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R e c o m m a n d é p a r l e s m e i l l e u r s établissements scolaires n sur www.cours-leg p ti eg re.f egen on sur www.cours-lege onditions d ns d ns ns s d s d de Cours • Méthode • Exercices • Corrigés Grand jeu concours 300 BD à gagner ! * Première ES mon année Siences Economiques et Sociales 1 re ES SES rédigé par des professeurs de l’Éducation Nationale Reproduction interdite

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Cours • Méthode • Exercices • Corrigés

Grand jeu concours

300 BDà gagner !*

Première ES

mon annéeSiences

Economiques et Sociales

1re ESSES

rédigé par des professeursde l’Éducation Nationale

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© Copyright Cours Legendre – tous droits réservés

Ce cours a été rédigé par :

M. Soucail le,

professeur de Sciences économiques et sociales

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Le cours de révision est composé de quatre dossiers. 1. Un bilan-test de début de cours qui permet de repérer les éventuelles difficultés et de mieux

orienter ses révisions. Il ne faut pas l’adresser à la correction car vous trouverez les corrigés juste après.

2. Le cours. 4 séries de travail avec des leçons et des exercices d’application. Ceux-ci sont

autocorrectifs et servent d’entraînement aux devoirs. Il ne faut pas les adresser à la correction. 3. Corrigé des exercices. Ce sont les corrigés des exercices du cours. 4. Devoirs à adresser à la correction. 4 devoirs à réaliser après l’étude de chaque série + 2

devoirs facultatifs (« devoir bilan » et « rattrapage »). Étudiez une série de travail par semaine en faisant tous les exercices d’application, en vérifiant leur exactitude avant de commencer le devoir correspondant. Pour chaque série, un devoir vous est proposé. Exemples : Après l’étude de la première série de travail, faites votre devoir 1. Après l’étude de la deuxième série de travail, faites votre devoir 2… Après avoir rédigé les 4 devoirs, nous vous proposons deux devoirs facultatifs : un devoir de rattrapage et un devoir bilan, avec des exercices récapitulatifs sur toutes les séries. La durée d’étude de ce cours de révision est de quatre à six semaines selon les capacités de l’élève. Travaillez régulièrement chaque jour. Envoyez chaque devoir dès qu’il est terminé pour bénéficier ainsi des conseils des correcteurs. N’attendez pas le retour du devoir corrigé pour continuer à travailler.

Bon Travail !

COURS DE RÉVISION

COMMENT ÉTUDIER SON COURS ?

COURS DE RATTRAPAGE CONSEILS

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Les questions suivantes ont pour but de vous permettre d'évaluer vos connaissances avant de commencer le cours. 1) Un ménage est constitué : a. des personnes habitant un même logement

b. des personnes ayant obligatoirement un lien de parenté c. d’au moins deux personnes

2) Les flux réels entre les agents regroupent les mouvements :

a. de biens b. de monnaie c. de services

3) L’agrégat M2 est composé de :

a. monnaies, billets, dépôts à vue b. placements financiers effectués sur les comptes ou livrets c. dépôts et titres négociables en devises

4) Le salaire brut mensuel de Mr Martin est de 1435 euros, le montant de ses cotisations sociales est de 343 euros. Que représente la part de ces cotisations sociales par rapport à son salaire brut mensuel ?

a. 23,9 % b. 27,2 % c. 19,5 %

5) L’entreprise X compte 10 salariés dont les salaires sont les suivants :

Salaires bruts mensuels

Nombre de salariés

1200 euros 2 1450 euros 4 1670 euros 4

Le salaire moyen dans cette entreprise est de :

a. 1380 euros b. 1488 euros c. 1567 euros

6) I l est le premier à représenter l ’économie sous forme d’un circuit économique :

a. Smith b. Quesnay c. Taylor

7) Quelle est la démarche selon laquelle « un phénomène social quel qu’i l soi t (… ) doit, pour être expliqué, être conçu comme le produit de l ’agrégation d’actions individuelles » ?

a. holisme b. individualisme méthodologique c. marxisme

8) Selon Marx, les ouvriers possèdent : a. le capital b. les moyens de production c. leur force de travail

9) Aujourd’hui, le sentiment d’appartenance à une classe sociale :

a. se maintient b. se dilue c. se développe

10) Quel capital est constitué par l ’ importance des relations socialement utiles qu’une personne peut être amenée à mobiliser en fonction de ses projets personnels ou familiaux ?

a. le capital culturel b. le capital social c. le capital économique

11) L’acquis représente :

a. tout le patrimoine génétique dont est pourvu l'individu dès avant sa naissance. b. tout ce qui s'est greffé sur l'inné par l'évolution dans la société. c. ce qui fait référence au vécu.

BILAN TEST

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12) En sociologie, le modèle déterministe se définit par :

a. l’individu ou un groupe social donné sont considérés comme pouvant créer ou modifier les principales institutions de la société. b. des comportements individuels s’expliquant par le milieu social au sein duquel ils s’exercent. c. l’interdépendance entre les individus et la société.

13) Selon Weber, quelles sont les trois formes de légitimité ?

a. la légitimité traditionnelle b. la légitimité charismatique c. la légitimité légale

14) Comment se définit le coût fixe moyen ?

a. rapport entre coût variable et quantité produite b. rapport entre somme des coûts fixe et variable et quantité produite c. rapport entre coût fixe et quantité produite

15) Une élasticité négative traduit :

a. une variation opposée des deux variables étudiées b. une absence de variation des deux variables c. une variation des deux variables dans le même sens

16) Quels sont les critères de la concurrence parfaite ?

a. l’homogénéité du produit b. la transparence du marché c. la mobilité des facteurs de production

17) L’oligopsone désigne : a. une situation du marché sur lequel il n’y a qu’un seul acheteur et une pluralité d’offreurs. b. un marché sur lequel l’offre n’est réalisée que par un très petit nombre de vendeurs (exemple du marché de l’automobile). c. une situation du marché sur lequel se trouve un nombre limité d’acheteurs mais un grand nombre d’offreurs.

18) Quelle est la conception libérale quant à la nécessité de la lutte contre les inégalités ?

a. les inégalités poussent les individus à tout faire pour améliorer leur situation ; de ce fait, elles sont favorables à la croissance. b. les inégalités sont défavorables à la croissance, une faiblesse des revenus étant un frein à la consommation et donc à la croissance. c. l’Etat-providence doit intervenir pour corriger les inégalités et consolider ainsi la croissance.

19) Aujourd’hui, le taux de syndicalisation en France :

a. se maintient b. augmente c. diminue

20) I l est partisan de l’ intervention de l’Etat dans l ’économie :

a. Adam Smith b. John Maynard Keynes c. François Quesnay

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1) Un ménage est constitué : a. des personnes habitant un même logement 2 ) Les flux réels entre les agents regroupent les mouvements :

a. de biens c. de services

3) L’agrégat M2 est composé de :

a. monnaies, billets, dépôts à vue b. placements financiers effectués sur les comptes ou livrets

4) Le salaire brut mensuel de Mr Martin est de 1435 euros, le montant de ses cotisations sociales est de 343 euros. Que représente la part de ces cotisations sociales par rapport à son salaire brut mensuel ?

a. 23,9 %

5) L’entreprise X compte 10 salariés dont les salaires sont les suivants :

Salaires bruts mensuels

Nombre de salariés

1200 euros 2 1450 euros 4 1670 euros 4

Le salaire moyen dans cette entreprise est de :

b. 1488 euros

6) Il est le premier à représenter l’économie sous forme d’un circuit économique :

b. Quesnay

7) La démarche selon laquelle « un phénomène social quel qu’il soit (…) doit, pour être expliqué, être conçu comme le produit de l’agrégation d’actions individuelles » est

b. individualisme méthodologique

8) Selon Marx, les ouvriers possèdent : c. leur force de travail 9) Aujourd’hui, le sentiment d’appartenance à une classe sociale :

b. se dilue

10) Quel est le capital constitué par l’importance des relations socialement utiles qu’une personne peut être amenée à mobiliser en fonction de ses projets personnels ou familiaux :

b. le capital social

11 ) L’acquis représente :

b. tout ce qui s'est greffé sur l'inné par l'évolution dans la société.

12) En sociologie, le modèle déterministe se définit par :

b. des comportements individuels s’expliquant par le milieu social au sein duquel ils s’exercent.

13) Selon Weber, quelles sont les trois formes de légitimité ?

a. la légitimité traditionnelle b. la légitimité charismatique c. la légitimité légale

14) Comment se définit le coût fixe moyen ?

c. rapport entre coût fixe et quantité produite

15 ) Une élasticité négative traduit : a. une variation opposée des deux variables étudiées 16 ) Quels sont les critères de la concurrence parfaite ?

b. la transparence du marché

17 ) L’oligopsone désigne : c. une situation du marché sur lequel se trouve un nombre limité d’acheteurs mais un grand nombre d’offreurs.

18 ) Quelle est la conception libérale quant à la nécessité de la lutte contre les inégalités ?

a. les inégalités poussent les individus à tout faire pour améliorer leur situation ; de ce fait, elles sont favorables à la croissance.

BILAN TEST - CORRIGÉ

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19 ) Aujourd’hui, le taux de syndicalisation en France :

c. diminue

20 ) Il est partisan de l’intervention de l’Etat dans l’économie :

b. John Maynard Keynes

20 bonnes réponses : Bravo ! Entre 15 et 19 bonnes réponses : Vous avez de bonnes connaissances qui ne demandent qu'à être approfondies. Entre 10 et 14 bonnes réponses : Trop de trous de mémoire ! Ce livre est fait pour vous ! Entre 6 et 9 bonnes réponses : L'été sera studieux et ce livre un précieux compagnon ! Entre 0 et 5 bonnes réponses : Au boulot ! Et rassurez-vous, vous allez vite progresser !

BONNES RÉVISIONS ET BON COURAGE !

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SOMMAIRE

PREMIÈRE ES

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

Série 1

1ère Leçon Faire des choix et pourquoi échanger.

2ème Leçon La production et la valeur ajoutée

3ème Leçon Les facteurs de production et l ’analyse des coûts

Série 2

1ère Leçon La réparti tion des r ichesses et l ’équi l ibre emplois-ressources.

2ème Leçon La social isation de l ’enfant et la social isation secondaire

3ème Leçon Les groupes sociaux et la strati f ication sociale

4ème Leçon Qu’est-ce que le marché ?

Série 3

1ère Leçon Le pouvoir et la défai l lance du marché

2ème Leçon La monnaie et les banques commerciales

3ème Leçon Les besoins de f inancement et le bi lan

4ème Leçon Retour à la sociologie

Série 4

1ère Leçon La tai l le des groupes et les réseaux sociaux

2ème Leçon Élastici té et valeur.

