edito le journal d’un journal - armentieres.fr

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20 1 Edito Notre temps fort « Armentières en bulles » approche et comme chaque année, le comité de lecture s’est passionné pour la bande dessinée…et pour cette édition la sélection fut « multi-genre » : de la bande dessinée « campagnarde » (le Viandier de Polpette) à la BD journalistique (Journal d’un journal) en passant par le témoignage historique (Julia Von Kleist), vous trouverez plaisir à (re) découvrir la richesse du 9ème art. Quant au secteur MAV, le film « We want sex equality » a fait sensation et le dernier album de Laurent Voulzy démontre, s’il le fallait encore, le talent de cet artiste. Bonne lecture, L’équipe de la médiathèque TOYER Roman policier / Gardner MCKAY / éd. Le Cherche midi Lu par Aline CARDON Toyer ne tue pas ses victimes mais il joue avec elles avant de les laisser en état de mort cérébrale. Maud est neurologue et tente de les soigner. Un jour, de rage et de frustration, elle accepte la proposition d'une journaliste et commence à correspondre avec lui par médias interposés. L'histoire est originale, tout comme le style d'écriture : phrases brèves, chapitres courts qui donnent du dynamisme au roman. L'intrigue est bien menée et la tension va crescendo jusqu'au milieu du roman. A ce stade, le lecteur voit soudain apparaître de nouveaux personnages secondaires et il n'est pas difficile de deviner lequel est Toyer. Dans la seconde moitié de l'histoire, l'auteur se perd dans une étude psychologique de ses personnages qui est laborieuse et semble écrite pour "rallonger la sauce". Avis mitigé pour ce roman, 50% intéressant, 50% ennuyeux. LE JOURNAL D’UN JOURNAL Bande dessinée / Mathieu SAPIN / éd. Delcourt Lu par Céline LEROUX Après avoir passé plusieurs mois en ‘infiltré’ dans le journal Libération, à observer les différents services, Mathieu Sapin nous retranscrit ses impressions et découvertes au travers de cette BD assez complète et agréable à lire. Dès le départ, le sujet m’intéressait beaucoup et je n’ai pas été déçue par le traitement de la BD même s’il reste assez anecdotique. L’idée de passer plusieurs mois en reportage à l’intérieur du journal est assez intéressante et l’on découvre beaucoup de choses sur le fonctionnement des services, les partages de responsabilités, les différents postes existants… Malgré tout, l’essentiel du contenu a plus trait à l’anecdote, la petite phrase ou le détail soi-disant comique… Ce qui rend la BD parfois décevante ou laisse le lecteur sur sa faim. Le dessin ne m’a pas non plus enthousiasmé… Les personnages sont dessinés ou caricaturés grossièrement et les cases souvent surchargées.J’ai cependant passé un bon moment à lire cette BD bien que je regrette le côté un peu futile ou superficiel qui ressort parfois de la lecture.

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Page 1: Edito LE JOURNAL D’UN JOURNAL - armentieres.fr

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EditoNotre temps fort « Armentières en bulles » approche et comme chaque année, le comitéde lecture s’est passionné pour la bande dessinée…et pour cette édition la sélection fut« multi-genre » : de la bande dessinée « campagnarde » (le Viandier de Polpette) à la BDjournalistique (Journal d’un journal) en passant par le témoignage historique (Julia VonKleist), vous trouverez plaisir à (re) découvrir la richesse du 9ème art.Quant au secteur MAV, le film « We want sex equality » a fait sensation et le dernier albumde Laurent Voulzy démontre, s’il le fallait encore, le talent de cet artiste.

Bonne lecture,L’équipe de la médiathèque

TOYERRoman policier / Gardner MCKAY / éd. Le Cherche midi

Lu par Aline CARDONToyer ne tue pas ses victimes mais il joue avec elles avant de leslaisser en état de mort cérébrale. Maud est neurologue et tentede les soigner. Un jour, de rage et de frustration, elle accepte laproposition d'une journaliste et commence à correspondreavec lui par médias interposés.L'histoire est originale, tout comme le style d'écriture : phrases brèves,chapitres courts qui donnent du dynamisme au roman. L'intrigue estbien menée et la tension va crescendo jusqu'au milieu du roman. Ace stade, le lecteur voit soudain apparaître de nouveaux personnagessecondaires et il n'est pas difficile de deviner lequel est Toyer. Dans laseconde moitié de l'histoire, l'auteur se perd dans une étudepsychologique de ses personnages qui est laborieuse et semble écritepour "rallonger la sauce". Avis mitigé pour ce roman, 50% intéressant,50% ennuyeux.

LE JOURNAL D’UN JOURNAL Bande dessinée / Mathieu SAPIN / éd. Delcourt

Lu par Céline LEROUXAprès avoir passé plusieurs mois en ‘infiltré’ dans le journalLibération, à observer les différents services, Mathieu Sapin nousretranscrit ses impressions et découvertes au travers de cetteBD assez complète et agréable à lire. Dès le départ, le sujet m’intéressait beaucoup et je n’ai pas été déçuepar le traitement de la BD même s’il reste assez anecdotique. L’idéede passer plusieurs mois en reportage à l’intérieur du journal estassez intéressante et l’on découvre beaucoup de choses sur lefonctionnement des services, les partages de responsabilités, lesdifférents postes existants… Malgré tout, l’essentiel du contenu a plustrait à l’anecdote, la petite phrase ou le détail soi-disant comique…Ce qui rend la BD parfois décevante ou laisse le lecteur sur sa faim.

