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Edition 2019 / 2020

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Page 1: Edition 2019 / 2020webetab.ac-bordeaux.fr/college-henri-brisson-talence/...Nathalie Bernard - "Un matin d'été..." septembre 2019 Lauréate du "Prix collégiens lecteurs de Gironde"

Edition 2019 / 2020

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P R I XC O L L É G I E N . N E . S

L E C T E U R . T R I C E . S D EG I R O N D E

2 0 1 9 / 2 0 2 0

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Les collégiennes et les collégiens girondins, constitué.e.s en clubs de lectureou en groupe classe et accompagné.e.s par un.e enseignant.e ou un.eprofesseur.e documentaliste, lisent chaque année une sélection d'ouvragesofferts par le Département. Ces ouvrages sont proposés par le réseau"Librairies indépendantes en Nouvelle-Aquitaine".

Au printemps, les collégiennes et collégiens échangent et votent pour leurouvrage préféré ; l'auteur.e lauréat.e se voit ensuite attribuer le prix«Collégien.ne.s lecteur.trice.s de Gironde». Une rencontre entre l'auteur.elauréat.e et les jeunes est habituellement organisée en juin. Suite à l'évolutiondu contexte sanitaire, cette rencontre, prévue avec Stéphane Servant, à dûêtre annulée.

Désireux de lancer un nouveau défi aux collégiens et soucieux de promouvoirle goût de l'écriture et de la fiction, le Département organiseconcomitamment un concours d'écriture de nouvelles, le concours "Nouvellesà suivre".

Ainsi, le-la lauréat.e du Prix "Collégien.ne.s lecteur.trice.s de Gironde" del'année précédente propose un incipit pour les collégiennes et collégiensdésireux d'écrire la suite.

C'est Nathalie Bernard, récompensée pour son roman "Sauvages", en 2019, quis'est livrée cette année à l'exercice avec son texte "Un matin d'été..." (voir p. 9).

Nous vous invitons à découvrir dans ce recueil, les nouvelles saluées par le jurydépartemental. Les textes sont volontairement publiés en l'état, afin de ne pasdénaturer les écrits.

Au gré de leur imagination, les jeunes écrivains ont proposé de placer le textede Nathalie Bernard au début, à la fin ou au milieu de leur écrit; vous trouverezla mention "INCIPIT" en guise de repère.

Bonne lecture !

p.3

PRÉSENTATION

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SO

MM

AIR

E

PRÉSENTATION p.3

p.4SOMMAIRE

N O U V E L L E S À S U I V R E 2 0 1 9 / 2 0 2 0

INCIPIT p.7

PALMARES Grand prix "Nouvelles à suivre..."

Categorie 6ème

Premier prix

Deuxième prix

Troisième prix

Categorie 5ème

Premier prix

Deuxième prix

Troisième prix

P R I X C O L L É G I E N . N E . SL E C T E U R . T R I C E . S D E G I R O N D E

2 0 1 9 / 2 0 2 0

p.10

p.16

p.27

HélénaRAMBEAUT-MILLET

"La forêt a des ennuis"

Sofia ABDELHADI "Samedi ou la vie qu'on aime"

Nathan LAFON "A la recherche du passé"

Marie DELOUCHE

Auriane LEVEILLE L'appel

Mélusine LEGEAY

Milan BRILLI

"Un matin d'été" de Nathalie Bernard

"Au fond du lac"

"Retour à l'état sauvage"

"Le chant de l'ours"

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P R I X C O L L É G I E N . N E . S

L E C T E U R . T R I C E . S D E G I R O N D E

2 0 1 9 / 2 0 2 0

Categorie 4ème

Premier prix

Deuxième prix

Troisième prix

Categorie 3ème

Premier prix

Deuxième prix

Troisième prix

PRIX SPÉCIAUX

Rencontre fortuite

Dr. Kennedy

Magnum 44

ChaimaTAODJINDONGAR

Arthur BARRIERE

Léonie FLEURY

Chloé BARDOTMaelys BELILLA

Anna CHICORP

Julie VALLAT

CarlottaHELLARD-AVALOS

Pénélope BRUNorah GRELETJustine HUBERT

Guillaume BANCHAREL

Mike HornSO

MM

AIR

E

"Etoiles"

"La forêt de l'oubli"

"Les voyageurs de la forêt"

"L'enfant sauvage"

"Illusion"

p.45

p.65

p.80

N O U V E L L E S À S U I V R E 2 0 1 9 / 2 0 2 0

Océane SCHEUBER

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P R I X C O L L É G I E N . N E . S

L E C T E U R . T R I C E . S D E G I R O N D E

2 0 1 9 / 2 0 2 0

PRIX SPÉCIAUX

Le gardien Romane VIGOUREUX-DE RENTY

Ours de laboratoire

Apparition

Léon GRAND

Youri BIECHER-LAHAYE

Roméo et Juliette Juliette GAUTIER

La traque Alexis DURAND

Boomerang Valentine LOMBART-BERTOLUS

Métamorphose Antoine BOUSSINOT

Games of thrones Mathilde BERLANDChloé COURBIN

Famille de coeur Solène BRILLET

ConstellationHajar NOUAMANESirine HAMIOUI

Balle perdue Anissa LAUGEREJuliette PANTEIX

La maison de l'horreur Liana BALOUP

Kafka Solène BLAESS

SO

MM

AIR

E

Rebelote Lucie PAGNAT

Secret maternel Antonin FRANCOISLuigi RECANZONE

N O U V E L L E S À S U I V R E 2 0 1 9 / 2 0 2 0

Amérindien Inès FONTAINE-BARRACHINA

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Nathalie Bernard - "Un matin d'été..." septembre 2019Lauréate du "Prix collégiens lecteurs de Gironde" 2019/2020

INCIPIT

Un matin d’été, James sentit qu’il pourrait bien ne plus jamais quitterson lit. A la place, il se leva, attrapa son sac à dos, y fourra un duvet etun blouson bien chaud et descendit à la cuisine. Il ajouta une grandegourde d’eau, des paquets de biscuits, deux boites de haricots cuisinéset trois poches de fruits secs. Il referma le sac, ouvrit la porte, la claquaderrière lui et marcha droit devant lui. Sans aucun plan de route.

Il poursuivit sa marche jusqu’à la bretelle de l’autoroute. Là, il leva lepouce. Après quelques minutes, un routier s’arrêta et le fit monter dansson camion. Sur des airs de musique country, il le transporta plus aunord et le déposa au croisement d’une nationale et d’unedépartementale.Pas de musique cette fois, mais une odeur de tabac froid. Après une vingtaine de kilomètres, le type s’arrêta pour laissertraverser un ours.C’était un ours noir, un animal magnifique, au poil dru et brillant, enpleineforme. Loin d’être impressionné par le moteur qui ronronnait et lescoups de klaxon, l’animal prit son temps pour traverser.

- Allez ! Grouille ! J’ai pas que ça à faire ! cria l’homme par la fenêtreouverte, sans que ça ait un quelconque effet sur l’animal.

Au passage, la bestiole prit même le temps de jeter un regard noir versle véhicule et ses petits yeux inexpressifs croisèrent ceux de James.Subjugué, le jeune homme resta bloqué sur la touffe de poils blancsqui s’épanouissait en une sorte d’étoile au centre du front de l’animal. Cette vision lui valut un long frisson le long de la colonne vertébrale. Ileut l’obscur sentiment que la vie elle-même le voyait brusquement ets’adressait enfin à lui. C’était la vie brute, la vie sauvage, celle dont onne peut pas ignorer l’appel. Rien à voir avec l’enchaînement des fêteset des alcools qu’on lui avait proposés jusque-là pour se sentir vivant…

p.7

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- Je descends ! décida-t-il tout à coup.- Ici ? Mais on est loin de tout ici…- Justement, c’est parfait, ajouta James en attrapant son sac à dos.

Le vieil homme posa la main sur l’avant-bras du jeune homme.- Attends un peu mon garçon…cet ours doit peser dans les troiscents

kilos. Si tu empiètes sur son territoire, il risque de t’attaquer…- J’ai pas peur.- Tu n’as pas peur ?

James ne laissa pas au type le temps d’ajouter autre chose. Il leremercia d’un signe de tête et sortit du véhicule.A la suite de l’ours, il s’engouffra dans le bois sans une onced’hésitation. En voyant la forêt l’avaler, le vieil homme resta un instantmédusé dans sa camionnette. Il attendit un peu, au cas où le jeunehomme changerait d’avis, puis il finit par s’en aller.

INCIPIT SUITE

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Auriane LEVEILLE3ème, Collège Jean Monnet à Saint-Ciers-sur-Gironde"L'appel "

Le bitume de la route avait alors été remplacé par l’herbe verte et tendrede la forêt. Une fraîcheur qu’il connaissait bien l’accueillit, c’était dans cecalme qu’il se sentait le mieux. En à peine quelques secondes, il respiraitdéjà mieux. Inhalant les fragrances musquées des bois, il ne vit pas quel’ours avait déjà disparu. Le jeune homme jeta un regard aux alentours.Où était-il passé ? Une ombre semblable à celle de l’ours se devinait àl’horizon. James n’hésita pas. L’animal qui scrutait le ciel, tourna la têtevers lui avant de s’enfoncer dans la forêt d’un pas tranquille.James marcha dans les traces de l’animal, essayant de faire le moins debruit possible. Il se rendit bien vite compte que la rigidité de seschaussures ne pouvait que rendre la tâche plus difficile. Il les enleva et lesabandonna sur le sol avant de continuer sa route. Son sac tomba peuaprès, objet de tissu inutile qui serait bientôt recouvert par les feuilles.

La peau fragile et blanche de ses pieds n’était pas habituée au contact detoutes les brindilles, feuilles mortes et cailloux qu’il heurtait souvent danssa maladresse. Ses pieds se couvrirent de petites entailles, de terre etfinirent par se fondre avec le sol. Il n’en ressentit pas la moindre douleur. Ilsuivait fidèlement son ours sans se poser de question. Plus rien désormaisne comptait hormis ce lien.Tandis qu’il zigzaguait entre les pierres mousseuses, il perçut unbruissement. Il tendit l’oreille et scruta les alentours. L’ours devant lui nes’était inquiété de rien et poursuivait paisiblement sa route.

James communiait avec lui, le tout dans un silence le plus total. Il étira soncorps, le souffle profond, les yeux grand ouverts sur une nouvelle réalité. Ilressentait, touchait et vivait au rythme naturel. Son corps devenaitcontinuité de la terre. Il se sentait attiré par elle, la ressentait commejamais. Il avait répondu à son appel et elle s’offrait à lui.

p.10

GRAND PRIX "NOUVELLES ÀSUIVRE. . . " ÉDITION 2019-2020

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Le changement se fit sans bruit. Lui-même ne distingua pasimmédiatement les subtiles différences qui s’opéraient. Il passe del’agitation à un apaisement total. Plus proche que jamais de son essence.Son passé s’endormit. Il sentit avec clairvoyance qu’il n’était pas seul. D’autres personnes commelui marchaient. Il ne pouvait les voir mais était relié à celles-ci. Il se dressa en équilibre sur un rocher. Un poids plume se posa sur sonépaule. Un oiseau, le temps d’un battement. James tressaillit légèrement,mais ne dit rien. Les mots n’avaient dorénavant plus d’utilité.

Ces autres, avaient-ils eux aussi suivi un animal ? Avaient-ils ressenti lamême certitude ? Ils étaient sept. Sept... comme les sept jours de lasemaine, les sept couleurs de l’arc-en-ciel… Ce chiffre avait toujours étéson préféré. Il pouvait maintenant ajouter à sa liste Nous sept. Il se sentaitsi bien ici ! Se sentant opprimé dans son tee-shirt, il l’ôta. Il n’avait pasfroid. Tout était délicieusement tiède. Cette sensation, c’était un rêve ; unrêve si réaliste qu’on s’y perdait. James inspira et prit vers le nord, sedétournant définitivement de ce qu’il restait de sa vie.

La nuit commençait à tomber. Il le savait, tous marchaient en une parfaiteharmonie. L’obscurité se fit épaisse. Quiconque ayant déjà passé une nuitdans la forêt sait qu’une fois le soleil couché, à l’abri des regards, dansl’intimité des racines et des branches, elle se met à chuchoter. Elle parle àtous ceux qui savent l’écouter.

L’atmosphère était prégnante. Chaque pulsation, chaque battement decœur, chaque pas était intense. C’était presque une transe, unmouvement hypnotique, la fièvre aussi menaçante qu’enivrante. Au loin,l’ours observa les cieux. Si seulement son regard pouvait invoquer cetteétincelle dont Elle avait tant besoin.

Une fois sa camionnette redémarrée, le vieil homme demeura songeur. Cejeune homme, qui paraissait si normal, l’avait plus qui ne voulaitl’admettre perturbé. Du haut de ces 77 ans, il avait eu le temps d’encôtoyer, des jeunes de cet âge-ci. « Les jeunots » comme il les appelait.Pourtant, il ne parvenait pas à s’expliquer le comportement de son auto-stoppeur. Un élément lui échappait, il le sentait. Le soir venu, il continuaitde s’interroger.Derrière son air renfrogné, ses sautes d’humeur et sa voix rauque, le vieilhomme n’était pas méchant. Perspicace, il prêtait véritablement attentionà ce et ceux qui l’entouraient. Véritable amoureux de la nature, il avaitpassé sa vie entière dans les bois qui entouraient son village.

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La forêt le définissait. Souvent critiqué pour sa pipe de bois et cesnombreux jurons, il ne retenait que le jugement de la nature. Et à cetinstant, il avait un pressentiment.

Il s’arracha de la fenêtre de son salon où il contemplait les arbres sombres.Il entreprit d’allumer sa vieille radio pour tenter de changer ses idées.Un grésillement s’éleva des hauts parleurs et la voix du présentateurhabituel lui parvint étrangement atténuée et hachée. Le vieil homme neput que saisir quelques mots : jeune homme...soirée...septième… avantque la radio ne coupe.Il pesta contre la machine et se leva. Il alluma sa pipe et s’assit dans sacuisine. Ce garçon n’avait pas fini d’occuper ses pensées.

James ouvrit les yeux et s’étira longuement, paisiblement. Jamais il nes’était senti tant en accord avec lui-même ; lui-même et ses septcamarades. Toujours ensemble, sur leurs propres chemins, liés. Aucunn’avait prononcé le moindre mot, ils n’en avaient pas besoin. Leurs routesse croiseraient probablement un jour, tous mus par la même étincelle,celle qui animait les pupilles de l’ours. James ne savait rien d’eux. Il n’enavait pas besoin non plus. Seule comptait l’importance de cette marche,qu’eux aussi avait immédiatement ressentie, comme James l’avait saisi àla seconde où le regard noir de l’ours avait croisé le sien. Vers où allaient-ils? Partout où les bois les protégeraient, partout où l’on ne pourrait lestrouver, là où tout commençait, que tout finissait, ici et là-bas.

En partant de chez lui, James était égaré. Ce regard avait éteint toutes sesdoutes et montré le chemin. Une chose en lui s’était réveillée et le liait à cemouvement. Alors si d’autre personnes marchaient à ses côtés, il seraitelles, avec elles, loin des autres qui l’avait regardé mimer inlassablementdes sourires, des passions, une vie qui n’était pas la sienne. Sa vie.

Il ne partait pas par peur ou lassitude : il ne pouvait simplement resterplus longtemps. Les frustrations et le ressentiment de chacune de cesseize années s’étaient accumulés et avaient explosé telle une bombe. Unebombe dont le souffle avait tout balayé. Certaines personnes ne sontpas vouées à cette vie entourée de béton.

On les remarque vite : leurs paradis, leurs rêves, ne sont pas parmi nousmais loin, auprès des arbres et des cours d’eau tranquilles. James était deceux qu’on ne peut brider éternellement. Il avait été appelé et rien nel’attachait ni ne le retenait.

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James releva la tête pour la première fois depuis...un temps qui n’étaitplus à déterminer. Il venait d’apercevoir du coin de l’œil une fourrure qu’ilreconnaissait parmi tant d’autres. Il se dirigea lentement vers l’animal.Celui-ci s’arrêta et le regarda. Ses pupilles brillaient d’intelligence et d’uneclairvoyance illuminée. Ce nouvel échange transperça James, le marquantprofondément.

Si l’ours parlait, lui enseignerait-il le sens de la vie ? Le garçon leva la mainet la posa sur le front de l’animal. A travers lui, il sentit, écouta, perçut. Ilentendrait à présent les arbres murmurer des secrets dans le bruissementdes feuilles, la terre chanter, la roche vivre autour de lui… et il faisait partiede cet ensemble.

Le vieil homme se prit à vouloir suivre la direction empruntée par lemystérieux auto-stoppeur. Au-delà de la curiosité, une certaine nécessitése faisait sentir, comme une intuition. Il avait déjà assisté à ça. Les articlesqui en parlaient étaient soigneusement rangés dans une boîte qui prenaitla poussière dans son garage. Cela faisait si longtemps ; lui-même n’étaitqu’un adolescent lorsque cela s’était produit pour la dernière fois. Si c’étaitbien ce qu’il pensait, les journaux allaient de nouveau s’interroger. Bientôt,les titres de l’ancien temps referaient surface : «Mystérieuses disparitions»,« Évaporés sans laisser de traces » ou encore « Où sont-ils ? ». Desquestions qui resteraient sans réponses, montrant des silhouettes flouess’éloignant doucement dans les bois. Le vieil homme aurait voulu oublier,mais le passé semblait vouloir ressurgir. Cela avait été sept personnes,volatilisées, jamais retrouvées, effacées, oubliées.

Bientôt les hommes comprendraient, du moins il l’espérait. Sa fourrureondula dans la brise. Il s’était accordé une pause pour observer le cielétoilé.

Dans le silence, les sept se fondaient, la terre les portant et lesenveloppant doucement. Ils frôlaient les troncs, touchaient les branchesqui ondoyaient autour d’eux, délicatement, comme une mère guide sonenfant. Ils se confondaient dans le paysage, semblaient s’estomper audétour d’une ombre. Ils poursuivaient leur marche, sans aucune frayeurde l’inconnu, sans prêter attention aux changements qui s’opéraient.

Le processus était enclenché et tous l’avaient accepté. Sentant le ventforcir, la pluie arriver, James se perdit dans les feuilles, passantdéfinitivement de l’autre côté. Il s’éveillait une nouvelle fois ; comme lesautres…

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Le vieil homme se rendit à la gendarmerie. Il savait pertinemment qu’il n’ytrouverait que ce qu’il connaissait déjà. Il avait veillé des nuits entières,cherché sans relâche, tâchant de résoudre la disparition de son petit frère.Il s’était maintes fois rendu dans la forêt où on l’avait aperçu pour ladernière fois et avait même dormi dans les arbres, mais les bois s’étaientrefusés à lui offrir la moindre trace, s’obstinant à le rejeter. Il n’avait rientrouvé mais n’avait pas abandonné.

L’espoir ne s’était pas éteint. Jamais. L’intuition que cela se reproduiraitsans doute. Une certitude qui avait survécu jusqu’ici. En cherchant dans les archives et sur internet, malgré son habilitéincertaine, il avait découvert que son pays n’était pas un cas isolé. Partoutà travers le monde, à différentes époques, chaque pays s’était vu retirer uncertain nombre de personnes. Aujourd’hui sa patrie était de nouveautouchée, comme un cycle. Un cycle qui perdurerait sans doute jusqu’à cequ’ils comprennent ; qu’ils comprennent qu’ils étaient face à unphénomène qu’ils devaient considérer, avant qu’il ne soit trop tard.

La tête appuyée contre l’écorce lisse d’un tronc de peuplier, l’ours écoutait.Il fallait que les hommes comprennent, autrement davantage devraientêtre appelés.James se sentait bien, la forêt était devenue son foyer. Au gré du vent, ilpouvait à sa guise passer d’un chêne à un noisetier. Les autres s’étaientépanoui autre part ; chacun avait trouvé sa place et contribuait àl’Équilibre.Transporté par le rythme d’une vie plus vaste, James inspirait à milleendroits, expirait le souffle qui emportait les chapeaux et poussait lesoiseaux vers le ciel. Un cœur battant à l’unisson avec les autres. Ilressentait tout, faisait partie du tout, le tout de tout le monde… aujourd’huidivisé en deux parts déséquilibrées. Des lacunes que l’unes’efforçait de combler, provoquant l’incompréhension des esprit aveugles.À quel moment ces yeux fermés et ces consciences plongées dansl’obscurité la plus totale, allaient-ils s’ouvrir ? James comme sessemblables attendaient, espéraient, lutteraient de toutes leurs forces pourque l’Équilibre soit respecté.

Le vieil homme était tristement songeur. Si ce qu’il pensait était vrai, ilespérait ne pas être le seul à avoir saisi la vérité. Comme quarante ans plustôt, il se retrouvait devant un thé à la menthe, affalé sur la table desarchives, marmonnant dans sa barbe. Lui, simple garde-forestier, quepouvait-il faire ? On le traiterait de fou.

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Les croyants étaient charriés, les chamans méprisés, les cultes parodiés…Pourquoi le croirait-on lui et non les autres ? On associerait sa certitude àdiverses croyances personnifiant la nature. Lui-même en était amoureuxmais se cachait bien de le crier sur tous les toits. Tandis que le sachetcolorait d’un brun délicat l’eau chaude de sa tasse, le vieil hommes’agitait. Pourquoi ne trouvait-il aucune issue à ses problèmes ? Fallait-ilqu’il patauge ainsi inutilement pendant des heures ? Était-il possible queson thé lui révèle une quelconque vérité à force de le fixer ? Sa cuillèreeffectuait son énième tour dans le liquide quand il s’immobilisa soudain.Le grand-père laissa tomber sa cuillère, il venait de songer à une chose :l’ours. Oui, cet ours au regard noir…

Parmi les arbres, James et les autres observèrent l’ours guider un autrehumain, plus jeune, qui doucement s’était éloigné de sa famille. Il avait àson tour senti l’appel. Il progressait sur le chemin, sans un mot, de la terredans les cheveux et dans ses yeux, nulle crainte, uniquement une puretéprotectrice, une étincelle incandescente.

Le vieil homme s’avança à l’orée des bois et attendit, attendit… Il était prêtà attendre autant qu’il le faudrait. Est-cela qui incita l’ours à venir à sarencontre ? Il ne le saurait jamais. Que faisait-il là ? Il ne le savait guère lui-même.L’animal s’approcha d’un pas posé, ses yeux noirs d’une profondeur inouïele sondant. Ils s’observèrent de longues minutes, sans esquisser lemoindre geste. Une scène qui pour un œil extérieur paraîtrait étrange,mais à l’intérieur de ces deux êtres vibrait une forte intensité. L’échangeétait au-delà de la parole, un échange secret, dans le silence d’unbattement de cœur, entre le souffle de chacun.A travers leurs yeux, l’essence de la réalité remise en question, le tempssuspendu quelques secondes dont personne n’aurait jamais conscience.Dans le bruissement des feuilles, sa question initiale se mua en certitude.Mais quand, quand cela prendra-t-il fin ? Le regard assombri de l’ours luiindiqua la réponse : cela dépendrait d’eux, de nous. Le temps où leshumains prenaient sans jamais rendre était révolu. L’Équilibre avaitdepuis trop longtemps été bafoué et tant que cela perdurait, ilrappellerait aux hommes leur origine : la Terre.

Le vieil homme regarda tristement l’ours s’éloigner : ce messager, ceserviteur du Tout. Ce Tout qui prendrait autant qu’eux lui prenaient. Uneseule question désormais le tourmentait : l’homme, l’humanité, serait-ellecapable de réagir à temps ?

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CA

TÉG

ORIE

6ÈM

EHéléna RAMBEAUT-MILLET

Sofia ABDELHADI

Nathan LAFON

1

PODIUM

2

3

p.16

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Héléna RAMBEAUT-MILLET6ème, Collège Montaigne à Lormont"La forêt a des ennuis"

PREMIER PRIX

James continua à avancer dans la pénombre du bois, où il comptaittrouver refuge. Il était un peu déçu car il avait perdu l'ours de vue. Lejeune homme connaissait cette espèce : c’était un ours noir, typique duNord du Mexique, du Canada et de l’Alaska. James aimait étudier lanature. À la lisière du bois, se trouvaient des montagnes magnifiques. Lesgrands sapins l'avaient toujours attiré. Il habitait au Canada depuis sa naissance. Avant de partir pour l'Asie fairede l'humanitaire, son père lui avait enseigné toutes les espèces vivantesanimales et végétales. Vivre dans la forêt était naturel pour lui. Sa mère,elle, était avocate. Il ne la voyait pas souvent car ses parents étaientdivorcés, et il vivait avec son père.

James se mit à la recherche d’un coin pour y construire un abri. Sur sonchemin il trouva une girolle à moitié croquée. Le jeune homme se dit quel'animal était encore dans les parages. Il regarda autour de lui mais ne vitrien, à part des arbres à perte de vue. Il prit le champignon et continua saroute. Plus loin, Il trouva des baies sauvages qu’il mit dans sa poche.Bientôt il atteignit un petit coin confortable où s'installer. C'était unendroit où les sapins semblaient s’être rassemblés. James songea à safamille. Il était parti en coup de vent, sans même leur dire au revoir. Il neregrettait pas sa décision.

Le lendemain, après avoir passé sa première nuit à la belle étoile, Jamesentreprit de se fabriquer une petite cabane. Il alla à la recherche debranches et de matériaux qui pourraient lui servir pour la construction.Avant de partir, il avait pris une pierre tranchante pour faire une entaille àchaque arbre qu’il rencontrerait sur son chemin de manière à retrouverl'endroit. Sur son trajet, il entendit un bourdonnement qui ressemblait àun moteur de voiture. Il leva la tête mais ne vit rien. Le jeune homme serendit compte qu'il y avait une route très discrète qui coupait en deuxl'immense forêt. James ne l'avait même pas remarquée !

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Il décida de ne pas dépasser la limite du bois et fit demi-tour. Il continua àexplorer la forêt et finit par trouver une décharge sauvage le long d’unpetit ruisseau. - J'ai enfin trouvé ce qu'il me faut ! dit-il tout haut.Cet endroit contenait un point d'eau et plusieurs arbres couchés quiavaient dû se briser pendant la tempête qui avait eu lieu, une ou deuxsemaines auparavant. Il décida de prendre quelques clous et plusieursplanches de bois qu’il mit dans son sac vide, puis reprit son exploration.

Un peu plus loin, le jeune homme aperçu une grotte du côté de lamontagne. James reprit espoir, il reverrait peut-être l'ours. Il entra,prudemment. Sa découverte lui coupa le souffle. Deux petits oursonsétaient là, nichés sur un nid de paille, une femelle et un mâle. Il pensa queleur mère n’était pas très loin et qu'elle pourrait revenir d'un instant àl'autre. Alors il s'éloigna, et se posta à proximité pour guetter la venue del'ourse. Quelques minutes plus tard, il entendit du bruit. Soudain, un grosmuseau apparut. C'était le même animal que celui de la route, la veille, ilreconnut la tâche blanche en forme d’étoile qui était sur son front. Il restatout de même prudent. Il lui lança le champignon, peut être l’avait-elle entamé ? Qui sait ? Ellerenifla le champignon, le prit dans sa gueule et le mangea. L’ourses'approcha de l'homme qui lui avait offert ce présent. James avait peurmais ne bougea pas. Son père lui avait appris que si un ours approchait, ilfallait rester immobile. L'animal sentit le jeune homme et, à son grandétonnement, partit dans sa tanière, comme si rien ne s'était passé.Au bout de quelques minutes, James partit également vers son refuge ensuivant les entailles qu’il avait faites. Il commença sa construction. Il posa,il assembla et, son travail fini, alluma un feu de camp. En mangeant sesharicots réchauffés, James pensa au mammifère. Comment pouvait-t-elleêtre sur la route hier, alors qu’elle était si loin deses petits ?

Le lendemain matin, James se réveilla en sursaut. Il comprit que c’étaientdes coups de feu ! Le jeune homme avait construit un abri dans la forêtpendant la saison de la chasse ! Il prit peur. L’ourse et ses petits risquaientla mort et lui aussi si un chasseur le prenait pour un animal. Une idée luivint à l'esprit, il enfila son blouson qui était fluo, comme ça les chasseursle verraient. Il se dirigea vers la montagne. Les chasseurs rodaient autourde l'ourse et de ses protégés, un des hommes s’apprêtait à tirer.

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- Vous n'avez pas le droit ! s'écria James.- Qui es-tu, toi ? s’étonnèrent les chasseurs.

Le jeune garçon se dit qu'il devait garder son calme et être gentil. Peut-être que ces horribles personnages l’écouteraient.

- Vous n'avez pas le droit de la tuer, c'est une femelle et il y a des petitsoursons dans sa tanière. Je les ai vus. Et c’est illégal ! - Et alors ? Qui est-ce qui va m'en empêcher !? ricana un des deuxhommes. - Je pourrais peut-être appeler le garde forestier pour le lui signaler ! répliqua James.

Le jeune garçon n'avait pas de téléphone, il l’avait laissé dans sonappartement en partant.

- Oui bien sûr ! et ma grand-mère c'est Mary Poppins ! se moqua lechasseur.

- Allez Viens, on s'en va. dit-il à son compagnon. On reviendra demain,maintenant qu'on sait où habitent les bébés oursons.

Ils commencent à m'énerver, se disait James. Les deux hommess'éloignèrent mais s'arrêtèrent un peu plus loin. Le jeune homme lessuivit. Il les vit en train de poser des pièges puis repartir vers la route.James s’approcha et lança un bâton sur chaque piège, pour qu'ils sereferment, il les prit et les ramena dans sa cabane.

À l'aube, James alla poser les pièges devant la grotte de l'ourse et cen'était pas pour piéger les animaux, le mammifère était parti se promeneravec ses bébés. Le jeune homme se plaça en embuscade. Il entendit lesdeux hommes revenir, ils discutaient. Un des trappeurs se prit le pieddans un piège. Il hurla de douleur. Son compagnon appela les pompiers.James sortit de sa cachette, et aida le vieil homme à se dégager du piège,il avait eu assez mal comme ça ! Mais l’autre homme s’étonna de le voir ici.

- Qu'est-ce que tu fais là ?! Est-ce que c'est toi qui as posé le piège àcet

endroit ? La sirène des pompiers interrompit la discussion. Sauvé par legong !

- La plaie est vraiment profonde. Il va falloir le transporter à l'hôpital, ditle pompier. - Moi je vais partir avec ma voiture, je vous rejoindrai, mentit James.

Il regarda le camion s'éloigner avec les deux complices, puis vit les oursrevenir. Un petit ourson grimpa sur James, alors il le caressa.

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La mère le laissa faire. La petite famille rentra dans la grotte. Le jeunehomme nomma les deux petits oursons : Pic (pour le mâle) et Poc (pour lafemelle) et la maman, Mira. Décidément cette ourse n’était pas du toutagressive !

Heureux de sa nouvelle vie, James profita de chaque minute de sontemps pour vivre au jour le jour. Les oursons grandirent sans que personne ne vînt les embêter. Le jeunehomme allait souvent leur rendre visite. Pic et Poc allaient bientôt vivreleur vie d’adulte comme leur mère l’avait fait avant eux, comme James lefaisait aujourd’hui, et c’était bien ça la plus belle des vies!

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James avait en tête de partir sur les traces de l’animal si mystérieux etintéressant, il suivit l’ours. Au bout d’un certain temps, l’animal s’arrêta enplein cœur de la forêt et finit par remarquer James, il prit d’abord peurmais il comprit vite que le garçon ne lui voulait aucun mal. Alors le garçons’approcha, puis caressa l’animal et ils finirent par s’apprivoiser l’un etl’autre, les deux compagnons passant la journée à s’amuser, se connaîtreet pêcher, cela même si l’ours ne pouvait pas parler : il y avait une fusionentre les deux êtres et ils pouvaient communiquer à leur façon. La nuit tombée, l’ours emmena le garçon dans un endroit paradisiaque :un endroit où l’eau ruisselait, où il faisait bon et où le ciel était remplitd’étoiles, c’était l’endroit rêvé pour James, il goutait enfin à la vraie vie !Après avoir dégusté leur festin de poissons pêchés l’après-midi même,James et l’ours s’étaient adossés contre le tronc d’un arbre, contemplantles étoiles sans rien dire. L’ours s’était endormi à un moment, quant àJames, il sentait la fatigue monter, il allait s’endormir jusqu’à ce qu’il serappela qu’il avait une famille, des amis, ses études… il lui traversa l’espritde rentrer chez lui mais il se dit que cette nouvelle vie qui s’offrait à luiétait meilleure que l’ancienne après tout, il se fichait de tout ce qu’il yavait en dehors de cette forêt car ici, dans la forêt, avec cet ours, il étaitbien et il commençait à vivre la vie qu’il avait toujours rêvée, on peutmême dire à vivre tout court. James finit par s’endormir à belle étoile. Le binôme vécu heureux pendantun certain temps, l’ours et James passaient de très bons moments et lejeune garçon avait même donné un nom à la bête ! : Samedi. Il s’étaitremémoré un des nombreux livres qu’il avait lu. Cet ours était loin d’êtresauvage…

Si il arrivait quelques fois au jeune garçon de se remémorer quelquessouvenirs, (et oui, on ne tire pas une croix sur son passé aussi facilement!),il lui semblait parfois être dans un rêve, comme si ce qu’il vivait était irréelcar tellement beau et agréable à vivre, il avait l’impression d’être un de ceshéros de livres qu’il avait lus et qu’il admirait. Il aimait la nature et leschoses simples, sans artifices et là il était servi.

Sofia ABDELHADI6ème, Collège Jean Jaurès à Cenon"Samedi ou la vie qu'on aime"

DEUXIÈME PRIX

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Un matin, James se réveilla en ayant dès son réveil une étrangeimpression, il avait passé une mauvaise nuit, et il avait comme uneintuition. Il ouvrit bien les yeux et pouvait apercevoir au loin descamionnettes, son premier réflexe fut de se retourner pour voir Samedimais il n’était pas dans les parages. C’est alors que le jeune homme cria :

- Sameeediii !Et Samedi avait rugit en même temps et il semblait qu’il criait :

- Jaaames !Une fois bien réveillé, James avait compris tout ce qu’il se passait : onl’avait séparé de Samedi. D’ailleurs, James pouvait apercevoir un peu plusloin une camionnette et pouvait voir son ami l’ours à l’intérieur de cettedernière à travers la vitre, et puis curieusement, alors que l’ours était trèsloin il pouvait voir une étoile briller sur le front de Samedi, comme s’il yavait de la lumière en forme d’étoile sur son front. James se sentaitvraiment impuissant face à cette situation, il eut beaucoup de peine, ilétait triste de ne plus être avec son ami l’ours mais surtout triste de voirSamedi entre les mains de ces gens, comme s’ils s’étaient abandonnésl’un et l’autre. Nous étions Dimanche matin et Samedi n’était pas là,Samedi n’était plus là et James s’était juré qu’il retrouverait soncompagnon l’ours, peu importe le prix à payer. Bref, James qui avaitpensé définitivement adopter sa nouvelle vie avec Samedi, avait reprisson ancienne vie qu’il détestait, cette vie superflue comme il aimait ledire. On l’avait « arraché » à son nouvel environnement dans lequel il seplaisait tant. James ne parvenait pas à oublier son compagnon l’ours et ilrestait gravé dans sa mémoire. Et quand on demandait à James :

- Qu’est-ce qu’il t’as pris ?- Pourquoi nous as-tu quittés ?

Et encore d’autres questions… James ne répondait jamais, il se contentaitde baisser son regard qui exprimait sa douleur.

Un Samedi d’été, James et sa famille se rendirent au zoo. Il y avait toutessortes d’animaux : des loups, des tigres, des lions… des ours ! James sedisait qu’il avait le même ressenti que ces animaux : ils ne se sentaient,tout comme lui, pas libres certainement. Mais libres de quoi ? D’être avecles personnes qu’on aime et d’être libre d’aller où l’on souhaite, de vivre lavie qui nous rendrait heureux. Arriva un moment où James arriva à l’enclos des ours, il appréhendait cepassage car il avait peur, peur de devenir nostalgique en se rappelant cesmoments passés avec Samedi.

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Une fois arrivé devant l’enclos, James eut comme un frisson qui lui prittoute la colonne vertébrale, ce genre de frisson que l’on a lorsquel’émotion est trop forte. Un ours dans l’enclos avait une étoile sur le front,une étoile brillante.

Nous étions Samedi…

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TROISIÈME PRIX

Nathan LAFON6ème, Collège Montaigne à Lormont"A la recherche du passé"

James marcha. Il marcha tellement longtemps, que la nuit commençait àtomber. Il s’arrêta devant le plus grand chêne de la forêt. Il vit une écharpeenroulée autour, c’était sûr, il connaissait cette écharpe, mais il ne savaitplus où, ni comment. Tout à coup il entendit un bruit. Rien, il n’y avaitpersonne autour de lui. James sortit son duvet, s’allongea, bu, mangea unpaquet de biscuits et s’endormit.

Le lendemain, en se réveillant, James sentit quelque chose sur son bras :une fourmi ! Il l’enleva d’un coup de main. Il se leva, s’étira et respira ungrand coup. C’est à ce moment qu’il se sentit vraiment libre. Seul, aumilieu de la forêt, juste les animaux tout autour de lui qui l’observaient,qu’il pouvait sentir mais sans les voir. Le jeune homme mangea un autrepaquet de biscuits avec quelques fruits secs, puis il reprit sa marche. Il butune toute petite gorgée d’eau pour être sûr d’en avoir assez au cas où saquête dure longtemps.

Après un certain temps, il vit le magnifique ours noir. Il s’approcha toutdoucement. L’ours le regarda et s’en alla vers une petite rivière. Jamesvoulu le suivre, mais il fût attiré par un buisson sur lequel poussaient desbaies. En y allant, il trébucha sur une racine et tomba sur des ronces. Ilregarda son bras, il y avait des épines mais il continua à avancer. Quand ilarriva au niveau du buisson, il prit une baie, la goûta, puis en prit uneautre. Leur goût était si délicieux qu’il en mit dans son sac à dos. Quand ilregarda une seconde fois son bras, un peu de sang coulait. Mais rien quipourrait l’empêcher de continuer à suivre son instinct, celui-ci le poussaittoujours à la recherche de cet ours, cet ours qui avait provoqué cettesensation inconnue en lui. Celui qui l’avait poussé à descendre du camionet à venir ici, dans cette forêt. James essaya de traverser la rivière pourretrouver l’ours mais il n’y arriva pas. Avait-il fait tout ce chemin pour rien?Un bruit se fit entendre !

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C’était un écureuil qui était sur la branche juste au dessus de lui, l’animalmangeait. James avait toujours mal au bras ! Il enleva presque toutes lesépines ce qui calma un peu la douleur. Il marcha encore et encore le longde la rivière. La lune commençait à apparaître, petit à petit. James finit lapoche de fruits secs et but un peu d’eau. Il sortit son duvet et s’allongea.

Le matin, il eut un moment de peur ; l’ours était juste devant lui !Comment fallait-il réagir ?James lui posa une question :

- Que fais-tu ici ? L’ours grogna. Alors le jeune homme lui dit :

- Je ne te veux pas de mal, je suis ton ami.

L’ours hésita, puis s’approcha. James ferma les yeux, puis tendit la main.L’animal s’allongea à coté de lui. James se rappela alors le moment où ilavait eu cette envie de quitter la maison. Il avait réussi à retrouver l’ours,que faire maintenant? Fallait-il continuer à explorer cette forêt sans aucunbut ou bien rentrer chez lui ? James ne savait plus quoi faire. Tout à coup ilse sentit fatigué, il but une gorgée d’eau, mangea quelques baies. Il croisale regard de l’ours qui se rendormit. James se leva. Il allait continuer à explorer la forêt car elle était devenue samaison, il plia ses affaires et reprit sa marche, sans se retourner.

Au bout d’un moment, il entendit un bruit de moteur au loin. Il avança,c’était une route avec une voiture arrêtée sur le bas côté. Une personnetéléphonait à l’intérieur. James s’approcha, la personne tourna la tête verslui. C’était un ami qu’il avait connu au collège et qu’il avait ensuite perdude vue. Le garçon descendit et s’approcha de lui. Ils restèrent quelquessecondes sans parler. James demanda :

- Que fais-tu ici ?Il lui répondit :

- C’est plutôt moi qui devrait te poser la question ! Tu sors de nulle part,tu as des égratignures partout sur le bras, tu es seul et nous sommesau milieu de nulle part !- Je ne peux pas t’expliquer, j’ai eu des sensations étonnantes unmatin, il fallait que je partes, c’est ce qui m’a amené en pleine forêt et,maintenant, devant toi.

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- Tu as sûrement pensé à tes parent... Avec les histoires que tu nous asracontées... Tu cherche une solution mais tu ne sauras jamais vraimentce qui s’est passé ! lui rétorqua son ancien camarade. Soudain Jamesne se sentit pas bien.

À son réveil, il se trouvait dans une chambre, son ami près de lui. Il luiexpliqua ce qu’il s’était passé. Il était à l’hôpital. Il lui dit qu’il s’était évanouicar il manquait d’énergie mais maintenant il allait mieux et il pouvaitrentrer chez lui. James voulait croire qu’il n’y avait aucun lien entre l’ourset ses parents qui avaient mystérieusement disparu. Mais il se rappela de détails auxquels, pendant sa recherche, il n’avait pasprêté attention : il était descendu du camion à l’endroit où on l’avaitretrouvé le jour de la disparition de ses parents ; le lieu où l’ours était venuà ses côtés avait une odeur, et il se rappela que c’était la même que cellede sa mère; et cette écharpe autour de l’arbre… C’était bien celle de sonpère, celle qu’il portait le jour de sa disparition.

A sa sortie de l’hôpital, il rentra chez lui et écrivit tout ce qu’il avait vécu. Ilne sut jamais comment ses parents avaient disparu. Il se dit qu’un jour ilretournerait dans la forêt.

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CA

TÉG

ORIE

5ÈM

EMarie DELOUCHE

Mélusine LEGEAY

Milan BRILLI

1

PODIUM

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Marie DELOUCHE5ème, Collège Saint-Joseph à Libourne"Le chant de l'Ours"

PREMIER PRIX

Après ce long trajet avec cet homme, enfin, James était seul, rien que luiet son sac sur ses épaules mais malgré le chant des oiseaux qui le faisaits’évader, il n’était pas rassuré à l’idée d’avoir un ours à quelques pas de luien pleine forêt. Il voyait dans son regard noir et obscur, les pirescauchemars que même lui ne pouvait imaginer ; cet animal incarne lesenfers, la peur et le danger, et pour autant il était là, à côté du monstre,qui allait hanter ses nuits, ses jours, ses sommeils. Mais la peur n’arrivaitpas à le dompter, même si parfois, il avait un ressenti de frayeur commequand les poils montent en pique devant une ombre inconnue.

L’ours avançait pas à pas devant lui. La marche a bien duré quatre heureset la fatigue ne venait pas encore. Mais le bruit de la nature, des ruisseauxet des grillons l’apaisait et lui faisait oublier toutes ses mauvaisessensations que lui procurait cet ours. La nuit était enfin tombée, il pouvaitapercevoir les astres lumineux dans le ciel. La fraicheur de la brumedescendait des montagnes, les cris hurlants des fameux hiboux et lamélodie des ronronnements des animaux sauvages résonnaient dans l’air.

James s’assit quelques minutes, de quoi admirer la vue qu’offrait la nature; il s’assoupit plusieurs instants alors que l’ours allait au bord de la rivièrequand, soudain, son ouïe entendit un bruit : c’était un craquement debranche, se dit-il pour se rassurer. Mais tout d’un coup, de ses propresyeux, il vit une silhouette approcher lentement vers lui.

Elle était de taille humaine et de carrure importante mais ses traits ne luirappelaient aucune image. Elle marmonnait un mot étrange comme unmot à l’envers. James recula petit à petit en essayant de prendre unepierre ou quoi que ce soit pour se défendre. Ce n’était pas de la peur icimais de l’angoisse. Il se mit à courir le plus vite possible, la sueur sur lefront et les mains moites lui faisaient signe qu’il était en danger.

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Il n’entendit plus un bruit sourd mais des dizaines, tout autour de lui.Paniqué, il courut et courut jusqu’ à épuisement.

En s’arrêtant, il vit une petite chaumière pour se réfugier. Un petit sourirerevenait sur son visage mais soudain une main se posa sur lui. Une mainmoite, flasque, vieille et laide. Il s’attendait à une vieille dame perdue dansles bois. Mais non, c’était le diable en personne ! Sa vue lui défendait detourner le regard sur cette personne mais sa curiosité était plus forte. Il seretourna lentement et vit une dame avec le cou baissé, peu de cheveuxmais très âgée. Son corps était si répugnant que cela lui donna desnausées rien qu’au premier regard. Elle était tellement maigre que sesmembres n’étaient qu’ os et poussière.

Sorcière, c’était le nom que James lui avait attribué dans sa tête, quand ill’a aperçue et qu’il savait qu’elle allait le terroriser pour la vie. Sur sonvisage déformé par le temps, elle avait des bouts de peau qui tombaientde plus en plus. Elle répétait une phrase en boucle que James n’arrivaitpas à décrire avec ses mots. Il était horrifié et mort d’inquiétude. Alors, pour tenter de se sauver, il pritl’arme qu’il avait ramassée. La tenant fermement, il frappa dans le vidependant plusieurs instants. Il regarda au loin dans les feuillages, lesbranches, il ne vit rien.

