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8/8/2019 Requier-desjardins Mlanie et Caron Patrick, 2005. La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environ
1/32Comit Scientifique Franais de la DsertificationComit Scientifique Franais de la Dsertification
La lutte contrea lutte contrela da dsertif icationertif ication
La lutte contrea lutte contrela da dsertif icationertif icationUn bien public mondial environnemental ?
Des lments de rponse...
CSFFDLes dossiers
thmatiques
Numro 1
http://www.agropolis.fr/http://www.csf-desertification.org/ -
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La rdaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entirement
la charge du Comit, grce l'appui qu'il reoit des ministres franais.
Les dossiers thmatiques du CSFD sont tlchargeables librement
sur le site Internet du Comit.
Les dossiers thmatiquesdu CSFD numro 1
Directeur de la publication
Marc Bied-CharretonPrsident du CSFD
Professeur mrite delUniversit de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)Chercheur au Centre dconomie
et dthique pour lenvironnement et
le dveloppement (C3ED-UMR IRD/UVSQ)
Auteurs
Mlanie Requier-DesjardinsChercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ
[email protected] Caron
Chercheur au Dpartement Territoires,environnement et acteurs du Centre de coopration
internationale en recherche agronomique pour ledveloppement (Cirad Tera)
Avec la participation deMarc Bied-Charreton,
Antoine Cornet, directeur de recherche lInstitut de recherche pour le dveloppement (IRD)
ric Delaitre, chercheur l'unit de serviceDsertification de l'IRD et dans le programme
ROSELT/OSS (Rseau dObservatoires de Surveillancecologique Long Terme/Observatoire
du Sahara et du Sahel)
dition
Isabelle Amsallem (Agropolis)
Remerciements pour les illustrations
Danile Cavanna(Photothque INDIGO de lIRD),Anne Le Floch (John Libbey Eurotext),
la coordination rgionale de ROSELT lIRD,lOSS ainsi que les auteurs des diffrentes
photos prsentes dans le dossier.
Conception et ralisation
Olivier Piau (Agropolis Productions),
Impression : Les Petites Affiches(Montpellier)Dpt lgal : parution ISSN en cours
Imprim 1 500 exemplaires
CSFD/Agropolis janvier 2005
Comit Scientifique Franais de la Dsertification
La cration, en 1997, du Comit Scientifique Franais de laDsertification, CSFD, rpond une double proccupation desministres en charge de la Convention des Nations Unies sur la luttecontre la dsertification. Il sagit dune part de la volont de mobiliserla communaut scientifique franaise comptente en matire dedsertification, de dgradation des terres et de dveloppement desrgions arides, semi-arides et sub-humides afin de produire desconnaissances et servir de guide et de conseil aux dcideurs politiques
et aux acteurs de la lutte. Dautre part, il sagit de renforcerle positionnement de cette communaut dans le contexteinternational. Pour rpondre ces attentes, le CSFD se veut une forcedanalyse et dvaluation, de prospective et de suivi, dinformation etde promotion. De plus, le CSFD participe galement, dans le cadredes dlgations franaises, aux diffrentes runions statutaires desorganes de la Convention des Nations Unies sur la lutte contrela dsertification : Confrences des Parties, Comit de la scienceet de la technologie, Comit du suivi de la mise en uvre de laConvention. Il est galement acteur des runions au niveaueuropen et international.
Le CSFD est compos d'une vingtaine de membres et d'un Prsident,nomms intuitu personaepar le ministre dlgu la Recherche et issus des diffrents champs disciplinaires etdes principaux organismes et universits concerns. Le CSFD est gret hberg par l'Association Agropolis qui rassemble, Montpellier etdans le Languedoc-Roussillon, une trs importante communautscientifique spcialise dans lagriculture, lalimentation etlenvironnement des pays tropicaux et mditerranens. Le Comit agitcomme un organe indpendant et ses avis n'ont pas de pouvoirdcisionnel. Il n'a aucune personnalit juridique.Le financement de son fonctionnement est assur par des subventionsdu ministre des Affaires trangres et du ministre de lcologie et duDveloppement durable, la participation de ses membres
ses activits est gracieuse et fait partie de l'apport du ministredlgu la Recherche.
Pour en savoir plus :
www.csf-desertification.org
La rdaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entirement
la charge du Comit, grce l'appui qu'il reoit des ministres franais.
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sur le site Internet du Comit.
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Lhumanit doit dornavant faire face un pro-blme denvergure mondiale : la dsertifica-tion, la fois phnomne naturel et processusli aux activits humaines. Jamais la plante et
les cosystmes naturels nont t autant dgrads par notreprsence. Longtemps considre comme un problmelocal, la dsertification fait dsormais partie des questionsde dimension plantaire pour lesquelles nous sommes tousconcerns, scientifiques ou non, dcideurs politiques ounon, habitants du Sud comme du Nord. Il est dans ce
contexte urgent de mobiliser et de faire participer la socitcivile, et dans un premier temps de lui fournir les lmentsncessaires une meilleure comprhension du phnomnede dsertification et de ses enjeux. Les connaissances scien-tifiques doivent alors tre la porte de tout un chacun etdans un langage comprhensible par le plus grand nombre.Cest dans ce contexte que le Comit Scientifique Franaisde la Dsertification a dcid de lancer une nouvelle srieintitule Les dossiers thmatiques du CSFD qui veut four-nir une information scientifique valide sur la dsertification,toutes ses implications et ses enjeux. Cette srie sadresseaux dcideurs politiques et leurs conseillers du Nord
comme du Sud, mais galement au grand public, aux jour-nalistes scientifiques, du dveloppement et de l'environne-ment. Elle a aussi l'ambition de fournir aux enseignants, auxformateurs ainsi qu'aux personnes en formation des com-plments sur diffrents domaines. Enfin, elle entend contri-buer la diffusion des connaissances auprs des acteurs dela lutte contre la dsertification, la dgradation des terres etla lutte contre la pauvret : responsables d'organisationsprofessionnelles, d'organisations non gouvernementales etdorganisations de solidarit internationale.Une douzaine de dossiers est consacre diffrents thmesaussi varis que la biodiversit, le changement climatique, lepastoralisme, la tldtection, etc., afin de faire le point des
connaissances sur ces diffrents sujets. Il sagit galementdexposer des dbats d'ides et de nouveaux concepts, ycompris sur des questions controverses, dexposer desmthodologies couramment utilises et des rsultats obte-nus dans divers projets et enfin, de fournir des rfrencesoprationnelles et intellectuelles, des adresses et des sitesInternet utiles.Ces dossiers seront largement diffuss - notamment dans lespays les plus touchs par la dsertification - sous formatlectronique la demande et via notre site Internet, maisgalement sous forme imprime. Nous sommes l'coutede vos ractions et de vos propositions. La rdaction,
la fabrication et la diffusion de ces dossiers sontentirement la charge du Comit, grce l'appui qu'ilreoit des ministres franais. Les avis exprims dans lesdossiers reoivent l'aval du Comit.
Avant-propos
Marc Bied-CharretonPrsident du CSFD
Professeur mrite de l'Universitde Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ
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La Convention des Nations Unies sur la luttecontre la dsertification a ft son diximeanniversaire en 2004. Issue de l'Agenda 21adopt Rio, elle a russi impliquer tous les
pays touchs par ce processus ainsi que les pays duNord qui cooprent cette lutte.
Aujourd'hui, il parat ncessaire de faire le point sur ceprocessus de la dsertification : quelle est son importance ?Quelles en sont les consquences ? Quelle est la
vulnrabilit des socits touches ? L'aggravation de ladsertification entrane-t-elle une augmentation de lapauvret et une fragilit des ressources naturellesdisponibles ?
Nous sommes aujourd'hui dans un nouveau contexteinternational, o est apparue la notion de bien publicmondial. En effet, selon le Programme des NationsUnies pour le dveloppement (PNUD), les programmesnationaux de lutte contre la pauvret, les ressourcesnationales en faune et en flore, les ressources en eau etles quotas de rduction des pollutions atmosphriques
seraient des biens privs des tats nationaux, exclusifset rivaux. L'limination de la pauvret extrme, l'accs l'ducation, aux soins de base et l'atmosphre seraientquant eux classs comme des biens publics mondiauxnon-exclusifs mais rivaux, tandis que la durabilit envi-ronnementale serait classe au titre des biens publicsmondiaux purs, non-rivaux et non-exclusifs.
Le premier dossier thmatique du CSFD se proposed'explorer ces pistes afin de donner une nouvellevigueur la lutte contre la dsertification, qui ne seraitplus seulement la collection de quelques actionstechniques menes au niveau local pour limiter
l'ensablement et l'rosion, mais qui prendrait une nou-velle dimension, la fois locale et globale, intgrant lesquestions de dveloppement et les questionsd'environnement.
Les auteurs de ce dossier sont Patrick Caron,chercheur au Dpartement Territoires, environnementet acteurs du Centre de coopration internationale enrecherche agronomique pour le dveloppement etMlanie Requier-Desjardins, docteur en conomie etchercheur au Centre d'conomie et d'thique pourl'environnement et le dveloppement de l'Universit
de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
2 La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?
Prface
Marc Bied-CharretonPrsident du CSFD
Professeur mrite de l'Universitde Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ
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Sommaire
4De la notion de dsertification celle de bien public mondial
6Dgradation des terres et dsertification :des chiffres loquents
8La lutte contre la dsertification :des moyens daction varispour une diversit de situations
12Dsertificationet socits rurales :
des liens complexes
18Dsertification,environnement mondialet biens publics
24Comment la notion de bien public mondialpeut-elle nourrir la rflexionsur les services publics ?La rflexion se poursuit
26Acronymes et abrviationsutiliss dans le texte
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Pour en savoir plus
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La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?4
Le terme de dsertification fait son apparitionsur la scne internationale au moment desgrandes scheresses sahliennes des annes1970. Il est longtemps associ une rgion
donne et une situation dramatique et exceptionnellede scheresse : celle des leveurs sahliens transhu-mants et des espaces pastoraux en bordure du Sahara.On souligne alors tout la fois le bouleversement dessocits autochtones et la dgradation de leurenvironnement.
