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Annales cliniques ouEssais et cas de
médecine-pratique, dechirurgie et de chimie
pharmaceutique
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Société des sciences médicales et biologiques (Montpellier). Annales cliniques ou Essais et cas de médecine-pratique, de chirurgie et de chimie pharmaceutique. 1809-1820.
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ANNALES CLINIQUES
DE LA SOCIÉTÉ
DE MÉDECINE-PRATIQUE
DE MONTPELLIER,
UJEPI GII ES
ParuneCommissionprésidéeparJ.-F. VicTonBONNET,DocteurenMédecinedela FacultédeMontpellier,Pro-fesseurparticulierdeThérapeutiqueetdeMatièremédicale,MembredeplusieursSociétésmédicales,Rédacteurgénéral.
Duotuneprœcîpuimedicineecardinesratiotetobservalioobservait»tamenestJllumadauoddirtgidebentmedicorumratiocinia.
Baoliviopéraomnialib,1,cap,II, §.III.
DEUXIÈME SÉRIE.
TOME QUATRIÈME. r.UE%
.-> :iES /S~IES '7~
A MONTPELLIER, ^S3>^
/f;
A MONTPELLIER ~~L~'
De l'Imprimerie de J.-G. TOURNEL,PlaceLouisXVI, n.° 57.
^SIBIIOTHÉ Q"18 9.
f
· PREMIÈRE PARTIE.
MÉMOIRES ET OBSERVATIONS
DE MÉDECINE -PRATIQUE.
Observations sur les effets de l'eau froide et de la
g lace, suivies de l'exposé de deux faits particuliers;
par M. Bouschon, docteur en médecine à Uzès..
i.re Obs. Manie. IVl.11" d'un tempérament
sanguin et d'une constitution robuste très-pé-
nétrée des sentimens religieux dont on n'ose pas
même blâmer l'excès, mais frappée d'une terreur
mal entendue, au sujet des peines de l'autre vie
tomba, ou mois de Septembre 1810, dans une
mélancolie profonde,étant alors âgée d'environ
trente-cinq ans. Le délire particulier auquel elle
fut d'abord sujette, était borné à un seul objet;
bientôt il fut universel. Néanmoins, elle conserva
sa première et principale idée d'être possédée
du démon, maudite de Dieu etdéjà condamnée
aux peines éternelles. Elle était dans une agita-
tion continuelle; ses yeux étaient scintillans et
égarés, son visage enflammé, sa démarche pré-
cipitée, et tous ses mouvemens subits et irré-
fléchis sonpouls
était vif et animé.
Dans ce désordre extrême, je profitai de l'as-
cendant que je conservais encore sur son esprit,
et je cherchai, aussi, par mes discours, à la ra-
EFFETS DE L'EAU FROIDE
mener à des idées plus consolantes. J'ordonnai
quel'on évitât autant qu'il serait possible de lui
faire éprouver des contradictions qui ne feraient
qu'aggraverle mal.
Sunt verba et voces quibus hune lenire doloretn
Possis et magnam morbi depellere partent.
11 fallait pourtantavoir recours à des moyens
plus difficiles, dans ce cas-ci, à mettre en usage.
J'ordonnai d'abord la saignée du pied mais le
chirurgien qui crut pouvoir la pratiquer en mon
absence reçut un violent coup de pied, au mo-
ment où il se baissait pour piquer la veine. Il n'o-
sait plus s'en approcher; cependant à mon retour,
elle fut rassurée et ne fitplus aucune résistance.
L'évacution du sang ne produisit pourtant pas
plusde calme. Je me décidai alors à faire mettre
la malade dans un bain froid. Il ne fallut rien
moins quel'autorité
que j'avais sur sonesprit,
pour l'yfaire entrer. Elle
y resta une bonne
demi-heure dans la plus grande tranquillité, souf-
frant même, sans se plaindre, l'application sur
la tête de linges trempés dans l'eau froide. Je vis,
après ce temps,ma malade pâlir, baisser la tête
et menacée d'une défaillance. Je la fis sur le
champ sortir du bain et mettre dans un lit un
peu chaud; elle prit un repos qu'elle n'avait pas
goûté depuis long-temps.Ce succès m'engagea
à faire continuer les bains.Après l'usage de quel-
ques-uns, ellefit moins de résistance
pour y entrer.
D'ailleurs, l'agitation physique et morale diminuait
sensiblement de jour en jour; car, au bout d'un
ET D* LA GI.ACE.
mois, àpeu près, je trouvai on changement
si
favorable dans la malade que je crus convenable
d'employer seulement le bain tempéré.
La chaleur et la raréfaction du sang n'étaient
plus les mêmes; le visage avait perdu sa rougeur
excessive, et.le pouls était plus souple et moins
précipité.L'idée
principaledominait
pourtant
encore; mais lesparoles propres à en détourner
son esprit faisaient sur elle plus d'impression et
son attention était moins difficile à fixer. Le bain
tiède continué environ l'espace de trois mois, et
son effet aidépar l'usage des boissons raffraîchis-
santes et par un régime tiré principalement du
règne végétal finitpar
rendre à cette personne
la santé et la raison, qui, chez elle, n'a plus, depuis
cette époque, été troublée par aucun nuage.
Cetteguérison vérifie l'observation de Celse
Frigus prodest juvenibus et omnibus plenis
item rubicundis nimis hominibus si dolore vacant.
(Lib. I, c. 2, s. 6, p. 37). ).
2.me Oes. Manie. M.lle* âgée devingt-huit
ans, éprouva, dans le même temps quela
personne
qui fait le sujet de la i.re observation une entière
aliénation d'esprit. A de violents chagrins, il se
joignait une cause cachée d'une nature plus
grave et dont l'influence, sur le moral, n'a que
trop souvent été remarquée. Cependant, malgré
sa folie, combattue parla vertu si puissante dans
les âmes bien nées, elle ne fut jamais trahie par
une expression capable de blesser la pudeur. Je
fus le seul confident de son secret, aucun de ses
EFFETS DE L'EAU FROIDE
parens ne s'en douta jamais, mais après son aveu,
elle ne m'en parla plus.
Pour calmer l'ardeur del'organe sexuel je pres-
crivis la tisane émulsionnée et je crus même
devoir recourir aux bains froids. La malade en prit
deux, mais il fallut lui faire la plus grande violence
pour l'obligerà
yentrer et à y rester dedans. Leur
effet fut bien loin de répondre à mes vues car les
extravagances et l'agitation de la malade augmen-
tèrent. Je remplacai alors le bain froid par le bain
tiède, auquel la malade, après la première épreuve,
ne fit plus de difficulté de se soumettre. Elle le
continua pendanttout l'Hiver, en
ayantl'atten-
tion de le suspendrede
tempsen
temps, lorsque
le froid était trop rigoureux.Cet état dura jus-
qu'au mois de Mars 1811, mais en perdant par
degrés de son intensité. Jusqu'à cette époque la
malade se tint comme par instinct au Régime
végétal. Elle refusait tous les autres alimens;
elle dévora une quantité prodigieuse de poires,
de pommes,de melons et sur tout de raisins.
Etant un peu mieux, elle consentit à prendre
quelques potagesau bouillon de viande; mais
elle ne passa à une nouriture plus solide que lors-
quela raison lui fut entièrement revenue.
Ou remarquera, sans doute, dans cette obser.
vation des effets du bain froid bienopposés à
ceux que présente la première. Cette différence
dépend évidemment de l'excès d'excitation ner-
veuse chez la personne qui fait le sujet de cette
seconde observation et, aussi, nous dirons qu'elle
ET DE LA GLACE.
démontre la vérité de cet aphorismedu Père de
la médecine frigida convulsiones antrorsum 6t ri.'
trorsum, distensiones, nigrores et rigores inducûht
inimica ossibus denlihus, nervis, cerebro, opinait
medullœ, calida verograta.
3.meOBS. Insolation. Une femme, âgéed'environ
cinquante ans, ayant été couperdu bois durant
les chaleurs du mois d'Août, fut frappéed'inso-
lation. Sonfagot fait, elle se hâte de le mettre
sur sa tète et deregagner
la ville. Elle éprouve
peu de temps après, dans tout le corps et sur-tout
à la tête, un feu brûlant qui luiôte presque la vue;
ensuite, elle éprouve une soif dévorante, et dans
cet état elle arrive au bord de la rivière, quel'on
appèle dans ce pays Eysent, et s'y jette avec pré-
cipitation elle y reste plusd'une heure, et boit
avec avidité; tempérant par ce moyenla chaleur
qui l'agitait,elle étouffe en
quelquesorte la ma-
ladie.
Arrivée à la ville elle entre à l'hôpital le mal
est borné à un état de gastricité qui est guéri
dans peu de jours avec des boissons délayantes
et quelquesévacuants. Media œstate multœ fri-
gidœ aqilœ affusio calons revocationem facit. (Hip-
Vand., tom. I, pag. 606).
4.m» OBS.Tympanite.
M,me C. de Toulouse,
étant à Nice au mois de Mai 1792, me fit appeler.
A cette époque, j'étais médecin de l'hôpital mili.
taire, n.° 1 je la trouvai avec un météorisme
considérable du bas-ventre, ou enflure tympani.
tique commencante, avec douleurs aiguës dans
EFFETS DE L'EAU FROIDE
les régions ombicale lombaire et celle de la ma-
trice. Cet état qui existaitdéjà depuis quelques
jours, lorsque je vis la malade pour la première
fois, merappela l'aphorisme d'Hippocrate: Dolor
suprà umbilicum et lumborum dolor si médi-
camentis non solvantur inhydropem siccum desi-
nunt(Coac.prœnot. Hip. Vanderlin. p. 55o, t. L).
Cette Dame avait alors environ trente ans elle
était naturellement pâle et d'untempérament
lymphatique elle aimaitpassionnément l'équi-
tation, et c'était à l'abusqu'elle
en avait fait, >
qu'elle devait sa maladie.
J'ordonnai qu'on appliquât sur-le-champ des
fomentations émollientes sur le bas-ventre, et je
prescrivisune potion huileuse anodine. Mais le
soulagement ne fut pas long. Le peu d'efficacité
de ces moyens de l'usage des lavemens muci-
lagineux et légèrement sédatifs ainsi que la
tension et la sensation intérieure de chaleur dont
la malade se plaignait, me déterminèrent à lui
prescrire l'usagedu bain froid. Elle
y consentit,
mais elle ne put rester assise dans labaignoire,
car dans celle situation la pression qu'éprou-
vaient les viscères inférieurs de la part dessupé-
rieurs lui procurait des douleursinsupportables.
Pour y obvier, je fis placer sous ses reins un
coussin de paille je la fis incliner en arrière
et appuyerla tète sur un autre coussin placé sur
le bord de la baignoire, Peu detemps après, l'eau
qu'onvenait de puiser fut chaude, au
grand éton-
nement des personnes qui y étaient; j'en fis tircv
ET DÉ LA. GLACE.
au moyen d'un robinet et ajouter de la froide,
qui fut tout aussitôt échauffée; je revins trois
fois à cette opération dans l'espaced'environ deux
heures que dura le premier bain. La malade un
peu soulagée, se soumit à de nouvelles épreuves
je lui fisappliquer
des fomentations froides sur
le bas-ventre, et de demi-heure en demi-heure on
les réitérait. Je prescrivis un lavement d'eau pure
à prendre le plus froidpossible,
de deux en deux
heures et le lendemain matin la malade fut
remise dans le bain.Malgré
lapénible
sensation
quel'eau froide, à tout moment renouvellée, lui
procurait elle en prolongeala durée pendant
quatre heures entières. Le soulagement qu'elle
obtientl'engage
ày rentrer l'après dîner, et cette
séance est tout aussi longue que celle du matin.
Pendant huit jours de suite même traitement»
toujours deux bains à peu près de la même durée,
et dans l'intervalle lavemens et fomentations
froides. Durant ce temps, l'enflure et les douleurs
du bas-ventre diminuent progressivement, et au
bout de cetespace il est presqu'entièrement rendu
à son état naturel. Je prescrivis, cependant, à la
malade, de nouveaux bains, mais d'une tempéra-
ture agréable, et l'usage du petit-lait bien clarifié,
secondé par celui de l'eau de veau froide, que
j'avais ordonnée dès le principe. Je la tins à-ces
derniers remèdes, pendant environ quinze jours,
après lesquels elle fut parfaitement rétablie. Je
n'eus pas autant à me louer de sa docilité pour le
régime que pour le reste du traitement. En effet,
EFFETS DE L*EArj FROIDE
il lut impossible de lui faire prendre ni bouillon
de quel genre qu'il fût ni crème de riz, ou autre
farineux. Elle ne consentitqu'à prendre quelques
cuillerées de gelées de fruit, quelques compotes
au sucre, et à sucer des fruits dont elle jetait la
chair.
5.me Ons.Tjmpanile. IM.lle J. V. âgée de
quinze ans, fut atteinte, le a5 Mai 1811, d'une
fièvre d'accès tierce et d'une suppressiondes
règles par l'effet d'une forte terreur.Après l'emploi
de quelques boissons appropriées, de quelques
évacuations et de l'usage des amers, je la soumis
à celui de l'écorce du pcrou en poudre. La jeune
personne s'imaginant que plus la dose serait
considérable, plutôtelle serait délivrée de ses
accès se lève dans la nuit et vaprendre
duquin-
quinadans un bocal qui en était plein et
que
l'on réservaitpour
les besoins de la maison. Mais,
au lieu de s'affaiblir ou de cesser, les accès de-
viennent beaucoup plus violens et plus longs. La
malade continue néanmoins son imprudente con-
duite nocture, et bientôt l'abdomen est tendu,dou-
loureux et d'un volume énorme. Ce cas est à peu
près le même que celui que rapporte Hippocrate
Millier sana crassa, a catapotio conceptûs graliâ
accepto, dolorem habebat ventris, et tormen in
intestino, et intumuit. Spiritus autem sistebatur;
et desperatioerat cum dolore et sanguinem vomuit
non mùltum et emortua est quinquies ut vitd
decessisse putaretur. Neque vomitu facto ab aqud
frigidd laxabatar neque dolorprœsens neque
ET DE LA. GLACE.
_r. 1spiratio. Superfusœ verà surit ipsi aquce f/ïgidce
amphorœ circiter triginta super corpus, et sane
hoc solum prodesse videbatur et posteà deorsum
processit bilis multa. Cum autem dolor obtineret,
nihil poterat secedere et vixit (i). Pour produire
le même effet, j'eus recours au même remède,
à l'eau froide. La malade étanttrop
faible pour
supporter le bain, j'eus recours aux fomentations
froides elles furent entretenues sans relâche
pendant quelques jours. Ce moyen et les boissons
froides assouplirent le bas-ventre, et la bile coula.
Ce qu'il y eut de plus singulier, c'est que par
ce traitement la fièvre d'accès disparut. Néan-
moins, l'abdomenprésentant encore quelque
temps après, des signes d'irritation et la malade
ayant reprisun
peu de force par l'effet des ali-
mens convenables qu'elle avait pris la saison
étant d'ailleurs assez chaude, puisque nous avions
atteint la seconde quinzaine du mois de Juin, jelui conseillai de prendre quelques bains, dans
ungrand bassin d'eau de source qui sert à arroser
leur jardin. La malade suivit ce conseil tout le
temps que se firent sentir les chaleurs de l'Eté.
Elle parut alors parfaitement guérie les règles
seules n'étaient point revenues.
Malheureusement, la prudence n'est pas la vertu
de la jeunesse des erreurs derégime multipliées
firent reparaître et les accès de fièvre et la tym-
panite au mois d'Octobre suivant. Pour comble
'(V) Hip. Vauderlinden tpid., lib. 5, p. 7S2, t a.
EFFETS DE L'EAU FROIDE
de malheur, elle s'obstina à refuser toute espèce
de soins, jusqu'à ce que les douleurs fussent
devenues insupportables. Le ventre avait acquis
un volume aussigros que celui d'une femme
enceinte de deux enfans; les urines étaient san-
guinolentes et la constipation extrême. J'eus re-
cours, pour la seconde fois aux fomentations
froides, ainsi qu'aux lavemens et boissons froides;
mais inutilement. Enfin, aprèsavoir
perdubeau-
coup detemps
à cause de la répugnance quela
malade avait à se mettre dans le bain froid
sur-tout dans une saison déjà fort rigoureuse,
puisque nous étions à la fin du mois de Novembre,
je parvins pourtantà obtenir son consentement.
Une rétention d'urine (i) portait les douleurs,
du bas-ventre à leur plus haut période, et, par
malheur encore, les forces étaient infiniment dé-
chues. Néanmoins, ne pouvant plus comptersur
aucun autre moyen, je commençai les épreuves
du bain froid durant le plus fort degré de la cha-
leur de l'accès, qui aggravait les souffrances de
la malade, à cause de la tension du bas-ventre
qu'il augmentait. Ici, se présente encore un nou-
veau phénomène les urines supprimées sortent
à peu près au bout d'un quart d'heure mais
noires comme de la suie délayée, et si brûlantes,
que la malade tombe dans un état convulsif
semblable à un épistotonos. Ce n'est quedans
Cl) Lorsque la strangurie survient, dit Hippocrate (dans ces sortes
de maladies) c'est un mauvais signa. Coac. prosn, 4* cap. *<)#lt a.
ET DE LA GLACE.
le bain froid, et avec la douleur la plus aiguë,
que les urines ont coulé pendant quelque temps
et toujours de la même couleur.
La durée du bain froid était, tous les jours,de demi-heure à une heure et sa température
était sensiblement chaude lorsque la malade en
sortait. Le traitement fut long, car il dura j usqu'aumois de Février suivant. Cependant on voyait,
en avançant, les accès et les douleurs s'affaiblir,
le ventre reprendre sa souplesse et les urines leur
cours naturel. Mais, àl'époque que nous venons
de voir, la constance de la malade eut obtenu
un triomphe complet. Les règles seules furent
encore retardées par l'effet de l'épuisement des
forces. Mais dès qu'elles furent réparées par un
régime analeptique et doux, les mois reparurent.
Enfin, elle est aujourd'hni mariée, mère, et elle
jouit de la meilleure santé.
6.lne Obs. Tympanile.M.me J.1 d'Uzès essuya,
à
la fin de l'Eté de 1812 une fièvre bilieuse-putride
vermineuse. Je neparlerai point
de la manière
dont elle fut d'abord traitée. Je fusappelé
vers
le quatrième jour de sa maladie. Il y avait encore
tous les signesd'une état de
gastricité; maisune
enflure tympanitique,caractérisée par le volume et
la tension del'abdomen, parles douleurs cruelles
dont le siège principal était à la région ombilicale
et lombaire, et par la constipation opiniâtre,
m'engageaà recourir à d'autres moyens que ceux
qu'on avait déjà inutilement mis en usage pour
dégagerle bas-ventre. J'employai sur-le-champ
EFFETS DE L'EAU FROIDE
les fomutations froides mais sans effet. Je me
procuraide la glace, j'en fis piler une certaine
quantité que je fis appliquer, entre deux linges, i
sur le bas-ventre, et j'ordonnai qu'on fit avaler
de tempsen
temps quelques petits glaçons à la
malade. Ces derniers moyens ne tardèrentpas
a
opérer; une selle considérable, gluante et noire
comme de la poix fondue, eut lieu, et entraîna
avec elle un péloton de vers entortillés ensemble,
de lagrosseur
dupoint.
Je commencai à avoir
quelques espérancesde sauver la malade, en voyant
que le resserrement spasmodique de la peau avait
reveillé l'action tonique des intestins, et que l'im-
pression fortifiante de la glace avalée se mani-
festait également dans ce mouvement critique et
faisait cesser les spasmes locaux. Mais, parmalheur,
quelqu'un promità la malade de la
guérir par
desmoyens, plus
courts et moins pénibles, que
je ne ferai point connaître pour l'honneur de l'art
et par des raisons particulières M.me J.' mourut
en moins de quinze jours.
y.m0 Ors. Tpnpanite. Un paysan de Vers (vil-
lage situé dans le voisinage du pont du Gard) fut
atteint, au mois de Juillet i8j4, d'une dysenterie
bilieusequ'il négligea.
Il continua d'exercer son
métier de scieur de bois, jusqu'à ce que le mat,
par sesprogrès, eut amené la tympanite cruelle qui
le retenait au lit, lorsqu'il m'appela vers le milieu
du mois deSeptembre suivant. L'état dans lequel
je le trouvai en imposait au premier aspect les
extrémités inférieures étaient enflées, et un exa-
ET DE LA. GLACE.
men sérieux pouvait seul faire reconnaître l'hy-
dropisie sèche qui existait. En effet le ventre
était très-volumineux; mais, au lieu d'y sentir
de la fluctuation par le moyen de la percussion,
il était sonore dur et tendu; les douleurs aiguës,
qu'il éprouvait, affectaient les régions ombilicale
et lombaire; la constipation était opiniâtre les
urines étaient rares et elles causaient une sen-
sation brûlante dans le canal de l'urètre; enfin,
les remèdes actifs qu'on administrait pour faire
sortir les eaux augmentaient l'irritation les
souffrances du malade, et ne procuraient presque
point d'évacuation.
Je fis mettre. sur le champ des fomentations
aussi froides qu'il fut possible sur l'abdomen,
avec ordre de les changer, dès quelles viendraient
à s'échauffer. Je prescrivis en même -temps des
boissons et des lavemens froids, et je mis le ma-
lade au bouillon de viande pour toute nourriture.
Bientôt le ventre se désenfla, le cours des selles
et celui des urines se rétablirent, et l'engorgementdes extrémités se dissipa. Huit jours suffirent
pour opérer cette heureuse révolution.
8 me Oes. Tympairite. La Veuve P. d'Uzès i
âgée d'environ soixante-quatorze ans, fut atteinte,
à la même époque que le malade de Vers, d'une
fièvre bilieuse; elle négligea son mal, suivant l'ha-
bitude des gens du peuple, ce qui donna lieu
à une tyrnpanite.Il y avait déjà près d'un mois
que la malade souffrait des douleurs atroces,
lorsque je fus appelé elle avait le visage rouge,
EFFETS DE L'EAU FROIDE
la peau sèche et brûlante, un pouls vif et animé,
une grande altération, des redoublemens tous
les soirs, la langue sèche et la bouche amère;
enfin comme chez les malades précédens les
symptômesde la
tympanite, le ventre tendu
comme un ballon et très-volumineux, avec des
douleurs aiguës aux reins et au nombril, et une
forte constipation. J'essayai sur le champ de pro-
curer à la malade quelques évacuations de l'humeur
bilieuse parle
moyende l'huile de ricin donnée
fractâdosi. J'y revins une seconde fois, et la malade
poussa, pendant ces deux jours, plusieurs selles
bilieuses extrêmement fétides, mais sans aucun
soulagement. J'eus conséquemment recours l'eau
froide; je l'employai en boisson en lavemens et
en fomentations, comme ci-dessus. Le bas-ventre
devenant plus souple de jour en jour, et les
douleurs diminuant progressivement, l'on vit
le mal disparaître peu àpeu, et la malade fut
guérieau bout d'un mois à
peu près de sa
tympanite.
Mais, en triomphant d'une maladie aussi cruelle,
il ne me fut point possible d'en prévenir les
suites fâcheuses. L'épuisement survenu fortifié
par le grand âge ne permit pointà la malade
de se rétablir parfaitementet elle termina
environ trois mois après, une triste existence.
Réflexions.On a sans doute observé dans ces
divers cas de tympanite des états bien différents,
quoiqu'ellesaient été guéries par le même moyen.
En effet, on a vu dans les deuxpremières
une
ET DE LA GLAC».
T. IV, a.e ter, cah. de Jan. etFév. 18 19. a
raréfaction étonnante, et lecorps communiquer
au bain froid un degré de chaleur très-sensible. Ce
symptômedominant était le seul qui format l'indi-
cation essentielle à remplir, et contre lequel l'eau
froide a évidemment triomphé dans chacune de
ces circonstances. Mais dans les trois observations
suivantes, l'action de l'eau froide ne se bornepas
à condenser l'air intérieur plus ou moins raréfié,
elle rompt encore les spasmes locaux, produits
par le spasme général des intestins, si souvent
associés avec l'atonie; et, par le resserrement
tonique qu'elle établit également en eux, l'eau
foidti fait cesser cette disposition vicieuse et remet
tout dans l'ordre naturel.
En effet, c'est dans la faiblesse indirecte, pour
me servir du langage de Brown, que convient
principalement l'usage de l'eau froide; faiblesse
quioffre cet état d'excitabilité que, le moindre
stimulus, suivant ce médecin, peut mettre en
jeu. C'est cet état qui présente leplus souvent
la réunion du spasme et de l'atonie; réunionqui
indique le besoin de combiner les adoucissans
et les toniques,mais qui suivant la prédominance
du spasmeou du relâchement, exige que l'on
insiste plus ou moins sur l'un ou sur l'autre, et
ne souffre même, quelquefois, que l'application
du remède, qui remplit l'indication dominante-
C'est ce qu'on voit dans l'observation rapportée
par Combalusier, d'une tympanite traitée àLyon
par MM. Rast et Pestalozzi, médecinsdistingués de
cette ville; observation dans laquelle onremarque
EFFETS DE L'EAU FROIDE
l'utilité de laglace
contre la raréfaction et l'ato-
nie, et l'action nuisible des cordiaux spiritueux,
donnés pourremédier à la faiblesse, mais qui ne
servirent qu'à augmenter le spasme. La glace dans
ces circonstances est non-seulement le remède
contre la raréfaction, mais encore elle donne lieu,
parsa vertu
astringente,à une réaction qui est
utile pourfaire disparaître
les spasmes fixés sur
quelques parties, et relever le ton de celles trop
relâchées, ce qui rétablit ainsi l'équilibre.
Il existe cependant deux états des solides dans
lesquelsla glace est évidemment contre-indiquée:
l'un dont l'existence est prouvée parla seconde
observation, et celui de sécheresse de tension
et de rigidité. Le froid ajoute, dans ce dernier
cas, un nouveau degré de densité et de roideur;
alors les humectants et les délayants, à un degré
de chaleur tempérée le lait même lorsque
rien ne s'opposeà son
usage, doivent être em-
ployés.On conçoit de même facilement, un état
de tension dans tout le canal alimentaire il est
même probable qu'elle existe dans leprincipe
d'unefoule d'affections venteuses et de tympanites;
et qu'alors, quoique les symptômes paraissent
indiquerun relâchement partiel l'observation
ne tarde pasà
prouver qu'il y a fausseadynamie
plutôt que faiblesse réelle. C'est en général dans
le principedes
tympanites que les douleurs sont
les plus vives, parce que le relâchement, qui
survient ensuite, finit par amortir lasensibilité, t
que le premier état favorise. Ainsi, dans un état
m DE LA GLACE.
de sécheresse et de tension telleque
nous venons
de le dire, l'usage de la glace serait nuisible, il ne
conviendrait pas mieux dans les affections inflam-
matoires, malgréla chaleur extrême qu'elles pré-
sentent, parce queces
applications pourraient
provoquer ledéveloppement d'une réaction vio-
lente, et donner lieu à des accidens lesplus fu-
nestes.
D'un autre côté les fièvresmalignes elles-
mêmes, quoique les médecins aient souvent em-
ployé contre elles, avec succès, l'eau froide, la
glaceet la neige,
sont bien loin d'en indiquer
toujours la nécessité. Combien de caspareils, com-
pliquésd'inflammation et de cet état de sécheresse
et de tension, qui interdissent ces moyens? Qui n'a
pas vu la saignée utile dans des fièvresmalignes »
et l'emploiseul des délayants les amener à une
solution heureuse? Ainsi, quoique les affections
de cette nature reconnaissent une cause débili-
tante dont l'effet consiste à anéantirpromptement
les forces, et quoiquela
glace jouisse d'une pro-
priété tonique bien prouvée,il n'en est par moins
prouvéil n'en est
pasmoins vrai
que des dif-
férences essentielles dans les accidens qui les
accompagnent en rendraient souvent l'emploi
nuisible, et, aussi, exigent quelquefois des modi»
fications particulièresdans leur traitement.
La malignitéétant un état nerveux, qui peut
se compliqueravec tonte sorte de fièvres, il est
certain que l'eau froide ne saurait lui convenir
toujours, et qu'ilfaut avoir égard à la fièvre avec
EFFET» DE 1,'ïAU FR01DK
laquelle on la trouve associée. Le caractère bilieux
ou pituiteuxdoit nécessairement y apporter une
très-grande différence. En effet, dans les maladies
de l'Eté, les progrès de la bilescence, et par suite
l'état putride qu'elle amène, sont arrêtés par les
moyens quiservent a modérer la chaleur, et
conséquemment par l'eau'froide et la glace, que
les malades eux-mêmes désirent et demandent.
Le météorisme du bas-ventre quin'est
pasrare
dans ces affections, soit qu'il dépende d'un état
de putriditésoit
qu'il tienne auspasme
des
intestins, se dissipe par l'usageintérieur et ex-
térieur de l'eau froide.
D'un autre côté les affections pituiteuses l'in-
terdisent par elles-mêmes. Des humeurs froides,
lentes et visqueuses qui produisent l'inertie des
solides et leur ôtent leur activité et leur énergie,
annoncent le besoin d'échauffer, de raréfier et
de diviser. Or le froid favorisant la coagulation
et la lenteur, ne peut que nuire dans ce cas. Si
l'application de la glace peut être utile dans ces
maladies, c'est, sans doute, parce que l'état pu-
tride bilieuxqui s'y complique, le spasme que
l'état nerveux détermine deviennent les causes du
météorisme du bas-ventre. Nous pouvons fournir
encore desexemples remarquables de la propriété
anti-spasmodique ettonique
du froid. Nous rap-
porterons pour cela une observation d'un état
convulsif général, et l'histoire d'un riieloena ac-
compagné de vomissement de sang et d'ictère.
9.meOss. Convulsions. La femme d'Aigon, âgée
ET DE LA GLACE.
d'environ cinquante ans, d'une constitution sèche,
tomba malade en Hiver. Je la vis le septième jourde sa maladie, pour la première fois; elle était
alors dans un état convulsif généralavec délire i
perte de connaissance, et ayantle bas-ventre
météorisé. De suite, je fisappliquer
deslinges
trempés dans de l'eau froide, sur la tête et sur le
bas-ventre. Ces moyens étant insuffisants pour
détruire le spasme, je la fis mettre dans un bain
froid. La roideur des articulations était si forte
que nous eûmes de la peine à la mettre dans la
baignoire. L'effet du remède fut néanmoins très-
prompt, car au bout d'environ une demi-heure,
les muscles se relâchèrent et je la fis remettre
dans son lit. Les machoires fermées et serrées, par
l'effet du spasme, s'ouvrirent, et la malade put
boire; le bas-ventre s'assouplit, et le calme dura
tout le reste du jour et la nuit suivante. Le len-
demain à huit heures du matin, àpeu près
à
la même heureque celle du jour précédent
semblable scène la malade fut encore plongée
dans le bain froid, elle y resta plus d'une heure;
enfin, le spasme céda, ainsi que le délire. Quel-
que temps après,le
pouls quiétait serré et tendu
commança à prendrede l'élévation et de la sou-
plessela nuit suivante la malade sua, et se trouva
parfaitement. Elle fut tranquille le neuvième
jour; le dixième elle pritun laxatif doux, qui
lui fit rendre de la bile d'un jaune très-foncé;
le onzième jour, elleprit
un bouillon gras avec
unpeu de riz; et, par une agmentation succes-
EFFETS DE l'eAU FROIDE
sive des alimens la malade fut bientôt rétablié.
Cette observation confirme la vertu anti-spas-
modique de l'eau froide reconnue par llippocrate
Tumores in articulis, et dolores absque ulcere,
et podagricas affectiones et convulsiones korum
plurima frigida multa affusa levat et attenuat et
dolorem solvit(i). Cet effet est dû sans doute à la
fièvre locale ou universelle suivant les circons-
tances qui surviennent, comme l'observe encore le
Père de la médecine; Mulieri a convulsione pressœ
expartufebrem supervenirebonum (i). Or le déve-
loppement du pouls et la sueur survenue dans
cette maladie, après l'usage dubain froid, démon-
trent la vérité de la remarque de ce grand homme.
io.™" OBS. Mélœna, Un soldat du régiment de
Hainaut, nommé Mars, né à Russan, arrondis-
sement d'Uzès, entra à l'hôpital au mois de Sep-
tembre 1792.Il était atteint d'ictère et d'un mé-
lœna caractérisé pardes vomissemens et des dé-
jections d'un sang noirâtre. Il prit pendant plus
d'un mois, d'après les ordonnances du médecin,
les adoucissans de toute espèce. Celui-ci étant
tombé malade, je mechargeai de la visite, et
après m'être informé du traitement antérieur, et
avoir bien pesé les signes que présentait la ma-
ladie, je pensai que l'ictère et le mélicna tenaient,
à une atonie des viscères du bas-ventre et sur-
tout du foie. Une douleur sourde dans l'hypo-
(t) Hip. aph. a5, Met. 5.
(a) Pétri taU div. cQ/rt. in lib. I, de morti, aph. 5t.
ET DE LA GLACE.
chondre droit et la couleur verte du malade
annonçaient bien évidemment l'affection du foie
dont l'obstruction, s'opposantà l'arrivée du sang
dans la veine-porte qui, pour me servir de l'ex-
pression de Fodéré, est le confluent de toutes les
veines du ventricule, des intestins, du mésentère,
de la rate, de l'épiploon et du pancréas, donnait
lieu au vomissement et aux déjections de sang.
Je pensai que je n'avais autre chose à faire qu'à
remédier à l'état d'atonie, qui favorisait tous ces
désordres. L'idée de l'eau froide et de la glace
se présenta d'abord à mon esprit mais ne pou-
vant nous procurer le dernier moyen, et croyant
utile d'augmenter la vertu tonique de l'eau froide,
je prescrivis une infusion aqueuse (la plus froide
possible) de rhubarbe, à la quelle je fis ajouter
une dose convenable de safran de mars. L'usage
de cette préparation fut continué tout le temps
de la maladie elle ne pesait point sur l'estomac
comme les tisanes précédentes dont le malade
avait fait usage. Aussi, après quelques jours de son
emploi, le vomissement s'arrêta. Néanmoins, jecrus devoir seconder cette boisson par des apozè-
mes amers et apéritifs, composés avec la gentiane,
le petit-chêne, le cresson et la terre foliée de tartre
à la dose d'un demi gros pour un verre de décoc-
tion, que je fis prendre au malade, le matin à jeun,
pendantun mois entier, et dont l'usage dissipant
peu à peu les embarras du foie et des autres,vis-
cères, leur rendit, au bout de ce temps, la liberté
de leurs fonctions, et au teint sa couleur naturelle-
a ..t 1. 1. ~J.
EFFETS SB I/ZAU fROIDI
ii."»Obs. Eruption de boutons sur le derrière.
Le fils du fermier du domaine de M. Desroches,
situé à Montaren, eut la gale, à l'âge de dix-huit
ans. Il l'a fit promptement disparaître par de fortes
doses de pommade mercurielle, avec laquelle il
se frictionna. Mais il lui survint sur les fesses une
énorme quantité de boutons, qui étaient, lorsque
je fus appelé gros comme de petits poids et
remplis d'un sang noir. Le malade, après avoir mis
en usage tous les linimens adoucissans qu'on lui
avait conseillés, eut l'idée de prendre un bain
de siège froid pour calmer le sentiment de
chaleur dévorante qu'il éprouvait dans la partie
malade. Il en tut soulagé tout le temps qu'il
y resta, mais les souffrances se renouvelloient
lorsqu'il en était sorti. Après plusieurs essais sem.
blables, il forma le projet de rester continuel-
lement dans ce bain, et pour cela il fit partager,
par le milieu le matelas de son lit et plaçant
entre les deux parties un grand plat avec de l'eau
froide, que l'on changeait à mesure qu'elle s'échauf
fait. Il resta pendant six mois entiers conché nuit
et jour, ayant le derrière plongé dans ce bain, et
ne changeant deposition que pour satisfaire à ses
besoins naturels, ou pour entrer dans un bain
entier qu'il prenait tous les jours également froid,
et dont la durée était au moins d'une heure. Heu-
reusement c'était dans la belle saison que ce genre
de traitement avait lieu cependant au mois de
Septembre, cédant aux représentations de son
maître, le père me pria d'aller voir son fils; je
ET DE LA GLACE.
le trouvai dans son lit et dans la situation dont
je viens de parler. Après avoir examiné la partie
malade, j'ordonnai l'applicationd'une douzaine
de sangsues sur ses divers points, mais aucune
ne voulut mordre; je prcscrivis alors sur toute
l'étendue du mal, de légèresscarifications dont
l'effet fut si heureux, que le jeune homme, na-
turellement fort et robuste, fut dans moins de
quinze jours en état de conduire sa charrue.
I2.me Oss. Couleur livide du nez Livescens
palpebra, aut labium aut nasus brevi lethale
est. (Hipp. Vanderl. coac. pron. tom. i, p. 54o).
Livores oborientes infebre brevi mortein affore
significant. ( Id., t. I p. 1 57).
Infebribus alvm inflatà, si flatus liberum exi~
tum non habeat, malwn.( Zuinger,
coac. [\[\ ).
J'ai constaté la vérité de ses remarques d'Hip-
pocratesur deux sujets; le célèbre Le Roi les a
également consignées dans son livre sur le pro-
nostic dans les maladies aiguës.
En 1793, je vis à l'hôpital militaire, n.° i, de
Toulon deux soldats, entrés l'un aprèsl'autre
à huit jours de distance, ayant !e nez livide et
noirâtre, la figure pâle, les extrémités froides,
le ventre tendu et fortement météorisé, mais
peu sensible; le pouls très-faible et larespiration
gênéeils moururent l'un et l'autre le lendemain
de leur entrée. Je donnai à chacun une potion
cordiale en entrant, et je n'eus pas letemps de
leur administrer d'autres remèdes. Le premier
fut enterré avant que j'eus apprissa mort; mais
EFFETS DE l'ïAU FROIDE
prévoyant la fin prochaine du second, j'ordonnai
qu'on Itgardât pour en faire pratiquer l'ouverture.
