e3a 2002 mp maths3 corrige
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SESSION 2002 E3A
Concours ENSAM - ESTP - EUCLIDE - ARCHIMEDE
Epreuve de Mathématiques 3 MP
Partie 0. Un exemple.
1. On a M = diag(1, 2, . . . , n). Soit alors A = (ai,j)1≤i,j≤n ∈ Mn(C). La matrice AM est la matrice (jai,j)1≤i,j≤n et lamatrice MA est la matrice (iai,j)1≤i,j≤n. Par suite,
AM = MA ⇔ ∀(i, j) ∈ {1, . . . , n}2, iai,j = jai,j ⇔ ∀(i, j) ∈ {1, . . . , n}2, (i − j)ai,j = 0 ⇔ ∀i 6= j, ai,j = 0.
⇔ A ∈ Dn(C).
On a montré que
C(M) = Dn(C).
2. Donc immédiatement,
dim(C(M)) = n.
Partie I. Commutant d’un endomorphisme diagonalisable.
1. Soit v ∈ C(u). Soient i ∈ J1, pK et x ∈ Eλi(u). Puisque v commute avec u, v commute encore avec f − λiId et
(f − λiId)(v(x)) = v((f − λiId)(x)) = v(0) = 0.
Ainsi, ∀i ∈ J1, pK, ∀x ∈ E, (x ∈ Eλi(u) ⇒ v(x) ∈ Eλi
(u)) et on a donc montré que
si v ∈ C(u), chaque Eλi(u) est stable par v.
2. Soit i ∈ J1, pK. ui est l’homothétie de rapport λi.
3. Si v ∈ C(u), d’après 1., pour chaque i, la restriction vi de v à Eλi(u) est un endomorphisme de Eλi
(u). Dans une base
adaptée à la somme directe E =p
⊕i=1
Eλi(u), la matrice de v a la forme voulue.
Réciproquement, s’il existe une base adaptée à la somme directe E =p
⊕i=1
Eλi(u) dans laquelle la matrice de v est de la
forme de l’énoncé, chaque vi est un endomorphisme du Eλi(u) correspondant. Comme ui est une homothétie, ui et vi
commutent. Ainsi, v ◦ u et u ◦ v coïncident sur chaque Eλi(u) et comme E est somme directe de ces sous-espaces, on a
bien u ◦ v = v ◦ u.
4. C(u) est donc isomorphe à l’espace des matrices de la forme
V1 0
. . .
0 Vp
où ∀i ∈ J1, pK, Vi ∈ Mni
(C),
lui-même isomorphe à Mn1(C) × ... ×Mnp
(C) qui est de dimension n21 + ... + n2
p.
dim(C(u)) =
p∑
i=1
n2i .
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5. Chaque ni est supérieur ou égal à 1. Donc ∀i ∈ J1, pK, n2i ≥ ni puis
dim(C(u)) =
p∑
i=1
n2i ≥
p∑
i=1
ni = n.
dim(C(u)) ≥ n.
Autre solution. D’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz,
(
p∑
i=1
1 × ni
)2
≤
(
p∑
i=1
12
)(
p∑
i=1
n2i
)
(∗).
Comme u est diagonalisable, on a
p∑
i=1
1×ni = n et
p∑
i=1
n2i = dim(C(u)) et d’autre part, p est le nombre de valeurs propres
deux à deux distinctes ce qui impose 1 ≤ p ≤ n. Donc,
(∗) ⇒ n2 ≤ p × dim(C(u)) ⇒ dim(C(u)) ≥n2
p≥
n2
n= n.
Remarque. L’inégalité dim(C(u)) ≥n2
pest plus précise que l’inégalité dim(C(u)) ≥ n.
6. Si u est l’endomorphisme de Cn dont la matrice dans la base canonique est la matrice M de la partie 0, u estdiagonalisable et dim(C(u)) = n.
Partie II. Commutant d’un endomorphisme nilpotent d’indice 2
1. On a
u2 = 0 ⇔ ∀x ∈ E, u(u(x)) = 0 ⇔ ∀x ∈ E, u(x) ∈ Keru ⇔ Imu ⊂ Keru.
D’après le théorème du rang,
n = dim(Keru) + dim(Imu) ≥ 2dim(Imu) = 2r,
et donc,
r ≤n
2.