Par la suite, la dsertification est souvent tort assimiledans les mdias l'avance du dsert. En ralit, c'estun processus complexe, aux multiples dimensions- climatique, bio-physique et sociale - qui conduit lafois une baisse de la fertilit du milieu naturel et l'ex-tension de la pauvret. Par ailleurs, la dsertification nese limite pas aux zones arides, mais affecte aussi lesespaces semi-arides et sub-humides du globe.
partir des annes 1970, de nombreux programmes dedveloppement sont mis en place pour limiter les effets
de la dsertification : en Afrique sahlienne, ce sontprincipalement des projets localiss d'hydrauliquepastorale et d'appui la diffusion de techniques anti-rosives afin de soutenir l'agriculture. La dsertificationest alors considre par la communaut scientifique etla coopration internationale comme un problme dedveloppement local, appelant des solutions locales.
Depuis les annes 1990, les runions internationales surl'avenir des ressources de la plante ont fait voluer lestermes de ce dbat ; elles contribuent faire de la dser-tification une question de dveloppement durable etd'environnement mondial. Ainsi, la lutte contre la
dsertification fait aujourd'hui appel des mcanismesmondiaux de financement. Cette prise de conscience del'importance des questions environnementales et lavolont d'agir au niveau international ont conduit denombreuses institutions s'intresser la notion debien public mondial (BPM). C'est le cas du Programmedes Nations Unies pour le dveloppement (PNUD) qui,depuis 1999, analyse le rle de plusieurs biensenvironnementaux dans le dveloppement de la plan-te et la durabilit des processus en jeu.
La notion de bien public mondial explicite dans ce
dossier est celle qui est actuellement dveloppe par lesorganisations internationales et par certains pays dve-lopps, et utilise dans les arnes des ngociationsinternationales. Elle tente de faire face ce que l'on
pourrait appeler un mal public mondial. Nous allonsconsidrer que la dsertification en est un et voir s'ilconvient de la combattre au niveau mondial. En effet,dclarer un bien public mondial ne va pas de soi.Au-del des controverses et dbats lis l'usage et auxconceptions multiples de cette expression bien publicmondial , une telle reconnaissance suppose et conduit la mise en place de dispositifs institutionnels et finan-ciers permettant de le traiter comme tel. Ainsi, cedossier, en s'appuyant sur des exemples et illustrations
portant sur les techniques de lutte contre la dsertifica-tion ou sur les aspects socio-conomiques du phno-mne, propose d'clairer ce dbat et de produire desarguments et plaidoyers utiles. Il montre comment ladsertification s'exprime, a des rpercussions et se com-bat non seulement au niveau local, mais galement, etselon des processus interdpendants, aux chellesnationale, internationale et mondiale. Le dossiercherche identifier les liens entre les processus com-plexes impliqus dans la dsertification, qu'ils soientlocaux, nationaux ou internationaux, et, ensuite, ana-lyser les tenants et aboutissants d'une reconnaissance
de la lutte comme bien public mondial.La lutte contre la dsertificationpeut-elle tre rapproche de cette notion
de bien public mondial et si oui, de quelles faons ?
De la notion de dsertification
celle de bien public mondial
Zones surptures.
Lopold Downs,AustralieBernard Moizo IRD
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Dserti fication, ar id it, scheresse :des diff rences sign ificatives
Laridit reflte un dficit pluviomtrique permanent mais elleest aussi lie dautres donnes climatiques spcifiques : insola-tion forte, tempratures leves, faible humidit de lair et va-potranspiration pousse.
La scheresse rsulte dun dficit pluviomtrique temporaire,alors que le volume des prcipitations peut savrer suffisant.En Afrique, les cosystmes sahliens et soudaniens sont les plusaffects par les scheresses. La scheresse peut tre considrecomme un catalyseur de la dsertification car elle affecte la struc-ture du sol et provoque des changements dans la vgtation.Le passage contrast dpisodes de scheresse et de pluiesdiluviennes fragilise la structure du sol, acclre lrosion et leprocessus de dsertification. Il peut en rsulter des crises, unecroissance de la misre ainsi que des famines.
Les notions daridit et de scheresse renvoient des facteurs
climatiques ponctuels ou rguliers alors que la dsertificationtraduit un processus anthropique et concerne en particulier lesactivits conomiques de production et de consommation.La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la dsertifica-tion, adopte Paris en 1994 et ratifie 10 ans plus tard par 190pays, est la fois une Convention denvironnement et de dvelop-pement. Elle dfinit le processus de dsertification aux chellesrgionales et locales comme la dgradation des terres dans leszones arides, semi-arides et sub-humides sches par suite de divers
facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activits
humaines.La dsertification dsigne donc le dclin irrversible ou la destruc-
tion du potentiel biologique des terres et de leur capacit suppor-ter ou nourrir les populations. Ce processus met en avant lancessit daccrotre le niveau de vie des socits les plus vulnra-bles en prennisant le support de leur activit, la fertilit des terres,
ou en trouvant dautres activits qui soulagent la pression sur lesterres. La dsertification est indissociable de la question dudveloppement durable des zones sches. Comme en tmoignentles annexes de la Convention, cette notion sapplique sur tous lescontinents, principalement aux aires sches dans lesquelles ariditet scheresse sont deux donnes climatiques courantes.
Le dveloppement dur abl e :Daprs Mme Brundtland, lors de la Confrence mondiale surlEnvironnement et le Dveloppement, 1987 : Le dveloppe-ment durable est un dveloppement qui rpond aux besoins du
prsent sans compromettre la capacit des gnrations futures
rpondre leurs propres besoins.
Premier principe de la Dclaration adopte Rio lors de laConfrence des Nations Unies sur l'Environnement et leDveloppement, 1992 : Les tres humains sont au centre dudveloppement durable ; ils ont le droit une vie saine et fruc-
tueuse en harmonie avec la nature.
L'environnement mondi al est :
D'une part, l 'ensemble des conditions physiques et bio- go-chimiques dans lesquelles vivent les socits humaines (air, eauxdouces, ocans, terres, vgtations, cosystmes) ; D'autre part, l' ensemble des conditions conomiques etsociales dans lesquelles nous vivons. Cette notion est compl-mentaire de celle d'environnement local, qui se dfinit de mani-re similaire mais au niveau du village, de la ville, de la rgion.
Un bi en pub lic mondial (BPM) :
Cest un bien que tout le monde peut consommer. Sa consommationpar une personne ne pnalise pas sa consommation par les autrespersonnes. Un exemple de BPM est l'air que nous respirons.
Lexique
De la notion de dsertification celle de bien public mondial 5
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La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?6
Des continents diffremment touchs
La plupart des continents sont affects par les processusde dsertification. Les rgions arides* menaces par ladsertification occupent 40 pour cent des terres dispo-nibles, soit 5,2 milliards sur 13 milliards d'hectares.L'Afrique contient 37 pour cent des zones arides, l'Asie33 pour cent et enfin l'Australie 14 pour cent. Des zonesarides de moindre envergure existent galement en
Amrique ainsi que sur les franges mridionales del'Europe.
En 2000, environ 70 pour cent de ces terres aridestaient dj soumis la dsertification, soit 3,6 milliardsd'hectares. Sur ces 3,6 milliards d'hectares, 93 pour centtaient occups par des pturages, 6 pour cent par descultures pluviales et 1 pour cent par des cultures
irrigues.Une classification des espaces arides touchs par ladsertification existe selon les usages qui en sont faitspar les hommes. Plusieurs stades de dsertification exis-tent : rversible, svre et irrversible et 76 pour cent desterres dgrades le seraient de faon rversible.
Les causes de la dgradation des sols dans les zones ari-des agissent selon des proportions diffrentes selon lesrgions du monde : dboisement, surpturage, surex-ploitation des terres arables, bio-industries (ensembledes secteurs de l'industrie qui utilisent les biotechnolo-gies). L'Afrique et l'Asie sont les continents les plusaffects par la dgradation des sols. Il faut toutefois
noter que les apprciations et les valuations des surfa-ces affectes par la dsertification varient d'une source une autre. En effet, ces donnes sont diffrentes enfonction des critres utiliss lors des valuations. Ainsi,celles concernant les surfaces touches par la dsertifi-cation dans les zones arides fluctuent de 19,5 pour cent(en se basant sur la seule dgradation des sols) 69,5 pour cent (en prenant en compte la dgradationdes sols mais aussi celle de la vgtation).
Dgradation des terres et dsertification :des chiffres loquents
Des causes diverses mais, toujours,des facteurs anthropiques l'uvre
Type
de terres
Pturages
Cultures pluviales
Cultures irrigues
Total
Zones
arides (Mha)
4 556
457
145
5 158
Mha
affects
3 333
216
43
3 592
Dont
irrversible
72
4
2
78
Dont
svrement
757
29
-
786
Dont
rversible
2 504
183
41
2 728
Causes
principales
Dgradation de la vgtation par surpturage et
par prlvement de bois de chauffe
Instabilit, voire compaction des sols, lie
l'rosion et la perte en matire organique
Salinit des sols et mauvais drainagede l'eau
Surfaces affectes en 2000 par la dsertification dans les zones arides selon l'usage (millions d'hectares Mha)D'aprs Katyal et Vlek, 2000.
