dpédago 1718 faust - grand théâtre de genève · 2017-12-21 · dossier pÉdagogique les jeunes...

22
DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE Charles Gounod Faust SAISON1718 Programme pédagogique réalisé grâce au soutien de la Fondation de bienfaisance du groupe Pictet et en collaboration avec le Département de l’Instruction publique, de la culture et du sport de la République et du canton de Genève www.geneveopera.ch/pédagogie T +41 22 322 5172

Upload: others

Post on 12-Feb-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

DOSSIER PÉDAGOGIQUELES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE

AVEC LE SOUTIEN DE

28.03– 06.04.2017

Charles Gounod

Faust

SAISON1718

Programme pédagogique réalisé grâce au soutien de la Fondation de bienfaisance du groupe Pictet

et en collaboration avec le Département de l’Instruction publique, de la culture et du sport de la République et du canton de Genève

www.geneveopera.ch/pédagogieT +41 22 322 5172

Page 2: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

décembre 2017

Dossier réalisé par Elsa Barthas

Page 3: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

Ce dossier pédagogique est destiné aux enseignants qui participent au parcours pédagogique pro-posé autour du programme de l’opéra Faust dans le cadre du programme « Les jeunes au cœur du Grand Théâtre ».Ce dossier, préparé à l’intention des enseignants contient suffisamment d’informations pour leur permettre d’assurer une bonne préparation des élèves au spectacle.En amont du parcours pédagogique et du spectacle, nous demandons aux enseignants d'utiliser ce dossier pour familiariser leur classe avec le mythe de Faust, l'œuvre de Goethe et l'opéra de Gounod ; ainsi qu'aux différents airs proposés de la partition, à la mise en scène de Georges Lavaudant et aux thèmatiques de l'œuvre (savoir & connaissances, religion, place de le femme dans une société patriarcale, rapport de pouvoir : dominant/dominé, l'existence humaine (temps qui passe, destinée inéluctable).

Une bonne connaissance de ces aspects garantira un maximum de profit et de plaisir pour les élèves prenant part aux ateliers du programme et venant à l'Opéra des Nations pour assister à la répéti-tion générale de Faust. En fonction du niveau de la classe ou du temps à disposition pour aborder la matière, on pourra mettre le dossier à disposition des élèves pour leur permettre d'approfondir l'approche de la production du Grand Théâtre. Un exemplaire PDF est à leur disposition, avec la liste d'écoute musicale, sur www.geneveopera.com/pedagogie

Il sera également possible de nous déplacer dans les classes afin de renforcer le travail préparatoire ou de répondre aux questions des élèves dans leur établissement, à l’issue du spectacle, si l’ensei-gnant le souhaite.

Nous vous remercions pour votre collaboration et vous souhaitons, à vos classes et à vous-mêmes, un parcours pédagogique passionnant au cœur du Grand Théâtre.

LES COLLABORATEURS DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

Elsa [email protected] + 41 22 322 57 72

Fabrice [email protected] + 41 22 322 51 88

Camille [email protected] + 41 22 322 57 72

FAUST INTRODUCTION

Page 4: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod
Page 5: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

3FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

LES INTERPRÈTES PRINCIPAUX DE LA PRODUCTION FAUST

Direction musicale Jesús López CobosMise en scène Georges LavaudantConseiller artistique et dramaturgique Jean-Romain VesperiniDécors et costumes Jean-Pierre Vergier

Faust John OsbornMéphistophélès Adam PalkaMarguerite Ruzan MantashyanValentin Jean-François LapointeWagner Shea OwensSiebel Samantha HankeyMarthe Marina Viotti

Chœur du Grand Théâtre de genève Direction Alan Woodbridge

Orchestre de la Suisse Romande

Répétition générale mardi 30 janvier 2018 à 19 h 30

Durée : approx. 2 h 45 (avec un entracte)

Page 6: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

Au départ du mytheDe la Renaissance qui valorise la connaissance au Faust de GoetheLe Faust de Gounod

Les clés du spectacleAnalyse de quelques extraits de la partition de GounodLa mise en scène de Georges Lavaudant

AnnexesPréparation de l’Atelier peinture Recherche : Faust dans l’art

5 6 8

10 14

1619

FAUST SOMMAIRE

Page 7: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

5FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Damnation d’origine médiévale ? Le mythe de Faust repose sur la vie d’un certain Maître ou Docteur Georgius Sabellicus Faustus Junior, qui vécut au XVIème

siècle et dont on sait en réalité peu de choses : charlatan de foire, astrologue et maître d’école aux mœurs, semble-t-il, suspectes, c’est un fanfaron… Il n’est en rien comparable aux grands savants humanistes que furent à la même époque Paracelse ou Agrippa. Pourtant, il devient une véritable légende populaire et bien des anecdotes vont vanter les prodiges de Faust : pouvoirs magiques, détention d’un pacte avec le diable, connaissance de secrets de la nature… qui font du personnage un être

FaustAu départ du mythe

AU DÉPART DU MYTHE FAUST

De la légende populaire au livret d’opéra : Faust, un personnage qui a évolué au cours de l’histoire

suspect, diabolique, donc une personnalité peu fréquentable.

