les plus nuancées qu'on ait écrites sur ce sujet au cours des dernières années (90) : Comme dom B. Capelle, il estime que Reg. Mag. a pour source une pre· mière rédaction de la Regula S. Benedicei (p. 80). En tout cas l'Office béné· dictin dépend de celui des basiliques romaines, comme l'a prouvé Calle­waert. Le P. H. montre ici, mieux peut-être qu'on ne l'avait jamais fait, combien l'équilibre liturgique des premières heures du jour s'est trouvé modifié depuis S. Benoît par l'établissement de la messe quotidienne et le développement de Prime. Il souhaiterait une messe fériale sans avant-messe.

Gélasien du vme siècle.- Il fait l'objet du second tome de l'ttude sur les sacramentaires romains, achevé par l'Abbé BoURQUE avant sa mort prématurée en 1951, et publié par les soins de l'Université Laval (Québec) {91) ." Cet ouvrage, qui représente un travail très considérable, commence par l'analyse détaillée des 3 sacramentaires et de la vingtaine de fragments

(88) N. et R. BouLET, Euchariste (ct. supra, note 46), p. 331. (89) Liber Ponliflcalis, éd. DucHESNE, T. 1, p. 312. Dans une des tombes proches de la memoria pét.rinienne on a retrouvé une mosalque

représentant le Christ. avec les attributs du Sol invictus. Avec la compétence qu'on lui sait. Mgr PERLER a décrit. et. ct>mmenté cette décoration, si _suggestive pour l'histoire des origines romaines de la fête de Noël : O. PERLER, Die Mosaiken der Juliergrufl im Vatikan (Freiburger Universitâtsreden, N. F. 16). Freiburg in der Schweiz, Uoiver· sitatsverlag, 1953; 15 x 23, 74 pp., et 12 pl.

(90) O. HEIMING O. S. B., Heilige Regel und Benediktinische Liturgiereform, dans Liturgie und Miinchtum 14 (1954), pp. 79-102. Dans ce cahier, entièrement consacré à la réforme liturgique, signalons l'importante monographie de R. HoMBACH O. S. B., Geschichte und Wiederbelebung der missa cum diacono, pp. 62-78, et B. KAuL, S. O. Cist., Liturgische Reformbestrebungen im Z1sterzienserorden, pp. 103-118.

{91) E. HoURQUE, Etude sur les sacramentaires romains. IIo Partie, Les textes rema­niés. 1. Les Gélasiens du V 11 Jo s. Québec, Presses Univ. Laval, 1952; 17 x 24, XII·

452 pp. - Ct. Revue, 1952, pp. 302-303.

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qu'on peut ranger dans la classe des Gélasiens du VIII" s. Ces 200 pages seront un instrument indispensable tant que nous ne disposerons pas de l'édition synoptique rêvée par Bishop et Puniet. Dans la seconde partie M. B. retrace l'histoire de cette famille de sacramentaires dont il situe l'origine comme Puniet, au monastère bénédictin de Flavigny en Bour­gogne, où il fut rédigé sur l'ordre de Pépin vers 740-750. Il n'eut, on le sait, qu'une quarantaine d'années d'usage, mais exerça une influence pro· fonde sur le supplément alcuinien au Grégorien, sur les Grégoriens du zxe s., et sur le pontifical romano-germanique.

Liturgie gallicane et liturgie hispanique.- L'édition du lectionnaire de Luxeuil par dom SAL.'dON remonte à 1944. Il vient de compléter cette édi­tion par une étude paléographique et liturgique du lectionnaire (92). La question paléographique est importante, car le lieu d'origine du ms. dép.end de l'extension géographique qu'on accorde au type d'écriture qu'il carac· térise. Revenant sur la discussion des dernières années, dom S., en accord avec Lowe, réfute Masai et nuance Chartier : l'écriture dite de Luxeuil ( est monastique et a été pratiquée principalement dans les scriptoria des monastères colombaniens et luxoviens de l'est des Gaules, de l'Alémanie et de la Bavière >> (p. 28). Il reste très vraisemblable que le lectionnaire a été fait à Luxeuil même pour l'évêque de Langres. Dom S. donne une analyse liturgique détaillée du lectionnaire, en étendant sa réflexion à l'ensemble de la liturgie gallicane, en particulier à propos de l'Office divin. Il fait remarquer combien il est inexact de parler de désordre, d'anarchie et de décadence dr la liturgie gallicane (p. 50). Il y a naturellement des varia­tions locales « mais le cadre, le fond essentiel est fermement établi, sans traces d'arbitraire individuel et de fantaisie, ni de désorganisation et de désarroi. On est simplement en présence d'une liturgie en voie de formation et répondant à l'état de ces Églises dont certaines, de date encore récente, n'étaient arrivées qu'à un niveau peu élevé de vie religieuse ct de pratique cultuelle , (p. 51).

