droulers bureau brut · mémoire semble avoir rendu muets, figés dans l’instant d’un cliché,...

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Bureau Brut 31, rue Jean-Jacques Rousseau 93100 Montreuil [email protected] .bureaubrut.com Type specimen Technical documentation Droulers

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Page 1: Droulers Bureau Brut · mémoiRe sembLe avoiR ReNDu mueTs, figés DaNs L’iNsTaNT D’uN cLiché, ou DaNs La DaTaTioN D’uN DocumeNT, mais D’uN siLeNce PeuPLé, bRuis-saNT, éToNNammeNT

Bureau Brut

31, rue Jean-Jacques Rousseau

93100 Montreuil

[email protected]

www.bureaubrut.com

Type specimen

Technical documentation

Droulers

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Family info

Family: Droulers

Styles: Regular

Italic

Designed by: Bureau Brut

Distributed by: Bureau Brut

Published in: 2017

Desktop format: OTF

Web format: EOT & WOFF

Droulers RegularDroulers Italic

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Copyright: © 2017 Bureau Brut SAS

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Index

Regular p. 004– 005 p. 006– 007 p. 008– 009 p. 010– 011 p. 012– 013

Character set p. 024– 025

Italic p. 014– 015 p. 016– 017 p. 018– 019 p. 020– 021 p. 022– 023

Supported languages p. 026

Opentype features p. 027– 031

Type specimen

72 pt 24 pt 12 pt 10 pt 08 pt

Technical documentation

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Là. Nous en sommes là. Le corps du poème est démembré.

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TabLes De Dissec-TioN, aNa-Tomie De L’œuvRe D’uN cho-

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mais non. Déplier le passé, certes, mais pour retrouver, entre fulgu-rances et paysages plus contem-platifs, les états de corps qui ont été suscités. une sève arbo-rescente. Palpitation latente. ce que la fouille exhume, le présent l’agence. ainsi des corps fantômes reprennent vie, agis par un rythme qui semble peu à peu, par décanta-tions successives, trouver sa lo-gique interne. Le film d’une vie est plein d’autres vies.Dans le cadre, cela se bouscule. Tel visage va condenser toute une escouade d’histoires. Tel pay-sage semble encore habité des am-biances qui l’ont animé. Le proces-

sus d’écriture chorégraphique de Pierre Droulers, fait de prélè-

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De PieRRe DRouLeRs, faiT De PRé-LèvemeNTs, D’assembLages, De fRic-TioNs, D’esPaces-TemPs RemuaNTs, TRouve ici uNe oRgaNiciTé Recom-meNcée, DaNs uNe mise eN Pages qui esT eNcoRe uNe foRme De mise eN scèNe. seRaiT-iL exagéRé De DiRe que ce LivRe-ci esT uNe NouveLLe Pièce Du choRégRaPhe-PoèTe, uNe mise eN coRPs De maTéRiaux que La mémoiRe sembLe avoiR ReNDu mueTs, figés DaNs L’iNsTaNT D’uN cLiché, ou DaNs La DaTaTioN D’uN DocumeNT, mais D’uN siLeNce PeuPLé, bRuis-saNT, éToNNammeNT acTif? uN coR-Pus, eN D’auTRes TeRmes, qui se souvieNDRaiT Des coRPs muLTiPLes, Physiques, musicaux, lIttéraIres,

iNTimes ou sPacieux, qui L’oNT NouRRi. Une traversée. eNfaNce

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L’enfance, quelles saveurs? il y a d’abord la maison du Nord, «une grosse maison dans un bourg avec trois petits jardins en enfi-lade». Pas vraiment de vie familiale, comme on l’entend habituel-lement, mais une atmosphère artistique: les ateliers de peinture chaque lundi, les visites de musées le dimanche, les amis peintres et sculpteurs qui passent sans cesse. une ouverture sur le dehors, avec des étudiants africains qui sont reçus chaque semaine. et une touche de spiritualité: les offices religieux, tous cultes confon-dus, et des discussions autour de la pensée de Jiddu Krishnamur-ti. «Papa avait ce goût du peu, du presque rien, de l’éphémère.» Du spectacle aussi, si l’on en croit une photo du petit théâtre de marionnettes confectionné par le père, Robert-Roberto.À 13 ans, Pierre Droulers est envoyé au sud. avignon, lycée saint-Joseph, tenu par des jésuites. images manquantes. existe-t-il un premier souvenir de danse? oui, peut-être. fin des années ly-céennes. avec le frère aîné, un spectacle de merce cunninghamà saint-Paul-de-vence. Public clairsemé. ce qui reste en mémoire? un geste. La main saluant les danseurs de la compagnie, au moment où ils partent, à bord d’un autobus. cela ne suffit sans doute pas à nourrir la légende d’une vocation. scolarité réussie, Pierre Droulers s’autorise une année de répit, «j’ai dit que je voulais danser, je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai dit ça». il n’est pas encore formé, mais il a un bon plié, il peut se mouler», dé-crète serge golovine. Pliés, jetés, et tout le bastringue: va pour l’école de danse de Rosella hightower à cannes. Dressage du corps. Là aussi, images manquantes. en lieu et place, une autre jeunesse, parallèle, dans la fougue d’un groupe punk, Peet and ses Rats.Rimbaud pas loin? et puis mudra, bruxelles. maurice béjart ouvre son école, installée dans un ancien hangar à tramways. Première promotion. «il n’y avait pas d’antécédents, pas d’aînés, l’ambiance était tout à fait vierge.» béjart rêvait d’art total, «tout nous a été enseigné fraîchement», mais béjart imaginait sans doute da-vantage recruter parmi les élèves de mudra pour nourrir sa propre compagnie. sauf que l’époque ne tardera guère à reléguer déjà bé-jart du côté d’un certain académisme. À bruxelles, le théâtre 140,

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dirigé par Jo Dekmine, insatiable découvreur, s’offre à toutes les folies, Living Theater, Jerzy grotowski, les Londoniens de People show, Johnny Rotten, and so on… et Paris n’est pas si loin. une seule raison d’aller à Paris, toutes affaires cessantes: un certain bob Wilson et la prodigieuse lenteur du Regard du sourd, suivi une

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uNe aNNée PLus TaRD, eN 1972, Des 24 heuRes D’ouveRTuRe, À L’oPé-Ra-comique, DaNs Le caDRe De La PRemièRe éDiTioN Du fesTivaL D’au-TomNe. éPousToufLaNTes, «ceTTe NoTioN D’esPace-TemPs TouT À faiT iNaTTeNDue», La «beauTé PLasTique DeRRièRe LaqueLLe oN seNTaiT TouT uN TRavaiL D’aTeLieR», mais aussi La DiveRsiTé Des iNTeRPRèTes De bob WiLsoN, y comPRis Des auTisTes comme L’exTRaoRDiNaiRe chRisTo-PheR KNoWLes. oN cheRcheRa eN vaiN La TRace D’uN héRiTage. PouR-TaNT, avec bob WiLsoN, se Joue aLoRs queLque chose D’iNiTiaTique: «À muDRa, TouT ceLa Nous a DoNNé Des iDées PouR exPéRimeNTeR TouTes soRTes De choses.» eN mai 1976, aLoRs qu’iL achève sa foRmaTioN À muDRa, PieRRe DRouLeRs cRée soN PRemieR sPecTacLe au ThéâTRe 140. DéseRT. «uNe Pièce mi-DaNse mi-DRame, où La PaRoLe, maTRice Du cRi eT Du chaNT, ReNcoNTRe De façoN DiRecTe eT comme végéTaLe Le coRPs eN mouvemeNT: LuTTes D’esPaces, coRPs À coRPs, maRches PéRiLLeuses eN RévoLuTioNs successives où sueuR, saNg, sabLe gicLeNT DaNs L’aiR suRchauffé», DiT aLoRs Le PRogRamme Du sPecTacLe. «oN éTaiT TRois ou quaTRe À faiRe Des DéambuLaTioNs, eT D’auTRes geNs TouRNaieNT auTouR De Nous, comme si oN éTaiT Des PRisoNNieRs», se souvieNT auJouRD’hui PieRRe DRouLeRs. Pas De méThoDe De TRavaiL: «Je foNc-TioNNais À L’iNsTiNcT, À L’iNTuiTioN.» L’aNNée suivaNTe, 1977, Dis-PeRsioN, avec DiaNe bRomaN, JuLiaNa caRNeiRo Da cuNha eT NicoLe mossoux. «TexTes, soNoRiTés, mouvemeNTs, méTamoRPhoses DécoRaTives se PRêTeNT À uN Jeu D’iNTeRféReNces ambigu eNTRe Rêve eT RéaLi-Té», écRiT aNDRé DRossaRT DaNs Le soiR. TouTes Les souRces N’aPPa-RaisseNT Pas NécessaiRemeNT eN suRface. ou aLoRs: soNT DéJÀ LÀ, mais JaiLLiRoNT PLus TaRD. suR L’uNe Des TabLes De La RaffiNeRie, auTouR De queLques PhoTos De DisPeRsioN, Les visages D’aRThuR Rim-bauD eT De JohNNy RoTTeN, siNguLieR vis-À-vis, uNe affiche De L’aRT eNsembLe of chicago, uN LivRe Du DRamaTuRge iTaLieN caRmeLo beNe, eT La meNTioN D’uN Poème De JohN gioRNo, «gRasPiNg aT emPTiNess», PRéLevé DaNs uN NuméRo De La Revue schizofReNia, qui ciRcuLaiT aLoRs De maiN eN maiN au PLaN K (L’aNcêTRe De La RaffiNeRie). oN PaRLe saNs DouTe D’uNe éPoque où La NoTioN même De «JeuNe choRé-gRaPhe» N’avaiT aucuN seNs, caR TouT éTaiT iNcRoyabLemeNT JeuNe. fRee Jazz eT musique PuNK, sPecTacLes DéJaNTés, viRées À PaRis PouR

aLLeR DaNseR Le Pogo au gibus, eTc. RieN N’esT PRéméDiTé, TouT se viT DaNs L’iNsTaNT, saNs DossieR À coNsTiTueR PouR La PRochaiNe Pièce, nI DemanDe De sUbventIon. PieRRe DRouLeRs béNéficie quaND même D’uNe bouRse PouR aLLeR À NeW yoRK, comPLéTeR sa foRmaTioN De «DaNseuR» au sTuDio De meRce cuNNiNgham, qu’iL DéseRTe siTôT aR-

