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entretien avec Nicole Claveloux

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entretien avec

NicoleClaveloux

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La Joie par les livres : Qu’est-ce qui,dans vos origines familiales, dans votreenfance, vous prédisposait à devenirillustratrice et peintre ? Est-ce que vousdessiniez beaucoup, très jeune ? Qu’est-ce que vous avez vu (expositions, livresd’art...), quelles sont les lectures d’en-fance qui vous ont le plus marquée(titres, auteurs, héros) ?Nicole Claveloux : Je dessinais beau-coup quand j’étais petite et j’aimaisaussi colorier mes livres (avec permis-sion, en principe) ; mes « Père Castor »sont tout gribouillés, surtout mon pre-mier : La Vache orange. Je dessinais desanimaux et des quantités de princesses,j’en ai retrouvé bien plus tard sur lespages de garde de mes livres d’enfant ;j’avais oublié la « période princesses ». - Vers 8 ans, j’ai fait des BD avec, commehéros, les chats et la chienne de la mai-son. Selon leur caractère, ils devenaient :une douairière autoritaire (la chattenoire), un professeur distrait et coléreux(le chat noir et blanc), une brave cuisi-nière un peu niaise (la chienne MarieQuinquin), un centenaire obstiné (la tor-tue). C’était griffonné au crayon, les bullesaussi, je déclamais les dialogues enmimant les voix... heureusement, mamère était bon public.- Une « influence » que j’ai choisie, vers8-9 ans, ce sont les albums « Fillette » ;j’ai trépigné pour que ma mère me lesachète, ce qu’elle a fait avec indulgenceet désapprobation. Elle n’appréciait que« Durga-Râni, reine des jungles » (Pellos)et fronçait le nez devant certaines BD,préférant me faire admirer les imagesd’Edy-Legrand, ou les costumes de Bakstdécoupés dans des « Comoedia illustré »de 1910. Moi, j’avalais tout : les PèreCastor, Benjamin Rabier, Oscar le petitcanard (Mat) et Voyages et glorieuses

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Balzac : Contes drolatiques, dess. Gustave Doré

Marcel Mat : Oscar le petit canard,

réédité chez Glénat,dans la collection

Patrimoine BD en 2007

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découvertes des grands navigateurs(Edy-Legrand chez Tolmer). - Vers 14-15 ans, j’ai essayé de recopier,d’imiter les illustrations que j’admirais etsurtout celles qui me faisaient rêver, quim’entraînaient dans des mondes fasci-nants : les jardins alambiqués de KayNielsen, peuplés de dames maniérées et,bien sûr, les sombres paysages gothiquesde Gustave Doré et les rabelaiseries hor-rifiques qu’il a faits pour Les Contes dro-latiques de Balzac. C’était très difficile àimiter, j’aurais dû copier des dessinsplus simples qui m’auraient appris àdessiner, mais ce n’était pas le but : je nevoulais pas m’exercer, je voulais m’éva-der dans ces mondes extraordinaires.C’était une erreur de calcul : on estbeaucoup plus émerveillé en tant quespectateur d’une image que lorsqu’on enfabrique une, qu’on gratte, qu’ongomme...C’était d’autant plus ardu que j’ai long-temps eu du mal à dessiner les person-nages ; je faisais des jardins déserts, despaysages vides et mélancoliques, desstatues brisées ! Lorsque plus tard j’aicommencé à travailler, camper une per-sonne était une épreuve et je n’étais à l’aisequ’avec des « mickeys », des « toons » auxanatomies caoutchouteuses. Maintenantencore, je peine à camper des humains àpeu près présentables, mais chut !- Je reviens sur Gustave Doré et LesContes drolatiques, découverts enfouillant dans une armoire (vilain !) ; ily avait là tout ce que j’aimais et aimeencore : des ambiances nocturnes, desclairs de lune maléfiques, des bon-hommes rigolos, des visages caricatu-raux (ah !, « le vieulx stropiat » de retourdes Croisades, « la Fallote véhémente-ment soupçonnée de trafficquer ennécromancie », et « le nommé Franc-