Un contexte religieux à la censure facile :L’Inquisition fonctionne comme une véritable police du savoir. Si le savant officiel est accrédité par ses titres universitaires, toutes disciplines non reconnues sont réputées démoniaques. Pourtant, quelques savants avaient compris que les dogmes universitaires conduisaient à des impasses et s’enthousiasmaient pour les nouveaux secteurs (alchimie, sciences naturelles). La légende du Docteur Faust ne serait-elle pas une contre-offensive lancée par l’appareil politico-religieux afin de servir de faire-valoir au portrait glorieux du savant chrétien ?

Le Rêve de FaustAugust Von Kreling (1874)Gravure

Page 8: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

6 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

La période de la Renaissance va faire de ce personnage un héros en quête de savoir. Cette période historique, en effet, marquée par la redécouverte des grands textes antiques, met au centre

l’homme et ses connaissances. L’homme ins-truit, fort et sensible sera le parfait courtisan. La littérature romantique du XIXème siècle assoiffée de grands héros s’emparera du mythe de Faust et c’est Goethe (1749-1832) qui lui don-nera toutes ses lettres de noblesse.

Qui est Faust ?On trouve plusieurs étymologies à ce nom :- en grec, photo qui veut dire lumière- en latin, faustus qui signifie favorable, propice- en allemand, Faust qui signifie poing ferméOn conclura de ces étymologies que la lumière de la connaissance rend l’homme heureux. En effet, la main symboliserait l’homme ; songeons au mot anglais man (homme) qui vient de manus (main en latin).Faust est en réalité un être mental qui est prêt à vivre, à sentir. Au début de la pièce de Goethe, dans la version traduite par Gérard de Nerval, Faust est vieux, déçu par la vie, par la vanité de ses recherches et la futilité de la connaissance humaine si limitée. Il a passé son existence à chercher, à comprendre, mais il a oublié de vivre dans le sens où il n’a pas ressenti les émotions de la vie. Comme dans la Caverne de Platon, de cette vie, il n’a perçu que des ombres : « Hélas ! Et je languis encore dans mon cachot ! Misérable trou de muraille où la douce lumière du ciel

ne peut pénétrer qu’avec peine à travers ces vitrages peints, et de papiers entassés jusqu’à la voûte. Je n’aperçois autour de moi que verres, boîtes, instruments, meubles pourris, héritage de mes ancêtres… Et c’est là ton monde, et cela s’appelle un monde ! »Faust, qui en réalité a eu peur de l’expérience humaine, désire plus que tout ressentir la joie et la douleur : « Délivre-toi ! Lance-toi dans l’espace ! […] Je me sens le courage de me risquer dans le monde, d’en supporter les peines et les prospérités ; de lutter contre l’orage et de ne point pâlir des craquements de mon vaisseau. »Face à sa mort prochaine, Faust ne désire qu’une seule chose : VIVRE ! « Le grand Esprit m’a dédaigné ; la nature se

FAUST

De la Renaissance qui valorise la connaissance au Faust de Goethe

Goethe (1749-1832)

Illustration de Rembrandt

pour la première édition de Faust

de Goethe.

Page 9: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

7FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ferme devant moi ; le fil de ma pensée est rompu et je suis dégoûté de toute science. Il faut que dans le gouffre de la sensualité mes passions ardentes s’apaisent ! |...] Précipitons-nous dans le murmure des temps, dans les vagues agitées du destin ! Et qu’ensuite la douleur et la jouissance, le succès et l’infortune, se suivent comme ils pourront. »Ici, de façon très claire, Faust accepte le hasard de la vie dont il avait si peur. Il met fin au sur-contrôle de son existence consacrée jusque-là au monde de l’intelligible et se jette à corps perdu dans le monde sensible. Au fond, s’il possède un pouvoir de transformation sur le monde à travers divers domaines (magie, alchi-mie et médecine), il n’en demeure pas moins qu’il a du mal à l’appliquer à lui-même car son intellect le protège du réel de l’expérience.

C’est dans la forêt, la nature, affranchi de toute pensée humaine, de toute loi, accompagné de son élève Wagner, que Faust va accepter d’en-trevoir ce qu’il désire vraiment et c’est pourquoi il aperçoit au loin un vieux barbet (un chien) qui n’est autre que Méphistophélès. La nature, le silence, le néant, font surgir en quelque sorte ses désirs et son inconscient profonds, manifes-tés par l’image du chien.

Qui est Méphistophélès ?A l’origine il s’agit de Méphostophiles. Le pré-fixe Mé indique la négation, phosto la lumière et philes le verbe aimer.Il est celui qui n’aime pas la lumière. En somme, serait-il la part d’ombre ? L’inconscient ? Les