- Est-ce un rêve ? pensa-t-il.Son cerveau tournait tel un manège et son cœur battait si fort qu’ill’entendait à travers sa poitrine. Pour se rassurer, il s’assit et réfléchit.

- Comment est-ce possible ? dit-il à voix haute.Son esprit le submergeait de questions auxquelles il ne savait répondre.Mais ce qui le tentait, c’était d’entrer dans cette chaumière. De toutefaçon il n’avait rien à perdre. Il entra.

En contemplant l’espace si vide, il n’y avait aucun meuble, ni même unepetite lumière. En fait, si, une clarté qui attirait ses yeux, clignotait tout aufond dans un étroit recoin. Cette demeure était peuplée de toiles d’araignées tel un châteauinhabité. Il s’efforçait de faire résonner une phrase si courante :

- Il y a quelqu’un ?Mais bien souvent les gens qui la posent ne ressortent jamais de cesendroits.

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Il n’osait pas le dire mais il le pensait profondément en lui. C’était d’ailleursce qui le terrifiait le plus. Soudain, dans le noir, il vit un homme apparaitredans le jour. Il n’était pas comme cette femme, si épouvantable, non, ilavait le visage d’une personne bien et sûre, mais son regard de tigre nelâchait jamais le sien. Il avait l’art de porter des vêtements troués etdéchirés mais parce qu’il n’avait rien d’autre sous lamain. Il prononça sa toute première syllabe :

- Toi. D’un coup sec, sans réfléchir, les yeux de James s’écarquillèrent devant lui.Troublé, il ne savait quoi répondre. Alors il prit son courage et dit :

- Bonjour monsieur.Il ne savait s’il allait répondre. Mais l’homme lui faisait signe avec sesgrands doigts et ses ongles noirs. James ne savait pas si cela était unebonne chose de le suivre mais son instinct lui força la main. Après une longue période de calme il se décida :

- Je me nomme Jack, dit l'homme. Il avait l’air plutôt indépendant et coupé du monde. Il était d’une timiditéimpressionnante. Il n’avait pas de nom mais juste un prénom qu’il s’étaitlui-même attribué. Plus James apprenait des choses et plus il trouvaitcette forêt aussi mystérieuse que Jack.

- Que fais-tu là, petit ?La question qui tourmentait le plus James, était bien celle-là. Mais il voyaitdans son regard et son ton qu’il voulait cruellement lui parler d’une choseou plutôt le prévenir. Devant cet homme, James était effrayé à l’idée d’entendre une histoireque même ce vieil homme ne voulait pas raconter.

- Tu l’as vue, n’est-ce-pas ? dit Jack.Avoir entendu cette question lui faisait revivre tous les détails de sadescription. Il n’était pas sûr qu’on parlait de la même personne. Mais ilétait obligé de répliquer.

- Bien sûr que je l’ai vue. Mais qui est-ce ? Pourquoi est-elle dans cetétat ?

Il avait tant de questions que même Jack n’arrivait à lui répondre. Mais ilracla un peu sa gorge et prit une grande inspiration et regarda la bougie.Avant qu’il commence, James tendit l’oreille pour entendre le chant desoiseaux une dernière fois avant d’entendre la voix rauque de Jack et cedernier commença :

- Savais-tu que cette forêt est maléfique ?

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- Non, personne ne m’en a parlé.- Et bien installe-toi confortablement…car ce que tu vis et vois en cejour n’existe pas. Ne perds pas la raison. Je t’aurai prévenu.- Pardon mais je…

Soudain, un bruit assourdissant se dégagea dans la maison et le fitsursauter : c’était la porte. Il y eut un tel souffle que le bois se craquela departout. James ne voyait plus la petite flamme, ni Jack et il n’entendaitplus le bruit des animaux mais seulement celui des corbeaux visqueux à laplume d’encre noire.

- Où est-il passé ? pensa James. Que lui est-il arrivé ? Suis-je devenufou ?

Cette fois il n’y avait personne pour répondre. Il était à nouveau solitaire.Mais pourtant tout lui semblait réel : Jack, l’étincelle…. Il s’efforçait de sesouvenir de ses dernières paroles prononcées. Impossible.Mais pourtant, il y avait bien quelque chose dont il se souvenait : Ne pasperdre la raison !

- Voilà ! s’exclama James.On pouvait à nouveau lire de la joie sur son visage mais d’un coup sec,sans prévenir, ses lèvres redescendirent d’un cran. Son cerveau avait reprisle contrôle et ne cessait de poser la question qui le tourmentait.

- Mais que cela signifie-t-il ?

Avant de trouver la réponse à cette énigme, James sortit pour s’aérer car ilsentait que, bientôt, un drame allait se produire, mais lequel ? Des tas dequestions venaient s’ajouter à son panier. Il n’était pas en mesure demarcher mais il le fallait bien. Cet endroit commençait à lui faire perdre laraison. Alors d’un pas lourd, il commença à faire un pas puis un deuxièmeet c’était parti. La faim le grignotait de l’intérieur alors il ouvrit son sac etque vit - il ? Rien.

Soudain, ses yeux se plongèrent dans un vide éternel, il était déboussolé,perdu alors que son souffle ralentissait, il n’arrivait pas à faire tomber unelarme mais son cerveau, lui, avait perdu pied. Son cœur accélérait àgrande vitesse. Tout d’un coup, un excès de rage et de colère rugit en lui. Ilprit sa poche dans laquelle, normalement, il y avait de la nourriture et lajeta dans le fleuve. Ses larmes tombèrent enfin, tout comme son espoir etpuis tout son corps. Il était étendu par terre, tel un serpent qui rampaitpour survivre. Il pensait voir Jack mais se demandait si ce n’était pas unehallucination.

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- Je suis fou ? interrogea JamesEnfin, il pouvait poser sa question à Jack même s’il savait qu’il n’était pasvraiment là, cela le rassurait plus qu’autre chose. Celui-ci le fixait toujoursavec son air d’ange mais cette fois, il lui faisait signe avec ses grands yeuxbleus, en pointant le sac que James avait mis à l’eau. Il regardait lescailloux au fond, les petits poissons de toutes les couleurs puis son sac àdos. Il se retourna mais Jack avait disparu sans prononcer un seul mot, ilétait parti comme un vulgaire fantôme mais lui avait laissé un indice, unepiste indispensable. Mais fallait-il encore réussir à la trouver. En essayantd’atteindre le fleuve pour reprendre ses vivres, il y avait eu quelqu’un plusrapide que James : l’ours. Il l’avait totalement oublié mais sa présence le fitgreloter de partout, sa nuque tremblait de peur mais dans son cerveau, iln’y avait pas d’alerte rouge mais plutôt un mot qui tournait en boucledans sa tête tel un vinyle sur une platine.

Mais à ce moment, il n’y avait aucune musique, il était seul et sansdéfense. Sa conscience lui répétait :

- Cours !L’ours le fixa comme une proie, il se mit à courir le plus vite possible. L’oursle suivait à la trace comme un chasseur. Il entendait d’ici ses pattes seposer sur le sol et son souffle de la mort. Et James n’était pas en train decourir mais plutôt de s’épuiser. Son grognement arriva jusqu’à lui et sesgriffes allaient bientôt le transpercer.Il ne pouvait y avoir deux survivants dans une arène : il fallait un mort.

Mais qui ? Voilà le vrai problème de cet instant. Tout d’un coup, il vit unimmense chêne rempli de feuilles et d’insectes. Il se cacha là, espérantque l’ours ne le verrait pas ; il y eut bien une minute de silence quandsoudain, la bête colossale s’élança dans les airs pour atterrir devant lui. Ilétait si médusé devant l’ours qu’il en pâlit naturellement. Mais l’ours étaitassoiffé de sang et prit ses pattes pour lui arracher la tête. Il restait encorequelques réflexes à James, les longues pointes de l’ours heurtèrentl’écorce de l’arbre au lieu du jeune homme. L’ours resta ancré dans l’arbre. James ne bougea pas. Il ne savait paspourquoi et d’un coup, entendit une brindille se casser et se retournant, ilvit Jack qui lui hurlait dessus :

- Va-t'en d'ici petit !! Sors de cette forêt !James courut pour venir le serrer dans ses bras mais,le calme était revenu.C’était bien trop silencieux pour lui ; il se retourna, l’ours avait disparudans la brume.

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Par contre, son odeur, elle, il la sentait tout près de lui comme si l’ours leregardait. Il allait devenir son prochain repas. Il était paniqué etdéboussolé. Alors qu’il suffoquait, l’ours arriva avec sa gueule grandeouverte prêt à n’en faire qu’une bouchée. Avec ses griffes, il lui déchira sonseul habit, lui ouvrit une partie du dos.

Mais il restait un espoir, une lumière s’alluma dans son esprit. James prit lecourage qu’il lui restait et courut. Alors qu’il se vidait de son sang, lemonstre le coursait juste à quelques pas de lui et, avec sa longue patte, luiagrippa une de ses jambes. Il essaya de se débattre mais en vain. L’ours letraina par terre tel un cadavre. James voyait au loin des marques de sangsur la fine couche de feuillage qu’il y avait. Mais en le trainant, Jamesparvint à attraper un bâton. Il était assez petit mais il se disait que s’il lefrappait très fort, ça pourrait le perturber.

- Ah !!! hurla-t-il.C'était le son de la douleur.

C’était le cri que James répétait quand le monstre le tirait par la jambe. Il yavait aussi le bruit de ses os qui se craquaient pour lui dire qu’ils étaientbrisés en deux. L’ours alla le déposer dans sa grotte : elle était aussisombre que lui et l’humidité ici ne manquait pas. Dès qu’il sortit, James seleva et bien qu’il pensât cela impossible, à croire que sa force et sabravoure s’étaient rejointes au bon moment, il arriva un peu à marcher,c’était l’essentiel. Il prit son bout de bois. Cet ours avait pour principed’attendre et de surgir par surprise. Mais James n’allait pas se fairesurprendre cette fois-ci. Il voyait l’animal de dos, le poil hérissé et prit lebâton telle une lame, persuadé lui-même que c’en était une. D’un coup, ilbondit sur lui en lui donnant des coups. Le petit bâton qu’il tenait entreles mains se fendit en deux dès le premier choc. L’ours le prit par lesépaules, le jeta par terre, James était aux portes de l’enfer.

- Non, non !!!!Jack apparut comme dans un tour de magie où James était le cobaye.Pour ne pas voir une scène épouvantable et affreuse, il se mit accroupi etferma les yeux pendant un petit moment. Soudain, il entendit unhurlement de douleur derrière lui. Etait-ce Jack ou l’ours ?

James ne pouvait laisser son ami se faire éventrer par un ours. Alors ilouvrit un œil puis un autre et vit Jack. Il était avec une lance, il la prit et ill’enfonça profondément dans le cœur de la bête. Cette dernière poussaun chant si affreux et terrible… le chant de l’ours.

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Quand les cris furent arrêtés, James s’attendait à ne pas voir son sauveuret pour une fois, il était là devant lui. Jack le regarda puis il partit. Jamesn’eut pas le temps de prononcer un seul son de sa bouche. Mais le cœur yétait. Il ne savait pas encore comment Jack avait fait et même si cela étaitréel. Mais James savait qu’il venait de lui sauver la vie. Et il se remit enroute. Il marchait et marchait quand il aperçut à nouveau la petite rivièrepuis ses traces rouges au sol. Il continua à marcher mais ce fut là où iltomba nez à nez avec le cadavre de l’ours.

Il tournait en rond depuis une heure et essayait de se souvenir d’où il étaitparti mais rien que du vide dans son cerveau, le néant total. Sa respirationtremblait ainsi que tous ses membres. James avait perdu la tête. Il courutpour sortir de cette maudite forêt mais à chaque fois, il retournait sur sespas.

Il était comme dans un dédale rempli d’arbres. Il voyait l’ours venir degauche, la sorcière venir de droite, et plein d’autres personnes. Il avaitbeau crier, personne ne l’entendait.

Il s’était mis dos contre un arbre, avec ses lèvres sèches et froides, ilattendait la mort. Avant que ces visions l’envahissent pour toujours ilmurmura le seul mot qu’il n’avait pas pu dire à Jack : merci.

James vit au loin une lumière puis deux ; on pouvait apercevoir une lueurd’espoir dans ses yeux. C’était un véhicule dans lequel il y avait un hommeet une femme. Non en fait, c’était sa mère et la personne qui l’avait aidéepour son départ. James n’arrivait pas à entendre leur voix mais des bruitssourds et résonnants lui parvenaient à l’oreille. Mais son cœur le lâcha : àce moment, il avait perdu tout son sang.

Il arrivait encore à sentir les larmes de sa mère tomber sur son bras. C’étaitsurement ça.

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Mélusine LEGEAY5ème, Collège François Mitterrand à Créon"Au fond du lac"

DEUXIÈME PRIX

James s’enfonça dans la forêt. Il traversa un sous-bois très dense,trébucha sur des racines et des ronces. Soudain, la distance entre lesarbres s’élargit et il déboucha dans une clairière. Exténué par cettejournée riche en émotions, il monta dans un arbre sans regarder autourde lui. Si sa taille moyenne et sa maigreur n’étaient pas trèsavantageuses, cela lui permettait néanmoins de se glisser sans tropd’effort entre les branches. Profitant des dernières lueurs de la journée, ilsortit son duvet de son sac, s’enveloppa à l’intérieur et se força à picorerquelques fruits secs, même s’il n’avait pas vraiment faim. Il enleva sesbaskets, son pantalon, son pull et les fourra dans son sac.

Dans la nuit tombante, il s’attacha à l’arbre avec sa ceinture pour ne pastomber et essaya de trouver le sommeil. Mais il ne venait pas. Lesévénements des derniers jours se bousculaient dans sa tête etl’empêchaient dormir. James essaya de les ranger dans l’ordrechronologique. Tout d’abord, deux jours auparavant, sa petite sœur Kateavait disparu le jour de ses 14 ans. Après avoir ouvert ses cadeaux, elleétait sortie dans le jardin pour prendre l’air et elle n’était pas revenue.

Le lendemain, tandis que sa mère était partie avertir la police, tous lesbons souvenirs passés avec sa sœur avaient refait surface : des plusrécents (leur séjour à New York aux dernières vacances) aux plus anciens(quand il avait vidé sa tirelire pour lui offrir la peluche qu’elle avait vue à lasuperette).

Ne pouvant retenir ses larmes, il avait pleuré toutes les larmes de soncorps. Puis, il avait fouillé dans la chambre de sa mère pour retrouver lapeluche qu’il lui avait offerte. Kate l’avait confiée à sa mère deux ans plustôt, prétextant qu’elle était trop grande pour ce genre de truc. « Pimpin »,comme elle l’avait appelée, devait encore avoir son odeur. Et cette odeur,il en avait besoin. Il avait cherché longtemps, puis avait fini par dénicherune boîte à chaussures.

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Elle ne contenait pas de peluche, mais une mystérieuse lettre. Rongé parla curiosité, il l’avait lue. Et il avait failli tomber à la renverse. Cette lettreavait été écrite par son père à moitié fou qui les avait abandonnés il y a 10ans ! Et en plus, elleprédisait que Kate allait disparaître le jour de ses 14ans… Mais le reste, c’était n’importe quoi ! Son père prétendait que safamille était maudite, que le benjamin de chaque génération setransformait en animal sauvage le jour de ses 14 ans ! Comment croire àune absurdité pareille ? En même temps, cela expliquerait beaucoup dechoses… Après il se souvint d’avoir fonctionné comme un robot, sansréfléchir à ses actes, jusqu’à ce que l’ours traverse la route : l’ours, c’étaitl’animal préféré de Kate. En plus, sa sœur avait une tache de naissance enforme d’étoile au milieu du front ; cet ours avait la même… Alors, il avaitdécidé de croire son père. Même si c’était fou, il allait retrouver sa sœur,coûte que coûte. James ouvrit les yeux avec l’impression d’y voir plus clair.Mais le garçon les referma aussi vite qu’il les avait ouverts, s’abandonnantdans les bras de Morphée.

Quand il se réveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel. La faim le tenaillaitet il mangea tout un paquet de biscuits pour faire taire son estomac. Puisil s’habilla, rangea ses affaires et, son sac sur le dos, descendit de sonarbre. La veille, il n’avait pas prêté d’importance à la forêt qui l’entourait àcause de son immense fatigue. Le garçon faisait maintenant plus attention aux énormes résineux quil’entouraient et au tapis d’aiguilles qui jonchait le sol. Il se mit en routeavec une idée en tête : il allait retrouver Kate. Qu’elle soit un ours, unehumaine ou une tortue, il allait la ramener à la maison, et tout allaitredevenir comme avant. Et comme pour l’instant, sa seule piste c’étaitl’ours, il allait le retrouver. Tout en continuant de marcher, il souriait enimaginant la tête de sa mère quand il allait rentrer à la maison en tenantsa sœur par la main. Mais plus le soleil avançait dans le ciel, plus ilcommençait à douter. Qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’il allait retrouver l’ourscomme par magie et qu’il allait se métamorphoser sous ses yeux ? Naïf,voilà ce qu’il était. En plus, le soleil canadien tapait fort, il avait bu presquela totalité de sa gourde et il avait encore soif. Il s’accorda une pause, s’assitcontre un arbre, passa une main dans ses épais cheveux châtains etmangea une de ses boîtes de haricots sans prendre la peine de lesréchauffer. Puis, il but ce qui restait dans sa gourde et s’accorda endessert quelques biscuits. James s’apprêtait à faire demi-tour quand ilentendit le bruit d’une cascade. Il regarda autour de lui et finit par voir unlac, alimenté par une chute d’eau.

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Il trouva cela étrange : hier soir, quand il était en haut de son arbre, il auraitdû l’apercevoir ! Et un lac grand comme ça, ça devait attirer les touristes,non ? Il fut sorti de sa méditation par une masse sombre qui entrait dansl’eau, sur l’autre rive. Le garçon plissa les yeux : cette masse, c’était un ours !Et pas n’importe lequel : un ours avec une tache blanche sur le front !Finalement, il n’était peut-être pas si naïf…

L’animal était maintenant à moitié entré dans l’eau. Sans réfléchir, Jamesenleva ses vêtements et entra dans le lac en caleçon. L’eau glacée luidonna la chair de poule. De l’autre côté, l’ours venait d’entrer entièrementdans l’eau. Soudain, le lac commença à disparaitre. L’eau s’engouffrait enbouillonnant par une faille située au milieu du plan d’eau, comme on auraitvidé l’eau d’une baignoire. Pris de panique, James plongea. Sans faireattention à l’eau gelée qui lui glaçait les os, il nageait dans l’eau noire sansapercevoir le moindre ours. Commençant à manquer d’air, il voulut remonter à la surface. Mais il ne latrouvait plus. James ne voyait que du noir, partout. Il ne se souvenait pluspar où il était entré dans l’eau, il ne voyait plus le moindre rayon de soleil.Perdu, il était perdu. C’est alors qu’il s’évanouit. Quand il se réveilla, il étaitallongé par terre. Un doux rayon de soleil lui caressait la joue et une brisefraiche lui rafraichissait le visage. Il crut d’abord qu’il était mort, et qu’il setrouvait au paradis. Mais il s’aperçut qu’il avait soif, très soif. Il était doncvivant ! Le garçon s’assit et regarda autour de lui : il dut se retenir pour nepas crier : il était entouré d’animaux sauvages installés en cercle autour delui, qui le regardaient attentivement. Terrorisé, il recula, mais se cogna àl’arbre sous lequel il était allongé. La douleur lui fit monter les larmes auxyeux, et tous les animaux éclatèrent de rire.

Tous sauf un : un vieux loup qui tendait une mixture rouge au garçon en luidisant d’une voix rugueuse : « Du calme, James. » Le jeune homme ne futqu’à moitié étonné que cet animal parle (après tout, si les autres riaient, ilpouvait bien parler) mais comment connaissait-il son prénom ? Il posa laquestion au loup, qui paraissait être le chef des animaux puis prit unegorgée du liquide rouge. Le goût n’était pas désagréable, plutôt sucré. Il faillit la recracher quand il entendit la réponse :

« C’est ta sœur qui me l’a dit. - Ma sœur ? Elle est ici ? - Oui. répondit le loup d’un air grave. »

À ces mots, les animaux s’écartèrent pour laisser passer Kate. Elle étaittoujours sous sa forme d’ours, mais ses yeux aussi bleus que ceux de sonfrère pétillaient.

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James se leva et se précipita pour embrasser sa sœur, mais le chef l’enempêcha : « Avant tout, je dois te raconter une histoire, dit-il pour seule explication.Mais assis-toi.» Le garçon obéit et s’assit en tailleur. Il y a des siècles decela, un sorcier aussi doué que jeune du nom d’Orès traversait lescampagnes pour aider les gens. Il soignait les blessures, guérissait lesmaladies, … A force, il finit par être arrogant et vantait tout le temps lesmérites de sa magie, sans modestie. Une sorcière, Maïtha, exaspérée, luiproposa une épreuve dans une taverne bondée le jour de ses 14 ans : « Situ es si fort, fais ressusciter mon regretté mari », lança-t-elle, puis elleéclata d’un rire narquois. Elle le savait bien, aucun sorcier ne pouvaitressusciter les morts, sous peine d’être métamorphosé en animal ! MaisOrès s’en fichait, il était le plus fort ! Pour cela, il se concentra sur unepensée : faire revivre le mari de Maïtha. Il fit un geste avec ses mains pourlancer son sort et …. .se transforma en loup ! « C’est ce qui arrivera à toustes descendants qui seront derniers nés le jour de leurs 14 ans, pour terappeler qu’on ne peut rien faire contre la mort ! » lança la vieille sorcière,et elle disparut. »

James en resta abasourdi. Il ne réussit qu’à dire ces quelques mots : Orès… c’est vous, n’est-ce pas ? Et vous êtes mon aïeul?- Je pense que tu en sais assez, maintenant. Il est temps de rentrer cheztoi. Et souviens-toi : ce qui est fait est fait, tu ne peux rien y changer… Onne peut rien contre les malédictions. » répondit simplement le loup.

Kate s’avança vers son frère et lui murmura à l’oreille :« Salut grand frère,contente de t’avoir revu. Dis bonjour à maman de ma part. » Et sans qu’ils’en aperçoive, elle glissa une de ses griffes dans sa poche. Orèss’approcha à son tour de James et lui toucha la tête.

- Adieu, mon garçon. lui dit-il simplement.

Après, ce fut le trou noir. Quand James se réveilla, il était allongé sur sonlit. « Un rêve, tout ça n’était qu’un rêve », se dit-il. Mais, curieusement, il nese sentait plus du tout triste de la disparition de sa sœur… Sa peine s’étaitévaporée. Il descendit à la cuisine, où sa mère s’afférait à préparer le petitdéjeuner.

- Bonjour mon loulou ! lui lança sa mère d’un ton léger.- B’jour maman…

Tandis qu’il entamait ses œufs brouillés, elle lui demanda, d’un air moinsjoyeux cette fois, s’il n’était pas trop triste.

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« Ce qui est fait est fait, on ne peut rien y changer… On ne peut rien contreles malédictions. D’ailleurs, Kate te passe le bonjour.» dit-il simplement.Puis, sans un mot, il sortit de la cuisine sous le regard éberlué de sa mère,et partit faire un tour de vélo. Tandis qu’il pédalait, il sentit soudainquelque chose lui piquer la cuisse. Le garçon fouilla dans sa poche et enressortit…une griffe d’ours.

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Milan BRILLI5ème, Collège Pablo Neruda à Bègles"Retour à l'état sauvage"

TROISIÈME PRIX

La forêt était sombre mais James ne voulait pas s’éloigner de l’Ours. Ilsmarchèrent longtemps en silence, mais au bout d’un moment, la bêtes’arrêta, se retourna et fixa longuement James, puis l’incita à le suivre.Il accélérait de plus en plus. Il commençait à y avoir du relief, ilsgrimpaient quelques rochers par-ci, par-là et évitaient les branches. Lesouffle court, James arriva au sommet d’une colline située au centre del’immense forêt. L’Ours se tourna encore une fois vers James et lui fitsigne de regarder vers le nord-est de la forêt.Ce que vit James, lui glaça le sang. Des tas d’animaux en cage,emprisonnés, et d’énormes tracteurs qui déracinaient les arbres pour enfaire des meubles ou du papier. Alors James se retourna vers L’ours qui luifit à nouveau un signe. James prit sa décision. Il allait libérer ces pauvresanimaux et arrêter la déforestation. - Pars loin, le temps que je libère tes amis, dit-il à L’ours qui lui répondit ense levant et fit demi tour laissant le garçon seul face à ce massacre. Jamesdescendit la colline discrètement et se cacha derrière un arbre assezproche du chantier pour voir en détail le supplice des animaux.Tandis que des hommes conduisaient les tracteurs, d’autres gardaient lesanimaux. Certains même battaient des loups sauvages en cage munis defouets. James réfléchit et décida qu’il attendrait la nuit lorsque tous lesouvriers seraient dans leur tente pour passer à l’action.Le temps était long et il s’ennuyait alors James se dit qu’une petite baladene lui ferait pas de mal. Il se leva donc et déambula entre les troncsjusqu’à un petit ruisseau. Il plongea ses mains dans l’eau et se mouilla unpeu la nuque, puis il retourna derrière son arbre. Entre les racines il ouvritson sac et sortit une barre de céréales.Pour éviter toute pollution il mit le papier dans son sac et attendit. Il avaitla chair de poule alors il mit son manteau.La nuit tombée, lorsque tout le monde dormait il se dirigea vers la tente laplus grande et la mieux équipée qui semblait être celle du chef de «chantier » et entra.

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La tente était composée de deux pièces. Une chambre et un « bureau ». Ilfouilla sur le bureau et vit un trousseau de clés ainsi qu’un tas depaperasse en bazar. En cherchant un peu il finirait bien par trouverquelque chose. James souleva quelques documents et finit par trouverune feuille qui indiquait que le chantier travaillait pour un cirque. Ilcomprit alors pour les animaux. Mais les arbres étaient un mystère,encore. Peut-être qu’ils travaillaient en partenariat ET à leur compte ?En tout cas il s’empressa de prendre les clés mais… Il les fit tomber et unbruit sourd s’ensuivit. Tout se passa alors très vite. La lumière s’alluma etun gros homme à moustaches sortit de la pièce voisine, suivi d’autres,travailleurs. Alors ils le prirent par le col, le mirent sur une chaise et lui demandèrent :

- Qu’est-ce que tu fais là mon garçon ? Demanda le gros à moustachesd’un ton calme mais avec un visage rouge de colère. - Euh… Dit James d’un ton mal assuré.- Alors ?! Insista-il. Que fais-tu là ?!- Je… Je me suis perdu. Reprit James sur un ton de terreur.- Ah ?! Tu t’es perdu ?! Mais… tu sais sans doute que ce chantier estprivé et qu’on se trouve au milieu de la forêt ?!- Euh oui mais…

Mais James n’eut pas le temps de finir sa phrase que deux ouvriers leprirent par les bras et le firent sortir de la tente. Ils le tirèrent longtempsavant d’arriver devant une grande cage vide où ils le jetèrent. Ils luidonnèrent une gamelle remplie de pâté pour chiens et une autre gamelleremplie d’eau.

L’un d’eux lui dit :- Si j’étais toi, je resterais assis là bien sagement, jusqu’à nouvel ordre.

James désespéré s’allongea et attendit que le jour se lève. Mais un bruit lefit sursauter. Il provenait de l’arrière de la cage. Tapie dans l’obscurité uneloutre s’avança vers lui et montra les dents. James lui parla d’une voixdouce :

- Je ne te veux pas de mal. Je suis comme toi. Ils m’ont emprisonné icicar je voulais vous libérer toi et tes amis.

À sa grande surprise, la loutre s’avança et se frotta à la cuisse de James. Illui caressa tendrement la tête, puis s’endormit. Le lendemain il se réveillade bonne heure en entendant à nouveau le fracas des animaux quitapaient sur les barreaux de leurs cages et des tracteurs. James étaitdésespéré à l’idée de rester ici pour toujours, mais la loutre lui donna uneidée.

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Peut-être accepterait-elle de sortir par un petit trou au plafond de la cagepour aller chercher les clés qu’il y avait sur le bureau du chef et de revenirpour les lui passer, mais il devrait faire ça de nuit pour ne pas se faire voir.James se sentit soudain empli d’espoir et se tint calme le reste de lajournée en parlant à la loutre. Plus tard le soir quand il n’entendit plusaucun bruit, il réveilla la Loutre qui s’était endormie. Alors il la porta pourla faire passer par le trou du toit.

A la lueur de la lune il vit la Loutre marcher furtivement vers la grandetente. Il espérait que tout se passerait bien. Quelques minutes plus tard, laLoutre revint avec un trousseau de clés coincé entre les dents. AlorsJames passa ses bras entre les barreaux pour attraper le trousseau etcommença à essayer les clés.

- Mmmmh… non pas celle-ci, ni celle-là. Puis au bout de deux longues minutes il finit par trouver la bonne. Il laglissa dans la serrure et tourna. La porte s’ouvrit et il sortit rejoindre laLoutre. James prit la vieille Loutre dans ses mains et la porta jusqu’à lapetite rivière qu’il avait repérée la veille.Quand il fût arrivé il la déposa délicatement au bord de l’eau et laremercia pour son aide.

- Merci, je ne te serai jamais assez reconnaissant pour ton aide.La loutre se frotta de nouveau à sa cuisse pour lui dire au revoir.

- Je te promets de libérer tes amis ! Reprit James en montant un peula voix pour que la Loutre l’entende. Puis la Loutre se jeta à l’eau etnagea jusqu’à l’autre côté de la rivière.

James la regarda quelques secondes puis retourna au camp avant que lejour ne se lève. Il faisait encore nuit mais des voix discrètes s’élevaient dela tente principale.

Deux voix d’hommes.James s’approcha en rampant, car une fois, dans un film il avait vu quelorsque la lumière était allumée à l’intérieur d’une tente, on pouvait voirl’ombre des personnes qui marchaient.

Ainsi-donc il s’approcha assez pour entendre le contenu de la discussion.- Je vous ai déjà dit que ça ne servait à rien de garder les animaux pluslongtemps ! Dit une voix en colère. Donnez-les moi maintenant et vousaurez votre argent.

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- Et moi je refuse de vous donner quoi que ce soit tant que leschantiers ne sont pas terminés pour votre cirque et que l’argent n’estpas encaissé ! Répondit la voix de l’homme à moustaches.- Bien, bien. Dit la voix de l’acheteur plus calme. Mais quand leschantiers finiront-ils ?- Et bien le temps de finir de débarrasser le terrain de ses arbres, fairela route qui mènera jusque-là. Je pense que dans deux ou troissemaines si mes ouvriers gardent cette cadence là.- Bien alors je reviendrai dans trois semaines.- Alors à dans trois semaines.

James prit ses jambes à son cou quand il entendit des pas se diriger versla sortie.

- Bon. Se dit-il. Je vais attendre que le « chef » se rendorme et après jevais libérer les animaux.

Alors plus tard dans la nuit, quand le boss se rendormit, il passa à l’action.James commença par ouvrir la cage des loups. Il continua avec les ours(James prit soin de changer de cage quand les ours commencèrent àsortir).Les loups, les ours suivis des autres loutres, des ratons-laveurs et des lynxse dirigèrent vers la rivière pour échapper au camp d’ouvriers.Mais au bout d’un court moment, un coup de feu retentit. Le plus grosdes ours était étendu par terre, dans une flaque de sang. Plus loin derrièreeux se trouvait le chef de chantier, un fusil de chasse à la main. Jamessentit son cœur tomber, comme l’effet d’un manège à sensation. Il se mità crier aux animaux de courir vers la rivière. Les animaux ne se firent pasprier, et, déchaînés, coururent en direction du courant.

Pendant ce temps James courut vers le camp et monta sans réfléchirdans un énorme engin. Il le mit en route, bien qu’il ne savait pas conduire,et commença à renverser et écraser tous les autres outils qui setrouvaient sur place. Empli d’une fureur grandissante il roula jusqu’aubout du chantier et descendit en toute hâte pour suivre le cortèged’animaux qui continuaient à galoper vers la rivière. Arrivés, ils longèrentle courant d’eau pour trouver un coin où les rapides étaient moinspuissants et se jetèrent tous à l’eau. Ils nagèrent pour atteindre l’autrecôté. Hop, les loutres qui nageaient le plus vite, suivies des ratons-laveurset des lynx qui étaient montés sur le dos des ours. Il ne restait plus queJames dans l’eau. Il continua à nager de toutes ses forces et atteignitenfin l’autre berge.

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Il courut, jusqu’à la colline, là où tout avait commencé. Il grimpait, couraitjusqu’à sauter par dessus les rochers qui se dressaient devant lui. Enfin, aubout d’efforts surhumains, James arriva au sommet et vit … l’Ours aupelage flamboyant, assis là, juste devant lui comme si il l’attendait. C’estcomme si James était retourné dans le passé. Mais l’Ours s’empressa de lepousser vers l’autre côté de la colline et l’incita à redescendre. James étaitreparti dans une course endiablée avec l’Ours. Ils évitaient les branches,sautaient par dessus les rochers et se propulsaient en sautant sur lesracines découvertes.Et de nouveau arrivés en bas, James reconnut son chemin. Une certaineenvie de le suivre le prit et continua à marcher le long du chemin, jusqu’àarriver sur le bord d’une route.Alors, presque instinctivement… il leva le pouce.

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TÉG

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4ÈM

EChaima TAODJINDINGAR

Arthur BARRIERE

Léonie FLEURY

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PODIUM

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Chaïma TAODJINDONGAR4ème, Collège Nelson Mandela à Floirac"Etoiles"

PREMIER PRIX

James attendit que les arbres se referment sur lui pour s’arrêter. Il y était.La vraie vie, enfin. La forêt… Il continua de suivre l’ours. Celui-ci l’amenadans une clairière baignée d’une lumière douce. L’ours le regarda, attenditqu’il pose son sac et s’installe, puis disparut dans un bruissement defeuilles. James écouta le souffle de la forêt, aux aguets. Le soir tombaitmais il n’avait pas peur. De quoi aurait-il pu avoir peur ? Il avait toujours suque sa place était ici, avec les arbres, la chaleur et le soleil ardant, lamusique country qu’on sent résonner dans chaque tronc, chaque pierre,le Kansas… En arrivant, il avait repéré une station-service déserte, peutêtre abandonnée, à quelques kilomètres. Il irait le lendemain.

Il passa sa main sur l’écorce noueuse d’un vieil arbre. Il allait la retirerquand il sentit sous ses doigts un orifice, pas plus grand qu’une main. Ils’aventura à l’intérieur et tomba sur quelque chose de léger, comme desrectangles de papiers. Plusieurs papiers rugueux. Il les attrapa, les sortit etles examina à la lumière de la lune. Il n’avait pas vu le temps passer.Depuis son arrivée, il n’avait cessé de penser à l’ours qu’il avait vu...

A sa grande surprise, il constata qu’il tenait dans sa main une liasse debillets ! Fébrilement, il les compta… il y avait 10000 $ ! De quoi vivrependant plusieurs mois ! C’était une chance inespérée, de quoi revoir sesplans. Maintenant il faudrait absolument aller à la supérette de cettestation-service, où il pourrait acheter de quoi subvenir à ses besoins. Ilregarda l’arbre, qui semblait veiller sur lui. Il le remercia intérieurement, etse mit en quête d’un endroit pour dormir. Après environ une heured’exploration, il trouva ce qu’il cherchait. Une petite clairière abritée parles arbres courbés qui faisaient comme un dôme au-dessus de lui. L’herbeétait vert clair et le ciel étoilé. Une atmosphère magique régnait. Il installason duvet et s’assit dessus pour regarder les étoiles, rêvant à un autremonde. Mais avec tout cet argent il avait les moyens de commencer unenouvelle vie plus confortable.

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Il s’enfonça dans son sac de couchage le plus profondément possible etne tarda pas à s’endormir, bercé par le bruissement des feuilles dans labrise d’été. Il se réveilla sec, sain et sauf. Le ciel était clair et il ne semblaitpas avoir plu. Il se leva. Il mourait de faim. Il ouvrit une boite de haricotscuisinés qu’il avala avec dégoût. La prochaine fois, il prendrait le temps defaire un feu. Il regarda furtivement le ciel. Le soleil était déjà haut, il feraitmieux de partir immédiatement. Il rangea son duvet, prit la boite deharicots vide, empoigna son sac et partit résolument. Il repassa devantl’arbre et déposa dans la cavité un de ses paquets de fruits secs, en guisede remerciement.

Il se sentit idiot de donner son repas à un arbre, mais avec l’argent qu’ilavait trouvé, il pourrait s’en acheter beaucoup d’autres.Après quelques minutes de marche, il finit par sortir de la forêt. Il traversala route brûlante et commença à marcher le long de celle-ci.Il marcha sans relâche. Dans sa tête résonnait encore la musique ducamion qui l’avait amené ici. Le paysage desséché se répétait mètre aprèsmètre, kilomètre après kilomètre. L’air semblait peser des tonnes.Il entonna une vieille chanson qu’il connaissait depuis toujours :« Rollin' down backwoods, Tennessee by way… One arm on the wheel...”Il chanta longtemps, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus prononcer un mot.Epuisé, il s’arrêta. Il voyait danser le béton au loin et les lignesjaunes lui paraissaient floues. Il essuya son front ruisselant avec samanche. Cela devait faire des heures qu’il marchait. Il avait sous-estimé ladistance. Il s’assit le temps de reprendre son souffle. Il posa son sac et ensortit une gourde qu’il vida d’un trait avant de repartir, déterminé.

Il arriva à la station-service quelques minutes plus tard. C’était une vieillestation poussiéreuse qui sentait l’essence. La porte de la boutique étaitentrouverte. Il hésita quelques instants puis s’avança. Il n’y avait personne.Il lança : « Il y a quelqu’un ? » mais son appel resta sans réponse.

Il entra. La pièce était sombre et les rayons vides. Dommage. Des toilesd’araignées terminaient d’envahir la caisse, toute aussi vide. Il se mit àchercher de la nourriture. Puisque cette station-service semblait être abandonnée, personne ne luien voudrait....

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Dans la pénombre, il chercha une porte donnant sur une quelconqueréserve. Il passa sa main sur le mur crasseux jusqu’à sentir une poignéefroide. Il la saisit fébrilement et la baissa avec espoir. A son grandsoulagement, il constata que la porte n’était pas verrouillée. Il l’ouvrit dansun long grincement. La lumière dorée du soir pénétra dans l’arrière-boutique. Des tissus gris sales recouvraient les étagères et le seul mobilierprésent était un fauteuil en cuir usé. James s’affala dedans et laissa sonrythme cardiaque descendre. Ce lieu le mettait mal à l’aise et il n’avaitpas arrêté de se tenir sur ses gardes.

Il regarda par la fenêtre. Il avait commencé à pleuvoir. Il ferait mieux derester dormir ici. James entreprit d’examiner les lieux. Leplafond était crasseux et sur les murs poussiéreux se démarquaient depetites taches noires. Il se leva afin de retirer les draps des étagères. Letissu tomba dans un nuage de poussière, révélant des dizaines de boitesde conserve, de barres chocolatées et de boissons.

Il choisit une boite de soupe à la tomate Campbell’s et entreprit de l’ouvriravec son couteau qu’il gardait toujours sur lui. Il la vida en quelquessecondes et la jeta dans un coin. Il regarda à la fenêtre. La nuit étaittombée. C’était la pleine lune, il aurait du mal à s’endormir. Il installa sonduvet dans l’arrière-boutiqueet en ferma la porte. Comme prévu, il se tourna et se retourna sansparvenir à trouver le sommeil. Comme cette pleine lune, ce soir dedécembre…

1er décembre 2003

Un jeune garçon d’à peine cinq ans est dans son lit. Autour de lui, veillentses nombreuses peluches. Il fixe les étoiles fluorescentes collées auplafond de sa chambre. Ses parents sont en bas, dans le salon. Ilsregardent la télévision. Sûrement un téléfilm de noël…Le jeune James soupire. Lui, ce qu’il veut, c’est voir de vraies étoiles. Voir leciel sombre et infini avant de s’endormir…Mais ce n’est qu’un rêve. Il esttrop petit, trop petit pour le monde…il ferme les yeux. La différence entreles rêves et la réalité, c’est évidemment que les rêves ne se réalisent pas…

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James se frotta les yeux. Ce n’était pas en remuant de vieux souvenirs qu’ilallait trouver le sommeil… Il se réveilla avec un léger mal de dos. Il seleva, et avala un paquet de raisins secs. James s’étira et sortit. Il devait êtreencore tôt car le soleil ne brûlait pas encore et le sol était tiède. Il neregrettait pas de ne pas avoir pris son téléphone. Le soleil lui suffisait poursavoir l’heure et il n’avait pas besoin des appels incessants de ses parents.Il s’assit au soleil, au bord de la route. Ça lui rappelait ses vacances, quand ilallait, petit, faire du camping avec ses parents…

Aout 2007

Un jeune garçon traverse la route en courant. Il s’exclame : « On y est ! Ony est ! Papa, maman regardez ! » Les jeunes parents regardent d’un airattendri leur fils. Le camp s’étend sur plusieurs centaines de mètres.James arrive en courant à leur place habituelle, un petit coin ombragé àcôté d’une large dalle en béton qui, elle, se trouve en plein soleil. Il s’assoitsur la dalle brûlante mais repart aussi vite qu’il est arrivé : son short fin nele protège pas de la chaleur du béton. Il court chercher une serviette,l’étend sur la dalle et s’allonge, face au ciel bleu et immaculé. Il reste là une bonne partie de l’après-midi, comptant les oiseaux quipassent, s’amusant à reconnaitre les habitués du camping par leur voix,ou tout simplement se laissant aller à la douce et rassurante chaleur del’été. Il ne supporte pas de rester enfermé et ces vacances sontpour lui une vraie libération…

James se leva et admira le décor autour de lui. Il pourrait se croire dans unfilm…Ce décor loin de tout, ce décor nouveau et pourtant si familier…

Janvier 2008

James est assis dans sa chambre, un avion en bois fin à la main. A côtéde lui, comme toujours, se trouve sa peluche favorite, un ourson étoilé. Il apassé la journée à fabriquer cette maquette d’avion et le résultat estencore meilleur que ce qu’il espérait. Il prend délicatement sa création etla fait voler autour du globe terrestre. Il imagine des mondes fabuleux àdécouvrir, des sanctuaires inexplorés, des îles paradisiaques perduesdans l’océan, des forêts tropicales impénétrables, des glaciers déserts….Il voit déjà se dresser devant lui les sept merveilles du monde, les désertschauds et ceux glacials, il verrait tout ça…

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La voix de sa mère résonna : « Chéri, c’est l’heure de manger ! » Jameslâche l’avion et dévale les escaliers en courant. La fragile maquette sebrise en même temps que ses rêves. La réalité est toujours plus forte queles rêves…

Le soleil était maintenant haut dans le ciel. Ses bras nus commençaient àle brûler. Il revint s’abriter à l’ombre de la station-service. Ce lieu le rendaitnostalgique, presque mélancolique. James retourna dans la supérette afinde prendre ses affaires. Sa décision était prise. Il emporterait ce quipourrait lui servir et partirait voir le monde dans de beaux hôtels grâce àl’argent qu’il avait trouvé. Il vida d’abord l’étagère où se trouvaient lessoupes Campbell’s. Il allait passer à celle du dessous, celle avec lesboissons quand une inscription attira son attention. Dans le fond de l’étagère, habituellement caché par les boîtes de soupe, ilétait écrit « Les rêves et la réalité sont la même chose, à une différenceprès : l’envie »James ricana. Si c’était vrai, alors tout était possible pour peu qu’on ne leveuille vraiment ? C’était idiot… Mais cette parole continua son chemindans l’esprit du jeune homme. Il en vint à se demander ce qu’il voulaitvraiment. Quel était son rêve ? Parcourir le monde dans des hôtelsluxueux ? Ou bien quelque chose d’autre ?

Il regarda par la fenêtre, espérant peut-être trouver une aide dans le ciel,ce ciel qui l’avait accompagné tout au long de son enfance...A défaut deciel, il vit une masse noire qui se tenait devant la fenêtre. James sortit,intrigué. Ce qu’il vit le surprit agréablement.L’ours étoilé se tenait devant lui, digne et droit. Ses grands yeux bruns lefixaient. L’étoile sur le sommet de son crâne réfléchissait la lumière dusoleil ardant et semblait scintiller de mille feux. James comprit qu’il étaittemps de faire un choix. D’un air déterminé, il rentra dans la supérette,plaça les 10000 $ dans la caisse, et suivit l’ours qui s’éloignait déjà.

La nuit tombait quand ils arrivèrent devant la forêt. Ensemble, ils selaissèrent happer par les arbres et, quiconque aurait assisté à la scèneaurait juré qu’il y avait là un peu de magie.

