ernault (Émile), du parfait en grec et en latin, 1886

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    University of Ottawa

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    BIBLIOTIIOUK)'DE L ECOLE

    DES HAUTES TUDESl'I HMKK SOUS LKS .vUSPICIiS

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLOUK

    SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES

    SOIXANTE-SEPTIEME FASCICULEUU PARFAIT EN GREC ET EN LATIN, PAR EMILE ERNAULT,CHARG DE CONFRENCES A LA FACULT DES LETTRES DE POITIERS.

    PARISF. VIEWEG, LIBRAIRE-DITEUR

    67, RUE DE RICHFLIET', 671886

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    DU

    PARFAIT EN GRECET EW LATIN

    Emile ERNAULTDOCTEUR ES LETTRES

    CHARG DE CUiNKRENCES A I-A FACULTE DES LETTRES UK PUITIKHh.

    PARISF. VIEWEG, LIBRAIRE-DITEUR

    67, RUE DE KICHELir-:U, 671886

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    INTRODUCTION.

    L'histoire du parfait dans les langues ario-europennesfournirait la matire d'une fort intressante tude de gram-maire compare. Nous voudrions raconter un simple pi-sode de cette histoire ; notre sujet ne comprend quel'examen comparatif du parfait dans la conjugaison grecqueet dans la conjugaison latine. Mais une comparaison rapideavec les autres langues issues d'une source commune estncessaire pour se rendre compte de la relation primitivedes formes souvent trs divergentes que prsentent sur cepoint les deux idiomes classiques. D'un autre ct, il estnaturel que les faits tudier ne soient pas plus spars deleurs consquences que de leurs origines ; aussi parlerons-nous des destines ultrieures du parfait dans les dialectesmodernes drivs du grec et du latin. Nous sortirons doncparfois de ces deux langues ; mais nous ne les perdronsjamais de vue.

    Avant d'entrer dans les minutieux dtails que comportecette analyse, voyons quelle est, en gnral, la valeur histo-rique des langues classiques et des idiomes congnres.

    Le latin est d'une simplicit svre, digne de l'espritpositif et pratique du peuple qui devait l'employer rgle-menter le monde. Les renseignements que ce langagenous donne sur sa propre histoire, en dehors des priodeso il nous est directement accessible, c'est--dire ant-rieurement la lin du iv' ou au commencement du m'' sicleEknalh. Du parfait en grec et en latin, %

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    avant notre re ^ sont trop souvent insuffisants et qui-voques. Une violente tendance l'uniformit, la simpli-fication des moyens de communiquer la pense, lui a faitpasser le niveau sur beaucoup de distinctions primitives,que l'analogie a aplanies. Aussi trouverons-nous, en cequi concerne le parfait du verbe latin, bien des problmesindtermins', dont on peut donner plusieurs solutionsgalement plausibles, et par consquent galement incer-taines ; on n'est mme pas toujours sr que ces solutionsne soient pas toutes vraies la fois, dans une mesure qu'ilest impossible de fixer.La langue grecque l'emporte de beaucoup sur le latin

    pour sa fidlit garder l'empreinte primitive. Ses nom-breux dialectes fournissent au linguiste une foule de ren-seignements prcieux. De plus, elle a eu de bonne heurel'heureuse fortune d'tre prserve d'une corruption invi-table par l'influence de ces merveilleux chants homriquesqui demeurrent pendant tant de sicles l'honneur de lanation entire et le charme vivant de toutes les mmoires.Grce eux, la langue se trouva fixe, dans le genrepique, ds une poque bien antrieure aux plus anciens

    1. C'est la date approximative que le juge le plus autoris, M. Bral,assigne l'inscription de Duenos, qu'il fait passer avant les pitaphesdes Scipions {L'inscription de Duenos, extrait des Mlanges d'archo-logie et d'histoire, publis par l'Ecole franaise de Rome; Rome, 1882,p. 22). Quelques faits antrieurs de l'histoire de la langue latine noussont cependant connus par les auteurs; ceux-ci nous ont conserv,par exemple, des formes comme arbosem, Valesius, o Vs simple sub-siste entre deux voyelles, quoique le rhotacisme ou changement decette s primitive en r soit un phnomne plus ancien que tous les mo-numents de la langue latine qui nous sont parvenus [ibid., p. 20-22).Il ne peut y avoir aucun doute sur la haute antiquit de certains docu-ments que les rudits de Rome ont eus leur disposition ; l'criturechez les Romains date de sept sicles au moins avant notre re .{Leon d'ouverture du cours d'loquence latine, au Collge de France,faite le 7 dcembre 1882, par M. L. Havet, p. 9 ; on peut voir cesujet d'intressants dtails dans la mme brochure, p. 5-7.)

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    m documents latins, et quand elle n'avait pas encore eu letemps de perdre beaucoup de ses traits caractristiques*.La langue ('(^Ui(|ue prsente des affinits toutes particu-

    lires avec le grec et le latin ; de savants linguistes, comnu;Schleicher, admettent une unit secondaire grco-italo-celtique, subdivision de la grande unit ario-europenne ^Malheureusement les textes celtiques un peu tendus neremontent qu'au viii'-ix' sicle de notre re. Le vieilirlandais de cette poque a pourtant conserv l'ancien par-fait avec une fidlit remarquable ; M. Windisch a crit ce sujet une savante tude \

    Parmi les autres langues du groupe europen, les idiomesgermaniques fournissent aussi des points de comparaisonimportants, surtout le gothique, dont on a des textes com-poss au iv* sicle aprs notre re et conservs dans unmanuscrit de la fin du v*' environ (traduction de la Bible,par Ulfilas, dans le Codex argenteus d'Upsal). Les languesslaves, au contraire, avaient presque entirement perdule parfait l'poque, d'ailleurs peu ancienne (viif-ix'sicle de notre re) laquelle se rapportent leurs plusanciens monuments '\

    Les langues de l'Asie qui appartiennent la mmelamille que le grec et le latin forment le groupe indo-ranien. Leur tmoignage est trs important, et quand ellesprsentent un caractre commun avec les idiomes euro-

    1. Nous n'avons les textes homriques que dans l'orthographeionienne du cinquime sicle avant J.-C, mais il est facile de voir,par leur versification, que la langue dans laquelle ils ont t com-poss originairement est plus ancienne.

    2. L'arrive des Hellnes en Grce daterait du xiv^ sicle, et la priodegrco-italo-celtique du xv*' sicle environ, d'aprs M. d'Arbois deJubainville, si connu par ses travaux dans le double domaine de l'his-toire et de la linguistique. Les premiers habitants de VEurope^ Paris,1877, p. 277; cf. Revue celtique^ III, 40.

    W. Zeilschrifl de Kuhn, XXIII, p. 201 et suivantes.4. M. Osthoff a fait des recherches trs intressantes sur les dbris

    du parfait en slave, dans son beau livre Zur Gesckichle des Perfects,

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    IVpens, c'est un fort indice d'antiquit pour le fait en ques-tion. Mais quand il y a dsaccord entre les langues del'Asie et celles de l'Europe, la priorit ne doit pas toujourstre accorde l'Asie : il faut compter et peser les raisonsde part et d'autre.Nous serons souvent oblig de remonter jusqu' l'poque

    ario-europenne, pour nous rendre compte des rapportsdu parfait grec avec le parfait latin. Car sans vouloir riendire contre les hypothses d'units linguistiques secon-daires, comme la grco-italo-celtique et l'europenne, ilfaut convenir que beaucoup de leurs traits spciaux nouschappent, faute de documents suffisants*.La prsente tude sera divise en cinq parties : I, redou-

    blement; II, radical; III, caractristiques; IV, dsinenceset drivations; V, rsum et conclusion.

    1. M. d'Arbois de Jubainville, Les premiersi habitants de VEurope^p. 134, calcule que la priode ario-europenne prit fin environ 3000ans avant J.-C. L'unit antrieure n'tait pas tellement absolue qu'ellene comportt point l'existence de dialectes et de varits.

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    PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTS.

    HoiM, Grammaire compare des langues indo-europennes, traduc-tion Bral, Paris, 1866-1874.

    Hral, Les tables eugubines, 26* fascicule de la Bibliothque de l'Ecolepratique des Hautes-Etudes.

    Bral et Bailly, Dictionnaire tymologique latin, Paris, 1885.CoRSSKN, Ueber Aussprache, Vokalismus und Betonung der lateinischen

    Sprache. Leipzig, 1868 et 1870, 2 vol., 2^ dition.CuRTius (Georg), Das Verbum der griechischen Sprache, Leipzig, 1877et 1880, 2e dit. Grundzge der griechischen Etymologie, 5te unter Mitwirkung

    von E. Windisch umgearbeitete Auflage, Leipzig, 1879. Studien zur griechischen und lateinischen Grammatik, Leipzig,1868-1878.

    DiEZ, Grammaire compare des langues romanes, traduite par Brachet,G. Paris et Morel-Fatio,

    lAiNKiufn, De graecae linguae reduplicatione praeter perfectum.(iisscie, 1847.

    Hhnrv, Etude sur l'analogie en gnral et sur les formations analo-giques de la langue grecque, Paris, 1883.

    KtiiN, Zeitschrift fiir vergleichende Sprachforschung, Berlin, depuis1852.

    L(*:bell, Quaestiones de perfecti homerici forma et usu, Leipzig, 1876.Mmoires de la Socit de Linguistique de Paris, depuis 1868.Meykr {Gustav), Griechische Grammatik, Leipzig, 1880..\kui:, Formenlehre der lateinischen Sprache. Berlin, 1875 et 1877,2= dit.OsTiioFK, Zur Geschichte des Perfectsim indogermanischen mit beson-derer Riicksicht auf griechisch und lateinisch, Strassburg,

    1884.GsTiioKF et Brumman, Morphologische Untersuchungen aufdem Gebieteder indogermanischen Sprachen, Leipzig, 1878 et 1880.PoTT, Doppelung ( Reduplikation, Gemination) als eines der wichti

    sten Bildungsmittel der Sprache, 1862,

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    PoTT, Verschiedene Rezeichnung des l'erfects in einigen Sprachen,und Lautsymbolik, dans la Zeitschrift fur Vlkerpsychologieund Sprachwissenschaft, Band XV, p. 287-337, et B. XVI,p. 117-138, Berlin, 1884-1885.

    Sausstjrp: (F. de), Mnrioiro sur le systme primitif des voyelles dansles langues indo-europennes, Leipsick, 1879.

    ScHLEiCHER, Compendium der vergleichenden Grammatik der indoger-manischen Sprachen, 4 Auflage, Weimar, 1876.

    ScHUCHARDT, Der Vokalismus des Vulgiirlateins, Leipzig, 1866-1868,3 vol.

    WiiiTNEY, Indische Cirammatik ans dem englischen iibersetzt vonH. Zimmer, Leipzig, 1879.

    Zeuss, Grammatica celtica. Editio altra, curavit Ebel. Berlin, 1868-1871.

    N. B. Nous nous dispenserons d'indiquer tout au long, chaquecitation, le titre et l'dition des ouvrages ci-dessus.Nous ne mettrons pas d'astrisque aux formes grecques reconstitues

    par conjecture ; l'absence d'accentuation suffit pour les distinguer desmots qui ont t expressment transmis par les manuscrits ou lesinscriptions.

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    PREMIERE PARTIELE REDOUBLEMENT DU PARFAIT.

    CHAPITRE PREMIERl'initialp: du redoublement, au parfait des verbescommenant par une seule consonne.

    ?5 1. L'initiale du redoublement au parfait de verbes commenantpar une seule consonne, en latin.Le redoublement, c'est--dire la rptition plus ou moins

    exacte de la premire syllabe du radical, se trouve, en latinclassique, dans une vingtaine de parfaits appartenant desverbes qui commencent par une seule consonne. Ce sont :

    Ce-cidi, ce-cldi, ce-cini, cu-ciirri;De-di, di-dici;Fe-felli;Me-mini, mo-niordi ;Pe-pediy pe-pendi, pe-perci, pe-pen, pe-pigi, pe-puliy po-

    posci, pu-puyi;Te-tendi, te-tigi, to-tondi, iu-tudi.Dedi, en composition -didi, est le parfait de do qui vient

    de deux racines bien distinctes, en sanscrit d, donner, etdhy poser, en grec ot-co)-;/'. et v.^^r^-\JA. Le verbe -do, poser,infinitif -dere, ne se trouve que dans des composs confonduspar la langue avec ceux de do, donner, mais o le sens et lacomparaison des autres idiomes ario-europens le font recon-natre; tels sont co/ido , 7jvt(0-^[j/. , synonyme de compono ;prodo, TTpGT'Or^jj/., mettre en avant , l'oppos de condo, etdiffrent de prodo, ^rpcci'owij/., trahir ; credo pour * crd-do,sanscrit crad-dadhcimi, vieux gallois creddoe, credat ,vieil irlandais cre.tim, credo , littralement in corde pono,h Lxzy.-x -iHr,\j.'.. Le sens de ces deux racines d et dh tait

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    quelquefois trs rapproch ; les laiigius g(;rinaniques les onttraites comme s'il n'y en avait eu qu'une, de forme interm-diaire, dh, signifiant poser, faire \Pependi correspond aux deux ])rsents pendo et ppiidco,mais le second n'est que la forme intransitiv(^ du premier[c. jacre ei jacre).Memini est le parfait de * nieniscor, qui n'est plus -employqu'en composition [re-mimscor, com-miniscor) et qui a d treplus anciennement *mm2;22.sTor_, avec un redoublement de pr-sent, comme en grec \jA[j.rr^TAz\j.v.. Memini a, au contraire, unredoublenu^nt de parfait, identique celui de yiy.cva et de laforme moyenne \j\j:rr^[j.y.

