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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
Bilan de la saison 2018
Le réseau de surveillance en vergers
Les observateurs
Les BSV de la campagne 2018 ont été rédigés grâce aux informations
transmises par les observateurs. Cette année, 1 observateur supplémentaire a
rejoint le réseau. Au total, le réseau est constitué de 30 observateurs : Arboriculteurs produisant dans les départements de la Vienne, des Deux-Sèvres,
du nord Charente et de la Vendée, Association des Croqueurs de pommes des
Deux-Sèvres et de la Vienne, Fredon Poitou-Charentes, Jardin botanique de
l'Université de Poitiers, Label Pom, La Maison du Patrimoine, Lycée Professionnel
Agricole Régional de Montmorillon, Tech’Pom.
Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Départements 86/79/nord 16
Sommaire
Le réseau de surveillance en vergers
Le bilan climatique
Le bilan phénologique
Le bilan sanitaire
La fréquence et l’intensité d’attaques des principaux bio-
agresseurs du pommier
Bulletin disponible sur bsv.na.chambagri.fr et sur le site de la DRAAF draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/BSV-Nouvelle-Aquitaine-2018
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N°21
30/11/2018
Animateur filière
Nelly KERGROAC’H
FREDON PC [email protected]
Suppléance :
Virginie ROULON
FREDON PC [email protected]
Directeur de publication
Dominique GRACIET
Président de la Chambre
Régionale Nouvelle-Aquitaine Boulevard des Arcades
87060 LIMOGES Cedex 2
Supervision
DRAAF
Service Régional
de l'Alimentation
Nouvelle-Aquitaine
22 Rue des Pénitents Blancs
87000 LIMOGES
Reproduction intégrale
de ce bulletin autorisée.
Reproduction partielle autorisée
avec la mention « extrait du
bulletin de santé du végétal
Nouvelle-Aquitaine Pommier –
Edition Nord Nouvelle-Aquitaine
N°21 du 30/11/2018 »
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
Les parcelles observées
En 2018, le réseau de surveillance est constitué de 12 parcelles de référence fixes dont 3 parcelles
témoins non traitées, 2 parcelles conduites en agriculture biologique et 7 parcelles conventionnelles.
Comme l’indique la carte ci-dessous, les parcelles sont positionnées sur l’ensemble du secteur nord
Nouvelle-Aquitaine et sont plus regroupées dans le secteur arboricole de la Gâtine. Les notations des bio-
agresseurs et auxiliaires sont réalisées de façon hebdomadaire ou bimensuel selon les protocoles
nationaux. Pour certains parasites, ces protocoles ont été adaptés aux problématiques du secteur nord
Nouvelle-Aquitaine. Tous les suivis sont réalisés selon les périodes clés d’observation propres à chaque
maladie et ravageur (voir le tableau en page 4).
Les notations réalisées sur les parcelles fixes sont complétées par les observations de deux techniciens.
L’ensemble des vergers suivis par ces deux conseillers représentent une superficie cumulée d’environ
700 hectares. Sachant que la superficie totale du secteur nord Nouvelle-Aquitaine était de 900 hectares
en 2013 (Source : Agreste), la surface des parcelles flottantes représente 78% de la surface totale de
pommiers.
Toutes les notations réalisées par les observateurs sont saisies dans la base de données régionale VGObs
par l’animatrice. Après validation, ces informations seront ensuite intégrées dans la base de données
nationale appelée Epiphyt.
Station météorologique
Cette année, une station météorologique située à Secondigny (79) a été utilisée pour alimenter les
modèles. Située au cœur d’une parcelle arboricole en Gâtine, cette station est bien représentative des
conditions humides présentes en vergers.
Plan des parcelles fixes et de la station météorologique en Nord Nouvelle-Aquitaine 2018
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Les pièges
En 2018, la répartition géographique des pièges a été
revue compte tenu des résultats de piégeages dans
certains secteurs pour les tordeuses en 2017 (absence
de piégeage ou piégeage important).
Au total, le réseau s’est renforcé avec 8 pièges
supplémentaires dont 2 pour le xylébore (voir tableau
ci-contre et carte ci-dessous).