Le dessin ne m’a pas non plus enthousiasmé… Les personnages sont dessinés ou caricaturésgrossièrement et les cases souvent surchargées.J’ai cependant passé un bon moment à lire cette BDbien que je regrette le côté un peu futile ou superficiel qui ressort parfois de la lecture.

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SHAKESPEARE, C’EST MOIRoman / Brunhilde JOUANNIC / éd. Max Milo

Lu par Céline LEROUXBiographie romancée du supposé auteur des pièces deShakespeare, Edward de Vere, 17e comte d'Oxford, poète reconnuqui vécut de 1550 à 1604. Colérique, meurtrier, aimant autant lesprostituées que les jeunes éphèbes, son histoire semble aussitumultueuse que son oeuvre.Un roman passionnant qui m’a captivée dès le début. L’intrigue surl’identité de Shakespeare et la lutte pour la préserver ne m’a pourtantpas séduite et m’a semblé vraiment secondaire face au récit fascinantde la vie de ce personnage si fantasque et extrême dans ses choix etmodes de vie. Très bien écrit, le roman dépeint une société coincée entreles règles de la cour, de la bienséance et des enjeux de pouvoir d’un côté; et de l’autre, une vie de décadence, de tentations, de prises de risques

et de jouissance extrême. Un savant mélange dans lequel se débat le personnage principal qui faitpreuve d’une grande modernité. Tour à tour insupportable, détestable, et attachant ou encorepathétique, Edward de Vere est un personnage de fiction à lui seul qui construit sa vie comme dansune pièce de théâtre.

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LE CLUB DU SUICIDE Bande dessinée / BALOUP et VACCARO / éd. Soleil

Lu par Virginie CAUBERGHSEn quête d’aventures extravagantes et d’intrigues, le princeFlorizel et son bras droit découvrent dans les quartiers deLondres un club de jeux dont la mise d’une partie de cartes est lamort d’un des joueurs.Dès le début de ma lecture, je me suis perdue dans les personnages quise ressemblent tous mais aussi dans l’intrigue qui est divisée en troisparties avec des lieux différents, mais des protagonistes récurrents. Jen’ai pas saisi tout de suite qu’il y avait trois histoires en une tant lestransitions étaient floues. Le graphisme à l’aquarelle est joli dans sonensemble mais du fait de ces tons continus de sépia, on distingue malles personnages dans leurs détails. J’ai donc terminé cette lecture avecbeaucoup d’incompréhension et une envie de finir vite.

LE DROIT CHEMIN Bande dessinée / LUPANO, TANCO, LORIEN / éd. Delcourt

Lu par Aline CARDONL'histoire se déroule dans une institution formant des jeuneshommes au métier d'agriculteur. Dusquenne y est élève etamoureux de la fille du Comte vivant non loin de là. Un jour, unnouvel élève nommé Valard va lui donner l'occasion del'approcher enfin...Le scénario et le graphisme sont très plaisants. Et l'histoire de ce tome1, en apparence banale, se termine sur un mystère. De quoi donnerenvie de lire la suite de cette sympathique bande dessinée.

JULIA VON KLEIST Bande dessinée / DJIAN et MARIVAIN / éd. Proust

Lu par Nadine COUAILLIERCette trilogie en bande dessinées permet d’observer la montéedu nazisme à travers le prisme d’un couple allemand ; elle, filled’un riche industriel, et lui, noble désargenté et ancien héros deguerre.On ressent vraiment la montée de la violence dans la société au furet à mesure des trois tomes et le scénario permet d’aborderbeaucoup d’événements qui ont eu lieu. L’endoctrinement de lapopulation et l’aide des industriels à l’installation d’Hitler au pouvoirsont très bien exposés. On y montre aussi comment les Allemandsdeviennent « prisonniers » en quelque sorte dans un pays où certainsrévèlent le pire en eux grâce aux pouvoirs nazis et d’autress’organisent pour résister. Cette oppression est tangible jusque dans

les arrière-plans ! Un dossier réalisé par la directrice des affaires culturelles du Mémorial de Caenclôture de façon très intéressante chaque tome. Le seul bémol pour moi : le manque de finesse destraits de visage des personnages qui, parfois, m’a fait perdre le fil. Un détail technique qui cependantn’enlève rien à l’intérêt historique de cette BD.

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LES ENFANTS DE JESSICA : T.1 LE DISCOURSBande dessinée / BRUNSCHWIG / HIRN / éd. Futuropolis

Lu par Vincent SOUVERAINNous sommes en 2007, Jessica Ruppert, maire de New York, etsecrétaire aux affaires sociales du nouveau gouvernement,s'apprête à prononcer dans l'hémicycle du Congrès à Washington,un discours (titre de ce tome) historique ! Toutes les télévisionset radios sont en place, les citoyens à l'écoute, et ses ennemis àl'affût.Cette BD, assez courte, est cependant très rythmée et laisse entrevoirune intrigue politico-sociale complexe, car en effet plusieurs tomes vontsuivre. Plusieurs personnages ayant un rôle important à jouerinterviennent, d’où une narration à plusieurs niveaux. C’est davantagel’ambiance que le récit qui m’a frappé dans cette lecture, même sil’intrigue est prometteuse. Une ambiance tendue et malsaine où la

violence atteint parfois des paroxysmes, mais aussi des espérances. Cette ambiance est très bienrendue par le dessinateur. Les personnages sont émaciés et leurs émotions sont perceptibles. Lescouleurs dominantes sont des nuances d’ocres et de bleus, rendant à la fois un effet agressif et doux.Les jeux d’ombres et de lumières sont nombreux renforçant ainsi l’intrigue qui se dessine. Ce quiressort de ce 1er tome est donc une multitude de contrastes : contrastes dans le récit à l’imaged’un pays socialement divisé et d’une femme politique portée aux nues par ses partisans et détestéepar ses opposants. Contrastes parfaitement illustrés graphiquement. Mon sentiment, lui, n’est pasvraiment contrasté, c’est une intrigue qui sans donner de réponses, donne envie de lire les autrestomes.

