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Suger a-t-il été en France le créateur du thème iconographique du couronnement de la Vierge? Author(s): Philippe Verdier Source: Gesta, Vol. 15, No. 1/2, Essays in Honor of Sumner McKnight Crosby (1976), pp. 227- 236 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art Stable URL: http://www.jstor.org/stable/766770 . Accessed: 09/12/2014 06:45 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . The University of Chicago Press and International Center of Medieval Art are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Gesta. http://www.jstor.org This content downloaded from 128.235.251.160 on Tue, 9 Dec 2014 06:45:35 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Suger a-t-il été en France le créateur du thème iconographique du couronnement de la Vierge?Author(s): Philippe VerdierSource: Gesta, Vol. 15, No. 1/2, Essays in Honor of Sumner McKnight Crosby (1976), pp. 227-236Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of MedievalArtStable URL: http://www.jstor.org/stable/766770 .

Accessed: 09/12/2014 06:45

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Suger a-t-il ete en France le createur du theme iconographique du couronnement de la Vierge?

PHILIPPE VERDIER Universite de Montreal

Dans le cadre d'une enquete sur les premieres mani- festations du theme du couronnement de la Vierge avant le milieu du XIIe siecle, sera examinee ici l'hypothese presentee par Emile Male, au chapitre V de l'Art religieux du XIIe siecle en France, que Suger, entre autres creations iconograph- iques, aurait ete le premier a inspirer un sujet qui devait devenir la theophanie nouvelle de l'art gothique.

Dans sa Vie de Suger, le moine Guillaume mentionne

parmi les liberalites faites par Suger en dehors de son

abbaye, le don d'une verriere a Notre-Dame de Paris. Vers la fin du regne de Louis XV, l'historien du vitrail, Pierre le Vieil, vit, dans la galerie du choeur de la cathe- drale, avant sa destruction par le chapitre, ce "vitreau

rempli de vitres peintres dont quelques parties represent- aient . . . une espece de triomphe de la Sainte Vierge".2 Ce vitrail etait a fond bleu de verre saphir, tres couteux, comme celui des verrieres du deambulatoire de Saint- Denis. D'apres les quelques lignes de Pierre le Vieil, le vitrail comportait plusieurs medaillons. L'hypothese la plus simple serait de supposer qu'on y voyait la dormition, l'assomption et l'intronisation de la Vierge, benie par le Christ sur le synthronos,3 comme sur le vitrail de la nef de la cathedrale d'Angers,4 qui est d'un quart de siecle environ plus tardif que le don de Suger a Notre- Dame de Paris. Mais le probleme ne saurait etre si simple. Remarquons au prealable que ce don de l'abbe Suger a la cathedrale apporte un argument a la these qu'elle n'a pas ete commencee en 1163, mais a une date notablement anterieure.5 Par ailleurs, on pourrait penser que le

tympan du Couronnement de la Vierge, sculpte vers 1210, au portail nord de la facade de la cathedrale se serait in-

spire du vitrail (Figure 1). N'est-il pas unique en ceci

que, seul de tous les tympans du Couronnement, la Vierge est "reveillee", ressuscitee en corps par les anges en pre- sence du Christ et des douze apotres, et qu'au-dessous de ce bas-relief, la dormition est remplacee pour le premiere fois6 par l'Arche d'Alliance, symbole de l'incorrupti- bilite du corps de la Vierge; l'Arche d'Alliance est entouree

par trois rois et trois prophetes.

FIGURE 1. Tympan du portail nord de la facade occidentale de la Cath,drale de Notre-Dame de Paris.

Suger avait une excellente raison pour faire entrer la dormition dans un cycle de glorification mariale. Denys l'Areopagite ne passait-il pas pour avoir ete, tel un treiz- ieme apotre, present a la mort de la Vierge et au ravisse- ment de son ame au ciel par le Christ? L'iconographie de cette scene etait traditionelle a Saint-Denis puisqu'on la voit reproduite dans la Vie et Histoire de Saint Denis, vers 1250, et dans la Vie de Saint Denis (1317).7 Dans les deux cas, la dormition a pour cadre la maison de la Vierge a Jerusalem. Denis l'Areopagite se tient debout aux pieds de Marie, directement derriere saint Pierre. Les sources attestant la presence de Denis a la dormition et la valeur corrobative de son temoignage sur l'assomption de la

Vierge, sont triples. La principale se resume a quelques

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lignes mysterieuses au chapitre trois des Noms Divins. Denis relate avoir contemple, au cote de son maitre, Hierothee, et en presence de Jacques, frere du Seigneur, et de Pierre, "coryphee et chef supreme des theologiens", "la depouille mortelle de la source de vie qui recut Dieu" (incarne).8 Une deuxieme est contenue dans le poeme syriaque de Jean de Birta, ou est affirmee l'incorruptibilite du corps de Marie.9 La troisieme est la lettre supposee de Denys, eveque d'Athenes, a Tite, eveque de Crete, ou ap- parait l'episode de l'Ap6tre Thomas qui, arrive en retard, trouve le tombeau de la Vierge vide, les anges ayant emporte son corps trois jours apres l'ensevelissement. Cet episode entra, avec le passage des Noms Divins, dans l'Homiliaire de Reichenau, anthologie en latin des homelies sur la dormition d'Andre de Crete, Cosmas Vest- itor, Germain de Constantinople et Jean Damascene, suivie d'une compilation qui porte la suscription posterieure: De Assumptione Marie, prefacee par Gerhoh de Reichers-

berg (1093-1169). Dans sa preface, Gerhoh prend la de- fense des traditions se rapportant a la dormition de la Vierge et a sa transmigration en corps, en s'appuyant sur des temoignages qu'il choisit comme irrefutables, au premier rang desquels il cite Denys l'Areopagite..'

La devotion mariale de Suger s'est marquee par l'insti- tution d'une messe votive, la consecration a la Vierge de la chapelle principale du deambulatoire de l'abbatiale et la mise au point de la formule iconographique de l'Arbre de Jesse.12 Cette formule ne fut pas seulement repro- duite dans les enluminures et les vitraux.13 Ce sont les spires vegetales de l'arbre genealogique de la Vierge et du Christ qui sont suspendues au-dessus du tympan du Couronnement de la Vierge aux portails des cathedrales de Senlis, de Laon et de Chartres, et a ceux de la collegiale de Mantes et de Saint-Yved de Braisne. Ce n'est qu'apres 1220 que le theme de l'Arbre de Jesse sera transpose dans l'un des cordons de voussures du portail central du Juge- ment Dernier a la facade de la cathedrale d'Amiens, cependant qu'au portail du Couronnement (au sud), les rois de Juda, ancetres de la Vierge, et ceux de ses ancetres qui ne furent pas rois, sont encore assis dans des niches vegetales, coupees de l'arbre genealogique. Dans le dernier quart du douzieme siecle, le Psautier Huntingfield, a la

Morgan Library de New York, integre Arbre de Jesse et Couronnement de la Vierge dans l'illustration du pre- mier psaume. Le premier decore le B du Beatus du premier verset; le second est contenu dans une mandorle a la cle de l'encadrement de la peinture.'4

FIGURE 2. Tympan de la Cathedrale de Notre-Dame de Senlif.