La patience et la compétence hors de pair de dom DoLD lui ont permis de déchifT rer une bonne part d'un sacramentaire palimpseste de l' Ambro­sirnne (93). Ce ms. du vn•-vm• s., contemporain en somme du Missale Gothicum et des lettres du Pseudo-Germain de Paris, est plutôt gallican par sa manière de nommer les prières de la messe (collretio, ad pacem,

(!J2) P. SALMON O. S. B., Le leclionnaire de Luxeuil. Il. Etude paléographique et liturgique suiuie d'un choix de planches (Collectanea Biblica latina, 9). Rome, Abbazia di S. Girolamo & Libr. Valicana, 1953; 19x28, vm-82 pp. & 32 pl.

(93) A. Dow O. S. B., Das Sakramentar im Schabcodex M 12 sup. der Bibliolheca Ambrosiana mit hauptsflchlich allspanischem Formelgut in gallischem Rahmenwerk (Texte u. Arbcilen 1. Abt. H. 43). Beuron/Hohenzollern, Beuroner Kunstverl., 1952; 16 x 23, vm-48-64 pp. & 4 pl., DM 12.

Le calendrier écrit au IX' s. en Saxe sur le même ms. a été publié dans la Dold­Feslschrifl : cf. supra, p. 583, nole 2.

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contestatio), mais le contenu de ces prières est le plus souvent hispanique ; pas d'influences romaines. Le P. D. situe la rédaction de ce ms. dans la partie de la Gaule reconquise sur les Wisigoths : on eût aimé ici une comparaison un peu poussée avec les lettres du Ps. Germain, où Wilmart a également décelé une influence wisigothique. Le P. D. signale encore deux larg.es citations de S. Augustin et plusieurs textes intéressants pour l'histoire des doctrines, notamment au sujet du sacrifice eucharistique (94) et de l'épiclèse (95).

Le célèbre antiphonaire de la cathédrale de Léon est pour les musicolo· gues le monument principal, encore indéchiffré, de l'ancien chant wisigo­thique. On comprend que le Consejo Superior de 1 nvestigaciones Cienti~ cœ, si zélé pour les éditions liturgiques, ait eu à cœur d'en offrir au monde savant une reproduction phototypique (96). Un autre volume contiendra une édition nouvelle du texte, se substituant à celle publiée en 1928 par les Bénédictins de Silos.

Dans la même série liturgique des Monumentœ Hispaniae Sacra l'un des meilleurs liturgistes espagnols, dom ÛLIVAR, édite avec tout le soin désira­ble le Sacramentaire de Vich en Catalogne (97), déjà connu comme un des plus anciens témoins de la fête de la Transfiguration. Il ne s'agit pas ici d'un livre mozarabe mais d'un sacramentaire romain, achevé en 1038 pour l'évêque de Vich. Selon toute vraisemblance le rédacteur fut chargé de composer le sacramentaire de l'Église de Vich après que la région eût été libérée du joug des Maures. Le temporal est à peu de chose près grégorien, et le sanctoral ne compte que 12 fêtes proprement hispaniques, pour les­quelles on a confectionné des formules romaines, les formules mozarabes étant inadaptables à la structure de la messe romaine (98). Comme ce sacramentaire est un des plus complets qui existent, il contient l'ordo nubentiwm, l'onction des malades et plusieurs bénédictions : ici la struc-

