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L’idéologie de la «fin de l’histoire» discrédite les modèles alternatifs aux yeux d’une majorité maintenant persuadée qu’il n’y a pas de salut au-delà du capitalisme. La gauche semble avoir concédé la victoire à l’idéologie libérale et au capitalisme pour se concentrer sur les aspects plus « politiques » ou « éthiques » de la lutte. Est-ce à dire que la gauche radicale n’a plus d’alternatives économiques à proposer ? l’économie participaliste instinct de liberté pascal lebrun une alternative contemporaine au capitalisme préface de normand baillargeon

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  • Depuis l’échec du communisme soviétique, très peude solutions économiques ont été proposées pourremplacer le capitalisme. Dans la dernière décen-nie, toutefois, la gauche radicale s’est remise à formulerdes propositions pour une organisation plus démocra-tique et égalitaire de l’économie. L’économie participaliste(ou « écopar »), développée aux États-Unis par MichaelAlbert et Robin Hahnel, est l’une des plus convaincantes.Pascal Lebrun offre au public francophone la première

    synthèse présentant l’économie participaliste. Il expose sesfondements philosophiques, théoriques et idéologiquesainsi que son fonctionnement. Procédant du même souffleà son analyse critique, il établit dans quelle mesure l’écoparpeut véritablement contribuer à l’avènement d’une sociétélibre, viable économiquement et écologiquement.

    «Une proposition comme celle que vous allez découvrirdans ce riche ouvrage est un précieux antidote contre lesectarisme, le nihilisme, le cynisme. »

    Normand Baillargeon, extrait de la préface

    Pascal Lebrun est doctorant en science politique à l’Université d’Ottawa.Militant du collectif de la Pointe libertaire et du Centre social autogéréà Montréal, il s’intéresse aux formes que pourrait prendre une sociétélibertaire au XXIe siècle, en particulier dans le champ de l’économie.

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    L’idéologie de la « fin de l’histoire » discrédite les modèlesalternatifs aux yeux d’une majorité maintenant persuadéequ’il n’y a pas de salut au-delà du capitalisme. La gauchesemble avoir concédé la victoire à l’idéologie libérale et aucapitalisme pour se concentrer sur les aspects plus «politiques»ou «éthiques» de la lutte. Est-ce à dire que la gauche radicalen’a plus d’alternatives économiques à proposer ?

    l’économieparticipaliste

    instinct de liberté

    pascal lebrun

    une alternative contemporaine au capitalisme

    préface de normand baillargeon

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  • PASCAL LEBRUN

    l’économie participaliste

    une alternative contemporaine au capitalisme

    Préface de Normand Baillargeon

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  • La collection « Instinct de liberté », dirigée par Marie- Eve Lamy et Sylvain Beaudet, propose des textes susceptibles d’approfondir la réflexion quant à l’avènement d’une société nouvelle, sensible aux principes libertaires.

    © Lux Éditeur, 2014www.luxediteur.com

    Dépôt légal : 4e trimestre 2014Bibliothèque et Archives CanadaBibliothèque et Archives nationales du QuébecISBN : 978-2-89596-188-8ISBN (epub) : 978-2-89596-676-0ISBN (pdf) : 978-2-89596-876-4

    Ouvrage publié avec le concours du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la sodec. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (flc) pour nos activités d’édition.

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    Préface

    Cette criante urgence de repenser l’économie

    Au printemps 1997, je suis parti en voiture de mon petit village québécois pour me rendre à Woods Hole, au Massachusetts.

    Ce voyage avait un unique but, bien précis : réaliser, pour le quotidien Le Devoir, une subs-tantielle entrevue avec Michael Albert, un homme dont j’ignorais à peu près tout quelques mois aupa-ravant. J’avais cependant récemment lu quelques-uns de ses écrits et ils m’avaient beaucoup intéressé et intrigué. Pour tout dire, ces écrits m’avaient aussi beaucoup donné à méditer – sur le militan-tisme et sur le changement social, notamment, mais surtout sur l’économie. D’où ce voyage.

