e s r à 2 droits de l’enfant - lavenir.net · 2015. 6. 9. · le droit de rêver, de jouer, de...

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Cette petite fille afghane (d’Afghanistan en Asie) fabrique des briques. Des milliers d’enfants dans ce pays travaillent pour aider leur famille. Cette situation les empêche d’aller à l’école. L e 20 novembre 1989, presque tous les pays du monde signaient la Convention internatio- nale relative (qui concerne) aux droits de l’enfant. Cette convention est un texte qui dit quels sont les droits que les pays doivent respecter pour que les jeunes de moins de 18 ans puissent grandir normale- ment et vivre heureux. En signant ce texte, la plupart des pays du monde se sont en- gagés à (ont promis de) faire en sorte que ces droits soient respectés. Des progrès ? Vingt-cinq ans après la signa- ture de cette convention, la si- tuation des enfants dans le monde s’est-elle améliorée ? On constate des progrès dans de nombreux domaines : santé, éducation,… Par exemple, de- puis 1990, le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année dans le monde a diminué de près de la moitié. Les progrès ne doivent pas faire oublier que, dès la nais- sance, tous les enfants n’ont toujours pas les mêmes chan- ces. Dans les pays riches, la plupart mangent à leur faim, sont soi- gnés quand ils sont malades, vont à l’école, ont le temps de jouer, donnent leur avis… Un pays riche et organisé a plus de moyens pour faire appliquer les droits de l’enfant. Dans les pays pauvres, le manque d’ar- gent fait que de nombreux en- fants n’ont même pas le mini- mum pour survivre. Ils ont faim, n’ont pas accès à l’eau potable (qui peut être bue) et sont mal ou pas soignés quand ils tom- bent malades. Beaucoup n’ont pas la possibilité d’aller à l’école parce qu’ils vivent dans des familles pauvres et qu’ils doivent travailler pour gagner de l’argent. Chez nous aussi À l’intérieur des pays aussi, qu’ils soient riches ou pauvres, des injustices existent entre les enfants. Dans les pays en déve- loppement (plus pauvres), les enfants des familles plus riches vivent mieux que ceux des fa- milles pauvres. Dans un pays riche comme la Belgique, on pourrait croire que les droits de tous les en- fants sont respectés. Chez nous aussi, les enfants ne sont pas tous égaux et ils voient leurs droits bafoués (non res- pectés). Certains subissent des violences, d’autres vivent dans les familles pauvres qui n’ont pas les moyens de leur donner tous les soins de santé néces- saires (acheter des lunettes, al- ler chez le kiné…) ou de leur of- frir des loisirs (aller au cinéma, faire du sport…). Partout, des enfants souffrent. Chaque en- fant dans le monde mérite qu’on se batte pour que ses droits soient respectés. Des or- ganisations, des personnes agissent partout sur la planète pour améliorer les choses. Reporters / Barcroft Il y a 25 ans, 192 pays adoptaient la Convention internationale des droits de l’enfant. La situation des enfants s’est-elle améliorée ? Tous les enfants ont les mêmes droits L e texte de la Conven- tion relative aux droits de l’enfant comporte 54 articles (parties). Ce texte reprend les règles à respecter envers les enfants de moins de 18 ans, en quatre grands principes. L’enfant a droit à tout ce qui lui est néces- saire pour sa survie, son déve- loppement, sa protection et sa participation (donner son avis,…). Les adultes doivent tout faire pour que ces droits soient respectés. Tous les enfants, quels qu’ils soient (riches, pauvres, Blancs, Noirs,…) et où qu’ils vivent sur la Terre, doivent bénéficier de tous les droits prévus par la Convention. Le non-respect d’un des droits peut avoir des effets néfastes (mauvais) sur les autres droits. Exemple : un enfant qui n’a pas accès à l’eau potable (qui peut être bue) ris- que de tomber plus souvent malade qu’un autre et de ne pouvoir se rendre régulière- ment à l’école. On peut résu- mer le texte de la Convention en plusieurs grandes idées. Quels droits ? - J’ai le droit à la vie. - J’ai le droit d’être en bonne santé : avoir une alimentation suffisante et équilibrée, pou- voir boire de l’eau potable et pouvoir être soigné. - J’ai le droit d’avoir des pa- rents, de pouvoir être aimé d’eux et de bénéficier de leur protection. Si cela n’est pas possible, mon pays doit m’aider et me protéger. - J’ai le droit d’avoir un nom dès la naissance et que celui-ci soit déclaré officiellement. Cette déclaration officielle ouvre toute une série de droits et de protections. - J’ai le droit d’avoir une natio- nalité (appartenir à un pays). - J’ai le droit d’aller à l’école et d’avoir accès aux connaissan- ces qui me permettront de dé- velopper toutes mes capacités et de comprendre le monde. - En cas de guerre, je dois être protégé et je ne peux pas être utilisé comme soldat. - Si je suis réfugié dans un pays parce que je ne peux plus res- ter dans le mien, je dois être aidé. - On doit me protéger des coups, blessures physiques ou mentales, de toute forme d’ex- ploitation, du travail dange- reux, du travail qui m’empêche d’aller à l’école,… - Je peux donner mon avis sur toutes les questions qui me concernent et être entendu par les adultes. - Je peux rêver et penser libre- ment. J’ai le droit de pratiquer une religion en allant à l’église, au temple, à la mosquée… ou de ne pas en pratiquer. - J’ai le droit de jouer, chanter, danser, développer mes dons, me reposer… - Les adultes doivent penser à l’intérêt des enfants quand ils prennent une décision. Que dit la Convention ? Reporters / Photoshot PROGRÈS La situation s’est-elle améliorée pour les enfants ? p. 2 En 25 ans, les droits des enfants ont progressé dans le monde. Mais il reste beaucoup à faire. BELGIQUE La situation des enfants chez nous p. 3 En Belgique aussi, des enfants souffrent, notamment parce qu’ils vivent dans des familles pauvres. PRIX NOBEL Les droits de l’enfant à l’honneur p. 4 Le prix Nobel de la paix 2014 a été attribué à deux personnes qui se battent pour les droits des enfants. DROITS DE L’ENFANT 1 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014 Repères La Terre compte 7,1 milliards d’habitants. 2,203 milliards des habitants de la planète sont des enfants (personnes de moins de 18 ans). Près de 2 milliards des enfants dans le monde vivent dans un pays en développement (plus pauvre). Seulement 248 millions vivent dans un pays riche. 1 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

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Page 1: e s r à 2 DROITS DE L’ENFANT - Lavenir.net · 2015. 6. 9. · le droit de rêver, de jouer, de vous reposer que vous pou-vezrefuserdedonnerunpetit coup de main chez vous pour ranger

Cette petite fille afghane (d’Afghanistan en Asie) fabrique desbriques. Des milliers d’enfants dans ce pays travaillent pouraider leur famille. Cette situation les empêche d’aller à l’école.

L e 20 novembre 1989,presque tous les paysdu monde signaient laConvention internatio-

nale relative (qui concerne)aux droits de l’enfant. Cetteconvention est un texte qui ditquels sont les droits que lespays doivent respecter pourque les jeunes de moins de 18ans puissent grandir normale-ment et vivre heureux.En signant ce texte, la plupartdes pays du monde se sont en-gagés à (ont promis de) faireen sorte que ces droits soientrespectés.

● Des progrès ?Vingt-cinq ans après la signa-ture de cette convention, la si-tuation des enfants dans lemonde s’est-elle améliorée ?On constate des progrès dansdenombreuxdomaines : santé,éducation,… Par exemple, de-puis 1990, le nombre d’enfantsde moins de 5 ans qui meurentchaque année dans le monde adiminué de près de la moitié.Les progrès ne doivent pasfaire oublier que, dès la nais-sance, tous les enfants n’onttoujours pas les mêmes chan-ces.Dans les pays riches, la plupartmangent à leur faim, sont soi-gnés quand ils sont malades,vont à l’école, ont le temps dejouer, donnent leur avis… Unpays riche et organisé a plus demoyens pour faire appliquerles droits de l’enfant. Dans lespays pauvres, le manque d’ar-gent fait que de nombreux en-fants n’ont même pas le mini-mum pour survivre. Ils ont faim,n’ont pas accès à l’eau potable

(qui peut être bue) et sont malou pas soignés quand ils tom-bent malades. Beaucoup n’ontpas la possibilité d’aller àl’école parce qu’ils vivent dansdes familles pauvres et qu’ilsdoivent travailler pour gagnerde l’argent.