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Arthur BARRIERE4ème, Collège François Mauriac à Saint-Médard-en-Jalles"La forêt de l'oubli"

DEUXIÈME PRIX

James entra dans la forêt. Elle était très sauvage ; les pins et les rochersl’envahissaient de toutes parts, le lichen grimpait le long des arbres. Lepassage de l’ours était encore bien visible bien qu’il marchait d’un pasléger. Les ronces semblaient avoir envahi le sol tellement elles avaient prisdu terrain sauf aux endroits où les sangliers y avaient établi leurcampement pour la nuit. Aucun chemin n’était visible mais seulement lestraces de renards ou de loups, encore fallait-il faire attention aux crottes àl’odeur repoussante.

Mais c’était précisément cette forêt sauvage, cet appel irrésistible queJames cherchait depuis qu’il était parti de chez lui. Il s’enfonça encoreplus loin dans la lumière blanche qui filtrait à travers les arbres de lapinède dont les branches hérissées paraissaient vouloir monter jusqu’auciel bleu.Plus loin, des troncs d’érables étaient tombés en travers de la trace. Il lescontourna. Le vent se leva soudain. C’était, en ce début d’été, une petitebrise légère qui se faufilait entre les bouleaux, pins et érables de la forêt.Ce n’était qu’un doux murmure qui faisait bruisser les feuilles. Il s’intensifiaalors, devint plus glacé encore. James se félicita d’avoir pris des moufleschaudes doublées de laine sans lesquelles ses mains seraient devenuesbleues.

D’habitude, il n’aimait pas ce froid aigu qui lui perçait la peau mais dansces bois, tout lui plaisait même le froid.Il marchait sans aucun but précis, seulement comme une promenade, unpeu perdu dans ces bois où il ne connaissait rien mais où tout lui semblaitévident. La pluie vint alors pointer le bout de son nez en sortant de sesréflexions James. L’air devint plus lourd et semblait être comme un poidssur ses épaules. Le vent redoubla ses assauts mais sans parvenir encore àpercer son épaisse combinaison.Quel temps de chien ! se dit-il tout haut. J’espère que je pourrai au moinsdormir tranquille.

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Sous ses pieds, il sentait comme un liquide visqueux qui dégageait uneodeur nauséabonde de sang caillé mais James ne pouvait rien distinguersi ce n’était que le bout de son nez avec le brouillard qui s’était épaissi enétouffant le paysage alentour ainsi que les arbres.Il commença distraitement à grignoter ses fruits secs mais ne parvenaitpas à calmer son angoisse malgré le goût sucré des pommes séchées. Il fitalors, dans un geste maladroit, tomber son sachet en plastique rose etvert qu'il ramassa aussitôt pour ne pas qu'il mette entre quelques cent etmille ans à se dégrader dans la nature. Mais les fruits étaient pleins deboue et donc immangeables.Zut alors ! C’est pas possible ça !Un écho lui vint en retour.

Il se heurta soudain à un corps mou et encore chaud, sans doute unanimal, comme pendu aux branches.La pluie et le vent cessèrent soudain leurs assauts. Le brouillard sedissipait peu à peu et la nuit était tombée sans bruit.À la lueur de la lune, il aperçut un corps de femme blonde avec unemagnifique parure de diamants pendue à un pin particulièrement hérisséet dont les aiguilles ne semblaient pas vouloir se détacher de lui.Du sang vermeil s’écoulait de sa bouche et avait glissé sur son menton etsouillé ses vêtements d’un blanc immaculé. Ses pupilles étaient au milieudes orbites, figées dans une expression de stupeur. Le sang était encorechaud, le crime encore récent.Le sang ne fit qu’un tour dans ses veines. Il fallait qu’il quitte cet endroit etvite, très vite, s’il ne voulait pas finir comme elle ou faire une véritable crised’angoisse qui pouvait se terminer en A.V.C.

Le brouillard était subitement retombé et des cris d’animaux de toutessortes et notamment d’ours se faisaient entendre de partout.Il courait dans une direction sans ne jamais vouloir s’arrêter avant d’êtresorti des bois. Autour de lui, les ours se rapprochaient inexorablement. Lesronces écorchaient sa peau. Il fut soudain paralysé de peur à l’entréed’une clairière que la pleine lune inondait de sa clarté.Y étaient pendus, mais surtout accrochés à des branches, cette foisd’érables, trois hommes et une femme. Au-dessous d’eux, il y avait uneflaque de sang qui s’écoulait goutte par goutte de leurs mains ou de leursgenoux et des fois de leurs langues.Leurs yeux désespérés roulaient presque dans leurs orbites. Un des pointscommuns entre tous était qu’il y avait une espèce de sirop sucré quisortait de l’arbre et coulait goutte par goutte à raison d’une par minutequi devait faire office d’alimentation.

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Au centre de la clairière étaient disposés des fruits et légumes murs quidonnaient envie autour d’une mare d’eau claire.On aurait dit le supplice de Tantale reconstitué.

- « Partez ! » lui crièrent-ils. « Vite avant qu’ils n’arrivent ! »James en pâlit d’effroi. Son visage devint plus blanc qu’un linge endécouvrant la souffrance et surtout la torture qu’ils enduraient.

- « Qui sont-ils ?- Ce sont des démons ! Nous sommes ici pour expier nos fautes. »

Un cri sourd fusa dans l’air, tout près. C’était certainement eux pensaJames.

- « Ça y est, le temps est arrêté. » L’ours apparût. Plus gigantesque encore que dans ses souvenirs. Un halod’un bleu sombre l’entourait. Tout en James lui criait de partir loin, de sauver sa peau, de ne pas resterplanté là comme un imbécile mais ses muscles refusaient d’obéir, figésdevant cette impressionnante masse de muscle, de chair et d’os.

Tout en cet ours ressemblait à la forêt.- « Bonjour. Bienvenue dans la forêt de l’oubli. » La voix de l’ours étaitgrave, elle venait du cœur.- « Qui, qui êtes-vous ? » demanda James en bégayant.- « Je suis moi, l’esprit de mai. » Il était calme.- « Et eux ?- Ce sont eux ! ». Il semblait en colère et perdit soudainement tout soncalme.- « Le moment est venu d’en finir. Ils ont souffert assez longtemps. »L’ours s’avança lentement et sans bruit. Ses pattes se posaient lentementsur le sol où l’herbe pointait timidement le bout de son nez sous lesdernières feuilles mortes qui avaient survécu à l’hiver.Il s’approcha d’un homme et sans aucune pitié l’égorgea. Le corps tombasanguinolent et inerte sur le sol dans un bruit mat et la terre s’abreuva dece sang chaud et frais. La femme subit le même traitement et les deuxcorps furent installés sous ceux des autres. Déjà, une odeur de meurtres'infiltrait dans l’air.

James était paralysé.- « Qu’ont-fait les autres ? » demanda James.- « Ils ont fait des choses encore pires que ceux qui sont morts. Latorture sera donc plus longue et plus douloureuse.- Mais quoi ?

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- Chaque jour, des espèces animales et végétales sont détruites en massepour leurs beaux yeux, pour qu'ils puissent fumer leur cigarette, porterleur jean de marque ou encore acheter le dernier téléphone qui vient desortir mais aussi les chaussures dernier cri. Mais, pendant ce temps là, laplanète se réchauffe et des espèces et des peuples dépérissent à vued’œil. Les glaciers fondent et pendant ce temps, là, des animaux commel'ours blanc ou le renard polaire mais aussi les manchots et les pingouins,perdent du territoire de chasse et de l'espace. Si des espèces neparviennent pas à s'adapter assez vite, elles seront vouées à disparaître.Ainsi, les eaux montent et des villes construites au bord de l'eau sontinondées et des gens doivent quitter leur pays pour fuir cette eau qui necesse de monter. Les étrangers doivent traverser des pays hostilesravagés par la guerre, la faim et la misère. Car la terre, en se réchauffant,fait que les cultures ont de plus en plus de mal à pousser. Une fois arrivésdans un pays qui veuille bien les accueillir, ils doivent se faire une placedans la société pour gagner de l'argent, pour faire des études et avoir unsalaire. La société est de plus en plus cruelle et de plus en plus de gensdépérissent dans la misère la plus abjecte. Il n’est pas rare de trouverquelqu'un qui directement ou indirectement y a participé.

Imaginez-vous, jeune enfant, que quelqu'un achète une veste dans unegrande surface. Il est possible que des enfants esclaves aient travaillé pourne rien gagner d'autre qu'un toit misérable où s'endormir en sécuritéchaque soir et une petite écuelle de nourriture qu'ils dégustent commeleur unique repas de la journée à la manière des chiens. Les personnes lesplus touchées sont les migrants qui viennent de pays inondés mais aussien guerre comme beaucoup en Afrique. Ce sont souvent des femmes etdes enfants, les plus vulnérables, c'est misérable.

Autre aspect de ce réchauffement climatique : les humains, par leurbêtise, leur ignorance et leur soif inaltérable de nouvelles technologiesont réussi à percer un trou dans l’atmosphère qui permet de réguler latempérature de la Terre même si celle-là se réchauffe, d'empêcher lesrayons ultraviolets nocifs en provenance du soleil de nous atteindre. Là-bas, les gens sont obligés tous les jours, de mettre de la crème blanchepour se protéger même par un froid glacial.Notre Terre mère se réchauffe car les rayons qui entrent dansl'atmosphère sont piégés du fait d'une grande présence de certains gaznocifs rejetés par l'activité humaine qui ne cesse de progresser. L'énergieest ce qui rejette le plus de gaz à effet de serre responsables duréchauffement climatique. Si les gens éteignaient leurs appareils au lieude les mettre en veille la nuit, tout irait déjà beaucoup mieux.

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Mais c'est sur qu'ils ont besoin de leur ordinateur, de leur imprimante etaussi de leur grille-pain pendant la nuit ! Les ampoules ! Il faut éteindre leslumières en sortant d'une pièce et ne pas les allumer quand il fait jour.Les transports participent aussi ! Les gens utilisent leurs monstres sur desvoies noires qu'ils appellent voitures pour se déplacer et aller voire leurboulanger à cent mètres de chez eux. C'est un scandale. Il faut faire ensorte que les moyens de transport doux comme la marche mais aussi levélo ou la trottinette mais pas électrique soient privilégiés.

- Comment le savez-vous ?- Leur sang est leur sève. Tout est concentré dedans. Toutes leurspeurs, leurs crimes, leurs inquiétudes. Il nous suffit de le boire et noussavons.- Qui ça « nous » ?- Les autres et moi. Nous sommes les esprits de cette forêt. Nousveillons sur elle depuis sa création et pour l’éternité. Dernière choseque je dois vous préciser, aucune personne humaine ne sort vivante decette forêt.

Elle s’élargira toujours à l’infini et vous allez tourner en rond. Les boussolesne fonctionnent pas ici et aucune carte n’est assez grande pour y inscrirela totalité de ces bois. Les téléphones perdent la totalité de leur batterie. »L'ours partit de son pas léger et aérien de la clairière.

James était sidéré. Sur le moment, parler à un ours en présence de deuxcadavres et deux personnes torturées lui paraissait normal maismaintenant non. Il courut après l’ours.Avait-il fait quelque chose de mal ou bien était-il totalement innocent ?Pendant sa course, le remord gagnait petit à petit le cœur de James. Lebrouillard retomba. Tout allait mal.L’ours était toujours enveloppé dans ce halo mais maintenant plus clairqu’avant. L’impression dégagée restait la même.Était-il fou ? N’était-il pas dans un rêve ? Il se pinça en espérant se réveillerau chaud dans son lit mais non, tout était bien réel.

La bête, elle, continuait d’avancer sans se soucier de lui comme s’il n’étaitqu’un tronc parmi d’autres.

- Pouvez-vous goûter mon sang s’il vous plaît ?- Je savais que tu allais me demander cela.

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Mais c'est sur qu'ils ont besoin de leur ordinateur, de leur imprimante etaussi de leur grille-pain pendant la nuit ! Les ampoules ! Il faut éteindre leslumières en sortant d'une pièce et ne pas les allumer quand il fait jour.Les transports participent aussi ! Les gens utilisent leurs monstres sur desvoies noires qu'ils appellent voitures pour se déplacer et aller voire leurboulanger à cent mètres de chez eux. C'est un scandale. Il faut faire ensorte que les moyens de transport doux comme la marche mais aussi levélo ou la trottinette mais pas électrique soient privilégiés.

- Comment le savez-vous ?- Leur sang est leur sève. Tout est concentré dedans. Toutes leurspeurs, leurs crimes, leurs inquiétudes. Il nous suffit de le boire et noussavons.- Qui ça « nous » ?- Les autres et moi. Nous sommes les esprits de cette forêt. Nousveillons sur elle depuis sa création et pour l’éternité. Dernière choseque je dois vous préciser, aucune personne humaine ne sort vivante decette forêt.

Elle s’élargira toujours à l’infini et vous allez tourner en rond. Les boussolesne fonctionnent pas ici et aucune carte n’est assez grande pour y inscrirela totalité de ces bois. Les téléphones perdent la totalité de leur batterie. »L'ours partit de son pas léger et aérien de la clairière.

James était sidéré. Sur le moment, parler à un ours en présence de deuxcadavres et deux personnes torturées lui paraissait normal maismaintenant non. Il courut après l’ours.Avait-il fait quelque chose de mal ou bien était-il totalement innocent ?Pendant sa course, le remord gagnait petit à petit le cœur de James. Lebrouillard retomba. Tout allait mal.L’ours était toujours enveloppé dans ce halo mais maintenant plus clairqu’avant. L’impression dégagée restait la même.Était-il fou ? N’était-il pas dans un rêve ? Il se pinça en espérant se réveillerau chaud dans son lit mais non, tout était bien réel.

La bête, elle, continuait d’avancer sans se soucier de lui comme s’il n’étaitqu’un tronc parmi d’autres.

- Pouvez-vous goûter mon sang s’il vous plaît ?- Je savais que tu allais me demander cela.

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Il ouvrit sa gueule et, sans aucune crainte, James plongea sa main dedans.L’ours ne le mordit pas mais piqua un de ses doigts au niveau d’une veineet fit bouger le liquide rouge qui en sortait dans sa bouche afin de pouvoiren sentir toutes les saveurs.L’attente sembla interminable à James. Il croisait ses orteils comme ilavait l’habitude de faire quand il était stressé et attendait une réponse.- « Le parfum général est très agréable. Je suis content de toi car je savaisqu’en te faisant venir jusqu’ici, je ne perdrais pas mon temps et que tun’avais rien fait de mal. Aucun goût de cigarette ni de plastique maisseulement du sirop d’érable et des feuilles ainsi que des baies de genièvre.Tu es actuellement coincé dans cette forêt. Tu ne dois pas ressortir selonnos règles. Je vais te tuer car je n’ai pas le choix pour que tu deviennescomme nous : un esprit de la forêt.

- Attendez ! Une seconde s'il vous plaît ?- Oui, que veux-tu ?- Promettez-moi avant de commencer que tout se passera bien pourmoi.- Je te le promet James. Sur mon honneur. Quand les esprits ne fontpas ce qu'ils ont promis sur leur honneur, ils sont comme brûlés par unfeu intérieur qui les ronge jour par jour jusqu'à ce que finalement ilsmeurent dans d'atroces souffrances que même l'esprit le plus hardi nepourrait supporter. »

Il ferma tout d’abord les yeux et recula de deux pas. Il se concentra.De petites paillettes dorées sortirent de tout son pelage comme desétoiles filantes. Les sortes de lucioles s’avancèrent à la clarté de la lunevers James et se plantèrent dans son cou. James sentit une impressionétrange de piqûre qu'il n'avait jusqu'alors jamais ressenti, même pour lesvaccins chez son médecin.Tout se brouilla et devint flou, un peu comme lorsque vous vous réveillezun peu pataud d'un rêve magnifique. Il quitta l’ours du regard et toutdevint subitement clair quelques instants plus tard.Autour de lui, des nuages cotonneux remplissaient le ciel bleu à perte devue, de toutes tailles et de toutes formes. Certains prenaient des posesétranges comme celles de la trompe d'un éléphant ou d'une grenouilletandis que d'autres avaient la forme classique des nuages quand les petitsenfants les dessinaient. Le soleil resplendissait. Ses rayons neréchauffaient guère James puisqu'il n'avait pas froid. C’était latempérature exacte pour qu'il se sentit bien dans sa peau.Cela se passait-il dans son imagination ? Il savait qu'il n'était pas fou carl'ours le lui avait promis mais il ne savait pas trop quoi faire à part attendreque cela se passe.

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Il ouvrit sa gueule et, sans aucune crainte, James plongea sa main dedans.L’ours ne le mordit pas mais piqua un de ses doigts au niveau d’une veineet fit bouger le liquide rouge qui en sortait dans sa bouche afin de pouvoiren sentir toutes les saveurs.L’attente sembla interminable à James. Il croisait ses orteils comme ilavait l’habitude de faire quand il était stressé et attendait une réponse.- « Le parfum général est très agréable. Je suis content de toi car je savaisqu’en te faisant venir jusqu’ici, je ne perdrais pas mon temps et que tun’avais rien fait de mal. Aucun goût de cigarette ni de plastique maisseulement du sirop d’érable et des feuilles ainsi que des baies de genièvre.Tu es actuellement coincé dans cette forêt. Tu ne dois pas ressortir selonnos règles. Je vais te tuer car je n’ai pas le choix pour que tu deviennescomme nous : un esprit de la forêt.

- Attendez ! Une seconde s'il vous plaît ?- Oui, que veux-tu ?- Promettez-moi avant de commencer que tout se passera bien pourmoi.- Je te le promet James. Sur mon honneur. Quand les esprits ne fontpas ce qu'ils ont promis sur leur honneur, ils sont comme brûlés par unfeu intérieur qui les ronge jour par jour jusqu'à ce que finalement ilsmeurent dans d'atroces souffrances que même l'esprit le plus hardi nepourrait supporter. »

Il ferma tout d’abord les yeux et recula de deux pas. Il se concentra.De petites paillettes dorées sortirent de tout son pelage comme desétoiles filantes. Les sortes de lucioles s’avancèrent à la clarté de la lunevers James et se plantèrent dans son cou. James sentit une impressionétrange de piqûre qu'il n'avait jusqu'alors jamais ressenti, même pour lesvaccins chez son médecin.Tout se brouilla et devint flou, un peu comme lorsque vous vous réveillezun peu pataud d'un rêve magnifique. Il quitta l’ours du regard et toutdevint subitement clair quelques instants plus tard.Autour de lui, des nuages cotonneux remplissaient le ciel bleu à perte devue, de toutes tailles et de toutes formes. Certains prenaient des posesétranges comme celles de la trompe d'un éléphant ou d'une grenouilletandis que d'autres avaient la forme classique des nuages quand les petitsenfants les dessinaient. Le soleil resplendissait. Ses rayons neréchauffaient guère James puisqu'il n'avait pas froid. C’était latempérature exacte pour qu'il se sentit bien dans sa peau.Cela se passait-il dans son imagination ? Il savait qu'il n'était pas fou carl'ours le lui avait promis mais il ne savait pas trop quoi faire à part attendreque cela se passe.

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Il chutait lentement mais sans interruption. L’air devenait de plus en plusfroid et la forêt apparaissait en dessous de lui.Cette chute lui semblait lente, interminable, sans jamais vouloir s’arrêter.Mais James était patient de nature et cela ne ledérangeait pas de devoir attendre.Quand enfin, après un long moment, il toucha le sol, il ne le heurta pas defaçon brutale comme il aurait pu s'y attendre après une telle chute maisdoucement comme s’il y avait des amortisseurs sous ses pieds pour leretenir.La première chose qui avait changé quand il fut arrivé au sol était qu'ilmarchait sur quatre pattes et qu'il était plus grand que sa taille d'humain.Il fut surpris de découvrir son reflet dans une mare non-loin de là. L'eauétait claire et la une lui permit de pouvoir regarder un instant avant queles nuages noirs de suie n’étouffent à nouveau son reflet.Il avait désormais quatre pattes blanches comme la neige, chacune dotéed’un sabot doré et sur son front avaient poussés deux bois. Il étaitdésormais un véritable esprit de la forêt sous la forme d’un cerf.Mais rien ne révèle vraiment l’intérieur, tout reflète l’extériorité.« Il suffit d’une minute pour vous faire perdre l’éternité ¹. » 1 : ThéophileGautier, La morte amoureuse

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Léonie FLEURY4ème, Collège Jean Jaurès à Cenon"Les voyageurs de la forêt "

TROISIÈME PRIX

Pas à pas, James s’enfonçait dans la forêt. Le bruit assourdissant de lanationale disparaissait et laissait place aux sifflements des oiseaux. Cesharmonieux sifflements arrivaient doucement aux oreilles de James,l’incitant à pénétrer plus profondément au cœur des arbres.

Pendant une heure, le jeune s’enfonça dans l’immensité verte. Lorsqu’ildécida de s’arrêter, il leva les yeux vers le soleil, en faisant attention de nepas se laisser éblouir. James n’avait jamais été très compétent pourdeviner l’heure par rapport à l’emplacement du soleil, néanmoins, cedernier étant haut dans le ciel, James estima qu’il devait être aux abordsde midi.

Le jeune garçon avait débouché à lisière d’une vaste clairière, et, aprèss’être assis sur un très gros rocher, il s’amusa à observer tous les types deplantes et fleurs sauvages qui s’y trouvaient. Il reconnut des plans dementhe, de lavande et de fraises sauvages, et vit un nombre inimaginabled’insectes dont il était incapable de citer les noms. Toujours assis sur le rocher, James ôta son sac à dos, but une petitegorgée d’eau, comme pour les aliments, il devait en économiser lemaximum, et entama une des trois poches de fruits secs. Profitant de sonmaigre repas, James ferma les yeux et écouta les oiseaux chanter.Lorsqu’il les rouvrit, il s’aperçut qu’un papillon s’était posé sur sa maingauche. Le papillon était étonnement grand, d’un bleu rappelant lesprofondeurs de l’océan. De sa fine trompe, il explorait la main de James ;de longues lignes noires suivaient le contour de ses ailes, mettant envaleur ce bleu intense.

Peu de temps après, James décida de se renfoncer dans la forêt et de semettre dès lors à chercher un abri pour la nuit.

Alors qu’il cherchait depuis déjà deux bonnes heures, James vit unerapide ombre passer à sa droite et paniqua.

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Quelqu’un l’observait. Il attendit sans bouger, les pieds comme cloués ausol ; puis il se mit à rire en se disant qu’il n’était pas seul dans cette forêt,et que toutes sortes d’animaux y vivaient. C’était probablement le simplepassage d’un chevreuil qui l’avait fait paniquer.

Finalement, après une autre longue et fatigante heure de marche, Jamestomba sur un imposant arbre couché sur le duvet des feuilles, mélangéesaux épines, poussées par le vent au fil du temps. Un trou s’était formédans le bois de l’arbre, si bien que James s’y faufila et se dit que c’étaitl’endroit parfait pour récupérer de son épuisante journée. Il sortit del’arbre, s’assit sur le tronc de ce dernier et prit un paquet de gâteaux. Il butun peu d’eau et, sans plus attendre, attrapa son duvet, se mit dedans, etrentra dans le tronc de l’arbre en se servant de son sac comme oreiller.

Le matin suivant James se réveilla, et voulant se lever, il ne réussit justequ’à se cogner la tête, ce qui lui rappela qu’il s’était endormi dans untronc d’arbre. James en sortit et s’étira lentement.

Depuis la mystérieuse rencontre avec l’ours à la tâche blanche au centredu front, James avait à présent pénétré dans les profondeurs de la forêtdu grand Nord.

Après avoir mangé un deuxième sachet de fruits secs, James se souvintqu’il gardait toujours une boussole ainsi qu’un briquet dans la petitepoche sur le côté de son sac à dos. Il partit donc à la recherche de petitbois afin de faire du feu.

Une nouvelle ombre passa rapidement à la droite de James, mais le jeunegarçon ne s’en inquiéta pas cette fois, il commençait à s’y habituer. Jamess’orienta plus au Nord de son « campement » grâce à sa boussole, maisveilla à ne pas trop s’en éloigner. Plusieurs moustiques vinrent l’embêter. Une fois revenu au«campement», James déposa les petites brindilles dans un cercle qu’ilavait délimité par des pierres de la taille d’un poing, pris son briquet, et fittourner la molette.

Il ajouta des feuilles séchées à son petit feu, et mit ensuite de gros rondinsde bois. Il ouvrit sa deuxième boite de haricots cuisinés et la déposa au-dessus du feu sur un support de fortune en bois qui tremblait au moindretoucher.

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Un bruit, ou plutôt un grognement très rauque et très puissant le fitsursauter. James dirigea son regard vers l'endroit d'où le bruit était venu -d'une grande clairière, proche de son campement- et n'en crut pas sesyeux. Sans le savoir, James avait dormi tout près d'une horde d’animaux,qui à ses yeux ressemblaient à de grands bœufs sauvages ! Des réelsgéants, ces majestueux animaux devaient mesurer dans les deux mètresde hauteur et trois mètres de longueur. Les bisons devaient être environune cinquantaine. Une bouffée de chaleur envahit James, comme si toutela grandeur surgissait d'un coup, à ses yeux. Un bison tourna la tête endirection de James et s'approcha de plus en plus de lui. L’animal le fixait intensément. Ce regard, James ne l’avait vu qu’une foisauparavant, il lui rappelait celui de l’ours à l’étoile blanche au centre dufront. Lorsque le bison s'approcha de James à une distance que le jeunehomme trouva peu raisonnable, il fut pris d'une énorme crise de panique.Pas une panique comme lorsque l'on perd ses clefs ou que l'on est enretard à un rendez-vous, non, une panique tellement grande que ladernière chose dont se souvint James était sa tête touchant les feuillesmélangées à de la terre.

Lorsque le jeune homme ouvrit les yeux, il était allongé sur un épais duveten mousse. Des voix humaines résonnaient. Des enfants riaient, couraient,sautillaient.

Près de lui, une jeune fille, James l'estima d'à peu près du même âge quelui, tressait de longues feuilles. Elle avait une peau très bronzée. Sescheveux auburn aux reflets brillants étaient rassemblés en deux parfaitestresses qui lui arrivaient un peu plus bas que ses épaules. Elle étaithabillée basiquement -un jean, des baskets et une veste à capuche grise-néanmoins, on percevait une pointe de « nature » dans ses habits et sonattitude : quelques fleurs étaient joliment répandues dans ses tresses, et àses doigts, on distinguait plusieurs tiges de plantes enroulées formant desbagues. Lorsqu'elle s'aperçut que James s’était réveillé, et que leurs yeux secroisèrent -elle avait les yeux d'un vert presque émeraude-, elle dit d'unevoix amicale : « Tu étais évanoui quand je t'ai trouvé, je t'ai ramené aucampement et veillé à ce que tu reprennes de la force, ne t'inquiète pas,tout va bien, je suis Floria. »

James, encore faible, perçut un drôle d'accent derrière son accentaméricain, il sonnait un peu russe. James balbutia un vague « merci » et serendormit d'un coup.

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Le jour suivant, Floria apporta un récipient en bois qui contenait des boutsde poisson fumé avec une sauce qui était sans doute la meilleure queJames n'ait jamais mangée, ce repas ne ressemblait en rien aux repas qu'ilavait mangé depuis qu'il était parti en forêt, et encore moins aux petitsdéjeuners industriels qu'il mangeait lorsqu'il était dans sa maison. Non. C'était bien meilleur.

Lorsqu’il eût fini, Floria lui proposa de l’accompagner pêcher au bord d’ungrand ruisseau.

Tous deux assis sur des rochers, attendant que des poissons mordent àl’hameçon, les deux adolescents commencèrent à discuter. Floriademanda à James de lui raconter comment il s’était retrouvé autantenfoncé dans la forêt.

« Je suis un garçon tout ce qu’il y a de plus banal, j’ai grandi dans unepetite ville dans le Wisconsin, puis j’en ai eu marre de cette routinequotidienne, alors j’ai décidé de partir, et de me diriger vers la Forêt dugrand Nord. Et toi ? »

- Je suis née dans la forêt, la Taïga, comme on l’appelle chez nous, il y alongtemps, dans ma famille. Quand mes arrières grands-parents vivaientencore en ville comme tu dis, ils se sentaient rejetés par le fait qu’ilsétaient nomades.

-Tu veux dire que vous êtes une sorte de gypsies de la forêt ?

-Je ne connais pas ce terme mais j’imagine que oui, c’est à peu près ça.Ensuite, mes arrières grands-parents ont rejoint des peuples de laTaïga, jusqu’à former le leur. Nous avons appris à nous débrouillerseuls et à vivre de la pêche, la chasse, et à nous soigner avec lesplantes. La Nature soigne, elle a le pouvoir de guérir.

-Pourquoi ne pas former votre propre village dans la forêt et y resterdéfinitivement ?

-Nous aimons voyager, de plus la nature doit rester intacte. Et puis tusais, la Taïga est souvent en feu.

-Des gens s’amusent à y mettre le feu ?

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-Non, pas un feu que l’on provoque, mais d’après les vieux du village,ces feux de forêt seraient produits par l’oiseau tonnerre, la forêt serégénère grâce au feu, les plantes qui s’y trouvent se sont adaptées,par exemple…

Floria dirigea son doigt vers un arbre : « Ceci est un pin gris, cet arbre àbesoin du feu pour se reproduire, il arrive que des feux de forêt soientimmenses et dégagent énormément de fumée, mais ils finissent pars’arrêter. Certaines personnes de notre peuple savent reconnaître quandun feu va avoir lieu, c’est pourquoi nous sommes nomades, pour ne pasbrûler sur place ! »

James émerveillé avait écouté Floria parler, les yeux de la jeune fillen’avaient pas arrêtés de briller, et James l’enviait.

Après la pêche, Floria montra à James toutes sortes de plantes qui leurservaient à se soigner, et l’emmena relever les collets.

Pendant trois jours, James appris à chasser, pêcher, et cueillir. Ce fut lestrois plus beaux jours de sa vie. Quand il était dans la forêt, plus rien n’avaitd’importance aux yeux de James, il écoutait les arbres, et comprenaitpourquoi Floria disait que la nature avait le pouvoir de guérir, il se sentaitbien, il se sentait libre.

Puis, au bout du troisième jour, Floria lui dit : « James, il faut partir. Notrecampement va se diriger plus au nord encore dans la Taïga. Dis-toi bienque si tu nous suis, il faudra probablement que tu renonces à rentrer cheztoi. »

-Mon chez moi, c’est la forêt maintenant, et mes rencontres avec l’ourset le bison m’ont fait réaliser que ma place est auprès d’un peuplecomme le tiens, je viens avec vous.

En quelques heures, le campement fût levé, enfants, femmes, et hommesse mirent en marche. Un jeune homme fermait la marche. Ce jeunehomme n’était en forêt que depuis quelques semaines, mais il avaitchangé. Il ne serait plus jamais le même car désormais James faisait partiedes voyageurs de la forêt.

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CA

TÉG

ORIE

3ÈM

EChloé BARDOT, Maelys BELILLA

Anna CHICORP

Julie VALLAT

1

PODIUM

2

3

p.65

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Chloé BARDOT et Maelys BELLILA3ème, Collège François Mauriac à Saint-Médard-en-Jalles"L'enfant sauvage "

PREMIER PRIX

Cela faisait maintenant deux bonnes heures que James s'enfonçait dansla forêt qui devenait de plus en plus profonde, de plus en plus lugubre etde plus en plus sauvage… Tout au long de sa course effrénée, les branchages au sol lui lacéraient lesjambes, son souffle commençait à lui manquer mais James ne voulait pasperdre la trace de l'animal. Il devait le retrouver. C'était comme uneétrange mission qu'il s'était fixé en son fort intérieur sans réelle raison. Le jeune garçon se devait d'accélérer car déjà les empreintes de la bêtecommençaient à disparaître et la lumière à décliner. Heureusement,bientôt, James put apercevoir une masse obscure se découper au loin. Ilaccéléra le pas dans l'espoir d'atteindre cette silhouette qu'il vit au mêmemoment disparaître au creux d’un rocher. Arrivé à l'entrée de la tanière, James eut soudain une hésitation. Pourquoiavait-il eu cette folie de suivre l'ourse ? Au fond du jeune garçon, une petite voix l'incitait à poursuivre son chemincar de toutes façons, il était trop tard pour faire marche arrière… Pas à pas, James avança prudemment dans la tanière. Il pouvait entendrele souffle tranquille de l'animal qui se reposait au fond de la grotte.Une fois en face de l'ourse, le garçon se sentit attendri et apaisé à sa vue.D'un coup, toute l'excitation et le stress que James avait ressentis s'étaienttransformés en une immense fatigue. Alors, dans le plus grand calme, il secoucha entre les pattes de l'ourse bien au chaud et accompagné d'unsentiment de plénitude, il s'endormit. Durant la nuit, l'ourse, ayant sentit une présence inconnue à ses côtés,s'était éveillée.

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Son regard était tombé sur le petit homme qui sommeillait au creux deson ventre, elle ne sentait pas de danger provenant de cet être tout frêle.De plus, la sensation du contact ne lui était pas désagréable. C'était unmélange de chaleur et de tendresse qui ne faisaient que la rassurer. Elleeut une pensée pour le bébé qu'elle portait depuis maintenant cinq mois,elle qui était si faible depuis sa grossesse. En plus, avec l'arrivée de l'hiverqui allait être rude, elle se demandait si elle arriverait à le passer cette fois-ci. Mais ce soir, elle était trop fatiguée pour continuer à se poser desquestions sur la venue du petit homme. Alors, l'esprit tranquille, elleretomba dans le sommeil.

Le lendemain matin, James se réveilla seul et sur un sol froid. La bêteavait disparu. Alors, rapidement, le garçon se leva et s'élança hors de lagrotte à la recherche de l'animal. C'est avec soulagement qu'il la vitquelques mètres plus loin dans un cours d'eau. Il s'avança doucementpour ne pas la surprendre, son attention était dirigée vers les mouvementsde ses pattes. On aurait dit qu'elle était en train d'essayer d'attraperquelque chose dans la rivière. Attentif, James observa sa technique et, aubout d'un certain temps, il la vit attraper un poisson. Un grognement de joie sortit de l'animal.

Le jeune garçon, enthousiaste, enleva ses chaussures pour pouvoir imiterl'ourse. Une fois dans l'eau glaciale, James sentit ses membres se raidirmais il persista. A l'affût du moindre mouvement, en à peine une heure, lepetit homme avait déjà essuyé plus d'une cinquantaine d'échecs. C'estalors qu'un événement inattendu se produisit. L'ourse se dirigea à sescôtés et, comme si elle voulait devenir son professeur, elle commença à luimontrer les mouvements de pêche. Ce fut le début d'une grande amitié.

En seulement quelques semaines, James avait eu le temps, accompagnéde l'ourse baptisée Dookia, d'apprendre la chasse, la pêche et àreconnaître les plantes. Comme Dookia s’y attendait, l’hiver fut glacial, lesrivières étaient gelées ainsi que les plantes. La nourriture se raréfiaitlaissant peu de choix à James qui se devait d’en rapporter à l’ourse qui nepouvait plus se déplacer. C’est avec beaucoup de peine qu’ils arrivèrent àbout de l’hiver. Aux premiers rayons du printemps, Dookia mit bat. Ce fut un magnifiqueourson qui vit la lumière du jour. James le nomma Awa.

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Quatre ans plus tard, dans la même forêt, au crépuscule, James, comme àson habitude, alluma un feu sous le regard protecteur de Dookia qui s'yétait accoutumé et qui appréciait cette pratique. Awa avait bien grandiet était devenu un grand ours.Le trio formait une petite famille très soudée. James aimait cela, regarderses compagnons courir et vivre. La vie sauvage lui convenait parfaitement.Ni pollution, ni violence, ni bruits nuisibles ne perturbaient sa vied'aujourd'hui, juste le calme absolu et la quiétude. C'est alors qu'il songeaque s'il était resté dans son lit, il n'aurait pas vécu cette aventure et auraitsûrement encore subi les maltraitances de sa famille. Cela avait d'ailleursété la raison de son départ. Mais ce soir, assis devant le feu, James en était sûr, il avait fait le bonchoix...

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Anna CHICORP3ème, Collège Léonard Lenoir à Bordeaux"Illusion"

DEUXIEME PRIX

James marchait dans le bois depuis près d’une heure. Il respirait à pleinspoumons l’air frais des bois, il savourait l’odeur des sapins et des chênes.Sa seule source de distraction était les craquements des branches, lesfeuilles qui se froissaient sous son poids ou encore les gouttes d’eau quicoulaient çà et là. Il se sentait revivre. Il était loin de l’alcool et des fêtesmais il était enfin vivant. Il repensa à l’ours, lui qui l’avait fixé de ses petitsyeux noirs. Il entendit un bruit venant de derrière lui. Il se retourna et vitl’ours. Il venait d’y penser et il était apparu comme par enchantement.L’ours poussa un grognement puis s’en alla. James savait qu’il devait leretrouver, peu importait le moyen.

Alors qu’il était toujours figé, une goutte d’eau qui tomba sur sa joue letira de ses pensées. Il ramassa son sac qu’il avait fait tomber puiss’aventura plus profondément dans les bois. A chaque fois qu’il étaitperdu, un grognement l’aidait à se repérer. Il marchait de plus en plus viteà la recherche de l’ours. Il arriva en face d’un arbre percé au niveau dutronc. Cette fois, plus de bruit, seulement sa respiration haletante sefaisait entendre. Il s’approcha du tronc et se pencha pour regarder àl’intérieur. Un simple tee-shirt bleu était posé au centre. Une geléevisqueuse le recouvrait.James regarda attentivement l’habit puis il eutl’impression de l’avoir déjà vu. Il attrapa le tee-shirt dans les mains puis leposa sur le sol. Il le regarda attentivement et reconnut le tee-shirt del’homme qui l’avait déposé à la cime des bois. Il fixa à nouveau sonattention sur le tronc d‘arbre. Une source de lumière venait du fond decelui-ci, plus précisément, elle était derrière une sorte de tissu. Mais c’étaitencore couvert de cette gelée visqueuse. James toucha ce tissu et sentitsa main s’enfoncer. Il la retira immédiatement, ramassa son sac et partiten courant. Il courait, courait mais quelque chose le poussait à revenir, àpercer le mystère de cet arbre.

Il s’arrêta d’un coup puis retourna sur ses pas, plus détendu, presqueendormi. James ne contrôlait pas son corps, il avait un but, et le suivait.

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La douleur qu’il avait ressentie auparavant dans ses jambes avait disparu.Il était étonné par son sens de l’orientation qui s’était multiplié par dix ouquinze. Il retrouva enfin l’arbre et se pencha de nouveau vers le tronc, ilregarda à l’intérieur et ressentit comme la première fois, un frisson quiremonta le long de sa colonne vertébrale. Derrière lui, l’ours avançait, sansun bruit, même les feuilles restaient silencieuses. James s’écarta de l’arbreet pendant un instant, il le fixa. Il se retourna brusquement, pour laénième fois de la journée, et se retrouva face à face avec l’ours. C’est la fin, pensa James. Sans chercher à lutter, il s’accroupit et ferma lesyeux. Il recula jusqu’à toucher l’arbre avec son dos. Il se sentit basculer. Ilallait se retrouver sur le dos, en boule, sans défense face aux griffesacérées de l’ours. Il tomba effectivement sur le dos, mais rien ne se passa,l’ours ne montrait plus signe de vie. James essaya de se redresser maisune sorte de force le forçait à rester au sol. James ferma les yeux, attendit.

« Ça va petit ? » Le vieil homme lui demanda.James ouvrit les yeux, regarda à sa gauche, à sa droite, et vit qu’il étaitdans le camion. Il n’était pas descendu, il ne s’était pas aventuré dans lesbois, il n’avait pas vu l’ours ni l’arbre. Tout allait bien, il était en vie.« Tu veux toujours que je te dépose ici ? »« Non, je vais rentrer chez moi je crois… »Le vieil homme hocha la tête puis fit demi-tour et déposa James àl’endroit où il l’avait pris à l’aller. James descendit du camion et fit un signede tête au vieil homme avant de rentrer chez lui. Il posa son sac sur le sol,se dirigea vers sa cuisine, se servit un verre d’eau. Il le but, laissa le verresur la table puis repartit dans sa chambre. Il retira ses chaussures, ets’allongea dans son lit. Ce soir d’été, James sentit qu’il ne pourrait bien neplus jamais quitter son lit.

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Julie VALLAT3ème, Collège Aliénor d'Aquitaine à Martignas-sur-Jalle

TROISIÈME PRIX

James s'engouffra dans cette gigantesque forêt dont on ne voyait pasl’intérieur du bord de la route. Toujours sous le regard du camionneur, qui,inquiet, se demandait s'il devait intervenir. Une fois la vue perdue sur lejeune homme, il passa son chemin et continua sa route.

James de son côté ne savait pas ce qu'il faisait. Il ne pensait pas, neréfléchissait pas, ne savait pas où il allait, ce qu'il suivait, mais il avaitencore en tête l'image de cet ours sauvage qui lui avait fait tant d'effet.

Alors il continua. Il marchait en observant tout ce qui se trouvait sur sonchemin. C'était une belle forêt de châtaigniers. Elle était lumineuse mais àla fois très étroite et on ne voyait pas très loin. Les rayons du soleiléclairaient ses pas déterminés à avancer. Et cette odeur, oui ilreconnaissait cette odeur, c'était une odeur de terre fraîche, celle de chezsa grand-mère quand ils allaient en forêt, étant petit. Les champignons,les feuilles encore mouillées par la rosée du matin lui évoquaient destendres moments passés avec son amour de grand-mère qu'il aimeraittant revoir aujourd'hui ! Il y avait aussi des chênes avec de jolis glands qui craquaient sous sespieds. À cette période de l'année, les couleurs étaient merveilleuses. Lesfeuilles étaient rouges, dorées, d'un marron brun. Avec une mousse vertepresque fluorescente, et le lierre qui grimpe aux arbres pleins d’écorces. Etsi on levait la tête, il y avait aussi un fort contraste avec le ciel d'un bleuintense et le soleil de matin qui éclairait lumineusement cette splendideforêt. Il voyageait.

Après peu de temps de marche, il n'entendit plus du tout le bruit de lanationale. Alors il s'arrêta et n'entendit à nouveau plus le bruit des feuillesmortes sous ses chaussures, et cela laissait place aux gracieux chantsd'oiseaux. Ces chants aussi lui rappelaient bien des souvenirs. Ilconnaissait ces sons mais ne saurait les identifier. Des plus aigus, des plusgraves. Avec des rythmes différents et des mélodies variées.

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Il vit une sorte de gros rocher et s'assit dessus. Et observait autour de lui.Une fois de plus les couleurs, les sons, les odeurs. Il avait la nostalgie, maispas une petite nostalgie. Non, il était perdu dans sa vie et voir toutes ceschoses qui lui rappelaient son enfance le rendait malheureux. C'estcomme s'il s'était reconnecté à la vie, la vraie vie. Pas celle qu'il vivaitjusqu'à présent.

Et au bout d'un moment, une larme coula sur sa douce joue. Il pensait,pensait et pensait, pendant très longtemps. Et pleurait, pleurait et pleuraitaussi.

Où allait-il aller, que ferait-il s'il était perdu ? Il ne se posait pas ce genre dequestions. En fait, il ne se posait pas de questions. Il allait c'est tout.

Il reprit son chemin toujours sans rien n'avoir en tête, et il marchait toutela journée en grignotant par-ci par-là des fruits secs qu'il avait emportés.Après cette journée, il avait très faim mais il était au beau milieu d'uneforêt. Pas de chemins. Pas de lumière autour de lui. Personne. Mais il sesentait bien. Pour se rassurer, il se disait qu'il pouvait toujours compter surles châtaignes qu'il y avait par terre. Et surtout il avait gardé avec lui sontéléphone portable. Pourtant, il ne voulait pas l'utiliser. Il ne voulait pasrentrer chez lui, il ne voulait pas penser à sa famille, sûrement inquiète.Non, il voulait être seul. Et il avait réussi.

Puis, il allongea son duvet et dans une profonde inconscience de ladangerosité de la situation, il plongea dans le sommeil. À tout moment,l'ours de trois cents kilos qu'il avait rencontré le jour pouvait l'attaquermais, étrangement, il n'avait pas peur.

Le jour s'était levé sur la magnifique forêt et les doux rayons de soleild'automne éclairaient son visage. Il se réveilla : il avait faim. Alors, toujoursdans son esprit d'aventurier, il rangea ses quelques affaires et partit à larecherche de nourriture, telle que des châtaignes ou bien des baies. Ilconnaissait bien ce genre de forêt. C’était la même que celle autour dechez sa grand-mère.

Tout en marchant, il pensait à toutes sortes de choses ; les raisons de sadisparition, ce que doivent actuellement penser ses parents. La policedevrait sûrement être à sa recherche. Un jeune adolescent de 15 ans quifugue depuis plus de 26h, cela ne passe pas inaperçu !

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Il avait toujours la rage en lui, et ne regrettait absolument pas d'être parti.Il n'aimait pas la vie que ses parents voulaient qu'il ait. Il était en colère etne comptait pas faire demi-tour de si tôt. Après encore une journée de marche fractionnée par des pausescourantes, et quelques châtaignes crues dans l'estomac, James aperçut lebout de la forêt. Il voyait entre les arbres, au fond, de la lumière, du ciel.

