EN QUETE DE VERT N° 45 - Février 2013

“ A l’occasion de la journée débat « Je transmets mon entreprise » 1 organisée par Val’hor, ce numéro d’En Quête de Vert est consacré aux entreprises familiales et à la question de la transmission. Avec des indicateurs portant sur la main-d’œuvre familiale, l’âge du chef d’exploitation et les projets de succession, les données du recensement agricole permettent d’appréhender la question pour le secteur de la production horticole tandis que l’étude réalisée par PwC2 auprès d’entreprises familiales sur tous les secteurs de l’économie permet de disposer de références globales.”

Emmanuel de Chaumont, Président Délégué à la Commission Commune.

La lettre d’informations socio-économiques des professionnels du végétal

ENTREPRISES

Main-d’œuvre familiale & succession

1. Léger recul de la main-d’œuvre familiale

EN QUÊTE DE VERT N° 45- VAL’HOR 1

Source : Recensement agricole

D’après les résultats du recensement agricole pour l’Otex Fleurs et horticulture diverse, la main-d’œuvre familiale représente en 2010, 3 871 UTA soit 13 % de l’ensemble du volume de travail en fleurs et horticulture diverse réalisé par l’ensemble des actifs permanents. Un poids faible en comparaison avec l’ensemble de l’agriculture où les actifs permanents familiaux représentent 26 % des UTA. La comparaison des deux recensements agricoles (2000 et 2010) révèle une diminution de la main-d’œuvre familiale en fleurs et horticulture diverse ces dernières années (avec 13 % des UTA en 2010 contre 16 % en 2000) au profit de la main-d’œuvre salariale (60 % en 2010 contre 57 % en 2000). Un statut qui diffère entre conjoint et autre personne apparentée au chef d’exploi-tation. Parmi les actifs permanents en fleurs et horticulture diverse, 85 % des coexploitants et 17 % des autres actifs permanents (hors chef d’exploitation ou premier coexploitant)sont apparentés au chef d’exploitation. Les conjoints sont deux fois moins présents chez les coexploitants (34 % des coexploitants familiaux) que parmi les autres actifs permanents (70 % des autres actifs familiaux).

< OTEX FLEURS ET HORTICUL-

TURE DIVERSE

Les exploitations sont classées selon leur orientation technico-économique qui indique la spé-cialisation de chacune d’entre elles. L’ Otex « Fleurs et horticulture diverse » correspond au total des postes : 2021 : fleurs et plantes orne-mentales de plein air, 2022 : fleurs et plantes orne-mentales sous verre, 2023 : culture de plein air et sous verre de fleurs et plantes ornementales sauf 2021 et 2022, 2031 : légumes frais, melons, fraises en cultures maraîchères et fleurs et plantes ornementales de plein air 2032 : légumes frais, melons, fraises et fleurs et plantes orne-mentales sous verre 2033 : champignons 2034 : exploitation horticole avec cultures diverses sauf 2031, 2032, 2033. < UTA

L’Unité de Travail Annuel (UTA) mesure le travail fourni par la main-d’œuvre et correspond au travail d’une personne à temps plein pendant une année.

Lien avec l'exploitation UTA Personnes

Ensemble des actifs permanents 29 675 34 611

Chef d'exploitation ou premier coexploitant 7 817 8 952

Coexploitant conjoint 471 578

Coexploitant autre parent 917 1133

Coexploitant non apparenté 241 291

Conjoint non coexploitant actif sur l'exploitation 1 785 2 874

Parent non coexploitant actif sur l'exploitation 698 1233

Non apparenté non coexploitant actif sur l'exploitation 22 34

Salarié permanent hors famille 17 724 19 516

1 Renseignements en dernière page de ce numéro. 2 Etude Family Business France de PwC réalisée en partenariat avec FBN France au 1er semestre 2012 auprès de 270 dirigeants issus de tous les régions de France et de tous les secteurs. PwC (Price waterhouse Coopers) : entreprise d’audit, d’expertise comptable et de conseil en entreprise. FBN France (Family Business Network) : réseau d’entreprises familiales ayant pour objet de développer, stimuler et diffuser les connaissances sur les pratiques managériales et pour les besoins et intérêts de l’entreprise à caractère familial et patrimonial.

Tableau 1 : Actifs permanents, Otex Fleurs et horticulture diverse (2010)

< ETUDE FAMILY BUSINESS FRANCE 2012 PAR PWC Intention de la première génération de transmettre à la génération future 58 % des dirigeants d’entreprises familiales interrogés ont l’intention de transmettre à la génération suivante contre 38 % qui n’en ont pas l’intention (4 % ne se prononcent pas). Base : répondants Le dirigeant de l’entreprise a-t-il déjà choisi son successeur ? Seuls 33 % déclarent avoir déjà choisi leur successeur contre 65 % qui ne l’on pas encore fait (2 % ne se prononcent pas). Base : répondants Pensez-vous qu’avoir un PDG externe est …

Dans votre entreprise, la génération des 25-30 ans est-elle impliquée ? 53 % répondent oui contre 35 % de non (à noter la part importante de ceux qui ne se prononcent pas : 12 %). Cette génération peut-elle reprendre les rênes de l’entreprise ?