COMME VACHE QUI PISSE ET AUTRES EXPRESSIONS ANIMALES

Documentaire / François LASSERRE, Roland GARRIGUE / éd. Delachaux et Niestlé

Lu par Nadine COUAILLIER« Tomber dans la gueule du loup », « avoir des fourmis dans lesjambes», « être fait comme un rat »… .Autant d’expressions souventamusantes que j’ai souvent entendues (et pratiquées) depuis monenfance. Et bien justement, ce petit livre « enfantin » (les illustrationsle sont) plein de fraîcheur, a su m’amuser en me faisant (re)découvrirl’origine (réelle ou probable de près d’une centaine d’expressionsfrançaises. Educatif et joyeux !

GLACÉRoman policier / Bernard MINIER / éd. XO

Lu par Virginie CAUBERGHSDans le décor enneigé des Pyrénées, le commandant SERVAZenquête sur le crime pas ordinaire d’un cheval découvert sans tête,près du lieu d’une unité psychiatrique remplie de criminels soushaute surveillance.Dès les premières pages, j’étais plongée dans l’atmosphère glacée commel’indique le titre, au point d’en avoir des frissons et de remonter macouette. L’enquête menée par le commandant Servaz, personnage écorchéet attachant, nous emmène dans une intrigue très prenante, pleine derebondissements et de fausses pistes. Parallèlement à son enquête, onévolue aussi dans le milieu des criminels psychopathes au travers des yeuxd’une psychologue fraîchement arrivée dans l’institut. L’univers

psychiatrique y est très bien décrit tout en restant à la portée du lecteur avec un vocabulaire adapté.L’écriture est soignée, fluide, le suspens toujours ménagé, les personnages bien introduits et à leurplace et quand on pense avoir découvert le criminel, on se rend compte au dernier moment qu’ons’est complètement trompé. C’est un thriller comme je les aime et c’est un premier roman alorsvivement le second !

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LES LONGUES TRAVERSÉESBande dessinée / Bernard GIRAUDEAU et Christian CAILLEAUX /

éd. Aire libreLu par Vincent MINNE

C’est l’histoire de 2 marins : Théo, ancien marin devenu écrivainet Diego, matelot à quai d’origine angolaise. Les 2 hommes serencontrent à Lisbonne et partagent leurs rêves. Ils évoquentles femmes, l’amour, la mer, les voyages …Un récit poétique. Le dernier de l’acteur Bernard Giraudeau, mort en2010, avant la parution de la BD. Ayant démarré sa carrière dans lamarine, la mer est un thème qui lui est cher. Les dessins, souvent degrands formats, sont d’une grande beauté ; toujours très simples maisefficaces. Du texte et des dessins ressort la force de cette amitiéentre nos 2 marins. Avec les thèmes évoqués, l’utilisation fréquentede couleurs froides et de scènes d’obscurité se dégage une tristesseet une mélancolie.

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LA TOUR D’ARSENICRoman/ Anne B. RADGE/ éd. Balland

Lu par Lucie BOIVINLe livre s’ouvre sur la mort de Malie, ancienne comédienne,chanteuse de cabaret à la gloire éphémère, détestée par sa filleRuby, son fils Ib et adorée tout au moins aimée par sa petite filleTherese…Au fil des chapitres, on remonte le temps à travers la peinture despersonnages de ce livre. On traverse également la Norvège, leDanemark et leur histoire. Pourquoi Malie est-elle détestée d’un côté etadorée de l’autre ? Toute sorte de thèmes sont abordés dans cette sagafamiliale qui dévoile peu à peu l’histoire de cette femme hors ducommun. L’auteur y joue avec le lecteur dans sa façon de le déconcerter(par exemple avec les chapitres qui ne se suivent paschronologiquement, le langage parfois poétique, parfois cru…). On ytrouve de l’humour, de la tragédie, du dialogue et de la narration. Ce

roman est donc agréable à lire mais après avoir lu la « Trilogie de Neshov » et « Zona Frigida », ilest un peu attendu et moins cohérent…

VOYAGE AUX ÎLES DE LA DÉSOLATIONBande dessinée / Emmanuel LEPAGE / éd. Futuropolis

Lu par Vincent SOUVERAINEmmanuel Lepage rapporte sous forme de dessins sonvoyage effectué en Terres Australes et AntarctiquesFrançaises (les TAAF) à bord du Marion Dufresne en 2010: îles de Crozet, d’Amsterdam et surtout de Kerguelen,jadis surnommées les îles de la désolation……Et pour cause, ce qui frappe en 1er tant par le dessin quepar le récit c’est la rudesse, l’hostilité et le mystère de ces îlesainsi que le sentiment d’infini qui entoure l’équipage. Elles nesont peuplées que de scientifiques de tout domaine (éthologues,manchologues…) qui se relaient après des mois de missions.Les personnages sont en effet souvent inquiets et à l’image deleurs traits tirés, on a l’impression qu’un drame peut survenir àtout moment. Le dessinateur croque les paysages, les animaux,mais surtout les hommes et les femmes. On sent dans sesdessins une réelle admiration pour leur travail. Le tout donne un

ensemble de planches souvent impressionnantes, singulières et variées : illustrations, esquisses,portraits, croquis, peintures, aquarelles ; en couleurs, en noir et blanc ou en sépia pour les partieshistoriques. Un travail harmonieux et un récit très complet et intense qui emmène le lecteur au boutdu monde et le coupe un instant de ses préoccupations.