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    A(''(li(|iiP pihdinl = vi(Ml irlandais //y////, hi'r^loii du x\ ' si/'cloi'V(ij\ l^ihnii csl lui-in(Mii(' pour ' piprai, cl , rinliiiitirsanscrit, pnlinn = lo supin latin plum et pcut-Atrc,conuiH^ l'a rcniar([u M. Whitlcy Stokes, le breton duXV sicle (/i-rf.,im gallois di-od \}ouv * di-[p]at/(, boire, breu-vai^e. Une assimilation rgressive semblable celle de Z//>opour * pio a li(ni, par exemple, dans la forme Bohiicola va-riante d(^ Puhli-vola (Corssen, Ansapr., I, V2S)) cf. publicKs,de po-ptfitfs, ([ui s'est form par redoublement de la mmeracine que rS/d, ple-hSy ttavj-Oc^, l'allemand Vol-k, etc. Si/ni a, comme nous le croyons, un redoublement de parfait,il vient de * pe/n pour * pcpi, grec r7:(o/.a, sanscrit /?^^/>'7//, cf.dedi, BC(oy.a, dadu ; le moyen irlandais ehalar, ils burent^leut s'expliquer galement par * [p]ebaiitar pour *pepantar \En vieux latin il y avait deux autres parfaits redoubls auradical commenant par une consonne :

    Te-tini, de teneOy Festus, d'o tetincro (Festus, au motptirime), ietinmm, tetinerit et tetiiiisse (Accius et Pacuvius,(ts par Nonius Marcellus);Te-taii \e * tido, ci. tollo) employ trois fois par Plante,cf. Aulu-Gelle, 1. VII, c. 9; Charisius, IV, 3; Diomde, 1. II;tctulisti (Accius et Caecilius, cits par Nonius Marcellus) :letulit, cit par Cicron, De oratore, III, 58; employ deuxfois par Plante, une fois par Trence [Andrienne, V, I, 13);Irtiilerunt, Lucrce, 1. VI, vers 673; tetulissern, Trence[Andr.y IV, 5, 13); tetuiisse, tetulero, tetulerit (Plante; cedernier deux fois).TeiieOy tetini, vient de la mme racine que tendo, tetendi.On peut, d'aprs la conjecture de M. Osihoff', ajouter ces})arfaits latins redoubls la forme *memori, je me souviens(avec sens du prsent, comme niemini), d'o viendrait l'adjectil

    1. Les langues celtiques laissent tomber rgulirement le p ario-eu-rupen (cf. Wiudisch dans les Deitriige deKuhn,VIII, 1-48). L'absencei\\ip initial dans ibipi, evaf^ est doncjustitie, et le b irlandais prouvel'antiquit de la forme pt'bmi.

    2. Stokes, Three middle-irish hamilies, Calcutta, 1877, p. 8.:. D'aprs une ingnieuse expliation de M. Osthoff, Ziir Gescli. d

    Perf., 25i, im-buo n'a rien faire avec bibo, et correspond au greci;x--fj(o; imbiii est un doublet de in-fui.

    'i. Beilrdf/e zur Geschichie der deutschen Sprache und Literalur,\\\\ IUind,'in ll(>rt: Halle, 1882.

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    memor, pour *memorus, de mme qu'en grec on a tir b(ir{^z^z^du parfait ypviYopa, proprement j'ai veill.

    Dans les anciens idiomes de l'Italie, nous trouvons aveccertitude un redoublement correspondant celui des motslatins dedi et poposci :

    Osque dedet, deded, ombrien leoCy ddit ; a-teoafiist^, an-dersa-fust, an-dirsa-fust circumdederit (futur antrieur) ;Ombrien peperscust, pepescus poposcerit, precatus erit (fut. ant.), pluriel 3 ^qv?>o\x\q pepurJairent.

    Il y a de plus, en ces langues, un redoublement dans troisverbes qui ne l'ont point en latin :Ombr. dersiciist, il aura dit, plur. dersicurent, pour de-lie-^mme racine que le latin dico ;Osque fefacid, qu'il ait fait; fefacust, il aura fait, du verbecorrespondant au latin facio ;Ombr. fefure, ils auront t, mme racine que le lat. fui.On voit qu'en latin et en gnral dans les autres languesitaliotes une consonne simple se rptait telle quelle au re-doublement du parfait. Il en tait de mme dans les autresl'edoublements, comme le montrent, entre autres, les exemplessuivants :

    Lat. ci-conia, Prneste coula, cf. ce-cini;Osque di-dest, dabit ; ombr. te-o-tu, di-rs-tu, donne,

    pour * de-d{e)-tu, *di-d[e)-tu, grec cioctw (Bral, Tables ea-gubines, p. 123) cf. de-di;

    Lat. fur-fur, du son, cf. furere; l'ide commune seraitcelle d'agitation (en grec TCspjpciv) ;

    Lat. mar-mor, [j.ap[j.apc ; osque, sabin et omb. M-mer{t)$,d'une racine qui signifie briller et qui selon Corssen {Ausspr.,I, 404, 405) se retrouve dans Mars, Marias, Maro, etc.

    Lat. pa-pilio, mme racine que Trairaaaw, agiter vivement.Lat. tin-tinnahuluni, cf. tbinirc.

    1. Le premier^ de ateoa/ust est une notation du son d, ce mot ap-partenant ce qu'on est convenu d'appeler le vieil ombrien , c'est--dire l'ombrien crit avec l'alphabet trusque, qui n'a pas de signespcial pour d. Ce que nous transcrivons par o est, comme rs en nouvel ombrien , c'est--dire en ombrien crit avec l'alphabet latin,un son voisin du S grec moderne, du th anglais doux et du dd gallois.Sur la notation )'s, voyez Bral, Les tables eugubities, pp. 19, 20, 327:cf. d'Arbois de Jubainville, Etudes grammalicales sur les langues cel-tiques, Paris, 1881, p. 33* note 3, et p. 38* note 1.

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    Le rrdoublcrnont du parlai 1, eu laliii, ne se trouve avetrortitudo (jue dans des verbes comnieneant par c, d, f, m, /;ou /. ('(^pendant la langue n'avait pas une rpugnance parti-culire rpter les autres consonnes au coniniencenient desmots : il sullit de rapjxder (/i-fpWy (jenid, hi-llarc, no-nnus,i/f(('r-

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    6 -adli'ndedil, ostendedirunt, il remplit galemenl la mnie fonc-tion que le redoublement ancien de tetendi, qui ne passe pasaux comi)Os.s classiques nttondi, osiendi. C'est l une sortede composition inconsciente avec le mot dodi, amene par lebesoin de distinguer le parfait du prsent : sans cela cestemps se confondraient plusieurs personnes.La suffixation d(^ -didi a un caractre assez spcieux dansles mots bas-latins restpondidi, incendido.rit, incendederity cause des locutions synonjmiques vpsponsum dedi, incendiodediy qui sont, en apparence, dans le mme rapport avecrespondidif incendidi, que pesmm dedi, venum dedi, avecperdidi, vendidi. -/)?V/2 tait devenu, d'ailleurs, une terminai-son propre former le parfait des verbes dont la racinefinissait par nd. Aussi trouve-t-on fundederit ou fundiderit\)0\\v fuderit ; Priscien nous apprend * que certaines personnesdonnaient manda un parfait mandidi, et Probus examinepour quelle raison l'on doit dire prandi, et non prandidi.Ce genre de formation se rencontre dans deux verbes bas-

    latins o le d final du radical n'est pas prcd de n : ededi-derit, odedere. Cf. le latin classique cre-didi, pro-didi.

    L'analogie de ces mots en -do s'est mme tendue au verbebas-latin hatto pour battuo, qui a d faire au parfait battidi,battedi, batteti, comme le montrent les formes battedcrit,battiderit, abbatiderit, battederent, batteterint.On peut tre tent d'admettre que le bas-latin a subi, dansces formations, l'influence de la conjugaison faible des languesgermaniques, et de comparer, par exemple, respond-idimits l'allemand wir antwort-eten, qui quivaut wir ant^vort-thateii, nous fmes l'action de rpondre. Mais cette explica-tion ne serait gure acceptable que \)ouv battedi, batteti; onne comprendrait pas pourquoi ces sortes de parfaits ne setrouvent en bas-latin que dans les verbes dont le radicalfinit par une dentale.

    Si l'on pouvait s'en rapporter, pour la succession relledes faits, la vraisemblance thorique, on placerait dansTordre suivant les diffrents types de ce redoublement abusif,en latin vulgaire :

    (Classique) vendidi; (bas-lat.) incendidi ; (vieux lat.)descendidi; (bas-lat.) odidi ; (bas-lat.) battidi, batteti.

    Il est intressant de suivre en italien l'histoire de la nuMiie

    1. Grammalici lalini, d. Keil, t. II, p. 'il9, ligne 13.

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    forniatioii. On ne trouve en cette langue (|u'iiii mol (|ui s(^rai)porte exactenuMil au Ivpc latin : c'est le parfait populaireandicdi, tii('' (1(^ andarr, aller, v. vieux Cranais aiwr. L'in-HufMice (U' s/f'tli, (jui vient du lat. .s7^.'// i)ar Tinternidiaire d(i*stctui (d'o 1(^ vala(iu(^ stctui, vieux franais f^stui) a faitiiatn cot de dirdi (lat. drdi) la vafiantt; drfJt^ comme ontrouve, inv(M sement, .s7Vy// i)our .s7r//, par imitation de dif'di.C'est la forme dr/fi ([u\ s'est propage. Andctti se trouve con-curremnu^nt avec andiedVDans ces conditions, la terminaison -dciii est lgitime dans

    ' les parfaits italiens nrndctli, crrdetti, perdetti, rendelti, =lat. vendidi, credidi, perdidi, reddidi. De l (die a pass na-turellement d

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    8 sonne quelconque; exemples: bevvetti [k ct de hpvvi, lat.ii), mot qui renferme ainsi deux redoublements, cf. bas-lat.expopondedit, ital. resistetti; tacetti (vieil ital.); lucetti;gemptti; convenette (3 pers. sing., Dante) ; capette (vieil ital.);Herpettiy etc. On trouve mme cette terminaison aprs unevoyelle, dans le moi segupfte (Dante).La marche suivie par l'analogie, en italien, semble doncpouvoir se reprsenter ainsi : diedi-stetti, detti ; * vendredi,vendetti ; fendetti; sedetti ; battetti ; bevvetti; seguetti.Le vieil espagnol nous prsente les formes andido, andudo(3 pers. sing.) == ital. andette ; demaiidudieres, conditionnel,proprement plus-que-parfait de demandar; catido, de catar,voir, observer (= captare) ; et entrido, de entrar. Cf. estido,estudo (vieux portugais stede) = ital. stette, lat. stetit\Le vieux franais avait aussi une trace de ce redoublementirrgulier, dans la diphtongue i des formes comme battiet^^ital. battette; respundiet =: lat. vulgaire respondidet, etc. ;cf. perdiet, perdierent, de perddit, perdderunt (Schuchardt,Romania, IV, 122; J. Cornu, ibid., X, 217).

    D'aprs M. Osthoff, Znr Gesch. des Perf., 242-244, le t del'osque profated, en lat. probavit, viendrait de mme, paranalogie, du second t de la forme correspondant au lat. steti;dans la variante prufatted, les deux t seraient une imitationdes deux /du synonyme pruffed ^=i* pro-fefed, proprementpro-fatiis siim (p. 239), cf. le parfait sanscr. babhu, rac.bh briller, paratre.Le gothique semble avoir suivi une analogie semblable,lorsque d'aprs soki-dedum, nous cherchmes, littralementen anglais ive did seek, de soki-da, il forma kimth-edum,nous connmes, de kuntha, prtrit du verbe dont le parfaitavec sens du prsent est kann; ce prtrit tait originaire-ment tout fait indpendant du parfait (Cf. Windisch, Bei-trdge de Kuhn, YIII, 459, 461).^ 3. L'initiale du redoublement, au parfait des verbes commenant

    par une consonne simple, en grec.En rgle gnrale, toutes les consonnes simples se re-

    doublent telles quelles, au parfait grec. Exemples :1. Les formes anciennes des langues romanes sont cites ici d'aprs

    la Grammaire de Diez, t. n, pp. 139, 140, 162 et 163 de la traduction.