L'intérieur de la tête, de la poitrine et du bas-
ventre ne présenta ni lésion, ni altération, ni
changement de couleur, ni épanchement. Tout
ceque je remarquai fut l'enflure générale et pro-
digieuse des intestins qui, tellement distendus
par les ventsqu'ils renfermoient, étaient presque
blancs et transparens, comme les aremarqués
Le Roi dans d'autres circonstances; lediaphragme
poussé en haut par la grande distention des in-
testins, faisait remonter les poumons vers la
partie supérieure du thorax, de manière quela
cavité de la poitrine paraissait diminuée de moitié;
ce qui devait être la cause effective de la difficulté
de respirer que les malades éprouvaient.
1 3.me Obs. Hydropisie ascite. M« D. âgé d'en-
viron quarante-cinq ans, demeurant à Uzès, fut
atteint, après divers excès auxquels il s'était livré
d'une hydropisie ascite. Son tempérament était
sec et bilieux. Je fus appelé pourle traiter le 5.ee
jour du mois de Juin 1818; je reconnus tous les
signes d'une plénitude bilieuse, avec fièvre et
redoublemens tous les soirs: je le fis vomir et le
purgeai plusieurs fois; la fièvre cessa, mais le
ventre, quoique plus souple, était toujoursd'un
volume considérable. Le peude modération qu'il
observait dans son régime rendait à peu prèsnul
l'effet des remèdes que je lui prescrivais pour
évacuer les eaux. Le 18, il éprouva une forte
indigestion; il fallut le faire vomir. Le a5, il
ET DE LA. GLACE.
en eut une autre plus violente et il fut encore
obligé d'avaler un vomitif, qui donna lieu à des
évacuations si considérables par le haut et par
le bas, qui furent suivies par des défaillances
effrayantes. Dès-lors, il devint plus circonspect:il
fut même très-satisfait, en voyantle lendemain
l'enflure du ventre sensiblement diminuée. Ce-
pendantM. D. quoique fort difficile à traiter
à cause de larépugnance qu'il ressentait pour
les remèdes, consentit à suivre aveuglement mes
avis je lui prescrivis une poudre purgative
composée de résine de jalap, de diagrade et de
gomme gutte, de chaque cinq grains,à
prendre
dans leplus petit volume d'eau ou de bouillon
qu'il voudrait, et d'avaler, par-dessus, un verre
de décoction de chicorée amère. Ce remède fut
continué jusqu'au g de Juillet; les évacuations
qu'il produisait se soutinrent sans aucunefatigue
pour le malade, jusqu'à l'époque sus mentionnée
seul jour, où les selles furent plusabondantes
qu'à l'ordinaire.
La nuit du g au 10 Juillet amena une crise natu-
relle des plus heureuses. Le malade sua et changea
neuf fois de chemise; la nuit suivante, la sueur
revint et fut aussi considérable. Je lui avais or-
donné, la veille, de la favoriser en prenant une
infusion de fleurs de sureau. Depuis ce jour jus-
qu'au 22, la sueur continua jour et nuit de couler
en torrent; le malade n'avait besoin, pour la pro-
voquer, quede se couvrir la figure du seul drap
qu'ilavait sur lui, à cause de la chaleur de la
FIÈVRE GASTRIQUE SIMPÏ.Ï
saison. A cette époque il fut entièrement guéri. Les
urines, malgré ces sueurs, furent toujours assez
abondantes, et une singularité qu'elles présen-
tèrent fut que, pour les provoquer, le malade
n'avait besoin que de mâcher une pomme, ce qui
était constamment suivi de cette évacuation. Je.
dirai à ce sujet que je connais quelqu'un chez
qui le besoin d'uriner est toujours accompagné
d'unagacement de dents considérable.
Lerégime
du malade était très fortifiant il
consistait en consommés, en volaille, chocolat,
biscuits, vin vieux, etc. La prudence qu'il eut
durant les derniers temps de la maladie l'aban-
donna car, lorsqu'il eut reprissa santé il se
livra de nouveau à des excès, et péritd'une
hémoptysie.
Supplémentà l'observation sur
une fièvre gastrique
simple, de cause externe; par ledocteur Des-
granges, médecin à Lyon, correspondant de la
Société deMédecine-pratique
de Montpellier.
L'histoire d'une fièvre gastrique parcause
externe, que j'ai lu à notre Société de Médecine,
publiée depuis dans les Annales cliniques (•>
sér., tom. 111, pag. aooj était occasionnée par
l'ingestion d'une pièce de monnaie decuivre, d'un
poucede diamètre et du poids de huit scrupules,
dont la malade assura ne s'être point aperçue, et
ne pouvoir en assigner l'époque. Quelle que soit
la durée du séjour de ce corps étrangerdans
l'estomac il n'est pas douteux que sa présence a
BE CAUSE EXTERNE.
donné lieu à une maladie interneaiguë,
etque
sa déjection, opérée le cinquième jour de l'ali-
tement de la malade avant l'époque du premier
septénaire, a été pénible, douloureuse, et ac-
compagnée d'accidens qui ont fait craindre aux
parensdes convulsions. C'est en faisant la méde-
cine d'aprèsles symptômes qui se présentent pro
re natà, et par l'action d'un remède évacuan t, admi-
nistré à raison d'une turgescence intestinale signa-
lée parles
phénomènes qui caractérisent cet état,
que j'ai réussi à faire cesser la cause mécanique
de ce désordre interne, causeque
nous étions loin
de présumer; et, avec elle, la maladieque j'avais
jugée essentielle a complètement disparu.
Je dois ajouter aujourd'hui, que l'usage intem-
pestifou peu mesuré des excitans peut faire naitre
toutes les apparencesd'une maladie semblable.
Un de mes amis souffrant des maux d'estomac,
qu'il croyait dépendred'une faiblesse de cet
organese mit de lui-même à
l'usagede
l'ipéca-
cuanha à doses brisées il les rapprocha trop
sans doute ou ne sut point les interrompre à
propos.et j'ai vu aussi survenir tous les acci-
dens d'un embarras gastrique, avec fièvre, sen-
sibilité, tension à l'épigastre, etc., plus promp-
tement que cela n'a lieu ordinairement.
Une femme m'a offert, ily
a peu detemps,
des
symptômes semblables, quelques joursaprèsavoir
reçu un coup assez fort au-dessous du cartilàge
xyphoïde,etc. dans les deux cas, j'ai mis Kîut
en oeuvre pouréviter à mes malades une véri-
FIKVRE GASTRIQUE SIMPLE
"1table gastrite, et pour les garantir de la fièvre
dite primitive ou essentielle, dont le foyer réside
dans l'estomac, même dans le duodénum, que
j'appréhendais d'abord, avant qu'ils m'eussent fait
connaître, l'un et l'autre, la cause topique ou locale
qui avait donné lieu à leurs souffrances, « Toutes
les fois, a dit Bichat, qu'il ya embarras gastrique,
la surface interne de l'estomac souffre ». Onpour-
rait dire, avec autant de vérité, toutes les fois
que la muqueuse gastrique est molestée ou en
souffrance, il en résulte des symptômes qui si-
mulent l'embarras saburral et la fièvre gastrique,
dès quela fièvre vient à se mettre de la partie.
Qui pourrait déterminer, d'une manière pré-
cise, la modification morbide, spéciale, suigeneris,
quedoit
éprouverla membrane interne de l'es-
tomac, pourfaire éclore les phénomènes de l'amas
saburral ou de gastricité avec ou sans mouve-
ment fébrile, sur-tout les sympathiques, tels que
la douleur sus-orbitaire la tension douloureuse
de la région épigastrique, l'abattement des forces,
l'enduit blanchâtre de la langue, la perte del'ap-
pétit, le goût dénaturé ou éteint? Ces trois der-
niers symptômes, indiquent,selon Huffeland,
un vice dans les sécrétions gastriques. On a vu,
àl'égard
de Benoite qu'une cause de nature
irritante ou mécaniqiie sans matière humo-
rale, a donné lieu aux mêmes phénomènes
regardés partous les auteurs comme caractéris-
tiques de la fièvre gastrique ou bilieuse. Certes,
le vomitif n'était pas applicable dans cette cir-
DE CAUSE EXTEKSE.
constance. Ce n'est donc pas sans raison, ce me
semble que beaucoup de médecins pensent au-
jourd'hui que les fièvres dites essentielles ou
plusieurs d'entre elles,pourraient bien n'être que
symptômaliques et mêmes locales.
On trouve dans le bulletin des sciences médi-
cales, du département de l'Eure, cahier d'Octobre
1818, un fait intéressantqui
serapporte
à mon
sujet; j'en retracerai par cette raison les circons-
tances principales.
Delphinx Saint- Ouen du département de
Seine-Inférieure, âgé de tente-sept à tente-huit
ans d'un tempérament bilieux éprouvait un
mal d'estomac continue) avec douleurs tensives,
pesanteurvomissement glaireux céphalalgie
violente, dégoût, perte d'appétit, digestions péni-
bles, grande maigreur, faiblesse générale, etc.
Des remèdes nombreux, reçus de toutes mains,
sont employés pendant trois ans et demi, toujours
sans succès. M. Mottet, officier de santé, fixé nou-
vellement à Pont-de-l'Arche, examinant le malade,
en Mars 1818, lui trouve, le creux de l'estomac
brûlant, ainsi que l'hypocondre gauche, la langue
saburrale, soif continuelle, tumeur et douleurs
gravatives dans larégion
du pylore, l'organe prin-
cipal de la digestion volumineux, distendu, avec
une pulsation interne assez forte et des picotte-
mens (comme produits par des épingles) dans son
fond, etc. Il prescrit un traitement émollient intùs
et extra, quiamende les accidens; douleurs de tête
moins vives au bout de six jours, celles du ven-
FIÈVRE GASTRIQUE SIMPLE,
tricule moins lancinantes, et la région épigastrique
moins brûlante. Quatre jours après surviennent
un dégoût absolu, un état d'appesantissement
terme de l'observateur (gonflement de l'épigastré
et mal de tête), une syncope et de fortes envies
de vomir, signes de turgescence des premières
voies. Le médecin, qui croit à l'existance d'un
abcès intérieur, donne une eau émétisée, laquelle
procure quatre vomissemens de matière muqueuse
qu'il juge purulente, de la quantité de douze onces
environ, et huit noyaux de cérises. Une heure
après, deux autres noyaux sont encore vomis.
Dès le même soir les symptômes vont en dimi-
nuant, la céphalalgie, insupportable au dire du
malade et qui semble avoir sevi pendant toute
la durée de la maladie, cesse entièrement, ainsi
que les douleurs lancinantes vers le cul de sac de
l'estomac. A l'aide de quelques remèdessimples
et d'un régime approprié, tout symptôme de
gastricité disparait; la guérison est entière au
bout de vingt jours.On voit ici une affection interne chronique, un
état habituel de souffrances de la part de l'estomac,
provenant du séjour de dix noyaux dans sa cavité,
lesquels ont occasionné le dépérissement graduel
d'un homme dans la force de l'âge et qui le con-
duisaient à sa perte. L'homme de l'art, qui, en der-
nierlieu, l'a secouru, a eu le bon esprit d'humecter
et d'assouplir l'intérieur de l'organe; il a fait tomber
le spasme et l'irritation de la muqueuse, et a dé-
layé le magma visqueux et tenace qui recouvrait
DE cause EXTERNE.
T. IV délaisser. cah. de Jan. elFèv. iSig.3
les corps étrangers et les enveloppait en .quelque
sorte dans la grosse extrémité du ventricule, ou
près le pylore (ce qui n'est pas aisé à déterminer
d'après l'exposé)où ils ont été long-temps retenus
et fixés dansdes plis et rides de la tunique interne
Celavage
a fait écouler le mucus glaireux qui
les liait; de là leur désunion, leur mobilité(i),
leurimpression plus forte sur les parois du vis-
cère, la syncope et les nausées qui ont suivies,
Le Quo natura vergit était évident, et, pour
avoir été saisi àtemps, les noyaux ont été chassés
de l'estomac et le malade bientôt rendu à la santé.
On ne peut raisonnablement croire à la formation
d'un dépôt suppuré; les symptômes, manifestés
dans le cours de la maladie, sont loin de signaler
cet état, d'ailleurs infiniment rare, et peut-être
jamais existant.
Cette névrose particulière et viscérale a corpore
extraneo (t.), dans salongue
durée dequarante-
deux mois, a pu secompliquer
de fièvre à diverses
reprises, et chaque fois elle a dû signaler, vu les
symptômes pré-existans, une fièvre bilieuse ou
gastriqueet en imposer aux médicastrcs du pays.
On a mis au nombre des causes occasionnelles
de l'amas saburral, muqueuxou mueoso-bilieux,
(l) Symptômes d'une turgescence stomacale mécanique qui était
(lire ici, à la liberté de mouveniensqu'avaient acquis les noyaux
d'où l'augmentation des accidens, etc. et on peut applicjuer ici
ce que Virgile dit de la renommée mnb'iUlate vlget -vir:s ac~
yuirit eundo.
(3) A considérer les nnyaux réunis ensemble formant un massif.
FlJviîE GASTRIQUE SIMPLE,
les écarts de régime l'usage des alimens difficilesà digérer,, etc. Dans les deux cas rapportés avec
détail, de Benoite et de Saint-Ouen, les, corps
étrangers, de nature différente, entièrement in-
connusà l'un età l'autre etnullementsoupçonnés,
ont introduit un mode de fatigue et de lésion
dans la muqueuse de l'estomac, qui a fait naître
chez la première une maladie aiguë, signalée par
des symptômes analogues à ceux d'une fièvre
gastrique bénigne provenant d'une mauvaise
disposition intérieure, laquelle a été terminée
avant le premier septenaire, et d'abord après
l'expulsion de la cause hostile. Dans le second,
une gastrodynie chronique grave et opiniâtre,
en a été le produit, et le malade a failli en être
la victime: Si les mouvemens fatiguans qui se sont
fait sentir, dans le viscère compromis chez ce
dernier, vers le dixième jour du traitement, an-
nonçaient un effort spontané et en quelque sorte
critique (simulant une turgescence stomacale
comme je l'ai déjà dit), pour chasser au dehors
les noyaux, il ne faut pas moins convenir que
l'art l'a secondé fort à propos et qu'il doit par-
tager avec la nature l'honneur de cette guérison.
C'est ainsi que, par un concert bien entendu de
leurs efforts, on voit quelquefois s'opérer des mira-
cles Natwa arte adjuta interdum facil miraculée.
La plupartdes phénomènes indicatifs du mau-
vais état des premières voies, qui ont eu lieu
par des causes extérieures chez ces deux mala-
des, ont été observés, il y a un an, à l'hôpital
DE CAUSE EXTERNE.
de la marine à Brest, à l'occasion d'une lésion
traumatique del'œsophage sans que l'estomac
ait été en souffrance. Voici le fait en raccourci
Un ex-militaire, âgé de vingt-huit ans, man-
geantavec avidité d'une espèce de ragoût, avala
unfragment
de côte de boeuf, longde
quinze
lignes, largede six, et piquant
à ses deux ex-
trémités, ce qui ne l'empécha point de continuer
son repas.Il crut ensuite l'avoir rendu et se
plaignit d'un mal de gorge; sa déglutition s'opérait,
d'ailleurs, sans grande difficulté et sans provoquer
la toux ou le vomissement. Arrèté sur le côté
droit de l'oesophage, le corps étranger a causé
quelquesmalaises dans les premiers jours, et vers
le sixième uneagitation générale, céphalalgie fron-
tale interne, état saburral de la langue, pâleur
de laface, constipation, expectoration muqueuse
abondante, gonflementdes
amygdales, douleur
vague au col et à la poitrine etc. on prescrivit
des sangsues au col, et une eau émétisée qui
détermina quelquesvomissemens,dont le malade
parutêtre soulagé; ensuite
boissons et fumigations
mucilagineuses, lavemens émolliens;le lendemain
vésicatoire entre les deux épaules. Les 4.e et 5.e
jours le malade était mieux. etcependant il a
expirédans la nuit par l'effet de l'ouverture acci-
dentelle de l'aorte thoracique, qu'avait opéré la
pièce osseuse entraversantles conduits des a limens,
etc. Le sang passé dans l'estomacy formait un
caillot du poidsde trois livres. (Journal universel
des sciences médicales Cah. de Mars 1818J.
FlfcV. GAST. SIMP. DE CAUSE EXTERNE.
Je passe sous silence les autres détails de ce
fait pathologique; il me suffit d'avoir montré de
nouveau la conformité qui se trouve entre les
accidens que cette fatale ingestion d'un corps
grêlé et aigu, a d'abord occasionné, et ceux en-
durés par la fille du Lyon et le malade normand;
comme aussi combien ils semblaient indiquer,
les uns et les autres, un embarras gastrique, sinon
comme maladie essentielle, du moins comme coin-
plication.
Le vomitif n'a pu nuire dans cette dernière
circonstance; mais quels secours utiles pouvait
offrir la médecine contre un mal qui avait, pour
cause prochaine un fragment d'os, aigu à ses
deux bouts, venu du dehors et profondément
caché agissant sur deux parties essentielles
dont il s'efforçait de déchirer le tissu et cela sans
développer de symptômes qui pussent signaler
la présence, l'espèce du corps blessant et la nature
ainsi que le siège des parties blessées ? Dès lors
la maladie était incurable, et le malade devait
inévitablement succomber.
MALADIE TACÏÏETÉB HÉMORKAGIQTJB.
Mémoire contenant des observations et des remar-
ques sur une maladie peu connue, désignée par
les médecins modernes sous la dénomination de
maladie tachetée hémorragique; par M. Gon-
dinet, docteur en médecine, Sous-Préfet à 5.1-
l'rieix, associé -correspondant de la Société de
Médec-pral. de Montpellier, membre d'autres
Sociétés savantes, et de plusieurs Académies.
Une lecture réfléchie des observations du cé-
lèbre professeur Baumes consignées dans les
Annales de la Société de Médecine pratique de
Montpellier (An XI, Tom. J.pag. ngetsuiv.),
sur la maladie tachetée hémorragique; a reporté
mon attention sur un cas de cette espèce, que
j'ai eu occasion d'observer en 1 70,2.
Une femme, âgée d'environ trente-sept ans,
d'une assez forte constitution mariée et ayant
perdu depuis peu de temps son mari, qui l'avait
laissée mère de plusieurs enfans, fait le sujet de
cette observation.
Au préalable, je dois dire que cette femme,
quoiqued'ailleurs bien constituée avait porté en
naissant des engorgemeus notables au foie et à
la rate, qui paraissaientlui avoir été transmis
par les auteurs de ses jours; que ces engorge-
mens la disposaient à de fréquentes atteintes de
jaunisse et à des accès d'hypocondrie qui, depuis,
ont été parfoiset plus prononcés et plus soutenus.
La veille d'un jour de fête votive, cette femme
se rendit, d'une distance de quatre lieues, à Saint-
MALADIE TACHETÉE HÉMORRAGIQUE.
Yrieix chez un de sesparens, et fit le voyage
avec uneprécipitation propre à la
fatiguer.
Dans la nuit du jour de son arrivée elle
éprouva inopinément une abondante hémorragie
des gencives, etprincipalement de celles de la
mâchoire supérieure.
Dès le lendemain matin, je fus appelé pour
lui donner mes soins. En entrant dans son appar-
tement, j'aperçus sur une table près de son
lit, plusieurs petits pots remplis de sang. Je vis
encore le sang couler goutte à goutte et en grande
quantité de ses gencives; je remarquai encore
quesa
peauétait
jaune et parsemée de taches
violettes, qu'elle était sèche et brûlante, etque
son poulsétait peu agité.
Une pareille hémorragie, son siège et son abon-
dance, m'embarrassèrent, quant au choix des
moyens les plus propres à l'arrêter; elle formait
à mes yeux,la
plus pressante indication de cet
état morbide singulier. Les difficultés dont il était
entouré pour la médication consistait particuliè-
rement dans celle de faire avaler à la malade les
médicamens internes, lesplus appropriés.
Quant aux remèdes à introduire dans les voies
gastriques, sous forme solide ou liquide, je me
pénétraide l'impossibilité de les faire avaler, sans
qu'ilsn'entraînassent avec eux une grande quan-
tité de sang;sans
que ce premier inconvénient
ne fut accompagné, peut-être, d'un plus granc) i
tel celui de son altération ouputréfaction dans
}g canal alifneulaire. Je mereprésenta, en outre
MALADIE TACITETKE HÉMORRAGIQUE.
la grande difficulté qu'offrait l'emploi des garga-
rismes, ou plutôt, son inutilité.
Dans cet état de perplexité, imaginai l'appli-
cation d'un moyen externe très simple qui me
réussit ce fut celui de faire appliquer sur les
gencives saignantes, des bandelettes de linge fin,
pliées en plusieurs doubles et imbibées d'une eau
astringente assez énergique, avec la précautiond'en renouveler souvent l'application et de les
faire contenir par la malade et par ceux qui en
prenaient soin. Cette application astringente con-
tinuée pendant quelques heures, mit fin à l'hé*
morragie qui affaiblit considérablement les forces
de la malade.
La cessation de l'hémorragie, me laissa la li-
berté d'administrer à l'intérieur les moyens qui
me semblaient le mieux convenir à cette affection
morbide. Je prescrivis d'abord un régime restau-
rant j'associai à ce- régime l'emploi des boissons
acidulées et d'un apozème composé avec une poi-
gnée de feuilles de chicorée amère, de celles de
bourrache, de cresson, et avec une dose suffisante
de quinquina. J'employai ensuite quelques légers
minoratifs, pour provoquer l'évacuation du sang
que la malade avait avalé en grande quantité.
Il se décida bientôt un état fébrile double
tierce et une oedématie manifeste des extré-
mités inférieures. Enfin, au bout de deux mois
ou environ, tout céda au traitement que j'avais,
prescrit, et cette femme vit encore.
Remarques.M. Baumes, dont les vastes con-
MALADIE TACHETÉK H^MOnnAGIQVÏ.
naissances et l'esprit observateur, sont sigénéra-
lement reconnus, faitremarquer, i.° en parlant
de cette maladie extraordinaire, qu'elle semble
tenir à la fois, du scorbut, du catarrhe habituel,
de la mélancolie et même du rhumatismefroid,
2.° Qu'elle attaque plus souvent les personnes
au-dessus de l'âge moyen; plutôt les femmes que
les hommes, et celles principalement qui sont
àl'époque de la cessation naturelle des menstrues.
3.Q Que les causes morales qui paraissent influer
sur cette maladie sont ordinairement degrandes
passions non.satisfaites, ou de longs chagrins:il
signale encore, parmiles causes
physiques,l'action
un peusoutenue d'un air humide etfroid,le défaut
d'exercice, sur-tout après une vie long-temps
active, une certaine prédominance d'alimcns tirés
des animaux.
4° Que ceux chez qui on peut reconnaître
quelque degré de cette affection scorbutique
ont un visage dont la couleur aquelque
chose
de terreux, leslèyres peu colorées, le ventre
paresseuxles digestions pénibles et troublées
pardes vents, les gencives pâles et faiblement
adhérentes aux dents; que la peau, notamment
celle des extrémités tant supérieures qu'infé.
rieures et quelquefoiscelle de la surface antérieure
de lapoitrine,
offre depetites taches ou
éruptions
lenticulaires de couleur rousse, ressemblant assez
•^aux taches de rousseur que l'habitude du grand
air et la chaleur font sortir sur la portion des
tégumens qui reste découverte, etc.
MALADIE TACHETEE HEMORRAGIQUE.
5.° Que dans quelques circontances, le malade
éprouve des bouffées de chaleur passagères qui
ainsi qu'on les observe chez les individus appelés
vaporeux montent pourse
répandresur le
visage,sur la poitrine ou ailleurs, signe auquel
se mêlent de fréquens borborigmes, des tensions
de l'épigastre, des rénitences des deux hypocon-
dres, des affections morales tristes qui feraient
reconnaître une forte nuance à' hypocondrie.
6." Que des obstructions dansquelques-uns
des
viscères notables du bas-ventre, quise forment
au bout d'un certain temps et qui donnent uais-
sance à des événemens quelquefois majeurs, sem-
blent enfin rapprocher les effets de ce désordre
anomal, lentement introduit dans les fonctions,
de cette maladiequ'Hippocrate
adésignée sous
le nom de grakdes rites, magni lienes, etc.
La plupart des circonstancesque je viens d'in-
diquer, d'après l'autorité imposante d'un des plus
savans médecins de nos jours, comme les plus
propres à caractériser la maladie peu commune
dont je m'occupe, paraissent s'appliquer parfai-
tement au cas dont je donne ici la relation exacte,
et à quelquesautres analogues qui
sontrappelés
dans ce mémoire.
Il suffira d'un simple rapprochement ou d'un
tableau comparatif des principes et des faits, pour
justifier cette opinion.
La femme, qui fait le sujet de l'observationque
je soumets à l'examen éclairé de la société, avait
atteint 1 âge moyen lorsqu'ellefut frappée de cette
MAXADIE TACHETEE TIÉMORB A.GTQUE.
maladie. Elle habitait un lieu assez bas, couvert
d'arbres et entouré de ruisseaux, ce qui devait
rendre, pour elle, la constitution atmosphérique
presque habituellement fraîche et humide, et la
mettre sous l'influence de cette dernière cause
dispositive à la maladie quellea
éprouvée. Elle
a la peau tachetée de rousseurs, des lèvres avec
peu d'incarnat, et des gencives pâles.Elle est née avec des obstructions au foie et
à la rate qui ont imprimé à son visage une
couleur terreuse et même parfois une teinte
jaunâtre. Ce vice de constitution primitive lui
avait été transmis par son père quiavait les
mêmes viscères fortement obstrués. J'ai vu périr
deux de ses frères à un âge peu avancé, après
avoir éprouvé des affections ictériques graves et
prolongées. Le père, dans sa manière d'être mo-
rale et physique, présentait tous les signes spéci-
fiques del'hypocondrie;
on avait même plusieurs
fois remarqué en lui de fortes nuances d'une
affectionmélancolique (insultus melancolici ) et
il est mort des suites d'une hydropisie ascite
accompagnée d'ictère, etc.
Sa fille ( la femme dont il est fait mention ici)
aéprouvé aussi dans diverses périodes
de sa vie,
plusieurs atteintes d'hypocondrieet même de
mélancolie bien manifestes. Elle avait eu des pas.
sions vives, peut-êtrenon satisfaites; et elle était
devenue veuve et s'était remariée.
On miepeut pas rencontrer des- sujets qu'on
puisseconsidérer, k plus juste titre, que
cette
MALADIE TACHETEE HÉMORHAGIQUE.
femme, son père et ses frères, comme ayant porté
en naissant le germe fâcheux de cette maladie
grave et rebelle qu'Hippocrate a désignée sous
le nom de GRANDES RATES, magni lienes.
Ce rapprochement des diverses circonstances
analogues fait penser que l'affection morbide
dont je présente la description est en tout sem-
hlable à la maladie tachetée hémorragique dont
M. Baumes, et avant lui, quelques auteurs qu'il
cite, ont distingué le vrai caractère d'avec celui
du scorbut proprement dit, ainsi que de quelques
autres maladies qui y\ ont du rapport et avec
lesquelles on pourrait aisément la confondre.
Nonobstant, je dois faire observer que les af-
fections scorbutiques se manifestent très rarement
dans cette contrée en général herbeuse fores-
tière, entrecoupée de réservoirs d'eaux stagnantes,
de petits ruisseaux et de sources qui s'y multi-
plient à peu près dans la même proportion. Je
puis assurer n'y en avoir vu que trois ou quatre
bien signalées, accompagnées d'hémorragies atta-
quant particulièrement les hommes, et dont mes
soins ont triomphé.
Je passerai maintenant à l'exposition de quel-
ques autres faits bien observés qui tendent à
confirmer les principes établis par M. le pro-
fesseur Baumes, touchant le caractère spécifique,
les causes, le diagnostic, le pronostic et la cura-
tion de la maladie sur laquelle j'ai voulu rap-
peler J'attention des praticiens observateurs.
Jja médecine d/observation a recueillibeaucoup
MALADIE TACTTEriE HKMOKRAGIQUE.
de faits qui prouvent que des affections de l'âme
profoi.des et habituelles, telles qu'une vive crainte
de mal faire, un amour ardent, des mouvemens
de colère, e!c. peuvent produire des hémorragies
graves et inopinées.
On trouve dans la gazette de santé (n.° 28,
année 17S6), un cas de ce genre bien digne
d'attention. Il concerne un religieux qui crachait-
toujours du sang, sans toux. Cette hémorragie
était entretenue par une mauvaise et vieille habi-
tude, suivant ses propres expressions, qui résistait
à tous les efforts qu'il avait fait pour la vaincre.
Quand il voulait faire quelqu'exercice de piété,
la crainte de mal faire s'emparait de lui, son coeur
se resserrait, ses réflexions précédentes s'évanouis-
saient, et son imagination lui suscitait les plus
grands tournions. Cette peine ne durait que pen-
dant la prière, et il était moins agité lb reste du
temps.
La même feuille périodique ( n.° 42, année
1785J, fait mention d'une femme, âgée de vingt-
deux ans, d'un tempérament mélancolique qui,au milieu des étreintes amoureuses, était atta-
quée d'un vomissement de sang alarmant, lequel
devenait de plus en plus abondant, à mesure que
l'acte se consommait, et elle n'éprouvait qu'alors
ce phénomène pathologique. Rien, sans doute,
n'est plus propre quecette observation, à signa-
ler l'influence d'une excessive sensibilité morale et
physique. Ce qui la prouve encore d'une manière
bien convaincante, pour la détermination de lit
MALADIE TACHETÉE HEMORRAGIQUE.
maladie tachetée hémorragique est un fait clini-
que dont M. le docteur Mouton donne la relation
intéressante dans le tome IV (an XII), des An-
nales de la Société deMédecine -pratique
de
Montpellier, page !\C> et suivantes.
L'objet de cette observation est une maladie
de ce caractère que M. Mouton désigne sous la
dénomination de pétéchiaire hémorragique qui
fut décidée par un mouvement de colère chez
une femme, âgéede trente ans, d'un
tempéra-
ment bilieux et livréepar
état à des travaux
pénibles. L'hémorragie qui fut d'abord nasale et
suivie de taches rougeâtres circonscrites et sem-
blables à des piqures de puce, dont soncorps
était couvert en différens endroits se manifes-
tèrent simultanément.
M. Mouton fait encore remarquer que cette
affection eut, entrès peu
detemps, fait des
progrès considérables les tachespétéchiaires
s'étendirent en divers sens; quelques-unes placées
sur la joue gauche laissaient transsuder unelégère
quantitéde sang; et la bouche qui, jusqu'alors
n'avait pas été affectée, fournit avec la salive,
une sérosité rougeâtre qui la colorait entièrement;
(trait de similitude avec l'observation qui m'est
propre ).
Il est assez digne de remarque, touchant le
point quenous traitons, que, suivant des obser-
vations cliniquesbien certaines, l'apoplexie soit
due quelquesfoisà des épanchemens de
sang
dans les cavités du cerveau, qui proviennent de
MALAfilE TACHETÉE irélUTOBRAGIQCE.
l'érosion des vaisseauxsanguins qui y aboutissent,
par un sang fort acrimonieux, tel qu'on le trouve
chez les scorbutiques et les atrabilaires chez qui
l'on voit le sang s'échapper des vaisseaux en
plusieurs parties du corps, à la moindre pression.
( Bouclier, observations sur l'apoplexie, journal
de Médecine, cahier d'Octobre 1776, page 363 et
suivantes).
On trouve dans les Annales cliniques de la So-
ciété de Médecine -pratique de Montpellier, des
cas de hématémèse, manifestement dus aux
magnis lienes d'Hippocrate c'est-à-dire, à des
engorgemens et à des gonflemens notables de la
rate. M. le docteur Rogery y a consigné un fait
de cette nature, qui présente les principaux at-
tributs de cette affection morbide dont les suites
sont toujoursà redouter. Ce cas a
pour objet un
jeune homme âgéde
quatorze ans, d'un tem-
pérament pituitoso-sanguin, d'une constitution
délicate et faible, qui périten trente-deux heures,
d'un vomissement de sang prodigieux, lequel
selon M. Rogery,fut évidemment dû à l'augmen-
tation de volume et à l'entière induration de la
rate, démontrés par l'autopsie cadavérique sans
rupture, des vaisseaux dans les premières voies:
ce qui porte M. Rogery à penser qu'on ne peut
expliquerle passage d'une aussi
grande quantité
de sang rejettée par le vomissement en si peu
de temps, par une autre voie, que parles extré-
mités vasculaires, etc. (Voy. jour. de Méd.-prat.
de Montpellier, an,Xl, N.a i.« pag. 33 et sm'v.J.
iï'AXJLDIE TACHETEE HKMOKRAGtQUÊ.
M. Baumes prétend que le scorbut entre dans
les élémens qui concourent à formcr l'espèce de
maladie qui fait l'objet de cette dissertation.
Il est, en effet, constaté par l'expérience qu'une
agitation extraordinaire du sang, causée par les
mouvemens irréguliers des nerfs, à la suite d'une
forte affection de l'âme, ou d'une commotion
violente du corps, est capable de produire une
dissolution subite dusang;
mais cette dissolution,
trouve communément ses causes dispositives d'un
côté, dans la faiblesse de la constitution la tex-
ture délicate des solides, la mobilité et l'irrita-
bilité du genre nerveux; et de l'autre ce sont
des humeurs âcres, qui, venant à se mêler avec
le sang, en atténuent, en brisent les globules,
lui donnent un extrêmedegré de ténuité, en
un mot, opèrent sur lui les mêmes effetsque
le
mercure, ou certains poisons, tels que l'eau de
laurier-cérise, etc. (Jaubert, Mèm. de la Soc. Roy.
de méd., an i-j-]6etc)..
La méthode curative que j'ai employéecontre
le cas de maladie tachetée hémorragique' qni
m'est propre, semble être le plus généralement
applicableà cette espèce d'affection chroniqne;
on se rappellera qu'elle consistait dans l'admi-
nistration simultanée, ou successive des acides,
des anti-scorbutiques, des astringetis et duquin-
quina.
Ces vues thérapeutiques concordent parfai-
tement avec celles qui sont consignées dans le
mémoire de M. Baumes; et M. Mouton déclare
MALADIE LACHÏT& HiMORfiAGrQUE.
avoirtriomphé de la maladie pétéchiaire hémor-
ragique qu'il eut à traiter, en employant un trai-
tementastringent
ettonique dans lequel il faisait
entrer les acides minéraux, le quinquina, etc.
M. Le Roi, professeur très -distingué de l'école
de Montpellier, dit qu'il survint à un malade
(atteint enmême-temps d'une affection scorbu-
tique et d'une affection vénérienne), qui passait
par les grands remèdes une salivation énorme
avec une hémorragie des gencives si considérable,
qu'il paraissait être dans un danger prochain de
périr. Une abondante boisson de limonade arrêta
en peu de temps cette hémorragie et calma la
salivation. (Foy. Mélanges de pltjrs. et de méd.,
mém. sur le scorb., pag. 'fo.8).
Lind, Cullen, etc., ont également trouvé les
acides végétauxet minéraux, ainsi que le quin-
quina,utiles dans la salivation et les hémorra-
gies scorbutiques.
M. le docteur Goguelin propose d'employer
dans les mêmes maladies des tisanes et des po-
tions, dans lesquelles il fait spécialement entrer
les acides minéraux, le quinquina et quelques
substances astringentes (Voy. Mém. de la Soc.
Roy. de méd. de Paris ann. 1780 et 81J.
Du reste, M. Baumes fait observer, en ter-
minaut son mémoire (ce qui est encore démontré
par les observations que celui-ci renferme), que
la maladie tachetée hémorragique est rare, jamais
épidémique,ni contagieuse, ni même dangereuse.
Je dois dire pourdernière remarque, que, dans
J
MALADIE TACHETÉE HÉMORRAGIQUE.
T. IF de la* sêr., cah. de Jan, et Fév. 1 8 1 g. ,'4
l'hommage que je fais à la Société de Médecine-
pratique, de cette dissertation sur cette maladie,
je me suis moins attaché à surprendre par la
nouveauté et lasingularité, qu'à ramener l'at-
tention sur un de cesobjets
de médecineclinique
qu'il serait sidangereux de perdre de vue (i).
Observation sur les bons effets de l'extrait de jus-
qaiame blanche, dans une hémoptysie nerveuse;
par M.Caizergues,
docteur en médecine, etc.
M. J. de S. âgé de trente-six ans, d'un tem-
pérament sanguin chargé d'embonpoint, doué
d'une sensibilité etd'une mobilitéexcessives, ayant
été sujet à des affections nerveuses-spasmodiques,
éprouva, dans le moisd'Avril 1814, un catarrhe
pulmonaire très- grave, qui paraissait toucher à
son terme, lorsque dans les premiers jours du
mois de.Mai, cette affection pritun accroissement
extraordinaire et présenta les phénomènessuivans:
Le malade était assez tranquille dans la journée,
(a) II eut été & souhaiter que le savant et judicieux auteur du
mémoire que l'on vient de lire, eut eu connaissance des faits
publiés dans le journal de médecine étrangère rédigé par M. le
prnfesseur Kluyskens; de ceux consignés dans la Bibliothèque
médicale, et sur-tout de l'ouvrage de M Bellefonds, médecin à.