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UN PÈRE IDÉALRoman policier / Paul CLEAVE/ éd. Sonatine

Lu par Vincent MINNEEdward Hunter est un comptable sans histoires qui vit à Christchurchen Nouvelle-Zélande. Pourtant, son passé est lourd ! Son père, 20 ansplus tôt, a massacré de nombreuses prostituées et purge sa peine enprison. Edward traine ce passé comme un boulet et ne veut plus enentendre parler ! Quelques jours avant Noël, sa femme estsauvagement assassinée. Devant l’inertie de la Police, il décide de fairejustice lui-même et prend conseil auprès d’un spécialiste : son père !Une folle semaine commence…Un thriller sombre, haletant, original. Les rebondissements sont nombreux ;l’humour aussi est présent. Le héros est attachant ; il faut dire que la vie ne

lui a pas fait de cadeaux ! Un roman qu’il est difficile de lâcher. On reste scotché pendant les 406pages. L’instinct de tueur est-il vraiment héréditaire ?

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SISTEMA SUBVERSIVAMusique du monde / DA CRUZ / Six Degrees Records, 2011

Ecouté par Catherine NUTCHEYDa Cruz est né de la rencontre entre la chanteuse de Bossanova Mariana Da Cruz et le beatmaker Ana H du groupeélectro suisse «Swamp Terrorists ». Un quartet s’est ensuiteconstitué avec Pit Lee et Olivier Hussmann, respectivementbatteur et guitariste. Ils ont voulu créer quelque chose denouveau avec l’influence brésilienne de la chanteuse et l’électrojazz funk pour les Suisses. Avec ce 3e album, Da Cruz pourrait bien prendre une nouvelle

dimension. On navigue entre titre pour dancefloor tel que « Boom Boom Boom » et d’autres pluslounge. Tout en explosant les frontières musicales, ils explorent la musique éthiopienne avec «Ethiopia » ou encore afro beat avec « Tudo bem aqui ». Ils réactualisent avec jouissance « Warmleatherette » déjà repris par Grace Jones. Da Cruz, c’est une dose de caféine bien tassée. Mettre levolume à fond et ouvrir vos fenêtres, cela permettra à vos voisins d’oublier la crise !

GECECONDU Musique du monde / BABA ZULA, Doublemoon / Essay Recordings, 2011

Ecouté par Daphné GOURVITCHGececondu (qui veut dire 'quartier de squats' en turc) a été produità Istanbul en 2010 par Baba Zula. Ce groupe symbolise lerenouveau culturel de la Turquie. Il a été révélé dans le film «Crossing the Bridge » de Fatih Akin en 2005. Il allie des sonspsychédéliques avec des instruments traditionnels tels que le saz(luth à manche long ou court d’origine turc), l’oud (luth oriental), ledarkuka (grand tambour), cymbales, gongs et flûtes typiques. Letout est passé à la moulinette electro dans une fusion enivrante etdélibérément orientalisée avec des voix indiennes pour certains

morceaux comme Butterflies birds, où l’on croit entendre le rythme des tablas. On peut citer desmusiciens tels que Murat Ertel pour les cordes, Cosar Kamçi pour les percussions, Elena Hristovapour les chants. Des musiciens étrangers ont également participé à l’élaboration de ce disquecomme Titi Robin, Cem Yildiz, Todx A et un collectif electro allemand, Alcalica. A écouter toutparticulièrement les pistes 2- (Butterflies birds), 3- (Worried leaf, avec une chanteuse dont lesvibrations font penser à Fairez), 4- (Hopce intro, un très beau solo de cordes) et le sixième titre, enfrançais, Le furet dans la forêt en feu. Voici donc un très intéressant mélange des genres musicaux !A découvrir !

MON POTEComédie dramatique / Réal. Marc ESPOSITO, 2010

Vu par Catherine NUTCHEYCe film est en partie autobiographique. Marc Esposito, Victor(Edouard Baer) patron d’une revue automobile, lors d’uneconférence en prison, rencontre Bruno (Benoît Magimel) ancienbraqueur et passionné de voiture. Celui-ci lui glisse un papier dans lapoche. De là, le sort des deux hommes va être lié. Si Victor embaucheBruno, il bénéficie d’une semi conditionnelle. Une sorte de coup defoudre s’opère, les 2 hommes vont devenir potes à la vie à la mort.La scène où Bruno conduit une formule 1 sur un circuit nous montreun B. Magimel émouvant et sincère, enfin il réalise son rêve de gossegrâce à Victor. Le film se bâtit en 2 temps, la réinsertion de Bruno etla sortie de route de nos deux compères. Servi par un Calogéro qui

signe sa première bande originale, loin de ses mélodies, avec une musique puissante et parfoisanxiogène qui colle à la peau du film.Marc Esposito reste fidèle à son thème favori, l’amitié au masculin et réunit deux sensibilitésdifférentes. Un Benoît Magimel brut de décoffrage à la grande sensibilité et Edouard Baer malgrésa légèreté, révèle un personnage plus sombre qu’il n’y paraît. Le scénario est bien ficelé et ce filmse laisse voir agréablement, sans ennui…