3ème Leçon fonctions et instances de l’État 4ème Leçon Action de l ’État sur l ’Économie

ANNEXES/ MÉTHODOLOGIE

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SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES 1ère ES

1ère SÉRIE

PREMIÈRE LEÇON Faire des choix et pourquoi échanger

DEUXIÈME LEÇON La production et la valeur ajoutée

TROISIÈME LEÇON Les facteurs de production et l’analyse des coûts

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Vérifie tes connaissances !

Notre collection mon année DEVOIRS AVEC CORRECTION te propose 6 devoirs* en phase avec ton cahier de révision.

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10 1ère leçon

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1ère Série

PREMIÈRE LEÇON

Faire des choix et pourquoi échanger I – Faire des choix L’une des définitions de la Science Économique en fait « l’étude des biens rares ». Les Hommes organisent l’exploitation des ressources de la Terre, la production de nouveaux biens, la fourniture de services, qui seront consommés par d’autres, en fonction de leurs possibilités financières. Chacun se spécialise dans une activité socialement utile, qui fait l’objet d’une transaction sur un marché. L’utilité : Dans ce monde aux ressources limitées, chacun doit faire des choix, en fonction de ses goûts, des contraintes de budget. Pour chaque consommateur, désireux d’acquérir des biens ou des services marchands, le premier critère est celui de l’utilité. Nous sommes tous capables, en fonction de nos goûts, de notre humeur, de la mode, de déterminer l’utilité d’un bien. Ces choix, pour en être subjectifs, n’en sont pas moins « rationnels », c'est-à-dire faisant appel à une certaine démarche de réflexion : doit-on opter pour un forfait téléphonique tout compris, ou privilégier l’abonnement de base et le paiement de chaque communication selon le temps passé ? Selon nos besoins, certains biens seront davantage considérés que d’autres. L’utilité marginale : À la fin du 19e siècle, un économiste français, Leon Walras (1834 – 1910), féru de modèles mathématiques, a basé ses recherches sur le comportement des individus, là où d’autres comme Karl Marx (1818 – 1883) étudiaient la structure de la société. L’individu, appréhendé comme un acteur économique capable de choix rationnels (l’homo-oeconomicus, l’appellera-t-on par la suite) est capable d’attribuer une valeur à ses choix de consommation, ou tout du moins de les ordonner : au sein d’un « panier de biens », nous pouvons trier le contenu du bien le plus utile à celui le moins utile. Pour un même bien, nous pouvons anticiper le plaisir que nous procure une quantité renouvelée de chaque bien, et constater que son utilité est décroissante. Vous aimez le chocolat ? Deux carrés vous procureront un grand plaisir, un carré supplémentaire un plaisir presque aussi grand, un quatrième carré un plaisir un peu moindre. Au bout du quatrième carré, vous estimerez l’utilité d’en prendre un cinquième : telle est l’utilité marginale du produit considéré. L’une des grandes lois de l’économie, vue du point de vue du consommateur, est de considérer que l’utilité marginale est toujours décroissante. À quelques exceptions près, l’utilité d’un bien diminue en fonction de ses quantités.

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11 1ère leçon

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1ère Série

Kilos de fruits

Boîtes de biscuits

Budget : 40 euros Prix d’une boîte de biscuits : 4 euros Prix d’un kilo de fruits : 2

0 10

Pour représenter graphiquement toutes les possibilités d’achats de Marie, on relie tous ces points sur une même droite.

2 5 10 8

Cette droite se nomme la contrainte de budget.

Tous les points sur cette droite représentent une dépense totale de 40 euros pour Marie. Elle ne peut pas augmenter la consommation d’un bien sur cette droite, sans diminuer la consommation de l’autre bien.

De plus, tous les points situés sous la droite représentent une dépense inférieure à 40 euros. Cette région ombragée et la contrainte de budget forment alors l’ensemble des possibilités d’achats de Marie. Ils respectent tous sa contrainte de budget qui est de 40 euros.

Boîtes de biscuits

Kilos de fruits

0 20 2 16 5 8

10

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0 4

La contrainte budgétaire : Bien entendu, nous ne pouvons pas consommer tout ce que nous désirons ! Sinon, il n’y aurait plus de « ressources rares », donc plus de Sciences Economiques… Chacun est contraint, dans une économie soumise à la loi du marché, par ses ressources financières. Lors de ses choix, le consommateur analysera donc l’utilité marginale du bien désiré à l’aune de son prix, et de sa capacité à payer ce prix. On peut s’amuser à modéliser les choix entre deux biens en fonction d’une contrainte budgétaire (budget dont dépense l’individu). Exemple : Marie apprécie beaucoup les desserts, mais ne peut pas y consacrer plus de 40 euros par mois. Ses choix se limitent aux fruits de saison et aux biscuits. Elle constate qu’au supermarché, 1 kilo de fruits coûte 2 euros 1 boite de biscuits coûte 4 euros. Nous pouvons observer toutes les possibilités qui s’offrent à elle. Si elle consacre l’intégralité de son budget aux fruits, elle en achètera 20 kilos. Si elle consacre l’intégralité de son budget aux biscuits, elle en achètera 10 boites. On peut donc en dresser une représentation graphique. Dans l’axe vertical, les fruits, dans l’axe horizontal, les biscuits. Marie ne peut pas augmenter la consommation de fruits sans diminuer celle des biscuits. La zone grisée, en dessous de la droite, représente ses possibilités d’achats.

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12 1ère leçon

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1ère Série

Kilos de fruits

Boîtes de biscuits 0

Nous avons établi la zone des possibilités d’achats de Marie et nous avons vu que le prix d’une boîte de biscuits est de 4 euros. Mais qu’en est-il du prix réel de consommer une boîte de biscuits supplémentaire ? En d’autres termes, quel sacrifice Marie doit-elle consentir pour se permettre d’acheter une boîte de biscuits supplémentaire ? Pour le trouver, nous supposons que Marie possède 5 boîtes de biscuits et 10 kilos de fruits.

5

10

La pente représente le nombre de kilos de fruits nécessaires pour que Marie puisse consommer une autre boîte de biscuits.

6

8

Marie doit réduire sa consommation de 2 kilos de fruits.

C’est ce que l’on appelle le prix relatif. Il se trouve en faisant le rapport suivant : Prix relatif = (-2 kilos de fruits/1 boite de biscuits)

Le prix relatif : Si Marie possède 5 boites de biscuits, et désire en acquérir une sixième. Elle devra réduire sa consommation de fruits de 2 kilos. Nous aurons donc un prix relatif de deux kilos de fruits pour une boite de biscuits. Tout cela se lit sur la pente de la droite. Si les revenus de Marie augmentent, elle pourra consacrer une part plus importante aux achats de desserts. La droite de budget se déplacera alors vers la droite, mais gardera la même pente : le prix relatif restera inchangé.

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13 1ère leçon

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1ère Série Exercice 1

Complétez le texte ci-dessous : Du fait de la _________________ des ressources, les individus doivent faire des choix. Ces choix s’effectuent toujours sous ____________, toutes les options n’étant pas possibles. Dans le cas des choix de consommation des ménages, le montant de la _________________ des ménages ne doit pas dépasser le montant de leur _____________. On dit qu’ils font face à une ____________ Dans la limite de ce qui leur est accessible, les individus optent pour le choix qui maximise leur ______________. Pour évaluer si une option est intéressants pour eux ou pas, les individus s’intéressent à l’utilité qu’il retirerait s’il optait pour cette option mais s’intéressent aussi à ce à quoi ils renoncent en choisissant cette option : le ___________________ d’une option joue un rôle central dans la détermination du choix d’un individu. Un individu va décider de consommer une unité supplémentaire d’un bien si _______________ qu’il retire de la consommation d’une unité supplémentaire de ce bien est ______________ à l’utilité qu’il perd en renonçant à une certaine quantité d’autres biens. Pour déterminer leurs choix de consommation, les agents économiques ne s’intéressent pas seulement aux _______________ des biens et services ; ils accordent aussi une grande importance à leurs _________________.

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14 1ère leçon

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1ère Série II - Pourquoi échanger ? Depuis la nuit des temps, les Hommes ont compris qu’il était plus profitable de répartir les tâches, au sein d’un clan, d’un village, d’un pays, de la planète, plutôt que de tout faire soi-même. Le père de la pensée économique « classique », Adam Smith (1723-1790) nous rappelle que les Hommes ont un penchant naturel à échanger : ils se spécialisent dans l’activité pour laquelle ils sont le plus doués, le plus habiles, et espèrent récolter les fruits de l’activité d’autres Hommes pour subvenir à leurs besoins. C’est la division sociale du travail. La logique est la même pour un pays, qui va se spécialiser dans la production pour laquelle il est le meilleur (avantages absolus) ou pour laquelle il a moins de difficultés (avantages comparatifs). L’économiste Paul Samuelson (1915-2009) a usé d’un exemple devenu célèbre. Un avocat auditionne une dizaine de secrétaires et leur fait passer un test de dactylographie. Apres ces tests, il s’aperçoit qu’aucune des candidates à l’embauche n’est aussi performante que lui-même dans cet exercice. Il pourrait alors décider de n’embaucher personne et taper ses lettres lui-même. Néanmoins, aucune secrétaire n’est capable de rivaliser avec lui dans la maîtrise du Droit, où son expertise est bien évidente et reconnue. Notre avocat aura donc intérêt à embaucher l’une des secrétaires, afin de se consacrer au domaine où il brille le plus, le Droit. Chacun a donc avantage à cet échange travail contre salaire. Des échanges inégaux ? Le partage du travail suppose donc un échange entre différents individus. Ce phénomène revêt un caractère économique : les individus isolés produisent bien davantage en partageant les tâches qu’en produisant simplement ce dont ils ont besoin. Mais il implique aussi un phénomène social : en échangeant, les Hommes tissent un lien social entre eux, nouent des relations de confiance, de négociation. Il en est de même pour les pays. Tout le monde a donc intérêt à l’échange. Les Hommes, les entreprises, les pays, développent leur expertise dans un ou plusieurs domaines. Ils deviennent plus habiles, produisent davantage et mieux. Cela entraine une baisse des prix relatifs, vus en première leçon : une production en forte quantité conduit à une baisse des prix, et à une relative opulence. Néanmoins, cet échange n’est pas forcément placé sous le signe de l’égalité : un produit vendu peut s’avérer moins utile que prévu, le gain reçu par le vendeur n’est peut-être pas suffisant, au regard des difficultés rencontrés pour le produire. Sur les marchés organisés, une entreprise peut être en position de force par rapport à une autre ou par rapport au consommateur final, un pays peut imposer ses conditions à l’échange. Dans un pays, l’Etat veille à ce que personne n’abuse de cette position dominante, tandis qu’à l’échelle internationale, des organismes comme l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) veillent à ce qu’aucun pays ne soit lésé. Vous avez sans doute entendu parler du « commerce équitable » : il vise justement à garantir aux producteurs de matières premières un prix fixe, afin de leur permettre de faire des projets d’aménagements, d’équipements, sans craindre une détérioration des termes de l’échange. Rep