Taupin, vieux sac à maulvaisetez »...celui-là m’a valu quelques cauchemars),des histoires coquines, des foules à laDubout, un mélange de romantisme, depeurs et de rabelaiseries. Je me suis « reconnue » dans cet univers, ça meparlait de moi, de mes goûts profonds etc’est pour ça que je l’ai préféré à celui deBenjamin Rabier (Le Roman de Renart)ou de Rojankowski (Père Castor) quej’aimais bien aussi... Je crois que ce livrerecélait plus de richesses que les livrespour enfants, des histoires effrayantes etdes histoires d’amour : ce que je recher-chais avidement lorsque, seule dansl’appartement, je fouillais dans le pla-card aux livres...

JPL : Que diriez-vous des influences etréférences qui ont nourri votre travailartistique, au fur et à mesure de votreparcours et qu’y avez-vous puisé ?- dans le registre des contes et de lamythologie- dans celui du fantastique- dans le registre psychanalytique- dans le registre politique-féministe (enparticulier dans les années 70) ?N.C. : Je n’ai pas lu beaucoup de contesde fées dans mon enfance, à partquelques Mille et Une nuits. Ma mèreme proposait des livres qu’elle aimait,principalement des aventures : JulesVerne, Jack London, Stevenson, et plustard de la science-fiction et du fantas-tique : Ray Bradbury, Lovecraft, JeanRay. Les influences se sont triées en fonc-tion de mes goûts : les récits d’aventurem’ont plu mais la greffe n’a pas pris,tandis que l’univers de Jean Ray m’a sti-mulé les neurones, tout comme ensuiteles gravures de Rodolphe Bresdin etd’Alfred Kubin. J’ai illustré Ray Bradbury(Les Chroniques martiennes) et Jean Ray

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(Malpertuis) à l’époque où j’allais auxBeaux-Arts.- Je parle surtout des références de monenfance et adolescence car je vois bienque là sont les vraies sources : tout cequi a été vu, lu, admiré par la suite estvenu nourrir mes premiers penchantspour le comique d’une part, et l’imagi-naire fantasmagorique de l’autre.Toutes les expériences ultérieures dansd’autres directions ont peu duré, puisdisparu dans l’oubli. J’ai fait quelquesdétours, enrichissants je suppose,séduite par exemple par les images psy-chédéliques à l’époque du « YellowSubmarine »... Rétrospectivement, duhaut de mon grand âge, je vois des lignesdirectrices qui partent de l’enfance, per-sistent tant bien que mal dans la forêtdes diverses modes et influences, pourse retrouver presque inchangées à la sor-tie du bois.

J.P.L. : Ce qui frappe dans votre œuvrec’est son extrême diversité. On le doitcertainement à votre propre appétitd’expérimentations, d’ouvertures cultu-relles mais aussi sans doute à quelquesrencontres et sollicitations (d’éditeursparticulièrement). Avez-vous un genrede prédilection ? Quels sont les éditeurs,rédacteurs en chef... que vous aimeriezsaluer ? Quelle a été leur part d’incita-tion, d’accompagnement du travail... ? N.C. : La diversité n’est pas si grande : lemerveilleux, le fantastique d’un côté, etle comique, la caricature, la parodie del’autre ; d’un côté La Forêt des lilas, LaBelle et la Bête, Un roi, une princesse etune pieuvre, et de l’autre Quel genre debisous ?, La Ballade des bigorneaux,Espèces de poux, Cactus Acide et BeurreFondu, Louise XIV, Professeur Totem etDocteur Tabou...

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La Comtesse de Ségur : La Forêt des Lilas, ill. Nicole Claveloux,

conception François Ruy-Vidal, © Harlin Quist, 1970

Textes et dessins Nicole Claveloux :Quel genre de bisous ?, Le Sourire qui mord, 1990puis Être éditions,1998

