DéfiN

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Déc

embre

2016

Dossier spécial migrationCampagne « Destination inconnue »Farah, un réfugié entre vagues et rêves Action bénévole auprès de jeunes réfugiés

Solidarité avec les migrants !

Défi - Magazine trimestriel de Terre des Hommes France - 10 bis, rue Suger - 93200 Saint-Denis | Tél. : 01 48 09 09 76 | Fax : 01 48 09 15 75 | Mél. : tdhf@terredeshommes.fr | Association de loi 1901, sans appartenance politique ou religieuse | Reconnue d’utilité publique | Membre du CRID et de Coor-dination SUD | Directrice de la publication : Lysiane André | Secrétariat de rédaction : Pierre Aguado | Maquette : Pierre Aguado | Dépôt légal : septembre 2016 N° de Commission paritaire : 52053 | N° ISSN : 0764 4108 | Impression et routage : IGC | Imprimé sur papier recyclé | Crédit photos : Terre des Hommes Italie

www.terredeshommes.fr

Pour le droit à vivre dignes Pour Terre des Hommes France, vivre dignes passe par le respect des droits économiques, sociaux et culturels conformément à la Déclaration universelle des droits de l’Homme : droit au travail dans des conditions justes, droit à la protection sociale, droit à un niveau de vie suffisant, droit de jouir du meilleur état de santé physique ou mentale possible, droit à l’éducation, droit de participer à la vie culturelle et de bénéficier du progrès scientifique et de ses applications.

Lysiane AndréPrésidente de Terre des Hommes France

Présidente de la Fédération internationale Terre des Hommes

P. 4-5 - ZOOM SUR...

Farah, un réfugié entre vagues et rêves.

P. 6-9 - DOSSIER

Campagne Terre des Hommes « Destination inconnue ».

Les jeunes au coeur de la campagne.

L’appel de la jeunesse.

P. 10-11 - EN DÉLÉGATION

Terre des Hommes se mobilise pour les droits des jeunes réfugiés.

P. 12 - AGENDA

Le Congrès de Terre des Hommes 2017.

En délégation.

L’ÉDITO - 3 -

Photo de couverture : ©tdh / François Struzik

Destination inconnue : un rêve pour un jeune occidental ! Découvrir le monde au gré de ses envies et des opportunités, aller à la rencontre des autres et retourner, heureux, « plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge. » (Joachim du Bellay)

Destination inconnue : le rêve d’une vie meilleure pour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre, les violences, la misère. Mais pour beaucoup d’entre eux, le rêve tourne vite au cauchemar : une route semée d’obstacles et, au bout du chemin, des frontières qui se ferment, des murs qui s’élèvent, des centres de rétention, des tracasseries administratives, un accueil parfois hostile et de nouveaux dangers.

Spontanément, des citoyens proposent leur aide, mais une volonté politique visionnaire et courageuse fait défaut. Des milliers d’entre eux n’arriveront jamais à destination.

Echoués sur une plage ou coincés sous la coque d’un bateau, en perdant la vie ils ont anéanti les espoirs de toute une famille. Une famille qui attendra en vain un coup de téléphone. Une famille qui vivra dans le doute, qui ne pourra pas faire son deuil. Une épouse qui ne pourra pas se remarier ou hériter, des enfants qui ne seront pas reconnus orphelins. Sans nom, leur sacrifice n’aura servi à rien. Ce sera comme s’ils n’avaient jamais existé. Pour redonner une dignité à ces victimes, Terre des Hommes Italie soutient un projet européen d’identification des morts en mer (voir l’article sur www.terredeshommes.fr) dans le cadre de la campagne internationale de la fédération Terre des Hommes : Destination inconnue.

C’est une campagne à laquelle de nombreuses organisations participent, au côté de tous les membres de la fédération Terre des Hommes. Dans 65 pays, elles apportent assistance aux enfants et à leur famille, développent un plaidoyer local, régional et international fort.

Dans ce Défi, vous allez lire des témoignages qui nous disent la solidarité et l’espoir. Ils nous disent que des politiques humaines sont possibles. Nous pouvons tous être acteurs d’un monde plus ouvert, plus solidaire et plus juste.

Ne laissons pas des esprits mesquins et chagrins nous obliger à fermer nos cœurs en nous faisant peur et en nous menaçant des pires catastrophes. En ne faisant rien, nous nous préparons des lendemains qui ne chanteront pas. Cette campagne internationale multiforme est un bel outil d’espoir.