● Chez nous aussiÀ l’intérieur des pays aussi,qu’ils soient riches ou pauvres,des injustices existent entre lesenfants. Dans les pays en déve-loppement (plus pauvres), lesenfants des familles plus richesvivent mieux que ceux des fa-

milles pauvres.Dans un pays riche comme laBelgique, on pourrait croireque les droits de tous les en-fants sont respectés. Cheznous aussi, les enfants ne sont pas tous égaux et ils voientleurs droits bafoués (non res-pectés). Certains subissent desviolences, d’autres vivent dansles familles pauvres qui n’ontpas les moyens de leur donnertous les soins de santé néces-saires (acheter des lunettes, al-ler chez le kiné…) ou de leur of-frir des loisirs (aller au cinéma,faire du sport…). Partout, desenfants souffrent. Chaque en-fant dans le monde méritequ’on se batte pour que sesdroits soient respectés. Des or-ganisations, des personnesagissent partout sur la planètepour améliorer les choses.

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Il y a 25 ans, 192pays adoptaient laConventioninternationale desdroits de l’enfant.La situation desenfants s’est-elleaméliorée ?

Tous les enfants ont lesmêmes droits

L e texte de la Conven-tion relative aux droitsde l’enfant comporte54 articles (parties).

Ce texte reprend les règles àrespecter envers les enfants demoins de 18 ans, en quatregrands principes. L’enfant adroit à tout ce qui lui est néces-saire pour sa survie, son déve-loppement, sa protection et saparticipation (donner sonavis,…). Les adultes doiventtout faire pour que ces droitssoient respectés.Tous les enfants, quels qu’ilssoient (riches, pauvres, Blancs,Noirs,…) et où qu’ils vivent surla Terre, doivent bénéficier detous les droits prévus par laConvention. Le non-respectd’un des droits peut avoir deseffets néfastes (mauvais) surles autres droits. Exemple : unenfant qui n’a pas accès à l’eaupotable (qui peut être bue) ris-que de tomber plus souventmalade qu’un autre et de nepouvoir se rendre régulière-

ment à l’école. On peut résu-mer le texte de la Conventionen plusieurs grandes idées.

● Quels droits ?- J’ai le droit à la vie.- J’ai le droit d’être en bonnesanté : avoir une alimentationsuffisante et équilibrée, pou-voir boire de l’eau potable etpouvoir être soigné.- J’ai le droit d’avoir des pa-rents, de pouvoir être aiméd’eux et de bénéficier de leurprotection. Si cela n’est paspossible, mon pays doitm’aider et me protéger.- J’ai le droit d’avoir un nom dèsla naissance et que celui-ci soitdéclaré officiellement. Cettedéclaration officielle ouvretoute une série de droits et deprotections.- J’ai le droit d’avoir une natio-nalité (appartenir à un pays).- J’ai le droit d’aller à l’école etd’avoir accès aux connaissan-ces qui me permettront de dé-velopper toutes mes capacités

et de comprendre le monde.- En cas de guerre, je dois êtreprotégé et je ne peux pas êtreutilisé comme soldat.- Si je suis réfugié dans un paysparce que je ne peux plus res-ter dans le mien, je dois êtreaidé.- On doit me protéger descoups, blessures physiques oumentales, de toute forme d’ex-ploitation, du travail dange-reux, du travail qui m’empêched’aller à l’école,…- Je peux donner mon avis surtoutes les questions qui meconcernent et être entendupar les adultes.- Je peux rêver et penser libre-ment. J’ai le droit de pratiquerune religion en allant à l’église,au temple, à la mosquée… oude ne pas en pratiquer.- J’ai le droit de jouer, chanter,danser, développer mes dons,me reposer…- Les adultes doivent penser àl’intérêt des enfants quand ilsprennent une décision.

Que dit la Convention ?

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PROGRÈSLa situation s’est-elle

améliorée pour les enfants ?

p. 2En 25 ans, les droits

des enfants ont

progressé dans le

monde. Mais il reste

beaucoup à faire.

BELGIQUELasituationdesenfantscheznousp.3EnBelgiqueaussi,desenfantssouffrent,notammentparcequ’ilsviventdansdesfamillespauvres.

PRIXNOBELLesdroitsdel’enfantà

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desenfants.

DROITS DE L’ENFANT

1 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

Repères● La Terre compte 7,1 milliardsd’habitants.● 2,203 milliards des habitantsde la planète sont des enfants(personnes de moins de 18 ans).● Près de 2 milliards des enfantsdans le monde vivent dans unpays en développement (pluspauvre). Seulement 248 millionsvivent dans un pays riche.

1 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

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Il s’agit aussi de respecter leslois, les règles. Vous avez ledroit de manger, mais ce n’estpas une raison pour voler dela nourriture dans les maga-sins.Vos parents ont aussi desdroits et des devoirs enversvous. C’est normal qu’ils vousobligent à faire vos devoirs,qu’ils vous interdisent de fairedes choses dangereuses,…Vous pouvez vous exprimermais pas tout décider. Cen’est pas parce que vous avezle droit de rêver, de jouer, devous reposer que vous pou-vez refuser de donner un petitcoup de main chez vous pourranger votre chambre, faire lavaisselle…

pecter les droits des autres.Par exemple, si on vous ditque vous pouvez penser li-brement et donner votre opi-nion, vous devez en mêmetemps respecter ceux quisont différents ou n’ont pasles mêmes idées que vous.Les autres aussi ont le droitd’avoir leurs idées et de lesexprimer.

J ouer, apprendre, êtreprotégé, aimé, écouté,bien soigné… Tous lesenfants du monde ont

droit à cela grâce à la Conven-tion des droits de l’enfant.Mais les enfants, comme lesadultes, n’ont pas tous lesdroits. Ils ont aussi des res-ponsabilités. Il y a des limites.Il s’agit notamment de res-

À l’occasion des 25ans de la Conven-tion internationaledes droits de l’en-

fant, l’Unicef (organisationqui s’occupe des enfantsdans le monde) publie unrapport intitulé « Le monde est­ilun endroit meilleur pour les en­fants ? ». Ce rapport dresse un

bilan (résultat) des progrèsaccomplis depuis l’entrée envigueur (l’application) de laConvention.

● Des progrèspour la santéL’Unicef constate que desprogrès importants ont étéaccomplis depuis 25 ans.Ainsi, le nombre d’enfants demoins de 5 ans qui meurentchaque année dans le mondea diminué de moitié depuis1990. Le chiffre de ces décèsest passé de 12,7 millions en1990 à 6,3 millions en 2013.Moins d’enfants tombentmalades et meurent avantl’âge de 5 ans parce que, parrapport aux années 1990,plus de personnes ont accèsà de l’eau potable et à desinstallations sanitaires (toi-lettes, salles de bains...). Cesinstallations permettentd’avoir une meilleure hy-

giène (propreté). Les eauxusées (sales) sont aussimieux traitées et du coup,l’environnement est plussain.Par rapport à 1990, plus d’en-fants bénéficient de vaccins(traitement qui permet de nepas tomber malade). Les dé-cès d’enfants de moins de 5ans occasionnés par la rou-geole ont baissé de 80 % en-tre 2000 et 2013 grâce auxcampagnes de vaccination.Les cas de polio ont diminuéde 99 % depuis 1988 (la mala-die a presque disparu).

● La pauvretéAu cours des 25 dernièresannées, la pauvreté a reculédans le monde. En 1990, 47 %des habitants (presque lamoitié) des pays en dévelop-pement (plus pauvres) vi-vaient dans une extrêmepauvreté, avec moins de

1 euro par jour. En 2010, cechiffre était de 18 % (presqueun cinquième des habitants).Malheureusement, près de lamoitié des personnes vivantdans une extrême pauvretédans le monde sont des en-fants.

● Une meilleure éducationPlus d’enfants qu’il y a 25 ansfréquentent l’école primaire.Le nombre d’enfants nonscolarisés (qui ne vont pas àl’école) en âge de fréquenterl’école primaire, a baissé deplus de 40 % entre 1990et 2012. En 1990, 99,8 mil-lions d’enfants n’allaient pasà l’école primaire contre57,8 millions en 2012. C’est unprogrès mais, idéalement,tous les enfants du mondedevraient avoir la possibilitéde terminer au moins leursprimaires.Le rapport de l’Unicef souli-

gne les progrès accomplisdurant 25 ans en matière dedroits des enfants, mais ilpointe aussi tout ce qu’ilreste à faire. Des millionsd’enfants sur la planète res-tent à l’écart des progrès.Leur bien-être et leur protec-tion sont loin d’être assurés.