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arrivé. encore trop académique. Le parcours s’inventera au gré des rencontres: poètes de la beat generation, clubs de jazz, et steve Paxton, quand même, qu’il découvre à st. mark’s church, en duo avec le percussionniste David moss. Lâcher prise, lâcher tout court. Les spectacles qui suivent le séjour à New york, he-dges (1979) avec le saxophoniste-improvisateur steve Lacy, et Tao (1980), avec la très classieuse et wilsonienne sheryl sutton (1980), Tips (1981), avec fran-çois hiffler et Pascale murtin, les duettistes de grand magasin, et Pieces for Nothing (1982), «jets de mouvement saisis en plein vol», avec les musiciens du groupe rock minimal compact, seraient sans doute qualifiés, aujourd’hui, de «per-formances». Les étiquettes, alors, ne comptent guère. au bonheur de ce qui se découvre. Loin du chaudron new-yorkais, dire d’autres voyages. hors de l’axe gare du midi (bruxelles) – gare du Nord (Paris), chercher le dé-placement, l’épreuve du hors-de-(chez) soi. À Wrocław, Pologne, l’année où Jerzy grotows-ki ouvre pour la première fois son théâtre-laboratoire à de jeunes «occiden-taux». Là encore, images manquantes, exception faite d’une photo du «maître». il faut alors imaginer la région de forêts et de lacs où se déroule l’atelier, les courses folles à travers bois, une vieille masure emplie de bouquets de menthe, la traversée d’un épuisement physique d’où doit sortir un «jeu» d’acteur dénué de toute volonté d’interprétation. et le brésil (aucune image), sur les traces d’orfeu Negro, le film tourné par marcel camus dans une favela de Rio de Janeiro. et, là, se laisser guider et happer par le son et le rythme des tambours du can-domblé. initiation au vaudou, dans la transe, les esprits prennent corps. magie des rituels à laquelle fera écho, des années plus tard, comme longtemps infusée, la création de soleils, en 2013, tourbillon et carnaval de corps qui «s’achève par une folle danse vers le soleil et le mystère» un exorcisme.À l’énergie solaire du brésil répondent les ombres projetées du Japon (Kyoto ex-periment, 2012). Pierre Droulers: «Je suis fasciné par ces deux pays et par les oppositions qu’ils incarnent. comment vit la lumière entre ces deux polarités? quelles métamorphoses ont lieu?» L’europe, elle aussi baignée par des nuances de lumière. Lumières changeantes de la mer du Nord, jetée d’ostende (La Jetée, 1983). image en suspens, transparence, rêve éveillé. au sud, fragments d’un sé-jour en italie, couleurs plus vives, bleues, orangées. «6 h 49 du matin quand le soleil s’est levé chaque couleur s’est nuancée d’une minute à l’autre puis au bout d’un certain temps (vient l’évidence) on ne regarde plus.»À partir de La Jetée, d’est en ouest, et du nord au sud, il pourrait être ten-tant de retracer chaque pièce de Pierre Droulers comme autant d’étapes d’un voyage sensoriel qui avancerait parmi les états changeants de la lumière, les illuminations (on retrouve Rimbaud) alternant avec les noirceurs, et toujours il y aurait du clair-obscur (Light No Light, titre d’un film de Ludovica Ric-cardi sur le travail du chorégraphe), comme une indéfinissable frontière où les perceptions se brouillent, jusqu’à l’expérience limite du brouillard, tentée au centre de création contemporaine de Tours, avec ann veronica Janssens: «scène de

théâtre inondée d’un brouillard artificiel», spectateurs déambulant sur le pla-teau, pouvant s’entendre, mais non se voir. sur les tables du second étage de La Raffinerie: carnets de notes, dessins, plans et schémas. Le tout dans un ordre hétéroclite. Pour comme si on était leurs petits poucets (1991), les dernières pages du finnegans Wake de James Joyce ont été découpées, ligne par ligne, et affichées sur de grandes feuilles de papier. Pour De l’air et du vent (1996),

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L’œiL s’aTTaRDe suR uN eNsembLe De feuiLLes De foRmaT a4, où se succèDeNT Des vigNeTTes DessiNées, soRTe De sToRy-boaRD De La Pièce. mais RieN N’esT Jamais aussi simPLe. Les «PaRTiTioNs» soNT foisoNNaNTes, eLLes Ne soNT Pas uNifoRmes, mêLeNT souRces eT gRaPhies. eT, De TouTe façoN, «Les choses se fabRiqueNT À TRa-veRs Le DéPôT, L’oubLi, ce qui PeRsisTe, eT iL aRRive que Le maTéRiau De DéPaRT aiT comPLèTemeNT éTé TRaNsfoRmé, voiRe aiT TouT simPLemeNT DisPaRu» ciTaNT WaL-TeR beNJamiN, PieRRe DRouLeRs aime À DiRe que Le LabyRiNThe esT La PaTRie De ceLui qui hésiTe. eNTRe Le chaos eT La foRme, PaR exemPLe. faiRe œuvRe De «cho-RégRaPhe», ce N’esT Pas seuLemeNT (eT PaRfois, Pas Du TouT), «écRiRe La DaNse», sTRucTuRe TaNgibLe DûmeNT éTayée, aRchiTecTuRée. PouR PieRRe DRouLeRs, «ce qui DaNse, c’esT La façoN DoNT oN se ReLie À uNe PeRsoNNe, À uN maTéRiau, À uN soN. Je RéfLéchis PLuTôT eN TeRmes De Rêve De maTièRe qu’eN amaLgame D’ossaTuRe, eN sTReams (eN couRaNTs). c’esT Le TRavaiL Du DaNseuR que De ReLieR Les choses eT De Les meTTRe eN mouvemeNT. ce qui esT ceNTRaL DaNs moN TRavaiL, ce N’esT PeuT-êTRe Pas TaNT La DaNse que Le mouvemeNT. commeNT uNe image aPPaRaîT, DisPaRaîT… TouT esT PRéTexTe À eNTReR DaNs Des Jeux D’haRmoNie eT De DishaRmoNie.» DisTiL-LeR. faiRe œuvRe De choRégRaPhe, ou TouT simPLemeNT, D’aRTisTe, ce seRaiT «voiR commeNT Les choses se DisTiLLeNT» au PieD De La LeTTRe, La DisTiLLeRie De La-vaNDe, uN fiLm TouRNé PaR PieRRe DRouLeRs eN PRoveNce, au PLus PRès Des gesTes De L’aRTisaN-ouvRieR qui TRaNsfoRme La PLaNTe eN aRôme. L’esseNce (cheRcheR L’êTRe PLuTôT que Le faiRe) comme PRoDuiT D’uN PaTieNT LabeuR Physique. même si, DisaiT Le choRégRaPhe eN 1996: «iL y a Des momeNTs où Je me Dis qu’iL fauDRaiT PeuT-êTRe aRRêTeR De faiRe Des choses eT simPLemeNT RegaRDeR ce qui exisTe.» uN DéPôT. DeRNieR TouR De PisTe, au secoND éTage De La RaffiNeRie, NouveLLe eT uL-Time DéambuLaTioN PaRmi Les viNgT-ciNq TabLes DisPosées LÀ, où s’éTaLe Le DéPôT D’uNe vie, Le fiL D’uNe œuvRe.siLeNce, eT veRTige. igNoReR eNcoRe commeNT ceTTe exPosiTioN De fRagmeNTs TRou-veRa sa DRamaTuRgie DaNs L’esPace D’uN LivRe. mesuReR uNe ceRTaiNe imPuissaNce Des moTs À TRaDuiRe eT DisTiLLeR Les muLTiPLes iNTeNsiTés DoNT chaque DocumeNT gaRDe TRace. WiNsToN ToNg, Le chaNTeuR De TuxeDomooN ; sTefaN DReheR, Le DaNseuR aLTeR ego ; iL fauDRaiT ciTeR chaque Nom. DeRRièRe chaque visage PhoTogRaPhié, L’hisToiRe D’uNe ReNcoNTRe. DeRRièRe chaque esPace (scéNique ou Pas), La mémoiRe D’uN hoRs-chamP. DeRRièRe chaque Page écRiTe, uNe fièvRe. ici eT LÀ, Des LivRes. uN DoubLe sceau DoNNé D’embLée, becKeTT eT Joyce. ausTéRiTé, DéPeuPLemeNT D’uN côTé ; PRofusioN, TRucuLeNce De L’auTRe. comme si L’œuvRe À veNiR, auJouRD’hui DéPosée, N’avaiT cessé De fRayeR eNTRe ces Deux PôLes. eT Puis, uN auTRe via-Tique: PeTiT LivRe À La couveRTuRe D’uN gRis PeRLé, L’homme Des fouLes, D’eDgaR aLLaN Poe, TRaDuiT PaR chaRLes bauDeLaiRe. aiNsi iRaiT Le mouvemeNT À L’œuvRe chez PieRRe DRouLeRs, fLâNeRie De coRPs DaNs Le TumuLTe Du moNDe, mais fLâNeRie agiTée, Physique, eLLe-même TRaveRsée PaR uN imPossibLe RePos. muLTum iN PaRvo (1998), fouLe eT soLiTuDes, sPecTacLe commuNauTaiRe Tissé À PaRTiR De viNgT-ciNq soLos, heRbieR coLLecTif D’auTaNT De myThoLogies PeRsoNNeLLes. au DéTouR Des