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FLÉTRISSURESRoman policier / Nelle NEUHAUS / Actes Sud

Lu par Bérengère SÈDEFrancfort de nos jours. Un vieil homme de 92 ans estsauvagement assassiné chez lui, le chiffre 16145 tracé avecson sang sur le mur. David Goldberg était une richepersonnalité juive de la ville, rescapée de l’holocauste.L’autopsie révèle sur le corps la trace d’un tatouageimpossible : celui de son groupe sanguin, prouvant qu’il aappartenu aux SS dans sa jeunesse…Polar à la mise en scène très recherchée. Toutes les pistes noussont exposées avec intelligence et l’intrigue est finementconstruite. L’étude des personnages, tant policiers que suspects esttrès poussée. Les personnages secondaires ont aussi beaucoup deconsistance. La tension monte crescendo et il faut attendre les 30dernières pages pour que tout se mette en place. J’ai trouvé quece roman reprenait les codes des polars nordiques avec desdigressions sur la vie des personnages et souvent l’auteur prend letemps de les décrire, de nous faire connaître leur vie privée, leurs

moteurs, leur parcours. Toutefois, le rythme très rapide de l’action nous rappelle les polars américainsavec un tas de rebondissements. Le sujet aussi est intéressant car traité par une auteur allemande,en devoir de mémoire et de justice même après 70 ans. L’écriture est limpide, la lecture aisée,beaucoup de profondeur dans l’intrigue, roman très documenté pour un thème courageux et réalistede l’histoire allemande. Bref, un très bon polar avec une équipe d’enquêteurs attachants.

OCEANS Film documentaire / Réal. Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD, 2011

Vu par DAPHNE GOURVITCHAvec Océan, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, les deuxcompères du Peuple migrateur nous immergent cette fois dansune incroyable odyssée d’une heure quarante où les seulsinterprètes sont les animaux marins. Pas de commentaires ni denarration. L’idée étant d’évoluer avec les espèces aquatiques etnon pas seulement de les filmer dans leur élément naturel, dedonner réellement au public le sentiment de faire parti de cetunivers maritime. Pour cela des techniques sophistiquées ont étémises en place et quatre années de travail ont été nécessaires àla réalisation du film ainsi que la participation de quatre centtechniciens et cameramen. Rien n’aurait non plus été possiblesans l’ingéniosité des hommes qui ont inventés des camérascomme « la torpille » dite Jonas pour simuler un corps depoisson.On évolue donc dans des eaux incroyablementtempétueuses, comme le font dauphins, baleines blanches,

calamars géants et autres spécimens extraordinaires. On plonge avec les cormorans, les otaries, oncontemple les remous des vagues à l’affût sur des rochers en compagnie des iguanes. Magnifiqueballet aquatique et tellement vivant, en contraste absolu avec la fin où on atterrit dans un muséed’espèces disparues ! Cela nous renvoie bien entendu à la destruction perpétrée par l’homme avecla pêche industrielle et la pollution. Même si ce sentiment nous ébranle, on ne peut pas oublier quecette vie tumultueuse est là et bien là ! Les majestueux panoramas des îles Galápagos en passantpar des archipels perdus au milieu des océans, jusqu’aux rivages de l’Arctique, la danse incessantedes espèces marines nous livre toute la beauté du monde ! A voir aussi le making off du film etl’interview de Jacques Perrin aussi intéressants et instructifs que son documentaire grandiose. Ce film a pu aussi être réalisé grâce à des sponsors aussi divers que surprenants tels que laFondation Total, la Fondation Liliane Bettencourt, EDF, Véolia, L’Institut Océanographique de Monaco,le Crédit Agricole…

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LE MOINE Thriller / Réal. Dominik MOLL / 2011

Vu par Gaspard RAVATDans l’Espagne catholique du XVIIe siècle, Frère Ambrosio(interprété par Vincent Cassel) a développé dès son plusjeune âge des talents pour la prédication. Il est presqueconsidéré comme un « héros mystique » par la populationaux alentours. Déposé devant l’entrée d’une église lorsqu’ilétait encore en bas-âge, ce sont des moines qui l’ont élevé.Depuis sa plus tendre enfance, il a voué sa vie au service deDieu.Dans le monastère, sa dévotion religieuse est tellement «puissante », qu’il devient presque un saint. Mais un jour,l’arrivée d’un homme masqué vient bouleverser sonexistence. Il va bientôt se convertir au « mal » en cédant à latentation de la chair, en commettant un meurtre et en étantl’origine d’un deuxième. C’est l’esprit malin, présent dès lapremière scène, qui l’a conduit à commettre ces exactions.Tout au long du film, on perçoit de plus en plus la fragilité dupersonnage. Ce moine n’a jamais connu les caresses d’une

mère, ni l’amour d’une femme. Il ne s’est jamais tourné vers lui-même, il ne sait pas qui il est.Ambrosio succombe petit à petit.En regardant ce film, vous découvrirez quels liens le relient directement à ses victimes… « Satan ale pouvoir que l’on veut bien lui donner », cette phrase énoncée par ce moine au début du filmconstitue le fil rouge de l’histoire. Ce long métrage, adapté du roman éponyme écrit par Matthew G.Lewis (en 1796), est troublant. Précisons aussi que les symboles liés à la religion et à la mythologieabondent dans ce récit fictif.