Destination inconnue...

Il ne veut surtout pas de pitié. Son credo à lui, c’est courir après ses rêves. Il en a déjà réalisé quelques-uns: les magazines le dévoilent en couverture, des politiciens européens le plébiscitent, les ONG se l’ar-rachent. Lui, c’est Farah Abdullahi Abdi, pas tout à fait 20 ans, tignasse afro stylisée, pantalon corsaire et veste en cuir bordeaux. Signe particulier : il a tra-versé la Méditerranée dans l’un de ces bateaux bar-dés de réfugiés qui font les gros titres des journaux. La Méditerranée, c’est l’étape la plus courte, mais la plus dangereuse, d’un périple migratoire incertain. Il a aussi été emprisonné cinq fois en Libye, torturé. C’était en 2012, il n’avait alors que 17 ans1. Mais, il le répète, il ne veut pas de pitié, juste vivre sa vie, ses rêves, écrire et parler.

Charmeur, ce jeune activiste et blogueur animait une conférence de l’Office du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à Genève, début juil-let, au cours de laquelle il a réussi à faire rire l’assem-blée. (...)

« J’étais dans cet endroit très, très obscur, et je savais que soit je partais, soit je me suicidais. »

Difficile pour Farah de déterminer où il est vraiment chez lui, car il est double-ment réfugié. Au Kenya d’abord, puis à Malte. Né en Somalie, l’un des trois pays au monde d’où proviennent le plus de réfugiés, il a fui, à l’âge de trois ans, la guerre civile qui ravage le pays. « Ne voyant pas d’issue au conflit, raconte-t-il, ma mère a pris la décision de partir, pour nous offrir une scolarité.» Premier camp de réfugiés : Kakuma, au nord-ouest du Kenya. La famille n’y restera que trois mois. « Les conditions de vie étaient intolérables, pires qu’en Somalie. Il fai-sait vraiment chaud pendant la journée et il n’y avait pas d’installations sani-taires ». La famille émigre à Nairobi où le garçon grandit, apprend le swahili et l’an-glais. Il estime n’avoir pas eu de problème

d’intégration au Kenya, contrairement à Malte, où son blog, sa notoriété et ses origines lui attirent de nombreuses critiques. « Lorsque j’ai fait la couver-ture du mensuel de mode maltais Sunday Circle, la réaction a été très vive, certains ont été scandalisés: ‘Vous habillez les réfugiés en Armani maintenant, ils ne sont plus pauvres ?’ » imite Farah, l’air offusqué. Lui a adoré « être une diva le temps d’une journée ».

Le magazine, prudent, n’a pas révélé la raison qui a poussé Farah à quitter son cocon de Nairobi pour se risquer dans un périple que de nombreuses personnes paient de leur vie2. Même la mère du jeune homme n’était pas au courant : « Tu veux te faire tuer ? Tu veux aller mourir en Méditerranée ? Pourquoi veux-tu partir? » Farah se souvient : « J’étais très déprimé. Elle me donnait 400 dollars par semaine pour que je m’achète des vêtements, en espérant que ça me rendrait heureux. » Il est parti sans pouvoir lui expliquer la vérité : « J’étais dans cet endroit très, très obscur, et je savais que soit je partais, soit je me suicidais. » Comment parler à sa mère de son orientation sexuelle, qu’il avait cachée à tout le monde, alors qu’en Somalie, son pays d’origine, les homosexuels sont considérés comme un « danger pour la société », et qu’au Kenya, son pays d’accueil,

ZOOM SUR... - 4 -

PARCOURS - Après avoir traversé le Sahara et la Méditerranée à 17 ans, Farah a charmé le Parlement européen, bon nombre d’ONG et d’organisations inter-nationales, et vient de publier un livre, « Never arrive » (Édition Kopin). Dans la valise d’un migrant, il y a aussi de l’optimisme, beaucoup d’ambition et un potentiel insoupçonné.

Farah, un réfugié entre vagues et rêves

En tant que réfugié et homosexuel, Farah Abdullahi Abdi veut continuer son double combat contre l’exclusion.

ils risquent jusqu’à 14 ans de prison ? En Afrique, la législation d’au moins 35 pays, chrétiens ou musul-mans, condamne les actes homosexuels.