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Vingt-cinqansaprèsl’entréeenvigueurdelaConventioninternationaledesdroitsdel’enfant,desprogrèsontétéaccomplis.Maisilresteencorebeaucoupàfaire.

Les enfantsvivent-ils mieux qu’il y a 25 ans ?

Un meilleur accès à l’eaupotable a sauvé la vie demillions d’enfants.

On vérifie ?Aujourd’hui, presquetous les pays dans lemonde, soit 194 États,ont ratifié (signé etapprouvé officiellement)la Conventioninternationale des droitsde l’enfant. Seuls lesÉtats-Unis, la Somalie, leSoudan du Sud ne l’ontpas encore fait.Quand un pays ratifieune convention, ils’engage à changer seslois pour que celles-ci larespectent.Un comité (assembléede personnes) desdroits de l’enfant seréunit 3 fois par an àGenève (Suisse) pourvérifier les progrèsaccomplis par les paysen matière de droits del’enfant.Les pays qui ont ratifiéla Convention doiventremettre régulièrementau comité un rapportexposant la situationdes droits de l’enfantchez eux. Le comité estcomposé de 18 expertsinternationaux désignéspar les États signataires.Les experts sont éluspour 4 ans.

Il y a aussi des limites à respecter

Avoirdesdroitsnesignifiepasquel’onpeutfairen’importequoi.

Ce n’est pas parce que vousavez le droit de vous déten-dre que vous pouvez refuserde donner un coup de main àla maison.

Repères● Dans le monde, près de lamoitié des décès d’enfants demoins de 5 ans sont causés parla sous-nutrition (quand onn’est pas suffisamment nourri).● En 2012, 89 % (presque 9 per-sonnes sur 10) avaient accès àde l’eau potable. Ce chiffre étaitde 76 % en 1990.● Entre 1990 et 2012, 1,9 milliardde personnes ont obtenu l’accèsà une forme d’assainissement(avoir une toilette,…). À côté decela, en 2012, 36 % de la popula-tion mondiale n’avait toujourspas de toilettes ou de latrines et1 milliard de personnes fai-saient toujours leurs besoins àl’air libre (dans l’environne-ment). Ces situations, provo-quées par la pauvreté, entraî-nent le risque d’attraper desmaladies.● Depuis l’année 2000, le nom-bre d’enfants qui travaillentdans le monde a diminué de30 % (près d’un tiers). Actuelle-ment, il y a quand même encore168 millions d’enfants qui sontforcés de travailler dans lemonde. Le plus souvent, les en-fants travaillent pour ramenerun peu de nourriture ou d’ar-gent à la maison. Empêcher letravail des enfants n’est pas sisimple. Souvent, leur survie etcelle de leur famille dépendentdu salaire que rapporte leur tra-vail. Et ce, même s’il est souventbas. Pour supprimer le travaildes enfants, il faut que les fa-milles puissent vivre en se pas-sant de leur salaire.

2Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

Page 3: e s r à 2 DROITS DE L’ENFANT - Lavenir.net · 2015. 6. 9. · le droit de rêver, de jouer, de vous reposer que vous pou-vezrefuserdedonnerunpetit coup de main chez vous pour ranger

yaenmoyenne43élèvespourunenseignant. Souvent aussi, lesclasses sont trop petites, les en-fants doivent s’asseoir sur le solou rester dehors. Il n’y a pas assezde matériel scolaire (livres, ca-hiers…) pour tous. Comment,dans ces conditions, recevoir unenseignement de qualité ? Dansle monde, au moins 250millionsd’enfants en âge d’aller à l’écoleprimaire ne connaissent pas lesbases du calcul et de la lecture. Etce, qu’ils aient fréquenté l’écoleou pas.

● Une chanceQuand on n’a pas la possibilité dese former (à lire, calculer, écrire),on ne choisit pas son travail plustard. On fait n’importe quoi pourvivre et on risque de se faire ex-ploiter. Feriez-vous plus tard lemétier que vous voulez si vousdeviez travailler au lieu d’aller àl’école ? Les enfants qui reçoiventunebonne instructionontplusdechances d’exercer plus tard unmétierqui leurpermettradevivrecorrectement. À l’école, les en-fants reçoivent des informationssur l’hygiène, la santé… Ils en par-lentà lamaisonetc’esttoute lafa-mille qui tire profit de l’école.Partout dans le monde, des asso-ciationstravaillentpouraméliorerl’accès à l’éducation.

pas à l’école dans le monde vitdans un pays déchiré par un con-flit (Syrie, Soudan du Sud….). Lapauvreté est une autre raison quiempêche l’accès à l’éducation :95 % des enfants qui ne fréquen-tent pas l’école vivent dans unpayspauvre.Lesmariagespréco-ces(avantd’avoir 18ans),dont lesfilles sont le plus souvent victi-mes, empêchent aussi de termi-ner ses études.

● Quel enseignement ?Au niveau mondial, il reste aussibeaucoupàfairepourque l’ensei-gnementsoitdequalité.Oncons-tate que dans les pays pauvres, il

A u niveau mondial, l’ac-cès à l’éducation s’estamélioréces25derniè-res années. Mais il reste

encore beaucoup de progrès àfaire.Prèsde58millionsd’enfantsdans le monde ne vont pas àl’école primaire. Et, parmi les en-fants qui fréquentent l’école, prèsde 25 % la quittent avant d’avoirachevé leurs primaires. Ce taux(proportion) d’abandon n’a pasdiminué depuis l’année 2000.Pourquoi tant d’enfants ne sont-ils pas ou peu scolarisés (quandon va à l’école) ? La guerre empê-che de fréquenter l’école. Près dela moitié des enfants qui ne vont

voir fédéral qui concerne toutelaBelgique,par lesCommunau-tés…) et ce n’est pas toujourssimple de s’y retrouver. Il fau-drait consacrer aussi plus d’ar-gent à l’aide aux enfants, sur-tout en ces temps de criseéconomique qui touche les fa-milles.

L aCODEestunréseaude13 ONG (organisationsnongouvernementales)qui, ensemble, veillent à

la bonne application de la Con-ventiondesdroitsde l’enfantenBelgique. Valérie Provost et Xa-vier Briké sont actifs à la CODE.Le JDE les a rencontrés pourévoquer la situation des droitsdes enfants dans notre pays.

Quelles sont les situations particulière-ment préoccupantes en Belgique ?ValérieProvost :LaCODEetsesmembres se préoccupent decertains groupes d’enfants plusvulnérables (faibles) dont lesconditions de vie sont difficiles.Je pense aux enfants touchéspar la pauvreté, aux enfants mi-grants (qui viennent d’un paysétranger) qui arrivent en Belgi-que seuls ou avec leurs parents,

aux enfants handicapés, à ceuxqui sont séparés de leurs pa-rents, aux enfants en conflitavec la loi et confrontés à la jus-tice. Les droits de ces enfantssont moins bien respectés.

● Le drame de la pauvreté

Prenons le cas des enfants touchés parla pauvreté. Quels effets a-t-elle surleurs droits ?Valérie Provost : En Belgique,17 % des enfants vivent sous leseuil de pauvreté. La pauvreté aun impact (des effets) sur tousles autres droits de l’enfant. Unenfant qui vit dans une familleoù l’argent manque risqued’être moins bien soigné. Il amoins de loisirs. Il a plus diffici-lement accès à l’éducation…L’enseignement primaire de-vrait être gratuit. Ce n’est pas le

casetçacréedes inégalités.Lesfamilles doivent payer certainsfrais (piscine, sorties…). Les pa-rents qui manquent d’argent nesavent pas tout payer. Ils fontdes choix et c’est ainsi que desenfants ne vont pas à la piscine.Le prix de la piscine, c’est un re-pas de midi.Certaines écolesaident les parents en difficulté,d’autres, non. Les enfants pau-vres sont stigmatisés (jugés) àl’école.Xavier Briké : Des enfants pau-vressontséparésde leur familleet placés dans une institution àcause de la pauvreté et pasparce qu’ils sont maltraités, parexemple. Ils sont placés loin deleur famille qui n’a pas lesmoyens d’aller les voir. Norma-lement, il faut toujours essayerde privilégier le lien avec la fa-mille. Dans ces cas-là, on n’entientpassuffisammentcompte.Certains enfants se retrouventaussi dans l’enseignement spé-cialisé alors qu’ils n’ont rien à y faire. Ce phénomène toucheprincipalement les familles dé-favorisées.