    Vous vous souviendrez peut-être qu’à cette époque, cet outil aux immenses possibilités qu’est internet sortait des universités où on l’avait créé durant des décennies de travail financé par le public pour enfin se déployer peu à peu dans le grand public. Ce déploiement était, dans une très large mesure, l’œuvre d’entreprises à qui on avait fait ce formidable cadeau et qui allaient, comme

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    c’est si souvent le cas, faire des profits privés avec ce qui avait été développé par des fonds publics – et qui n’aurait pas pu l’être autrement, puis-qu’aucune entreprise n’aurait investi dans une aventure aussi incertaine et aux retombés aussi lointaines qu’improbables.

    Quoi qu’il en soit, c’est grâce à internet que j’avais découvert Z Net, le pendant numérique de Z Magazine, auquel Michael Albert et sa compa-gne, la dramaturge et comédienne Lydia Sargent, consacraient alors beaucoup de temps. Chomsky, que je lisais et admirais depuis longtemps aussi bien comme philosophe que comme militant libertaire, y participait aux côtés de nombreux autres, dont le regretté Howard Zinn (1922-2010).

    Après quelque sept heures de route, je suis arrivé à destination. Et le lendemain, j’ai frappé à la porte de Michael et Lydia.

    Les heures qui ont suivi furent mémorables. Michael m’a exposé ses idées sur un modèle éco-nomique, l’économie participative (l’écopar), qu’il avait conçu avec le professeur d’économie Robin Hahnel, devenu depuis professeur émérite à l’American University (Washington, DC).

    L’écopar, m’a-t-il expliqué, propose rien de moins qu’une autre manière de concevoir et de réaliser les fonctions qu’une économie doit accomplir dans toute société, une manière de faire qui ne soit ni l’économie de marché ni la pla-nification centralisée. Il s’agirait de faire de l’éco-nomie en respectant et en favorisant la mise en œuvre de certaines valeurs tenues pour fonda-mentales, mais que les autres modèles écono-miques ignorent totalement ou, du moins, servent

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    mal. Tout au long de cette entrevue, des mots et des concepts connus et chéris comme « équité », « autogestion » étaient employés, leur sens était précisé ; des concepts nouveaux et stimulants apparaissaient : ensemble équilibré de tâches ; effort ; bien d’autres encore, que vous décou-vrirez ici.

    Les idées de Hahnel et Albert avaient récem-ment été exposées de manière très académique dans A Quiet Revolution in Welfare Economics, paru en 1990. Puis elles avaient été déclinées dans quelques ouvrages et articles destinés au grand public, mais tout particulièrement aux militants. Ces idées viennent d’ailleurs tout juste de faire l’objet d’une bande dessinée1.

    L’article qui est finalement paru dans Le Devoir pourrait bien être le tout premier écrit publié en français au sujet de Michael Albert et de ce que j’avais alors appelé « l’économie participa-tive ». J’ai continué durant toutes ces années à m’intéresser à Michael et à ses idées, pour les mêmes raisons qui m’avaient conduit à Woods Hole.

    ** *

    Depuis, les idées d’Albert, mais tout particuliè-rement celles sur l’économie participative (ou « participaliste », terme privilégié par Pascal Lebrun

    1. Sean Michael Wilson et Carl Thompson, Pare-comic. The Story of Michael Albert and Participatory Eco-nomics, New York, Seven Stories Press, 2013.

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    et que je préfère moi-même utiliser à présent), sur l’écopar, comme on dit couramment, ont donné lieu à un grand nombre d’échanges, de discus-sions, de débats, mais aussi d’efforts de mises en œuvre et d’applications.

    Toutefois, dans notre langue, même si quelques écrits d’Albert sont parus depuis cette époque, l’écopar reste encore peu et trop mal connue. Un des grands mérites du livre que vous allez lire est justement de proposer, pour la pre-mière fois en français, un exposé clair et synthé-tique non seulement des idées mises en avant par ce modèle économique, mais aussi des débats auxquels il a donné lieu.