Les pièges sont suivis toutes les semaines par les
arboriculteurs et les amateurs qui nous fournissent
leurs résultats.
Position des pièges en Nord Nouvelle Aquitaine 2018
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Périodes d’observation des principaux ennemis du pommier en nord Nouvelle-Aquitaine
Les suivis biologiques de la tavelure
Deux suivis biologiques sont réalisés chaque année sur deux lots de feuilles provenant de vergers non
traités :
Suivi en laboratoire de la maturité des périthèces de tavelure. Ce suivi permet de paramétrer
le modèle Tavelure DGAL-ONPV/INOKI : en complément des suivis biologiques, l’utilisation de
ce modèle permet d’affiner l’analyse de risque vis-à-vis de la maladie et calcule une donnée
prévisionnelle : la proportion d’ascospores mûres projetables à la prochaine pluie.
Suivi des projections de spores sur des lames disposées au-dessus des deux lots de feuilles.
Cette donnée permet de connaître la dynamique et l’intensité des projections primaires de
tavelure des deux lots de feuilles. Elle apporte une information complémentaire au modèle
dans l’évaluation du risque.
Mois Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Récolte Post-récolte Chute des feuilles
Principaux ennemis
Xylébore
Acarien rouge
Chancre à Nectria
Anthonome
Oïdium
Puceron cendré Foyers
Puceron vert migrant
Tordeuses
Puceron lanigère
Tavelure
Hoplocampe
Carpocapse
Rhynchites frugivores
Punaises phytophages
Cicadelles
Maladies de conservation
Auxiliaires
Prédateurs de pucerons
Aphelinus mali
Typhlodromes
Piégeage
Hoplocampe
Tordeuse orientale
C. lobarzewskii
Carpocapse
Pandémis
Capua 2ème vol
Archips podana
Spilonota ocellana
1er vol
1er vol 2ème vol
Stades phénologiques du
pommier
Fondatrices
Œufs d'hiver Larves et adultes
Ailés
1er vol 2ème vol
1er vol 2ème vol
C3 A F2 G I J
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Le bilan climatique
Automne 2017 :
Les mois de septembre à décembre ont été très secs. La pluviométrie a été déficitaire de près de 63% par
rapport aux normales. Les températures de septembre et octobre ont été plus chaudes que la moyenne
avant de revenir dans la norme pour novembre et décembre.
Hiver 2017-2018 :
Après un déficit automnal en précipitations, l’hiver est marqué par un mois de janvier très pluvieux, bien
supérieur à la normale (50% de plus) soit 120mm en moyenne. Les pluies de février sont conformes à la
normale alors que celles de mars sont de nouveau excédentaires (30mm de plus en moyenne).
Les températures ont été plus élevées pour le mois de janvier (+4°C). Février a connu des épisodes
neigeux aux alentours du 7 et quelques gelées notamment en fin de mois (jusqu’à -8°C). Le mois de mars
a aussi été assez doux sans compter les gelées du 19 et 22 mars (-0.9°C et -1.3°C).
Printemps 2018 :
Les pluies du mois de mai (+32%) et de juin (+68%) sont élevées avec en moyenne 55 mm de plus
qu’en année normale.
Les températures grimpent et sont en nette augmentation (+2°C en moyenne) à partir du mois de mars
et pendant toute la saison printanière. Le printemps a été chaud, comme l’année 2017.
Eté 2018 :
L'été 2018 a été marqué par la persistance quasi continue de températures supérieures aux valeurs
saisonnières et par une vague de chaleur exceptionnelle du 24 juillet au 8 août. Pour le mois de juillet,
nous pouvons noter une hausse de 3°C par rapport aux normales de saison.
Les cumuls de précipitations sont bien en dessous des normales : -32% en juillet, -28% en août, -84% en
septembre, soit un déficit total de 90mm en moyenne pour les 3 mois. Cet été se caractérise aussi par de
nombreux épisodes orageux.
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L'été 2018 se classe ainsi au 2e rang des étés les plus chauds, loin derrière 2003 (+3,2 °C) mais devant
2017 (+1,5 °C), ce qui est corrélé à un ensoleillement plus important qu’une année normale (voir
graphique ci-dessous).