Lyon vraie monographie sous le titre modeste t d'essai sur lu
-.I.di. d~ W,,11,-f ( --4.- de 43 pages,maladie tachetée hémorragique de PPcrlltof (in-4-o de 4^ P^ë8»,
Strasbourg 1811 chez Levrauk libraire )• Alors, son travail quoi-
que trts-intéressajit aurait été plus riebe, soit touchant le rap-
prochement des faits pratiques soit touchant les rapports d'ana-
logie entre la maladie tachetée hémorragique et celles avec les
quelles peut la confondre. V. B. R. G.
hémoptysie nervecseguiSrie PAR
il était sans fièvre, il toussait peu et expectorait
facilemenrune matière blanche ecumeu.se, sem-
blable à de la salive. A huit heures du soir, la toux
redoublait et prenait absolument le caractère
des quintes de la coqueluche; pendant les efforts
de cette toux, il survenait une difficulté extrême
dans la respiration, avec contraction violente de
tous lcs muscles de la poitrine et de l'abdomen,
engorgementdes vaisseaux de la face qui était
d'un rouge violet, des vomissemens dans lesquels
le malade rejettait des glaires, mais leplus souvent
les alimens et les boissons qu'il avait pris depuis
peu enfin un crachement abondant, d'un sang
très-vif, terminait la quinte dont la durée était
de cinq ou six minutes. Cette' toux reparaissait
ensuite vers les onze heures du soir et sur les
trois heures du matin. La nuit était fort agitée,
le malade gouttait peu ou presque point les dou-
ceurs du sommeil et lorsqu'il s'endormait dans les
intervalles des paroxysmes de toux la quinte qui
succédait au sommeil était beaucoup plus forte,
plus longue, et l'hémoptysie, qui y mettait fin,
plus abondante.
Diverses méthodes de traitement furent em-
ployées par MM. les médecins d'une ville voisine
qu'habitaitalors M. S. On mit successivement
en usageles révulsifs et les dérivatifs, tels que
les pédiluves sinapisés, l'application des vésica-
toires aux gras des jambes et ensuite auxbras,
la saignée du pied et l'application des sangsues
aux vaisseaux hémorrhoïdaux les relâchans et
I.' EXTRAIT DE JUSQUIAME BLANCHE.
émolliens, l'eau de veau, le petit lait, etc; les
anti-périodiques combinés avec les anti-spasmodi-
ques, le quinquina associé au musc; enfin, les nar-
cotiques, l'opium et ses préparations. La maladie
loin de céder à ces différons remèdes, s'aggravait
tous les jours, le malade maigrissait d'une ma-
nière sensible, ses forces diminuaient, il était
enroué et habituellement suffoqué.
Tel était l'état de M. S. lorsqu'il se rendit à
Montpellier,le 31 Mai, pour y réclamer mes
conseils et mes soins.
Je le vis le même jour à dix heures du soir.
Il avait eu la quinte de toux à huit heures, dans
les efforts de laquelleil avait rendu, par le vomis-
sement, une grande partie de son diuer, etpar
l'expectorationune
quantitéde
sangdont je
fus moi-même étonné. Je prescrivis unelégère
eau de veau et un pédiluve.
Le i.er Juin, à ma visite du matin, le malade
me dit qu'il avait passé une mauvaise nuit, qu'il
n'avait pas reposé un seul instant, qu'il avait eu
trois quintes, l'une à minuit, l'autre à trois heures
et la troisième vers lescinq
heures du matin.
Dans toutes il avait craché du sang, et je jugeai,
par laquantité qu'on en avait conservé dans une
cuvette, qu'il pouvait en avoir expectoré, àpeu
près, de cinq à six onces.
II toussait encore un peu, mais sans quintes;
ses crachats étaient sanglans; la respiration était
gênée,son pouls serré et vif, la langue nette,
l'appétit bon et le maladen'éprouvait autre
HEMOPTYSIE NERVEUSE GTliltlE PAR
chose qu'une grande lassitude suite inévitable
de l'agitation de la nuit. Je prescrivis la conti-
nuation des mêmes remèdes auxquels je fis
ajouter quelques verres de petit-lait et un lave-
ment simple.
A la visite du soir, je fus témoin de la quinte
qui survenait à huit heures, et que je puis com-
parerau plus fort paroxysme de coqueluche
que j'aie jamais vue. C'est alors que je pré-
sumaique
M. S. étant excessivement mobile,
et ayant eu autrefois des affections nerveuses
convulsives, que j'avais traitées avec succès par
lesanti-spasmodiques,
ilpouvait bien se faire
que la toux et l'hémoptysie, dont il était actuel-
lement atteint, tinssent au même principe, c'est-
à-dire, à un état convulsif de tous lesorganes
servant à larespiration. Je
renvoyai, cependant,
au lendemain l'administration du traitement que
je basai sur cette théorie. La nuit fut aussi mau-
vaise que la précédente, et les quintes de toux
et l'hémoptysie revinrent aux mêmes heures et
avec la même intensité.
Le i Juin j'étais préoccupé de la même idée,
mais extrêmement embarrassé sur le choix d'un
anti-spasmodique. Néanmoins, l'insuccès de ceux
qu'on avait déjà employés me fit penser à l'extrait
de jusquiame blanche, que Storck etFouquet ont
tant recommandé dans les affections nerveuses
convulsives, et dont j'ai même éprouvé d'excellens
effets dans ces maladies. Je fispréparer douze
pilules,chacune d'un
grain de cet extrait, et
L'EXTRAIT DEJUSQUIA3IE ELANCHE.
je me rendis à six heures chez le malade; jelui en donnai une de suite, et je restai pour en
observer l'effet. La quinte de toux viut comme
à son ordinaire, mais elle fut moins forte et il
n'y eut que deux ou trois crachats de sang pur.
Enhardi par ce premier succès, je donnai une
seconde piluleà huit heures; j'en prescrivis une
autre pour dix heures une quatrième pour
minuit.
Le 3 Juin, à ma visite du matin, le malade
m'annonça, avec une joie extrême, qu'il n'avait
pas eu dequintes, et que
la nuit avait été fort
calme, quoiqu'il n'eut pas dormi, et qu'il avait
dépassé mon ordonnance, en avalant une pilule
de plus, sur les cinq heures, ayant éprouvéun
picotement au gosier quilui avait fait craindre
pour le retour d'une quinte, qui cependant n'avait
pas eu lieu. Dans la journée il eut unpeu de
toux, maissansquinte. A six heures du soir, je fis
reprendre le même remède, qui fut réitéré toutes
les deux heures, jusqu'à minuit. Plus de quinte,
plus de crachement de sang, nuit excellente,
sommeil de trois heures.
Le 4 Juin, continuation du même extrait. Il
importede
remarquerici
quece remède n'eut
aucune action sur la tête, quifut toujours libre,
le malade n'éprouvant ni céphalalgie,ni
vertige,
ni aucun des autres effets que l'extrait de jus-
quiameoccasionne ordinairement, lorsqu'il est
donné, tout d'un coup,à une forte dose. J'ob-
servai seulement le 3.» et 4'e jour, une légère
FRACTURE DU COL DU FÉMUIl
diarrhée, qui se borna à trois ou quatre selles dans
les a4 heures.
Le 5 et le 6 Juin, le mieux persistant, je ne pres-
crivis que trois pilules, à prendre le soir à la
distance de trois heures, l'une de l'autre.
Le 7 Juin,trois
pilules seulement, une le matin,
une à midi, et une troisième le soir.
Les jours suivans, je n'en employai que deux
et toujours d'un grain d'extrait de jusquiame, que
j'ai ensuite tout-à-fait abandon né, le malade étant
rétabli, la respiration étant très-libre et la toux
ayant entièrement cessé. Ily
aaujourd'hui près
de cinq ans, que le malade n'a pas éprouvé le
moindre mal-aise, qui pût faire craindre pour
une rechute; il a repris toutes ses forces et son
embonpoint.
Observation sur une fracture du col du fémur,
occasionnée par l'action musculaire; suivie de
quelques réflexions sur cette fracture et en
général, sur celles des os longs des membres,
produits parla mène cause par
M. R. Roques,
docteur en médecine de la faculté de MontpeU
lier, chirurgien-aide-major au 3.e Régimentdu
Corps Royal du Génie membre de plusieurs
Sociétés savantes, nationales et étrangères.
Je fus appeléle 5 Juin i8j5, pour donner des
soins à une femme de Verdusan(i), âgée d'environ
cinquante-huit ans d'une stature médiocre, asses
(]) Petit Village, sur la grande route et à moitié chemin d'Auch
i Cowiuui ilcpiiiumcut du Unis,
PAR L'ACTIOlt MDSC0LA1RH.
musclée, mais sans être pourtant d'une constitution
très-robuste. Cette personne était retenue, depuis
cinq ou six jours dans son lit, par suite d'un violent
effort musculaire qu'elle avait fait pour prévenir
une chute en avant et dans un feu ardent, près
duquel elle s'était endorrrtie. Au moyen de cet
effort, elle parvint à éviter toute espècede chutei
mais la force musculaire qu'elle fut obligée d'em-
ployer, fut cause d'un accident aussi fâcheux
qu'inattendu. En effet, la malade éprouva à l'ins-
tant même une rupture ressentit une vive dou-
leur aupli
de la cuisse gauche,et elle fut dans
l'impossibilité de se lever de dessus le siége où
elle était assise, de fléchir celle-ci sur le bassin,
d'exécuter aucun mouvement de progression, etc.
Ces divers accidens et les douleurs qu'elle
éprouvait toutes les fois qu'elle voulait se mou-
voir, ouqu'on
la remuait dans son lit, engagèrent
les parens àappeler
un officier de santé qui
ne reconnut point la fracture qui existait; il se
contenta de prescrire quelques fomentations ré-
solutives, pour remédier augonflement qui
s'était
déjà manifesté autour de l'articulation fémoro-
coxale, et dans toute l'étendue de la cuisse. Résidant
alors à Gondrin, à trois lieues de Verdusan, jene fus appelé que lorsqu'on eut reconnu l'inef-
ficacité des moyens déjà employés. Arrivé au-
près de la malade, je m'aperçus d'abord que le
membre abdominal gauche était plus court que
celui du côté opposé, qu'on pouvait rendre, au
premier,sa
longueurnaturelle en faisant, sans
FRACTURE DU COL DU FiMtJR.
beaucoup d'effort, une traction sur le pied; que
le racourcissement reparaissait aussitôt que celle-
ci cessait d'avoir lieu que le pied et le genou
étaient déjetés en dehors et pouvaient être facile-
ment portésen dedans, mais qu'elle ne
pouvait
elle-méme les tourner dans ce sens, ni exécuter
aucun mouvement musculaire un peu étendu,
sans éprouverdes douleurs aiguës au pli de l'aine,
où je ressentis, d'ailleurs, lacrépitation, d'une
manière très-manifeste, malgré legonflement con-
sidérable qui existait dans la partie.
On pense bien que, d'après ces divers signes,
et eu égardaux circonstances qui avaient donné
lieu à cet accident, il me fut facile de reconnaître
la fracture du col du fémur. Mais craignant qu'elle
ne fûtpas
seulement dépendante de l'action mus-
culaire et de la friabilité des os, qui résulte d'une
sorte de sur-saturation dephosphate
calcairequ'ils
acquièrent par le progrès de l'âge je m'informai
si la malade avait été ou était atteinte de quelque
affection cancéreuse, et, dans le cas contraire,
quellesétaient les maladies auxquelles elle avait
été sujette. J'appris, par un de ses parens, que
cette femme qui était célibataire avait eu clan-
destinement un ou deux enfans, et qu'il était pos-
sible que, par les commerces illicites qu'elle avait
eus pendant sa jeunesse, elle euteontracté quelquemaladie vénérienne. Ce récit me conduisit d'abord
là examiner les os qui sont le plus exposés à être
atteints par l'action du virus syphilitique, et je
parvinsà découvrir une sorte d'exostose ou de
PA-R L'ACTION MUSCULAIRE.
gonflement osseux du sternum, qui, depuis quel-
que années avait singulièrementdéformé cet
os et lapartie antérieure de la poitrine,
sans
avoircependant apporté
aucunegène
dans l'acte
de la respiration. La malade fut toutefois sourde
aux diverses questions que je lui fis pour éclaircir
l'étiologie et le diagnostic des affections du sys-
tème osseux, qu'elle offrait à mon observation jene pus obtenir d'elle aucun aveu qui fut propre à
asseoir mon jugement d'une manière positive Elle
soutint, avec opiniâtreté, qu'elle n'avait jamaisconnu aucune des maladies dont je lui parlais,
niéprouvé, antérieurement à l'accident qui lui
était survenu, la moindre douleur ostéocope au
plide la cuisse ni ailleurs. Les parens m'assurèrent
que,dans aucun
temps,elle ne s'était plainte d'au-
cune douleur rhumatismale ou de toute autre
nature.Cependant,
soitpar
le récitque
l'un
d'eux m'avait déjà fait, soit, sur-tout, par le
gonflementet la difformité du sternum, j'étais
portéà croire que la malade me cachait la vérité
et que les affections dont j'ai parlé, étaient vrai-
semblablement dues à une syphilis constitution-
nelle.D'après cela, je crus qu'il était prudent
de conseiller un traitement anti-vénérien, pour
assurer autant que possible, la consolidation de
la fracture, que les causeséloignées
et efficientes
quil'avaient produite, plus que l'âge, me faisait
regarder comme très-douteuse' Les diverses raisons
que j'employai pour étayer mon opinion à cet
égard furent inutiles la malade et sesparens
FRATT7RE DU COL DU FÉMUR
se refusèrent à l'administration d'un pareil trai-
tement. Et, à dire vrai, sachant que les affections
dont il s'agit, pouvaient avoir lieu indépendam-
ment de l'action du virus syphilitique je me
résignai à leur refus quoique je fusse néan-
moins, persuadé que la malade n'avait point été
sujette à aucune affection cancéreuse, scrophu-
luse ni scorbutique. Enfin je fondai mou espoir
touchant la consolidation de la fracture, sur
les analogies que l'expérience journalière nous
fournit, en nous faisant voir que le vice véné-
rien n'apporte pas, en général, un très grand
obstacle à la guérison des solutions de continuité
des parties molles. Je me contentai donc de
réduire la fracture, et de prescrire un régime
convenable à la constitution, à l'âge avancé de
la malade, et, par conséquent, plutôt analeptique
que débilitant.
Pour réduire et contenir la fracture en ques-
tion, je fis faire les attelles convenables pour
appliquer l'appareil à extension continue de
Desault, qui, sans être exempt de quelques incon-
véniens, peut être, en quelque sorte regardé
comme le meilleur, et sur-tout comme le plus
facile à employer sur-le-champ et dans le plus
grand nombre de circonstsnccs. Cet appareil fut
appliqué le plus méthodiquement possible, et je
chargeai l'officier de santé, qui avait primitive-
ment donné ses soins à la malade, de veiller
avec le plus grand soin à son effet extensif. Je ne
pusrevoir la malade que le 20 Juin, Alors le
PAR L'ACTION MUSCUtAIRB.
gonflement était dissipé, je trouvai le bandage
un peu relâché, sans pourtant que le membre
eut rien perdu de sa rectitude et que l'extension
permanente n'eut obtenu tout l'effet désiré. Le
même appareil fut réappliqué; et je chargai en-
core le même officier de santé de le surveiller
avec la plus grande exactitude. Le 10 Juillet, je le
renouvelai. Le 5 Août, la fracture me parut parfai-
tement consolidée, sans difformité et sans racour-
cissement manifeste du membre, car la malade
exécuta elle-même sur son lit, divers mouvemens
en avant ou d'élévation, d'abduction, d'adduction
et de rotation de la totalité du fémur, sans qu'elle
ressentit la moindre douleur du côté du pli de
la cuisse. Je jugeai, cependant, convenable de
réappliquer l'appareil, pour donner beaucoup plus
de temps à la nature de consolider le cal mais
je recommandai aussi, d'en débarrasser complè-
tement la malade, du 20 au a5 Août (soixante-
quinze à quatre-vingt jours après sa première
application); et dans le dessein d'activer le réta-
blissement du mouvement et des forces muscu-
laires de l'extrémité affectée, je prescrivis à dater
de cette dernière époque, l'emploi des frictions
sèches et des fomentations sur toute son étendue 1
d'abord avec le vin aromatique et ensuite avec
l'alcool camprhé. Enfin la malade se trouvant
assez bien, commençant à mouvoir aisément la
totalité du membre, et exécutant à l'aide de bé-.
quilles, quelquesmouvemens de progression, il
lui survint inopinément une fièvre gastro-adyuaiT
FRACTURE DU COL DU FÉMUK.
1 1. 1 1
inique qui la fitpérir dans quatorze ou quinze
jours.
Au reste il est encore essentiel d'ajouter,
d'aprèsce
que j'ai appris dans le temps par l'offi-
cier de santé, dont j'ai parléet
qui fut seul appelé
pourdonner des soins à cette femme pendant
sa dernière maladie, que, vers la fin de cette
affection morbide, la fracture lui avaitparu
s'être
désunie.
Ainsi qu'on le voit, très-souvent, les plaies des
parties molles, récemment cicatrisées, comme
celles qui sont sur le point de se consolider se
rouvrent en entier pendantle cours des fièvres
de mauvais caractère, qui viennent accidentelle-
ment compliquer ces sortes d'affections locales.
Ce phénomène est aussi une nouvelle preuve en
faveur de l'analogie qui existe entre les maladies
des os et celles des parties molles analogie que
l'illustre lioerrhaave a parfaitement signaléelors-
qu'ila dit
Ipsaossa morbos
patiunlursimiles
us, quos hactenùs in mollioribus parlibus' des-
cripsimus (\).
Réflexions. D'après ceque je viens de dire, à
l'égard de la disjonction de la fracture qui fait
le sujet de l'observation précédente il est pos-
sible que despersonnes, plus
ou moinspréve-
nues contre la consolidation des fractures du col
du fémur, supposent que celle dont on vient de
lire l'histoire ne c'est point effectuée. Mais, si
(\) De coga* et çutand, morbû ttpli, âia, Pga' 9^' 'ï^i i
Pariiiis ijtf*
PAR L'ACTION MUSCULAIRE.
elles veulent se donner lapeine
de réfléchir un
instant sur tous les faits que j'ai rapportésavec
soin, elles verront que cette suppositionest dé-
nuée de fondement; car, si la formation du cal
n'avait pas eu lieu le membre n'aurait point
conservé salongueur
ni sa rectitude naturelles,
et la malade n'aurait pu exécuter les divers mou-
vemens qu'ellea fait jusques vers les derniers
momens de sa vie. D'ailleurs, on doit seper-
suaderque,
si je n'avaispas
eu la certitude que
la fracture fût consolidée je me serais bien
gardé de faire supprimer l'usage del'appareil
à
extension permanente.
Je n'assurerai pas également, d'après ce que
j'ai exposé,si la malade était atteinte ou non
d'une syphilis constitutionnelle, et si celle-ci
doit êtreregardée
ou non comme une des causes
prédisposantes de la fracture, et, aussi, comme
la cause occasionnelle dugonflement
ou de l'exos-
tose du sternum. La vérité est, que, si cet état
morbide existait, il n'a point paru avoir une in-
fluence sensible sur la consolidation de la frac-
ture, à moinsque
l'on ne considère comme telle
ladésorganisation qui s'est manifestée, dans ce
travail de la nature vers la fin de la maladie
qui a terminé les jours de la malade, et à laquelle
il est bien plus raisonnable d'attribuer, ce me
semble cephénomène pathologique. D'ailleurs,
en supposant que le vice vénérien ait contribué,
dans ce cas-ci, à produire une certainefragilité
dans les os, et4 facilitéainsi la fracture du col
FRACTtTRE DU COL DU FÉMUR
du fémur, on ne peut se refuser à admettre
qu'elle a été occasionnée par une forte et prompte
contraction des muscles, et qu'un pareil accident
pourra, au moins, avoir lieu de la même manière,
toutes les fois que la consistance des os sera
également altérée, soit par les progrès de l'âge,
soit par une diathèse quelconque.
D'un autre côté, il est aisé de voir, sans se
livrer à des explications de mécanique animale,
que l'angle que forme le col du fémur avec le reste
de l'os, et ceux que les divers muscles abducteurs,
extenseurs et rotateurs de la cuisse, décrivent
en sens inverses du premier, par leur insertion,
d'une part, à divers points du bassin, et de l'autre
au grand trochanter ou à d'autres points du fémur,
sont autant de dispositions naturelles favorables
à la production de la fracture dont il est ques-
tion. L'action isolée et plus ou moins combinée
de ces muscles, et de divers autres, tend, en effet,
à augmenter sans cesse l'angle du col de cet os,
et à produire, par leur contraction brusque et
plus ou moins simultanée la fracture de cet
apophise. Cet accident est encore rendu plus
facile par la médiocrité de la grosseurdu col du
fémur, par la grande quantité de substance spon-
gieuse et le peu de substance compacte qui en-
trent dans sa structure. Je sais que des auteurs
très-renommés ont émis une opinion contraire
à celle que j'avance d'après d'autres écrivains
non moins célèbres, et que plusieurs hommes
de l'art regardent la substance spongieuse des os
PAR L'ACTION MUSCULAIRE.
.a.7_ .7, f_v.d
eommelamoinssusceptible d'être fracturée. Mais
sans chercher à réfuter cette assertion j'obser-
verai que nous voyons tous les jours la rotule,
l'olécrane, le calcanéum, etc., se fracturer même
parla seule action des muscles et, certes,queces
os, presqu'entièremeiit spongieux, ne sont pas
d'ailleurs plus favorablement disposés que le col
du fémur, pour être fracturés par cette cause.
Aussi suis-je surpris, d'après cela, que les diffé-
rentes dispositions organiquesdu col de l'os,
dont ils'agit,
ne soient pointdes causes plus
fréquentes de sa fracture, par la seule action
musculaire, et que les praticiens observateurs
n'en aient pas recueilli divers exemples. Leur
silence, à cetégard,
meporte
à croire qu'ils ont
peut-être confondu cette fracture avec des luxa-
tions du fémur, ou bien que cette solution de
continuité étant ordinairementaccompagnée
ou suivie d'une chute, a été attribuée à cette
dernière plutôt qu'à l'action musculaire.
Quoi qu'il en soit, la plupartdes
pathologistes
modernes qui ont traité des maladies des os, ont
regardéles fortes et subites contractions des
muscles, comme une des causes des fractures en
général; mais celles de la rotule, du calcanéum
et de l'olécrane, sont à peu près les seulesque
l'on a considérées jnsques dans ces derniers
temps, comme pouvantêtre produites par cette
cause. A ujourd'hui des observations nombreuses
paraissent attester que les os longs des mem-
bres sont réellement susceptibles d'être fracturés
FRACTURE DU COL DU ÏÉMUR
_·_n_ L- ..·
par de violentes et promptes contractions mus-
culaires, indépendamment de tout état morbide,
quoique M. le professeur Richerand (i) nie for-
mellement la possibilité de ces fractures, sans
le concours de quelque altération organique des
os dont ils'agit; et il étaye son opinion, à cet
égird sur les connaissances d'anatomie et de
mécanique animale que nouspossédons, Mais,
« c'est ici le cas de dire avec M. Odienne (2)
que les plus brillantes théories doivent se taire
devant les faits, et les probabilités devantles
preuves lorsqu'elles ysont contraires » ce
qui
me conduit à faire mention de diverses obser-
vations de fractures des os longs des membres,
qui sont des preuves en faveur de cette assertion.
D'abord, MM. Curet (3), Poupée Desportes (4)
et Willaume(5)
ontpublié
des observations de
fractures de la cuisse produites par l'action mus-
culaire. Celle qui est rapportée par M. Desportes
a été recueillie par M. Philibert, chirurgien a
SaintDomingue
elle est relative à unnègre,
âgé de dix ans, quia eu les deux cuisses frac-
(1) Nosographle chirurgicale, tom. 3 pHg. la et i3 4-e et
dernière éilit. Paris, 1 8 1â-
(2) Bulletin des Sciences médicales du départ, de l'Eure; Octobre
1817, pag. 3o4 Aanales de Montpellier ( Murs et Avril
1818 ),a."série tom. 1 pag. 27g.
(3) Journal de médecine, de Vaudermonde tom. 11, pag. 3G8;
Paris 1759.
{4} Histoire des maladies de Saint-Domingue, pag. 171*
(5) Joural universel des Sciences médicales, tom. II, pag. Zjo;
Jounul général loin. LXV, 4'« do la a.e série, pag. 9S.
PAR l'aCTION MUSCULAIRE.
T. IF de la z.* sér., cali. deJan.etFêv. 18/9, 5
tarées par la seule contraction convulsive des mus-
cles des extrémités inférieures. Le cas.qui
a été
publié dernièrement par M. Willaume, paraît devoir
être mi sujet de contestation, d'après les remar-
ques de M. E. Gaultier deClaubry (i) qui attribue
cette fracture à la chute du malade, plutôt qu'à
l'action musculaire. Mais, Laurent-Gabriel
Will(a),Debeaumarchef (3), Gaspard Girard (4)
et Rouyer (5), ont fait connaître desexemples
de fractures de la jambe, dépendantes également
de contractions violentes et subites des muscles.
Enfin, M. Àmyand (6), Laurent-Gabriel Will (j)r
Manne (8) Debeaumarchef (9), Botentuit (10),
Rust (if)i Odienne (ia),Willaume (i3) et Du-
cros (i4)ï font aussi mention desfracturesde l'hu-
(I) Journal général loc. cit., pag. 99.
(ùj MisccHan, curïos, natnr. f doc*1, ann. a obs. aa5 Pagj
327; ( Le sujpt de cette observation est un enfant, âgé de dix ans,
dont la jambe droite et le bras du même c&té ont Été fracturés
à la suite de violentes convulsions épile'ptj<]|ucs).
<3) Journ. génûr. par NI. Sédillot, toin. XXII, pag. 38a.
(4) Idem, tom. XXIII, pag. 261.
f5) Idem, tom. XIV^ pag. S7L
(6) Transact. philos., tom. XLIII pag. 362*
(7) Miscell, curios. nat. loc, cit.
(5) Traité des malad. des os l'a-fl o, pag. 1S7, Toulon, 178g.
(9) Journ. géuér. tom. XXII f pag. 58^.
(10) fclem tom. 24» pag. 5j5.
(II) Rusts-SIagazin, a.ea bamt 3. te Hefr. Berlin, 1817 extraie
du jour. ang. mc:liwl repository; vol. I, N,f« 1ec-j, iSiaetiSiS.
(12) Bulletin des Sciences méd; du Dép.t de l'Eure, loc. cit.
(i5) Journal universel, loc cit.
(14) Rapportsur les travaux de la Société Acacïém, de Marseille,
pour lei années 1817 eti3i8, pag. 26; par M. Ilobert Secrétaire*
général. Marseille, l8<8.
FRACTURE DU COL DU EfrllCR
mérus, produites par la même cause; M. Ducros
parle, en outre, d'une fracture de la dernière
côte, occasionnée par un effort musculaire que
fit un convalescent, à l'hôpital de Marseille, en
saisissant une corde fixée au dais de son lit.
.Je pourraisciter d'autres exemples de fractures
quiont été attribuées à de violentes et promptes
contractions musculaires; mais il me suffit d'en
avoir rappeléun grand nombre, pour attester
que les os longs des membres paraissent suscep-
tibles d'être fracturéspar
cette seule cause. Je
ne dissimule pas cependant que quelques-unes
des observations, que j'ai mentionnées, nepuis-
sent offrir des sujets de contestation; maisplu-
sieurs d'entr'elles semblent ne laisser aucun doute
sur la possibilité de ces fractures par l'action des
muscles, et sans que l'on puisse raisonnablement
supposerla préexistence de quelque diathèse, ni
aucun vice organique particulier des os qui ont
été fracturés. a On peut, d'après cela, dit M.
Double (i), poser en principe que lesspasmes,
les convulsions ou même l'action subite et vio-
lente des muscles, soumis à la volonté, peuvent
devenir la cause efficiente des fractures n. Aussi,
il paraît que c'est d'aprèsun tel
principe, que
Calliseu a défini la fracture une division des
os, causée subitement par une actionmécanique
quelconqueDivisio ossis a violentiâ
quâdam
meclaanicia subito inducta (2).
(1) Jour, gêner., tom. XXII, pag. 391.
(2) Sjscema du'rurg. hodiern, wm. l,pag. 'jZZ; Hafnîœ, 1798.
PAR L'ACTtfW MUSCULAIRE.
Au surplus, dans l'observation que j'ai rappor-
tée, d'une fracture du col du fémur par faction.
musculaire, dont je puis garantir l'authenticité,
j'ai fait remarquer que je n'avais pu m'assurer,
d'une manière positive, si le vice syphilitique a
été ou non la causeprédisposante
de la fracture;
mais parmi les observations, que j'ai rapportées,
plusieurs d'entre elles paraissent, ainsi que jel'ai déjà dit, dissiper toute espèce de doutes rela-
tivement à la possibilité des fractures des os
longs des membres, par de promptes et violentes
contractions des muscles sans le concours d'au-
cune affection du système osseux. Dans tous
les cas, je crois qu'il vaut mieux attendreque
de nouveaux faits viennent détruire ou con-
firmer ceux déjà connus, plutôt que d'adopter
ou de nier sans réserve lapossibilité de ces sortes
de fractures. « Il est un juste milieu a dit le
professeur Peyrilhe (i), entre croireet nier, et le
septicisme philosophique, au sujet des fractures
par l'action musculaire ».
Les contestationsqui se sont élevées sur ce
point de pathologie, doivent engager les prati-
ciens à publiertous les faits
qu'ils peuvent avoir
recueillis, pourou contre les fractures par l'action
des muscles, afin de lever tous les doutes qui
peuventencore exister à cet égard. M. Sédillot,
Secrétaire -général de la Société de Médecine de
Paris, vient de nous offrir un très-belexemple
O) Séance de l'Acatlém. de chirurg. du 6 Octobre 1790.
AjrtPCTATfOtf PARTrElLE
à imiter, dans son intéressant mémoire sur les
rupturesmusculaires (i) qui, également
ont
été pendant long tempsun
sujetde contesta-
tion, et qu'il paraît avoir mis hors de tout doute.
Nousregrettonsseulement que ce savant écrivain,
qui a cherché à réunir tous les faits et les noms
des auteurs les plus recommandables qui ont
traité des ruptures musculaires, tendineuses et
aponévrotiques,et dont l'immense érudition est
parfaitement reconnue, ait omis de faire mention,
parmi ces derniers, de notre célèbre professeur
Delpech, qui, dans son excellent ouvrage (2), en
a traité d'une manière aussi exacte que concise
et dans lequel on voit, sur-tout, qu'il n'a rien
oublié d'essentiel à connaitre du côté des moyens
thérapeutiques qui sont spécialement recomman-
dés par l'auteur du mémoire dont j'ai parlé.
Observation sur un coup de feu quia nécessité
l'amputation partielle du pied droit par M.
Bougarel,D. M., chirurgien. major
de laLégion
de l'Eure, menzbre de la Société de médecine
chirurgie et pharmacie de ce département.
L'annonce d'un article de M. le professeur Ri-
cherand, sur l'amputation partielle du pied, qui
doit paraitreincessamment dans le journal com-
plémentairedu Dictionnaire des Sciences Médi-
(1) Mém. de la Société de Médecine de Paris séante à l'Hôtcl-
de-ville, in-8.° tom. I, pag. l55 des mémoires. Paris, 1817.
(a) Précis Elémentaire des maladies réputées chiiurgicales toiOQ
I, pag. 184 et suiv.Paris, 1816.
DU PIED DROIT.
.1. '1
cales, m'a a décidé àpublier l'observation d'un
cas de chirurgie qui a nécessité cette opération
peu connue encore, etque j'ai pratiquée
d'une
manière un peu différente de celleindiquée
par M. Richerand, dans sa nosographie chirur-
gicale. -j
Pourprocéder
avec ordre, je ferai d'abord l'his-
torique de la blessure; j'exposerai, ensuite les
accidens subséquens qui ont déterminé la néces-
sité de l'opération, le procédé opératoire de M.
le professeur Richerand les différentes modifi-
cationsque j'y
ai faites et l'avantage qu'elles
m'ontprésenté enfin je décrirai le traitement
qu'a subi l'amputé.
Le nommé Pierre Lambert, âgé de 11 ans,
d'un tempérament nerveux, soldat à rex-i3G.e
régiment d'infanterie, fut atteint, le 11 Mai i8i3,
à la bataille de Bautzen, parun
biscayen, qui
causa une perte de substance considérable aux
tégumens et aux parties sous-adjacentes de la face
dorsale dupied droit, et, en
apparence, sans
intéresser les os du métatarse.
Le malade après avoir reçu les premiers soins
sur le champ de bataille fut évacué sur les der-
rières de l'armée, jusqu'à Ensishcim département
du Haut-Rhin, où il arriva dans lespremiers jours
de Décembre plusde six mois après sa blessure.
Pendant ce temps, la suppuration avait été très-,
abondante, le malade, qui, dans son voyage dé-
sagréablesous tous les rapports, était tourmenté
parla crainte de tomber au pouvoir de l'ennemi >
AMPUTATION PARTIELLE
etqui
avaitéprouvé des privations
de toute
espèce, fut affecté d'une diarrhée si grave qu'il
se trouva, à son arrivée dans un état voisin du
marasme.
Les soins éclairés qu'il reçut de mon estimable
collègue M. Bécourt, chirurgien-major de l'hô-
pital d'Ensisheim, le mirent en un mois dans un
état satisfaisant.
A cetteépoque
les étrangers entrèrent en Fiance,
les terreurs que Lambert avait éprouvées, pendant
son long et pénible voyage, se renouvellèrent.
Les circonstances ayant obligéles
chirurgiens,
de l'hôpital d'Ensishcim, de suivre les motivemens
de l'armée française leurs malades furent confiés
aux soins des chirurgiens allemands.
L'état de Lambert changea bientôt, la gangrène
se manifesta à la plaie, la diarrhée survint, les
gencivesse tuméfièrent et
saignaient souvent
ces accidens ont cessé et se sont renouvelés plu-
sieurs fois. Tels sont les détails que le malade me
donna, le premier Octobre 1814, époque de son
entrée à l'hôpital de Neuf Brisach, dont j'étais le
chirurgien-major.
Il était alors tourmentépar
la fièvre hectique,
toute l'habitude du corps était dans une émacia-
tion effrayante; quelques symptômes scorbutiques
régnaientavec
beaucoup d'intensité la plaie
avait environ huit pouces de circonférence (ycom-
pris les intervalles des orteils qui étaient écartés
les uns des autres par des chairs fongueuses), ses
bords étaient durs, calleux le pus était ichoreux
DU PIED DROIT.
et fétide; les os du métatarse étaient cariés et à
découvert à leur extrémité inférieure tel était
l'état de la blessure, qui, assurement, ne laissait
aucune espérance de pouvoir conserver le pied.
Les tégumens de la face dorsale étaient sains dans
l'4tendue de trois travers dedoigt
en avant de l'ar-
ticulation de la jambe avec le pied; ceux de la
face plantaire l'étaient dans toute leur étendue.
Jeproposai l'amputation partielle
dupied
i
moyen très-ingénieux que nous devons au célè"
breChopart. Mes collègues furent de cet avis;
il fut convenu que l'opération serait différée, le
malade étant jugé trop faible pour la supporter.
Je lui administrai quelques toniques, que j'associaiaux anti-scorbutiques, et j'eus la satisfaction de
voir survenir un changement avantageux; il fut si
grand et si prompt, que le 12 Octobre le malade
put être opéré.
C'est ici le cas de citer le procédé indiqué par
M. le professeur Richerand, le voici: « Le malade
étant couché de manière que l'extrémité de la
jambe dépasse celle de son lit, le membre tenu.
parun aide le chirurgien saisit de la main
gauche, le bout du pied malade, qu'on aura le
soin d'enveloperavec un linge, soit qu'on opère
pour une carie, pourun ulcère cancéreux incu-
rable, ou pour un écrasement, etc. Il incise
transversalement lapeau qui couvre le dos du
pied,à deux travers de doigt de son articula-
tion avec la jambe; il coupe ainsi la peau, les
tendons extenseurs le muscle pédieux et pé-
'AMPUTATION PARTIELLE
nètre jusqu'à la convexité du tarse il fait de
chaque côté une petite incision longitudinale
laquelle, commençant au-dessous et un peu au-
devant de la malléole, vient se terminer à l'une
des extrémités de la première incision. Après
avoir taillé ainsi un lambeau de tégument,il le
fait retirer en-hant parl'aide
quitient la jambe.
Il n'est pas besoin de disséquer et de retourner
ce lambeau; les liens cellulaires qui fixent dans
cet endroit les tégumens à l'aponévrose sous-
jacente, présentent une telle laxité qu'on les
entraîne aisément au-dessus de l'endroit où les
articulations du calcanéum avec le cuboïde et
de l'astragale avec le scaphoïde, doivent être ou-
vertes. C'est sur cette dernière que l'on tombe,
et dans laquelle on pénètre le plus aisément,
sur-tout en prenant pour guide la saillie que forme,
vers le bord épais du pied, l'éminence quiiudi-
que l'attache du muscle jambier antérieur au côté
interne de l'osscaphoïde celle du cuboïde avec
le calcanéum se présente bien sur la même ligne
transversale mais cependant unpeu obliquement
en avant; lesligamens coupés le pied se ren-
verse sur sa plaute;on
quitte alors le bistouri
pour le couteau droit, avec lequel on taille au-
dessous du tarse et du métatarse un lambeau
departies
molles assezlong pour qu'il s'applique
aux os mis à nu et les recouvre entièrement;
on le maintient a.nsi relevé contre le calcanéum
et l'astragale par l'application de trois ou quatre
bandelettes de diachilongommé, lesquelles par.
Dtl FIJI) DROIT.
tant du talon, sont ramenées par-dessusle lam-
beau jusqu'à la partie antérieure et inférieure de
la jambe; de la charpie, quelques compresses
longuettes, un bandage roulé, complètent l'ap-
pareil ».
« Dans cette opération, on lie les artères à
mesure qu'on en fait la section. Ainsi la pédieuse
étant ouverte, lors de la première incision tran-
versale faite sur le coude-pied, on la saisit avec
des pinces et on en tait incontinent laligature.
On embrasse de la même manière les artères plan-
taires interne etexterne comprises
dans l'épaisseur
du lambeau desparties
molles de la plante du
pied. Les fils seront placés vers les angles latéraux
de la plaie.»
Tel est le procédé que M. Richerand indique
( Foycz saNosograph. chirur., tom. JF,pag. 602
de la 4-e édition). Je vais citer maintenant les
modifications que j'y ai faites.