Comment peut-on améliorer l’applica-tion de la Convention des droits del’enfant en Belgique ?Valérie Provost : Il faudrait unemeilleure coordination des dif-férentes politiques menées enfaveur des enfants en Belgique.Dansnotrepays, ledroitdesen-fants est traité par différents ni-veaux de pouvoir (par le pou-

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Bienque laBelgiquesoitunpaysriche,certainsenfantsviventdessituationsoù leursdroitssontbafoués.LaCODE(CoordinationdesONGpour lesdroitsde l’enfant)suitdeprès lasituationdesdroitsde l’enfantenBelgique.Rencontre.

Quelle est la situationen Belgique ?

Les enfants qui vivent dansune famille pauvre risquentplus l’échec à l’école que lesautres.

Une meilleure éducationpour un meilleur futur Repères

● En Belgique, il y a deux dé-fenseurs des droits de l’enfant,un pour la Communauté fla-mande (partie du pays où l’onparle flamand) et un pour laCommunauté française, appe-lée Fédération Wallonie-Bruxel-les (partie du pays où l’on parlefrançais). Ils sont élus pour 6ans par le Parlement (les élusqui font les lois) de leur com-munauté.● Leur rôle est de veiller à laprotection et à l’intérêt des en-fants. On peut s’adresser à euxet à leur équipe en cas de be-soin. Ils ne peuvent régler tou-tes les questions mais ils peu-vent orienter les gens vers lesbons services et donner desconseils. Ces défenseurs inter-pellent aussi les responsablespolitiques du pays sur les si-tuations qui ne respectent pasles droits de l’enfant et ils récla-ment des changements.● En Flandre, ce défenseur estappelé Commissaire aux droitsde l’enfant. Actuellement, c’estBruno Vanobbergen qui estcommissaire.● Côté francophone, le défen-seur des droits de l’enfant estappelé Délégué général auxdroits de l’enfant. Actuellement,c’est Bernard Devos qui est dé-légué général. Site internet :

www.dgde.cfwb.be

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La pauvretéprogresse dansles pays richesLa crise économique(quand on produitmoins de richesses) quifrappe le monde depuis2008 a fait progresserla pauvreté des enfantsdans les pays riches. Unrapport de l’Unicef,paru fin octobre 2014,montre qu’entre 2008et 2012, 2,6 millionsd’enfants ont sombrésous le seuil depauvreté dans les 41pays les plus riches dela planète (les 28 paysde l’Union européennefont partie de ces 41pays riches). En tout,on estime (pense) que76,5 millions d’enfantsvivent dans la pauvretédans les pays riches.

Dans certains paysriches, où l’on penseque les gens viventbien, la situation estparticulièrementpréoccupante. Ainsi,aux États-Unis,24,2 millions d’enfantsvivaient dans lapauvreté en 2012contre 22,5 millions en2008. 32 % des enfantsvivent dans la pauvretéaux États-Unis.

Des progrès ?En 25 ans, la situation desdroits de l’enfant a-t-elleprogressé chez nous ?Valérie Provost : Depuisque la Convention desdroits de l’enfant estentrée en vigueur enBelgique (c’était en 1992)et même si beaucoup dechoses restent difficiles, leregard que l’on porte surl’enfant et sa place dans lasociété, dans la famille ontchangé. On est plusattentifs aux enfants, ondiscute plus des chosesqui les concernent, ondemande plus leur avis.Aujourd’hui, pour aider lesenfants à bien grandir, onsait qu’il vaut mieux opterpour la bientraitance (lefait de bien traiterquelqu’un) que pour lamaltraitance (le fait demaltraiter quelqu’un dansl’espoir qu’il s’améliore). Etça, c’est assez nouveaupar rapport à l’histoire.Certaines lois en Belgiqueont réellement fait avancerle droit des enfantscomme l’interdiction dutravail des moins de 15 ans,la prise en compte de l’avisdes enfants dans certainesprocédures (actions enjustice) les concernant.

3 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

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M alala Yousafzaï, 17ans, est Pakistanaise(du Pakistan enAsie). Elle devient

célèbre dans le monde entieren2008,à l’âgede11ans,endé-nonçant sur Internet les injusti-ces commises par les talibans(extrémistes religieux musul-mans) dans la région du Pakis-tan où elle vit. À cette époque,sa région est occupée par lestalibans depuis 2007. Ils impo-sent des règles strictes à la po-pulation et interdisent notam-ment aux filles d’aller à l’école.En 2009, les talibans perdent lepouvoir dans la région où vitMalala, mais ils continuent àmener des attaques. Malala re-tourne à l’école et continue àdéfendre le droit pour tous lesenfants d’aller à l’école.Le 9 octobre 2012, des talibanstirent une balle dans la tête deMalala !Opéréed’urgence, puis

transférée (transportée) dansun hôpital en Angleterre, Ma-lala est finalement sauvée.L’attaque et l’éloignementn’ont pas fait taire la jeune fille.Le 12 juillet 2013, elle fait un dis-cours à l’ONU (Organisationdes Nations unies chargée de

défendre la paix dans lemonde) pour réclamer quetous les enfants du mondepuissent aller à l’école.

● RécompensesMalala devient le symbole dudroit à l’accès à l’éducationpour tous les enfants. En 2013, son combat lui vaut d’être ré-compensée par le prix interna-tional de la paix des enfants(récompense de la fondationKidsrights ou droits des en-fants) ainsi que par le prixSakharov du Parlement euro-péen. Cette année, elle est ré-compensée par le prix Nobelde la paix et par le prix des En-fants du monde. Ce dernier estdécerné par les enfants de60 000 écoles dans 110 pays.Malala vit aujourd’hui en Gran-de-Bretagne, où elle étudie.Elle a créé une fondation (asso-ciation) à son nom et soutientles campagnes en faveur del’éducation des enfants dansplusieurs pays, dont le Pakis-tan.

AFP

Le 10 octobredernier, leprestigieux (connuet admiré) prixNobel de la paix aété attribué àMalala Yousafzaï età Kailash Satyarthi,pour leur action enfaveur des droitsdes enfants. Ilsrecevront leur prixle 10 décembre àOslo en Suède.Portraits.

Le droit des enfantsà l’honneur

Malala Yousafzaï et KailashSatyarthi se partagent leprix Nobel de la paix 2014.

Plus d’infosSur le site de l’Unicef, voustrouverez des dossiers surles droits des enfants. Unagenda des manifestations(expos, animations, …)organisées pour les 25 ansde la Convention est aussidisponible :

www.unicef.be

L’ONG (organisation nongouvernementale) PlanBelgique, qui défendnotamment l’accès desfilles à l’éducation, a conçudes dossiers sur les droitsdes enfants :

www.planbelgique.be

Pour lire le texte intégral(en entier) de laConvention ou un textesimplifié pour les enfants,visitez le site :

www.humanium.org

La CODE(voir page3) publie le20 novembre, uneétude sur lasituationdes droitsdesenfants,

intitulée «On croise lesdroits. Regards de laCODE et ses membres surles 25 ans des droits del’enfant». Ce document,plutôt réservé aux adultes,décrit surtout la situationen Belgique.

www.lacode.be

Textes : Rita WardenierJournal des Enfants

38, route de Hannut - 5004 BougeTel. : 081/24 88 93

E-mail : [email protected] : www.lejde.be

ditions de travail (le nombre d’heures detravail maximum par jour, les jours decongé…). Ils n’étaient pas payés, mais lespatrons devaient les nourrir, les loger, s’oc­cuper de leur linge… Si les patrons ne res­pectaient pas leurs engagements, on pou­vait leur retirer l’apprenti. Au Moyen­Âge, les enfants pouvaient apprendre àlire, écrire et calculer. Les garçons fréquen­taient plus souvent l’école que les filles. Lasociété médiévale (du Moyen­Âge) s’occu­pait des enfants abandonnés ou handica­pés. »D’autres détails sur la vie des en-fants d’hier et d’aujourd’hui sontdévoilés dans l’expo.

aussi manipuler (écrire sur unetablette en cire, jouer,…), regar-der un film…Au fil de l’expo, on trouve des ré-ponses à de nombreuses ques-tions. Comment vivaient les en-fants à l’époque gallo-romaine,voici 2 000 ans, et au Moyen-Âge ? Comment étaient-ils con-sidérés ? La vie des enfantsd’hier était-elle très différente decelle de ceux d’aujourd’hui ? Etde nos jours, les droits des en-fants sont-ils respectés partoutdans le monde ?