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15 1ère leçon

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1ère Série Exercice 2 Répondez aux questions suivantes : 1. Voila une question parfois posée, sous forme de boutade, par les professeurs américains à leurs étudiants : « Tony Parker doit-il tondre sa pelouse ? ». Quelle réponse apporteriez-vous à cette question, en apparence saugrenue ? (La réponse est la même quel que soit le sportif choisi, pourvu qu’il soit réputé, et qu’il dispose d’un vaste terrain…). ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

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1ère Série

DEUXIÈME LEÇON

La production et la valeur ajoutée I – La production Réalisée essentiellement par des entreprises, mais également par des administrations, la production désigne l’activité qui crée des biens ou des services destinés à la satisfaction des besoins, individuels ou collectifs. L’entreprise combine des ressources en main d’œuvre, des équipements, des matières premières ou d’autres produits. Arcelor-Mittal produit plusieurs milliers de tonnes d’acier par an, Renault produit plusieurs millions de véhicules, Evian produit plusieurs millions de tonnes d’eau. Le premier, un groupe sidérurgique, transforme des métaux bruts pour offrir des métaux à d’autres entreprises qui les utiliseront pour créer des produits finis, un constructeur automobile, par exemple. De son côté, Evian ne fabrique pas de l’eau, mais la récolte, la contrôle, l’emballe. C’est aussi une « production ». Cap Gemini délivre des conseils informatiques à ses clients, installe des réseaux dans leur entreprise ; un professeur des Cours Legendre donne des cours particuliers, une entreprise de nettoyage est à pied d’œuvre dans la rue. Ils ne « produisent » pas des biens, mais des services marchands. Marchand : qui fait l’objet d’un prix négocié sur un marché, d’une transaction financière. Pour leur part, les administrations (ministères, sécurité sociale, etc.) délivrent des services aux citoyens, et il nous faut bien estimer quelque part cette production particulière, qui ne fait pas l’objet d’un échange marchand : ce sont des services collectifs. Un ménage qui cultive son jardin, une personne qui s’occupe de son foyer, produisent des biens ou des services domestiques. La comptabilité nationale ne les retient pas comme étant une « production », de même que le travail non déclaré, dit « au noir ». Nous venons ainsi de classer la production selon qu’il s’agisse de biens ou de services. Pour simplifier, les biens sont matériels et les services sont immatériels. Il peut exister des exceptions : les logiciels informatiques, par exemple, sont des biens matériels. On peut trouver d’autres critères de classification pour les biens. Ainsi, on distingue les biens ou services de consommation, destinés à un usage immédiat : ils procurent au consommateur une certaine satisfaction ou « utilité ». De leur côté, les biens ou services de production sont utiles à des entreprises pour leur propre processus de production. Les machines outils, les bureaux, les véhicules de transports, les matières premières sont des biens de production ou biens intermédiaires utilisés dans une production. De même, les services de comptabilité, la maintenance informatique, la publicité, le nettoyage des locaux peuvent être confiées à des entreprises extérieures. Enfin, du côté des consommateurs, on peut distinguer de leurs achats courants, les « biens durables » (automobile, logement, équipement destiné à durer, etc.) Ils sont parfois désignés abusivement par « investissements des ménages », terme qui peut prêter à confusion.

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Exercice 3 : 1. Parmi les activités ci-dessous, lesquelles sont des « productions » au sens de la comptabilité nationale ? A. Un professeur d’Anglais qui apprend les verbes irréguliers à ses élèves. B. Un professeur de mathématiques qui apprend la règle de trois à sa fille. C. Un pâtissier qui prépare un dessert dans un restaurant. D. Un cuisinier qui prépare un plat pour ses amis. E. Un maçon qui construit un mur dans son jardin. F. Un maçon qui, après avoir présenté et fait signer un devis, construit un mur chez des particuliers. G. Une femme de ménage qui travaille chez un particulier qui ne la déclare pas. H. Une assistante de santé qui travaille chez un particulier, moyennant des chèques emplois services. I. Une femme de ménage qui passe l’aspirateur chez elle. ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 2. Distinguez biens et services, marchands, non marchands A. Un véhicule utilitaire Peugeot B. Une coupe de cheveux chez le coiffeur B. Un menu chez un fast-food C. La baguette du boulanger D. Une assurance habitation AXA E. Le travail d’un policier au carrefour F. Un spectacle à l’Olympia G. Un paquet de lessive acheté en grande surface. H. Un film vu au cinéma I. Un film vu en classe ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

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18 2ème leçon

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II - La valeur ajoutée D’abord, voyons comment on mesure la production des entreprises. Qu’il s’agisse d’une société industrielle, commerçante, d’un fabricant de biens ou de services, la valeur de la production d’une entreprise est analysée via son Chiffre d’Affaires. Pour les entreprises, le CA égale la somme, en valeur, des ventes de biens et services, sur une période donnée. Autrement dit, le CA = prix × quantités vendues. Pour les administrations publiques, le calcul est impossible, puisqu’elles ne délivrent que des services gratuits, qui ne font pas l’objet d’un prix sur un marché. Par convention, on estime la valeur des services rendus par les administrations à leur coût de production (salaires, matériels, frais administratifs, etc.). Lorsqu’une entreprise produit, elle incorpore dans sa production des biens intermédiaires, ou, en termes de comptabilité des « consommations intermédiaires ». Elles sont utilisées pour produire et sont détruites ou transformées dans le processus de production. Une entreprise qui fabrique des plats cuisinés a besoin de denrées alimentaires, des épices, des emballages en plastique, en carton, etc. Elle a acquis ces biens intermédiaires auprès d’autres entreprises. Si l’on veut connaitre la valeur créée par l’entreprise, il ne faut donc pas comptabiliser les produits acquis ailleurs, et détruits au cours de la production. Par convention, on analysera alors l’un des premiers postes comptables de l’entreprise, la Valeur Ajoutée : elle est égale au chiffre d’affaires moins les consommations intermédiaires (VA = CA – CI).

Le Produit Intérieur Brut : En revanche, la valeur ajoutée va intéresser les économistes, ainsi que les statisticiens de la Comptabilité Nationale. Ils collectent auprès des entreprises le montant de leur valeur ajoutée, afin de construire le principal outil de mesure de la richesse nationale, le Produit Intérieur Brut. Il existe plusieurs moyens de calculer cet indicateur, nous retiendrons ici l’approche par la production : le PIB est égal à la somme des VA des entreprises et administrations, calculée aux prix du marché, à laquelle on ajoute la part de la valeur ajoutée récupérée par l'État (les taxes et droits de douanes) moins les subventions sur les produits (aides publiques aux producteurs). Pour simplifier, nous considérerons que le PIB est la somme des VA. Les trois mesures du PIB :

Approche par la production

Approche par les revenus

Approche par la demande

Valeur Ajoutée Rémunérations des salariés

Dépenses de consommation finale

+ Impôts, TVA, droits de douane

Excédent Brut d’Exploitation (EBE)*

+ FBCF (investissements)

+ Variations de stocks - Subvention sur les

produits + Impôts sur la production et les

importations - Subventions

+ Exportations - Importations

= PIB = PIB = PIB * L’EBE est l’un des postes comptables de l’entreprise

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19 2ème leçon

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1ère Série

Un outil contesté : Le PIB doit être considéré comme un indicateur de richesse, de même que le thermomètre mesure les températures. Il n’est pas exempt de critiques. Nous avons vu que l’activité des administrations étaient estimées à leur coût de production, faute de valeur ajoutée de leur part : on peut donc considérer que le PIB sous-estime les services rendus par les administrations. De même, le travail domestique, le travail au noir, n’est pas comptabilisé. D’autre part, le PIB additionne les facteurs de richesse, sans se préoccuper du bien-fondé de la production, ni même de son caractère nuisible. Ainsi, un accident de voitures entraîne du travail pour les secouristes, pour les carrossiers, augmente les primes versées aux assurances,… Bref, un accident de voiture fait grimper le PIB ! De même, une entreprise qui pollue son environnement dégage une valeur ajoutée confortable. Mais qui payera pour réparer les dégâts ? Ces exemples s’appellent des externalités négatives. Enfin, le PIB est une simple addition (fruit de millions de calculs, tout de même !) de richesses produites, et ne tient pas compte de la répartition des richesses dans le pays. Il faudra donc distinguer la croissance économique d’un pays, sa richesse, et son niveau de développement. Lequel mesure le niveau d’éducation, de santé, de culture, dans un pays, l’importance de ses infrastructures (autoroutes, bâtiments publics, etc.). D’autres indicateurs existent, notamment l’Indicateur de Développement Humain (IDH) qui, outre le PIB par habitant, intègre le niveau de scolarité, le taux d’alphabétisation, l’espérance de vie à la naissance. On pourrait très bien imaginer d’autres « thermomètres » qui intégreraient le taux de mortalité infantile, l’écart des salaires, des patrimoines, etc. Le PIB est un outil dont il faut connaître les limites, mais les économistes font avec ce qu’ils ont.

Exercice 4 1. Retrouvez le montant du Produit Intérieur Brut de la France, en 2003, selon les trois méthodes de calculs : (En millions d’euros, source : Insee). Production totale : 2 844 384 Consommation intermédiaire : 1 409 572 Impôts sur les produits : 178 721 Subventions sur les produits : 18 719 Rémunération des salariés : 837 491 Excédent brut d’exploitation : 439 828 Revenu mixte brut : 109 223 Impôts sur la production et les importations : 243 700 Subventions : 35 429 Dépense de consommation finale : 1 278 432 Formation brute de capital : 300 238 Exportations : 407 727 Importations : 391 583 ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

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20 3ème leçon

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1ère Série

TROISIÈME LEÇON

Les facteurs de production et l’analyse des coûts

Interrogeons l’INSEE : « L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes ». Derrière cette définition un peu lourde, se cache un certain nombre de réalités finalement assez simples. L’entreprise dispose de deux facteurs de production, le capital et le travail. Elle combine ces deux facteurs, à sa guise mais non sans contraintes, dans le but de produire biens ou services dont la vente lui rapportera un bénéfice. L’entreprise dispose du facteur travail, apporté par ses salariés. En fonction de ses objectifs, elle choisit de privilégier les emplois très qualifiés, ou au contraire les emplois peu qualifiés. Les salariés peu qualifiés sont, en général, moins payés. Ils coûtent moins cher à l’entreprise. Mais, par définition, ils réalisent un travail qui apporte peu de valeur ajoutée au produit : ce dernier sera probablement bas de gamme, vendu peu cher. Les emplois qualifiés (ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs, etc.) sont bien sûr rémunérés à la hauteur de leurs qualifications. Le produit ou service rendu sera de meilleure qualité, donc vendu plus cher. Il s’adressera à une clientèle aisée, par exemple.