Le 12 Octobre 181/1, étant assisté de M. le
docteur Kosman médecin del'hôpital
et de
MM. Segon et Tisserand, chirurgiens aides-majors
au 85.e e régiment", je fis cetteopération que je
n'avais jamais pratiquéeni vu faire le succès
surpassamon attente par
le peu de difficulté
que je rencontrai et par lapromptitude avec
laquelle je la terminai.
Au lieu de faire les trois incisions prescrites,
je n'en fis qu'une, qui s'étendait de la malléole
interne à la malléole externe, en conservant sur le
coude-piedle
plusde
tégumens possible; ainsi,
AMPUTATION PARTIELLE
jYiblinsun lambeau demi-circulaire au lieu d'un
ljiubcau que produit le procédé de M. Rieherand.
Je ne me suis occupé des ligatures qu'après la
séparation totale du pied. J'étais assuré que la
compression de l'artère poplitée était faite exac-
tement, que conséquemment le malade perdrait
peude sang. J'ai, par ces moyens, gagné du temps
et abrégé l'appréhensionet les douleurs du ma-
lade cette manière, au reste, m'a semblé devoir
êtreplus facile comme elle est
plus prompte.
L'opération étant terminée, le malade fut porté
dans son lit, je lui prescrivis la limonade vineuse
pour boisson, et quatre bouillons; ce traitement
fut continué les trois premiers jours.
Le quatrième jour, il n'y avait pas encore de
suppuration, je priscrivisun
peude crème de
riz; lepouls
fut un peu élevé vers le soir, on lui
donna une potion anti-spasmodique.
Lecinquième jour, je levai les pièces les plus
superficiellesde l'appareil. Je permis, pour ali-
mens, un oeuf dans le bouillon, et, pour boisson
une pinte d'eau d'orge avec undemi-grain de
tartrate de potasseet d'antimoine, qui procura
deux selles assez copieuses (le malade n'en avait
point eues depuis l'opération ).
Le sixième jour,le
poulsétait
plus souple, la
suppurationétait établie le malade avait mieux
sommeillé, disait-il qu'il n'avait faitdepuis près
de dix-septmois. Je lui prescrivis de nouveau la
limonade vineuse; on lui donuasix onces de viu
anti-scorbutique,et le riz matin et soir.
DU PIED DROIT.
Le septième jour, aupansement
du matin, les
ligatures des artères plantaires sont tombées. Le
malade témoignale désir de manger. Traitement
continué.
Le huitième jour, chute de laligature
de l'ar-
tère pédieuse; je remarquai de la rougeuraux
tégumens de la partie inférieure de la jambe et
un gonflement qui s'étendait jusqu'au bord supé-
rieur de la plaie je levai les bandelettes qui
paraissaient exercer une pression trep forte sur
cette partie devenue douloureuse; le soir ily eut
un accès de fièvre.
Le neuvième jour, la tuméfaction était dimi-
nuée, il y avait fluctuation; une légère pression,
exercée sur le centre de la tumeur, fit sortir, une
quantité considérable de pus sanguinolent, sous
la lèvre supérieure de la plaie; il y eut le soir
un mouvement fébrile. Je prescrivis la décoction
de quinquina acidulée, et la limonade vineuse
pour boisson; le malade fut remis au bouillon,
Le dixième jour, le foyer purulent étant rempli,
je fis une incision au centre, il en sortit beau-
coupde pus noirâtre et sanguinolent; j'y portai,
par l'ouverture que j'avais pratiquée,un injection
de décoction de quinquina.Les gencives étaient
molles, tuméfiées; elles furent touchées avec l'acide
muriatique convenablement étendu; des alimens
tirés principalement du règne végétal le vin anti-
scorbutiqueà la dose de quatre onces, et le double
de cette quantité de vin généreux furent prescrits;
ces remèdes ont été continués jusqu'à laguérison.
AMPUTATION PARTIELLE
Le onzième jour, même état; lasuppuration
de laplaie
était abondante, mais louable,;le
pouls
était légèrement fébrile.
Le douzième jour, je remarquai qu'il y avait
fluctuation sur différens points séparés;des com-
presses expulsives furent appliquées sur toute
l'étendue de la tumeur, et procurèrentla sortie
de la matière purulente parla
plaie résultante de
l'incision et sous la lèvre supérieure de la plaie
de l'amputation.
Le treizième jour, lapeau était décollée dans
l'étendue de six à sept pouces de circonférence
j'aperçus deux foyers remplis, l'un à la partie an-
térieure et inférieure de la jambe; l'autre un peu
au-dessus et en avant de la malléole externe, j'yfis des incisions la matière qui en sortit était de
même nature que celle des premiers foyers; j'em-
ployailes mêmes moyens.
Le quatorzième jour, la fièvre avait cessé; l'ap-
pétit était bon; la plaie de l'amputation était bla-
farde,'ce que j'attribuai aux variations de l'atmos-
phère; la charpie fut imbibée d'eau-de-vie cam-
phrée,et le lendemain la plaie fut rétablie à son
premier état. Depuis lors, les tégume;isdénudés se
sont recollés, la plaie del'amputation
a diminué
progressivement et le 26 Novembre quarante-
sixième jour depuis l'opération, elle était parfai.
tement cicatrisée, de même que lesplaies,
suite
des incisions faites sur les foyers purulens.
Je lui fis faire un brodequin dont le pied tron,
quéétait garni d'un
petit coussinet de laine. U
DU PIED DROIT.
éprouva d'abord quelques difficultéspour poser le
talon; néanmoins, il ne fitusage
de béquilles que
pendant une quinzaine de jours, et j'eus la satis-
faction de le voir marcher assez librement, avant
son départ, même sans le secours d'un bâton.
Lambert qui, pendant et après la cure, a suivi
un traitement anti-scorbutique, a éprouvé, un
mois environ après, des difficultés dans la res-
piration ses gencives bnt souvent saigné le
matin, elles étaient tuméfiées; j'ai remarqué, dans
levoisinage de la cicatrice de l'amputation, quel-
ques taches noirâtres, dont quelques-unes lais-
saient transsuder unsang liquide et noir.
Le temps, alors humide et froid ne pouvait-il
pasêtre considéré comme la cause unique de cette
affection ? puisque le chagrin et la douleur avaient
fait place au contentement et au repos, et que le
traitement avait été continuélong-temps après
la
cicatrisation des plaies.
Enfin le 28 Décembre, plus de dix-neuf mois
après la blessure, il sortit de l'hôpital et se retira
dans sa famille. Son père, qui exerce la profession
de meunier dans unvillage près de Vesoul, dé-
partement de la Haute-Saône, vint àColmar,pour
ses affaires, vers la fin de l'année 18 1 5 il sut que
j'étais à Neuf-Brisach, ct, par reconnaissance, il fit
ce voyage:il m'assura que son fils avait toujours
joui d'une santé parfaite, qu'il marchait librement,
et qu'il l'aidaitdans ses travaux.
GROS CALCUL tmiNAIM.
Note sur la sortie spontanée, par l'urètre d'un
groscalcul urinaire chez une femme très-
avancée enâge par M. Py, médecin à Nar-
bonne, etc.
M.clle de Fitou de Narbonne âgée de quatre-
vingt-dix ans après avoir souffert, pendant
six ou sept ans, de fortes coliques néphrétiques
et de rétentions d'urine, renditspontanément,
par l'urètre, le 4 Juin 1807, un calcul de la
grosseur d'un œuf de poule, ayant la forme d'un
citrcn légèrement applati,et une seule de ses
extrémités, tuberculeuse ou mûriforme. La lon-
gueurde cette pierre était de deux pouces et
deux lignes;son
plus grand diamètre, d'unpouce
et une ligne; et, deux jours après sa sortie de la
vessie, elle pesait une once et demie et trente-
six grains.
En aucune circonstance M.elle de Fitou n'im-
plora les secours de l'art, et c'est par les seuls
efforts de la naturequ'elle s'est débarrassée d'un
ennemi qui lui causait lesplus grandes et les plus
cruelles souffrances; et dire qu'elle sautait dans
sa chambre, qu'elle mordait les assistans comme
une enragée, c'est faiblement peindre les douleurs
terribles qu'elle a éprouvées, sur-tout dans la nuit
du trois Juin et jusques vers lesquatre heures
du matin du jour suivant, où elle vit jaillir à
quatre empans d'elle, au milieu d'une masse d'u-
rine, le corps étranger en question. Dès-lors elle
fut soulagée; elle put goûter paisiblement les dou-
GROS CALCUL URINAIRE.
ceurs du sommeil; mais,par son obstination à re-
fuser les soins de la chirurgie, elle ne tarda point à
être exposée à de nouvelles suffrauces. En effet, les
déchiremens formés par la sortie du calcul, et
l'état d'ulcération, provenant du défaut des soins
chirurgicaux, a été pourla malade un sujet constant
de souffrances qui devenaient plus aiguës à cha-
que foisqu'elle urinait; aussi M.elle de Fitou traîna
l'existence la plus douloureuse, jusqu'au com-
mencement de l'année 1812 époquede sa mort-
Réflexions sur l'observation précédente par M.
V. Bonnet, médecin.
Le faitrapporté par M. le docteur Py, quoique
intéressant ne saurait être considéré comme un,
des plus extraordinaires, attendu que des auteurs
très-dignes de foi rapportent des observations
dont les unes offrent lapreuve évidente de la
sortie spontanée par l'urètre chez la femme
d'une (1) et de plusieurs pierres (2) du poids
de deux onces; que d'autres constatent l'ex-
pulsion, par la même voie, d'un seul calcul
dupoids
de deux onces et demie (3), et de
trois (4) à trois onces et demie (5). Du reste,
écoutons le célèbre Sabatier a Les observateurs,
(1) Heister institutions de chir.; trad. franc., t. IV, pag. 36.
(2) Heister ouvrage cité, page idem; note.
(3) Heister ouvrage cité, page idem note. Collection Acadé-
mique tome YII de la partie étrangère; pag. ia3.
(4) Tulpius', observationes metj. L. 3 cA. 7 p. igu-Heister,
ouvrage cité, page ibid\ note.
(5) Collection Académique, tome ibid. page 406.
GROS CALCtL crinaire.
dit-il, sont pleins d'exemplesde femmes qui ont
rendu spontanément des pierres d'un volume con-
sidérable, soit que ces corps étrangers aient été
poussés an dehors en une seule fois ou qu'ils
soient sortis à la suite d'un travail pénible et
plus ou moinslong.
Un des plus remarquables
est celui que rapporte Midleton d'unepierre
du
poids de cent vingt-huit grammes (quatre onces),
laquelle, aprèsavoir demeuré huit jours au pas-
sage, en fut chassée par un accès de toux. Elle
avait déchiré l'urètre en deçà de son ouverture
extérieure, et s'était fait jour parle
vagin.La
tumeur qu'elle présentaitau dedans des parties
naturelles, était si grosse que plusieurs personnes
ignorantes croyaient que c'était la tète du fémur
qui voulait sortir par cet endroit. Colot parle
aussi d'une pierre grosse comme un œuf d'oie,
qui resta engagée dans l'urètre pendant sept à
huit jours. On se disposait à l'opérer, lorsqu'il
lui prit des douleurs extrêmement vives, quilui
firent rendre sa pierre. Ses urines coulèrent in-
volontairement pendant deux jours, après quoi
elles reprirent leurs cours ordinaires (Médecine
opératoire, a.e édition, tome 111, page ii[\) ».
Des cas encore plus remarquables, attestent
quedes femmes ont été délivrées, en leur dila-
tant seulement l'urètre, des calculs du poids de
cinq onces et demie (i) et de six onces (a)im-
médiatement après leur extraction. Mais, indé-
( Heister ouvrage cité tome III, page 28.
(a) Collection Académique tome ibid. page 325 et 326.
GROS CALCUL URINAIRE.
T. IV de lai? scr., cak. de Jan. et Fèv. 1 8 1 9.6
pendammentde tant de faits
propresà
engager
les hommes de l'art àpratiquer
la lithotomie,
sur les femmes, par la dilatation, du canal de
l'urètre et du col de la vessie au moyen des
instrumens convenables, ilparaît que l'expérience
en adécidé autrement car, les praticiens lui pré-
fèrent la méthode de l'incisionlorsque le volume
des calculs vésicaux rend, chez elles, l'opération
de la lithotomie nécessaire. La dilatation dit
Sabatier, ne peut avoir lieu que lorsqu'il s'agitt
d'extraire des pierres dont le volume est peu con-
sidérable. Si elles étaient grosses, cette manière
d'opérer pourrait attirer des accidens graves, eu
égardà l'irritation et aux extentions forcées,
qui en sont la suite, et à laperte du ressort
de la vessie qu'elleoccasionnerait (Ouv. cité, tom.
ibid. pag. itâ).
Quoiquela disposition anatomique de l'urètre,
chez l'homme, ne permette point à cet organe
de se dilater d'une manière bien considérable,
il n'est pas néanmoins impossible ainsi que l'a
prétendu La Motte (i), qu'il ne puisse livrer
passageà des calculs d'un plus gros volume
que celui d'une fève de haricot. D'ailleurs, nous
pourrions rapportercontre t'assertion de cet
écrivain un grand nombre de faits pourle
moment, nous nous contenterons d'offrir à la
méditation de nos lecteurs, lts deux observations
suivantes.
<i) Traité de Chirurgie, lom. II tic la 3« edit. pag. 386.
CALCUL URINAIRE.
Observation sur la sortie spontanéede deux cal-
culs par le canal de l'urètrè, chez F homme.
Je connais, dit le docteur Cole, un hommequi
a rendu deux pierres par la verge, presque sans
douleurs ces pierres avaient environ seize lignes
de circonférence, car elles étaient à peu près de
même grosseurdans l'endroit le plus épais mais
l'une était une foisplus longue que l'autre la
plus petite n'ayant que sept lignes.Cet homme,
ajoute-t-il,ma dit
qu'ilavait souffert pendant
plusieursannées de
grandesdouleurs dans les
reins, et ensuite dans la vessie, lorsque les dou-
leurs des reins eurent cessé, mais qu'il n'avait
plusrien souffert depuis qu'il avait rendu ces
pierres (Collect. Àcad., tom. Vil pag. gç)J.
Observation d'un calcul urinaire sorti spontané-
ment par l'urètre, chez un enfant de onze ans,
sans qu'aucun symptôme n'ait fait présumer sa
présence dans la vessie par M. Lemettais,
Officierde Santé à Louviers.
Le nommé François Miserey, âgé de onze ans,
de la commune d'Incarville, près Louviers, ayant
l'habitude du corps grêle, avec apparence de dé-
bilité, et jouissant d'ailleurs d'une assez bonne
santé; cet état de maigreur.peut être attribué à
sa constitution particulière, ou encore à la misère
et aux privations qu'ont éprouvé ses parens dans
l'année malheureuse qui vient de s'écouler.
Vers la fin de Juillet dernier, la mère de cet
enfant m'apporta un calcul de forme à peu près
CALCUL miNÀIRE.
ovale, plus pointuà une extrémité qu'à l'autre,
longd'environ 5
lignes,sur 3 à 4 de largeur,'
de couleurgrisâtre
vers lapartie moyenne, et
brunâtre à sa grosse extrémité, rempli de petites
inégalitéset légèrement brillant, ayant beaucoup
de ressemblance avec une scorie de fer; elle me dit
que sept à huit jours avant, iléprouva
des diffi-
cultés pendant et après l'émission de l'urine; elle
lui administra, de son propre mouvement, deux
on trois jours après une once et demie d'huile
d'amandes douces, en deux fois. Plusieurs jours
après, l'enfant éprouvant les mêmes douleurs,
et pourcela ne sachant que faire il lui
prit
fantaisie (suivant son expression) de visiter sa
petite verge,elle s'aperçut qu'elle était plus grosse
à son extrémité; le calcul arrêté dans la fosse
naviculaire, formant une tumeur douloureuse
au toucher, sortit peu de temps après avec l'nrine.
Ce qui a lieu d'étonner dans cette affection
c'est qu'aucune incommodité n'ait annoncé la
présence de cette 'concrétion dans la vessie, et
quece ne soit qu'au moment où le calcul a été sur
le pointde franchir le sphincter, que le malade
ait éprouvédes douleurs et la difficulté d'uriner.
M. le professeur Richerand, dans sa Nosogra-
phie Chirurgicale, tom. III, pag. 5io, fait mention
d'un mémoire communiqué à l'Ecole de Médecine
parM. le professeur Dubois relativement à
l'observation curieuse, d'un père qui vint à bout
d'extraire un calcul assez gros de l'urètre de son
fils, encore enfant, en suçant avec force l'extré-
CALCUL URINAIRK.
mité de laverge. Quoique
l'auteur ne donne
pointde plus amples
détails sur la maladie, je
présume quesi le malade eût souffert, le père eût
alors consulté la Faculté.
tCes deux observations prouvent qu'il peut exis-
ter des calculs dans la vessie, sans y déterminer ni
(Jouleur ni dysurie. Le même auteur dit dans sa
Nosograplde Chirurgicale« On a vu des calculeux
porter pendant dix, vingtet trente ans leur calcul,
sans que les douleurs fussent assez vives pour
les décider à subir l'opération. Bienplus,
des
calculs très-volumineux, dont la surfaceinégale
devait déchirer l'intérieur de la vessie, n'ont
donné aucun signede leur existence. Je n'ou-
blierai jamais que m'exerçant dansl'amphi-
théâtre del'hôpital
de la charité, dont la direc-
tion m'a été long-temps confiée à la manœuvre
des opérations chirurgicales, je retirai unepierre
murale énorme de la vessie d'un cadavre mort
d'une maladie étrangèreà celle-ci que rien
n'avait pu faire soupçonner pendant la vie ».
Ce qui prouve que, si la membrane muqueuse de
la vessie, dans ce cas, n'apas été plus sensible
an contact du calculqu'à celui de l'urine, c'est
qu'une irritation habituelle en a dû émousser le
sentiment; ou bien, encore, ne pourrait-on pas
présumer que chez ces calculeux ce viscère devait
être doué de beaucoup moins de sensibilité? Sans
quoitons les malades atteints de cette même affec-
tion, devraient éprouver les mêmes douleurs, à
raison pourtantde leur sensibilité
particulière,
c'est-à-dire, que les uns n'éprouveraient pas des
douleurs inouies, tandis que d'autres n'enéprou-
veraient aucune. ( Bul. des Sci. Mèd. de l'Eure,
Oct. 1818;.
ÉTAT PRÉSENT DES SCIENCES MEDICALES.
SECONDE PARTIE.
"H"
I.° TravauxAcadémiques.
Bulletin de la Société deMédecine -pratique.
LECTURES ET COMMUNICATIONS.
Rapport fi) sur V efficacité du muriate d'or, comme remède
anti-syphilitique d'après les expériences faites dans l'hâ-
pital de New-York par Edouard Delafield, à Samuel L.
Mitchill M. D. médecin de service.
Monsieur, pour satisfaire à la promesse que je vous ai
faite, je soumets à votre jugement une liste des maladies syphi-
litiques que j'ai traitées par le muriate d'or pendant ma
résidence dans l'hôpital de New- York en qualité de médecin
de cette maison. Ce remède que vous avez employé avec de
grands succès dans votre hôpital, en l'an i8ii fut totale-
ment négligé, par des motifs qui me sont inconnus, jusqu'à
l'époque où vous en reprites l'usage dans le mois de Mai
181G, pendant que mon prédécesseur, le docteur James "W.
Warburton, résidait dans l'hôpital. Depuis lors, il a été admi-
nistré très -fréquemment et avec un succès qui, d'après ma
manière de voir, en a établi l'efficaciLé.
Les cas dont je vous fais part ne sont pas les seuls qui
parlent en faveur du muriate d'or; le docteur John K Rogers,
chirurgien de l'hôpital depuis que l'emploi de ce remède fut
repris en possède un aussi grand nombre qui en constatent
l'efficacité d'après les succès qu'il en obtint sur les malades
confié^ à ses soins. Ce docteur étant actuellement en Europe,
(1) Extrait du journal anglais, intitulé: New-York Médical
Repasùorytome XIX page 180,
1*TAT PUISENT
je ne puis pas vous donner un résultat complet de toutes
les expériences faites dans l'hôpital de New-York.
On a choisi, pour expérimenter, des sujets qui n'eussent
pas fait usage du mercure, afin de ne pas laisser soupçonner
que leur rétablissement fût, en quelque sorte, favorisé par
l'emploi antérieur de ce médicament.
Pour mieux juger de l'efficacité de l'or, dans les premiers
essais qu'on en fit, on ne pansa les chancres qu'avec la charpie
sèche, comme on le verrapar plusieurs cas que j'ai détaillés}
mais ses effets salutaires ayant été suffisamment établis, on
fit des applications locales pour hâter la cure, en évitant
toujours néanmoins celles qui contenaient du mercure sous
quelque forme que ce fût. Cette pratique fut particulièrement
suivie chez les premiers malades que les docteurs Warburton
et Rogers eurent à soigner et chez la plupart desquels on
n'employa point de topiques. J'ai détaillé les observations du
premier de ces docteurs, d'après quelques notes qu'il a laissées
à l'hôpital lorsqu'il s'est retiré je ne puis pas cependant
indiquer, d'une manière précise, le nombre de cas dans les-
quels ce mode de pansement fut suivi; il était si considérable,
lorsque je me chargeai du soin des malades, qu'on jugea
inutile de pousser plus loin les expériences à ce sujet.
Plusieurs des personnes dont les cas sont exposés ici, sont
rentrées à l'hôpital pour d'autres maladies, plusieurs mois
après avoir été traitées de la syphilis par le muriate d'or
une seule a présenté des symptômes vénériens conséculifs,
ainsi que je l'ai noté. Cet accident n'est poitit extraordinaire,
quand on a employé le mercure, sur-tout dans un hôpital
où il est souvent impossible de faire rester les malades pour
y continuer leur traitement, après la disparition des symp-
tômes et, dans ces circonstances, on doit raisonnablement
s'attendre à en voir reparaître de secondaires.
Le résultat des expériences fiites avec l'or, paraît prouver'
irréfra^ableinent que ce métal a une efficacité égale à celle du
mercure dans la cure de la syphilis primitive dans quelques
cas même, j'ai vu la guérison s'opérer plus rapidement que
DES SCIENCES MÉDICALES.
je ne L'eusse jamais obtenue par l'emploi du dernier minéral.
Lorsqu'il s'agit des symptômes secondaires d'aprèsce que
j'ai encore constaté, on nepeut pas compter sur l'or pour
une cure radicale le docteur Warbuitou a pourtant noté
un cas de ce genre, dans lequel il avait eu du succès; je
n'en connais point les particularités, et je n'ai pas pu m'assurer
si l'individu soumis au traitement avait été exempt du retour
de la maladie.
Je n'ai point détaillé, dans chaque cas, le mode d'adminis-
tration du remède et sa dose parce qu'il y avait une
règle générale adoptée pour tous. Les malades commençaient
par un huitième de grain, quatre fois par jour, et, si le
cas l'exigeait, cette dose était doublée. En général un demi-
grain par jour suffisait pour la cure de la maladie. Le mé-
dicament était préparé d'après la formule insérée dans la
pharmacopée de l'hôpital.
Le seul effet sensible produit par ce remède a été un
accroissement très -considérable dans l'excrétion de l'urine.
Cet effet a été observé si constamment, et si fortement mar-
qué, que je fus amené par-là à faire usage du muriate d'or
dans l'hydropisie, et une fois avec succès. Un petit nombre
d'autres essais furent faits dans des cas où plusieurs remèdes
avaient échoué, et ces essais encouragèrent suffisamment à
poursuivre les recherches, sans qu'on puisse établir rien de
décisif à ce sujet.
Quoique le muriate d'or fût donné dans quelques cas à
la dose d'un grain et demi par jour, je ne sache pas que
dans aucun il ait fait du mal.
Réflexions de M. Félix Pascal is, Rédacteur du Médical
Repoxitory.
Nous avons un état ci-joint de quatre-vingt-un cas, en-
registrés par MM. Delafield et Rogers. Ces observations ont
été faites le plus souvent, ou du moins avec peu d'excep-
tions, sur des personnes d'un moyen âge, ayant des occu-
pations pénibles et laborieuses. Les accidens survenus petl-
ÉTAT PR^SEET
dant le traitement, résultant de la complication des symp-
tômes de différentes maladies et de l'action de l'or qui a
offert des effets diurétiques très-prononcés n'ont point été
omis, Comme nous ajoutons foi à ce qui nous a été com-
muniqué, nous nous dispensons d'insérer les observations
trop nombreuses pour les limites que notre journal nous
prescrit. Nous nous bornons à présenter à nos lecteurs le
résultat comme document important, et faisant autorité. Ce
document démontre l'efficacité du muriate d'or dans le pre-
mier degré de la syphilis, quand il y a des chancres pri-
mitifs et des bubons et le met hors de toute discussion
fondée. Nous penserions, d'après cela, que l'inventeur M.
Chrestien, médecin français, dont lé nom et le remède, nous
le disons à regret paraissent négligés par la Faculté de Mé^
decine de ce pays-là, a attribué à sa méthode trop de pro-
priétés contre la vérole et d'autres maladies.
Nous regardons cependant comme de notre devoir et
comme une tâche très-intéressante pour nos progrès en mé-
decine, de faire de nouvelles expériences principalement
dans la vue de constater la permanence de la guérison des
symptômes primitifs dans leurs résultats comparatifs avec les
changemens de saison et de température tous les âges de
la vie, la faiblesse du sexe et toutes les fonctions accessoires.
II reste encore beaucoup à considérer sous le rapport des
cas de maladies qui n'admettent pas un remède qui n'a qu'un
seul mode d'administration à l'intérieur, et pendant un temps
indéterminé.
Nous remarquons dans le mémoire qui nous a été envoyé,
que, dans un petit nombre de cas, un mois de traitement
suffi; que pour la plupart il en a fallu deux et dans
quelques-uns, plus de temps. Il serait aussi à désirer qu'il
y eùt une règle prise des symptômes, dupouls, d'après la-
quelle le traitement dût êtreprolongé ou abrégé sans ha-
sarder l'objet principal la guérison radicale dans les cas
où les chancres primitifs ont été guéris assez prompte-mont
parl'action du muriate, pour ne pas laisser le méducin diiirç
DES SCIENCES MÉDICALES.
l'incertitude où il se trouve, et pour qu'il puisse déterminer
d'une manière sûre si le remède doit étre continué ou
abandonné.
Remarques sur le rapport de M. Delafield, et sur les réflexions
de M. Pascalis par M. V. Bonnet médecin etc.
D'après le rapport que l'on, vient de lire, il est constant
que le muriate d'or guérit sans retour la syphilis primitive,
et que lorsqu'il s'agit des symptômes secondaires, on ne
peut pas compter sur l'or pour une cure radicale; le docteur
Warburton ajoute-t-on, a pourtant noté un cas de ce
genre, dans lequel il avait eu du succès.
Les journaux du nord, et notamment celui qui est rédigé
par le célèbre Hufeland ont retenti du bruit de l'heureux
emploi, comme a nti- syphilitique soit des oxides soit des
mariâtes d'or (_i); le docteur Fulvio Gozzi, dans ses remar-
ques (a) %ur l'emploi de quelques préparations d'or contre
les maladies vénériennes dit avoir guéri des maladies de ce
genre à l'aide de l'or en poudre, de I'oxide d'or précipité
parl'étain ou par la potasse et du muriate d'or et de soude.
Il emploi la poudre d'or au moyen du miel et les deux
oxides à la dose d'un grain par jour administré en une
seule fois. Si le remède ne peut étre porté sur les gencives «il
•onscillc d'en froter les parties les plus sensibles des organes
génitaux. La guérison, assure-t-il, est dans tous les cas
prompte, complète et durable. Quand aux effets produits par
le médicament continue le traducteur de l'article italien »
ils consistent suivant M. Gozzi en inquiétudes augmen-
tation de la chaleur, fréquence du pouls, abondance d'urine
limpide et jaune accroissement de la transpiration sueurs
(1) Journal du Dictionnaire des Sciences Mé-
dicales T. II page 167.
(2) Extraites des Opuscutl scîentifid dttl Univers ità di Boîogna
1817. Voyez journal complémentaire du Dictionnaire des Srit)iice$
Médicales, T. I page go.
1ÎTAT PRÉSENT
générale* on locales, sur-tout pendant la nuit, enfin selles
fréquentes etliquides
ou diarrhée peu gênante. Ces effets
sont plus prononcés pendant l'usage du muriate, plus faibles
pendant celui des oxides et moins manifestes, encore quand
on a recours à la poudre d'or ».
MM. Deschamps, Thénard et Pcrcy, dans leur rapport,
présenté à l'institut, sur cinq cahiers remplis d'observations
et de faits relatifs aux propriétés médicales des préparations
d'or et de l'or en nature que M. le docteur Chrestien lui
avait adressés depuis long-temps (i), font acquérir une
preuve diamétralement opposée à celle qui résulte des faits
publiés par MM. Delafield et Rogers. Voici en quels termes
s'expriment Messieurs les membres de la première Académie
de France (Ouvrage cité, page 169^).
C'est dans la curation des maladies syphilitiques que
nous avons fait le plus d'expériences et recueilli le plus d'ob-
servations sur les diverses préparations de l'or etfen parti-
culier sur le muriate triple. Dès notre début nous nous
sommes aperçus que cette substance réussit mal dans ces
affections lorsqu'elles sont récentes et pour ainsi dire aiguës.
Elle les irrite, elle provoque des symptômes inflammatoires,
qui peut-être ne devaient pas avoir lieu redouble les dou-
leurs, détermine des accidens nouveaux en un mot ellele
imprime au mal un caractère qu'il paraissait peu disposé
à revêtir. Le docteur Martin, de Lyon, avait déjà fait
cette utile remarque, qui n'aura pas non plus échappé à M.
Chrestien. Aussi n'avons nous choisi pour expérimenter le
traitement avec l'or que des malades depuis long temps
contaminés, ayant vainement subi plusieurs traitemens, et
chez lesquels le virus dégénéré ne se manifestait plus que
sous des formes chroniques et par des effets dits consécutifs.
C'est alors le triomphe de l'usage de l'or. Nous l'avons vu
résoudre des engorgemens de toutes espèces détruire en
(1) Journal complémentaire du Dictionnaire des Sciences Médi-
cales, tome II page 16a.
DES SCIENCES MEDICALES.
grande partie des exostoses considérables, guenr des caries;
cicatriser de vieux ulcères mettre fin à des douleurs ostéo-
copes intolérables dissiper d'anciennes opbthalmïes des
maux de gorge opiniâtres, des dartres, et autres éruptions,
jusque-là rebelles à toutes les applications etc.
» Mais,nous devons l'avouer, il n'agit pas toujours aussi
heureusement dans un petit nombre de circonstances, il
n'a opéré d'aucune manière appréciable; dans quelques autres,
il a excité une salivation, des sueurs, ou d'autres évacuations
tout à fait stériles. Dans plusieurs il a éveillé une sensibilité
générale; il a converti l'état indolent des tumeurs, soit os-
seuses, soit glanduleuses, en un état d'exaspération et d'in-
flammation qu'il a été difficile de calmer et ces événemens
orageux T quand on a pu les maitriser, n'ont ensuite ni facw
lité ni déterminé l'éradication «lu mal essentiel.
m Cbez deux malades, le muriate, quoique donné à des
doses modérées et en frictions a produit une gastrite ou
phlegmasie de l'estomac très-alarmante. Nous l'avons vu chez,
deux autres, occasionner de violens accès de fièvre et de
très-fortes coliques. Il a nne fois couvert le corps d'une espèce
de herpe, après la disparition de laquelle tous les symptômes
antécédens se remontrèrent avec la même intensité Une pé-
rîostose volumineuse, jusque exempte de douleurs, en
causa, à la dixième prise, de très-lancinantes, (lui amenèrent
bientôt une dégénérescence carcinomateuse, à laquelle le sujet
succomba.
» Que faut-il conclure de cette diversité, de cette opposi-
tion d'effets? Voici les conséquences qu'en tirent vos com-'
missaires
t C'est qu'il s'en faut bien que l'or et ses préparations
aient l'inertie et l'impuissance dont les accusent plusieurs
auteurs et praticiens modernes d'ailleurs irès-recommandablcs..
a.° C'est que ceux qui les ont louées comme ceux qui les
ont blâmées se sont crus les uns et les autres fendes dans
leur sentiment respectif, ne les ayant jugées que d'après les
suçcè* qu'ils en avaient obtenus ou d'après les revers qu'ils
ÉTAT PRÉSENT
avaient leur imputer; manière toutefois fausse et dangereuse
d'apprécier les choses sur-tout quand la louange et le blâme
sont portés trop loin et vont jusqu'à la péremption.
3.° C'est que ces substances sont douées de propriétés mé-
dicamenteuses qu'on ne saurait révoquer en doute qu'elles
sont éminemment excitantes, qu'elles agissent évidemment
sur l'économie et sur l'organisme, qu'elles y produisent des
mouvemens de perturbation faciles à constater et qu'elles
provoquent des évacuations et des dépurations sensibles.
4.» Enfin, c'est qu'une étude plus approfondie des con-
ditions de ce genre de médication une observation plus
attentive des phénomènes qui lui sont propres, une direction
plus rationnelle de l'activité qui fait son essence et un re-
noncement plus franc aux préventions qui de part et d'autre,
ont le plus contribué à rendre problématique lemérite
du
remède, restitueront définitivement à l'art de guérir un secours
puissant qu'il n'a pu encore se décider à adopter fautete
d'être suffisamment assuré et sur son utilité et sur son inno-
cuité, l'une et l'autre en question et en litige depuis trop
long-temps ».
De l'ensemble du résultat des faits, dont nous venons de
faire le rapprochement, il résulte r que les préparations
d'or dans les maladies vénériennes primitives, sont sans
effet à Paris et qu'elles sont très efficaces dans ces ma-
ladies récentes soit à New-York, soit dans l'Allemagne
et à Bologne; a.° que l'action du muriate d'or est nulle
à New-York contre les maladies syphilitiques anciennes,
tandis que les oxides et les muriates d'or triomphent à
Paris contre les mêmes maladies et de même dans les
autres contrées lointaines.
Chercher, maintenant, la cause de cette diversité d'effets
dans l'emploi des préparations d'or ce" n'est point une chose
aisec car, quand bien même les médecins de New -York
nous eussent appris d'après quel mode leur muriate d'or a été
préparé; qu'ils nous eussent fait connaître le mode d'admi,
nistration du remède qu'ils ont d'abord donné à un huitième
DES SCIBNCES MÉDICALES.
de ''graîn quatre fois le jour, et jusqu'à un grain et demi
par jour sans qu'il en ait résulté aucun mal; il resterait
toujours à savoir comment un médicament préparé et ad-
ministré de la même manière à Paris qu'à Montpellier, n'a
obtenu dans la capitale aucun succès contre la syphilis
primitive, et, au contraire, qu'il y ait triomphé, comme
à Montpellier, contre les maladies vénériennes constitution-
nelles et d'attirés affections morbides. La différence du climat
ne saurait être alléguée puisque les mêmes remèdes ont pro-
duit dans l'Allemagne les mêmes effets qu'à Montpellier. Aussi,
nous dirons que nous avons encore beaucoup à espérer de
l'expérience et de l'observation touchant l'emploi, en méde-
cine, des préparations d'or et notamment de l'usage du
muriate triple d'or et de soude.
Après avoir[rappelé, en peu de mots, toutes les circons-
tances particulières au rapport de M* Delafield, M. le doc-
teur Pascalis, rédacteur du Médical Heposîtory s'exprime
en ces termes « Nous nous bornerons à présenter à no»
lecteurs le résultat des faits comme document important, et
faisant autorité. Ce document démontre l'efficacité du mu-
riate d'or dans le premier degré de la syphilis, quand il a
des chancres primitifs et des bubons et le met hors de
toute discussion fondée. Nous penserions d'après cela, ajoute
le même écrivain que l'inventeur M. Chrestien médecin
français, dont le nom et le remède nous le disons à regret,
paraissent négligés parla Faculté de Médecine de ce pays là,
a attribué à sa méthode trop de propriétés contre la vérole
et d'autres maladies ». Assurément si le critique eût été
mieux instruit des travaux en médecine pratique à Mont-
pellier, il eût traité un peu plus honorablement sa Faculté
de Médecine et M, le docteur Chrestien qui comme le
prouve le rapport de MM, Deschamps, Thenard et Perrey,
n'a point exagéré ce qu'il a judicieusement observé et expé-
rimenté. Mais, en attendant que M. Félix Pascalis, prenne
lecture de l'ouvrage de M. Chrestien (i) nous consignerons
Do la Méthode Iatralcptique, ou Observations pratùpies sur
^TAT PRÉSEHT
ici l'observation quinze, que l'on lit à la page 414 de l'ou-
Trage cité; elle prouvera au savant rédacteur du Médical
Rrpository que le muriate d'or a plus d'un mode d'admi-
nistration, puisque l'emploi à l'extérieur a été couronné d'un
plein succès, dans un cas de syphilis. Ensuite, quant aux
règles que ce médecin désire connaître l'expérience et l'ha-
bitade de bien observer les effets du muriate d'or employé à
des doses variées, dans telle ou telle circonstance morbide,
les lui apprendront et d'une manière aussi sûre que les ont
apprises les praticiens qui journellement, administrent le
mercure contre les maladies vénériennes quelconques.
Guérison d'un cas de syphilis au moyen du muriate d'or
suivant la méthode de Cirilto par M. Chreslien médecin t
membre titulaire de la Société de Médecine-pratique de
Montpellier, etc.
i5.« Obs. (pag. 424 de Tout. cit.). Un homme de trente
ans vint me demander conseil pour un bubon qu'il portait
depuis deux mois à l'aine droite, et qui menacait fortement
de se terminer par la suppuration il avait été précédé d'un
chancre sur le prépuce, qui avait disparu J'aurais mieux
fait, pour une première expérience de choisir un autre
sujet afin d'être plus à même de juger la manière d'agir
de la préparation. Dans ce cas- ci, j'avais toute liberté, je
ne voulus pas laisser échapper l'occasion.