Alors curieux, il s'approcha pour voir où menait cette issue. Sorti de ce bois,il se trouvait au sommet d'une belle colline d'herbe verte. Le changementétait radical : passer d'une forêt chaude et remplie de vie qui devenaitpresque oppressante à une grande plaine où il avait le vent dans lescheveux. Il se sentait comme libre et il voulait dévaler l'immense pentequ'il y avait devant lui. Mais après quelques secondes devant ce vent deliberté, il aperçut, au loin, un petit village. Or il était toujours très fâché etavait toujours en tête de rester seul et de ne pas voir d'humains, il voulaitsurtout revoir cet ours.

Il y réfléchit à deux fois. Mais la raison l'emporta. Il était loin de chez lui, iln'avait pas de quoi manger, pas de quoi dormir en sécurité. Alors il repritson sac et dévala la pente comme il en avait idée depuis le début de ceslongues minutes de réflexion. Il courut courut, il ne sentait plus sesjambes, ni son poids. Il se libérait réellement. Sans s'arrêter et sans penser,il évacuait tout ce qu'il avait en lui. Celui-ci pleura en courant et cria même. Cela lui faisait un bien fou. Jamesn'avait jamais été très sportif mais il ressentait enfin ce qu'était le plaisir decourir. La liberté. Comme si ses poumons sortait de sa cage thoracique et quequelque chose se dégageait en lui. Comme si ses jambes et son corpsfonctionnaient tout seuls. Comme s'il ne contrôlait rien. Il sautait, il volait.

Après cet intense moment, il ressentit en lui de l'adrénaline. Exactementcomme quand il sortait du manège qu'il faisait avec son meilleur ami. Tomlui manquait profondément. Mais il ne pensait pas manquer à Tom. Il ne pensait manquer à personne.Mis à part à ses parents. Mais ils n'avaient qu'à pas le rendre si malheureux.James avait réussi à évacuer ce qu'il ressentait mais repenser à ses parentslui avait réveillé la colère qu'il venait d'éteindre. Alors il s'allongea dansl'herbe et, tout en pleurant, plongea dans le sommeil en se disant : «Demain sera meilleur ».

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James se réveilla sous la pluie, il avait pourtant bien dormi. Commeentendu la veille il descendit au village qui était en bas de la colline qu'ilavait partiellement dévalée. C'était un petit village, très mignon. Despetites maisons qui se ressemblaient toutes, mais elles avaient quelquesparticularités qui les différenciaient ; certaines étaient plus foncées qued'autres, des poutres apparentes ou inversement, un portail, parfois pas,un chien plutôt agressif qui nous faisait savoir qu'on le dérangeait, ou biendes jardins plus ou moins entretenus. Ce village n'était pas construit avecdes quartiers, non, l'entrée par laquelle était arrivé James était le bourgavec aucun autre chemin perpendiculaire à celui-là. Il y avait deux petits trottoirs très bien entretenus. Avec quelques fleurs.De jolis lampadaires d’une forme rectangulaire. Ce village n'était pas trèsmoderne mais après deux jours dans une forêt, ce n'était pas un vieuxvillage qui allait dépayser James.

Après un aller simple dans le village et après avoir vu la boulangerie,l'église et le chenil, il se dirigea dans une maison comme prévu. Aprèsavoir traversé une deuxième fois l'avenue principale, il s'arrêta devant unemaison plutôt agréable à l'oeil. Le portail était peint en blanc avec desbarreaux qui, eux , étaient noirs. Derrière celui-ci, on apercevait une pelouse juste tondue et un petit maistrès petit potager au milieu du grand jardin. Ce potager était dans dessortes de bacs assez épais et ils renfermaient pleins de choses différentes.Il y avait des légumes, des fruits, des plantes aromatiques, etc…Une fois deplus, James ne saurait les identifier. La maison avait un toit doté d'une forme triangulaire avec des poutresapparentes. Elle était assez modeste. Une belle maison de campagne.Aussi, ce qui plaisait bien à James c'est qu'il y avait un chien. Mais lui,contrairement aux autres croisés auparavant dans le village, ne faisait pasde bruit. Il regardait simplement James. C'était un beagle, un petit chien, et à regarder son ventre, il était biennourri. Il avait des mignonnes oreilles et de beaux yeux. Alors il entra, il criad'abord pour vérifier s'il y avait quelqu'un. Ce qui était sûr c'est qu'il n'yavait pas de sonnette.

-Y'a quelqu'un ?Quelqu'un, en effet, sortit de la maison.

- Bonjour ?, dit une dame d'un ton soucieux- Bonjour, Excusez-moi de vous déranger mais je suis un peu perdu. Jepeux entrer ?- Oui bien sûr mon garçon !

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Alors il entra, un peu gêné mais content d'avoir trouvé une gentillepersonne.

En passant, il croisa le regard du chien.- Je te présente Malice ! C'est une beagle. dit la dame ayant vu Jamesregarder la chienne- Elle est mignonne.- Oui ! C'est une chienne de chasse.- Ah, très bien !- Au fait je m'appelle Ginette.- Et moi, James.

James rentra alors dans la maison qui était en fait immense à l’intérieur.Dés l'entrée il y avait un long couloir avant la pièce principale. Il y avait lelong sur les mur, de nombreux animaux empaillés. Des cerfs, des sangliers,des renards et d'autres qu'il n'a pas su reconnaître. « Mon mari estchasseur, il y est d'ailleurs en ce moment ». Comme si James ne l'avait pas deviné avant.

Une fois rentrés dans la pièce principale qui était le salon, ils parlèrent dupourquoi, du comment James s'était retrouvé dans un village aussi «perdu » comme elle disait.

Il était dans un premier temps assez timide et se sentait mal à l'aise dedéranger cette femme. Mais après un peu de temps et de nombreuxgâteaux. Ils partagèrent leurs vies et s'entendirent vite bien.

Ginette était une très gentille femme, elle vivait ici depuis qu'elle étaitpetite et elle était mariée à Frank depuis 40 ans. Elle n'avait jamaistravaillé et avant que Frank ne soit à la retraite, il était médecin.Maintenant il chassait, tout le temps. D'ailleurs, là, il était parti 3 jours pour une « grosse chasse » comme il disait. Donc Ginette lui proposa de rester dormir. Elle était vraiment très gentille.James lui avait dit qu'il s’était « enfui » de chez lui mais elle n'avait rien ditet était restée compréhensive.

Il ne restait que 3 jours puis devait repartir. C'était le deal.

Tous deux s'entendaient très bien. Une fois de plus, cela rappelaitbeaucoup à James sa grand-mère qu'il aimerait tant revoir.

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Les deux premiers jours se déroulèrent bien, Ginette s'occupait bien deJames et ils partageaient beaucoup d'activités ; ils jardinaient, ils allaientpromener Malice, chercher des champignons, des châtaignes. Que desactivités que le jeune homme appréciait beaucoup. Ginette elle n'avait pasde petits enfants, malgré le fait qu'elle avait toujours voulu en avoir.D'ailleurs, elle ne voyait même plus son unique fille car Frank s'était fâchéavec elle. Cela la rendait malheureuse. Les deux jours qu'elle avait passésavec l'adolescent étaient pour elle les meilleurs jours qu'elle avait passésdepuis bien longtemps !

Au troisième jour, Frank rentra, cela avait été plus rapide que prévu. Alors,devant le portail, Ginette lui expliqua la situation, lui demandant de ne riendire. Alors il accepta et tout se passa bien.

Au repas du soir, l'ambiance était un peu froide. James était assez gênésuite à ce que sa femme lui avait dit de lui. Mais Frank lança uneconversation :

- Tu connais un peu la chasse mon garçon ?- Euh non je n'en ai jamais fait, je vivais en ville, répondit-il d'un tontimide.- A bon, eh bien je vais te raconter ce qu'on a fait ces derniers jours.Tout d'abord, nous devions aller au sanglier. Tout se passait commeprévu, jusqu'à ce que.....plus de sangliers ! C'était la semaine dernière,alors nous avons stoppé notre activité et pris conscience de lasituation. Et figure-toi que depuis quelques temps, une bête mange lessangliers, les moutons, et pleins d'autres bestioles !- Qu’est ce que c’est ?- Eh bien c'est un ours !

James choqué par ce qu'il venait d'entendre faillit recracher sa soupe maisil se retint. Un ours qui rôdait en ce moment, c'est forcément celui qu'ilavait vu ! Son sang était glacé, il ne savait toujours pas pouquoi, mais ilavait de la pitié envers cet ours qu'ils ne connaissait même pas. Et desavoir qu'ils était sûrement mort, lui faisait mal. Mais il continua à écouterl'histoire de Frank.

- Alors depuis maintenant trois jours on courait après ce fichu ours quiembête tout le monde. Et oui, il gène les trafics, il dérange leshabitants.... Ils nous fallait sa peau !!!

- Alors vous l'avez tué, dis James au borddes larmes.

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- Bien sur qu'on l'a tué tu penses, il nous causait du souci, le bestiau !- Euh euh je je suis désolé je je dois y aller.

James partit, en pleurant.- James !!! dit Ginette, que se passe-t-il ?

James attrapa le peu d'affaires qu'il avait et claqua la porte derrière lui. Ensortant du village, il voyait les chasseurs qui fêtaient leur chasse. Alors ilpris la direction opposée. Et il courut , une fois de plus choqué par cettebêtise humaine. Il courut le plus vite possible, pour que personne nepuisse le rattraper.

James ressentait plein de choses. Ses pensées se bataillaient dans sa tête.Pourquoi avaient-ils fait ça ? Oh, il le savait très bien. Pourquoi tant demal? Pourquoi est-ce que tout le monde fait toujours du mal à tout lemonde? Alors, après quelques minutes de course intensive et de réflexionsur sa situation actuelle, il s'arrêta pour reprendre ses esprit et surtout sonsouffle. Il savait très bien que Ginette et Frank avaient forcément dûprévenir la police. Donc il ne devait pas s’arrêter longtemps.

À l’entrée d’une forêt, il alluma sa faible lampe torche et s’enfonça une foisde plus dans la forêt noire et très sombre dont on ne voyait ni devant soi,ni la sortie.Il était encore triste pour l’ours, même très, mais cela ne l’arrêta pas ilcontinuait sa route sans connaître l’arrivée…Après une petite pause, le jour s’était levé, et le jeune homme reprit samarche.

Quand plus tard il entendit du bruit, alors il s’arrêta pour mieux entendre.Il pensait d’abord que c’était des chasseurs, mais il aurait entendu en plusdes chiens. Puis un autre bruit. Et rien encore. Il fit des tours sur lui-mêmepour essayer de voir tout ce qui pouvait se passer autour de lui. Toujoursrien, et il était embêté par le manque de lumière de cette forêt. Et d’uncoup, il vit quelque chose bouger.

Au loin. Cela bougeait doucement, très doucement avec des bruits defeuilles pour accompagner le tout. James à tout d’abord penser à unoiseau qui était des les feuilles. ou bien un écureuil, ou autre chose il nesavait pas. Quand soudain, cela bougea accompagné par une sorte degrognement. À ce moment-là, James ne douta plus, il était sûr de lui, surde ce qu’il apercevait.

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Ce n’était pas un chien ou un chasseur mais bien un ours. Il n’y en avaitpas qu’un non, il y en avait plusieurs. James était partagé, à la fois effrayéen se rappelant de ce que le camionneur lui avait dit, mais à la fois curieuxde savoir s’il s'agissait de l’ours qu’il avait croisé sur la route.

Il avait déjà lu auparavant que, dans ce genre de situation, il ne fallaitsurtout pas bouger, ni faire de gestes brusques, aucun fait et geste quipourraient contrarier ou effrayer une bête féroce comme celle-ci.

Alors il ne bougea pas. Et, étonnamment, l’ours s’approcha de lui. Lui aussiétait perturbé.

Il s’avançait doucement, en reniflant ce qu'il voyait, à petit pas, sans tropfaire de bruits. Et plus il s’approchait, plus James arrivait à distinguer unepetite tache blanche au milieu de son front. C’était lui ! James en étaitpresque ému. Il n’était pas mort, il état même à moins de deux mètres delui.

L’ours reniflait et regardait tout autour de James. Et quand ils croisèrenttous les deux leurs regards, James ne sentit aucune agressivité ouméfiance, ni de la crainte. Non, il ne se sentait pas en danger. Alors, legarçon ouvrit son sac à dos et lui présenta quelques gâteaux au chocolatque Ginette lui avait fournis. L’ours mangea donc les biscuits. Et toujoursdans cet élan, James tenta de toucher l’ours.

C’était quelque chose de très dangereux, mais sans réfléchir il tendit samain vers la tête de l’ours. Et à sa grande surprise, celui-ci se laissacaresser. C’était quelque chose d’incroyable et James en avaitentièrement conscience !

C’est comme si d’un coup, il ne se sentait plus tout seul. L’ours était perdu,c’était très rare les ours , dans ce genre d’endroit. Et James aussi étaitperdu, il ne savait plus ce qu’il voulait faire, où il voulait aller. Il devrait unjour ou l’autre retourner chez lui. Mais il ne voulait pas reprendre sa vie d’avant. Il ne voulait pas de cette vie,de la vie que ses parents avaient choisie pour lui. Il n’aimait pas étudier, il n’aimait pas les cours, il n'était tout simplementpas fait pour ça. Il n’aimait pas être en ville, il aimait la nature. Et il venaitseulement de s’en rendre compte. Il aimait la forêt, les odeurs, les bruits,les couleurs, il aimait les plantes, les arbres. Il aimait les animaux, et ilaimait cet ours.

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Et cet ours aussi était perdu. Où aller ? Quoi manger ? Et puis tout ce qu’ilfaisait, cela gênait den toute façon. James savait très bien que du monde devait s’inquiéter pour lui et qu’ilsne tarderaient pas à arriver et à ramener l’adolescent auprès de sa famille.Mais James était troublé, il ne savait pas quoi faire. Il aimait profondémentsa famille et ne voulait pas lui faire de mal. Même si cette disparition avaitforcement dû en causer. Mais il voulait que sa fugue provoque unchangement dans sa vie. C’était chose faite. James avait peur il voulait rester avec l’ours. Qu’il aimait beaucoup. Il nesavait pas se qu’il allait se produire par la suite, pour lui et son nouvel ami.Et entendant, des personnes s’approcher de leur position, James lui répétala même phrase en boucle. « Demain sera meilleur » Quelques temps après, à l'âge de 16 ans, James partit étudier au Canadapour un organisme de défense des animaux. Plusieurs ours d’Europeavaient été emmenés dans le parc naturel du Forillon au Québec dontcelui marqué d’une étoile blanche au dessus de ses yeux.

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James s’avança sur le tapis de feuilles mortes, il fit quelques pas et s’arrêta,il avait perdu l’ours de vue. Il se figea, cherchant à percevoir le moindrepetit bruit pouvant provenir de l’animal, quand un son sourd et grave se fitentendre, le garçon courut vers la source du bruit. Il arriva devant unemajestueuse cascade, les rayons de soleil transperçaient l’eau tels deslames d’épées perçant les corps. La splendide créature au pelage noir seroulait dans l’eau et se frottait contre les rochers. L’adolescent était cachéderrière un arbre, il n’avait pas peur, mais à peine il s’en détacha, que laforêt entière parut se réveiller. Le vent soufflait une magnifique mélodiede violons, les oiseaux chantaient à l’unisson, les feuilles imitaient leDidgeridoo australien, et les pas de James menaient le tempo. La nuittombait et il décida de s’allonger auprès d’un arbre pour la nuit. Ils’endormit rapidement, bercé par le murmure de l’eau.

Le lendemain matin, James sentit que son visage était mouillé, une légèrepluie, sans doute. Il ouvrit difficilement les yeux, et vit, penché au dessusde lui, l’ours qui lui léchait le visage, il eut un mouvement de recul etl’animal partit en courant. Le garçon était tout étourdi ! Il hésita à partir àsa poursuite, et si l’animal avait une envie soudaine de le manger? N’était-ce pas déjà le cas ? Et s’il l’avait léché pour voir si le jeune homme étaitappétissant ? C’était décidé, James ne le suivrait pas. L’ours se dirigeaitvers les bois, James allait à la cascade. Avant de partir, il avala quelquesfruits secs et enfila son blouson. En moins de deux minutes, il l’eut rejoint.Une immense paroi, qu’il n’avait pas remarquée la veille s’étendait sousses yeux. Elle mesurait sans doute plusieurs kilomètres de long,cependant, elle n’était pas très haute. Son père l’avait amené faire del’escalade l’été dernier. Que penserait-il s’il le voyait comme ça ? Avait-ilseulement remarqué sa fugue ? Personne ne faisait attention à luid’habitude, pourquoi cela changerait ? Comme il n’avait rien de mieux àfaire, il entreprit d’escalader la falaise doucement et prudemment, iln’avait pas envie de se casser une jambe, au beau milieu de nulle part !

Carlotta HELLARD-AVALOS4ème, Collège Alfred Mauguin à Gradignan"Escapade sauvage d'été"

RENCONTRE FORTUITE

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Une fois arrivé en haut, des champs de toutes les couleurs s’étendaient àperte de vue. Parmi eux, il reconnaissait la lavande et le blé, pourtant aussi loin que sesyeux lui permettaient de voir, il ne voyait aucune habitation. Avec sesharicots, ses biscuits et sa gourde qu’il avait remplie à la cascade, il netiendrait que quelques jours. Il pourrait se nourrir dans les champs, le plusgros problème serait l’eau. Mais ces champs appartenaient bien àquelqu’un ? Et puis, ils avaient forcément besoin d’être arrosés ! James s’yaventura.

Cela faisait plusieurs heures déjà qu’il marchait, la chaleur le faisaitsuffoquer, quand soudain, il vit, au loin, une silhouette. Tout excité, il cria :

-Hé ho ! » En faisant de grands gestes de ses bras, mais contre touteattente, elle partit en courant d’où elle venait. -Hé ! Attend ! » Et le garçon se mit à courir derrière elle. La silhouetteféminine ne courait pas très vite, rapidement James fut à sa hauteur. Apeine il lui attrapa le bras, que la jeune fille s’évanouit sous ses yeux.Elle devait être un peu plus âgée que lui et n’avait probablement pasmangé depuis des jours. James mit un peu d’eau sur son visage, posason blouson au-dessus d’elle pour lui faire de l’ombre et vérifia sonpouls. Il fallait qu’il la nourrisse, il la secoua gentiment pour qu’elle seréveille : - Aaaah !!- Calme-toi, je ne vais pas te faire de mal.- Qui es-tu ? Qu’est-ce que je fais là ?- Je m’appelle James, je marchais dans les champs quand je t’ai vue, jet’ai fait signe mais tu t’es mise à courir et tu t’es évanouie. Depuiscombien de temps n’as-tu pas mangé ? - Je n’ai pas bu depuis trois jours, et je n’ai mangé que ce que jetrouvais dans les champs, merci pour ton aide, mais il faut que j’y aille. - Attend ! Tu es trop faible pour marcher, laisse-moi te donner àmanger et à boire, et après je te laisse partir. »

Elle le scruta un moment puis lui dit :- D’accord mais je rajoute une condition, ne dis à personne que tu m’asvue, compris ? - Bien, mais pareil pour moi, si on te demande, tu ne m’as jamais croisé. - Alors tu es en fuite aussi », un sourire se dessina sur le visage de lademoiselle. - Peut-être. »

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Ils partagèrent quelques biscuits en silence. Et l’adolescente but un peud’eau. Quand elle eut fini, James lui dit : -Tu devrais te reposer un peu.-Tu as raison, réveille-moi dans quelques heures. » Et elle s’endormit.

James la regardait, à première vue elle ne lui avait pas sembléedangereuse, mais qui sait ? Et s’il était assis à côté d’une meurtrière ? Elleavait raison, le mieux, c’était qu’à l’aube leurs chemins se séparent. Mais sielle essayait de l’attaquer pour lui voler le peu de nourriture qu’il luirestait? Non, le mieux était de partir maintenant, il lui laissa quelquesbiscuits et son blouson, mais il reprit sa gourde. Si elle continuait toutdroit, elle ne tarderait pas à trouver la cascade. Cependant, lui en avaitbesoin. Il noua ses lacets, mit son sac sur son dos et lui jeta un derniercoup d’œil. Endormie, elle ferait une proie facile. Quels animaux pouvaienttraîner par ici ? En principe, pas d’animaux sauvages, mais il avait bien vu un ours dans laforêt ! Bon, il resterait, mais il tenait à la fouiller d’abord. Elle portait unshort bleu clair, un débardeur noir et une veste de survêtement grise. Elleavait une queue de cheval blonde et il lui avait semblé que ses yeuxétaient bleus. Pourtant, il eut beau chercher, il ne trouva rien. Il s’assit àquelques mètres d’elle, quand les chaussures de la jeune fille retinrent sonattention. Elles étaient hautes et épaisses, parfaites pour y cacher quelquechose, il les lui retira doucement pour ne pas la réveiller, et il trouva, dansla première une boussole dorée et dans la seconde, un couteau suisse,caché dans la semelle. Sans réfléchir il le fourra dans sa poche, mais aufond de lui, il savait qu’il aurait dû s’enfuir.

Au bout de quelques heures, il la réveilla : - Combien de temps ai-je dormi ? » demanda-t-elle.- Quelques heures seulement. Tu as besoin de quelque chose ?- Non, je vais bien, merci beaucoup d’avoir pris soin de moi.- Ne t’en fais pas, ce n’est rien, tu vas vers où ? Voulut savoir James. - J’aimerais trouver un endroit loin de tout, mais quand même avecune source d’eau à côté, et vivre là-bas. Mais je ne me fais pasd’illusions, ça fait des jours que je marche.- Si tu continues tout droit, à quelques heures de marche, tu trouverasune cascade à la lisière de la forêt. Dis-moi, c’est comment derrière leschamps ?- C’est vrai ?! Moi je viens d’un petit village, au pied des montagnes. Cesont essentiellement des chemins de terre qui les séparent deschamps

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- Pourquoi ne pas être parti vers les montagnes ? » lui demanda-t-il.- Les montagnes sont au sud et quand j’étais petite, mon père meracontait l’histoire d’un pays tout au nord, dans lequel les gens sesoutenaient, s’aimaient, un pays sans esclavage, sans personnesmalveillantes… Bref, c’est un peu naïf, je sais, mais depuis, il est décédé,et ça me fait du bien de me dire qu’il a peut-être suivi la même route.C’est lui qui m’a appris comment me repérer grâce aux étoiles.- Oh, un peu comme la légende de l’Atlantide ? Depuis petit je suisfasciné par ce mythe, j’avais un livre dessus, jusqu’à ce que mon pèreme le prenne et qu’il m’offre à la place un livre pour réussir des étudesde commerces.

Les deux adolescents s’esclaffèrent ensemble. -Tu veux venir avec moi ? Demanda la jeune fille, tu pourraism’accompagner jusqu’à la cascade et puis, à vrai dire ça fait des joursque je marche seule, avoir un peu de compagnie me fera du bien.Qu’est ce que tu en dis ? »

James prit le temps de réfléchir, c’est vrai que rire et discuter lui avaitmanqué aussi, et puis de toute façon, elle ne pourrait pas l’attaquer,puisque maintenant, c’était lui qui possédait son couteau. Il demanda :

- De nuit ?- Bien sûr, je me repère grâce aux étoiles, il fait plus frais et cette nuit, lalune nous éclairera. - Bien, allons-y ! Les deux amis partirent et James serra le couteau dansla paume de sa main. - Au fait, moi c’est Lily. » Elle tendit sa main. - James ! Enchanté !

Lily leva sa tête vers le ciel et pointa une étoile en particulier :- Regarde, c’est l’étoile du Nord, c’est celle que nous devons suivre.Peut-être qu’on arrivera au pays imaginaire, ou à Narnia, ou… - Au pôle Nord.

Lily sourit :- Tu as passé trop de temps devant tes manuels. Tu devrais travailler unpeu plus ton imagination !

Ensemble, ils marchèrent la nuit et se reposèrent le jour. Ils atteignirentenfin la cascade. Ils purent boire abondamment et se laver. James nageaitdans l’eau pendant que Lily surveillait les environs. Elle était drôle,attentionnée, intelligente et il lui faisait entièrement confiance.

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Mais comment lui expliquer, maintenant, que la première nuit qu’ilsavaient passée ensemble, il avait eu légèrement peur qu’elle le tue, donc ill’avait fouillée. Il pesa le pour et le contre, s’ils avaient besoin de sedéfendre, il leur restait le métal tranchant des boîtes de conserve. Il décidaqu’il allait l’enterrer et que si elle lui demandait, il lui dirait qu’il n’en avaitjamais vu la couleur. Il sortit de l’eau, ramassa ses affaires, prit le couteau,quand soudain il entendit le cri déchirant de Lily. Il s’élança vers la sourcedu cri, et vit un ours gigantesque penché au-dessus d’elle, prêt à la griffer.

Sans hésiter, il lui lança le couteau dans le bras, l’ours poussa ungrognement et s’éloigna en courant.

- Alors c’est toi qui l’avais, hein lança Lily. Tu l’as gravement blessé, ilaurait pu mourir. - Oui, et si je n’étais pas intervenu, tu aurais été gravement blessée, oupire. - Ce n’était pas de sa faute ! S’écria Lily à bout de nerfs, il est arrivédevant moi, j’ai eu peur et il a cru que je l’attaquais, il a simplementvoulu se défendre.- Oui et moi je voulais simplement te défendre. Tu sais, un simple «merci pour ton aide » aurait suffi. - Je n’aurais pas eu besoin de ton aide, si tu ne m’avais pas volé moncouteau, hurla Lily. - Qui sait ce que tu aurais fait avec ? James se ressaisit, non ce n’étaitpas vrai, ce n’était pas la raison pour laquelle il l’avait caché. Il l’avait faitde peur de perdre son amitié.- Ce n’est pas ce que je voulais dire. - Oh si c’est exactement ce que tu voulais dire, depuis qu’on se connaît,tu ne m’as presque rien dit sur toi, maintenant je comprends, tu nem’as jamais fait confiance.

Sur ce, elle partit.

James alla ramasser tout ce qu’il trouva pour le dîner, quelques noisetteset des myrtilles. Ce ne serait pas suffisant, il repartit à la cascade, Lily étaitassise en haut d’un arbre, le regard vers l’eau. Il prit un bout de bois, et yaccrocha le crochet de l’opercule de la boîte de haricots. Pourtant, il avaitbeau essayer, il n’arrivait pas à pêcher un seul poisson. Lily descendit del’arbre, et lui dit :

- Je m’en occupe, va faire le feu. Ils mangèrent sous les étoiles, en haut de la paroi que James avaitescaladée le jour de sa fugue, puis il brisa le silence :

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- Ma mère vit à Monaco, avec son nouveau mari. Après son départ, monpère a arrêté de croire en des sentiments comme l’amour ou l’amitié.Pour lui, la seule façon d’être heureux est d’avoir de l’argent, donc il netolère que l’excellence. Je suppose que j’avais besoin d’aventure, defaire mes propres choix et de me rendre compte qu’ils avaient del’importance. J’avais besoin de vivre. Lily, je ne pensais vraiment pas ceque je t’ai dit tout à l’heure, en quelques heures, tu es devenue lameilleure amie que je n’ai jamais pu avoir.- Tu devrais rentrer chez toi.- Pardon ?! - Ton père ne t’empêche pas de vivre, il te protège de ce dont il a peur.Il a besoin de toi. Profite de ta famille, tant que tu en as encore une. Detoute façon, tu pourras venir me voir quand tu veux, je comptem’installer ici. - C’est vrai que je n’avais pas vu les choses sous cet angle-là, mais tu nete débarrasseras pas de moi si facilement ! Je viendrai te voir une foispar mois, c’est promis ! Et je t’apporterai tout ce dont tu auras besoin :provisions, couvertures… Je pars ! A bientôt ! - A bientôt James !

Les deux amis se prirent dans les bras, James partit en courant vers laroute, déterminé à revenir très vite. Il leva le pouce quand il vit une voitures’approcher.

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Pénélope BRU, Norah GRELET, Justine HUBERT4ème, Collège Saint-Genès à Talence"Peau d'ours"

DR. KENNEDY

- Mrs Barry ? fit la voix grave du Dr Kennedy. Une femme mince en tailleur sombre et escarpins de même couleur seleva et entra dans le bureau. Elle s’assit et croisa ses jambes.

- Je présume que vous venez pour me parler du patient James Brown,interné à cette heure en chambre 408 ?, demanda-t-il. - C’est exact, confirma son interlocutrice. Je suis Jane Barry, professeurde français au Peer University.- Bien. Pourriez-vous me le décrire, je vous prie ? demanda-t-il ensortant un carnet et un crayon de la poche extérieure de sa blouseblanche.

Mrs Barry prit une grande inspiration et commença à parler.La sonnerie du réveil fit grimacer James. Les membres encore engourdisde sommeil, il leva une main fébrile et alluma sa lampe de chevet. 6h. Ilpassa dans la salle de bain, prit une douche rapide qui finit de le réveiller,puis il enfila rapidement un jeans, un t-shirt, un sweat et une paire dechaussettes. 6h14. A l’étage en-dessous, il prépara le petit-déjeuner pourson père, avala le sien. 6h34. Brossage de dents, dernier coup de peigne.6h47. Son sac de cours sur l’épaule, il marcha d’un pas rapide jusqu’àl’arrêt de bus. 6h58. Il avait failli être en retard. A 7h exactement le busarriva. 7h54. James entra dans la cour du collège. 8h. La sonnerie retentit.

La grande aiguille de l’horloge du bureau du Dr. Kennedy avait déjàeffectué plusieurstours depuis l’arrivée de la jeune femme. Le jour commençait à décliner.

- Comment se comportait-il ? reprit le docteur.- Oh, il a toujours été un des

meilleurs éléments, répondit sa charmante interlocutrice dans un sourireen repensant à cet élève qui avait toujours été son préféré. Il étaitperfectionniste dans tout ce qu’il entreprenait, souligna-t-elle.

- Poursuivez, fit-il simplement.Elle le remercia d’un battement de cils avant de reprendre.

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- Ses parents se nommaient Sam et Kelly Brown. Ils étaient séparésdepuis huit ans et malheureusement sa mère était d’une santéextrêmement fragile. Et son père était un banquier très haut placé quine vivait que pour son travail depuis le divorce et ne prenait très peusoin de son fils, termina-t-elle dans un soupir.

* * *

17h. La sonnerie du collège retentit pour la dernière fois de la journée.James, fatigué, enclencha le compte à rebours pour lui-même. 17h02. Ilavait exactement 18 minutes avant que le bus n’arrive. Le jeune hommedéplia sa grande stature, descendit à toute volée les escaliers. En bas, il sedépêcha de rejoindre le portail. Il sourit en se rappelant que c’étaitvendredi et pas plus tard que ce soir, il reverrait sa mère. Perdu dans sespensées, il faillit manquer le bus et il remercia le chauffeur d’un sourirelorsqu’il celui-ci attendit quelques instants qu’il monte. Quelques minutesplus tard, le jeune adolescent descendit du bus et sonna au numéro 36 dela résidence Saint-Laurent. Une femme d’âge moyen vint lui ouvrir. Sesyeux fatigués étaient soulignés de larges cernes. Pourtant lorsqu’elle reconnut James et lui sourit, sa peau diaphane seretroussa au niveau de ses pommettes. Elle ouvrit ses bras et James vintse blottir contre elle. Elle dégageait un parfum unique de muguet frais.Malgré les signes alarmants de la maladie, elle restait très belle dans sonjean simple et sa chemise marinière. Relâchant leur étreinte, ils s’assirentsur le vieux canapé qu’il avait toujours connu, et Mrs Brown interrogeaitson fils sur ces deux dernières semaines. Ils ne virent pas le temps passeret bientôt il dût repartir. Ils s’étreignirent à nouveau longuement. Enarrivant sur le parking, il repéra aussitôt l’imposant 4x4 paternel. Il montasur le siège passager se réparant à l’avalanche de reproches. Mais soudainil se rappela : il avait oublié de remplir le calendrier pour les doses demédicaments quotidiennes de sa mère. Il expliqua rapidement la situationà son père qui ne voulut rien entendre. Et son fils ne put répondre car unePorsche les dépassa en grillant une priorité ce qui déclencha une nouvelleavalanche de jurons.

* * *

Mrs. Barry jeta un coup d’œil rapide à sa montre : 23h43. La fatiguecommençait à se faire ressentir mais elle devait d’abord terminer deraconter tout ce qu’elle savait au Docteur.

- Quand se croisaient-ils ? l’interrogea ce dernier pour la tirer de sespensées.- Eh bien, cela est difficile à dire, dit-elle en se redressant sur sa chaise.

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- Je crois qu’ils avaient une relation plutôt cordiale malgré le fait queJames était souvent seul, le père ne rentrant au domicile que très tardle soir. C’était au garçon de s’occuper de la plupart des tâchesménagères.- Et la mère ? demanda le médecin.- Je sais seulement qu’elle avait la garde de James un week-end toutesles deux semaines.

* * *

James jeta un coup d’œil endormit au calendrier suspendu au-dessus deson bureau. Mercredi 3 Juin 2019. Son téléphone émit une vibration. C’étaitun message de la part de son père. Il ouvrit le contenu et parcourut lesquelques lignes rapidement : « Ta mère est décédée. Je suis vraimentdésolé. Je rentrerai plus tôt ce soir. Son appartement va être saisi necherche pas à y retourner. ». James se mit à trembler de tout son corps. Il dût s’y prendre à plusieursfois pour réussir à reposer son téléphone. Il s’allongea sur son lit. Desmilliers de questions envahissaient son esprit. Comment ? Pourquoi ?C’était tout bonnement impossible. Il avait tellement besoin d’elle… Larancœur le submergea. Il eut envie de tout casser et en même temps detout abandonner. La culpabilité de la mort de sa mère, tel un poidsécrasant sur ses épaules le rongeait. Son esprit tourbillonnait à toutevitesse afin de trouver une solution. Enfin, la seule échappatoire restantelui apparut comme une évidence : la fuite.

- Je crois que Mrs Barry prenait des médicaments. Savez-vous dequelles sortes ils étaient, ou la maladie qu’ils traitaient, l’interrompit ledocteur. - Je sais qu’ils étaient des opiacés mais j’ignore quelle maladie ilssoignaient.- Ils étaient donc à base d’opium or ils sont considérés illicites sansprescriptions médicale, marmonna le docteur tout en continuant àgriffonner sur son carnet. - Donc je disais, elle prit ses médicaments puis,… décéda d’uneoverdose. Sa famille fut la première informée. - Savez-vous comment cela s’est-il passé ?- J’ai eu accès au rapport de police. Sa mère oubliait régulièrementses médicaments. Elle en prenait soit trop, soit pas assez. Pour l’aider,James utilisait une sorte de calendrier où il stockait les doses pourchaque jour. A chaque fois qu’il venait, il le faisait pour les deuxsemaines suivantes.

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- Je ne sais pourquoi, un week-end, il a certainement oublié de le faire.Sa mère, pour ne pas le décevoir, décida de se débrouiller seule.Malheureusement, elle en prenait toutes les heures, car elle oubliaitchaque fois qu’elle en avait pris. - Et comment cela a-t-il fini ? s’inquiéta-t-il.- J’étais très inquiète, car James n’allait plus à l’école. Je n’ai jamais pule revoir car c’est ensuite que tout s’est enchaîné...

INCIPIT

En arrivant dans la forêt, tous les sens de James furent assaillis en mêmetemps. L’odeur des pins au début de l’été, ajouté à une vague desouvenirs… Ses yeux le picotèrent et une larme roula sur son visage. Il pritson courage à deux mains et entreprit de chercher des branches d’arbresassez solides pour se construire un abri au pied d’un arbre. Il recouvrit lesol de son habitation de mousse et tapissa les murs de fougères grâce àun mélange de terre argileuse, de boue et d’herbes. Une fois son œuvreterminée, James rangea soigneusement ses maigres réserves denourritures et déplia son duvet. Enfin, épuisé, il ouvrit une conserve deharicots, la dévora, puis s’allongea dans son duvet tout habillé et s’assoupitaussitôt.

Lorsqu’il se réveilla, il décida d’aller explorer la forêt. Au détour d’unchemin, il entendit un pas lourd se rapprocher. Il prit peur et partit encourant mais bien vite il dût s’arrêter. Les haricots trop salés de la conservelui avaient donné soif et il lui était impossible de courir dans cesconditions. Il décida donc de se cacher dans un buisson. Grand bien luiprit car presque aussitôt apparut la silhouette massive d’un ours. Fasciné,James n’arrivait pas à détacher son regard du poil dru et luisant del’animal. Celui-ci tourna la tête et le regarda dans les yeux. Troublé, il fixalui-aussi la bête. Ce regard si profond ému James qui lui trouva uneressemblance vaguement humaine. Sa vue se troubla et quand il rouvritles paupières, l’ours n’était plus là. Le froid réveilla James qui grelotta dansson duvet. Il fit rapidement l’inventaire de ses maigres réserves etdécouvrit qu’il ne restait plus qu’une petite boîte de haricots. Son ventregargouilla lui rappelant que son dernier repas remontait à la veille aumatin alors il décida d’attraper lui-même son petit-déjeuner pour pallier lemanque de vivres. Il repéra d’abord un écureuil mais ne put se résoudre àlui ôter la vie. Il repartit en se traitant intérieurement de lâche. Enfin, ilrepéra un buisson de baies. Peut-être étaient-elles toxiques ? Peuimporte, il avait trop faim. Il s’accroupit pour dévorer les fruits, bien quetrop acides pour la saison.

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Il lui semblait que c’était la meilleure chose qu’il n’ait jamais mangé. Unefois qu’il ne resta plus aucun fruit sur l’arbuste, il se releva et se mit enquête d’une rivière où rincer ses doigts et combler sa soif. Il tendit l’oreilleet discerna bientôt le glouglou régulier d’un paisible petit ruisseau. Sansréfléchir, il se mit en marche vers la source toute proche maintenant. Ildéboucha finalement dans une clairière composée d’un petit lac alimentépar une minuscule cascade. Il se désaltéra, trouvant enfin un remède poursa langue parcheminée. Puis, il se déshabilla et se baigna longuement,retirant la couche de terre ocre et d’herbes folles de sa peau grâce à de lamousse verte gorgée d’eau claire. Sa dernière douche devait remonter àune semaine, ce qui lui paraissait une éternité. Détendu et serein, ils’endormit.Lorsqu’il se réveilla, le soleil finissait sa course dans le ciel et illuminait laforêt de sa lumière rasante aux reflets d’or. La nuit serait là d’ici quelquesheures. Ce spectacle avait beau être magnifique, il s’en voulait de s’êtremontré aussi imprudent. N’importe qu’elle bête sauvage aurait pu lesurprendre dans son sommeil et le tuer sans même qu’il ne s’en rendecompte. Mais dans son empressement de trouver de l’eau, il en avait oublié de serepérer et bien vite, il fut perdu. Le désespoir l’envahit. Il n’avait plus quece qu’il avait sur le dos. Marchant au hasard, il finit par déboucher sur uneimmense falaise. Impossible à escalader car beaucoup trop haute. Il avaitfaim et tournait en rond autour de ce mur infranchissable, maisfinalement il finit par trouver un nouveau buisson orné de baies. Ils’approcha et découvrit qu’il dissimulait un tunnel sculpté dans la roche. Ilentra. Le tunnel débouchait sur une vaste pièce circulaire. Celle-ci étaitfaiblement éclairée par la lumière de fin d’après-midi. James dût attendreque ses yeux se soient habitués à la semi-obscurité. Une cornichesurplombait la grotte. A bout de forces, James ramassa machinalementquelques fougères et mousses pour former un léger matelas sur lequel ils’allongea, avec sa parka contre lui. Mais même ainsi, il se mit à frissonnersi bien qu’il lâcha un soupir de soulagement lorsqu'il se sentit perdre piedset tomber dans l’état inconscient du sommeil.

Le jeune adolescent se réveilla en sursaut. Il passa sa main sur sa nuque.Elle était trempée de sueur. Sa langue était à nouveau sèche. Il faudraitqu’il retourne à la rivière s’il ne voulait pas mourir de soif. Soudain, ilentendit un bruit sourd qui le glaça malgré la chaleur étouffante d’undébut d’après-midi de juillet. Un pas lourd se rapprochait de l’entrée de lagrotte. Il grimpa sur la corniche. Tout son corps lui hurlait de se faireoublier, d’essayer de se cacher, pourtant James resta debout.

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La silhouette massive d’un ours de pleine maturité se découpa dansl’ouverture. La peur noua le ventre de James et il eut du mal à déglutir. Ilse rallongea en essayant d’ignorer les respirations de l’animal monstrueux,quelques mètres en contrebas. Il était pris au piège, fait comme un rat.Un mal de tête intense éveilla à nouveau James. Depuis l’arrivée de l’ours,il n’était jamais ressorti de la grotte. Le jour, l’ours dormait et la nuit, Jamesétait incapable de se repérer dans la forêt et surtout, il avait peur de nejamais retrouver le chemin de la grotte. Tel était son dilemme. Mais il nepouvait pourtant pas se résoudre à rester ici pour le restant de ses jourssans eau ni nourriture ! Il décida alors de risquer le tout pour le tout. Il seleva, prenant appui sur la paroi rugueuse et fraîche, mais aussitôt, ilchancela.

Une fraîche brise effleura le front de James. Il se demanda s’il était auparadis. Non, impossible, son corps le faisait trop souffrir pour que tout soitdéjà fini. Il remarqua alors un mouvement autour de lui. Qui était-ce? Ilessaya de parler pour remercier la personne qui s’activait auprès de lui,quelle qu’elle soit, mais sa gorge n’émit pas un son. Il ne se rappelait plusla dernière fois qu’il avait mangé ou bu. Il tenta d’avaler sa salive. En vain.Ce n’était pas aujourd’hui qu’il mourrait. Pas encore. L’inconnu plaça uneoutre de peau sur ses lèvres et il but, il but encore et encore, jusqu’à enavoir mal en ventre. Puis il sombra. Il était vivant.

Cela faisait maintenant plusieurs jours que James cohabitait avec cettemystérieuse inconnue qui lui était venue en aide lorsqu’il était entre la vieet la mort. Chaque matin, elle vérifiait sa température et son pouls avantde lui faire boire une infusion à bases d’herbes aux propriétés médicinaleset au goût amer qui lui restait en bouche toute la journée. Ensuite, ilsprenaient un premier repas copieux comprenant les restes de la veille, desbaies multicolores, de la viande cuite au feu de bois et parfois, une sorte depetit pain doré et croustillant que la jeune fille fabriquait elle-même. Puis,elle partait, toujours avant le lever du soleil, pour ne revenir que le soir, oùils prenaient un second repas ensemble et s’endormaient dans lesprofondeurs sécurisantes de la grotte. La journée, James essayait tant bien que mal de remuscler son corpsaffaibli par la faim et la fièvre puis se promenait dans la forêt en quête denourriture. Enfin, il retournait à cette dernière et préparait le repas enattendant que la jeune fille dont il ne connaissait pas le nom revienne. Ilavait pourtant bien essayé de savoir comment elle s’appelait mais elle necomprenait pas sa langue. Alors, ils ne parlaient pas, se faisantuniquement comprendre par les gestes et le regard.

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Pourtant, il regrettait cette barrière. Il avait tant de questions à lui poser.Qui était-elle ? Comment l’avait-elle trouvé ? D’autres personnes étaient-elles au courant qu’il était ici ? Malgré tout, il lui était extrêmementreconnaissant de l’avoir secouru, et surtout, de ne plus être seul.James était en train de faire du pain lorsque la jeune fille arriva. Il ladétailla du regard. Elle était plutôt grande mais un peu moins que lui. Sonteint était bronzé, légèrement mat, certainement issu d’un métissage. Seslongs cheveux étaient châtains très clairs avec des reflets d’or. Elle étaitvêtue d’une peau d’Ours. Son visage aux traits fins était éclairé par sesyeux d’un bleu très pâle, comme l’eau de source. Il se surprit à lacontempler et s’empourpra. Il retourna alors à sa pâte. Il avait beau latravailler et y ajouter de l’eau, la pâte restait dure et pleine de grumeaux.Alors que James s’apprêtait à la jeter, elle la prit et rajouta une poignée depoudre étrange avant de la mélanger à nouveau. La pâte redevint aussitôtlisse et fluide. La jeune fille entremêla ses doigts à ceux de James et ils latravaillèrent ensemble pour former des petites sphères régulières. Lespetits pains étaient maintenant bien dorés, et James remarqua qu’iln’avait toujours pas lâché la main de la jeune fille. D’habitude, les contactsphysiques autres qu’avec sa mère le gênaient. Mais avec elle, c’étaitdifférent, il n’avait aucune envie de la lâcher, avec elle, il se sentait bien,heureux.

Après une chaude et dure journée, James retourna dans la grotte, il étaitsale, ses habits maintenant usés étaient constellés de boue, alors il décidade retourner dans la clairière qu’il avait trouvé quelques jours auparavant.Là, il se baigna et lava ses vêtements au moyen de mousses gorgéesd’eau. Enfin ! se dit-il. Il se sentait propre et l’air pur de la nature lui avaitfait oublier les horribles pensées de son passé qui, à ses yeux ne valaientplus rien. Il se sécha longuement et prit garde de ne pas s’endormircomme il l’avait fait auparavant. Il retourna finalement à la grotte, enl’attendant impatiemment. Au bout d’une heure, ses pas se firent entendre. James sourit. Elle entratimidement dans leur refuge.