* Par commodit dusage dans ce dossier et conformment ce qui estcommunment admis, les zones arides incluent lensemble des zonesconcernes par la dsertification, cest--dire les espaces arides,semi-arides et sub-humides secs.
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Les causes principales de la dgradationdes sols dans les zones arides,par rgion gographique en 1999.Source : site Internet de la FAO (Organisationdes Nations Unies pour l'alimentation etl'agriculture), consult le 19/11/2004www.fao.org/NOUVELLE/FACTFILE/IMG/FF9710-f.pdf
Transport du bois usagedomestique rcolt en brousse.
l'aube, sur la digue du lacdu barra ge de Sologo. Cte dIvoire.
Christian Lvque IRD
Dgradati on des terres et dsertification : des chiffres loquents 7
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Les formes prises par la dsertification, les causeset les processus qui y conduisent, diffrent enfonction de la rgion, mais aussi des modesvaris de l'exploitation par l'homme des terres
et de la vgtation. La lutte contre la dsertification(LCD) repose alors sur une grande diversit de tech-niques, de moyens et d'actions, varit illustre dans cechapitre par deux exemples.
Trois constats importants :
Les problmes de dsertification sont diffrents dans lecas de la dgradation des parcours, des zones de culturepluviale en zone sche et des primtres irrigus. Ils fontalors appel des techniques diffrentes d'entretien et dergnration du milieu. Pour avoir un rel impact, il importe que ces tech-
niques de LCD s'intgrent et contribuent aux schmascollectifs locaux d'organisation sociale, voire consti-tuent la base de nouveaux modes d'organisation. Par ailleurs, on estime souvent plus conomiqued'investir dans la prvention des risques de dsertificationque de remettre en tat des sols dj dsertifis : la LCDconcerne alors l'ensemble des zones arides susceptiblesd'tre affectes par ce phnomne.
Les mthodes de LCD comprennent des techniquescorrectives locales, d'amlioration de l'exploitation desressources naturelles et de leur productivit ou del'ensemble des systmes de culture et d'levage. Ellesincluent galement la mise en place de mcanismes insti-tutionnels, tant au niveau local qu'au niveau national,propices au dveloppement conomique et social. Parexemple, pour assurer la conservation des sols exploitspour la culture pluviale, les projets de dveloppementproposent des techniques de LCD depuis une trentained'annes : elles font appel des techniques laboreslocalement ou au contraire exognes. La jachre, le za ,
les diguettes, les cordons p ierreux , la vgtalisation desalignements de pierre, les boulis, les demi-lunes, lesfosses de compostage, les tapis herbacs et lesplantations d'arbres figurent parmi les techniquesprincipales d'entretien des sols cultivs en Afrique. Cestechniques et leurs applications ont t testes et perfec-tionnes de sorte que leurs rsultats sur le milieu naturelsont assez bien connus des experts.
8 La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?
La lutte contre la dsertification :des moyens d'action varispour une diversit de situations
La lutte s'organise au niveau local :
un exemple africain de techniques d'amnagementdes sols en zone de culture pluviale
Temps et cots ncessaires pour rgnrerles sols dgrads au Sngal
Un cosystme sahlien en bon tat au Sngal prsente un stockde carbone dans le sol et dans la biomasse d'environ 16 tonnes parhectare. Le carbone, l'azote et le potassium constituent la matireorganique des sols. La dgradation de cet cosystme, son volu-tion vers un sol de type cuirass par exemple, peut avoir lieu enl'espace de quelques annes et entrane un dstockage importantde carbone, une perte suprieure 10 tonnes par hectare (un sol
mme dgrad conserve un stock rsiduel de carbone).En moyenne, la squestration du carbone dans les sols, aprs rev-gtalisation (reconstitution de la couverture vgtale) est de0,4 tonne par hectare et par an dans les sols tropicaux.
En prenant le taux de carbone pour indicateur, il faudra donc plusde 25 annes pour rcuprer certaines potentialits de ce sol, soitplus d'une gnration.Une telle dgradation, dont l'chelle de traitement dpasse unegnration, est dfinie comme irrversible. Son cot peut trevalu partir du manque gagner rsultant de l'impossibilitd'exploiter conomiquement un tel sol.La restauration, c'est--dire la remise en tat productif de ce sol,pourra se faire par des techniques appropries qui ncessitent desinvestissements particuliers : elle aura donc un cot conomique
important. Au final, une valuation du cot conomique total de ladgradation de ce sol correspond la somme du manque gagner(dgradation) et des investissements de rcupration (restauration).
Daprs Bille, 1977 ; Cornet, 1998.
Zoom
Oasis d'El Guettar, Tunisie. Massif calcaire, situ en amontde l'oasis, servant d'impluvium aux eaux mtoriques et
alimentant l es aquifres profonds. Sur le versant depiedmond, des amnagements anti-rosifs ont t mis en
place pour lutter contre le ruissellement de surface.Jean-Pierre Montoroi IRD
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Les utilisateurs connaissent bien les effets de ces tech-niques et ils prfrent appliquer simultanment unensemble de technologies qui interagissent de faonpositive. Par exemple, au Burkina Faso, ils associent descordons pierreux vgtaliss avec Andropogon Gayanus
(gramine prenne fourragre) et des za creuss dansl'espace entre deux alignements de pierres. Ils ajoutentde la matire organique (compost) dans les trousdu za.
Pour tre efficaces, les techniques de conservation dessols comme les diguettes, ncessitent bien souvent uneaction concerte, au-del de la parcelle ou du groupe deparcelles, c'est--dire l'chelle d'un espace utilis etmis en valeur par de multiples acteurs : le terroir, le
finage, l'ensemble du versant sur lequel elless'appliquent, etc. L'existence ou la mise en place deformes spcifiques d'organisation et d'action collectiveest alors requise ces chelles.
Des moyens dactions varis pour une diversit de situati ons 9
Techniques de rgnration des sols auBurkina Faso : comment faire et quel cot ?
Le za : technique culturale du sol dgrad qui consiste creuser untrou de 15 20 cm de diamtre sur une profondeur de 15 20 cmen priode sche afin de capter leau de pluie. Le zaest adapt auxseules zones sahliennes dAfrique (ni saharienne au nord, ni souda-nienne au sud). Son cot est estim 5 FCFA* par trou soit 79 380FCFA* par hectare.
Les diguettes en pierres : construites sur les sols en pente faible, ellespermettent dviter le ruissellement et la perte de sol. Plusieurs techniquesexistent. Les pierres alignes constituent le plus simple des systmes decordon pierreux, celui qui requiert le moins de moellons, mais aussi celuiqui autorise le plus de ruissellement. Le systme PDS (pierres dressesavec sous-solage) est le plus efficace : il vite un coulement importantde leau entre les moellons, la constitution de rigoles en aval et les dptsde terre qui rduisent linfiltration et crent des stagnations en amont ducordon. Les cots de ces techniques, outre le traage des courbes deniveau, varient en fonction des moyens de transport et de lorganisationde la main duvre. Si les moellons sont disponibles et abstraction faitedu cot de lassistance extrieure : Pour un travail en groupe, il faut entre 80 et 160 personnes salaries
par jour pour raliser un traitement en diguettes sur un hectare, ce quicorrespond 248 FCFA* par mtre de cordon en supposant300 mtres damnagement lhectare. Pour un travail ralis au champ par le bnficiaire, 10 FCFA* parmtre de cordon suffisent.
La combinaison de zaet de cordon pierreux : sur un hectarede sorgho dans deux villages du nord burkinab (pluviomtrie variant
entre 400 et 500 mm par an), le rendement de 166 kg lhectareobserv sans amnagement, atteint grce cette combinaison 750 kg lhectare, voire 1 050 kg.
Les digues filtra ntes : i l sagit dune technique de stoppage du ravi-nement pour permettre lexploitation agricole dun bas-fond. La digueralentit lcoulement de leau et provoque la sdimentation des terrescharries. Lintervention est ncessaire sur lensemble du bassin ver-sant. La digue filtrante est complte par des diguettes en pierre dechaque ct du lit du bas-fond. Construire ces diguettes revient uncot partiel de 240 000 FCFA* , abstraction faite de la valeur de lamain duvre fournie par les populations bnficiaires. Ce cotcomprend sept voyages de camion-benne, 80 000 FCFA*
la location journalire du camion.
* 1 Euro = 655,96 FCFA (Franc de la Communaut Financire Africaine)
Daprs Som et al., 2000 ; Hien, 2004.
Le zaDaprs Som et al., 2000. Scheresse. 11(4)
Les trois systmes de diguettes en pierresFEER : systme trois pierres
PDS : systme de pierres dresses avec sous-solageDaprs Som et al., 2000. Scheresse. 11(4)
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Le Rseau dObservatoires de Surveillance cologique Long Terme (ROSELT) est un programme mis en uvrepar lObservatoire du Sahara et du Sahel (OSS, organisa-tion internationale tablie en Tunisie). Il est constitupar un ensemble dobservatoires fonctionnant enrseau lchelon rgional de la zone gographique delOSS, sur le continent africain, en couvrant trois sous-rgions : lAfrique du Nord, lAfrique de lOuest etlAfrique de lEst. Au niveau rgional, ROSELT repose surlengagement des pays africains se doter en commundun outil de surveillance transfrontalier au niveau de lazone, en faisant converger les intrts nationaux, sous-rgionaux et rgionaux.
