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Anatomie d’un désastre ANATOMIE D’UN DÉSASTRE LA CRISE FINANCIÈRE DE 2008, DE REAGAN À TRUMP SERGE TRUFFAUT

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Anatomie d’un désastre

AnAtomie d’un désAstreLa crise financière de 2008, de reagan à Trump

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ANATOMIE D’UN DÉSASTRELA CRISE FINANCIÈRE DE 2008, DE REAGAN À TRUMP

S E RG E T RU F FA U T

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a été publié sous la direction littéraire de Jean Pichette.

Illustration de la couverture : Sébastien Thibault Direction de l’édition : Renaud Plante Mise en page : Camille Savoie-Payeur Direction de la production : Marie-Claude Pouliot Traduction : Nicole Verdon Révision : Martin Duclos Correction : Fleur Neesham

© 2017 Serge Truffaut et les éditions Somme toute

ISBN 978-2-924606-31-5 epub 978-2-924606-45-2 pdf 978-2-924606-44-5

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication et la SODEC pour son appui financier en vertu du Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, photographie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteur.

Dépôt légal – 1er trimestre 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada

Tous droits réservés Imprimé au Canada

ANATOMIE D’UN DÉSASTRE

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ANATOMIE D’UN DÉSASTRELA CRISE FINANCIÈRE DE 2008, DE REAGAN À TRUMP

S E RG E T RU F FA U T

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TABLE DES MATIÈRES

PROLOGUE ........................................................................................... 7

Chapitre 1 LA MISE EN TERRE DE LEHMAN BROTHERS ............................................. 27

Chapitre 2 LA TROÏKA ET LE LIBERTARIEN .............................................................. 53

Chapitre 3 LES RAISINS DE LA COLÈRE ................................................................... 85

Chapitre 4 MICHAEL DOUGLAS, LES ESCROCS ET LES HUSSARDS  ............................121

Chapitre 5 LES MAUVAIS GÉNIES DES ALPAGES FINANCIERS ..................................139

Chapitre 6 MÈRE COURAGE, LE CROISÉ, LA BRUTE ET LE VANITEUX .........................179

Chapitre 7 TOO BIG TO FAIL, TOO BIG TO JAIL .........................................................207

Conclusion INTRODUCTION AU CAPITALISME STALINIEN .......................................... 241

INDEX DES PRINCIPAUX ACTEURS .........................................................269

BIBLIOGRAPHIE................................................................................... 277

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PROLOGUE

Au lendemain de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2016, Rebekah Mercer est devenue une des femmes politiques, si ce n’est la femme politique, la plus influente du pays à la faveur de sa nomination au comité de transition du quarante-cinquième chef de l’exécutif des États-Unis d’Amérique. À ce titre, elle et les quinze membres de ce concile ont revu, corrigé et modelé l’appareil d’État de la première puissance du monde en fonction de leurs ambitions, objectifs et intérêts.

Ces seize personnes, et seize seulement, ont renvoyé ici et nommé là des mandarins de la fonction publique. Ils ont introduit des programmes. Ils ont balisé. Ils ont établi des projets politiques. Bref, ils ont imposé. Pour bien saisir l’étendue des pouvoirs accordés à ce comité, un fait inusité dans l’histoire présidentielle de cette nation doit être souligné deux fois plutôt qu’une. C’est bien simple  : tradi-tionnellement, lorsque le champion des démocrates et celui des républicains sont choisis au terme des primaires et se préparent pour la grande finale, l’un comme l’autre des prétendants mettent sur pied un comité de transition afin que le passage du relais entre le sortant et son successeur se fasse sans trop d’encombres, sans mauvaises surprises.

Avec Trump, cela n’a pas été le cas. Il ne s’en est jamais préoccupé. En d’autres mots, il a délégué toute la conduite – ou, du moins, une forte proportion de cette opération dont on devine l’extrême importance – à Mercer et à son cénacle. Trois initiés aux débats de ce dernier ont chuchoté dans l’oreille du journaliste Kenneth Vogel, de Politico, qu’elle s’est particulièrement démenée pour que Jeff Sessions soit nommé secrétaire à la Justice et pour que le général

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Mike Flynn devienne conseiller à la sécurité nationale, en plus d’avoir ferraillé pour que le nom de John Bolton soit sur la liste des candidats au secrétariat d’État. Dénominateur commun de ces trois messieurs ? Ce sont des durs d’entre les brutes.

Elle a 42 ans, Rebekah Mercer. Elle est titulaire d’une maîtrise en mathématiques et ingénierie de l’université Stanford. C’est là qu’elle a rencontré son futur mari, Sylvain Mirochnikoff, qui est un des directeurs généraux de la banque d’affaires Morgan Stanley. Moyennant un déboursé de 28 millions de dollars, ils ont acheté six appartements voisins pour n’en faire qu’un. Unité de lieu de ces derniers ? La… Trump Place de New York ! Ça ne s’invente pas.

