20 1

Edito

Ce premier numéro de « Ziz Zag » est à l’image des missions essentielles de lamédiathèque : aborder la culture au travers de ses multiples facettes.

Parce que la lecture, la musique et le cinéma bordent notre quotidien, nous avonssouhaité réunir en un même document le « comité de lecture adulte » et le« comité musique arts vivants ».

Que cette mixité des genres puisse rompre avec les préjugés culturels etpermettre à chacun de s’approprier des horizons jusque là inconnus.

L’équipe de la médiathèque

ARIANE MNOUCHKINEIntroduction, choix et présentation des textes

par Béatrice Picon-Vallin Lu par Frédéric CRETEL

A l’occasion d’une rencontre avec des élèves de deux écoles de théâtre (ENSATTde Lyon et CNSAD de Paris) Ariane Mnouchkine revient par petites touches surce qui l’a conduite au théâtre, sur ce qui nourrit son travail de mise en scène etses influences (théâtres du monde, théâtres traditionnels, actualité, grands auteurs). Un ouvrage passionnant, autant sur le point documentaire que philosophique. Leparcours et la démarche artistique d’Ariane Mnouchkine sont exposés de manièretrès vivante, sa profonde motivation (politique et humaine), et les différentsprocessus inhérents à chaque création de la troupe, la création même du théâtredu Soleil et l’effort quotidien nécessaire à son existence compose la grande partiedu livre.

J’ai particulièrement aimé l’éclairage qu’Ariane Mnouchkine sur le travail de mise en scène (« nerépétons pas les erreurs, changeons d’erreur »), l’improvisation (« le mot vient enfin de course, parcequ’il n’y a plus rien à faire que de dire quelque chose… »). Le jeu de l’acteur (qui doit découvrirles « symptômes » de la maladie que donne le texte…) et le rapport au public (en relation avecles idées de Vitez et son travail au TNP). Un livre abordable, et indispensable pour tous ceux que lethéâtre intéresse.

LA LOCANDIERA DE CARLO GOLDONIThéâtre / Mise en scène d’Alain Sachs

Vu par Monique CAPLIER

Il s’agit d’un classique de Carlo Goldoni auteur du 17e siècle qui aréformé la commedia dell’arte italienne. Grand admirateur deMolière et Marivaux. Ses thèmes de prédilection sont les rapportshumains et les chassés croisés amoureux, les rapports entre classessociales et la satire des usages. A Florence, Mirandola, une jeunefemme qui vient de perdre son père aubergiste, se laisse courtiserpar de nombreux prétendants. Un seul l’ignore ; c’est le chevalier deRipafratta….

Le spectacle m’a plu, les textes sont drôles et n’ont pas pris une ride, ses sous-entendus, sesobservations sur la rivalité des sexes et les rapports amoureux sont toujours d’actualité. Lejeu des acteurs est impeccable, plein d’invention, de verve et de fougue. Les costumes etdécors sont superbes, le 18e siècle y est bien rendu avec toute son élégance, ses couleurset tout son charme. Un très joli spectacle qui donne envie d’aller au théâtre ou d’y retourner.

192

D’AUTRES COULEURSLittérature / Orhan PAMUK / éd. Gallimard

Lu par Sabine CRUNELLE

Constitué de 76 essais, cet ouvrage retrace le panorama culturel etpolitique de la Turquie contemporaine.« Si certains s’écoutent parler, l’auteur se regarde écrire » dixit MmeCrunelle qui s’est profondément ennuyée à la lecture de ce recueil pluspolitique que littéraire.

FILLE NOIRE, FILLE BLANCHERoman étranger / Joyce Carol OATES / éd. Philippe Rey

Lu par Philippe VANDENDRIESSCHE

Moins d’un an après son entrée au Schuyler College, Minette,jeune étudiante disgracieuse, fille de pasteur noir américain,disparaît de son université en Avril 1975. En 1990, parvenue à l’âgeadulte, Genna, son ancienne co-disciple, fille de gauchistes engagéset descendants quakers de cette institution, se remémore lesévénements qui ont composé cette année dramatique.En 45 chapitres, l’auteur nous plonge dans deux mondes qui se côtoient,sans véritable affrontement mais sans osmose : l’univers d’une jeune

américaine naïve et brillante, de parents anciens hippies engagés dans la lutte anti-impérialiste et l’univers d’une jeune noire baignant depuis l’enfance dans la potion tragiquedu racisme quotidien. Ce parti pris narratif de nous dépeindre les difficultés de Minette àtravers les pensées, les interrogations, les drames familiaux de Genna crée un déséquilibrequi fait que, le livre reposé, on se plairait à lire la version de Minette dans son journal intime.