Ce rseau a pour but dorganiser une surveillance scien-tifique de lenvironnement afin dune part de caractri-
ser les causes et les effets de la dgradation des terres et,dautre part, de mieux comprendre les mcanismes quiconduisent la dsertification. Il vise en plus fournirdes donnes fiables sur la dgradation des terres enzones arides et des indicateurs biophysiques et socio-conomiques pertinents de la dsertification.
Pour rpondre ces diffrents objectifs, la dmarchegnrale engage repose sur les points suivants :
utiliser et valoriser les acquis pour tablir un diagnos-tic initial du territoire ; mettre en uvre un systme harmonis de surveillan-ce environnementale sur les cosystmes et les agro-systmes (kit minimum de donnes, guides mthodolo-giques de collecte et de traitement des donnes) ; garantir la prennit du dispositif de surveillance par lemoindre cot, lancrage institutionnel dans les poli-tiques nationales, et le renforcement des capacits tech-niques et scientifiques des pays ; rendre les connaissances acquises utilisables pourles acteurs du dveloppement en laborant des outils detraitement et de circulation de linformation
(modlisation avec un Systme dInformation surlEnvironnement Local [SIEL], site Internet, outil degestion des mtadonnes [MdWeb]).
une chelle internationale, la recherche scientifiqueau service de la lutte contre la dsertification :lexemple du programme rgional ROSELT
ROSELT en quelques dates cls
La premire phase de ce programme a t marque par la tenuede latelier de Rabat au Maroc en avril 1994, puis par llabora-tion dun document fondateur sur la conception, organisation etmise en uvre de Roselt (aot 1995). Durant cette phase delancement, 25 observatoires ou grappes dobservatoires ont tlabelliss, et 14 observatoires pilotes ont t slectionns pourlinstruction des requtes financires.
En 1998, la phase oprationnelle pilote a dbut, afin de tester defaon harmonise des protocoles de collecte, de traitement et dediffusion des donnes. Lanne 2000 a constitu un tournantprogressif en passant dune premire phase consacre essentielle-ment au dveloppement conceptuel et organisationnel, une phaseplus oprationnelle oriente vers une meilleure structuration etconsolidation des acquis du rseau.
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Localisation des observatoiresde ROSELT en 2001ROSELT/OSS
Source : Site Internet de ROSELT/OSS,consult le 19/11/2004
www.roselt-oss.org
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Les formes prises par la dsertification ainsi que lescauses et processus qui y conduisent varient dunergion lautre. Lorigine de la dsertification sur lesfronts pionniers de la rgion soudanienne en Afrique est
par exemple diffrente de celle concernant les espacessahliens au sud du Sahara. Dans le premier cas, ladsertification est lie la dforestation et la mise enplace de cultures sur brlis plus quau manque deau.Dans le second cas, elle a pour origine laction conjoin-te du climat et du surpturage qui favorise lrosion dessols. Ces diffrences sont aussi lies des modesdexploitation distincts des terres et du couvert vgtal.
De ce fait, la lutte contre la dsertification tout commela dsertification dailleurs - se caractrise par la multi-plicit des champs scientifiques et thmatiques concer-
ns : gestion des ressources naturelles et prservation delenvironnement, dveloppement du secteur agricole etpastoral, scurisation de laccs aux ressources et auxrevenus, lutte contre la pauvret, etc.
Linterdpendance des champs et moyens daction- depuis la mise en pratique locale de techniques culturalespar des individus ou groupes dindividus jusqu laproduction de connaissances concernant les phnomnesen jeu au niveau rgional -, ainsi que celle des acteursimpliqus (agriculteurs, leveurs, dcideurs, institutionsde recherche, etc.) amnent apprhender la dsertifi-cation et la lutte contre la dsertification diffrenteschelles spatiales. Seule une telle dmarchepermet de saisir les volutions en cours et de concevoirun ensemble dactions adaptes au problme rsoudre.
la multiplicit dchelles spatiales correspond une diver-sit de formes organisationnelles et institutionnellesquil convient de reprer, dvaluer, de susciter etdencourager.
Des moyens dactions varis pour une diversit de situati ons 11
Un ensemble dactions adaptes des situationsvaries et des chelles spatiales multiples
Dans la valle alluviale du bassin versant du lac collinaired'El Gouazine, Tunisie, zone de pastoralisme et d'agriculture
pluviale. Amnagement en banquettes anti-rosives (tabias).Garrigue et habitat dispers sur les versants.
Jean-Pierre Montoroi IRD
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Dsertification et socits rurales : des liens complexes 13
Migration et dsertification entretiennent des lienscomplexes, que ce soit en un lieu spcifique, dans leszones avoisinantes ou grande, voire trs grandedistance.
Lhistoire a montr que les populations des zones aridessavent rguler des chocs conjoncturels environnemen-taux ou sociaux par les pratiques migratoires et parlpargne, sous forme de btail par exemple. En effet, lesmigrations aident la cration et lentretien de tissussociaux dans lespace. Elles peuvent tre entenduescomme des stratgies de minimisation des risques. Lesfamilles disperses dans des espaces diffrencis,notamment en termes de pluviomtrie, de sol et devgtation, se protgent ainsi des risques de scheresseet de famine. Des frquences migratoires leves, parexemple les migrations en sauts de puces , peuvent
aussi indiquer lappauvrissement ou la saturation dunmilieu et son incapacit accueillir durablement despopulations migrantes ou subvenir aux besoins desrsidents.
Et augmentent la vulnrabilitet le risque de pauvret des migrants
propos du capital social :dif fren tes conception s
Parmi les fondateurs de la notion de capital social se trouventColeman, Bourdieu et Putnam.Dans un entretien accord au magazine Sciences Humaines,Putnam prcise ce quil entend par capital social. Le capitalsocial est constitu par les normes et les rseaux qui facilitent la
confiance, la coopration et laction collective. Il prcise danscette entrevue sa conception en sopposant simultanment Coleman et Bourdieu. En opposition Coleman, il nuance leseffets que lon peut attendre du capital social. Pendant unedizaine dannes, lors de mes recherches en Italie, jai utilis la
notion de capital social de James Coleman. Mais je men suis
cart, car pour Coleman, les rseaux et les normes ne peuvent
avoir que des effets positifs. Pourtant certains rseaux comme le
Klu Klux Klan ou le parti nazi ont eu des effets dsastreux. Depuis
10 ans, je me suis donc cart de cette dfinition. Il sopposeaussi Bourdieu chez lequel il peroit paradoxalement uneconception individualiste du capital social. Pierre Bourdieu sestaussi intress au capital social, mais davantage pour les bn-
fices que les individus peuvent en tirer pour eux-mmes. Ainsi, si
vous cherchez du travail vous utilisez vos rseaux. Pour moi, le
capital social peut avoir des consquences externes, cest--dire
quil profite aussi aux personnes qui nen sont pas dotes.
Ces deux oppositions marquent bien la diversit des approchesque lon peut avoir. Le concept de capital social, sil peut sav-rer tre trs pertinent, reste nanmoins assez mouvant.
Daprs Ballet et Guillon, 2003.
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Labsence dancrage dans un espace donn a des rper-cussions sociales importantes : elle accrot la vulnrabi-lit des migrants. Elle se traduit de surcrot par unmanque dintrt de la part des familles passagres pour la gestion des ressources renouvelables. En effet, latransmission de croyances et de savoirs locaux sur len-vironnement contribue la cohsion sociale. De mme,laffaiblissement dun ensemble de croyances et dorga-nisation sociale peut dboucher sur un amoindrisse-ment du capital social et culturel et sur une accentua-tion de la pauvret. La connaissance et les savoirs sur lemilieu peuvent se perdre, engendrer une csure entreles socits et leur environnement, tandis quune com-ptition accrue sur les terres peut favoriser la dsagrga-tion des tissus sociaux lis lexploitation des ressour-ces. Les tensions qui rsultent dune privation des droits(notamment des droits daccs aux ressources, eau etterres en particulier) pour les populations, cest--diredune croissance de la pauvret, peuvent aussi porter
prjudice la paix sociale.
Diffrents types de pauvret existent : la pauvretdaccs ou pauvret immdiate se diffrencie de lapauvret de potentialits qui indique la vulnrabilit venir. Les liens entre la dsertification et ces diffrentesformes de pauvret sont chaque fois spcifiques.
14 La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?
Dimensions du bien-tre
conomique
Environnementale
Sociale
Culturelle
Politique
thique
Forme de pauvret : pauvret daccessibilit
Manque daccs lemploi et manque de revenu
Impossibili t dacheter les produits ncessaires
lactivit de production et au quotidien (consommation)
Pas daccs au crdit
Pas daccs aux ressources naturelles
Pas daccs leau
Pas daccs aux semences
Pas daccs la sant, lducation et au logement
Exclusion sociale
Rupture des liens sociaux, notamment entre les classes dge
Problme de genre
Pauvret identitaire lie au dracinement
Pas daccs au capital culturel
Manque de conditions de dialogues
et de processus dmocratique
Pas de participation aux dcisions
Pas de normes
Corruption
Pas de valeurs communes
Forme de pauvret : pauvret de potentialits
Absence de capital physique : habi tats, terrains, biens
Absence de capital financier
Absence de capital naturel disponible :
terres de culture, btail
Raret des eaux de pluie et de leau de surface
Marginalisation, absence de tissu social
Absence de cohsion sociale
Insuffisance du capital culturel
Illettrisme
Absence de fond culturel commun
Absence de pouvoirs, de moyens dexpression
et dinformation
Insuffisance de normes partages
Absence de valeurs partages
Les formes de la pauvret et du bien-treDaprs Dubois et al., 2001.