Elle est riche, Rebekah Mercer, immensément riche. En fait, c’est de famille. Son père, Robert Mercer, est le coprésident du fonds spéculatif le plus secret et le plus rentable de l’his-toire. Depuis le début des années 1990, ce fonds a dégagé un rendement annuel moyen de 40 % ! Il s’agit de Renaissance Technologies, que Robert Mercer a rejoint en 1993 à la demande de James Simons, fondateur du fonds et docteur en mathématiques, qui a travaillé pour le Pentagone en tant que décodeur des messages secrets de l’Union soviétique.

Robert Mercer est titulaire d’une licence en mathémati-ques et en physique ainsi que d’un doctorat en sciences de l’informatique. Alors qu’il travaillait pour IBM, il a été un des précurseurs de la reconnaissance de la voix par ordi-nateur et de la Statistical Machine Translation (SMT). Cela étant rappelé, on retiendra que Robert Mercer et sa fille font partie d’une caste qui n’est pas une classe sociale puisque ses membres sont très peu nombreux et jouissent de ces privilèges associés à l’aristocratie, soit le 1 % des plus fortunés d’entre les riches.

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Depuis une quinzaine d’années, Mercer père a consacré un pourcentage de cette opulence à l’essor de l’idéologie poli-tique qu’il défend et partage avec sa fille, soit cette idéologie qui se conjugue avec une droite d’autant plus acharnée dans ses combats qu’elle exècre la démocratie. Très simplement, cela s’est illustré comme suit : Mercer a donné des millions et des millions aux candidats républicains qui défendent ces idées que l’honnête homme, celui de Montaigne, considère comme étant celles qui distinguent l’atrabilaire.

Au cours de la campagne pour les législatives et la prési-dentielle de 2016, Mercer s’est avéré le plus gros donateur du Parti républicain. Lui et sa fille ont signé des chèques pour un montant record avoisinant les vingt millions de dollars américains ! Bon. On notera qu’en 2015, les revenus de ce monsieur ont totalisé 150 millions, selon les estima-tions de Bloomberg. Au départ, plus exactement au cours des primaires, le coprésident de Renaissance Technologies avait misé sur Ted Cruz.

Puis, après l’élimination de celui-ci par Trump, il s’est passé quelque chose d’aussi considérable qu’extrêmement rare. À la suite des appels du pied effectués par Trump afin de convaincre Mercer de verser des liasses de billets dans son coffre en vue de la lutte finale contre Hillary Clinton, ce dernier a conditionné son accord à ceci : tout l’état-major de la campagne devait être viré et remplacé par les personnes que lui-même aurait choisies. On insiste : Mercer a guillo-tiné les architectes de la campagne de Trump nommés par Trump parce qu’il les trouvait incompétents.

Ce geste est l’illustration par excellence d’une décision arrêtée à l’automne 2012 lors d’une réunion, au University Club de New  York, des principaux donateurs du Parti républicain, organisée afin de faire le bilan de la défaite

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de Mitt Romney contre Barack Obama. La décision ? À partir de maintenant, on ne donne plus d’argent sans rien demander en retour. À partir de maintenant, le candidat à qui on verse des dollars est responsable de ses actes à notre égard. Président du think tank très conservateur Heritage Foundation et présent à cette assemblée, Thomas Sounders avait confié à la journaliste Matea Gold, du WashingtonPost, que Rebekah Mercer avait alors galvanisé les personnes présentes par son exposé consacré au retour sur investis-sement exigé, avec plus de fermeté qu’antérieurement, des élus qui auront perçu des fonds privés.

Ainsi donc, Mercer, par l’intermédiaire de sa fille qui est toujours au front, a placé ses gens. Le premier d’entre eux s’appelle Stephen Bannon. C’est lui qui a été nommé chef d’orchestre de la campagne de Trump. Jusqu’alors, cet homme qui partage bien des idées des suprémacistes blancs était le président du site d’information poubelle Breitbart News, dont Mercer est le principal action-naire. Comme il est un homme sans foi ni loi, le magazine Bloomberg Businessweek, qui n’est en rien un hebdo madaire de gauchistes, avait publié en octobre 2015 une enquête inti-tulée « This Man Is the Most Dangerous Political Operative in America ». C’est dire. Quoi d’autre ? Pour la suite de notre histoire, on retiendra qu’il a fait fortune notamment en tant que cadre supérieur chez Goldman Sachs.