Depuis quelques jours, j'avais mêlé demi-once de muriate
avec quatre onces de saindoux et le malade se frictionna la
plante du pied du côté affecté avec un gros de cette pom-
made. Il avait pris quatre frictions en un jour d'intervalle
l'une de l'autre, ayant soin, avant chacune de baigner le
pied pendant demi-heure; lorsque je le revis, la suppuration
l'efficacitédes remèdes administrés par la voie de l'absortion cutanée
dans le traitement de plusieurs maladies internes et externes et
un nouveau remùle daus le traitement des maladies vénériennes
et lymphatiques; t volume iu-8,o, Paria1811.
DES SCIEWCE5 MÉDICALES.
était établie dans le bubon, qui présentait un aspect satisfiu-
aant. Nul signe d'inflammation nulle douleur ne s'y oppo-
sant, je fis augmenter la dose de pommade de demi-gros
par friction. Après huit jours la suppuration s'étant soutenue
sans une trop grande abondance nulle excitation artificielle
n'ayant lieu, le pansement ne consistait que dans l'applica-
tion d'un plumasseau verni de cérat de Galien le bubon avait
sensiblement diminué, la dose de la pommadefut portée à
deux gros. Dans huit jours la suppuration eut cessé, et la
cicatrice s'établît. II restait quelques engorgemens qui eurent
entièrement disparu après l'emploi de la dose totale que j'avais
préparée, Depuis quatre ans la santé du malade n'a pas reçu
la moindre atteinte, quoique la suppuration du bubon l'ex-
posât beaucoup à une nouvelle absorption si le remède eût
été insuffisant pour détruire le virus (i).
(i) D'autres cas de maladies vénériennes prouvent que le ma-
riate d'or, employé de la même manière, a été couronné des mêmes
succès et, en attendant que M. le docteur CLrestien livre à l'im-
pression les faits qui sont consignés dans les cinq cahiers qu'il a
envoyé à l'Institut, nous commnniquerons à nos lecteurs les résul-
tats cliniques suivans qui démontrent l'efficacité de l'emploi ex-
terne du muriate et de l'or en nature.
» M. Niel médecin de Marseille, ayant à traiter un homme
atteint de la syphilis constitutionnelle et ancienne, qui affectait
la bouche au point de ne pouvoir frictionner le niurîatê ni sur
les gencives, ni sur la langue, appliqua, sur la partie latérale du
cou un très-petit véiicatoire qu'il pensa journellement avec le sel
triple. La plaie resta assez long-temps ouverte pour que l'ahsorp-
tion d'une quantité suffisante du remède eût lieu, et le malade
guérit parfaitement.
» M. Simoneau, médecin k Florensac, a guéri également une
Ophthalmie syphili tique avec muriate triple, mêlé chaque jourau cérat de Galien que l'on employait pour oindre la mèche d'urt
Béton qu'il avait appliqué à la nuque, pour détruire une fluxion de
nature catarrhale qui était venue compliquer l'affection vénéiienue.
Le docteur Gastier, de Thoiasey (Essai sur la nature ou le carac-
tère essentiel des maladies en général page 3a4 ), dit avoir vu
ÉTAT vatsexi
Observations sur t efficacité du muriate triple d'or et de solide
dans la syphilis, et d'autres maladies du système lympha-
tique Tribut Académique présenté et publiquement soutenu
à la Faculté de médecine de Montpellier; par blichel-
Guillaume Destouches de Lahaye des Cartes, département
d'îndre-et'Ijoire t Chevalier de l'Ordre-Royal de la I/'gion
d'Honneur Chirurgien-Major du Régiment de Montpellier,
Corps Royal du Génie. in-4<(> de [\0 pages.-iUig.
M. Destouches, après avoir rappelé d'une manière très-
succinte ce que l'on doit à l'observation et à l'expérience,
signale les travaux des hommes de l'art qui se sont spéciale-
ment occupés de l'origine de la syphilis, de sort diagnostic et de
son traitement si varié il consacre, ensuite, quelques pages
à l'historique des préparations d'or, et en s'adressant à ses
maîtres, il leur dit J'ai eu à traiter quelques maladies véné-
riennes constitutionnelles, parmi les sujets auxquels j'ai admi-
nistré lé muriate et pour mcttre plus de méthode dans mon
travail, je devrais ne pas mêler l'histoire des affections con-
sécutives avec l'histoire des maladies syphilitiques primitives
mais, comme je me pique d'exactitude, et pour suivre l'ordre
des dates je préfère transcrire les faits tels qu'ils sont placés
dans mon journal. Je ne vous fatiguerai cependant pas
Messieurs, par des détails minutieux et inutiles, en vous
offrant le tableau, jour par jour, et tel que je l'ai tracé
pour mon instruction, des phénomènes que m'ont présenté*
les personnes soumises à l'administration du nouveau remède
ils ont été les mêmes chez toutes, quant à la manière d'agir
deux guérisons complètes île syphilis, obtenues par l'usage, en
factions, d'une pommade composée avec de l'axonge et de la
poudre d'or extrêmement ténue.
11 est bon d'observer qu'avant ces deux cures, on avait lu k
l'institut un mémoire de NI. Chiestïen, dans lequel il rapporte
plusieurs observations qui prouvent l'efficacité de l'or en substance,
frictionné sur la langue, non-seulement contre la syphilis, mais
encore dans d'autres maladies de la lymphe, V. B, R. G.
DES SCIENCES MÉDICALES.
T. IF de la i.'sàr., cah. de Jan. et Fév. 1819. 7
du médicament sur la vitalité; ceux que j'ai observés sont, i.°
une excitation marquée par l'élévation et l'accélératioQ^Ju
j>"M*U; 2.0 une augmentation notable des urines, particulière-ment en hiver et dans la saison où la transpiration est plus
abondante chez les militaires qui n'étaient pas occupés à
des travaux qui provoquaient des sueurs. copieuses.
« A l'exemple de M. le docteur Chrestien j'ai toujours
commencé l'emploi du muriate, frictionné sur la langue (et,
en ma présence, quand j'ai soigné des soldais ) par un
quinzième de grain, ne faisant faire qu'une friction par jour,autant que la chose çtait possible, après que le malade avait
mangé, afin que la langue, plus dépouillée par la mastica-
tion, fuit mieux disposée à «neabsorption plus complète.
L'opération durait une minute et le sujet avalait sa salive,
après l'avoir gardée quelques instans dans la bouche. Le pre-
mier grain de sel triple, associé à deux grains de poudre
d'iris parfaitement réduit à la partie ligneuse épuisé en
quinze jours, je suis venu à un quatorzième de grain, puis
à un treizième, et ainsi de suite. Rarement ai-je été obligé
d'employer plus de trois grains de muriate pour obtenir la
guérison des maladies récentes, tandis que d'autres praticiens
en emploient de plus fortes doses j cc qui m'a prouvé que le
docteur Chrestien avait eu raison de me dire avoir observé
que l'exercice et le travail même forets favorisaient l'action du
médicament. Deux grains de muriate ont suffi, en général,
pour dissiper les symptômes, et j'ai administré le troisième
pour mieux assurer la guérison. Jamais nul accident ne m'as
fait suspendre l'emploi du remède, quoique les malades que
je traitais fussent exposés à toutes les intempéries des saisons
et de l'air ».
Après ces considérations, M. le docteur Destouches fait l'ex-
posé de dix-huit cas de syphilis primitive et constitutionnelle,
et de quelqu'autres maladies particulières également guéries
par le muriate triple d'or et de soude. Par la lecture d s faits
qui suivent, lesquels nous copions textuellement, on pourra se
convaincre de l'efficacité de ce médicament dans les cas précités;
ÉTAT PRÉSENT
4.e Obs. (pag. i5 del'ouvr. cité). Dans le mois de Janvier
ï8i7jlenominéiîoa.TJ sapeur, âgé de 26 ans, d'un temp crament
sanguin, bien constitué, fut atteint, pour la première fois de
cinq chancres profonds et étendus. Soit par l'effet de l'inflam-
mation qui les accompagnait; soit par l'effet du virus syphili-
tique qui leur avait donné naissance, il survint brusquement
un phymosis considérable. Quand même je n'aurais pas lu
dans l'ouvrage de M. Chrestien, que, pendant l'inflammation
qui a souvent lien dès le début de la maladie syphilitique le
muriate exaspérait les symptômes (ce qu'il m'avait encore con-
firmé de vive voix, en établissant néanmoins une différence
entre l'inflammation qui dépend de la sensibilité du sujet, de
celle qui est l'effet de l'énergie du viras), j'aurais cru prudent
de me conduire comme si j'avais dû employer le mercure qu'on
n'administre pas pour l'ordinaire durant la période inflam-
matoire. Aussi, avant d'en venir à l'emploi du sel triple, jeconseillai des bains locaux dans une décoction de fleurs de
mauve, et de fréquentes injections, entre le gland et le prépuce,
avec la même décoction. L'usage de ces moyens fit diminuer,
dans huit jours, l'état inflammatoire, et je pus dès-lors sou-
mettre Roux à l'administration du muriate. Dix jours après,
de son usage, il put découvrir le gland sans beaucoup d'ef-
forts. Les chancres présentèrent un meilleur aspect, et à la
fin de l'emploi du second grain du remède les bains et les
injections ayant été abandonnés avant la fin de l'adminis-
tration du premier grain du muriate, ils furent cicatrisés. La
dose du sel triple ne fut pas moins portée à trois grains.
Rien n'avait été changé au régime, quant aux alimens
j'avais seulement fait dispenser Hou-v du service pendant la
durée de la période inflammatoire mais il le reprit immé-
diatement après qu'elle eut cessé.
8.e Obs. (pag. 18). Au mois de Juin même année, le sapeur
Yonnet, d'un tempérament bilieux, d'une bonne constitu-
tion, se vit atteint d'ulcères vénériens à la membrane pitui-
taire des deux côtés du nez, et aux ailes
de cet organe les commissures des lèvres étaient aussi
DES SCIENCES MEDICALES.
affectées et il y avait de condylômes à l'anus: ce symptôme
s'était montré le dernier. Yonnet répondit négativement à
toutes les questions que je lui fis pour m'assurer s'il n'avait
jamais eu de symptâmes syphilitiques qui eussent donné con-
sécutivement naissance à ceux -ci.' Je ne m'occupai point à
décider si les bommes de l'art qui ne croient pas à la vérole
constitutionnelle, prise d'emblée ont tort ou raison; mais
je ne vis que la maladie vénérienne et, de quelque manière
que le malade l'eût acquise, je ne pensai qu'à le guérir. Il
commença l'usage du muriate, le 8, et tous les symptômes
eurent progressivement disparu, avant qu'il eût fini le 4-e grain
du remède.1 dose à laquelle je me bornai. Les niuyens auxiliai-
res furent des injections dans les narines avec une décoction
de fleurs de mauve miellée des plumaceaux garnis de cérat
de Galien pour panser les condylômes qui procuraient de la:
douleur et l'application pendant deux fois du nitrate
d'argent fondu sur ces excroissances,
g.e Obs. (pag. 18). Le sapeur Lecompte, âgé de vingt-deux
ans, d'un tempérament sanguin très-prononcé n'avait jamais1
eu de maladies syphilitiques; mais, dans le mois d'Août 1 S 1 7
il fut atteint de chancres si nombreux sur le gland qu'ils*
en couvraient toute la surface. Il n'y avait pas plus de quinze
jours qu'il avait connu la femme qui l'avait infecté, et ces>.
ulcères avaient paru depuis huit. Un pliymosis vint bientôt'
se joindre aux premiers symptômes syphilitiques et il se
manifesta une inflammation assez vive dont je devais prévenir
les suites. Le suji était fort et vigoureux mais comme l'étaf
inflammatoire me parut borné aux parties affectées, je me con-
tentai de prescrire des bains locaux avec la décoction de fleurs
de mauve qui servit également à des injections entre le gland
et prépuce. Je fis aussi dispenser le malade du service. Il'-
s'écoula quinze jours avant que je pusse administrer le muriate;
après, ce terme et quoique le phymosis existât encore, j'em
fis commencer l'usage sans abandonner celui de la décoction
en injections et en bains. Dix jours étaient à peine écoules,
depuis l'emploi du sel triple qu'on put facilement mettre le'
JïTAT PRÉSENT
gland à découvert. Je trouvai la même étendue dans l'ul-*
eérafion l'inflammation était sculemeut diminuée. J'insistai
sur des bains locaux et je fis recouvrir les ulcères de plu-
maceaux garnis de cérat de Calicn. Je m'attendais à voir,
comme dans les cas préeédens les chancres cicatrisés au com-
mencement de l'emploi du troisième grain du sel triple
mais il y en avait, encore trois assez profonds et étendus dans
un état stationnaire, après l'administration du 4>e grain. Si
c'eût été mon coup d'essai, peut-être aurais-je soumis Lecompte
à un traitement mercuriel, en accusant le premier d'insuf-
fisance. L'aspect vraiment atonique des ulcères me fit penser
qu'ils étaient entretenus par une débilité locale, que j'avais
pu menu décider en faisant trop long-temps insister sur les
applications éinoîlientes, et que le virus syphilitique n'y était
plus pour rien. Me livrant à cette idée, je touchai les chan-
cres avec le nitrate d'argent fondu. La première application
me prouva par les changemens favorables qui survinrent t
que j'avais eu raison; la seconde, faite trois jours après,
ajouta tellement au bien qu'avaitproduit la première, que,
cinq jours s'étant écoulés, il ne resta plus que des cicatrices
bien établies.
Cette maladie fut suivie par un jeune médecin anglais qui
désirait connaître les effets des préparations d'or contre la
syphilis il resta convaincu parla réalité du succès.
il. c Obs. (pag. ai). M. lieutenant, âgé de 24 ans, d'un
tempérament bilieux arriva à Montpellier dans le courant du
mois de Juin 1817, portant une indisposition qui présentait
tous les caractères d'une affection hémorrhoïdale. M. me
fit part de son état mais comme il était recommandé à un
médecin distingué de cette ville, je l'engageai d'aller le voir
avant de rien entreprendre. Ce médecin le fit examiner par
un chirurgien expérimenté qui ne découvrit aucune trace de
maladie syphilitique ni dans le rectum, ni aux environs de
l'anus. Des bains de vapeurs, des lavemens, des pommades,
des laxatifs et un régime adoucissant furent conseillés. L'or-
donnance fut scrupuleusement suivie pendant plusieurs mois"
DES SCIENCES MÉDICALES.
sous la direction des hommes de l'art qui l'avaient faite
mais sans qu'il en résultât le moindre soulagement. Le ma-
lade, inquiet de son état et de l'inutilité des remèdes qu'on
lui avait donnés, pensa que je serais plus heureux que mes
confrères et exigea que je me chargeasse du soin de sa
santé. Ce fut vers la fin d'Octobre.
Devenu le médecin de M.j'appris qne sa maladie con-
sistait dans des douleurs presque continuelles à l'anus et au
rectum et que ces douleurs devenaient atroces quand il de-
vait rendre les excrémens sur-tout lorsqu'il les avait rendus.
J'examinai les parties affectées à l'extérieur et à l'intérieur. Je
ne découvris pas plus que les médecins auxquels je succédais.
Les réponses faites à plusieurs de mes questions ne me mirent
pas_ davantage sur la voie des causes qui donnaient naissance
à cet état; ne voyant que les effets, je me livrai donc à
un tâtonnement. Je débutai par l'application des sangsues
à l'anus; cette saignée procura du soulagement, mais celui-cî
fut de courte durée il parut même que le calme n'avait
servi qu'à rendre les douleurs qui lui succédèrent plus cruel-
les elles le devinrent au point que M. qui comme je
l'ai déjà dit, souffrait infiniment plus par la sensation dit
besoin d'aller à la garde-robe et après l'avoir satisfait, s'abs-
tenait de manger, afin d'éloigner la nécessité d'évacuations
dont l'idée seule le faisait frémir puisqu'elles étaient toujours
accompagnées de douleurs atroces, et que rien ne pouvaitdiminuer pendant plus de six heures. Je ne trouvai que le bain
chaud pris immédiatement après la garde-robe, qui procurât
un léger soulagement. Le malade était pâle et défait, et je
craignais infiniment pour lui, vu l'inutilité de tous les moyens
que j'avais mis en usage, et que j'avais cru devoir choisir
dans la classe des adoucissans et des calmans petit -lait, lait
d'ânesse, bouillons, jusquiame, aconit, opium en injections
et par la bouche. Je sentais l'insuffisance d'un traitement qui
n'était point dirigé contre la cause du mal j'étais découragé
lorsque je me rappelai avoir oublié de demander à M.
parmi -les nombreuses questions que je lui avais faites dan»
^TAT PRï'sEWT
la vue d'établir le diagnostic s'il n'avait jamais eu de mala-
die syphilitique; ayant réparé cet oubli, dont je m'accuse, j'ap-
pris qu'un an avant l'affection actuelle, M. avait contracté
une gonorrhée bénigne qui avait cédé promptement à des
boissons délayantes et mucilagineuses qu'un homme de l'art
lui avait conseillées. Quoique l'existence du virus syphilitique
ne me parut pas démontrée je m'attachai à l'idée qu'il était
la cause-de l'affreux état du malade; et attendu que, d'après les
réponses à mes questions antérieures, je ne pouvais admettra
ni vice dartreux, ni le vice psorique, ni le vice scrophu-
leux, ni l'élément rbumatique, ni le catarrhal j'eus dès-lors
l'espoir de soulager mon malade et de le guérir. Je proposai
l'emploi du muriatc il fut adopté, et les frictions furent
commencées le 14 décembre en abandonnant tous les autres
moyens. Je redoublai d'attention pour bien observer les effets
du remède, dans la crainte on j'étais qu'il n'augmentât l'irri-
tation. Je fus agréablement surpris de voir le contraire arriver.
Pendant les premiers jours de l'emploi du muriate, les douleurs
furent moins vives; à mesure que le malade continua les fric-
tions, le calme augmenta d'une manière sensible la gaité revint
avec l'espérance fondée d'une guérison, dont le terme ne parais*
sait pas éloigné en calculant d'après les premiers effets. Les
garde-robes n'étant que très-peu pénibles on ne craignit plus
de prendre des alimens, et le malade se livra à son appétit
naturel; enfin, au 3^.e jour de traitement, M. ayant
recouvré la santé, aurait pu abandonner le muriate, si je
n'avais cru prudent de finir le troisième grain dont il restait
encore huit frictions.
Depuis plus d'un an que AI. a fait usage du muriate,
il n'a rien ressenti de la maladie contre laquelle je l'admi-
nistrai, Quoiqu'il n'y eût d'apparent aucun des symptômes
qui décèlent le vice vénérien ne suis-je pas en droit de con-
ide'rer l'affection dont je viens de donner l'histoire, comme
une névralgie syphilitique? L'expérience journalière prouve
J'existence des maladies vénériennes qui se présententsous des
formes qui ne leur sont point ordinaires, et qu'on ne parvient
DES SCIENCES MEDICALES.
à guérir qu'en raisonnant d'après la méthode d'exclusion.
dont l'application ne devient souvent* avantageuse que lorsque
plusieurs essais contre divers clcmcns plus probablement
admissibles, ont été inutiles. Ici, ce n'est point tout-à-fail le cas
puisque, un an avant l'affection que je viens de décrire, il
avait existe un écoulement par li; canal de l'urètre avec tous
les caractères, il est vrai de la gonorrhée la plus bénigne.
12e Obs. ( pag. 24). Je fus consulté, le a8 Décembre 1817,
par un fourrier, dont j'ai promis de taire le nom; il était
âgé de 28 ans, d'un tempérament bilieux et d'une bonne
constitution. Un phymosis assez considérable m'empêcha de
découvrir des chancres que le malade me dit avoir en quantité
sur le gland; le tact me faisait bien croire à son assertion» i
mais j'en crus plus à l'expérience du malade qui, les années
précédentes avait eu plusieurs ulcères vénériens pour les-
quels il avait été soumis à un traitement mercuriel dont il
n'avait eu qu'à se louer.
Avant d'administrer le muriate, je sacrifiai dix jours à l'em-
ploi des bains locaux dans des décoctions «inollientes avec
lesquelles on faisait aussi des injections entre le gland et le
prépuce. A cette époque le gland ne put pas être entièrement
découvert, mais il me fut possible d'en voir assez pour me
convaincre que le sujet ne s'était pas trompé sur la nature dé
l'ulcération d'ailleurs le genre de femmes avec lesquelles il
avait eu commerce laissait peu de doutes sur le caractère du
mal, dont je n'aurais pu absolument établir le vrai caractère
d'après l'existence du phymosis qu'une acrimonie étrangère
au virus syphilitique aurait été dans le cas de procurer.
Bien persuadé que le muriate convenait, j'en prescrivis
l'emploi, et le malade le commença le 7 Janvier 1818. Malgré
l'inconvénient que m'avait présenté l'usage trop soutenu des
bains et des injections chez Lecompte, je ne jugeai pas à
propos de les faire cesser avant que le phymosis ne fût tout-
à-fatt dissipé. Ce ne fut qu'après la douzième friction que le
gland put être découvert avec facilité. Il m'était impossible
de déterminer s'il s'était opéré quelque changement dans
ï'tat pr^sfjvt
les ulcères au nombre de quatre étendus et profonds.
L'état inflammatoire n'èxislaii plus je conseillai d'abandon-
ner la décoction émoliienle et de s'en tenir à l'administration
du muriate. Le deuxième grain était déjà épuisé et les ulcères
ne marchaient pas à leur guérison comme je l'avais vu chez tous
les autres individus soumis au même remède ( Lecompte
excepté ). Cherchant à me fendre raison de l'état stationnaire
dans lequel étaient les chancres je soupçonnai que le malade
n'avait pas discontinué d'user des bains locaux; l'aveu qu'il
m'en fit justifia mes soupçons. Une recommandation de ma
part, plus forte que celle- que j'avais faite la première fois,
fit mettre de côté un moyen qui contrariait l'action du
spécifique.
Avant d'en venir, à J'application d'un topique excitant
dont je sentais la nécessité, je voulus laisser passer quelques
jours. L'aspect des ulcères n'étant pas plus satisfaisant à la
trentième friction, je me décidai à les panser avec des plu-
maceaux légèrement recouverts d'une pommade préparée avec
douze grains d'or divisé par le mercure sur une once de
sain-doux. M. Chrestien m'avait appris qu'il n'avait eu
qu'à se louer de cette pommade dans de pareilles circons-
tances. Toujours franc et loyal, ce célèbre praticien ne me
laissa pas ignorer qu'il tenait cette composition de M. Nicl
médecin très-distingué de Marseille, et qu'elle méritait la
préférence sur les pommades préparées avec le muriate d'or
ou les oxides, qu'il avait souvent employées, et dont il
a parlé dans sa méthode ïatraleptique.
Le second jour de J'application de la pommade, les ul-
cères furent plus avivés il s'y établit une douce suppuration,
et ils furent entièrement cicatrisés au 42. «jour du traitement
qui en dura 53 la dose du muriate ayant été portée à
quatre grains,
3.* Obs, ( pag. 3i"). Il y a deux ans que je fus consulté par
Jïad. M. de Montpellier âgée de 3o ans d'un tempéra-r
ment bilieux, d'une excellente constitution. Cette dame, qui
était accouchée deux fois sept ansaprès
la seconde et dejv
DES SCIENCES MÉTNCAT/ES.
nîère couche ressentit aux glandes axillaires dit côté gauche,
un engorgement très-douloureux qui augmenta pendant vingt
jours. Des cataplasmes émolliens furent appliqués d'après les
conseils du chirurgien qui, sous peu de jours, ouvrit la
tumeur, d'où il ne sortit qu'une, matière sanguinolente; la
guérison suivit deprès
cette petite opération. L'homme de
l'art qui l'avait faire soupçonna l'existence d'un hétérogène
laiteux et des anti laiteux furent administrés pendant trois
mois. Ce traitement n'empôclia pas qu'un an après l'appa-
rition de celle tumeur, il n'en parût une autre à la même
place et avec les mêmes caractères que la première. On eut
recours aux moyens qu'on avait employés la première fois,
et les résultats furent les mêmes. L'inutilité des anti-laiteux
fit rechercher une autre cause que celle qui avait fait recourir
au traitement dont j'ai parlé:
Le mari de Mad. M, ayant eu dans sa jeunesse des
symptômes vénériens on crut devoir attribuer au virus syphi-
litique l'accident dont j'ai rendu compteet quoique Mad.
M. n'eût jamais rien éprouvé qui en démontrât les effets
elle n'en, fut pas moins soumise à des frictions mercurielles.
Quatre oncesd'onguent préparé
an tiers, furent employées
avec toutes les précautions qui pouvaient en assurer le succès.
Ce nouveau traitement n'empêcha pas le retour de la tumeur
aux mêmes époques et avec les mêmes circonstances rappor-
tées plus haut. Les moyens curatifs que la tumeur exigeait
furent encore mis en usage mais la malade se refusa à tous
les autres remèdes fatiguée de leur insuffisance. Six mois
s'étaient écoulés depuis cette dernière crise, lorsque Mad. M.
me fit prier de lui donner des soins l'engorgement qui était
revenu, était de la grosseur d'un petit œuf de poule, et il
s'accompagnait de vives, douleurs. Admettre les causes contre
lesquelles on avait administré déjà des remèdes m'aurait exposé
à n'être pas plus heureux dans ma cure que les gens de l'art
que je remplaçais. J'étais d'autant plus fondé à rechercher
un autre élément le laiteux et le syphilitique, que la plus
Jégère prohabilitén'était point
en faveur des differens dia-
ÉTAT PRÉSENT
gnostïcs qu'on avait successivement établis. Les réponses
-que la malade fit aux questions que je lui adressai, me
mirent dans le cas de croire à un vice d'épaississement de
la lymphe, sans que je pusse néanmoins le considérer comme
scrophuleux. Je connaissais l'action fondante du muriate d'or
et je le prescrivis. Cependant, comme j'avais à craindre une
excitation trop vive, la sensibilité de la malade ayant été
mise en jeu, peut-être moins par les remèdes abandonnés
depuis long-temps, que par le chagrin que Mad. M. éprou-
vait depuis le retour de la tumeur et les douleurs qu'elle lui
occasionait, je me décidai au lieu de l'employer en frictions
sur la langue, à le donner à l'intérieur et dans cet esprit,
j'en fis dissoudre un grain dans huit onces de sirop de sal-
separeille. Je n'ignorais pas que le sel triple se décomposait
mais je tenais de M. Chrestien, que dans plusieurs cas
analogues à celui que je viens de décrire, il n'avait eu qu'à à
se louer de l'association du muriate à un sirop approprié.
La malade prit chaque matin une cuillerée à bouche du sirop
que j'avais fait préparer, ainsi que je l'ai dit, étendu dans
une tasse de décoction de douce-amère qu'elle prenait dans
le courant de la journée et que l'on préparait avec une once
de tiges de cette plante dans deux pintes d'eau réduites à
une. Les huit onces de sirop épuisées, j'en fis préparer la
même quantité avec la même addition. Celui-ci fut donné
à une cuillerée et demie par jour. Cette seconde dose n'était
pas finie que les douleurs eurent considérablement diminué.
Le remède préparé toujours dans les mêmes proportionset continué en le portant à deux et trois cuillerées par prise,
produisit des effets si heureux, que M.me M. après avoir
employé 40 onces de sirop et 5 grains de muriate, fut
entièrement délivrée de l'engorgement qui lui avait donné
tant d'inquiétude. Sa santé s'améliora mais elle ne devint
décidément bonne que quand le terme où la maladie avait
paru, à quatre époques différentes, eut été franchi. Voilà
deux ans que la malade est délivrée de sa tumeur périodi»
due annuelle.
DES SCIENCES MEDICALES.
Cette guérison doit-elle être attribuée au muriate ? Ceux
qui ne sont pas partisans de ce remède ne manqueront pas
de dire qu'elle est l'effet du sirop de .salsepareille et de la
décoction de douce amère. Je demanderai de bonne foi aux
gens de l'art, exempts de prévention, s'ils pensent que ces
moyens, que je ne regarde que comme auxilliaires, fussent
dans le cas de guérir sans retour l'affection dont je viens
de donner l'histoire? Je pense que, sans l'addition du mu-
riate, le sirop et la décoction n'auraient pas mieus fait
que les autres remèdes auxquels on avait eu recours avant
que 'eusse été appelé. Les opinions sont libres chacun
en conclura ce qu'il voudra j'ai exposé le fait sans l'altérer
en rien.
Extrait d'une observation sur la fracture d'un pariétal, avec
perte de substance cérébrale par le docteur I.azzaretto
traduite du journal de médecine d'Èdinbourg t JY.° LIIÎ t
cahier de Janvier 1818; par C. Pierquin, etc.
M. William Newenham aspirant âgé de quatorze ans,
tomba du haut d'un mat à fond de cale d'une hauteur
de 45 pieds il fut aussitôt transporté à la rade des ma-
lades, dans un état d'insensibilité absolue; hémorragie forte
du nez et de la bouche. J'examinai d'abord la tétc et je
jugeai facilement que la blessure avait trois pouces de lon-
gueur en suivant la partie postérieure et supérieure du
pariétal droit, et que le cerveau avait subi une forte dé-
pression, que j'ai estimé, a proximati veinent être d'environ
un pouce.
Une incision cruciale servit à découvrir la fracture t
oblique de bas en haut et à montrer qu'elle avait une
grande extension je pus apercevoir une esquille triangu-
laire, enfoncée dans la masse encéphalique; j'en fis l'extrac-
tion le mieux qu'il me fut possible, et je ne pus, néan-
moins m'opposer à ce qu'une petite portion pulpeuse du
cerveau ne suivit le morceau du pariétal qui y était logé.
A l'aide d'un élévateur je remis à sa position naturelle
£tat pkiîsejît
la portion qui avait été déprimée; je réunis le péricrâne
et le mis dans sa position je l'y maintins avec des ban-
delettes agglutinatives et des compresses de charpie retenues
par un double bandage de tête approprié à la circonstance
présente. Dès que l'esquille de forme triangulaire, fut enlevée,
le malade sembla se réveiller d'un profond sommeil ouvrit
les yeux et appela ses compagnons de marine.
Le pouls du malade était petit et vite j'ordonnai la potion
suivante
Vin 2j svin.
Hydrargyri submuriat gr. vi.
Racine de jalap • gr. x.
Le bâtiment ayant l'ordre de radouber le malade fut
transporté à l'hôpital de Haslar j trois mois après il rejoignit
ses camarades.
Durant tout le temps qu'il resta dans l'hôpital, j'allais très-
souventle visiter, et jusqu'à ce que sa blessure fut devenue
moins dangereuse. Je n'ai point observé le plus léger mou-
Tement fébrile tant qu'il fut sous mes yeux, et tout le temps
qu'il resta à Haslar.
Observations physiques agricoles et médicales faites à
Bordeaux, pendant les mois d'Octobre, Novembre et Dé-
cembre 1818.
Octobre.
Les premiers jours de ce mois ont été pluvieux ou couverts
jusqu'au 10. Les nuages se sont élevés alors, et bientôt ils ont
été remplacés par la plus grande sérénité du ciel qui a duré t
presque sans interruption jusqu'à la fin du mois. La tempé-
rature de l'atmosphère, d'abord fort humide a été très-douce
pendant tout ce mois. Les brouillards ont été fréquens le matin
et le soir. La pluie a ramolli la peau des raisins a facilité leur
maturité et a rendu la recolte plus abondante sans nuire à
la qualité du vin. Elle a aussi préparé les terres pour le labour
et les semailles se sont faites avec laplus grande
facilité. Les
DES SCINECES MEDICACES.
parmentières ont généralement très-mal reussi non seulement
elles sont peu abondantes, mais elles sont très-petites et d'une
qualité inférieure.
Le nombre des fièvres intermittentes de tous les types a
été inférieur à celui de toutes les années précédentes, et
la plupart de ces fièvres a paru avoir pour cause une sur-
abondance de pituite dans les premières voies et des Hu-
xions catarrhales sur les voies aériennes ce qui les a,
souvent compliquées de corysa, d'angine et de catarrhes
pulmonaires. Les douleurs catarrhales et rhumatismales ont,
été très-communes, et souvent longues et rebelles. On a
en à traiter aussi beaucoup de coliques et de diarrhée*
fréquemment compliquées d'affections vermincuses. La co-
queluche a été commune parmi les enfans et les toux
catarrhales rebelles chez les adultes des deux sexes, mais
principalement chez les filles mal réglées elle a quelque-
fois dégénéré en phtbisie. Les tumeurs abdominales, pré-
cédemment observées continuent leurs progrès lents, mais
de sinistre augure et d'un traitement très-difficile. Quelques
hydropisies se sont manifestées sous leurs formes variées:
la plupart d'entr'elles parait avoir eu pour causes les altéra-
tions des viscères sécréteurs, ou celles des vaisseaux inhalant
ou exbalans certaines cependant paraissent dues à des
lésions des organes principeaux de la circulation sanguine.
Novembre.
L'atmosphère douce et sereinependant
les trois premiers
jours du mois, s'est obscurcie le 4 et est devenue pluvieuse
et variable, mais elle a bientôt repris sa sérénité qu'elle a
conservée jusqu'au milieu du mois. Les i5 16 et 17.* jours
ont été extrêmement pluvieux; mais les nuages se sont relevés
bientôt après, à l'exceptionde quelques ondées tombées le
a4 et le a5, on a eu un très-beau temps jusqu'à la fin du
mois cependant les brouillards ont cti fréquens et épais. Il
y a eu moins de variations dans la chaleur atmosphérique qui
a été constamment douce pendant tout le mois, et mâiuc.soo-
ÉTAT PRÉSENT
vent supérieure au degré clue l'on pouvait espérer à cette
époque de l'année; ces circonstances ont singulièrement favo-
risé tous les travaux agricoles que l'on s'est empressé d'achever,
et la végétation des plantes céréales a fait des progrès très-
sensibles.
Les maladies du mois de Novembre ont peu différé de
Celles du mois précédent, les fièvres intermittentes n'ont point
été nombreuses; mais on a observé quelques fièvres quartes.
Les variations fréquentes dans la chaleur atmosphérique ont
causé beaucoup de rhumes et de fluxions catarrhales. 11 y a
eu quelques péripneumonies bilieuses sur-tout chez les per.
sonnes sur le déclin de l'âge. Les diarrhées avec ou sans
tranchées ont été communes, et ont cédé facilement lorsqu'on
est parvenu à rétablir la transpiration insensible. Beaucoup
de rhumatismes quelquefois goutteux ont tourmenté les per-
sonnes qui y sont sujettes, et n'ont cédé qu'imparfaitement
aux meilleurs traitemens. On a "vu des ércsipèles des ron-
geoles, des porcelaines et autres éruptions anomales. Les obs-
tructions viscérales, les squirrhes, les phthîsies et les by-
dropisîes t ont continué leurs progrès alannans.
DÉCEMBRE.
Le mois de Décembre a été remarquable en ce qu'il n'a
pas plu une seule fuis pendant toute sa durée. Ses dix pre-
miers jours ont été sereins et d'une chaleur douce, comme
les plus beaux du printemps. Le onzième, le vent a tourné
au nord, un froid assez vif est survenu, et dt;s ce moment
l'Hiver a commencé. Le froid devenu bientôt glacial s'est
soutenu, accompagné d'un ciel constamment voilé, qui pen-
dant douze jours n'a pas laissé voir le soleil et nous mena-
çait sans cesse d'un déluge de neige. Vers Noël, le ciel s'est
éclairci, la température a été variable sans cesser d'être froide,
et l'année a fini au milieu des brouillards les plus épais
quelquefois fétides, qui constans pendant tout le mois ont
été plus forts vers le commencement et la fin de la journée.De mémoire d'homme, on n'a vu de plus beaux mois de
DES SCIENCES MÉDICALES.
Décembre que celui qui vient de finir. Cependant, il îl n*a
pas été sans inconvénient pour l'agriculture, la chaleur dç
ses premiers jours venue à la suite de celle du mois de
Novembre avait tellement favorisé la propagation des limaces
et d'autres vers, que la destruction des plantes céréales en
a été l'effet et qu'il a fallu en certains endroits semer
une seconde fois. La terre, endurcie par la sécheresse a
opposé dans quelques vignobles une trop grande résistance
qui a fait retarder les labours.
Quelques fièvres continues rémittentes et intermittentes ont
occupé les praticiens; les dernières, en petit nombre, étaient
ou tierces ou quartes toutes paraissaient causées plutôt par
une surabondance de pituite que par la saburre bilieuse; quel-
quefois, ces deux causes ont paru réunies, et dans ces^ cas
on a observé une prostration des forces qui donnait à la
maladie un caractère insidieux. Les catarrhes et les fluxions
ont été en grand nombre, et se sont manifestés sous toutes
les formes en attaquant le cuir chevelu, la face, les yeux,
les oreilles, les fosses nasales, les gencives, la gorge, le
larynx, les poumons, le col, et en y déterminant les maladies
propres à ces organes. Les péripneumonies ont été les plus
graves de ces maladies, en ce qu'elles ont été souvent com-
pliquées d'atonie plusieurs individus faibles ou vieux en
ont été victimes. La diarrhée quelquefois dysentérique n'a
pas été rare. Les obstructions des viscères de la poitrine et
du ventre se sont manifestées et ont amené des maladie»
chroniques. Les phthisies et les hydropisies qui en étaient
nées j se sont terminées par la mort lorsque le grand froid
est survenu. Les catarrhes la débilité le scorbut des vieil-
lards ont eu la même issue à la même époque. Des rhuma-
tismes, soit aigus, soit chroniques ont été communs et
ceux-ci ont affligé successivement diverses parties du corps,
non sans de grands dangers lorsqu'il» abandonnaient les mem-
bres. Il en a été de même des affections goutteuses. Il y a eu
beaucoup d'hémorragies utérines chez les femmes beaucoup de
suppressions chez les filles la coqueluche, la rougeole, I»,
ÉT AT PRÉSENT
scarlatine et les affections vermineuses ont été très -commune»
parmi les etifans.