    Un travail de pionnier n’a parfois que ce mérite, ou peu s’en faut. Mais Pascal Lebrun réus-sit à informer tout en suscitant une réflexion cri-tique plus que bienvenue. À ce propos, je tiens à souligner à quel point, dans les chapitres 6 et 7 consacrés aux nombreux débats auxquels l’écopar a immanquablement donné lieu – chapitres qui sont à mes yeux les plus novateurs et les plus importants de son ouvrage –, l’auteur a su faire preuve de mesure et de perspicacité en portant à notre attention une masse d’informations présen-tée de manière claire et accessible, et en nous don-nant de quoi nourrir une réflexion personnelle sur toutes ces vastes et complexes questions que soulève une aussi ambitieuse théorie.

    Il faut l’en remercier parce que, ce faisant, Lebrun contribue à faire connaître et discuter des idées susceptibles d’enrichir de manière substan-tielle notre réflexion collective sur l’économie et d’inspirer des pratiques pouvant contribuer à

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    résoudre les graves et urgents problèmes auxquels nous sommes collectivement confrontés en matière de production, de consommation et d’al-location de ressources. L’économie de marché, telle que conçue par la pensée néoclassique, semble désormais à peu près le seul horizon théo-rique et politique possible en économie, une situation de pensée quasi unique que dénoncent d’ailleurs ponctuellement des étudiant.e.s et certain.e.s professeur.e.s à l’université.

    Ce quasi-consensus étonne, puisque non seu-lement les insuffisances du marché (comme les externalités négatives, dont le réchauffement cli-matique anthropique est sans doute l’exemple le plus redoutable) sont une donnée théorique admise par tous les observateurs informés, mais aussi, et surtout, parce que l’écart entre le marché théorisé par les économistes et ce qui existe en réalité sous ce nom est immense. Cet écart résulte d’une multitude de facteurs politiques, sociaux et historiques qui font, conjointement, que le mar-ché réel n’a typiquement que peu à voir avec le marché théorisé et surtout invoqué dans les débats politiques.

    Tout ce que cela implique, et qu’on devine sans peine, en termes de distorsions, de semi-mensonges et de propagande, alimente bien entendu une vaste entreprise critique théorique du concept de marché et une dénonciation de l’économie de marché réellement existante. Mais, en général, on en reste là. Cela a comme conséquence étonnante que si la gauche, et cela vaut aussi pour la gauche libertaire, a massive-ment contribué aux gains obtenus au terme des

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    importants combats des 50 dernières années, la question économique, elle, demeure terrible-ment négligée.

    Un immense mérite de l’écopar est précisé-ment de proposer quelque chose de substantiel. Albert et Hahnel ne le font pas avec la conviction de détenir la vérité et de résoudre tous les pro-blèmes que soulève une question aussi vaste et complexe que le fonctionnement d’une écono-mie, mais ils offrent un point de départ à partir duquel il est possible de construire, d’expérimen-ter et de développer de meilleures idées et des pra-tiques plus satisfaisantes.

    À ce propos, il est intéressant de noter que Michael Albert, qui a étudié les sciences au Massachusetts Institute of Technology (MIT), adopte envers son travail cette ouverture au débat critique qui caractérise la science, ce qui l’honore. Les discussions critiques de l’écopar sont ainsi très souvent sollicitées et initiées par lui, et ce qui en résulte se retrouve dans la section de Z Net qui lui est consacrée.

    Il me semble légitime de souhaiter que ces idées soient sérieusement prises en compte, en particulier par les militant.e.s, mais aussi par toutes les personnes qui reconnaissent qu’il est urgent de produire et de consommer autrement. Qu’elles se multiplient, grâce à cette ouverture d’esprit que réclamait Voltairine de Cleyre, au début du xxe siècle. À cette époque, contrairement à ce qui prévaut aujourd’hui, les anarchistes multipliaient les propositions économiques – et Lebrun rap-pelle bien, dans ces pages, comment divers aspects de certaines d’entre elles se retrouvent dans

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  • l’écopar. Devant cette prolifération, de Cleyre, ouverte à toutes mais désireuse de ne pas laisser l’action militante être entravée par des querelles idéologiques, se déclarerait « anarchiste sans qua-lificatif ». Nous devrions, je pense, être exacte-ment cela aujourd’hui, des alter-économistes sans qualificatif, et encourager la multiplication des idées et des pratiques s’inscrivant dans le cadre des valeurs et idéaux que nous défendons et sus-ceptibles de dessiner des voies de sortie de l’im-passe civilisationnelle dans laquelle nous nous trouvons.