Comme numéro deux de l’équipe de campagne de Trump, Mercer a opté pour Kellyanne Conway, une experte en sondages qui s’était fait remarquer avec son mari lors du combat mené par les républicains dans les années 1990 dans le but de destituer Bill Clinton. Qui d’autre ? David Bossie. Celui-ci est un marchand de haine. Un expert, comme on dit en anglais, du character assassination.

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C’est Bossie qui, en tant que président de Citizens United, a remporté une victoire mémorable lorsque la Cour suprême des États-Unis a levé en 2010 les interdits qui existaient en matière de financement des campagnes électorales. En confirmant que les millions engrangés par Citizens United et les Super-PAC, les comités d’action politique, pour produire des documentaires, si diaboliques soient-ils, ou des vidéos, si haineux soient-ils, relevaient de la liberté d’expression, puisque ces entreprises sont aussi des… personnes, la cour a favorisé un afflux d’argent si énorme que celui-ci déstabilise l’exercice démocratique.

Cela étant, aujourd’hui, Bannon, l’ex de Goldman Sachs, est conseiller principal et stratège en chef de Trump. De cette banque qui a été avec d’autres au cœur du désastre financier de 2008, Trump a aussi choisi Steven Mnuchin pour être secrétaire au Trésor ainsi que Gary Cohn, numéro deux de Goldman Sachs jusqu’à tout récemment, au poste de patron du très influent National Economic Council. Même Carl Icahn, le spécialiste des transactions hostiles, l’homme d’affaires qui aime abattre ses adversaires et qui a inspiré, en grande partie, au cinéaste Oliver Stone son personnage principal du film Wall Street, a été bombardé conseiller de Trump.

La victoire des républicains n’aurait pas été complète (prési-dentielle, Sénat, Chambre des représentants, gouverneurs, procureurs généraux, juges, etc.) sans l’apport financier, les agissements politiques et le remue-ménage idéologique menés par Charles et David Koch, soit ces deux frères qui dirigent Koch Industries, deuxième entreprise privée en importance au monde derrière le conglomérat agroalimen-taire Cargill. On estime que le revenu annuel moyen de Koch Industries dépasse les 110 milliards depuis 2010.

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Si les Mercer ont beaucoup investi dans la présidentielle de 2016, les Koch ont tourmenté avec vigueur et constance les prétendants démocrates aux divers scrutins évoqués, de même que les républicains qui ne partageaient pas leur idéologie libertarienne. Car politiquement, Charles et David Koch sont des libertariens pur jus, des libertariens de choc. Toujours est-il qu’au moyen de leur immense réseau, ils ont taillé en pièces bien des campagnes. Autrement dit, de nombreux candidats choisis par eux et eux seuls pour occuper divers postes ont remporté la mise.

Ils sont parvenus à leurs fins grâce aux manœuvres poli-tiques que les personnels de leur galaxie ont conçues et appliquées. La galaxie en question se compose, tenez-vous bien, de 300 think tanks, centres de recherche universitaires et divers types d’organisations, notamment des médias, propices à la propagation de leurs idées. Les fondateurs du Cato Institute en 1974, c’est eux ; les puissants groupes Americans for Prosperity (AFP) et Freedom Partners, c’est eux ; les organisations LIBRE Initiative, Defending The American Dream, Concerned Veterans for America, Concerned Women for America et bien d’autres, c’est eux.

On estime qu’entre 2005 et 2014, ils ont accordé des fonds totalisant 110 millions de dollars à 250 collègues et univer-sités, dont… McGill, à Montréal, et surtout le Mercatus Center de l’université George Mason, en Virginie. Ce qui est demandé, pour ne pas dire exigé, aux bénéficiaires de leurs largesses, à tous ces professeurs, se résume comme suit  : rédiger des analyses qui correspondent à nos intérêts. Ce rabotage permanent de l’intégrité intellectuelle a produit notamment ceci : une économiste tendance déjantée a par exemple martelé que les nuages de pollution générés par l’exploitation des hydrocarbures possèdent comme qualité une réduction du nombre de cancers de la peau puisqu’ils

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font rempart aux rayons du soleil. Et pourquoi ne pas inté-grer Godzilla ainsi que Lucy et ses diamants au milieu des nuages, tant qu’à être stupide…

Sur le flanc médiatique, la journaliste Jane Mayer a révélé, dans sa remarquable enquête intitulée Dark Money, qu’un ancien animateur-vedette de Fox News, Glenn Beck, a signé un contrat avec le think tank Freedom Works dans lequel les Koch ont investi des millions. Le troc fixé entre les deux parties ? Moyennant un million par an, Beck reprend in extenso les études (sic) rédigées par le think tank qui, toutes, nient le réchauffement de la planète. Il faut préciser que la fortune des Koch est un flot continu d’affaires pétrolières.