Les quatre catégories d’entreprises, en fonction de leur taille :

Les micro-entreprises Moins de 10 salariés, CA de moins de 2 millions d’euros

Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) Moins de 250 salariés, CA de moins de 50 millions d’euros.

Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) Entre 250 et 5.000 salariés, CA de moins de 1,5 milliard d’euros

Les Grandes Entreprises CA supérieur à 1,5 milliard d’euros.

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21 3ème leçon

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1ère Série

Facteur capital : L’entreprise choisit bien entendu ses salariés en fonction de ses objectifs de production mais également en fonction du capital à sa disposition, et du coût relatif entre capital et travail. Le capital fixe est composé des machines et outils des locaux et des terrains utilisés lors de la production, et qui serviront lors d’une prochaine production. Pour une entreprise, acquérir du capital fixe représente « un investissement ». C'est-à-dire une dépense lourde qui est à mettre au regard du profit attendu. Le chef d’entreprise compare le coût de son investissement aux bénéfices qu’il peut attendre de cette acquisition, par exemple durant les cinq ans à venir. La Comptabilité Nationale, pour sa part, utilise le terme de « formation brute de capital fixe » (FBCF). L’entreprise combine donc les facteurs de production (capital et travail) afin de maximiser son profit. Elle opère des choix en fonction des prix de ces facteurs : ainsi, si le coût du travail est trop élevé, elle pourra choisir de mécaniser sa production, de remplacer des hommes par des machines. C’est la « substitution du capital au travail » observée dans de nombreuses industries, dans les pays occidentaux. Les facteurs de production sont dits « complémentaires » quand une seule combinaison est possible (un taxi a besoin d’un chauffeur) et « substituables » quand plusieurs combinaisons sont possibles (choix de caisses automatiques et de caisses avec employés, dans un hypermarché). Elle choisit aussi sa combinaison productive en fonction du produit vendu et de sa stratégie vis-à-vis de ses clients. Ainsi, un producteur de stylos bon marché va standardiser sa production : le facteur capital sera privilégié, tandis qu’il n’emploiera que des salariés peu qualifiés, surtout chargés de vérifier que les machines tournent bien et qu’il n’y a pas de produits défectueux. De son côté, un producteur de stylos haut de gamme va privilégier les matériaux chers et va moins standardiser la production : il va embaucher des ouvriers qualifiés chargés d’apposer une griffe, de personnaliser le produit. Des ouvriers qualifiés utiliseront des machines plus sophistiquées, afin de produire des stylos aux caractéristiques différentes (plusieurs couleurs, capuchon résistant, etc.), tandis que les ouvriers testeront les produits avec davantage d’attention que pour des biens standardisés. L’industrie est très « intensive » en capital, tandis que le secteur des services est très « intensif » en travail. La productivité, productivité apparente du travail : La productivité des facteurs de production mesure la quantité produite rapportée au coût des facteurs de production. Il existe plusieurs mesures : un chef d’entreprise évaluera la productivité d’une machine, c'est-à-dire la quantité de biens qu’elle peut produire en un temps donné (une heure, une journée, une semaine). C’est la productivité du capital : elle intéresse beaucoup le chef d’entreprise, mais finalement assez peu l’économiste : ce dernier prend acte que les entreprises acquièrent telle ou telle machine, mais n’a pas à juger du bien-fondé de ce choix. En Terminale, nous étudierons néanmoins l’importance et la diffusion du progrès technique, lequel améliore la productivité du capital. Davantage étudiée est la productivité du travail : elle mesure la quantité de biens qu’un salarié peut produire en une journée par exemple (on peut aussi mesurer la quantité de travail qu’il faut pour produire x biens en une journée, le raisonnement est identique). A priori, une combinaison productive plus intense en capital améliore la productivité du travail : si dix salariés produisent autant avec des machines neuves que douze salariés avec des machines plus anciennes, leur productivité est meilleure. Donc, les gains de productivité –sous entendu du travail- peuvent avoir pour origine un changement de capital, une meilleure formation des salariés, une réduction des charges pesant sur le travail. C’est pourquoi on parle parfois de productivité « apparente » du travail : si elle augmente, ce n’est pas forcément parce que les ouvriers travaillent mieux, c’est aussi parce que le capital est plus performant.

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22 3ème leçon

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1ère Série

Exercice 5 : Ce fabricant de meubles a le choix entre cinq combinaisons productives possibles. Pour produire 300 meubles par jour, il peut choisir entre : Combinaison 1 : 100 salariés et 10 machines Combinaison 2 : 80 salariés et 12 machines Combinaison 3 : 70 salariés et 12 machines Combinaison 4 : 50 salariés et 15 machines Combinaison 5 : 40 salariés et 20 machines 1. Le capital et le travail sont-ils ici complémentaires ou substituables ? Justifiez ta réponse. ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 2. Sans même connaître les coûts respectifs des facteurs de production, quelle combinaison le fabricant peut-il écarter, d’emblée ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

II - L’analyse des coûts Nous avons distingué les capitaux fixes et les capitaux variables. À ces capitaux, des coûts bien distincts. Les coûts fixes représentent l’ensemble des coûts indépendants du niveau de production : il faut payer l’acquisition d’une machine, un terrain, les loyers, les assurances, les salaires du personnel administratif (secrétaires, comptables…) que les machines tournent à plein régime, ou qu’elles soient au contraire peu utilisées. Les coûts variables englobent tout ce qui est détruit ou utilisé au cours de la production : les matières premières, l’énergie pour utiliser les machines, le coût d’entretien, mais aussi les salaires versés pour chaque heure ou journée de travail. Le coût total englobe l’ensemble des coûts variables plus les coûts fixes. Cout total = cout fixe + cout variable On peut aisément connaître le coût d’un produit, en divisant ce coût total par les quantités produites : Coût total moyen = (coût fixe + coût variable) / quantités produites. Si l’on décompose cette fraction Coût total moyen = coût fixe/quantités + coûts variables/quantités produites. Soient le coût fixe moyen plus le coût variable moyen. Si les coûts variables augmentent de manière égale par rapport aux quantités produites, le coût variable moyen sera identique. Mais tel n’est pas forcément le cas : une entreprise qui achète beaucoup de consommations intermédiaires peut obtenir des rabais de la part de ses fournisseurs. À l’inverse, si elle augmente trop sa production, elle risque de devoir rémunérer ses salariés en heures supplémentaires, à embaucher des salariés à un tarif plus élevé que les précédents, etc.

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23 3ème leçon

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1ère Série

Enfin, nous pouvons calculer le coût marginal : c’est le coût engendré par la production d’une unité supplémentaire de bien. La courbe de coût marginal coupe les courbes de coûts variables et de coûts moyens en leurs points les plus bas (cf graphique). L’axe horizontal représente les quantités produites ; plus on se déplace vers la droite, plus la production est élevée. L’axe vertical indique le coût de production, par quantité produite. Ne vous préoccupez pas de l’absence d’unité, voyons la lecture générale du graphique : On voit que la courbe de coût fixe moyen (CFM) décroit fortement ; plus l’entreprise produit, moins les coûts fixes pèsent dans ses charges. La courbe de coût variable moyen (CVM) diminue d’abord, avant de remonter après le point A. C’est le cas par exemple si les salariés sont employés en CDI : si la production est faible, beaucoup sont payés à ne rien faire, ou presque ! Leur productivité est faible. A mesure que la production s’accroit, chaque salarié est productif au maximum de ses capacités (35 heures par semaine, mettons). Puis la courbe s’accroit progressivement : il va falloir embaucher davantage, payer en heures supplémentaires, par exemple. Néanmoins, comme le coût fixe moyen continue de diminuer fortement, le coût total moyen (CM) diminue encore, jusqu’au point B. Enfin, le coût marginal diminue sensiblement, jusqu’à ce que les baisses de coûts fixes et variables se fassent moins sentir. Combien produire ? C’est là qu’intervient un élément nouveau : le prix de vente. L’entreprise cherche le bénéfice le plus élevé (l’optimum), et donc la quantité de production qui permet d’atteindre cet optimum. Le bénéfice est atteint quand le chiffre d’affaires égale les coûts. Prix x quantités vendues = coûts unitaires x quantités produites. Si l’entreprise vend toute sa production, le prix est égal au coût unitaire. Prix = coût unitaire Si l’entreprise décide de produire un bien supplémentaire, son coût sera représenté par la courbe de coût marginal. Et sa recette supplémentaire, « prix x un article vendu » sera donc égale au prix de vente. Voila pourquoi, en situation de concurrence, la courbe de recette marginale et la courbe de coût marginale se confondent.

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24 3ème leçon

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1ère Série

En situation de concurrence, le coût marginal doit être égal au prix de marché pour atteindre l’optimum. Cm = P Si le prix est supérieur au coût marginal : l’entreprise aura intérêt à augmenter sa production, puisque les nouveaux produits seront vendus plus chers que les coûts engendrés par leur fabrication. Si le prix est inférieur au coût marginal, cela veut dire que le prix de vente ne couvrira pas le coût supplémentaire de production. Inutile donc, pour l’entreprise, d’augmenter les cadences… Exercice 6 1. Reprenez l’exemple du fabricant de meubles vu en première leçon. On suppose que le coût salarial horaire moyen est de 15 euros par salarié alors que le coût horaire d’utilisation d’une machine est de 40 euros. Quels sont les coûts totaux de chacune des quatre combinaisons ? (Vous en aviez déjà écarté une, n’oubliez pas !). Quelle combinaison sera alors retenue ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

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SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

1ère ES 2ème Série

PREMIÈRE LEÇON La répartition des richesses et l’équilibre emplois - ressources

DEUXIÈME LEÇON La socialisation de l’enfant et la socialisation secondaire

TROISIÈME LEÇON Les groupes sociaux, la stratification sociale

QUATRIÈME LEÇON Qu’est-ce qu’un marché ?