ANTIGONE DE JEAN ANOUILHThêatre / Mise en scène : Nicolas Briançon

Vu par Marie HEMAR

La jeune Antigone, en dépit de l'interdiction formelle de son oncleCréon, roi de Thèbes, s'entête à vouloir enterrer son frère Polynice,mort après s'être battu avec Etéocle, son aîné. Barbara Schulz incarne parfaitement son rôle de jeune-fille acharnée,tombant petit à petit dans la folie. Robert Hossein, quant à lui, nous faitclairement ressentir le côté tyrannique et manipulateur de Créon. Une

pièce qui nous plonge, dès la première minute, dans une ambiance pesante et tragique,parsemée de légères touches d'humour, mettant en scène des acteurs au jeu parfait, touten restant fidèle à l' œuvre d'Anouilh.

18 3

LES LASCARSAnimation adulte / Réal. Albert Pereira-Lazaro et Emmanuel Klotz

Vu par Monique CAPLIER

Les vacances d’été arrivent, tous les bras cassés de banlieue sepréparent à partir à Santo Rico. C’est sans compter avec les aléas del’existence : arnaques, embrouilles et autres joyeusetés.Tony Merguez et José Frelate, qui squatte chez sa cousine vont chacun deleur côté essayer de se refaire un pécule pour partir. Gags à répétitions,poursuites, rebondissements et retournements de situation, peines de cœur

et sexualité débridée, c’est clairement un film pour ados, créatif, plein d’invention etd’humour. La vie des banlieues y est amplement documentée, la bande-son est plaisanteavec un dernier morceau drôle sur le générique de fin. Que demander de plus ? Le castingdes voix est impressionnant Cassel, Omar et Fred, Diam’s, IZM,…

GUSTAVE PARKING : Le retour des joiesHumour

Vu par Christophe BRANDT

Peu connu du grand public, Gustave Parking est pourtant un artistecomplet. Humoriste, chanteur, poète, musicien (avec une bassine)magicien, jongleur. Il est à la fois Raymond Devos pour ses textes,Garcimore pour ses tours de magie, Bedos pour ses attaques etBourvil pour sa tendresse.Enregistré dans un tout théâtre parisien, sans effets spéciaux, façonéconomique et écologique. Tous les accessoires sont faits de légumes ou

d’objets de récupération et le public fait partie intégrante du spectacle. C’est un cataloguede personnages, tous plus déjantés les uns que les autres. Les textes sont dignes del’almanach Vermot, et le tout fait parfois penser à une représentation de la ligued’improvisation. Prix d’entrée modique, l’artiste fait la quête à la fin du spectacle. Originalet décalé !

BRIAN WILSON : SMILERock variété internationale / Nonesuch, 2004

Ecouté par Christophe DEFOSSEZ

Lettre ouverte à Brian WilsonCher Brian,J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour votre talent decompositeur et de musicien. Aussi loin que je me souvienne, j’aifredonné parfois sans le savoir des mélodies que vous avez écritespour le groupe que vous aviez fondé avec vos deux frères et voscousins, les célèbres Beach Boys.

Je me souviens encore de la joie qui fut la mienne quand en 1975, mon père m’a offert le45 tours « Rock’n’Roll Music» qui passait alors sur toutes les radios. Quelques années plustard on a même repris avec des potes ce titre de Chuck Berry en a capella, « à la façon »Beach Boys. Imaginez ma joie en découvrant l’album « Smile » que je croyais être un mythe. Je sais qu’àl’époque où vous étiez en train d’y travailler à la fin des sixties, la découverte du « SergeantPepper » des Beatles a été un choc si brutal pour vous que vous en avez été écœurés etque vous avez alors abandonné le projet. Je sais que vous êtes rentré dans une longuepériode de dépression.Alors pouvoir enfin découvrir « Smile » que vous aurez mis presque quarante ans àpeaufiner, je m’attendais à quelque chose de fabuleux en glissant le CD dans mon lecteur.Quelle déception pour moi, je pense que vous auriez dû abandonner ce projet et essayerde faire quelque chose de différent. Même si la qualité est là, il manque quelque chose, c’estfranchement un peu désuet. Je suis persuadé que si vous l’aviez sorti au moment de sagenèse, il aurait fait une belle carrière. Aujourd’hui, même s’il est loin d’être désagréable àécouter, on a l’impression de goûter à un plat magnifiquement présenté mais sans grandesaveur.Vous pardonnerez j’espère mon impertinence car encore une fois je le répète, vous êtes ungrand artiste, mais je sus déçu et j’aurai été malhonnête, cher Brian, de vous le cacher.

