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Forest Time [email protected] +33 4 73 69 74 57 Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND La Forêt pour Olivier BERTRAND est le trait d’union entre le village et le Monde, le fil conducteur qui permet d’avoir une vision globale du couvert forestier tout en gardant les pieds ancrés dans une réalité locale. Pour ce faire, il représente le propriétaire forestier privé depuis de nombreuses années par l’intermédiaire de mandats territoriaux et de représentations internationales. Etre la voix de ce propriétaire forestier privé qui ne détient que quelques hectares mais qui a un rôle à jouer dans la transmission de la forêt aux générations futures, tel est le leitmotiv d’Olivier BERTRAND, en veille permanente sur la question forestière. PARCOURS Olivier Bertrand est avant tout un sylviculteur d’un domaine forestier familial d’une cinquantaine d’hectares dans le sud Creuse, qu’il a lui-même agrandit notamment par des plantations avec différenciation des essences et une réflexion sur toutes les conséquences du changement climatique. C’est de cet attachement à la forêt que se trouve l’origine de ses actions en faveur d’une politique forestière cohérente et efficiente. Attaché au local, il a été maire d’une commune rurale de 1989 à 2008 à Saint-Silvain-Bellegarde. Ce qui lui a donné également l’opportunité de devenir membre du Comité des Régions de l’Union Européenne. Mandats pendant lesquels il a présidé notamment la commission du Développement Durable. Actuellement, au titre de conseiller du CNPF Nouvelle Aquitaine, il est devenu de membre du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESER) de la région Nouvelle Aquitaine. Parallèlement il a présidé le syndicat des forestiers privés en ex-Limousin ainsi que la vice-présidence de Fransylva. Par décision de son Conseil d’Administration il est le représentant français au sein du « Board » du CEPF (instance représentative de la forêt privée dans l’Union Européenne), dont il assure la vice-présidence depuis une dizaine d’années. Désormais, dans le monde actuel, à partir d’une action locale, on peut aboutir à une application européenne et mondiale. Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND 1/5

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Page 1: Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND · Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND La Forêt pour Olivier BERTRAND est le trait

Forest Time [email protected] +33 4 73 69 74 57

Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND

La Forêt pour Olivier BERTRAND est le trait d’union entre le village et le Monde, le fil conducteur quipermet d’avoir une vision globale du couvert forestier tout en gardant les pieds ancrés dans une réalitélocale. Pour ce faire, il représente le propriétaire forestier privé depuis de nombreuses années parl’intermédiaire de mandats territoriaux et de représentations internationales. Etre la voix de cepropriétaire forestier privé qui ne détient que quelques hectares mais qui a un rôle à jouer dans latransmission de la forêt aux générations futures, tel est le leitmotiv d’Olivier BERTRAND, en veillepermanente sur la question forestière.

PARCOURS

Olivier Bertrand est avant tout un sylviculteur d’un domaine forestier familiald’une cinquantaine d’hectares dans le sud Creuse, qu’il a lui-même agranditnotamment par des plantations avec différenciation des essences et uneréflexion sur toutes les conséquences du changement climatique. C’est de cetattachement à la forêt que se trouve l’origine de ses actions en faveur d’unepolitique forestière cohérente et efficiente. Attaché au local, il a été maired’une commune rurale de 1989 à 2008 à Saint-Silvain-Bellegarde. Ce qui lui adonné également l’opportunité de devenir membre du Comité des Régions del’Union Européenne. Mandats pendant lesquels il a présidé notamment lacommission du Développement Durable. Actuellement, au titre de conseillerdu CNPF Nouvelle Aquitaine, il est devenu de membre du Conseil Economique,Social et Environnemental (CESER) de la région Nouvelle Aquitaine. Parallèlement il a présidé le syndicat des forestiers privés en ex-Limousin ainsi que la vice-présidence de Fransylva. Par décision de son Conseild’Administration il est le représentant français au sein du « Board » du CEPF

(instance représentative de la forêt privée dans l’Union Européenne), dont il assure la vice-présidence depuis une dizaine d’années.

Désormais, dans le monde actuel, à partir d’une action locale, on peut aboutir à une application européenneet mondiale.

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Page 2: Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND · Du local au mondial en passant par l’Europe Avec Olivier BERTRAND La Forêt pour Olivier BERTRAND est le trait

Dans le cadre de ses dernières fonctions, il participe à la commission des experts auprès de la commission européenne.

En outre, il a occupé la place de membre du « board » de PEFC international au titre du collège des forestiers.

De ce parcours, d’autres responsabilités ont émergées, il préside le comité Europe International du ConseilSupérieur du Bois et de la Forêt sur proposition ministérielle. Ce comité issu de la loi de 2014 est là pourfavoriser les échanges et les prises de positions sur les questions Europe/International touchant ce secteur touten assurant une présence par prise de position auprès des instances publiques nationales et internationales.