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26 1ère leçon

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2ème Série

PREMIÈRE LEÇON

La répartition des richesses et l’équilibre emplois - ressources I - La répartition des richesses Nous avons vu que l’entreprise dégageait une valeur ajoutée, source de richesse pour elle-même et pour l’ensemble de la Nation. Dans un premier temps, cette valeur ajoutée permet de rémunérer les salariés, puis de financer les nouveaux investissements et rémunérer les actionnaires de l’entreprise. L’entreprise peut-être considérée comme un organisme vivant : elle est traversée par des crises internes, des périodes d’euphorie, des périodes de doute. Le partage de la valeur ajoutée – ou plus simplement le partage entre salaires et profits – constitue une source de conflit dans l’entreprise et est objet de débat au sein de la société. Les syndicats dénoncent souvent un partage trop en faveur des profits, depuis la fin des années 1980. Un point de vue contesté par plusieurs économistes et statisticiens, qui reconnaissent néanmoins que la forte poussée des salaires des « Trente Glorieuses » est révolue. Entre 1950 et 1980, la croissance économique et la diffusion rapide du progrès technique ont permis une forte hausse des salaires. Nous avons déjà évoqué le « compromis fordiste », où les salariés acceptaient des conditions de travail peu favorables, des métiers parfois en-deçà de leurs qualifications, en échange de salaires corrects. Plutôt que la valeur ajoutée, dont on ne peut pas vraiment dire qu’elle représente « les profits » de l’entreprise, les économistes retiennent l’excédent brut d’exploitation « EBE ». Ce poste comptable permet de dégager, une fois les rémunérations des salariés, ce qui revient à l’Etat (impôts), à ceux qui ont accordé des prêts à l’entreprise (montant des intérêts versés), les amortissements, les réserves, et la rémunération des actionnaires. On observe ainsi qu’à chaque tranche de la valeur ajoutée correspond un revenu pour un agent économique : les salariés touchent un salaire, les créanciers un revenu d’intérêt, l’Etat un impôt, les actionnaires un dividende. Celui-ci est la rémunération du risque encouru par les apporteurs de capitaux, à la hauteur des fonds engagés dans l’entreprise. Grosso modo, la valeur ajoutée se partage sous la forme « deux tiers- un tiers » depuis trente ans. Ceci cache d’importantes disparités, d’un type d’entreprise à l’autre (voir document 1).

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2ème Série

Les revenus primaires et les revenus de transferts : En France, le modèle social repose sur une solidarité entre les ménages : les plus riches acceptent un prélèvement sur leurs revenus, au bénéfice des moins aisés. Ce rôle de redistribution des revenus se constate dans tous les pays, de manière plus ou moins marquée : les pays anglo-saxons redistribuent peu, au contraire des pays Scandinaves, par exemple. Dès lors, il nous faut distinguer le revenu primaire des ménages de leur revenu disponible, celui qui leur permet de consommer. Le revenu primaire distingue la rémunération des salariés, c'est-à-dire les revenus du travail et les revenus de la propriété ou du patrimoine. Ces derniers comprennent essentiellement les loyers perçus, les intérêts des placements financiers. S’y ajoutent les revenus mixtes, qui sont les bénéfices des entreprises individuelles ainsi que les honoraires des professions libérales ; ce sont des revenus à la fois fonction de leur travail et de leur capital financier. Lorsqu’il travaille, un salarié cotise à différentes caisses d’assurances, contre la maladie, le risque du chômage, ainsi que pour sa retraite. Il cotise aussi à des assurances ou mutuelles privées, afin de compléter sa couverture sociale. Ce sont les cotisations sociales. À l’inverse, chaque ménage peut percevoir des allocations en fonction de sa situation (allocations familiales pour les familles nombreuses, allocations chômages, retraites, remboursements de soin, etc.) Ce sont les prestations sociales. Il reçoit aussi des primes d’assurances, en cas de sinistre. + = - = - En 2010, les revenus primaires des ménages ont totalisé 1.438,8 milliards d’euros, tandis que les revenus disponibles ont atteint 1.292,1 milliards. L’État recueille des ressources via les Prélèvements Obligatoires. Nous distinguerons : - l’impôt sur les revenus (Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques) : il représente une part des revenus des ménages, proportionnelle à l’importance de ces revenus. Il est calculé chaque année par les autorités fiscales, à partir des déclarations de revenus des ménages. Les ménages à très haut revenus doivent également s’acquitter de l’Impôt sur les Grandes Fortunes - les impôts sur la consommation, le plus important d’entre eux est la Taxe sur la Valeur Ajoutée. Il est payé par les consommateurs finaux (les ménages) sur leurs achats. En France, il représente 19,6% du prix hors taxe d’un bien courant, sauf pour certains produits de première nécessité (taux de 5,5%). Les entreprises se font rembourser la TVA sur leurs achats. - les cotisations sociales prélevées sur les revenus au moment de leur versement, auxquelles s’ajoute la Contribution Sociale Généralisée (CSG). Nous reviendrons sur la fonction économique de l’Etat dans un prochain chapitre. Ici, nous voyons que l’État, par sa fonction redistributrice, permet aux ménages les plus pauvres d’avoir accès aux soins de santé, encourage la natalité, prémunit en partie les salariés contre les effets du chômage. Au-delà de cet aspect social, l’Etat veille aussi à ce que chacun participe à la vie économique : les revenus disponibles sont la source de la consommation des ménages, laquelle profite aux entreprises.

Rémunération des salariés

Revenus du capital

Revenus mixtes

Revenus primaires des ménages

Prestations sociales +

Autres transferts (assurances,…)

Cotisations sociales

Impôts sur le revenu et le patrimoine

Épargne

Consommation

REVENUS DISPONIBLES

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28 1ère leçon

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2ème Série

Le Smic : Parmi les initiatives de l’Etat, figure la création et le maintien du Salaire Minimum Inter-professionnel de Croissance (Smic) : elle garantit un salaire convenable pour les salariés à faible qualification.

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29 1ère leçon

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2ème Série

1960 1970 1980 1990 2000 2008 2009

Revenu primaire brut (en milliards d’euros)

34,2 92,7 340,1 753,9 1 059,3 1 439,6 1 431,2

Revenu primaire brut

100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Excédent brut d’exploitation et revenu mixte

33,6 27,5 20,9 20,5 19,8 20,5 20,0

Rémunération des salariés

61,3 67,1 73,3 71,0 71,2 70,4 70,9

Revenus du patrimoine

5,1 5,4 5,8 8,5 9,0 9,1 9,1

- Transferts nets de redistribution

– 5,1 – 8,5 – 11,7

– 11,8

– 12,9 – 11,0 – 9,6

Prestations sociales reçues

15,5 18,3 22,1 25,0 25,8 26,3 27,8

Cotisations sociales versées

– 16,7 – 21,2 – 27,4 – 30,3 – 27,3 – 27,2 – 27,6

Impôts sur le revenu et le patrimoine

– 4,4 – 5,5 – 6,9 – 7,6 – 12,6 – 11,6 – 11,2

Autres transferts courants

0,5 – 0,1 0,5 1,1 1,2 1,6 1,4

= Revenu disponible brut

94,9 91,5 88,3 88,2 87,1 89,0 90,4

Revenu disponible brut (en milliards d’euros)

32,4 84,8 300,1 665,0 923,0 1 280,6 1 293,8

Champ : y compris entreprises individuelles. Source : Insee, comptes nationaux- base 2000.

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30 1ère leçon

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2ème Série

Exercice 7 1. Pourquoi le partage de la valeur ajoutée est il source de conflits dans l’entreprise, dans le pays ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 2. Quel risque social fait peser une trop forte inégalité dans la répartition des richesses ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

II - L’équilibre emplois-ressources, l’économie ouverte, les sources de déséquilibres Les ressources d’une Nation : Nous avons vu ce qu’est le PIB, qui correspond aux richesses produites par un pays, au cours d’une année. Il représente la valeur des biens et services produits par les unités résidentes, c'est-à-dire par les entreprises et administrations d’un territoire. Par convention, nous estimons que le PIB est la somme des valeurs ajoutées. Les importations sont les biens et les services produits à l’étranger et proposés aux résidents du territoire. Dans un schéma, les importations sont désignées par la lettre M. Les prélèvements sur les stocks, ou déstockage : ce sont les biens produits les années précédentes et commercialisés dans le territoire. Les emplois correspondent à l’utilisation de ces ressources. La consommation finale (C) est l’ensemble des achats de biens et services utilisés directement par les ménages pour leur consommation, auxquels s’ajoutent les achats effectués par les administrations publiques. Les investissements des entreprises et, plus généralement, l’acquisition de biens durables par les agents économiques, de bâtiments, de logiciels. Selon les schémas, vous trouverez la notion de Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) terme de la Comptabilité Nationale. L’Investissement (I) égale la FBCF + la variation des stocks. Dans une analyse simplifiée, personne ne vous reprochera d’assimiler la FBCF à l’investissement. Les exportations sont les biens et services vendus par les résidents aux non résidents. On les désigne par la lettre X

Rappel : en Economie, comme en Mathématiques, le terme « variation » s’indique par la lettre grecque delta : Δ Par définition, variation n’inclut pas le signe positif ou négatif.