NINO FERRER : DU NOIR AU SUDBiographie / Christophe Conte et Joseph Ghosn / éd. N°1

Lu par Régis PRIEM

C’est le premier ouvrage de deux journalistes des Inrocks quiétablissent ici la première biographie de Nino Ferrer, dressant unportrait du chanteur. On y découvre l’homme et l’artiste, depuis sanaissance en 1934 jusqu’à sa mort tragique en 1998.Cet ouvrage fortement documenté (trop parfois) nous révèle des facettesméconnues du personnage comme ses origines italiennes etnéocalédoniennes. On découvre un homme de caractère, voire caractériel,

ayant beaucoup de démêlés avec le milieu du showbiz mais aussi le peintre qui s’exila dansle Lot… Les auteurs rendent attachant le personnage malgré ses excès et sescontradictions. Il aura énormément lutté pour se défaire de sa réputation d’amuseur suiteau succès de Mirza ou le Téléfon et je retiendrai à ce propos la phrase de préface deNino : « Etre ou ne pas être, telle est toujours la question, et y a toujours jamais person, quiy répond ».

CARMEN MARIA VEGAChanson française / Universal, 2009

Ecouté par Régis PRIEM

Premier album de cette chanteuse qui a déjà produit un albumLive à l’amphithéâtre de l’opéra de Lyon, puis un maxi 5 titreset un single contenant son titre phare « La menteuse ». Leschansons lui ont été écrites par son compère guitariste MaxLavegie qui l’accompagne depuis ses débuts il y a 4 ans : ellessont à l’image de son interprète, de fort caractère, etracontent des histoires rudes, drôles, ou poignantes.

Le disque s’ouvre joyeusement sur une guitare qui swingue joliment sur ce titre « Lamenteuse ». Mais je trouve vite fatiguantes ces chansons certes pleines d’énergie, maisfaisant partie d’un genre qui gagne certainement à être découvert sur scène. Je trouvel’ensemble un peu trop grinçant et manquant d’émotion.

LE JOUR OU MALIKA S’EST MARIENouvelles étrangères / Fouad LAROUI / éd. Julliard

Lu par Catherine COLLIGNON

Des nouvelles tragicomiques qui ouvrent une réflexion sur l’identitémarocaine et la déchirure des jeunes élevés entre tradition etmodernité.Avec ironie et humour, souvent sous la forme d’une causerie entre jeunesintellectuels au café du coin, ce qui rend le récit vivant, l’auteur aborde lesproblèmes de corruption, de racisme, d’intégrisme et ces histoires parfoiscocasses, parfois tragiques reflètent souvent le mal-être d’une population.

174

MONSTERLivre audio / Patrick BAUWEN / éd. Audio Lib

Ecouté par Vincent SOUVERAIN

Paul Becker a ouvert une unité de soins d’urgence en Floride. Unenuit, Cameron Cole, inspecteur de police et ami d’enfance, amèneà la clinique un suspect blessé, menotté et nu aux membresanormalement longs et souples. Après leur départ, Paul trouve leportable du suspect contenant des photos pédophiles et reçois desSMS de menace.Suspens, manipulations, meurtres, rebondissements, engrenage infernal

sur fond d’histoires ignominieuses… voilà tous les ingrédients d’un thriller où la tensionmonte crescendo, l’atmosphère devient suffocante et tous les personnages cachent quelquechose. Les non-initiés pourront trouver la foison de détails et de thèmes indigestes mais onne pourra pas reprocher à l’auteur son imagination extraordinaire et sa connaissance duterrain. Des chapitres courts, une écriture nerveuse et précise… Au final, un thrillerpsychologique bien construit et efficace qui vous tiendra en haleine de la première à ladernière page, jusqu’à même vous mettre à contribution…

L’HOMME QUI VOULAIT ETRE HEUREUXDocumentation / Laurent GOUNELLE / éd. Anne Carrière