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- Les autres personnages viennent desauteurs que j’ai illustrés, je les ai emprun-tés, ce n’est pas mon imaginaire-à-moi !De nombreux illustrateurs(-trices) ontdonné une forme à Alice, au LapinBlanc, aux Flamands et au Griffon,comme je l’ai fait avec François Ruy-Vidal chez Grasset. Je n’ai pas inventéPoucette (avec Adela Turin chez Dallaparte delle bambine), ni le volatilemorose de La Main verte (d’Édith Zhachez les Humanoïdes Associés), ni l’héroïne de « J’aime un économiste »(d’Elisabeth Salomon pour CharlieMensuel). Même chose à propos des livres pour les tout-petits commeAlboum, Vrrr..., Nours,... les idées, lespersonnages, les récits viennent deChristian Bruel, moi j’ai suivi avec plaisir.- Si vous parlez de diversité des tech-niques, j’ai en effet de la curiosité pourdes procédés différents : plume et encrede chine en premier, quand je suis« montée » à Paris, le dossier que j’aimontré à Pierre Chapelot (Planète) enétait rempli. J’aime bien aussi la gouache, l’huile, mais je n’ai jamais pum’habituer à l’acrylique ni au pastel(mais là je garde espoir) ; je ne maniepas bien l’aquarelle, sauf pour les colo-riages. Actuellement je me lance dans lescrayons de couleur. Et, dans un magasinde fournitures pour dessins, j’ai toujoursdes envies lubriques pour des tubes, descraies, des godets, des carnets...

J.P.L. : Votre œuvre est à la fois celled’une illustratrice et celle d’un peintre.Comment ces deux approches s’enri-chissent-elles mutuellement ?Est-ce que vous exposez souvent vosœuvres (dessins, tableaux...) ?Existe-t-il un catalogue raisonné devotre œuvre, en plus du site Internet,

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Hans Christian Andersen et Nicole Claveloux :Poucette (détail), Éditions des femmes, 1978

Christian Bruel et Nicole Claveloux : Vrrr…, Être éditions, 2001

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très beau d’ailleurs, que vous avezvous-même ouvert ?N.C. : La plus récente exposition (illus-trations et tableaux) a été organisée à laMédiathèque Hermeland de Saint-Herblain, en 2007, par Martine Messe etYves Aubain ; une exposition très com-plète, très bien faite, éclairages et accro-chages parfaits, avec une pièce spécialeréservée aux adultes libidineux (j’ai com-mis quelques livres pour les adultes...).- Les façons d’aborder l’illustration peu-vent être variées. Le schéma classique – une histoire qui inspire des images –mais aussi une idée, un scénario racon-té, qui aboutit à un livre sans texte,comme par exemple Crapougneries (LeSourire qui mord). Et puis il y aussi cerécit en images et en bulles qu’onappelle BD, le seul domaine où je suisauteur et illustrateur, comme parexemple « La Connasse et le princecharmant » (Ah ! Nana). Autre procé-dé : pour le livre Mes chers voisins(Le Seuil), Patrick Couratin a faitaccompagner mes tableaux par untexte de Marie-Ange Guillaume. Enfin,dernier cas de figure, les deux livrespour adultes Morceaux choisis de laBelle et la Bête (avec le Marquis deCarabas chez Eden productions) etConfessions d’un monte-en-l’air (avecMarcel Lerouge chez Folies d’encre). Pources deux albums érotiques, j’ai d’aborddessiné en toute liberté une série descènes avec décors, personnages,actions, mais sans scénario précis ; puisje les ai transmis à l’auteur qui a écrit pourchaque image un récit, des dialogues,inventé une intrigue et des péripétiesque parfois je n’aurais jamais trouvées !C’est moi qui ai eu alors la surprise agré-able de voir « illustrer » mes dessins parun texte...

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Christian Bruel : Nicole Claveloux & Compagnie,Le Sourire qui mord, 1995

Nicole Claveloux et Marquis de Carabas : La Belle et la Bête : morceaux choisis, Eden éditions, 2003

