dyslexie, selon paula tallal et michael merzenich paula tallal... · dyslexie, selon paula tallal...

5
Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich Voici un article sur les travaux de Paula Tallal et de Michael Merzenich aux étasunis, qui confirme les travaux sur la dyslexie et la discrimination auditive donc l’écoute, menés dans les années 50-60 par un médecin ORL le docteur Tomatis et publié en 1971 dans un ouvrage intitulé " Educa - tion et Dyslexie" 1 aux éditions ESF Paris dans la collection "Sciences de l'éducation". Voir extrait en annexe. Article publié dans le S&V n° 950 de Novembre 1996 par Philippe CHAMBON sous le titre : Dyslexie : l'ordre rétabli De 8 à 10 % des enfants souffrent de dyslexie. Et le traitement de ce trou- ble est très laborieux. Grâce à une méthode radicalement neuve, deux chercheurs américains viennent d'obtenir des résultats spectaculaires. Les premiers pas dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture sont toujours hésitants, mais, chez certains enfants. ces tâtonnements sont parfois inquiétants. Au cours préparatoire, des signes de dyslexie peuvent appa- raître dès la fin du premier trimestre. La confirmation ne viendra que plus tard dans l’année, mais. en cas d'alerte, il faut se montrer vigilant, car ce trouble peut compromettre toute la scolarité. Or il n'est pas rare : la dyslexie frappe de 8 à 10 % de nos enfants. Le succès de la "rééducation" dépend de la précocité du diagnostic et de la compétence de l'orthophoniste, mais elle est souvent longue de deux à cinq ans. C'est pourquoi une équipe de chercheurs américains propose une approche radicalement nouvelle, qui permettrait de gagner un temps précieux, du moins chez certains enfants. L'en- fant dyslexique peut être atteint à des degrés divers, de la simple difficulté à lire de façon courante et expres- sive, jusqu'à l'incompréhension totale du texte, car l'en- fant fait des confusions entre les lettres dont les gra- phismes sont proches (q-g) ou les sonorités (f-v, dans "fa"-"va" ou "fe"-"ve" ... ). Il commettra les mêmes er- reurs en orthographe. Pourtant, les dyslexiques ne ma- nifestent aucun trouble mental, aucun déficit sensoriel et leur QI est normal. Cependant, plusieurs spécialistes ont remarqué que nombre de ces enfants avaient aussi un léger retard dans l'élaboration du langage, des diffi- cultés d'orientation spatiotemporelle et des dérègle- ments de la perception visuelle qui perturbent la corré- lation entre vision et audition nécessaire à la lecture et à l'écriture. Ce sont ces derniers troubles qui ont retenu l'attention de Paula Tallal, du Center for Molecular and Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael Merzenich, du Coleman Laboratory de San Francisco (Californie). Paula Tallal, psychologue expérimentale, travaille sur la perception du langage depuis une vingtaine d'années. Elle se consacre à l'étude d'enfants à l'intelligence nor- male dont les résultats aux tests de langage oral sont très mauvais. A l'aide d'exercices qui demandent aux enfants de dis- criminer différents sons, elle constate qu'ils éprouvent une. plus ou moins grande difficulté à distinguer des syllabes proches, telles que "ba" et "da", dont la pro- nonciation de la con- sonne ne dure que quelques dixièmes de seconde. Est-ce la cause de leur dyslexie? Paula Tallal en est per- suadée : elle suppose que le cerveau de ces enfants est incapable de traiter les informa- tions qui se succèdent au rythme de quelques fractions de secondes. Lacune qui retentit essentiellement sur le langage. Paula Tallal a d'abord pensé que le dommage était irréversible. C'était sans compter avec les travaux de Michael Merzenich. DES PROGRÈS APRÈS 4 SEMAINES DE THÉRAPIE Grâce à des expériences menées sur des singes, ce neu- rologue montre qu'il est possible d’améliorer la capacité du cerveau à discriminer les stimuli rapides. Ce phéno- mène s'explique par la plasticité du cerveau, son apti- tude à se transformer physiquement en fonction de l'ex- périence du·sujet. Ce qui est vrai pour le singe, se dit Michael Merzenich, devrait l'être aussi pour "l'homme ; donc pour les enfants auxquels s'intéresse Paula Tallal. En 1993, les deux chercheurs décident d'unir les efforts de leurs équipes. Chez Tallal, on met au point une série de jeux du type "Jacques a dit", qui intiment aux en- fants d'exécuter des commandes parlées. Les ingénieurs de chez Merzenich les modifient en al- longeant de 50 % l'énonciation des syllabes et en ampli- fiant légèrement le niveau sonore des consonnes. Ainsi, elles deviennent audibles pour les enfants déficients. Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 1/5 RÉÉDUQUÉE PAR LES JEUX VIDÉO A Newark, dans le New Jersey, la psycholinguiste Paula Tallal montre à une enfant victime de troubles de l'acquisition du Langage le fonctionnement d'un outil expérimentai de ré- éducation. Sous forme de Jeu vidéo, il permet à l'enfant d' améliorer ses capacités à dis- tinguer certains sons.

