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Un essai sur le tribalisme

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Dnoncer le tribalisme (1) n'est pas une expression synonyme de pratiquer le tribalisme. Partribalisme, nous entendons une politique dlibre consistant concentrer dans un espace multiethnique tous les pouvoirs entre les mains d'une ethnie ou d'une tribu dominante, dans un contexte o les droits de tous deviennent des privilges de quelques-uns en fonction de leur proximit ethnorgionale au chef de l'excutif. Le tribalisme est avant tout une idologie politique consistant, lorsqu'on est au sommet de l'Etat, croire ou laisser croire que le pouvoir d'un individu est en fait un pouvoir collectif, celui d'une ethnie, de la tribu laquelle il appartient. Pour comprendre cet tat d'esprit, il faut pntrer le subconscient africain qui veut que le groupe auquel il appartient prime sur l'individu. Ce qui appartient un individu dans la socit traditionnelle appartient presque tous car les autres peuvent profiter de ses avoirs ou du fruit de son travail juste par esprit grgaire par le jeu d'une solidarit atavique qui remonte la nuit des temps.Si l'esprit grgaire a disparu au dtriment de la proprit individuelle, dans le subconscient de l'Africain persiste la prvalence du groupe(lignage, clan, tribu, village, etc) connotation traditionnelle sur l'individu notamment vis--vis de structures de mme nature. Face ces structures mentales et sociales millnaires, la notion de citoyen toute rcente, mme pas porte par la justice sociale rpublicaine, ne fait pas le poids parce que l'instrument cens raliser l'identit rpublicaine entretient d'abord la diffrence ethnique ou ethno-rgionale. Ce qui cimente une nation, un Etat, c'est l'action communue organise dans l'intrt de tous, la construction d'une histoire commune consistant construire une nation, la dfendre contre les trangers, prserver les acquis gagns par tous au cours des luttes sociales. Or, si ailleurs les luttes sociales reviennent inflchir la svrit des Etats ou de la superstructure gouvernante, dans les jeunes nations multiethniques, le conflit politique se focalise sur la qute de l'hgmonie d'un groupe ethnique ou ethno-rgional sur un autre dans un ensemble mis en commun au niveau des terres (ntsi), des ressources, de l'environnement. Pourquoi n'assiste-t-on pas au sein des rpubliques multi-ethniques des coalitions d'ethnies contre le pouvoir? Pour une raison simpleque nous avons voque supra: le pouvoir dans un contexte multi-ethnique en proie au syndrome de Spartacus est vcu idologiquement comme une proprit collective, et, pour donner une assise cette idologie, les chefs d'Etat transforment les droits de tous en privilges ethniques, en privilges de quelques-uns. Quand bien mme tous les membres du clan d'une ethnie ne profitent pas des privilges distribus par un chef d'Etat appartenant leur groupe, ils gardent bon espoir et se refusent de dtruire ce qu'ils vivent comme LEUR pourvoir parce qu'ils se disent: nous sommes au pouvoir parce que c'est l'un des ntres qui est au pouvoir. Or, il est impossible que naisse dans un contexte multi-ethnique un homme qui ne soit affili de faon matrilinaire ou patrilinaire une ethnie ce qui rend le problme du tribalisme permanent si on ne parvient pas l'enrayer. Il y a une telle force inconsciente dans nos liens issus de la traditions qu'il parat difficile de surmonter cette contradiction dialectique entre tradition et modernit, entre le tout et la partie qui s'efforce de dominer le tout au nom de la partie. La question devient la suivante: comment crer un ensemble homogne et cohrent dans un environnement de parties htrognes? Il s'agit de travailler sur l'ducation et la distribution galitaire des droits rpublicains. En fait, les dictateurs, notamment africains, savent que la distribution galitaire des droits revient la ngation de la dictature, la ngation de leur politique de division qui renforce leur pouvoir. Quand on observe la politique de monsieur Denis Sassou Nguesso, on assiste une exacerbation de la distribution de privilges sur une base ethno-rgionale.

Le tribalisme est un phnomne cyclique, dans la mesure o chaque individu est duqu comme membre d'une tribu, d'une ethnie au travers de la langue et de l'origine du pre (patriarcat) ou de la mre (matriarcat); cependant il aura connu avec des pics d'exagration sous le rgime Sassou II. Ai-je besoin de le dmontrer ? Je l'ai toujours dnonc. Nanmoins, si Sassou n'a pas invent le tribalisme en tantque politique de rpartition des privilges ou du pouvoir de dcision concentrs entre les mains d'originaires d'un mme espace, il faut le reconnatre qu'il l'a amplifi l'extrme. Un intellectuel, a doit tre srieux. Sassou a en plus la plus grande longvit politique de tous les chefs d'Etat que nous avons eus au Congo. Le scandale des tudiants en mdecine envoys Cuba dmontre en suffisance la gnralisation du phnomne - mme lorsqu'il s'agit de rechercher l'excellence afin de faciliter l'obtention des comptences adquates dans le futur - dans l'INTERET DE TOUS car la maladie ne choisit pas. Nous avons une vision diffrente de la distribution du pouvoir de dcision en tenant compte de la comptence (avoir) et non de l'identit (tre).