< LES ENTREPRISES FAMILIALES EN FRANCE On estime à 80 % la part d’entreprises familiales en France tous secteurs con-fondus. Ces entreprises représentent environ la moitié du PNB et des emplois. < DÉFINITION ENTREPRISES FAMI-

LIALES Plusieurs définitions de l’entreprise existent mais celle de la Commission Européenne retenue dans l’étude PwC privilégie le contrôle du capital par une ou plusieurs familles et l’intention de transmettre à la 2ème génération.

Le recensement de 2010 révèle que 52 % des exploitations en fleurs et horticulture diverse ayant un chef d’exploitation âgé de 50 ans ou plus ne connaissent pas encore leur successeur (tableau 2). Une proportion qui varie selon le statut de l’exploitation avec une part plus élevée pour les exploitations individuelles. Or, les exploitations individuelles sont proportionnellement plus nombreuses à avoir un chef d’exploitation âgé de 50 ans et plus mais elles représentent égale-ment la forme juridique la plus importante (61 %) parmi l’ensemble des exploi-tations en fleurs et horticulture diverse. Si la proportion d’exploitations en fleurs et horticulture diverse qui ne connaissent pas leur successeur est assez proche de celle de l’ensemble de l’agriculture, en revanche la proportion d’exploitation qui n’auront pas de successeur est plus élevée en fleurs et horticulture diverse (22 % contre 16 % pour l’ensemble de l’agriculture). 17 % des exploitations ont indiqué que le successeur serait un membre de la famille.

EN QUÊTE DE VERT N° 45- VAL’HOR 2

2. Projet de succession

3. Age et formation de main-d’œuvre familiale

Total Oui 73%

Oui, tout à fait 23%

Oui, sous réserve d'être formée,

accompagnée

50%

Total Non 21%

Non, car ils aspirent à autre chose 15%

Non, car ils n'ont pas les compétences

et/ou les motivations requises

6%

Ne se prononcent pas 6%

Source : PwC

Au-delà du poids de la main-d’œuvre familiale parmi l’ensemble des actifs per-manents, les critères âge et formation permettent d’identifier d’éventuels suc-cesseurs parmi les actifs familiaux non coexploitants et hors conjoints. Les actifs familiaux hors conjoints non coexploitants sont presque aussi nombreux à être âgés de moins de 40 ans ( 43 %) que de 60 ans ou plus (39 %) (tableau 3). Les moins de 40 ans (successeurs potentiels) disposent d’un niveau de diplôme plus élevé que la moyenne avec 28 % ayant une formation secondaire (graphique 1).

< 40 ans 40 à 59 ans 60 ans et +

Chef d'exploitation ou coexploitant 20% 67% 13%

Conjoint non coexploitant actif sur l'exploitation 18% 64% 18%

Autre actif familial non coexploitant 43% 18% 39%

Conjoint non coexploitant non actif sur l'exploitation 28% 60% 12%

Recensement agricole

Successeur coexploitant de cette exploitation 4%

Membre de la famille qui dirige une autre exp. agricole 2%

Membre de la famille qui travaille dans une exp. agricole 11%

Autre successeur qui dirige une autre exploitation agricole 1%

Autre successeur qui travaille dans une exp. agricole 3%

Membre de la famille, ne travaille pas dans une exp. agricole 4%

Autre successeur, ne travaille pas dans une exp. agricole 1%

Pas de successeur (l'exploitation va disparaître) 22%

Successeur non connu 52%

Graphique 1 : Niveau de formation des actifs familiaux non coexploitants et hors con-

joints (2010)

Tableau 3 : Age des actifs familiaux non coexploitants et hors conjoints (2010)

Tableau 2 : Projet de succession, Otex Fleurs et horticulture diverse (2010)

9%

25%

10%

55%

2% Ne se prononce pas

N’est pas d’actualité

Une solution déjà en place ou à considérer

Difficile à attirer au sein d’une structure familiale

Difficile à intégrer par les actionnaires familiaux

Aucun diplôme ou niveau primaire Niveau secondaire court

Niveau secondaire long Niveau supérieur court

Niveau supérieur long

30%

6%

34%

8%

21%

34%

20%

11%

6%

32%

20% 21%

42%

10% 6%

60%

30%

5% 2% 3%

Ensemble Moins de 40 ans De 40 à 59 ans 60 ans et plus

EN QUÊTE DE VERT N° 45- VAL’HOR 3

3. Organisation de la transmission

Tableau 6 : Comment voyez-vous le rôle des pouvoirs publics ?