« Il n’y a pas de problème de migration en Europe, juste un problème de couleur de peau. » Farah a gardé son secret à travers le désert et la Méditerranée. Avant d’embarquer pour l’Europe, il ne connaissait pas sa destination. « Depuis la Libye, certains bateaux arrivent à Lampedusa, d’autres à Malte, personne ne sait à l’avance où ils vont », explique-t-il. Heureusement pour lui, il s’est retrouvé sur l’île anglophone. Parlant la langue, il a tout de suite pu se démarquer. Après un examen osseux pour déterminer son âge, il est sorti très vite du centre de détention où sont enfermés les réfugiés pour intégrer un centre ouvert pour mineurs. Il s’est confié à une psychothérapeute. « Ton histoire est très importante, l’a-t-elle averti, si tu ne la racontes pas, ta demande d’asile sera refusée. » Il a mis trois mois avant de se sentir prêt à raconter les raisons de sa migration aux autorités. Reconnaissant le risque de persécution lié son orientation sexuelle, Malte lui a rapidement accordé le statut de réfugié.

Le jeune homme trouve du travail sur un chantier, puis dans un restaurant. « A Malte, nous apprend-il, les demandeurs d’asile peuvent travailler légale-ment dès l’âge de 16 ans ». Il résume en trois mots les besoins des jeunes réfugiés : intégration, théra-pie, emploi. Pour lui, l’intégration passe nécessaire-ment par la connaissance de la langue du pays qui les accueille ; c’est grâce à la connaissance de l’an-glais qu’il s’en est si bien sorti. « Beaucoup de filles et de garçons ont été brutalisés et violés durant leur voyage, ils ont besoin d’un accompagnement psychologique, estime-t-il. Quant à l’emploi, c’est le meilleur moyen de ne pas être un fardeau pour le pays hôte. Je travaille, je paie mes impôts, j’étudie, je fais juste partie de la société ». Contrairement aux idées reçues, dans la plupart des pays, les migrants paient plus d’impôts et de contributions sociales qu’ils ne reçoivent d’aide. En particulier en Suisse, où ils apportent à l’Etat un bénéfice net estimé à 2% du PIB3.

Bien dans ses espadrilles aujourd’hui, il n’a pas peur de témoigner. « Oui, la traite d’êtres humains est un business lucratif, surtout en Libye. » Il révèle le coût total de son périple: 12 000 dollars, de Nairobi à Malte, payés en tranches par sa mère. « Les tra-fiquants nous donnaient des instructions: ‘Appe-

lez vos proches et dites-leur de transférer l’argent; quand on le recevra, vous pourrez continuer votre voyage’. »4

« Non, il n’y a pas de problème de migration en Europe, juste un problème de couleur de peau. » Pour Farah, le monde fait face à des enjeux plus pres-sants, comme le changement climatique ou la cor-ruption. « Pour les politiciens, assène-t-il, nous, les migrants, sommes un bouc émissaire facile. On nous accuse, on nous fait passer pour un fardeau, pour les méchants. Au final, nous ne pouvons de toute façon pas voter pour ou contre eux. Il leur suffit donc de convaincre leur public de nous détester pour gagner plus de voix. » (...)

Farah veut continuer à vivre ses rêves. Il en a le potentiel et l’ambition. En tant que réfugié et homo-sexuel, il veut continuer son double combat contre l’exclusion ; publier son livre ; devenir styliste ; finir ses études en relations internationales (pour travail-ler à l’ONU, son plan B) ; abolir les frontières. « Je suis un citoyen du monde, affirme-t-il. Mon pays est condamné depuis ma naissance, suis-je condamné parce que mon pays est condamné ? Non, répète-t-il, convaincu. Je suis un citoyen du monde. »

Elena SartoriusTerre des Hommes Suisse

1 D’après le HCR, plus de 50% de réfugiés sont mineurs. 2 En 2012, l’année où Farah est arrivé à Malte, environ 500 migrants auraient perdu la vie en effectuant la traversée de la Méditerranée. 3 Source : www.oecd.org 4 Farah a voyagé avec son cousin en bus de ligne de Nairobi à Juba, au Sud Soudan, où le premier groupe de trafiquants l’a pris en charge. Puis il a été ballotté d’étape en étape, de trafiquants en trafiquants, intégrant à chaque fois un nouveau groupe de réfugiés. De Juba à Khartoum, puis la traversée du Sahara serré avec 33 autres personnes dans un pick-up, avant d’arriver en Libye, où il vit arrestation sur arrestation par des mili-ciens, sa famille payant à chaque fois pour qu’il soit libéré. Il a mis sept mois pour traverser le pays jusqu’à la Méditerranée.