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    9 L('s as[)h'(H's 9, y, 0, c'est--dire y>//, r;//_, ///,_, ne sont point,

    quant au rodoubhMnent, considres comme des consonnessimpUs.Le p [rh] ne l'est que })ar exception. On a trois exemplesanciens de redoublement ps-p-; ce sont: ppj-(.);jiv:(, Odysse,1. VI, vers 59; pi^xrj.z\).v)u) , Anacron, d'aprs la scholif; dece mme vers d'Homre; pp-Oa-., Pindare (A//?7c? de Bergk,3 dit., fragment 214). Des auteurs plus rcents ont em-ploy les formes suivantes : xaTapEpa7[Xva, ixpEpsjy.w;, 7:2plpr//.Ta'.,ppaaviBtij;ji.v2;;, ppa5$o){i.iVc;, ^pjjy;y.ij'., TuspfpizTG, ppa[j.[xa'., p^^x-isupY'T^y.aj'., etc. ^

    Ces mots ont t tcaits comme s'ils eussent commenc parr et non par rh ; il semblerait prfrable de les crire, eneffet, p-p ou p-p. Ils ont t entrans par l'exemple deverbes commenant par une consonne simple; ils ont, dureste, des analogies dans la langue : ainsi y.-pp'jxo); pour;-ppjy.(o^ on peut comparer les formes [j^i-puTo;, Trps-pw, ct de [j-9'.-ppjTc, TTpo-ppiW.

    Contrairement au traitement ordinaire du p, le :: initial,quoiqu'il ait t rgulirement un son double, l'origine, estconsidr au parfait comme une consonne simple, sauf dansle seul verbe (7ju), (jtj\).ol\ ( 10).Le [JL initial est trait d'une faon spciale, dans la languecommune, au parfait i[j.apTa'. ( 10); il en est de mme du ades verbes Xajjiavo), Xayxvw et Xyw, en dialecte attique( 4).Le V est toujours trait au parfait comme une consonnesimple ( 10).

    Il est de mme de la demi-voyelle F {w) : on a le participeparfait locrien A/ ao-^y,6Ta de la racine de v$r;a) (Folc, poura/ a5, lat. sitad-?'e).

    1. Lobeck, Paralipomena^ 13; Boissonade, Anecdota grca e codi-cibus regiiSyX. III, Paris, 1831, pp. 133, 459; Sophocles, Greek lexiconof the roman and byzantine periods [from B. C. 146 to A. D. 1100),Boston, 1870, p. 866, col. 2.

    2. Ce mot est crit par un koppa^ c'est--dire par l'ancienne lettregrecque qui s'employait particulirement devant le son 0, et qui estdevenue en latin Q (V), de mme que le K se spcialisait dans cettedernire langue devant A, d'o le nom de A'a, que nous lui donnonsencore aujourd'hui.

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    10 Le redoublement du F simple se trouve dans le botien

    /'/ ixovo[j.'.6vT(ov (^ (oyvCvc[r/;y.6T(ov) sur la grande inscriptiond'Orchomne [Bulletin de correspondance hellnique, III et IV)du mot FoX'Az;, bot. Fv.oz, lat. vlcus.

    Il j a, en outre, des traces plus ou moins certaines du re-doublement ancien de / , dans les verbes suivants :iV(rj\j.\, part . kiz

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    y,x{ zi h\r.x, Hsiode, on a ya'/.-)^ c 7' o'kr.x, IL, XX, 18G;

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    15 -'QOlo), pf. Wa (Plutarque), passif iwjxa. ; rac. /sO, sanscrit

    vadh, cf. vvc7'Yato; pour vt-Fzv-^(y.'.zz.On peut ajouter avec M. Curtius deux gloses d'Hsychius :EopTa(i), eoo^e, qui semble un parfait passif de la rac. / ap

    cf. Tuo-atp), et, pour le sens, a'.ps'.;, opinion;'Eeyjxv'^, Vjvs/oijiv/j; cf. cjvcoyjxic, jointure, Honi. de tjv-s-

    Foy-\j.o-q, et oy-X^J;, verrou, lat. vec-tis, rac. / y, veJiere,sanscrit vahmi, allem. he-weg-Pii.Le participe ispijivc; (/jAy.Tpc.siv p;j.=vcv, Odysse, XVIII,296) peut tre pour FtF^^\j.vtoq, d'une rac. cjAp qui, par unesingularit remarquable, se prsenterait alors en grec sousles quatre formes suivantes : / ep, cep, p, p (cjs'.pa, corde ;d^\kbq, lien; spo), lier). L'impf. r^^iiV), IL, X, 499, semblepour 7/ '.pV.

    Il n'y a peut-tre pas attacher d'importance l'espritrude des parfaits iaoa, aXwxa, wpa/.a, puisqu'il se retrouve l'augment de avBavE, aXwv, wpwv. Cette aspiration irrguliresemble due l'analogie des prsents voavo), A(s/.o[jLa'., opaw.Cependant on pourrait soutenir aussi que le redoublement ainfluenc l'augment, et que l'esprit rude qui parat l'initialedu parfait est un substitut de l'ancien son f, qui a chang deplace; EaSa viendrait directement de eoa pour tFxlz, deFtFixooi..

    Selon M. Curtius il existe en grec une trace du redouble-ment de la demi-consonne y, dans '(r^\jA^ pf. k/.x (-w/.a, H-rodien), pour yc-?/o)-y,a, mme racine que le lat. jacio, qui cor-respondrait l'aor. lr;/.:^y comme facto Or//,a. D'autres savantsprfrent tirer y;[j.i de G'-^jiu, cf. lat. se?'o je sme == * si-so ; lesens spcial de r[j.a'., dsirer, complique encore la question'.En tout cas, le redoublement de swxa est seul de son espce,quoiqu'il suive l'analogie des racines commenant par F,telles que / c, W.a; il n'y a pas d'autre redoublement de par-fait - pour y^-y ou pour c7-c7 (suivi d'une voyelle).Dans quelques verbes commenant originairement par / ,

    1. Il n'est pas impossible que deux racines ya et sa se soient con-fondues dans iVjfo.'. ; l'absence d'une fconde consonne nous prive dumoyen de contrle qui nous permet de sparer v-s-co, hhr.z, rac. -,de jcov, horJ^, rac. / s::. Mais une racine ya commune '.'r,a' et jacion'est point vraisemblable; car jacio ne peut se sparer de icio frapper;le grec a, de la mme racine que ces deux mots, a-Tco jeter (cf. 6)et '.'Tr-cofjiat, blesser.

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    i:{ //, -. le i'(Mloubl(3iu(Mil s'csl coiilraci avec la voyelle du ra-dical, et Ton a (mi et \n)uv {F]t-(F)z, {y)t-{tj)z, (c7)-(a)e.

    ( ost s(Mil(MU(Mi1 la basse grcit (lu'ajjpartieiinent lesi'(Mk)ul)lemc'nts coiiinKUUMix (l(i X,zC'j\)M)\hbtoz^ ',tCz':^u)\).i-'izq, 'Cir^'/,7.\

    sj '. Hodouhlomoiit irrrirnlior de vorl)(^s commenant })ar X.Il y a trois verbes conimenant par a qui (mi attique, au lieu

    (lu HMloublenient rgulier Xs-a, prennent e-.-a. Ce sont :Aa;x6av(.), ei'Xr^cpa;

    Avw, assembler, parler, iCkiyy., zO.oyy..Ces formes sont relativement modernes, et spciales au

    dialecte attique: on trouve seulement e'Aaoa sur une inscrip-tion rcente de Phocide. Les autres dialectes ont AAa6T,/,a,AiAcY/a, \i\t^(x et XsAoya.

    L'origine de ces redoublements irrguliers a t vivementcontroverse. On a vainement essay, pour les expliquer, deprouver que ces racines ont perdu une consonne avant le a.On a cherch aussi tirer '.a de \i-\ au moyen de diversestransformations (soit Xz\ zXk s'.a, soit Ac AA, saa s'.a) quisont galement difficiles admettre au point de vue phon-tique, et qui ne se justifieraient que par l'exemple de srij.apTr.,cf. ;j.{pGj, et hijij.y.'., cf. 7cjo); mais ces rapprochements nesont gure admissibles. Il semble ncessah^e de reconnatrel'influence de l'analogie, sans qu'on puisse dterminer sre-ment la direction qu'a suivie la contamination. Tchons ce-pendant de prciser les donnes du problme.

    ErAr^^a, eCkT^yy. et z'Ckzyjx prsentent une ide commune, cellede prendre ; et ces trois mots se ressemblent aussi parla forme extrieure. Cela peut aider comprendre que laperturbation qu'ont subie leurs redoublements ne se soit pastendue d'autres verbes. L'ordre chronologique dans lequelcette perturbation s'est produite semble avoir t le suivant :E'.'ATfj^a, e-'Ar^/a, =\v/x. En effet, bien qu'Eschyle ait employlO^r^yx et non c'Ar^oa (on trouve chez lui AcAr/^j.;jivY; ; erAr^a estdans Sophocle), la forme mme de v'\r^yx montre que ce mota t influenc par iAvia ; la ressemblance des deux racines

    1. Sophocles, Greek lexicon of the roman and hi/zantine pen'ods,aux mots C'^aocj, oof'jto, ro).2. Henry, Etude sur l'analogie, p. 319.

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    - 14 -n'est qu'apparente, l'une tant en ralit aS^, l'autre asy'/.Quant eO.eyx, eCkcyx, il est remarquer qu'on ne trouvepas e'.Xeya, e'.Acya, ({ui corresponrlrai(Mit aasy^ \i\zyx, maisqui seraient plus loigns des formes efA-z^oa, iO.r^yx. Aristo-phane a emplo'^' les deux formes ^jv-EfAs/.Ta'. et T.pz-\z\zyij.ifO'..

    Il est donc probable que le redoublement de t'(\r,(^x est nle premier, et a influenc deux formes verbales voisines. Cetancien bar])arisme, lev la dignit d'lgance attique,n'tant pas explicable par la phontique, ni mme par l'ana-logie directe, parat provenir d'une ou de plusieurs asso-ciations d'ides assez disparates \ Le passage de \i\tyx tCktyx a pu tre favoris par le mot v'^rf/.x, synonj^me dee-'Asyadans le sens de j'ai dit , et qui n'en diffre pas plus, ex-trieurement, que sIaov de aipw, ou -^acv de l^yo\>.%\.

    5. La consonne du redoublement, au parfait s'uTat.

    Le mot S'j-a'. est expliqu chez Hsychius par czt/.zxk :c'est le correspondant du grec commun gSjjTa'., de gjw.boucher, obstruer. M. Curtius [Studien, VII, 390) voit danscette forme unique un parallle au redoublement insolite dusanscrit vdique jabhra, jarbhurna-, rac. bhai% bhiir; etcomme les Arcadiens mettaient souvent l pour (S, il souponne[Verbum, 2 d., II, 143) que Zio-j-x'. appartenait cedialecte.

    M. J. Schmidt{Kith7s Zeitschrift, XXV, 152, 161) considrele g comme venant de yf, et le t, comme le correspondant r-gulier de la palatale ario-europenne / (prononcez dj) pour gdevant e, i. lU^jzzxi serait une forme plus rcente que tio-j-x'..et refaite d'aprs le radical du verbe gjw. La mme diffrencequi se trouve en sanscrit entre les deux premires syllabes dejigmi, '^\ir^\i.\, jaganvn, (soaw;, etc., se serait aussi trouvedans le grec primitif. De mme le /., dans les redoublementsdu parfait, tiendrait lieu d'une [tch) plus ancien; y.=y.'j9a au-rait pass par CXj6a, TsxeuOa, cf. t ^ sanscrit ca^ latin que,en regard de /.al.

    1. L'anomalie ne s'est pas arrte l; le redoublement trange afini par contaminer l'augment dans des formes exceptionnelles et r-centes comme -ap-c'.Xr|^Or]aav. t-s'.Xc'/Or,, etc. (Kiihner, GriechischeGrammatik, I, 509).

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    -^ 15 Le changement de /, y, cm tcli, dj, au redoublement du

    parfait, remonte en eflel li-s haut (hins l'histoire des hmguesariD-europrcMnies, piiisiiiril rsulte d(^ la })rsen('e d'un e sui-vant, ({ui a t de bonne henn^, en sanscrit, chang en a.Dans cette langue, reiFet a survcu la cause;, Vf, ne s'tantpas gard. Au contraire, en grec, suivant la thorie deM. Schmidt, la cause s'est maintenue, sans ([ue son effetsubsiste ailleurs (jue dans une forme isole.