Lu par Vincent SOUVERAIN

Ce guide de développement personnel propose de suivre sur septjours le cheminement intérieur d'un touriste occidental prenantconseil auprès d'un vieux guérisseur balinais.Ce roman initiatique est avant tout un livre sur le développementpersonnel. Comment prendre du recul sur notre vie et apprendre à nousposer ? L’auteur tente ainsi de nous convaincre de la force du mental surnos comportements, que notre capacité à être heureux prend sourcedans une croyance affirmée, dans l’ouverture vers l’autre. En outre, nous

possédons tous en nous une capacité inhérente à nous libérer de tout ce qui gène notreexistence. Si la vision de l’auteur sur l’être humain est foncièrement positive, les théories qu’ilavance ne sont pas très originales, voire parfois discutables. L’écriture tout comme le proposest simpliste et l’on devine chez son auteur le souci de vouloir séduire le plus grand nombre.

16 5

COCO AVANT CHANELBiographie / Réal. Anne Fontaine

Vu par Régis PRIEM

On assiste à la construction et l’éclosion de la personnalité deGabrielle : d’abord petite fille, placée dans un orphelinat avec sasœur, puis chanteuse dans un beuglant avant d’être petitecouturière d’un tailleur en province. Elle devient apprentiecourtisane trouvant refuge chez son protecteur Etienne Balsanchez qui elle rencontrera l’amour de sa vie.Malgré un casting prometteur, j’ai eu du mal à m’intéresser à cettehistoire qui traine en longueur. Pourtant Audrey Tautou est convaincante

en Gabrielle, personnage qui sonne juste au milieu de cette société décadente qui s’agiteautour d’un Benoît Poelvoorde qui finit par devenir attachant lorsqu’il est touché au cœurpar cette jeune femme au caractère entier, à la liberté d’esprit, originalité de goût…Ons’attend à ce que son histoire d’amour avec Boy Capel soit poignante, mais l’émotion n’estpas présente. Donc peu d’enthousiasme pour cette biographie filmée de manièrecharmante mais plutôt ennuyeuse.

L’ECHANGEDrame, thriller / Réal. Clint Eastwood Vu par Christine HANNEDOUCHE

D’après une histoire vraie. Los Angeles, 1928. Un matin, Christinedit au revoir à son fils Walter et part travailler. Quand elle rentre àla maison, celui-ci a disparu. Une recherche effrénée s’ensuit et,quelques mois plus tard, un garçon de neuf ans affirmant être Walterlui est restitué. Au fond d’elle, elle sait qu’il n’est pas fils. C’est un film monstre made in Hollywood : la mise en scène et les moyenstechniques sont au rendez-vous, lumières impeccables, décors etreconstitutions minutieusement réalisées. Le jeu des acteurs est

remarquable. Une histoire crève cœur, reprenant le thème de « Mystic River » ; corruptionset méfaits des autorités judiciaires et politiques de Los Angeles.

LE SENS DE LA FAMILLEAutobiographie / A.M. HOMES/ éd. Acte Sud

Lu par Bernadette BARON

Enfant adoptée, A.M. Homes a rencontré ses parents biologiques àl'âge de 31 ans. A travers le récit de cette expérience, elle interrogela problématique de l'édification de l'individu.Se découvrant peu à peu des parents biologiques sordides, l’auteur nousraconte son histoire…pathétique. Pas de quoi casser trois pattes à uncanard, les histoires d’abandon ne sont généralement pas romantiques etl’on comprend qu’A.H. Homes a besoin de faire toutes ces démarchespour découvrir qui elle est et d’où elle vient. Seul le dernier chapitre estintéressant… un peu tard.

6 15

M : Mister MystèreChanson française / Barclay 2009

Ecouté par Christine HANNEDOUCHE

Le chanteur M passe de la couleur au noir et blanc. Passage ducôté obscur ou simplement porter l’ombre en lumière ?Quoiqu’il en soit, ce quatrième album depuis « Qui de nousdeux » sorti en 2003, est une affaire de famille. Matthieu dontc’est l’album, Joseph le frère réalise l’album, Louis le père signeune chanson, Andrée la grand-mère signe le texte repris sur lapochette.

Les atouts du disque sont la voix de M, féline et tendre à la fois, le jeu de guitare véritableépine dorsale de l’album. Des histoires poético farfelues teintées de mélancolie sensuelle. Msait bien s’entourer puisque Brigitte Fontaine lui a écrit 8 titres et interprète « Hold up »avec lui. Sa musique est groovy et funky, facile d’accès et puissamment tubesque comme lestitres « Mister Mystère » et « Est-ce que c’est ça ». Un disque réussi, pêchu et mélancolique.