    Ainsi, une proposition comme celle que vous allez découvrir dans ce riche ouvrage est un pré-cieux antidote contre le sectarisme, le nihilisme, le cynisme, et contre un militantisme qui trouverait son seul aboutissement dans l’énumération des misères du monde, sans jamais proposer quoi que ce soit.

    J’espère, pour toutes ces raisons, que le bel ouvrage de Pascal Lebrun, qui est un pas dans cette direction, sera reçu avec toute l’attention et toute l’ouverture qu’il mérite.

    Normand Baillargeon

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    Introduction

    La chute du mur de Berlin, événement sym- bolique de l’effondrement des régimes de planification centralisée, a profondément ébranlé l’univers de pensée et d’action de la gauche occi-dentale. De le rappeler semble une évidence autant qu’un cliché. Les effets de ce choc se font encore sentir aujourd’hui, surtout au sein de la gauche radicale qui espère toujours remplacer le capitalisme par autre chose.

    Les quelques régimes non capitalistes qui per-durent sont aux prises avec de graves problèmes économiques et politiques qui les rendent impropres à servir de modèle. La plupart du temps, d’ailleurs, ils se sont progressivement libé-ralisés au point qu’on ne peut plus sérieusement les considérer comme extérieurs au capitalisme. Qui oserait prétendre que la Chine contempo-raine résiste activement au capitalisme ? Et qui viendrait proposer la Corée du Nord comme idéal ? L’idéologie de la « fin de l’histoire » discré-dite les modèles alternatifs aux yeux d’une majo-rité maintenant persuadée qu’il n’y a pas de salut hors du capitalisme. Non pas qu’il soit un bon système ; il n’y aurait tout simplement pas d’autre option.

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    Dans les médias occidentaux, depuis les années 1980, le discours néolibéral s’est imposé comme une représentation vraie et inattaquable de la réalité. Malgré une reprise des mouvements sociaux progressistes et la radicalisation qui a suivi le mouvement altermondialiste et le renou-veau anarchiste, la gauche occidentale peine tou-jours à ébranler ce monopole de pensée en économie politique. Les politiques d’« austérité » provoquent bien de vives résistances – de la Grèce jusqu’à l’Espagne, en passant par le mouvement Occupy et les grèves étudiantes au Royaume-Uni, au Chili et au Québec –, mais l’horizon vers lequel tendent ces luttes demeure flou. On n’y retrouve comme contre-discours économique que des modèles sociaux-démocrates surannés, qui ne motivent de mobilisations importantes que pour « défendre des acquis », et qui ne sauraient répondre aux aspirations de la gauche radicale à l’origine de ces mouvements de protestation. Ces luttes font d’ailleurs de plus en plus face à la répression et n’offrent au mieux d’autre horizon que le maintien du statu quo.

    La gauche semble avoir concédé la victoire à l’idéologie libérale et au capitalisme pour se concentrer sur les aspects plus « politiques » ou « éthiques » de la lutte. Est-ce à dire que la gauche radicale n’a plus d’alternatives économiques à proposer ?

    Pourtant, ne serait-ce que dans la pensée anarchiste classique, on peut trouver plusieurs propositions de systèmes économiques (avec ou sans monnaie, avec ou sans forme de propriété,

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    individualistes ou collectivistes1), et ce, même s’il arrive aux anarchistes de rejeter toute réflexion économique comme capitaliste en soi2. De plus, la pensée socialiste classique regorge elle aussi de projets de société et de propositions écono-miques, dont plusieurs n’ont rien à voir avec le tristement célèbre système soviétique. Plus près de nous, il existe plusieurs propositions contem-poraines3, dont l’avantage est de tenir compte des enseignements sociaux et historiques du xxe siè-cle. La gauche radicale gagnerait énormément à s’intéresser à ces propositions.