    Il semble que ce soit un peu hardi de s'en rap})ort(3r cetteforme uni(iue et dialectale, qui peut tre aussi ancienne qu'onvoudra, sans pour cela avoir t ncessairement commune augrec. Les langues ont des dialectes toutes les poques deleur existence; et s'il y a toujours eu, dans le groupe hell-nique, un langage particulier o l'on disait djf-g, tche-kyaux redoublements, comme on a continu dire ja-g, ca-ken sanscrit et en zend, il est trs possible aussi que dansbeaucoup d'autres dialectes on ait dit ds le commencementge-g, ke-k, comme on a continu le faire dans les languesles plus rapproches du grec, c'est--dire en latin et enceltique. On objectera qu'en ces langues il a pu y avoir uneassimilation rgressive, comme celle qui est suppose pour legrec. Mais il n'y a pas cela grande apparence, parce quemme en dehors des redoublements les sons primitifs ke,gCt ne- se palatalisent point en latin ni en celtique ; ce quipeut faire douter que l'Ario-europen ait dit constamment ce,je, comme le faisaient les anctres immdiats des Indiens etdes Persans.

    Cette palatalisation de k, g, devant e, i, est une altrationphontique trs naturelle, qui s'est produite spontanment diverses poques et dans diverses langues; mais elle n'estpas ncessaire, et nous avons la preuve que plusieurs idiomesy ont chapp. Ainsi tandis que le toscan dit cna [tch],souper, le dialecte de Logudoro (Sardaigne) dit chena [k], engardant la prononciation du c latin dans ce?ia\ prononciation(jui est reste aussi dans le breton koa7i. Et cependant Tom-brien avait dj une tendance trs marque altrer le son kdevant e ou /, le corresj)ondant du lat. ce)ia en cette langueest cesna.*Nous ne croyons donc pas prouv que les redoublements grecs

    1 (. In GmmtfHn'rr (h Diez. I. p. 230-236 de la trad.

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    ii; -/.-/., Y^-y viennent immdiatement de te--/,, Zi-y, pour tchek,dje-g, et que la forme isole iojTx- suffise pour contreba-lancer l'analogie des deux langues surs du grec: comparez,par exemple, Yyova au parfait passif vieil irlandais ro-r/naret au prsent latin gigno (par g dur) ; et yAv.tj^y. au parfaitlatin cecini, vieil irlandais ccchain (par c dur).

    55 6. Redoublement d'une consonne en dehors du parfait, en grec.

    Les consonnes simples redoubles en dehors du parfaitsuivent en grec les mmes lois que les initiales de ce temps.Exemples :

    Bi6y;[j.'., sanscrit jigdmij cf. p6*/3 Aa;riyvoi^a'-, lat. gigno, sd^nscvii jajanmi, cf. y^T^va;Ai5t^[jl'., cf. oc/,3(;Iy)[j.i, cf. I(i)7.a ;Kmnoq, boucle de cheveux, cf. lat. cmcmifs et cinnus

    Ai).a{o|jia'., intensif de Xoj,, vouloir, sanscrit llasas, d-sireux, lat. las-civus, allem. lus-t-ig

    Mc'irjaw, intensif de \j/jm. d'o ;j;>/,c. Hsych., sanscritmkas, lat. mutns;

    \y3V(i). entasser, intensif d(^ vioj. entasser et filer, lat. nro;lli-icy.w, causatif de tvo):IlljeAt, cf. cTA'.vov, persil;Tixaivo), cf. Tivw.Comme exemple d'un ancien redoublement par / , on peut

    citer ayo) pour F'-Fxy^. rac. >Fx/. cf. -^j'/w et le lat. vagire.On ne trouve pas, en dehors du parfait, de redoublementcertain du p.A C

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    17 Il n'y a point d'analop^uo au rc^doublomonl de S'jxa'., quoi-

    qu'un ^e-y primitif ci pu, ce scuihh^ denieuror intact sans\ictler de v

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    CHAPITRE II.LES INITIALES DU REDOUBLEMENT, AU PARFAIT DES VERRESCOMMENANT PAR PLUSIEURS CONSONNES.

    i 8. Redoublement de deux consonnes, en latin.Le latin classique a trois parfaits redoubls dont le radicalcommence par deux consonnes :Spo-pondi de spondeo ;Steti, de sto ;Stiti, de aisto (en termes de droit).Ces deux derniers verbes proviennent d'une mme racinesIl j avait en vieux latin un autre parfait redoubl de lamme catgorie :Scicidi, de scinda (Priscien, Institutioiies qrammatica', 1. X).

    Cet auteur cite scicidistis d'Afranius, scicidintus de iSa3vius,sciciderat d'Accius, et sciciderit d'Ennius.

    C'est la leon de la plupart des manuscrits de Priscien, etdes meilleurs ; un seul porte sciscidistis, sciscidnits, etc. Cesdernires formes doivent sans doute tre considres commefautives'. Le passage d'Accius est cit galemenf par Aulu-Gelle, VII (VI), 9, 15; les manuscrits varient entre sceclderatet sesciderat; la premire de ces formes a t adopte dansles meilleures ditions. La comparaison des formes analoguesmontre que scicidi est le plus probable priori.On peut comparer ces formes les mots ombriens .s7/7/, stiteris ; steteies, stiterint

    Il est vident que spopondi, strti, stiti, scicidi viennentimmdiatement de * spo-spo7idi, * ste-sti, * sti-sti, *sci-scidi.Le redoublement, dans les mots qui commencent par .v

    suivie d'une consonne, se fait ordinairement en sens inverse,hors du parfait, dans le latin et les langues italiotes : c'est

    1. Neue, Formenlehre der laleinischen Sprache. 2^ d., t. 11, j). t62et suiv.

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    r.) la sccoiule syllalx' qui est {()mpl('t(, la j)i-('iiii( 'r(' (''laiii rduite son ('liiHMit initial: sisto, oinhr. si-sft/.

    Il y a aussi (mi latin des traces d'un autre systme, quiconsiste rpter, n la picniire syllabe, seulement le sexondlment initial de la racine : f/fti-sf/fti/iv, (iuid(|uid ex arbo-ribus minutis surculorum foliorunive cadil (Festus) ; cf./LO-TA'jXiJ.xv.x. xi T(.W pjp7(V)v T.zp'.y,z\j.\j.iv.x (Ilsycb.), rac. jy.jXAo).corclier.

    Plusieurs verbes latins traits au parfait comme commen-ant par une seule consonne ont perdu une s initiale. C'est lecas, par exemple, ettmdo, tuttidi, quiosl en go11iiqu(^ staii-tan, staistaiit, (jU()i({u'on ait en sanscrit Uidini, tutda\ Ilen est de mme probablement de aedo cpcidi, cf. scindo (grecr/.cvv-jij.'. et y.$vvjx'., dj dans Homre). Memor et memoria,cf. [jApixepx ^yx, actions mmorables, viennent de la racine 5m

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    20 Il n y a pas do diffrence entre le redoublement des ra-

    cines commenant par deux consonnes et de celles qui ontperdu au parfait une voyelle entre ces deux consonnes. 10. Redoublement, en grec, de deux consonnes dont la premire

    est a ou / .

    Les verbes commenrant par s suivi d'une consonne n'ontplus de consonne initiale leur redoublement, qui devientainsi, en apparence, identique Taugment.

    Exemples : (j6iVV'j{j.'., 'aexa; jy.ccavvut/'., t/It/,7.\ 7[j.>/), z\):r;-iyxGixx'.., iyiii^ rac. 757 , T/r^v.y.-A toutes es formes, s- est pour -, qui s'est conserv seu-lement dans 7TY;7.a de hxr^iv.. cf. lat. si-sto, et dans le milsienoLo-hxxkv^x, de xt^o-qSm. Cette forme milsienne peut servir prouver que l'esprit rude de hvr^/.y. n'es pas un produit mo-derne de l'analogie de ij-r^ij.i ; d'ailleurs cette aspiration nepase pas l'augment de l'aor. ectt^v, etc., ce qui peut ladistinguer de celle de aAo)y.a, aor. aXwv ( 6).Cet ancien - est, son tour, le reprsentant rgulier de zt-\car en grec 1'^ initiale, quand elle est seule, est remplace pai*une aspiration plus ou moins forte, comme en persan et enbreton. A 7rr;xa, comparez Taor. -j7:ts, pour z^-zr.z.iz, de larac. (7'K, sequor, t.c^x'. ( passe tous les modes, c'est un re-doublement; cf. l'aor. TTpTCTc). Ce redoublement est ana-logue celui de hzr,[j.>., hzx[jA, pour c:i-7Tay.i. irlandais seasaim,lat. sistOy vieux persan [Ji)istcbm, moderne istam.

    L'initiale primitive 7p n'a jamais conserv son 7; mais ilen reste des traces dans l'aspiration qui accompagnait le zinitial, et dans la rptition du p mdial. Ainsi pw. rhe, estpotu' * live = * srev, rac. sanscrite srav, cf. la mtatlisoqui se trouve dans 'Wttw en regard du lat. spuo et de l'allem.speien. La prononciation rh semble atteste par l'orthographePIIOFAIi^I sur une inscription de Corcyre. Dans ces verbes,le redoublement prend le mme aspect que l'augment; maisppjr//,a vient de ztz^'s^^y.x. tandis que l'imparf. l'^^tz^t est poui-:7p/'ov, sinscrit asravcmi. La chute de 5 initiale devant / alieu aussi en latin : ainsi rpo est pour * srpo, cf. serpo.Cette chute avait commenc en grec ds l'poque homrique :les vers 749-751 du chant XVII de l'Iliade nous offrent troisexemples (pOpa. pcdv. povTE) de drivs de la rac. i^reu de-

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    21 ~vomie rhou cl p.ir consiMiiiciit n'c-inporliMiil pas l;i voyclloliiiale (lu mot pivciMlent do rosior hrvo.A 'ppEsv (lo 7pE:v 011 piMii oomparor i'vvr,, ^ iiohal (Borgk,Lifrici, 3flil., p. \\VX\) poui- tzn^ cf. l'irlaiidais .9;i^/^V//tf% fil,('(>riii(iii( .sv/fu/ vilta . La cliulo de .v iiiilialo devant n a onlion (Ml latin comme en g'n^c. KUe somhlo, en (Xitte d(rni(3rolauiiiie, ant('rieur(, . ('olh^ de .9 dcwant r : car on n(^ trouve ongrec aucun parfait analogue ix. l'irlandais ro scnaich, il neigea,de *pro-ses)i(je, * pro-sesnoge, cf. v-wio;, Hom., semhla})l(' y-ppoo?; vieux haut allemand .s72?jf;zV il neige, lat. nhu/iiit,grec v{;',. Le participe parfait passif vVY;;;iv:;, fil, est dansle m(3me cas que y.-ppsjyjo; ; mais ce qui n'est qu'une rareexception, pour l'initiale (j)p, est devenu la rgle pour (g;v.Le groupe initial ^\x n'cst pas tranger au grec, mais il aune tendance s'abrger en jj.; ainsi j[M/.p5;, usit en attique,a dj chez Homre une variante [r.zpo; (^ui est reste dans lesautres dialectes. Le degr intermdiaire \},\j. nous est fournipar des mots comme iXo-[j.[ae'.o-uis([u'il ne garde jamais le groupe initial sni. On a en grecles variantes dialectales [j.6pa-:a'.- '.';/apTa', |j.6pa[j.va* '.[j.ap[j.vrpet mmo la forme trange (iSSpaTo- i;j.apTo, dans Hsychius;(dles tmoignent de l'antiquit et de la lgitimit de ce re-doublement. L'attique '.;j.apTa'. (cf. ti\i.y.

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    n lonius de Rh., I, 6; lai. mora, retard, irlandais rnarairnyattendr(\ La forme o'.Et/s'.paTo, il distribua, avec long,Odysse, XIV, 431, reprsente o

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    - 5.1 -tFi-g/ o)z*/; ; mais s'.-j-ay.'., Gc-cr/jy.a viennent-ils demorne de sTt-TTaij.'., sT-7rr//,a? Pour essayer de rpondre cettequestion, il faut examiner d'abord les procds des autreslangues ario-europennes.