LA VAGUEDrame / Réal. Dennis GanselVu par Laurent DEWVIT

En Allemagne, de nos jours, lors d'une semaine thématique, unprofesseur de lycée, Rainer Wenger, se voit confier le sujet trèsdélicat de l’autocratie.Il décide de mettre en place dans son cours une expérience. Ce film nous interpelle énormément : est-il possible que de tellescirconstances se répètent dans notre histoire? Qui doit-on condamner : legroupe ou le leader ? A qui donc appartient la culpabilité ? C’est un film

subtil et effrayant de par ce sujet qui dérange. Sur le plan cinématographique on retrouvebien le style allemand, les acteurs sont convaincants et les images sont rythmées par unebande-son détonante. Une fin alternative est proposée dans les bonus. Tiré de fait réels, laTroisième vague est une véritable étude expérimentale sur le fascisme menée en Californieen 1967 par le professeur d’histoire Ron Jones Cubberley.

LES TREIZE DESSERTSRoman étranger / Camille BORDAS / éd. Joëlle Losfeld

Lu par Catherine COLLIGNON

La vie d'Inès, 15 ans, bascule à la mort de son père, communisteespagnol exilé à la fin de la guerre civile. Elle quitte Arles pour Paris,s'installe chez son frère Pablo qui, vivant dans l'opulence, n'est pasresté fidèle à l'idéologie de sa famille. Inès décide donc de parcourirle monde, de Paris en Andalousie, du Mexique aux Etats-Unis, enquête d'identité et d'amour.Ce premier roman reflète bien les états d’âme d’une adolescente qui nesait pas trop ce qu’elle veut. Dix ans plus tard, parvenue à l’âge adulte,

elle mène une existence assez terne. Ce roman n’est ni passionnant ni très bien écrit,l’auteur s’essayant même à l’humour sans y parvenir.

PHILOSOPHIE EN SERIEDocumentation / Thibaut de Saint Maurice/ éd. Ellipses

Lu par Aline CARDON

Desperate housewives, Prison break, Dr House, etc., chaquechapitre part de l'analyse d'une série pour poser un problèmephilosophique à travers un dialogue entre les personnages et lesconcepts et conduit à la lecture d'un texte de philosophie.L’idée de départ est attrayante mais n’échappe pas aux poncifs de cettemanière, notamment certains textes de philosophes assez indigestes. Sivous aimez une série mais que le sujet tiré de celle-ci ne vous passionnepas, vous risquez de vous ennuyer. A contrario, lire un thème sans

connaître la série revient à lire un livre de philosophie classique. En conclusion, cette idéed’aborder la philosophie par le biais des séries fonctionne peut-être bien en classe oùl’échange est direct et spontané avec les élèves, mais dans le cadre d’un livre, cela n’apporterien de neuf.

BENJAMIN BIOLAYLa Superbe

Chanson française / Naïve 2008Ecouté par Laurent DEWVIT

« On a plus parlé de Benjamin Biolay pour ses frasques que pour samusique » peut-on lire dans les inrocks d’octobre/ novembre 2009. Aqui la faute ? Aux journaux, non ? C’est à eux de parler musique…Ainsi lorsque Benjamin Biolay, auteur, compositeur, arrangeur nouslivre ce double album qui ne passe pas inaperçu? on découvre destextes puissants sur des musiques pop, folk, jazzy. Sûr, il est entouréde très bon musiciens et ce voyage raconte en deux chapitres

l’histoire d’une dépression noire qui se réchauffe au soleil de Buenos Aires. J’ai particulièrement aimé son duo avec Jeanne Cherhal sur Brandt Rhapsodie qui est uneode à la fuite des sentiments dans le couple, cette chanson retranscrit sous forme demessage la chronologie des priorités au sein d’un couple et on y retrouve plus le chanté surle mode parlé qui lui est propre. Personnage déjà proche de Gainsbourg, Benjamin Biolaynous emmène avec la Suprême sur les traces d’une certaine Melody Nelson

14 7

PAUL MOTIAN : Monk in MotianJazz / Polydor 1998

Ecouté par Laurent DEWVIT, Haïku collectif du secteur Mav

Cet album s’écoutelà où vous vous sentez bien, même dans votre bain.