Upload: hoangnhu

Post on 14-Sep-2018

231 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich Paula Tallal... · Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich ... Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael

Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich

Voici un article sur les travaux de Paula Tallal et de Michael Merzenich aux étasunis, qui confirme les travaux sur la dyslexie et la discrimination auditive donc l’écoute, menés dans les années 50-60 par un médecin ORL le docteur Tomatis et publié en 1971 dans un ouvrage intitulé "Educa-tion et Dyslexie"1 aux éditions ESF Paris dans la collection "Sciences de l'éducation". Voir extrait en annexe.

Article publié dans le S&V n° 950 de Novembre 1996 par Philippe CHAMBON sous le titre :

Dyslexie : l'ordre rétabliDe 8 à 10 % des enfants souffrent de dyslexie. Et le traitement de ce trou-ble est très laborieux. Grâce à une méthode radicalement neuve, deux chercheurs américains viennent d'obtenir des résultats spectaculaires.

Les premiers pas dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture sont toujours hésitants, mais, chez certains enfants. ces tâtonnements sont parfois inquiétants. Au cours préparatoire, des signes de dyslexie peuvent appa-raître dès la fin du premier trimestre. La confirmation ne viendra que plus tard dans l’année, mais. en cas d'alerte, il faut se montrer vigilant, car ce trouble peut compromettre toute la scolarité. Or il n'est pas rare : la dyslexie frappe de 8 à 10 % de nos enfants. Le succès de la "rééducation" dépend de la précocité du diagnostic et de la compétence de l'orthophoniste, mais elle est souvent longue de deux à cinq ans. C'est pourquoi une équipe de chercheurs américains propose une approche radicalement nouvelle, qui permettrait de gagner un temps précieux, du moins chez certains enfants. L'en-fant dyslexique peut être atteint à des degrés divers, de la simple difficulté à lire de façon courante et expres-sive, jusqu'à l'incompréhension totale du texte, car l'en-fant fait des confusions entre les lettres dont les gra-phismes sont proches (q-g) ou les sonorités (f-v, dans "fa"-"va" ou "fe"-"ve" ... ). Il commettra les mêmes er-reurs en orthographe. Pourtant, les dyslexiques ne ma-nifestent aucun trouble mental, aucun déficit sensoriel et leur QI est normal. Cependant, plusieurs spécialistes ont remarqué que nombre de ces enfants avaient aussi un léger retard dans l'élaboration du langage, des diffi-cultés d'orientation spatiotemporelle et des dérègle-ments de la perception visuelle qui perturbent la corré-lation entre vision et audition nécessaire à la lecture et à l'écriture. Ce sont ces derniers troubles qui ont retenu l'attention de Paula Tallal, du Center for Molecular and Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael Merzenich, du Coleman Laboratory de San Francisco (Californie).Paula Tallal, psychologue expérimentale, travaille sur la perception du langage depuis une vingtaine d'années. Elle se consacre à l'étude d'enfants à l'intelligence nor-male dont les résultats aux tests de langage oral sont très mauvais. A l'aide d'exercices qui demandent aux enfants de dis-criminer différents sons, elle constate qu'ils éprouvent une. plus ou moins grande difficulté à distinguer des syllabes proches, telles que "ba" et "da", dont la pro-