Enfants la collecte d'eau avec leurs calebasses dansl'un des nombreux puits creuss dans le lit d'unerivire assche, rgion de Dierma, Burkina Faso.
Marc Bournof IRD
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Des pratiques foncires en pleine mutation
Dans les rgions arides et semi-arides, le peuplement etles modes dactivits rurales se sont gnralement cons-truits en rfrence lala climatique. Les populations ontdvelopp des techniques de prservation de leur milieu,techniques dont la faisabilit est souvent elle-mmeconditionne par les statuts fonciers :
En milieu agricole : parmi les techniques les plus connues,figurent la rotation des cultures et la mise en jachre.Ces techniques dites traditionnelles sont dornavantcompromises par les changements socio-conomiques destrente dernires annes : accroissement de la population,nouvelles techniques de production et cultures de rente,accroissement des surfaces cultives, ouverture au marchet poids des politiques agricoles, qui ont modifi les priori-ts et les contraintes des producteurs.
En milieu pastoral : la transhumance saisonnire destroupeaux est un moyen de rguler la charge despturages et dviter leur dgradation. Cest unepratique en rgression parmi les leveurs. En effet :
Les scheresses des annes 1970 et 1980 ont entranen Afrique de lOuest, de lEst, sub-saharienne et duNord, un transfert du cheptel des mains des leveurstranshumants celles des agriculteurs devenus agro-leveurs ; ainsi, les leveurs nomades sont souventdevenus les bergers des troupeaux des propritairessdentaires.
Lextension des surfaces cultives gne le passage desanimaux transhumants. Lenrichissement de certains leveurs et l'accumulationparfois excessive de certains grands troupeaux psent surla ressource pastorale et peuvent tre une cause dedgradation.
Ces modifications ont entran la perte dune partie dusavoir pastoral propos du milieu naturel.
De nombreux travaux ont tudi les volutions dessystmes dallocation des terres au cours des trentedernires annes. Ces tudes ont gnralement montr que
les systmes ancestraux et flexibles de droits dusage et demise en valeur de la terre taient battus en brche par leffetdes migrations, de la rarfaction des ressources, delextension des terrains agricoles ou du placage denouveaux cadres institutionnels inadapts. Desarrangements informels se sont dvelopps, surtout dansles rgions daccueil, de manire entretenir lavantagefoncier des familles autochtones installes depuis plusieursgnrations. Ces arrangements ou contrats de type fermage(ou mtayage) apparaissent diversifis. En revanche, lesexploitants qui y souscrivent ont souvent peu de garantiesur la durabilit de leur installation.
Dans ces conditions, une politique de lutte contrela dsertification doit ds sa conception intgrerladaptation des cadres et institutions de rgulationfoncire et galement impliquer les propritaires et ayantsdroit multiples des terres. Toute mesure peut en effet setraduire par un impact sur le niveau de revenu desagriculteurs ou sur les possibilits de renouvellement deleur contrat de mise en valeur des terres.
Une prise en compte indispensable des questionsfoncires dans les politiques de lutte contre la dsertification
Foncier et d serti fication
Les rapports fonciers expriment les modes de rgulation construitspar les hommes pour organiser les espaces et les exploiter, grerles ressources et faonner les paysages. Ils se traduisent par despratiques et des reprsentations et s'appliquent diffrenteschelles d'intervention, se caractrisant par une dynamique spa-tiale et temporelle. Le foncier traduit un jeu d'acteurs au seinduquel les relations entre socits et nature constituent un enjeu
primordial. L'organisation foncire peut conditionner l'avenirenvironnemental en se rvlant un facteur favorisant la dgrada-tion ou au contraire devenir un moyen de lutte contre la
dsertification. L'intrt d'tablir le lien entre l'tat du milieu et lergime foncier, consiste dpasser le cadre technique de la ges-tion de la dgradation des terres et d'analyse de la dsertificationpour prendre en compte le fait que les dcisions et les comporte-ments participant la gestion se situent l'origine mme de ladgradation. La reprsentation sociale que les acteurs se forgentde l'espace dans lequel ils voluent conditionne leur sentiment
d'implication dans le devenir de leur environnement. Le statut etle type de valeur qu'ils accordent aux ressources environnemen-tales ont des consquences sur le mode d'utilisation qui en est fai t.
Daprs Barrire, 2003.
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Les populations les plus touchespar la dsertifi cation sont parm icelles les plus dshr ites de la pla nte
Parmi les 50 pays dont le produit national brut (PNB) par habi-tant est infrieur 500 dollars amricains, 26 sont trs directe-
ment affects par la dsertification. Par ordre dcroissant de PNBpar habitant, ce sont le Sngal, le Zimbabwe, lInde, lePakistan, les Comores, la Mauritanie, le Ymen, lOuzbkistan,le Kenya, la Gambie, le Soudan, lOuganda, la Zambie,
la Rpublique centrafricaine, le Kirghizistan, la Rpublique uniede Tanzanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le N iger, le
Tadjikistan, l Afghanistan, l rythre, le Malawi, la Somalie etlthiopie, soit une population concerne denviron un milliard et750 millions dhabitants.
Daprs la Banque Mondiale, 2000.
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Laction en faveur du foncier dans les zones aridesparticipe la lutte contre la dsertification. En effet, lascurisation de laccs aux ressources est un lment-cl de la prennisation et de la durabilit des systmesde production agricole et dlevage.
La dcentralisation de la gestion des ressources naturelles,promue au niveau international, est progressivementmise en place dans les pays du Sahel affects par ladsertification. Cette politique qui donne priorit lagouvernance locale des ressources naturelles, devraitpermettre la rgulation foncire de l'usage des terres,notamment au travers de l'adoption de conventionslocales d'environnement.
La dsertification : une dimension mondiale ?
Dans un monde en profonde mutation, les comportementsdes agriculteurs et des leveurs se sont galement modifis.En plus des variations du climat, de leffet sur le milieu oudes donnes des marchs locaux, il faut galementsadapter aux changements intervenant dans les politiquesconomiques nationales et aux pressions lies lvolutiondes marchs mondiaux des matires premires. Seuls ceuxqui ont une comprhension large de ces phnomnes et deleurs articulations peuvent anticiper, concevoir denouvelles stratgies de production et tenir compte desconsidrations lies lenvironnement.
En outre, si lon considre louverture des marchs et
limpact des dcisions conomiques sur les pratiquesagricoles dans de nombreux pays en dveloppement (choixde production, mise en valeur du foncier, techniquesculturales, etc.), et notamment dans les zones arides, ladsertification peut tre envisage comme lune desconsquences plausibles de la mondialisation. Des dcisionscommerciales par exemple, mais aussi militaires, prises lchelle rgionale et mondiale, peuvent avoir desrpercussions locales en termes de dsertification : dans cedernier cas et devant trop dinscurit, la dsertificationpeut se traduire par un abandon des terres de la part desagriculteurs et des leveurs ainsi que par lexode et le refuge.
Les frontires de la dsertification ne se limitent pas auxzones arides. En effet, les migrations vers les rgionspriphriques favorisent lextension de la dsertifica-tion jusque dans des zones humides ou aux littoraux
lointains. Les migrations longue distance gnrenttensions et conflits. Laccroissement de la pauvret etdes ingalits en milieu rural dans les rgions aridesmais aussi les implications nationales et internationalesde cette volution font de la dsertification un problmemondial : les zones soumises la dsertificationregroupent les populations les plus dshrites de laplante ; celles-ci se trouvent rgulirement en situationdinscurit alimentaire. Paradoxalement, ces rgionsont gnralement constitu des foyers historiques derayonnement culturel et conomique et sont souventriches du point de vue de la biodiversit.
Hutte temporaire de migrant faite d'corce de baobabou "Renala" (Adansonia grandidieri), construite
proximit des essarts ou des pturages,rgion de Morondava, Menabe, Madagascar.
Bernard Moizo IRD
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Prparation du terrain pour le semidu sorgho de dcrue, Donaye, Sngal.
Jean-Luc Maeght IRD
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Les conventions internationales
d'environnementLes trois grandes Conventions des Nations Unies surl'Environnement adoptes Rio ou aprs Rio sont : La Convention Cadre des Nations Unies sur le changement cli-matique, en anglais UNFCCC, United Nations FrameworkConvention on Climate Change
La Convention des Nations Unies sur la diversit biologique, enanglais UNCBD, United Nations Convention on Biological Diversity La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la dserti-fication, en anglais UNCCD, United Nations Convention toCombat Desertification.
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La dsertification est-elle un flau mondial justifiant une action concerte aux niveauxinternational et mondial ? La LCD peut-elle treconsidre comme un bien public, un bien qui
est avantageux parce que sa production profite toute lacollectivit ainsi qu'aux gnrations futures ? La justifica-tion repose alors sur l'hypothse suivante : l'inversion desprocessus de dgradation des terres et la rduction de lapauvret permettraient l'amlioration des conditions devie, la stabilisation des populations dans les rgions
affectes par la dsertification ainsi que la paix sociale.S'agit-il d'un bien public de nature environnementale ? quelle chelle : locale, nationale, internationale oumondiale ? Quels sont les dispositifs institutionnelspermettant la mise en place de faon quitable du bienpublic appel lutte contre la dsertification ?