LE BONHEUR FANTOMERoman / Anne PERCIN / éd. La Brune

Lu par Sabine CRUNELLE

Le narrateur, dont on ne sait pas grand-chose, est un homme secretet taciturne qui a quitté son appartement pour aller s’enterrer dansun petit village de la Sarthe. Dans ce coin un peu paumé, il soigne seschiens et son jardin, ramasse des vieilleries et les vend tout en écrivantla biographie d’une artiste animalière.Petit à petit, le narrateur lâche des informations, dévoile des bribes de sonhistoire et le puzzle prend forme. Un premier roman servi par une belleécriture où foisonnent les jolies phrases et les comparaisons insolites.

CHARLESTON SUDRoman étranger / Pat CONROY / éd. Albin Michel

Lu par Céline LEROUX

1969, Charleston. Une formidable histoire d’amitié naît entre plusieursmembres d’un groupe : Léo King, le narrateur, Sheba et Trevor Poe, sesnouveaux voisins d’en face, Niles et Starla Whitehead, des jumeauxorphelins venant des montagnes Appalaches, Chad et Fraser Rutledge,frère et sœur issus de la bourgeoisie charlestonnienne, Molly Huger,la petite amie de Chad et le fils de son nouvel entraîneur de football,le coach Jefferson, premier entraîneur noir du lycée. On retrouve cesmêmes personnages en 1989 lorsque Sheba, devenue une actrice

célèbre vient demander de l’aide à ses amis afin de retrouver son frère atteint du sidaet disparu à San Francisco…Pat Conroy nous livre un récit très fort sur l’amitié et l’amour de ses racines. Les multiplesrebondissements rendent le roman très vivant, dynamique et tiennent le lecteur en haleinejusqu’à la dernière page en y incluant même un suspens policier. La première partie du récitdonne une vision intéressante du contexte post-ségrégation et de toutes ses complexités. Tandisque la seconde partie décrit de façon assez sinistre et morbide l’hécatombe qui frappa lesjeunes homosexuels atteints du sida. Avec un style très simple, des dialogues réalistes, Pat Conroyparvient à faire passer beaucoup d’émotion tout au long de ce roman.

8 13

LES INSURGESFilm de guerre / Réal. d’Edward ZWICK

Vu par Christophe DEFOSSEZ

Edward Zwick est un réalisateur américain de 57 ans avec à sonactif « Glory », « Le dernier Samouraï » ou l’excellent « BloodDiamond ». Daniel Craig et l’impressionnant Liev Schreiber fontpartie de ce dernier opus plutôt réussi. Le film « Les Insurgés » nous raconte une remarquable aventure humaine,celle des quatre frères Bielski dont les parents ont été massacrés par lesnazis. Traqués, ils se réfugient dans la forêt à l’Ouest de la Biélorussie

(Polonaise à l’époque) pour tenter de retrouver les partisans soviétiques. Rejoint par d’autresjuifs qui comme eux, cherchent à pour échapper à leur bourreaux. Tuvia (Daniel Craig) vase révéler un meneur d’hommes et un véritable chef qui va protéger comme il peut cettecommunauté de réfugiés cachés au milieu des bois. Son frère Zus ( Liev Schreiber) irarejoindre les partisans russes pour se battre contre les nazis. Il s’agit d’une histoire vraie quiméritait d’être portée à l’écran tant le courage et la volonté de ces garçons ont permis desauver des dizaines de vies humaines.

L’ECOLE DES DINGUESRoman policier / Cornelia READ / éd. Actes Sud

Lu par Bérengère SEDE

Une jeune femme, issue de la classe bourgeoise et blancheaméricaine désargentée, Madeline Dare doit accepter un poste deprofesseur d’histoire dans un établissement privé et sécurisé pouradolescents à problèmes. Tous ont apparemment quelque chose àcacher. Quand deux élèves se suicident, ses pires craintes seconfirment.L’écriture est facile, sans effet de style. Ce polar offre une lecture efficacemais sans grande originalité. On est toutefois diverti par la plume acérée

de l’auteur quand elle décrit les travers et les errements de la bonne société américaine.