Pour obtenir pleinement satisfaction sur le front politique, les frères en question ont fait une copie carbone de la stra-tégie arrêtée il y a des années de cela par la National Rifle Association (NRA). En fait, l’idée de ce copier-coller revient à Richard Fink, docteur en économie et fervent admirateur de ces Autrichiens qui ont établi les bases de l’idéologie libertarienne, soit Friedrich Hayek et Ludwig von Mises. L’idée en question a ceci d’original qu’elle se conjugue avant tout avec la géographie.

Mais encore ? La NRA avait convaincu ses membres de mettre sur pied des ateliers de production, des bureaux, etc., dans les 435 districts représentés à la Chambre des repré-sentants. D’être présents partout. De créer des emplois. Après quoi, lorsqu’un élu se dit favorable à une politique de restriction des armes à feu, il suffit de lui faire le chantage suivant  : on ferme boutique et on finance une campagne dénonçant le fait que tu aies mis des gens au chômage.

Après avoir été parachuté directeur d’Americans for Prosperity en 2004, année de la création du think tank politique le plus musclé des Koch, Fink est parvenu à

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installer des succursales dans 42 États. Pas moins. En fait, si on ajoute les autres satellites des Koch, ces derniers sont bel et bien partout et dotent leurs diverses filiales de budgets conséquents.

Aujourd’hui, ce réseau politique privé emploie 1200 personnes à temps plein réparties entre 107 bureaux à travers le pays. Soit un nombre trois fois plus élevé que celui du Republican National Committee (RNC) et des employés affectés aux législatives. Cette force de frappe a eu une conséquence inattendue  : bien des nantis qui antérieure-ment donnaient des millions au Parti républicain se sont détournés de celui-ci pour mieux rejoindre les Koch.

En fait, les frères Koch ont signifié à leurs riches homolo-gues que les donations aux six comités électoraux des deux principales formations politiques étaient limitées à 30 880  $ par an, par personne, alors que depuis un jugement rendu par la Cour suprême en 2010, les fonds accordés aux réseaux privés peuvent être illimités. Mieux, grâce à certains artifices fiscaux alloués aux organismes de charité (sic), le montant et l’identité de la personne qui l’accorde ne sont pas divulgués. Après quoi, ils peuvent bien donner aux musées et aux philharmoniques, histoire de berner les idiots utiles.

En 2014, cet ensemble de faits devait accoucher d’une réalité effarante, hallucinante. Lors du « congrès » des plus fortunés, notamment les Mercer, que les Koch organisent chaque année, environ 300 personnes ont réuni près de 900 millions de dollars en vue des élections de 2016, soit le double de ce que le RNC avait dépensé lors des campa-gnes de 2008 et 2012 ! Directrice de cabinet du Republican National Committee, Katie Walsh a exprimé son inquié-tude de voir sa formation politique perdre du contrôle au profit « d’un groupe de puissants, de personnes très riches

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qui n’ont de comptes à rendre à personne ». On le répète, Walsh est républicaine.

Dans un rapport du Parti républicain consacré à la défaite de Romney en 2012 et obtenu par Vogel, de Politico, il est souligné ceci  : « Une décroissance inquiétante du rôle des partis politiques et même des candidats eux-mêmes dans notre démocratie [s’est produite]. Ils n’ont plus autant leur mot à dire dans les campagnes électorales. Les groupes de l’extérieur jouent dorénavant un rôle élargi touchant les courses à la direction au niveau fédéral et, à certains égards, éclipsent les partis des États dans les primaires et les élections en général. » La conclusion ? Cette situation « a fractionné le Congrès et réduit la cohésion au sein des partis, ce qui fait en sorte que les blocages et la polarisation augmentent à mesure que les partis politiques perdent leur capacité de rallier les titulaires des postes électifs autour d’un ensemble de politiques cohérentes ».

On insiste : la direction des républicains confie ne plus avoir le plein contrôle de sa destinée politique. Exemple parmi d’autres de cette perte, les bonzes de ce parti ont constaté que la majorité des candidats aux diverses élections consul-taient davantage la banque de données i360 que celle du parti. Qui a construit i360 ? Qui en est le propriétaire ? Le think tank Freedom Partners des Koch.

On a précisé ci-dessus les noms des anciens collaborateurs des Mercer qui occupent divers postes au sein de l’admi-nistration Trump. Parmi les proches ou anciens salariés des Koch, on a retenu les noms de Don McGahn, nommé conseiller juridique de la Maison-Blanche, rien de moins ; Martin Short, ancien président de Freedom Partners et aujourd’hui conseiller principal du vice-président Mike Pence ; Alan Cobb, Tom Pyle, Anthony Scaramucci et neuf autres personnes.