- Je t’attendais, lui glissa-t-il pour briser le silence. - Tiens, répondit-elle simplement en lui présentant son butin : unepoignée de baies et quelques petits oiseaux.

James ne s’étonna pas de son ton sec car il savait qu’elle peinait à parler salangue. Elle alluma un feu à l’extérieur. Il disposa les baies sur de grandesfeuilles de palme qui leur servaient d'assiettes. Très bientôt, les oiseauxfurent cuits. Elle le dévisagea du regard, ce qui le déstabilisa.Ses iris étaient si beaux ! Bleu presque translucide à l’extérieur et outremerpailleté d’argent au centre…

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Il s’approcha doucement d’elle et prit sa main. Elle attira ses lèvres auxsiennes et l’embrassa délicatement. Le cœur de James battit la chamadedans sa poitrine. Il l’entoura de ses bras protecteurs et elle se blottit contrelui. Il n’avait jamais ressenti cela auparavant, mais elle, elle étaitparticulière. Elle avait quelque chose de spécial. Il la serra plus fort. Unelarme coula le long de sa joue. Cette larme, c’était la même que celle qu’ilavait versé lors de son arrivée ici. Cette larme, exprimait à la fois la joie,mais aussi le bien être, et l’abandon de son passé. Elle la remarqua et l’essuya du bout de son doigt. Il plongea son visagedans ses cheveux soyeux et respira son odeur de lilas à peine éclos. Ilss’allongèrent l’un contre l’autre sur le matelas de mousse. Il aurait aiméque cet instant dure éternellement. Il ferma finalement les yeux pourenfin s’endormir contre la jeune fille. Cette nuit-là, il décida de la baptiser Peau d’Ours.

Au petit matin, James fut réveillé le premier mais elle ne tarda pas. Elleouvrit les yeux et en moins d’une minute elle était sur le point de quitterleur cachette. Le soleil ne tarderait plus à se lever. James savait qu’il la retrouverait le soir, et c’est pour cela qu’il n’éprouvaqu’un pincement au cœur à la voir partir. Il se demandait simplement cequ’elle faisait le jour. Ce pouvait-il qu’il y ait d’autres humains comme elle ici ? Non, c’était impossible ! Mais que faisait-elle alors ? Bien que celal’intrigua, il n’osait la questionner. Il s’habilla machinalement et sortit. Il commença alors à attraper desbranches d’arbres ornées de feuilles de tous genres.

Puis, il ramassa des baies qu’il disposa dans un morceau d’écorce. De retour à la grotte, il grimpa au sommet de la falaise sans difficulté.Depuis son arrivée, il s’était endurci et musclé. Il conçut à l’aide desbranches une structure évoquant un porche. Il disposa la mousse de façonà ce que cela ressemble à un énorme coussin. Enfin, il posa le récipient quiservait de carafe d’eau et les baies à côté des grandes feuilles qui leurservaient d’assiettes. Il espérait qu’elle ne tarderait pas trop même s’ilsavait qu’elle n’était jamais là avant le coucher du soleil.

Pourquoi partait-elle donc toute la journée ? Depuis ce matin, cettequestion lui trottait dans la tête et un tas de réponses plus insensées plusunes que les autres lui vinrent à l’esprit : l’aimait-elle vraiment ? Sinon,pourquoi partirait-elle ? Il avait beau les repousser, elles l’envahissaient.

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Un peu plus tard, il se leva et étira ses membres engourdis avant de partirse délier les jambes dans la forêt. Dans cette dernière, il aperçut l’ours auloin qui se dirigeait vers la grotte. Soudain, un détail attira son attention.Cet ours portait un collier fait d’un mince cordon de cuir et orné d’unedent et de deux perles de terre cuite. L’ours marchait lentement en sedirigeant vers la grotte quand James réalisa qu’il avait laissé le repas sanssurveillance. Alors il courut jusqu’à cette dernière pour le devancer. Quand il fût arrivéle repas était toujours là. A l’inverse d’elle, par contre, se faisait toujoursdésirer. James soupira quand il la vit. Elle se tenait devant la grotte sous leclair de lune.

- Le repas est prêt. Viens donc t’asseoir j’ai trouvé le meilleur endroitpour regarder les étoiles, dit-il simplement.

Elle accourut alors et James eut le temps de lui voler un baiser avant de luitendre une cuisse de lapin et une poignée de baies rouges. La jeune fille fit comprendre à James que son repas était succulent.James sourit et but une grande gorgée d’eau. Elle lui tendit un petitvolatile grillé qu’il refusa.

- Toi…, hésita-t-elle, malade ? dit-elle doucement - Je ne sais pas, je n’ai pas très faim ce soir, répondit James.

Ils s’allongèrent sur l’étendue lisse surplombant la grotte et admirèrent lesétoiles en silence. James toussa. Il se releva et prit une gorgée d’eau. Sonteint était pâle et ses yeux étaient vides, comme hantés par la mort.

Elle se releva aussi vite que lui et dans un geste précipité, lui tendit uncollier, le même que celui de l’ours que James avait vu plus tôt dans lamatinée. Il remarqua tout de suite cette similitude et voulut lui poser laquestion de cette coïncidence mais il n’arriva pas à parler. Il le rangea dansla poche de sa parka, posée négligemment à quelques centimètres d’eux. Il se sentit tomber. Sa tête heurta le sol si fort que ses yeux se fermèrent.Dans un dernier soupir il put apercevoir le visage triste de la jeune fille quisemblait avoir compris la situation. Elle se précipita sur lui et laissa coulerses larmes sur son visage éteint. Puis tous les bruits disparurent, ses yeuxse refermèrent et il eut la sensation d’être bloqué dans son corps commeun poussin dans sa coquille, comme un prisonnier dans sa cellule, paralyséet engourdi par la douleur. De longue heures s’écoulèrent avant que sesyeux ne s’ouvrent, éblouis par de fortes lumières. Il ne comprit pas etretomba dans l’inconscience.

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Sur une petite route perdue au fin fond du Canada, dans une petitevoiture de service bleue d’un état douteux, l’inspecteur Smith pestaitcontre les mairies et leurs travaux inutiles qui l’empêchaient d’emprunterl’autoroute ce matin. Pourtant, c’était plus rapide et plus sûr. Oh oui, bienplus sûr ! L’inspecteur redoutait de tomber sur un ours. 9 h 58. Dans deuxminutes, il serait en retard, lui si ponctuel d’habitude. De plus, par cettesaison, les disparitions de mineurs explosaient. Il repensa à son affaire dumoment ; un jeune de 14 ans, qui aurait fugué à cause de la mort de samère. Enfin, c’était ce que disait son père. Un gars pas très net, celui-là. Encoreun banquier. L’inspecteur Smith n’aimait pas les banquiers. « Leur travail,c’est d’arnaquer le monde » répétait-il à qui voulait bien l’entendre. Pourse changer les idées, il alluma la radio. Sur les airs de musique country, iloubliait tous ses problèmes et ses idées noires. Il monta le son. Dépassa uncaribou. Encore plus fort. La musique lui vrillait maintenant les tympans.C’est à peine s’il entendit le bruit sourd que produisit sa roue lorsque savoiture s’immobilisa.

Dehors, le froid mordant le ramena à la réalité. Il était au milieu de nullepart, et ses deux roues avant étaient manifestement crevées. Il regarda samontre. 10 h 56. Il se résigna à appeler un dépanneur : “ Vous êtes où ?Comment ça vous ne savez pas ? Je fais comment moi ? Je serai là auplus tôt à 18h. "Bon, soupira l’inspecteur, je vais devoir patienter. Soudain, un vieux panneau de publicité délabré attira son attention. Ilvantait les mérites d’un gîte pour touristes. Cela lui donna une idée. S’ils’enfonçait dans la forêt, peut être quelqu’un pourrait l'aider. L’inspecteurrécupéra un vieux sac-à-dos au fond duquel un jogging confortable et unepaire de basket l’attendaient.

Après s’être changé, il fourra son sac avec son thermos de thé (Hé oui, lespoliciers ne boivent pas que du café, des biscuits aux pépites de chocolat,ses préférés, un appareil photo, une pince à épiler et un lot de petitssachets plastiques. Prudence est mère de sûreté ! Prenant son courage àdeux mains, il abandonna sa voiture sur le bord de la route et commençason périple, plongeant dans l’obscurité dense et grouillante de vie de laforêt. Soudain, un petit bout d’étoffe rouge attira son attention. Soninstinct de policier scientifique reprit vite le dessus et il sortit de son sac lapince à épiler pour glisser délicatement l’échantillon dans un sachetplastique. Cela pourrait lui servir dans l’un de ses dossiers. Beaucoup dejeunes disparaissaient dans la forêt, et sur ce type d’environnement, uneenquête sur le terrain pouvait se révéler être une vraie mine d’or. Il rangeale tout et continua à chercher, thermos à la main.

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Après quelques heures de recherche, l’inspecteur, bien qu’athlétique, étaità bout de souffle. Il prit quelques minutes près d’un lac, pour se rafraîchir.Songeur, il faillit ne pas remarquer des empreintes de pas, plutôtanciennes et presque indétectables pour un œil inexpérimenté. Il les suivitau pas de course. Il se retrouva un peu plus tard devant un campementdévasté. De la mousse et des fougères jonchaient le sol. Des brancheshumides désolidarisées gisaient sur un rayon d’une vingtaine de mètres,recouvertes d’une sorte de boue solidifiée. L’inspecteur prit quelques minutes pour photographier la scène sous tousles angles. Les seules traces qu’il trouva allaient vers le lac. Il décida desuivre les traces de l’adolescent mystère. 16 h 48. Il commençait à êtretard maintenant et le soleil commençait légèrement à décliner. Aumoment où il allait rebrousser chemin, il aperçut de la fumée, quelquesarbres plus loin.

Une fois sur place, Smith repéra un jeune homme qui dormait.L’inspecteur s’approcha et le secoua doucement. Aucune réaction. Ilrenouvela le geste quelques fois. Même résultat. Il s’approcha encore plus.Là, il vit que sa poitrine se soulevait à peine. Il prit son pouls. Extrêmementfaible. Beaucoup trop faible. Réagissant au quart de tour, il dégaina sontéléphone, puis appela les secours. En attendant, il procéda au massagecardiaque, au rythme de la macarena, comme on le lui avait appris.

Voyant que cela n’avait aucun effet, il entreprit d’observer le panoramaalentours. Il repéra un arc, souple, maniable, digne d’un travail deprofessionnel, qui gisait là, accompagné d’un petit sac très finementcousu et décoré. Certainement pas les affaires du garçon, au regard de laqualité des broderies et des gravures. C'est à ce moment qu'il entendit lasirène de l'ambulance. L'inspecteur sortit pour leur expliquer la situation.Les soignants embarquèrent l'adolescent sur un brancard, avant derepartir aussitôt.

L'inspecteur tenait entre ses mains la convocation de son patron. Il étaitrentré à minuit passé, exténué. Il était maintenant au commissariat prêt àfaire son rapport. Un médecin accompagné de son chef l'attendait. Ilraconta tout.

- Avez-vous vu une adolescente de taille moyenne, avec un teint mat,des cheveux clairs et des yeux bleus ? - Non cela ne me dit rien, le garçon était seul, évanoui etinhabituellement pâle, répondit-il.

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- Il s'appelle James Brown. Ce garçon a fugué de chez lui depuis sixsemaines. Quant à la fille, sa description correspond à une jeuneautochtone de 15 ans du nom de Nita-Leïka Omaha disparue il y a plusde 20 ans. Son dossier n'a été résolu il y a deux ans lorsque nous avonsretrouvé des ossements qui ne pouvaient qu’être les siens dans cettemême forêt à à peine 3 km de la grotte où vous avez trouvé JamesBrown. Le docteur Kennedy soupçonne que James souffre d'unemaladie mentale, et qu'il ait imaginé la jeune fille. - Vous avez dit qu’elle possédait des cheveux clairs et des yeux bleus.Or c’est une autochtone. N’est-ce pas étrange ? demanda Smith. - Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il existe trois principaux groupesd’autochtones au Canada, reprit l’inspecteur en chef. Il y a lesAmérindiens, les Inuits et les Métis. Ces derniers sont issus à la fois desEuropéens et des Amérindiens ce qui expliquent que leur gènes soientaussi proches de ceux des occidentaux. Nita-Leïka était une métis,termina-t-il.

L'inspecteur Smith prit finalement congé. Sur la route il se rappela lesnombreux recueils de prénoms qu'il avait consultés avant la naissance desa première fille. Il avait d'ailleurs hésité avec Leïka, " cadeau du grandesprit ". Quant à Nita, cela signifiait « ours ». Ce qui donnait « cadeau dugrand esprit Ours ».

* * *

James émergea de sa torpeur avec difficulté. Il tenta de s’assoir mais ilréussit juste à pousser un grognement et dû aussitôt se rallonger tant ceteffort le faisait souffrir. Où était-il ? Combien de temps était-il resté inconscient ? Qu’était-il arrivéà Peau d’Ours ? Pourquoi avait-il si mal ? Tant de questions sans réponses.Il aurait aimé qu’elle soit auprès de lui. Quelqu’un entra finalement. Il seforça à ouvrir les yeux. La personne qui venait d’entrer était très grande,avec la carrure d’un homme d’âge moyen en bonne santé qui se détachaitsur les murs bleus pastel. L’homme s’approcha. Il était habillé d’uneblouse blanche médicale et il portait un badge indiquant « Dr. Kennedy ».

- Où est-elle ? Où est Peau d’Ours ? demanda James d’une voixrauque.

Le docteur fronça les sourcils. - Je ne vois pas de qui tu parles mon garçon, mais ne t’inquiète pas. Ici,tu es en sécurité. - Mais vous ne comprenez pas ! Il y avait une fille avec moi. Où est-elle?reprit James maintenant affolé.

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- Calme-toi mon garçon, calme-toi. Tu es à l’hôpital. C’est un inspecteurde police qui t’as retrouvé entre la vie et la mort il y a 48 heures. Il n’yavait personne avec toi.- Ce n-n’est pas p-po-posible, bégailla James. E-elle ne m’aurais j-ja-jamais abando-donné. - Je suis désolé mon garçon. En attendant, pourrais-tu me raconter taversion de l’histoire, je te prie ? lui demanda le docteur d’une voixgrave et chaleureuse.

Alors, il lui raconta tout d’une voix rauque en s’arrêtant par moments pourreprendre son souffle. Le docteur l’écouta sans sourciller. Lorsqu’il reprit laparole, sa voix avait gagné en douceur et il parla lentement, comme s’ils’adressait à un petit enfant.

- Cela confirme bien mes doutes par rapport à cette histoire pour lemoins déstabilisante.

Puis, il s’assit sur le rebord du lit et continua : - Je pense que tu souffres de schizophrénie. Ta version de l’histoireconfirme malheureusement mes doutes. Ne t’inquiète je t’apprendraisà vivre avec et tu pourras rester ici aussi longtemps que tu le souhaites.Excuse-moi mais tu dois être très fatigué. Je te laisse te reposer.N’hésite pas à appeler une infirmière si tu as besoin de quoi que ce soit.

James se sentait abattu. Lui ? Schizophrène ? Et si Peau d’Ours n’avaitjamais… Même dans son esprit il n’osa formuler cette phrase. Ses larmescoulèrent chaudes et salées, inondant ses joues. Pourquoi continuer à sebattre ? Il repensa douloureusement à ses parents. A sa mère, si douce, quimalgré sa maladie, s’était si bien occupée de lui, et à côté, qu’avait-il fait ?Il l’avait tuée… Alors oui, à quoi bon s’il avait déjà perdu tous ceux qu’ilaimait ? A quoi bon se battre chaque jour si la vie n’avait plus aucun sens ?Il envisagea un moment de se séparer de tout ce qui le retenait à la vie. Acommencer par cette perfusion. Ce serait facile, car depuis quelques jours,son état se dégradait. Il devait par exemple se forcer à respirer tellementc’était douloureux. Mais soudain, prit d’un terrible doute, il allongea sonbras gauche et dans un ultime effort saisit sa parka rouge. A bout desouffle, fébrile, il fouilla ses poches. Inspirer. Expirer. Enfin, ses doigtsrencontrèrent un mince cordon de cuir. Inspirer. Il sortit l’objet. Expirer. Unmince cordon où pendaient une dent blanche, une dent d’ours plusexactement, et deux perles en terre cuite. Inspirer. Il ferma les yeux dansun soupir.

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Guillaume BANCHAREL5ème, Collège François Mitterrand à Créon"L'aurore du feu"

MAGNUM 44

Lorsque James vit les empreintes de l’ours, il les suivit à la trace. Pendantces longues minutes de traque, le jeune homme réfléchit à ses actions, àses choix de vie : le bonheur était-il une valeur abstraite, la vie avait-elle unbut et si oui, lequel ? Ses interrogations furent interrompues par unrugissement bestial et grave qui déchira la monotonie de ses tristespensées. Il chercha l’ours jusqu’à tomber sur un écureuil dont la queueétait bloquée dans un piège.

Le garçon aperçut un vieil Opinel rouillé à la poignée couverte de mousseet l’ôta violemment du tronc de l’arbre dans lequel il était planté. Il insérale couteau dans le piège et le bougea comme pour faire levier : le pièges’ouvrit petit à petit, jusqu’à libérer la queue de l’animal qui s’enfuit ventreà terre pour disparaître derrière un buisson. Tout en continuant d’avancer,il se remit à réfléchir sur la société, et se posa la question : le monde avait-ilune morale ?Peu de temps après, le jeune homme découvrit une petite cabane entreles arbres. Il y entra par une vieille porte en bois pourri et vit avec effroi unescène macabre, un massacre sans précédent. Du sang, du sang oxydé noircomme l’onyx, il y en avait partout : sur tous les murs, sur le plancher, surle dos de la porte et même un peu au plafond. Il y avait aussi au centre dela pièce un torse dont l’un des bras gisait à environ cinquante centimètresde distance. Le corps avait la chair et la peau vertes, il y avait aussi desendroits où il n’y en avait plus du tout. Des mouches se posaient ici et là etl’odeur dans la pièce était insoutenable.« Qui a fait ça ? » se dit-il. Après s’être remis de ses émotions, Jamesremarqua un long manteau, quelques meubles à fouiller et surtout unevieille pétoire rouillée, des munitions et un kit de nettoyage pour arme àfeu. Il remarqua aussi une porte enfoncée et une traînée de sang au sol. Illa suivit à la trace et trouva le reste du corps réduit à l’état de squelette. Lejeune homme découvrit une paire de bottes de montagnard en bon étatet noire de sang séché, qu’il récupéra en faisant un rictus de dégoût. Ilretourna sur ses pas pour fouiller la maison. Sur le chemin, il se demandaquelle bête avait fait ça et si elle pourrait l’attaquer.

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Après avoir complètement fouillé la maison, il fit l’inventaire des objetsqu’il avait trouvé : six paquets de biscuits, cinq boites de conserve, deuxbouteilles d’eau, un ouvre-boite, une tasse, de l’alcool, des bandages, dutissu, une aiguille à coudre et un sac de couchage. Il nettoya sa pétoire etson Opinel qui étaient maintenant flambants neufs et posa son couchagedevant la cabane. Le lendemain, à l’aurore de feu, il mangea lecontenu d’une des boites de conserve et quatre biscuits et alla inspecterles environs. Il prit son Opinel, sa pétoire, des munitions, de la nourriture,son alcool et ses bandages. Mais avant d’avoir entrepris son expédition, James entendit un bruit,comme un glapissement.

Le jeune homme se précipita et aperçut un renard au pelage roux feu et àla patte arrière droite blessée. Il ramena l’animal à son campement tandisque celui-ci glapissait à la mort. Arrivé au campement, James sortit de sonsac l’alcool, il en versa sur la plaie à vif et attrapa les bandages qu’il enroulaprécautionneusement autour de la blessure. Il ouvrit une boite deconserve de tripes de porc marinées et l’offrit au renard. Après cetévènement, James alla inspecter les parages. Il remarqua à droite de son campement une falaise abrupte d’où l’onvoyait les environs, des forêts de conifères à perte de vue. A la gauche deson camp se trouvait une rivière étincelant au soleil, pleine de galets et depoissons.

Sur le trajet de son bivouac, il vit une chose qui le pétrifia : un loup, un loupnoir comme une ombre. Celui-ci avait une balafre à l’œil gauche, uneoreille manquante et un sourire carnassier blanc comme neige quicontrastait avec son pelage charbonneux. Le jeune homme remarquaégalement la présence de deux autres loups au pelage gris.

Avant qu’il ait pu comprendre ce qui se passait, un des deux loups gris luisauta au visage. James eut juste le temps de sortir son couteau qu’ilplanta par trois fois dans la chair de la bête. Celle-ci s’écroula et il repoussason cadavre. Le jeune homme prit alors la pétoire qui était tombée àtrente centimètres de là et mit un coup de crosse dans la tête du secondloup qui tomba à terre, puis se remis sur ses pattes. James se releva luiaussi et tira une balle à bout portant dans la mâchoire de l’animal.

Le second loup s’effondra dans une flaque de sang rouge vif. « Ce n’est paspassé loin. », se dit-il. Il prit un des deux corps et continua sa route jusqu’àson camp.

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De retour à son camp, James remarqua que le renard tenait debout.Pendant toute la soirée, il dépeça le loup, donna un morceau de viande aurenard, fit cuire le reste de l’animal et mit de la fourrure à l’intérieur de sonmanteau. Il avala un repas bien mérité de deux morceaux de viande deloup et deux grandes tasses d’eau, puis il alla dormir. Le lendemain, àl’aurore de feu, il dégusta un morceau de viande et une boite de conservede pêches confites et en regardant le renard dormir à ses pieds, il se dit : «Il a la même couleur que les pêches... Et si je l’appelais Pêche?".

Le jeune homme explora les environs jusqu’à tomber sur une clairière oùun autre corps gisait décapité : l’homme était éventré et il commençait àse décomposer. Ses boyaux étaient au sol, ils étaient en partie dévorés.James ne put s’empêcher de vomir son repas face à la scène macabre qu’ilavait devant les yeux. La tête était à un mètre de distance, en partiefracassée. On y voyait bouger des vers, auprès d’un reste de cervelle. Legarçon remarqua une hachette sur la souche à la droite du mort, unbonnet en laine rouge, un Magnum 44 en parfait état et ses munitions. Ilprit le tout et retourna à son campement qu’il entreprit de renforcer.

En une journée, il abattit un arbre dont il s’empressa de découper le troncpour en faire une barricade improvisée. Quelques heures plus tard, ilcommença la barricade de son campement et il se dit qu’il pourraitessayer de faire une cabane plutôt que de dormir à la belle étoile. Il décidaalors d’aller s’installer dans la clairière.

Quand James arriva dans la clairière, il alla ramasser du bois pour allumerle feu et commença à construire sa cabane. Au bout de quelques heures,les murs étaient posés et le jeune homme se dit qu’il commençait à sefaire tard et qu’il pourrait manger. Il avala trois morceaux de viande deloup et bu deux tasses d’eau puis alla se coucher. Le lendemain, à l’aurore de feu, il mangea six biscuits et une boite deconserve de framboises puis continua la construction de sa cabanejusqu’à en avoir terminé le toit. Il se fit un lit improvisé avec desbranchages, de l’herbe et des feuilles.

Le surlendemain, James voulut manger mais il n’avait plus de nourriture. Ilalla donc chasser avec Pêche. Les deux amis avancèrent dans la forêt etaprès quelques minutes, une biche surgit. James mit son fusil à l’épaule,visa et tira une balle dans le cou de l’animal. La biche avança sur quelquesmètres avant de trébucher et se mit à bramer à la mort. Elle était àl’agonie.

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James lui tira une seconde balle dans la tête pour abréger ses souffrances.Il se sentait un peu coupable de ce qu’il avait fait. Il récupéra le cadavre del’animal encore chaud pour le ramener à la cabane. Il dépeça la bête, cequi lui prit quelques heures.

Le jour suivant, James continua d’explorer les alentours. Après quelquesdizaines de minutes de marche, le garçon vit une chose qui lui glaça lesang. Le loup noir ! Il était là, il scrutait James d’un regard perçant de sonunique œil, il le fusillait du regard, comme un tireur visant dans la lunettede son arme. « C’est un démon ! » se dit James. Le loup noir se tenait surune butte de terre, comme un soldat dans son mirador guettant lemoindre mouvement, la moindre faiblesse de sa cible pour lui décocherune balle ou sonner l’alerte. James se sentait comme un prisonniervoulant s’évader d’un camp de la mort, dont le loup était le gardien.Pendant ce temps, un loup crème sortait d’un buisson. Le garçon compritle subterfuge des loups : faire diversion d’un côté puis attaquer de l’autre.James tira une balle dans la patte du loup crème puis sortit l’Opinel et luimit un coup de couteau dans la tête. Il se retourna et vit que le loup noiravait disparu.

Il courut vers le dernier emplacement de la bête, il l’avait perdue. Ilentendit grogner derrière lui. Le loup crème n’était pas mort. L’animal luifonçait dessus à toute vitesse. James dégaina son Magnum 44 et tira deuxballes qui le manquèrent, il saisit alors sa hachette et la planta dans la têtedu loup.

Peu de temps après, des hurlements s’élevèrent. James courut à soncampement : plus il s’ approchait de son camp, plus les hurlementsétaient forts. Quand enfin il y arriva, il vit Pêche en train de se battre avecun loup. Les deux animaux faisaient des roulades en essayant de semordre. Sans hésitation, James tira à la pétoire sur le loup, le toucha àl’épaule, ce qui permit à Pêche de le mordre violemment au cou. Le loup tomba raide mort. James mit alors tout ce qu’il put dans son sac :nourriture, munitions, eau, bandages, alcool, armes et objets à coudre.

Le duo quitta le camp. Le voyage se passa bien pendant quelquesminutes, jusqu’à ce qu’un loup brun sorte d’un buisson. Il fut repousséd’un coup de crosse et abattu d’une balle dans la mâchoire. Un autre loupsortit des fourrés et mordit Pêche au cou. Le renard s’écroula sur le sol.James tira trois balles dans les côtes de l’animal qui à son tour s’écroula.James entendit alors un rugissement sauvage, comme celui d’un ours. Ils’empressa de partir dans la direction du rugissement.

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L’ours était là, son cadavre entouré de loups, cinq pour être précis. Ils seretournèrent. L’un d’eux avançant à grande vitesse vers lui, James décidade tirer, pétoire à la main. Il appuya sur la gâchette, la balle se logea dansla tête du loup qui s’effondra. Un autre loup fonça à grande vitesse surJames, il fut tué d’un coup de hachette dans la nuque. Deux autres loupslui foncèrent dessus et furent abattus d’une balle dans la tête. Enfin,James lança sa hachette dans la tête du dernier loup. Il cria : « Montre toi!» Quelques secondes passèrent, et il le vit. Le loup noir ! James avait le fusil àl’épaule et le loup fonçait sur lui. Il tira. Le bruit de son arme lui provoquaun haut-le-cœur : le chargeur de sa pétoire était vide. Le loup lui sauta à lagorge et le mordit à de multiples reprises. James se dit : « C’est la fin. » Puisil se souvint de la présence de son couteau dans la poche de son manteau.Il le sortit et le planta une douzaine de fois dans la chair de la bête quis’écroula quelques secondes plus tard, morte.

James se releva. Il faisait nuit et il se mit à marcher. Il marcha pendant desheures, passa devant la clairière, la cabane et enfin devant la falaise. Ils’assit au bord du vide, prit dans son sac sa bouteille d’alcool qu’il terminaet la jeta de la falaise. Il sourit au soleil et sortit son Magnum de son sac.On vit s’envoler les oiseaux et on entendit un coup de feu, sous l’aurore defeu du soleil levant.

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Océane SCHEUBER4ème, Collège Henri Brisson à Talence"La fuite"

MIKE HORN

Après avoir parcouru quelques centaines de mètres, il prit à droite etcontinua jusqu’à ce qu’il repère un arbre brisé — probablement lors d’unedes grandes tempêtes de l’hiver dernier — laissant deux mètres entre letronc et le sol, faisant un abri naturel. James déposa son sac au pied dutronc et décida qu’il resterait ici les prochains jours. Il partit ensuite à larecherche de bois pour allumer un feu, en essayant de se souvenir de ceque disait le livre de survie que son oncle lui avait offert deux ansauparavant. Il fit donc une petite liste mémorielle de ce qu’il fallait qu’ilfasse pour espérer survivre. N°1 : du feu pour éloigner les loups ou autres prédateurs nocturnes(même s’il est rare qu’il y ait des loups sur le territoire d’un ours), pour seréchauffer et pour s’éclairer durant la nuit. N°2 : un abri pour les intempéries (bien qu’on soit en été, rienn’empêchera la pluie de tomber aussi haut dans le nord). N°3 : trouver de la nourriture, des baies de préférence (parce qu’il netiendra pas bien longtemps avec ses deux boites de haricots, ses paquetsde biscuits et ses trois poches de fruits secs et qu’il ne savait absolumentpas comment tuer ou dépecer un animal). N°4 : trouver une rivière ou n’importe quelle source d’eau propre.

Satisfait des morceaux de bois qu’il avait ramassé, il retourna à l’arbrepour allumer un feu. Mais contrairement à ce qu’il pensait, allumer un feuest bien plus complexe que de faire tourner un bout de bois sur un autreet il mit bien trente minutes à faire de la fumée. N’arrivant toujours pas àfaire du feu au bout d’une heure, il abandonna pour l’instant. Il partit à larecherche de branches aux feuilles développées pour pouvoir se faire unabri de fortune où il pourrait dormir en plaçant ses dernières de part etd’autre de l’arbre brisé avec son duvet en dessus. Quand il leva la tête, il serendit compte que la nuit ne tardait pas à tomber.

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Il s’agenouilla donc devant les bouts de bois qu’il avait tout à l’heuredélaissés, et se remit à frotter un morceau de bois sec sur l’autre. Il mitcette fois si, seulement dix minutes pour faire de la fumée mais il dutpersister encore quelques temps avant que le feu daigne faire don de saprésence. Malheureusement, le vent souffla pile à ce moment-là,emportant avec lui la flamme naissante. Le crépuscule touchait à sa fin,quand, par miracle une petite flamme apparut. C’est au bout de longuesminutes d’efforts pour garder et propager la flamme que les autres boutsde bois s’enflammèrent enfin. Fatigué par cette longue journée, ils’allongea sous l’arbre brisé, dans son duvet, entouré par les feuilles desbranches posées sur celui-ci, et se laissa peu à peu emporter dans les brasde Morphée.

Quand il sortit de sa tente de fortune le lendemain matin, il se renditcompte que le soleil était déjà haut dans le ciel. Quand il baissa les yeux, ilvit sans étonnement que le feu s’était éteint. Entendant soudain sonventre gargouiller, il se souvint alors, que la veille, il n’avait rien mangé dela journée ! Il prit donc son sac toujours contre le tronc, en sortit une boitede haricots, l’ouvrit et jura en se rendant compte qu’il n’avait même paspensé à prendre un couteau suisse. Affamé comme il l’était, il prit deuxbrindilles qui se trouvaient à proximité et les utilisa comme des baguettessans se soucier des bactéries qu’elles pouvaient porter.

En mangeant, il se souvint alors de la raison de son départ. Un pèrealcoolique qui le battait, et une mère qui s'était suicidée, emportant sondeuxième enfant avec elle. La police n'avait jamais rien fait face à laviolence du père vis-à-vis de la femme et du fils. Bien évidemment fragilecomme était sa mère, elle n'avait pas supporté bien longtemps. Il rit jaunequand il se rendit compte que sa vie était un véritable cliché de film !Secouant la tête pour effacer ses sombres pensées, il se décida à partir à larecherche d’une source d’eau, s’enfonçant un peu plus dans le territoirede l’ours. Il eut le bon réflexe de prendre un bout de métal de la boite deharicots et marqua un arbre tous les dix-quinze mètres, essayant demarcher en faisant des cercles de plus en plus grands autour du camp. Aubout de quelques heures de marche il entendit un grondement au loin.En s’approchant, il se rendit compte que c’était une cascade ! La cascadese déversait dans un petit lac. Il en déduisit qu’elle nourrissaitprobablement une source souterraine. Se souvenant soudain qu’il n’avaitpas amené sa gourde, il s’agenouilla près de l’eau, y plongea sa tête etavala de grandes gorgées d’eau fraîche. Tout à coup, il se dit que s’il y avaitune source d’eau, il y avait sûrement des prédateurs, dont l’ours.

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Il se rappela que, quand on était face à un prédateur, il ne fallait surtoutpas courir ni lui tourner le dos mais au contraire, rester de face et reculerdoucement en levant les bras au-dessus de la tête pour paraître plusgrand. Sortant la tête de l’eau il retourna à son arbre. Au retour, au lieu de faire le même chemin qu’à l’aller, il fit en sorte derentrer au camp directement sans faire de détours. Après avoir refait unaller-retour vers la cascade avec sa gourde, il s’assit par terre contre unarbre avec un de ses boites de biscuits qu’il dévora en quelques minutes. Iljeta un coup d’?il vers les bouts de bois consumés par les flammes de lanuit dernière et hésita à les rallumer en se souvenant du temps qu’il luiavait fallu pour le faire la veille au soir, mais il n’avait guère envie de perdreencore une heure pour un feu qui allait s’éteindre avant la fin de la nuit. Ils’emmitoufla dans son blouson et leva ses yeux vers la voûte célesteapparaissant peu à peu à travers les arbres, observant les dernières lueursde l’heure dorée, en se laissant bercer par l’air doux du soir et lesululements des oiseaux de nuit.

Ce fut le bruissement des feuilles sur le sol de la forêt et le frottementd’emballages plastiques qui le réveillèrent, le lendemain matin. Fatigué dela journée précédente, il s’était endormi contre cet arbre sans s’en rendrecompte. Curieux de découvrir ce qui faisait autant de bruit, il se redressa etse décolla de l’arbre en ouvrant lentement les yeux encore embrumé parla fatigue. Il fut paralysé de stupeur lorsqu’il découvrit l’auteur de son réveilprématuré. Ses yeux s’écarquillèrent de peur et dans un réflexe purementhumain, il poussa un hurlement d’horreur mais fut tellement terrifié qu’ilne put esquisser le moindre mouvement. Entendant le cri, l’ours relevabrusquement son museau blanc pour le fixer de son regard qui, naguèreinexpressif, reflétait maintenant le besoin de chasser, de manger etsurtout, de tuer. Sortant de sa torpeur, il se recula vivement, et se retrouvavite adossé contre l’arbre qui, quelques heures plus tôt, lui procurait unconfortable dossier, mais qui maintenant, lui retirait l’une des peunombreuses portes de sortie. Reprenant soudainement ses esprits, il sereleva et se décala doucement sur le côté en prenant garde à ne jamaistourner le dos à la bête qui s’était immobilisé. James recula doucement,courbé vers l’avant, ses mains tremblantes levées et en évidence devantson visage, mais c’était sans compter sur l’ours, qui choisit ce momentpour pousser un grognement à en faire pâlir les morts en se rapprochantde plus en plus du jeune homme. Se rendant compte de la soudainemobilité de l’ours, James se retourna vivement et, sans plus de cérémonie,prit ses jambes à son coup.

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Il entendit rapidement un martèlement derrière lui, à peine perceptible àcause des battements bruyants de coeur. Boum. Boum. Boum …James entendit l’ours qui se rapprochait de plus en plus et, prenant peur,fit l’erreur de tourner sa tête pour confirmer ce que ses oreilless’efforçaient de lui hurler. Pris de panique en se rendant compte de laproximité de la bête, il retourna vivement la tête quand une vive douleurle prit à la cheville et, la seconde suivante, il s’écorcha les paumes et lesgenoux sur la terre dure de la forêt. Sonné par sa chute, il se retournalentement sur le dos, les yeux fermés en retrouvant lentement ses esprits.Le jeune homme ressentit tout d’un coup comme un poids luicomprimant la cage thoracique, l’empêchant de respirer correctement. Ilposa ses mains sur ses poumons. C’est avec surprise qu’il découvrit nonpas son t-shirt, mais bien de la fourrure sous ses doigts nus !Ouvrant ses yeux, il vit la longue rangée de dents blanches, trônantfièrement au milieu du noir de sa fourrure comme des étoiles dans le cielobscur. Le puissant grognement de l’ours embrasa son corps d’unepanique sans nom, James n’osa même plus respirer. La bête se pencha enavant, écrasant un peu plus la cage thoracique de ce qu’il considéraitcomme sa proie. Les mains toujours accrochées à la pâte de l’ours, lejeune homme tenta vainement de se soustraire à l’étreinte de la créature.L’ours, ayant visiblement assez de son manège, mit fin à cette chasse. Ilapprocha son museau dégoulinant de bave de la chair tendre du cou deJames afin de le humer. Le trouvant apparemment à son goût, l’oursouvrit en grand sa gueule dans l’intention évidente de lui briser la nuque.Sentant la mort arriver, James ferma les yeux, résigné. L’ours claqua alorssa mâchoire, et la dernière pensée du jeune fugueur fut : pourquoi avait-ilquitté son lit ce matin-là ?

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Inès FONTAINE-BARRACHINA4ème, Collège Eugène Atget à Libourne"La nuit"

AMERINDIEN

James était hypnotisé par l’ours. Sa fourrure époustouflante et lapuissance que dégageait la bête l’émerveillèrent. Le garçon pénétra dansle parc national de Jasper suivant son étoile. Le baribal semblait flotter surle sol. James ne s’aperçut que quelques heures plus tard que celui-ci nelaissait pas de traces sur la terre de la forêt tellement il était captivé par ladémarche de la bête. L’animal, tout d’un coup, accéléra sa marche. Lejeune homme se pressa pour arriver à le suivre. Mais, le plus intriguantétait que l’ours l’attendait quand il devait reprendre son souffle. Il est vraique le fait d’être asthmatique ne l’aidait absolument en rien.

Le jeune homme avait la sensation que le baribal le pressait, voulantl’emmener quelque part. Après une bonne vingtaine de minutes à courir,à sauter, à se baisser pour éviter les branches basses, James s’affaissacontre un arbre, essoufflé. Il regarda son sac et étouffa un juron:

- C’est pas vrai, c’est pas possible, je l’ai oublié ! s’exclama-il. Avec colère il se leva, frappa dans une pierre, cria et se rassit. Puis il prit sagourde, but un peu d’eau et ouvrit un paquet de biscuits. L’ours l’observacomme si de rien n’était et se coucha à l’ombre d’un hêtre. James prit lepremier biscuit, le croqua et le recracha avec dégoût:

- J’ai vraiment pas de chance ! Il a fallu que je prenne les biscuits àl’orange confite. Dégoûtant!

Il reprit sa gourde, but encore deux gorgées et finalement s’endormitépuisé. Vers douze heures, le garçon se réveilla. Le soleil tapait fort, mais ilfaisait un vent à geler sur place. Il mit rapidement son blouson et se leva.Ses courbatures le firent souffrir d’avantage que la faim qui lui tiraillait leventre. Il ouvrit une boîte de haricots pré-cuisinés, en mangea la moitiépuis fit quelques étirements ainsi que son entraînement journalier: sixpompes, dix abdominaux, et pour finir trente secondes de gainage.

Pendant ce temps, l’ours s’était étiré, gratté contre un arbre et avaitchassé deux ou trois rongeurs. L’animal entama sa marche.

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James le rattrapa difficilement. Alors, le baribal s’allongea et montra de satête son échine. Aussitôt, le garçon comprit et monta sur son dos sansaucune crainte.

Le vent soufflait dans les oreilles de James. Les arbres et les buissonséraflaient son corps. Le bruit des feuilles lui évoquait la mélodie de l’opéraque tant de fois sa mère lui fredonnait quand il ne pouvait pass’abandonner au sommeil, “Le Roi des Aulnes”. L’ours galopait entre lesarbres aussi gracieusement qu’un danseur. Le garçon ferma légèrementles yeux. Subitement, l’animal se cambra faisant tomber le jeune hommequi roula jusqu’en bas de la pente. Etourdi, il se releva. James entendit desgrognements puissants. Il se mit à courir vers la source de ce tapage. Maisplus il se rapprochait du son, plus il s’enfonçait dans la forêt sans jamaistrouver la bête. Quelques temps plus tard, le garçon s’arrêta un instant etremarqua avec amertume que la forêt était devenue silencieuse.La lune pointa le bout de son nez, la température chuta d’un coup. Jamessentit ses dents claquer. Il se couvrit du duvet et se coucha à même le sol.N’arrivant pas à s’endormir, il regarda les étoiles scintiller entre les cimesdes pins.Vers minuit, le rideau nocturne s’ouvrit laissant place au spectaclede l’aurore boréale.Et quel spectacle !

Il se redressa, s’assit en tailleur et, une brindille craqua. Rapidement, il seretourna. Au même instant on le frappa à la tête. Il n’eut le temps qued’apercevoir une mince silhouette se faufiler jusqu’a lui et lui couvrir latête d’un tissu, puis il perdit connaissance.James se réveilla avec un mal au crâne atroce. Dès qu’ils’asseyait, les nausées lui venaient et la tête lui tournait, puis il reperdaitconnaissance. Un jour passa, deux, puis une semaine. James se sentaitmieux, il arrivait à relever le buste et à regarder autour de lui. Ce qu’il vitl’étonna: il était dans une tente en peau de bête.

- Mais, c’est un tipi ! s’exclama-t-il

Des pas se firent entendre. James se recoucha aussitôt et attendit. Il vitune ombre se déplacer, entreferma les yeux pour faire mine de dormirmais n’entendit plus un bruit. Il releva la tête et se retrouva nez à nez avecune fille qui semblait avoir son âge. Celle-ci sursauta et James l’attiracontre lui en lui mettant la main sur sa bouche avant qu’elle ne pousse uncri. Elle lui mordit la paume. James grogna. La fille en profita pours’échapper de son étreinte. Le garçon essaya de se mettre debout mais ils’effondra par terre. Ses jambes étaient encore trop faibles. La jeune filleaccourut à son aide.

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- Chuuut ! fit James.Elle acquiesça et l’aida à se recoucher. Puis elle ramassa une paire democassins et un pantalon avec des jolis décors brodés. James remarqua àce moment qu’il était nu sous les couvertures. Il rougit et la jeune fillesourit. Celle-ci partit. Quand elle revint, James s’était habillé et avait pus’asseoir au bord du couchage. La jeune fille vint l’aider à se relever et aubout d’une trentaine de minutes, le garçon réussit à tenir sur ses jambes. Ils’avança dans le tipi avec un pas peu assuré et réussi à rejoindre l’entrée.Quand il écarta la peau qui servait de porte il fut étonné de ce qu’il vitdehors.

Des enfants gambadaient autour de certains tipis, d’autres se bagarraient,les hommes péchaient tandis que les femmes nettoyaient les peaux,allaient chercher de l’eau... Il ne se rendit pas compte que la jeune fille luiavait pris le bras et le tirait vers un grand tipi. Les enfants s’arrêtèrent uninstant de jouer et vinrent l’entourer en se bousculant. Ils parlaient unelangue que James n’avait jamais entendu. Un mot se répétait souventautour de lui, et à chaque fois la fille souriait : Sayah Ka’k. Il en déduisitqu’elle s’appelait Sayah Ka’k. Il essaya de l’appeler mais se retint au derniermoment car ils venaient d’arriver devant le tipi.

Sayah Ka’k ouvrit la tente et pénétra à l’intérieur. James la suivit. Lachaleur était étouffante. Au centre du tipi se trouvait un amas de pierresrougeoyantes. La jeune fille s’inclina devant une chaise où était assis unvieil homme avec une coiffe faite de dizaines de plumes d’aigle. A sontcoté se tenait un jeune homme qui semblait avoir deux ou trois ans deplus que James. L’homme parla avec une voix puissante. Le garçon necompris absolument rien et interrogea du regard son accompagnatrice.Sayah Ka’k ne le regarda même pas. Elle répondit à l’homme et pendantcinq minutes ils échangèrent des propos. James entendit deschuchotement derrière lui et se retourna pour apercevoir les enfants quis’étaient agglutinés devant la porte.L’homme cria et les gamins déguerpirent en tirant leur langue. QuandJames se retourna il fut surpris de se retrouver à coté de l’homme. Celui-ciricanait, amusé du comportement des enfants. Il posa la main sur sonépaule et commença à lui parler avec un anglais de débutant:

- Moi, être le chef, village. Je me appelle Roc Tranquille. Voici CrinièreFolle s’exprima-t-il en désignant au fur et à mesure son torse puis lejeune homme.Chaman devrait pas tarder.- Je m’appelle James Beauregard, j’ai suivi un ours...- Un ours, réfléchis sombre idiot c’était pas un ours sinonil t’aurait tué...

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- Cela suffit, Crinière Folle moi déçu de parler ce langage, JamesBeauregard invité est de moi, mais pense moi que Crinière Folle raisona.- Père, pourquoi le jeune homme aurait été guidé jusqu’à nous ?questionna Sayah Ka’k - Moi pas savoir...- Les dieux nous envoient un signe.

La voix caverneuse qui prononça ces quelques paroles fit sursauter James.Quand il se retourna un vieil homme assez grand avec des oreillespercées, des cheveux blancs une barbe qui frôlait presque le sol lui fit face.