2. 1 ère solution. (où l’on redémontre le théorème du rang). Soit (e ′1, ..., e ′
r) une base de G supplémentaire de Kerudans E et soit (α1, ...αr) ∈ Cr.
r∑
i=1
αiu(e ′i) = 0 ⇒ u
(
r∑
i=1
αie′i
)
= 0 ⇒r∑
i=1
αie′i ∈ Keru ∩ G ⇒
r∑
i=1
αie′i = 0 ⇒ ∀i ∈ J1, rK, αi = 0.
La famille (u(e ′i))1≤i≤r est donc une famille libre de Imu. D’autre part, en notant (e ′
r+1, . . . , e ′n) une base de Ker(u), la
famille (e ′1, . . . , e ′
n) est une base de E (car G est un supplémentaire de Ker(u)) et
Im(u) = Vect(u(e ′1), . . . , u(e ′
r), u(e ′r+1), . . . , u(e ′
n)) = Vect(u(e ′1), . . . , u(e ′
r)),
ce qui montre que la famille (u(e ′i))1≤i≤r est une famille génératrice de Im(u) et finalement que
la famille (u(e ′i))1≤i≤r est une base deImu.
2 ème solution. (en supposant acquis l’énoncé général du théorème du rang). On sait que la restriction de u à G,supplémentaire de Ker(u) dans E, réalise un isomorphisme de G sur Im(u). On en déduit que l’image par u de la base(e ′
1, . . . , e ′r) de G est une base de Im(u). On a de nouveau montré que la famille (u(e ′
i))1≤i≤r est une base deImu.
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3. Soit G un supplémentaire de Keru dans E. G est de dimension r et (en changeant les notations de l’énoncé) on note(e ′
n−r+1, . . . , e ′n) une base de G. Pour 1 ≤ i ≤ r, posons alors e ′
i = u(e ′i+(n−r)
).
Puisque 1 ≤ i ≤ r ⇒ n− r+ 1 ≤ i+(n− r) ≤ n, d’après ce qui précède, la famille (e ′i)1≤i≤r est une base de Imu. Puisque
Imu ⊂ Keru et que dim(Keru) = n − r, on peut compléter la famille libre (e ′i)1≤i≤r de Keru en une base (e ′
i)1≤i≤n−r deKeru.
Puisque G est un supplémentaire de Keru, B ′ = (e ′i)1≤i≤n est une base de E et par construction, pour 1 ≤ i ≤ n − r,
on a u(e ′i) = 0 et pour n − r + 1 ≤ i ≤ n on a u(e ′
i) = e ′i−(n−r). Par suite, dans la base B ′, la matrice de u est bien de la
forme voulue.
4. Les découpages effectués permettent un calcul par blocs :
v ∈ C(u) ⇔
0 0 Ir
0 0 0
0 0 0
A1 A2 A3
A4 A5 46
A7 A8 A9
=
A1 A2 A3
A4 A5 46
A7 A8 A9
0 0 Ir
0 0 0
0 0 0
.
⇔
A7 A8 A9
0 0 0
0 0 0
=
0 0 A1
0 0 A4
0 0 A7
⇔
A4 = 0s,r
A7 = 0r,r
A8 = 0r,s
A9 = A1
.
5. C(u) est donc isomorphe à l’espace des matrices de la forme
A1 A2 A3
0 A5 A6
0 0 A1
. Donc,
dim(C(u)) = r2 + rs + r2 + s2 + sr = 2r2 + 2rs + s2 = 2r2 + 2r(n − 2r) + (n − 2r)2 = 2r2 − 2rn + n2
= 2(
r −n
2
)2
+n2
2≥
n2
2.
si u est nilpotent d’indice 2, dim(C(u)) ≥n2
2.
Partie III. Commutant d’un endomorphisme vérifiant la relation (1)
1. Les polynômes (X − 1) et (X − 2)2 sont premiers entre eux car ces polynômes n’ont pas de racine commune dans C,et le polynôme (X − 1)(X − 2)2 est annulateur de u. D’après le théorème de décomposition des noyaux, on a
E = Ker(u − Id) ⊕ Ker(u − 2Id)2 = E1 ⊕ E2.
2. Notons F la fraction considérée. Il existe trois réels a, b et c tel que
F =a
X − 1+
b
X − 2+
c
(X − 2)2.
• a = limx→1
(x − 1)F(x) = limx→1
1
(x − 2)2= 1.
• c = limx→1
(x − 2)2F(x) = limx→2
1
x − 1= 1.