● C’était comment avant ?Françoise Lefebvre travaille à laMaison du patrimoine médiévalmosan. Elle explique commentles enfants vivaient au Moyen-Âge : « La notion de droits de l’enfanttelle qu’elle est développée aujourd’huin’existait pas au Moyen­Âge. Les condi­tions de vie étaient dures et faisaient quebeaucoup d’enfants mouraient avant d’at­teindre l’âge de 20 ans. Mais on s’occupaitdes enfants et ils étaient respectés. Ils vi­vaient et grandissaient au sein de la fa­mille jusqu’à l’âge de 7 ans. Ensuite, ilstravaillaient avec les parents. Ce n’étaitpas de l’exploitation. Ils aidaient simple­ment leur famille. Vers 14 ans, certainsenfants devenaient apprentis chez un pa­tron pour apprendre un métier. Ils étaientengagés avec un contrat qui fixait les con­

toient le kit santé Unicef, l’écoleen boîte utilisée par l’organisa-tion dans les situations d’ur-gence (lors de catastrophes na-turelles, dans les pays enconflit…), des jouets fabriquéspar des enfants ailleurs dans lemonde… On peut observer mais

dans le monde aujourd’hui.

● Du passé au présentDes objets archéologiques (dupassé)commedesbiberons,destablettes de cire romaines pourécrire,des jouetsduMoyen-Âge,une paire de patins en os… cô-

À l’occasion des 25 ansde la Convention desdroits de l’enfant, laMaison du patrimoine

médiéval mosan (qui concernela Meuse) de Bouvignes-sur-Meuse organise une expositionsur le thème de l’enfance en col-laboration avec Unicef Belgique.Intitulée «Né quelque part, hier etaujourd’hui », cette expo con-fronte la situation des enfantsd’autrefois (de l’époque gallo-romaineauMoyen-Âge)auxréa-lités vécues par les enfants dansle monde aujourd’hui. Elleaborde 5 aspects de la vie desenfants : la famille, l’éducation, lasanté, la protection de l’enfant etles loisirs. Pour chaque thème,l’expo présente côte à côte la si-tuationdesenfantsdans lepasséet un volet Unicef qui brosse(montre) la situation des enfants

Enfants d’hier et d’aujourd’huiLes droits des enfantssont au cœur de lanouvelle expositionorganisée par laMaison du patrimoinemédiéval mosan(MPMM) de Bouvignes(province de Namur).

Infos expo● L’exposition «Né quelque part, hieret aujourd’hui » a lieu du 6 décem-bre 2014 au 30 septembre 2015 à laMaison du patrimoine médiéval mo-san à Bouvignes.● Des visites guidées et des ateliersen lien avec l’exposition sont organi-sés pour les classes, uniquement surréservation.● L’entrée à l’expo est gratuite.● La visite guidée coûte 3 euros parenfant. Pour les classes du monde del’Unicef, ce prix est de 2,50 euros parenfant. Infos classes du monde sur :

www.unicef.be/kids● Infos et réservations sur :

www.mpmm.be

Le combat de Kailash SatyarthiL’Indien(d’IndeenAsie)KailashSatyarthi, 60ans,a reçu leprixNobelde lapaix2014pour son combat contre l’esclavage des enfants en Inde, dans les usines ou à do-micile (chez les gens) comme domestiques. Dans les années 1980, cet homme aabandonné son métier d’ingénieur pour créer une association, appelée BachpanBachao Andolan (Mouvement pour sauver l’enfance). Elle a déjà sauvé plus de80 000 enfants de l’exploitation.En 1994, il a lancé un label (marque posée sur un produit qui en garantit l’origine),appelé Rugmark, connu sous le nom de GoodWeave International. Ce label garan-tit que les tapis qui en disposent n’ont pas été fabriqués par des enfants. KailashSatyarthi espère voir disparaître le travail des enfants de son vivant. Pour cela, il ditqu’il faut lutter contre les patrons qui emploient des enfants, mais qu’il faut aussique les consommateurs refusent d’acheter des produits fabriqués par les enfants.

4Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

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~500~L’île est décou-verte par des Africains et des Indonésiens

~1400~Des navigateurs européens viennent chercher or, épices, pierres précieuses...

~1897~L’île devient une colonie française

~26 juin

1960~Madagascar devient indé-pendante

~2009~Une crise politique frappe le pays

~2014~Un nouveau président s’installe après avoir été élu.

~2009Une crise politique politique politique frappe frappe frappe frappe frappe le pays

devient indé-

1897~île devient

une colonie

26 juin

1960~Madagascar devient indé-devient indé-

MADAGASCAR MADAGASCAR

Océan Indien

Antsirabe

Océan

Indie

n

Antananarivo

AFRIQUE

MADAGASCAR

MALNUTRITIONC’est quoi ?

p. 2Qu’est-ce qu’un enfant

malnutri ?Et comment peut-on

le soigner ?

COUTUMESFady

p.3Que disent des enfants de

leur vie ? Quel est le rôlede l’école ? Et qu’est-ce

que les fady (interdits) ?

PROTECTIONAbus

p.4Comment protéger

les enfants d’abus(violence,

maltraitance) ?

ÊTRE ENFANT À MADAGASCAR

M adagascar est la 4e plusgrande île au mondeaprès le Groenland, laNouvelle-Guinée et l’île

de Bornéo.On parle souvent de la beauté decette île qui abrite, c’est vrai, despaysages splendides, une faune(animaux)etuneflore(plan-tes) originales.Madagascar s’est déta-chée de l’Afrique il y a120 millions d’années.Cet isolement précoce(très tôt) explique pour-quoi Madagascar abrite desespèces éteintes partout ailleurs.Mais cette île de l’Océan Indien faitpartiedespays lespluspauvresdumonde.Plusde9Malgachessur 10vivent avec moins de 2 dollars (1,5euro) par jour.Et les enfants ? Ils représentent lamoitié de la population. 8 sur 10sont affectés par la pauvreté, pri-vés (un peu ou beaucoup) denourriture, de soins de santé,d’éducation, de logement, d’eau,de protection…

● Soutenir la populationAu cours de ces 40 dernières an-nées, l’île a été secouée par desconflits politiques internes. Cha-que crise a créé de la désorganisa-tion, appauvri la population. Lepays manque d’infrastructures(routes, écoles,...).

Actuellement, l’île se relèvelentement d’une crise qui asévien2009(voir lignedutemps ci-dessous). Cel-le-ci a fait fuir de nom-breux donateurs. Or, 60 %

du budget (de l’argent uti-lisé par l’État pour s’organiser)

provenaient de ces dons.

● Madagascar oubliée ?Île oubliée ? Non, mais peu ou malconnue. Que sait-on de ses urgen-ces, de ses difficultés en Europe ?Qu’est-ce qu’être aujourd’hui unenfant à Madagascar ? Où en sontles droits des jeunes Malgaches ?Pour le découvrir, le JDE s’estrendu sur place avec l’Unicef, uneorganisation présente depuis 30ans à Madagascar.

Madagascarestuneîlequifaitrêver,carsanatureestsuperbe.Mais82%desenfantsyviventdanslapauvreté.

Madagascar, l’île rêvéeou oubliée ?

À Madagascar, sur lesmarchés, on peuttrouver de tout : légu-

mes, viande, produits laitiers…Mais peu de personnes peu-vent acheter cette variété

d’aliments.Le salaire minimum est de150 000 ariarys/mois, ce quicorrespond à environ50 euros. Cet argent doit fairevivre une famille durant un

mois.Mais quel est le prix des ali-ments ? Un kilo de riz coûte1 500 ariarys (soit environ undemi-euro). Le prix du kilo decarottes varie entre 300 et600 ariarys, tout dépend de laforme et la variété des carot-tes. Les fruits coûtent souvent1 000 ariarys le kilo, peu degens pauvres en mangent. Lesproduits laitiers sont hors deprix pour les gens qui ont peud’argent : trois œufs coûtent1000 ariarys. Quant au lait, lelitre se paie 1 600 ariarys.Bref, le menu d’un Malgacheest plus souvent composé deriz et de quelques légumes.