Prix proporé par la Société de Médecine de Paris, séante à
l 'Hôtel- de -Ville.
La Société de Médecine propos pour sujet d'un prix de
-la valeur de 3oo fr. qu'elle décernera dans la séance de
rentrée de décembre i8iy, la question suivante;
Peut-on mettre en doute l'eristence des fièvres essentielles?
Les mémoires écrits très-lisiblement en français ou en
latin, devront être adressés francs de purt, avant le i.tr
Novembre de cette année, à IVI Nacquart( Secrétaire-général
de la Société, rue Sainte-Avoie, n 3cj.
Prie proposé par la Faculté de Médecine de Paris.
La question proposée par la Faculté de Médecine de Paris,
pour sujet d'un prix qui sera décerné en Avril i8ïo, est
conçue et ces termes
Donner l'histoire des maladies qui ont régné le plus géné-
ralement à Paris pendant les années 1817 et 181 S.
La Faculté désire que, dans cette histoire on fasse entrer
quelques remarques sur la constitution atmosphérique que
même, jetant un coup-d'œil sur les années précédentes, un
en examine sommairement l'histoire météorologique et médi-
cale que les considérations générales reposent sur des faits
particuliers bien observés et décrits avec soin enfin qu'en
suivant la même méthode sévère à 'inductions déduites exac-
tement des faits, on cherche à déterminer les causes de ces
maladies, et les précautions hygiéniques propres à éloigner
ces causes ou à en diminuer l'influence.
Le sujet des mémoires à envoyer au concours pour le prix
qui sera décerné en 182 1 sera:
La Topographie médicale de Paris et de ses environs, ou
du départementde la Seine.
Les mémoires seront écrits enfrançais ou en latin et
adressés à la Faculté dans le courant du mois de Novembre,
»«S SCIENCES MÉDICALES.
T. IV de la a.e sér. cah, de Jan. et Fév. 1 81 9. 8
suivant le» formes usitées pour les concours académiques.
Programme d'un prix de physiologie.
Un anonyme avant offert une somme à l'Académie Royale
des Sciences avec l'intention que le revenu en fût affecté
à un prix de physiologie expérimentale à décerner chaque
année et le Roi ayant autorisé cette fondation par une
ordonnance en date du it. Juillet 1 8 18.
L'Académie Royale des Sciences fait savoir qu'elle décernera
une médaille de la valeur de 44° fr. à l'ouvrage imprimé
ou manuscrit qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux
progrès de la physiologie expérimentale. Elle fera connaître
&on jugement à la scéance publique, du Printemps 1820.
Les auteurs qui croiront pouvoir prétendre au prix sont
invitées à adresser leurs ouvrages, francs de port, au Secré-
tariat de l'Institut, avant le premier Décembre 1819.
Prix proposé par la Société de médecine de Toulouse.
La Société de médecine remet au concours, pour l'année
1819 la même question qu'elle avait déjà proposée« Quels
sont en général les progrès de la chirurgie pratique depuis
trente ans, et à qui sont-ils dus depuis que l'Académie de
Lhirurgie a cessé d'exister ». Les mémoires sur cette question
devront être remis avant le i.er Juin 1819. Il faut qu'ils soient
écrits lisiblement en fançais ou en latin, et munis d'une épi-
graphe ou devise qui sera répétée dans un billet cacheté où
doit se trouver le nom de l'auteur.
Des médailles, à titre d'encouragement, continueront à étre
distribuées aux auteurs des meilleurs mémoires ou obser-
vations relatives à la médecine. Les ouvrages devront être
remis avant le i.er Juin 1819. Les auteurs feront connaitre
leurs noms. On n'admettra point ait concours les ouvrages
qui auront été publiés ou communiqués à d'autres Sociétés.
Tous les mémoires et autres objets relatifs à la correspon-r
dance doivent être affranchiset
adressés à M. Duffourc 1
Secrétaire-général de la Société.
il" AT PRESENT
Séance publique et exposé des travaux, de la Société Rnyale
de Médecine de Marseille pendant l'année 1818 brochure
in-8.° de 84 4 pages. Marseille, 18 19.
Notice, par M. V. Bonnet Médecin, elc.
Le 11 Octobre 1818, la Société de médecine de Marseille
a tenu sa dix-neuvième séance publique. M. le docteur
Gandy président,, a ouvert la séance par un discours sur le
dévouement des Médecins. M. Guiaut fils, docteur en méde-
cine, Secrétaire-adjoint de la Société, remplissant la fonction
de Secrétaire -général fait connaitre dans deux sections
particulières, les travaux de compagnie, pendant le cours
de Tannéequi vient de s'écouler. Dans la première, dési-
gnée par le titre de Littérature Médicale, M. Guiaud, trace
l'analyse des productions des membres titulaires et dos corres-
pondans; dans la seconde, il présente d'abord, d'une manière
succinte, mais précise, l 'histoire des maladies régnantes et
les observations auxquelles elles ont donné lieu dans les confé-
rences médicales il signale ensuite les rapports que différens
objets de salubrité publique ont établis entre la Société et
les Autorités constituées; enfin, il termine son exposé par
quelques détails sur les acquisitions que la Société a fait en
membres titulaires et en correspondans, et sur les récompenses
qu'elle a décernées et dont elle-même a été honorée par la
Société de médecine de chirurgie et de pharmacie du dé-
partement de l'Eure, et par la Société de Médecine-pratique
de Montpellier, La Société de l'Eure, en lui adressant le di-
plôme de membre associé lui a conféré ce titre, dit M.
Guiaud, comme un témoignage public de l'estime qu'elle
lui porte. La Société de Médecine de Montpellier, en lui dé-
cernant, disons-nous une médaille d'or, a voulu lui donner
un témoignage de la haute considération due à son zèle
pour la propagation des saines doctrines, et aux heureux
efforts qu'elle a déployé pour les progrès de l'art. C'est,
en outre, dans les mômes vues que de semblables médailles
DES SCIENCES MEDICALES.
furent aussi décernées, par la Société de Médecine-pratique,
à la Société Académique de Marseille, et aux réunions médi-
cales de Bordeaux et de Toulouse.
Quoique, d'après l'aveu qu'en fait M. le docteur Guiaud, ce
soit pour lapremière
fois qu'il ait été appelé à être l'organe
de la compagnie, la manière distinguée avec laquelle il a
rempli la tâche de Secrétaire-général ne peut que lui mériter
des éloges. Cependant, il eut été à désirer, qu'au lieu de
réduire certains faits à leurs termes les plus précis, il les
eut présentés dans tous leurs détails croyons-nous aussi
devoir reproduire ici les résultats cliuiques suivans
» Les deux observations chirurgicales que nous a commu-
niquées M. Magaïl dit M. Guiaud ( pag. du rapport) ont
profondément fixé votre attention.
» Deux individus affec.tés depuis long-temps d'une maladie
des voies urinaires, avaient contracté l'habitude de se sonder
eux-mêmes. Le premier frappé du délire maniaque, saisit
un jour sa sonde de gomme élastique, la redresse avec
force, la plonge d'une main égarée dans l'urètre, la pousseensuite dans la profondeur de ce canal, le déchire, le perce
dans sa partie membraneuse, traverse l'intestin rectum, en-
lève le mandrin, continue alors d'enfoncer la sonde jusqu'au
pavillon et la retire enfin par l'anus.
» Le second, jouissant de toute sa raison, ne trouve plus
dans sa main l'adresse habituelle pousse l'instrument à
travers l'urètre en déchire l'épaisseur perce le rectum et
voyant qu'après avoir plongé la sonde jusqu'à l'eslrémité
l'urine ne coule pas la retire avec toutes les marques de
son introduction dans la poche intestinale.
» Inflammation violente, dépôts urineux, gangrène; voilà
ce qu'après un désordre aussi grave redoutait le chirurgien
expérimenté. Cicatrisation rapide des parties lésées maintien
parfait dans l'harmonie des fonctions, de plus guérison
de la manie chez le sujet de la première observation voilà
ce que fit la nature.
» Un praticien non moins distingué, M. Girard, a aussi
ÉTAT PRÉSENT
fait part à la compagnie d'une observation sur un cas par-
ticulier de gangrène (pag. »J du rapport), survenue après un
accouchement laborieux.
» Elle concerne une Dame mère de neuf enfans, qui fut
accouchée de son dixième par notre collègue. Présentant
au-dehors le bras et le cordon ombilical, l'enfant est extrait
sans vie par les picds; la délivrance longue à cause de
l'cnchatonement du placenta, est cependant heureuse; la ma-
lade paraissait entièrement rétablie, lorsque le 19 Février
elle se plaint de douleurs vives aux parois abdominales
avec fièvre et insomnic. La main placée sur le bas-ventre
fait sentir de l'empâtement dans la région sous -ombilicale.
Examinée avec attention cette lnartie offre aux yeux de
notre collègue un soulèvement de l'épiderme en forme de
tuyau alongé. Rien ne prouvait l'existence d'une hernie
ombilicale; la tumeur est ouverte; une sérosité sanguino-
lente s'en échappe avec une forte odeur gangreneuse des
topiques fortinans sont appliqués; une escarre se détache;
une plaie très-étendue se manifeste; lavée avec du vin aro-
matique, pansée avec de la charpie molle, elle marche rapi-
dement vers la cicatrisation, et la guérison parfaite s'opère
le quarantième jour. Quel vaste cliarnp pour les explications
sur la cause de cette gangrène M. Girard n'en a présenté
aucune; il a sagement pensé qu'il faut savoir s'arrêter là
air la nature a posé des limites.
» Appelé auprès d'une femme en travail d'enfant depuis i4
heures, M, Mergaut, dit M. Guiaud (pag. 3o du rapport),
reconnait que le détroit supérieur du bassin ne présente que
deux pouces dans son diamètre antéro-poslérieur trois dans
le diamètre oblique et deux pouees six lignes dans le trans-
versal. L'impossibilité de l'accouchement est reconnue > l'opé-
ration césarienneproposée est pratiquée par M. Mergaut. Une
incision de cinq pouces met la matrice à découvert cet
organe est divisé dans son fond le bistouri rencontre le
placenta implanté; l'intrépide opérateur n'hésite pas à le
fendre dans son épaisseur. L'enfant se présente il il est saisi
DES SCIENCES MEDICALES.
par les pieds et retiré plein de vie; la délivrance s'opère
sans difficulté, l'hémorragie est légère l'utérus se contracte,
les parois de l'abdomen sont rapprochées et maintenues par
trois points de suture enchevillée nul accident inflamma-
toire ne se manifeste, et le cinquantième jour la femme
vaque à ses affaires. Honneur à l'homme de l'art qui a
obtenu un si brillant succès; reconnaissance éternelle de nous
l'avoir fait connaître
» Une femme de Parme, âgée de vingt-huit ans, avait heu-
reusement donné le jour à quatre enfans lorsqu'elle se
trouve de nouveau enceinte. Des douleurs violentes, éprou-
vées le 28 Août 18 17 à minuit, annoncent le. commencement
du travail l'enfant paraissait descendu dans le petit bassin,
les eaux n'étaient pas encore écoulées lorsque tout-à-coup,
après une douleur terrible, la tête disparaît et la femme,
tourmentée par des vomissemens fréquens, est en proie à des
angoisses inexprimables. Un chirurgien appelé ne reconnaît
pas l'accident et se borne à conseiller la patience. Vers les
cinq heures du matin, MM. Rossi père et fils se rendent
auprès de l'infortunée au récit de ce qui s'était passé et à
l'examen du bas-ventre, ils se convainquent qu'à la suite
d'une rupture de matrice l'enfant a passé dans la cavité
abdominale, et se trouve placé transversalement sur la région
de l'estomac. La gastrotomie est décidée et pratiquée par
M. Cecconi, chirurgien en chef de l'hôpital de Parme. L'en-
fant, trouvé sur la région indiquée par MM. Rossi, est
retiré sans vie la délivrance opérée quelques points de
suture pratiqués, et la femme est parfaitement rétablie trente
jours après ce terrible accident admirable concours des
moyens de l'art et des efforts de la nature pour produire
une guérison unique, peut-être, dans les Annales de la chi-
rurgie ancienne et moderne (pag. 35 et 36 du rapport) ».
Prix proposé par la Société Royale de Mcdecine de Marseille.
La question proposée il y a deux ans, sur l'histoire des
médecins de la Provence n'ayant produit aucun mémoire
ÉTAT PRÉSENT
digne d'être cité ce sujet est retiré du concours et la
Société propose pour sujet d'un prix consistant en une
médaille d'or de la valeur de 3oo francs qui sera décerné
dans la séance publique de 1819, la question suivante
n Quelles sont les malarlies de l'utérus qui sont suscep-
tibles d'être confondues avec le cancer, et l'ulcération de cet
organe ?,;J
2.0 Quels sont les caractères qui établissent leur différence
d'une manière positive ?P
3.° Enfin, quais sont les moyens curatifs ou palliatifs que
l'expérience a démontré être les plus efficaces ?P
La Société désire que les concurrens prennent pour
base essentielle de leur travail les observations cliniques et
les ouvertures cadavériques.
Les mémoires écrits lisiblement en francais ou en latin
devront être adressés, franc de port, à M. Trucy, docteur en
médecine Secrétaire-général de la Société Royale de Méde-
cine de Marseille. Ils devront être remis avant le premier
Juillet 181g j ce terme est de rigueur.
II.° Revue des Journaux.
Journal de Pkannacie et des Sciences accessoires.
NOTE sur l'extraction de la gélatine; par M. Boudet, oncle,
ancien pharmacien en chef d'armée.
On nous demande si les anciens savaient extraire la géla-
tine des parties solides des animaux et par le moyen de
l'eau et par le moyen d'acides ?P
Nous répondons affirmativement et, en effet sans re-
monter à la plus haute antiquité, on voit dans Dioscoridej
et sur-tout dans Pline, qu'on préparait, de leur temps, pour
l'usage de la médecine des bouillons de veau de bélier
de chat, de fouine de belette, de tête de chèvre, d'os con-
cassés d'un porc, d'un âne, de la rapure de cornes de cerf;
des bouillons de poule de chapon ? de perdrix de coucou, 1
MS SCIENCES MÉDICALES.
d'hirondelle; des bouillons de différens poissons, de gre-
nouilles, d'écrevisses, de moules, etc. On voit qu'on fabri-
quait, sur-tout avec la peau des animaux, des colles-fortes »
dont la plus blanche et la plus estimée se faisait à Rhodes'
avec les oreilles et le nerf des tauraux que la colle de
poisson et sa propriété de clarifier les vins, étaient connues;
qu'en faisant bouillir dans l'eau pendant quarante jours et
quarante nuits, le pied d'un jeune taureau, on parvenait à
le dissoudre entièrement, On voit que, relativement à la
mise à nu, par un acide, du gluten qui tient unie une subs-
tance terreuse dans différens produits des animaux, Pline
dit qu'un œuf trempé dans le vinaigre y a perdu la terre
qui donnait de la solidité à sa coquille, et qu'il est devenu
si souple qu'il a pu passer parune bague. Il dit que la
reine Cléopâtre à l'aide du vinaigre, fit, d'une perle très-
grosse et très-ptécieuse, une dissolution gélatineuse qui put t
facilement être humée, et que, dans un repas un certain
Clodius, fils d'Ésope le tragique prépara pourlui et pour
chacun de ses convives, une semblable dissolution qui fut
trouvée si bonne qu'après la conquête de l'Egypte, les
perles étant devenues plus communes il n'était pas rare
chez les Romains, de s'en régaler. Sans doute que, dans la
préparation qu'on leur faisait subir leur gluten était rendu
savoureux, et par un reste de vinaigre et par l'acétate cal-
caire qui s'était formé.
De Pline en passant aux chimistes qui, sans être nos con-
temporains, possédaient les acides dits minéraux on voit
qne Glauher employait son esprit de sel pour mettre à nu
la gélatine et des dents d'ours, de tigres de lion, de «cro-
codiles, et de cornes d'animaux herbivores, et des ongles
des oiseaux de proie, et des écailles de poissons; mais don-
nons son procédé, tel qu'il se trouve dans la première cen-
turie, page 121.s.
Dentes Iujjo aut cani semivivo postquïm tclopeti ictupros-
tratus est, ereptns iis affuntie 2 aut 3 partes concentrât!, s pi rit lis
salis in cucurbità impositâ arenas calefaciendœ debito igné et
1ÎTAT PRÉSENT
oleum salis ipaos solvat et in crassum pultem redigat; ex Iioc
pulmento affusâ culidâ aquâ omnis aciimonia spîritûselicienda est,
ut niLil nisi pulmentum mreliijiium sit; cui quoniamadhuc aliquid
oleï salis adhuc adest ut patè quod non peniiùs aquâ se elui
patitur, earum saccliari candi admisceatur oportet quo acrimonia
illa infriugutur et pulmentum ad sua via rem usum paretur.
Nos anciens chimistes préparaient des magistères de co-
rail, d'yeux d'écrevisses de perles de coquilles etc. En
dissolvant ces substances dans un acide et précipitant leur
terre par un alcali, Annibal Barlet (section première, des
animou.r } cfaap. i, pa£. 272 de sa chimie), pour aider la
dissolution de la terre des os, fortifiait l'acide du vinaigre
par celui du nitre; il observe que, si dans la préparation de
ce magistère, on employait des os -d'animaux trop jeunes
on n'obtiendrait que de la gelée.
Il est certain dit Boërhaave p<tg. 747 de la traduction
française de ses Elrmens de chimie, que des os plongés
dans des fluidos alcalins conservent, leur dureté, au lieu que
si un les tient quelque temps dans des acides, ils s'amol-
lissent jusqu'à devenir flexibles c'est là un fait dont Ruysch
a eu occasion d'être témoin plusieurs fois dans le cours de
ses expériences anatomiques.
Canheuser, Elemrnla chemiee medicœ s'exprime ainsi:
Gel.itinae ex parti bus os^eïs animalium raspatis solius coctîonis
beneficio cum aquà siinplîci paramur.
Il die pag. 1 17 Cornua et partes alise os ses lapide& teslacaa
et crustaccae anîinalium vulgo in aceto distillato aut spiritu salis 1
etc., soluta per oleum tarturi i precipitantur.
Si on plonge, dit Lewic, traduction française da la Con-
naissance pratique des medicamens y i,er volume, pag. 56, J
dans l'acide nitreux affaibli par le mélange d'une certaine
quantité d'eau une matière osseuse l'acide dissout la terre
des os et ne touclt* point au cartilage qui conserve sa forme
en entier, et est flexible et transparent comme de la corne.
La terre, qui dgjmait la solidité à cette substance est en-
DES SCIENCES MEDICALES.
levée par l'acide, auquel on peut la reprendre, en ajoutant
un alcali qui la fait précipiter.
Et, page i53, il ajoute, l'écaillé d'huître, le corail, et les
perles contiennent outre leur terre, une portion d'une matière
gluante. Nous en avons un exemple dans les yeux d'écre-
visse qui ont été en macération dans des acides faibles, ou
dans des acides violens suffisamment délayés avec l'eau
par leur macération la partie terreuse se dissout, et la colle
animale reste sous la forme d'un mucilage visqueux, trans-
parent, etc.
Stahl, Traité des sels, page 167 et Hérissant, après lui,
en employant un procédé semblable à celui de Lewis, se
sont assurés que les yeux d'écrevisses et les substances os-
seuses sontcomposés de terres et de gélatine.
On connaît enfin, l'ouvrage que Papin fit imprimer en
1681, réimprimer en 1G88 et qui contient la description d'un
digesteur à l'aide duquel ce chimiste faisait de la gelée avec
des os de boeufs et pouvait cuire toutes sortes de viande en
très-peu de temps.
II nous serait facile de trouver, dans les livres de chimie
et de pharmacie qui ont précédé ceux de nos contempo-
rains, des preuves plus nombreuses de l'antique extraction
de la gélatine par l'eau et par les acides; mais celles quenous venons de présenter nous paraissent bien suffisantes,et nous croyons devoir nous y borner.
Si notre objet eut été de donner une notice historique de
cette extraction jusqu'au moment présent tous les chi-
mistes qui s'en sont occupés seraient cités, et sur-tout ceux
qui ont eu pour but d'augmenter et d'améliorer la subs-
tance du pauvre. Ainsi Proust qui a retiré la gélatine des
os et en a formé des tablettes de bouillon Darcet père,
qui en préparait des bouillons, à l'aide d'une machine de
Papin perfectionnée Cadet-de-Vaux qui a propagé l'usage
de ces bouillons mais faits sans machine de Papin et Dar-
cet fils, qui a eu l'heureuse industrie de faire servir l'acide
jnuratique à l'extraction en grand d'une gélatine, qu'il nous
ETAT PRI?SEET
offre sous une forme sèche et durable auraientla plus
grande part à nos éloges. (Cahier de Mai 1818, pag. 228
et suivantes J.
Bîcre nouvelle; par M. C. L. C.
Le procédé de M. Kïrckoff pour convertir en sucre les
fécules amylacées par le moyen de l'acide sulfurique, a déjà
reçu d'utiles applications; mais laplus utile sans doute est
la conversion de ce sucre en bière. Etendu dans une quantité
d'eau convenable, mis en fermentation et lioublonné selon la
méthode des hrasseurs, ce sirop fournit une bière légère
mousseuse, alcoolique et d'une saveur très agréable. Cette
boisson rafraîchissante et salubre peut se préparer par-tout ¡
elle ne demande ni moulin ni touraille ni guilloirs ni
chaudières le cultivateur, l'artisan pourront la fabriquerdans leur ménage. Déjà deux manufacturiers s'occupent de
sa préparation en grand. Ils ont estimé qu'elle leur revien-
drait à un centime le litre.
La Société d'encouragement pour l'industrie nationale a
proposé un prix pour celui qui indiquerait la boisson fer-
mentée la plus facile à faire et la plus économique. Le pro-
blème nous parait résolu.
Que de ressources nous présente la pomme-de-terre! Sa tige,
considérée comme plante textile, fournit en Autriche une
filasse cotonneuse; brûlée, elle donne beaucoup de potasse;
ses baies mûres et écrasées fermentent et donnent de l'eau-
de-vie à la distillation. Ses tuhercules mis en pulpe, peu-
vent remplacer le savon dans le blanchissage en gros; cuites
à la vapeur, c'est l'aliment le plus sain; par différentes ma-
nipulations, elle offre deux espèces de farine, un gruau et
un parenchyme qui peut augmenter la masse panairefaite
avec les céréales enfin son amidon que plusieurs arts
réclament traité par un chimiste se convertit en sucre
en bière et en alcool. Généreux Parmentier si la France
te possédait encore, combien tu jouirais des suites précieuses
de tes heureux travaux (Cah. de Juin i8L&tpag. 387).
DES SCIENCES MÉDICALES.
Conservation de l'eau douce en mer; par M. C. L. C.
M. J.-J. Perinet, ex -professeur de l'hôpital militaire d'ins-
truction de Paris dans un Mémoire qu'il vient de faire
imprimerà Arras, chez Bocquet, libraire de l'évêché, exa-
mine les différens moyens déjà employés pour empêcher
l'eau de se corrompre à bord des vaisseaux tels sont l'agi-
tation fréquente à l'air la filtration au travers du charbon,
la distillation, I'ébullition, l'addition d'un acide, la carbo-
nisation de l'intérieur des bariques etc. etc. tous ces
moyens présentent des inconvéniens. Après avoir tenté plu-
sieurs essais avec le charbon et quelques oxides métalliques, J
sans obtenir un résultat satisfaisant il a fait l'expérience
suivante.
« Le i.« Août 1807, dit-il, j'ai fait placer des pièces
vides de Bourgogne de lacapacité d'cnviron a5o litres
sur des chantiers les unes à la cave, les autres en un local
plus exposé à la température chaude de l'Eté, Ayant fait
remplir de l'eau d'un puits les diverses barriqucs, bien nettes
en dedans, j'ai introduit par la bonde, dans chacune un
kilogramme et demi d'oxide noir de manganèse en poudre.
J'ai bien agité le tout à l'aide d'un bâton afin de diviser le
plus qu'il était possible, dans l'eau, cet oxide qui est fort
pesant. J'ai recouvert la bonde d'un fort bouchon de papier.
Chaque quinze jours, j'avais la précaution de bien faire
agiter et troubler de nouveau cette eau ^pendant quelques
minutes, et j'examinais chaque fois par le goût, l'odorat
et la vue l'état de cette eau.
Ayant conservé, jusqu'en Janvier 1814» cette même eau,
dans les diverses futailles sans avoir jamais remarqué de
changement; mais l'ayant au contraire trouvée claire, inodore,
incolore, limpide et de bonne qualité, comme celle du puits
d'où elle provenait, je me suis assuré que ce moyen' était
très-propre à prévenir toute corruption de l'eau à bord des
vaisseaux u.
Une expérience qui a duré sept ans, doit donner aux
^TAT PRÉSENT
1 1 11,m*r;iï* qnplque confiance dans le procédé de M. Permet
et coiumi- il ne présente aucun inconvénient, qu'il est facile
et pi-Ti coûteux on ne risque rien de l'adopter mais
comme l'air des entreponts et de la cale d'un vaisseau
n'est pas le même que celui dans lequel se sont trouvées les
banques qui ont servi à l'expérience on ne pourra sensé-
znrnt pronnneer sur l'efficacité du moyen que lorsqu'un
équipage l'aura employé avec succès, pendant un voyage
de long cours sur un bàtiment qui aura passé deux fois la
ligne. (Cahier de Juillet 1818 page 327 et ^i&J.
Annales de chimie et de physique.
Examen de l'Opium indigène, et Réclamation en faveur de
M. Srguîn, de la découverte de la morphine et de l'acide
mécanique par M. Vauquelin.
!L 'année passée, M, Palissot de Beauvois, et cette année, t
M Thillaye, professeur à la Faculté de Médecine, me re-
mirent une petite quantité d'opium qu'ils avaient recueillie
sur les pavots dans leur jardin, pour savoir si cet
opium contenait les mêmes principes que l'opium de l'Orient.
Pour sati5faire à leur louable désir j'ai soumis à l'analyse e
ces échantillons d'opium indigène et sans indiquer ici les
moyens que j'ai employés pour cela puisqu'ils sont les
marnes que ceux dont on a fait usage dans ces derniers temps,
je dirai que j'y ai trouvé absolument les mêmes substances,
et dans des rapport* qui ne me paraissent pas différer beau-
coup de ceux qui existent entre les principes de l'opium du
Levant. t.
Ainsi, il contient la morphine, l'acide méconique, la subs-
tance exiiactîve, huileuse, etc.
A cette occasion, j'ai été curioax de relire un mémoire
q-ne M. Ségnin communiqua à l'Institut le o. Décembre j8o4,
et qui n'a été imprimé dans les Annales de Chimie qu'en
Décembre i8i/|. Ce mémoire contient tout ce qu'on a dit,
dans ers derniers temps, sur la morphine et l'acide méco-
niqueet l'on est ûlumié que M. Scrtuemer dans son mé~
DES SClENCFS iréniCATTS.
moire publié en 1817 et ceux qui ont depuis repelé ses
expériences dont i!s ont fait avec raison beaucoup d'es-
time, n'aient poîat parlé du travail de M. $Jguin Il me
paraît donc juste de réclamer, pour M. Ségnin et pour la
France l'honneur de cette découverte iinpnrtan'o.
Pour qu'on ne puisse pas dire que j'ai mal interprété les
expériences de M. Ségniii je vais le laisser parler lui-même.
« r L'infusion d'opium rougit la teinture de loiiruesol;
propriété qu'il doit à la présence d'une petite quantité
d'acide acétique.
» 2.0 La potasse, la soude et l'ammoniaque y forment des
précipités abondans insolubles dans l'eau, mais so!ubles à
chaud dans l'alcool.
» 3.° La solution alcoolique de ces précipités a donné,
par le refroidissement, des cristaux blanchâtres prismatiques
qu'on peut purifier par des dissolutions et cristallisations
réitérées dans de nouvel alcool.
» £.° Dans leur état de pureté, ces cristaux sont solublej
dans l'eau froide et dans l'eau chaude, et solubles à chaud
dans l'alcool, qui, par cette combinaison, acquiert une saveur
amère et la faculté de verdir le sirop de violette.
» 5.° Ils se dissolvent dans les acides et leur donnent de
l'amertume; ils en sont précipités par les alcalis, dont aucun
ne jouit de la propriété de les dissoudre.
« 6v° Ils se fondent par la, chaleur se transforment par
cette fusion en une masse dure et cassante, et finissent par
brûler avec flamme.
» 7.0 Ils donnent, par la distillation à feu nu, du car-
bonate d'ammoniaque, une matière huileuse, et un charbon
qui ne contient rien de minerai.
» H.° Ils ne forment point d'acide oxalique quand on les
traite par l'acide nitrique.
»y.0
De là résulte, dit M. Séguin que cette substance
cristalline ne peut être considérée que comme une nouvelle
matière végéto-auimale particulière.
» *Q.° La solution aqueuse d'opium séparée par l'ammo-
ÉTAT PRÉSENT
niaque de la substance cristalline, précipitait encore par l'eau
de baryte de strontiane et de chaux.
» Hi° Le précipité formé dans cette liqueur par l'eau de
baryte traité par l'acide sulfuriqae, a fourni par la filtration
.un acide qui a donné au sulfate vert une couleur rouge, le
précipitait même en rouge lorsque la dissolution était con-
centrée, et formait avec l'eau de baryte de strontiane et de
chaux ainsi qu'avec les dissolutions de plomb et d'étain
des précipites blancs insolubles n.
Après avoir séparé les différons principes de l'opium ilil
résume en disant <i Voilà donc déjà cinq substances bien
distinctes séparées de la dissolution d'opium, savoir: i.« de
l'acide acétique 2,0 une substance cristalline qu'on ne peut
jusqu'ici considérer que comme une substance nouvelle; 3.°
un acide nouveau qui jouit de propriétés particulières; t\.°
une matière insoluble dans l'eau; soluble dans l'alcool, les
acides et les alcalis que j'appelle principe amer insoluble
de l'opium; 5.° une substance soluble dans l'eau et dans
l'alcool, qui n'est précipitée par aucun réactif, et que je
nomme principe amer soluble de Vopium.
u Il résulte de plus, ajojite-t-il, de ces premières expé-
riences que la substance cristalline de l'opium est soluble
dans son acide, et que c'est en raison de cette propriété
que malgré son insolubilité dans l'eau on la trouve en
abondance dans la solution aqueuse de l'opium; que les
alcalis qui forment avec l'acide de l'opium des sels solubles
ont plus d'affinité avec cet acide que n'en a la substance
cristalline; et c'est pour cela que quand on verse, dans
une solution aqueuse d'opium, un alcali, la substance cris-
talline se précipite, tandis que combinaison de son acide
avec l'alcali reste en dissolution dans la liqueur surnagcante
que la baryte, le chaux et la slrontiane qui forment avec
l'acide de l'opium des sels insolubles ont plus d'affinité
avec cet acide que n'en a la matière cristalline et que c'est
pour cela que quand on verse, dans la solution aqueuse
de l'opium de l'eau de baryte, de strontiane ou de chaux, J
DES SCIENCES MÉDICALES.
l'on a un précîpiLé mélangé de substance cristalline et de
sel insoluble formé par la combinaison de l'acide de l'opium
avec ces terres alcalines que c'est pour ces motifs qu'il ne
convient pas d'employer en premier lieu ces substances
pour analyser l'opium mais qu'en profitant des différences
qui existent à cet égard entre leurs propriétés et celles des
alcalis l'on peut en alternant l'emploi de ces substances
obtenir séparément l'acide et la substance cristalline de
l'opium que l'ont peut ensuite retirer, à l'aide de l'acide sul-
furique, l'acide de l'opium de sa combinaison avec la baryte;
que l'acide de l'opium ayant la propriété de former avec
les métaux des sels insolubles, il se fait, pendant le mé-
lange de la dissolution d'opium avec les selsmétalliques
une double décomposition. parce que l'acide de l'opium
s'unit aux métaux pour former avec eux des sels insolubles,
tandis que l'acide des métaux s'empare de la matière cris-
talline, et la transmet en dissolution ce qui donne un
moyen de séparer l'acide de la dissolution avant de lui
enlever la substance cristalline.
» Enfin que l'ammoniaque est préférable aux autres al-
calis pour précipiter la substance cristalline parce qu'on
peut, à l'aide de la chaleur, dégager l'excès de cet alcali ».
Dans ioo parties d'opium, M. Séguin a trouvé quatre parties
de matière cristalline,.et 10 d'acide particulier à l'opium.
Je laisse maintenant à juger à ceux qui liront compara-
tivement les mémoires de M. Scrtuerner et de M. Séguin,
s'il ne semble pas qu'ils aient été faits l'un sur l'autre. En
effet, mêmes moyen* d'analyse, mêmes procédés, d'épuration
de matières, mémes propriétés de la morphine et dans l'acide
meconique.
Le travail de M. Sertuerner ne diffère de celui de M.
Séguin que par le nom qu'il a donné aux principes que M.
Séguin a le premier découverts dans l'opium et qu'il a bien
caractérisés (i). ( Cah. de Nov. 1818, pag. 282 et suivantes J.
(1) M. Sertuerner a publiéun autre mémoiie sur l'analyse
ÉTAT PRÉSENT
Note sur le mémoire précédent, par M. V. Bonnet, médecin.
i M. le rédacteur des Annales de Chimie etde Physique (tom.
V, pag. 4i), après avoir fait connaître le second mémoire
du pharmacien d'Eimbeck. sur l'opium et en particulier sur
les deux principes constituans de cette substance, la morphine
et l'acide mveonique dit nous sommes surpris que le pre-
mier mémoire de M. Sertuerner n'aitpas
fixé plutôt l'atten-
tion des chimistes non en France, où il ne paraît pas qu'il
ait été connu, mais sur le reste du continent. ha découverte
d'une base alcaline formée par le carbone l'hydrogène et
l'azote dans laquelle les propriétés neutralisantes sont très-
prononcées, nous parait de la plus grande importance et
c'est pour cette raison que nous nous sommes empressés d'en
donner connaissance à nos lecteurs ». Un semhlable motif porta,
l'ancien Rédacteur-général des Annales Cliniques, à publier
un extrait du travail de M. Sertuerner ("i.Te série torn. XL1V,
pag. i3o,_J; et celui de faire acquérir la preuve authentique
que la découverte de la morphine appartient au domaine de
lu chimie française; nous a porté à consigner, ici, tout le
mémoire de M. Vauquelin. MM, Thenard et Thomson pa-
raissent n'avoir eu aucune connaissance du travail de M.
S^guin car ni le chimiste français, dans son traité de chimie
Ci.e édition, Paris 1818, IF volumes in-S.°J, ni le chi-
miste anglais, dans son Système de chimie ('Nouvelle édition,
Paris 1818, 1 V -volumes in-S.°J, n'en disent rien. Mais,
comme ce dernier chimiste nous fait connaître l'époque de
l'émission du premier mémoire de M. Sertuerner, nous rame-
nerons ici contre le doute de l'auteur de la note signée
R, touchant l'antériorité de la découverte de la morphine
par M. Séguîn tout ce qu'il dit sur l'historique de cette
nouvelle base alcaline.
» M. Dérosne, pharmacien à Paris, publia, en 1 8o3 une
analyse de l'opiwn, en y annonçant la présence d'une ma-
de l'opium plusieurs années avant le dernier mais nous ignorons
mi véritable date. ( R. )
DES SCIENCES MEDICALES.
T. IV delà i>*sèr.7cah. deJan.ct /'Vi\i8ig. 9
tière particulière cristallisable, à laquelle (Jette substance doit
ses propriétés narcotiques (Ann. de Chimie, T. XLV, pag.
2$7J- En i8o5, M. Sertuerner, pharmacien à Eimbech, dansle
royaume de Hanovre, fit connaître les résultats de ses travaux
sur la même substance (Tromsdorfs jour, XIV, hl)i mais
ces résultats différaient tellement de ceux obtenus par M.
Dérosne, que dès-lors toute confiance des chimistes dans les
expériences de l'un et de l'autre fut détruite. Cependant
Sertuerner, qui, loin d'avoir perdu de vue le sujet, l'avait
examiné avec plus de soin depuis son premier mémoire,
publia en i8i7,une nouvelle suite d'expériences ( Gilbert' s
Annalen, fF> S-]J, dans laquelle il expose le moyen de séparer
de l'opium une substance particulière à laquelle il a donné
le nom de- morphine. C'est à cette substance que l'opium
doit les propriétés qui le caractérisent; et suivant Sertuerner,
le principe narcotique de Dérosne est une composé de mor-
phine et d'un acide particulier contenu dans l'opium. Mais M.
Robiqueta a fait voir que cette opinion n'est pas fondée (Thom-
sort, Système de Chimie T. IF} pag. 7$J. »D'après cet exposé
il n'y a nul doute que M. $ê*guin ne doive être considéré
comme le véritable auteur de la découverte de la morphine, f
puisque son travail était connu un an avant le premier mé-
moire de -M. Sertuerner. Ensuite, le travail de ce pharmacien
Hanovrien écrit à la hâte; avec peu de succès par
quelques personnes; qui présente, ajoute l'auteur, quelques
faits différent de ceux énoncés dans son second mémoire;
mais, que l'on pardonnera dit-il, à sa jeunesse et au-r. petites
quantités d'opium sur lesquelles il a travaillé (Ann. de chirn.
etdepkys. V, 11 J pouvait-il être confondu avec le travail de
M. Dérosne? Non car, indépendamment des éloges que de
très-savans chimistes ont donné à ce dernier, voici quel est le
jugement qu'en a porté M. Robiquet, dont les talens sont déjà
très'-favorablement connus « Je regarde désormais comme
bien démontré que la morphine et le sel de Déi-osrie sont deux
substances contenues dans l'opium, maisdifférentes et indé-
pendantes l'une de l'autre. M. Sertuerner qui depuis plu-
ÈTKT PE&5EKT
sieurs années s'occupe de cet objet, s'est évidemment trompé
en avançant que le sel de D^roine était une combinaison
de morphine et d'acide meconique. Il n'a fait aucune expé-
rience pour s'en convaincre, et s'est entièrement abandonné,
à cet égard, aux probabilités suggérées par le raisonnement.