Pièces abouTies, RéaLisées, mémoiRe a éTé gaRDée D’uNe œuvRe qui N’a Pas vu Le JouR, iNiTiaLemeNT coNçue avec eT PouR mIchael lonsDale. LibRe aDaPTaTioN, sous Le TiTRe aRRiveR-PaRTiR D’uN Poème De feRNaNDo Pessoa, «Le Passage Des heuRes», eT D’uN TexTe De chrIstIan Dotremont, «Digue». uN chœuR, eT uN PeRsoNNage, «L’avaNceuR», qui TeNTe De ReJoiNDRe, avec Des «chaussuRes bouRRées De vagues» eT sa «vaLise De DéTouRs», La DeRNièRe maisoN ouveRTe, TouT au bouT Des Digues.

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digues. De ses tout premiers débuts, avec Désert, jusqu’à ses pièces les plus récentes, il plaît à penser que Pierre Droulers s’est toujours tenu dans ce double mouvement d’arriver (à extraire du chaos une forme possible) et de partir (s’éloigner de la forme pour retourner explorer le chaos), sans jamais s’enfermer dans le confort d’un «style». ce livre, alors, conçu comme invention poé-tique, ré-assemblage de détours accumulés dans les valises, vagues extraites des chaussures pour les laisser à nouveau écumer, est celui d’un artiste-avanceur, corps à l’ouvrage d’un faire-être tou-jours redistribué. ingénu. Le corps bondit et, avant de bondir, dort et, avant de dormir, respire et, avant de respirer, se nourrit puisant dans les bonnes réserves, usant sa vie dans la danse, dans le mouvement des bras et des jambes, de la tête et du tronc sur l’axe de l’échine, des épaules et des poignets et des rotules et des phalanges et des orteils assouplis par les pas sur l’écorce terrestre, articulant ses jointures, étirant ses tendons, aspirant l’air ambiant comme on déguste le vin et les racines précieuses, expirant à l’envi l’haleine tiédie par le liquide circulant dans les vaisseaux intimes, suant sang et eau, le cerveau limpide comme vasque pure, cheveux ondulant, peau en contact étroit avec le sol, cette membrane du tambour et caisse de résonnance terraquée. mais, dansant, n’oublie rien, ni le nuage en forme de baleine qui s’accroche au mont ni la vague qui élève le navire, le sternum tendu comme bréchet avec sa petite épée de cartilage qu’émeut le soleil, ni apophyse ni symphyse, ni la rotation des astres ni l’usure des tissus. Libéré des hanches, le corps tourne et le squelette se meut sous la pluie de sable rouge, sous la poussière des grains de pollen et la silhouette du dragon se projette sur l’horizon barbelé de la mer. L’organisme alors adopte la démarche du crabe, celle de l’araignée ou celle des mouches, le bas étant le haut, et le haut, le bas. et l’univers tient dans un galet que sculptent les courants et les houles. Le corps est celui qui propulse les ondes sur l’ingénue surface que travaillent les marées souterraines, d’avant en arrière et d’arrière en avant selon le va-et-vient de la vie, de la copulation, du ressac, du frot-tement tectonique. L’oiseau rame et l’être humain pagaie. mais la fleur se balance. PRoLogue Là. Nous en sommes là. Le corps du poème est démembré. au second étage de La Raffinerie, dans ce qui est devenu l’antre bruxellois de charleroi Danses, vingt-cinq tables ont été disposées. Tables de dis-section, anatomie de l’œuvre d’un chorégraphe, archive hétéroclite (photographies, textes divers, enregistrements, objets), fragments d’une mémoire étalée, en attente du geste qui va la ressaisir, l’éplucher, la distiller. La ressource est là. elle pourrait finir en catalogue raisonné, rangée-or-donnée comme il se doit. mais non. Déplier le passé, certes, mais pour retrouver, entre fulgurances et paysages plus contemplatifs, les états de corps qui ont été suscités. une sève arborescente. Palpitation latente. ce que la fouille exhume, le présent l’agence. ainsi des corps fantômes re-prennent vie, agis par un rythme qui semble peu à peu, par décantations successives, trouver sa logique interne. Le film d’une vie est plein d’autres vies. Dans le cadre, cela se bouscule. Tel visage va condenser toute une escouade d’histoires. Tel paysage semble encore habité des ambiances qui l’ont animé. Le processus d’écriture chorégraphique de Pierre Droulers, fait de prélèvements, d’assemblages, de frictions, d’espaces-temps remuants, trouve ici une organicité recommencée, dans une mise en pages qui est encore une forme de mise en scène. serait-il exagéré de dire que ce livre-ci est une nouvelle pièce du chorégraphe-poète, une mise en corps de matériaux que la mémoire semble avoir rendu muets, figés dans l’instant d’un cliché, ou dans la datation d’un document, mais d’un silence peuplé, bruissant, étonnamment actif? un corpus, en d’autres termes, qui se souviendrait des corps multiples, physiques, musicaux, littéraires, intimes ou spacieux, qui l’ont nourri. une tra-versée. enfance L’enfance, quelles saveurs? il y a d’abord la maison du Nord, «une grosse maison dans un bourg avec trois petits jardins en enfilade». Pas vraiment de vie familiale, comme on l’en-tend habituellement, mais une atmosphère artistique: les ateliers de peinture chaque lundi, les visites de musées le dimanche, les amis peintres et sculpteurs qui passent sans cesse. une ouverture sur le dehors, avec des étudiants africains qui sont reçus chaque semaine. et une touche de spiri-tualité: les offices religieux, tous cultes confondus, et des discussions autour de la pensée de Jiddu Krishnamurti. «Papa avait ce goût du peu, du presque rien, de l’éphémère.» Du spectacle aussi, si l’on en croit une photo du petit théâtre de marionnettes confectionné par le père, Robert-Rober-

to. À 13 ans, Pierre Droulers est envoyé au sud. avignon, lycée saint-Joseph, tenu par des jésuites. images manquantes. existe-t-il un premier souvenir de danse? oui, peut-être. Fin des années ly-céennes. avec le frère aîné, un spectacle de merce cunningham à saint-Paul-de-vence. Public clair-semé. ce qui reste en mémoire? un geste. La main saluant les danseurs de la compagnie, au moment où ils partent, à bord d’un autobus. cela ne suffit sans doute pas à nourrir la légende d’une vocation. scolarité réussie, Pierre Droulers s’autorise une année de répit, «j’ai dit que je voulais danser, je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai dit ça». il n’est pas encore formé, mais il a un bon plié, il