COMMENT VA LA FORÊT EUROPÉENNE ?

Souligne Olivier Bertrand.

D’UN POINT DE VUE INSTITUTIONNEL

Ce dernier nous rappelle que dans les années 60, le monde Forestier Européen n’a pas souhaité mettre en place de politique commune,contrairement à l’agriculture. Chaque Etat a donc conduit sa propre politique forestière. A ce titre, la réalité de l’Union Européenne montre degrandes différences entre les domaines forestiers. Avec les Pays de l’Est sont apparus de grands massifs forestiers étatisés qui conduisentaujourd’hui à une évolution structurelle et institutionnelle importante, comme en Tchéquie, en Pologne et en Roumanie notamment.

Malgré cette absence de politique commune, l’Union Européenne a toujoursporté une attention particulière à l’activité sylvicole par la présence du ComitéForestier entre les états et la Commission des Experts. De ce fait, l’UnionEuropéenne repose son action à partir de la stratégie forestière européenne. Deplus, même si l’Union Européenne n’a pas de politique forestière spécifique, cettedernière néanmoins est intégrée dans le deuxième pilier de la PAC au titre dudéveloppement rural gérée par la DG Agriculture.

La question de la forêt au fil du temps, a pris de plus en plus d’importance dansles différrntes réglementations Européennes : biodiversité, bioéconomie…ildevient indispensable de s’assurer de la cohérence de ces textes. La forêt estassociée à la notion de biodiversité, elle a une action sur le climat. Aujourd’hui,on touche un ensemble de Directions Générales à Bruxelles : la Santé,l’Environnement, la Concurrence, …. Et il n’y a pas forcément de cohérence dans

les actions menées et les prises de décisions.

« Il est extrêmement important d’élaborer une stratégie forestière cohérente entre chaque état. Forest Europe qui permet un vote par étatn’arrive pas toujours à cette cohérence et c’est regrettable. Nous, CEPF, réclamons qu’il y ait une véritable cohérence dans les actions publiques.La forêt est souvent impliquée dans les traités internationaux pour lesquels très souvent, la commission est l’organisme négociateur et quiconduisent sur la qualité de la gestion du forestier privé lui-même mais ce sont les Etats qui signent de façon indépendante, souvent en bloc».

« Au moment où l’Union Européenne envoie des messages politiques concernant lesforêts du monde, il est souhaitable que cette même Union Européenne ne se désintéressepas de la gestion durable de son domaine forestier en luis assurant le dynamismenécessaire pour remplir pleinement son rôle multifonctionnel. »

D’UN POINT DE VUE ENVIRONNEMENTAL

Il est important de distinguer la vision institutionnelle à la vision idéologique de la forêt.

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La forêt peu a peu été vue se voit considérée que comme un symbole immobile environnemental.Par exemple en France depuis ces 50 dernière années, la forêt a considérablement augmenté. Elleagit donc encore plus aujourd’hui qu’hier sur son rôle de neutralité carbone sans pénaliser laproduction de bois du fait que l’on n'utilise que 50% de l’accroissement naturel de la masse ligneusede la forêt française. « La réglementation Française ne pénalise en aucun cas la reforestation, bienau contraire. Par exemple, la coupe d’un hectare implique la replantation obligatoire. Le Plan Simplede Gestion obligatoire à partir de 25ha, comme les documents volontaires en sont la preuve. »

En Europe les forêts sont très différentes depuis les forêts Nordiques jusqu’aux forêtsméditerranéennes avec la Grèce, l’Italie et le Portugal qui a ses particularités avec l’exploitation duchêne liège.

« Mais globalement, nous passons d’un état où la forêt progresse seule à un état d’urgence absolueeu égard au changement climatique et à ses conséquences ».Ainsi les incendies méditerranéens sesont déplacés jusqu’en Suède. Le changement climatique demande des essences plus adaptéessuite à des maladies comme le scolyte. La pression d’événements climatiques comme les tempêtessont des conséquences réelles et effectives d’une dégradation de l’environnement forestier mais la

forêt doit continuer à jouer son rôle dans notre développement durable global et dans le maintien de notre biodiversité. La forêt se manœuvreavec prudence comme un bateau qui rentre au port, avec des échéances de long terme et à partir d’actions continues ».

«On est passé d’une vision du domaine forestier à une forêt au cœur de la société qui voudrait s’impliquer dans la gestion forestière à tout prix.Cette action sociétale est en train de passer à une action politique avec un danger idéologique.»

Ces questions sont globales et regroupent les préoccupations de pays qui composent l’Union Européenne quelles que soient les spécificitéssylvicoles et la gestion de chaque Etat.