Les parties, constitutives du portail, central et unique, de la cathedrale de Senlis (Figure 2), entreprise en 1153 deux ans apres la mort de Suger par son ami, l'eveque Thibaut, pourraient avoir une triple origine dyonisienne: les huit statues-colonnes derivant, comme il est manifeste, de celles de la facade de Saint-Denis, l'intronisation de la Vierge, au tympan, du vitrail donne a Notre-Dame de Paris, l'Arbre de Jesse, dans les voussures, du vitrail de la chapelle de la Vierge a Saint-Denis. I1 n'est pas jusqu'a la curieuse dichotomie du linteau (qui allait faire ecole dans tous les premiers portails du Couronnement de la Vierge en France septentrionale, y compris ceux detruits, sous la Revolution francaise et l'Empire, de la cathedrale de Cambrai et de Saint-Nicolas d'Amiens)'5 en un bas-relief consacre a la dormition (ou plus souvent a la mise au tombeau) de la Vierge et un autre consacre a son "reveil" et assomption par les anges qui, structurale- ment, ne corresponde a deux medaillons superposes dans un vitrail-le vitrail, prototype ou point de depart suppose, donne a Notre-Dame de Paris. Une telle dichotomie est parfaitement en accord avec la nouvelle theologie de l'Assomption qui, des avant le milieu du XIIe siecle, com- plete l'assomption en ame de la Vierge, traditionnellement fixee dans la dormition, par l'assomption en corps, pour laquelle l'iconographie invente alors la resurrection dans le tombeau et le ravissement au ciel par les anges, de Marie, ame et corps reunis.

Les premieres liaisons du theme de la dormition a celui du Couronnement de la Vierge par la main de Dieu font leur apparition dans le Benedictionnaire de Saint Aethel- wold, a New Minster (Winchester) vers 980, et sa copie, le Sacramentaire de Robert de Jumieges (1000-1008), et dans le manuscrit 9948 de la Bibliotheque Nationale a Paris.'6 Dans le Psautier de Saint Swithun, peint a Winchester, sous l'episcopat d'Henri de Blois, avant 1161, la dormition et la Glorification de la Vierge sont traitees selon le schema et dans le style de modeles by- zantins. La glorification de Marie au ciel (sans le Christ)

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y est comparable a celle peinte par l'illuminateur Hugo dans l'initiale qui ouvre la prophetie d'Isa'ie sur la nais- sance virginale du Christ (Is. 7, 14) dans le manuscrit des Commentaires sur Isaie de Saint Jerome, de la seconde moitie du XIIe siecle, a la Bibliotheque Bodleienne d'Ox- ford.17 Au milieu d'entrelacs et de monstres, la Vierge est mise au tombeau au bas de la composition; au centre, elle tr6ne en gloire, tenant un lys. A Quenington, dans le Gloucestershire, le tympan anglo-normand du Couronne- ment de la Vierge fait pendant a celui de la Descente du Christ aux enfers.18 De meme, sur l'encadrement de l'Arbre de Jesse du Psautier Huntingfield, Couronne- ment et Descente aux enfers sont axialement comple- mentaires l'un de l'autre. D'autre part, le Couronnement de Quenington est traite ainsi qu'une theophanie, car il prend place au milieu des symboles des Evangelistes. Une semblable Majestas Christi et Mariae Coronatae ne reapparaitra pas avant le tympan de Saint-Pierre de Corbie, a la fin du XIIe siecle, qui surmonte une except- ionnelle assomption-caryatide sculptee au linteau. 19

Parmi les chapiteaux du cloitre de Reading, enfin, figure- rait (vers 1130 deja) un Couronnement de la Vierge20 Mais il peut s'agir d'un couronnement de Bethsabee ou d'Esther, ou meme d'une Vierge Sage. Sous cette reserve, le Couronnement de la Vierge est precoce en Angleterre et il est possible que cette precocite s'explique en partie par le courant theologique qui s'y declara en faveur de la these de l'immaculee conception de Marie, dont la fete fut adoptee au concile de Londres en 1129, avec l'appui d'Huges d'Amiens, un clunisien, abbe de Reading.

En France, on ne peut citer, avant le vitrail de Suger, que l'un des tympans de la facade de la priorale cluni-

FIGURE 3. Mosaique de l'intronisation de la Vierge, abside, Sainte-Marie du Traste,ere, Rome.

sienne de La Charite-sur-Loire (vers 1135?). Le couron- nement y est concu ainsi qu'une theophanie: la Vierge debout tend les bras vers le Christ, qui l'invite a entrer dans sa gloire. Sur le linteau sont sculptes l'Annonciation, la Visitation et la Nativite, trois scenes qui, selon Pierre le Venerable, illustrent la gratia sanctificationis de la Vierge, mere du Verbe incarne. Le tympan fait eclater la gloria suhlimationis de Marie, qui, apres sa mort, ,-et "pourrait-on avancer, apres sa resurrection (post carnis mortem fortassis et resurrectionem)"-a ete elevee, ainsi que le proclame la liturgie de l'Assomption, au-dessus de l'humanite et des choeurs des anges.2'

Le vitrail de Suger aurait-il pu inspirer la mosaique de l'intronisation de la Vierge dans l'abside de Sainte- Marie du Trastevere,22 eglise reconstruite par le pape Innocent II, apres 1140, et achevee apres sa mort (1148)? En septembre 1130, apres l'election de l'antipape Anaclet, Innocent II s'etait refugie en France. II rencontra Suger a Cluny, celebra la Paques a Saint-Denis le 19 avril 1131 et repassa les Alpes en avril 1132. Suger fit son dernier voyage en Italie en 1129. Ni le vitrail ni la mosaique n'ex- istaient alors. Force est d'admettre que la mosaique de l'eglise du Trastevere est nee dans un contexte historique independant. Cette oeuvre qui temoigne sur le plan artist- ique du renouveau de la mosaique paleochretienne et carolingienne a Rome, est la premiere qui transpose a 'echelle monumentale le theme de la glorification de

la Vierge par le Christ apres son assomption (Figure 3). Couronnee d'un diademe d'or et vetue d'une robe d'or, elle partage le synthronos avec le Christ. Sur le livre que le Christ tient est inscrite l'invitation: Veni electa mea et ponam in te thronum meum. Sur le phylactere