Dans les vergers :
Les épisodes de gel de février et mars n’ont pas impacté les organes végétatifs compte tenu du stade
phénologique à cette période. La chaleur en avril et mai a favorisé une pousse et une floraison rapide. Le
cumul de pluie en mars et avril a rendu par moment les interventions difficiles en vergers sur des sols
gorgés d’eau.
L’année 2018 est marquée par de forts phénomènes d’alternance, un phénomène indépendant
des conditions météorologiques printanières. Les parcelles à forte production en 2017 ont eu des
bourgeons floraux peu nombreux et une récolte plus faible, voire quasi nulle selon les secteurs. La variété
Golden semble avoir été celle la plus concernée, mais des constats similaires sont notables sur les
variétés Elstar, Ariane, Honey Crunch ou encore Jazz de façon plus ponctuelle.
Selon les secteurs, la nouaison (formation initiale des fruits après floraison) a été difficile avec une chute
de nombreux fruits. Elle a pu être consécutive à une floraison défectueuse ou d’ordre physiologique, à la
suite d’une réponse hormonale de l’arbre.
Le rendement est estimé entre 15 et 70 tonnes, toutes méthodes culturales et variétés confondues. La
moyenne régionale ex-Poitou-Charentes est de 35 tonnes par hectare (Source : Agreste- Recensement
agricole 2010). Le calibre et la récolte sont globalement corrects pour les variétés précoces mais semblent
l’être moins pour les variétés tardives (on estime à 20% de récolte en moins pour les variétés tardives),
alors que le taux de sucre a été au rendez-vous cette année.
Des chutes physiologiques et petits calibres ont dans certaines situations été observés, conséquences des
fortes chaleurs.
Au regard de la pression sanitaire, le climat chaud et sec de l’année 2018 a été globalement
défavorable aux maladies cryptogamiques et favorable aux ravageurs du pommier.
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Le bilan phénologique
Stades phénologiques du pommier - 2018
Le bilan sanitaire
Les maladies
La tavelure :
Météo : Alternance de périodes humides et sèches jusqu’à début avril ayant ralenti la projection des
spores. Période sèche la deuxième quinzaine d’avril et début mai défavorable à la maladie.
Nous avons détecté le premier périthèce de stade 7 de tavelure sur lames au laboratoire le 26 février
2018, signifiant que le stade de maturité J0 était atteint et que les ascospores étaient prêtes à être
projetées à la prochaine pluie.
Par la suite, les observations sur lames se sont poursuivies durant 6 semaines consécutives afin de suivre
la projection des ascospores, mais aucune spore n’a été observée sur les lames. Ce constat s’explique
difficilement, les lots de feuilles n’étant peut-être pas assez infestés. Le suivi a donc été arrêté.
Nous nous sommes donc basés sur les informations issues des observations terrain, de la phénologie des
pommiers, de la météorologie et des données issues du modèle Tavelure DGAL-ONPV/INOKI pour réaliser
l’évaluation phytosanitaire au cours de la saison.
Différentes périodes critiques semblent avoir causé des dégâts en vergers :
du 07 au 08 avril : cette contamination « Assez Grave » serait à l’origine des premières taches
observées sur le terrain (30 avril).
Les projections de spores sont élevées du 07 au 16 avril et la phénologie évolue rapidement.
Années Variétés
(selon précocité)
2018
Pink Lady 3 mars 20 avril
Gala 7 mars 22 avril
Golden 11 mars 20 avril
2017
Pink Lady 1er mars 3 avril
Gala 6 mars 10 avril
Golden 12 mars 10 avril
2016
Pink Lady 15 mars 26 avril
Gala 22 mars 26 avril
Golden 30 mars 3 mai
2015
Pink Lady 20 mars 17 avril
Gala 20 mars 19 avril
Golden 27 mars 23 avril
2014
Pink Lady 5 mars 8 avril
Gala 12 mars 15 avril
Golden 18 mars 15 avril
2013
Pink Lady 12 mars 25 avril
Gala 18 mars 30 avril
Golden 3 avril 4 mai
2012
Pink Lady 17 mars 12 avril
Gala 17 mars 18 avril
Golden 17 mars 21 avril
Stade C : stade précoce comparable à
2017 (avance d’environ 5-6 jours par
rapport à 2014 – année précoce ;
avance de 15 jours comparé à 2016 –
année tardive).