TRILOGIE : CHOPIN, DEBUSSY , RAVEL Musique classique / Samson François, EMI Classics / 2011

Ecouté par Gaspard RAVATLes performances de Samson François resteront à jamaisgravées dans toutes les mémoires des amateurs de musiqueclassique. Très tôt, cet homme aux « doigts d’or » fut reconnupar ses pairs comme un pianiste brillantissime. En Russie, onl’admirait ; sachant que ce pays témoigne d’une exigenceabsolue quant à la qualité des prestations des musiciens.C’est un grand artiste qui sut servir avec grâce les plusgrands compositeurs de l’ère romantique (et bien d’autres).Ce cd, que je vous recommande vivement, regroupe desenregistrements studios des interprétations de trois

compositeurs : Chopin, Debussy, Ravel. Sublime ! Il y a dans le jeu de Samson François une lumière,du lyrisme, de la poésie, une clarté et un bagou incroyable. Il eut notamment comme professeursAlfred Cortot et Marguerite. Ce pianiste génial est décédé en 1970, à l’âge de 46 ans. Pour cetteprésente édition, la maison de disque EMI a entièrement remasterisé les pistes, pour notre plusgrand bonheur.

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SO MUCH TROUBLE Rock, variété internationale / IZIA, Universal music France, 2011

Ecouté par Christine HANNEDOUCHEEn octobre 2009, je présentais le premier album d’Izia Higelin,consacré par 2 victoires de la musique en mars 2010 (albumpop rock et révélation sur scène). Je reviens donc à la chargeavec ce deuxième opus.Le premier titre annonce la couleur de l’album, une tornade de riffsde guitares agressives sur lesquels Izia pose sa voix avec justesseet puissance. Vous l’avez compris, la tonalité est résolument rock.L’ensemble basse/guitare/batterie laisse toutefois quelques placesaux cordes. Aussi nous accorde t-elle des titres davantage pop, plusdoux, et mélodieux. Les arrangements sont soignés. A l’image du

Python qu’elle porte, je suis définitivement domptée… (Izia est de passage dans la région le 7 février2012 à l’Aéronef, Lille, pour 28 euros).

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SUBMARINO Drame / Réal. Thomas VINTERBERG, 2011Vu par Christine HANNEDOUCHEDeux frères mènent dans la même ville des existences parallèlesséparées à jamais par les blessures de l’enfance. Pourront-ils un jourse retrouver et changer le cours de leur destin ?Septième réalisation de Thomas Vinterberg (Festen pour les connaisseurs),le film est tiré d’un roman éponyme d’un jeune écrivain danois. Le titre faitréférence à la pratique de la noyade. Le film, très sombre, parle de ceux quine remontent jamais à la surface. Le manque d’amour reçu, drogue, inceste,meurtre, automutilation, la violence triste transpire à chaque plan. Lapremière partie, sans compter la scène d’ouverture juste énorme, dresse leportrait de Nick, à la recherche de son frère, lequel sera le sujet d’une

seconde partie pour conclure dans l’ironie la plus absolue. Tout l’enjeu du film se situe dans l’humain,dans la justesse des personnages et de leurs liens. La mise en scène est solidement conduite sur desflash-back subtilement amenés. Agnès Obel apporte sa sensibilité dans ce monde de brute écrasantde réalisme et appuyé par la lumière pâle du grand Nord et sa froideur. Ames sensibles s’abstenir.

FROM LULU TO GAINSBOURGChanson française / Lulu GAINSBOURG, 2011

Ecouté par par Laurent DEWUITECe n’était pas gagné mais le pari est à mon sens réussi. N’étantpourtant pas fan des reprises et des albums hommage, jem’attendais au pire. Le fait que Lulu Gainsbourg ne sussure plusqu’il ne chante évite la catastrophe. En fait cela sied même plutôtbien aux univers jazzy et salsa dont sont ici teintés les reprises dugrand Serge. La liste des « contributions » est impressionnante(l’inévitable Matthieu Chedid, Johnny Depp, Vanessa Paradis, RufusWainwright…). Mentions spéciales pour « Initials BB » où Iggy Popfait furieusement penser à Arno, « Manon » par Marianne Faithfull,où sa voix inimitable fait merveille sur cette reprise jazzy, « Ne disrien » par Lulu et Mélanie Thierry, et « La Noyée » toujours parLulu mais en solo…

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PATERCinéma d’auteur / Réal. Alain Cavalier, 2011

Vu par Laurent DEWUITEC’est l’histoire d’un film en train de se faire. Vincent Lindon et AlainCavalier, buvant du bordeaux dans un bar d’hôtel, se demandent quelfilm ils peuvent faire ensemble. Les deux amis s’improvisent hommespolitiques : Cavalier sera président, Lindon premier ministre. Par unjeu de rôle habile et jubilatoire mêlant intime et politique, réel etfiction, ils pénètrent à l’intérieur du pouvoir et découvrent qu’ils sontautres que ce qu’ils croyaient êtreCe film est un OVNI cinématographique. On assiste progressivement auglissement du réel à la fiction, mais aussi au parallèle qui est fait entre laséduction de l’acteur et la séduction de l’homme politique. Annoncés

comme novateurs et d’exception par la critique lors de sa projection en tant que sélection officielleau festival de Cannes, les cadrages et la réalisation n’ont pour ma part, pas retenu mon attentionoutre mesure. Tout juste peut on souligner la subtilité du propos et de la mise en image avecnotamment les premières scènes où les plans sont axés sur les mains des acteurs attirant l’attentiondu spectateur sur les dialogues.OMAR M’A TUER