REVANCHEDrame / Réal. Gotz SPIELMANN

Vu par Pascale CLAVET

Dans le quartier rouge de Vienne, Alex, employé d'un bordel, etTamara, sa copine ukrainienne et prostituée dans ce mêmeétablissement, aimeraient changer de vie, mais il leur faut de l'argent.Alex met au point un plan pour braquer une banque dans un petitvillage rural.L’histoire est dramatique et glauque mais racontée de façon simple qui met

à nu la psychologie individuelle de chaque personnage leur donnant ainsi une certaineestime. Le destin de chacun se dessine et se décide collectivement au travers desinteractions entre malheur et bonheur. Malgré la noirceur du sujet, les personnages restenthumains et sincères, devenant presque attachants. C’est un beau film sur le thème de laculpabilité.

NE LES CROIS PASRoman policier / Sébastien FITZEK/ éd. Archipel

Lu par Bernadette BARON

Yann May, célèbre psychologue berlinois, est au téléphone avec Leoni,sa fiancée. La liaison est mauvaise, hachée. Alors qu'il est encore enligne, un policier sonne et lui annonce la mort accidentelle de Leoni,une heure plus tôt... Huit mois ont passé. Ira Samin, une psychologuede la police, a décidé d'en finir. Mais, alors qu'elle s'apprête à passer àl'acte, un de ses collègues vient la chercher pour l'emmener dans unestation de radio. Un forcené s'est retranché dans un studio et menaced'abattre un à un ses otages…

Difficile de parler de l’histoire sans trop en dire. L’intrigue est bien menée, les chapitres sontcourts avec de nombreux rebondissements et un suspense étourdissant. Il n’y a que la fin quiest un peu tirée par les cheveux… (l’éditeur ne fait que retranscrire l’impression de BernadetteBaron et n’est en rien responsable du vocabulaire utilisé lors de cette critique…)

12 9

JOHN CALE : PARIS 1919Rock, variété internationale / Warner Archive, 1973

Ecouté par Christophe DEFOSSEZ

John Cale, né au Pays de Galles en 1942 est le co-fondateur dugroupe Velvet Underground. Moins connu que Lou Reed, il n’enreste pas moins qu’il était « l’éminence grise » du groupe,apportant à la formation favorite d’Andy Warhol, des sonoritésdifférentes qui ne seront pas toujours du goût du leader duVelvet. Il entame une carrière solo en 1968.

Lorsqu’on écoute cet album, il faut juste s’imaginer que John Cale n’a que 21 ans à cetteépoque. Mais on perçoit indubitablement la « patte » d’un grand professionnel et surtoutd’un musicien hors pair. Il en écrit les neuf morceaux, a probablement joué de la plupartdes instruments (aucun autre musicien n’étant cité) et fait lui-même les arrangements. S’ilfallait retenir quelques titres phares, je citerais « Hanky Panky Nohow » que John reprendsur scène encore aujourd’hui. J’aime beaucoup également le beau « Paris 1919 » ou « Halfpast France ». Quoi qu’il en soit, c’est un bel album qui s’écoute en boucle sans aucunelassitude.

ON A DE LA CHANCE DE VIVRE AUJOURD’HUINouvelles / Kate ATKINSON / éd. de Fallois

Lu par Céline LEROUX

Recueil de nouvelles, d'un mini thriller à l'humour grinçant et pleinde fantaisie (Affaires de cœur), à Dieu qui décide de revoir sa copieétant donné ce que l'homme a fait depuis sa création (Genèse), enpassant par une vision glaçante de ce que donnerait l'application dela charia en Ecosse (La guerre contre les femmes).Ces nouvelles ont pour point commun de mettre l’accent sur deshistoires de femmes. Le ton est souvent drôle, décalé et ironique maisl’auteur peut aussi aller jusqu’au drame et au tragique. Le lecteur est

captivé et cette maîtrise du suspens ou de la tension dramatique. La plupart du temps, leton est léger, teinté d’humour. Certaines de ces nouvelles sont des romans en puissance. Onaimerait que la lecture se poursuive plus longtemps… !

JACQUELINE MAILLANBiographie / Barillet & Pessis / éd. Chronique

Lu par Nathalie CATELLE

Ce livre est tout d’abord très agréable à lire même pour ceux qui neconnaissent pas la carrière de Jacqueline Maillan : coloré, avec uneprésentation originale. On y trouve, bien évidemment des informations surla carrière de J. Maillan mais aussi sur ses partenaires au théâtre ou àl’écran, des répliques particulières et des anecdotes de Pierre Barillet. Ce qui est surtout agréable, c’est qu’à aucun moment on ne s’immisce dansla vie privée de la comédienne, le livre reposant sur le trait essentiel de J.