Stade F2 : retard d’une dizaine de
jours par rapport à 2017 (avance de 6
jours comparé à 2016 et retard de 7
jours par rapport à 2014).
Bien qu’en retard, la période de
floraison cette année a été rapide
(étalement sur une dizaine de jours)
du fait des chaleurs enregistrées en
avril et mai.
Récolte : La récolte a été précoce. Les
pommes de la variété Gala ont été
cueillies aux alentours de 25 août, la
variété Golden vers le 20 septembre.
La récolte de Pink Lady s’est terminée vers le 20 novembre.
C F2
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
du 29 au 30 avril : après une période sèche d’accalmie la deuxième quinzaine d’avril qui a freiné le
développement de la maladie, cette contamination « Assez Grave » est à l’origine d’une augmentation
des symptômes en vergers.
du 25 au 27 mai : suite à cette contamination « Assez Grave », l’expression de la maladie s’est
intensifiée avec une progression des taches en vergers.
Selon le modèle, les projections primaires ont pris fin le 27 mai et à cette période, nous constatons de
nombreuses parcelles touchées à des niveaux variables.
Situations en vergers
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Pousses oïdiées (Crédit photo: V. Roulon -FREDON
PC)
Dépérissement d’un jeune rameau (Crédit photo: H. Hantzberg FREDON PC)
A la fin des contaminations primaires, sur les 15 parcelles observées, 3 parcelles présentent des taches
sur feuilles et/ou fruits à un taux inférieur au seuil indicatif de risque (> 5% de pousses tavelées).
Malgré quelques repiquages durant la période estivale, la situation sanitaire est restée globalement saine
en parcelles conventionnelles et biologiques.
En 2018, la fréquence de la tavelure est plus élevée qu’en 2017 mais l’intensité reste la
même. En effet le nombre de contaminations primaires a été plus élevé durant la saison mais la
gestion de la tavelure a été relativement simple et s’est déroulée le plus souvent dans de
bonnes conditions.
L’oïdium :
Météo : Les conditions ont été propices à l’installation de l’oïdium en
avril et début mai, puis moins favorables jusqu’à début juillet (T°C
moyenne > 10°C, hygrométrie > 80%, petites pluies).
Des bourgeons oïdiés ont été observés à partir du 21 mars en verger
traité sur une parcelle contaminée en 2017 et du 4 avril en parcelle
biologique (32% d’arbres touchés sur un total de 25 arbres observés).
Le 07 mai, les symptômes primaires de l’oïdium sur pousses sont de
plus en plus visibles en parcelles non traitées et conventionnelles. Ils
sont signalés sur 8 parcelles pour un total de 9 parcelles observées. Au
16 mai, il y a une évolution de la maladie, beaucoup de nouvelles
pousses sont touchées. Le 06 juin, une forte progression des
symptômes est notable selon les secteurs.
A la mi-juillet, la sortie des nouvelles feuilles étant lente voire terminée, le risque « oïdium » s’achève. En
revanche, sur les jeunes vergers ou les parcelles en surgreffage, le risque peut perdurer.
En 2018, l'oïdium est fréquemment observé dans les vergers mais en faible intensité. Cette
maladie est plus fréquente en vergers biologiques qu'en vergers conventionnels et sur jeunes
plantations.
Le chancre à Nectria :
Météo : Le climat a été plutôt sec en octobre et novembre lors de la
précédente récolte de 2017.
La situation sanitaire demeure préoccupante en Gâtine et la maladie
continue à progresser également dans des secteurs moins humides
(Vienne). La sensibilité est importante à la maladie pour Gala,
Belchard, Reinettes, Braeburn et Delicious rouges.
Tout au long de la saison, des rameaux chancrés sont visibles dans
les vergers, et de façon importante notamment sur jeunes
plantations. Fin mai, en raison des conditions climatiques humides,
des contaminations graves ont été recensées pouvant mener jusqu’à
la mort de l’arbre.