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que la Vierge deroule, on lit: Laeva ejus sub capite meo et dextera illius amplexabitur me. La somptueuse veture de la Vierge et les inscriptions traduisent la liturgie de l'office de l'Assomption, telle qu'elle s'etait fixee dans le Liber Responsalis des le milieu du VIIIe siecle. Cette

liturgie repose sur un centon de versets extraits du Cantique des Cantiques et du psaume "royal", le Psaume 44. L'or du vetement et de la couronne de la Vierge correspond symboliquement au verset 10 de ce psaume: Astitit regina a dextris tuis in vestitu deaurato circumdata varietate

qu'Abelard, dans son Sermon sur l'Assomption adresse aux religieuses du Paraclet, interpreta comme annoncant la resurrection en corps et la glorification de la Vierge a la droite du Christ.23 Le geste du Christ sur la mosaique, son bras droit etreignant la Vierge et sa main droite

reposant sur son epaule, s'explique de deux manieres. C'est celui du Sponsus enlacant la Sponsa sur l'enluminure liminaire des Commentaires d'Honorius Augustodunensis sur le Cantique des Cantiques, qu'illustrerent les peintres de Salzburg24-et c'est le geste, traditionnel sur les

tombes des epoux dans l'art funeraire romain, ainsi que pour l'introduction des elus au paradis sur les mosaiques paleochretiennes a Rome. Aux epousailles royales du Christ et de la Vierge assistent, sur la mosaique de Sainte-Marie-

du-Trastevere, a titre de "paranymphes", a droite du

Sponsus et de la Sponsa, saint Callixte, saint Laurent et In- nocent II, a leur gauche, saint Pierre, saint Corneille, saint

Jules et saint Callepode. Mais la Sponsa ne designe plus l'Eglise, comme encore chez Honorius et sur les images des manuscrits salzbourgeois. La presence, sur les parois laterales de l'abside, d'Isaie et d'Ezechiel atteste que sur le synthronos la Vierge est substitube en personne et non

pas symboliquement 1' lEglise. Le premier prophete tient un phylactere avec l'inscription: Ecce virgo concipiet et

pariet filium (Es., 7, 14); le second prononce: Christus dominus captus est in peccatis nostris (Lamentationes, 4, 20). L'elevation sur le meme trone du Christ et de la Vierge peut avoir ete visuellement inspiree par la ceremonie du 15 aout a Sainte-Marie-Majeure. Dans la nuit de l'Assomp- tion, l'image acheropite du Christ etait enlevee de la

chapelle du Sancta Sanctorum au Latran et portee en pro- cession a Sainte-Marie-Majeure. Pendant la messe, cette

image et l'icone de la Vierge etaient elevees l'une a cote de l'autre. Un poeme compose par Jean d'Aqui pour Otton III en l'an mil evoque le rapprochement des trones dans une intronisation commune:

Sistitur in solio domini spectabile signum, Theotocosque suo sistitur in solio.25

Parmi les monuments dyonisiens remontant a Suger, deux

jalonnent la voie iconographique qui devait mener a la

theophanie propre a l'art gothique, le couronnement de la Vierge. Au tympan du Jugement Dernier, la Vierge occupe la place d'honneur a droite de la mandorle du Christ Juge. Elle participait deja au Jugement, en tant

que glorifiee par le privilege de sa resurrection et investie du charisme de l'intercession, dans la mandorle double

ou elle siege au sommet du tympan de la cathedrale d'Autun.26 Sous la Majestas Domini du tympan de Saint-

Loup-de-Naud, elle apparait en majeste, plus grande et

occupant un trone plus eleve que celui des apotres.27 En second lieu, sur un medaillon de la verriere "anagogique" de la chapelle de saint Peregrin, au chevet de l'abbatiale, le Christ couronne, portant en bouclier sur sa poitrine l'irradiation des sept dons de l'Esprit, les bras etendus, comme en croix, couronne de sa main droite l'Eglise, tan- dis que de sa main gauche il devoile la Synagogue (Figure 4).28 Du titulus qui explicitait l'image, il ne reste de sur que le mot: revelat. Le devoilement de la Synagogue au folio 7 manuscrit 177 d'Eton College est explique par ces deux vers:

Hactenus obscuritas legis velata figuris Adveniente fide rem Synagoga vide.29

Dans quel sens la verite du Christ (res) est-elle, au sens

etymologique du mot, "revelee" par la foi dissipant les voiles qui obscurcissaient les symboles dans la Loi mosai- que? Dans le medaillon du vitrail de Saint-Denis, la concordance (concordia) des deux Testaments est, comme. la comparaison avec d'autres monuments le demontre, transcendee et debouche sur une perspective eschatologique.

Au folio 198 de la Bible de Lambeth Palace, une grand- iose image de l'Arbre de Jesse sert de frontispice aux

propheties d'Isaie (Figure 5).30 La Vierge occupe toute la place entre Jesse endormi et le fleuron ou, comme en une rosace, le buste du Christ s'enchasse au milieu du vol convergeant des sept colombes. La Vierge supporte deux medaillons qui servent de ramure a l'arbre. Dans celui qui est a sa droite, saint Pierre (?) et un prophete entourent l'Eglise couronnee, qui porte un sceptre cruci-

gere. Dans celui qui est a sa gauche, saint Paul (?) et Mdise conduisent vers le Christ au milieu des sept colom- bes, la Synagogue qui leur oppose une derniere resistance. Mais deja la main divine lui arrache son voile.31 Dans les deux paires de medaillons inferieurs, quatre prophetes, dont Isaie, montrent avec des gestes vehements, l'accom-

plissement de la prophetie: Egredietur virga de radice Jesse et flos de radice ejus ascendet, et les quatre myster- ieuses vertus du psaume 84 (85) se repondent deux a deux: Misericordia et Veritas s'etreignent les mains, Justitia et Pax echangent un baiser. La reconciliation des

quatre vertus s'interprete comme la fusion des Juifs et des Nations a la venue du Messie. Dans un manuscrit du XIe siecle, des Etymologies d'Isidore de Seville, a la Biblio-

theque Herzog August de Wolfenbiittel, la forme de la rosace est reprise dans le schema polylobe des sept anges qui figurent les dons de l'Esprit (Figure 6).32 Au centre, le Christ, couronne, est debout entre l'Eglise, couronnee, et saint Jean Baptiste. Le Christ et l'Eglise tiennent ensem- ble l'oriflamme crucigere. L'inscription qui court sur le cadre circulaire: Sponsam Sponsus hahet Paranymphus fed- ere gaudet, condense un passage de l'Evangile de saint Jean (3, 29). L'Epoux, c'est le Christ, l'Epouse, l'Eglise, le temoin qui se rejouit de leur union, c'est saint Jean Baptiste.