On a donc tout lieu de s'étonner de la manière un peu
légère avec laquelle il parle d'un travail généralement estimé
et à très-juste titre (Ann. de Ckim. et de Phys. F, 286) ».
Voilà l'expression d'un ami de la Yérité d'un français
Les savans étrangers ont de très-grauds droits, sans doute,
à notre estime et à notre vénération mais lorsqu'ils n'ont
pas assez. de franchise pour rendre aux savans de notre paysles honneurs qu'ils méritent, ce serait partager leurs injustices
que de ne point les relever lorsque l'occasion s'en présente
et c'eut été un motif de louanges envers M. Riffault, traduc-
teur du Système de Chimie de Thomson s'il eut noté l'injustice
qu'a commise ce chimiste envers M. Dérosne. Nous le disons
à regret, ce ne sera point la seule que nous aurons à faire
remarquer lorsque nous rendrons compte, dans ce journal,
de l'ouvrage du chimiste anglais.
« Deux substances cristallines, la morphine et le sel de
Derosne existant dans l'opium d'une manière tout à fait
indépendante Tune de l'autre; c'est, ajoute M. Robiquet, en
terminant son mémoire, aux physiologistes et aux médecins
à déterminer maintenant quel est le mode d'action de ces
deux corps dans l'économie animale, et à nous dire si nous
devons chercher, à les conserver l'une et l'autre dans les
préparations que nous faisons subir à l'opium pour l'usage
médical ». Les -voeux de ce pharmacien n'ont point tardé à
s'accomplir au moins en partie. Deux médecins très-distingués,
MM. Orfila et Magendie, se sont spécialement occupés le
premier de l'action de la morphine sur l'économie animale;
et le second de l'emploi de quelques sels de morphine comme
médicamens. Pour l'instruction de nos lecteurs nous consi-
gnerons ici le résumé du mémoire de M. le docteur Orfila, et
la note clinique qu'a publié à ce sujet Ri. le docteur Mageudio.
DES SCIENCES MÉDICALES.
Action de la morphine sur l'économie animale; par M. P.
Orfila médecin par quartier de sa Majesté, membre cor-
respondant de l'Institut etc.
« La morphine pure ( morpkium) est solide, incolore,
inodore, plus pesante que l'eau, et susceptible de crislalliscr
en parallélépipèdes. Chauffée en vaisseaux clos elle se dé-
compose et fournit, entr'aulres produits, du sous-carbonate
d'ammoniaque comme les matières animales. Elle est pres-
que insoluble dans l>au. L'alcool et l'cthcr la dissolvent
facilement à chaud et la laissent déposer en grande partie
à mesure qu'ils se refroidissent ces dissolutions jouissentde propriétés alcalines; en effet, elles rougissent le papier
de curcuma, verdissent le sirop de violettes, et ramènent
au bleu le papier de tournesol rougi par les acides leur
saveur est amère. La morphine peut d'ailleurs se combiner
avec tous les acides, les neutraliser à la manière des alcalis,
et donner naissance à des sels cristallisables.
» La morphine seule peut être introduite dans l'estomac
des chiens les plus faibles à la dose de douze grains, sans
donner lieu à aucun phénomène sensible tandis qu'une
pareille dose d'extrait aqueux d'opium, détermine un em-
poisonnement violent suivi quelquefois de la mort cette
nullité d'action de la morphine dépend de son peu de so-
lubilité et de la difficulté avec laquelle elle est attaquée par
les sucs de l'estomac.
» Les sels de morphine solubles dans l'eau tels que l'acé-
tate, le sulfate, l'hydrochlorate, donnent exactement lieu aux
mêmes symptômes que l'extrait aqueux d'opium ce qui.
tend à faire croire que les effets de ce médicament doivent
ctre attribués à un sel de morphine, qui est probablement
le méconate dont l'existence annoncée par M. Sertuerner, >
vient d'être confirmée par les expériences récentes de M.
Robiduet. Ce résultat important conduit naturellement à
rechercher la morphine dans les plantes indigènes, et à la
JETAT PRÉSENT
séparer pour la transformer en sel, et pour substituer celui-
ci à l'extrait aqueux.
» La morphine dissoute dans l'acide acétique exerce cepen-
dant sur l'économie animale une action plus intense que la
même dose d'extrait aqueux d'opium phénomène qui tient
ce que l'extrait n'est pas entièrement formé de morphine-
» L'extrait aqueux d'opium dont on a séparé la morphine,
peut être administré à forte dose, sans déterminer les symp-
tômes de l'empoisonnement et s'il conserve quelquefois une
légère action cela tient à ce que la séparation de la morph ine
n'a pas été complète.
» Six grains de morphine dissous dans l'huile d'olives
paraissent agir avec autant d'intensité que douze grains
d'extrait aqueux d'opium ce qui prouve que l'huile neutralise
beaucoup moins les propriétés vénéneuses de la morphine
que les acides. Ce fait est remarquable en ce qu'il donne
les moyens de doubler en quelque sorte les propriétés
médicamenteuses de l'extrait aqueux d'opium, résultat auquel
on n'était pas encore parvenu.
» La morphine, comme toutes les substances qui agissent
après avoir été absorbées, exerce une action plus intense
lorsqu'elle est injectée dans les veines, que dans le cas où
elle est appliquée sur le tissu cellulaire ou introduite dans
le canal digestif.
» L'empoisonnement déterminé par la morphine ne diffère
en rien de celui que produit l'opium et doit être traité
de la même manière. On doit s'attacher d'abord à expulser
le poison par les éme tiques pour administrer ensuite les
acides végétaux convenablement affaiblis L'infusion de café
etc. Ces moyens aidés quelquefois de la saignée à la veine
jugulaire ou an bras, réussissent presque constamment, comme
je l'ai prouvédans mon ouvrage, sur les Poisons.
» L'alcool affaibli au point de n'exercer aucune action sur
les chiens, dissout une si petite quantité de morphine, qu'il
a été impossible de déterminer le moindre effet en l'admi-
nistrant aux animaux qui ont été l'objet de mes expériences»
DES SCIENCES MÉDICALES.
II est cependant probable que la dissolution alcoolique de
morpliine, pourra être employée avec succès chez l'homme >
qui «tant habitué aux liqueurs spïritueuses peut prendre
une assez forte dose d'alcool faible, sans éprouverla moindre
incommodité.
Note sur l'emploi dequelques sels de morphine comme mêdi-
camens par M. Magendic.
Si dans la plupart des cas le médecin doit être très-réservé
quand il s'agit d'essayer sur un malade un médicament
nouveau, il existe aussi des circonstances où le, malade et le'
médecin sont également intéressés à faire de semblables essais.
Quel praticien n'a point rencontré dans la classe aisée de
la société, de. ces êtres malheureux, doués d'une imagination
active d'un esprit cultivé et attaqués d'une maladie chro-
nique qui les mène à la mort par des progrès à peine sensibles.
Pendant lespremières années de leur mal leur confiance se
place successivement dans plusieurs médecins qui tenterit
chacun des moyens diff'érens de traitement -l'inefficacité des
remèdes fait encore choisir d'autres médecins dont les conseils
n'ont pas plus de succès; plusieurs années s'écoulent de cette
manière et la maladie n'en continue pas moins sa marche
progressive; les malades rebutés se livrent aux charlatans
qui ne manquent pas de promettre une prompte guérison
et qui, après avoir échoué, sont chassés comme ils auraiçnt
dû l'être avant d'avoir agi. Viennent ensuite les remèdes de
famille, les recettes, les pratiques magnétiques, les plaques
aiman tées etc. Enfin, les malades tourmentés par lesdouleurs
aiguës et autres accidens graves qui accompagnent l'accrois-
sement de leur maladie en reviennent à prendre les avis
d'un médecin.
C'est alors que la conduite de celui-ci est difficile quel
traitement ne mettrn-t-il en usage ? Tonte espèce de moyens
hygiéniques, d'eaux minérales, de médicamens, de préparations
pharmaceutiquesont déjà été employées sans succès, et ont
perdu toute confiance de la part du malade; cependant il
ÉTAT PUISENT
faut calmer les accidens qu'il éprouve ou du moins, tenter
de le faire; il faut s'emparer de son esprit et fixer, s'il
est possible, son imagination dont les écarts sont presque
aussi douloureux que le mal lui-même.
Ne sera-t-on pas heureux d'avoir à essayer sur un tel
malade, une substance dont on puisse raisonnablement attendre
quelques bons effets.
Telle est la position où je me suis trouvé l'année dernière,
pour une demoiselle âgée de 2^ ans, et atteinte depuis dix
ans d'une maladie que je crois être un anévrisme de l'aorte
pectorale.
TraiLée tour-à-tour par des médecins instruits et par
d'autres qui devaient l'être par des commères, des char-
latans, des pharmaciens, des magnétiseurs, des herboristes, etc"
elle a, rigoureusement parlant, épuisé toutes les ressources
de l'art et de l'empyrisme, et qui pis est, il n'en est aucune
sur laquelle son opinion ne soit arrêtée et qu'elle ne regarda
comme insignifiante ou nuisible.
Cependant cette demoiselle était tourmentée par des in-
somnies continuelles des douleurs extrêmement vives dans
la région du diaphragme et dans les membres inférieurs qui
sont en partie atrophiés.
J'employai d'abord l'acide prussique avec quelque avantage,
mais je fus obligé de le cesser après environ sixsemaines 9
parce qu'il occasionnait des rêves pénibles et fatigans.
Je me décidai alors à essayer les sels de morphine que les
expériences sur les animaux m'avaient fait connaître comme
puissamment narcotiques je fis préparer chez M. Planche t
pharmacien, quatre pilules contenant chacune un quart de
grain d'acétate de morphine avec quantité suffisante d'excipient. t.
Je conseillai à la malade d'en prendre une le soir en sa
mettant au lit, et une seconde le matin, au moment de
»on lever.
Dès le soir, elle prit un pilule en se couchant; maïs n'éprnuv
•vant pas de soulagement sensible au bout d'une demi-heure
elle crut pouvoir en prendre une seconde.Quelques minute»
DES SCIEIVCFS MÉnKHLES.
après l'avoir avalée, elle s'endormît profondément, ce qui
ne lui était par arrivé depuis plusieurs mois. Son sommeil
fut passible pendant trois ou quatre heures vers le milieu
de la nuit elle se réveilla se plaignit d'éprouver des nau-
sées mais se rendormît aussitôt. La même chose arriva plu-
sieurs fois. Vers les six heures elle fit quelques efforts de
vomissement et rejeta une petite quantité de mucosité et
de bile; elle ne dormit pas, mais elle restaplongée
dans
un élat de calme et de bien-être qu'elle n'avait pas encore
éprouvé j'omets de dire qu'elle ne ressentit aucune douleur
pendant la nuit.
Je la vis dans la matinée elle était ainsi que ses parens,
dans une satisfaction fort grande du sommeil et du calme
de la nuit et de l'état paisible qui durait encore.
Toutefois je ne me mépris pas sur les effets du sel de mor-
phine. Il était évident que la dose eu avait éré portée trop
loin et que la malade avait éprouvé un véritable narcotïsme
mais je reconnus en même temps qu'on pourrait retirer de
bons effets de cette substance, en en graduant la quantité
d'une manière convenable.
En conséquence je fis faire des pilules où entrait seule-
ment un huitième de grain d'acétate de morphiue et je
recommandai d'en prendre tout au plus deux en 24 heures.
De cette manière, j'obtins des effets sédatifs tels que je pou-
vais les désirer.
La malade fait usage de ces pilules depuis six mois, et
toujours avec avantages; elle en détermine elle-même main-
tenant le nombre d'après les effets produits et, ce qui pourra
paraître remarquable, c'est qu'elle n'en voit pas l'action s'af-
faiblir aujourd'hui même elle n'en pourrait pas prendre au-
delà de quatre en vingt-quatre heures, sans éprouver quelque
inconvénient tel qu'une céphalalgie violente ou des nausées.
J'ai essayé sur cette même personne, de remplacer l'acétate
de morphine dont je viens de parler, par le muriate à la
même base; mais je n'ai pas en à me louer de cet essai
far U a fallu jusqu'à un grain et demi de ce sel pour produire
^TAT PRÉSENT
un effet narcotique encore était-il très- imparfait aussi la
malade nja-t-elle pas voulu en continuer l'usage.
Le sulfate de morphine, que j'ai aussi essayé sur la même
personne, a une action plus faible que l'acétate, mais beaucoup
plus forte que celle du muriate sa puissance narcotique est
aussi plus complète, le sommeil qu'il procure est plus exempt
de rêves; en un mot, sa manière d'agir se rapproche de
celle de l'acétate bien qu'elle soit sensiblement moins éner-
gique.
La malade continue d'en faire usage depuis plus de quatre
mois concurremment avec les pilules d'acétate; elle nomme
celles-ci, les pilules fortes et celles de sulfate, les pilules
faibles; les unes et les autres contiennent, comme je l'ai
dit plus haut, chacune un huitième de grain de sel et quantité
suffisante d'excipient. Selon qu'elle soufre plus ou moins
qu'elle a plus de peine à s'endormir, elle prend les pilules
fortes ou les faibles, et quelquefois elle en combine l'action.
II y a environ trois semaines que la malade pressée par
ce désir de changer de remède, qui s'observe si fréquemment
dans le cours des maladies chroniques me pria de lui donner,
d'autres pilules; je lui proposai l'extrait-gommeux d'opium,
dont j'aurais été bien aise de comparer les effets avec ceux de
sels de morphine. Mais elle s'y refusa formellement m'assurant,
ce qu'elle m'avait déjà dit plnsieurs fois, que les préparations
d'opium lui avaient toujours paru nuisibles et ne lui avaient
procuré aucun soulagement: soupçonnant que son imagination
pouvait l'avoir trompée à cet égard je lui proposai le sci
essentielde Dérosne, sans lui dire que ce fût une substance
opiacée; elle consentit à en faire usage, mais je pus me con-
vaincre qu'elle avait dit vrai relativement à l'opium, car un
demi grain de sel essentiel qu'elle prit en quatre pilules dans
le courant de vingt-quatre heures, excita une agitation
extrême et une céphalalgie des plus intenses; la malade prit
le parti de revenir aux pilules de sel de morphine, et les
continue en ce moment.
Ayant acquis ^ces données sur les propriétés des sels de
DES SCIENCES MÉDICALES.
morphine je les ai employés en diverses antres ocrasions
avec un avantage marqué; j'ai pu constater aussi les différence»
indiquées dans le mode et l'intensité de leur action. Je citerai
entr'autres une dame qui est atteinte d'un squirrhe à la
mamelle droite, et qui a le bon esprit de se refuser à toute
espèce d'opération. Elle prend depuis deux mois un quart
de grain d'acétate de morphine par jour et ne fait d'ailleurs
aucun autre remède les douleurs lancinantes, très-vives et
très-fréquentes, qu'elle éprouvait, se sont calmées en grande
partie, et ne se montrent plus qu'à des intervalles assez longs.
Je pense donc que l'acétate et le sulfate de morphine
peuvent être employés avec avantage comme médicamens nar-
cotiques.
III.0 Littérature médicale.
Essai sur la Rosée et sur divers p/iënomènes qui ont des
rapports avec elle; par Charles-William Wells, D. M, Tra-
duit de l'an gais sur la a.* édition; par Aug.-J. Tordeux,
maître en pharmacie. A Paris, chez Crochard, 1817 (III.o«
et dernier Extrait ) (1).
La première observation de M. Wells est relative à l'hu-
midité qui se précipite, sur-tout en Hiver, sur la face inté-
rienre des vitres aux fenêtres des appartemens. Il a remar-
qué, à cet égard, une différence entre les carreaux qui se
trouvent derrière un volet intérieur fermé et ceux qui restent
à découvert les premiers sont toujours plus humides que
les autres. Le volet intérieur prive *les vitres qu'il recouvre
de tout le calorique qui émane, par rayonnement, des murs
de la chambre et des objets qu'elle renferme et ce qui prouve
l'exactitude de l'explication, c'est qu'un thermomètre en con-
tact avec les vitres recouvertes marquait depuis o°,6 jusqu'à
3°,8 centigrades de moins que celui qui reposait sur les
(1) Voy. Je premier extrait, pag. i58; et le second extrait,
i:«g. 3 1 3 dutome 3 de la a,m' série des
Annale*, clinique*.
ÉTAT PRÉSENT
autres. A peine nécessaire de dire qu'un volet extérieur
produirait un effet contraire.
L'auteur croit avoir remarqué que quand on passe d'un
appartement à l'air libre, la sensation, du froid est plus vivo
(la déférence de température entre l'intérieur et l'extérieur
étant néanmoins toujours la même) la nuit que le jour, par
un temps serein que par un ciel couvert, à la campagne
que daus les villes. If trouve l'explication de ces effets dans
le rayonnemeut de notre propre corps vers les régions vides
de l'espace: Le jour, et par un temps couvert, nous recevons
de l'atmosphère sinon la totalité, du moins une grande
partie des rayons perdus les objets envirounans, dans une
ville, doivent aussi atténuer la perte; mais, la nuit, à la
campagne et sous un ciel serein, le refroidissement peut être
très- marqué.
n J'avais souvent souri, avec cette présomption qui accom-
pagne les demi-connaissances, dit M. Wells, en voyant par
quels moyens les jardiniers espèrent garantir les plantes les
plus délicates de l'action du froid car il rue paraissait im-
possible qu'une natte mince ou tel autre abri aussi léger
pût les empêcher d'acquérir la température de l'atmosphère,
la seule qui me semblât devoir leur nuire; mais lorsque j'eus
découvert que les corps placés à la surface de la terre de-
viennent plus froids que l'atmosphère, dans dts nuits calmes
et sereines, en rayonnant lcur chaleur vers le cief je sentis
aussitôt l'importance d'une pratique qui jusque là m'avait
semblé inutile i>.
Pour acquérir toutefois des notions exactes à ce sujet, M,
Wells fixa dans le sol, et aux quatre angks d'un earré de 2
pieds de côté, quatre piquets minces qui s'élevaient perpen-
diculairement de 6 pouces II attacha ensuite au bout des
piquets les quatre angles d'un mouchoir de batiste très-fin,
et reconnut que la température du gazon était toujours un
peu plus élevée dans la partie abritée par cet écran léger
que sur les portions voisines et tout-à-fait à découvert, du
moins lorsque celles-ci étaient plus froides que l'air. Une fois
DES SCIENCES MÉÎ1IC4LM.
il trouva que l'herbe recouverte était de 6°,i centigrades plus
chaude que l'autre, c'est-à-dire que l'herbe à ciel découvert
ce qui suffit pour expliquer l'utiUlé des abris.
Un abri d'une certaine. nature garantit également bien le
sol à quelque hauteur qu'il soit placé, si ses dimensions va-
rient avec l'éloignement de manière à intercepter toujours
la même étendue du ciel. Tl faut cependant éviter le contact.
Le gazon sur lequel reposait une pièce de toile était parfois
de 2°, centigrades plus froid que l'herbe garantie par un
écran tout pareil mais soutenu à la hauteur de quelques
pouces.
Un mouchoir ayant été tendu verticalement sur un pré à
l'aide de deux bâtons, on observa qu'un thermomètre sur
l'herbe, au pied du mouchoir, du coté du vent, marquait jus-
qu'à 3°,3 centigrades de plus qu'un thermomètre voisin mais
qui ne correspondait pas au mouchoir. Cette expérience montre
que les murs des espaliers garantissent tes plantes qui les
touchent, non-seulement, ainsi qu'on les suppose générale-
ment, en leur distribuant la nuit la chaleur qu'ils ont reçue
le jour et en arrêtant mécaniquement les vents froids, mais
encore en prévenant en partie la perte de calorique que les
plantes auraient éprouvée par leur rayonnement, si le mur
ne leur avait pas caché une grande portion du ciel.
La neige garantit, comme on sait les plantes qu'elle
recouvre pendant l'hiver, des effets du froid de l'atmosphère.
On doit ajouter d'après les recherches de M. Wells qu'elle
prévient, et ce n'est pas un de ses moindres avantages, ce
rayonnement vers le ciel qui par des nuits calmes et
sereines, donne aux corps terrestres une température de
plusieurs degrés inférieure à celle de l'air.
Pline, Plutarque et d'autres anciens auteurs attribuaient
à la lumière de la lune la propriété d'aeccélérer la putréfactiondes substances animales Ce qui a pu donner quelque crédit
à cette opinion, c'est que lorsque la lune brille, le ciel est
serein; en sorte que les substances animales exposées à l'air
doivent se charger d'une grande quantité de rosée et se
JÎTAT PRESENT
trouver, pendant la chaleur du lendemain, dans les cir-
constances où la putréfaction se développe le plus aisément*
La formation artificielle de la glace ait Bengale, pendant
la nuit et par des températures supérieures à zéro, est le
dernier fait auquel M. Wells applique sa théorie. Suivant sir
R. Barker, lesfabricans de glace pratiquent, dans une plaine
découverte, des excavations carrées de 3o pieds de côté et
de deux pieds de profondeur. Ils couvrent le fond jusqu'àune épaisseur de 8 à i* pouces de cannes à sucre ou de
tiges de maïs; ensuite ilsplacent
sur cette couche des files
de petites terrines non vernissées épaisses de 1/4 de pouce,
profundes de r pouce 1/4 et remplies 'rf'eaa douce bouillie (\)
Les parois de ces vases sont assez poreuses pour que l'eau
suinte légèrement à travers, M Barker nous apprend que
les nuits calmes et sereines sont celles où l'opération réussit
le mieux; que les nuages et les changemens de vent empêchent
souvent la formation ,dc la glace, et enfin que si on s'en
procure assez aisément par ce procédé pendant l'hiver, il
est très-rare ait contraire, d'en trouver dans cescontrées
qui se soit produite naturellement.
D'autres détails ont été fournis par M. "Wïllams et insérés
dans le LXXXIIÏ.e volume des Transactions philosophiques
{1) Ne pas nWtcr comme* M Maurice l'a
remarqué, du passage suivant de Pline l'ancien que les Romains
n'étaient Pas étrangers aux procédés qui servent à transformer
l'eau en glace? Nous empruntons la traduction de M. Gueroult
( Voy. Morceaux choisis etc. première édition p;ige 2o3).
II y a aussi des eaux privilégiées et l'argent a au mettre
des distinctions même entre les élémem de la nature. Les
uns boivent de la neige et les autres de la Le fléau
des montagnes est devenu une jouissance pour la sensualité. On
conserve la glace pour les feux (le l'été.yOn a le secret de faire
gê!er( din-rir ) la neige dans les mois les plus hrûlans. D'antres
font bouillir l'eau pour la transformer en glace nn moment
après. Nulle chose ne plait à l'homme comme elle plaît à la
nutura etc. »
DES SCIENCES MKD1CALÏS.
La Manufacture qu'il a décrite emploie trois cents personnes,
a été formée par spéculation et doit conséquemment avoir
adopté la meilleure, méthode. Un terrain assez bien nivelé et
d'environ 4 acres, est divisé en carrés de 4 à 5..pieds de
côte entourés d'un petit rebord de terre de 4 ou 5 pouce*
de hauteur. Dans ces compartimens, couverts de paille ordi-
naire ou de cannes à sucre séches, on place autaut de ter-
rines larges profondes, non vernissées etremplies
d'eau de
puits non bouillie qu'ils peuvent en contenir, II ne se pro-
duit généralement, beaucoup de glace que quand l'air est
calme le vent empêche tout-à- fait la congélation d'avoir lieu.
Un thermomètre placé sur la paille, entre les terrines, ne
fut jamais pendant les expériences de M. Williams au-
dessous de -j- i°,7 centigrades. Une fois môme l'eau était
gelée dans les vases quoique le thermomètre sur la paille
marquât -j- 5°,G.
Sir R. Barker, M. Williams et tous les auteurs qui ont
parlé de ce moyen artificiel de faire de la glace au Bengale,
l'expliquent par le froid que produit J'évaporation. lfl. Wells
ne partage pas cette opinion. Il remarque, t que le vent
qui favorise tant l'évaporation, est, d'après le propre témoi-
gnage de Barker et Williams, un obstacle à la production
de la glace i.° que les nuits où celle-ci se forme en grandes
quantités sont quelquefois abondantes en rosée, et qu'il im-
plique contradiction de supposer d'une part qu'une portion de
l'air est sur-saturée et dépose de l'humidité, taudis que de
l'autre, la portion voisine viendrait se charger d'une partie de
l'eau contenue dans les vases 3.° que si la paille est humide,
l'opération ne réussit pas ce qui lie saurait s'expliquer dans
le système qu'il réfute, 4-° qu'en admettant que l'évapora-
tion suffise pour produire la première lame de glace dont
l'eau se recouvre, on ne concevrait guère comment ensuite
elle augmente d'épaisseur puisque ï'évaporaûon par les
parois doit être empêchée par la couche de graisse dont
suivant M. Williams lui-même les vases sont enduits inté-
rieurement» etc. etc.
ÉTAT PRÉSENT
Apres avoir montré que l'évaporation doit avoir peu
d'influence sur la formation de la glace dans les méthodes
suivies au Bengale M. AVells expose les raisons qui le porte lit
à supposer que l'effet dépend du rayonnement du calorique
vers le ciel.
Or, il rappelle que c'est précisément là la cause laquelle
on doit l'abaissement de température irès-sensible qu'éprouvent
quelquefois les corps à la surface de la terre; que l'eau,
d après M. Leslie, a un pouvoir rayonnait supérieur peut-
être à celui de toutes les autres substances connues en sorte
qu'il est facile de concevoir comment elle peut descendre de
10 à i2° centigrades au dessous de la température de l'air
environnant; et enfin que les mêmes causes (les vents et les
nuages) qui font cesser le rayonnement nocturne, empêchent
aussi la production de la glace. Du reste, pour lever toute
espèce de doute à cet égard l'auteur essaya de faire geler
de l'eau à Londres même par des lempératures plus ou
moins élevées au dessus de zéro, et en suivant la méthode
des Indiens.
Dans un premier essai et en imitant le procédé décrit par
sir R. Barker de l'eau douce bouillie contenue dans des
vases de terre vernissés ou non, placés sur une couche de
paille sèche au fond d'une excavation longue de 4 pieds, et
profonde de 2, se gela, quoique la température de l'air à
a ifi au dessus du sol fût alors de -fa0, 5. L'eau contenue
dans un verre de montre sur le gazon se gela plutôt encore
et avant que l'air à 4 pieds du sol fût descendu à -f- o.
En suivant la méthode de M. Williams l'auteur obtint
des résultais analogues.
Une troisième expérirnee prouva enfin due l'eau peut geler
dans certaines circonstances, à une température supérieure
à zéro et sans rien perdre de son poids, comme cela devrait
être cependant si l'évaporation était la véritable cause de
se phénomène.
Deux onces d'eau à -J- i°, i centigrade furent versés dan»
une soucoupe de porcelaine dont la température était aussi
HKS SCIENCES MÉDICALES.
supérieure à zéro. Cette soucoupe fut placée en plein air
par un temps calme et serein, et sur un lit de paille sèche;
l'eau qu'elle contenait gela dans la nuit et son poids, néan-
moins, s'accrut de 3 grains environ.
Détails historiques. Maintenant que nous avons parcouru
les trois sections dont se compose le traité du docteur Wells
il ne nous reste plus qu'à présenter un aperçu historique des
opinionset des expériences auxquelles le phénomène de la
rosée avait donné lieu jusqu'ici, tant parmi les modernes que
chez les anciens; il nous suffira pour cela de réunir les cita-
tions Wells a faites lui-même dans divers paragraphes
de son intéressant ouvrage et d'y joindre quelques détails
qui lui ont échappé.
Aristote avait déjà parfaitement remarqué, dans son Traité
des Météores que la rosée ne se dépose que pendant les
nuits calmes et sereines. Ce fait, qui se rattache très -bien,
comme on a pu le voir plus haut, à la théorie du docteur
Wells a toutefois été révoqué en doute par quelques phy-
siciens modernes. Musschenbroek par exemple dit qu'en
Hollande la rosée se montre en abondance alors même que les
couches inférieures de l'atmosphère sont chargées d'un épais
brouillard mais comme il ajoute en même temps; que dans
ces circonstances on en trouve aussi bien sur les mélaax
que sur les autres corps, il s'en suit que cette espèce d'hu-
midité n'était pas de la rosée proprement dite. Quant au
calme de l'atmosphère, M. Prieur le croyait si peu nécessaire
qu'il affirme (Journal de l'Ecole Polytechnique, tom. II, p. 4°9)-
«. Qu'un vent, venant toujours du côté du soleil, accompagne
constamment cette précipitation d'eau » mais une telle opi-
nion n'est guère soutenable, sur-tout si l'on remarque quela rosée se précipite sans interruption depuis
le coucher jus-
qu'au lever du soleil.
On doit aussi faire honneur à Aristote (Meteor. liv. Ler,
C. X) de l'observation que la rosée est moins abondante
sur les montagnes que dans les plaines, et de l'opinion géné-
ralement admise maintenant parmi les physiciens que la
ÉTAT PRïSKST
gelée blanche se dépose d'abord sous la forme de rosée pro-
prement' dite, et n'est gelée qu'après. Si l'on ajoute à cela
qu'il avait reconnu que tel vent qui produit un certain effet
dans une totalité particulière, peut avoir un effet tout con-
traire dans un autre lieu nous aurons rappelé toutes les
notions positives que les anciens nous ont transmises sur, les
phénomènes de la rosée.
Suivant Aristote, la rosée est une espèce particulière de
pluie qui sa forme dans les couches inférieures de l'atmos-
phère, aussitôt que le froid de la nuit a condensé en petites
gouttelettes les vapeurs aqueuses qu'elles contenaient. Telle est
aussi à très-peu près l'explication qu'en donne en passant
M. Leslie dans son ouvrage On Heatand Moislure pag. i3a
L'existence des courans qui mêlent sans cesse les couches
supérieures et froides de l'atmosphère aux couches inférieures
esttrop bien démontrée pour qu'il ne soit pas permis de
supposer que ce mélange peut quelquefois donner naissance
à la précipitation d'une petite quantité de vapeurs inais un
tel effet, s'il existe, sur-tout par un ciel serein, ne saurait
être que très-léger. On voit d'ailleurs qu'en admettant que
la totalité de la rosée tombe à la manière de la pluie, on ne
pourrait expliquer ni comment un flocon de laine placé
verticalement sous un écran devient humide, ni comment
les métaux exposés en plein air ne le deviennent pas.
L'observation que les cloches de verre avec lesquelles les
jardiniers recouvrent les plantes pendant la nuit sont le
matin d'après, tapissées d'humidité en dedans, avait fait sup-
poser que la rosée s'élève de la terre (i). On trouve les pre-
mières traces de ce système dans YHistoire de V Académie pour
1687. Gcrstcn publia en 17^3 une dissertation dans laquelle
En parlant de ce systùcne dans YHistoire de V Académie pour
1736, Fontenelle disait: En physique, dés qu'une chose peutêtre de deux façons, elle est ordinairement de celle qui est la
plus contraire aux apparences ». Ce serait je crois, se hasarder
un peu que de prendre ce principe k la lettre.
DES SCINICHS MÉOICACES.
T. IV de /ai.e sér. ,cah. de Jan. et Fé:: 1819. 10
ilprétendit prouver par un grand nombre d'expériences que
telle est en effet l'unique origine de l'humidité qui pendant
un temps serein, se dépose à ]à surface des corps. Muss-
chenhroek avait d'abord embrassé l'opinion de Gersten; mais
il admit ensuite qu'il existe trois espèces de rosée: l'une,
suivant lui, plus dense que les autres, s'êlt>ve des lacs, des
rivières, des marais;,une seconde sort des plaates ei de la
terre; et une troisième tombe d'en haut. Dufay chercha, en
17^6 à faire revire dans son entier, le système du physi-
cien allemand. Plusieurs auteurs plus modernes l'ont égale-
ment adopté (1). Il ne sera donc pas inutile de rapporter
ici quelques traits de l'examen que M. Wells en a fait.
On ne manquera pas d'abord de remarquer que l'expé-
rience de la cloche renversée, en la supposant exacte, prouve
seulement que les vapeurs terrestres peuvent donner une
certaine quantité de rosée et non pas qu'elles en sont Tunique
cause. Dufay puisait son principal argument dans l'observa-
tion qu'il avait fait que la rosée se montre d'autant plus
vite sur les corps qu'ils sont placés plus près de la terre; mais
ce fait s'explique tout naturellement d'après la théorie du
docteur Wells car, dans une nuit calme et sereine, les couches
inférieures de l'air étant généralement plus froides que les
couches plus élevées arriveront plutôt que celles-ci au degré.
de température où elles abandonnent une partie de leur
humidité. On pourrait ajouter, s'il était nécessaire, qu'un
flocon.de laine placé sur le milieu d'uneplanche
horizontale
et élevée, et garanti par conséquent de tout courant de
vapeur ascendante se charge néanmoins d'une plus grande
quantité d'humidité qu'un flocon pareil suspendu librement
dans l'air à la même hauteur. Du reste, s'il est très-facile de
montrer que la rosée n'est pas due en totalltc aux vapeurs
terrestres, on n'aurait plus de peine à déterminer pour
combien elles contribuent en général à sa formation quoique
(1) f-roj'ec par exemple Ment, of American Academy, vol. III.
ÉTAT PJÎKSKWT
tout porte à croire que ce doit être pour une proportion
assez faible.
Les recherches que firent Mussehenbroet et Dufay à l'oc-
cassion du système de Gersten ne furent cependant pas tout-
à-faït infructueuses le premier découvrit que les métaux,
ne se couvrent pas de rosée le second confirma cette cu-
rieuse remarque par des observations variées. 11 prouva en-
suite, contre l'opinion commune que le serein du soir et
la rosée du matin ne sont qu'un seul et même phénomène
et que l'humidité se précipite en quantités à-peu-près égales
à toutes les heures de la nuit.
Les facultés inégales de rayonnement dont sont doués les
corps de différentes natures n'étaient pas encore connues
du temps de Dufay; les métaux présentaient donc alors un
fait isolé et dont la cause était entièrement ignorée aussi
ce physicien se contenta-t-il d'ajouter à ses observations,
seulement à titre de rapprochement que les corps ( les
métaux) que la rosée ne mouille pas, sont précisément ceux
dans lesquels le frottement ne développe pas d'électricité (i).
Pour faire sentir l'inexactitude des syslèmes qu'on a bâtis
sur cette remarque j'ajouterai d'après M. Wells que le
charbon qui comme on sait conduit très-bien l'électricité,
a néanmoins la propriété d'attirer abondamment la rosée.
Suivant Mussclienbroek, l'humidité qu'on observe sur les
feuilles des plantes provient de leur propre transpiration la
(1) M. Wells s'est trompé, ce me semble en attribuant à
Dufay l'opinion que la rosée est un phénomène électrique; car
ce physicien dit positivement, page 368 de son mémoire Sus
pi étendre encore rien inférer du rapport que je vais faire remar-
quer, » et il mentionne seulement alors la grande conductibilité
des métaux pour l'électricité. Plus bas après avoir rappelé que
les métaux sont les seuls corps qui ne deviennent pas phospho-
lescens il ajoutete J'avoue que je suis bien éloigné de voir le
rapport qu'il peut y avoir entre des propriétés si différentes mais
aussi je ne voudrais pas nier qu'il n'y en eût ».
<« SCTEIfCEi MuLmiALES.
preuve qu'il en donne est la suivante. Un pavot dont la Lige
passait au travers d'une petite ouverture pratiquée dans une
large plaque de plomb, fut recouvert le soir d'une cloche de
verre; le lendemain matin les feuilles étaient chargées d'hu-
midité, quoiqu'à l'aide de la disposition précédente et du
lut qui bouchait le trou, elles eussent été privées de toute
communication avec le sol et l'air extérieur.
En examinant attentivement cette expérience, on voit que
ce qu'il est permis d'en conclure c'est que les sucs qui
transsudent par les vaisseaux excrétoires des végétaux peuvent
entrer pour quelque chose dans la formation de la rosée;
niais on ne saurait assimiler la quantité de liquide qui se
montre en vaisseaux clos dans une atmosphère qui est bien-
tôt saturée d'humidité et lorsque la plante est garantie du
refroidissement nocturne à celle qui se serait développée et
maintenue sur chaque feuille en plein air. Les nombreuses
expériences que M. Wells a faites sur la quantité de rosée
dont se chargent des substances mortes, telles que la laine i
le duvet de cygne, le verre, etc., montrent d'ailleurs suf-
fisamment que la transpiration des plantes ne doit jouer dans
le phénomène qui nous occupe qu'un rôle très-seconda ire (i).
Les dispositions qu'affectent les gouttes de rosée sur les
feuilles ds quelques plantes ont été aussi présentées par Muss-
cbenbroek et d'autres physiciens comme une preuve que ce fluide
est du aux sucs qui s'échappent par les vaisseaux excrétoires.
« De là vient dit-on, que les gouttes de cène rosée diffèrent t
entr'elles en grandeur et en quantité et occupent différentes
places, suivant la structure, le diamtre la quantité et la si-
tuation de ces vaisseaux excrétoires tantôt on les voit rassem-
blées proche de la tige où commence feuille comme dans les
choux et les pavots; une autre fois elles se tiennent sur le con-
tour des feuilles et sur toutes les éminences comme cela se remar-
que sur-ïout dans le cresson d'Inde. Elles se trouvent aussi assez
souvent au sommet de la feuille, comme dans l'herbe des prés.
On ne saurait trouver deux plantes de différentesespèces sur
lesquelles la rosée soit disposée de la même manière », {Afnfit.
JETAT Ï»RÉS£KT
Parmi tous les physiciens qui, avant 31. Wells avaient
recherché les causes de la rosée, Le Roy de Montpellier nous
semble être un de ceux qui s'étaient le plus rapprochés du but.