Maillan : le Théâtre ! On y apprend que cette « droguée » des planches, première femmeà faire une telle carrière et sur laquelle toute la responsabilité des pièces reposait, était d’unetimidité extrême dans la vie. En bref, pour ceux qui aiment J. Maillan, l’humour et le théâtre,ce livre est un vrai régal, et permet d’apprécier encore plus cette grande dame qui a inspiréde nombreux comiques.

L’ANNONCERoman / Marie-Hélène LAFON / éd. Buchet-Chastel

Lu par Bérengère SEDE

C’est la rencontre d’un homme de 46 ans, célibataire, agriculteurdans le Cantal, vivant entre sa sœur et ses oncles octogénaires etAnnette, une jeune femme originaire de Bailleul, meurtrie par la viequi vit avec son fils. Pour ne pas vieillir seul, Paul décide de passerune annonce dans Le Chasseur français. Annette va y répondre etrapidement emménager dans la ferme familiale, rompant l’équilibreséculaire. Un beau roman qui parle de la campagne de nos jours, de la solitude de

ses habitants et du miracle d’une rencontre improbable entre un paysan du Cantal et unejeune femme de la ville laminée par la vie. Le style est impeccable, précis et le langage utiliséplutôt savant en décalage voulu avec l’univers rustre que l’auteur décrit. L’écriture estlumineuse, magnifique, l’auteur utilisant souvent une longue succession d’adjectifs, de motspour décrire un paysage, une humeur. Ce livre, rempli d’espoir fait un bien fou.

10 11

CHANSON PLUS BIFLUOREE : La plus Folle Histoire de la ChansonChanson humoristique / Universal, 2009

Ecouté par Nathalie CATELLE

Groupe musical français de la « chanson humoristique ». Les 3membres composent des chansons aux textes travaillés et à lamusique qui met en valeur leur voix. Ils exécutent des reprises dechansons connues dont ils modifient les paroles « Aimé », « Auvolant de l’espace », « Les micro-ondes »…

« La Plus Folle Histoire de la Chanson » (de la préhistoire au slam…) est le dernier albumdu groupe. D’un genre humoristique, on peut cependant saluer la qualité et la recherche descompositions et des reprises (notamment la reprise d’une chanson de Carla Bruni… et lachanson « Ségolène » sur Madeleine de Brel…Excellent !!). Construit de façon originale (on avraiment la sensation d’assister à une rétrospective musicale), cet album permet d’apprécierle « talent » des membres du groupes à mettre à la « sauce » de chaque époque, des musiquesqui sont parfois totalement décalées ou des paroles humoristiques et parfois burlesques(« Qu’ils Riaient les Hérissons »). J’ai agréablement découvert ce groupe que je ne connaissaisque de nom…

EGBERTO GISMONTI : ZigzagJazz d’influence ethnique / ECM, 1996.

Ecouté par Pascale CLAVET

Egberto Gismonti, né en 1947, est un compositeur, guitariste etpianiste brésilien. Il est attiré par les idées d'orchestration etd'accords complexes de Maurice Ravel, ce qui se ressent beaucoupdans sa musique.Cet album est composé de musiques ouvertes et riches qui prennent la

tonalité et la couleur de l’humeur. On pourrait le rapprocher au test de Rorschach enpsychologie. Les six morceaux sont d’une grande richesse sonore et musicale. C’est un CDmagnifique qui ne laisse aucun temps mort. J’ai particulièrement aimé le dernier titre« Forrobodo ». A découvrir sans attendre.

LES TAISEUXRécit / Jean-Louis EZINE / éd. GallimardLu par Philippe VANDENDRIESSCHE

Une histoire en trois temps qui relate la quête vaine de Jean-LouisEzine à la recherche de son père, Robert Demaine, qui l'a abandonnéquelques mois après sa naissance. Il raconte comment il s'estconfronté au silence de sa mère, aux enfants légitimes de son pèreet aux archives sur la filiation de ce dernier.Ce récit autobiographique est particulièrement bien écrit : l’auteur,impliqué dans ses recherches, semble cependant détaché, comme au-dessus des contingences généalogiques. Ce sont des images, des objets, des

paysages. Tout ceci agrémente son voyage d’un demi-siècle qui traverse les conflits tantguerriers que littéraires au milieu de ces gens, taiseux et savants.