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PLié, iL PeuT se mouLeR», DécRèTe seRge goLoviNe. PLiés, JeTés, eT TouT Le basTRiNgue: va PouR L’écoLe De DaNse De RoseLLa highToWeR À caNNes. DRessage Du coRPs. LÀ aussi, images maNquaNTes. eN Lieu eT PLace, uNe auTRe JeuNesse, PaRaLLèLe, DaNs La fougue D’uN gRouPe PuNK, PeeT aND ses RaTs. RimbauD Pas LoiN? eT Puis muDRa, bRuxeLLes. mauRice béJaRT ouvRe soN écoLe, iNsTaLLée DaNs uN aNcieN haNgaR À TRamWays. PRemièRe PRomoTioN. «iL N’y avaiT Pas D’aNTécéDeNTs, Pas D’aîNés, L’ambiaNce éTaiT TouT À faiT vieRge.» béJaRT RêvaiT D’aRT ToTaL, «TouT Nous a éTé eNseigNé fRaîchemeNT», mais béJaRT imagiNaiT saNs DouTe DavaNTage RecRuTeR PaRmi Les éLèves De muDRa PouR NouRRiR sa PRoPRe comPagNie. sauf que L’éPoque Ne TaRDeRa guèRe À ReLégueR DéJÀ béJaRT Du côTé D’uN ceRTaiN acaDé-misme. À bRuxeLLes, Le ThéâTRe 140, DiRigé PaR Jo DeKmiNe, iNsaTiabLe DécouvReuR, s’offRe À TouTes Les foLies, LiviNg TheaTeR, JeRzy gRoToWsKi, Les LoNDoNieNs De PeoPLe shoW, JohNNy RoTTeN, aND so oN… eT PaRis N’esT Pas si LoiN. uNe seuLe RaisoN D’aLLeR À PaRis,TouTes affaiRes cessaNTes: uN ceRTaiN bob WiLsoN eT La PRoDigieuse LeNTeuR Du RegaRD Du souRD, suivi uNe aNNée PLus TaRD, eN 1972, Des 24 heuRes D’ouveRTuRe, À L’oPéRa-comique, DaNs Le caDRe De La PRemièRe éDiTioN Du fesTivaL D’auTomNe. éPousToufLaNTes, «ceTTe NoTioN D’esPace-TemPs TouT À faiT iNaTTeNDue», La «beauTé PLas-Tique DeRRièRe LaqueLLe oN seNTaiT TouT uN TRavaiL D’aTeLieR», mais aussi La DiveRsiTé Des iNTeR-PRèTes De bob WiLsoN, y comPRis Des auTisTes comme L’exTRaoRDiNaiRe chRisToPheR KNoWLes. oN cheRche-Ra eN vaiN La TRace D’uN héRiTage. PouRTaNT, avec bob WiLsoN, se Joue aLoRs queLque chose D’iNiTiaTique: «À muDRa, TouT ceLa Nous a DoNNé Des iDées PouR exPéRimeNTeR TouTes soRTes De choses.» eN mai 1976, aLoRs qu’iL achève sa foRmaTioN À muDRa, PieRRe DRouLeRs cRée soN PRemieR sPecTacLe au ThéâTRe 140. DéseRT. «uNe Pièce mi-DaNse mi-DRame, où La PaRoLe, maTRice Du cRi eT Du chaNT, ReNcoNTRe De façoN DiRecTe eT comme végéTaLe Le coRPs eN mouvemeNT: LuTTes D’esPaces, coRPs À coRPs, maRches PéRiLLeuses eN RévoLuTioNs successives où sueuR, saNg, sabLe gicLeNT DaNs L’aiR suRchauffé», DiT aLoRs Le PRogRamme Du sPecTacLe. «oN éTaiT TRois ou quaTRe À faiRe Des DéambuLa-TioNs, eT D’auTRes geNs TouRNaieNT auTouR De Nous, comme si oN éTaiT Des PRisoNNieRs», se souvieNT auJouRD’hui PieRRe DRouLeRs. Pas De méThoDe De TRavaiL: «Je foNcTioNNais À L’iNsTiNcT, À L’iNTui-TioN.» L’aNNée suivaNTe, 1977, DisPeRsioN, avec DiaNe bRomaN, JuLiaNa caRNeiRo Da cuNha eT NicoLe mossoux. «TexTes, soNoRiTés, mouvemeNTs, méTamoRPhoses DécoRaTives se PRêTeNT À uN Jeu D’iNTeRfé-ReNces ambigu eNTRe Rêve eT RéaLiTé», écRiT aNDRé DRossaRT DaNs Le soiR. TouTes Les souRces N’aPPa-RaisseNT Pas NécessaiRemeNT eN suRface. ou aLoRs: soNT DéJÀ LÀ, mais JaiLLiRoNT PLus TaRD. suR L’uNe Des TabLes De La RaffiNeRie, auTouR De queLques PhoTos De DisPeRsioN, Les visages D’aRThuR RimbauD eT De JohNNy RoTTeN, siNguLieR vis-À-vis, uNe affiche De L’aRT eNsembLe of chicago, uN LivRe Du DRamaTuRge iTaLieN caRmeLo beNe, eT La meNTioN D’uN Poème De JohN gioRNo, «gRasPiNg aT emPTiNess», PRéLevé DaNs uN NuméRo De La Revue schizofReNia, qui ciRcuLaiT aLoRs De maiN eN maiN au PLaN K (L’aNcêTRe De La RaffiNeRie). uNe éPoque De L’iNsTaNT PRéseNT oN PaRLe saNs DouTe D’uNe éPoque où La NoTioN même De «JeuNe choRégRaPhe» N’avaiT aucuN seNs, caR TouT éTaiT iNcRoyabLemeNT JeuNe. fRee Jazz eT musique PuNK, sPecTacLes DéJaNTés, viRées À PaRis PouR aLLeR DaNseR Le Pogo au gibus, eTc. RieN N’esT PRéméDiTé, TouT se viT DaNs L’iNsTaNT, saNs DossieR À coNsTiTueR PouR La PRochaiNe Pièce, Ni DemaNDe De subveNTioN. PieRRe DRouLeRs béNéficie quaND même D’uNe bouRse PouR aLLeR À NeW yoRK, comPLéTeR sa foRmaTioN De «DaNseuR» au sTuDio De meRce cuNNiNgham, qu’iL DéseRTe siTôT aRRivé. eNcoRe TRoP acaDémique. Le PaRcouRs s’iNveNTeRa au gRé Des ReNcoNTRes: PoèTes De La beaT geNeRaTioN, cLubs De Jazz, eT sTeve PaxToN, quaND même, qu’iL DécouvRe À sT. maRK’s chuRch, eN Duo avec Le PeRcussioNNisTe DaviD moss. LâcheR PRise, LâcheR TouT couRT. Les sPecTacLes qui suiveNT Le séJouR À NeW yoRK, heDges (1979) avec Le saxoPhoNisTe-imPRovisaTeuR sTeve Lacy, eT Tao (1980), avec La TRès cLassieuse eT WiLsoNieNNe sheRyL suTToN (1980), TiPs (1981), avec fRaNçois hiffLeR eT PascaLe muR-TiN, Les DueTTisTes De gRaND magasiN, eT Pieces foR NoThiNg (1982), «JeTs De mouvemeNT saisis eN PLeiN voL», avec Les musicieNs Du gRouPe RocK miNimaL comPacT, seRaieNT saNs DouTe quaLifiés, au-JouRD’hui, De «PeRfoRmaNces». Les éTiqueTTes, aLoRs, Ne comPTeNT guèRe. au boNheuR De ce qui se DécouvRe. Dé-PLacemeNTs, LumièRes LoiN Du chauDRoN NeW-yoRKais, DiRe D’auTRes voyages. hoRs De L’axe gaRe Du miDi (bRuxeLLes) – gaRe Du NoRD (PaRis), cheRcheR Le Dé-PLacemeNT, L’éPReuve Du hoRs-De-(chez) soi. À WRocłaW, PoLogNe, L’aNNée où JeRzy gRoToWsKi ouvRe PouR La PRemièRe fois soN ThéâTRe-

LaboRaToiRe À De JeuNes «occiDeNTaux». LÀ eNcoRe, images maNquaNTes, excePTioN faiTe D’uNe PhoTo Du «maîTRe». iL fauT aLoRs imagiNeR La RégioN De foRêTs eT De Lacs où se DéRouLe L’aTeLieR, Les couRses foLLes À TRaveRs bois, Une vIeIlle masUre emPlIe De boUqUets De menthe, La TRaveRsée D’uN éPuisemeNT Physique D’où DoiT soRTiR uN «Jeu» D’acTeuR DéNué De TouTe voLoNTé D’iNTeRPRéTaTioN. eT Le bRésiL (aucuNe image), suR Les TRaces D’oRfeu NegRo, Le fiLm TouRNé PaR maRceL camus DaNs uNe faveLa De Rio De JaNeiRo. eT, LÀ, se LaisseR guiDeR eT haPPeR PaR Le soN eT Le RyThme Des TambouRs Du caNDombLé. iNiTiaTioN au vauDou, DaNs La TRaNse, Les esPRiTs PReNNeNT coRPs. magie Des RiTueLs À LaqueLLe feRa

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rituels à laquelle fera écho, des années plus tard, comme

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longtemPs InFUsée, la créa-tIon De soleIls, en 2013,

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tourbillon et carnaval de corps qui «s’achève par une folle danse vers le soleil et le mystère» Un exor-cisme. À l’énergie solaire du bré-sil répondent les ombres projetées du Japon (Kyoto experiment, 2012). Pierre Droulers: «Je suis fasciné par ces deux pays et par les oppo-sitions qu’ils incarnent. comment vit la lumière entre ces deux po-larités? quelles métamorphoses ont lieu? » l’europe, elle aussi bai-gnée par des nuances de lumière.lumières changeantes de la mer du nord, jetée d’ostende (la Jetée, 1983). Image en suspens, trans-parence, rêve éveillé. au sud, fragments d’un séjour en Italie,

couleurs plus vives, bleues, orangées. «6 h 49 du matin quand

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le soleIl s’est levé chaqUe coU-leUr s’est nUancée D’Une mInUte À l’aUtre PUIs aU boUt D’Un certaIn temPs (vIent l’évIDence) on ne re-garDe PlUs.» À PartIr De la Jetée, D’est en oUest, et DU norD aU sUD, Il PoUrraIt être tentant De retra-cer chaqUe PIèce De PIerre DroU-lers comme aUtant D’étaPes D’Un voyage sensorIel qUI avanceraIt ParmI les états changeants De la lUmIère, les IllUmInatIons (on re-troUve rImbaUD) alternant avec les noIrceUrs, et toUJoUrs Il y aUraIt DU claIr-obscUr (lIght no lIght, tItre D’Un FIlm De lUDovIca rIc-carDI sUr le travaIl DU choré-graPhe), comme Une InDéFInIssable