    ^ 11. Comparaison gnrale des redoublements de parfait dans lesracines commenant par deux consonnes dont la premire est s ou v.Les diverses combinaisons qu'on peut reprsenter par les

    types de redoublement ste-st, ste-s, ste-t, se-st, ses, test, te-t,sont usites dans les langues ario-europennes; mais ellesn'ont pas une gale importance. Ses (crssiyYixa) et te-t [tutndi,sanscr. tutda, ct du gothique staistaut), sont, danschaque langue, l'effet d'une altration particulire prouve])ar l(i radical primitif.Stes se trouve rgulirement en vieux haut allemand :ana-ste-rozuti, impingebant , suppose une 3*^ pers. sing. duparfait ste-roz = * ste-zcuit, * stesaut (gothique staistaut). Ce

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    - 24 -redoublement, d(^ iiiiue que ste-t (lat. steti), drive directe-ment de ste-st.

    Test existe rgulirement au parfait sanscrit, pour lesinitiales primitives st, sk, sp : iaMltau, steti ; caskanda, scandi ; paspara, sparsi , cf. rasTraX-r;. De mme auprsent : tis/dkdmi, igvq[v.. Ce procd, qui a subsist en grecet en latin dans quelques mots d'un caractre A^ulgaire, drivegalement du type ste-st.

    L( type ste-st se trouve en gothique pour les initiales st,sk : staistald, je possdai, skaiskaitli, je sparai. On a souventindi(|u cette forme de redoublement comme la plus primitive,parce qu'il est trs naturel de penser que ste-s, ste-t et te-sten drivent; mais la raison n'est pas premptoire. Le contactincessant des radicaux simples comme staldan, skaidtui, avecles formes redoubles la manire grecque * saistold, *sais-kaith, a pu facilement amener l'assimilation complte des deuxsyllabes, d'autant plus que sk, st, sp ont l'air de former untout indivisible, et ne comptent que pour un son simple dansl'allitration germanique. En gothique, le phnomne a pus'arrter l; dans d'autres langues est intervenue alors unedissimilation qui a produit en vieux haut allemand ste-s\ enlatin ste-t, et en sanscrit te-st. Cette thorie est rendue trsvraisemblable par l'tude du type se-st et par le traitementdes groupes consonantiques qui ne commencent pas par s.

    Le type se-st est trs rpandu dans la famille ario-euro-penne. Le zend l'a toujours au parfait: Jnta, cf. r:-:r^y.x\ demme au prsent, hitdini-=ih-:r^\v.. Le grec l'emploie danstoute sa conjugaison. Le latin a le prsent sisto, et son t-moignage est ici important, puisque s'il avait voulu rtablir sa guise un redoublement perdu, il aurait abouti stito,cf. steti. Le celtique a presque toujours le type se-st dansla conjugaison: irlandais seasahn = * sistmi, pf. sescnindy scandit ; sephaind, pepulit ^=* sesvande^. Le sanscrit

    1. Selon M. Osthoff, ste-s est la forme germanique primitive, et legothique stai-st provient d'une seconde assimilation en sens inverse dela premire, et qui a rendu l'initiale du radical semblable cellequ'avait prise le redoublement.

    2. Citons comme exception : 1 rir, vendidit de la racine pri(i7o'.;xr,v) qui est devenue rgulirement en celtique ri, et a t traitecomme telle; 2^ro-leblaing, il sauta, = *levlonge, forme qui reproduitaccidentellement le type sanscrit tasthu, i-r^y.ix, mais qui rsulte sans

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    :>r, lui-iiiruK* a (oujoui's le < vpc- se-sl, en dehors (J(':> initiales si,.s/-, sp; ainsi st/snlva :^^ ^^\jr^y,x\ sa-smra, je me suis sou-venu, (*st anal()^iie \h\}.z^i\ sus/tr/ja, j'ai dormi, i hzj[j.7.'..De mme le

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    -^ 2(; -BXacTavw, eXacTTYxe'., Thucydide, mais 6XajTYJy.aa(t), Euri-

    pide [Iphir/nie en Aiiiide, 595);rXjjpw, Y=YAj;j.jivo et ;-YA'-;j.ijiv(o, Platon;Ka'/;' ^w, y.c/.AT/.sTa'. et kvXr,i7'x'.^ Apoll. do Kh. ;HXo), TsOAa^ixvc, Thocrite, mais iOXa^ijivc, Athne.On trouve de mme xaxeY^oiTT'.jijivcv, Aristophane, et autres

    formations analogues plus ou moins douteuses. Cette formeest oblige dans yrfv(::YM). -pnoy.x et Yvo)p(uo), br^Mpi-Ax (mmeracine).

    L'unique groupe initial de liquides ;j.v est trait rgulire-mcMit dans [j\j:rrf[j.x'. ; mais ct de [j.;j.v^;jiv'j7,a, Plutarque,on tr()U\o --[j.vr^[j.5vjy,a, Platon (mmo racine).La chute de ces consonnes initiales n'est gure conformeaux lois phontiques du grec : ainsi l'on dit au prsentY''Yvosj.ai, yi^('^o)T/M, formes que l'on abrge en ybc^^xi^ y'.'nozvM.et non en rpK[xx>., ly^KOT/M). Cependant il y a quelques exemplesanalogues YV(i)y,a, entre autres i'yXa, y.r/Aa, grive (Hsjch.);la forme complte est vj,yr^kq, Aristophane. La frquence re-lative de ce phnomne, dans les verbes, vient probablementde l'analogie d'autres initiales o le redoublement s'est r-gulirement confondu avec l'augment: ipp de 7jp oxxFtFp, de FtF ^ cT de q^^-, etc.La rgle gnrale du redoublement de plusieurs consonnesdevait galement s'appliquer, en grec^ aux groupes formsd'une muette et d'une demi-consonne. On peut citer, pour F,les parfaits c$'.a, cioo-.y.a, c'2'.a, o(co'.y.a, pour c$/ , de la rac.oF[t)\, craindre (corinthien A>F'.via) ; pour y, faute d'exemplede parfait, le prsent oi^r^i^v. pour y-oyr^-\hy.\ (Curtius).

    Les autres langues ario-europennes, sauf le latin, pr-sentent au parfait des redoublements analogues gXca,oB(/ )o'.y.a. Comparez, par exemple, le sanscrit da-drus, ilscoururent, k-z-lil^TAx; pa-pry il remplit, rri7:\r^z\j.x\\ legothique gai-grt, j'ai pleur, et l'irlandais gegrannatar, persecuti sunt , au type de Y^p^?^i 1^ gallois moyencigleu, en irlandais cuala =^ * cuciva, j'ai entendu, y.y.)ojy.ale zend didvasha, sanscrit didvesha, j'ai ha, au type de33(/ )oiy.a.

    i 111 Redoublement d'une muette suivie d'une autre muetteou d'uue .sifflante.

    Les groupes d'explosives ne montrent en grec qu'excep-

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    ~ -25tionnollomcMit hi prseiicc de hi consonne iniiiale au i-fulou-l)l(MU(Mit (lu parfait :W-.iino

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    26 -que ces parfaits aient jamais t c^jYx.va'., y.;jpY5;j.vc,r.t'htjz\j.y.

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    'Zi

    (.'f. le syracusaiii -i/i = Fzz pour sF, sanscrit .st, grec ionien35. Mais il vaut p(nit-r'tr( niioux admettre que o- /aAsrvient directement de zFt-zFxLzz, dont les deux, preminissvllabes ont t traites dilTrenunent (cf. oV;, Iloni., comme gothique sve).

    Les combinaisons de consonnes initiales dont nous avonsparl dans ce s^ sont trs rares dans h^s racines ario-euro-pennes; aussi les langues congnres ne fournissent-elles depoints de comparaison (jue quand deux consonnes sont misesen contact i)ar suite de la chute d'une voyelle intermdiaire ;ainsi le sanscr. pa-pt-ima nous tombmes, correspond auiiTec r,z-rr.-M7,x'}.iu .

    ; 14. Redoublement en grec des aspires 9, /, 0, et en latinde la spirante f.Les aspires grecques sont remplaces au redoublement

    du parfait par les tnues correspondantes : Tr-sjy.a, vi-yr^va.Il en est de mme dans les redoublements en dehors du

    parfait : rj.ox'jz'/Mi, y.iyhb), tit/^j.'..Les aspires sont donc proprement des consonnes com-

    poses, dont on ne redouble, d'aprs la rgle gnrale, quele premier lment : 7i-y;j-;j.a'. == ke-kJm-maiy cf. 7-7't-\xt..On ne comprendrait pas pourquoi les anciens Grecs n'eussentpas dit Es'Ar/z.a, comme les Latins disaient fefelliQi les Ger-mains faifah pepigi , si le avait eu en Grce, alors commeaujourd'hui', le son de 1'/ en latin et en germanique. Il n'ya pas objecter que l'aspiration ajoute p, c, t, dans 9, y, G,ne fait pas allonger, en vers, la syllabe qui prcde. En effetl'esprit rude ne produit pas cet effet sur une voyelle brvesuivie d'une consonne tinale, et n'empche pas l'lision; il enest de mme, d'ailleurs, du latin H, signe emprunt l'an-cienne notation grecque de l'esprit rude, mais qui devaitexprimer un son plus nergique. Le rapport troit de l'aspi-ration initiale et de celle qui suit les articulations p, A , t,dans G, /. 0. nous est attest par des faits phontiques telsque TLziz'T^'/.y. pour y.r,-iz':r;Ly, . is'fjj.wv (apli (h)nin) pour

    1. Certains dialectes modernes conservent des traces de l'ancienneprononciation des aspires: ils ont fait h de ^7/ et t de th {Slud. deCurtius, IV, 237, 244).

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    28 -ap* hmn; lyw, fut. ;o), cf. tj^o), fut. iy'ybu). En lat'n le v deqvos est dans le mme cas (jiu; Vh de e-/6j = cho : il neforme pas syllabe, comme voyelle, et n'inliue pas non plus,comme consonne, sur la quantit de la syllabe prcdente,(pioique la premire syllabe de et vos soit longue \La loi gnrale de phontique grecque qui prescrit d'viterTaspiration dans deux syllabes conscutives devait treobserve plus rigoureusement qu'ailleurs dans les redouble-nnmts, parce que, dans ces cas si fr({nents, il y aurait tou-jours, sans cela, identit complte entre deux sons composscommenant deux syllabes de suite. La langue tolrait biences rencontres, quand elles provenaient de la runion fortuitede plusieurs lments divers, par composition : iJ,9'.-y=(o, ou pardrivation: yy-^ti;; on trouve plusieurs violations de la rgleen un seul mot, par exemple dans l'iiomrique x[x(^'-yj-Oii;Mais une terminaison destine s'unir un grand nombi-ede mots, OY3-O'., est devenue Or;T'. : cjw-Or;-:'. (cf. 9X-O'.).Le sanscrit montre que la dissimilation au redoublementdes aspires grecques n'est pas un fait propre cette langue,et que r.zox^', ne vient pas de 99ja7'., cf. l'ombrien /^/wr^;car dans la vieille langue de l'Inde le redoublement desaspires /t, gh, dh, qui correspondent 9, y, 0, se fait parleur premier lment b, g, d: babJmva, je fus. Fefure et lelatin /p/

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    (|iu' ' (fhr(/hon(f. \\ Lorniaiii scniblc Invorisci' l'idc d'iiii typehhi'hii, le ^n)lhi(iuo (/fiif/rt, j'ai plcurr, j'ai vv\(\ (''laiil vir-tiiclleiiKMit i(l(Mili([U( * (/hrfjhrodd ; ' (/('(//iroda (lovait donrior* hait/rt. Mais il csl hicii ])r()l)al)I(' {[\\(' * (/hcf/hroday s'il aoxist, lait aussi peu pi'iimlir (\\\(' skaiskail/t, ('{ la formation' hu(/r(~)t a |)ii (Mre empcH'lioou dtruile par ranalogi(3 du pr-seul (pria. Le parfait grec /.yXaoa, j'ai bouillonn, (pii est pro-l)ai)l(MU(Mil 1(^ corrc^spondant de (jahjroty a d subir

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    CHAPITRE III.LA VOYELLK l)i; RKDOUBLEMENT, DANS LES VERBES COMMENANT

    PAR UNE or PLUSIEURS CONSONNES.

    ij 15. La voyelle du redoublement, en latin.Tontes les voyelles brves, sauf o., se trouvent au redou-

    blement du parfait, en latin classique ; mais c'est e qui est laplus frquente. L'e se montre dans di-dici, sti-ti et hibi. Dcdieisteti deviennent, en composition avec un mot d'une syllabe,\con]didi et [con]stiti, de mme que, par exemple, lego devient[corUigo. Le simple stiti pour steti a subi probablement Tin-fiuence des composs comme con-stiti, et bibi pour * bebitait, de mme, rgulier dans com-bibi, etc. Il y a eu, deplus, l'iiifiuence de Vi du redoublement des prsents sistOybibo^ disco (=: * di-dc-sco) et l'analogie de pepe?idi, totondiytutudi, ct des prsents pendeo, tondeo, tundo.