(94) Le Qui formam sacriflcii perennis instituit qui introduit le Qui pridie des SS. Innocents a son parallèle exact au Missale Gothicum, LXXVIII (P. L. 72, 314). Cf. aussi le Missel ambrosien au jeudi saint (G. Morin, Depuis quand un canon fixe à Milan?, dans Rev. Bén. 51 (1939), pp. 101-108) et le Hanc lgitur du Gallicanum Velus (P. L. 72, 357). Utilisée dans des liturgies diverses à proximité des paroles de l"institution eucharistique, cette formule constitue un témoin de Tradition intéressant de l'inter­prétation sacrificielle des Paroles du Christ à la cène.

(95) Il eOt fallu renvoyer ici à l'importante étude de W. S. PoRTER, The Mozarabic Post Pridie, dans Journ. of Theol. Stud. 44 (1943) pp. 182-194, où l'A. montre le carac­tère tardif de l'épiclèse dans la liturgie wisigothique.

(96) Antifonario Visigotico Mozarabe de la Catedral de Leon. Edici6n facsimil (Monu­menta Hispaniae Sacra. Series Iiturgica, V, 2. Facsimiles Musicales 1). Madrid-Barce­lona-Le6n, Centro de Estudios e Investigaci6n S. Isidoro, 1953 ; 26 x 35, 568 pp., 500 ptas.

(97) A. ÜLJVAR O. S. B., El Sacramenlario de Vich (Monumenta Hisp. Sacra, Ser. liturg., 4). Madrid-Barcelona, Consejo Superior de Investigaciones Cientftlcas, 1953; 18 x 25, civ-336 pp. et 1 pl., 150 ptas.

(98) Un cas-limite dans la structure de la messe : la préface de S. Félix de Gerone rend grâces à Dieu • ... et patrono nostro S. Felici martiri tuo • (p. 72).

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ture des rites a permis de conserver bien des formules mozarabes, sans qu'elles occupent jamais une place prépondérante. Dom C. le remarque fort justement, le calendrier festif et les sacrements à incidence familiale sont les parties de la liturgie auxquelles les fidèles sont naturellement le plus attachés.

Liturgie du sacre. - Sir Francis OPPENHEIMER vient de consacrer un livre fort neuf à la Sainte Ampoule du sacre des rois de France, dont il retrace l'histoire de l'époque carolingienne jusqu'à la Révolution fran· çaise (99). La partie la plus intéressante est celle qui concerne les origines du sacre royal et de la Sainte Ampoule. Le chanoine Baix a montré naguère qu'Hincmar S:était servi pour écrire la Vita Remigii d'un office liturgique antérieur et même d'une ancienne corùestatW de la messe rémoise. Sir Francis propose de faire remonter la légende de l'onction de Clovis à une représentation du baptême du Christ dans le baptistère de Saint·Rémi· de·Reims. En outre il voit dans les onctions royales accomplies par ~tienne II en 754 des onctions complétant une confirmation préalablement donnée par imposition des mains, et il met ce rite en rapport avec l'intro· duction de la liturgie romaine dans le royaume franc. La relation entre l'onction royale et la liturgie de l'initiation chrétienne était déjà suggérée avec prudence par M. de Pange (100) dont Sir F. ignore l'ouvrage. Avouons que si cette relation possède une certaine probabilité, les données sur la confirmation mises en œuvre par Sir F. sont sommaires, et il faudrait aussi tenir compte du parallélisme entre l'onction du sacre et celle des ordina· ti ons.

C'est vers la même cristallisation idéologique et liturgique du milieu du vm• s. que nous ramènent les laudes regiae auxquelles le Dr ÛPFERMANN a consacré une monographie dont la qualité technique ne laisse rien à dési­rer (101). E. Kantorowicz a naguère publié sur ce sujet une étude déjà introuvable, en s'attachant en particulier à la signification politique de ces acclamations dans les divers pays d'Occident (102). O. se limite au con· traire à l'empire germanique mais publie 90 pages de textes, dont une quinzaine d'inédits, et plusieurs mélodies. La première partie retrace l'évo· lution des textes jusqu'à la disjonction entre laudes papales (toujours en usage au couronnement du pape), et laudes impériales, et traite les deux questions du rôle des laudes au couronnement de Charlemagne (ce sont les laudes qui sont l'acte juridique essentiel par lequel Charlemagne accède à l'Empire) et de leur origine : O. la situe en France plutôt qu'à Rome ; il

(99) Sir Francis ÛPPI!NHBIHBR, The Legend of the Ste Ampoule. London, Faber & Faber, 1953; 16x26, 310 pp. et 16 pl., 42 sh.