Biographie / Réal. Roschdy ZEM ,2012Vu par David PALASZEWSKITout le monde connaît Ghilaine Marchal. Gisant dans sa cave, peuavant son dernier souffle, elle marque de son propre sang sur lemur de la cave cette phrase tristement devenue célèbre : « Omarm’a tuer ». Omar Raddad (Sami Bouajila), son jardinier réputésérieux et discret, est rapidement accusé du meurtre et jugécoupable. Il ne sortira de prison que 7 ans plus tard sansqu’aucune preuve ne l’ait accablé totalement.Le réalisateur adopte le point de vue d’un écrivain, Pierre-EmmanuelVaugrenard (Denis Podalydés) qui est convaincu de l’innocence deOmar Raddad. Ce dernier tentera de mettre en exergue les zonesd’ombre de l’enquête.Le casting parfait, amplifie la force bouleversantedu sujet. Sami Bouajila, prouve une fois de plus son talent et s’efface

totalement pour interpréter avec brio, le personnage du présumé assassin. Quant à Denis Podalydés,il est égal à lui-même, son interprétation étant toujours juste et millimétrée. Cette histoire, parce quetoujours vive dans nos esprits, était d’autant plus complexe à traiter. Roschdy Zem réalise un filmefficace. Sa force ? Une œuvre concise et documentée, engagée de par son sujet mais objective depar son traitement. Nous, spectateurs, sommes avides de découvrir la suite du parcours de cet acteurmulti-récompensé qui confirme avec ce second film, son talent de témoin de notre temps.

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LES MEILLEURS AMIS Chanson française / ALDEBERT / 2011Ecouté par Isabelle DANET-BEAUSSART

Aldebert nous évoque des petites tranches de vie tout au longde cet album, dont l’amitié est le fil conducteur. Il racontel’amour, la communion entre des êtres qui n’ont pas de liensde sang dans « les petites amourettes », et dans « sur tonberceau », Aldebert nous dit que l’avenir appartient à ceux quirêvent tôt ; J’ajouterai : quand nous ne rêvons plus, c’est quenous sommes morts. Il nous balade… et « Le temps qui reste» évoque le céleste et réclame justement du temps qui reste,sous entendu : pour nous poser. Il aime la vie et a envie denous amener à réfléchir sur l’enfance, l’amitié, l’amour etl’homophobie (dans « mon homonyme »). En conclusion, sur

des airs de guitare, des mélodies bien rythmées, nous nous laissons bercer, mais soyons attentifs,ouvrons grand nos oreilles : les mots résonnent et nous ne pouvons rester indifférents à ces propos.

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RUBBER Comédie / Réal. et scénario Quentin Dupieux, 2011

Vu par Benjamin PEREZ Gaspard Augé, du groupe Justice, et Mr Oizo en ont signé la BandeOriginale, ils sont tous les deux sur le label français Ed BangerRecords, usine à musique électronique mainstream (courantdominant). Mr Oizo est le pseudonyme de Quentin Dupieux quin’est autre que le réalisateur de Steak avec Eric et Ramzy. Il signeici avec Rubber, l’histoire d’un pneu serial killer, difficile de résumerle film ainsi, car Quentin Dupieux s’en sert pour faire la critique descodes cinématographiques. Une interview ou analyse du film enbonus malheureusement absente sur le support, empêche depenser et voir le propos du réalisateur afin de faire de cetteproduction classée art et essai, une réflexion si il fût le cas descodes cinématographiques.

WENDY & LUCYComédie dramatique / Réal. Kelly REICHARDT / 2009

Vu par Isabelle DANET-BEAUSSARTIl s’agit du troisième film de L’américaine Kelly Reichardt.C’est l’histoire d’une jeune américaine solitaire, Wendy,qui part avec sa chienne Lucy vers un avenir meilleur à laconquête de l’Alaska, avec 525 dollars en poche. Elle vitdans sa voiture et à priori, elle est SDF. On participe à l’euphorie du départ et à la grande complicitéentre Wendy et Lucy. Sa voiture est en panne, et elle « vole »de l’alimentation pour sa chienne qui est en laisse à la portedu magasin… quand elle revient après quelques heures, ellea disparu. Commence le suspense, la recherche de Lucy oul’on voit Wendy se débattre et affronter la dureté de la vie etsa résignation, pour rendre son chienne heureuse… Bien qu’ilne dure seulement 77 mn, le film m’a paru très long et trèsintimiste, au point qu’il doit être regardé par un public averti

dans le sens où il ne faut pas en perdre une miette et être en « forme » pour l’apprécier. Film troptriste, mais trop triste…

RARE GROOVES REGGAE. VOL.05 BY NOVA Musique d'influences afro-américaines / Nova Records / 2007

Ecouté par Benjamin PEREZ19 morceaux qui offrent d’entrée avec Junior Delgado etson morceau Tonight, la chaleur des Antilles de l’île de laJamaïque. De découverte en découverte, de perle en perle,cette compilation de la Radio Nova offre une ouverture surla musique si influente dans le monde dont Bob Marley estl’ambassadeur depuis le milieu des années 70. Cettecompilation sort d’une caricature vert, jaune, rouge dureggae et offre avec simplicité un album qui donne envie dedécouvrir la richesse musicale des styles nombreux nés surl’île, du Ska, au Dancehall, en passant par le Rock Steady,ou le Dub et bien d’autres. Les morceaux sontaccompagnés d’une brève présentation dans la pochette et

on sent que l’on tient entre les mains le fruit de passionnés de la culture musicale reggae. Un albumde soleil et d’une énergie lente qu’il est nécessaire de connaître tant le reggae résonne comme unmoteur à bien-être.