    Cette varit de voyelles au redoublement du parfait latindisparat, si nous remontons la langue archaque, qui em-ployait uniformment e. Aulu-Gelle (1. VII, c. 9) cite desexemples de memordi (Laberius), memordit (Laberitis, Nigi-dius), raemorderit (Ennius) memordisse (Atta); peposcl (Va-lerius Antias); pepugero (Atta); speponderaiit (ValeriusAntias). Il ajoute mme qtie Cicron et Csar ont dit me-mordi, pepitgi, spepondi. Il est lgitime de supposer, diaprscela, * dedici, * tetoiidi, * tetudi, * bebi. Aulu-Gelle cite ensuitedes mots qui proviennent de scecidi, forme qu'indique le con-texte, et qui a assez vcu pour devenir scicidi (Priscien), cf.didici. Tetini de * toio est dans le mme cas que cecini decano; mais tetitlide* tido (cf. attulat), et d, ce semble, s'ilavait t conserv, devenir *tutuli, car il n'est pas dans lemme cas que pepidi, prs, pello.Le tmoignage du latin ancien en faveur de la priorit de

    \'e sur les autres voyelles au redoublement du parfait est con-

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    tirin par les languos italiotes: (()iiij)arc'Z, i)ar exemple, scrcidi, prposri, rrriirri, l'onibr. dcrsicust, pcpiirfniroit, fr-furr; et cecini, de cano, l'osquc /rfacid, fc/acust.

    Contrairement ce qui a lieu au i)arfail, les autres redou-l)lements latins admett(Mit IV/ et les voyelles longues; au lieude IV, c'est Vi (jui domine. Exempk^s : pd-pilio; se-ro^ de*si-so; ci-cindcUiy cf. candela; po-puliis; cii-cuUuSy cf. oc-ailerc.

    Il y a des redoublements privs de voyelle, dans les parfaitscomposs avec la particule re-^ rettiiH, reppcri, rcppiiili,reccidi, ([ui semblent venus par contraction de *7'e-tettili^* rr-prperi, etc., accentus peut-tre sur la 4 syllabe avantla fin \rc), une poque o le latin admettait encore cetteaccentuation. Ces formes ne sont pas pour *red-pidi, etc. (cf.rcd-ire et app(dlo de ad-pello], car on ne trouve point deprsents * reppcdlo, etc., qui auraient la mme raison d'tre.Les potes n'allongent gure re- par ailleurs que dans des casde ncessit, comme reWiqu, rellufio, reccidre (Lucrce),ou devant d dans red-duco, cf. red-do, red-didi. Quelquesformes trs rares et gnralement peu anciennes, commercllatum, recceptus, rellictay etc., ont t cres artificielle-ment par les potes d'aprs l'analogie des prcdentes. Onpeut ranger dans cette catgorie le parfait rettudi, imit sansdoute de reltuli, et dont on ne trouve pas d'exemple avantPhdre (cf. Corssen, Aiisspr., Il, 465-469).

    Le redoublement du parfait latin ne contient point doconsonne aprs sa voyelle ; il n'est jamais analogue celuide mur-mur0.

    ^ 16. La voyelle du redoublement en grec.Au parfait grec, la voyelle du redoublement est rgulire-ment , comme en vieux latin. Il n'y a jamais assimilation

    de cette voyelle avec celle de la racine, ainsi qu'en latinclassique.

    Quelques parfaits homriques paraissent avoir v, pour i ;ce sont: c={o;a, C'3c'.y.a, o=\Uyx'x\, IvMyy.zz', otlzv/r,z\ z\y:jXy.\(II. XVIII, 418).Dans z=\y.x, cc'3c'.7,x, ct de cic'.a, ccc-.y.a, v. peut tre unemauvaise transcription de t allong par sa position devant gF,de sorte que la vraie forme homrique tait lzzF\y., oicFc-ax.cf. l'aor. llz'.'Vi zzzz zoFv.zvf. Cette mprise tait facilite par

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    32 ]a forme intensive du prsent homrique lv.llz':z\}.y.'. (attiqueocciTTci^a'.), o Et est aussi lgitime (jue t. dans -r-oiczzM et c.dans rw'.-TTvjo).iiVsAyxzxi, o-j?Ayy.-z, rac. ce/,, cr/, recevoir, ne sont passusceptibles de la mmo explication par F . Mais peut treencore une mauvaise notation de Te, allong cette fois parsuite de l'impossibilit de placer sans cela ces formes dansun vers hexamtre; cf. rJ-z^nz, Od., XII, 423. M. de Saus-sure a montr que ces allongements ne sont pas aussi arti-ficiels qu'ils en ont l'air, et que le pote ne faisait, en ceci,que suivre un usage trs ancien dans la langue.Ae(ce/,tc semble appartenir , ge',-/., montrer, et non Iv/.,Ity; l'analogie de la forme intensive zt:ziTAZ[j.x'. (et zizItaziix',) ,saluer, Hom., est trs probable.

    E'.o'.y.jTjc'. a t expliqu par r^c.y.j'.a'. pour [F)iFz\7jj'.y.',\ l'allon-gement de Te serait produit par le F suivant (Heydenreich,Stud. de Curtius, X, pp. 139 et suiv.). Il est peut-tre prf-rable de supposer tjzv/.jix'., cf. ejOwxz, ej-ge.En dehors du parfait, le redoublement grec prsente en-core plus de varit dans les voyelles que le redoublement

    latin. Exemples :Bap-5apo, -a'.-jTOj :M-[j,(pc;j.a'., rac. ^.Ejp, cf. irl. meb-uly reproche

    'I

    T'.-Grvr,'filMop-'tJ.jpa), TTG'.-zvjw. /,(.)-/,jo) :K'j-y.vo.L'assimilation rgressive des voyelles n'ayant pas lieu eu

    grec, il est vident que gjcpSapcc, par exemple, ne vient pasde pEpSapo. C'est, au contraire, une dissimilation qui s'observedans les cas trs frquents tels que jxcptxjpc)), T.z'.T.rji ; Ys de laV syllabe remonte une poque o la seconde syllabe avaitencore notre son ou, conserv par exemple dans le latinini-muro et le sanscrit miw-mwas, feu ptillant, et que legrec a chang de bonne heure en j, c'est--dire ii franais.Parmi les redoublements qui ont une seconde consonne aprsleur voyelle, les plus remarquables sont les redoublementsnasaliss qui se trouvent dans certains verbes, comme ::7.-7:A-r;;j/.,fut. tCkt^im. En latin ils ne se rencontrent qu'en dehors de laconjugaison, dans des formes comme cin-cwnus. Ces redou-blements sont ns originairement d'une dissimilation entredeux syllabes finissant par une liquide : ainsi au lat. (/ucr-

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    .13 -.f/Ncra feris, 'Axz'Axi^u), saiiscr. carcara, tremblant, comparezlo sanscr. canrr//aSj Iroinblant, romuant, et le grec /.rr/j.zz,hochequeue. Il n'y a aucune trace de ces sortes de redouble-ments au parfait grec. Pour savoir s'il y en a eu primitive-ment, il faut chercher remonter la priode ario-europenne.

    .i 17. Comparaison gnrale des voyelles du redoublement, au parfaitdes verbes commenant i)nr une ou ])lusiours consonnes.

    Le tmoignage des langues congnres montre que taitla voyelle employe ordinairement au parfait, dans l'idiomeprimitif ario-europen, de mme qu'en vieux latin et en grec.Le celtique a ordinairement e : irl. cechuin, cecinit )>. Il

    prsente quelquefois, comme le latin, une assimilation rgres-sive : cachain cecinit . hi se trouve dans quelques formeso il peut tre d'origine rcente: ainsi li-l, il s'attacha, rac.sanscrite II, peut s'expliquer par * le-le (pour * lelie), commebpr, hir, par * bere = (ppe, quoiqu'on ne trouve pas de forme* leil qui correspondrait beir. \^u ou o celtique au redou-blement semble assur par l'irl. ciiala == * ccldva ou *c~clva, j'ai entendu, en gallois moyen cujleu pour hjfjleu =* cuclva (cf. Rhys, Rev. cclt., VI, 24); comparez le sanscriturava.

    Le gothique a toujours ai, qui est quelquefois un repr-sentant de e : cf. aipistaule, 7:'.7T0Ar/- Cet e parat en vieuxhaut allemand; il devient souvent /. Ainsi hai-hald, je tins,est en allem. moderne ich hi-elt (prononc hlt, angl. I fiekl).

    Le sanscrit a la voyelle au lieu de , suivant son habi-tude; mais le traitement des gutturales k, g, qui deviennentau redoublement les palatales c, j s'explique trs bien parl'intluence de V qui les suivait primitivement (cf. 5).

    L' =^ ne sert, au redoublement du parfait sanscrit, quepour les radicaux dont la voyelle est a, , autrement le re-doublement prend ^ pour reprsenter i, (= ai), et pourreprsenter u, 6 (=:^ au). S'il y a la fois une voyelle et unesemi-voyelle, le redoublement prend tantt la voyelle duradical, tantt la voyelle correspondant la semi-voyelle l)our y, it pour o].

    1. Sur la voyelle du redoublement en gothique, voyez Ostholf, ZurGesch. des Perf.^ 276 fet suiv.

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    - 34 -Ce systme, qui est, peu de chose prs, suivi aussi en

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    CHAPITRE IVI,K KFDOUHLEMENT ATTIQL'E.

    .^ 18. \/d voyelle du redoublement attique.L(3 redoublement dit attique consiste dans la rptition

    d'une voyelle initiale et de la consonne suivante. Il ne setrouve en latin ni au parfait ni un autre temps du verbe ;mais on a iii-ul-are, cf. i-A-cX-jww; up-iipa, cf. Ir.-yh.

    Ce genre de redoublement n'est pas particulier au dialecteattique ; c'est le plus frquent chez Homre, pour les A'erbesqui commencent par une voyelle. Son nom lui vient de ce queles Grecs ayant perdu cette forme d'assez bonne heure dansla langue parle, la conservaient nanmoins dans le stylecrit, par imitation des bons auteurs; de sorte que cela devintune lgance, un atticisme.Le redoublement attique du parfait a toujours une voyellebrve; soit a, soit , soit o. Cette voyelle est identique, saufqtielquefois la quantit, celle de la syllabe suivante. On saitque l'a long devient /; en ionien et en attique. Exemples:

    'Ay-r^YspaTo, Hom. d'Yipo); y,-r//,:a, att. et ionien, d'r/.sjo):A-XY;y.a'., XaAj/,Tr,;j.zt, Hom., d'Xisixai, Xjy.TG); aA-aAjy.T:,Quintus de Smyrne, d'iXJjjw; X-aAJ76a'., Hsych., d'X-jw: X-Y;AEj;j.a'., A-rT.^x'.^r^\j.vtz^ (inscr. de Thasos).On lit dans Homre vXt^lzj^x ct d'rAr^XjO:^, iXY;XojOo),rac. X'j)0. Ici v. semble tre la transcription d'un E allong,

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    30 peui-tre par l'analogie do quelque forme du plus (jue-parfait?

    Il n'y a pas d'exemple d'-. au i'edoul)lemenl atliqiie; j seirouve seulement dans le mot douteux J^joasTai j'-A^yxzzv. ouj^r^^avia'. (de jiaivo)), que M. Curtius explic^ue par ':.- ^z.-. rac.(cehh, et sur lequel le mot O- a pu influer.

    n5 19. La consonne du redoublement attique.

    Comme le montrent les exemples prcdents, la consonnedu redoublement atiique reproduit exactement la premiredu radical, quand celle-ci est y, c; y., ::; a, -x, v.Le y est remplac par y,, d'aprs hi rgle ordinaire, dansy.-ayr^;xx'., x/-r{'/^\J.vir^, Hom., de a'/(o. 'Ax-r/ijivcr, Hom., vlenlde la rac. x/., cf. ttAc/jj^ rac. TuXsy.. S-jvoyor/TE, Hsych., estdouteux; les manuscrits portent, Iliade, II, 218, jjvr/wy.T, etQuintus de Smyrne a employ a^j^ioyi-A-zz. Quelques-uns onttir ces mots de auvr/o), d'autres de Gxfzyoi. Le redoublementde l'att. oL-(-r^oyx (inscr. de Tlira suvaYavoya) reproduit la rac.'v-(.).Le p est redoubl tel quel, comme les autres liquides : pr^cr;.Honi., 'pjcpa, Pindare, rac. p (papijy.o)) ; TJvap-ripr/,Ta'., Hsjxli.,de Tjvapa7C7(o; p-rjpsy.v, Sextus Empirions, d'p-xw; y.^r^^z\J.vr^^.pYjpoara'., Hom., d'pw, psicw; spYjp'.vjjivG;, att., d p >/.(.) :pr^p'.^Ta'., Hsiode, d'pi^o); pp'.-To, l>u)>i, hptpiyx'x'., Hom..d'ipi-o), cpvj;j.'., cpiYvj[j.'. ; ooMpjyx, att., d'cpjssw. On peutajouter le douteux ip-r;p6iY;y.a, d'poKio) [EtymologiconMagnum).