(100) J. DE PANGI!, Le roi trés chrétien. Paris, 1949. (101) B. ÛPFBRMANN, Die liturgiachen Herrscherakklamationen im Sacrum Imperium

des Mittelallers. Weimar, H. Bôh1aus Nachfo1ger, 1953; 15x23, 226 pp., DM 12, 80. (102) E. KANTORowrcz, Laudes regiae. A Study in Liturgical Acclamations and

Medieval Ruler Worship. Berkeley (U.S.A.), 1946.

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démêle avec justesse l'influence des acclamations antiques, le parallélisme avec les litanies des saints et naturellement la théologie carolingienne du pouvoir temporel.

L'Office divin au Xe s.- Nous savons si peu de chose à ce sujet que toute édition de textes est précieuse, surtout si elle est faite avec le soin et la précision qu'y apporte le P. DoLD. Celui·ci vient de publier 21 feuil­les d'un bréviaire, conservées à Bâle (103). L'absence des hymnes donne à penser qu'il s'agit d'un bréviaire non·monastique. Chose curieuse, les fêtes semblent avoir tantôt 3 nocturnes aux matines, comme les dimanches, et tantôt seulement deux. Les textes bibliques suggèrent que le ms. pro­vient d'une zone d'influence espagnole, p. e. le S. O. de la Gaule.

Liturgie de la Curie Romaine.- Nous avons signalé dans un Bulletin précédent l'importance des recherches entreprises sur ce sujet par le P. VAN

DIJK (104). Ces analyses minutieuses d'un développement enchevêtré et complexe, publiées dans des revues d'accès parfois difficile, sont loin encore d'avoir obtenu toute l'attention qu'elles méritent. A l'occasion du soi· disant Vetus Missale Latemnense d'Azevedo et des deux sacramentaires attri· hués naguère à la Curie par Mgr Andrieu, le P. v. D. vient de proposer des vues générales propres à modifier sérieusement l'histoire liturgique du x me s. (105). Essayons d'en donner quelque idée.

Grâce à Mgr Andrieu nous savons que le document capital, l'Ordinaire de la Curie, compilé vers 1220 (le pontifical est plus ancien, vers 1200), bien qu'il ne nous soit conservé que dans un ms. de 1365, est la règle des cérémonies de la Curie pendant tout le xme s. et la source de son influence liturgique. L'entreprise du P. v. D. consiste à suivre le développement rubrical constant de l'Ordinaire (que nous n'avons plus) à travers les mss. liturgiques contemporains qui nous restent, tout en distinguant soigneuse­ment dans ces mss. leurs particularités non-curiales. De ces mss. les plus anciens sont le bréviaire de S. F mnçois et le bréviaire de Ste Claire, dont la source romaine pourrait même être un peu antérieure à 1220. Une révi­sion rubricale effectuée au début du pontificat de Grégoire IX est à la source du bréviaire franciscain de 1230, tandis que le missel franciscain établi vers 1242 (Preharymonian Missal) représente une adaptation complète

(103) Lehrreiche Basler Brevier-Fragmente des 10. Jahrhunderts. Wege zu ihrer Bestimmung und Erschliessung. Herausgegeben u. bearbeitet v. A. DoLo O. S. B. (Texte u. Arbeiten, 1 Abt. H. 44). Beuron/Hohenzollern, Beuroner Kunstverlag, 1954; 16x23, vm-68 pp. & 2 pl., DM 7.