nonciation de la con-sonne ne dure que quelques dixièmes de seconde. Est-ce la cause de leur dyslexie? Paula Tallal en est per-suadée : elle suppose que le cerveau de ces enfants est incapable de traiter les informa-tions qui se succèdent au rythme de quelques fractions de secondes. Lacune qui retentit essentiellement sur le langage. Paula Tallal a d'abord pensé que le dommage é t a i t i r r é v e r s i b l e . C'était sans compter avec les travaux de Michael Merzenich.

DES PROGRÈS APRÈS 4 SEMAINES DE THÉRAPIE

Grâce à des expériences menées sur des singes, ce neu-rologue montre qu'il est possible d’améliorer la capacité du cerveau à discriminer les stimuli rapides. Ce phéno-mène s'explique par la plasticité du cerveau, son apti-tude à se transformer physiquement en fonction de l'ex-périence du·sujet. Ce qui est vrai pour le singe, se dit Michael Merzenich, devrait l'être aussi pour "l'homme ; donc pour les enfants auxquels s'intéresse Paula Tallal. En 1993, les deux chercheurs décident d'unir les efforts de leurs équipes. Chez Tallal, on met au point une série de jeux du type "Jacques a dit", qui intiment aux en-fants d'exécuter des commandes parlées. Les ingénieurs de chez Merzenich les modifient en al-longeant de 50 % l'énonciation des syllabes et en ampli-fiant légèrement le niveau sonore des consonnes. Ainsi, elles deviennent audibles pour les enfants déficients.

Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 1/5

RÉÉDUQUÉE PAR LES JEUX VIDÉOA Newark, dans le New Jersey, la psycholinguiste Paula Tallal montre à une enfant victime de troubles de l'acquisition du Langage le fonctionnement d'un outil expérimentai de ré-éducation. Sous forme de Jeu vidéo, il permet à l'enfant d' améliorer ses capacités à dis-tinguer certains sons.

Page 2: Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich Paula Tallal... · Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich ... Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael

Vingt d'entre eux sont répartis en deux groupes: le groupe expérimental utilise les jeux modifiés, le groupe de contrôle joue avec les originaux. Simultanément, le groupe expérimental découvre des jeux vidéo bien plus élaborés, dans lesquels l'enfant marque des points quand il réussit à discriminer les différents phonèmes (1). Plus il progresse, plus la difficulté augmente, c'est-à-dire moins les paroles sont "étirées". Le groupe de contrôle, lui, ne dispose que de jeux vidéo destinés à développer la mémoire et la coordination œil-main, mais qui n'ont pas d'influence sur la perception auditive. C'est un peu l'équivalent du placebo des tests d'efficaci-té des médicaments, La comparaison des performances des deux groupes permet de mesurer les bénéfices de l'entraînement mis au point par les équipes américaines.