    Le T se trouve seulement dans le douteux TY;Ts;j.r/,a [ibid.)de TC'.[j.a^F;p d o cpao) copaxa.

    Peut-tre y a-t-il aussi un redoublement atiiiiue dansTizliv-y.'. il est ouvert (Papyrus du Louvre, 21 b 16, 21, 25);ce redoublement, unique en son genre, n'aurait pas de con-sonne aprs la voyelle initiale. Au contraire l'att. ivpv.'cpad'iY(pto, et les formes homriques telles que iYpr^YpOai ont

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    37 -probablcmont un rcdouhlcinenl de doux consonnes, aprs lavoyo.lo.On j)Oiit rattacher aussi aux rcdoublonieuts altiques lafornienii^inati(iuo 'jT,-i\):rr^\}:jy.i, employe; une fois dans l'Iliade;(XXII, ini), (dh; reprsenterait J7:-;j--r/xj7.; d(3 jz-r,;j.j(.) baisserla tt(^; dans ce cas ;j,v- si^-ait une niauvaisi; noiation poui' a;j,- ou C\j.^ tant allon^^ comme dans f''t.y.zJ)x pour uneraison qui nous cha])pe'.Un cas reman^uabh; de ces redoubhMueurs atti(pies seprsente dans les verbes o un p initial primitif s'est fait pr-cder d'une voyelle prosthtique, cf. ipjOp en regard dus'nscvt nf(//iircfs, latin ruber, v. bret. rud. Il est vident quel'homrique ip(.)pr/aTa'. ne peut tre primitif, puisque opyo) estpour pY''>' 1^^- ^'^fjo, Y. irl. rigim, allem. rcckcn. \)pJ)pv/x a uneirrgularit inverse de pipic^a: le p de bpiyt a t primitivementinitial, tandis que celui de piTrio) ne l'tait pas. On devait dired'abord *ref/ *rero(je [^=- irl. reraig), Gi* vrnp vevroipe. Ce((iii peut aider expliquer l'antiquit de pspi^Oa-, c'est que la(diute de F dans ce mot est confirme par la forme pi7:(.), op venant de / p est trait comme s'il tait initial; de sorte quele parfait ipr^p'.Tra comporte, en ralit, la mme explicationque pip'.^a. Au plus-que-parfait ces deux verbes piTr-w, je lance,et p(7:w, je jette bas, se confondent pour la forme: ppiTr-c,Hom., pouvait tre dcompos par ceux qui l'ont employles premiers en -p-pix-Tc aussi bien qu'en p-^p'.Tr-T.

    55 20. Comparaison gnrale des redoublements attiques.Le zend, qui fait souvent prcder r d'une voyelle, a des

    parfaits analogues cpu)pya ; ainsi de la rac. r[)udh, grandir,pousser, d'o le latin imdis, allem. Ruthe, verge, le zend faiturud, parfait ururaodha, j'ai grandi.Le sanscrit et le celtique prsentent des traces videntesde redoublement attique au parfait: vr^vr/a, rac. Vy.,comparez le sanscrit n-amca, v. irl. an-ac, je suis venu proprement j'ai atteint ; on dit encore aujourd'hui th-aink,

    1. On pourrait souponner que cette raison mystrieuse es*^ la re-cherche instinctive d'un rythme ~ au lieu de ~ ~ ~, en se fon-dant sur ce fait que dans 'AroXXtov a est bref, tandis qu'il est commundans 'A-o'XAt.jvo, etc. Peut-tre a-t-on dchn une certaine poque'A/'.aXcj 'Ay;f,o;, 'Ooj^acj; 'Ojaf,o; pour la mme raison. Nous avonspropos une autre explication de l'homrique ^o'./jTa-. ( 16).

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    - 38 -il est venu, de cmac = * an-ank-e pour * en-onk-e^ cf. coimna-caid, vous avez pu, = * com-enancate. Le prsent est en vieilirl. icim = * enkdmi, en sanscrit a-n-mi.C'est au redoublement attique, qui dans les verbes grecset sanscrits n'est pas restreint au parfait, que se rattache lesingulier doublet homrique viviTTc-'^vi-a-s, aoristes de v-ttto).Dans la premire de ces formes, la composition avec la pr-position v n'tant plus sentie, on a trait h-lrr.i commevYxo). Quant r^'thy.r.i, il semble contenir la fois un allon-gement de l'e de la prposition, et un redoublement parti-culier du verbe, auquel on peut comparer celui d'ipjy.r/.sv(ipjy.a)). M. Curtius suppose que ^viTraTrcv, rac. 2jxr.,Xr., est poui*cV-tx-yaTTov, cf. (j^v^^ajiJ.at de fo-Fto-) et que pxaxsv est pour/ py,-/ pr/,5v ; il compare les aoristes vdiques rd-idam, drp-ipam, rac. ard^ arp ; la chute du second F dans Fepy-F[p)xAZ'fserait analogue celle de s dans le lat. spo{s)/jondi\En dehors du parfait, le redoublement attique prsente, engrec, d'importantes diffrences dans les voyelles. A l'aoriste,la longue se trouve la premire: cpv'j;;.'. fait ()p2p(parf. cp(op).Hors du verbe, il y a une plus grande diversit entre lesvoyelles des deux premires syllabes : or^lx, j'ai mang,comparez klilr^, nourriture; xa/i^iv:;, olvm'at^.

    Bien que le redoublement attique ait exist ds rpoqu(*ario-europenne, il n'a pris nulle part autant d'extension quedans la, langue grecque. Mais comme il a fini de bonne heurepar n'tre plus qu'un souvenir littraire, un archasme debon got, il a donn lieu des formations analogiques, sou-vent maladroites, dont plusieurs semblent n'avoir t risquesqu'une seule fois, et seulement par crit.

    1. Verh. II. 28.

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    CHAPITRE V.CHUTE DU REDOUBLEMENT DU PARFAIT.

    ji 21. Chute du redoublement au parfait latin.Il y a en latin classique un exemple certain de la chute

    (lu redoublement dans un verbe simple : c'est tuli, de l'ancientetiili. Cette chute du redoublement est la rgle dans lescomposs : tetiqi, at-tigi. Alors les consonnes initiales de laracine reparaissent, si elles ont t abrges dans le simple :spopondly re-spo?idi. Il n'est pas ncessaire de croire avecSchleicher^ que scidi vient immdiatement d'un ancien* sciscidi, qui serait antrieur scicidi. L'altration des con-sonnes initiales de la racine tant due au redoublement,quand celui-ci est tomb la conjugaison trange scbtdo * cidia fait place naturellement schulo, scidi.

    Les exceptions cette chute du redoublement aux com-poss sont constantes dans les mots forms de de-di, steti,bibi; elles proviennent du peu de consistance de la racinede ces mots, rduite rigoureusement d-, t-, b-. A ct decondo condidiy on a ordinairement abs-condo, abs-condi ;abs-condidi a t employ par Plante. Le redoublement estrest dans les composs de memiiii, didici, poposci.

    Dans la langue archaque, le maintien du redoublementdans les composs est plus frquent. Aulu-Gelle cite (1. VII,c. 9) admemoi'dit de Plante, et occecurrerit d'^Elius Tubero.On trouve HMSsi pe?xiicnrri, prcucurri, etc. i?

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    - 40 -naison si: parsi, pidsi, pxinxi, tusi ou tiinsi, cacsit. Cette(lerniro faon de se dbarrasser du redoublement existeaussi en latin classique; punxi, comparez com-pimxi, aulieu de *com-pnpu(ji. Pango, panxi, ficher, fixer, arrter,est le mme mot, au s(ms propre, que pango, pepigi, faireune convention; d.rJrr>'j\v. zi-r^^x, attacher; goth. fahmi,faifah, saisir. C'est par un procd semblable que cecinidevient en composition [conyimdy et que telini a t rem-})lac par teymi. Il est donc lgitime de supposer que le re-doublement s'appliquait d'abord, en latin, beaucoup deverbes qui l'ont perdu depuis, et que cjenui a succd *ge-(jini, Yyova, comme tenid tetini; dixi a supplant * dediciyombrien dc-rsic-ust, comme punxi a remplac pupiigi, etc.Il ne peut j avoir de doute pour fui, cf. ombr. fefureH fuerint . Le compos perceUo, perculi suppose aussi uusimple *c^//o * ceculi, cf. pello, pepuli; et fidi de findo doitprovenir de *fifidi (cf. scidi et fui), sanscr. bibhda.Le redoublement ne s'est pas conserv comme tel dans leslangues romanes; on n'y trouve que les redoublements dededi, steti, bibi, en ital. diedi, stetti, bevvi [ = *bihui, fr. jebus), ces mots paraissant presque aussi peu redoubls que iuli,fuit.

    ^ 22. Chute du redoublement au parfait grec.Parmi les verbes ayant une consonne initiale, ceux qui

    commencent par T sont seuls privs quelquefois de redou-blement dans l'ancienne langue : 7.aTa-/ Atj,vwv twv r.zXKx'x,inscr. de Gortyne. Homre emploie ^yy.'x\, de la rac. Apv, etau plus-que-parfait [F)i.yx-z, k{F)ipyx-o ; hzx'., zzo, h-.o,=^ Fz^j^xi, etc., rac. Fe;, cf. Z'.(/')7Ta'., oracle chez Hrodote,I, 47. M. Curtius, Verb., II, 107, suppose que la marchesuivie par la langue a t: FeFz-, F=t, A, k-. iMais Fit eut dudonn Ft\\ il semble donc prfrable d'admettre ici la chutedu redoublement, d'autant plus que ce mme phnomnes'observe quand le F n'est plus senti au commencement duverbe. Ainsi {F)i^yx-x>. on peut comparer 7,a':p;a'., xr.-tpyij.vfz,Hrodote, o la voyelle est reste la mme, quoique F aitdisparu. De mme o'j-xz-x'. II. XI, G61, au commencement duvers, o le F primitif (cf. irl. fot/t, plaie) avait dj disparu,puisqu'on lit deux lignes plus haut g/gAY;[j.vc'./cjTi;j.vc' t. Ontrouve chez Hrodote ctxo55;j.r^Ta' (id. sur les tables d'Hracle);

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    3'.V.'7Ta'.. yy.T'.i ( Arclliuicdc, z'':/:^^\}.J:.]. de Tzvlzz, ll'iaisoii; c'.vm-;jiv:, de / :'.v:, \iii; cr/.a ^\l('lllall :'-/.arj, rac. Tv:/.. L'exemplele plus cm-iciix de ((' plMMioiiiiic est oloa = / c.oa, Hoii).,(Idiil le redoublement maucpie ^aleuienl dans le sanscritvcda et 1(^ li'oth. voit (allem. /V;// (oriss).

    Les r(Ml()ul)l(Mueuts eommenraut par nue autres consonne(juc F ne lomhcnl pas dans le grec (dassi(iue. Mais il semble(pK^ i\s u\u\ j)()([ue ancienne le peuplerait commonc omettrele r(Mloublemenl du parfait; Y Eti/molofjicon Mcujnura citeOj;;.;xvov, de Tjto, comme employ })our Ors rjpci [SsSAr^'jivsv,})robablemeui par les paysans. Hsvcliius a les mots r-T;/Y;Ta'., S'.a-y.sp'.sTai, ETriTcjxTa'., oAasijivs, qui sont videmmentdes parfaits privs de redoublement. Chez les Byzantins cephnomne est frquent; le Lexique de M. Sophocles enoflVe beaucoup d'exemples, principalement au participe :S'appYjYJjivo;, sjjJi-TwijLiVc?,

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    4-2^ 23. Comparaison gnrale do la chute du rodouhhMncnt du parfait,

    dans l(\s langues ai'io-('uu)})(Mnies.La cliiUc du rcMluubkMuent du parfait, (|ui s'ubserve eu

    latin ancien et en grec moderne, a lieu dans toutes les languesario-europennes. Le sanscrit vdiciue a, par exemple, iiiii-d'nna, nous blAniAmes (Bopp, Giamm. camp., III, 233).