Ainsi, le midi, le repas se com-pose de manioc, parfois demaïs ou de carottes et de rizet, le repas du soir, c’est du riz.Si les gens, surtout à la cam-pagne, mangent rarement dela viande, c’est parce qu’ellecoûte très cher. Un kilo dezébu (vache malgache) coûteentre 40 000 et 45 000 aria-rys. Son prix a augmenté de25 % depuis 2009 ! Le porccoûte davantage que le zébu,c’est donc un plat de fête. Pa-reil pour la volaille (poulet,dindon, etc.). La malnutritionrègne et touche donc beau-coup d’enfants malgaches(voir encadré ci-contre)

Sur un marché malgache,que trouve-t-on ?

ÉdA/

Mar

ie-A

gnès

Can

tinau

x

● Superficie : 587 040 km2

(la France fait 552 000 km2)● Capitale : Tananarive (ou Antana-narivo en malgache). On dit aussiTana.● Population : 21,3 millions d’habi-tants (deuxfois lapopulationbelge).Plus de 8 habitants sur 10 sont pay-sans et vivent dans la campagne.● Langue : le malgache et le français(enseigné à l’école).● Monnaie : ariary (1 euro = 3200ariarys).● Climat : de novembre à mars, c’estla saison des pluies, elles sont pas-sagères, mais régulières. Parailleurs, Madagascar figure parmiles pays les plus vulnérables aux cy-clones (pluies torrentielles, inonda-tions destructrices), période entrejanvier et avril.

Repères● D’après une étude(*) récente, la faimrecule globalement dans le mondemais il y a encore 805 millions de per-sonnes qui souffrent de la malnutri-tion chronique (voir définition enpage 2). ● Madagascar, Haïti et le Yémen res-tent dans la zone rouge des pays lesmoins sûrs sur le plan alimentaire.● À Madagascar, 47% des enfants demoins de 5 ans sont en état de sous-alimentation chronique ou de retardde croissance.* La FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture)dépend des Nations unies (une organisation dont le butest de faire respecter la paix dans le monde). Cette études’intitule «l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde2014».

1 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

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Il existe deux types de malnutrition :– LA MALNUTRITION CHRONIQUE : l’enfant souffre decarences (manques) de nourriture, il est plutôt petit en tailleet chétif (maigre, faible). Il a un retard de développement.– LA MALNUTRITION AIGUË : elle survient quand le corpscommence à consommer ses propres tissus pour y trouverde l’énergie et des composants nutritionnels nécessaires àsa survie. Elle peut être soit modérée, soit sévère. ÀMadagascar, 9 % (9 enfants sur 100) sont atteints demalnutrition aiguë. Les 2 stades constituent une urgencemédicale et nécessitent une prise en charge rapide etefficace.

RepèresLa Convention internationale des droits de l’enfant consacre deuxarticles spécifiquement à la malnutrition.

● L’article 6 affirme que tous les enfants ont le droit à la vie et quetoutes les mesures doivent être entreprises pour veiller à la sur-vie et au développement de l’enfant.

● L’article 24 ajoute l’obligation des États à réduire la mortalitédes enfants, à lutter contre la malnutrition et ce, en fournissantà la population informations, eau potable, aliments nutritifs, encas de besoin.

P resque la moitié desMalgaches de moinsde 5 ans, soit environdeux millions d’en-

fants, souffrent de malnutri-tion chronique, c’est-à-dired’un retard de développe-ment, notamment un retard decroissance en taille.La malnutrition, c’est un désé-quilibre entre les apports enéléments nutritifs et les be-soins de l’organisme (corps).« Souvent on ne voit dans la malnutri­tion chronique que l’aspect ‘petitetaille’, explique Simeon Na-mana, chargé de nutrition àl’Unicef à Madagascar. Mais il ya des effets non visibles. Un enfant mal­nutri a des cellules nerveuses qui seconnectent mal. Cela veut dire qu’il aun retard au niveau cognitif (langage,mémoire,…) et donc souvent 2­3 ans deretard scolaire. Il risque aussi d’avoirplus de maladies une fois adulte. Cu­rieusement, un enfant malnutri peut

devenir un adulte obèse, touché par desproblèmes de tension – et développerdes maladies du cœur, du diabète (uneconcentration de sucre trop élevée dansle sang)… Ces enfants malnutrisauront moins de capacités à travaillerquand ils atteindront l’âge adulte. »Près d’une mère sur trois estmalnutrie et commence sagrossesse avec ce problème.Ce qui ne permet pas à l’enfantd’avoir de quoi bien grandir. Etêtre mère, c’est une réalité quel’on connaît jeune à Madagas-car. Selon une enquête menéeen 2013 par l’Institut Nationalde la Statistique de Madagas-car, la moitié des jeunes fillesde 19 ans sont mères.

ÉdA/

M.-A

.C.

Lorsqu’unenfantestmalnutri,celasignifiequesonalimentationestinsuffisanteetmaléquilibrée.

La malnutritionC’est quoi ?

ÀMadagascar, les famillesdéfavorisées peuvent serendre dans des CSB

(centres de santé de base). Celuique l’on a visité au sud de l’île des-sert une commune de plus 4000habitants.Cematin-là, les femmeset les enfants présents ont parfoisparcouru 10kmàpiedpourarriverau centre. La discussion démarresur la nutrition. Une femme témoi-gne : « Comment manger correctementquand on manque d’argent ? Pour le mo­ment, la récolte a été bonne, on a du rizmais, en novembre, ce sera fini, on n’en aura

plus avant la récolte de décembre. Onn’aura que du manioc (racine qui semange) !»L’assembléediscute.Faireunpetitpotager pour avoir d’autres légu-mes ? Pour ces habitants, si pê-cher est une habitude, cultiver deslégumes ne l’est pas.Ces séances d’information-dis-cussion ont lieu chaque jour. Cedispensaireestouvert7 jourssur7et 24 heures sur 24.Ces cinq dernières années, lestroublespolitiquesontrendulavietrès difficile pour les enfants et les

femmes les plus vulnérables. DesCSB ont dû fermer leurs portes,faute d’argent. L’Unicef a pu enrouvrir dans près de la moitié des122 districts de l’île. Mais actuelle-ment, à Madagascar, seulement lamoitié des enfants âgés de 1 à2 ans ont reçu tous leurs vaccins.C’est 10 % de moins qu’en 2008.

● Des soins accessiblesChaque matin, à l’ouverture, le tra-vail démarre par une séance devaccination. Lors de sa premièreannée de vie, un enfant peut rece-voir jusqu’à 10 vaccins. Il est ainsivacciné contre les maladies debase. Ce centre fait figure de bonélève, il dépasse même les objec-

tifs (buts) fixés en matière de vac-cination.Mais il fautdirequelemé-decin et l’infirmière vont quatrefois par an dans les villages. «Pourrejoindre ces endroits, on se déplace en piro­gue et à pied, explique le médecin.C’est pareil pour le suivi des grossesses. Lesfemmes enceintes ne peuvent pas se déplacersur de longues distances.»Dans la foule, il y a Bernadette,18 ans, qui tient Odette, 18 mois,dans les bras. «Je marche 30 minutespour arriver au centre. Ce n’est pas loin. J’ai

eu une belle grossesse car j’ai été suivie parle médecin. Odette a reçu tous les vaccins. Jecontinue aussi à la nourrir au sein, je le feraiencore six mois, en plus de lui donner du rizet du manioc.»Si lessoinssontacces-sibles, ils ne sont pas gratuits. «Lesfamilles doivent payer les médicaments,explique le médecin. Mais c’est moinscher qu’à la pharmacie. Parfois, si la per­sonne ne peut payer, on lui fait crédit (ellepaie plus tard) ou bien elle apporte des pro­duits et je les lui achète. Je rentre chez moiavec des bananes ou d’autres choses.»

Visite d’un centre de santé

ÉdA/

M.-A

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Dans les CSB (centres de santé de base), lesenfants peuvent être vaccinés, les grossessessurveillées,… On y parle aussi d’alimentation.

Le médecin pèseet ausculte le bébé,mesure lerapport entreson poids etsa taille.S. a 18 ans,elle vientpour lapremièrefois avecsa petitefille de 10mois.Celle-ci pèse6 kg, mesure65 cm. L’enfantsouffre demalnutrition sévère(grave).Le médecin a pu ledéterminer notamment enmesurant le périmètrebrachial (tour du bras). Ilest de 11, il devrait être de13. La maman va doncrecevoir du Plumpy’nutpour son bébé. C’est une

pâte nutritive prête àl’emploi, un aliment

à based’arachides

utilisé encas defamine. Lemédecinregardel’enfantqui avalela pâte. Si

celui-cin’arrive pas

à avaler, ill’enverra à

l’hôpital. Mais lapetite fille avale bien.