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31 1ère leçon

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2ème Série

La constitution des stocks : L’Equilibre emplois ressources est la simple égalisation de tous ces facteurs : PIB + M + Stocks en début de période = C + FBCF + X + stocks en fin de période Ou, plus simple, PIB + M = C + FBCF + X Nous avons donc d’un côté l’offre globale des biens et services (les ressources) et de l’autre les dépenses globales des facteurs (les emplois). Pour faire apparaître dans l’équation les dépenses publiques (G), on peut poser : PIB + M = C + G + I + X + Δ de stocks. La dynamique des emplois-ressources L’économiste étudiera la situation macroéconomique d’un pays à l’aune de ces équations. Bien sûr, elle ne résume pas tout. L’équilibre emplois-ressources s’associe au solde commercial (X-Y), au niveau des stocks, au niveau des prix et de l’emploi. Surtout, cette photographie de l’économie à un instant particulier (le 31 décembre, par exemple), n’a pas grande valeur si on ne la met pas en comparaison avec les photographies des années précédentes. Pour l’économiste, et plus généralement pour le citoyen, l’évolution des différents facteurs indique le bien-fondé d’une politique économique, des décisions prises, et prévient d’un éventuel dérapage, souligne l’urgence d’une correction de trajectoire. De même que la comptabilité aide le chef d’entreprise, la comptabilité nationale constitue un outil précieux de décision pour les Gouvernements. Lorsque la consommation s’accroit et que le PIB n’augmente pas, ou peu, le risque est grand d’une hausse des importations. Les résidents achètent à l’étranger ce qu’ils ne trouvent pas dans le pays. La France a connu ce phénomène lors de politiques de relance économique (1982-1983) par exemple. Mieux rémunérés, les Français ont consommé davantage, mais ont de ce fait fortement importé de l’étranger, tandis que les exportations n’augmentaient que peu : le déficit commercial (X-Y négatif) pénalise l’Economie par la pression qu’elle exerce sur la monnaie, nous y reviendrons. De nos jours, nous devons raisonner en économie ouverte : la France par exemple, ne peut pas se payer le luxe de prendre des décisions économiques seule, sans apprécier la situation de ses grands partenaires commerciaux, notamment l’Allemagne. Si l’offre globale de biens et services s’avère supérieure à la demande globale, les entreprises ne trouvent pas assez de débouchés, elles sont en surproduction. Elles constituent alors des stocks, et il est à craindre que l’année suivante, elles réduisent sensiblement leur production afin d’écouler les stocks. Elles licencient une partie de leur personnel, entraînant une augmentation du chômage. Dans le cas inverse, si la demande des résidents et des non résidents augmente, mais que la production des entreprises tarde à suivre le rythme, des tensions inflationnistes peuvent apparaître : face à une forte demande, les entreprises augmentent leurs prix, plutôt que d’augmenter la production.

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32 1ère leçon

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2ème Série

Subventions

Impôts Impôts

Revenus de transfert

Crédits Intérêts

Ressources Placements

Demande

Prix

Offre

Prix

Demande de travail

Offre de travail

Salaires Salaires

Marché

du travail

Marché des biens et

services

Marché des capitaux,

financements

Entreprises

Ménages

État

Flux réels Flux monétaires

Reste du monde Importations Exportations

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33 1ère leçon

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2ème Série

Exercice 8 1.

Agrégats Valeur (en milliards d’euros) PIB 1932,8 Importations 537,5 Consommation effective des ménages 1435,2 Consommation collective des administrations publiques 168,9 FBCF 373,3 Variation de stock 0,7 Exportations 492,2

2. Écrivez et vérifiez l’équilibre entre les emplois et les ressources. ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

3. À partir des données du tableau, vérifiez l’égalité suivantes : Y – (C+I+G) = (X-M) ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 4. Vérifiez l’égalité suivante PIB – (C + I + G) = (X – M) Quel facteur faut-il ajouter pour respecter l’équilibre ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 5. Comment interpréter l’égalité ci-dessus, en termes d’équilibres économiques ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

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34 2ème leçon

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2ème Série

DEUXIÈME LEÇON

La socialisation de l’enfant et la socialisation secondaire, l’âge adulte I - La socialisation de l’enfant Cette leçon débute la partie Sociologie du programme. Elle passe en revue la manière dont, dans les pays occidentaux comme la France, l’enfant construit sa personnalité et devient, au fil des ans, un acteur social. La socialisation est le processus par lequel un enfant puis un adulte intériorise les normes et les valeurs de la vie en société. Ce processus passe par l’inculcation de ces normes et valeurs, au sein de la famille d’abord, puis des autres instances de socialisations, comme l’école, les groupes d’amis, les associations ou clubs, le travail. Distinguons : Les normes : règles de conduite en société à laquelle chacun est censé se conformer. Certaines sont codifiées par les lois, les règlements. D’autres sont informelles, sont du domaine de l’éducation (les règles de politesse). Elles renvoient aux valeurs d’une société. Les valeurs : idéaux auxquels les membres d'une société adhèrent et qui s’incarnent concrètement dans des normes sociales. Ce sont de grands principes. Les rôles : modèles spécifiques à une fonction ou à une position dans une collectivité. Un individu joue un « rôle » au sein la société, il lui apporte sa contribution. Un autre point de vue de la même chose est le statut social. Les valeurs d’un groupe ne sont pas indépendantes les unes des autres : elles s’organisent et s’ordonnent de façon plus ou moins cohérente ; on parle de « système de valeurs », à la base des modèles culturels. Enfin, les valeurs officiellement proclamées par les institutions comme l’Etat, la famille, l’Ecole, les Eglises ne correspondent pas forcément aux valeurs effectives de la société, de même qu’au sein d’une même société certaines valeurs peuvent rentrer en conflits. Les valeurs sont perpétuellement remises en cause, ou renforcées. Elles sont différentes d’un pays à l’autre, et les flux migratoires, la connaissance des mondes lointains grâce aux nouveaux moyens de communication, font se heurter différents systèmes de valeurs. Chaque personne détient plusieurs rôles, au sein de la société. Une femme peut être mère, épouse, chef de service dans son entreprise, membre active d’une association, etc.). Elle sera, suivant les cas, amenée à respecter les droits et obligations attenant à l'exercice des différents rôles. Du moins, c’est ce que les autres membres de la société attendent d’elle. De même, on attend en général d'un avocat qu'il défende son client, mais aussi qu'il s'exprime avec éloquence à la barre. Le premier rôle est partie intégrante du métier d’avocat, le second est davantage une attente du public, d’une représentation imagée qu’il se fait de ce métier.

La famille : Au sein de la famille, l’enfant acquiert des valeurs d’éducation. Il apprend les bases du langage, puis à reconnaître les différents niveaux de langage, parlé et écrit, notamment. Il apprend les règles de politesses, les manières de se conduire suivant la compagnie. On le voit déjà : certaines règles sont universelles, d’autres sont propres à une société, d’autres enfin appartiennent à chaque famille. Nous n’avons pas tous reçu exactement la même éducation, ce qui ne nous empêche pas de nous entendre, ou tout du moins de nous comprendre.

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35 2ème leçon

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2ème Série

La famille a un rôle d’inculcation, en apprenant les normes et valeurs nécessaires à ses enfants : l’apprentissage, le jeu, le travail, éventuellement la sanction, font partie de ce mécanisme. L’enfant s’approprie également les valeurs véhiculées par sa famille, tout simplement en l’observant et en agissant en son sein ; c’est un processus d’interaction qui participe aussi de l’éducation. Ainsi, pour le sociologue contemporain George Herbert Mead, l’enfant est un individu à la fois analysé dans sa nature sociale et dans sa capacité à réfléchir sur ses actes et ses prises de position. Il est bien sûr le produit de son éducation, comme peut l’affirmer un Pierre Bourdieu (1930 – 2002). Mais il se construit dans une constante interaction entre sa subjectivité (« je pense ») et son image sociale (« moi parmi les autres »). C’est le contact et la référence aux autres qui vont construire la personnalité de chaque individu. La socialisation, un processus différencié : Nous ne recevons pas toutes et tous la même éducation. Chaque famille, bien que consciente des règles de base pour vivre en société, donne à ses enfants ses propres valeurs. L’éducation varie selon le milieu social : nous intégrons les normes et les valeurs de notre milieu, ce que Pierre Bourdieu désigne sous le nom d’habitus. Un enfant de classe aisée, forcément, n’aura pas les mêmes références qu’un jeune issu de milieux populaires. L’enfant est donc, selon Bourdieu, le produit de son éducation. Les enfants de bourgeois disposent de moyens financiers conséquents, d’un héritage culturel, d’un accès à des biens culturels (livres, musées, théâtres), de cours particuliers, auxquels les enfants d’ouvriers, par exemple, n’ont pas facilement accès. Les premiers disposent donc de « capitaux » que n’ont pas les seconds ; dès leur entrée à l’école, s’instaure donc une inégalité entre les élèves, selon leur classe sociale d’origine. Inégalité que l’école ne parvient pas à combler, selon Bourdieu. L’analyse de Bernard Lahire Disciple de Pierre Bourdieu, le sociologue Bernard Lahire revisite néanmoins cette théorie de l'habitus. Sans remettre en cause l’existence des classes sociales, il explique, à partir de l'analyse d'une centaine d'entretiens, que l’individu se définit, non pas à partir d'un héritage culturel unique et cloisonné, lié à son appartenance à une classe sociale, mais à partir de plusieurs héritages acquis au contact de multiples institutions et individus, comme la famille, l'école, les amis, l'univers professionnel etc. L’analyse de Bernard Lahire se situe à l’échelle de l’individu, elle met en évidence la multiplicité et la complexité des interactions entrant dans le jeu de la socialisation des acteurs. Il explique que la plupart d’entre eux connaissent au cours de leur vie de légers (ou plus prononcés) « déplacements » dans leur manière d’être, de penser et d’agir en fonction des expériences qu’ils vivent et qu’ils intériorisent, « plient » et « déplient » au grès des situations rencontrées. Lahire reconnaît l’existence d’un habitus culturel mais le place de façon exclusive aux deux extrémités de la hiérarchie sociale : la classe la plus élevée cherche à sociabiliser ses enfants dans l’objectif de pérenniser leur appartenance sociale en organisant le suivi de leur vie scolaire, en veillant à leur proposer des activités extra-scolaires en phase avec leur positionnement social, en surveillant leurs fréquentations… Tandis que la classe la moins élevée, du fait d’une certaine misère sociale et culturelle, reproduit les mêmes schémas d’une génération à l’autre. Pour lui, le concept d’habitus ne concerne qu’une petite partie de la population. La grande majorité, issue de la classe moyenne, peut tout à la fois aller à l’opéra et suivre une série de télé-réalité, s’inscrivant dans ce qu’il nomme un contexte de « dissonance sociale ». Alors que, pour Bourdieu, la distinction agit dans la recherche d’imposition des goûts et des modèles de la classe la plus élevée, Lahire la resitue au niveau de l’individu. Ce dernier a intériorisé la hiérarchie des pratiques culturelles et recherche à se distinguer (« distinction de soi ») par rapport à son entourage, amis, famille, voisins. Pour Lahire, le moteur de la distinction est la peur de chuter, de régresser dans la hiérarchie sociale.