• enfin, 0 = limx→+∞
xF(x) = a + b et donc b = −a = −1.
1
(X − 1)(X − 2)2=
1
X − 1−
1
X − 2+
1
(X − 2)2.
En multipliant les deux membres par (X − 1)(X − 2)2, on obtient
1 = (X − 2)2 + (X − 1)[−(X − 2) + 1] = (−X + 3)(X − 1) + 1 × (X − 2)2,
et les polynômes U = −X + 3 et V = 1 conviennent.
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3. Soit x dans E.
x = Id(x) = [U(u) ◦ (u − Id) + V(u) ◦ (u − 2Id)2](x) = U(u) ◦ (u − Id)(x) + V(u) ◦ (u − 2Id)2(x).
Posons x1 = V(u) ◦ (u − 2Id)2(x) et x2 = U(u) ◦ (u − Id)(x). Puisque des polynômes en u commutent,
(u − Id)(x1) = (u − Id)(V(u) ◦ (u − 2Id)2(x)) = V(u)((u − Id) ◦ (u − 2Id)2(x)) = V(u)(0) = 0,
et x1 ∈ E1. De même,
(u − 2Id)2(x2) = (u − 2Id)2(U(u) ◦ (u − Id)(x)) = U(u)((u − Id) ◦ (u − 2Id)2(x) = U(u)(0) = 0,
et donc x2 ∈ E2.
On a montré que ∀x ∈ E, U(u) ◦ (u − Id)(x) = p2(x) et ∀x ∈ E, V(u) ◦ (u − 2Id)2(x) = p1(x) et donc que
p1 = V(u) ◦ (u − 2Id)2 et p2 = U(u) ◦ (u − Id).
4. Il est immédiat que dans une base adaptée à la somme directe E = E1 ⊕ E2, la matrice de d est diag(1, .., 1, 2, ..., 2).d est donc diagonalisable.
Autre solution : on a p1 + p2 = Id et donc
(d − Id) ◦ (d − 2Id) = (p1 + 2p2 − Id) ◦ (p1 + 2p2 − 2Id) = p2 ◦ (−p1) = 0.
Le polynôme (X − 1)(X − 2) est à racines simples et annulateur de d. On en déduit que
d est diagonalisable.
5. d laisse stable E1 et E2 (car d est un polynôme en u). De plus, d/E1= Id/E1
et d/E2= 2Id/E2
. Par suite, w/E1=
u/E1− Id/E1
= 0 = w2/E1
et w2/E2
= (u/E2− Id/E2
)2 = 0. Les restrictions de w2 à E1 et E2 sont nulles. On en déduit que
w2 = 0 et donc que w est nilpotent d’indice au plus 2.
(w = 0) ou (w 6= 0 et w2 = 0).
6. (a) Puisque d et w sont des polynômes en u, tout endomorphisme v commutant avec u commute encore avec d etw. Réciproquement, si un endomorphisme v commute avec d et w, il commute avec u = w + d.
∀v ∈ L(E), (v ∈ C(u) ⇔ v ∈ C(d) et v ∈ C(w).
(b) On a déjà vu que w1 = w/E1= 0 et que w2 = w/E2
= u/E2− Id/E2
est un endomorphisme de E2, nilpotent d’indiceau plus 2. Dans une base B adaptée à la somme directe E = E1 ⊕ E2 la matrice de E2 a la forme désirée.
(c) On a Ker(w2) = E2 ∩ Ker(u − 2Id) = Ker(u − 2Id). Par suite, rgN = rgw2 = n2 − dim(Ker(u − 2Id)).
(d) Si v est dans C(u), v commute encore avec u − Id et (u − 2Id)2 et donc laisse stable E1 et E2. Dans B, la matrice de
v est bien diagonale par blocs. De plus, matB(u) =
(
In10
0 2In2+ N
)
. Un calcul par blocs montre immédiatement que
si vu = uv, alors V2N = NV2. La réciproque est immédiate.
(e) u est diagonalisable si et seulement si Ker(u − 2Id)2 = Ker(u − 2Id) si et seulement si rgN = 0 (d’après (c)) si etseulement si N = 0.
(f) Immédiatement, d’après II. 5.,
dim(C(u)) = n21 + dim(C(N)) = n2
1 + 2r22 − 2r2n2 + n2
2 = n21 + (n2 − r2)2 + r2
2
= n21 + (dim(Ker(u − 2Id)))2 + (n2 − dim(Ker(u − 2Id)))2.
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