Donation 39%

Autofinancement 19%

Financement bancaire 18%

Holding/LBO 15%

Vente 7%

Un autre mode de financement 5%

Ne se prononcent pas 14%

Holding (SAS, SCI) 38%

Conseil de famille 23%

Comités consultatifs d'actionnaires 14%

Association familiale 9%

Elaboration de la Charte familiale 4%

Un autre mécanisme 8%

Ne se prononce pas 4%

Faciliter, simplifier les démarches au quotidien 30%

Ne pas interférer dans le développement de votre entreprise 27%

Aider/accompagner le développement de votre entreprise à l'instar des entreprises du

CAC40 (ex. roadshows à l'international avec une délégation de dirigeants d'ETI)

23%

Promouvoir l'entreprise familiale sur un plan macroéconomique 10%

Informer les ETI familiales des meilleures pratiques étrangères 3%

Un autre rôle 4%

Ne se prononcent pas 2%

Synthèse recensement agricole, Otex Fleurs et horticulture di-verse La synthèse mise à jour avec des informations complémen-taires sur la main-d'œuvre est disponible sur le site www.valhor.fr

Journée débat Je transmets mon entreprise, Réfléchir & Réussir 21 mars 2013 Une journée en présence d’an-ciens cédants et d’acteurs de la transmission (juristes, experts comptables, conseils en gestion patrimoniale, évaluateurs et négociateurs). Au programme : les différents types de cessions, les impacts financiers, sociaux et quotidiens sur le mode de vie du cédant, la méthodologie de la transmis-sion sur le plan personnel, pa-trimonial et technique. Frais de participation : 50 € TTC Renseignements et inscriptions sur www.journeetransmission.fr Attention, nombre de place limité.

EN QUETE DE VERT Directeur de la publication :

Dominique Douard Rédacteur en chef :

Emmanuel de Chaumont Rédactrice : Aline Haeringer

Parution : Février 2013

Val’hor

Organisation interprofessionnelle reconnue par l’Etat pour la valorisation

des produits et des métiers de l’horticulture, de la fleuristerie et

du paysage, 44 rue d’Alésia, 75682 Paris Cedex 14

Tableau 4 : Quel mode de financement de la

transmission proposeriez-vous ?

Questions ouvertes, réponses non suggérées

Tableau 5 : Quels sont les mécanismes en

place pour faire dialoguer la famille et/ou les

actionnaires ?

Dans son étude 2012 Family Business France, PwC a interrogé des dirigeants d’entre-prises familiales de tous secteurs afin de connaître leur projet de transmission. Concernant le mode de financement, 62 % des répondants n’y ont pas encore pensé alors que 35 % y ont déjà pensé (2 % ne se prononcent pas). La donation figure en tête des modes de financement qu’ils proposeraient et les holding et conseils de famille apparaissent parmi les mécanismes de dialogue les plus cités (tableaux 4 et 5).

En 2007, un rapport a été remis par Olivier Mellerio à Hervé Novelli, alors Secrétaire d’Etat en charge du commerce et de l’artisanat, sur la transmission des entreprises familiales. Il fait suite à une étude commanditée par le Ministère de l’Economie révélant que moins de 10 % des entreprises françaises de plus de 10 salariés sont transmises dans le cadre d’une continuité familiale, contre 55 % en Allemagne, 58 % aux Pays-Bas et 72 % en Italie. Le rapport identifie les principales causes de blocage à savoir notam-ment, une fiscalité trop lourde et confuse, des outils de financements insuffisants. Le rapport fournit également des recommandations : création d’un guichet unique pour les entreprises familiales afin de mieux les identifier et les connaître, allègement de la fiscalité. Il préconise aussi de faciliter le financement et de sensibiliser les chefs d’entreprise qui bien souvent ne disposent pas de plan de continuité. En France, le label Entreprise Familiale Centenaire a été créé en 2007 et compte au-jourd’hui 31 membres. Il s’agit majoritairement d’entreprises du secteur agro-alimentaire. L’objectif de ce label : valoriser l’image auprès du consommateur davan-tage rassuré par une entreprise ancienne. La continuité de l’entreprise familiale apparaît comme un enjeu économique non seulement pour la plus forte capacité de ces entreprises à résister en temps de crise et la vision à long terme de ses dirigeants mais également parce qu’elles bénéficient souvent d’une bonne image.

Concernant les attentes à l’égard des pouvoirs publics, les dirigeants souhaitent avant tout que les démarches soient facilitées et simplifiées (tableau 6). Parmi une liste de mesures proposées, celles qui sont les plus souhaitées sont l’allègement des charges patronales, une plus grande flexibilité du droit du travail et un allègement de la règlementation du droit du travail.