( 104) Cf. Revue, 34 ( 1950), 72-73. Y ajouter : S. v. DIJK, The Lilany of the Saints on Holy Saturday, dans Journ. of Eccl. Hist. l (1950) 51-62, ainsi que des études sur la législation liturgique franciscaine.

(105) Three Manuscripts of a Lilurgical Reform by John Cajetan Orsini (Nicholas Ill), dans Scriplorium 6 (1952) 213-242;- The Lateran Missal, dans Sacris Erudiri 6 ( 1954) 125-179.

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de l'Ordinaire, suivie presque aussitôt par les Ordines du bréviaire et du missel composés en 124344 par le ministre général Haymon de Faver· sham (106). Le Jletu.s Alissale Lateranense publié par Azevedo ne remonte pas au Xlt s. (107) : v. D. le situe après 1243-44 (il dépend d'Haymon) et selon toute probabilité dans le troisième quart du siècle (p. 138), en Italie centrale, sans qu'on puisse préciser exactement dans quelle ville.

Enfin le P. v. D. propose de voir dans les sacramentaires Ottob. lat. 356 et Avignon. 100 non « le missel de la chapelle papale à la fin du xme s. », mais les témoins d'une sorte de réforme liturgique entreprise à Rome même, vers 1254, par le cardinal Jean Cajetan Orsini, le futur Nicolas III, le même qui imposera à la ville de Rome les livres liturgiques francis­cains (108).

Au delà du détail de l'analyse si exigeante du P. v. D. on peut discerner dans l'activité liturgique intense de la Curie et des milieux qui sont en contact avec elle trois tendances fondamentales, qui engagent l'évolution de la liturgie aux siècles suivants : l'on tend à abréger l'Office, à donner aux rubriques une cohérence organique, et · déjà • à unifier la liturgie. La première de ces tendances se trouve plutôt chez Mineurs et Prêcheurs qu'à la Curie même : elle aboutit largement chez les Prêcheurs, assez peu chez les Mineurs (109). La seconde est représentée par les liturgistes de la Curie, puis, au milieu du siècle par Haymon de Faversham et le maitre général des Prêcheurs Humbert de Romans : peut-être pourrait-on dire que la rubricistique atteint avec eux la clarté et la cohérence d'une discipline autonome. Enfin le P. v. D. nous révèle, chez Grégoire IX et Innocent IV (qui fut l'instigateur d'Haymon de Faversham), le souci de répandre parmi les religieux le rite de la Curie, et peut-être de la leur imposer. C'est ainsi que la laborieuse codification de la liturgie dominicaine aurait abouti à un rite tout proche (closely approaching) de celui de la Curie (llO). Nous constatons là combien il serait utile d'interroger les décrétistes sur leur conception de l'unité liturgique et du rôle du pontife romain dans ce domaine : c'est à cette époque, très probablement, que s'élaborent dans

(106) Le P. v. D. a promis l'édition de ces textes à la H. Bradshaw Society. (107) Ce ms. avait disparu. Le mérite de l'avoir redécouvert (au Latran) revient. au

P. V. KENNEDY dans son article The Laleran Missal and Sorne Allied Documents, paru dans Mediaeval Sludies 14 (1952) 61-78. Le P. K. en a remarqué la parenté avec H. de Faversham et estimé qu'Haymon dépendait du Missale Lateranense.

(JOB) A ces sacramentaires s'associe naturellement le lectionnaire Paris N. L. 755, qui devait se trouver à S. Pierre lors de l'élection de Nicolas III, et est spécialement important pour les origines du Corpus Christi (cf. Bulletin thomiste 8 (1951) 184). MJio d'Alverny vient de découvrir à la Bibl. Nationale la seconde partie de ce lection­naire.

(109) Cf. à ce sujet les réflexions de S. Bonaventure, Exp. super Reg., 3 (Opera VII 407).

(110) Cette hypothèse de travail, assurément très intéressante, mériterait d'être reprise dans un contexte très ample, en tenant compte en particulier des affinités cisterciennes des Prêcheurs.

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toute leur netteté les principes de l'unification liturgique que l'invention de l'imprimerie rendra matériellement possible trois cents ans plus tard.