Elle reviendra avec samaman chaque semainepour que le médecin puissevérifier son poids. Quandelle aura pris 900 g, ellecessera de recevoir duPlumpy’nut car onconsidérera qu’elle n’estplus dans une situation demalnutrition sévère.

Un enfant malnutri

ÊTRE ENFANT À MADAGASCAR

Beaucoup de filles sontmères très jeunes

2Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

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L anutrition, lamanièredonton se nourrit, est aussi dic-tée en partie par les habi-tudes de vie, les traditions,

les coutumes. Dans la culture mal-gache, il y a les fady. Fady celaveut dire «ce qui est sacré, dé-fendu, ce dont on doit s’abstenir».Les fady sont en général héritésdesancêtresdivinisés(considéréscomme des dieux) appelés « Ra-zana». Mais ces fady diffèrent sui-vant l’ethnie (peuple), car à Mada-gascar, il y a 18 ethnies différentes.Etchaqueethnieasespropresan-

cêtres et son propre cadre de vie.À Tana, ce sont les Merina (ethniedes nobles), à l’est, ce sont les An-temoro….

● Des habitudes de vieDans des villages du sud du pays,ilarrivequelesmatrones(femmesplusâgéesqui fontpreuved’auto-rité) donnent des tisanes aux jeu-nes femmes enceintes pour qu’el-les soient en forme. Parfois, cesplantes provoquent de l’hyper-tension chez les jeunes femmes,cequiestmauvaispour lecœur.Si

c’est diagnostiqué à temps, celapeut être soigné avec des médi-caments. Mais pour cela, il fautque les femmes se rendent dansun centre de santé.Simeon Namana, chargé de nutri-tion à l’Unicef à Madagascar, ex-plique : « Si les gens restent dans leurcommunauté (village), alors, ils vont plutôtvoir le guérisseur. À l’Unicef, on se rendcompte de plus en plus qu’on doit discuteravec la population pour tenir compte no­tamment des fady qu’elle doit respecter. Surla côte, il y a des villages où il est fady demanger du poisson. On doit aussi parlerdes croyances. À Madagascar, les mamansdonnent de l’eau à leur enfant car elles con­sidèrent que le nouveau­né est un étranger.Or, la tradition est d’offrir de l’eau à unétranger. Par la suite, le bébé continue àboire de l’eau en plus du lait qu’il prend ausein car les mamans pensent que le lait ne ledésaltère pas. Souvent, cette eau vient de larivière et elle est impropre à la consomma­tion. Cela provoque des diarrhées ou celagonfle l’estomac de l’enfant qui ne réclameplus à manger et se retrouve malnutri. Ilfaut pouvoir démontrer aux mères que cetteeau ne fait pas de bien à leur bébé. Tout cela,on peut le faire dans les centres de santé. »Mais 45 % de la population ne fré-quente pas les CSB. «Si on veut luttercontre la malnutrition, il faut aussi décou­vrir dans le village qui a autorité pour lanutrition des enfants. Ce ne sont pas tou­jours les jeunes mamans. Il faut aller parleravec les personnes influentes.»

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Laculturemalgacheestrichedecoutumes(habitudessuiviesparlespersonnes).Celaintervientaussidanslanutrition.

C’est fady !C’est la coutume ?

Dans un village, qui décidede la façon dont on nourritles enfants ? La coutumeveut que ce ne soit pastoujours les mamans.

L es raisons pour lesquelleslesenfantssontmalnutris,sont multiples : les mau-vaises récoltes dues aux

conditions météorologiques dif-ficiles, l’augmentation du prix desaliments, le faible revenu des fa-milles, l’accès difficile aux soinsde santé…Dès lors,apporterde lanourritureaux enfants ne suffit pas. Il fautaussi leur permettre d’avoir uneformation,d’allerà l’écolecarcelapeut nettement améliorer leurvie.Beaucoup de filles sont mèrestrès jeunes. Et, parmi les filles de15 ans et plus, seulement 6 sur 10savent lire et écrire. Or, on cons-tate que les enfants de mèresscolarisées ont 50 % de chancesen plus de survivre à leur 5e anni-versaire. Alicia a 17 ans. Elle a eu

un garçon, Fanilo, il y a deux ans.«Quand j’ai été enceinte, j’ai dû quitterl’école, me débrouiller seule pour élever Fa­nilo. J’avais besoin d’argent, alors, j’ai ac­cueilli des hommes chez moi, pour avoir dequoi vivre et nourrir mon enfant. Un jour,lors d’une séance d’information au village,j’ai entendu que se former à l’école, c’étaitun droit pour des jeunes de mon âge. On aaussi dit qu’à 15­16 ans, on n’était pas prêtà bien s’occuper d’un bébé. Alors, j’ai décidéde reprendre l’école et mes parents vontm’aider en s’occupant de Fanilo. Je vais êtreen 4e année (2eannée du secondairechez nous). Étudier va m’apporter demeilleures conditions de vie. Plus tard,j’aimerais avoir un travail de bureau dansune grande entreprise.» Près de lamoitié des Malgaches sont anal-phabètes (ne savent ni lire niécrire)selon leministèrede l’Édu-cation nationale malgache. C’estaussi le cas des parents d’Alicia.

«Je veux étudierpour mon enfant»

Plus de 2 millions d’enfants ne vont pas à l’école maternelle,et près de 1,5 million d’enfants en âge d’être à l’école pri-maire ne sont pas scolarisés.

L’ accès à l’eau est aussi unproblème à Madagascar.

L’île possède des ressources eneaux souterraines et en surface(lacs, rivières,…). Mais il n’y en apas partout et elle est très peuexploitée, moins de la moitié(48 %) de la population dans leszones rurales (campagne) a ac-cès à l’eau potable…Dans le pays, très peu de per-sonnes (14 %) ont recours à deslatrines (trous qui servent detoilettes).Partout, la défécation (fairecaca) se fait en plein air (leschamps, les forêts, les coursd’eau,…). Cela contamine lessourcesd’eauet lanourriture.Ladiarrhée demeure une des ma-ladies les plus meurtrières pourles enfants de moins de 5 ans.Ce sont les communes qui sontchargées de s’occuper de cetaccès à l’eau mais les besoinssont énormes et les moyensmanquent.Avec des partenaires, l’Unicefinstalledespointsd’eaupotabledans les écoles, ainsi que des

toilettes, des stations de lave-mains.En 2013, 38 000 villageois ontabandonné la défécation enplein air et construit leurs pro-pres latrines. Mais les change-ments demandent du temps.

Peu d’accèsà l’eau potable

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À l’école, quand il y a un pointd’eau, les enfants apprennent àse laver les mains avec du savon.

La pêche● Alberto, 15 ans, vit àAmbinanibe (sud-est), dans unvillage depêcheurs. «Je melève à 5 hle matinet je vaisrelever lespièges pourles poissons. Puis on les vendau village. Si la pêche estbonne, on peut en manger !Avec l’argent gagné de montravail, je peux payer mes fraisscolaires. Une année d’écolecoûte 150 000 ariarys (soit50 euros, l’équivalent dusalaire minimum). Je suis aucollège.Plus tard, j’aimeraispoursuivre mes études, vivreailleurs peut-être. Mais je n’aipas envie d’avoir 6 enfantscomme mes parents.»

La colonisation● Frédéric, 11 ans, vit avec sesdeux frères et sa sœur, sa

mère, son beau-père à Tana,la capitale. Il est au collège.« J’aime apprendrel’histoire de monpays. Surtout lacolonisationfrançaise qui afait souffrirMadagascar.Je veuxconnaître ça. Jeveux devenirhistorien et êtrechercheur.Mais je suis l’aînéet je dois aider la famille etprotéger les plus jeunes. Simaman ne peut pas payerdes études à mes frères etsœurs, alors j’irai travaillerpour qu’ils puissent étudier.»