définitions disent qu’il est l’un des sept diables de l’enfer envoyés sur terre. Chez Goethe, cet être étrange qui arrive chez Faust sous la forme d’un chien ne revêt pas tant un visage diabolique. En effet, ce qui frappe dans sa présentation c’est surtout son art d’ar-gumenter, sa ruse et la façon dont il va se pré-senter. On pourrait en effet s’attendre à une figure satanique terrifiante, il n’en est rien et c’est beaucoup plus subtil.Ainsi, plutôt que de s’annoncer comme une figure du mal, il se présente comme une néga-tion, comme celui qui nie Dieu ; il incarnerait donc l’objectivité de l’homme qui voit en la créa-tion un désastre : « Je suis l’esprit qui toujours nie, et c’est avec justice : car tout ce qui existe est digne d’être détruit, il serait donc mieux que rien n’existât. »Il insiste sur la futilité de l’existence et le des-tin cruel des hommes : « Nous n’avons rien à gagner sur cette maudite semence matière des animaux et des hommes. Combien n’en n’ai-je pas déjà enterré, et combien circule du sang frais et nouveau. Voilà la marche des choses ; c’est à en devenir fou. »Il souligne finalement à travers ce dernier extrait la part d’ombre de la vie : malgré un pro-cessus de création divin de perfection, la réa-lité est cruelle. Ne serait-ce pas un visage du protestantisme ou une récurrence de la pen-sée cathare ? Le royaume de Dieu n’est pas de ce monde, Dieu créa le ciel et l’esprit, le monde matériel ; les guerres et le mal sont l’œuvre de Satan. Dieu n’a pas pu créer ce monde visible corrompu, qui ne peut être que l’œuvre du mal.Dans une certaine mesure, Méphistophélès apparaît aussi comme déçu par la vie et décide de narguer, nier, contourner la destinée tra-gique des hommes. Ce serviteur du diable argumente avec habileté en s’appuyant sur les éléments douloureux de l’humaine condition. Goethe confère au personnage une certaine prestance et intelligence qui entraîneront Faust dans sa quête de plaisirs : « Cesse donc de te jouer de cette tristesse qui comme un vautour dévore ta vie. » « Il ne vous est assigné aucune limite. » « Aie confiance en toi-même et tu sauras vivre. »On imagine grâce à cette analyse du person-nage de Méphistophélès qu’un metteur en scène d’opéra puisse choisir de souligner un aspect moins satanique et plus humain du per-sonnage.

DE LA RENAISSANCE QUI VALORISE LA CONNAISSANCE AU FAUST DE GOETHE FAUST

Goethe (1749-1832)

Toile de Ilya Repin (1844-1930)représentant méphistophélès..

Page 10: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

8 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

L’instrumentation est la suivante : (Notez la présence des harpes, typiques de la musique française)Bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons Cuivres : 4 cors, 2 cornets à pistons, 3 trombones Percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, caisse claire, triangle, tam-tam Clavier : 1 orgue Cordes pincées : 4 harpes Cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses.

L’opéra divisé en 5 actes correspond aux canons de l’opéra français du XIXème siècle, et c’est Giacomo Meyerbeer, compositeur allemand établi en France, qui les a instaurés, à savoir : cinq actes avec ballets et récitatifs, chœurs imposants, nombreux rôles solistes, riches décors et costumes. Dans Faust, les actes se déclinent comme suit :Acte I Le cabinet de FaustActe II La kermesseActe III Le jardin de MargueriteActe IV La chambre de Marguerite, l’église, la rueActe V Les montagnes du Harz, la vallée du Brocken, la prison.Ces différents titres reprennent à peu de chose près les titres de la pièce de Goethe.

Au XIXème siècle, Faust ne cesse de hanter la culture. Il devient une star de l’opéra qui permet de diffuser la connaissance du mythe.Gounod, Berlioz, Schumann, tous

s’emparent de la figure de « héros tragique de la connaissance ».Le Faust de Gounod est un opéra en cinq actes, dont le livret de Jules Barbier et Michel Carré s’inspire de la pièce de Goethe. L’opéra est créé au Théâtre-Lyrique de Paris le 19 mars 1859.L’œuvre de Goethe exerça très tôt une véritable fascination sur Gounod : « J’avais lu Faust en 1838, écrit-il dans son autobiographie. A l’âge de vingt ans, et lorsqu’en 1839 je partis pour Rome comme grand prix de composition musicale, et pensionnaire de l’Académie de France, j’avais emporté le Faust de Goethe qui ne me quittait pas ». Il affirme que ses premières inspirations musicales lui vinrent lors de promenades nocturnes à Capri et dans les environs de Naples.Très vite, l’opéra remporte un énorme succès et le répertoire français traverse même l’Atlantique. De nombreuses représentations sont données à Paris : Faust fut représenté 314 fois sur les différentes scènes du Théâtre-Lyrique jusqu’en avril 1869, puis 166 fois de 1869 à 1875 à l’Opéra (Salles Le Peletier et Ventadour). Elles amènent l’œuvre jusqu’au Metropolitan de New York : Faust fut le premier opéra français présenté dans cette prestigieuse maison d’opéra, symbole de grand succès.

FAUST

Le Faust de Gounod

Couverture d'une partition de 1875 pour le Faust de Gounod

(source : Bibliothèque de l'Opéra)

Page 11: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

9FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Bref résumé des 5 actesLe livret est centré sur l’épisode amoureux de Faust : il tombe éperdument amoureux de Marguerite et grâce à son acolyte, Méphistophélès, Faust arrivera à la séduire. Malheureusement, il se lasse très vite de sa conquête. Le poids de la religion, la société patriarcale incarnée par le frère de Marguerite, Valentin, plongent Marguerite qui a eu un enfant hors mariage dans un profond désespoir : elle se voit obligée de tuer son enfant. Faust qui apprend le profond désespoir de Marguerite éprouve malgré tout des remords, et décide de venir la sauver de la condamnation à mort. Celle-ci refuse de suivre Faust et Méphistophélès, et préfère s’en remettre à la justice divine. Elle sera jugée, alors que Faust et Méphistophélès auront la vie sauve.