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- Je ne vois pas de fossé entre illustrationet peinture car ce qui me « branche » avanttout ce sont les images, et les artistes quej’admire, morts ou vivants, ont tousquelque chose à voir avec les images :Breughel « illustrant » les proverbes,Bosch « illustrant » des pensées, des étatsd’âme, Magritte, le « faiseur d’images » ;de nos jours : Mark Ryden, Marion Peck,Néo Rauch qui utilisent et parodient lesillustrations, les chromos, les réclames,bref, le « mauvais genre », le « bas dufront » (« low-brow » chez les peintresdits « pop-surréalistes » américains,comme Mark Ryden). - À ce propos, quand serons-nous débar-rassés de « la hiérarchie des genres » :noblesse de l’Art contre artisanat beso-gneux de l’illustration (et si, en plus,c’est pour les enfants, on descend encore

de plusieurs degrés !!!), aristocratie dufilm contre médiocrité du téléfilm, toutesces oppositions binaires et simplettes.Ces classements sont du même tonneauque ceux de feu l’Académisme : la pein-ture historique, noble, la nature morte,pas noble. Il faudrait toujours recom-mencer et démontrer comme dans l’ex-position de 1967, aux Arts Décoratifs (j’yétais ! en spectatrice...), qu’une imagede BD peut être de l’Art. Pour moi, si,après avoir admiré Matisse ou Monet,j’admire une page de Cuisine de nuit deMaurice Sendak, ou une image deCharles Burns, je n’ai pas l’impressiond’avoir transgressé une frontière interditeentre Art Majeur et art mineur.- En ce qui concerne un catalogue raison-né de mon « œuvre », Christian Bruel aécrit et publié en 1995 : Nicole Claveloux

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Nicole Claveloux : « Repas de noce de Little Nemo » 1990, huile sur toile, 440x630, commandé par Thierry Joor pour la Galerie « Sans titre » à Bruxelles.reproduit dans Mes Chers voisins, de Marie-Ange Guillaume et Nicole Claveloux, Seuil/Patrick Couratin, 2003

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& Cie (épuisé), on trouve sur Internet desbibliographies très complètes chezRicochet et La Joie par les livres ; quantà mon site, il a été réalisé par un ami, Sébastien Laidet (un deuxième site, pouradultes pervers celui-là, est en prépara-tion).

J.P.L. : Manifestement, dans les albumsque vous avez faits pour les enfants,vous ne cherchez pas à séduire. Quelleest votre vision de l’enfance ? Les bébésont une très grande place dans vos livres, toujours avec beaucoup d’hu-mour, pourquoi les bébés ? De quoi lesenfants ont-ils besoin, selon vous, pourse construire et grandir ?N.C. : Ah ! Bon ? Mais si, je cherche àséduire ! Zut alors, c’est raté ! Ça doitvenir de mon penchant pour la caricature,le comique des expressions, les dessinshumoristiques, les parodies... bref, c’estde la faute d’« Oscar le petit canard » etde « La Vache qui rit »... - Je n’ai aucune vision particulière del’enfance, ni aucune théorie là-dessus.La phrase de Françoise Dolto sur l’enfantqui est « une personne » me semble trèsvraie ; par ailleurs, ses jugements dog-matiques sur les illustrations pour les

enfants sont, à mes yeux, assez ridiculeset, heureusement, plus ou moins oubliésactuellement (voir sur le site de Ruy-Vidal : l’article sur « l’affaire Dolto »...).Le petit enfant est une personne avec sesgoûts, son caractère, ses talents engerme, comme un chêne est contenudans un gland. Ce ne sont pas lesinfluences de son milieu, de son époque,qui le fabriquent entièrement et exclusi-vement. Ce n’est pas un petit robot vide,une boîte que l’on remplit. Il se sert dece qu’on veut bien mettre à sa portée, ilprend, il laisse, il choisit, il refuse... dansune famille « normale » bien sûr, pasdans une secte de mise en condition etde lavage de cerveau. J’en juge d’aprèsma propre enfance : ayant eu beaucoup d’images à ma disposition, j’ai préférécertains univers à d’autres, pas parcequ’on me les désignait comme meilleurs,pas non plus pour résister et me rebeller,mais simplement par goût personnel. - Pourquoi le bébé ? Parce que j’aime lesanti-héros du genre rondouillard et peu-reux... on a les totems qu’on peut ! Je neme vois pas dessinant des guerrières del’espace ni des mères-courage. Je préfèreles petits égoïstes naïfs, les goinfres mal-adroits, le modeste bigorneau, l’humble