- Je me présente Je suis le chaman du village, je me nomme Oreillepercée. - Moi présenter toi jeune garçon, James Beauregard. - Oui, oui, je le connais, je l’ai vu dans mes rêves, plusieurs fois. Je sensque tu vas bientôt nous quitter, que tu vas retourner de là d’où tuviens. Tu auras un mal de tête terrible et tu essaieras de revenir mais tune trouveras pas ton chemin et tu mourras. Quand cela arriverasouvient-toi de mes paroles et ne reviens pas nous voir. - Mais...- J’ai parlé, Sachem, cet étranger n’est pas dangereux nous pouvonsl’accueillir. Je dois encore questionner les dieux.- Bien, Sayah Ka’k, toi guideras étranger dans village moi.- Mais Roc Tranquille, nous ne pouvons pas la laisser seule avec lui ! Jelui fais pas confiance, il vient du même peuple qui nous a chassés ! - Crinière Folle, ce pas n’est parce-que toi être fiancé à fille moi que toiprendre toutes décisions qui concerne la. - Ce n’est pas ce que je voulais dire... - Fille à moi ira avec James seule.- Je ne conteste pas ta décision. Crinière Folle toisa du regard Jamespuis sortit du tipi en murmurant. Notre garçon absorbé par l’attitudedu jeune homme ne remarqua pas que la jeune fille lui avait pris lamain et l’entrainait hors du tipi. - Excuse-le, il est simplement jaloux. Il a dit tout à l’heure que tu étaisun Racoon sale et un Quahog pourri.- Euh ! Je n’ai pas compris- Racoon veut dire raton laveur et Quahog un mollusque.- C’est pas grave. Tu es vraiment la fiancée de...- Crinière Folle ? Oui.- Tu n’as pas l’air de l’apprécier.- Oui tu as raison. Je l’aime pas. C’est un homme orgueilleux,qui ne pense qu’à lui-même qui se croit tout puissant...

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- J’ai l’impression qu’il ne m’aime pas.- Alors tu as une bonne impression, lui répondit-elle en souriant.

C’est à cet instant qu’il tomba amoureux. Le soleil donnait aux cheveuxchâtains clair, longs et ondulés de la jeune fille, des reflets d’or. Ses yeuxbleu-gris pétillaient et faisaient penser à un océan déchainé. Elle semblaitavoir son âge mais montrait déjà les courbes de femme. La jeune fillen’était pas très grande. Un mètre soixante tout au plus. James avait lecoeur qui tambourinait dans sa poitrine à lui faire mal. Ils visitèrent le camp et quand ils finirent, la lune avait fait son apparition.Le feu de camp fut allumé autour duquel les indiens s’assirent.

- Viens, allons dîner.Sayah Ka’k l’entraîna vers le Sachem qui était à coté du chaman et deCrinière Folle.

- A prochaine lune des loups, fille à moi marie Crinière Folle, annonçadifficilement le chef. - La lune des loups ? chuchota James- C’est la pleine lune, elle sera dans quatre jours.

Pendant ce temps il ne faudra pas venir me voir ni me parler, je suisobligée d’être purifiée et pour cela je ne dois voir personne sauf monfiancé. C’est dans la coutume. Dans quatre jours il y aura une Powwow,c’est la fête avant le mariage. Si tu me vois ou bien tu me parles tu aurasune punition qui seradécidée par mon futur mari. Ils mangèrent un Msikwatash, qui est un plat à base de maïs avec desharicots de Lima, un peu de pemmican, une recette faite de graisseanimale et de piments, des Maskinongé en brochette, un poissonapparenté au brochet et pour accompagner le tout de l’eau ou des fruitspressés. Le dîner terminé, Sayah Ka’k ramena James au Wikiwam, unetente qui ressemble au tipi.

- C’est la dernière fois que tu me vois et que tu me parles avant lapleine lune. D’accord ?- Oui.- Bon, bonne nuit. - Bonne nuit.

Elle se retourna et s’éloigna. - Saya Ka’k !- Oui ?- Je voulais juste te dire que je ...

Crinière Folle qui s’était approché demanda à la jeune femme:- Tu viens ?

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- Oui, j’arrive. Que voulais-tu me dire ? dit-elle en se tournant versJames.- Seulement que je te remercie pour la visite et les explications. Bonnenuit Crinière Folle !- Hum !

Le garçon entraîna Saya Ka’k de la main et ils disparurent derrière un tipi. James soupira et rentra dans sa tente. Il n’avait pas pu le lui dire. Il secoucha et cacha sa tête sous les couvertures.

- De toutes façons, ça n’aurait rien changé, elle n’aurait jamais voulu, separla-t-il a lui même. Oui, mais j’aurais pu le lui dire ! murmura-t-il. Celan’aurait pas fait de mal !

James ne put fermer l’oeil de la nuit.

Il se leva avec le soleil et sortit se débarbouiller à la rivière. Ce jour là, ilfaisait un peu frais. Il vit Hisei, une femme, et lui demanda par des gestesoù il pourrait trouver des chemises. Elle le conduisit dans une tente et luimontra la pile de vêtements. Elle lui fit comprendrequ’il pouvait se servir. Habillé de mocassins, d’un pantalon et d’unechemise en peau, il sortit. La journée passa sans que James put penser à Sayah Ka’k. Il joua avec lesenfants, appris à pêcher avec les hommes, aida les femmes à préparer ledîner et s’écroula dans son lit. Il ne prit même pas le temps de semettre sous les couvertures. Le lendemain il eut le même programme.

Le jour d’après il se leva comme les jours précédents et partit vers la tentede vêtements. Dehors Il n’y avait que trois personnes: deux femmes et unhomme qui préparaient déjà la fête pour le lendemain. Quand il rentradans la tente, il aperçut une personne qui comme lui venait choisir desvêtements. Il la salua mais se tourna aussitôt vers la silhouette et futétonné de voir face à lui Sayah Ka’k.

- James !- Euh... Salut !- Tu le dis à personne, d’accord ?- Euh...Oui, bien sûr.- Je n’aimerais pas qu’on te punisse à cause de moi. - Moi non plus.- Bon, à demain.- Sayah Ka’k ? Tu es là ? Je rentre.

A ce moment même Crinière Folle pénétra dans la tente.- Qu’est ce que... Au traître ! cria-t-il. L’invité a osé voir ma fiancée dansla tente des vêtements !-Crinière Folle, arrête ! Arrête ! supplia la jeune fille.

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C’était trop tard. Toute la tribu était maintenant réveillée et s’approchaitdu tipi. Certains hommes avaient pris des lances et des cordes. Leschuchotements commencèrent et devinrent des paroles vulgaires.Le chef arriva et ...

- Taisez-vous tous ! tonna sa voix puissante.- Père ce n’est pas de sa faute. J’aurais dû venir plus tôt. Je m’étaislevée tard et... - Cela ne te regarde pas. Va-t-en dans ta Wikiwam. Nous parleronsaprès.- Mais...- Tu me déçois, ma fille. Crinière Folle, raccompagne-la dans sa tente.- Non, je dois décider de la punition de l’étranger !- Eclair Foudroyant, accompagne ma fille.

Le guerrier nommé s’avança, saisit brutalement le bras de la jeune fille etl’entraîna vigoureusement.

- Attachez-le ! vociféra Roc Tranquille.James se retrouva pieds et mains liés à un poteaux en bois.

- Crinière Folle, à toi de choisir !- J’hésite encore entre une mort douloureuse ou une mort rapide.Qu’en dis-tu James ? Ce dernier mot fut prononcé comme si Crinière

Folle le voyait déjà écorché. James effrayé ne répondit rien.

- Eh bien... Je crois que je préfère te voir souffrir. Sachem, j’ai choisi.- D’accord, demain à la première heure nous lui ferons subir lasentence convenue.- Pourquoi demain ? Il est très tôt, nous pourrions le faire ce soir !- Tu as raison. Quand le soleil sera couché l’étranger amené par un oursmourra à petit feux.

Les personnes quittèrent le lieu. On le laissa là, sans eau ni nourriturependant toute la journée. Ceux qui passaient devant le poteau l’ignoraienttotalement. Arrivée la nuit, James était dans un état de fatigue qui ne fitqu’empirer quand une migraine atroce apparut. C’est alors qu’arriva lechaman accompagné du chef et de Crinière Folle. Derrière eux toute latribu les suivait armée de pierres.

- C’est l’heure ! cria Crinière Folle, montrons à ce traitre ce qui se passequand on ne respecte pas la coutume de purification !

Après avoir prononcé ces paroles Crinière Folle s’avança et gifla Jamesavec une telle puissance qu’il cru avoir deux dents cassées. Les indienss’avancèrent et commencèrent à lui jeter des pierres. Certaines étaientpetites mais d’autres très lourdes et grandes.

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Le garçon terrifié commença à hurler de toute son âme. Il ferma les yeuxet continua à crier jusqu’à en avoir mal à la gorge. Alors, il ressentit engrand coup au niveau de la tempe, étonné il ouvrit les yeux. Il ne voyait pasbien. Un filet de sang gouttait sur son oeil droit; une autre pierre lui atterritsur le genoux; il sentit un crac horripilant, puis la douleur vint. Il n’avaitplus de voix mais pleurait toutes les larmes de son corps. En plus de ladouleur ressentie à son genoux, sa migraine empirait. Une autre pierrel’atteignit sur le nez. Un flot de sang jaillit. Sa chemise se déchirait, et lespierres lui entaillaient la peau. Son pantalon poussiéreux était enlambeaux.Presque étouffé par son propre sang, James se demanda pourquoi il avaitsuivi ce satané ours dans une forêt inconnue.Soudain, il entendit une voix au-dessus de toutes les autres qui l’appelait. Ilavait déjà entendu cette voix des millions de fois mais n’arrivait pas àsavoir à qui elle appartenait. Une autre pierre l’atteignit au crâne et ils’évanouit. Avant de fermer complètement les yeux il entrevit unesilhouette agenouillée par terre le visage entre les mains. C’est là qu’ilreconnu Sayah Ka’k.Puis ce fut le noir complet. La voix devenait encore plus forte, sa migraine,plus intense. La voix l’appelait:

- James... James, mon garçon... James Beauregard, réveille-toi , tu vas...James entrouvrit les yeux et ... se retrouva par terre emmêlé dans sescouvertures et ses draps. Il dégoulinait de sueur et tremblait

de peur. Sa mère l’appelait depuis le bas de l’escalier :- James Beauregard, descends tout de suite ! Tu vas finir par arriver enretard au cours ! Richard, cela vaut pour toi aussi ! Comment ai-je puavoir deux fils aussi paresseux !- Un cauchemar. Ce n’était qu’un simple cauchemar, pensa le garçon.Un cauchemar de rien du tout, mais tellement réel ! Il regarda sonréveil et vit qu’il était sept heures trente-trois. Sa mère avait raison. Ilallait arriver en retard. Il se leva, mit les couvertures et les draps enboule sur son lit et s’empressa de descendre l’escalier... en boitantlégèrement du genoux.

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A la suite de l’ours, il s’engouffra dans le bois sans une once d’hésitation.En voyant la forêt l’avaler, le vieil homme resta un instant médusé dans sacamionnette. Il attendit un peu, au cas où le jeune homme changeraitd’avis, puis il finit par s’en aller.

James entendit le bruit du moteur redémarrer puis s’éloigner peu à peu. Ilavança. La forêt était verdoyante et humide. Bien que ce soit l’été, il y avaiteu une légère averse la veille. Mais à présent, le temps était doux. Ilmarcha dans la forêt un moment en essayant de suivre la trace de l’ours.La terre humide et boueuse lui collait aux semelles et alors qu’une finegoutte d’eau, tombée de la feuille d’une branche, l’éclaboussa, il découvritla beauté de la nature. La brise légère semblait lui murmurer des choses àl’oreille, quant au soleil levant du matin, il peinait à passer au travers desnuages.

Mais dans toute cette douceur et harmonie, il entendit un hurlementplaintif qui le tira de ses pensées. Ça n’avait rien d’humain. Alors,accélérant le pas, James se dirigea vers l’endroit d’où provenait le son. Plusloin, il entendit des coups de feu et des aboiements de chiens. Ce devaitêtre des chasseurs. Mais il se souvint qu’à cette période de l’année, lachasse était fermée. Un nouveau cri retentit.

Quand il arriva à la source du son, il vit l’ours qu’il avait tenté de suivre,coincé dans un piège. Les voix des chasseurs se rapprochaient. Jamessentait qu’il fallait faire quelque chose. Sans vraiment réfléchir, il aidal’animal qui une fois libéré, monta sur ses deux pattes arrière de façon àparaître effrayant. Pris de surprise, James tomba sur le sol mouillé.L’imposante créature poussa un grognement qui fit trembler tout soncorps. Son cœur battait à toute allure. Un rayon de soleil réussit à passer àtravers les nuages et illumina la bête comme s’il était sous la lumière d’unprojecteur. Puis, son spectacle terminé, il reprit son chemin cette fois surtoutes ses pattes. Il boitait légèrement.

Lucie PAGNAT4ème, Collège François Mauriac à Saint-Symphorien"Traqué par la bête"

REBELOTE

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James se releva et essuya avec ses mains, ses vêtements couverts de terreet de boue. Puis, comme hypnotisé par l’ours, il le suivit sans prendregarde au danger qui l’entourait, s’engouffrant ainsi encore plusprofondément dans l’immense forêt.

Ils arrivèrent jusqu’à une grotte, creusée dans une immense falaise aupied de la montagne. Non loin de la grotte, une rivière regorgeante de vieet surtout de poissons faisait flot. Des arbres avec des ruches d’abeillesétaient aussi dans les parages, accompagnés de petits buissons remplisde baies sauvages. C’était décidemment l’endroit parfait pour un ours.James entendit des petits couinements venus de l’intérieur de la grotte ettout à coup, deux petites peluches en sortirent et se jetèrent sur l’ours. Ilsavaient la même forme d’étoile sur le front mais l’un des deux avait degrands yeux noisette contrairement à la « mère » et l’autre petit ourson quieux avaient de petits yeux noirs.

« Tu es donc une femelle » s’étonna James face à l’ursidé.

Etant donné son allure, ses postures, le fait qu’elle grogne afin de paraîtreimposante évoquait davantage un mâle qu’une femelle. Mais celle-ci nepouvait pas le comprendre. Il ne parlait pas l’ours, elle ne parlait pasl’humain. L’ourse approcha quelques baies sauvages de James et unpoisson à peine mort. Elle lui fit signe de les manger. Il hésita. Un desoursons s’approcha et tenta de voler le futur repas de James mais sa mèrel’arrêta et le fâcha avec un petit grognement. En fin de compte, Jamesdécida de prendre les fruits et de les manger. Il laissa le poisson et sesgrands yeux vitreux de côté. Son festin achevé, il prit l’initiative de mettreson sac sous sa tête et de s’endormir. Il faisait bon dans la grotte. Ni tropchaud, ni trop frais.

Il se réveilla par une sorte de tremblement de terre ou plutôt par quelqueque chose qui remuait sous sa tête. L’un des oursons jouait avec son sac etessayait de le prendre tandis que le second, celui qui avait les grands yeuxnoisette, attendait de l’autre côté patiemment. James se releva mais à cetinstant, l’ourson arrêta de tirer. Il s’assit et le regarda fixement dans lesyeux jusqu’à ce qu’il en oublie son sac.

Comme lors de la rencontre avec la mère devant le camion, il ressentit dessortes de frissons le long de sa colonne vertébrale. L’autre ourson enprofita pour partir avec le sac. Quand le jeune homme s’en rendit compte,il vit le petit ours ouvrir le sac en utilisant la fermeture éclair. C’étaitétrange. La mère se réveilla d’un coup et gronda ses petits.

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James décida de repartir. Il ne resterait pas ici éternellement. D’un gestesuppliant, l’ourse attrapa James par la manche de son blouson, comme sielle lisait dans ses pensées. Ses yeux étaient suppliants et remplis d’uneimmense tristesse. On aurait dit qu’elle était sur le point de pleurer.«Je suis désolé, lui dit-il, mais je dois y aller.»

Elle émit un petit grognement triste puis le lâcha. Elle fit demi-tour etrejoignit ses petits chez qui elle trouva du réconfort.Il sentit un grand vide en lui en repartant. Pourtant il se devait de s’enaller. S’il était parti à l’aventure, ça n’était pas pour passer le restant de sesjours aux côtés d’une jeune famille de trois ours. De toute façon, la nuitapprochait et il devrait bientôt trouver un endroit où dormir.

Il s’arrêta près d’un vieux chêne, sortit son sac de couchage, l’installa et secoucha à l’intérieur. De là où il était, il avait une vue splendide des étoiles.Elles éclairaient le ciel comme des centaines de milliers de lumières. Auloin, il aperçut la Grande Ourse. Il vit aussi la petite ourse. Il n’arrivait pas às’en détacher les yeux et finit par s’endormir.

A son réveil, une jeune biche se tenait gracieusement devant lui,visiblement curieuse. James ne bougea pas. Elle le renifla pendant uninstant, puis brusquement, redressa les oreilles et s’enfuit en courant.James pensait qu’il s’agissait de lui mais à peine quelques secondes plustard, une horde de quatre chiens aboyaient à tout bout de champs enpoursuivant le bel animal. Un coup de feu retentit. James se souvint deschasseurs. Le coup de feu avait retenti près de la rivière.

A toute allure, sans prendre le temps de ranger ses affaires, il partit encourant. Le coup de feu avait, selon lui, tonné près de la grotte des ours.Une montée d’adrénaline le poussa à accélérer. Tout en courant, il repérales voitures des chasseurs dont une, une camionnette, lui rappela quelquechose.

Un second coup de feu retentit mais cette fois-ci, il était près. Jamesespérait que lorsqu’il arriverait, il ne serait pas trop tard. Il se cacha derrièrela camionnette et se boucha le nez. Elle sentait fort le tabac froid. Jamesremarqua qu’il n’y avait que trois chasseurs mais tous étaient armés. Ilsortit son vieux téléphone et composa un numéro.

Une fois son appel terminé, il se releva et hurla : « Stop ! »

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Les chasseurs le regardèrent incrédules. Vu leurs réactions, James sedoutait qu’ils devaient tous le prendre pour un écolo défenseur de lanature. James reconnut l’homme qui l’avait emmené jusqu’ici. Lui, aucontraire, ne semblait pas le reconnaître. Ils reprirent leur activité. Jamesentendit des grognements et des aboiements dans la grotte. James vit undes bébés oursons, près de l’entrée de la grotte, mort. Il ne bougeait plus.Seulement, même de là où il était, il voyait bien que l’ourson étaitentièrement couvert de sang et qu’il lui manquait des membres. L’un deschasseurs s’aventura dans la grotte et un dernier coup de feu retentit. « Non ! Hurla de nouveau James. Il s’apprêtait à entrer dans la grotte quand un homme les appela :

- Que se passe-t-il?James comprit que c’était l’un des gardes forestiers.

- Dans cette grotte, il y a des ours, expliqua James.- Et notre ami y est rentré pour…commença l’un des chasseurs.- Vous êtes rentré dans la grotte d’un ours, armé et hors période dechasse en plus, vous savez ce qui risque d’arriver, s’exclama le gardeforestier.

Tout à coup, l’homme qui était dans la grotte en ressortit, traînant quelquechose derrière lui. James craignait le pire mais son soulagement fut detaille quand il découvrit que le cadavre n’était pas celui d’un ours maiscelui d’un chien.

- Ecoutez, reprit le chasseur, on n’est pas venu tuer les ours nous, yavait une battue pas loin et on s’est rendu compte qu’un des chiensavait la rage, et quand on est arrivé, on l’a vu en train de mangerl’ourson.»

James s’en voulu de son manque de jugement et s’excusa auprès deschasseurs. Néanmoins, tuer un chien parce qu’il a la rage est une solutionun peu radicale. James décida finalement d’aller dormir dans une aubergedu coin pour la nuit.

Le lendemain matin, James sentait qu’il serait très dur de quitter son lit. Ala place, il prit son sac avec toutes les provisions encore à l’intérieur etclaqua de nouveau la porte derrière lui. Toujours sans aucun plan de route.Le jeune homme leva le pouce à la bretelle d’une autre autorouteet releva de nouveau le pouce.

Après quelques minutes d’attente, une routière s’arrêta et le fit monterdans sa voiture. La radio était allumée et on parlait d’un attentat, d’unenouvelle maladie et d’un petit chat mondialement connu.

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Elle le transporta encore plus au Nord qu’il ne l’était déjà et le déposa à unpetit carrefour. Un autre routier le fit embarquer et cette fois sansmusique mais avec une agréable odeur de muguet.

Après une dizaine de minutes, l’homme s’arrêta pour laisser passer unmagnifique lynx. Son poil était anormalement blanc. Non, pas gris clair,blanc. Entièrement blanc. Seuls ses yeux noirs et les poils de ses oreillesfaisaient exception à la blancheur de sa fourrure. Son élégance et sa grâceféline lorsqu’il avançait donnait des frissons le long de la colonnevertébrale de James. Loin d’être impressionné par l’engin et les hommes,l’animal prit son temps pour traverser. James comprit comment cela allaitfinir. Il fallait qu’il agisse.

Alors, tout à coup, il appuya sur l’accélérateur écrasant ainsi le pied duconducteur et l’animal. Au moins, cette fois, il n’aurait ni la mort d’un bébéourson ou même lynx sur la conscience, ni celle d’un chien qui a la rage.

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Romane VIGOUREUX-DE RENTY4ème, Collège Marguerite Duras à Libourne"La légende d'Isha"

LE GARDIEN

Un matin d’été, James sentit qu’il pourrait bien ne plus jamais quitter sonlit. A la place, il se leva, attrapa son sac à dos, y fourra un duvet et unblouson bien chaud et descendit à la cuisine. Il ajouta une grande gourded’eau, des paquets de biscuits, deux boites de haricots cuisinés et troispoches de fruits secs. Il referma le sac, ouvrit la porte, la claqua derrière luiet marcha droit devant lui.Sans aucun plan de route.Il poursuivit sa marche jusqu’à la bretelle de l’autoroute. Là, il leva lepouce.Après quelques minutes, un routier s’arrêta et le fit monter dans soncamion. Sur des airs de musique country, il le transporta plus au nord et ledéposa au croisement d’une nationale et d’une départementale. as demusique cette fois, mais une odeur de tabac froid.Après une vingtaine de kilomètres, le type s’arrêta pour laisser traverser unours. C’était un ours noir, un animal magnifique, au poil dru et brillant, enpleine forme. Loin d’être impressionné par le moteur qui ronronnait et lescoups de klaxon, l’animal prit son temps pour traverser.

- Allez ! Grouille ! J’ai pas que ça à faire ! cria l’homme par la fenêtreouverte, sans que ça ait un quelconque effet sur l’animal.

Au passage, la bestiole prit même le temps de jeter un regard noir vers levéhicule et ses petits yeux inexpressifs croisèrent ceux de James.Subjugué, le jeune homme resta bloqué sur la touffe de poils blancs quis’épanouissait en une sorte d’étoile au centre du front de l’animal. Cettevision lui valut un long frisson le long de la colonne vertébrale. Il eutl’obscur sentiment que la Vie elle-même le voyait brusquement ets’adressait enfin à lui. C’était la vie brute, la vie sauvage, celle dont on nepeut pas ignorer l’appel. Rien à voir avec l’enchaînement des fêtes et desalcools qu’on lui avait proposés jusque-là pour se sentir vivant…

- Je descends ! décida-t-il tout à coup. - Ici ? Mais on est loin de tout ici… - Justement, c’est parfait, ajouta James en attrapant son sac à dos.

Le vieil homme posa la main sur l’avant-bras du jeune homme.

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- Attends un peu mon garçon…cet ours doit peser dans les trois centskilos. Si tu empiètes sur son territoire, il risque de t’attaquer… - J’ai pas peur. - Tu n’as pas peur ?

James ne laissa pas au type le temps d’ajouter autre chose. Il le remerciad’un signe de tête et sortit du véhicule. A la suite de l’ours, il s’engouffra dans le bois sans une once d’hésitation.En voyant la forêt l’avaler, le vieil homme resta un instant médusé dans sacamionnette. Il attendit un peu, au cas où le jeune homme changeraitd’avis, puis finit par s’en aller.James suivit l’ours et s’enfonça encore plus profondément dans la forêtqui se faisait de plus en plus dense... si dense que les rayons du soleil nepassaient presque plus à travers les feuillages. N’importe qui aurait étéeffrayé de marcher dans cette forêt mais James n’avait pas peur. L’ours ledevançait d’environ six mètres. Il ne semblait pas avoir remarqué laprésence du jeune homme, il avançait d’une démarche assurée, commes’il connaissait la forêt par cœur.

Ils marchèrent jusqu’au soir. La nuit tombait lorsque l’ours et Jamesdébouchèrent dans une clairière où ils s’arrêtèrent. Alors, pour la premièrefois, l’ours se retourna et regarda James. Il le fixa et s’approcha lentementdu jeune homme. James ne bougeait pas, il était pétrifié. L’ours continuaitde s’approcher mais il avait une démarche calme. Il ne grognait pas et nesemblait pas agressif, mais curieux. Il s’arrêta devant James. Ce derniertendit lentement la main vers l’animal et lui caressa la tête.

« Tu n’es pas méchant, toi. »

L’ours lui lécha la main et s’éloigna de James. Il partit vers la forêt etdisparut dans une éblouissante lumière blanche. James ,sidéré, se dit qu’ilavait halluciné. Il regarda autour de lui et vit un campement abandonnédans un coin de la clairière. Il s’approcha. Les campeurs avaient quittél’endroit précipitamment car il restait un couteau, une corde, un flacond’iode, une boussole et une boite d’allumettes.

James regarda la boussole. D’après elle, le nord se situait à sa droite. Cequi signifiait que Fairbanks, la ville où il habitait était située à l’est. Il sortitson duvet de son sac et mit tout le matériel dedans. Il se coucha dans sonduvet et il s’endormit.

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Le lendemain, James fut réveillé par le chant des oiseaux. Il les écoutalongtemps avant d’ouvrir les yeux. Lorsqu’il habitait à Fairbanks, iln’entendait pas les oiseaux au réveil mais seulement le bruit des voitures.James ouvrit les yeux et se leva. Le ciel était dégagé. Il rangea son duvetdans son sac. Puis, il en sortit une poche de fruits secs et la mangea. Il sedirigea vers l’ouest et entra dans la forêt. Après vingt minutes de marche, ilentendit le bruit d’un cours d’eau. Il se dirigea à l’oreille vers cette sourced’eau et découvrit... une magnifique cascade qui faisait environ troismètres de haut ! Il s’approcha et remplit sa gourde d’eau. Il mit quelquesgouttes d’iode et attendit quinze minutes. Il but de grandes gorgées.Durant toute la journée, il explora la forêt. Le soir, il retourna dans laclairière à l’aide de la boussole.

Trois mois plus tard, James vivait toujours dans la forêt. Il s’était construitun abri dans la clairière et avait installé plusieurs collets pour se nourrir. Iln’avait jamais revu l’ours noir mais il lui avait semblé apercevoir son ombreprès de la clairière, un soir où il faisait du feu.

Un soir, alors que James entrait dans la clairière, il vit une traînée de sang.Il s’en approcha et découvrit l’ours noir qu’il avait suivi trois mois plus tôt. Iltendit la main et la posa doucement sur le front de l’ours. Ce dernier ouvritpéniblement les yeux et regarda James avec des yeux remplis de tristesse.Du moins, c’est ce que ressentit James à son regard. L’ours était blessé auventre et à la cuisse. Les entailles étaient larges et très profondes. Lapauvre bête avait perdu beaucoup de sang... trop de sang pour s’en sortir.Alors James s’assit à côté de lui et le caressa lentement.

L’ours regarda James pour la dernière fois et il ferma les yeux. Jamesessuya une larme qui avait coulé sur sa joue lorsque quelque chosed’improbable se produisit : une petite sphère lumineuse de couleurblanche sortit de la bouche de l’ours. Elle vola lentement vers James. Cedernier ne pouvait plus bouger : il était stupéfait. Il cligna plusieurs fois desyeux pour s’assurer qu’il n’hallucinait pas. Mais non, il y avait bien cettesphère qui s’approchait de lui. Elle se dirigea vers la poitrine de James etrentra dedans comme si elle voulait rejoindre son cœur. Tout à coup,James ne se sentit pas bien. Il fut pris de vertiges, tout se mit à tournerautour de lui, sa vue se troubla et il s’évanouit.

Lorsqu’il se réveilla, l’ours avait disparu. James se leva avec précipitation etinspecta le sol. Il n’y avait plus rien, plus de sang. Pourtant il sentit quequelque chose avait changé.

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Oui, une étrange impression l'envahit : il se sentait vivant comme si plusrien ne pouvait l’atteindre ni le contrôler. Jamais il n’avait ressenti cela. Ilquitta la clairière et s’enfonça dans la forêt. Il prit la direction de la cascade.Il remonta son pantalon pour traverser la rivière avec son harpon. Alorsqu’il lançait son arme, un bruit lui fit rater sa proie : il tourna la tête vers lacascade et ce qu’il vit le figea sur place... un homme se tenait sous lerideau d’eau qui tombait autour de lui, sans le mouiller !

James regarda l’homme. Il portait un pantalon gris et une cape noire avecle symbole oméga (Ω) brodé côté cœur. Il avait rabattu sa capuche , quidissimulait son visage. Il tenait à la main un bâton orné de saphirs. Il fitsigne à James d’approcher. Ce dernier s’avança lentement dans l’eau etrejoignit l’homme sur le rocher. Ce dernier avait retiré sa capuche ce quipermettait à James de voir enfin son visage. C’était un vieillard aux yeuxverts.

« James, nous t’attendions, lui dit-il d’une voix fatiguée. Voudrais-tu que jesèche tes vêtements mon ami ? »Il n’attendit pas la réponse de James et posa la main sur le front du jeunehomme. Ce dernier sentit une douce chaleur se répandre dans son corpset se retrouva soudainement dans des vêtements secs ! « Viens, suis-moi », dit le vieillard en se retournant.James le suivit et ils s’enfoncèrent dans la grotte. Alors que Jamess’apprêtait à le questionner, l’homme le coupa.

« Nous allons tout t’expliquer, alors attends avant de m'interrompre. »

Ils arrivèrent au fond de la grotte. L’homme posa sa main sur le mur et cedernier coulissa pour laisser un passage. James et le vieillard s’yengagèrent. Ils arrivèrent dans une grotte circulaire. Trois hommes setenaient debout au fond de la grotte. Ils étaient tous habillés avec lamême cape que le vieillard. Ils tenaient chacun un bâton mais chaquebâton était orné de différentes pierres. Celui de gauche retira sa capuche.

« Bonjour James, commença-t-il, tu dois te demander comment nous teconnaissons et pourquoi nous t'avons fait venir. Je vais d'abordcommencer par te dire qui nous sommes. Nous sommes des gardiens :nous protégeons les océans. Nous protégeons les forêts. Nous protégeonsla nature. Nous protégeons les animaux. Nous protégeons, voilà notremission.

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Nous protégeons le monde. Mais nous sommes également des esprits,des esprits de la nature, de la vie. Nous sommes les derniers esprits encoreen vie, d’où le symbole Oméga que nous portons sur nos vêtements. Sinous t'avons demandé de venir, c'est parce que nous avons découvertchez toi quelque chose d'étonnant, que nous n'avions plus vu depuis plusde mille ans d’après les livres sacrés. Il y a trois mois, tu as décidé de toutquitter : la civilisation, le confort dans une maison… Pour venir vivre ici, enplein milieu de la forêt, dans une clairière. Nous t'avons observé pendantces trois mois ; nous t'avons vu installer des collets. Enfin, nous avons vu lelien que tu avais noué avec l’ours noir. A sa mort, nous avons vu l’âmesortir de son corps pour rejoindre le tien. Ceci a confirmé notre hypothèse :tu es en harmonie avec la nature. Tu as toutes les qualités et valeurs pourdevenir gardien. Sache que si tu acceptes, tu devras jurer fidélité auPentagone des gardiens.

A chaque gardien est attribué à un élément à protéger. Si tu acceptes,tu protégeras les forêts. Alors James qu’en penses-tu ?

- Mais si je deviens un gardien, je pourrai continuer à vivre dans laforêt?- Oui, lui répondit le gardien de droite qui s’était avancé. Nous vivonstous quelque part. Tu pourras continuer à vivre dans la forêt. Nouscommuniquons à l’aide de nos bâtons. Si l’un des gardiens a besoind’aide, alors les pierres de ton bâton scintilleront trois fois, puis unelumière t’enveloppera et te téléportera là où se trouve le gardien. Alors,acceptes-tu de devenir l’un des nôtres ? »

James n’hésita pas longtemps. Il accepta et devint gardien. Il fut baptisédu nom d' Isha qui signifie « protecteur. »

....« Maintenant, il est l’heure d’aller se coucher.

- Oh non, tante Nita, m’exclamai-je, raconte-moi la suite. Qu’est-ce quiarrive à James, une fois qu’il est devenu gardien ? Explique-moi cequ’est le Pentagone des gardiens ?- Oui tante Nita, raconte-nous la suite, renchérit Chayton, mon petitfrère.- Je vous raconterai la suite demain soir. Il faut que vous vous couchieztôt, si vous voulez aller vous promener le long du Yukon demain.- D’accord tante Nita, répondîmes-nous en même temps.

Je me couchai donc dans mon lit et fermai les yeux. Et c’est avec unsentiment d' impatience et de curiosité pour la suite de la légende d’Ishaque je m’endormis.

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En entrant dans la forêt luxuriante , de nombreuses images lui revinrenten tête.Son père et lui allaient souvent ensemble à la chasse. Or, membres d'unclub de chasse, ils avaient abattu un ours noir lors d’un séjour en forêt, . Samère avait fait la moue, car elle voulait préserver sa famille de touteambiance de mort. Cinq années s’étaient écoulées depuis ce voyage.

L’ours laissait d’énormes traces derrière lui, le suivre serait chose facile.James se remémora les leçons de son père :

« Regarde James, c’est un ours de la branche des Chardata- C’est un mâle ou une femelle ?- Observe bien attentivement !- Ah ! il paraît très lourd c’est donc c’est un mâle.- Oui c’est ça ! Il doit faire dans les 250 kg. »

La forêt était remplie de feuilles mortes et de plantes sauvages si bien queJames commençait à regretter sa décision. Il n’avait que très peu de vivreset surtout il n’avait pas d’armes.L’ours commençait à prendre beaucoup de vitesse comme s’il voulaitmontrer quelque chose le long chemin qu’il suivait ou de la manière dontil se déplaçait. Il parcourait une trajectoire précise comme s’il eut uneroute au milieu de la forêt.La nuit commençait à tomber. Et durant celle-ci un événementsurprenant allait se produire, un événement que James n’oublieraitjamais.

La lumière venait de décliner depuis quelques minutes et James, quin’avait pas trouvé de refuge précis, s’était installé près de son nouveaucompagnon. Il le regardait dormir comme si, comme si…Il ne savait pas !cet animal le rendait tellement fou, c’était comme retrouver une personneque l’on avait oubliée et perdue. Cet ours qui pourtant n’avait riend’humain le faisait penser à sa sœur. Elle qui était si tendre, si joyeuse...Jamais il ne l’oublierait.

Léon GRAND4ème, Collège Eugène Atget à Libourne"Une passion pour la vie"

OURS DE LABORATOIRE

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Mais comme le médecin lui avait dit : il faut parfois penser à tourner lapage tout oublier et repartir de zéro. Il observa attentivement cet animalqui, bien involontairement, rouvrait des blessures qui n’étaient pastotalement guéries. Dès les premières lueurs de l’aube, l’ours commença à bouger, il sortait deson sommeil. De toute évidence, il cherchait de la nourriture. Jamescommençait à ressentir la faim et ses réserves s’épuisaient au fil desheures, la gourde d’eau était presque vide et il ne lui restait plus qu’un seulgâteau.

Après s’être correctement rassasié, l’ours reprit sa marche. Le jeunehomme remarqua que l’animal suivait une direction, comme une sorte deroute dans le Sahara. (aussi étonnant que cela puisse paraître dans leGrand Nord !) James considérait cette forêt comme le Sahara, pour uneraison très simple : il s’était perdu mais vraiment perdu. Il ne savait mêmepas dans quelle direction il se dirigeait :nord, sud, est, ouest.

En le pistant, James s’aperçut que l' ours n’avait pas peur, il ne craignaitpas les mystères et les dangerosités de cette partie de la forêt que l'onaurait crue comme morte. En effet le jeune homme remarqua quel’aspect de la nature qui l'entourant venait de changer, non pas par magie,par endroits. La végétation faisait peur, elle était sombre, noire , terrifiante,elle n’aspirait qu’à la mort. Des douleurs musculaires se firent ressentir et il estima avoir marché deuxbonnes heures.

C'est alors qu' il remarqua des fumées noires qui s’élevaient de la plaineopposée. James comprit que l'animal se dirigeait justement vers cesfumées noires. Le feu provenait d’une petite maison construite en boisentourée encerclée par une sorte d’abri assez grand. A côté, se trouvait ungrand feu autour duquel des troncs d’arbres formaient un cercle. Maiscela James ne le remarquerait qu’après avoir rencontré un certainpersonnage.

James avait l’impression que l’ours connaissait aussi le chemin. Et c’estalors qu’un personnage barbu très poilu et âgé sortit de la vaste maisonen rondins. Il s’approcha de l’ours en imitant leurs bruits ioooooooooiooooooo, et soudainement l’ours lui répondit. Ils continuèrent d’échangerdes cris de la sorte pendant quelques minutes, tout juste le temps qu’ilfallut à l’homme pour se rapprocher de cet animal.

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Alors il prit sa patte rouge de sang et commença à la laver délicatement, jene sais comment le dire mais James remarqua que l’ours était très satisfaitde ce geste. Pendant cette opération, James s’avança doucement etprudemment dans la petite maison en bois car la faim commençait à sefaire sentir à nouveau.

L'intérieur dégageait une chaleur des plus douces. Il remarqua que lapremière pièce était uniquement consacrée à des étagères remplies demagazines sur les ours, leurs races, leurs noms et plein d’autres choses(documentaires, rapports …) mais tout avait un rapport avec les ours etseulement les ours. En avançant dans la pièce il remarqua un coinlaboratoire, il aperçut des échantillons de sang et des tests ADN. Ilobserva une porte et décida de la franchir il se retrouva alors dans unechambre très bien rangée et ordonnée. Il vit un lit double, une commodeet deux étagères. Sur la commode se trouvaient deux photos quasimentidentiques mais différentes d’un an seulement.

On y distinguait un groupe de chercheurs. Sur la photo de 2014, ils étaientsept alors que sur celle de 2015 ils étaient six. James pensa alorsreconnaître sur les deux images le personnage barbu qui soignait l’ours àl'extérieur. James crut apercevoir des visages familiers mais il se ravisa caril était impossible qu’il connaisse ces personnes. Il remarqua alors uneautre porte, à l’extrémité de la pièce qu’il ouvrit sans hésiter. Il découvritalors une pièce assez grande avec une cuisine sur la droite. Celle-ci étaittrès spartiate : elle abritait seulement un réchaud, des aérosols, l’eau nedevait pas être potable d’après son aspect grisâtre. Sur le mur gauche setrouvait une sorte de canapé en bois et partout une quantité incalculablede documents ,de livres, de livrets, d’encyclopédies. James avança endirection de la cuisine dans l’espoir de trouver de la nourriture mais il futbien déçu. À ce moment-là, une voix forte se fit entendre :« Tu ne trouveras pas de nourriture ici James ! dit le personnage barbu.

- Je suis désolé, je ne veux pas de problèmes, je cherche juste àmanger, je suis affamé, j’ai suivi l’ours c’est tout je vous le jure, imploraJames.- Il n’y a pas de mal mon garçon, j’ai souvent entendu parler de toi tusais ! Mais nous parlerons de ça plus tard. Il faut d’abord que tu terassasies, dit l’homme avec une voix qui se voulait chaleureuse.- Merci monsieur, mille fois merci,mais si je peux me permettrecomment connaissez-vous mon nom ? Et pourquoi êtes-vous sur unephoto de chercheurs où se trouve ma grande sœur décédée ?

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- Viens je pense que le moment est venu de te dire certaines choses.- Comment! Vous connaissiez ma sœur ! dit James avec une untimbre de colère dans la voix.- Allons manger d’abord je t’expliquerai après , promis.- Non, maintenant ! Je veux tout savoir sur vous et ma sœur !- Au moins assieds-toi , s’il te plaît.- D’accord mais je veux tout savoir sur ma sœur, je sais juste qu’elleétait chercheuse dans un laboratoire, qu’en désaccord avec sessupérieurs, elle leur a désobéi et lors d’une expérience non autoriséeelle a été tuée par un ours.- Si tu le permets je vais te reprendre, et je vais tout t’expliquer :

Comme ta sœur Solène était diplômée de chimie et de biologie à hautniveau, elle avait été recrutée dans un laboratoire nommé OPULAT. Jetravaillais dans ce laboratoire et ce fut à moi de la prendre en charge . Elleétait très intelligente, perspicace, elle réfléchissait très vite. Au fil dutemps je l’ai engagée comme coordinatrice dans mon service, c’est unrôle très important et très demandé. Comme je te l’ai dit nous travaillionssur la biologie et la chimie. Nous cherchions à développer une ARNpolymérase plus rapide afin que les cellules codent plus rapidement lesacides animés. En clair c’est comme de la régénération de cellule. Nous travaillions principalement sur les cellules des ours. Nous enprélevions aux ours, on essayait de les modifier et on les réimplantait dansl’organisme d’un autre sujet et l’on observait ce qui se passait. La plupartdu temps les ours mouraient, devenaient fous. Un jour, lors d’un test surun ours appelé 291, le test se révéla à la fois positif et négatif , cela signifieque l’ours n’était pas mort mais il souffrait énormément de façon qu' ilhurlait de douleur tout le temps. Ta sœur voulait essayer de le soigner, de lui administrer des curares. Nossupérieurs n’étaient pas d’accord avec cette solution. Eux souhaitaientvoir ce qui se passait. Ils ordonnèrent donc à ta sœur de ne rien faire. Elleécouta son cœur et après lui avoir administré une grande dose desédatifs, elle se rapprocha de l'animal et commença à lui injecter enintraveineuse une grande quantité de cocktails préparés. Elle espéraitqu’au moins un de ces produits pourrait le soigner,le soulager. Pourpouvoir lui injecter les produits Solène a dû aller au contact direct del’ours… Malheureusement elle a commis une erreur ; sa première et sa dernière.Elle n’a pas tenu compte du système de l’ours qui était doté d’un ARNpolymérase super rapide. La dose de sédatif était infime par rapport àcelle qu’elle aurait dû lui donner. L’ours se réveilla pendant qu’elle luiadministrait son cinquième cocktail.

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Elle ne s’en rendit pas compte tout de suite. Lorsque ce fut le cas il étaittrop tard....

Comme tu le sais déjà, cette action a été réalisée sans l’accord de nossupérieurs. Ceux-ci n’ont donc versé aucun argent à ta famille, je suismême sûr qu’ils n’ont même pas présenté leurs condoléances Je saisaussi que c’est ta sœur qui ramenait l’argent à la maison et je sais aussique son départ vous a tous plongé dans un très gros problème financier.J’ai aussi appris que tes parents se sont suicidés ne pouvant supporter lechagrin causé par la perte de ta sœur. Je suis sincèrement désolé pour tasœur.

Maintenant arrive une partie de l’histoire que tu ne connais peut-être pas.Après le décès de ta sœur, les dirigeants avaient pris la décision de tuerl’ours voyant que la situation ne s’arrangeait pas. Cependant je remarquaisque l’ours allait de mieux en mieux, son état s’améliorait, son systèmeimmunitaire et lymphatique étaient tous deux devenus normaux, sonSNC, SNP, SNA avaient été rétablis. En clair, il était complètement guéri etil était impossible qu’il retombe malade. Après que mes supérieurs eneurent été informés, ils décidèrent de le tuer quand même. C’est vrai celaest débile mais pas dans le sens où tu le penses. On ne pouvait préleverson sang ni le modifier ni l’implanter dans un autre organisme, sa divisioncellulaire était devenue trop importante, on ne pouvait rien faire de sonsang, on ne connaissait pas les formules que ta sœur avaient utilisées.Pour eux l’ours ne servait à rien, ils avaient décidé de le tuer par injectionlétale le mercredi matin soit quatre jours après le décès de ta sœur. Jen’allais pas les laisser le tuer alors que ta sœur avait donné sa vie pour cellede l’ours.

Je pris ma décision, j’augmentai la dose de sédatif tout en diminuant ladose de curare, juste assez pour que la relaxation isovolumétrique fûtlongue. Comme prévu l’injection létale dura trois minutes, après unevérification du rythme cardiaque un chercheur confirma le décès. Je mesuis alors proposé pour m’occuper de l’ours, je devais l’incinérer. Après quetout le monde fut parti, j’injectai de l’adrénaline et des anti-sédatifs. Il finitpar se réveiller dans un état qui était plutôt positif. Étant donné que jevenais de remettre à la vie un animal qui était destiné à la mort, je nepouvais le garder et je n’aurais pas pu le cacher, notre laboratoire se situaitprès d’une forêt, celle-ci. Dans la nuit j’embarquai l’ours dans un camionrempli de tout ce que tu as pu voir dans la maison.