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FIGURE 4. Le Chrst entre Eglise et Syagogue. M&daillon de la verriere anagogique de la chapelle de saint Pe regrin, Saint-Denis (d'aprer Cahier et Martin).

La concomitance du couronnement de l'Eglise et du devoilement de la Synagogue se retrouve sur deux monu- ments picards contemporains du medaillon de ?vitrail de Saint-Denis. I1 est sculpte sur les claveaux du cordon ex- terieur d'archivolte du portail de l'ancienne abbatiale de Berteaucourt-les-Dames, dans la Somme.33 La Synagogue tient le couteau des sacrifices. Au-dessus, le pignon de la facade est timbre d'une grande crucifixion. Le theme du Christ entre l'Eglise et la Synagogue est encadre sur l'archivolte par le sacrifice d'Abraham, d'une part, et par la philoxenie d'Abraham, d'autre part. Les quatre figures enigmatiques du cordon interieur d'archivolte: quatre mas- culines et deux f6minines, ont ete interpretees soit comme des prophetes et des sibylles,34 soit comme des rois et reines de l'Ancien Testament. A la cle, deux anges ont les mains recouvertes du voile qui, au-dessus d'eux, sera ote de la face de la Synagogue. Sur la cuve baptismale en provenance de Selincourt, au Mus&e d'Amiens, couronne- ment et devoilement prennent place sur le synthronos, oi le Christ est assis entre 1'Eglise et la Synagogue.35 L'Eglise tient dans un pli de son manteau le Livre de l'Alliance nouvelle, la Synagogue deploie le phylact;ere de la Loi ancienne. A gauche est represente le bapteme du Christ. Sur le deuxieme co6t de la cuve quadrangulaire est sculpte la Presentation au Temple, qui clot le cycle de l'Epiphanie. Sur les deux derniers co6ts, des anges portent des couronnes.

FIGURE 6. Isidore de Seville, Etymologies Codex Wissemh. 2, fol. 219.

Bibliotblque Herzog August de Wolfenbiittel.

FIGURE 5. Arhre de Jessc. Bible de Lambeth Palace, fol. 198.

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FIGURE 7. Liber Floridus de Lambert de Saint-Omer, fol. 253. Bibliotheque de I'Universite, Gand.

Substitution de la nouvelle alliance a l'ancienne, de l'Eglise au Temple, couronnement final de toutes les ames engen- drees 1' lEglise par la palingenesie du Bapteme, tel est le programme de la cuve de Selincourt. La cuve baptismale avait fait son apparition dans un contexte symbolique analogue, et cependant marque d'un signe diff6rent, au folio 253 du Liher Floridus de Lambert de Saint-Omer (1120) (Figure 7).36 Le Christ, debout sur le mont des oliviers, place sur la tete de l'Eglise la couronne, tombee en desherence, de la Synagogue. L'Eglise, qui tient a la fois le calice et l'oriflamme (dans les ivoires messins, jusqu'a l'an mil, et encore a Cologne au milieu du XIe siecle, l'oriflamme reste egalement l'attribut de la Syna- gogue),37 est debout pres des fonts baptismaux: fons patens omnibus in remissionem peccatorum omnium. Mais l'image du Liber Floridus est tout impregnee de l'esprit antisemite qui, surtout a partir de la premiere croisade, a corrompu polemiquement l'altercatio traditionnelle entre l'Eglise et la Synagogue. La Synagogue n'est pas accusee ici de deicide, comme dans l'iconographie de la crucifixion des le debut du XIIe siecle, mais d'aveuglement endurci. La gueule de l'Enfer est beante devant celle "qui nie que le Christ est le Fils de Dieu, qui refuse de croire aux prophetes et qui se separe de Dieu . . . qui tourne ses yeux et ses oreilles vers des promesses toutes terrestres. La voici expulsee, cependant que se rassembleront les nations en leur diver- site, c'est-a-dire l'eglise des fideles". La deuxieme des in- scriptions qui commentent l'image du Liher Floridus para- phrase un passage d'Isaie (43, 8-9) et reprend les invec- tives du Liher contra Judeos d'Isidore de Seville. Au folio

precedent (252bis), il est rappele neanmoins que le Christ n'est pas venu detruire la Loi, mais la porter a son acheve- ment. Mais c'est seulement sur le plan eschatologique que, si le point de fuite derriere le drame du Calvaire est reporte a la fin des temps, 1' altercatio de l'Eglise et de la Syna- gogue se denoue dans une supreme synthese, 1' unio mystica ou integration de la Synagogue dans l'Eglise. Sur le medail- lon de Saint-Denis (Figure 4), le Christ, aux bras etendus comme sur la croix, est la radix Jesse qui stat in signum populorum, rassemblant dans l'Eglise, avec les Nations, les profuges d'Israel et laJudee eparse.38

Le retour de la Sunamite (Cantique, 5, 11-12) illustre le troisieme cycle des illustrations de l'Expositio d'Honorius Augustodunensis sur le Cantique des Cantiques (exegese ecclesiologique) et l'exegese parallele (mariologique) du

Sigillum Beatae Mariae. Le voile de la Sunamite flotte au vent. Elle trone dans un char dont les roues sont les

symboles des evangelistes, le coffre, la Jerusalem celeste. Le bige est tire par le cheval des apotres et par celui des

prophetes, et le peuple juif suit en cortege.39 A la meme epoque, Gerhoh de Reichersberg expose que la Vierge Marie, similitude et perfection de l'Eglise, incarne la portio electissima de la Synagogue, Sponsa du Pere. II l'a fcon- dee de son Verbe, sorti d'elle tel "l'epoux de la chambre

nuptiale". Toutes les ames appelees a la vision beatifique sont absumees dans Marie, qui est la consummatio Syna- gogae. La filia electissima patriarcharum est devenue au Calvaire, en la personne de saint Jean, la mere des apotres et 1'Ecclesiae sanctae nova inchoatio.40 L'idee que la Vierge a recu la meilleure part de la Synagogue, epouse du Pere,

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prioris ecclesiae pars optima, Dei Patris sponsa vient d'ailleurs de Robert de Saint-Laurent.41