La dsertification est un thme de plus en plus abord
lors des dbats internationaux concernant l'environne-ment mondial depuis la Confrence de Rio en 1992 et lareconnaissance explicite d'une ncessaire action inter-nationale dans le domaine de l'environnement. La rati-fication par la suite de conventions internationalesd'environnement et la cration d'institutions interna-tionales spcialises dans la gestion de l'environne-ment, en particulier le Fonds pour l'environnementmondial (FEM ou GEF en anglais : Global EnvironmentFacility) et en France, le FFEM (Fonds franais pourl'environnement mondial), offrent un cadre de travailappropri pour traiter ces questions.
Le changement climatique, la biodiversit et les eauxinternationales, sont reconnus comme des thmes del'environnement mondial. La dsertification et la con-servation des forts ont tout d'abord t prises encompte dans la mesure o elles interagissent avec lestrois champs prcdents. Les interactions entre dserti-
fication, changement climatique et biodiversit sont
donc l'objet d'une attention particulire, raffirmelors des runions des conventions internationales surl'environnement. Les enjeux sont consquents. Jusqu'fin 2003, les questions lies la dsertification nefaisaient l'objet d'un traitement et d'une mobilisationadquats de moyens l'chelle mondiale que de faonindirecte. Depuis la dernire Confrence des Parties laConvention des Nations Unies sur la lutte contre ladsertification en aot 2003 la Havane, le FEM aouvert un guichet financier pour la lutte contre ladgradation des terres, qui inclut tous les processus dedsertification.
En France, la cration du CSFD (Comit ScientifiqueFranais de la Dsertification) en 1997 permet demobiliser la recherche et l'expertise dans le cadred'actions de lutte contre la dsertification : organeconsultatif, le Comit est ainsi une interface entre larecherche et l'action.
Dsertification,environnement mondialet biens publics
Femmes bella puisant de l'eau da ns la mare de Ganadawr i.De l'autre ct de la mare un troupeau de chvres
attend son tour pour s'abreuver, Oudalan, rgion d'Oursi.Ganadawri, Burkina Faso.
Franois Sodter IRD
La dsertification : une question secondaireau niveau international ?
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Dsertification, environnement mondial et biens publics
Les interactions entre dsertification, biodiversit etchangement climatique restent pour une grande part explorer et valuer. lchelle plantaire, elles sontformules par la communaut scientifique comme destendances ou bien souvent des hypothses. Les scienti-fiques saccordent dire que la dsertification accentuela perte de biodiversit et les risques lis au change-ment climatique. Comment valuer ces interactions ?Quelles chelles dvaluation privilgier ?
Les interactions entre dsertification et changementclimatique sont mal connues : certes, la successiondpisodes de scheresses et de pluies entrane unerosion des sols et un dstockage conscutif ducarbone, et accrot donc la teneur en carbone delatmosphre. On estime ainsi que la LCD, en particulierles techniques anti-rosives et de protection des sols,minimise les risques lis au changement climatique.Par ailleurs, la contribution de la dsertification auchangement climatique via les gaz effet de serre estvraisemblablement minime par comparaison avec lesindustries polluantes.
En ce qui concerne la biodiversit, la lutte contre ladsertification passe en premier lieu par lamnagementdespaces garantissant la rsilience des cosystmes et la
sauvegarde despces et de paysages. Les recherches encours sur la diversit des modes de domestication dumilieu et leurs impacts sont cet gard fondamentales.
La valorisation conomique de lenvironnement :une solution pour sa conservation ?
La conservation passe pour certains responsables parla valorisation conomique de ressources disponiblesou cres. Sil sagit l certes dune piste intressante, ilsemble que la conservation et la valorisation de lenvi-ronnement et de ses composantes ne permettent dansde nombreux cas ni dassurer une rmunration satis-faisante au regard des efforts consentis ou requis pouramnager lespace, ni de garantir une rpartition qui-table des gains engendrs par sa mise en valeur.Supposer et dfendre une valorisation de lenvironne-ment et sa rgulation par le biais du march condui-sent ainsi questionner les relations entre ces deux
objectifs potentiellement divergents et contradictoiresque sont la conservation de lenvironnement par laLCD et la lutte contre la pauvret. lchelle locale parexemple, la valorisation conomique dune espce envoie de disparition peut devenir un facteur dingalitsociale, lorsque, sous leffet de la marchandisation, cesbiens collectifs sont appropris de faon privative etconcurrentielle.
Dsertification, biodiversit et changement climatique :
des interactions complexes et mal connues Dsertification, biodiversit etaccs la terre au Niger
Dans la rgion du centre du Niger, les niveaux suprieurs de la bio-diversit, les paysages et les cosystmes se sont rods depuis lesgrandes scheresses des annes 70. Cependant, au niveauspcifique, il ny a pas, de faon gnrale, de relle disparitiondespces, mais une rarfaction et un dplacement vers le sud aveclvolution de la pluviomtrie. En raction ces volutions, lespopulations mettent ces espces en dfens ou en culture dans desmilieux favorables comme les bas-fonds, par slection et parconservation de rejets darbres spontans. Les paysans crent aussi
des parcs arbors dans leurs champs, ou en bosquets et en haies. Ilsintroduisent galement de nouvelles espces. Lappropriation desvgtaux concide de plus en plus avec celle du sol. Le changementdes conditions cologiques et sociales dexercice de lagriculturecontribue faire voluer les droits et les comportements des paysansvis--vis des ressources : la valeur montaire de la terre saffirme ainsique la marchandisation des droits de proprit (transfert marchandde la terre). Il y a une croissance des ingalits dans laccs la terreainsi quun accroissement des disparits conomiques en milieu rural.Selon les acteurs, certaines pratiques sont minires et dautres intgrentla conservation, une attitude qui dpend de leur statut, de leursrichesses conomiques et relationnelles ainsi que de leurs contraintesmatrielles et sociales. Lrosion de la biodiversit spontane saccom-pagne dune croissance de la biodiversit cultive : en fait, lrosion dela biodiversit commune saccompagne dune croissance de labiodiversit prive.
Daprs Luxereau et Roussel, 1998.
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Une mise en uvre dlicatedes trois conventions environnementales
Les relations entre les actions lies la mise en uvre desdiffrentes conventions environnementales sont ainsi com-plexes, parfois synergiques, parfois antagonistes. Elles peu-vent de plus se rvler synergiques une chelle donne,antagonistes une autre chelle, globalement porteuses ou
non de justice sociale.Lapplication simultane au niveau local des diffrentesconventions pose en outre avec acuit la question de larti-culation entre les nombreuses organisations et institutionsqui en assurent lancrage et de la manire dont elles inter-agissent avec les organisations collectives pr-existantes.Lefficacit et la durabilit des actions sont lies leur por-tage par des organisations locales et leur capacit instau-rer des cercles vertueux au regard de la pauvret. Maisquelles concernent le changement climatique, la biodiver-sit, la protection des sols et des ressources hydriques,la dsertification ou encore des interventions encourages
et appuyes par des bailleurs de fonds telles que la luttecontre la pauvret, ce sont en effet autant de transforma-tions sociales qui soprent et qui interfrent.
Un concept ncessaire dans un contexte de mondialisation
En 1999, le PNUD propose la notion de bien public mon-dial (BPM) afin de prendre en compte les volutions lies la mondialisation. Il publie un premier ouvrage intitul Les biens publics mondiaux : la coopration internationa-
le au XXIme
sicle (1999) dans lequel les auteurs proposentde sappuyer sur la notion de bien public pour concevoirune nouvelle forme de coopration internationale la foisplus juste, plus efficace et adapte aux effets de la
mondialisation. Les BPM y sont dfinis comme des biensdont le produit dpasse les frontires entre individus,rgions et pays et de faon trans-gnrationnelle. Lesauteurs proposent quatre catgories de biens publics mon-diaux : la paix et la scurit, lenvironnement, la sant, laconnaissance et linformation. En France, le ministre des Affaires trangres (MAE) et lAgence Franaise deDveloppement (AFD) ont galement dvelopp cette
notion, notamment sous lgide du Haut Conseil de lacoopration internationale (HCCI).
Par dfinition, les biens publics prsentent pour lesconomistes deux caractristiques : Ce sont des biens pour lesquels il est impossible dexcluredes usagers. La consommation de ces biens par les uns ne rduit pascelle des autres.
Les biens publics existent sous des formes plus ou moinspures, plus ou moins mixtes. Ils peuvent tre fournis par lesecteur priv ou par ltat.
Deux autres critres permettent de dfinir les biens publicsainsi que leur modalit dapprovisionnement : la taille dugroupe usager et la divisibilit du bien. Ils amnent rai-sonner, imaginer et dcider du type de financement encourager et mettre en uvre pour crer, grer etprserver le bien. Si le groupe usager est de grande taille et ladivisibilit du bien est rduite, ltat peut par exemple dci-der de financer le bien public correspondant. Si le groupe estde petite taille, lallocation du bien peut tre prise en chargepar des associations. Les parcs naturels ou les forts doma-niales sont des biens publics environnementaux grs par
ltat lorsquil en est le propritaire. La bio-diversit, certaines forts ou sites exceptionnels, peuventgalement appartenir des acteurs privs qui contribuentainsi la production de biens publics environnementaux.
20 La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?
Biens publics mondiaux et lutte contre la dsertification
leveur peul et son troupeau, en dplacementau pont de Farcha Nj'amena, Tchad.