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Lorsqu’on fait l’addition des assistants des Mercer et des Koch qui se sont introduits à la Maison-Blanche, on peut seulement constater qu’en matière d’influence, les membres de ce réseau écrasent de loin tous les autres. On en douterait qu’il suffirait de reprendre cette confession, d’ailleurs candide, que Frayda Levin, membre du conseil d’administration d’Americans for Prosperity, a livrée aux journalistes : « En créant le réseau Koch, nous n’avons pas envisagé de fournir du personnel à ce président qui est pour moitié en faveur du libre marché et pour moitié populiste. Mais nous sommes heureux qu’il choisisse des gens qui ont cette expérience du libre marché, surtout parce que, sur plusieurs questions à examiner, il est pour ainsi dire vierge, donc n’importe qui ayant de l’expertise est en posi-tion d’établir son programme politique. » Nul besoin d’être Merlin l’enchanteur pour lire entre les lignes que les figures de proue de la sphère libertarienne entendent profiter à plein du fait que Trump soit vierge – c’est le mot de Levin (blank slate) – sur bien des dossiers.

La montée en puissance politique des Koch et les résultats spectaculaires qu’ils ont obtenus sont le fruit d’un long et constant travail poursuivi pendant 40 ans grâce à un afflux permanent d’espèces sonnantes. Des dizaines de millions de dollars, au bas mot. Si Robert Mercer est immensément riche, Charles et David Koch le sont à la puissance 1000. En fait, si on prend en considération le fait qu’ils dirigent une société et une seule, alors ils sont beaucoup, beaucoup plus riches que Bill Gates et Warren Buffett. En effet, selon le Bloomberg Billionaires Index qui propose les données les plus récentes, soit en date du 4  mars  2016, la fortune respective de Charles et David Koch s’élève à 49,6 milliards de dollars américains. Autrement dit, la combinaison des deux totalise 99,2 milliards !

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Cela étant précisé, lorsqu’on s’attarde aux origines de cette fortune, on ne peut qu’être abasourdi, pour ne pas dire scandalisé, car elle se confond avec les deux abjections poli-tiques du XXe siècle. Le pire, c’est que les Koch – on pense surtout à Charles – ont adopté après la Deuxième Guerre mondiale les travers, pour rester pondéré, de l’une d’entre elles pendant des années et des années.

Joseph d’abord, Adolf ensuiteAprès avoir obtenu, en 1922, un diplôme d’ingénieur en chimie du Massachusetts Institute of Technology, Fred Koch, le patriarche de la famille, participa à la construction d’une raffinerie au Royaume-Uni. Principale caractéris-tique de celle-ci ? Elle était alimentée en pétrole russe. En 1930, alors que Joseph Staline lançait son premier plan quinquennal, qui commandait notamment la construction d’un réseau d’exploitation de l’or noir, des collaborateurs de ce dernier qui avaient fait la connaissance de Koch lors de son mandat britannique lui proposèrent d’être l’ingénieur en chef du réseau en question.

Pour faire court, en 1932, rapporte la journaliste Jane Mayer, Koch supervisa la construction de 15 raffineries qui furent d’une importance cruciale pour l’économie de l’URSS. En quoi ? Elles rapportaient des devises étrangères. Cette année-là, Staline proposa l’acquisition du brevet qui protégeait l’invention de Koch en matière d’extraction, car il avait échafaudé un mécanisme à la fois plus simple et moins onéreux que les autres. À l’offre de Staline, il dit non mais signa un contrat de conseiller pour les 100 autres usines prévues.

Quasi simultanément, Fred Koch mit son savoir-faire au service d’Adolf Hitler par l’intermédiaire d’un Américain fervent admirateur du dictateur. Son nom ? William Rhodes

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Davis, qui avait suggéré à Hitler de convertir en énorme raffinerie un entrepôt de stockage situé à Hambourg et de financer ce projet avec des fonds provenant d’Allemagne. La position du Führer déclinée devant les membres de son cabinet fut la suivante  : « Messieurs, j’ai étudié la proposi-tion de M. Davis, qui me semble réalisable, et je veux que la banque [centrale allemande] la finance. » Après quoi la maîtrise d’œuvre du projet fut confiée à Koch.

De fait, Koch eut amplement le temps d’« épier » le régime nazi. Son avis sur la peste brune ? À la fin de 1938, il exprima son admiration en des termes, rapportés par Mayer, qui introduisaient une comparaison insidieuse avec le New Deal de Roosevelt : « Même si personne n’est d’accord avec moi, je suis d’avis que les seuls pays solides dans le monde sont l’Allemagne, l’Italie et le Japon, simplement parce qu’ils travaillent tous et parce qu’ils travaillent dur. La main-d’œuvre dans ces pays est proportionnellement plus à l’aise financièrement que n’importe où ailleurs sur la planète. Quand on compare l’état d’esprit de l’Allemagne de nos jours avec celle de 1925, on commence à penser que ce stade d’inactivité, le gavage à l’auge publique, la dépen-dance au gouvernement qui nous afflige, ne sont peut-être pas permanents et sont surmontables. » Cette dépendance au gouvernement qui nous afflige… Encore aujourd’hui, Charles Koch, le grand patron de Koch Industries, assure que le New Deal a prolongé la… crise de 1929 !