LE FAUST DE GOUNOD FAUST

Charles Gounod (1818-1893)

Faust (savant) ténor Joseph-Théodore-Désiré BarbotMéphistophélès basse Émile BalanquéMarguerite soprano Marie Caroline Miolan-CarvalhoValentin (frère de Marguerite, soldat) baryton ReynaldWagner (étudiant) baryton CibotSiébel ( jeune villageois épris de Marguerite) mezzo-soprano 1 FaivreMarthe Schwertlein (voisine de Marguerite) mezzo-soprano DuclosJeunes f illes, fermiers, étudiants soldats, chœurs d’église, etc.

Résumé par acte

Le premier acte se situe dans le cabinet de Faust et décrit son entretien avec Méphistophélès.

Dans le second, au cœur d’une fête en ville, Faust rencontre Marguerite.

Le troisième acte, dans le jardin de Marguerite, regroupe les plus belles pages du répertoire avec l’« Air des bijoux » de Marguerite, ainsi que le duo « Laisse-moi contempler ton visage » dans lequel Marguerite se laisse embrasser par Faust.

Dans le quatrième acte, Marguerite a donné naissance à l’enfant de Faust. Son frère, revenu de la guerre, recherche le responsable du déshonneur de sa sœur et meurt dans un duel avec Faust en maudissant la jeune femme.

L’acte cinq débute pendant la nuit de Walpurgis, dans le royaume de Méphisto. Il tente de faire oublier Marguerite à Faust en l’emmenant dans un banquet des plus belles courtisanes de l’Antiquité. Mais Faust est toujours hanté par Marguerite qui, ayant perdu la raison, a tué son enfant et est emprisonnée. Il la rejoint, mais la présence de Méphisto amène Marguerite à se retrancher dans la prière. Un chœur d’anges accompagne sa mort, et Faust, rempli de remords, se met à son tour à prier.

Rendons hommage à la première et à ses interprètesle 19 mars 1859 (Chef d’orchestre : Adolphe Deloffre)

1 Personnage masculin

Page 12: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

10 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

FAUST

Piste 1 L’ouverture ou plutôt introduction orchestrale. Les cordes soulignent la déréliction du person-nage : il est seul face au néant de sa vie. Le tempo lent et le chromatisme omniprésent traduisent le malaise du personnage, la tension psychique de Faust qui a la sensation d’avoir raté sa vie. Il est important de voir à quel point l’ouverture reflète la psychologie du personnage : cette page n’est pas sans annoncer Wagner.La gamme à la harpe amène enfin à une tonali-té en Fa majeur, qui nous installe dans la mélo-die de l’air de Valentin, le bon chrétien.On a d’emblée deux mondes qui s’opposent : celui de Faust, celui qui interroge la lumière, remet en question l’ordre des choses et s’ouvre à la modernité, et celui de Valentin, synonyme de la foi, du dogme établi et du patriarcat. Un dualisme très clair s’annonce : doute et scepti-cisme face aux certitudes pleines de dogmatisme.

Acte IPiste 2 Le monologue de Faust commence sur le néant de sa vie : « Rien ! En vain j’interroge, en mon ardente veille, La nature et le Créateur »Sa déception se comprend musicalement : une cellule musicale qui se répète exprime la mono-tonie de la vie de Faust. La tonalité mineure (la mineur) et l’accompagnement succinct, tra-duisent le néant de sa solitude. Puis, petit à petit, l’orchestre s’embrase, Faust veut mourir, pour mettre fin à ses souffrances et boire le breuvage. Les voix des jeunes filles de la rue au loin l’en dissuadent. « Mais ce Dieu, que peut-il pour moi ? Me rendra-t-il l’amour, la jeunesse et la foi ? »Son malaise l’amène à un désespoir profond. Il est sur le point de mettre fin à ses jours avec déter-mination : la tonalité en fa majeur, le rythme très marqué sur chaque temps, soulignent en effet la volonté du personnage : « Salut oh mon dernier

Faust, Le Laboratoire (Source Gallica - BnF)

Analysede quelques extraits

de la partition

Les clés du spectacle

Page 13: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

11FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

matin ! J’arrive sans terreur au terme du voyage ; et je suis avec ce breuvage, le seul maître de mon destin. » Sur le point d’avaler le fatal breuvage, Faust entend au loin les voix de jeunes filles puis de jeunes hommes heureux de vivre une vie pai-sible. Charmé, Faust ne peut renoncer aux beautés de la vie.

Piste 3 Faust, dans un élan de colère, maudit sa condi-tion, maudit tout : les voluptés humaines, la science, le bonheur, la prière, la foi. Son empor-tement se transcrit à l’orchestre par des sforzan-do (accents) et des tremolos (répétitions rapides de notes aux cordes, comme des tremblements), et à la voix par une tessiture vocale plus aigüe. Comme solution à cette colère, il en appelle à Satan (« À moi, Satan ! »).Celui-ci apparaît immédiatement, comme par magie (« Me voici ! »).Cinq accords de piano traduisent la surprise de Faust. S‘en suit alors un dialogue en réci-tatif accompagné où les deux personnages apprennent à se comprendre. Faust répond à la question de Méphistophélès : « Je veux la jeunesse ».