Christian Lvque IRD
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Production, gestion et rpartitiondes biens publics mondiaux
Il existe en fait deux conceptions des BPM :
Dans la premire, les BPM sont des biens pour la pro-duction desquels le march est dfaillant. Ces biensdoivent alors tre fournis en dehors des mcanismesmarchands, par des institutions internationales voiresupranationales. Dans la seconde approche, la production des BPM serfre une conomie politique mondiale. Elle dpassela conception en termes de dfaillance des marchspour promouvoir lide dune dmocratie internationaleparticipative, en charge de la production et de la gestiondes biens publics mondiaux laide dune fiscalittransnationale adapte.
Le caractre mondial doit donc tre peru comme uneconstruction sociale. La reconnaissance de bienspublics est alors un processus politique qui reconnat etsappuie sur le dveloppement dinstitutions adaptesvisant organiser la coopration internationale.La fourniture de ces biens doit tre organise, rgule etcontrle lchelle internationale afin den garantirune rpartition quitable ; les conditions de finance-ment, de production et de rpartition sont alors dfi-nies. Lensemble des acteurs, publics/privs, locaux,
nationaux et internationaux, devrait participer lapprovisionnement des pays et des rgions en BPM.
Poursuivant ses recherches, le PNUD vient de publier unsecond ouvrage intitul Providing global public goods (2003). Ses auteurs apportent de nombreux compl-ments : ils repensent la dfinition des biens publics dansle contexte mondial et proposent des dfinitions plusprcises des BPM ainsi que des modalits plus concrtesde production et de rpartition :
Les programmes nationaux de lutte contre la pauvre-t, les ressources nationales en faune et en flore, cest--dire la biodiversit, les ressources en eau et les quotas derduction des pollutions atmosphriques, sont des
biens privs (des tats) nationaux exclusifs et rivaux.
Llimination de la pauvret extrme, laccs lduca-tion et aux soins de base, ainsi que latmosphre, sontclasss comme des BPM non-exclusifs mais rivaux, etsont donc des biens communs.
Enfin, au titre des biens publics mondiaux purs(non rivaux et non-exclusifs) se trouve la durabilitenvironnementale.
Biens privs et biens publics ou collectifs :le poi nt d e vue des conomistes
Peu de biens publics sont rellement purs (justice, police).La plupart sont en fait des biens mixtes et cumulent lescaractristiques de biens privs et de biens publics.
Les ressources communes ou biens communs sont desbiens dont on ne peut exclure les usagers, souvent en raison deleurs caractristiques physiques : ce sont par exemple des espa-ces ouverts. Ces ressources sont caractrises par une rivalitdans la consommation : chaque unit de ressource prleve estrendue indisponible pour les autres usagers de la ressource.Les espaces de brousse en Afrique sont des biens communslocaux : il sy droule diffrentes activits, saisonnires ou rgu-lires, agriculture, levage, cueillette, collecte de bois de feu, etc.Les nappes deau souterraines et transfrontalires sont des bienscommuns rgionaux et concernent simultanment plusieurs pays.Un usage excessif de ces biens conduit leur disparition, ce quedcrit larticle de Hardin sur la Tragdie des Communs (1977),
article fondateur dun dbat scientifique sur les ressourcescommunes. En effet, dautres scientifiques, comme ceux qui sereconnaissent dans l International Association for the Study ofCommon Property (IASCP), montrent que des systmes denormes et de rgles labors localement sont en mesure derguler les prlvements sur les ressources communes etdassurer leur renouvellement.Contrairement aux biens communs, les biens de clubsappuient sur la notion dexclusion, et il nexiste pas de rivalit
la consommation de ces biens. Laccs au club a gnralementlieu sur la base dun droit dentre payer mais il peut y avoirdautres discriminations lentre. Un terrain bois mis en gestionassociative est un bien de club si hormis les membres de lasso-ciation, personne ne peut en rcolter les ressources drives(cueillette, bois de feu, ).Les biens page sont en principe ouverts tous, mais partir dune certaine quantit simultane dusagers, ils font lobjetdune rivalit la consommation appele effet dencombrement.Cest le cas par exemple de lducation publique. Cette rivalitentre les usagers conduit la dgradation du bien public fourniaux populations. Jouer sur les conditions daccs permet de main-tenir un usage collectif sans en diminuer la qualit et engendre defait une exclusion parmi les usagers. Dans le cas de lducation,le niveau de diplme requis est par exemple un lment quifavorise lexclusion dune partie des usagers potentiels.
Daprs Jarret et Mahieu, 1998.
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Rivalit la consommation
Non-rivalit
Non-exclusion
Bien commun, mixte
Bien public pur
Exclusion
Bien priv
Bien de club et page,
mixte
Dsertification, environnement mondial et biens publics 21
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Vers une reconnaissance de la luttecontre la dsertification comme bien public mondial ?
Dans ce contexte, o classer la LCD ? Si on la considrecomme un bien public, quelle sera la nature du bienfourni ? Informations, intrants, techniques de production,connaissances scientifiques, formation, quels sont les liensentre ces diffrents lments et quelles sont les priorits ?Dans le cas dune labellisation BPM de la LCD, ce bienregrouperait lensemble des techniques diffrencies delutte contre la dgradation des terres. Il inclurait galementles incitations la mise en uvre collective de la LCD etlappui aux populations les plus dmunies. En outre, onpourrait aller jusqu intgrer la scurit alimentaire, ldu-cation (connaissance et information), la sant ou encorelimpact du commerce sur le dveloppement.
Or, certains de ces champs peuvent eux aussi tre considrscomme des BPM part entire. linverse, faute dunereconnaissance explicite comme BPM, la LCD peut se
rattacher de nombreux biens publics existants etbnficier ainsi des efforts entrepris dans ces cadres. Selonla catgorisation du PNUD, cest le cas de llimination de lapauvret extrme et de laccs lducation. De plus, si laLCD figure au titre de la durabilit environnementale, alorselle doit prsenter les caractristiques des biens publicspurs. Ceci implique des choix en matire deproduction et de rpartition : la fourniture doit treconstante et le bien accessible tous de faon simultane.Ainsi, examine partir de la notion de BPM, la LCD est lafois un ensemble de biens, de pratiques, de conditions,dinformations et de connaissances et sa nature est
composite et htrogne. lheure actuelle, les ateliers
rgionaux sur la dsertification et la dgradation des terresorganiss par les tats et les organisations rgionales, lesprojets de dveloppement, les organisations non gouverne-mentales (ONG) ainsi que les associations font ainsipartie de la LCD comme bien public. Ces actions sont orga-nises diffrentes chelles, locale, nationale et rgionale.
Envisager la LCD comme un bien public, cest reconnatre la fois lexistence de plusieurs chelles dapprhension etla diversit des situations. Comment peut-on dfinir desrgles globales susceptibles de sadapter des contextesdistincts ? Des relais entre lchelon mondial et ceuxrgional, national et local, devraient tre envisags danscette perspective. Par exemple, en Afrique, les espacescommuns de brousse sont utiliss par les populationslocales, autochtones ainsi que saisonnires et migrantesdepuis des dcennies. Ces communauts ont localementlabor des rgles dusage longtemps fonctionnelles. Leurlgitimit en termes de dcision repose sur leur ancragehistorique. Cependant, dans de nombreux cas, ces rgles
ne suffisent plus prenniser les espaces communs etdoivent tre amnages. Ces mmes espaces appartien-nent souvent au domaine public des tats, quoique titrepriv. Ils sont tantt placs sous la tutelle des administra-tions locales lorsque la dcentralisation de la gestion desressources naturelles est effective, tantt restent sous lecontrle de ltat central. Ainsi, ltat est-il juridiquementconcern par la dsertification de ces espaces. Enfin, ladsertification et les biens publics entretiennent des liens dautres chelles que celles locales et nationales :la dsertification en un lieu peut avoir des rpercussionsailleurs, que ce soit en termes conomiques ou
bio-physiques.
Systme d'irrigation par transport de l'eau selonles courbes du niveau dans le Haut Atlas marocain.
Claude Dejoux IRD
22 La lutte contre la dsertification : un bien public mondial environnemental ?
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Dfinir un BPM implique lmergence dune souverainetinternationale autonome et la mise en place demcanismes de gouvernance : les pays mais aussi lesorganisations civiles, les entreprises et les individusdoivent y voir leurs intrts reprsents, depuis leurdfinition mme comme bien public. Dans ce cadre, lesavis des pays en dveloppement (PED) sur le choix dessujets prpondrants pour la plante mritent pourcertains dtre mieux pris en compte.
Pour dbattre des BPM et organiser leur production, lePNUD propose la cration dun G29 constitu par lespays membres du Bureau de lAssemble gnrale desNations Unies. Le G29 serait charg de dcider desactions mettre en uvre. Comment ce G29 pourrait-ilassurer la prise en compte des intrts de tous ? Dans cecadre, les BPM ne risquent-ils pas dapparatre commedes biens de club, restreints un nombre limit debnficiaires ? Toujours selon le PNUD, mondialisercertains biens publics auparavant nationauxpermettrait de valoriser des avantages comparatifs etmutuels. Si un pays ou un groupe de pays ont un
avantage comparatif produire tel BPM, ils pourraienttre sollicits pour le faire. Lorganisation de lafourniture en BPM pourrait ainsi sappuyer sur destudes de cots et de rentabilit.
En ce qui concerne la fourniture de la LCD au niveaunational et rgional, ce sont les tats, les organisationsrgionales et internationales qui participeraient safourniture ainsi que la coopration internationale bila-trale et multilatrale. Lexistence de fonds ruraux deprvention et de gestion des situations de dsertifica-tion peut par exemple reprsenter un instrument privi-lgi de fourniture du bien. Comment et par qui cesfonds peuvent-ils tre approvisionns ? Par des organi-sations rgionales ou internationales ?