Lorsqu'Innocent II vint celebrer la Paques a Saint-Denis,

Suger raconte que parmi le concours des soldats et du

peuple, les Juifs vinrent presenter au pape leur thora

enveloppee d'un voile. Le pape les adjura "avec miseri- corde et piete": "Puisse le Dieu tout puissant 6ter le voile

qui recouvre vos coeurs".42 Innocent II pensait a saint Paul: "Jusqu'a ce jour, quand oil lit Mo?se, un voile couvre leur coeur, mais quand il se tournera vers le Seigneur, le voile sera 6te" (II Cor. 3, 16-17). Deja au XIe siecle, Wiltram von Ebersberg, abbe bavarois, avait annonce le retour de la Synagogue a la foi de l'Epouse.43

Le medaillon de l'Eglise et de la Synagogue, actuelle- ment a la base du vitrail "anagogique", occupait le sommet d'une verriere, ainsi que l'indique la coupe des verres a sa partie superieure (Figure 4). Mais il ne faut pas le retablir au sommet de la fenetre anagogique. La descrip- tion que donne Suger de celle-ci au trente-quatrieme chapitre du De Administratione est complete, puisqu'elle comporte cinq tituli, donc cinq medaillons. Le premier des medaillons decrits par Suger devait representer les deux meules symboliques de l'ancien et du nouveau test- ament, d'apres l'exegese, traditionnelle depuis Maxime de Turin et saint Ambroise, du signe precurseur du Juge- ment dans l'evangile de Matthieu: les deux femmes oc-

cupees a moudre le grain, (25, 41).44 La meule superieure, que saint Paul actionne, c'est la pierre meuliere du nou- veau testament, qui ecrase contre la pierre inferieure- l'ancien testament-le grain de la loi mosaique, pour en extraire la fleur de farine de l'enseignement du Christ. Dans l'autre medaillon, on voyait, comme &ecrit Suger, les prophetes apporter les sacs de grains au moulin.Is La verriere anagogique composait un diptyque avec celle de Moise, dont Suger rapporte a la suite les tituli. Celle- ci etait placee tout entiere sous le concept de voile, celle-la tout entiere sous celui du devoilement ou revelation. L'av- ant-dernier medaillon montrait le voile du temple qui se fend quand le Christ expire, pour le reveler mort, sur la croix, et au-dessus de l'arche de l'alliance nouvelle, dans le nouveau Saint des Saints; sur le dernier, le Christ, sous la double figure symbolique de l'Agneau sacrifie et du Lion de la Resurrection, ouvrait lui-meme le Livre scelle de la revelation derniere (Apocalypse, 5, 5-8). Dans le vitrail disparu, qui se terminait par le medaillon du couron- nement de l'Eglise, etait peut-etre integree la scene de l'election d'Esther et de la repudiation de Vasthi, comme des textes qui font appel au symbolisme du chiffre sept, correspondant aux sept colombes de la prophetie de l'Arbre de Jesse, invitent a le supposer.46 Ce vitrail dont nous ne possedons phis qu'un seul element pouvait etre complementaire d'un autre vitrail contigu, consacre a la Passion et aux symboles sacramentels du salut, dont

le medaillon, isole aujourd'hui, de la vision du signe tau selon Ezechiel (ch. 9) serait un magnifique vestige.47

Peut-on evoquer la grande et malheureuse figure de Pierre Abelard pour mieux comprendre le nouveau climat

symbolique dans lequel a ete cree le vitrail du triomphe de la Vierge offert par Suger a Notre-Dame de Paris, et saisir l'une des sources exegetiques du medaillon du vitrail dionysien figurant l'Eglise et la Synagogue? A la fin de son homelie sur l'Assomption-l'un des premiers textes theologiques a defendre la these de la glorification en corps et en ame de la Vierge apres sa mort-Abelard commente l'Evangile de la fete: Intravit Jesus in quoddam castellum (Luc, 10, 38). II ne presente pas, comme on l'avait fait d'ordinaire depuis Bede, Marie et Marthe comme

designant la vie contemplative et la vie active, mais comme des figures de l'Eglise et de la Synagogue.48 La demeure de Marthe ou Jesus est accueilli (quoddam castellum),

signifie l'incarnation du Christ dans la terre de Judee, qui s'adonne aux pratiques d'un culte materiel. Marthe, en s'affairant aux soins exterieurs de l'hospitalite, manifeste qu'elle voudrait conserver les pratiques du juda-isme, apres avoir eu la revelation du Christ, et garder ainsi l'ombre a cote de la verite. Marie, elle, incarne, aux c6tes de sa soeur, la synagogue fidele, l'eglise des nations. Elle se tient aux

pieds du Seigneur, parcequ'ayant enterre la Loi, elle desire adherer au Christ seul. Elle a prefere l'Evangile a la Loi; cette "meilleure part" ne lui sera pas otee parceque les ombres de la Loi se sont dissipees, mais que les

preceptes de l'Evangile ne prendront jamais fin. Avant le concile de Soissons (1121), Abelard avait deja quitte Saint- Denis pour se retirer dans un fief de l'abbaye, dans la region de Nogent, ou il va fonder son monastere double, le Paraclet. Au XIIIe siecle les moniales du Paraclet cele- braient leur fondation en chantant les vepres de la fete de saint Denis dans la chapelle dite le "petit moustier", oi Abelard et Heloise reposeront jusqu'en 1497 "') La rupture d'Abelard avec le predecesseur de Suger, l'abbe Adam, au sujet de la non historicite de Denys l'Areopagite qui aurait ete eveque de Corinthe, et non d'Athenes, allegue par Abelard sur la foi d'un commentaire de Bede sur les Actes de Apotres, et l'hostilite qui s'en suivit entre le moine errant et l'abbaye royale, relevent du roman plutot que de l'histoire. Sur le probleme de l'historicite de Denys l'Areo- pagite Abelard entretenait des vues fort differentes du scepticisme moqueur que lui prete celui qui, vers la fin du 127eme siecle, rearrangea l'Historia Calamitatum50 Elles ne presentaient rien d'offensant a l'egard de la tradition res- pectee a Saint-Denis.51 Rien ne s'oppose a ce qu'apres 1121 Pierre Abelard, moine detache de Saint-Denis, soit demeure en communication intellectuelle avec l'abbaye et que Suger ait pu connaitre le culte particulier qu'il ren- dait a la Vierge, au nom de la rehabilitation integrale de la femme, et sa theologie de l'Assomption.