Piste 4 Plein d’entrain et de joie, Faust s’anime dans un chant en sol majeur « A moi les plaisirs, les jeunes maîtresses! ». Mais la peur et le doute font reculer Faust qui n’arrive pas à signer le pacte avec Mephistophélès. La ruse de ce der-nier l’emportera : grâce à la magie, il fait entre-voir à Faust Marguerite sur son rouet, représen-tée musicalement par les cordes en sourdine. Faust cède à tant de beauté. L’acte se termine par une reprise de la mélodie de Faust « A moi les plaisirs », cette fois chantée également par Méphistophélès : ils sont unis à jamais par le pacte.

Soulignons la remarquable structure musi-cale de cet acte : la problématique du début où Faust ne croit plus en rien est musicalement soulignée par du chromatisme et une tonalité difficile à établir. En revanche, la fin de l’acte en la bémol majeur fonctionne comme une solu-tion à la tension du début : Méphistophélès et la magie sont les remèdes à la profonde solitude de Faust.

Acte IIDans cet acte, il s’agit de la confrontation de deux mondes : le monde de Faust et Méphisto-phélès fait de magie et d’artifices et le monde des jeunes gens, des villageois, confrontés à la fois à la guerre et au désir de vivre. C’est aussi la rencontre furtive entre Faust et Marguerite.

Piste 5 L’acte s’ouvre sur un chœur plein de liesse, « Vin ou bière ». Remarquez l’intérêt porté au chœur ici : chœur en homorythmie ou bien en entrée décalée. Les chœurs d’opéras français sont généralement très soignés et imposants.

Piste 6 Nous faisons connaissance avec Valentin, le frère de Marguerite. Celui-ci est sur le point de partir à la guerre et souffre de laisser sa sœur seule. Plein de recueillement, il implore Dieu à travers une prière de protéger Marguerite dans un air sous forme ABA. Cette forme tripartite laisse entrevoir le personnage : un homme croyant, prêt à confier sa vie à Dieu, prêt à mourir pour la patrie.

Piste 7 Mephistophélès ne laisse pas Wagner chanter sa chanson. Il entonne son fameux « Air du veau d’or ». Le veau d’or apparaît dans la Bible (Livre de l’Exode). Alors que Moïse faisait l’ascension du mont Sinaï pour y recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux, libérés de l’esclavage en Égypte, oublient les prodiges que Dieu a faits pour eux.Ils pressent Aaron, le frère de Moïse, de leur construire une idole d’or, en fondant les objets en or qu’ils avaient emportés avec eux. Avec l’or fondu, il construisit un veau d’or que les Hébreux adorèrent, à l’imitation du taureau Apis qui était vénéré en Égypte.Lorsque Moïse descendit du mont Sinaï, il vit les Hébreux adorer une idole, contrairement au Troisième Commandement. Moïse fut pris d’une si grande colère qu’il brisa les Tables de la Loi sur un rocher.Par extension « adorer le veau d’or » est associé à la soif de pouvoir, à la jouissance immédiate de biens matériels, à l’opulence et à la puissance de l’argent. Il est la manifestation de la vénération pour l’or, c’est-à-dire pour une richesse qui pervertit les cœurs et conduit aux pires exactions. Il symbolise également la tentation toujours présente et tou-

ANALYSE DE QUELQUES EXTRAITS DE LA PARTITION FAUST

Page 14: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

12 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

FAUST ANALYSE DE QUELQUES EXTRAITS DE LA PARTITION

jours renouvelée d’élever l’or et l’argent au rang de divinité, mais une divinité maléfique.Méphistophélès, dans l’air « Le veau d’or est toujours debout », constate avec sarcasme la passion meurtrière des hommes pour « l’ar-dent métal » si convoité : « Le veau d’or est tou-jours debout ! / On encense / Sa puissance, / D’un bout du monde à l’autre bout ! / Pour fêter l’infâme idole / Roi et peuples confondus, / Au bruit sombre des écus, / Dansent une ronde folle / Autour de son piédestal !… / Et Satan conduit le bal ! / Le veau d’or est vainqueur des dieux ! / Dans sa gloire Dérisoire Le monstre abjecte insulte aux cieux / Il contemple, ô rage étrange !/ À ses pieds le genre humain / Se ruant, le fer en main, / Dans le sang et dans la fange / Où brille l’ardent métal ! / Et Satan conduit le bal ! »Notez l’aspect « satanique » de l’accompagne-ment qui parcourt des demi-tons descendants. La musique fortissimo quasi orgiaque souligne bien l’aspect infernal, dionysiaque. D’autre part, le motif répétitif sur 5 notes donne une impression circulaire et suggère ainsi l’aspect inéluctable du « bal de Satan », et de la puissance infernale du veau d’or.