Pour la petite histoire, on retiendra que son éblouissement devant le régime nazi et devant les forces de l’Axe fut si marqué que, pour éduquer ses quatre fils, Fred engagea une gouvernante allemande qui était en adoration devant son cher Führer.

Lorsque les États-Unis déclarèrent la guerre à l’Allemagne, en décembre 1941, Fred essaya de s’enrôler dans l’espoir de se dédouaner de son passé « germanique ». L’armée refusa

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sa candidature avant de lui faire une offre qui allait épaissir drôlement sa fortune : raffiner du pétrole à indice d’octane élevé nécessaire à l’aviation. Le 18 juin 1944, des B-17 améri-cains rasèrent la raffinerie de Hambourg. Comme quoi, lorsque l’histoire n’est pas tragique, elle est cynique. Fred aura empoché de tout bord tout côté.

Après la guerre, les résonances nazies que Koch avait inté-grées dans son corpus intellectuel demeurèrent en l’état. Son anticommunisme était si fanatique qu’il participa à la création d’une organisation dont la religiosité emprun-tait autant aux débordements hitlériens qu’à la folie. Dans son livre Sons of Wichita – How the Koch Brothers Became America’s Most Powerful and Private Dynasty, Daniel Schulman raconte que le 8 décembre 1958, dans une maison bourgeoise de style Tudor d’Indianapolis, Koch, huit autres industriels de la catégorie poids lourds, un colonel qui fut le bras droit du général Douglas MacArthur et un professeur de l’université de l’Illinois réputé pour ses diatribes racistes et antisémites – il s’appelait Revilo Oliver et demeure un héros pour les suprémacistes blancs – fondèrent la John Birch Society.

Pour ces avocats des rapports de force musclés, ces ennemis de la démocratie, le New Deal de Roosevelt, la déségrégation des écoles ordonnée par la Cour suprême, les droits civi-ques de Martin Luther King et la Great Society de Lyndon B. Johnson étaient une kyrielle de complots communistes dont la visée ultime consistait à convaincre les Noirs qui vivaient encore à la campagne de rejoindre la ville afin de « manger du p’tit Blanc » au soir du Grand Soir. Car tout Noir est un communiste en puissance. Pfff…

On a des doutes ? Au début des années 1960, Bob Dylan confia ceci dans son Talkin’ John Birch Paranoid Blues (nous traduisons) : « Je me suis donc précipité / Pour adhérer

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à la John Birch Society  /  J’ai pris une carte secrète de membre  /  Youpie ! Je suis un vrai John Bircheur mainte-nant ! / Prenez garde, les communistes ! » avant d’asséner : « Oui, on est tous d’accord avec les opinions de Hitler / Même s’il a tué six millions de Juifs / Ce n’est pas vraiment impor-tant qu’il ait été fasciste / Au moins, on ne peut pas dire qu’il ait été communiste ! / C’est comme si on disait : “Quand tu as un rhume, fais-toi piquer contre la malaria.” » Que Hitler ait été fasciste n’est pas si important, au moins il n’était pas communiste…

Cette société de dévots de l’intolérance, Charles et Dave Koch la rejoindront dans les années 1960.

En 1965, un jeune avocat produisit une étude intitulée Unsafe at Any Speed dans laquelle il démontrait comment la direction de General Motors avait ordonné que la priorité soit accordée à la course au profit aux dépens de la sécu-rité des passagers. Il s’appelait Ralph Nader. Ce faisant, il éveilla la conscience des consommateurs. Mais il énerva surtout le gratin du monde des affaires, qui vit en lui et en ceux qui adhéraient à sa cause un contingent de commu-nistes. En 1971, Eugene Sydnor Jr., président de la Chambre de commerce des États-Unis, demanda à Lewis Powell, un de ses amis qui était alors l’avocat de l’industrie du tabac et qui nia jusqu’à son dernier souffle, en 1985, l’existence de tout lien entre ce produit et le cancer, de rédiger un mémo-randum établissant l’inventaire des offensives tous azimuts que les puissants devaient amorcer, entretenir et amplifier.