Un observateur nous a signalé à la mi-juillet des dégâts sur fruits
(« Cylindrocarpon de l’œil ») sur la variété Gala.
Il existe un risque de confusion avec une autre maladie, le botrytis
de l’œil. Plusieurs analyses antérieures ont montré que la maladie prépondérante en nord Nouvelle-
Aquitaine est celle du « Cylindrocarpon de l'œil ».
Malgré un climat plutôt sec au début de l'automne 2017, limitant quelque peu la maladie, la
contamination ancienne et généralisée des vergers situés en Deux-Sèvres par le chancre à
Nectria est restée difficilement maîtrisable cette année. Une évolution importante est relevée
en jeunes vergers.
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
Fente de croissance (Crédit photo: V. Roulon -
FREDON PC)
Moniliose (Crédit photo: N. Kergroac’h -
FREDON PC)
Black rot du pommier sur charpentières (Crédit photo: N.Kergroac’h - FREDON PC)
Le black rot du pommier :
Météo : les conditions climatiques ont été favorables au
pathogène avec des épisodes pluvieux et une température
supérieure à 20°C.
Lors des observations faites au verger conservatoire de
Secondigny de l’association des croqueurs de pommes, 8 arbres
présentaient des symptômes s’apparentant à des pellicules
noirâtres avec des coulures partant du haut des branches jusqu’au
tronc. Une analyse de laboratoire sur une branche charpentière a
révélé qu’il s’agissait de Botryosphaeria sp., un champignon qui
jusqu’en 1995 était considéré comme parasite occasionnel,
devenant depuis une dizaine d’année préoccupant dans le Sud-
Ouest.
Ce champignon affecte surtout les fruits. Il se conserverait sous forme de chancres, dus initialement au
feu bactérien ou au gel, sur les rameaux ou sur le tronc.
Il est nécessaire d’employer des mesures prophylactiques afin d’éviter la propagation de ce pathogène :
éliminer les fruits tombés au sol et les momies qui peuvent être source d’inoculum, suppression des
chancres à la taille et leur destruction….
Les maladies de conservation :
Météo : les conditions chaudes et relativement sèches de l'été ont été peu favorables aux maladies de
conservation.
Dans les vergers, les maladies les plus courantes sont la moniliose, le chancre
à Nectria sur fruits (« Cylindrocarpon de l’œil ») et le Bitter pit (maladie
physiologique associée à un taux de calcium faible dans le fruit).
Malgré un climat sec peu propice lors de la récolte, la moniliose reste
fréquente en vergers. Le taux élevé de sucre relevé dans les fruits cette
année pourrait expliquer ce constat. La moniliose se développe rapidement
lorsqu'une pomme sucrée est blessée.
En conservation, il est encore trop tôt pour se prononcer. Pour les maladies
telles que les gloeosporioses, les dégâts se déclareront en février-mars.
La situation est calme pour le moment.
Lees maladies physiologiques :
Fentes de croissances
Météo : Les conditions climatiques très chaudes ont pu être favorables aux
fentes de croissance.
Des éclatements plus ou moins profonds et étendus sont apparus sur les
pommes, survenant préférentiellement dans les zones pédonculaire et parfois
stylaire des fruits. Ce phénomène a été très observé sur la variété Gala.
Le flux d'eau est trop important dans la plante et les fruits, l'élasticité de
l'épiderme de ces derniers n'est alors pas suffisante pour compenser leur
brusque croissance. Ils finissent par se fendre, et plus ou moins éclater.
Cette affection se manifeste particulièrement à la suite de brusques
changements climatiques modifiant considérablement le taux de croissance
des plantes, en particulier à la suite de périodes climatiques très chaudes avec
des intensités de lumière importantes.
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
Rugosité ou russeting
Météo : à-coups climatiques pouvant favoriser la maladie.
La rugosité ou le russeting est le résultat d'un processus de cicatrisation se manifestant à la suite d'une
agression des couches superficielles de l'épiderme, à un stade jeune du développement des fruits. Une
structure de cicatrisation prend la place des cellules détruites et forme une couche liégeuse pouvant
conduire à la dépréciation de la qualité visuelle du fruit.