Avons-nous jamais pris la peine de rflchir sur la faon qu'il conviendrait de juguler le tribalisme ? Ce n'est pas en le niant en tant que phnomne qu'on parviendra le surmonter. Nous n'avons jamais pris le temps d'examiner la dialectique de notre histoire politique. Il faudra que la nouvelle vague d'intellectuels reprenne le problme en remontant l'origine. Qu'tions-nous avant le passage de la lessiveuse occidentale qui a dstructur notre identit jusqu'au subconscient ? Que sommes-nous devenus depuis lors ? Un peuple ? Une rpublique ? Des dracins ? Un conglomrat de tribus ou d'ethnies n'ayant pas eu le temps de muer en nation ? Comment faire en sorte que l'identit nationale rpublique prenne le dessus sur l'identit tribalo-ethnique ? Youlou et les Opangault n'ont pas eu le temps de rflchir sur le modle social qui nous convenait : ils se sont prcipits sur le modle rpublicain que leur imposait le colon franais. Quand avions-nous eu le temps de devenir des "rpublicains" ? Quand le conglomrat d'ethnies rassembles dans des structures urbaines est-il devenu une nation ? La simple proclamation de la rpublique n'a pas t suffisante pour btir une nouvelle identit rpublicaine. Il a manqu ds le dpart une nouvelle ritualisation relationnelle qui aurait permis de crer la mga-ethnie nationale. En 1960, nous n'avions pas cess d'tre ce qu'taient nos anctres qu'il nous fallait devenir des nouvelles personnes avec une nouvelle identit. Nous avons le devoir de rectifier l'histoire, Youlou s'tant content de prendre le peu de pouvoir que la France lui laissait. Le Congo est construire en tant que nation car il n'existe pas encore, le fait d'agglomrer des identits culturelles ataviques diffrentes dans un mme espace national issu de la mise en commun des tsi ne suffisant pas structurer une identit nationale. Les Franais ont cr l'identit tribale l o existait l'identit clanique qui transcendait les ethnies et l'espace pour nous diviser car nous unir allait l'encontre de leurs intrts. Nous avons dvelopp ce que j'appelle le syndrome de Spartcus : les colons ont constitu avant la colonisation une espce d'ethnie allogne dominante. A l'indpendance, nous avons reproduit le mme schma, une ethnie profitant de la mise en commun des ressources pour se doter de privilges l o ne devraient exister que les droits de tous en pratiquant une hgmonie ethno-tribale. En effet, qu'on se le dise, le pouvoir au Congo n'est encore peru que comme la domination de l'ethnie du chef de l'Etat sur les autres ethnies comme lorsque la toute petite ethnie coloniale franaise dominait sur toutes les ethnies. Ce phnomne, nous l'avons baptis le syndrome de Spartacus ou quand l'esclave libre se comporte exactement comme le matre qu'il combattait . J'ai une vision pour passer de l'identit ethno-tribale l'identit nationale. Hlas, ma pense ne deviendra pas la pense dominante et il y a plus de chance qu'aprs Sassou, le cycle des privilges ethno-rgionaux continue. Il y a plus de cinq sicles d'histoire corriger en partant de 1482. Nous avons cess d'tre nous-mmes en voulant devenir exactement comme les colons blancs mais nous n'y arriverons jamais pour des raisons culturelles voire gntiques et dans notre malheur, nous avons oubli qui nous tions. C'est ce qui s'appelle tre gar dans le continum culturel moderne domin par la culure occidentale totalement prdatrice. C'est un travail colossal que ne peut russir qu'un idaliste la tte de l'Etat qui n'a que plus d'un demi-sicle. Il faut commencer par repenser le systme ducatif pour enfoncer dans le cerveau de nos enfants un nouveau modle social. Comment transformer la socit quand nous consommons de la connaissance venue d'ailleurs comme on consomme la tomate importe ? La tche est titanesque. Il y a plus de sept sicles d'acculturation panser...

(1) En fait, les tribus sont des ensembles homognes bass sur des chefferies assises sur des communauts linguistiques et culturelles aisment identifiables cause de leur espace gographique originel. La colonisation n'a pas tenu dtruire la configuration traditionnelle de l'existence des tribus puisqu'elle s'est contente de les dominer comme une tribu allogne, une tribu venue d'ailleurs qui s'est avant tout concentre sur les ressources matrielles, l o les tribus originelles mettaient l'accent sur les trsors culturels et spirituels en s'efforant de conserver l'hritage de leurs anctres. Il est noter que depuis les indpendances, le tribalisme renvoie une politique visant distribuer les droits de tous un groupe difi sur une base ethno-rgionale tandis que les devoirs choient au reste des ethnies ou des tribus.