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Farah devant le siège des Nations Unies.

DOSSIER - 6 -

Destination Inconnue

Exploités, maltraités ou abandonnés, plus de 33 millions d’enfants dans le monde ont pris la route pour échapper à des conditions de vie difficiles liées à l’extrême pauvreté, aux guerres, aux catastrophes naturelles…Lancée en 2013 par la Fédération internationale Terre des Hommes, la campagne Destination inconnue, à laquelle Terre des Hommes France est associée, vise à protéger les enfants « en déplacement » qui quittent leur famille, leur pays dans l’espoir de trouver ailleurs une vie meilleure.

33 millions d’enfants et de jeunes de moins de 20 ans ont quitté leur foyer pour traverser les frontières et migrer. 20 millions d’entre eux résident aujourd’hui dans des pays à faible revenu (60 %), 13 millions dans des pays développés (40 %).

Pour faire changer les politiques, les pratiques et les lois au niveau global, natio-nal et local afin de mettre fin à la rétention d’enfants migrants, protéger les enfants « en déplacement » d’exploitations diverses et rendre audibles les voix de ces enfants dans la sphère publique, médiatique et institutionnelle.

Pour fournir aux enfants une aide humanitaire de base : refuge, nourriture, santé et appui psycho-sociale.

Missions terrain

Plaidoyer

SensibilisationPour montrer concrètement les violations de droits à cause d’un manque de pro-tection et pour informer les enfants et leurs familles des risques à venir pour préparer au mieux leur périple.

Travailler en réseauEn joignant nos forces avec d’autres réseaux nationaux et internationaux ainsi qu’avec des acteurs de la société civile comme : le Forum mondial sur la migra-tion et le développement (GFMD), le Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), et d’autres organisations non-gouvernementales.

Quelles actions ?

500 000 enfants bénéficiaires (hors interventions humanitaires)

159 projets menés 100 ONG partenaires 65 pays d’intervention 11 Terre des Hommes en Europe

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La campagne en chiffres

Aperçu de la migration mondiale

source : le 20 juin 2016.

5630 migrants morts ou disparus en 2016Source : http://missingmigrants.iom.int/latest-global-figures

DOSSIER - 8 -

Les jeunes au coeur de la campagne

La campagne Destination inconnue a l’objectif et l’ambition de porter la parole des jeunes en situation de migration dans les plus hautes instances décisionnelles pour défendre leurs droits. Or, qui mieux que les jeunes eux-mêmes, principaux acteurs concernés de ce plaidoyer, pour être les porte-paroles de cette campagne ? Qui mieux que ces jeunes d’horizons différents pour mettre des mots sur des histoires, des injustices, des combats qui leur appartiennent ? Destination inconnue a décidé de recentrer son action autour de cette jeunesse légitime en favorisant la remontée de ces histoires de vies, véritables fenêtres ouvertes sur des destinées ébranlées en quête d’un meilleur avenir.

En septembre dernier, l’assemblée générale de la cam-pagne Destination inconnue a été accueillie par l’organi-sation non-gouvernementale HFC « Hope for Children - UNCRC Policy Center », à Chypre, dans la ville de Nico-sie. Le HFC est un bel exemple de partenariat régional de la campagne Destination inconnue en Europe, qui travaille à la protection des enfants « en déplacement », y compris les enfants non-accompagnés et réfugiés. Au cours de cette assemblée, l’accent a justement été mis sur l’implication des jeunes dans la campagne et des activités significatives se sont déjà concrétisées dans ce sens :

©tdh / François Struzik

Les Consultation Mondiales avec les Jeunes réfugiés (« Global Refugee Youth Consultation »).

Terre des Hommes a répondu à l’appel du Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies (HCR) pour organiser sur le sol français des consultations auprès de jeunes réfugiés. Des consultations ont été organisées un peu partout dans le monde (Ouganda, Kenya, Jordanie, Australie, Équateur, Suisse, Allemagne, Myanmar, France, etc.). Elles ont fourni une occasion pour les jeunes réfugiés entre 15 et 24 ans de discuter des questions qui les touchent avec d’autres jeunes des différents pays hôtes. H Voir page 10 et 11 un article sur la consultation qui s’est déroulée en Normandie.