Précurseur, face à ces réactions, la création du label PEFC, il y a 20 ans, permet, à partir d’une démarche volontaire, d’une responsabilisationdes forestiers et des professionnels sur des questions environnementales et sociétales en y impliquant les consommateurs. Il faut préciser quePEFC est né d’une initiative française et européenne, près de 50 pays dans le monde s’impliquent volontairement dans le dispositif.

En 1992, à Kyoto, les Etats n’ont pas voulu faire entrer la forêt dans les accords, il a fallu attendre la Coop. 21 pour que la forêt prennepleinement sa place. Les produits issus du bois est un des tout premiers marchéS de matières premières dans le monde où l’on voit poindre degrandes géo-stratégies comme la Russie, le Brésil, le Canada, les Etats Unis, la Chine à différents titres.

QU’EN EST-IL DE LA FORÊT EN FRANCE ?

Le désintéressement majoritaire de forestiers privés en France à leur gestion est toutaussi dangereux qu’une sur-exploitation éventuelle, par conséquent l’information, l’aide àla décision apportée par des syndicats professionnels comme des établissements publicscompétents sont essentiels.

« La législation forestière française est en effet très bien structurée depuis trèslongtemps ! Les corps actuels ne sont-ils pas des descendants des Eaux et Forêts de notrevieille histoire française? En effet, la gestion forestière par l’Etat est ancestrale pourdifférents motifs. » L’histoire de la France peut même être analysée parallèlement avecl’histoire de la forêt en France. L’organisation politique de notre pays si elle en a changé latransmission des biens, n’en n’a pas profondément modifié le regard des détenteurs deces biens forestiers. Il est en cela, le miroir de notre société nationale.

Au fil de ces dernières décennies, nous sommes passés d’un forestier privé vivant tous lesjours dans ses bois à des forestiers privés pouvant regarder leur forêt depuis l’autre boutdu monde. Ce qui doit engendrer une nouvelle méthode d’approche et d’implication maiselle reste avec ses contraintes temporelles.

Le danger des deux voies décrites c’est que d’un côté le propriétaire forestier ne s’intéresse pas assez à saforêt et que de l’autre la collectivité s’immisce trop dans la gestion forestière.

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Au niveau politique

En 2014 la loi forestière de Stéphane Le Foll a prévu des comités spécialisés dont le Comité Europe International (en lien direct avec leministère) pour que la France récolte des informations et devienne une force de proposition, un lobby international.

L’Etat et les propriétaires privés, les régions, les collectivités sont ainsi directement consultés (voir comités). On va alors dans le sens del’évolution de la société. Ce n’est plus le ministère qui préside mais des professionnels toujours en présence de l’Etat et des collectivités locales.L’objectif est : toujours plus de cohérence dans les positions politiques. Ainsi l’Etat et les filières en lien avec le bois ont mis en place un textecommun transmis à la Commission Européenne.

CE QUI UNIT LA FORÊT FRANÇAISE À LA FORÊT EUROPÉENNE ?

La diversité des grands domaines forestiers allemands et la spécificité des petites propriétés forestières méditérranennes sont souvent descontraintes pour rassembler des pays sur des positions communes mais en revanche, ce qui les unit à ce jour c’est :

-L’action sociale de la forêt

- Le changement climatique

- Les débouchés économiques (en fonction des essences et de la structuration des filières)

LE BREXIT

déplore Olivier BERTRAND.

« L’Angleterre et l’Ecosse ne sont pas de grands pays forestiers mais ils importent beaucoup de bois et de biomasse. Vont-ils se tourner versd’autres puissances mondiales ? N’oublions pas que des traités ont été signés au nom du Royaume Uni, le poids de 47 ans de participation àl’Union Européenne ne disparait pas aussi facilement ».

Cet affaiblissement pour l’Europe l’inquiète à juste titre.

PERSPECTIVES

La Forêt Européenne a besoin de cohérence. On part de l’immédiateté et de l’urgence d’un constat : le réchauffement climatique mais les vueset les prises de décisions sont à long terme en ce qui concerne la forêt.

La gestion forestière s’opère sur le long terme.

Il s'agit d'une position politique commune dont nous sommes fiers.

Le départ du Royaume Uni de l’Union Européenne est regrettable et affaiblit les deux parties

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« Pour être cohérent dans le cadre du Green Deal, il faut bien évidemment un volet forestier qui reprend l’ensemble dela multifonctionnalité exemplaire de cette forêt européenne ».

EN CONCLUSION

« La matière première renouvelable que représente le bois doit être gérée en dehors de toute idéologie et avec pragmatisme. Garder un espritclairvoyant et responsable sur la gestion durable du domaine forestier européen est primordial."

Écrit par Stéphanie Bonnet

Le bois est une matière première économique, environnementale et sociale en Europe et nousdevons en conserver ses 3 piliers.

En conséquence, le message essentiel est la cohérence des politiques entre elles et qui touchent l’activitéforestière.

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