Il dure quatre semaines et comprend une trentaine de sessions de vingt minutes. Les deux groupes font des progrès, mais, dans le groupe expérimentai, certains enfants rattrapent jusqu'à deux ans de retard dans la maîtrise du langage. Et cette amélioration perdure lors des tests pratiqués six semaines après l'expérience. Pour autant, celle-ci ne portait pas sur la dyslexie proprement dite.Forts de leur succès, Tallal et Merzenich lancent ensuite une expérimentation clinique à grande échelle, sur 500 enfants. L'entraînement dure jusqu'à ce que l'enfant parvienne à un niveau normal, tant sur le plan de la dis-crimination des phonèmes que sur le plan de la com-préhension du langage. Les résultats seront publiés à la

fin de ce mois, mais Michael Merzenich nous assure déjà qu'ils sont "exceptionnels". «Cette fois, nous avons cherché à évaluer l'efficacité de notre méthode sur des dyslexiques et des enfants atteints de déficit d'atten-tion.» Tallal et Merzenich envisagent de mettre au point une méthode de grande diffusion en Amérique du Nord, dès 1997, et, plus tard, dans d'autres aires linguistiques. Des versions adaptées aux langues européennes, en cours de développement, entreront en phase d'essai d'ici à l'année prochaine. La méthode est d'ores et déjà présentée au public sur Internet (http://www-Id.ucsf.edu/)2. Le marché potentiel est énorme : Paula Tallal estime que « 80 % des dyslexiques sont victimes de ce trouble de la perception des phonèmes rapides ». La déficience serait liée à une anomalie située dans l'hémisphère cérébral gauche, chargé de la majeure par-tie du traitement du langage. Plus précisément, chez ces enfants, la zone du cerveau connue sous le nom de corps genouillé médian présenterait des cellules plus petites et plus rares que la normale.

QUAND POSER LE DIAGNOSTIQUE

Habituellement, on ne peut pas parler de dyslexie avant que l'enfant commence à lire et à écrire. Le cours prépa-ratoire (CP) est donc le lieu de dépistage. Certains spécialistes estiment qu'il faut constater un retard d'apprentissage de dix-huit mois pour être en me-sure de poser le diagnostic. Un retard moins long pour-rait être dû aux aléas normaux de l'apprentissage. D'au-tres spécialistes pensent que le diagnostic est possible dès le troisième ou le quatrième mois de CP, et qu'en général il est sûr à la fin de l'année scolaire. Avec cette limite: il est établi à partir de données qualitatives. L'évaluation du déficit varie donc sensiblement d'un médecin à l'autre. Les orthophonistes et les gestionnaires de l'assurance maladie aimeraient bien disposer d'un moyen de diag-nostic plus fiable et plus précoce, qui leur permettrait de prendre en charge les enfants plus tôt. Par précaution,

Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 2/5

1 Les phonèmes sont les plus petits éléments d'une syllabe. par exemple le son représenté par "d" dans '"da".2 http://www.ucsf.edu/

Page 3: Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich Paula Tallal... · Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich ... Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael

Monique Touzin, orthophoniste à l'hôpital Robert-De-bré, à Paris, recommande que les enfants qui manient difficilement le langage à l'entrée au CP soient sur-veillés de près. De son côté, Guy Willems3, neuropsychologue au Cen-tre William-Lennox, à Ottignie4, en Belgique, a mis au point une batterie de tests, qu'il a expérimentée pendant dix ans sur 6 000 enfants. Il affirme aujourd'hui pouvoir dépister les futurs dyslexiques dès l'âge de 5 ans. Ses tests comprennent notamment une" évaluation de la discrimination digitale. Il semble, en effet, que les dys-lexiques éprouvent aussi une difficulté à distinguer deux stimuli tactiles très rapprochés. Peu reconnus et encore très expérimentaux, ces tests présentent l'intérêt d'utiliser un signe indépendant des symptômes de la dyslexie et repérable avant son appari-tion. A suivre.