L’appel de la jeunesse (« The Youth Call »).

Il s’agit d’un appel international lancé par des jeunes engagés dans la campagne Destination inconnue et du Réseau international de la Jeunesse de Terre des Hommes-Allemagne ayant pour objectif de mettre en lumière et comprendre les demandes actuelles et la situation des jeunes en situation de migration. H Voir page 9.

Une nouvelle commission « jeunes réfugiés - jeunes migrants ».

Afin d’approfondir la problématique de Destination inconnue, Terre des Hommes a décidé de créer une commission de travail interne « jeunes réfugiés - jeunes migrants », décision votée au Conseil d’Ad-ministration du 8 octobre 2016. Cette commission est ouverte aux jeunes et à tous les adhérents de l’association désirant s’engager à nos côtés !

Pour plus d’information, contactez-nous à cette adresse : tdhf@terredeshommes.fr

©tdh / François Struzik

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L’appel de la jeunesse (« The Youth Call »)« Nous sommes des enfants concernés par la mobilité.

Mais nous sommes des enfants avant tout, et nous avons des droits ! »

Dans le cadre de la campagne, cet appel des jeunes est basé sur 73 questionnaires deman-dant aux enfants et aux jeunes gens en « déplacement » de témoigner de leurs expériences personnelles et d’exprimer leurs demandes et leurs propositions. Des jeunes mineurs iso-lés étrangers et des groupes de jeunes de 19 pays touchés par les situations de migration ont participé.

« Nous sommes des enfants et des jeunes d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient, d’Asie du Sud, d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine. Nous n’avons plus de maison où vivre, nous sommes des enfants concer-nés par la mobilité.

Les raisons sont différentes. Certains d’entre nous ont fui la violence et la guerre. Certains se sont sauvés parce qu’ils ont été confrontés à l’abus, l’exploitation, la violence ou la négligence. Certains d’entre nous ont été abandonnés par leur famille. Certains ont dû quitter leur maison parce qu’ils avaient trop faim ou qu’ils étaient trop pauvres pour survivre - et mainte-nant nous espérons trouver un travail ou avoir accès à l’éducation quelque part ailleurs. Certains d’entre nous ont été victimes de la traite des êtres humains et forcés de mendier ou de vendre leur corps. Certains d’entre nous vivent dans la rue. Certains d’entre nous sont nés dans des camps de réfugiés. Certains sont apatrides.

Nous sommes des enfants concernés par la mobilité.

Nous avons pu sauver notre vie. Nous avons fait la connaissance de nouveaux amis. Nous avons décou-vert de nouveaux pays et de nouveaux endroits. Nous sommes en sécurité et ne devons plus avoir peur des bombes et de la guerre. Nous pouvons espérer avoir une vie meilleure. Mais notre maison nous manque.

Personne ne nous aide quand nous avons faim, quand nous sommes malades ou tristes. Nous ne savons pas à qui faire confiance. Personne ne nous voit - sauf ceux qui abusent de nous et nous exploitent. Beau-coup de gens nous insultent et continuent de dire que nous sommes un problème.

Dans certains pays on nous arrête, on nous empri-sonne parce que nous sommes des enfants concernés par la mobilité. Presque partout, les gouvernements refusent d’admettre que nous existons. Certains gou-vernements refusent de nous laisser aller à l’école. Si nous sommes malades, si nous sommes victimes de la traite des êtres humains ou si on nous envoie à la guerre comme soldats, si nous ne savons tout sim-plement pas où aller, nous ne pouvons demander de l’aide à personne.

Chacun d’entre nous est unique. Mais nous avons quelque chose en commun : nous sommes des enfants.

Nous avons le droit de vivre. Nous avons le droit d’être protégés de la violence et de l’exploitation. Nous avons le droit à l’éducation. Nous avons le droit de recevoir tous les soins médicaux dont nous avons besoin. Nous avons le droit de participer aux déci-sions qui nous concernent. Nous avons les droits qu’ont tous les enfants (...).»

Nous en appelons aux peuples et aux dirigeants de notre monde :

Préservez notre dignité.Respectez nos droits.

Protégez-nous de la violence et de l’exploitation.