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NOTES

1. A. Lecoy de la Marche, Oeuvres completes de Suger, Paris, 1867, 387.

2. L'Art de la Peinture sur Verre et de la Vitrcrie, Paris, 1774, 23.

3. Ie terme synthronos est ici pris dans I'acception de trone commun. Dans la litterature chretienne primitive, il signifie: "qui partage le tr(ne". Cf. Ernst H. Kantorowicz, Selected Studies, New York, 1965, 2. Dans le Sacrarnentaire de Petershausen, Heidelberg, Biblio- theque de l'Universite, Sal. IX b, I'un des monuments iconographiques les plus anciens de l'intronisation de 1'Eglise aupres du Christ (vers 980-95), aux fol. 40 v" et 41, sont separes encore en deux peintures distjnctes les trones des deux figures en majeste.

4. Rohault de Fleury, La Sainte Vierge, tome I, Paris, 1878, pl IXVII. Ren6 Jullian admet que le vitrail a ete compose entre 1161 et 1 177: "Evolution des themes iconographiques: le couronnement de la Vierge", Le Siecle de Saint Louis, Paris, 1970, 155.

5. Jacques Thirion, "Ies plus anciennes sculptures de Notre-Dame de Paris", Acaddmie des Inscriptions. et Bells.r-LLettres. Conmptes rendlus des seances de l'annee 1970, 85-112. Sur les rapports entres les archivoltes du portail Sainte-Anne, a Notre-Dame de Paris et les sculptures de la facade de Saint-Denis: W. Sauerlander, "Die Marienkronungsportale von Senlis und Mantes," Wallraf-Richartz Jahrhuch, XX, 1958, note 37, p. 127.

6. IL'Arche d'Alliance sera bient(t copiee sur le tympan du couronnement de la Vierge au portail de la cath6drale d'Amiens. Les theologiens scolastiques, au premier rang desquels Albert le Grand, la considerer- ont comme le symbole vetero-testamentaire de l'assomption en corps de la Vierge, parce que l'Arche d'Alliance etait faite de bois incorruptible et parce que le psalmiste a chante: Surge, Domine, in requiem tuam, tu et arca sanctificationis tuae ( 131 (132) 8).

7. Paris, Bibliotheque Nationale, ns. fr. nouv. acq. 1098, fol. 33v", ms. fr. 2091, fol. 1. Le texte qui accompagne la peinture dans le ms. fr. 2091 rapporte le miracle de la nuee qui transporta instantane&nent a Jerusalem Denis avec les apotres.

8. Maxime le Confesseur, dont Suger connaissait l'oeuvre (presque tout le chapitre d'introduction au De Consecratione est une paraphrase du chapitre I de la Mystagogia), a interprete ce membre de phrase comme designant la Vierge apres qu'elle eut expire: Scholia in libro de divinis nominibus, in cap. III, Patrologia Graeca, Migne, IV, 235- 36. Sur le texte de Denys et sa traduction: Martin Jugie, La Mort et I'Assomption de la Sainte Vierge, Cite du Vatican, 1944, 99-101

9. Andre Grabar, La Peinture Religieuse en Bulgarie, Orient et Byzance, 1, Paris, 1928, 79. Cf. A. Baumstark, Oriens Christianus, V, 1905, 119.

10. Jugie, op. cit, 157-58.

11. A. Wenger, L'Assomption de la Tres Sainte Vierge dans la Tradition Byzantine du Vie au Xe siecle, Archives de l'Orient Chreticn, 5,

1955, 148-50, 173-78, 337-38. L'Homiliaire de Reichenau est l'Augiensis LXXX. Sur l'influence des Noms Divins en occident, G.M. Roschini, dans: Marianum, XXI, 1959, 16ss, 48ss. Sur l'incorpor- ation du temoignage de Denys l'Areopagite sur la dormition dans la liturgie byzantine et dans le rite grec a Saint-Denis: "Saint-Denys dans l'histoire de l'art,"Nouvelles de la Chretiente, no 331,21 decembre 1961.

12. A. Watson, The Early Iconography of the Tree of Jesse, Oxford University Press, 81ss, 112, 120, 160, pl. XXIV-XXV.

13. Vitrail de la facade de la cath6drale de Chartres; Psautier d'lnge- horge, Florens Deuchler, Der Ingehorgpsalter, Berlin, 1967, 34.

1. Morgan Library, New York, ms. 43, fol. 33v". The Pierpont Morgan Librar, Exhibition of Illustrated Manuscripts, Catalogue par Belle de Costa Greene et.M.P. Harsen, 1933-4, n) 34, pl. XXXIV; T.S.R. Boase, English Art. 1100-1216, Oxford, 1953, 281-82, pl 87.

15. Jacques Vanuxem, "Autour du triomphe de la Vierge du portail de la cathedrale de Senlis: les portails detruits de Cambrai et de Saint-Nicolas d'Amiens", Bulletin Monumental, tome CIII, 1945, 97-98; Pierre Heliot, "I.a collegiale Saint-Nicolas d'Amiens et I'architecture picarde", Melanger offerts i Rencd Crozet, tome II, Poitiers, 1966, 985-92.

16. Rohaut de Fleury, Li Sainte Vierge, pi. XIV, cf. 277; D. Talbot Rice, English Art. 871 1100, Oxford, 1952, 188-93.

17. .it. 717 (seconde moitie du XIIe siecle). O.E. Saunders, English Illumin- ation, Florence et Londres, 1928, 1, pl. 48.

18. J. Romilly Allen, Early Christian Symbolis.r in Great-Britain and Ireland, Londres, 1887, 268, 282, fig. 93: C.E. Keyser, dans: Archae- ological Journal, I,XII, 1905, 155-56, et A List of Norman Tympana and Lintels, 2a, Londres, 1927, lxxii, fig. 130.

19. Andre Lapeyre, Des Facades Occidentales de Saint-Denis et de Chartres aux portails de Laon, 1960,. 250-53, fig. 193. Stir le jube de l'abbatiale de Vezzolano (1189), en Piemont, le couronne- ment de la Vierge, encadre par sa mise au tombeau et sa resurrection, est accompagne des symboles des evagelistes. Cf. l'illustration du psaume 51 (52) dans un psautier franco-flamand de la fin du XIIe siecle a la Bibliotheque Nationale, Paris (ms. lat. 238).

20. G. Zarnecki, dans: Journal of the Warhurg and Courtauld Institutes, XIII, 1950, Iss.

21. Marie-Iouise Therel, "I.es portails de la Charite-sur-l.oire, Etude iconographique", Congrcs Archeologique de France, CXXV, 1967, 86ss. cf. 102.

22.

23.

24.

Emile Male, Rome et ses Vieilles Eglises, Paris, 1942, 200-209

Patrologia Latina, Migne, CI.XXVIII, col. 541-43.