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CENT MILLE JOURNÉES DE PRIÈREBande dessinée / LOO HUI et STERCKEMAN / éd. Futuropolis

Lu par Lucie BOIVINLouis est un jeune garçon solitaire d’origine eurasienne. Son père estabsent, sa mère, infirmière, travaille à l’hôpital et évite toujours deparler du père. Elle pleure souvent et Louis ne sait pas pourquoi…On suit Louis dans ses rêves et ses inventions de passé. Même s’il ne saitrien de son histoire, ses rêveries en sont hantées. La couleur, noir et blanc,et les dessins épurés adhèrent à l’histoire. L’atmosphère est assezangoissante. Petit à petit, Louis reconstruit son histoire et l’écriture ainsi queles dessins y plongent le lecteur. Seul bémol, ça n’est que le premier tome,j’aurai voulu lire la suite de cette superbe BD dans la foulée…

LYS & LOVE Laurent VOULZY / Chanson francophone / Sony Music, 2012

Ecouté par David PALASZEWSKILys & Love, titre au jeu de mot éculé, est le 8ealbum solo de Laurent Voulzy, le thème de l’albumest donc l’amour (Peace &Love) et le Moyen Age(la fleur de lys).Autant vous le dire de suite, je ne suis pas un fan del’artiste, encore moins de ses chansons, je ne suis nifétichiste de lunettes blanches, encore moins dechemise à jabots. Je ne suis pas non plus un passionnéd’histoire et encore moins de la période médiévale.Décidé à ne pas me « cacher derrière », pour vaincrele « pouvoir des fleurs », j’étais convaincu de ne pasvous faire attendre « avril » pour vous éviter, chers

lecteurs, toute idée de posséder cet album dans votre « rockcollection », « Belle île en mer » étanttrop humide en hiver, je devais conduire ma « belle mère dans Lille » pour le sacro saint shoppingde Noël, j’ai donc inséré la galette celtique dans le bon vieux lecteur cd de mon autoradio et là, « lebopper en larme », de sa magie noire, m’a ensorcelé de ses SI, ses LA et DO pour m’ouvrir à vif «le cœur grenadine », pour tout vous avouer, en extase je suis tombé. Trip sonore, moderne et éthéré,risqué (15 minutes pour la « 9ème croisade ») aventure avec faille spacio-temporelle illimitée (« enregardant vers le Pays de France »), conte romantique en haut débit (« Jeanne »), nappessynthétiques trip-hop et cœur médiéval. Techno beat (« le ciel et la terre ») et beat de cheval («Glastonbury »). Lys & Love, album concept et dieu merci, sans concept fumeux s’écoute d’un bloc.Laurent Voulzy, on le sent, s’est fait plaisir, pleinement conscient que l’industrie du disque est dansune nouvelle ère et qu’aligner des tubes ne changera rien aux ventes. C’est sans doute pour celaque c’est autant réussi, pas de contrainte, liberté totale ! Sacré Graal !Monsieur Voulzy, vous avez fait naître en moi un « désir, désir » de vos « songs of you », et si c’estsans Kim Wilde que je dois finir mes nuits, comme vous, « j’aime l’amour, nuit et jour ».

WE WANT SEX EQUALITYComédie / Réal. Nigel Cole / 2011Vu par Monique CAPLIER

Ce film nous raconte l’histoire d’une lutte syndicale, celle desouvrières sellières de l’usine Ford à Dagenham qui se sont battuesen 1968 pour obtenir contre vents et marées (entendez contresyndicats et patronat unis pour l’occasion) la reconnaissance deleurs compétences et surtout l’égalité des salaires. Cette grève vaparalyser les usines Ford en Grande-Bretagne et aboutir en 1970 àl’Equal Pay Act qui contraint les employeurs à rémunérer égalementhommes et femmes. Le film est très tonique, c’est le genre de comédie « feel good » dont on abesoin de temps en temps pour se requinquer. La bande son et les

costumes soignés lui donnent une tonalité très années soixante, Carnaby Street, Mary Quant etSwinging London. Le film ne joue pas sur le réalisme pur et dur comme dans toutes les comédiessociales anglaises. Le personnage de Sally n’a pas existé mais il insuffle au film beaucoupd’optimisme et de détermination. On peut regretter le traitement des personnages féminins qui tientbeaucoup du stéréotype : la pin up, la grande gueule, la femme de cinquante ans usée par la vie, lagrosse dame truculente, l’épouse modèle qui se rebelle contre sa condition de dinde de service. Lasatire sociale est cependant très réussie et les attaques contre les syndicats et le patronat macho ysont plutôt proches de la réalité. L’ensemble donne une comédie dynamique, bien filmée avecquelques scènes d’anthologie. Ne ratez pas à la fin les témoignages des anciennes ouvrières, je lesai trouvées craquantes et courageuses, comme elles disent, elles sont des Ladies…