Outre les conditions climatiques, cette maladie peut aussi être attribuée à une pollinisation défectueuse.
Cette année la rugosité a été plus présente que d’habitude notamment sur la variété Golden.
Les ravageurs
Le carpocapse des pommes
Météo : l'année 2018 chaude et relativement précoce a été particulièrement favorable au carpocapse.
Depuis 2017, le modèle Carpocapse des pommes DGAL-ONPV/INOKI est utilisé comme outil
complémentaire au réseau de piégeage et aux observations en vergers afin de mieux appréhender le cycle
du carpocapse.
Les premiers papillons ont été capturés le 7 mai sur deux pièges en Vienne (10 et 3 papillons), un piège
en Charente (4 papillons) ainsi qu’un piège en Deux-Sèvres (1 papillon), soit 14 jours plus tard qu’en
2017. Les premiers dégâts sur fruits sont détectés le 13 juin. Le deuxième vol débute vers le 16 juillet
avec une pression forte sur certaines parcelles. Le pic de vol est légèrement décalé par rapport à 2017.
En 2018, le nombre de captures moyen est globalement bien supérieur à la moyenne 2014-2017, que ce
soit pour la première génération ou la deuxième. La présence de deux pics en première génération peut
en partie s’expliquer par certains relevés irréguliers d’observateurs.
Réseau de piégeage
G1 G2
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
Adulte et jeunes pucerons cendrés (Crédit photo: N. Kergroac’h - FREDON PC)
Modélisation :
Résultats de la modélisation Carpocapse des pommes DGAL-ONPV/INOKI Date de démarrage du modèle : 7 mai 2018 – pontes continues.
Première génération
Secondigny Pic de pontes : 31/05/2018 au 29/06/2018
Pic d’éclosion : 11/06/2018 au 07/07/2018
Deuxième génération
Secondigny
Pic de pontes : 28/07/2018 au 10/08/2018
Pic d’éclosion : 04/08/2018 au 20/08/2018
Absence de troisième génération
Situation sanitaire en vergers :
Pour les parcelles témoin 2 et 3, l’absence de fruits cette année (phénomène d’alternance) n’a pas permis
de réaliser les comptages sur fruits.
Les piqûres sur fruits ont été visibles aussi bien en vergers conventionnels que biologiques
avec une pression élevée voire très élevée selon les secteurs. En vergers conventionnels, dans
la majorité des cas la situation reste globalement saine (<0.5% de fruits touchés).
Le puceron cendré :
Météo : le printemps doux et l’été chaud ont favorisé ce puceron.
Des œufs de puceron cendré ont été trouvés sur bourgeons le 6 mars. Malgré le
froid autour du 19 mars, un nombre important de fondatrices a pu être trouvé en
vergers. Le 2 avril, les fondatrices sont bien actives sur les bourgeons, les
premières feuilles prennent une allure crispée. Durant le mois de mai, les
fondatrices sur bourgeons et les descendants sont fréquemment observés en
vergers conventionnels et non traités sur toutes variétés confondues. Fin mai, 80%
des parcelles de référence sont touchées malgré la présence d’auxiliaires qui est de
plus en plus importante.
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Pucerons lanigères non parasités
(Crédit photo: N. Kergroac’h-FREDON PC)
Début juin, au sein des colonies, la proportion de pucerons ailés augmente. Ces derniers migrent
progressivement vers leur hôte secondaire, le plantain. Début juillet, le risque est terminé.
La pression est importante en parcelles témoins et biologiques, mais également en vergers
protégés. Les auxiliaires (syrphes coccinelles, chrysopes, etc) sont arrivés assez tardivement
en parcelles, entrainant parfois des dégâts non négligeables.
Comme l’année passée, la ponte des œufs d’hiver a pu être plus importante qu’en année
normale. Il conviendra d’être vigilant concernant le suivi des fondatrices dès le mois de mars
2019.
Le puceron lanigère :
Météo : La régulation biologique a été tardive cette année et s'est opèrée
vers la mi-juin. Par la suite, la douceur des températures a été favorable au
puceron lanigère, mais plus encore à son auxiliaire.