Piste 8 Méphistophélès impressionne par ses prédic-tions et pouvoirs :A Wagner : « Vous vous ferez tuer en montant à l’assaut » : tremolos aux cordes, chromatismes angoissants aux contrebasses. A Siebel : « Le sort te condamne à ne plus tou-cher une fleur sans qu’elle se fane » : tremolos aux cordes, chromatismes angoissants aux contrebasses.A Valentin : « Vous vous ferez tuer par quelqu’un que je sais » : accord diminuéA tous : fait apparaître du vin de sa cave, « Holà seigneur Bacchus, à boire ! » : un glissando de cordes en chromatisme descendant évoque l’apparition du vin par magie. Il brise le fer de Valentin en faisant un cercle magique.

Piste 9La foule, Siebel, Valentin, Wagner, tous ont compris qu’ils étaient confrontés au diable dans une phrase musicale à l’unisson avec l’orchestre qui traduit l’effroi. « De l’enfer qui vient émousser nos armes, nous ne pouvons pas repousser les charmes. »

L'adoration du veau d'or Par Nicolas Poussin (vers 1633-1634)

Page 15: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

13FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ANALYSE DE QUELQUES EXTRAITS DE LA PARTITION FAUST

Piste 10 La rencontre avec Marguerite se fait pleine de pudeur.

Acte IIIMarguerite est aimée de Siebel et de Faust. Chacun à sa manière va la séduire. Qui l’em-portera ? L’âme pure de Siebel ou l’âme cor-rompue par Satan ?

Piste 11 Air de Siebel : le jeune garçon est représenté vocalement par une voix de mezzo-soprano. C’est une tradition d’opéra qu’on appelle les rôles de pantalons. En effet, pour jouer les jeunes garçons, on utilise des chanteuses mezzo-sopranos costu-mées en garçon (on retrouve cette tradition chez Mozart, dans le rôle de Chérubin par exemple, ou encore Annio dans la Clémence de Titus, et chez bien d’autres compositeurs).Siebel compose un bouquet pour Marguerite : caractère primesautier de la mélodie, accompagne-ment léger, la naïveté du personnage transparaît.

Piste 12 Air de Faust : à l’inverse ici, c’est un amoureux plus mature en admiration totale devant la beauté de Marguerite, qu’il met sur un piédes-tal : « Salut, demeure chaste et pure ». Notez la belle ligne de chant du ténor ponctuée par un splendide contrechant esquissé au violon solo. Le tempo calme, quasi religieux, est en opposi-tion totale avec l’air précédent. Les deux rivaux sont en effet présentés de manière tout à fait différente : le premier revêt un caractère simple, joyeux, extraverti, spontané, contrairement au second, plus introverti, mesuré, poétique, raffiné. Méphistophélès prépare un stratagème fondé sur la coquetterie féminine : afin de séduire Marguerite et d’évincer son rival, Faust portera de somptueux cadeaux à Marguerite.

Piste 13 MargueriteEntre le bouquet de Siebel et une boîte somp-tueuse, Marguerite n’hésite pas. C’est le fameux « Air des bijoux » où la jeune fille se pare de pierres précieuses. Une surprise vous attend pour cette scène : gardez les yeux grands ouverts ! C’est dans une valse légère que Mar-guerite se voit déjà reine parée des plus beaux atours. C’est le célèbre air de la Castafiore dans Tintin !!!

Piste 14Afin de pouvoir approcher Marguerite, il faut absolument écarter sa voisine Marthe. Méphisto utilise encore un de ses subterfuges : il dit à Marthe que son mari est mort et lui fait la cour. Ainsi Faust a de son côté la voie libre pour courtiser Marguerite. Il est intéressant ici d’écouter la construction du quatuor vocal : chaque personnage a des intentions et émotions différentes exprimées en même temps par des lignes vocales diffé-rentes qui permettent une meilleure compré-hension du texte :Marguerite : « Je vous en conjure »Marthe : « Quelle noble allure »Faust : « Âme douce et pure »Mephistophélès : « Elle est un peu mûre » Tous les personnages sont maintenant esquis-sés. À vous de découvrir la suite et d’entendre comment les personnages vont évoluer drama-tiquement et musicalement.

Voici les grandes thématiques abordées dans cet opéra :Savoir & connaissanceReligionPlace de la femme (dans une société très partiarcale)Rapport de pouvoir : dominant/dominéExistence humaine (temps qui passe, destinée inéluctable)

Les Bijoux de la Castaf iore (Les Aventures de Tintin) Éditions Casterman

Page 16: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

14 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

Le metteur en scène Georges Lavau-dant et son décorateur Jean-Pierre Vergier ont choisi un décor neutre, très épuré, dans les tons de gris. Nous émettons l’hypothèse que le

metteur en scène a choisi de mettre en évi-dence le désert intérieur de Faust face au néant de sa vie. Ainsi, si le texte de Goethe insiste sur un intérieur chargé de vieux livres pous-siéreux, un tel décor suggère la déréliction du personnage face à sa destinée tragique. Ce décor unique évoluera grâce à la déclinaison d’un cer-tain nombre d’objets ou de gros accessoires, et la lumière aura un rôle de tout premier plan car elle va opérer des changements d’ambiance.En ce qui concerne les costumes des person-nages, nous n’allons pas tout vous dévoiler mais il est intéressant de savoir que Méphistophé-lès est traité en personnage humain, à l’allure déglinguée tel l’inspecteur Colombo.Le personnage de Marguerite prend l’aspect d’une pin-up au début (acte I et II), puis, plus son sentiment de remord grandit, plus elle revêt un caractère sombre à partir de l’acte IV. Le cos-tume et la couleur suggèrent bien l’évolution du personnage : au départ pure et primesautière, elle se retrouve blessée, plongée dans le remord.