FrontIère où les PeRcePTioNs se broUIllent, JUsqU’À l’exPérIence

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limite du brouillard, tentée au centre de création contemporaine de tours, avec ann veronica Janssens: «scène de théâtre inondée d’un brouillard artificiel», spectateurs déambulant sur le plateau, pou-vant s’entendre, mais non se voir. sur les tables du second étage de la raffinerie: carnets de notes, dessins, plans et schémas. le tout dans un ordre hétéroclite. Pour comme si on était leurs pe-tits poucets (1991), les dernières pages du Finnegans Wake de James Joyce ont été découpées, ligne par ligne, et affichées sur de grandes feuilles de papier. Pour De l’air et du vent (1996), l’œil s’attarde sur un ensemble de feuilles de format a4, où se succèdent des vignettes dessinées, sorte de story-board de la pièce. mais rien n’est jamais aussi simple. les «partitions» sont foisonnantes, elles ne sont pas uniformes, mêlent sources et graphies. et, de toute façon, «les choses se fabriquent à travers le dépôt, l’oubli, ce qui persiste, et il arrive que le matériau de départ ait com-plètement été transformé, voire ait tout simplement disparu» ci-tant Walter benjamin, Pierre Droulers aime à dire que le labyrinthe est la patrie de celui qui hésite. entre le chaos et la forme, par exemple. Faire œuvre de «chorégraphe», ce n’est pas seulement (et parfois, pas du tout), «écrire la danse», structure tangible dû-ment étayée, architecturée. Pour Pierre Droulers, «ce qui danse, c’est la façon dont on se relie à une personne, à un matériau, à un son. Je réfléchis plutôt en termes de rêve de matière qu’en amalgame d’ossature, en streams (en courants).c’est le travail du danseur que de relier les choses et de les mettre en mouvement. ce qui est central dans mon travail, ce n’est peut-être pas tant la danse que le mouvement. comment une image apparaît, disparaît… tout est prétexte à entrer dans des jeux d’harmonie et de disharmonie.» Faire œuvre de chorégraphe, ou tout simplement, d’artiste, ce serait «voir comment les choses se dis-tillent» au pied de la lettre, la Distillerie de lavande, un film tourné par Pierre Droulers en Provence, au plus près des gestes de l’artisan-ouvrier qui transforme la plante en arôme.l’essence (chercher l’être plutôt que le faire) comme produit d’un patient labeur physique. même si, disait le chorégraphe en 1996:

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«Il y a des moments où je me dis qu’il faudrait peut-être arrêter de faire des choses et simplement regarder ce qui existe.» Dernier tour de piste, au second étage de La Raffinerie, nouvelle et ultime déambulation parmi les vingt-cinq tables disposées là, où s’étale le dépôt d’une vie, le fil d’une œuvre. silence, et vertige. Ignorer

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Ignorer encore comment cette exPosItIon De Fragments troUvera sa DramatUrgIe Dans l’esPace D’Un lIvre. mesUrer Une certaIne Im-PUIssance Des mots À traDUIre et DIstIller les mUltIPles IntensI-tés Dont chaqUe DocUment garDe trace. WInston tong, le chanteUr De tUxeDomoon ; steFan Dreher, le DanseUr alter ego ; Il FaUDraIt cIter chaqUe nom. DerrIère chaqUe vIsage PhotograPhIé, l’hIstoIre D’Une rencontre. DerrIère chaqUe esPace (scénIqUe oU Pas), la mé-moIre D’Un hors-chamP. DerrIère chaqUe Page écrIte, Une FIèvre. IcI et lÀ, Des lIvres. Un DoUble sceaU Donné D’emblée, becKett et Joyce. aUstérIté, DéPeUPlement D’Un côté ; ProFUsIon, trUcUlence De l’aUtre. comme sI l’œUvre À venIr, aUJoUrD’hUI DéPosée, n’avaIt cessé De Frayer entre ces DeUx Pôles. et PUIs, Un aUtre vIatIqUe: PetIt lIvre À la coUvertUre D’Un grIs Perlé, l’homme Des FoUles, D’eDgar allan Poe, traDUIt Par charles baUDelaIre. aInsI IraIt le moUvement À l’œUvre chez PIerre DroUlers, FlânerIe De corPs Dans le tUmUlte DU monDe, maIs FlânerIe agItée, PhysIqUe, elle-même tra-versée Par Un ImPossIble rePos. mUltUm In Parvo (1998), FoUle et solItUDes, sPectacle commUnaUtaIre tIssé À PartIr De vIngt-cInq solos, herbIer collectIF D’aUtant De mythologIes Personnelles. aU DétoUr Des PIèces aboUtIes, réalIsées, mémoIre a été garDée D’Une œUvre qUI n’a Pas vU le JoUr, InItIalement conçUe avec et PoUr mIchael lonsDale. lIbre aDaPtatIon, soUs le tItre arrIver-PartIr D’Un Poème De FernanDo Pessoa, «le Passage Des heUres», et D’Un texte De chrIstIan Dotremont, «DIgUe». Un chœUr, et Un Personnage, «l’avanceUr», qUI tente De reJoInDre, avec Des «chaUssUres boUrrées De vagUes» et sa «valIse De DétoUrs», la DernIère maIson oUverte, toUt aU boUt Des DIgUes. De ses toUt PremIers DébUts, avec Désert, JUsqU’À ses PIèces les PlUs récentes, Il Plaît À Penser qUe PIerre DroUlers s’est toUJoUrs tenU Dans ce DoUble moUvement D’arrIver (À extraIre DU chaos Une Forme PossIble) et De PartIr (s’éloIgner De la Forme PoUr retoUrner exPlorer le chaos), sans JamaIs s’enFermer Dans le conFort D’Un «style». ce lIvre, alors, conçU comme Inven-tIon PoétIqUe, ré-assemblage De DétoUrs accUmUlés Dans les valIses, vagUes extraItes Des chaUssUres PoUr les laIsser À noUveaU écUmer, est celUI D’Un artIste-avanceUr, corPs À l’oUvrage D’Un FaIre-être

toUJoUrs reDIstrIbUé. le corPs bonDIt et, avant De bonDIr, Dort et, avant De DormIr, ResPiRe eT, avaNT De ResPiReR, se noUrrIt PUIsant Dans les bonnes réserves, Usant sa vIe Dans la Danse, Dans le moU-vement Des bras et Des Jambes, De la tête et DU tronc sUr l’axe De l’échIne, Des éPaUles et Des PoIgnets et Des rotUles et Des Pha-

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et des phalanges et des orteils assouplis par les pas sur l’écorce terrestre, articulant ses jointures, étirant ses tendons, aspirant l’air ambiant comme on déguste le vin et les racines précieuses, expirant à l’envi l’haleine tiédie par le liquide circulant dans les vaisseaux intimes, suant sang et eau, le cerveau limpide comme vasque pure, cheveux ondulant, peau en contact étroit avec le sol, cette membrane du tambour et caisse de résonnance terraquée. mais, dansant, n’oublie rien, ni le nuage en forme de baleine qui s’accroche au mont ni la vague qui élève le navire, le sternum tendu comme bréchet avec sa petite épée de cartilage qu’émeut le soleil, ni apophyse ni symphyse, ni la rotation des astres ni l’usure des tissus. libéré des hanches, le corps tourne et le squelette se meut sous la pluie de sable rouge, sous la poussière des grains de pollen et la silhouette du dragon se projette sur l’horizon barbelé de la mer. l’organisme alors adopte la démarche du crabe, celle de l’araignée ou celle des mouches, le bas étant le haut, et le haut, le bas. et l’univers tient dans un galet que sculptent les courants et les houles. le corps est celui qui propulse les ondes sur l’ingénue surface que travaillent les marées souterraines, d’avant en ar-rière et d’arrière en avant selon le va-et-vient de la vie, de la copulation, du ressac, du frottement tectonique. l’oiseau rame et l’être humain pagaie. mais la fleur se balance. Prologue. là. nous en sommes là. le corps du poème est démem-bré. au second étage de la raffinerie, dans ce qui est devenu l’antre bruxellois de charleroi Danses, vingt-cinq tables ont été disposées. tables de dissection, anatomie de l’œuvre d’un chorégraphe, archive hétéroclite (photographies, textes divers, enregistrements, objets), fragments d’une mémoire étalée, en attente du geste qui va la ressaisir, l’éplucher, la distiller. la ressource est là. elle pourrait finir en catalogue raisonné, rangée-ordonnée comme il se doit. mais non. Déplier le passé, certes, mais pour retrouver, entre fulgurances et paysages plus contemplatifs, les états de corps qui ont été suscités. Une sève arbores-cente. Palpitation latente. ce que la fouille exhume, le présent l’agence. ainsi des corps fantômes reprennent vie, agis par un rythme qui semble peu à peu, par décantations successives, trouver sa logique interne. le film d’une vie est plein d’autres vies. Dans le cadre, cela se bouscule. tel visage va condenser toute une escouade d’histoires. tel paysage semble encore habité des ambiances qui l’ont animé. le processus d’écriture chorégraphique de Pierre Droulers, fait de prélèvements, d’assemblages, de frictions, d’espaces-temps remuants, trouve ici une organicité recommencée, dans une mise en pages qui est encore une forme de mise en scène. serait-il exagéré de dire que ce livre-ci est une nouvelle pièce du chorégraphe-poète, une mise en corps de matériaux que la mémoire semble avoir rendu muets, figés dans l’instant d’un cliché, ou dans la datation d’un document, mais d’un silence peuplé, bruissant, étonnamment actif? Un corpus, en d’autres termes, qui se souviendrait des corps multiples, physiques, musicaux, litté-raires, intimes ou spacieux, qui l’ont nourri. Une traversée. enfance l’en-fance, quelles saveurs? Il y a d’abord la maison du nord, «une grosse maison