Le 19 mars, nous observons une reprise d’activité du puceron lanigère
(production de laine cireuse). La migration des foyers a débuté le 24 mai,
elle est constatée sur 4 des 5 parcelles observées.
En raison des basses températures observées à la mi-mai, l’auxiliaire
Aphelinus mali est peu présent (seulement un observateur nous a fait part
de sa présence à cette période). La migration des foyers n’a pas encore
débuté, ils sont encore présents au niveau du collet, des plaies de taille ou
des chancres. Au mois de juin, la température remonte et est favorable à
l’installation de cet auxiliaire mais également à la migration vers les
pousses du puceron lanigère. A la mi-juillet nous notons une forte baisse
de ce ravageur, l’auxiliaire quant à lui est présent sur une majorité de
parcelles et son efficacité freine le développement du puceron.
Cette année aucune parcelle de référence n’a dépassé le seuil indicatif.
Malgré un parasitisme tardif, la régulation biologique a été très efficace à partir de la mi-juin
et jusqu'à aujourd’hui (très peu de remontées de pucerons lanigères en automne).
Les punaises phytophages :
Météo : Cet été la chaleur a été propice au développement des punaises.
Le 18 avril, les deux espèces les plus courantes en vergers sont observées : la punaise verte (Palomena
prasina) et la punaise marron (Rhaphigaster nebulosa). Une semaine plus tard Coreus marginatus fait son
apparition en verger non traité. Début mai, des pontes de la punaise Rhaphigaster nebulosa sont
constatées. Les pontes s’enchainent et les jeunes larves apparaissent début juin. A cette période, nous
notons également des piqûres sur les fruits.
A partir de mi-juillet, la punaise verte (Palomena prasina) devient prépondérante en vergers et entraine
de plus en plus de piqûres sur fruits.
Les piqûres sur fruits sont fréquemment observées mais globalement dans une moindre
mesure qu’en 2017, les vergers enherbés restant ceux où les dégâts sont les plus significatifs.
La vigilance vis-à-vis de ces insectes doit être de rigueur pour les années à venir.
(Crédit photo : N. Kergroac’h– FREDON PC)
Coreus marginatus Palomena prasina Rhaphigaster nebulosa
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Bronzage sur feuilles (Crédit photo : N. Kergroac’h–
FREDON PC)
Dégats d’hoplocampe (Crédit photo : N. Kergroac’h–
FREDON PC)
Les acariens :
Météo : l’été chaud et sec a été favorable aux remontées de populations
d’acariens.
Mi-mai, l’acarien rouge a été observé sur une parcelle biologique.
A la mi-juin, en vergers non traités et conventionnels nous observons
également des symptômes de « bronzage ». Début août, quelques foyers
d’acariens rouges et d’acariens jaunes (ou tétranyques tisserands) sont visibles
sur les parcelles de référence.
Les comptages sont bien en-dessous du seuil indicatif de risque. Les populations
d’acariens nuisibles sont accompagnées des auxiliaires Typhlodromes et des
punaises prédatrices.
Les acariens, habituellement peu problématiques en nord Nouvelle-
Aquitaine, engendrent des symptômes de « bronzage » depuis 2016
dans des parcelles historiquement saines.
Il est important de réaliser un comptage des œufs d’acariens pendant l’hiver (prognose
hivernale) afin d’évaluer le niveau des populations pour 2019.
L’hoplocampe :
Météo : le printemps doux a favorisé ce ravageur.
Les dégâts de cet hyménoptère sont observés exclusivement sur les parcelles non traitées et biologiques.
Depuis 2016, nous observons des attaques significatives d’hoplocampes (0,5 à 8,5% de fruits touchés)
qui nous ont amené à renforcer le réseau de piégeage en 2017 et 2018 chez quatre producteurs afin de
connaître la dynamique de vol du ravageur.
Vers le 16 avril, le vol de l’hoplocampe débute et un risque de ponte existe pour les variétés précoces.
Les vols se poursuivent sur les parcelles, avec des captures importantes de 10 à 13 individus en parcelles
biologiques et dans un verger non traité. Mi-mai, le vol est à son maximum et proche de la fin, la floraison
étant terminée pour la majeure partie des pommiers, le risque de ponte devient nul.