La mise en scène

Le personnage de Méphistophélès

FAUST

de Georges Lavaudant

Les clés du spectacleMaquette au début de l'acte I

Page 17: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

15FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Le personnage de Faust

Le personnage de Marguerite

LA MISE EN SCÈNE DE GEORGES LAVAUDANT FAUST

Page 18: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

16 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

FAUST

FAUST(Seul, Faust se lamente)« Hélas ! Et je languis encore dans mon cachot ! Misérable trou de muraille où la douce lumière du ciel ne peut pénétrer qu’avec peine à travers ces vitrages peints, et de papiers entassés jusqu’à la voûte. Je n’aperçois autour de moi que verres, boîtes, instruments, meubles pourris, héritage de mes ancêtres… Et c’est là ton monde, et cela s’appelle un monde ! »« Rien ! / En vain j’interroge, en mon ardente veille, / La nature et le Créateur ; / Pas une voix ne glisse à mon oreille / Un mot consolateur ! / J’ai langui, triste et solitaire, / Sans pouvoir briser le lien / Oui m’attache encore à la terre ! / Je ne vois rien ! / Je ne sais rien ! »

« La vie m’est un fardeau. Je désire la mort et j’abhorre l’existence. »« Ô mort, quand viendras-tu m’abriter sous ton aile ?... / Salut ! Ô mon dernier, matin ! / J’arrive sans terreur au terme du voyage ; / Et je suis, avec ce breuvage, / Le seul maître de mon destin ! »

(à Méphistophélès)« Le grand Esprit m’a dédaigné ; la nature se ferme devant moi ; le fil de ma pensée est rompu, et je suis dégoûté de toute science. Il faut que dans le gouffre de la sensualité mes passions ardentes s’apaisent ! Précipitons-nous dans le murmure des temps, dans les vagues agitées du destin ! Et qu’ensuite la douleur et la jouissance, le succès et l’infortune, se suivent comme ils pourront. »« À moi les plaisirs, / Les jeunes maîtresses ! / À moi leurs caresses ! / À moi leurs désirs ! / A moi l’énergie / Des instincts puissants, / Et la folle orgie / Du cœur et des sens ! / Ardente jeunesse, / À moi les désirs, / À moi ton ivresse, / À moi les plaisirs ! »

MÉPHISTOPHÉLÈS« Je suis l’esprit qui toujours nie, et c’est avec justice : car tout ce qui existe est digne d’être détruit, il serait donc mieux que rien n’existât. »« Me voici ! – D’où vient ta surprise ? / Ne suis-je pas mis à ta guise ? / L’épée au côté, la plume au chapeau,/ L’escarcelle pleine, un riche manteau/ Sur l’épaule ; – en somme/ Un vrai gentilhomme !/ Eh bien ! Que me veux-tu, docteur !/ Parle, voyons !... – Te fais-je peur ? »

« Je me fais ton compagnon ou si cela t’arrange mieux, ton serviteur et ton esclave. »« Je veux ici m’attacher à ton service ; mais quand nous nous reverrons là-dessous, tu devras me rendre la pareille. »« Le veau d’or est toujours debout ! / On encense/ Sa puissance, / D’un bout du monde à l’autre bout ! / Pour fêter l’infâme idole / Roi et peuples confondus, / Au bruit sombre des écus, / Dansent une ronde folle / Autour de son piédestal !… / Et Satan conduit le bal !Le veau d’or est vainqueur des dieux ! / Dans sa gloire / Dérisoire / Le monstre abjecte insulte aux cieux / Il contemple, ô rage étrange ! / À ses pieds le genre humain / Se ruant, le fer en main, / Dans le sang et dans la fange / Où brille l’ardent métal ! / Et Satan conduit le bal ! »

Annexes Préparation de l'Atelier peintureParmi les extraits proposés du Faust de Goethe (en noir) et du Faust de Gounod (en bleu), choisissez quelques vers, expressions ou mots qui vont inspirer votre création en lien avec l’œuvre.

Page 19: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

17FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ANNEXES FAUST

VALENTIN« Ô sainte médaille, / Qui me vient de ma sœur, / Au jour de la bataille, / Pour écarter la mort, Reste là sur mon cœur »(Dit à Marguerite avant de mourir)« Vois-tu ma petite Marguerite ? Tu es bien jeune, tu n’as pas encore l’habitude et tu conduis mal tes affaires : je te le dis en confidence, tu es déjà une catin, sois le donc convenablement. »« Tu ne porteras plus de chaîne d’or… Et quand bien même Dieu te pardonnait, tu n’en serais pas moins maudite sur la terre. »« Ce qui doit arriver arrive à l’heure dite ! / La mort nous frappe quand il faut, / Et chacun obéit aux volontés d’en haut ! / Toi ! ... te voilà dans la mauvaise voie ! ... / Tes blanches mains ne travailleront plus ! / Tu renieras, pour vivre dans la joie, / Tous les devoirs et toutes les vertus ! ... / Oses-tu bien encore, / Oses-tu misérable, / Garder ta chaîne d’or ?...(Marguerite arrache la chaîne qu’elle porte au cou et la jette loin d’elle.) Va ! ... la honte t’accable ! / Le remords suit tes pas !... / Mais enfin ! ... l’heure sonne ! / Meurs !... et si Dieu te pardonne / Sois maudite ici-bas ! »