Examine localement, cest alors au niveau dcentralisdes communes rurales, des associations et des ONG quela fourniture du bien public LCD interviendrait. Dans cecadre, quelle serait la participation des populationslocales ladoption et au maintien de pratiques de LCD
dfinies lchelon mondial ? De quelles margesdadaptation pourraient-elles disposer ? Des ONG delutte contre la dsertification pourraient tre financesde faon plus intense et conjointe par ltat, des organi-sations internationales et par des banques, ou encorepar des fondations prives.
Dsertification, environnement mondial et biens publics
Les conditions de production dun bien public mondial :
par qui, comment et quelle chelle ?
Aprs la rcolte, les parcelles de sorgho de dcruesont abandonnes au btail, qui peut librement
consommer les rsidus de rcolte, Pendao, Sngal.Xavier Le Roy IRD
La Convent ion d es Nati ons Unies sur l a l uttecontre la dsertification en quelques mots
Cette Convention, dont le principe est contenu dans lAgenda 21,a t adopte en 1994 Paris puis ratifie par 190 pays ce jour.Cest un trait international par lequel les Pays Parties sengagent prendre des mesures concrtes : les pays touchs doivent adopter
un Programme daction national de lutte contre la dsertification,lintgrer dans des stratgies nationales de dveloppement et delutte contre la pauvret ; ils doivent galement sengager faireparticiper la socit civile tant la dfinition des objectifs desactions qu leur ralisation ; les pays non touchs signatairessengagent appuyer les pays touchs dans leurs efforts. Si la LCDest un jour reconnue comme un BPM, les tats, les organisationsrgionales et internationales ainsi que les cooprations bilatralesdevraient alors participer sa fourniture. Une instanceinternationale devrait jouer le rle de rgulateur. La Conventionpourrait-elle jouer ce rle ? Le dbat est ouvert
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Les grandes conventions et institutions decoopration internationale ont conduit parlerde biens publics mondiaux et formaliser ce quipourrait en relever. Dans cet environnement
institutionnel mondial, il importe de savoir o placer laLCD et sur quels mcanismes de traitement et definancement elle peut sappuyer. Mais pour lheure, cettenotion suscite autant de questions quelle napporte depistes et dcider de ce que recouvre le terme de BPMdemeure un choix politique.
Concernant la lutte contre la dsertification, lenjeu de ces dixdernires annes a consist dune part adopter lesprogrammes dactions nationaux et dautre part mettre enplace des structures dcentralises de gestion des ressourcesnaturelles afin de promouvoir une meilleureparticipation des populations et le respect des intrts duplus grand nombre. Cette dcentralisation montre quelchelle locale est indispensable pour favoriser denouvelles pratiques, permettre la mise en place de dbatset de prise de paroles et pour amliorer la connaissancedes dynamiques sociales et conomiques. Cependant, il
est aujourdhui vident constat renforc par le dramatiquedsengagement des tats - que cette chelle daction nesuffit pas. En effet, pour que les actions locales soient effi-caces, dautres portant sur la coordination, la rgulation etlappui aux dynamiques locales ou sur des interventionsde nature diffrente, en termes damnagement du terri-toire ou de fiscalit par exemple, sont ncessaires dautres chelles, nationale mais aussi rgionale etmondiale. Le passage une architecture mondiale deproduction des BPM modifiera-t-il le rle des tats enmatire de service public ? En dautres termes, les tats
seront-ils dans ce cadre assimils des formes dorganisa-tions prives, et sollicits par des instances internationalesgestionnaires des BPM ?
La notion de bien public mondial demeure prospective. Analyser la LCD au regard des biens publics conduitcependant (re)dvelopper la notion de service public.Le service public est un champ dactivit o linterven-tion publique est reconnue ncessaire par ltat, soitpour se substituer une initiative prive dficiente,
soit pour produire le service au niveau de quantit etde qualit souhait par la collectivit. Ces servicescontribuent cimenter la socit et protger lesindividus. Ils rsultent dun choix politique : fonds surle principe de non-exclusion, ils sont principalementfinancs par le produit fiscal. Dans les socits occi-dentales, lhistoire des services publics participe lorganisation du pouvoir : la police, la justice, lascurit, lducation et la sant sont les principaux.En France, ltat a gard le monopole de la fourniture dela plupart de ces services, mais ladhsion laCommunaut europenne, et notamment louverture
au march et la concurrence remet ce monopole enquestion. lchelle de lEurope, la filire de fournituredu service public peut tre transnationale ; dici peu detemps, elle pourra faire appel des tats, des entreprisesou encore des organisations civiles et desparticuliers. En matire de lutte contre la dsertifica-tion dans les PED, que doit-tre considr par lacommunaut internationale comme service public etcomment mettre disposition les biens politiquementdfinis comme ncessaires ? Autant de questions aux-quelles il importe dapporter des rponses.
Co mment la notion de bien public mondial
peut-elle nourrir la rflexion sur les services publics ?
La rflexion se poursuit
Aridit et agriculture en Tunisie.Michel Picoet IRD
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Pasteur peul et son troupeau en saison sche.Le Ferlo, forage de Tatki, Sngal.
Antoine Cornet IRD
Bien public mondial et services publics 25
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Acronymes et abrviationsutiliss dans le texte
AFDBPM
C3EDCiradCSFD
FAOFCFAFEER
FEM ou GEF
FFEMHCCI
IASCPIRDLCDMAEONGOSSPDSPEDPNB
PNUD
ROSELTSIELUMR
UNCBD
UNCCD
UNFCCC
UVSQ
Agence Franaise de DveloppementBien public mondialCentre dconomie et dthique pour lenvironnement et le dveloppementCentre de coopration internationale en recherche agronomique pour le dveloppementComit Scientifique Franais de la DsertificationOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagricultureFranc de la Communaut Financire AfricaineSystme trois pierres (diguette)Fonds pour lenvironnement mondial / Global Environment Facility
Fonds franais pour lenvironnement mondialHaut Conseil de la coopration internationaleInternational Association for the Study of Common PropertyInstitut de recherche pour le dveloppementLutte contre la dsertificationMinistre des Affaires trangresOrganisation non gouvernementaleObservatoire du Sahara et du SahelPierres dresses avec sous-solagePays en dveloppementProduit national brutProgramme des Nations Unies pour le dveloppement
Rseau dObservatoires de Surveillance cologique Long TermeSystme dInformation sur lEnvironnement LocalUnit mixte de rechercheUnited Nations Convention on Biological Diversity/Convention des Nations Unies sur la diversit biologiqueUnited Nations Convention to Combat Desertification/Convention des Nations Unies sur la lutte contre la dsertificationUnited Nations Framework Convention on Climate Change/Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatiqueUniversit de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Campement et troupeau d'leveursnomades sur une le du lac Tchad.
Christian Lvque IRD26
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Sites Internet
Organismes officiels franais
Ministre des Affaires trangreswww.diplomatie.gouv.fr Agence Franaise de Dveloppement (AFD)www.afd.fr Agropoliswww.agropolis.fr
Centre de coopration internationale en rechercheagronomique pour le dveloppement (Cirad)www.cirad.fr Comit Scientifique Franaisde la Dsertification (CSFD)www.csf-desertification.org Fonds franais pour l'environnement mondial (FFEM)www.ffem.fr Institut de recherche pour le dveloppement (IRD)www.ird.fr Ministre de l'cologie et du Dveloppement durablewww.environnement.gouv.fr
Ministre dlgu la Recherchewww.recherche.gouv.fr
ONG
Centre dActions et deRalisations Internationales (CARI)cari.asso.free.fr Centre de recherche et dinformationpour le dveloppement (CRID)www.globenet.org/crid Eau-vivewww.eau-vive.org
ENDA Tiers monde(Environnement et dveloppement du tiers monde)www.enda.sn European Network Initiativeon Desertification (ENID)Voir le site du CARI Fdration Internationaledes Producteurs Agricoles (FIPA)www.ifap.org Institut de Formation et dAppui auxInitiatives de Dveloppement (IFAID)www.ifaid.org
Rseau International des ONG de luttecontre la Dsertification (RIOD)www.riodccd.org Sahel Solidaritwww.sahelsolidarite.bf
Organismes europens et internationaux
Banque Mondialewww.worldbank.org Centre Technique de CooprationAgricole et Rurale (CTA)www.cta.nl Club du Sahel
www.oecd.sah Comit permanent Inter-tats de Lutte contre laScheresse dans le Sahel (CILSS)www.cilssnet.org Convention Cadre des Nations Uniessur le changement climatiquewww.ec.gc.ca/international/multilat/ccnucc_f.htm Convention des Nations Unies sur la biodiversitwww.biodiv.org Convention des Nations Unies sur la luttecontre la dsertificationwww.unccd.int
Fond pour lenvironnement mondial (FEM)www.gefweb.org International Fund for Agricultural Development (IFAD)www.ifad.org International Institute for Environment andDevelopment (IIED)www.iied.org Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS)www.unesco/oss Organisation des Nations Unies pour lalimentationet lagriculture (FAO)www.fao.org Organisation des Nations Unies pour lducation,
la science et la culture (UNESCO)www.unesco.org Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE)www.unep.org Programme des Nations Uniespour le dveloppement (PNUD)www.undp.org Rseau dObservatoires de Surveillancecologique Long Terme (ROSELT)www.roselt-oss.teledetection.fr Secrtar iat Gnral des Nations Unieswww.un.org
The New Partnership for AfricasDevelopment (NEPAD)www.nepadsn.org Union europennewww.europa.org
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