Écoutez-nous.Retrouvez l’appel dans son intégralité sur :

http://destination-unknown.org/

EN DÉLÉGATION - 10 -

La genèseDès 2015, gravement préoccupé par la situation particulière des jeunes migrants (15/24 ans), le Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies (HCR) a souhaité organiser avec eux des Consultations Globales, auxquelles la Fédération internationale de Terre des Hommes fut invitée à prendre part en vertu de son sta-tut consultatif auprès de l’ONU et sa cam-pagne « Destination Inconnue ».

En 2016, trois délégations Terre des Hommes (Normandie, Alsace, Paris) ont manifesté leur intérêt à organiser de telles rencontres ; belle occasion, en effet, pour ces jeunes de discu-ter ensemble des questions qui les touchent de près. Les jeunes du monde entier ont des compétences ; il faut leur donner la parole, les entendre sur les défis auxquels ils font face et les aider à mettre en place les solutions qu’ils pro-posent pour améliorer leur situation.

Dès mars, nous avons réuni en Normandie une équipe de vingt-deux jeunes réfugiés, garçons et filles, et de cinq Français du même âge afin de mener à bien les objectifs déterminés par le HCR pour sa Consultation finale de juin 2016 à Genève. Pendant un weekend convivial et sérieux, jeunes et équipe de Terre des Hommes ont travaillé de concert sur une trame élaborée (questions et mise en situation) et en ont envoyé le rapport au HCR.

Les jeunes réfugiés en Normandie Ils sont majoritairement des garçons, sou-vent mineurs et isolés, venus d’Afrique, de tout l’Orient, et d’Europe. Leurs difficultés sont com-munes à celles des jeunes migrants de tous les pays : difficulté d’avoir des papiers, de commu-niquer à cause de la barrière de la langue et de la culture, complexité des rapports avec l’admi-nistration, peur d’être rejeté, incompréhension et indifférence des populations locales, voire racisme, grande insécurité économique ; enfin, difficulté ou impossibilité de reprendre des études ou d’exercer sa profession selon son diplôme.

Les bénéfices de cette consultation La rencontre avait pour but de casser l’exclusion dans laquelle leur situation de réfugiés les main-tient ; de leur permettre, également, une entrée dans notre société. Pour la plupart, c’était la pre-mière fois qu’ils pouvaient dialoguer, échanger, rire avec des jeunes « nationaux ».

Terre des Hommes se mobilise pour les droits des jeunes réfugiés

« Les jeunes du monde entier ont des compétences. Il faut leur donner la parole, les entendre sur les défis auxquels ils font face et les aider à mettre en place les solutions qu’ils proposent pour améliorer leur situation. »

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Des discussions communes ont émergé des solu-tions ; toutes concourent à une meilleure inté-gration dans la société, grâce à des procédures administratives repensées, plus soucieuses de l’accueil des jeunes, et par la volonté d’une réelle solidarité entre tous. Certains ont proposé, par exemple, de donner des cours de langue et d’offrir un soutien scolaire. Les jeunes réfugiés ont dit vouloir gagner leur vie, ne pas être à la charge du pays accueillant, souhaité une recon-naissance officielle de leurs compétences pour intégrer directement le monde du travail.

Pour les jeunes nationaux, cette rencontre a été la révélation d’une réalité qui leur échappait

totalement : « il faut casser les tabous, les pré-jugés », « les médias diffusent des idées fausses sur les réfugiés et le problème migratoire »... Tous ont souhaité poursuivre ensemble un tra-vail basé sur la solidarité, le partage, l’approfon-dissement des connaissances mutuelles. Faire un blog, des activités culturelles, artistiques, sportives ; communiquer ici pour s’entraider, mais aussi avec d’autres groupes de rencontres du HCR, en France et à l’étranger. Tous disent que cette rencontre a été « formidable et très utile ».

Pour représenter les jeunes réfugiés français, Abdulrahman Lakash, 20 ans, jeune Syrien de notre groupe, a été sélectionné par le HCR pour participer à la consultation mondiale de Genève. Il a appuyé les trois grandes catégo-ries de problèmes qui ont été identifiés lors de la consultation locale : barrière de la langue et intégration ; éducation et travail ; manque d’in-formation au sujet des droits des réfugiés et dif-ficultés d’accès aux institutions.