dans un bourg avec trois petits jardins en enfilade». Pas vraiment de vie fami-liale, comme on l’entend habituellement, mais une atmosphère artistique: les ateliers de peinture chaque lundi, les visites de musées le dimanche, les amis peintres et sculpteurs qui passent sans cesse. Une ouverture sur le dehors, avec des étudiants africains qui sont reçus chaque semaine. et une touche de spiri-tualité: les offices religieux, tous cultes confondus, et des discussions autour

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aUtoUr De la Pensée De JIDDU KrIshnamUrtI. «PaPa avaIt ce goût DU PeU, DU PresqUe rIen, De l’éPhémère.» DU sPectacle aUssI, sI l’on en croIt Une Photo DU PetIt théâtre De marIonnettes conFectIonné Par le Père, robert-roberto. À 13 ans, PIerre DroUlers est envoyé aU sUD. avIgnon, lycée saInt-JosePh, tenU Par Des JésUItes. Images manqUantes. Danser/exPérImenter exIste-t-Il Un PremIer soUvenIr De Danse? oUI, PeUt-être. FIn Des années lycéennes. avec le Frère aîné, Un sPectacle De merce cUnnIngham À saInt-PaUl-De-vence. PUblIc claIrsemé. ce qUI reste en mémoIre? Un geste. la maIn salUant les DanseUrs De la comPagnIe, aU moment où Ils Partent, À borD D’Un aUtobUs. cela ne sUFFIt sans DoUte Pas À noUrrIr la légenDe D’Une vocatIon. scolarIté réUssIe, PIerre DroUlers s’aUtorIse Une année De réPIt, «J’aI DIt qUe Je voUlaIs Danser, Je ne saIs Pas vraIment PoUrqUoI J’aI DIt ça». Il n’est Pas encore Formé, maIs Il a Un bon PlIé, Il PeUt se moUler», Décrète serge golovIne. PlIés, Jetés, et toUt le bastrIngUe: va PoUr l’école De Danse De rosella hIghtoWer À cannes. Dressage DU corPs. lÀ aUssI, Images manqUantes. en lIeU et Place, Une aUtre JeUnesse, Parallèle, Dans la FoUgUe D’Un groUPe PUnK, Peet anD ses rats. rImbaUD Pas loIn? et PUIs mUDra, brUxelles. maUrIce béJart oUvre son école, Installée Dans Un ancIen hangar À tramWays. PremIère PromotIon. «Il n’y avaIt Pas D’antécéDents, Pas D’aînés, l’ambIance étaIt toUt À FaIt vIerge.» béJart rêvaIt D’art total, «toUt noUs a été enseIgné Fraîchement», maIs béJart ImagInaIt sans DoUte Davantage recrUter ParmI les élèves De mUDra PoUr noUrrIr sa ProPre comPagnIe. saUF qUe l’éPoqUe ne tarDera gUère À relégUer DéJÀ béJart DU côté D’Un certaIn acaDémIsme. À brUxelles, le théâtre 140, DIrIgé Par Jo DeKmIne, InsatIable DécoUvreUr, s’oFFre À toUtes les FolIes, lIvIng theater, Jerzy grotoWsKI, les lonDonIens De PeoPle shoW, Johnny rotten, anD so on… et ParIs n’est Pas sI loIn. Une seUle raIson D’aller À ParIs,toUtes aFFaIres cessantes: Un certaIn bob WIlson et la ProDI-gIeUse lenteUr DU regarD DU soUrD, sUIvI Une année PlUs tarD, en 1972, Des 24 heUres D’oUvertUre, À l’oPéra-comIqUe, Dans le caDre De la PremIère éDItIon DU FestIval D’aUtomne. éPoUstoUFlantes, «cette notIon D’esPace-temPs toUt À FaIt InattenDUe», la «beaUté PlastIqUe DerrIère laqUelle on sentaIt toUt Un travaIl D’atelIer», maIs aUssI la DIversIté Des InterPrètes De bob WIlson, y comPrIs Des aUtIstes comme l’extraorDInaIre chrIstoPher KnoWles. on cherchera en vaIn la trace D’Un hérItage. PoUrtant, avec bob WIlson, se JoUe alors qUelqUe chose D’InItIatIqUe: «À mUDra, toUt cela noUs a Donné Des IDées PoUr exPérImenter toUtes sortes De choses.» en maI 1976, alors qU’Il achève sa FormatIon À mUDra, PIerre DroUlers crée son PremIer sPectacle aU théâtre 140. Désert. «Une PIèce mI-Danse mI-Drame, où la Parole, matrIce DU crI et DU chant, rencontre De Façon DIrecte et comme végétale le corPs en moUvement: lUttes D’esPaces, corPs À corPs, marches PérIlleUses en révolUtIons sUccessIves où sUeUr, sang, sable gI-clent Dans l’aIr sUrchaUFFé», DIt alors le Programme DU sPectacle. «on étaIt troIs oU qUatre À FaIre Des DéambUlatIons, et D’aUtres gens toUrnaIent aUtoUr De noUs, comme sI on étaIt Des PrIsonnIers», se soUvIent aUJoUrD’hUI PIerre DroU-

lers. Pas De méthoDe De travaIl: «Je FonctIonnaIs À l’InstInct, À l’IntUItIon.» l’année sUIvante, 1977, DIsPersIon, avec DIane broman, JUlIana carneIro Da cUnha et nIcole mossoUx. «TexTes, soNoRiTés, mouvemeNTs, méTamoRPhoses DécoRaTives se PRêTeNT À uN Jeu D’iNTeRféReNces ambigu eNTRe Rêve eT RéaLiTé», écrIt anDré Drossart Dans le soIr. toUtes les soUrces n’aPParaIssent Pas nécessaIrement en sUrFace. oU alors: sont DéJÀ lÀ, maIs JaIllIront PlUs tarD. sUr l’Une Des tables