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Elle a été construite par mon arrière grand-père, je l’ai un peu améliorée.Cela te surprendra peut-être mais j’ai l’électricité, je peux communiquer.Le camion est caché dans une partie de la forêt et …..

- Attendez cela signifie que c’est ce putain d’ours qui a tué ma sœur!!!se mit à hurler de toutes ses forces James en se levant- Calme-toi James ! dit le personnage barbu- Est-ce que c’est lui qui a tué ma sœur ???

James s'empara soudain d'un couteau dans la cuisine et courut à toutevitesse vers l’ours qui déchiquetait avec un morceau de viande entre lesdents.

Il s’en approcha tout doucement et l' observa bien attentivement .Deslarmes coulaient le long de ses joues. Subitement il lâcha le couteau. Il comprit qu’il ne pourrait jamais faire de mal à cet magnifique animal. Ilcomprenait maintenant pourquoi sa sœur avait mis sa vie en jeu poursauver cette beauté de la nature. Et à cet instant précis, il sut que sonsouhait le plus cher serait de rester à jamais avec cet animal et de leprotéger quoiqu’il en coûtât ; comme sa sœur l’avait fait.

James venait de trouver sa raison de vivre.

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Youri BIECHER LAHAYE5ème, Collège de Lacanau à Lacanau"Une rencontre des plus insolites"

APPARITION

Au fur et à mesure que James s’enfonçait dans la sombre forêt, il suivaitl’ours au loin. Le jeune homme ne réfléchissait absolument pas à ce quipouvait lui arriver. Mais l’ours finit par s’en aller au plus profond de la forêtet James le perdit de vue. Il décida donc de chercher un endroit où ilpourrait installer son camp pour la nuit ; il trouva une petite clairière et ymonta sa tente. Il fit un feu et s’endormit en espérant avoir l’occasion derevoir l’ours. James avait du mal à s’endormir avec les nombreux bruits dela forêt : criquets, vent, branches qui craquent …

Le lendemain matin, quand il se réveilla, le gigantesque et majestueuxours se tenait dressé devant lui, ce qui n’impressionnait pas pour autant lejeune homme. En effet, la bête avait flairé la nourriture que contenait lesac de James. Mais le plus étonnant était que l'ours n'avait pas attaquéJames. On aurait dit que la bête éprouvait de la compassion pour cettepersonne en particulier. Pourquoi ? On en ignorait la raison ; peut-êtreétait-ce le fait que James lui donna le peu de nourriture qu’il possédait. Aufil du temps, ils devinrent rapidement amis. James commença à pouvoirparler avec son nouvel ami, ce qui ne le surprit pas pour autant ; il pensaitavoir un don. Peu de temps après, le jeune homme se soucia du peu devivres qui leur restait, et il savait qu'ils ne pourraient plus tenir longtemps.Alors, il décida d'aller chasser avec son compagnon. Au bout d’un certaintemps, ils aperçurent trois énormes sangliers qui couraient dans lessentiers de la sombre forêt. Les deux amis sautèrent sur l'occasion : l'oursregarda James pour demander la permission d'attaquer et le jeunehomme la lui donna par un signe de tête. Cela ne prit pas longtempsavant que ce dernier en ramène deux. James le caressa en signe deremerciement et ils repartirent au camp pour déguster leur beau gibier. Ilsen avaient pour un bout de temps. C'est avec le ventre plein qu'ils secouchèrent.

Le lendemain matin, ils prirent quelques fruits secs pour le petit-déjeuneret partirent chercher du bois pour le feu.

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Mais alors qu'ils étaient sur le point de partir, des loups attaquèrent lecampement : ils dévorèrent un des sangliers, détruisirent la tente etdéchiquetèrent le sac de James. L'ours, énervé, jaillit sur les maraudeurs eten tua un certain nombre, malgré les nombreuses blessures que cesderniers lui infligèrent. Les loups survivants s'enfuirent quand ils virent lesort qui leur était réservé. James alla chercher de quoi soigner son ami :des feuilles d'arbres, de la ficelle, de la mousse... Puis il partit seul, chercher le bois pour le feu. Le jeune homme devaitrester prudent car il n'était à l'abri de rien. Une fois revenu au camp, ilprépara le repas du soir: sangliers et champignons qu’il avait ramassés enchemin. Ils se couchèrent une nouvelle fois le ventre rempli.

Le jour suivant, l'ours allait un peu mieux : il put accompagner son amicueillir des baies. Au passage, l'ours trouva une fourmilière en-dessousd'un rocher et se régala. Puis les deux amis poursuivirent leur chemin.Soudain, ils aperçurent au loin, un petit groupe de trois chasseurs. Sedoutant que ces derniers allaient s’en prendre à l’ours, les deux amis secachèrent pour établir un plan : James allait faire diversion pendant queson ami les attaquerait par derrière. Le jeune homme se dirigea vers les trois hommes.

« Qu'est-ce que tu fais là p'tit ? demanda l'un d'entre eux.- Je me suis perdu dans les bois, je suis à la recherche de la ville ditJames, mentant pour faire diversion. Et vous, qu'est-ce qui vous attirepar ici ? ajouta-t-il. - Ah nous ! On est là pour chasser l'ours, pour se faire de l'argent envendant sa peau ... » Mais le chasseur ne put finir sa phrase : l'ours leursauta dessus, ne leur laissant pas le temps de sortir leur armes. Lestrois malheureux finirent déchiquetés par la bête féroce.« Bien joué mon ami » lui dit James. Puis le jeune homme enterra lestrois victimes, avant de repartir au camp avec les baies et le miel trouvédans une ruche d'abeilles ; son ami était ravi car, comme tous les ours,il adorait le miel. Sur le chemin du retour, ils s’arrêtèrent au bord d’unerivière. Les deux amis se rafraîchirent, mais lorsque James sauta dansl’eau, il buta sur quelque chose. Il ignorait ce que c’était. Il plongeadonc pour voir ce qui se trouvait sous l’eau, et quand il en ressortit, iltenait dans sa main une pépite d’or : le jeune était émerveillé. Il pensaitpouvoir retourner en ville pour devenir riche mais se rendit compteque s’il partait, il devait laisser son ami l’ours.

Alors le jeune décida de rester vivre dans la forêt avec son meilleur ami.

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L’ours n’avait pas trouvait d’or mais de nombreux poissons qu’il ramena aucamp après la baignade.

Après le souper, ils partirent se coucher. Mais pendant la nuit, ilsentendirent des hurlements ; les deux amis décidèrent d’aller voir l’originede ces cris. Lorsque qu’ils arrivèrent, ils aperçurent deux frères oursonscoincés dans un trou. James en déduisit que c’était un piège des mauditschasseurs du coin ; il décida d’aller chercher une corde dans son sac. Ilrevint quelques secondes après avec de quoi remonter les oursons; ilentoura son ami de la corde et sauta dans le trou pour secourir lesoursons. Malheureusement il se tordit la cheville. Il entoura les deux petitsoursons avec la corde et s’y accrocha aussi. Puis l’ours les remonta grâce àsa force phénoménale. Ensuite, ils retournèrent se coucher accompagnésdes oursons ; l’ours portait James, qui avait du mal à marcher. De retourau campement, ils donnèrent à manger aux deux oursons qui avaient bonappétit. Puis tout le monde se coucha près du feu.

Le jour suivant, après une bonne nuit de sommeil, le petit groupe partit sepromener en forêt. Les deux petits oursons étaient devenus comme desfils pour l’ours et James, qui s’en occupaient vraiment bien : ils lesnourrissaient, les protégeaient des dangers de la forêt et aussi, ils leurapprenaient à chasser. Aussi, quand l’ours vit un jeune cerf courir dans laforêt, il ordonna aux deux petits de l’attraper. Les deux oursons foncèrentsur leur proie mais l’un d’entre eux fut percuté par les cornes de l’animal.Cependant, l’autre ramena l’animal à James qui fut ravi. Ils allèrentchercher l’autre ourson qui n’avait rien de grave, puis tous ensemble ils serafraichirent dans la rivière. Cette fois ci, c’était l’ourson qui avait attrapé lechevreuil qui tomba sur de l’or. James le félicita, c’était son jour de chance.C’est ainsi que l’autre ourson commença à devenir un peu jaloux, ce quioccasionna au fil des jours de nombreuses disputes entre les deux frères.

Une matin, l’ours et James se réveillèrent avec inquiétude car les deuxoursons avaient disparu ; ils partirent à leur recherche dans la forêt. Quandils les trouvèrent, ils étaient en train de se battre sans pitié : ilsdégoulinaient de sang, avaient des bouts de chairs arrachés, l’un d’entreeux avait une patte cassée. Les deux amis les séparèrent avant de lesgronder. A cette occasion ils leur attribuèrent un nom : « Toi tu t’appellerasAroce, dit James à celui qui avait attrapé le chevreuil et trouvé de l’or. Ettoi tu t’appelleras Aroce Junior car tu es le plus petit des deux. Je ne veuxplus vous voir vous disputer, vous êtes frères, c’est compris ? »

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A ces mots, tout le monde rentra au campement. Une fois revenu, ilsfirent une pose et James soigna les deux oursons, blessés après leurstupide bagarre. Puis le jeune homme repartit avec les deuxpetits oursons chercher du bois. Mais à son retour, l’ours avait disparu.James paniqua et décida d’aller chercher seul son ami en laissant les deuxpetits au campement, en leur ordonnant de ne pas bouger d’ici jusqu’àson retour. Cela lui prit une petite heure avant qu’il ne trouve l’ours assisdans une petite clairière. Il se cacha pour voir ce qu’il faisait ; à sa grandesurprise, son ami se transforma en femme, la plus belle de toutes lescréatures qu’il ait jamais vue. A ce moment-là, James comprit que cen’était pas un don qu’il avait mais que c’était une femme qui se cachaitdans le corps de son ami. Au premier regard, il tomba amoureux. Il décidadonc d’aller lui parler. Quand la femme aperçut James, elle fut surprise.

« Pourquoi t’es-tu enfuie ? demanda James. - Je ne savais pas comment tu allais réagir si tu découvrais mon secret,dit la jeune femme. - Mais cela ne me dérange absolument pas, bien au contraire, réponditJames. As-tu un nom ? demanda-il. - Oui, je me nomme Cassandra, répondit-elle. - Comment t’es-tu transformée ? poursuivit James. - Je me transforme en femme lorsque j’éprouve de l’amour pour unêtre humain. - Mais envers quel être humain éprouves-tu de l’amour ? demanda lejeune homme perplexe. - Envers la personne qui se trouve en face de moi, répondit Cassandraun peu gênée. »

La conversation terminée, les deux personnages retournèrent trouver lesdeux oursons. Aroce sauta sur la jeune femme car il ne savait pas à qui ilavait à faire. Mais James s’interposa entre eux et expliqua tout aux deuxfrères. Ayant abandonné toute envie de retourner un jour à la civilisation, ilrejeta l’or que le jeune ours et lui avaient trouvé. Il continua sa vie dans laforêt, avec sa nouvelle compagne et les jeunes ours qu’ils élevèrentcomme leurs propres enfants.

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Antonin FRANCOIS et Luigi RECANZONE5ème, Collège Saint-Genès la Salle à Bordeaux"L'appel des animaux"

SECRET MATERNEL

James était un tout jeune homme de 20 ans, sa vie s’ouvrait devant lui,maintenant que le lycée était terminé. Il passait beaucoup de temps àrêver, même parfois trop, si on écoutait ses rares amis. Il pouvait rester desaprès-midi entières sur son lit à imaginer ce que pourrait être sa vie. Iltrouvait cela plus rassurant, en fait, que vivre à l’extérieur. Il finissaitpresque par avoir peur de sortir. Il faut dire que sa vie jusque-là n’avait pasété rose. Il avait perdu sa mère deux ans auparavant et n’avait jamaisconnu son père. Sa mère était une passionnée de randonnées mais unjour, elle n’était pas rentrée de son excursion. Alors, très vite, il avait dûtravailler pour assurer sa vie.

Mais voilà, le mois dernier, il s’est fait licencié de son boulot car il avait étéabsent plusieurs fois sans raison. Il vivait de ses économies et passait sesjournées à observer la vie par la fenêtre.

INCIPIT

James marcha un moment dans la forêt quand, soudain, il vit l’ours. Ilsentit monter en lui une peur incontrôlable qu’il n’avait jamais ressentieauparavant. Le jeune homme resta figé de peur, l’ours s’approchait de lui… -Que va-t-il me faire ? se demanda James.L’ours tourna autour de lui comme s’il l’étudiait mais il ne fit que le renifleret s’en alla. Le jeune homme mit quelque temps à reprendre ses esprits.Quand il fut à nouveau serein, il se mit à réfléchir à ce qu’il allait faire àprésent. Il sentit des gargouillis dans son ventre, il avait faim. Les chosesmatérielles le ramenaient à la réalité. Il plongea sa main dans son sac, choisit une des boites de conserve. Il ne lamangea pas en entier, il fallait se limiter et faire durer ses réserves. Après lafaim, c’est le froid qui commençait à l’envahir. Il voulut faire un feu, ils’acharna pendant un temps qui lui sembla être des heures mais en vain.

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Le soleil allait se coucher, il fallait trouver une autre solution. S’il n’avaitpas de feu pour éloigner les bêtes sauvages, il devait trouver un toit pourle protéger…. Il marcha encore longtemps. Il scrutait la forêt mais il netrouvait aucune cabane, aucune grotte, rien…

Alors il comprit qu’il allait devoir construire cet abri lui-même. Il ne réussità faire qu’une sorte de tipi avec des branches et des feuillages. Il entassade la mousse arrachée aux troncs des arbres et se créa, ainsi, un lit aveccette mousse. Son blouson se transforma en mini-duvet. Il s’allongea, enfin, et commença à repenser à ce qu’il avait ressenti face àl’ours : un mélange de grande peur paralysante et une sorte de fascinationqui l’avait conduit à suivre cet appel mystérieux de la nature. Dans la nuit,il fut réveillé en sursaut car tout son abri s’écroulait sur lui. Les branchess’écartaient entre elles à cause du sol devenu glissant avec l’humidité de lanuit et les feuilles tombèrent toutes sur lui. Mais il se figea : il entendait de petits bruits d’animaux. Il tendit encoreplus l’oreille et patienta jusqu’à ne plus entendre de bruit. Il put se releveret dégager toutes les feuilles qui s’étaient accumulées sur lui.

Heureusement, le soleil commençait à se lever. Vu l’état de son abri defortune, le jeune homme décida de s’en aller pour chercher un vrai abripour les prochaines nuits, plus loin dans la forêt. Il avait, sans vraiment ypenser, décider de rester dans la forêt, malgré tous les obstacles futurs. Ilvoulait vivre cette expérience avec la nature. Alors, il chercha longtempsmais ne trouva rien. Soudain, il entendit de petits cris plaintifs près de lui. Il scruta le paysagepour trouver d’où cela provenait. Et là, il découvrit un triste spectacle : unebiche prise dans le piège d’un chasseur. Immédiatement, il voulut l’aider.Mais c’était difficile, la biche avait tellement peur de voir un hommel’approcher. Chacun de ses mouvements la blessait encore plus. Ellesemblait croire qu’il était le chasseur venu l’achever. Il lui parla avec desmots rassurants, fit des gestes calmes, la caressa. La biche s’apaisa et il putla libérer.

Il fut très ému de la voir s’éloigner en boitant et il lui sembla voir dans lesyeux de l’animal un remerciement. James remotivé, reprit sa recherchemais après une longue marche dans une forêt toujours plus dense ethostile, il n’en put plus et fit une pause.

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Cela faisait des heures qu’il marchait et il se posait toujours la mêmequestion : «Pourquoi ai-je reçu cet appel ? ».

Tout à coup il se mit à entendre des sortes de voix qu’il n’avait jamaisentendues. Il s’approcha avec prudence de l’endroit d’où elles semblaientvenir. Quand il sentit qu’il était tout proche, il s’accroupit et observa. Cequ’il finit par voir le surprit : ce n’étaient pas des voix d’hommes mais lesvoix de tous les animaux de la forêt rassemblés qui parlaient entre eux.

Soudain, une souris apparut à ses pieds et se mit à crier : « un intrus, unintrus !!!!». James l’attrapa et tenta de la faire taire mais trop tard !Tous les animaux avaient entendu et se tournaient, à présent, vers lui. Ungrand cerf arriva dans son dos et le poussa au centre de la clairière.

Tous les animaux le scrutaient Quand James reprit ces esprits dans cettesituation étonnante et invraisemblable, un ours lui parla : « Je sais qui tu esmais toi, tu ne sais pas qui je suis ».

Le jeune homme ne comprenait pas ce qu’il voulait lui dire, ne sachantquoi comprendre de cette annonce. Il regardait autour de lui et vit la bichequ’il avait sauvée L’ours, qui lui avait parlé, lui demanda de le suivre.Fasciné par ce qui lui arrivait, il obéit.

Ils finirent par arriver dans une clairière. Ils s’assirent au centre et l’ourss’adressa à James :

- Assieds-toi, je dois te parler. Mon histoire est longue, sois patient etécoute-moi jusqu’au bout.

James s’installa sur une pierre le plus confortablement qu’il put, sacuriosité était immense. L’ours commença son récit. Avec beaucoup depatience, il lui dit qu’il était une ourse, et donc qu’elle était heureuse qu’ill’ait retrouvée. James ne comprenait vraiment pas pourquoi…

Elle lui expliqua qu’ils ne s’étaient pas croisés et regardés par hasard. Tousles deux, ils ne faisaient que poursuivre une histoire longue de plusieursmillénaires. Devant l’air ébahi de James, elle lui révéla qu’elle était sa mère.

- Ma mère, mais ma mère n’est pas une ourse !!! Ma mère a disparu etest sûrement morte ! cria le jeune homme.- Laisse-moi continuer James, je sais, que ce que je t’explique, estdifficile à croire. Fais-moi confiance.

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Elle lui révéla que dans leur famille, à chaque génération, un membre estune sorte d’élu qui peut si nécessaire être appelé par les animaux de laforêt si un danger grave les menace. Si les animaux appellent l’élu, ilprendra l’apparence d’un ours ou d’une ourse.

-Je compte sur toi pour me croire et garder le secret, lui dit l’ourse. Undanger menace, c’est pour cela que j’ai été appelée par les animaux etque je suis restée avec eux. Mais si tu es là aussi, si tu as senti l’appel,c’est que je vais avoir besoin de ton aide.

James était sous le choc de ces révélations. Trop de questions sebousculaient dans sa tête, il avait du mal à croire ce qu’elle disait. Il voulaitune preuve. Alors l’ourse lui montra les vêtements que sa mère portait lejour de sa disparition.

Le jeune homme se mit à pleurer et se jeta dans les bras de sa mère. Aprésent, une seule chose comptait, ils étaient de nouveau réunis. La joiefut courte car elle lui expliqua qu’un moment crucial était sur le pointd’arriver : une bataille contre les prédateurs de la forêt qui ne respectaientplus l’équilibre de la nature.Une meute de loups blancs s’était mise à chasser beaucoup plusqu’auparavant et tuait plus de proies que nécessaire. L’équilibre proies-prédateurs était maintenant menacé par la folie de ce groupe. Cetéquilibre était vital pour tous les animaux de la forêt. Il fallait stopper cesloups.

Le soir, devait avoir lieu une grande réunion pour préparer la ripostecontre les loups. Tous les chefs des tribus animales arrivèrent et formèrentun cercle. Ils commencèrent à élaborer un plan. En les écoutant, Jamescomprit que chacun suivant sa taille, sa force, sa vitesse, son agilité avait saplace dans cette bataille à venir, même les plus petits. Les discussionsfinirent tard dans la nuit et James s’endormit.

A l’aube, il retrouva sa mère : chacun connaissait son rôle et lui aussi avaitle sien.

Ils commencèrent immédiatement les préparatifs. Tous les pièges furentposés et les projectiles accumulés. Les grands chefs animaux de la forêtconnaissaient bien le plan mais quelques détails devaient encore êtreréglés. Tous les combattants devaient réviser leur rôle une dernière fois.

La machine était lancée. Les souris seraient envoyées en repérage pourconnaître la position exacte des loups puis les biches devraient se placerpour servir d’appâts.

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Dès qu’elles seraient prises en chasse, elles courraient pour les conduirejusqu’aux pièges. Là, les oiseaux bombarderaient les loups de pierres.Quand ceux-ci seraient piégés dans les trous creusés par les sangliers, lesbelettes et les blaireaux feraient tomber des troncs pour assommer lesloups. Les ours encercleraient les loups qui ne seraient pas tombéspendant que les lièvres et les lapins feraient un grand nuage de poussièreavec leurs pattes pour brouiller la vue de leurs adversaires.A ce moment-là, les renards lanceraient sur eux les hérissons en boule,pour qu’ils soient blessés par leurs piques et les derniers loups finiraientpar tomber dans le piège. Alors, James devrait identifier le chef des loups,le seul avec une tache sur son pelage blanc et l’affronter.

Le jour J, très tôt, tout commença comme prévu. Les souris partirent puisles biches, mais soudain l’une d’elle trébucha dans sa course. Les autres nepouvaient pas l’abandonner. Elles ralentirent, la secoururent mais alors lesloups se rapprochèrent et elles durent aller se cacher. Le plan tombait àl’eau.

James, caché, observait le désastre. Il devait faire quelque chose. Il pritdans son sac des allumettes et il enflamma une branche. Les ours, menéspar sa mère, l’imitèrent. Ensemble, ils s’approchèrent des loups et lesencerclèrent pour les pousser vers les pièges. Les loups détestaient le feualors en s’enfuyant, ils tombèrent, enfin, dans les pièges.

Le chef de la meute fut repéré et ligoté. Quelques heures plus tard, lesgrands chefs vinrent lui parler pour dicter de nouvelles règles. Sa meutedevait retrouver la raison : chasser pour se nourrir et non pour se gaver denourriture. Ils ne devaient pas chasser tout le temps les mêmes bêtes etfaire des trêves pendant les périodes de reproduction des animaux.

Le loup expliqua que tout était de sa faute. Il avait perdu sa famille et avaitentraîné la meute dans sa folie. Les autres loups pouvaient être relâchés, ilallait laisser un autre plus sage prendre sa place de chef de meute. Tousfurent rassurés. La loi de la nature allait reprendre ses droits et chacunpourrait retrouver sa place dans la forêt.

James allait-il perdre à nouveau sa mère ? Il voulait rester auprès d’ellemais il savait que la place d’un humain n’est pas dans la forêt. Sa mère lerassura : sa mission dans la forêt était achevée, elle allait donc retrouverforme humaine et pouvoir le rejoindre chez eux.

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Elle allait avoir un grand besoin de son aide car cela faisait longtempsqu’elle avait quitté son ancienne vie. James l’embrassa et salua tous lesanimaux. Il s’élança sur le sentier qui le ramenait à la route, le cœur pleinde courage et la tête pleine de projets. James, transformé par cettebataille, sentit une force l’envahir. Il ne serait plus jamais le même etpourrait maintenant se lancer dans la vie.

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James, de son côté, ne prit pas le temps de surveiller le vieux monsieurpartir. Il s’enfonça dans cette forêt autant majestueuse que sombre, etn’hésita pas un seul instant à suivre cet animal qui l’avait appelé à vivreune merveilleuse aventure.Très vite, il retrouva la trace de l’ours, et entreprit de le suivre. Il marchaitassez lentement mais ne se fit pas distancer. Sa cadence était rythméemais James ne comprit pas tout de suite l’attitude de l’animal. Il semblaitchercher quelque chose, il reniflait souvent et tournait la tête de gauche àdroite. Il se cacha derrière un arbre, mais continua d’avancer à pas de loups, leplus discret possible, de peur que la réaction de l’ours fût disproportionnées’il découvrait sa présence. Il n’eut pas peur mais fut juste surpris quandl’animal poussa un grognement qui résonna dans toute la forêt : James,comme s’il comprenait la langue de l’ours, sut immédiatement que labête avait décelé sa présence grâce à son odorat. Sa réaction aurait ététotalement incompréhensible pour quiconque aurait vu la scène : Jamess’avança pour se “présenter” à l’ours.

- Ne bouge … pas, n’aie pas peur... je … je m’appelle James, bégaya-t-il. Il recula un petit peu, craignant la réaction de cet individu qu’il tentaitd’apprivoiser.

- Je suis ici car … car je me suis enfui de chez moi. J’aime la vie sauvage,vois-tu… comme toi, d’ailleurs. Tu … tu t’appelles comment ?, finit-il, ense disant que si l’ours lui répondait, il serait devenu fou.

L’ours émit un grognement. James le regarda, surpris et fasciné. Il necomprit pas la réponse de l’animal et se dit qu’il allait lui trouver un joliprénom.

- Fuzzy, oui ... tu t’appelleras Fuzzy, dit-il, convaincant.L’ours le regarda et James eut peur qu’il n’aime pas son nouveau prénom.Il se dit en lui-même "James, tu es complétement fou, tu parles avec unours, et tu lui donnes un prénom comme s’il allait devenir ton animal decompagnie !!”. Devant le manque de réaction de l’animal, il se décidadonc, à continuer son chemin.

Juliette GAUTIER4ème, Collège Saint-Joseph à Libourne"Coup de foudre dans les bois"

ROMÉO ET JULIETTE

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Tant pis, la vie sauvage n’était peut-être pas faite pour lui, après tout !! Ilreprit le chemin inverse et marcha quelques minutes. Des larmescommencèrent à rouler sur ses joues. Lui qui avait tant rêvé de ce mondeoù il serait libre ! Tous ses rêves venaient de tomber à l’eau à cause de cemaudit ours. Eh bien, non ! C'était décidé ! Un vrai homme ne devait pasbaisser les bras comme ça, il devait se battre ! Il s’arrêta au milieu duchemin tracé par une camionnette et tourna à gauche, en direction d’unautre chemin.

Un bruissement dans la forêt, derrière lui. James se retourna si vite qu’ilfaillit perdre l’équilibre et il réalisa à cet instant qu’il n’avait aucune arme.Mais, il n’en aurait pas besoin devant cette magnifique créature qui venaitde sortir du bois. Grande, belle, mince, cette jeune fille était toutsimplement époustouflante.

- Tu fais quoi ici ? lui demanda la créature, avec une voix si légère et sidouce. - Euh … euh … j’ai suivi un ours, lui répondit-t-il, en se disant qu’elle allaitle prendre pour un fou. - Toi ? le questionna-elle en le regardant de haut en bas d’un airsceptique.- Euh… oui. Pourquoi ?- Tu n’as pas l’air d’un garçon qui suit un ours, répondit-elle ens’approchant de lui. Et ici, tu es sur mon territoire donc je te conseillede vite partir ! - Désolé, je n’avais pas vu qu’il était écrit ton nom. Au fait, tu t’appellescomment ? Comme ça, quand je reviendrais, même si tu me l’asinterdit, je saurais qu’il ne faut pas entrer ! Tu l’as acheté quand tonterrain ? A quel prix ?

James avait conscience de pousser le bouchon un peu loin, mais aprèstout, cette fille se croyait vraiment chez elle ! Certes, elle était belle – etquasiment trop belle pour être vraie - mais ça n’excusait pas le fait qu’ellelui parle comme ça !

- Hannah. Et toi ? dit-elle en se radoucissant un peu. Je suis désoléemais ...- James. Mais peux-tu me dire pourquoi tu me parles comme ça ? Jene t’ai rien fait après tout, c’est toi qui viens me voir et qui medemandes clairement de déguerpir le plus vite possible, je ne t’ai riendemandé, moi ! Et puis, depuis quand la forêt t’appartient ? la coupa-t-il.

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Hannah avait beau avoir commencé à se radoucir ; lui, pour autant, n’enavait pas fini avec elle et son insolence. Il était rouge de colère contre cettepetite peste qui se croyait tout permis.

- Laisse-moi t’expliquer, James. Je viens plus souvent que tu ne lecroies ici et je connais celui que tu appelles Fuzzy. Je suis désolé det’avoir parlé comme ça, mais je suis en général très énervée contre lesgens qui me répondent “J’ai suivi un ours” avec cet air de riche touristesi bête ! Ces gens-là ne viennent que pour les compliments qu’ils vontrecevoir après, pur s’entendre dire “Que tu es courageux !”, croie-moi,je les connais, ça fait des années que je viens ici ! Ils se disentécologiques, car ils protègent la nature patati patata … mais ilsréussissent seulement à rendre encore plus sauvage les animaux. Nousavons la chance d‘être dans des forêts qui ont encore des espècessauvages et protégées et tant de gens gâchent cette chance!

Décidément, James avait du mal à cerner cette fille ! Un moment elleparaissait insolente, celui d’aprèselle récitait un monologue sur la natureet l’écologie !

- Tu es venu comment ici ? demanda James prudemment.- En vélo, comme tous les week-ends dès que j’ai le temps. Je le laisse àla lisière de la forêt. J’habite à Cannigton, c’est un tout petit village pasloin d’ci. Et toi ?- En stop. C’est la première fois que je viens ici mais j’habite à Haylent.C’est à une trentaine de kilomètres.- Oui, je connais, ma cousine y habite. Tu as des frères et sœurs ?

Qu’est-ce que cette fille était belle ! Sa grâce et sa beauté étaienttellement aveuglantes que James n’avait pas remarqué qu’elle était vêtuede pauvres vêtements et avait l’air d’une paysanne. S’il la présentait à sesparents, ils la trouveraient sûrement pas assez bien pour leur fils. Eux quiétaient si conservateurs des traditions familiales et qui voulaient à toutprix qu’il épouse une fille de bonne famille, ils allaient être surpris ! MaisJames en avait plus que marre que ses parents décident de sesfréquentations, il se fichait éperdument du “qu’en dira-t-on ?” auquel sesparents étaient tant attachés ! Les temps avaient changé et il fallait queses parents le comprennent ! C’est à ce moment-là qu’il réalisa qu’il étaitclairement amoureux de cette Hannah dont il ne savait pourtant presquerien.

- Non. Je suis fils unique. Et toi ?- J’ai trois frères et deux sœurs. Mes parents sont paysans et nousvivons à la campagne.

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Hannah avait, elle aussi, remarqué leur différence sociale. Mais elle étaitune romantique dans l’âme et elle croyait très fort au coup de foudre. Elleavait lu et relu Roméo et Juliette et espérait un jour connaître cet amour.Et même si elle aussi ne savait presque rien de ce James, elle en étaitamoureuse et avait l’impression que c’était réciproque.

- Mes frères s’appellent Jacob, Joseph et Jean et mes sœurs s’appellentMarie-Anne et Louise. Je suis l’aînée, poursuit-elle. C’est aussi pour fuirle bruit incessant de la ferme que je viens ici.- Tu veux qu’on s’asseye ? J’ai des choses à manger, si tu veux, proposaJames.- Oui avec plaisir.

Ils s’assirent au pied d‘un arbre et James ouvrit son sac et en sortit ce qu’ilavait amené. Il proposa à Hannah des biscuits, de l’eau et des fruits secs. Ilspartagèrent ensemble ce premier goûter, qui ne serait certainement pasle dernier car tous les jours, dès que possible, ils se retrouveraient ici, aupied de cet arbre, témoin de leur première rencontre.

Quelques jours plus tard, lors d’une de leur rencontre quotidienne,Hannah évoqua le sujet que tous deux redoutaient tant : les parents. Ilsn’avaient jamais encore évoqué ce sujet qui les inquiétaient tous les deux.Comment leurs parents allaient-il réagir à cette nouvelle ? “Il faudra bienqu’ils s’y habituent un jour !” songea James, tout en réfléchissant à quelleserait la meilleure manière de leur avouer.

- Je ne veux pas te brusquer mais …, s’empressa d’ajouter Hannah,devant sa mine inquiète.- Tu as raison, dans tous les cas, il faudra le dire un jour !

Dans la tête de James, plusieurs hypothèses se présentaient déjà. Mais lameilleure était sans doute de les inviter sans réellement les prévenir qu‘il yaurait d’autres invités. Il proposa donc son idée à Hannah.

- Je vais demander à notre bonne de préparer un repas, le plusmerveilleux possible, et je dirai à mes parents qu’on a quelque chose àfêter. Une fois qu’ils seront prêts à manger, je trouverai un prétextepour sortir de table et je viendrai vous ouvrir.

James se mit à dessiner grossièrement un plan de sa gigantesque maison– qui ressemblait plus à un palais aux yeux d’Hannah - et lui expliqua oùelle devrait l’attendre avec sa famille.

- Mais, que vais-je dire à mes parents pour qu’ils viennent ? demandaHannah.- Tu trouveras une excuse.

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- Et si ça ne marche pas ? Que ferons-nous James ?- On n’a pas le choix, Hannah, il faut que ça marche. Rendez-vousdemain soir, d’accord ?- Oui. J’ai peur, James ...

Ils s’embrassèrent et vient le temps de se quitter. Chacun partit de soncôté et James se dirigea vers la nationale où il répéta les mêmes gestesque d’habitude. Lever le pouce et attendre.

- Bon, tu montes gamin ? Tellement perdu dans ses pensées, il neremarqua pas la voiture qui venait de s’arrêter devant lui.- Oh … oui, pardon.

Une bonne demi-heure plus tard, le monsieur venait de s’arrêter devant samaison. James sortit de la voiture et s’apprêta à se métamorphoser pourredevenir le gentil garçon dont les parents étaient si fiers. Même si celapouvait paraître bizarre pour bon nombre de personnes, il n’était pasheureux. Eh bien, oui ! Qu’il en avait marre d’être un “fils de riche” commedisait les autres ! Si différent, il ne voyait jamais ses parents, qui étaient soitau travail, soit à des galas et grands dîners où ”il n’était pas bond’emmener les enfants”, comme disait sa mère. Et cette pauvre Maryse, quel enfer pour elle qui devait tout le temps seplier aux ordres de Mr et Mme ! Alors, certes, c’était son métier mais qu’ilétait injuste que certaines personnes soient obligées de faire ce métierpour pouvoir vivre! La seule personne qui pouvait le comprendre, c’étaitHannah. Même si elle était elle-même paysanne (mais James ne la voyaitpas du tout comment ça), elle partageait les mêmes opinions politiquesque lui.

Il frappa à la porte de chez lui et, comme d’habitude, Maryse vient luiouvrir.

- Bonjour Monsieur James, s’empressa-t-elle de lui dire. Avez-vous faitune bonne promenade ?- Bonjour Maryse, excellente, merci. Mes parents sont-ils là ?- Non, Monsieur. Ils viennent de partir pour leur gala avec le chauffeur.

Ils arrivèrent maintenant dans la salle à manger et James sentit une odeurde cuisine lui chatouiller les narines.

- Parfait. J’ai un service à vous demander, Maryse. - Je vous écoute, Monsieur.- J’aimerai que vous me prépariez un beau repas pour 11 convives pourdemain soir. Je sais que je vous demande un petit peu tard, mais n’enparlez pas à mes parents, je vous prie.- Très bien Monsieur. Je vous ai préparé un bœuf bourguignon pour cesoir.

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- Merci, Maryse, mais prenez congé. Allez-vous reposer dans votrechambre. - Mais, Monsieur, je n’aimerai pas que cela devienne une habitude. Lorsdu dernier gala, vous avez fait la même chose.- C’est normal Maryse. Je vous en prie. Bonne nuit. - Merci de votre bonté. Bonne nuit, Monsieur James.

Elle s’éclipsa dans sa chambre et il mangea un peu puis, partit se coucher.Qu’il avait hâte d’être demain ! Il s’endormit aussitôt qu’il pénétra dans sesdraps en rêvant que ses parents acceptent Hannah et sa famille.

Le lendemain soir, ses parents venaient de revenir de leur journée detravail et James appliqua son plan dès qu’ils eurent posé un pied dans lesalon.

- Bonjour Mère, Bonjour Père. Avez-vous passé une bonne journée ? --Bonjour mon chéri, oui, excellente, répondit sa mère pendant queMaryse la débarrassa de son manteau - J’ai une grande nouvelle à vous annoncer. Voilà … ce soir, on va fêterquelque chose d’important, et j’ai invité … 8 personnes que j’aimeraivous présenter.- Qui sont ces personnes ? D’où les connais-tu ? le questionna sonpère.- Ce sont des personnes que j’apprécie beaucoup. Ne soyez pas tropimpatients ! Ils arrivent dans une heure. Allez-vous préparer, maisrestez assez simples, s’il vous plaît. - Très bien, comme tu voudras, lui dit sa mère, d’un ton aimable.Maryse, j’espère que vous avez préparé le repas, poursuivit-t-elle d’unton cinglant.-Oui, Madame.

Maryse ne put s’empêcher de baisser les yeux quand elle répondit à lamère de James. Lui, il n’en pouvait plus de ce changement d’attitudequ’avaient ses parents quand ils s’adressaient à la bonne.

Environ une heure plus tard, ses parents revinrent dans la salle à manger,en costume cravate et robe de gala de luxe. C’est ça qu’ils appelaient “simple” ? Pourvu que tout se passe bien, ne puts’empêcher de penser James, passant de la colère à l’espoir.

- Asseyez-vous, chers parents. Je reviens.

Un sourire béat se forma sur les lèvres de James quand il s’engagea dansle couloir qui menait à la porte derrière laquelle devait attendre Hannah etsa famille. Il n’en pouvait plus d’attendre : il allait enfin la revoir !

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Il ouvrit et découvrit une magnifique jeune fille aux yeux bleus, suivie deprès par plusieurs enfants. Ils avaient revêtu leurs habits du dimanche etsouriaient joyeusement.

- Alors, c’est toi l’amoureux de Hannah ? le questionna un petit garçon.- Jacob ! le rappela une femme d’âge mûr. Excusez-le, je suis la mèrede Hannah, Charlotte. Et voici, mon mari, Georges, se présenta-t-elle.- Bonjour, je suis très heureux de vous rencontrer, Hannah m’abeaucoup parlé de vous. James, dit-il à l’adresse de ses parents.- Hannah aussi nous a parlé de vous. Et voici nos enfants, Jacob, Jean,Joseph, Marie-Anne et Louise, poursuivit Georges.- Bonjour, s’écrièrent les enfants en même temps.- Allez-y, entrez.

James était si heureux. Il les laissa entrer et ferma la porte derrière eux etils arrivèrent dans la salle à manger. Il tenait la main de Hannah etprésenta la famille à ses parents.

- Mère, Père, je vous présente Hannah, l’amour de ma vie. Et voici sesparents, Georges et Charlotte. Et ses frères et sœurs, Jacob, Jean,Joseph, Marie-Anne et Louise. Chers amis, voici mes parents, et Maryse,notre … bonne.

Il n’osait pas l’appeler “bonne” mais il était tombé dans le piège et vu latête de ses parents, il était clair qu’ils ne s’attendaient pas à cetterencontre. Mais ils se ressaisirent assez vite et les prièrent de s’asseoir.Après deux heures d’interrogations pendant lesquelles James ne faisaitque répéter à ses parents d’arrêter de poser des questions, il étaitconvaincu que ses parents allaient être contre cet amour. Et il ne se trompa pas. Dès que Hannah et sa famille furent partis (Dieumerci, les enfants n’avaient pas crié ! Et oui, ses parents détestaient aussiça, ils s'empressèrent de lui dire qu’il ne pouvait pas aimer une paysanne,qu’elle était trop pauvre, que ça ne leur donnerait pas une bonne image … Sa mère lui cria :

- Tu imagines si on apprend que notre fils aime une pa-y-sa-nne ! Nonmais n’importe quoi ! Et puis, où l’as - tu rencontrée ? Comment as-tupensé une seconde qu’on allait accepter ça ?

Il partit dans sa chambre, claqua la porte au nez de ses parents, et se jetasur son lit en pleurant. Il était tellement en colère contre ses parents etcontre ses foutues barrières sociales qui existaient ! Qu’il était triste ! Lerepas s’était très bien passé - en apparence – et il avait trouvé vraimentgentils les parents et les frères et sœurs de Hannah. Mais ses parents n’étaient apparemment pas du même avis !

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Il repensa à la conversation qu’il avait eue avec elle dans la cuisine ce soir.Elle lui avait dit en se mettant à pleurer :

- James, je vois bien que tes parents nous trouvent trop pauvres et nenous autoriseront pas à nous revoir ! Je savais qu’il était encore troptôt! - Hannah (il lui avait pris la tête entre ses mains), je t’aime. Tu m’aimes?- Mais bien sûr James !- Eh ben, où est le problème ? On s’aime et on a de l’espoir. Il faudrabien qu’ils acceptent notre relation un jour ! On va y arriver, je te lepromets !- D’accord, tu as raison.

Et ils étaient repartis à table, l’air de rien. Eh bien, oui ! Ils allaient se battre pour leur amour, quelque en soit le prix!Ils s’aimaient, ils étaient jeunes et avaient toute la vie devant eux ! Ilfaudrait bien que leurs parents s’y habituent, car cet amour quisurmontait (du moins qui essayait) les barrières sociales ne faisait quecommencer et il allait durer ! pensèrent en même temps James etHannah chacun de leur côté, avant de s’endormir et de rêver d’un mondemeilleur ...

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James suivit l'ours jusqu'à un campement où étaient regroupées unedizaine de tentes. L'ours prit une forme humaine comme par magie. Julesresta cloué sur place, la fille se retourna brusquement et cria : « Je t'ai vu mon garçon !! ». James fut pris de panique et sous le stress ils'évanouit . Quelques heures passèrent. Le jeune garçon se réveilla avec un bon grosmal de tête. La jeune femme de la veille ouvrit la tente et s'assit sur unbanc devant James. Elle commença par lui demander :

- «Que fais-tu ici ?- J...je ne sais pas madame, balbutia James

Elle le questionna : - Sais-tu qui nous sommes ?

James lui répondit : - Non, je ne sais pas .

Elle lui expliqua : - Comme tu as pu voir , nous sommes plusieurs dans ce campement,c'est la «base» de notre groupe, nous sommes les Transhumains, ungroupe d'humains capables de changer notre apparence humaine enapparence animale. Mais nous sommes recherchés par legouvernement pour faire des expériences sur nous. Mon groupe doitcontinuer sa route vers un but commun: fuir l’État et ses militaires, ettrouver une forêt où nous serons tranquilles jusqu'à la fin de notre vie!

Le garçon lui dit: - D'accord, donc vous êtes ici que pour un temps réduit?

La femme acquiesça, James lui annonça : - Est-ce que je peux vous suivre dans votre périple ?- Si tu veux mon garçon! Mon nom est Ellisa .- Moi c'est James!»

James utilisa sa fin de matinée pour aménager la tente que lui avaitprêtée Ellisa pour la nuit.

Alexis DURAND4ème, Collège Robert Barrière à Sauveterre-de-Guyenne"Les transhumains"

LA TRAQUE

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À la fin de la journée, tous les membres du groupe s'étaient regroupésautour d'un feu de camp pour manger et discuter. Ellisa annonça queJames les suivraient dans leur but mais qu'il n'était pas un Transhumain.Le nouveau fit connaissance de tous les membres. Après une heure derepas, il avait fait ami avec tous les Transhumains. Vers 5h du matin, Jamesse fit réveiller par Ellisa, il enfila ses vêtements, se lava et sortit de sa tente.Brice, un Transhumain, lui expliqua qu'ils devaient absolument quitter leslieux car un habitant du village les avaient dénoncés aux autorités. Ilsrisquaient de se faire capturer par des militaires d'un moment à l'autre.James était paniqué, il ne savait pas quoi faire. Ils mirent 2h pour toutremballer, tout mettre dans les 4x4 et s'enfuir aussi vite que possible.

James était tout anxieux, Ellisa passait son temps à regarder James ce quirendait le jeune garçon tout rouge. Pendant les ¾ du voyage, ils ne separlaient jamais mais ils se scrutaient. Une situation les a d'un coupdébloqué : une voiture de police les suivait depuis un bon bout de temps.Ellisa prit un talkie-walkie et demanda à toutes les voitures de se sépareret de se retrouver à l'endroit convenu. Mais ce n'était qu'une banalevoiture de police en train de vadrouiller dans les alentours.

À la fin de la route, tous les membres étaient là, sans encombre. Ilsinstallèrent les tentes. James remarqua une mallette au fond du 4x4,curieux, il ouvrit cette dernière. James eut un frisson, c'était une malletteremplie d'armes à feux de tout genre. Le jeune garçon alla demander àEllisa ce que faisaient ces armes ici, Ellisa lui raconta : «26 de messemblables sont morts à cause des expériences menées sur eux ou àcause des policiers, nous sommes en guerre James! Ces armes nousservent au cas où il y aurait des morts ou qu'on se sentirait en danger demort ». Elle lui expliqua aussi que leur peuple existait depuis desmillénaires mais que suite à la déforestation et à sa persécution, sonpeuple était en train de disparaître de la planète.À la fin de la journée, tousles membres du groupe s'étaient regroupés autour d'un feu de camp pourmanger et discuter. Ellisa annonça que James les suivraient dans leur butmais qu'il n'était pas un Transhumain. Le nouveau fit connaissance detous les membres. Après une heure de repas, il avait fait ami avec tous lesTranshumains.

Vers 5h du matin, James se fit réveiller par Ellisa, il enfila ses vêtements, selava et sortit de sa tente. Brice, un Transhumain, lui expliqua qu'ilsdevaient absolument quitter les lieux car un habitant du village les avaientdénoncés aux autorités. Ils risquaient de se faire capturer par des militairesd'un moment à l'autre.