Le français● Christophine a 12 ans, elleest en CM1 (l’avant-dernier niveau avantl’entrée au collège).De sa vie à l’école,elle explique ceci :«L’école se fait enfrançais et enmalgache*. Ce n’est

pas ma langue à la maison,alors, je comprends juste unpeu le français. Pourtant, c’est

ma matière préférée !Dans ma classe, il y a

des enfants âgés de7 à 12 ans. Certainssont avancés,d’autres ont

redoublé plusieursfois. Après l’école, je

dois travailler à la maison :aller chercher de l’eau à larivière, laver les assiettes…Les garçons jouent. La seulechose qu’on leur demande,c’est d’amener le paddy (riznon décortiqué) à lamachine.C’est plus difficile deréussir à l’école quand on estune fille, on se sent plusfatiguée.»

* Le français est devenuobligatoire en 1896 lors de la

colonisation. Depuis 1960,il est la seconde langueaprès le malgache. Il estutilisé par la justice,l’école, l’administration…

mais peu de Malgachesle connaissent.

Témoignages d’enfants malgaches

ÊTRE ENFANT À MADAGASCAR

3 Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014

Page 8: e s r à 2 DROITS DE L’ENFANT - Lavenir.net · 2015. 6. 9. · le droit de rêver, de jouer, de vous reposer que vous pou-vezrefuserdedonnerunpetit coup de main chez vous pour ranger

ÊTRE ENFANT À MADAGASCAR

La rizière

Un quart des enfants malgaches de 5 à 17 ans sontobligés de travailler pour aider leur famille.Il peut s’agir, par exemple, d’aider les parents dansles rizières. Le riz représente l’aliment de base dela population.Sur cette photo, on voit des femmeset des filles occupées à repiquer les jeunes plantsde riz dans le sol à l’état de boue. La rizière irriguéeest la technique la plus répandue à Madagascar.

U ne loi interdit le ma-riage avant 18 ans.Mais, dans la réalité, lapratique du mariage

précoce est encore courantedans le pays.Ces mariages se font parfoispourdesraisonsd’héritage.Unefamille veut garder ce qu’ellepossèdechezelle.Elles’arrangealors pour marier deux cousins(les enfants d’un frère et d’unesœur) par exemple.Si le mariage est arrangé avecune autre famille, alors la familledu garçon doit donner des zé-bus (vaches) ou de l’argent à lafamille de la fille. Dans ce cas-là,le mariage est arrangé pour desraisons financières.Les enfantsgrandissent dans cet universmarqué par ce genre d’habitu-des liées aussi à la survie, à lapauvreté.Le grand défi, c’est de pouvoiren discuter. Beaucoup de pa-rents pensent qu’il ne faut pasen parler, et encore moins avec

les enfants.À Ampasy-Nahampoa, au sudde l’île, le village a fait un autrechoix. Il veut arriver à une DINA,c’est-à-dire à une conventionsociale, un règlement à proposdu mariage précoce. Ce seraitune manière de protéger les en-fants. L’Unicef soutient la dé-marche des habitants. «Parler decela est courageux.Et ceux qui s’y impli­

quent ont besoin de soutien. Car ils vont àl’encontre (à l’opposé) de ce qui est unehabitude très répandue, explique Mi-chaela Ranaivo, de l’Unicef. Il y ace que l’on appelle des alliés mobilisa­teurs, des personnes comme l’adjoint aumaire ou un instituteur, qui vont en par­ler aux habitants. Puis, ils repèrent desreprésentants d’associations, des chefs re­ligieux qui seront là pour la discussion etqui représenteront les habitants. Ce qui

est rare, c’est que les femmes s’exprime­ront aussi.»L’accord qui sortira de ce dialo-gue sera la règle à suivre dans lacommunauté. Si, par exemple,on interdit tout mariage ou quel’on ne le permet pas tant quel’enfant va à l’école, alors il fau-drarespectercetterègle.Lestri-bunaux pourront en tenircompte s’ils en sont informés.

Lemariageprécoce(dejeunesenfants)estunepratiquetrèscouranteàMadagascar.

un sujet tabouLes mariages précoces :

Ces personnesdiscutent pourfaire une DINA,un règlement àpropos du ma-riage précoce.

A Tananarive, la capitale,sur les 2,5 millionsd’habitants, plus de lamoitié a moins de 18

ans. La vie n’est pas facile et desenfants sont maltraités.C’est pour cela qu’en 2003, avecl’appui de l’Unicef, un centred’accueil d’urgence a été créé.Fanja, 15 ans : «Je viens d’Antsirabe, à200 km de Tana. Je suis venue à la capi­tale pour travailler en tant que femme deménage. Mais j’étais traitée comme uneesclave. J’ai fini par fuir. Et puis, des gensdans la rue m’ont amenée à la police. Je nesais pas ce qui va se passer car ma famillen’est pas au courant.»Une des difficultés, c’est de re-trouver les famillesdeces jeunes.Le centre, la police,… mènentcette recherche. Pendant cetemps, les enfants attendent aucentre.Mirana, 16 ans : «Ma belle­mère m’aaccusée de lui avoir volé de l’argent. Je suispartie chercher du travail car mon pèrem’a dit que je devais faire en sorte de pou­voir lui rendre cet argent. J’ai trouvé dutravail à 600 km de Tana mais, n’ayantpas de papiers d’identité avec moi, les gensont refusé de m’engager. Quand je suis re­venue pour reprendre mes papiers, la mai­son était vide. Je suis passée dans uneémission de télévision «Avis de recherche»avec ma photo, et j’espère que ma familleva me retrouver.»Cette émission passe chaquejour.Si lesrecherchesnedonnentrien, les enfants seront placésdans un autre centre. «Ce n’est pasune vie d’enfant, exprime Mirana, carje devrais étudier, être avec mes parents.»

Des jeunes accueillis en urgence

La pauvreté amène des familles à envoyer travailler leurs en-fants, souvent les filles, comme domestiques en ville, dans desfamilles plus aisées et qui promettent parfois de les scolariser.

Repères

● À Madagascar, la question de la protection des enfants est préoccupante. Tropd’enfants sont victimes d’abus sexuels, de violence, de maltraitance sans que celane soit véritablement sanctionné par la justice. Les conditions de vie sont dures etles enfants sont rapidement amenés à se débrouiller seuls. ● Il existe cependant des réseaux de protection (RPE) dans environ une communesur deux dans le pays. Ces réseaux créent des contacts entre la police, les tribu-naux, des associations, des écoles,… Ils peuvent réagir en cas de maltraitance d’en-fants (grossesse précoce, mariage précoce, abandon, abus sexuel…). L’Unicef sou-tient ces RPE mais veut cibler son action sur les abus sexuels.● Une ligne verte (147) a été créée pour encourager la population à refuser de gar-der le silence lorsqu’elle est témoin de maltraitance ou la soupçonne. Mais il fautaussi que les autorités fassent respecter des lois interdisant la violence à l’égarddes enfants (voir l’encadré : dénoncer les abus sexuels : le combat de deux mères).

Dénoncer les abussexuels :le combat de deuxmèresDénoncer un abus sexueln’est pas une démarchefacile. Deux mères racontent :«Nos filles avaient 8 et 9 ansquand elles ont été abuséespar le voisin qui habitait justeà côté de nos deux maisons.Quand on s’en est renducompte, les enfants ont étéexaminées par un médecin

En savoir plus– Sur le sitewww.unicef.be/kids,mettez-vous dans la peaud’un explorateur et partezà la découverte de la viedes enfants au Mexique, enInde, au Burundi, enIndonésie, à Madagascar…Certains n’ont pas lachance d’aller à l’écoleaussi facilement que nousà cause des catastrophesqui onttouchéleurrégion oude lagrandedistanceentre leurmaison etl’école.– Les Niouzz diffusent le5 décembre à 19 h sur LaTrois, un «Code Aventure»sur Madagascar.www.lesniouzz.be– Karrewiet (JTpourenfants en flamand) diffusedu 17 au 21 novembre surKetnet une série dereportages sur la situationdes enfants à Madagascar.www.ketnet.be/karrewiet

Textes : Marie-Agnes CantinauxJournal des Enfants

38, route de Hannut - 5004 BougeTel. : 081/24 88 93

E-mail : [email protected] : www.lejde.be

qui a confirmé les faits. Nousavons déposé plainte. Levoisin a été arrêté et a étéprivé de sa liberté jusqu’aumoment du procès, c’est-à-dire pendant neuf mois. Uneenquête a démarré. Nosenfants ont été suivies par unpsychologue et ellescontinuent à être perturbéespar ce qu’elles ont vécu. Lorsdu procès, le voisin n’a pasété condamné. Nous avonsdécidé d’aller en appel (dedemander à faire rejugercette affaire).»

4Supplément au Journal des Enfants du 7 novembre 2014