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sur l’une tables de la raffinerie, autour de quelques photos de Dispersion, les visages d’arthur rimbaud et de Johnny rotten, singulier vis-à-vis, une affiche de l’art ensemble of chicago, un livre du dramaturge italien carmelo bene, et la mention d’un poème de John giorno, «grasping at emp-tiness», prélevé dans un numéro de la revue schizofrenia, qui circulait alors de main en main au Plan K (l’ancêtre de la raffinerie). Une époque de l’instant présent on parle sans doute d’une époque où la notion même de «jeune chorégraphe» n’avait aucun sens, car tout était incroyablement jeune. Free jazz et musique punk, spectacles déjantés, virées à Paris pour aller danser le pogo au gibus, etc. rien n’est prémédité, tout se vit dans l’instant, sans dossier à constituer pour la prochaine pièce, ni demande de subvention. Pierre Droulers bénéficie quand même d’une bourse pour aller à new york, compléter sa formation de «danseur» au studio de merce cunningham, qu’il déserte sitôt arrivé. encore trop académique. le parcours s’inventera au gré des rencontres: poètes de la beat generation, clubs de jazz, et steve Paxton, quand même, qu’il découvre à st. mark’s church, en duo avec le percussionniste David moss. lâcher prise, lâcher tout court. les spectacles qui suivent le séjour à new york, hedges (1979) avec le saxophoniste-improvisateur steve lacy, et tao (1980), avec la très classieuse et wilsonienne sheryl sutton (1980), tips (1981), avec François hiffler et Pascale murtin, les duettistes de grand magasin, et Pieces For nothing (1982), «jets de mouvement saisis en plein vol», avec les musiciens du groupe rock minimal compact, seraient sans doute quali-fiés, aujourd’hui, de «performances». les étiquettes, alors, ne comptent guère. au bonheur de ce qui se découvre. Dé-Placements, lUmIères loin du chaudron new-yorkais, dire d’autres voyages. hors de l’axe gare du midi (bruxelles) – gare du nord (Paris), chercher le dé-placement, l’épreuve du hors-de-(chez) soi. À Wrocław, Pologne, l’année où Jerzy grotowski ouvre pour la première fois son théâtre-laboratoire à de jeunes «occidentaux». là encore, images manquantes, exception faite d’une photo du «maître». Il faut alors imaginer la région de forêts et de lacs où se déroule l’atelier, les courses folles à travers bois, une vieille masure emplie de bouquets de menthe, la traversée d’un épuisement physique d’où doit sortir un «jeu» d’acteur dénué de toute volonté d’interprétation. et le brésil (aucune image), sur les traces d’orfeu negro, le film tourné par marcel camus dans une favela de rio de Janeiro. et, là, se laisser guider et happer par le son et le rythme des tambours du candomblé. Initiation au vaudou, dans la transe, les esprits prennent corps. magie des rituels à laquelle fera écho, des années plus tard, comme longtemps infusée, la création de soleils, en 2013, tourbillon et carnaval de corps qui «s’achève par une folle danse vers le soleil et le mystère» Un exorcisme. À l’énergie solaire du brésil répondent les ombres projetées du Japon (Kyoto experiment, 2012). Pierre Droulers: «Je suis fasciné par ces deux pays et par les oppositions qu’ils incarnent. comment vit la lumière entre ces deux polarités? quelles métamorphoses ont lieu?» l’europe, elle aussi baignée par des nuances de lumière. lumières changeantes de la mer du nord, jetée d’ostende (la Jetée, 1983). Image en suspens, transparence, rêve éveillé. au sud, fragments d’un séjour en Italie, couleurs plus vives, bleues, orangées. «6 h 49 du matin quand le soleil s’est levé chaque couleur s’est nuancée d’une minute à l’autre puis au bout d’un certain temps (vient l’évidence) on ne regarde plus.» À partir de la Jetée, d’est en ouest, et du nord au sud, il pourrait être tentant de retracer chaque pièce de Pierre Droulers comme autant d’étapes d’un voyage sensoriel qui avance-rait parmi les états changeants de la lumière, les illuminations (on retrouve rimbaud) alternant avec les noirceurs, et toujours il y aurait du clair-obscur (light no light, titre d’un film de ludovica riccardi sur le travail du chorégraphe), comme une indéfinissable frontière où les percep-tions se brouillent, jusqu’à l’expérience limite du brouillard, tentée au centre de création contem-poraine de tours, avec ann veronica Janssens: «scène de théâtre inondée d’un brouillard artificiel», spectateurs déambulant sur le plateau, pouvant s’entendre, mais non se voir. PartItIons, écrItUres sur les tables du second étage de la raffinerie: carnets de notes, dessins, plans et schémas. le tout dans un ordre hétéroclite. Pour comme si on était leurs petits poucets (1991), les dernières pages du Finnegans Wake de James Joyce ont été découpées, ligne par ligne, et affichées sur de grandes feuilles de papier. Pour De l’air et du vent (1996), l’œil s’attarde sur un ensemble de feuilles de format a4, où se succèdent des vignettes dessinées, sorte de story-board de la pièce. mais rien

n’est jamais aussi simple. les «partitions» sont foisonnantes, elles ne sont pas uniformes, mêlent sources et graphies. et, de toute façon, «les choses se fabriquent à travers le dépôt, l’oubli, ce qui persiste, et il arrive que le matériau de départ ait complètement été transformé, voire ait tout simplement disparu» citant Walter benjamin, Pierre Droulers aime à dire que le labyrinthe est la patrie de celui qui hésite. entre le chaos et la forme, par exemple. Faire œuvre de «chorégraphe», ce n’est pas seulement (et parfois, pas du tout), «écrire la danse», structure tangible dûment étayée, architecturée. Pour Pierre Droulers, «ce qui danse, c’est la façon dont on se relie à une

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À Une Personne, À Un matérIaU, À Un son. Je réFléchIs PlUtôt en termes De rêve De matIère qU’en amalgame D’ossatUre, en streams (en coUrants). c’est le travaIl DU DanseUr qUe De relIer les choses et De les mettre en moUvement. ce qUI est central Dans mon travaIl, ce n’est PeUt-être Pas tant la Danse qUe le moUvement. comment Une Image aPParaît, DIsParaît… toUt est Prétexte À entrer Dans Des JeUx D’harmonIe et De DIsharmonIe.» DIstIller FaIre œUvre De chorégraPhe, oU toUt sImPlement, D’artIste, ce seraIt «voIr comment les choses se DIstIllent» aU PIeD De la lettre, la DIstIllerIe De lavanDe, Un FIlm toUrné Par PIerre DroUlers en Provence, aU PlUs Près Des gestes De l’artIsan-oU-vrIer qUI transForme la Plante en arôme. l’essence (chercher l’être PlUtôt qUe le FaIre) comme ProDUIt D’Un PatIent labeUr PhysIqUe. même sI, DIsaIt le chorégraPhe en 1996: «Il y a Des moments où Je me DIs qU’Il FaUDraIt PeUt-être arrêter De FaIre Des choses et sImPlement regarDer ce qUI exIste.» Un DéPôt DernIer toUr De PIste, aU seconD étage De la raFFInerIe, noUvelle et UltIme DéambUlatIon ParmI les vIngt-cInq tables DIsPosées lÀ, où s’étale le DéPôt D’Une vIe, le FIl D’Une œUvre. sIlence, et vertIge. Ignorer encore comment cette exPosItIon De Fragments troUvera sa Drama-tUrgIe Dans l’esPace D’Un lIvre. mesUrer Une certaIne ImPUIssance Des mots À traDUIre et DIstIller les mUltIPles IntensItés Dont chaqUe DocUment garDe trace. WInston tong, le chanteUr De tUxeDomoon ; steFan Dreher, le DanseUr alter ego ; Il FaUDraIt cIter chaqUe nom. DerrIère chaqUe vIsage Photogra-PhIé, l’hIstoIre D’Une rencontre. DerrIère chaqUe esPace (scénIqUe oU Pas), la mémoIre D’Un hors-chamP. DerrIère chaqUe Page écrIte, Une FIèvre. IcI et lÀ, Des lIvres. Un DoUble sceaU Donné D’em-blée, becKett et Joyce. aUstérIté, DéPeUPlement D’Un côté ; ProFUsIon, trUcUlence De l’aUtre. comme sI l’œUvre À venIr, aUJoUrD’hUI DéPosée, n’avaIt cessé De Frayer entre ces DeUx Pôles. et PUIs, Un aUtre vIatIqUe: PetIt lIvre À la coUvertUre D’Un grIs Perlé, l’homme Des FoUles, D’eDgar allan Poe, traDUIt Par charles baUDelaIre. aInsI IraIt le moUvement À l’œUvre chez PIerre DroUlers, FlânerIe De corPs Dans le tUmUlte DU monDe, maIs FlânerIe agItée, PhysIqUe, elle-même traversée Par Un ImPos-sIble rePos. mUltUm In Parvo (1998), FoUle et solItUDes, sPectacle commUnaUtaIre tIssé À PartIr De vIngt-cInq solos, herbIer collectIF D’aUtant De mythologIes Personnelles. aU DétoUr Des PIèces aboUtIes, réalIsées, mémoIre a été garDée D’Une œUvre qUI n’a Pas vU le JoUr, InItIalement conçUe avec et PoUr mIchael lonsDale. lIbre aDaPtatIon, soUs le tItre arrIver-PartIr D’Un Poème De FernanDo Pessoa, «le Passage Des heUres», et D’Un texte De chrIstIan Dotremont, «DIgUe». Un chœUr, et Un Personnage, «l’avanceUr», qUI tente De reJoInDre, avec Des «chaUssUres boUrrées De vagUes» et sa «valIse De DétoUrs», la DernIère maIson oUverte, toUt aU boUt Des DIgUes. De ses toUt PremIers DébUts, avec Désert, JUsqU’À ses PIèces les PlUs récentes, Il Plaît À Penser qUe PIerre DroUlers s’est toUJoUrs tenU Dans ce DoUble moUvement D’arrIver (À extraIre DU chaos Une Forme PossIble) et De PartIr (s’éloIgner De la Forme PoUr retoUrner exPlorer le chaos), sans JamaIs s’enFermer Dans le conFort D’Un «style». ce lIvre, alors, conçU comme InventIon PoétIqUe, ré-assemblage De DétoUrs accUmUlés Dans les valIses, vagUes extraItes Des chaUssUres PoUr les laIsser À noUveaU écUmer, est celUI D’Un artIste-avanceUr, corPs À l’oUvrage D’Un FaIre-être toUJoUrs reDIstrIbUé. IngénU. le corPs bonDIt et, avant De bonDIr, Dort et, avant De DormIr, resPIre et, avant De resPIrer, se noUr-rIt PUIsant Dans les bonnes réserves, Usant sa vIe Dans la Danse, Dans le moUvement Des bras et Des Jambes, De la tête et DU tronc sUr l’axe De l’échIne, Des éPaUles et Des PoIgnets et Des rotUles et Des Phalanges et Des orteIls assoUPlIs Par les Pas sUr l’écorce terrestre, artIcUlant ses JoIntUres, étIrant ses tenDons, asPIrant l’aIr ambIant comme on DégUste le vIn et les racInes PrécIeUses, exPIrant À l’envI l’haleIne tIéDIe Par le lIqUIDe cIrcUlant Dans les vaIsseaUx IntImes, sUant sang et eaU, le cerveaU lImPIDe comme vasqUe PUre, cheveUx onDUlant, PeaU en contact étroIt avec le sol, cette membrane DU tamboUr et caIsse De résonnance terraqUée. maIs, Dansant, n’oUblIe rIen, nI le nUage en Forme De baleIne qUI s’accroche aU mont nI la vagUe qUI élève le navIre, le sternUm tenDU comme bréchet avec sa PetIte éPée De cartIlage qU’émeUt le soleIl, nI aPoPhyse nI symPhyse, nI la rotatIon Des astres nI l’UsUre Des tIssUs. lIbéré Des hanches, le corPs toUrne et le sqUelette se meUt soUs la PlUIe De sable roUge, soUs la PoUssIère Des graIns De Pollen et la sIlhoUette DU Dragon se ProJette sUr l’horIzon barbelé De la mer. l’organIsme alors aDoPte la Démarche DU crabe, celle De l’araIgnée oU celle Des moUches, le bas étant le haUt, et le haUt, le bas. et l’UnIvers tIent Dans