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Tout est bon dans le bébé, un livre de Nicole Claveloux sur un texte volé à La Bruyère, Crapule !, 1985

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pou, « le petit légume qui rêvait d’êtreune panthère »... Cette BD est partied’une période de mon enfance où, petiteécolière timide accablée d’un ego hima-layen, je fantasmais des métamorphosesen fauve à la surprise de toute la classe,ou un compagnon-loup, ou un pythonfamilier façon « Livre de la jungle ». Bref,le bébé c’est moi, c’est nous leshumains... Ainsi que les clowns qui sontdes bébés à nez rouge, et les cochonsitou (suis-je normale, Docteur ?). Et c’esten sa qualité d’être humain symboliqueque le bébé a été brillamment utilisé parPatrick Couratin dans Tout est bon dansle bébé (Crapule productions et HarlinQuist) et, aussi, par Christian Bruel dansToujours devant (Être éditions).- Si le bébé me représente, on comprenddonc que je ne peux pas avoir un regard« adulte », éducatif et surplombant, surles enfants. Je ne suis ni pédagogue, ni« parent », ni familière des enfants (j’enapproche un tous les dix ans environ...),mais je suis proche d’eux par moncaractère. - Les personnages plus secs et ergo-teurs, comme Cactus Acide, ou tyran-niques sans remords, comme LouiseXIV, m’ont été inspirés par des prochesque j’ai odieusement caricaturés. Peut-être illustrent-ils le côté « adulte-donneur-de-leçons » des humains, lemien aussi, car je ne suis pas que du« beurre fondu », quelques bribes d’adulte surnagent de-ci de-là. - Un critique mystérieux et extralucide(sur son site web : « in girum... ») a fine-ment décrit mon évolution (tardive)dans la vie à travers mes héros de BD :« Grabote », franchement immature, puis« Cactus Acide et Beurre Fondu », plusconstruits, plus raisonneurs (« Grabotese cherchait, Cactus Acide est ! »), et

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« Le Petit légume qui rêvait d’être une panthère »,

Ah ! Nana, n°5, 1997, Les Humanoïdes associés

Christian Bruel et Nicole Claveloux : Toujours devant, Être éditions, 2003

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enfin le « Professeur Totem », un presqueadulte, déjà vieux ronchon (tout à faitmoi actuellement...) ; le « DocteurTabou », par contre, est resté à l’âgepotachesque.

J.P.L. : Y a-t-il un texte ou un personnagelittéraire que vous aimeriez illustrermais qui vous résiste (et en quoi vousrésiste-t-il) ?N.C. : Il y a quelques années, ChristianBruel m’a proposé Peter Pan. Me souve-nant d’avoir traîné cinq fois au cinémama mère, puis ma grand-mère, pour voirle Peter Pan de Walt Disney, j’accepteavec enthousiasme... Et impossible

d’illustrer cette histoire après avoir lu letexte original ! Peter Pan est un être exé-crable, Wendy est exaspérante, lesenfants de l’île sont des têtes à claques...seuls, Crochet et le Crocodile sont sym-pathiques. Du reste, ce sont surtout euxqui m’avaient plu dans le film, ainsi quel’envol par la fenêtre. Voilà un personnagequi m’a résisté et que je n’ai plus du toutenvie d’illustrer.

J.P.L. : Y a-t-il une question que l’on nevous pose jamais et à laquelle vousaimeriez enfin répondre ?N.C. : Beuh...? Gue...

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Professeur Totem et Docteur Tabou, Textes et illustrations de Nicole Claveloux, Être éditions, 2006

www.lajoieparleslivres.comwebPour prolonger la lecture de ce numéro,consultez notre site :Bilbilothèque numérique/

Outils documentairesvoir aussi le site officiel de Nicole Clavelouxhttp://nicole.claveloux.free.fr

Les illustrations de Nicole Claveloux qui ont servi

à composer la page de titre de cet article

sont extraites d’Okapi (interview), de Quel genre

de bisous ? (frises horizontales), et de Merci Grabote

(frise verticale), publiés au Sourire qui mord.