Karl Kiinstle, Ikonographie der Christlichen Kunst, Fribourg-en- Brisgau, 1928, fig. 132.

25. Monumenta Germaniae Historica, Poetartum Latinorum Medii Aevi, V, ed. Strecker, "Carmen in nocte quando tabula portatur", 467ss. vv. 43-44. I.'assomption est evoquee dans une theophanie analogue

'

celle qui est representee sur la mosaique: Ad Patris us/lqe thronum praedictam famine- atum Evehit ipse suam super aethera matrem,

Quo residet regumt rex et dominus dominorum . . .

26. Cf. W. Sauerlander, "Ueber die Komposition des Weltgerichts-Tym- panon in Autun", Zeitschrift fiir Kunstgeschichte, 1966, 261-94

27.

28.

A. I.apeyre, op. cit., fig. 87-88.

I.ouis Grodecki, "I.es vitraux allegoriques de Saint-Denis", Art de France, I, 1961, 19ss. Cf. 32-34. Konrad Hoffmann, "Sugers "Ana- gogisches Fenster" in Saint-Denis", Wallraf-Richartz-Jahrhuch, 1968, 57-88, cf. 69-71. Anagogique est la traduction de 1'expression de Suger: "una quarum (vitrearum) de materialibus ad inimaterialia excitans", c'est-a-dire: "elevant 1'esprit de la vue des symboles au sens spirituel" (De Administratione, XXXIV). Sur I' "anagogicu.I mos", qui est une experience a la fois intellectuelle et esthetique, voir le chapitre prce&dent du De Administratione.

29. M. R. James, A Descriptive Catalogue of the Manuscripts in the Library of Eton College, Cambridge, 1895, 96ss; B. Blumenkranz, Juden und Judentum in der Mittelalterlicher Kunst, Stuttgart, 1965, 61, fig. 73.

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30. Iambeth Palace ms. 6; C. R. Dodwell, The CanterburTy School. of Illumination, Cambridge, 1954, 89-90; The Great Lambeth Bible, Londres, 1959, 26, pi. 4.

31. Pour I'arrachement du voile de la Synagogue par la main de Dieu, cf I.. Grodecki, op. cit., fig. 15 (Mi.rel de Saint Martin de Tours, Bibliotheque de Tours, ms. 193) et un Psautier francais, du milieu du XIIIe siecle, a la Bibliotheque John Rylands de Manchester, no 22, fol. 75, cf. B. Blumenkranz, "Geographie historique d'un .theine de l'iconographie religieuse: les representations de Synagoga en France", Mclanges Rene Croect, op. clt., II, 1141ss. fig 10 Dans le manuscrit de Manchester, c'est bien Dieu le Pere qui, sous les traits du Fils, enleve le voile: Des.r afcert velamen ah oculis s.itaogc II est a remarquer que str le medaillon de Saint-Denis, Celui qui couronne est represente avec les memes traits que Dieu le Pere tenant le Fils crucifie sur le medaillon dtu char d'Aminadab de la fenetre anagogique.

32. Codex Wissemb. 2, fol. 219. Victor Beyer, "Rosaces et roues de Fortune a la fin de !'art roman et au debut de l'art gothique", Revue Sui/ssc d'Art et d'Archgologie, XXII, 1962, 34ss, pl. 11 cf. p. 36. Sur l'un des cotets de l'antependium catalan de I,lusa, atl musee de Vich, le Christ couronne la Vierge, tandis que, sur l'autre cote, la Vierge, peinte tne seconde fois, irradie les sept dons de 1'Esprit Saint. W. W. Spencer Cook et J. Gudiol, Pintura e Imnagener/a Ronidnicas. Ar.s Hi.lpaniae VI, Madrid, 1950, 221, fig. 193-94.

33.

34.

A. Ilapeyre, op. cit., 33-40, fig. 5, 8, 11-12.

Camille Enlart, Monuments Religieux de l'Architecture Romane ct de Transition dans la Region Picardie, Amiens, 1895, 84.

35. Mu.rsce di Louvre, Chefsr d'Oeuvre RomanJ des Musce.rs de Province, 1957, n' 95.

36. Lamherti Sancti Audomari Canonici Liher Floridu.s, ed Albert Derolez, Gand, 1968. Sur la signification du voile et du devoile- ment dans l'ancienne liturgie du bapteme: 0. Casel, "Die Minchs- weihe," Jahrhuch fu'r Liturgiewissenschaft, 5 (1925), 28

37. Wolfgang Seiferth, Synagogue und Kirche im Mittelalter, ML nich, 1964, fig. 3, 4 (cf. pp. 17-19), fig. 14 (cf. pp. 27-28).

38. Cf. l'exegese de Robert de Saint-Laurent, citee par M. L. Therel, Cahiers de civilisation medievale, VI, 1963, note 40, p 131.

39. K. Kiinstle, op. cit., fig. 133, cf. 317-19. Jean Lafond a suppose que le retour de la Sunanite dans le char d'Aminadab constituait le sujet- ou I'un des sujets-du vitrail offert par Suger a Notre-Dame de Paris: Les vitraux de Notre-Dame ct de la Sainte-Chapelle, Corpus vitrearum mredii aevi, France, I, Paris, 1959, 15. Au folio 7 verso des Figurae Bihliorum a Eton College (ms. 177, XIIIe siecle), le tri- omphe de l'Eglise est celebre au centre d'une composition allegorique complexe. Le Christ couronne la reine a sa droite. Sous le char on lit le passage du Cantique des. Cantiques: Anima mea turhata est prop- ter quadrigas Aminadah (6, 11). M.R. James, A Descriptive Catalogue of the Manuscripts in the Library of Eton College, Cambridge, 1895, 95. ss.

40. Liher de gloria et honore Filii Hominis, 10, 1. Patrologia Latina, Migne, CXCIV, 1105.

41. De Spiritu Sancto, 1, 7, Patrologia Latina, Migne, CI.XVII, 1577 Cf. M. Peinador, "A prop6sito de una cita de Ruperto de Dettz", Maria- num, 29, 1967, 115-17.

42. Vie de Louis le Gros par Suger, ed. Augtuste Molinier, Paris, 1887, 120.

43. Schilter, Thesaurul s ,tiquitfatum 7Teutonicarulnt I, tJlim, 1727, Vlll, 6

Invida mihi tune de gentibus Ecclesiae inunc Aemula perduras, nec adhuc resipiscere anmas. Parce sed his oliis et eris mihi sponsa fidelis. Nam te communi decet adgaudere saluti, Uniu.r. lcclesiiw decet anlhals nornen hahere.