    L’option que je me propose ici de faire découvrir est celle de l’économie participaliste (en abrégé, écopar ; en anglais, participatory eco-nomics, en abrégé, parecon). Il s’agit de la propo-sition la plus étoffée parmi celles qui circulent dans les milieux de la gauche radicale. Elle a

    1. On classe généralement les propositions écono-miques anarchistes en trois grandes catégories : le mutuellisme, le collectivisme et le communisme (anar-chiste). J’aborderai chacune d’elles plus loin.

    2. Voir par exemple Baba, Anarchie économique, Lyon, Ateliers de création libertaire, 2011, p. 7-8 et p. 12.

    3. Voir par exemple la démocratie inclusive de Takis Fotopoulos, Towards an Inclusive Democracy : The Crisis of Growth Economy and the Need for a New Liberatory Project, New York, Cassel, 1997 ; ou encore le projet Cybersyn au Chili sous Salvador Allende : Eden Medina, « Designing Freedom, Regulating a Nation : Socialist Cybernetics in Allende’s Chile », Journal of Latin Ameri-can Studies, no 38, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, p. 571-606, http://fr.scribd.com/doc/2522923/Designing-Freedom-Regulating-a-Nation-Socialist-Cybernetics-in-Allendes-Chile

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    http://fr.scribd.com/doc/2522923/Designing-Freedom-Regulating-a-Nation-Socialist-Cybernetics-in-Allendes-Chile

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    soulevé autant de critiques acerbes que d’espoirs mobilisateurs, et elle a été au centre de plusieurs débats. Pourtant, on en parle généralement sans la connaître suffisamment. À cela, rien de surprenant. Les textes, parfois assez obscurs, à son sujet totalisent des milliers de pages, sans comp-ter les innombrables débats et commentaires que l’on peut trouver sur internet4, et le tout est presque uniquement en anglais. Il n’existe aucune synthèse critique de cette option, et encore moins en français. De plus, malgré une telle abondance d’écrits, bien des aspects de l’écopar demeurent plutôt nébuleux. C’est pour tenter de remédier à ces lacunes que j’ai écrit ce livre.

    Quand j’ai commencé à m’y intéresser, je pensais que l’écopar répondait bien aux critères éthiques des anarchistes et de la gauche libertaire en général, mais qu’elle n’était pas opérationnelle, ne croyant pas trop en la planification écono-mique. On verra dans les chapitres qui suivent que j’ai eu à nuancer cette impression.

    Le présent ouvrage tentera d’expliquer suffi-samment en détail, mais le plus simplement pos-sible, ce qu’est l’écopar, ce que seraient son fonctionnement et le projet de société qu’elle pro-pose. Nous nous pencherons d’abord sur ses ori-gines et ses valeurs, pour ensuite aborder sa structure et son fonctionnement. Les troisième et quatrième chapitres traiteront successivement de son projet de société et de ses inspirations idéolo-

    4. Plusieurs de ces débats et commentaires sont regroupés sur le site internet de ZCommunications : www.zcomm.org/zcom-debates

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  • giques et théoriques. Enfin, nous examinerons la stratégie d’instauration prônée par ses partisan.e.s, ainsi que quelques exemples concrets d’expéri-mentation. La dernière partie de l’ouvrage sera consacrée à l’analyse, à la critique et aux débats qui entourent l’écopar.

    Avant de nous lancer dans cette aventure, je me dois encore de préciser que je considère l’éco-nomie comme partie intégrante de la sphère sociale, au même titre que le politique. Par « éco-nomie », j’entends tout ce qui se rapporte à la pro-duction, à la distribution et à la consommation des biens et services dans la société ; une relation économique s’incarne toujours matériellement, bien que le sens qui lui est donné change selon la société.