Liturgies locales. - La liturgie parisienne, dont nous possédons des mss. nombreux, n'a pas encore trouvé un imitateur du P. van Dijk pour l'étudier dans son ensemble. Mais on sera reconnaissant à dom HESBERT pour la reproduction phototypiqu.e d'un prosaire de la Sainte Chapelle, apporté par Charles II d'Anjou à sa Chapelle de Bari (1ll). Le P. H. transcrit les 29 proses inédites, en renvoyant pour les autres à Chevallier et à Dr.eves ; signalons aussi d'utiles remarques sur le sanctoral.

On pourra verser au dossier de l'histoire du missel l'étude très détaillée qu'un érudit norvégien, M. F AEHN, consacre aux 3 mss. norvégiens de l'ordo missœe, en y joignant le Missai~ Nidrosiense de 1519 (ll2) : les textes sont édités et commentés, en suivant surtout le P. Jungmann. L'A. s'efforce de déceler les influences liturgiques subies par la Norvège au moyen âge, pour autant qu'une base documentaire aussi étroite le rende possible.

L'essai de M 11e CoRBIN sur la musique religieuse portugaise au moyen âge (ll3) n'intéresse pas seulement la musicologie. L'A. a étudié, avec un soin qui ne laisse rien à désirer, la substitution complète de la liturgie romaine à l'ancienne liturgie hispanique, et par là même l'histoire d'un certain nombre de pièces liturgiques.

N.-D. du Mont Carmel.- Le P. FoRCADELL lui consacre (ll4) une mono­graphie excellente, arrivée trop tard pour être recensée dans notre Bull. précédent : la première partie fait l'historique de la fête, la seconde en publie tous les textes liturgiques. Le titre même de l'ouvrage nous mon­tre à partir du milieu du xive s. les premières traces de la célébration du 16 juillet (du 17 juillet avant le XVIe s.) d'abord peu distincte de la Com­memoratio beato:e Mariae de chaque samedi, à laquelle les Carmes don­naient une importance particulière. Au XVIe s. la Commemora;tio devient vraiment la fête patronale des Cannes en attendant de devenir une des grandes manifestations religieuses caractéristiques du catholicisme haro-

(Ill) R.-J. HESBERT O. S. B., Le prosaire de la Sainte-Chapelle (Monumenta Musicae sacrae, 1). Mâcon, Protat, 1951; ll0-303 pp.

(112) H. FAEHN, Fire Norske Messeordninger fra Middelalderen. Oslo, Jacob Dyb­wad, 1953; 18x27, 131 pp.

( 113) S. CoRBIN, Essai sur la musique religieuse portugaise au moyen dge. Paris, Les Belles Lettres, 1952; 15 x 23, XL-436 pp. et 18 pl. - Sur le rite de Braga, cf. H. FuLFORD WILLIAMS, The Diocesan Rite of the Archdiocese of Braga dans Journ. of Eccl. Hist. 4 (1953), pp. 123-138.

(114) A. M. FoRCADELL O. Carm., Commemoratio solemnis Beatae Mariae Virginis de Monte Carmelo, Historia et liturgia (Bibl. Sacri Scapularis, 2). Rome, Curia Gen. (Via Sforza Pallavicini JO), 1951 ; 17 x 24,5, 227 pp et 4 hors texte. - On devait déjà au P. F. la meilleure synthèse récente sur la liturgie carmélitaine, Ritus carmeli­tarum antiquae obseruantiae, dans Epllem. liturg. 64 ( 1950) pp. 5-63.

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que. Quand Benoit XIII étend la fête à I'tglise universelle (1726) il y a un demi-siècle qu'elle est l'objet de la dévotion du peuple et des grands dans les divers états des Habsbourg. A la cour de Madrid il y a ce jour-là fiesta de Corte r gran gala, tandis qu'aux Pays-Bas Alexandre de Sainte­Thérèse prend la peine de réfuter (1679) quelqu'un qui, avec peut-être une certaine humeur anti·mariale, trouvait mauvais que N.-D. du Mont Carmel fût célébrée avec plus d'éclat que la fête de PâqtreS.

P.-M. GY, o. P.