« Je te le dis, laisse là tes larmes ! Quand tu t’es séparée de l’honneur tu m’as porté au cœur le coup le plus terrible. Maintenant le sommeil de la mort va me conduire à dieu comme un soldat et come un brave. »« Marguerite / Sois maudite ! / La mort t’attend sur ton grabat ! ... / Moi, je meurs de ta main, et je tombe en soldat ! »

MARGUERITELe monde de Marguerite, un monde d’honnêteté, de simplicité, de labeur, et de peines « Mon frère est soldat ; j’ai perdu ma mère ; / Puis ce fut un autre malheur, / Je perdis ma petite sœur ! / Pauvre ange ! Elle m’était bien chère ! ... »

Marguerite, la coquette « Ah ! Je ris de me voir, / Si belle en ce miroir ! / Est-ce toi, Marguerite ? / Réponds-moi, réponds vite ! – / Non ! Non ! – ce n’est plus toi ! / Non ! Non ! – ce n’est plus ton visage ! / C’est la fille d’un roi, / Qu’on salue au passage ! – / Ah, s’il était ici ! ... / S’il me voyait ainsi ! / Comme une demoiselle, / Il me trouverait belle.(Elle se pare du collier.)Achevons la métamorphose ! / Il me tarde encore d’essayer / Le bracelet et le collier ! / Elle se pare du bracelet et se lève. / Dieu ! C’est comme une main qui sur mon bras se pose ! / Ah ! Je ris de me voir / Si belle en ce miroir ! / Est-ce toi, Marguerite ? / Réponds-moi, réponds vite ! – / Ah, s’il était ici !... / S’il me voyait ainsi ! / Comme une demoiselle, / Il me trouverait belle. Marguerite, ce n’est plus toi, / Ce n’est plus ton visage, / Non ! C’est la fille d’un roi, / Qu’on salue au passage. »

L’amour inconditionnel qu’éprouve Marguerite pour Faust « Ô le meilleur des hommes je t’aime de tout mon cœur ! »« Je veux t’aimer et te chérir !... / Parle encore ! / Je t’appartiens !... Je t’adore !... / Pour toi je veux mourir !... »

Mais très vite la douleur de l’attente s’empare de Marguerite… à son rouet« Je ne suis que honte à mon tour !/ Et pourtant, Dieu le sait, je n’étais pas infâme / ... Hélas ! / Où donc peut-il être ? / Il ne revient pas ! ... »

Page 20: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

18 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • FAUST

FAUST ANNEXES

Puis le doute…(À Faust)« Celui que tu as avec toi… Je le hais du plus profond de mon cœur. »

Puis le remord du péchéÀ l’église, le mauvais esprit qui n’est autre que sa conscience lui dit :« Marguerite où est ta tête ? Que de péchés dans ton cœur ! Pries-tu pour l’âme de ta mère, que tu fis descendre par de longs, de bien gros chagrins ? Et dans ton sein ne s’agite-t-il pas, pour ton tourment et pour le sien, quelque chose dont l’arrivée sera d’un funeste présage ?Cache-toi ! Le crime et la honte ne peuvent se cacher ! De l’air !... De la lumière… Malheur à toi ! »Chez Gounod, le mauvais esprit est représenté par Méphistophélès caché :« Non ! / Tu ne prieras pas !.../ Frappez-la d’épouvante ! / Esprits du mal, accourez tous !Non, / Dieu pour toi n’a plus de pardon ! / Le ciel n’a plus d’aurore ! Non, ... non ! / Adieu les nuits d’amour et les jours pleins d’ivresse ! / À toi malheur ! ... à toi l’enfer ! »

Puis l’acceptation de la mort, qu’elle entend comme une délivrance« Justice de dieu je me suis livrée à toi. Je t’appartiens père ! Sauve-moi ! Anges protégez-moi de vos saintes armées ! Henri... tu me fais horreur ! »« Anges purs, anges radieux, / Portez mon âme au sein des cieux ! / Dieu juste, à toi je m’abandonne ! / Dieu bon, je suis à toi, pardonne ! »

Illustration d’Eugène Delacroix

Page 21: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod

19FAUST • DOSSIER PÉDAGOGIQUE • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

RECHERCHE FAUST

Le mythe de Faust a largement inspiré les beaux-arts : les élèves peuvent effectuer une recherche et proposer un exposé d’une œuvre qui les intéresse à l’ensemble de la classe.

Pour cela, n’hésitez pas à vous référer au lien Wikipédia suivant, qui recense un bon nombre d’œuvres sur le mythe de Faust : fr.wikipedia.org/wiki/Faust

RechercheFaust dans l'art

Page 22: DPédago 1718 Faust - Grand Théâtre de Genève · 2017-12-21 · DOSSIER PÉDAGOGIQUE LES JEUNES AU CŒUR DU GRAND THÉÂTRE AVEC LE SOUTIEN DE 28.03– 06.04.2017 Charles Gounod