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  • Dans la collection« Instinct de liberté »

    – Normand Baillargeon, L’ordre moins le pouvoir– Normand Baillargeon, Les chiens ont soif– Normand Baillargeon, Éducation et liberté. Anthologie,

    Tome I, 1793-1918– Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense

    intellectuelle– Anselme Bellegarrigue, Manifeste de l’anarchie– Noam Chomsky, De l’espoir en l’avenir– Noam Chomsky, Instinct de liberté– Noam Chomsky, Un monde complètement surréel– Voltairine de Cleyre, D’espoir et de raison. Écrits d’une

    insoumise– Collectif, Nous sommes ingouvernables. Les anarchistes au

    Québec aujourd’hui– Thomas Déri et Francis Dupuis-Déri, L’anarchie expliquée

    à mon père– Francis Dupuis-Déri, Les Black Blocs– Coco Fusco, Petit manuel de torture à l’usage des

    femmes-soldats– David Graeber, Comme si nous étions déjà libres– David Graeber, Pour une anthropologie anarchiste– John Holloway, Changer le monde sans prendre le pouvoir– Mathieu Houle-Courcelles, Sur les traces de l’anarchisme

    au Québec (1860-1960)– Errico Malatesta, L’anarchie– Norman Nawrocki, L’anarchiste et le diable (récits)– Élisée Reclus, L’évolution, la révolution et l’idéal

    anarchique– Bertrand Russell, Le monde qui pourrait être– Michael Schmidt, Cartographie de l’anarchisme

    révolutionnaire– James C. Scott, Petit éloge de l’anarchisme– Howard Zinn, La mentalité américaine. Au-delà de Barack

    Obama

    Economie_participaliste.indd 299Economie_participaliste.indd 299 14-09-03 10:2114-09-03 10:21

  • cet ouvrage a été imprimé en septembre 2014 sur les presses des ateliers de l’imprimerie gauvin pour le compte de lux, éditeur à l’enseigne d’un chien d’or de légende dessiné par robert lapalme

    Le texte a été mis en page par Claude Bergeron

    La révision du texte a été réalisée par Robert Laliberté

    Lux ÉditeurC.P. 60191

    Montréal, Qc H2J 4E1

    Diffusion et distributionAu Canada : Flammarion

    En Europe : Harmonia Mundi

    Imprimé au Québecsur papier recyclé 100 % postconsommation

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  • Depuis l’échec du communisme soviétique, très peude solutions économiques ont été proposées pourremplacer le capitalisme. Dans la dernière décen-nie, toutefois, la gauche radicale s’est remise à formulerdes propositions pour une organisation plus démocra-tique et égalitaire de l’économie. L’économie participaliste(ou « écopar »), développée aux États-Unis par MichaelAlbert et Robin Hahnel, est l’une des plus convaincantes.Pascal Lebrun offre au public francophone la première

    synthèse présentant l’économie participaliste. Il expose sesfondements philosophiques, théoriques et idéologiquesainsi que son fonctionnement. Procédant du même souffleà son analyse critique, il établit dans quelle mesure l’écoparpeut véritablement contribuer à l’avènement d’une sociétélibre, viable économiquement et écologiquement.

    «Une proposition comme celle que vous allez découvrirdans ce riche ouvrage est un précieux antidote contre lesectarisme, le nihilisme, le cynisme. »

    Normand Baillargeon, extrait de la préface

    Pascal Lebrun est doctorant en science politique à l’Université d’Ottawa.Militant du collectif de la Pointe libertaire et du Centre social autogéréà Montréal, il s’intéresse aux formes que pourrait prendre une sociétélibertaire au XXIe siècle, en particulier dans le champ de l’économie.

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    L’idéologie de la « fin de l’histoire » discrédite les modèlesalternatifs aux yeux d’une majorité maintenant persuadéequ’il n’y a pas de salut au-delà du capitalisme. La gauchesemble avoir concédé la victoire à l’idéologie libérale et aucapitalisme pour se concentrer sur les aspects plus «politiques»ou «éthiques» de la lutte. Est-ce à dire que la gauche radicalen’a plus d’alternatives économiques à proposer ?

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    une alternative contemporaine au capitalisme

    préface de normand baillargeon

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    L’économie participalistePréfaceIntroduction

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