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36 2ème leçon

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2ème Série

Enfin, retenons la différentiation par sexe : encore aujourd’hui, dans nos sociétés industrielles, garçons et filles ne sont pas élevés de la même manière. Certes, il est loin le temps où les uns et les autres étaient tenus de tenir un rôle social bien défini. Mais le « genre » (traduction du terme anglais « gender ») désigne toujours cette socialisation différenciée. Les garçons et les filles sont souvent élevés autour de stéréotypes masculins et féminins (la force pour les uns, la gentillesse pour les autres) qui se reflète dans les termes utilisés à leur endroit, dans les vêtements, les coiffures, les jeux. Ces différences se combinent avec celles engendrées par le milieu social. Exercice 9 1. Quels sont les deux processus par lesquels la famille éduque ses enfants ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 2. Que désigne la notion de « capital » chez Bourdieu ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ II - La socialisation secondaire, l’âge adulte La famille constitue donc la première étape de la socialisation. Bien entendu, un enfant, devenu adolescent, ne construit pas sa personnalité et sa sociabilité dans le seul cadre de sa famille. D’autres instances de socialisation viennent prendre le relai de la famille, compléter son éducation, et parfois, la contrarier. L’autre étape de la « socialisation primaire » est bien entendu celle de l’école. La famille append les règles de politesse, l’hygiène, la notion du respect envers l’instituteur et le professeur, le goût du travail. Son rôle, souvent, s’arrête là. L’école en tant qu’espace social- complète l’éducation de la famille, par les règles de la vie en collectivité, en attribuant une place à chacun, en donnant une autre vision de la hiérarchie. Bien sûr, l’enseignement qu’elle dispense constitue un véhicule indispensable pour la vie en société, pour l’entrée dans le monde du travail, l’élévation sociale.

L’élève apprend à respecter ses camarades, ses enseignants. Il apprend, s’il ne le savait déjà, les niveaux de langage : on ne s’adresse pas de la même manière à son voisin de table qu’à son professeur, au surveillant, au personnel de l’école. L’élève apprend –ou réapprend– qu’il n’est pas le centre du monde, il n’est qu’un parmi d’autres et doit trouver sa place en société. À partir de là, diverses « instances secondaires » entrent en jeu : les amis, ou « groupe de pairs », auprès de qui nous découvrons parfois d’autres modes de pensée, d’autres formes d’éducation. Les membres d’association ou de groupes d’intérêt (paroisse, syndicat, club sportif) que nous étudierons dans la prochaine section. Ces groupes présentent deux intérêts : ils délivrent une autre forme

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37 2ème leçon

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d’organisation que celle de la famille, de l’école, et font entrer de plain-pied l’individu dans le lien social. Plus tard, au sein de l’entreprise, les salariés forment aussi leur apprentissage de la vie en société. Ils apprennent un autre niveau de langage, celui de leur métier propre (le jargon de leur profession) et prennent l’habitude de délivrer une information claire à leur entourage professionnel. La communication orale ou écrite, la conversation à la machine à café ou le rapport d’activité, n’ont pas la même valeur. Il est évident que pour obtenir un métier élevé dans la hiérarchie sociale, il faut des diplômes validant les compétences. Mais il faut également une capacité d’adaptation de communication, au sein du groupe particulier qu’est l’entreprise. Lorsqu’il perd son emploi, le salarié perd aussi ses contacts de travail, ce qui représente un risque de perte du lien social. La socialisation secondaire n’efface pas l’enseignement de la famille. D’autant que celle-ci confère, pour beaucoup, un avantage ou un désavantage. L’école républicaine, censée mettre tous les élèves sur un même pied d’égalité, au nom de l’égalité des chances, ne fait parfois que constater des disparités, dès le plus jeune âge. Sur ce constat repose la critique de Pierre Bourdieu, qui considère que l’école ne fait que reproduire le modèle social, au bénéfice des classes « bourgeoises », qui possède davantage de capitaux financiers et culturels. Cette vision (présentée ici de manière caricaturale) est critiquée par de nombreux sociologues qui refusent l’aspect « déterministe » de la vision de Bourdieu : l’individu n’est pas que le pur produit de son éducation, il a la possibilité, au cours de la socialisation secondaire, de changer de cap.

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38 2ème leçon

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Un lieu de socialisation et d’échanges : la maison L'organisation de la maison est importante avant tout du point de vue de l'économie domestique, c'est-à-dire, dans son aspect économique, comme communauté travaillant et jouissant ensemble. La jouissance qui se répète, semblable à la respiration, est la nutrition, d'où la fabrication et la préparation de la nourriture et de la boisson comme travail le plus indispensable et le plus régulier. Il a été remarqué déjà que le travail est partagé entre les descendants, et, de même que la forêt et le champ sont la sphère extérieure naturelle, ainsi le foyer et sa flamme vivante constituent le germe et l'essence de la maison même, le lieu où homme et femme, jeunes et vieux, maîtres et domestiques se rassemblent pour participer au repas. Ainsi le foyer et la table prennent-ils une signification symbolique : celui-là incarnant l'énergie durable et vivante de la maison dans la suite des générations, celle-ci l'union des membres actuels dans la conservation et le renouvellement du corps et de l'âme. La table est la maison elle-même en tant que chacun y a sa place et y reçoit la part qui lui est due. Alors qu'auparavant les associés se séparent et se divisent pour réaliser le même travail, ici se fait le regroupement pour le partage nécessaire de la jouissance. La jouissance commune des autres biens particuliers est semblable à celle que crée la division ou l'unité du travail. L'échange proprement dit est opposé à la nature de la famille ; il n'existe qu'au delà du partage et dans la mesure où les individus désirent une propriété indépendante et leur revenant, utilisant par exemple des objets que chacun peut avoir créés pour soi, en dehors de l'activité commune. La maison elle-même, comme unité, et par la main de son maître ou de son gérant, peut transformer le surplus de ses produits en formes apparemment utiles par le moyen de l'échange. Un tel échange ne peut être compris qu'en tant qu'il a lieu entre les familles d'une communauté se présentant elle-même comme une famille unique (comme dans le village, la ville, et entre ville et campagne dans une contrée ou le domaine d'une ville) ; il s'accomplit alors dans le calme et la paix, suivant des principes que la réflexion révèle justes, comme l'expression d'un partage régulier, semblable à la jouissance commune autour d'une table garnie. On remarquera qu'en cela résidera toujours, quoique très cachée, l'idée de l'échange, de la simple circulation des marchandises. Mais les manifestations d'une telle idée peuvent se retrouver loin d'elle, n'être plus que sa déformation, de sorte qu'en dernier lieu, pour être bien comprises, elles doivent être considérées en elles-mêmes et expliquées par les besoins et les volontés des individus.

Tönnies, Ferdinand (1887), Communauté et société, Paris, PUF, p. 27-28

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39 2ème leçon

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Les déplacements : le point de vue de Bernard Lahire Il y a, en permanence, de petites réflexivités dans la vie quotidienne, qu’on peut saisir notamment en se penchant sur les pratiques d’écriture domestique. Il n’y a pas que les grands désajustements, les grands décalages ou les grandes crises. De manière plus générale, les individus « déplacés » sont plus nombreux que l’on pense : l’immigration, c’est un cas de désajustement, la mobilité sociale ou professionnelle, c’est encore un cas de désajustement, toutes les situations où les gens sont transplantés d’une manière ou d’une autre (prison, hôpital, etc.) sont des occasions de décalage où ils sont contraints de modifier ou de changer radicalement leurs habitudes. Un cas classique, c’est l’école. Mettre précocement un enfant de milieu populaire dans un contexte scolaire – et nous avons en France une école maternelle qui fait que vous pouvez observer ce type de situation à grande échelle – c’est le placer dans une situation où il est confronté à d’autres manières de parler, de se tenir, à d’autres types d’intérêt, à d’autres genres de questionnement, à d’autres modes d’exercice de l’autorité, etc. Une partie d’entre eux sont en crise permanente. On pourrait dire que l’échec scolaire, c’est l’effet d’une crise dispositionnelle. L’enfant en échec scolaire, c’est l’enfant désajusté dans une salle de classe, qui ne comprend pas vraiment ce qu’on lui dit ou ce qu’on lui demande, qui ne se comporte pas « comme il faut », qu’on sanctionne beaucoup plus fréquemment que les autres, etc. Nous sommes le produit de contextes socialisateurs que nous sommes amenés à fréquenter la plupart du temps indépendamment de notre volonté : on naît dans une famille, on nous met à l’école, dans un club de foot, etc. On agit dans différents contextes et à chaque fois on prend le risque finalement d’être socialisé différemment. L’acteur est en mesure d’intégrer toutes ces expériences en les cloisonnant relativement, en apprenant qu’ici, on peut agir comme ceci mais pas comme cela. S’il ne se comporte pas de manière adéquate, il est rapidement sanctionné, soit par l’indifférence ou le mépris des gens, soit par des sanctions plus explicites comme à l’école. En permanence, il reçoit des signaux qui lui signifient que dans tel contexte il peut ou il doit faire ceci et pas cela. Il apprend qu’ailleurs, au contraire, il faut faire autrement si on veut être accepté, reconnu ou gratifié. Donc, je pense qu’il apprend à se comporter différemment dans des espaces et dans des moments différents. Est-ce que cela l’amène à plus de réflexivité ? Je pense que quand ces choses-là se confrontent – mais elles peuvent aussi se développer sans confrontation, dans des contextes relativement étanches – cela oblige à certaines formes de réflexivité. En ce sens, effectivement, plus les acteurs sont pluriels et plus ils ont de probabilité d’être réflexifs, à cause de ces confrontations d’univers ou de contextes hétérogènes (…) Quand vous lisez des tableaux statistiques qui montrent qu’une partie du groupe ne se comporte pas comme la majorité du groupe – et parfois on n’observe que des écarts très relatifs entre les groupes sociaux – vous pouvez être sûr qu’il existe des variations intra-individuelles puisque dans chaque domaine de pratiques vous avez des individus qui se distinguent des autres. Si je prends l’exemple du cinéma d’auteur, dont on dit que c’est un cinéma intellectuel qui attire les spectateurs à fortes ressources scolaires, il faut savoir lire précisément les données : c’est une minorité de gens à fort capital culturel qui déclarent préférer le cinéma d’auteur. Il ne faut pas confondre la logique des salles de spectacle et la logique des spectateurs appartenant à un groupe social ou à une catégorie sociale donnés : si vous étudiez une salle d’opéra, vous aurez essentiellement des personnes qui viennent de milieux à fort capital culturel ; mais il n’empêche que l’horizon naturel de quelqu’un qui possède un fort capital culturel ou qui appartient à la bourgeoisie c’est de ne jamais aller à l’opéra. Il faut garder ces données-là en tête pour ne pas caricaturer des différences entre groupes et classes. Par ailleurs, l’examen des profils culturels individuels révèle que les personnes qui vont à l’opéra peuvent parallèlement déclarer écouter le plus souvent du rock, lire des romans policiers ou regarder des émissions de variétés populaires à la télévision, alors qu’on leur prêtait volontiers (je pense que les sociologues de la culture prêtent en général toujours un peu trop aux riches…) un sens infaillible – transférabilité oblige – de la légitimité culturelle.