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James était paniqué, il ne savait pas quoi faire. Ils mirent 2h pour toutremballer, tout mettre dans les 4x4 et s'enfuir aussi vite que possible.James était tout anxieux, Ellisa passait son temps à regarder James ce quirendait le jeune garçon tout rouge. Pendant les ¾ du voyage, ils ne separlaient jamais mais ils se scrutaient. Une situation les a d'un coupdébloqué : une voiture de police les suivait depuis un bon bout de temps.Ellisa prit un talkie-walkie et demanda à toutes les voitures de se sépareret de se retrouver à l'endroit convenu. Mais ce n'était qu'une banalevoiture de police en train de vadrouiller dans les alentours.

À la fin de la route, tous les membres étaient là, sans encombre. Ilsinstallèrent les tentes. James remarqua une mallette au fond du 4x4,curieux, il ouvrit cette dernière. James eut un frisson, c'était une malletteremplie d'armes à feux de tout genre. Le jeune garçon alla demander àEllisa ce que faisaient ces armes ici, Ellisa lui raconta : «26 de messemblables sont morts à cause des expériences menées sur eux ou àcause des policiers, nous sommes en guerre James! Ces armes nousservent au cas où il y aurait des morts ou qu'on se sentirait en danger demort ». Elle lui expliqua aussi que leur peuple existait depuis desmillénaires mais que suite à la déforestation et à sa persécution, sonpeuple était en train de disparaître de la planète.

Quelques jours passèrent … Dehors, tous les Transhumains avaient pris la forme d'un loup pour allerchasser. James décida de monter sur le dos d'Ellisa qui elle avait prit laforme d'un aigle histoire de surveiller les alentours au cas où les militairesles prendraient en chasse. Celle-ci se passa bien, ils récupérèrent deuxchevreuils, un sanglier et six lapins. Ils allaient enfin pouvoir partir. Saufqu'il manquait un de leur compagnon, c'était Brice. Pendant toute la fin de journée, ils l'ont cherché dans tous les bois desalentours. Vers 19 heures, James et Ellisa entendirent un coup de feu, ilscoururent vers l'endroit où le coup de feu avait retenti, les militairesétaient là, avec leurs fourgons blindés. Il y avait au moins 5 Transhumains àterre et une vingtaine de militaires gisaient sur le bord du chemin. Ellisaprit la forme d'un ours et accourut vers ses amis blessés pour les sauverpuis elle repartit au front. James voulu la retenir mais trop tard elle avaitfait son choix. Ellisa dit à James de partir aussi loin qu'il le pouvait, avec lessurvivants, le jeune garçon ne l'écouta pas, il voulait rester. Les militairescommencèrent une offensive, Ellisa réussit à les repousser. Un coup de feuretentit, c'était les renforts de l'armée.

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Les Transhumains restants voulaient encore se battre sauf que c'étaitpeine perdue. Le groupe décimé dû quitter le champ de bataille et s'enfuir,heureusement les militaires étaient trop occupés à soigner les blessés parEllisa et ses amis. Le clan avait perdu sept de ses compères dont troiscapturés. Pour éviter d'être repérés et pour se soigner, ils durents'éloigner du bois . James avait dans sa tête, une idée d'un plan pour allerrécupérer les amis d'Ellisa.

Le lendemain vers 10 heures, James décida de réunir le clan pour leurparler du plan. Il y passa 2 heures pour tout leur expliquer.

James récapitula : -« François, Georges, Emilie et Faustine vous monterez la gardeFredéric, Jonathan, Gaëlle et Cassandra vous irez récupérer lesprisonniers et Ellisa, William, John et moi nous vous protégeronspendant que vous récupérez les prisonniers.

Tout le monde cria en cœur : - Chef, oui, Chef! »

Tout le groupe était prêt, ils devaient tous attendre 21 heures pourcommencer l'opération: «recover» (récupérer).21 heures passées, tous les camions étaient prêts à partir, l'opérationpouvait commencer, Ellisa et son groupe partirent en premier, suivis dugroupe de Cassandra et puis en dernier le groupe de guetteurs quisurveilleraient l'entrée et la sortie des militaires. Ils ont tous rendez-vousdans le camp militaire de Neubourg, dans le Bas-Rhin, la base militaire laplus proche. Le convoi s'arrêta à 1 kilomètre de la base pour éviter de sefaire repérer.

Vers 22 heures ils étaient arrivés à la base, Ellisa neutralisa les cinq gardes,qui furent emmenés au dernier groupe chargé de les surveiller. Ils setransformèrent tous en serpents pour être le plus discrets et James pritl'uniforme d'un militaire. Tout se passait bien jusqu'à ce que John se fasserepérer par un militaire, les serpents réussirent à le neutraliser. Sauf queson cri alerta tous les militaires aux alentours qui firent sonner l'alarme.Tous les Transhumains devaient récupérer les prisonniers qu’ils avaientdélivrées et s’enfuir discrètement. Sauf qu’il y avait un problème, lesmilitaires étaient trop nombreux par rapport au groupe d'Ellisa alors ils ontdécidé de combattre les militaires malgré leur surnombre.Malheureusement, le groupe se fit repousser ,William et John se firentneutraliser, il ne restait que James et Ellisa en vie.

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La jeune femme avait de nombreuses blessures au niveau des organesvitaux et elle perdait beaucoup de sang.Ellisa repoussait les militaires pendant que James se protégeait tantbien que mal. Un hurlement se fit entendre , c'était James, il venait dese faire transpercer par Brice, le Transhumain qui avait disparu. Dèsqu’Ellisa vit le corps de James en sang, elle courut vers lui et cria : «Noooooooon !!!! La jeune femme pleura toutes les larmes de son corps.Une lumière entoura Ellisa, des ailes lui poussaient ainsi qu'une queue etdes griffes dès que la lumière s’éteignit, elle était devenue une dragonne,elle s'envola et assomma tous les militaires avec sa queue. Tout enprotégeant James, dès qu'elle eut fini le travail, elle se transforma enhumaine. Les yeux plein de larmes, elle se tourna vers Brice.

- Pourquoi nous as-tu trahis Brice, pourquoi!Brice lui répondit:

- Parce que j'en avais marre de tout le temps fuir, je voulais vivrecomme tout le monde, l'armée m'a promis de me libérer, mais àcause de moi nombre de mes semblables sont morts, alors tue-moije ne mérite pas de vivre!!»

Ellisa décida d’épargner Brice à une condition qu’il ne viendrait plusdans le clan jusqu'à la fin de sa vie. Pendant ce temps , les secoursarrivèrent pour soigner James et les militaires. James sortit vivant de son coma de 10 jours alors qu’Ellisa était sorti del’hôpital depuis 5 jours. À la fin de son hospitalisation, James rejoignitses amis Ellisa avoua à James qu'elle l'aimait. Quelques mois passésensemble James et Ellisa décidèrent de se fiancer, ils invitèrent tousles Transhumains ainsi que la famille de James pour fêter leurfiançailles.

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Valentine LOMBART-BERTOLUS4ème, Collège de Lacanau à Lacanau"L'appel de la forêt"

BOOMERANG

Après avoir longtemps marché, James, fatigué, décida de se reposer. Ilsortit un paquet de biscuits de son sac et l’entama : ils étaient secs et sanssaveur. James les finit avec peine, puis reprit sa route, sans vraiment savoiroù il allait.

Quelques heures plus tard, le garçon arriva dans une petite clairière que lesoleil éclairait de sa douce lumière. Après avoir admiré la beauté des lieux,il regarda plus attentivement un rocher étrange ; il s’approchadoucement, restant sur ses gardes, il observa et vit que ce rocher respirait !Plusieurs minutes passèrent sans que James fasse le moindremouvement ; c’est alors que le «rocher» se retourna ! L’enfant aperçut unetache blanche. Il reconnut immédiatement l’ours qu’il avait croisé plus tôtgrâce à ses yeux. Après s’être profondément regardés, l’ours se leva,croyant que son compte était bon. James ferma les yeux, il s’imagina où ilirait, se demanda si le paradis existait et s’il mériterait alors d’y aller ! Aprèsavoir longtemps songé, le garçon, trouvant le temps long, ouvrit les yeux :il vit l’ours qui l’observait attentivement puis se retourna et s’en alla dans ladirection opposée. Après plusieurs pas, l’animal s’arrêta, regarda pardessus son épaule et appuya son regard sur James. Le garçon encore sousle choc était paralysé... Soudain, l’ours lui fit un signe de tête afin que lejeune humain le suive.

La marche était longue et James trébuchait souvent dans des racines ; iltombait mais se relevait, l’ours se retournait parfois pour vérifier qu’il lesuivait toujours. Le soleil se coucha quand l’enfant et la bête arrivèrentdans ce qui semblait être une grotte. Affamé et épuisé, James sortit unepoche de fruits secs et les mangea goulûment. Il sortit son duvet et leposa sur le sol. L’ours l’observa, intrigué. Après avoir installé son sac decouchage le jeune garçon s’y glissa à l’intérieur. L’animal ayant conclu qu’ilavait fini, s’allongea à son tour au fond de la grotte et tous deuxs’endormirent.Le lendemain, James se réveilla sans pour autant ouvrir les yeux. Il repensaà la veille, puis se persuada que tout cela n’était qu’un rêve.

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C’est alors qu’il entendit un bruissement de feuilles ; il ouvrit les yeux et seretrouva en face de l’ours trempé, un poisson dans la gueule. La bête lâchasa proie sur le garçon qui sursauta avec un petit cri aigu ; puis reprenantses esprits, il comprit que c’était un geste d’affection. Il se rappela de sonmaigre repas de la veille et décida de cuisiner ce «cadeau». Pendant lajournée, il essaya d’allumer un feu avec ce que la forêt lui proposaitcomme des brindilles ou du silex sous le regard curieux de l’ours. Aprèsplusieurs heures de travail et ayant les muscles des bras tétanisés, Jamesayant perdu espoir de produire la moindre étincelle partit, dépité, pour sechanger les idées dans la forêt. Il avait la gorge sèche et l’estomac vide. Ilsortit la gourde de son sac et la but complétement. Il reprit un sachet defruits secs, mais ce n’était pas suffisant ; son ventre se mit à gargouiller :entendant cela, le garçon prit un paquet de biscuits et avalamécaniquement les quelques gâteaux qu’il contenait.

Il retourna finalement à la grotte, et, regardant l’ours, lui dit :- « au moins toi tu n’as pas ce problème ! tu manges ce que tu veuxsans te soucier si c’est bon ou pas ! ».

Puis il s’avança dans la caverne. Après quelques pas, il sentit une chosedure qui roula sous sa chaussure. James leva le pied et trouva un petitbout de plastique rouge : il l’observa, et soudain une lueur monta dans sesyeux. Il courrut chercher des branches et des feuilles sèches et en fit ungros tas. Il s’empara de sa découverte, puis il fit rouler le petit morceauxde métal qui se trouvait au dessus du plastique : une étincelle puis uneflamme éclaira le visage émerveillé de James qui s’écria :

- « ça, mon ami, ça s’appelle un briquet ! une des meilleurs choses quel’Homme ait créé ! ».

Effrayé, l’ours recula en voyant le tas de bois prendre feu.Après avoir essayé de rassurer son ami poilu, le garçon prit une longuebranche et enfourcha le poisson du matin. Il prit aussi une boîte deharicots et déposa le tout sur les braises. Une fois cuite, James lança unmorceau de poisson à l’ours qui, alléché par l’odeur, s’empressa del’attraper et de le porter dans sa gueule. Il sembla apprécier cette nouvellesaveur. L’ours et l’humain se regardèrent attentivement, puis la bête,repue, se déplaca au fond de la grotte pour s’y étendre. James à son tourdécida qu’il était temps pour lui de s’endormir.

Il ne faisait pas encore jour quand James se fit réveiller par la pluie. Son sacet son duvet étaient humides et le feu de la veille était éteint. Le garçontira alors ses affaires un peu plus à l’abri dans la grotte, sauf sa bouteillevide qu’il laissa dehors afin de la remplir.

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Il resta accroupi, écoutant le bruit des gouttes tombant sur le métal de sagourde. Il fut sans doute midi quand la pluie s’arrêta de tomber. L’ours seréveilla ensuite, sortit de la grotte et partit chasser. L’enfant prit le dernierpaquet de fruits secs, but la gourde remplie d‘eau de pluie et, surpris, ilremarqua quel avait le même goût que l’eau qui sortait de son robinet,voire meilleure. Une demi heure plus tard, l’ours rentra avec un panier depique-nique dans sa gueule qu’il déposa aux pieds de James ; celui-cihésita quelques secondes, puis posa sa main doucement sur le front de labête et la caressa... L’ours, surpris, se redressa sur ses pattes arrières et fittomber James par terre. Il se rappela alors que jamais il ne pourraitapprivoiser cet animal ; il avait beau ne pas être agressif, il était quandmême sauvage, et surtout, il était libre ! Il ne voulait pas le priver de cetteliberté. Puis le garçon regarda ce qu’il y avait dans le panier : il découvritun avis de recherche avec sa photo et son nom dessus ; il vit aussi deuxsandwichs. C’est alors qu’il comprit que ses parents lui manquaient et quel’ours voulait qu’il parte, pour retrouver sa liberté. Alors le garçon préparases affaires sous l’œil attentif de l’ours... il était trop tard, il ne partirait quele lendemain.

Au petit matin, James se réveilla et ne vit pas l’ours qui était probablementparti chasser. C’est avec regret qu’il prit le départ sans pouvoir saluer soncompagnon qui l’avait mené jusque là. Après de longues heures de marche, il arriva chez lui au crépuscule et sefit accueillir par ses parents, en pleurs. 10 ans plus tard :Un matin d’été, James se leva et attrapa son sac à dos, il y mit une grandegourde d’eau et une dizaines de fruits et un gros morceau de viande. Ilreferma le sac, ouvrit la porte, la claqua derrière lui, il prit son vélo etpédala droit devant lui. Après plusieurs heures, il vit une petite entréemenant à une grande forêt dense. Il pédala dans sa direction et s’enfonçadans le bois. Quelques heures passèrent quand il tomba sur une entrée degrotte qui lui parut familière. Il descendit de son vélo et regarda autour delui mais ne vit rien. Déçu, il fit quelques pas vers son vélo... Soudainement,il entendit une branche se briser derrière lui ! Il se retourna et vit unetouffe de poils blancs dans l’obscurité de la forêt ; Médusé, il observaattentivement sans oser y croire vraiment, etvit un ours. James parla alors calmement et dit :- « Bonjour mon vieil ami ! »

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Antoine BOUSSINOT3ème, Collège Jean Zay à Cenon"Déjà vu"

METAMORPHOSE

Il attendit un peu au cas où le jeune homme changerait d’avis, puis il finitpar s’en aller.Une fois descendu du camion, il partit au fin-fond de cette forêt qui, del’extérieur paraissait immense. De l’intérieur on voyait qu’elle était aussidense et exotique qu’une jungle tropicale. De l’extérieur du camion, onentendait le chant des oiseaux, les cris des criquets et le chant desgrenouilles, on entendait aussi le bruit du vent qui passait entre les feuilleset le bruit de l’eau qui coulait doucement.

Pleins de bruits que l’on n’entendait jamais en ville. Il s’enfonçait peu àpeu dans cette forêt sans fin. Après de nombreuses heures de marche à larecherche de l’endroit parfait pour se reposer, il le trouva finalement,devant lui, entre un ruisseau et cet immense arbre qui devait bien avoircent ans. Il posa son sac avec l’impression qu’il s’était alourdit durant samarche. Il se pencha au-dessus du ruisseau pour se rincer le visagetranspirant et remplir sa gourde vide. Après ça il s’assoupit.

A son réveil, les arbres n’avaient plus de feuilles, un duvet blanc et glaciallui recouvrait le corps et le sol. Avec l’impression d’avoir hiberné enautomne, il se leva avec cette autre impression de mesurer trois mètres dehaut et de peser trois cents kilos. Étonné, il alla boire de l’eau pour seréhydrater, mais l’eau était gelée, en regardant l’eau glacée, il cherchaitdésespérément son reflet, mais il n’était pas là.

A la place il vit le reflet d’un ours. Sans réfléchir il prit ses jambes à son couet il courut en tombant de multiples fois ; courir sur ses quatre pattes luiparaissait plus simple, alors il se mit à quatre pattes et sa vitesse semultiplia par deux. Après une course dont il ne saurait dire le temps, ils’arrêta puis s’allongea. Il vit un peu d’eau, il se baissa pour boire, mais lereflet qu’il vit était celui d’un ours… Il se retourna en sursaut, mais aucunours ne se présentait dans cette forêt sombre. Quand soudain, le déclic, ilse rendit compte qu’il avait couru pour rien, que cette facilité à courir surses quatre pattes n’était pas un hasard.

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IL ÉTAIT UN OURS !!! C’était impossible, comment serait-ce possible ? Luitransformer en ours ? Mais ça n’avait aucun sens. Il plongea sa tête dans laneige espérant que tout redevienne normal, après tout ça ne pouvait êtrela réalité ! Se métamorphoser en ours, ça n’existait que dans les films. En sortant latête de la neige, avec une impression d’être dans un rêve, il voulut rire,mais seul un grognement inhumain sortit de sa bouche. Désespéré, ilrevint sur ses pas pour retrouver son sac dans lequel se trouvait le peu denourriture qu’il y avait mis ; En arrivant à son sac le ventre vide et le moralà zéro, la neige qui passait dans son pelage pour lui glaçait la peau ; ildécouvrit que malheureusement son sac était aussi vide que son ventre. Ilpouvait remarquer des empreintes de pas d’homme autour de l’endroitoù se trouvait le sac. Les pas se dirigeaient vers l’endroit opposé de celuivers lequel il s’était enfui. Il décida donc de les suivre en espérant ne pastomber sur un chasseur, mais ? Le voilà en train de penser comme unours, étrange. Il avança jusqu’à trouver une route, c’était là que tout avaitcommencé. Un camion arriva. L’ours était au milieu de la route quand ils’arrêta. Le chauffeur fixa l’ours avec terreur et impression de déjà-vu.Ensuite il observa le jeune homme à côté du chauffeur, il avait l’air fatigué,comme s’il s’était levé un matin en se disant d’aller faire une nouvelle vieailleurs. Le jeune homme descendit du véhicule et s’enfonça dans la forêtblanche. Comme si de rien n’était l’ours fit de même. Le camion prit unpeu de temps avant de repartir, mais il finit par s’éloigner.

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Mathilde BERLAND et Chloé COURBIN 5ème, Collège Rambaud à La Brède"Dans un monde parallèle"

GAMES OF THRONES

Après le départ de la camionnette James était déjà bien loin dans la foret,il n’arrêtait pas de penser à cet ours persuadé qu’il l’avait appelé. Jamessuivait les pas de l’ours pensant l’emmener quelque part. Apres une heurede marche intense, il tombât sur un box très petit avec une porte en pleinmilieu. James était intrigué par cette curieuse porte alors il décida del’ouvrir. Il rentra dans la pièce sauf qu’il était retourné dans la même foretoù il était avant sauf qu’il y avait les arbres sans feuille et le ciel étaitcapricieux avec des éclairs. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passermais il ne s’inquiétât pas plus que ça, pensant qu’il hallucinait suite à lachaleur intense et son manque d’idratation il mettait donc son blousonchaud et continua à marcher.

Après quelques heures de marche il s’écroula par terre, ouvrit un paquetde biscuit, buvait une gorge d’eau revêtait son duvet et s’endormitinstantanément. A l’aurore de la journée il fit réveiller par une truffe froided’un animal, il ouvrit les yeux et se rendit compte que c’était l’ours pris depanique, il jeta son biscuit à l’ours pensant qu’il voulait lui faire du mal. Il seposait un tas de question : Comment a-t-il pu passer cette porte ? Me veut-il du mal ? Est-il réellement un ours ? Jusqu’au moment où devant sesyeux l’ours se transformât en un humain. Ce n’était pas n’importe quel humain c’était son premier chauffeur quil’avait emmené. James dit : « mais je vous reconnais vous, que me voulez-vous ? »

-Tu as été choisi James.- Mais qui êtes-vous, je ne comprends rien à ce que vous me dite ?- Je vais tous t’expliquer : il y a bien longtemps de ça quand tu n’étaisqu’un petit enfant ta mère et moi ne pouvions pas te garder donc noust’avons donné à une pauvre famille qui ne pouvez pas avoir d’enfantelle t’a élevé car ici notre monde était trop dangereux pour toi maisaujourd’hui nous avons besoin detoi car tu es le seul héritier du trône.- Mais de quel royaume parlez-vous. Je ne suis l’héritier de personnemais si je comprends bien vous êtes mon père.

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-Tu vois ce monde n’est pas une hallucination il existe bien, cette portequi t’a permis d’arriver ici, seules les personnes de notre mondepeuvent la voir.- Mais pourquoi m’as-tu suivi.- Il y a bien des années que ce monde est comme ça, les westerns nousont attaqué et depuis notre monde règne dans le chaos. Ta mère etmoi nous pensions que notre monde était dévasté. Et donc nous avonspensé que tu étais notre seule solution, je suis donc parti à tarecherche quittant mon monde pour te retrouver. Je suis arrivéedevant chez toi, pendant une longue semaine je t’ai observé et je mesuis fait passer par un grand nombre de tes connaissances comme leboulanger ou le facteur, hier matin je t’ai vu sortir de chez toi et c’étaitma seule chance de te ramener ici. Je me suis fait donc passe pour unchauffeur je t’ai déposé pour ensuite te suivre et te mener jusqu’ici. Ettoi pourquoi m’as-tu suivi dans la foret ?- Ce regard me semblait familier et peu d’ours savent dire mon nom. Jesuis scandalisé par ce que vous venez de dire. Mais je vais vous aider àretrouver votre monde.- La seule manière de sauver le monde est que tu traverses le foretinterdit et que tu t’assois sur le trône qui est de l’autre côté de cetteforet. Va mon fils, il faut que tu y ailles seul bonne chance.

James traversât la foret, elle faisait horriblement peur, elle avait unevégétation luxuriante elle était sombre et le ciel était encore plus orageux.James pensa plusieurs fois à repousser chemin mais il pensait à sesparents, il devait continuer car c’était son devoir, il gardât son sang-froid ettraversât la foret, il passât des jours entiers dans celle-ci il était affamé etc’était blessé à la jambe. Il n’en pouvait plus, il entendait des bruits commedes gens qui le suivait. Cinq jours plus tard il vit un endroit que son père luiavait décrit et il se rappelât que cet endroit détenait le trône il reprit espoircourut vers le trône mais c’est à ce moment que les westerns se mirent àtravers son chemin. Ces horribles ogres dévastaient notre royaume lesumwin. James prenait son courage à deux mains et chatouilla les ogresavec une feuille qu’il avait trouvé par terre, il s’élança, passât entre lesjambes des ogres. Il vit un grand trône, avança de plus en plus et courutpour allait s’asseoir sur le trône mais dès qu’il s’y posa, il se transforma enours, et tous redevint comme avant. La végétation fleurissait à nouveau,les animaux sortaient de leurs cachettes le ciel était redevenu bleu. Ilretourna voir sa famille et quelques jours plus tard il fut couronné roi. Leroyaume retrouvait son charme et surtout James était épanoui avec sesparents.

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Solène BRILLET4ème, Collège Marcelin Berthelot à Bègles"Une amitié formée"

FAMILLE DE COEUR

Quand James se trouva devant l’ours, ils se fixèrent un moment. Quand ilvit que la patte arrière gauche de l’animal saignait, il prit doucement sagourde et versa de l’eau sur ses mains pour rassurer l’ours. Il s’approchadoucement de l’énorme bête, celle-ci se laissa faire et il pu nettoyer laplaie. Comme il commençait à avoir faim, il sortit de son sac des gâteauxet en mangea un. Il en donna un à l’ours qui le planta sur une griffe avantde le mettre dans sa gueule. L’animal le recracha aussitôt avec un air dedégoût et se retourna pour s’enfoncer dans la forêt. Le garçon attendit,assis par terre. Quand l’ours revint avec du miel, le soleil ne tardait plus àse coucher. L’ours lécha le liquide visqueux puis le tendit à James. Le jeune homme enfonça son doigt dans le liquide jaune qu’il avaitl’habitude de voir en pot, et le trouva encore meilleur qu’enfermé dans cedernier. La grosse bête fit trois pas vers les grands arbres avant de setourner pour regarder James de ses minuscules yeux marrons. Il attendit,comme pour inviter le jeune garçon à le suivre. Celui-ci fit quelques pasvers l’animal sans hésiter. Ils arrivèrent devant une entrée noire quiressemblait à une grotte, l’ours s’y engouffra. James, intrigué, le suivit. Al’intérieur, le garçon ne voyait rien ; ni ses mains, ni là où il mettait sespieds, ni même l’imposante silhouette de l’ours. En revanche, il apercevaitles yeux de l’animal lorsque celui-ci le regardait. Dehors, le soleil laissaitplace à la lune. L’énorme bête noire s’allongea pour la nuit, et, de ses petitsyeux, proposa au garçon de faire de même. Épuisé par cette journée,James se lova contre l’épaisse fourrure de la bête. Rapidement, ils’endormit, rassuré par la respiration de son nouvel ami.

Le matin suivant, l’ours avait disparu. Le jeune garçon sortit du repère del’animal. Puis il entendit des pas, il vit une ombre, il sentit une odeurmélangé avec une autre qu’il reconnut car il en mangeait tous lesvendredis : du poisson. Il l’aperçut enfin ! Une énorme bête noire d’un poilmagnifique avec sur son front une touffe de poils blancs en forme d’étoile.James laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres, ravi de savoir que sonami était un excellent pécheur.

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Dans une des balades matinales, les deux amis entendirent des hommescrier le nom du garçon. Entre deux arbres, ils aperçurent les uniformes despoliciers ! Trop curieux, ils s’étaient un peu trop approchés du groupe depersonnes. Les policiers les avaient vus et s’apprêtaient à les poursuivre.Pris de panique l’homme et l’animal s’étaient regardés jusqu’à ce quel’ours se baisse pour laisser le garçon monter sur son dos. Ils avaientparcourus quelques kilomètres à grande vitesse, l’un au dessus, l’autre endessous. L’ours avait pris peur car il n’avait jamais vu autant d’hommes niaussi agressifs ! Le garçon, lui, avait tout de suite compris que cespersonnes-là le cherchaient pour le ramener chez lui ou plutôt chez sononcle... Le jeune garçon n’en avait aucune envie, ses parents étaient morts troisans après sa naissance dans un accident de voiture et depuis, il vivait chezson oncle, qui passait ses journées à travailler. James ne le voyait passouvent, la plupart du temps il était tout seul dans l’immense maison deson oncle, James était réservé et n’avait pas d’amis. Le garçon n’hésita pasentre rester dans la forêt et retourner chez le frère de son père, alors ilserra encore plus fort la fourrure de l’ours entre ses mains tremblantes depeur. La bête poilue ralentit. Ils étaient bien assez loin pour ne pas êtrerattrapés. Essoufflé, l’animal se dirigea vers une grotte que James n’avaitjamais vue. A l’entrée une petite tête timide sortit de l’ombre, elledévisagea l’humain, puis, satisfait, l’ourson se jeta dans les jambes deJames qui tomba. Le petit animal lui lécha la joue comme le ferait unchien. Pour l’enfant, la boule de poils deviendrait sûrement le frère qu’iln’avait jamais eu.

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Hajar NOUAMANE et Sirine HAMIOUI5ème, Collège Marguerite Duras à Libourne"Naissance d'une amitié"

CONSTELLATION

James entra dans la forêt, en suivant l’ours discrètement. Avec le froid, ilralentit le pas et n’arrivait plus à repérer l’ours. Il était gelé, avait mal à latête et à bout de forces, il s’évanouit. Au milieu de la nuit, une lumièreétincelante réveilla le jeune garçon, il suivit sa trace. Après un long trajet,il se retrouva dans un camp peuplé d’ours et aperçut son ours avecl’étoile, qui s’illuminait dans la nuit obscure. Pendant de longues minutes,James observa l’ours avec fascination . Soudain, il entendit des voix danssa tête, il eut très mal et tomba à terre.A son réveil, James ne se sentit plus lui même. Il regarda autour de lui etconstata avec stupeur que son corps s'était métamorphosé en celui del’animal !

Il portait lui aussi une étoile sur le front. Toute la journée, il chercha unmoyen de retrouver son corps d’origine, en vain... il s’imagina qu’il s’étaitfait dévorer par un autre ours.

A la nuit tombée, toutes les étoiles qui illuminaient le ciel se rejoignirentau dessus de James l’ours, et formèrent une flèche qui montrait ladirection d’un chemin. Il fut étonné de voir une étoile se former dans leciel.

Le nouveau James ours suivit la flèche et ne regarda qu’elle pendant delongues minutes. Puis, brusquement, il tomba dans un trou... où ilrécupéra son corps d'origine !.Comme pour la première métamorphose,James eut très mal à la tête et perdit à nouveau connaissance...

Revenu à lui, James était redevenu lui même, mais était toujours coincédans le trou avec son ours. Soudain, l’animal poussa un cri pour signalerque James était emprisonné ! Aussitôt, tous les ours de la valléeaccoururent à son appel, remontèrent James et son compagnon. Jamesremercia son nouvel ami de son aide.

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A présent, il ne pensait plus à fuguer, son lit lui manquait, son chez soiaussi et il avait aussi très faim après cette mésaventure. L’ours le ramenachez lui, ils se dirent au revoir et se séparèrent..

...HUIT ANS PLUS TARD...James retourna dans la forêt à la recherche de son ours, qui lui manquaitet auquel il avait pensé durant toutes ces années. Après une longuejournée de recherches, il le retrouva enfin ! Il décida alors de l’adopter et le nomma Touffu. Un an plus tard, James semaria avec une ravissante jeune femme qui se prénommait Julie, tandisque Touffu rencontra une jolie ourse qui s'appelait Fatou. Touffu et Fatoueurent beaucoup d’oursons tout comme Julie et James eurent beaucoupd'enfants.Ils vécurent beaucoup d’aventures tous ensemble et sont heureux encoreaujourd'hui...

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Anissa LAUGERE, Juliette PANTEIX3ème, Collège Edouard Vaillant à Bordeaux"La marque blanche"

BALLE PERDUE

James s'aventura dans cette forêt sombre. Le bois était silencieux commes'il n'y avait aucun signe de vie. Puis, il sentit une présence, quelqu'un ouquelque chose se trouvait près de lui. Soudain, il n'eut même pas le tempsde voir de quoi il s'agissait que cette chose se jeta sur lui. Il comprit trèsvite qu'il s'agissait d'un loup grâce à la couleur de son pelage foncé. Ilentendit son cœur résonner de peur. Lorsqu'un un grognement rauqueretentit derrière lui : l'ours à la marque blanche se jeta sur le loup et leblessa. La bête grise s'en alla en jappant, ventre à terre.

James regarda l'ours d'un regard rempli de reconnaissance. Le jeunegarçon sortit un paquet de biscuits et en tendit un à l'ours. L'ours renifla lebiscuit, l'attrapa délicatement entre ses dents et l'avala. James regardal'ours engloutir son goûter en émettant un grognement satisfait et unsourire s'esquissa sur le visage du jeune homme. Il tendit sa maintremblante, attendant un signe de l'ours. L'ours avança et frotta sa tête surla main de l'adolescent. Son pelage était aussi doux que du velours. Une fois la nuit tombée, James et son nouvel ami trouvèrent une petiteclairière, ils y entrèrent et virent de quoi faire un petit nid douillet. Jamesinstalla son sac de couchage, il partagea son repas avec l'ours puis Jamess'endormit. L'ours se coucha à ses côtés. Le lendemain matin, James se rendit compte que l'animal était encore là.Ils partagèrent des gâteaux et des baies en guise de petit déjeuner. Unefois ce petit déjeuner pris, l'ours et James partirent à la recherche d'unepetite rivière pour remplir de nouveau la gourde du garçon et pour quel'ours puisse boire et se rafraîchir. En se dirigeant vers la source, Jamessentit comme une contraction dans ses jambes, il se figea de douleur. Envoyant la souffrance du jeune garçon, l'ours s'approcha de celui-ci etessaya de le mettre sur son dos. Quand enfin, l'ours arriva à prendre Jamessur son dos, tout deux partirent vers la source.

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Dès qu'ils furent arrivés, James descendit du dos de l'ours et s'agenouillapour remplir sa gourde. En revenant, à la clairière où ils avaient élu domicile, James se renditcompte que ses trois boîtes de gâteaux étaient éventrées par terre et iln'en restait plus un seul. James regarda l'ours et, désespéré, s'assit,entoura ses genoux avec ses bras et se mit à pleurer. Il finit par s'endormir. A l'aube, en se réveillant, James regarda à ses côtés, l'ours n'était plus là.Avec un pincement au cœur, James se dit que de toutes façons, l'oursétait un animal sauvage et qu'il valait mieux pour lui qu'il parte. Une heureplus tard, James aperçut l'ours revenir à la clairière avec plusieurs poissonsdans la gueule. Un sourire éclaira le visage de James bien qu'une douleurde plus en plus puissante se fasse sentir à la jambe et dans le reste de soncorps. Deux jours passèrent et ils devinrent de plus en plus complices. En allant se promener, James entendit des bruits de pas derrière eux.Soudain un chasseur sorti de nulle part, épaula son fusil et tira sur l'ours.James n'eut pas le temps de réagir et regarda l'ours tomber lentement, laballe du chasseur logée dans l'étoile blanche de l'ours. James courut versson ami. Fou de colère, le jeune garçon s'apprêtait à se jeter sur lechasseur, lorsqu'il s'évanouit en raison de la douleur qu'il éprouvait. Quand il rouvrit les yeux, il vit sa mère penchée au-dessus de lui quipleurait. James, en voulant bouger sa jambe, se rendit compte qu'il n'avaitplus le contrôle de ses membres. La maman le regarda et lui dit «Monchéri, le moment que nous avons tant redouté est arrivé. La maladie a prisle dessus sur ton corps. En tout cas, sache que ton père et moi t'aimons detout notre cœur. » James se tourna vers le médecin et lui demanda : «Combien de temps il me reste ? » Celui-ci lui répondit : «Quelquesheures!». Trois heures plus tard, James fermerait les yeux pour ne plusjamais les rouvrir.

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James regarda entre les arbres pour trouver l'ours mais il ne vit rien. Iltendit l'oreille aussi mais, toujours sans résultat. Il décida alors decontinuer à marcher lorsque soudain, l'ours surgit de derrière un grandbuisson. James ne bougea pas. Il avait regardé tellement dedocumentaires animaliers chez lui qu'il n'avait pas peur. En tout cas, il nevoulait pas avoir peur. L'ours l'observait, prêt à bondir sur lui au moindremouvement. James fut fasciné par l'étoile sur le front de l'animal mais nese découragea pas pour autant. Il se souvint alors que devant un ours, lapremière chose à faire était de ne pas tourner le dos. Il resta donc là, face àl'ours. Pour finir, il décida de regarder l'ours dans les yeux tout en partant.L'ours ne bougea pas. Une fois que James fut parti quelques mètres plusloin, l'ours s'en alla tout en s'enfonçant dans les bois. L'image de l'étoileresta dans la tête de James pendant un long moment. Il se demandacomment elle était arrivée là. Si c'était naturel, si ça ne l'était pas. Jamesétait en train de marcher quand il tomba sur une maison dans la forêt.

Cette maison était étrangement grande et, il avait l'impression de l'avoirdéjà vue. Il chercha quand et où mais ce souvenir avait l'air d'être très bienenfoui dans sa mémoire. James ne s'attarda pas sur ce détail et il décidade s'approcher. Cette maison était d'un blanc immaculé avec un étage etun grand portail. Il sonna et se rendit compte qu'il y avait une caméra desurveillance. Le jeune homme trouva ça bizarre mais resta là, à attendre. Ilne s'était pas approché de la maison pour trouver un endroit où s'abriter,au contraire, il ne regrettait pas du tout sa décision de rester là au milieude rien. Il avait besoin de se déconnecter. Il s'était plutôt approché de lamaison par curiosité. James entendit une voix à travers l'interphone :

- C'est pour quoi ? - Euh, bonjour, je m'appelle James et, euh … je viens car je suis perdu etj'aurais besoin de m'abriter … (ce qui n'était pas du tout vrai) - A quelques kilomètres il y a l'autoroute, partez maintenant. - S'il vous plaît ...

Liana BALOUP5ème, Collège Porte du Medoc à Parempuyre"L'étoile"

LA MAISON DE L'HORREUR

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James entendit l'homme parler au travers d'un talkie-walkie puis la voix luirépondit :

-Bon, entrez

Le portail émit un son aigu et s'ouvrit. James fut émerveillé. Derrière ceportail se trouvait un jardin immense avec des sculptures, un petit parcetc... Il suivit le chemin jusqu'à arriver à la porte de la maison. Il y avaitbeaucoup de bruit à l'intérieur, comme des meubles qu'on changeait deplace. Il était sur le point de frapper à la porte quand une femme ouvrit.Elle était grande, rousse avec de magnifiques yeux bleus. James dit :

- Euh … Bonjour, excusez moi de vous déranger mais je suis vraimentperdu. - Oh non ce n'est pas grave, entrez . lui répondit la femme toutesouriante - Merci beaucoup

James ne savait pas quoi penser sur ces gens. D'un côté, il y avait l'hommequi avait répondu à l'interphone et qui était plutôt froid et, de l'autre, il yavait cette femme très souriante qui lui avait ouvert la porte. Il entralentement et découvrit alors une immense maison avec des escaliers énormes. La femme lui dit :

- Vous voulez qu'on vous prête un téléphone ou quelque chosecomme ça ? - Euh si vous pouviez m'indiquer les toilettes d'abord ce serait gentil. - Oui, bien sur c'est en haut des escaliers, à droite. - Merci.

James, en réalité, ne voulait pas aller aux toilettes. Il comptait aller explorerl'étage pour découvrir ce qui pouvait s'y trouver. La femme, de son côté,chuchota dans son talkie-walkie et s’assit. James, en arrivant à l'étage,découvrit un très long couloir, au bout duquel se trouvait une porte. Envoyant ça, il décida d'y aller pour découvrir ce qu'il s'y passait. Quand ils'approcha, il entendit des voix provenant de cette salle. James ouvrit laporte et découvrit de minuscules escaliers menant vers un grenier. Il sedemanda ce qu'il pouvait faire. Soit il pouvait retourner vers la femmepour ensuite repartir, soit il pouvait monter vers ce grenier pour découvrirce qu'il s'y passait. La première option lui parut être plus sure mais laseconde représentait l'aventure et la curiosité. James décida de monter.Les escaliers étaient en bois et semblaient sur le point de s'effondrer àchaque nouveau pas qu'il faisait.

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James ne se découragea pas et continua malgré tout. L'image de l'étoilesur le front de l'ours était toujours dans sa tête. Il continuait à sedemander comment elle avait put arriver là. James montait les escaliersen pensant à l'étoile quand il entendit l'escalier grincer juste derrière lui. Ilse retourna et … le noir.

James se réveilla attaché à une chaise, la tête en arrière. Il voulut seredresser mais à chaque mouvement, sa tête lui faisait tellement mal qu'ildevait laisser tomber. Il se toucha l'arrière de la tête et sentit une plaie.L'homme avait dû l'assommer pour l'amener dans cette pièce.Finalement, il réussit à se redresser et découvrit une pièce énorme et trèsmoderne pleines de machines. La prochaine étape pour James était de sedétacher. Le nœud était mal fait donc assez facile à défaire. James n'eutbesoin que d'une ou deux minutes pour se détacher. Il décida d'observerla pièce. Sur un bureau étaient posées des photos. Il les regarda et trouvaune photo assez familière. L'ours sur lequel il était tombé dans la forêt setrouvait en cage, avec des capteurs accrochés sur lui.

James, décida d'aller voir les machines. Les marques inscrites sur lesétiquettes ne disaient rien à James. Il vit quand même une machine avecune étoile inscrite. La machine servait à marquer une étoile là où onvoulait. Sur un autre mur, des photos d'autres ours étaient accrochées.James fit alors le rapprochement. Ces gens devaient faire des expériencessur les ours et les marquer pour ensuite les relâcher dans la forêt. Ilentendit des voix s'approcher et décida donc de se cacher. Deux hommes arrivèrent :

- Il est où ? - Qui ? - Le gars qu'on a attrapé en train de monter les escaliers il est où ?! - Mais je sais pas . - Il faut qu'on aille prévenir la patronne. - Ok.

Les deux hommes s'en allèrent. A en juger au bruit qu'il y avait quand ilspartirent, la salle devait se trouver en haut des escaliers que James étaiten train de monter avant de se faire assommer. La salle n'avait qu'uneseule porte et c'était celle qui menait aux escaliers. James décida donc de passer discrètement par les escaliers pour ensuitetrouver une sortie. Les escaliers furent faciles à descendre sans faire debruit. La prochaine étape était de trouver une sortie. Il n'y avait aucun bruitdans la maison. James avança quand quelqu'un arriva :

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- Mais qu'est ce que vous faites là ? - J'ai découvert ce que vous faisiez et je vais vous dénoncer. Vous nevous en sortirez pas comme ça ! - Pour pouvoir faire ça il faudrait d'abord que vous puissiez sortir …

James ouvrit les yeux. La première chose qu'il vit fut ses parents quiétaient assis face à son lit.

- James tu es réveillé ? - Où je suis ? Qu'est ce que je fais là ? - James tu as eu un accident de voiture avec l'homme qui t'as prit enstop. Il va bien lui aussi mais toi tu étais tombé dans le coma. - Mais, et l'ours et son étoile , et le laboratoire … - Je ne vois pas de quoi tu parles à part pour l'ours. Il a traversé la routealors le conducteur a mis un coup de volant et la voiture est

tombée dans un petit ravin. Cà fait deux jours … Oh et la personne qui t'astrouvé veut te voir je vous laisse.

- Oh euh d'accord.

Une femme entra dans la pièce. James la reconnut directement :

- C'est vous !Vous êtes la femme qui m'a ouvert ! J'ai découvert vos expériences !

- Oh mais James ce que vous avez vu vous allez l'oublier car si vous enparlez vous ne resterez pas dans le coma que pour quelques jours …

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Solène BLAESS5ème, Collège Panchon à Arsac"Métamorphose"

KAFKA

James suivit l’ours et marcha doucement pour que l’animal ne l’entendepas mais, après une cinquantaine de mètres, il marcha sur une branchequi fit un gros « crac ». L’ours entendit le craquement et se retourna vers James, il semit sur ses pattes arrière et se mit à gronder. James se rapprocha de l’ourset lui dit : « Tout doux, moi c’est James, et toi ? ». L’oursse remit sur ses pattes et grogna doucement.James reprit donc sa randonnée quand il s’aperçut que l’ours s’était blesséau niveau de la patte avant droite. Il revint sur ses pas et toucha le front del’animal, mais, en le caressant, il vit sa vie défiler en quelques secondes,puis il fit un malaise… Quand il reprit connaissance, il ne se sentait pas bien, il lui semblait avoirpris 200 kilos !Il regarda autour de lui et vit son corps en train de dormir, puis regarda sesmains et, tout à coup, il comprit… Il voulut appeler à l’aide en criant, saufqu’il réalisa que cela ne servait à rien.

Son corps se réveilla et alla voir James. Il lui dit qu’il n'y avait qu’une seulesolution pour retourner dans le corps d’un humain : il fallait que quelqu’uncaresse l’étoile au centre de son front. Puis il partit. James se retrouva seulau milieu d’une forêt inconnue. Désespéré et affamé, il essaya de trouver à manger, ce qui était difficileavec son nouveau corps. Il alla voir vers la route s’il trouvait des humains,mais ne vit personne. Il retourna dans la forêt, toujours à la recherche denourriture. Il essaya de manger plusieurs plantes mais ne trouva pas celatrès bon. Il aurait bien aimé que l’ours qui avait pris son corps lui donnedes conseils gustatifs.James était fatigué, il dormit. Le lendemain matin, il se réveilla, poussé parla faim, et reprit sa randonnée à la recherche de nourriture. Jamesvit un petit groupe d’ours au bord d’une rivière qui pêchaient des poissonset les mangeaient. James essaya à son tour d’attraper des poissons, ce quifut assez difficile.

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Il réussit à attraper par chance trois petits poissons. Il marcha pendantquinze minutes avant d’apercevoir un ourson. À sa grande surprise,l’ourson lui dit : « Maman ! Maman ! Reviens, ne m’abandonne pas ! ».James, qui était déjà prisonnier dans le corps d’un ours, allait maintenantdevoir prendre soin d’un ourson. James dit à l’ourson : « D’accord, je vaism’occuper de toi ».Ça faisait maintenant deux mois que James vivait avec l’ourson, ilsapprenaient à se connaître un peu plus chaque jour. James commençait às’attacher à l’ourson, qui allait bientôt avoir dix mois, et qui savait pêcheret chasser. James lui aussi avait progressé. Très attaché à son « fils », il nevoulait plus quitter ce corps et souhaitait vivre ainsi, proche de l’ourson.Finalement il prenait soin de rester loin des humains pour ne pas risquerque l’un d’eux caresse l’étoile au centre de son front.

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