MALENTENDANT MALGRÉ UNE BONNE OUÏE

Or ce centre, dont on pense qu'il . prend en charge les flux rapides d'information sonore, joue pour les signaux auditifs le rôle d'une station relais vers les structures supérieures du cortex. Son mauvais fonctionnement

La zone de l’hémisphère gauche du cerveau mobilisée pour distinguer les sons qui se ressemblent est moins éten-due chez les enfants dyslexiques, qui n'utilisent que l'aire de Broca. (Cette image a été obtenue à l’aide d'une caméra à positons)

empêcherait les enfants dyslexiques de bien distinguer certains phonèmes parmi les plus courts, comme les consonnes dures du type b, p, k, t, sans affecter l'ouïe elle même. Ces enfants ont donc également des difficultés à asso-cier les sons aux lettres qui les représentent, ce qui leur pose des problèmes de lecture, donc d'orthographe. Ce-la pourrait expliquer les nombreux échecs des traite-ments classiques de la dyslexie, qui seraient imputables non à l'incompétence des thérapeutes ou à la mauvaise volonté des enfants mais, simplement, à l'inadéquation des méthodes. Les spécialistes se sont longtemps querellés sur les cau-ses de la dyslexie. Aujourd'hui, un consensus s'établit autour de son origine neurologique. Peut-elle se résu-mer à un déficit dans le traitement des sons ? Ce n'est pas sûr : plusieurs études tendent à montrer que le trou-ble prendrait sa source dans des structures plus profon-des du cerveau, au de là des centres de traitement du son, dans les aires cérébrales dédiées au langage.

Utah et Christopher Frith5, chercheurs de l'unité de dé-veloppement cognitif du Medical Research Council, à Londres, ont comparé l'activité cérébrale de cinq adultes ayant souffert de dyslexie à celle d'adultes "normaux". Ils ont remarqué que, lorsqu'ils doivent dis-tinguer des phonèmes aux sonorités voisines, les adultes normaux "activent" simultanément plusieurs zones du centre du langage - l'aire de Broca, l'aire de Wernicke et l'insula -, tandis que les dyslexiques n'activent qu'une seule zone (voir photo page précédente). Cette moindre mobilisation complique peut-être la tâche de décodage du langage. Cependant, ces études portent sur un nom-bre limité de sujets, en raison des risques inhérents à la technique d'imagerie, qui implique l'absorption d'une substance faiblement radioactive. Qu'elle agisse sur les circuits de décodage auditif ou sur des structures cérébrales plus profondes, la technique de Tallal et Merzenich ne manque pas d'efficacité. Mais de simples jeux vidéo suffiront-ils à guérir la dyslexie ?

UNE IMAGE DE SOI ALTÉRÉE

« En admettant que les problèmes liés au traitement des sons et de la phonétique soient résolus, il faut ensuite s'attaquer à la lecture elle-même, à l'orthographe, à la grammaire et à la syntaxe, souligne Monique Touzin6, orthophoniste à l'hôpital Robert-Debré, à Paris. Tâches d'autant plus ardues que ces enfants ont une très mau-vaise intuition de la langue et ont développé des straté-gies alternatives d'apprentissage afin de contourner leur handicap. En outre, l'aspect psychologique n'est pas négligeable : l'image de soi est souvent altérée, et les relations avec l'entourage et avec l'école en subissent les conséquences.»

Autrement dit, l'indéniable avancée des chercheurs américains ne résout pas définitivement la question de la prise en charge de la dyslexie, qui réclame encore des

Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 3/5

3 neuropédiatre et neuropsychiatre auteur de : Troubles de l'attention chez l'enfant 4 http://www.cnwl.be/les-services/neuropediatrie/ Cf. logopèdes5 https://sites.google.com/site/utafrith/6 http://www.cenopfl.com/troubles-apprentissage/dyslexie/congres_dyslexie.html#8

Page 4: Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich Paula Tallal... · Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich ... Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael

moyens diagnostiques adaptés et des critères d'évalua-tion standardisés.

ANNEXE

coupures de presse :

L'Express du 29/03/2001

La dyslexie à l'étude7par Sylvie O'Dy

Ces images révèlent les zones activées du cerveau lors d'un test sut la capacité à suivre les mouvements rapides d'un point lumi-neux. Le dyslexique (à droite), qui obtient de moins bons résul-tat, mobilisant moins de zones de son cerveau (en rouge). Ce test fournirait-t-il un moyen de dépister la dyslexie avant l’ap-parition des symptômes ? des chercheurs explorent cette hypo-thèse..