Bernard Lahire, entretien accordé à « La vie des idées », novembre 2009.

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40 2ème leçon

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2ème Série

Thèmes d’identification et catégories socio-professionnelles.

Famille Métier Amis Lieux Loisirs Apparence Handicap Origines Opinions

Agricultures 86 69 24 26 19 1 2 5 3

Indépendants 87 68 35 21 21 4 3 5 1

Cadres, prof. Int.sup.

85 71 36 24 34 3 2 11 9

Professions intermédiaires

86 57 38 28 34 6 3 9 6

Employés qualifiés

90 49 43 27 26 8 3 10 4

Employés non qualifiés

92 42 37 30 23 6 3 11 2

Ouvriers qualifiés

86 48 37 27 34 5 4 10 4

Ouvriers non qualifiés

86 33 44 28 32 5 4 11 3

Lecture : % de personnes ayant cité au moins une fois chaque thème parmi les trois thèmes choisis. Exemple : interrogés sur les éléments qui ont constitué leur identité, 90% des ouvriers qualifiés citent la famille, 49% leur métier et 43% leurs amis (sachant que plusieurs réponses étaient possible). Champ : actifs occupés (4387 personnes). Source : enquête Histoire de vie – Construction des identités, Insee, 2003. Dans l’enquête Histoire de vie, on demande précisément aux personnes non pas de dire si le travail est important, ni même de citer des domaines importants mais de dire si le travail est plus ou moins important que d’autres « activités » ou « temps de vie », notamment la vie familiale, la vie sociale et la vie personnelle. Bien évidemment, la notion d’importance peut faire l’objet de multiples interprétations par les personnes interrogées et peut notamment recouvrir au moins trois sens : important parce que j’en ai besoin pour vivre, important parce que j’y passe le plus clair de mon temps, que cela m’amuse ou non, important parce que je m’y réalise. On a pris soin, dans la formulation de la question, d’obliger les personnes à un choix net en leur ouvrant la possibilité de déclarer à la fois que le travail est très important et qu’il est à égalité avec les autres domaines (le travail est très important mais autant que d’autres choses – vie familiale, vie sociale, vie personnelle, etc.). Les deux modalités extrêmes ne recueillent que peu d’avis positifs avec respectivement 3,6 % et 5,4 % des actifs interrogés. En revanche, pour 66 % des actifs en emploi « le travail est assez important mais moins que d’autres choses » et pour 25 % « très important mais autant que d’autres choses ». Ces résultats confirment donc, pour les neuf dixièmes des actifs en emploi, la place très particulière accordée au travail au regard d’autres activités.

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41 2ème leçon

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2ème Série

La proportion de personnes déclarant que le travail est important augmente avec l’âge, toutes catégories sociales confondues. Ceux qui déclarent que le travail est plus important que tout le reste ou très important mais autant que d’autres choses sont, toutes choses égales par ailleurs, les cadres et les indépendants, c’est-à-dire à peu près la même population que celle qui citait le travail comme premier composant de son identité. Au contraire de ce qui était observable pour l’identité des personnes, ni le niveau de revenu, ni le niveau d’études n’exercent d’influence sur l’importance relative accordée au travail. En revanche, comme pour l’identité, le fait d’avoir des enfants (surtout pour les femmes), d’être profession intermédiaire, employé ou ouvrier augmente toutes choses égales par ailleurs la probabilité d’accorder moins d’importance relative à son travail qu’à d’autres domaines delà vie (cf. tableau). On retrouve donc, comme dans l’analyse de l’identité, le double effet à l’œuvre dans la relativisation de la place accordée au travail au regard d’autres activités : d’une part, l’existence d’une charge de famille, principalement pour les femmes, d’autre part, la CSP. Deux effets relativement différents semblent ainsi à l’œuvre dans la relativisation de l’importance accordée au travail : un effet que l’on pourrait qualifier d’extrinsèque au travail (qui n’a pas de rapport direct avec le travail exercé, comme par exemple la situation familiale ou le sexe) et un effet intrinsèque au travail (proprement lié au travail). L’importance accordée au travail diminue avec le coût d’opportunité de ce dernier, c’est-à-dire avec les activités avec lesquelles il est en concurrence. Ainsi, le fait d’avoir de jeunes enfants diminue pour tous les actifs occupés l’importance relative attachée au travail, et plus particulièrement les femmes. Exercice 10 1. Quelles sont les « autres instances de socialisation », en plus de la famille et de l’école. ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 2. Pourquoi peuvent-elles remettre en cause le rôle socialisateur de la famille ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ 3. La valeur sociale du travail est-elle partagée de la même manière par l’ensemble de la population active ? ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________

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2ème Série

TROISIÈME LEÇON

Les groupes sociaux et la stratification, les PCS I - Les groupes sociaux Le processus de socialisation secondaire passe, pour chaque individu, par l’appartenance à différents groupes sociaux. Si une personne peut se référer à un groupe particulier (les bourgeois, la Noblesse, les ouvriers), elle fait partie de groupes, tantôts solides, tantôt éphémères, tantôt basés sur des intérêts communs forts, tantôt sur des intérêts de circonstance. Un individu peut ainsi avoir un « groupe de référence », dont il prend comme modèle les valeurs, les normes. Un groupe est formé de plusieurs individus, qui, ensemble, forment un tout cohérent. Une équipe sportive, une association, un club de loisir, sont autant de groupes. Un groupe réunit des personnes par des relations, une organisation, voire une hiérarchie. Ainsi, si plusieurs personnes doivent patienter sur le quai d’une gare, parce que le train a du retard, elles ne constituent pas « un groupe social », ce ne sont que plusieurs individus. Si ces personnes commencent à se parler, à protester, pourquoi pas à désigner l’un d’eux pour se plaindre auprès de la compagnie de chemin de fer, elles constituent un groupe social ! Nous avons plusieurs individus qui ont décidé de former un groupe. Ce dernier a monopolisé l’attention de ses membres, même pour un temps limité, et a œuvré dans l’intérêt de tous. Autre exemple : les barbus ou les porteurs de lunettes ne forment pas spécialement un groupe social, même si les uns et les autres peuvent partager certaines valeurs ou se comprendre. Simmel Pour le sociologue Georg Simmel, l’un des premiers à avoir étudié les groupes sociaux, les hommes se réunissent en groupements économiques, en clans familiaux ou en associations culturelles par nécessité, pour satisfaire certains intérêts. Toutefois, « par- delà ces contenus particuliers, toutes ces socialisations s’accompagnent d’un sentiment propre et de la satisfaction qu’il procure, du fait qu’on est justement socialisé ». En participant à une association, l’individu a le sentiment d’être pleinement membre de la société qui l’entoure, au-delà même de son ou ses groupes d’appartenance. Ce que Simmel nomme la « sociabilité », le fait d’être heureux d’appartenir à un groupe, donc à l’ensemble, c’est « la forme ludique de la socialisation ». Simmel remarque que cette forme ludique aplanit les différences liées à l’origine sociale : dans un groupe, nous sommes tous égaux. Ce constat est d’autant plus pertinent que le groupe est petit : une organisation plus grande nécessite une hiérarchie, une structure claire, et de facto, fait apparaître des inégalités. Le sociologue étudie la manière dont se constituent les groupes sociaux : telle association vise-t-elle à défendre des intérêts, à rassembler des personnes qui partagent les mêmes groupes, à se positionner en « conflit » avec un autre groupe ? Quelquefois, les groupes ont un caractère « excluant » : appartenir à un club permet de se démarquer des autres, de se distinguer de la masse. Les membres se reconnaissent des qualités, forment des liens particuliers, du fait même de leur appartenance au groupe. Quitte à faire taire les grincheux comme Groucho Marx, qui refusait « de faire partie d’un club qui l’accepte comme membre ! » Nous avons parlé ici des groupes sociaux constitués, mais on peut donner une définition plus large des groupes sociaux, comme étant une construction sociale héritée d’un sentiment d’appartenance : dès lors, les femmes, par exemple, constituent un groupe social. Ce groupe obéit à certains codes, nécessite un certain comportement. Elles sont une « catégorie » de la population et forment un groupe par le sentiment de reconnaissance qu’elles suscitent, d’elles-mêmes et pour les autres.

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43 3ème leçon

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2ème Série

Quelques définitions : - le groupe réel : Ensemble d’individus formant un groupe social objectif, visible par lui-même et par les autres. Dans une approche marxiste, on considérera que la bourgeoisie et le prolétariat constituent l’archétype des groupes réels. Un ouvrier se considérera appartenir à « la classe ouvrière » ; pour Marx, si l’ensemble des ouvriers adopte cette attitude, la classe ouvrière devient une classe « pour soi » et non plus « en soi », c'est-à-dire que les ouvriers expriment des revendications pour l’ensemble de leur classe, et non plus pour eux même. Vous verrez ce distingo en Terminale, dans le cours de Spécialité économique. - les groupes nominaux : Il s’agit d’un regroupement d’individus construit par le chercheur pour faciliter la compréhension de la stratification sociale. C’est ainsi que fonctionne le sociologue Max Weber et l’analyse empirique, aux Etats-Unis. (Empirique, qui part de la réalité, à l’opposé de théorique). Les personnes n’ont pas conscience d’appartenir à un tel ou tel groupe, mais la constitution de ces derniers constitue une aide précieuse au chercheur. - Groupes primaires : Le groupe primaire est un petit groupe social, où ses membres entretiennent des rapports étroits. Ils se soucient des intérêts des autres membres, partagent des activités de culture, de loisirs, se forgent un passé en commun. Les exemples incluent la famille, les amis d'enfance, et les groupes sociaux fortement influents (amis proches au lycée, à l’université, cellule syndicale, etc.). Des relations d’affinités –plus ou moins prononcés, se dessinent entre chacun des membres. La division des tâches, au sein d’un groupe, et la fréquence de ses réunions, découlent de l’adhésion à des buts communs. Ce groupe peut avoir une « microculture », ses normes, son langage, ses traditions. - Groupes secondaires : Le groupe secondaire est un groupement d’intérêt, une association. Ce sont les groupes dans lesquels les relations sont d'ordre formelles (préétablies), officielles (règlement intérieur), impersonnelles (les individus sont ignorés) et dictées par un organigramme (hiérarchie écrite). C’est une organisation. Il a pour but de confier à des représentants actifs la défense d’intérêts communs à des gens qui ne se connaissent guère personnellement. Les rapports entre les individus sont moins personnels, les personnes changent.

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