En comparaison à 2017, le profil de la courbe de piégeage est globalement similaire. Le piégeage en 2018
a débuté un peu plus tardivement avec un décalage d’environ une semaine.
Les dégâts oscillent entre 0 et 4% de fruits touchés en vergers non traités et biologiques. En
2018, les dégâts sont légèrement moins importants que l'an dernier. Il ne faut toutefois pas
négliger ce ravageur qui cause de réels dégâts en vergers non conventionnels.
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
Rhynchite rouge (Crédit photo : N.
Kergroac’h– FREDON PC)
Les rhynchites frugivores :
Météo : les températures estivales ont été propices au développement de ces
ravageurs.
Mi-avril, nous constatons la présence de rhynchites coupe-bourgeons et le 6 juin
celles des adultes de rhynchites frugivores rouges en vergers témoin et
biologique, où les dégâts de piqûres de nutrition sont importants.
Bien que ces ravageurs soient considérés comme secondaires, leur
impact en vergers non traités et conventionnels semble augmenter
d'année en année. Ainsi, le suivi de ces insectes doit faire l'objet d'une
attention particulière ces prochaines années.
Les chenilles défoliatrices :
Météo : la chaleur enregistrée au printemps et en été 2018 a été favorable aux tordeuses.
Le 24 avril, les dégâts sont bien visibles en parcelles témoins non traitées. En vergers conventionnels, une
parcelle a subi des dégâts non négligeables avec 6% de bouquets touchés. Les chenilles observées sont
diverses : tordeuses, arpenteuses (chematobie), chenilles urticantes et hyponomeutes.
Le 03 mai, deux tordeuses Pandemis heparana ont été capturées au Nord des Deux-Sèvres chez un
producteur. Le 16 mai, le vol de la tordeuse Grapholita lobarzewskii ainsi que de la tordeuse Spilonota
ocellana débutent. Chacune de ces tordeuses se distingue par la réalisation d’une génération par an (de
mai à fin juillet pour G. lobarzeskii et en juillet pour Spilonota ocellana). Le vol d’Archips podana a débuté
le 29 mai et se caractérise par deux générations (fin mai-début juin puis fin juillet-début août).
Malgré une forte pression des tordeuses en parcelles témoins au printemps, nous observons
peu de dégâts sur fruits en parcelles de référence et conventionnelles.
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Bulletin de Santé du Végétal Nouvelle-Aquitaine / Edition Nord Nouvelle-Aquitaine Pommier – N°21 du 30 novembre 2018
La fréquence et l’intensité d’attaques des principaux bio-
agresseurs du pommier
La gravité de l’attaque combine la fréquence et l’intensité des dégâts sur les parcelles touchées. Elle tient
compte également d’une appréciation qualitative de l’incidence finale de chaque bio-agresseur sur la
culture.
Belles et bonnes fêtes de fin d’année à tous !
Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles réalisées sur un réseau de parcelles. S'il donne une tendance de la
situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle à chacune des parcelles. La Chambre Régionale
d'Agriculture Nouvelle-Aquitaine dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection
de leurs cultures. Celle-ci se décide sur la base des observations que chacun réalise sur ses parcelles et s'appuie le cas échéant sur
les préconisations issues de bulletins techniques (la traçabilité des observations est nécessaire).
" Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture et le Ministère de l’Ecologie, avec l’appui financier de l’Agence Française de Biodiversité, par
les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto ".
Les structures partenaires dans la réalisation des observations nécessaires à l'élaboration du Bulletin de santé du végétal Nouvelle-Aquitaine Pommier – Edition Nord Nouvelle-Aquitaine sont les suivantes : Arboriculteurs, Association
des Croqueurs de pommes des Deux-Sèvres, Association des Croqueurs de pommes des de la Vienne, Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime, Fredon Poitou-Charentes, Jardin botanique de l'Université de Poitiers, Label Pom, Lycée Professionnel Agricole
Régional de Montmorillon, Tech’Pom.
2 1 1 1 2 1,5 2 1 1 1 1 2 0,5 1
+ = = - = + = + = = + = = =Evolution par
rapport à 2017
Gravité 2018