La France est en retard dans le traitement de ce phénomène, dont on commence à cerner les causes

Il ne fait pas bon être dyslexique en France! Non seulement notre pays est très en retard quant au dépistage précoce et à la prise en charge de ces enfants pour qui la lecture constitue un casse-tête insoluble. Non seulement l'Education nationale ne reconnaissait pas officiellement ce trouble jusqu'au 21 mars, date à laquelle Jack Lang et Bernard Kouchner ont annoncé le lan-cement d'un grand plan pour améliorer la scola-risation des dyslexiques. Mais, en plus, une étude récente démontre que la langue française est particulièrement à risque pour ces bambins ! On estime que ce trouble neurocognitif touche, à des degrés divers, de 4 à 5% des écoliers de l'Hexagone. Les petits Britanniques ne sont pas non plus à la fête, contrairement aux jeunes Ita-liens, qui bénéficient d'une langue plus clé-mente.

Selon la complexité de la langue

De quoi s'agit-il ? En fait, le nombre de dyslexi-ques dans un pays est un reflet direct de la complexité orthographique de sa langue. On en trouve moins dans les pays où l'orthographe est simple. Mais, si le handicap varie selon les lan-gages et les cultures, il a partout et toujours les mêmes bases neurologiques. C'est ce que dé-montrent des travaux menés par une équipe internationale, parus récemment dans la revue américaine Science . L'anglais, disait un humo-riste, est une langue où l'on écrit «élastique» et où l'on prononce «caoutchouc»!

Un constat en forme de boutade que confirme la science: en anglais, on ne dénombre pas moins de 1 120 façons d'écrire (graphèmes) les 40 sons (phonèmes) utilisés dans le langage par-lé. Le français, autre langue dite «irrégulière», compte, lui, 190 graphèmes pour 35 phonèmes. Exemple caractéristique: le son «o» s'orthogra-phie o, ot, ots, os, ocs, au, aux, aud, auds, eau, eaux, ho, ô. L'italien, troisième langue étudiée par les chercheurs, est dit «transparent»: il ne possède que 33 graphèmes pour 25 phonèmes. L'activité cérébrale de trois groupes d'étudiants dyslexiques, un dans chaque langue, en train de lire, a été comparée à celle de trois groupes épargnés par ce trouble, en utilisant la tomo-graphie par émission de positrons. Chez tous les dyslexiques, pendant la lecture, une activité cé-rébrale réduite dans la partie inférieure du lobe cérébral gauche a été mise en évidence, prou-vant l'universalité neurologique de ce handicap. En revanche, les Italiens ont fait moins d'erreurs de lecture que les Anglais et les Français. Un tra-

Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 4/5

7 hhttp://www.lexpress.fr/informations/la-dyslexie-a-l-etude_641874.html

les formes de la dyslexie varient selon les langues s&v 12/2009

Page 5: Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich Paula Tallal... · Dyslexie, selon Paula Tallal et Michael Merzenich ... Behavioral Neuroscience, à Newark (New Jersey), et de Michael

vail qui plaide pour une réforme de l'orthogra-phe des langues complexes. Réforme qui n'est pas au menu des 28 mesures du plan Lang-Kouchner, lequel vise surtout à mieux identifier, et plus jeunes, les porteurs de ce trouble.