À l’été 1971, Powell livra son document, estampillé confiden-tiel par la direction de la Chambre de commerce. Son titre ? Attack on American Free Enterprise System. Ce document eut des répercussions au diapason des propositions formulées par Powell : souvent monumentales, parfois monstrueuses. Car cet avocat que Nixon allait nommer à la Cour suprême

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deux mois seulement après la communication de son exposé invitait les élites à mener une contre-révolution contre Nader, contre les opposants à la guerre du Vietnam, bref contre tous ceux et celles qui contestaient l’ordre établi, qui ne voulaient pas subir et qui n’avaient pas laissé en jachère leur libre arbitre.

Dans son essai The Deep State – The Fall of the Constitution and the Rise of a Shadow Government, Mike Lofgren explique que dans son mémorandum, Powell militait pour la « surveillance constante » du contenu des journaux et des réseaux de télévision. Il appelait aussi à une purge de tous les éléments soupçonnés d’être des sociaux-démocrates ou des gauchistes qui sévissaient dans les universités, dans la presse et jusqu’au sein des Églises.

Quoi d’autre ? Powell insistait pour que les patrons d’entre-prises mettent sur pied des organisations – des think tanks – dotées de budgets conséquents dans le but d’imprimer leur influence sur les politiques gouvernementales. En 1972, le brasseur de bière Joseph Coors, à ce point sympa-thique au Ku Klux Klan et aux néonazis américains dont il commandita un grand nombre d’activités, fonda la Heritage Foundation, qui publia de 1977 à 2013 une revue – Policy Review – animée par Roger Pearson, un anthro-pologue d’origine britannique qui a toujours défendu la conception aryenne du monde si chère à Hitler. À maintes reprises et jusqu’à aujourd’hui, Pearson s’est fait l’avocat de… l’eugénisme.

Cet avilissement rappelé, on ne sera pas étonné d’apprendre que, depuis sa création, la Heritage Foundation est favorable à l’abolition de toutes les lois dont les droits civiques sont le trait commun et qu’elle s’oppose au contrôle des armes à feu, aux droits accordés aux handicapés, aux lois antipol-lution et au salaire minimum. Bien. Comme secrétaire au

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Travail, Trump a choisi Andrew F. Puzder, président de la chaîne de fast food CKE Restaurants, qui a fait de l’aboli-tion du salaire minimum son cheval de bataille. Comme dirigeant de la Environmental Protection Agency (EPA), Trump a choisi Scott Pruitt qui, en tant que procureur général de l’Oklahoma, s’est avéré l’allié des industriels du pétrole en se posant comme un des chefs de file des climato-sceptiques. Comme secrétaire à l’Énergie, Trump a choisi Rick Perry qui, lors des primaires, avait assuré qu’il abolirait ce département si jamais il était élu. Voilà pour la Heritage Foundation.

En 1974, le fait que deux journalistes du Washington Post aient obtenu, si on peut dire, la destitution de Richard Nixon dans la foulée du scandale du Watergate a eu un effet pervers particulier : il a convaincu les puissants que Powell avait bel et bien raison. En d’autres termes, qu’il fallait engager la guerre des idées. C’est au cours de cette année-là que les frères Koch ont fondé le Cato Institute.

Dès le départ, le mandat assigné par les Koch au personnel de leur premier think tank, ainsi que le rappelle Jane Mayer, a été le suivant  : produire des analyses proposant l’élimi-nation des programmes gouvernementaux destinés aux pauvres et à la classe moyenne, réduire les impôts et atta-quer la présence de l’État sur tous les flancs à l’exception des relations internationales et de la défense. S’il fallait résumer en un mot ce que les Koch réclamaient de leurs « intellec-tuels », alors « déréglementation » conviendrait à merveille. C’est cela qu’ils voulaient ; c’est cela qu’ils vont obtenir.

Ce souhait, Trump l’a exaucé dans les grands largeurs en nommant une vieille connaissance des Koch à un poste qui n’existait pas auparavant. Il s’agit de Carl Icahn, dont on a parlé précédemment. À titre de conseiller spécial, il a été chargé d’abolir tous les règlements jugés comme des

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entraves aux affaires, au big business. Qu’on y songe : Trump a nommé l’homme qui, depuis une trentaine d’années, a été et demeure le maître des OPA hostiles et du démembrement des entreprises acquises. Le démantèlement de la compa-gnie aérienne TWA, de Time Warner et autres, c’est lui. Et dire qu’Oliver Stone s’est grandement inspiré de lui pour composer le personnage principal de son film Wall Street !

Avant Trump, Reagan le premier avait déréglementé à tout- va dès son entrée en fonction. Plus haut, on a évoqué l’essai de Mike Lofgren. Ici, on doit préciser que ce républi-cain fut parachuté sous Reagan comme analyste principal des commissions budgétaires du Sénat et de la Chambre des représentants. Ce poste est si important que son détenteur a un permis d’accès aux secrets. Lofgren l’a occupé pendant près de trente ans. Au cours de sa carrière, il a étudié sous toutes leurs coutures, entre autres choses, la gestion des dégâts de l’ouragan Katrina, les dépenses inhérentes à la guerre en Irak ainsi que le sauvetage des banques améri-caines après la crise de 2008. Bien.