Un galet qUe scUlPtent les coUrants et les hoUles. le corPs est celUI qUI ProPUlse les onDes sUr l’IngénUe sUrFace qUe travaIllent les marées soUterraInes, D’avant en arrIère et D’arrIère en avant selon le va-et-vIent De la vIe, De la coPUlatIon, DU ressac, DU Frottement tectonIqUe. l’oIseaU rame et l’être hUmaIn PagaIe. maIs la FleUr se balance. PrologUe lÀ. noUs en sommes lÀ. le corPs DU Poème est Démembré. au secoND éTage De La RaffiNeRie, Dans ce qUI est DevenU l’antre brUxelloIs De charle-roI Danses, vIngt-cInq tables ont été DIsPosées. tables De DIssectIon, anatomIe De l’œUvre D’Un chorégraPhe, archIve hétéroclIte (PhotograPhIes, textes DIvers, enregIstrements, obJets), Fragments

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Miscellaneous symbols

+ − ± × ÷ = ≠ ~ ≈ < > ≤ ≥ ¬ ¤ ∞ ⌀ ̂ ° ℃ ℉ ' " μ π ∂ ∑ ∏ ∫ Ω Δ ⁄ ¼ ½ ¾ ⅓ ⅛ ⅜ ⅝ ⅞ % ‰ 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z ℀ ℁ ℅ ℆

← ↑ → ↓ ↔ ↕ ↖ ↗ ↘ ↙ ⤡ ⤢ ⇆ ⇄ ⇅ ⇵ ⟲ ⟳ 🡠 🡡 🡢 🡣 � 🡤 🡥 🡦 🡧 ⯇ ⯈ ⯅ ⯆ � � � � � � � � ◭ ◮ � � ◧ ◨ ⬒ ⬓ ⬔ ⬕ ◩ ◪ ◫ � � � ◰ ◱ ◲ ◳ ◐ ◑ ◒ ◓ � � � � � � � � ◴ ◵ ◷ ◶ ⬖ ⬗ ⬘ ⬙ � � � � � � � � � � � � ■ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ ● 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ ◆ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ □ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ ○ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ ◇ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ ⬚ 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ � 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ � 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 + − × ← ↑ → ↓ ↖ ↗ ↘ ↙ ░ ▒ ▓ � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �

👁 � � � � � � � � ⚀ ⚁ � ⚃ ⚄ ⚅ ☐ ✓ ☑ ✗ ☒ � ☺ ☻ ☹ � ☀ ☁ ⚡

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Droulers

B

/0 2 6 0 3 1

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Finnish

French

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Ganda

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H

Hungarian

I

Icelandic

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Irish

Italian

J

Jola-Fonyi

K

Kabuverdianu

Kalaallisut

Kalenjin

Kamba

Kikuyu

Kinyarwanda

L

Latvian

Lithuanian

Luo

Luyia

M

Machame

Makhuwa-Meetto

Makonde

Malagasy

Malay

Maltese

Manx

Meru

Morisyen

N

North Ndebele

Norwegian Bokmål

Norwegian Nynorsk

Nyankole

O

Oromo

Occitan

P

Polish

Portuguese

R

Romanian

Romansh

Rombo

Rundi

Rwa

S

Samburu

Sango

Sangu

Sena

Shambala

Shona

Slovak

Slovenian

Soga

Somali

Spanish

Swahili

Swedish

Swiss German

T

Taita

Teso

Turkish

Turkmen

V

Vunjo

W

Welsh

Z

Zulu

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Droulers

B

/0 2 7 0 3 1

Opentype features

/ 51

L I G A

C 2 S C

L N U M

S S 0 2

S S 0 6

O N U M

S S 0 3

S S 0 7

P N U M

S S 0 4

S S 0 8

T N U M

S S 0 5

S S 0 9

D L I G

S M C P

C A S E

Standard ligatures

Uppercase in small caps

Case sensitive ponctuation

Discretionary ligatures

Lowercase in small caps

Slashed zero

Black squared numbers

Lining figures

Black circled numbers

White diamond-shaped numbers

Oldstyle figures

Black diamond-shaped numbers

Dotted squared numbers

Proportional figures

White squared numbers

Dotted circled numbers

Tabular figures

White circled numbers

Dotted diamond-shaped numbers

Z E R O

S S 0 1

F R A C Fractions

Numerators

Denominators

N U M R

D N U M

Superscript/Superior figures and letters

Subscript/Inferior figures

Ordinal

S U P S

S I N F

O R D N

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Droulers

B

/0 2 8 0 3 1

Opentype features

/ 42

L I G A

D L I G

Standard ligatures

Discretionary ligatures

Ligatures are a more harmonious design for some letter combinations.

Standard ligatures are activated by default whereas discretionary ones

can be activated on the opentype panel.

effortenfinfjordfloorgoofballselfhealofkeyshiftboufferdifficileoffjordeffleureroffbeatoffhandoffkeyofftrack

Thierrywww.bureaubrut.comWWW.buReaubRuT.com

Thierrywww.bureaubrut.comWWW.buReaubRuT.com

effortenfinfjordfloorgoofballselfhealofkeyshi�boufferdifficileoffjordeffleureroffbeatoffhandoffkeyofftrack

O F F O N

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Droulers

B

/0 2 9 0 3 1

Opentype features

/ 53

O F F O N

C 2 S C

S M C P

+ S M C P

C A S E

« All small caps » option

Case sensitive punctuation

Lowercase in small caps

When activating the “small caps” option, lowercase letters will be

transformed in small capitals and lining figures in oldstyle figures. You

can also access the “all small caps” option on the opentype panel that

will also transform uppercase letters. The height and spacing of the

punctuation is automatically adapted when you select the “all caps” or

“small caps” option.

¿ No ? (oui) « Peut-être »

¿ No ? (oui) « Peut-être »

¿ No ? (oui) « Peut-être »

¿ no � (oui) « peut-Être »

¿ No ? (oui) « PeuT-êTRe »

¿ No � (oui) « Peut-Être »

Tabular figures

L N U M

The default setting for figures is the lining set. Tabular figures have

an identical width and are useful for the composition of charts. You

can access the others sets on the opentype panel. An alternate

slashed zero is available for all sets. Height corrected currency and

mathematical symbols are automatically activated on all sets of figures.

3601421150

3601421150

3601421150

3601421150

3601421150

3601421150

+ T N U M

Oldstyle figures

Oldstyle tabular figures

Slashed zero

O N U M

O N U M

Z E R O

+ P N U M

+ T N U M

21150 21150

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Droulers

B

/0 3 0 0 3 1

Opentype features

/ 54

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

Stylistics sets from 1 to 9 activate a range of alternates sets for

numbers and basic arrows.

S S 0 1

Black squared figures

S S 0 2

Black circled figures

S S 0 3

Black diamond-shaped figures

S S 0 4

White squared figures

S S 0 5

White circled figures

S S 0 6

White diamond-shaped figures

S S 0 7

Dotted squared figures

S S 0 8

Dotted circled figures

S S 0 9

Dotted diamond-shaped figures

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

→ bureau + brut 2016

O F F O N

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Droulers

B

/0 3 1 0 3 1

Opentype features

/ 55

F R A C

Fractions

Numerators

Denominators

N U M R

D N U M

Some fractions are build-in glyphs but the fraction option can transform

any two series of numbers separated by a slash into a fraction. You can

also access the numerators and denominators options separately.

Superscripts, subscripts and ordinals can all be activated on

the opentype panel. Superscripts are used for example on some

abbreviation and subscript formulas. Ordinals are usually useful for

abbreviations in Spanish (segunda, segundo…).

1234/ 1234⁄

1234⁄67891234/6789

/6789 ⁄6789

h2oc6h10o5

h2oc6h10o5

Superscript/Superior figures and letters

Subscript/Inferior figures

Ordinal 2a 2o 2a 2o

S U P S

S I N F

O R D N

35 m2 35 m2

O F F O N

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Texts of this specimen (p. 004 – 023)

are extracts from Pierre Droulers

chorégraphe : SUNDAY.