Extrait du livre :

« Education et Dyslexie » A.A.A.Tomatis 1971 page 196-197

La dyslexie est un problème auditif, disais-je en commen-çant ce livre: Que l'on me pardonne d'avoir débuté par ce mot de la fin, mais je suis sûr que le lecteur sait mainte-nant ce que j'entends par ce qu'« écouter» veut dire. Comment, de fait, l'oreille ne serait-elle pas impliquée dans la difficulté du lire, elle qui est l'organe du langage, la voie royale de son intégration, la clé de son contrôle, le capteur qui en régit la coulée? Sans elle, en vérité, point de verbe, sans verbe point d'écoute, sans écoute point d'écrits et sans écrits point de lecture. Il n'y a plus qu'un palier à franchir pour que se dégage, de ce syllo-gisme, que «sans oreille, il n'y a point de lecture» ; en somme, on lit avec son oreille; et c'est cela même qu'il me plaisait à rapporter de mes réflexions sur cette cascade de relation transférielle qui conduit de l’esprit à la lettre au travers d’une oreille mise à l’écoute. De ce long plai-doyer, il ressort que de toute évidence le dyslexique existe, qu'il est là et attend, et que, de surcroit l'écoute s'érige au rang des « fonctions » grâce à l'éducation qui sait induire l'appareil auditif, ontogénétiquement et phy-logénétiquement promu à d'autres activités, à devenir le capteur essentiel de la Pensée verbalisée.

CommentairesL’article de la page 1 fait référence à : #Cependant, plusieurs spécialistes ont remarqué que nombre de ces enfants avaient aussi un léger retard dans l'élaboration du langage, des difficultés d'orienta-tion spatiotemporelle et des dérèglements de la percep-tion visuelle qui perturbent la corrélation entre vision et audition nécessaire à la lecture et à l'écriture.

Ce qui démontre ce que Tomatis appellait dans les années 70 la « Dyslatéralisation » page 90 91 :Ainsi la latéralité, terme qu'il serait peut-être utile de repenser, en terme d’équilibre droite-gauche, demande à être envisagée d’une façon globale et ce n’est pas au simple niveau de quelques petits mécanismes d'appren-tissage plus ou moins acquis qu'il convient de l'étudier essentiellement…/…Le dyslexique est donc dans cette perspective, l'élément le plus remarquablement mal équilibré, mal harmonisé au sein de cette organisation de la structure fonction-nelle qui met en présence « l'efficience et le corps ». Autrement dit, être dyslexique c'est ne pas pouvoir se déchiffrer soi-même comme celui qui aurait à jouer d'un instrument sans en connaître le clavier. Car nom-breux sont ceux qui peuvent justement jouer du piano sans pour autant lire la musique; ils savent jouer d'oreille comme le précise le langage populaire ; pour eux, l'apprentissage de la lecture musicale sera chose aisée car ils ont déjà intégré leur instrument piano, vé-ritable prolongement du coté matériau instrument de leur corps. Mais combien est handicapé celui qui, pour obtenir les mêmes performances tout en connaissant cependant les notes, n'arrive pas à les transcrire sur son clavier. Après un long et pénible apprentissage qui s'éternise, il ne parvient d'aucune manière à préparer ce dialogue nécessaire, né du désir de cette première rencontre qui doit affronter l'artiste en soi et l'instru-ment qui lui est offert. Celui-là est le modèle du dys-lexique qui ne peut et ne sait jamais jouer de son corps parce qu'il le connaît imparfaitement. Quelles compli-cations d'avoir de surcroît à déchiffrer l'extérieur, voire la lettre, si déjà le dialogue avec soi-même est si pro-fondément complexe. Ainsi le dyslexique est, sans exception -son quotient étant supposé normal bien-entendu- un dyslatéralisé pour utiliser le jargon psychologique.

L’imagerie médicale de Paula Tallal et Michael Merzenich, montre bien les déficiences de mobi-lisation du cerveau du dyslexique pour distin-guer les sons qui se ressemblent, ou à suivre les mouvements rapides d'un point lumineux.

Cette étude montre que la communauté scien-tifique dénie encore le concept global de dex-tralité dans la fonction du langage et sa nature structurante dans sa construction ontogénéti-que.

Voir également « BASES NEUROBIOLOGIQUES DU LANGAGE », Par le Pr. J. Lehouelleur http://schwann.free.fr/Langage01.html

Dyslexie Paula Tallal Michael Merzenich+ annexe page 5/5