Dans son livre, ce républicain a écrit ceci : « La plateforme de la campagne de l’équipe Reagan en 1980 a habilement adhéré à cette philosophie paradoxale du capitalisme libéral et des dépenses militaires effrénées de l’État. Cette administra-tion a réalisé le plus vaste accroissement de la puissance militaire en temps de paix de toute l’histoire des États-Unis tout en baissant les impôts, en réduisant la réglementation en matière de santé et d’environnement et en affaiblissant les structures juridiques conçues pour empêcher les insti-tutions de spéculer sans prudence et de créer des bulles financières susceptibles de mettre en danger la sécurité financière des déposants et des retraités. La première de ces mesures fut le Garn-St. Germain Depository Institutions Act de 1982. » Lofgren précise ensuite que le génie des archi-tectes des politiques reaganiennes fut d’harmoniser les

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intérêts de Wall Street avec ceux du Pentagone. La sécurité nationale toujours brandie pour obtenir une augmentation des budgets de la Défense est au diapason de ces banques qui doivent être soutenues en toutes circonstances par l’État puisque l’État en question les juge désormais too big to fail.

En déréglementant à tout-va le secteur financier, Reagan a fait le lit d’une succession de désastres financiers qui devait atteindre son paroxysme à l’automne 2008. Comme on le verra plus loin, Bill Clinton a été en partie respon-sable du cataclysme financier engendré par la faillite de Lehman Brothers.

L’histoire et les enseignements qu’on lui prête ayant été ramenés à une fumée blanche papiste, à un chapelet de légendes ou de superstitions réduites à un petit tas de cendres, les forts en thèmes financiers à l’origine de la crise de 2008 ont échappé à l’opprobre de cet État que, pour-tant, ils détestent. Aucun des responsables n’a été inquiété. Certes, des amendes ont été imposées, mais bon, elles sont déductibles d’impôt.

Cette lâcheté étatique et ce mépris de la justice ont eu des répercussions aussi récentes qu’effarantes. On les souligne de nouveau : Trump a nommé Mnuchin, Bannon et Cohn, trois vétérans de Goldman Sachs, à des fonctions impor-tantes, de même que Wilbur Ross au poste de secrétaire au Commerce. Ce dernier est le fondateur du fonds spéculatif spécialisé dans les faillites WL Ross & Company.

Bien. Où en sommes-nous ? Exactement là  : le 23  décem- bre  2016, Carl Paladino, un poids lourd des républicains dans la ville de Buffalo, constructeur immobilier et proche de Trump, a défrayé les manchettes après avoir dévoilé ses immondes souhaits pour 2017 dans le cadre d’un entretien accordé à l’hebdomadaire Artvoice, qui sont les suivants  :

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« Obama attrape la maladie de la vache folle après avoir eu une relation intime avec une vache Hereford […] et il en meurt. » Michelle Obama ? « Je voudrais qu’elle redevienne un homme et qu’on la relâche dans le fond du Zimbabwe pour qu’elle y vive confortablement dans une caverne avec Maxie, la femelle gorille. »

Nous en sommes là parce que les Heritage Foundation, Cato Institute, Fox News et autres ont repris et banalisé les inflexions philosophiques et politiques qui s’avèrent le fondement de la conception barbare du monde. Celle qui déshumanise.

L’avenir s’annonce radieux, n’est-ce pas ?

Il était une fois une banque qui s’appelait Lehman Brothers…

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ISBN 978-2-924606-31-5

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Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, jamais un président américain n’a été entouré d’autant de gens pro-venant des réseaux des fonds spéculatifs et des banques d’investissements. Les acteurs de la crise financière de 2008 rôdent toujours… Loin de l’analyse conjoncturelle à courte vue, Anatomie d’un désastre propose de repenser la crise financière de 2008 en l’inscrivant dans la longue durée. Grâce à une série de récits remontant à l’époque de Reagan, Mulroney et Thatcher, Serge Truffaut mon-tre tout le travail effectué pour détruire les digues érigées dans les années 1930 afin de contrôler les marchés finan-ciers. Il éclaire sous un angle inédit l’actualité politique et financière actuelle. La crise de 2008 a fini par accoucher d’un monstre, le too big to fail, qui protège avec cynisme les gigantesques conglomérats financiers : c’est cela, aussi, dont témoigne l’élection de Donald Trump.

AnAtomie d’un désAstreLa crise financière de 2008, de reagan à Trump