    Le vieil irlandais possde des formes intornidiaires o, rinverse de re-t-tuli, la consonne du redoul)lemenl est tombe,tandis que sa voyelle esi reste, ou du moins l'effet de cettevoyelle sur la syllabe prcdente : [ur-rin-chan, docui ,^::: ver-vo-ce-cana. Toute trace de redoublement a disparudans des mots comme Iff/., il fut *[f)f')lmv&\ ^behove, cf. lat.fuit [omh. fefitrc, grec 7:9ja7'.,sansc. bahhnva). M. Windischa remarqu que les verbes dponents semblent avoir perduleur redoublement plus tt que les autres. Les langues bre-tonnes n'ont gard le redoublement du parfait ([ue dans lemoyen gallois kigleii, yAvj.j'AT..Le gothique ne conserve rgulirement le redoublementque dans les verbes dont la voyelle est longue par nature oupar position. Les langues germaniques modernes n'ont gurede redoublement dont le caractre soit sensible premirevue que dans l'angl. I dkl, saxon dyde, allem. icJi that, vieuxhaut allem. tta^:^ sanscr. dadhu, j'ai fait, -Oe'aa ; ce mota donc eu le mme sort dans le domaine germanique cjue dedi.dans le domaine roman.

    1. L'ancienne notation rohhu, rupu, e*[p\ro-[be]bove, i\indiquepas une forme analogue au latin re-l-luli; car on trouve au prsent,(\\x\ n'a jamais t redoubl, nipi, non est , ct de ni b ic. Gram-matica Cellica, 492).

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    CHAPITRE VI.REMARQUES COMPLEMENTAIRES SIR LE REDOUBLEMENT

    ])V PARFAIT.

    .::; 2i. r]in))loi du recloubleuient.Nous trouverons encore le redoublement dans des phno-

    mnes complexes que nous aurons analyser; mais avant determiner son tude direcle, il est bon de nous faire une idede son emploi primitif.

    Le parfait redoubl, en grec, est beaucoup sorti de sondomaine originaire. Il est lgitime dans des racines simples,comme cccoca, c^copy.a ; mais c'est par une extension analo-gique qu'on l'a appliqu aux thmes drivs, comme 7:=-(Ar,-y.a,et mme des composs, comme T0aAac77C7,parr//.a.

    Les autres langues ario-europennes fournissent quelquesexemples de ces redoublements analogiques; on peut citer lesanscrit paproccha = lat. poposci; irlandais nenasc, j'ai li,syracusain -i-zr/jx, de t.lt/h, qui ont gard par exception lesuffixe sk- du prsent.

    D'aprs M. Joh. wSchmidt, Zeitschrift de Kuhn, XXV,p. 32, le redoublement n'aurait pas exist, une certainepriode, aux formes faibles du parfait, o l'accent est sur ladsinence ; il n'y aurait eu de redoubl que le singulier duparfait actif, o le verbe est sous sa forme forte et portel'accent. Cette hypothse est soutenue par des argumentstrs ingnieux; mais il ne faudrait pas, sans doute, la prendre la lettre. Il y a eu probablement, ds l'poque proethnique,des chutes de redoublements primitifs, mais aussi, d'un autrecot, des additions de redoublements notiveaux, amens parl'analogie. Le latin a donn beaucoup d'extension au preini(U'de ces phnomnes, et le grec au second.Le redoublement n'est pas particulier au parfait ; on leiiniivc aussi, dans h's verbes sanscrits, l'aoriste, au prsent,

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    - 4^1 l'intensif et au dsidratif, avec quchiiK^s difTrenccs quitiennent surtout aux voyelles,

    25. Sons du redoublement du jiarfait.Le redoublement du parfait n'est pas difr('ii'(Mit par sou

    origine et sa significaliou primitive, de celui du prsent ; ilexprime la rptition, rintensit de l'action, et c'est de lqu'il est arriv peu peu en dsigner l'accomplissement.Ainsi la premire syllabe de otiz'.x renforce l'ide de crainte,de la mme faon que dans l'intensif ce-c-sscy-x'. ; cs'o'.a, commele vdique bibhya et '^^dSr^y.a',, se traduit par un prsent : je crains ; cf. xsTptxaivo), je tremble f frquemment, beau-coup) . Il arrive souvent que des parfaits sont employsavec des prsents pour exprimer deux actions simultanes :)Jpjlv TTiTTAr^i'O); 7.al OVc'.CE(o'.7'.V V' 77(0V , II., XXII, 497, et h^iOL-/./, Arf/(o; ay' ovc'3x, il. II, 222, en frappant coups re-doubls , et en criaillant . C'est une erreur que devouloir expliquer tous les parfaits sens de prsent qui serencontrent en grec, en latin et en germain par des raison-nements tels que hpurAx, 7iovi,

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    45 voit dans lo ro(l()nl)lfMn('nt uiu^ sorlo (riiiflico symboliquo fiaj)ass. M. Fick {l'Ui/>n()/()f/ sr/K>s W()rtf'rhuch, o d., t. IV,j). IVi) (r ;((vs livpolliscs sont l)i(Mi subtiles. Nous croyons plutt avecM. Cnrlius, (pii a f )i'l bien (^.xjxts la question, Vcr/j., Il,17()-lSv), (pie 11 siMis devenu propi'e au parfait, c'est--dire((\ui (b' raolivenient, de laperfeclion d'une action, est venu rancien i)r^ent intensif par suil(; d'une srie de. cbange-nuMils iiisensibb^ (bin> la signifiealion des i n'sents simplescoamu^ cAAj;r., je me perds, et z\u)\x, je me perds entire-ment ; la premire forme, tant moins expressive, a Uni pardesigiu'r une action on un tat qui est en train d'avoir lieu,l>ar opposition l'auti^s c\u)\x, pril , o l'ide origi-naire d'intensit a fait place celle de perfection, accom-plissement. Cette volution tait parvenue son terme pourquelques parfaits seulement, l'poque liomrique; M. Lbellcompte cbez Homre plus de soixante-dix parfaits sensprsent, et vingt-deux seulement avec la signification propreau parfait.La langue grecque n'est gure alle plus loin dans cettevoie qu' l'poque de sa dcadence, alors le parfait a t em-ploy dans le sens du pass, et a ainsi usurp la fonctionde l'aoriste ^ C'est ce degr que se trouvent le sanscrit etle latin: leurs parfaits ont le sens prtrit de l'aoriste. Il enest de mme du parfait germanique. La consquence de cettefidlit remarquable du grec conserver entre le parfait re-doubl et l'aoriste une distinction de sens qui rsultait deleurs origines diffrentes, mais qui devait ncessairementtendre s'effacer dans le langage vulgaire, c'est que lesformes spciales du parfait, et en particulier son redouble-ment, se sont maintenues et se sont mme tendues desverbes drivs, qui n'avaient pas primitivement de parfait.La contamination de l'aoriste a t lieureusement vite pen-dant longtemps ; puis les sens se sont confondus et la formedu parfait a pri presque entirement, en grec moderne ; demme qu'en slave, l'aoriste a prvalu. Les langues germa-niques, au contraire, ont fait dominer le parfait aux dpens

    l. Sophocles, Greek lexicon of the roman and byzantine periods,p. 'i, col. I.

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    i6 de l'aoriste. Le cellicinc a liiii par i)er(.lre le parfait, sauf(luelques dbris qui ont t iiicoi'pors l'aoriste, (pliant .lulatin, il a lait de ces deux formations un amaliianie dontl'anal vse est fort eoin])li(iue et incertaine. La diUicult vientde ce (|ne nous n'avons i^ure ([ue le rsullat de ce travailde fusiciu: nous ne j)ouvons pas, conuiK' [loui* l'irlandais,constater successivement les })hnomn(^s (pii s'y sont pro-duits, ni, })ar consquent, distinguera couj) sr en latin lesformes verbales d'origine aorisiique. et ([ui n'ont jamais tredoubles, de celles qui tiennent au })arfait, et ([ui ont perduleur redoublement par suile (1(> la lendancc^ ([u'ont toutes leslangues simplifier leur prononciation, et renoncer desprocds grammaticaux devenus inutiles, quand on n'(Mi sentplus la signitication.

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    DEUXIEME PAIITIELE RADICAL DU PARFAIT.

    Chapitre premierLA CONSONNE INITIALE DU RADICAL.

    .i; 2(i. La consonne initiale du radical, au parfait latin.Si la consonne initiale de la racine est simple, elle se re-

    trouve telle quelle au radical du parfait latin. Ce maintiende l'initiale intacte peut tre attribu, dans fefelli, l'ana-logie de 1/ de fallo ; car fefelli eut donn phontiquement* febelliy 1'/' entre deux voyelles devenant h en latin*.En ombrien l'initiale du radical, au parfait redoubl, n'estpas l'abri des altrations phontiques: de-rsic-ust r=. de-zic-ust ==: * do-dic-ust. dixerit. Il en est de mme quelquefoisen latin, hors du parfait: ainsi le redoublement de sero =* sl-so est devenu mconnaissable, par suite du rhotacisme.

    Si la consonne initiale de la racine est s suivie d'une con-sonne, cette a disparait en latin au radical du parfait re-doubl: spo-pondi, ste-ti, sci-cidi. Cette chute est un phno-mne purement phontique; elle n'infltie pas sur la quantitde la voyelle du redoublement.

    ij '. La consonne initiale du radical, au parfait grec.Le F primitif ne s'est gard que dans FzF'j'/,z^iz\j.i\z^i-(,y) et

    dans FiFy.zr;/-i-y.. forme relativement rcente pour zizFy.zr,7.z-.y..

    \. Lt's doublets phontiques comme acrof'a scrobis., rufus ruber.siplus sibilus, tiennent des emprunts faits par le latin aux autresdialectes italiotes, L. Havet, Bulletin de la Socit de Linguistique dParis, n L'i. p. L.xxvn. Cf. popimi ct de coquina.

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    48 Il est devenu u dans j0(.)y.a, galement pour s-AOor/.a, etdans jA0)7.a, qui, lui, vient directement de / sfa/.or/.a. Par-tout ailleurs F semble tomb, parce ({u'il ne parat pas dansIl transcription; mais son action se manifeste })ai' la conser-vation de la voyelle t du redrublement. Eniln c(tle voyelle secontracte avec celle du radical. Cette c(jntraction se ren-contre parfois chez Homre: iv^hxzx v-r., Odysse, XI, 191,= A'-ai, de Fz[F)={z)-x'., vue. Fi;; et cependant le rsultat decette contraction tmoigne encore de ranti([ue prsence d'unelettre de sparation entre les deux e ; car i initial devient auparfait q et non sLLe j non appuy sur une consonne parait au parfait grecpar son action prservatrice sur l'c du redoublement dansiAx et par le rsultat de la contraction des deux en si,dans zIax pour iz-7t-Ax et probablement dans i(x-Ax, parf. d''ao),Le A initial de la racine disparat au parf. \J:r,'^.x'. pour

    Xe/S/.r^[J.x'., de \u.x\z\j.x\, qui a djc un redoublement deprsent.

    Le Q devant p disparat l'initiale, mais s'assimile laconsonne suivante, aprs une voyelle ; on a donc (c)p(i), ippjr^y.a.Il en est do mme do F devant p: {F)>\t.^(, ppiox. Le 7 pri-mitif s'assimile aussi \j. dans {^y^MzM, '^.[xzpx; et k F : g F ji,c:jj;j.ai; mais ces formations rgulires sont devenues excep-tionnelles, parce que l'tat d'incertitude que constate cettevariation de l'initiale a cess : {z}^- est devenu soit jj.-, soitc[jr; zF- est devenu soit cj-, soit F-. (S)v- et [z)\- sont toujoursdevenus v-, a-.

    L'influence de T initiale du radical sur la voyelle du redou-blement est pou sensible : on ne peut gure citer que le moteiwOa, employ par Homre en mme temps que 'wOa. E-wareprsente peut-tre '/ o)0a = Gi-Fi^x, avec une diphton-gaison de r cause par le a suivant, comme dans v.\jj. de iz[v.,mais probablement par Tintermdiaire de F\ zigFloOx seradevenu d'abord iFFmOx, cf. ;j,;r. de et^a. Si le j eut t assezfort pour aff^ecter z prcdent, il est croire qu'on auraiteu esGwOa, cf. 'asjpLai, tandis qu'au contraire 0o)7,a tmoignede la victoire dfinitive du son F.

  • 7/22/2019 Ernault (mile), Du parfait en grec et en latin, 1886.

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    CHAPITRE II.LA Vcn'ELLE 01 RADICAL, AU PARFAIT.

    28. Les voyelles brves du radical, au parfait latin.LV/ (lu prsent correspond un / dans les parfaits re-

    doubls cecith., ceci/u\ de C(7f/o, cano, et pf'pif/f, tctir/i, de* P'igOy * taijo. Cet / est de la mme nature que celui qui pa-rat dans les composs con-cinn, at-tin/o. Ce phnomnetient, comme l'a montr M. L. Ilavet'. ce ([ue les Romainsprononaient la premire syllabe avec plus de force que lesautres: ils ont fait mac/una de [xr,yT^r,, (jriristes grecsredoubls '/,i'/,xzznz. T.z.-x\'z