Cf. IE,g vir e.rster et a.ssr.uma vos IunumI de - cvictate ct duos de

c,)tcatio,ne (Jer. 3, 14). It erit in die illo. ait Dominu.r. vocahit me vir imeu. (Osee, 2, 16).

44.

45.

Henri de I.ubac, lixcg e.re m,clic'ale, I, Paris, 1959, 432-33

Ce second medaillon parait etre dessine a la base du dessin de Percier (1793-4) reproduit dans I'article de l.outis (rodecki, p 22. Malheureusement, Percier a laisse vide le medaillon alu-dessuis de celui-ci, qui, dans notre hypothese,aurait represente les deux meules

46. Septinmo ergo anno A.ssueri Esther accesit ad thalamnum regis. Et Ecclesia ad regem Christurn in quo .septiforrmi. Spiritus. gratia in- commutahiliter mallet, adducta atque conjuncta es.t. In cuius cap/it diadema regni po.rit cunt i.psam consortem regni as.irit: Huju.lS scilicet reginae excellenttiam propheta intuens. ad regemn Chri.'itu,mi loquitur dice,r: "A.stitit regina a dextris. tuins in restitu dce,uralo circumdata Larietate" (Ps. XI,IV). Ce texte de Raban Mlaur (Palro- logia Latina, Migne, CIX, 649), est passe dans la Glossa Ordinaria, cf. Marie-I,ouise Therel, "I,'origine du theme la "Synagogue repudiee", Scriptorium, 25, 1971, 285-90 (p. 288, note 20). Lorsque Suger decrit la cercmonie du mariage du fututr Iouis VII et d'Eleonore d'Aquitaine a Bordeaux, il recoutrt i l'imagerie biblique: . . . praefatam puellam cum eo diademate coronatam sihi conjugio copulavit. Vie de Louis VI le Gro.,. Oeuztres completes, ed. I.ecoy de la Marche, 147.

47. Reproduit pour la premiere fois en couleur par L. Grodecki, art. cit..

48. Sermo XX VI, Patrologia Latina, CI,XXVIII, col. 546-47.

49. John F. Benton, The Correspondence of Ahelard and Heloise, dans: Pierre Ahelard Pierre le Vcne:rahle. Colloques Internalio;naux du Centre National de la Recherche Scientifique, n" 546, Paris, 1975, 481,489, et note 53.

50. Voir cependant les restrictions d'Etienne Gilson dans la preface ai The S,tory) of Ah/elard's Adversities, Toronto, 1964. I.a faussaire suspecte d'avoir refondu l'Historia Calamitatum en une biographie romancee serait-il ai chercher parmi les chanoines de Notre-Danme de Paris, qui pretendaient posseder le chef de saint Denis, leir premier eveque, et avaient interet 'i jeter le discredit sur les reliques des corps saints gardees 'i Saint-Denis? Cf. Dom Michel Felibien, Histoire de l'Ahhaye Royale de SaintlDen Drnc en France, reed. Paris, 1973. 209.

51. Dans sa lettre a l'abbe Adam, le predecesseur de Stuger, Abelard pro- pose un compromis: il y eut detix eveqties de Corinthe, I'un, celtui de Bede, qui est l'areopagite et qui fut aussi eveque d'Athenes avant de devenir 1'aphtre de la Gaule, et I'autre qui fut exclusivement eveque de Corinthe sous les empereurs Marcus Antonius Verus et I.ucius Aurelius Commodus: Patrologia Litina, CI.XXVIII, coli 341 -44. Dans une hymne, Abelard invoque saint Denis philosophoriiu maxime, Galliarum apostole: Petri Ahaelardi Hymnarius Paracliten- sir, ed. G.M. Dreves, Paris, 1891, 225. La chasse de saint Denis de Corinthe etait elevee derriere l'autel matutinal a Saint-Denis: Blaise de Montesquiou-Fezensac, Le tresor de Saint-Denis, Inventaire de 1634, Paris, 1973, nos. 172 et 172 bis.

Credits photographiques: Figure 1 (d'apres Sauerldnder); Figure 2, (cl. P.Z. Blum); Figure 3 (d'apres Oakeshott); Figure 4 (d'apres Grodecki); Figure 5 (d'apres Dodwell); Figure 6 (d'apr.r Beyer); Figure 7 (d'apres edition Derolez).

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ENGLISH SUMMARY

"On ne prete qu'aux riches"-In accordance with this time- honored proverb, Suger was given credit for having in- vented the chief iconographical innovation of gothic art- the theme of the Coronation of the Virgin. It is tantilizing to try to imagine what was represented on the lost stained glass window depicting the glorification of the Virgin, which Suger presented to Notre-Dame of Paris. An indirect approach to identification of the themes re-

presented may be attempted by giving consideration to two Sugerian visual documents: the Tree of Jesse window as amplified by associations with the Coronation, and a stained glass medallion at Saint-Denis containing a representation of the coronation of the Church and the unveiling of Synagogue. Also, since the first tympana in France which depicted the Coronation of the Virgin brought to a culmination on the lintels, scenes of both the dormition (or entombment) and the ressurection of the Virgin, it should be recalled and emphasized that the

abbey church of Saint-Denis kept alive the tradition that saint Dionysius the Aeropagite was a witness to the death of the Virgin and to the assumption of her soul.

During the lifetime of Suger, the doctrine that the

Virgin had been granted the unique privilege of an

integral assumption, that is in body as well as in soul, began to prevail over the more cautious attitude of the

church concerning the unfathomable mystery of her assumption. It is no coincidence that Peter Abelard was one of the first staunch proponents of that integral as- sumption. In fact, the coronation of the Church in the stained glass medallion at Saint-Denis is best explained by Peter Abelard's sermon on the Assumption delivered to the nuns at the Paraclet. On the other hand, about the same time, the glorification of the Virgin was carved on the Cluniac tympanum at La Charite-sur-Loire and represent- ations of the Coronation proper appeared in England. The comparative evidence points not to a spontaneous, but to a manifold and tentative formulation of the theme, in which eventually the Virgin was substituted for the Church. Such substitution (which reversed the exegesis of the Song of Songs from Ecclesia Sponsa to Maria Sponsa) provides a telling iconographical landmark of about the middle of the twelfth century.

One conclusion is sure; the stained glass window in Notre-Dame of Paris and the mosaic in the apse of Santa Maria in Trastevere in Rome were quite independently conceived. Should they be derived from a common source, it must be looked for in the mariological commentaries on the Song of Songs by Robert de Saint-Laurent (Rupert of Deutz), followed by Honorius Augustodunensis,

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