Aller plus loinCette consultation mondiale a abouti à la rédac-tion d’un rapport destiné à tous les acteurs huma-nitaires et à tous les gouvernements afin que soit respectés les droits de ces jeunes migrants. Pour Terre des Hommes, le bilan est positif : la réflexion est lancée avec les jeunes pour appro-fondir leur connaissance de leurs droits écono-miques, sociaux et culturels afin de pouvoir les appliquer.

Hélène Marchand et Annie Poder, bénévoles de la délégation TDH du Calvados.

Un des dessins réalisés par les jeunes lors de la consultation

« Il faut casser les tabous et les préjugés,

les médias diffusent des idées fausses sur les

réfugiés et le problème migratoire. »

Adhésion au tarif normal : 40 €

Adhésion au tarif réduit : 10 € (étudiants et personnes non imposables)

BULLETIN DE SOUTIEN - Défi décembre 2016À retourner accompagné de votre chèque de don dans l’enveloppe T.

Oui, je fais un don de :

100 € 50 € 20 € don libre : .......... € Chèque à l’ordre de Terre des Hommes France.

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AGENDA - 12 -

DD 14 - CALVADOS9, 10 et 11 décembre : marché solidaire de l’ARDES, de 10h à 19h place St Pierre à Caen.

DD 16 - COGNAC 9 décembre : soirée-rencontre avec le partenaire du Guatemala Tzuk Kim Pop.10 et 11 décembre : salon du livre des droits de l’Homme et de la solidarité à l’abbaye aux Dames, Saintes.Du 23 au 4 février : vente annuelle de nos livres d’occasion au couvent des Récollets, Cognac.

DD 25 - DOUBSDu 14 novembre au 15 décembre : exposition «Libertés et droits humains» de Frédéric Cresson, campus de la Bouloie, bibliothèque Proudhon, Besançon.13 décembre : soirée-rencontre avec le partenaire du Guatemala Tzuk Kim Pop.Du 7 au 14 décembre : marché de Noël solidaire.Du 17 au 24 décembre : vente place du 8 septembre.

DD 39 - JURA8 décembre : soirée Palestine, à partir de 20h, salle des Combettes de Champagnole.

Le Congrès de Terre des Hommes25 et 26 mars 2017

Le prochain Congrès de Terre des Hommes (qui a lieu tous les trois ans) a l’ambition et l’objectif de décider d’un positionnement plus précis de l’as-sociation pour les années à venir en se basant sur le travail mené depuis un an dans le cadre du plan stratégique de consolidation de l’association. Tous les adhérents sont invités à y participer.

Ce Congrès 2017 met un point d’honneur à inclure nos partenaires asso-ciatifs au cœur de la réflexion et des échanges. Ainsi, nous invitons, préala-blement au congrès, nos partenaires à effectuer un échange d’expériences pour exprimer leurs besoins. Ces réflexions serviront de base solide pour nourrir la réflexion des congressistes. Des intervenants extérieurs vien-dront également apporter leur expertise pour enrichir les débats.

Ce congrès s’inscrit aussi dans un mouvement de modernité dans lequel Terre des Hommes souhaite s’engager avec la volonté d’intégrer de manière plus significative la jeunesse et les nouvelles technologies dans ses activi-tés. Il ne s’agit pas ici d’oublier les fondamentaux et les 53 années d’his-toire de l’association mais de savoir précisemment quelle direction doit prendre l’association pour les vingt prochaines années. Il faut se poser la question : « est-ce-que l’on veut que l’association reste l’association d’une seule génération ? », comme le souligne justement Lysiane André, prési-dente de Terre des Hommes France.

Conscient d’un monde qui évolue très rapidement, ou le progrès technolo-gique a changé notre rapport au temps et ou les configurations Nord/Sud ont tendance à disparaître, Terre des Hommes se donnera les moyens lors de ce congrès d’asseoir un positionnement affiné en accord avec son temps afin de continuer à apporter, de la manière la plus efficace et pérenne pos-sible, son aide aux populations dont les droits sont bafoués.

Chers adhérents, rendez-vous les 25 et 26 mars 2017 pour écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire de Terre des Hommes.

Conformément à la Loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des informations vous concernant contenues dans notre base de données et ce, sur simple lettre adressée au siège de l’association.

Terre des Hommes France, reconnue d’utilité publique, est membre du Comité de la Charte du don en confiance, organisme d’agrément et de contrôle des associations et fondations faisant appel à la générosité du public. À ce titre, l’association s’engage à respecter ses principes de transparence financière et de rigueur de gestion.