Après avoir développé, par exemple, les raisons qui le
portaient à considérer les vapeurs qui, la nuit, s'élèvent de
la terre comme une des causes de la rosée, il ajoute (i)
« Les herbes ou les verres exposés à cette vapeur se refroi-
dissent pendant la nuit autant que l'air, et par conséquent
beaucoup plus que la terre, de sorte que la vapeur qui
s'en élève peut s'arrêter sur ces corps sans être dissipée à
mesure ». Le seul changement qu'il faudrait faire aujourd'hui
à ce paragraphe pour le rendre parfaitement exact, serait
d'ajouter que la température du verre, non-seulement devient
plus froide que eelle de la terre mais encore qu'elle s'abaisse
au-dessous de la température de la couche d'air dans la-
quelle il est plongé. Quant à l'humidité qui vient directe-
ment de l'atmosphère, M. Le Roy l'explique moins heureu-
chenbroeh tome III, § a3^5 Le Roy de Montpellier a déjà,
remarqué que si par exemple on trouve ordinairement une
quantité considérable de rosée à l'aisselle des feuilles de choux-
fleurs, prèsde la tige c'est qu'elle s'y amasse à raison de la
déclivité; et en effet lorsqu'on les secoue légèrement on voit
toutes les gouttelettes répandues sur la superficie se réunir et
rouler ensuite vers la naissance de la feuille. On pourrait d'autant
moins attribuer le pliénom»iu! des vaisseaux excrétoires par-
ticuliers, que lorsque le cl ou-fleur est avancé et;que la feuille a
prisuae autre forme la EosJe, au lieu d'aller vers les aisselles,
se porte sur ses bords et s'y amasse en grosses gouttes sur les
petites éminences dont ce bord est couvert. En combinant des
considérations de ce genre avec la remarque du D.r Wells, que
les partiessaillantes des corps, comme ayant moins de masse, 1
doivent te refroidir le plus, on expliquera fort simplement tous
ces effets, et sans qu'il soit nécessaire ainsi que l'ont fait quel-
ques botanistes, de faire jouer ici le r6leprincipal à la parue
quantité de sucs qui transsudent par les vaisseaux excrétoires,
(i) Mémoires de l'Académie \-jSi page iog.
DES SCIENCES MEDICALES.
sèment, puisque, suivant lui, c'est toujours le refroidisse-
ment préalable de l'air qui en détermine la précipitation.
La critique que ce physicien a faite des systèmes de Gerslen
Musschenbrock et Dufay, est d'ailleurs extrêmement judi-
cieuse, et diffère à peine de celle qu'on lit dans l'ouvrage
du D r Wells. On trouve encore dans le mémoire de M.
Le Roy cette observation, dont l'auteur anglais a vérifié de-
puis l'exactitude que l'air est quelquefois tellement près du
terme de la saturation, que, par un temps serein et en plein
jour, il dépose de l'eau sur les plantes qui sont garantiesdes rayons du soleil.
Ce serait ici le lieu de rapporter quelques phénomènes cu-
rieus découverts par Bénédict Prevost, et pour l'explication
desquels le savant docteur Young d'abord et M. Pierre
Prevost de Genève ensuite avaient eu déjà recours aux prin-
cipes du rayonnement; mais l'étendue que cet extrait a déjà
acquise nous permettra seulement de les rappeler.
Les observations de M. B. Prevost sont relatives à l'in-
fluence que des armures métalliques exercent sur la quan_
tité de rosée qui se dépose sur les "vitres des appartemens.
Tout le monde sait que lorsque l'air extérieur se refroidit la
nuit,les vitres des fenêtres se couvrent d'humidité intérieu-
rement, et qu'on observe tout le contraire si l'air du dehors
est devenu plus chaud que celui de la chambre mais collés
sur la face d'un des carreaux en dedans ou en dehors
une lame de métal poli si cette lame est du côté froid
il se déposera peu ou point d'humidité sur la partie de la
vitre en contact avec l'air chaud qui correspond à l'armure
métallique, tandis que le reste sera couvert de rosée comme
toul-à-l'beure. Si, au contraire, le miroir est placé du côté
chaud, l'humidité ne se montrera nulle part en plus grande
abondance que sur la portion de la vitre dont le contour
est déterminé par celui de l'armure. La liaison de ces phé-
nomènes avec les propriétés rayonnantes des métaux est trop
évidente pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter.
Qn a vu plus haut tout le parti que M. WclU a su tirep
ÉTAT PRÉSENT
de ses observations thermométriques pour l'explication des
phénomènes de la rosée ce ne sera donc pas une digression
déplacée que de rapporter ici, et en terminant cet extrait,
quelques remarques analogues qui n'avaient pas échappé à
l'attention des physiciens.
On a remarqué de très-bonne heure, et avant même l'in-
vention des thermomètres que les nuits nuageuses sont
généralement moins froides que les nuits seieines f voyez,
par exemple, lord Bacon, Hisl. Nat. § 866); mais on n'a
cherché que fort tard à évaluer l'effet thermom étriqué que
l'apparition de quelques nuages peut occasionner. Dans un
mémoire qui fait partie des Transactions philosophiques pour
1771 le professeur A. Wilson rapporte qu'ayant suiri la
marche d'un thermomètre pendant une nuit d'Hiver qui fut
successivement et à plusieurs reprises claire et brumeuse, il
trouva qu'il montait constamment d'environ un degré Fahr.
(o°,55 centig. ) dans l'instant même où l'atmosphère s'obs-
curcissait, et qu'il revenait au point de départ lorsque les
brumes étaient dissipées. Suivant le fils du même physicien,
M. Patrick Wilson ( voy.. les Transactions d'EclinbitrghipoxLT
1 788 ) l'effet instantané des nuages sur un thermomètre sas-
pendu à l'air libre peut s'élever à 3° Fahr. (i°,7 centig.)
Tel est aussi, à très-peu près, le résultat obtenu par M.
Pictet en 1777 et publié pour la première fois en 1792
dans l'ouvrage de M. Prevost, où, par parenthèse le rayon-
nement du nuage se trouve déjà indique comme la cause
physique du phénomène; mais alors on n'avait pas encore
reconnu que ce rayonnement produit un effet plus intense
sur la terre que sur l'air.
Une particularité curieuse dont on doit la découverte à
M. l'ictet, c'est que, dans des nuits calmes et sereines, la
température, au lieu d'aller en diminuant à mesure qu'on
s'éloigne du sol, présente au contraire, du moins jusqu'à de
certaines hauteurs, une progression croissante (1). Un ther-
{ 1) L'explication du ce fait se trouve liée à la question du rayon-
DES- SCIENCES MÉDICALES.
momètre à 5 pieds d'élévation marquait, toute la nuit, 2°,5
centigrades de moins qu'un instrument tout pareil qui était
suspendu au sommet d'un mât. vertical de 5o pieds. Deux
heures environ après le lever du soleil ou avant son coucher,
les deux insrrumens étaient d'accord vers midi le ther-
momètre près du sol marquait souvent 2°,5 centigrades de
plus que l'autre. Par un temps complètement couvert, ils
avaient tous les deux la même marche le jour et la nuit.
(f^oy. les Lettres de De hic à la Reine d'Angleterre, X. V, 1799.)
Ces observations de M. Pictet furent confirmées en 1788
par M. Six de Canterbury et répétées pendant une année
entière. Un thermomètre suspeudu dans un jardin, à y pieds
du sol, était, pendant la nuit et par un temps calme et
serein, de 5U à 6*" centigrades plus bas qu'un thermomètre
placé au sommet du clocher de la cathédrale de Canterbury,
à aao pieds de hauteur. (Voy. Transaction philosophique
pour 1788, page, io3 et suivantes).
M. Pictet avait comparé dans ses expériences la tempéra-
ture observée à l'air libre à celle que marquait un thermo-
mètre dont la boule était ensevelie sous la surface du sol.
Comme la terre conserve pendant la nuit une partie de la
chaleur considérable qu'elle a acquise durant Le jour le
thermomètre enseveli était toujours de beaucoup supérieur
aux autres. Une remarque importante a échappé au physicien
Genevois c'est que la surface du sol et les plantes dont il est
recouvert acquièrent, sous un ciel serein, une température
inférieure à celle de l'air qui les baigne (1). M. Pictet parle
il est vrai, d'un thermomètre suspendu à quatre lignes de la
surface du terrain, et qui se tenait plus bas encore que le
nement de l'air, dont nous avons le projet de nous occuper avec
détail dans un des Cahiers prochains.
(1) Un thermomètre dont la boule était enterrée à 1 pouce
au-dessous de la surface du sol marquait quelquefois, suivant M.
Wells, jusqu'à So,9 centigrades de plus qu'un instrument pareil
placé sur -l'herbe et 5o,6 de plus qu'un thermomètre dans l'air.
ETAT PUISENT
thermomètre à 5 pieds mais il ne dit nulle- part qu'il ait plaed
la boule d'un de ses înstnimcns sur un corps solide. Quand à
M. Six, il nous apprend positivement dans son mémoire (1 "88)
qu'un thermomètre sur le sol fupon the gronnd) ait milieu
d'une prairie se tenait plus bas qu'un thermomètre semblable
élevé de 6 pieds, On trouve dans un ouvrage posthume du
même auteur, publié à Canterbury en 1794? une multitude de
déterminations analogues, et qui donnent jusqu'à 7°,5 centig*
pour la différence de température entre l'air et l'herbe d'un
pré. Dans son premier mémoire Six attribuait le froid de
l'herbe i,° à la rosée dont elle est recouverte par un temps
serein, et qui aurait conservé, en tombant, la tempérai 11 re
des couches élevées de l'atmosphère où il supposait qu'elle
prenait naissance; 2.0 à l'évaporation. Dans l'ouvrage pos-*
thume il admet que le froid est la conséquence, de la forma-?
tion de la rosée Telle était aussi l'opinion que M- "Wilson avait
émise dans les Transac. d'Mdûiburgh pour 1788. La décou-
verte du docteur Wells consiste donc dans l'observation (1)
que ce savant a faite, et qui avait échappé à ses prédécesseurs,
que les corps, par un temps serein sont déjà plus froids que
l'air qui les baigne acant que la rosée ait mouillé leur su r^
face d'où il résulte que ce refroidissement est la cause et non
pas la conséquence de la formation de la rosée. On doit même
ajouter que la chaleur qui sedéveloppe lorsque la vapeur
aqueuse atmosphérique, passant de l'état fluide aériforme à
celui de liquide, } vient se déposer à la surface des corps, est
une des causes qui atténuent le plus les effets du refroidis^
sement nocturne. (Ann. de chua. et de phys. f\, 18H et suw.J
(^) On trouve dans un mémoire de Rumford, Traits, philos.18-4, ce P--s-g~ i, pal les1804, ce passage « N'est-ce pas par l'i.ctioji tles rayons friguri-.ii'jues ( ceux qui viennent Je l'espace) tjue noire globe est ennti-
~i~ i,li, i."l r,~u, les 1.ïjuellement reLoidi, et (ju'il conserve dans t(>us les chaleur que
température moyenne, malg.é l'immense quantité de chaleur que
les ~yo.8 lui c~it.les rayon» solaires lui communiquent journellement ?» M;iis cette
Ingénieuse conjecture n'y est appuyée ri'aurune observation ther-,
Tïifjniètntjue propre & indiquer le mode île rcfroidisseipeut,
DES SCIENCES MEDICALES.
Extrait d'un mémoire sur la f acuité absorbante des veines;
par le M. docteur Mayer professeur il'anatomie à Berne.
IVon-seulement dans les temps où l'on n^ connaissait pas
encore les vaisseaux lymphatiques, mais même de nos jours,
plusieurs physiologistes ont enseigné que les veines possé-
daient uue force absorbante et même qu'elles absorbaient
le chyle. Hippocrate et Aristote ne parlent que d'une ma-
nière vague des veines lactées ou mésentériques et l'on est
peu certain, qu'ils aient connu les vaisseaux lymphatiques
du mésentère. Il est sûr du moins qu ils ne les ont pas
distingués des veines mésentériques Selon Galien, Erasisirate
découvrit le premier, dans les chèvres, les vaisseau* lactés,
Hérophile, en a aussi fait mention d'après Galien Salken-
bourg, Bilsius, Swaminerdam Harvey, Boerbaave, Mckel,
JYIenghiiù et d'autres physiologistes ont attribué aux veines
la faculté absorbante et plusieurs d'entr'eux pré'endaient
même avoir vu couler dans ces vaisseaux le chyle, et l'eau
qu'on avait injectée dans les intestins.
HunLer ( Medic. commentar. c. 5.J fondé sur ses propres
expériences combattit vivement cette théorie. Il injecta de
l'eau, du lait, de la teinture de tournesol, et du musc dans
le canal intestinal, et il ne put reconnaître la présence de
la moindre partie de ces substances dans le sang des veines
mésentériques quoiqu'il ait bien su les découvrir dans le
chyle des vaisseaux lactés.
Quoique la quantité absorbée dans ces expériences dût
être si petite, qu'il était presqu'impossihle de la reconnaître
dans un fluide d'une couleur aussi foncée que l'est le sang
veineux on leur ajouta foi et on combattît fortement
d'après Hunter, dans les svsiénvîs physiologiques l'opinion
de la force absorbante dos veines.
La. difficulté de reconnaître dans le sang les substances
injectées dans le canal alimentaire et qui y ont été absorbées,
fut un nouvel obstacle pour décider si les veines absorbent
pu non. Les physiologistesles plus distingués ne réussirent
it\T PR1ÎSF.ET
pas à trouver dans le sang certaines subslances qui dévoient
y être portées par les organes de l'assimilation. Darwin t
"Wollaston et Marcet [Bibliothèque Britannique, tome 4& )
n'ont jamais retrouvé dans le sang les substances qu'ils ont
fait avaler, quoiqu'ils les aient reconnues dans l'urine.
On peut bien nous objecter que la furullé absordante des
veines est prouvée par Home et particulièrement par les der-
nières expériences qu'il a publiées. Après avoir lié le canal
tlioracbique il a retrouvé la rhubarbe dans le sérum du
sang- II nous parait bien difficile de reconnaître dans le
sérum une aussi petite quantité de rhubarbe que celle qui
doit avoir été absorbée par les veines dans cet essai car
ce sérum est par d'une couleur jaunâtre. Avoir
pu trouver la rhubarbe dans le sang, et n'en avoir reconnu
aucune trace dans le chyle où l'on aurait pu mieux la
reconnaître et où elle devait avoir été portée par l'absorp-
tion des vaisseaux lymphatiques > c'est-là à ce qu'il nous
semble un paradoxe.
Une autre preuve en faveur de l'opinion, que lesveines
absorbent, a été mise en avant par 1 ingénieux ftlagendic, t
et par Emmert mon célèbre prédécesseur actuellement pro-
fesseur d'anatomie à Tubingen c'est la promptitude avec
laquelle quelques poisons agissent sur les animaux elle est
trop grande pour que ces poisons puisent avoir passé par
les voies lypliatiqu.es et en second lieu que ces poisons
agissent lors même que le canal tlioracltique est lié. Magendîe
eu conclut qu'ils sont absorbés par les veines, et Emmert,
que les poisons pénètrent au travers des membranes des
vaisseaux sanguins. Mais, on peut encore supposer que les
poisons agissent immédiatement sur les nerfs, et par eux
sur le cerveaux et la moelle épinîère. Quelques poisons, par
exemple, l'huile essentielle de laurier-cérise (prunus lauto-
cerasusj agissent si instantanément qu'il est impossible
qu'ils aient passé par les voies de la circulation et qu'ils
aient été ainsi transmis au système nerveux on doit plutôt
supposer qu'ils agissent immédiatement sur les nerfs. 11 est
DES SCIENCES MEDICALES.
vrai qu'on a supposé que le poison appliqué à la cuisse d'un
animal, n'agit nullement, quand on a lié dans l'expérience
les vaisseaux sanguins. Mais on doit réfléchir que les nerfs
sont paralysés, quand on lie les vaisseaux sanguins, et qu'ils
perdent la faculté de conduire le poison au centre du sys-
tème nerveux.
II ne nous paraît donc point encore prouvé que les veines
absorbent, et que d'autres fluides que le chyle entrent dans
le sang. Je crois pouvoir établir ces points intéressans de
physiologie par les résultats d'un assez grand nombre d'ex-
périences. J'ai injecté plusieurs fluides dans les poumons de
divers animaux, et je les ai cherchés dans le sang. Cette
méthode me semble la plus sûre pour éclaircir ces points
douteux.
L'expérience d'injecter des fluides dans la trachée artère
a été déjà tentée par Goodwyn j et après lui par AuLenrieth.
Le premier a injecté de l'eau dans la trachée artère des chats,
sans qu'ils en aient éprouvé de grandes incommodités. Au-
îenrieth et Schlaepler ont fait sur le corps animal de nom-
breuses expériences, qui ont eu pour lut de rechercher les
effets de plusieurs substances injectées dans les poumons,
( Vid. Dtssertatio inaitgu.ra.Us sistens ê.rpcrim. de effeclu li-
quidorurn quorumdam medicamentosorutn ad vias aëriferas
in corpus animale, auct. Schaepfer Tubingae prœs, Auten-
rieth, 181S). Mais, ils ont passé presque sous silence l'ab-
sorptionde ces substances dans les poumons mêmes. Der-
nièrement, les élèves vétérinaires de Lyun ont fait par Lasard
l'expérience d'injecter de l'eau dans les poumons du cheval,
et ils ont trouvé, que ces animaux ensupportent une quan-
tité considérable sans en éprouver des symptômes fâcheux-
( Voy. Gazette de sante ).
Je me suis occupé, depuis plusieurs années d'expériences
qui prouvent l'absoption dans les poumons. En 181a j'en
ai publié quelques-unes. ( Vid. Dtssertatio siitens experi-
menta quœdamin animalibus aqua suffocatis in$titutat Tubing.
1612 ). Depuis cette époque, j'ai fait plus de quatre-vingts
ÉTAT PRÉSENT
expériences sur le même objet; j'en ai fait d'analogucs sur
l'absorption par les intestins et j'ai trouvé qu'elle est beau-
coup moindre que dans les poumons. J'ai fait ces expériences
sur divers animaux, sur des lapins, des chiens des chats
des chèvres, des héris'sons etc. Je les ai faites avec divers
fluides colorés; avec de L'infusion de curcuma, de rhubarbe,
de safran, d'indigo, de garance, etc. Je me suis fréquem-
ment servi d'un liquide composé d'un mélange d'indigo de
safran et d'eau. Enfin, j'ai employé des solutions de prus-
siate de potasse, de nitre, d'alun, d'acétate de plomb d e
iQuriate de fer, d'oxide d'arsenic, d'huile, etc. etc.
Voici les résultats sommaires de ces expériences
i. Les animaux supportent une quantité considérable de
liquide injecté dans les poumons sans en éprouver des symp-
tômes mortels. Les lapins peuvent supporter une dose de
quatre onces et demie d'eau dans vingt-quatre heures. Mais
ees injections doivent être faites par une ouverture pratiquée c
dans la trachée artère; car si on injecte ces fluides par le
larynx, ils exeilenl les symptômes de. suffocation les plus
graves, et l'animal y succombe souvent. La suspension de
la respiration pendant cette irritation des muscles du larynx
par l'injection, est l'unique cause de la mur t.
a. Les symptômes de suffocation qui naissent des injections
ne sont pas graves quand on injecte de l'eau pure; mais ils
le deviennent quand on prend des fluides gras, par exemple
de l'huile qui engorge les voies aériennes ou des solutions
chimiques, qui détruisant le parenchyme despoumons, em-
pêchent l'oxidation du sang et produisent des extravasations
de ce fluide et des imfla m mations dans les lobes des poumons.
3. Les fluides et les solutions injectés dans les poumons
sont absorbés plus ou moins promptement selon leur nature
et leur degré de concenlration.
4. Cette absorption est en général très -grande; mais
moindre chez les animaux jeunes et nouvellement nés que
chez les adultes.
5- L'absorption se fait par les veines pulmonaires, caj
I>FS SCIENCES MÉDTCAXES.
elle a lieu dans l'intervale de trois minutes; on trouve dans
le sang les fluides injectés avant qu'on les aperçoive dans
le chyle, on les trouve dans l'oreillette et dans le ventricule
gauche du cœur long-temps avant qu'on en puisse voir la
moindre trace dans l'oreillette droite. Enfin l'absorption se
fait lors même qu'on lie le canal thorachique.
6. L'absorption se fait aussi par les vaisseauxlympha-
tiques, mais plus tard.
7. Les veines de l'estomac et des intestins absorbent aussi,
mais en beaucoup moins grande quantité.
8. On peut démontrer dans le sang l'existence des fluides
absorbés par les veines. On y reconnaît facilement le prus-
siate de potasse, le muriate de fer, l'arsenic, etc. On re-
trouve le prussiate de potasse, injecté dans les poumons
d'abord dans le sang artériel du cœur et des artères, puis
aussi, quand on continue l'injection, dans le sang veineux.
Le sulfate ou le muriate de fer mêlé avec le sang, produit
un précipité vert ou bleu:
o,. On trouve ces fluides en abondance dans l'urine de
la vessie et dans celle des reins. Le prussiate de potasse peut
y être reconnu sept minutes après l'injection.
10. Le prussiate de potasse est aussi déposé et même en
quantité notable dans le sérum du péricarde, de la plèvre
du péritoine; dans la synovie, sous la peau, et dans le lait.
11. Lorsqu'on a injecté du prussiate de potasse on petit
reconnaître cette substance au bout de quelques heures, non-
seulement dans les parties fluides, mais aussi dans plusieurs
parties solides. Plusieurs de ces parties devicnnent alors
vertes on bleues par le muriate de fer, savoir le tissu
cellulaire, sous la peau et dans tout le corps; la graisse »
les membranes séreuses et fibreuses. On pourrait teindre en
vert et en bleu par les solutions de fer toutes les aponé-
vroses des muscles les tendons et les ligamens latéraux et
intérieurs des articulations; par exemple, le ligament ronii
dans l'articulation ileo-fémorale les ligamens croisés dans
l'articulation fémoro-tibiale. On trouve dans le même état
ÉTAT PRÉSENT
les autres parties du système fibreux c'est-à-dire la dure-
mère, le périoste et le péricarde etc.
12. Les membranes des artères et des veines, ainsi que
les valvules du cœur, peuvent étre entièrement colorées en
bleu. La valvule mitrale, dans le ventricule gauche, devient
seule bleue, quand on ne continue pas l'injection assez long-
temps.
13. Le parenchyme du foie et de la rate ne peut pas être
coloré en bleu, mais bien leur tissu cellulaire autour des
grands vaisseaux. Les poumons, le cœur et les reins peuvent
éire teints en bleu
14. Les glandes sécrétoires, par exemple, les glandes sa-
livaires, le pancréas, les mamelles deviennent bleues.
15. La substance des os, ainsi que la moelle, ne devient
pas bleue.
16. La substance des muscles ni celle des nerfs du
cerveau et de la moelle épimère, ne changent point de couleur,
par l'arrosement avec le muriatc de fer. Ces organes parais-
sent avoir une force répulsive, et exclusive au contact des
fluides étrangers à leur nutrition. On pourrait en conclure
que les opinions de plusieurs physiologistes, qui disent, que
les poisons agissent mortellement, quand ils sont portés sur
les parties du système nerveux, ne sont pas bien fondées, et
manquent des preuves directes.
17. Ces expériences, qui peuvent jeter quelque lumière
sur la sécrétion, le reproduction et la nutrition du corps,
m'ont aussi appris le passage des liquides de la mère dans
le fœtus. Les expériences avec le prussiate de potasse réus-
sissent très-bien. On peut reconnaître cette substance dans
l'eau de l'amnios, dans celle du chprion et de la vésicule
ombilicale, dans le liquide de l'estomac, dans plusieurs par-
tics solides du fceLiis par exemple, dans les reins, dans
l'estomac, etc., ainsi que dans le placenta. Quand on met
un fœtus, à la mère duquel on a donné le prussiate de po-
tasse, dans un mélange d'esprit-de-vin et de muriate de
fer, on le voit se teindre' en bleu. On acquiert ainsi la
DES SCIENCES MÉDICAT.ES.
preuvela
plussûre du
passagedes fluides de la mère au
fœtus preuve qu'onl'a vainement cherchée jusqu'ici dans
l'histoire de la physiologie. Les fluides entrés dans lesang
de la mère, sont déposés dans le tissu duplacenta,
et là
ils sont absorbéspar
les veines du foetus. fBibtioth. Univ.
cah. de Jtrn. i Si 8-^
Bibliographiede la France, pour
les' mois de Janvier et de
Février 1819.
40. Observationsphilsophiqucs
et critiques sur les lois de dé-
pendanceet les
principesdes phénomènes; suivies de diverses con-
sidérations sur la force motrice musculaire, et de la Théorie du
$aut parP. Mazon médecin in-8.0 de 3 feuilles un huitième.
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ture, le commerce et les arts suivi d'uneBiographie
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quartA Paris, chez
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576.Recueil de mémoires de médecine de chirurgie
et dr phar*
marie militaires faisant suite mt journal qui paraissaitsous le
même tit.e rédigésous la du conseil de santé, par
M Fonmier-Pescay*T. V, in 8.0 de
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M. me Huxard,à Pais {Dec. 1S18). ).
436. Tr.ité tlémeniaire de pharmacie théorique d'aprèsl'état
artuel de la chimie ouvrage spéciulfiraentconsacré à ceux
qui
se deitiiieut à létule de lapharmacie,
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médecine etenclti.urgie qui rlnivent
passerleur troisième
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Mordant- Delaunay;
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Lriseieiir-des-Longchnmn<i. 3^ livraison grand
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6planches. A Paris chez
Aud^c libraire ( Voy. pnur le prix le n o m3 ).
4(18.Triiité
au.'luique des fièvres essentielles contenant la
théorie et 11 prettiq'.ie générales
et particulières de cesmaladies par
J.-F. Cnffin Seconde édition. Peux vol, in-8.0, ensemble de 36
feuilles et demie.Imprim. d'AJIut, à Dourbou-Vendée. A Paris,
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480. Manière de conduire les en fan s dnpnit leui* tiaisxance
jusqu'à ftigPde sept ans; , 'éviter tes convulsions le croup
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Saint-Giiles n.o ta, îiu marais. Iu-8.9 d'uue feuille, Iinpriuieria
de Eaudouin, k Paris.
T.lVdelai."sér.,cah. de Mars et yàvriliSiCj. n c
PREMIÈRE PARTIE.
MÉMOIRES ET OBSERVATIONS
DE MÉDECINE- PRATIQUE.
Observations sur l'incertitude du pronostic dans
les maladies aiguës par M. Blaud médecin en
chef des hospices de la ville de Beaucaire.
Malgré les règles les plus sûres que nous trace
la séméiotique pour asseoir d'une manière solide
notre jugement sur l'issue desmaladiesaiguës; mal-
gréles
signes les plus certains qu'elle nous met à
même d'ap précicrpour nous faire éviter l'erreur en
prédisantla mort ou la guérison des malades, il ne
nous est pas toujours possible d'atteindre la vérité;
tant il est vraique,
même dans les choses qui sont
sous l'empire des sens, cet être mystérieux se dérobe
souvent aux yeux des hommes, au moment même
où ils croient le saisir, comme ces lumières trom-
peuseset fugitives qui brillent un moment dans
l'espace,et que l'on voit s'évanouir tout à
coup
pendant qu'on en suit le cours. Malheureux et
inévitable effet du breuvage d'ignorance, que
nous avons tous bu en entrant dans la vie! (j).
(l) K.EBHTOS eiIBAIOY niNAï. toaMym nphaaizz Es'voi »ii
Tspwvatlà -L; sçiv âuzn syw. ATiizri xa^Etrat yrçffiv
il Trâv-as Tûùç àvÔpwTrouçTrlavtiffa. Ena. TÎ Tcpârz&t àjTïj j1
toij;eiTTropsyo/svO'JÏ
si; tov|S(Ov
îrori^i tïj £ot-»7Ç $wj.y.u. – To jt«
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
La nature dans les maladiesaiguës
marche
quelquefoissilencieusement dans des routes si
obscures, qu'elles échappentà l'œil le
plus péné-
trant et leplus exercé, et elle n'amène la ter-
minaison de l'affectionqu'à
l'aide de mouvemens
organiques intérieurs si profonds et si peu appa-
rens, qu'ilest
impossiblede les
distinguerlors-
qu'ilsse
développent.D'autres fois, la maladie
la plus grave se masque au-dehors sous les symp-
tômes lesplus légers,
on bien elle ne donne de
signescertains de sa nature, que lorsque
la vie
va s'éteindrepour toujours.
D'autresfois, au con-
traire, par l'influence de la constitution indivi-
duelle, ou par toute autre cause, l'affection la
plus bénigne produitles accidens les
plusalar-
mans, même pour l'homme de l'art le plus expé-
(?è ~i i~i fô îtOtÔv j iUây/; eyïj y.aî âyvoia.– EÏt«
tï–
ïllovzSÇ TQÙTQTtOpVJOVTXl 3£Ç TOV ^iOV. IIÔTiQÛV OUV TTCSVTÏÇ ïïî-
vQ'jctlv tdv îtIxvov v} Oy–
IlàvrEç nivoutriv êfv}' «iV otpsv
7tXeÏ0V OC (?£ ^TTOV
Tableau de Ceb}s le Théb;iin personnagesdu
Dialogue,des
étrangerset un vieillard «Mais, quelle eçt celle-ci (celte
femme assise à la porte de la première enceinte de la vie), lui
dîmes-nous?– On l'appelle la Fausseté, nousrépondit-il;
c'est elle
quiabuse tous les hommes. Que fait-elle lk ? Elle abreuve
selon sa volonté ceux tpii entrent dans la vie. Quel est donc le
breuvage qu'elle leur fiiit prendre?–
L'ignorance et l'erreur.
Ensuite, qu'arrive-t-il ? – Après avoir bu, ils entrent dans la vie.
MaiSj boivent-ils tons k cette sourced'égarement ? – Tous y
boivent, les unsplus,
les autres moins »
Ingénieuseet philosophique allégorie par laquelle ce disciple
duplus sage
des Grecs a voulu montrerque l'erreur est notre
partage,et que l'auteur de toutes choses a mis des bornes étroites
à notre entendement.
DANS LES MALADIES AIGUËS.
rimenté. Enfin, il est des circonstances où, malgré
la gravitédu mal la nature et l'intensité des
symptômes qui le caractérisent, la puissance con-
servatrice qui veille sans cesse au-dedans de nous,
et dont les salutaires moyens nous sont si peu
connus, triompheà notre insu de tous les obs-
tacles, dément toutes nos prédictions, et met tout
à coup le malade en voie de guérison, au moment
même où tout semblait nous autoriser à déses-
pérer de sa vie.
Dans tous ces cas, où laséméiotique nous aban-
donne dans le chemin obscur et difficile du pro-
nostic, ou n'est plus pour nous qu'un' guide in-
fidèle, il est presque impossible de ne se point
égarer,et rarement arrive-t-on à une prédiction
certaine sur la terminaison heureuse ou malheu-
reuse de l'affection. Aussi, pour éviter de nous
compromettre,sommes-nous forcés de nous ren-
fermer dans un doute bien plus prudent, bien
plus philosophique, qu'une ignorante ou orgueil-
leuse témérité, et de ne donner, à ceuxqui nous
interrogentsur l'issue du mal que des
réponses
vagues,incertaines ou évasives.
Qui ne sait combien lapratique de l'art fournit
d'observations qui prouvent la vérité de ceque
nous venons de dire ? Et quel est le médecin qui
ne s'est pointvu trompé dans ses conjectures
pardes événemens inattendus? Tantôt le malade
meurt, lorsquerien n'annonce une issue funeste;
tantôt, au contraire, il guérit contre toute attente,
etlorsque
tout porte à prédire une malheureuse
JJfCERTITCDE DU PRONOSTIC
terminaison. Il semble que la nature se joue de
toutes les combinaisons de nos idées et de tous
les jugemens de notre esprit; il semble qu'elle
veuille, dans nos pronostics favorables, mais im-
prudens,nous causer la honte d'avoir méconnu
les lésions morlelles dont elle était atteinte; et,
dans nos prédictions fâcheuses, mais fausses, nous
punir,en faisant éclater toute sa puissance, pour
ne nous être pas assez fiés à ses mystérieuses et
salutaires opérations.
Ces aberrations pathologiques n'avaient point
échappéau Père de la Médecine et il avait eu
souvent, sans doute, l'occasion de les observer,
puisqu'illes a consacrés, comme une loi
géné-
rale, dans ses aphorismes, et qu'il a cru devoir
ainsi donner un avertissement salutaire aux mé-
decins de tous les temps.« Twi/ e£swy yoaïi^arcûy r
nous dit-il, où iidi'^Tzxj zGyzkèîç al Trpo^ayooîûaiîs } ours
toi Qavâm'j ovts râ; vys!r,ç (i). Les prédictions sur
la mort ou la guérison dans les maladiesaiguës
ne sont pas toutes sûres ».
C'est là, ce nous semble, le vrai sens de cet
aphorisme, qui, interprété comme nous venons
de le faire se trouve d'accord avec l'expérience
des siècles. Cependant, Lefebvre de Villebrune a
cru devoir adopter une version toute contraire*;
voici sa traduction. a Les prédictions sontpresque
toutes sûres dans les maladies aiguës, sait pour
(1) IIIIIOKP. A*OPI2. IO'. TMHMAiEVTEPON Foës, Francof.
MDXÇK (Ilipp., Aph. 19, sect. n, etc.)
DANS LES MALADIES ATGUFS.
la vie, soit pour la mort ([) ». C'est-à-dire, selon
lui, que rarement on peut se tromperdans les
jugemens qu'on a à porter sur l'issue des mala-
diesaiguës,
etque nos pronostics,
dans cette
classe d'affections, sont presque toujourscertains.
Mais ce nepeut être là le véritable sens du texte;
'où nduntaiàayzlkç,, signifie, littéralement, pasenliè'
rement sûres (les prédictions); et il est évident,
d'après ce qui se passe si souvent sous nos yeux,
qu'Hippocrate a voulu nous donner à entendre,
parces mots, qu'il
ne faut pas toujours se fier
aux signes qui servent ordinairement de base" au
pronostic dans les maladies aiguës; que ces signes
peuventêtre trompeurs; et que, par conséquent,
les prédictions que l'on fonde sur eux ou irâunav
àiyxtéîc,,ne sont pas toujours certaines, entière-
ment sûres, ne sontpas
sûres d'une manière abso-
lue, sans restriction, sans exception c'est-à-dire,
que l'on en voit quelquefois de fausses, malgré
l'évidence des signes sur lesquels on les a fondées.
Judicieuse et profonde remarque du plus grand
observateur de l'antiquité (2)
(1) OEuvres d'Hippocr., Aphor. Paris, 178G, Nous ne connais-
tons pas d'édition plus récente de cet ouvrage.
(a) Gardeil (Traduction des OEuvres d'Hippocrate Toulouse,
1801), nous paraît s'êrre écarté du texte, en disant que « dans les ma-
ladies aiguës les prédictions de vie ou de mort ne sont jamais bien
assurées 11.Il a donné, ce nous semble dans un excès contraire
à celui de Lefebvre de Villebrune et le x il s'en faut » du docteur
Pariset qui tend un peu vers l'exci-s de Gardeil n'est repré-
senté par rien dans le texte. De Mercy et Basquiïlon ont traduit
comme nous.
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
Prouvons, par quelques cas particuliers, qu'elle
est puiséedans la nature, et déduite de l'obser-
vation rigoureuse des faits.
ART.' I.«r Observations où tout semblait autoriser
àprédire une
mort certaine, et où cependant
la guérisona eu lieu.
I." Oes. Mad.°" B âgée de seize ans, accouche
fort heureusement et à tel me. Trois jours après,
sans cause connue, les lochies coulant bien, et
les mamelles fournissant une sécrétion abondante,
frissons irréguliers suivis de chaleur, de fièvre,
de malaise d'anxiétés de douleurs contusives.
Le lendemain délire furieux, surdité et cécité
complètes,air égaré, loquacité; la fièvre est ar-
dente. – Même état jusqu'au i4.cjour. Alors, face
altérée, bippocratique; adynamie extrême; mem-
bres glacés; pouls pet jt, très-fréquent, très-faible
et à peine sensible On prédit une mort certaine.
Mais, au milieu de ces alarmans symptômes, la
malade accouche d'un fœtus peu développé pu-
tréfient bientôt le délire cesse, la chaleur revient,
le corps se ranime, le pouls se développe, l'ex-
pression de la face s'améliore, devient naturelle,
et, au bout de quelques jours, la santé est parfai-
tement rétablie (Obs. communiquée).
Réflexions.Cette maladie, et tous les symp-
tômes gravesdont elle s'accompagnait étaient
évidemment symptomatiques; et, si on avait eu
l'idée d'explorer la matrice, on aurait pu les faire
promptement disparaître par l'extraction ducorps
DANS LES MALADIES AIGUËS.
-_u~ 1_~ -l- wT_ _·
étranger qui les produisait. Mais, qui jamais aurait
pu smpçonner l'existence d'une cause sisingu-
lière ? Et quel est le praticien qui, dans des cir-
constances siorageuses, aurait
pu s'empêcher de
prédirela mort?
Il.e Obs.Jacques Rubiés, âge
dequarante-deux
ans, d'une constitution grèle, ayant éprouvé déjà
quelques symptômes d'hypocondrie,venait d'être
guéri, par l'application d'un vésicatoire sur la
partie postérieure. et supérieure de la cuisse droite,
d'une névralgie fémoro-poplitée, dont il était at-
teint depuis six jours, lorsque, le 17 Décembre
1807,à
cinq heures du soir, il futpris,
sans
cause connue, d'unpeu de gêne dans la respi-
ration, sans toux, sans douleur de poitrine et
sans fièvre. A six heures, la difficulté de respirer
est plus considérable: application d'un vésicatoire
sur la partie interne de chaque cuisse potion
émétisée. La dyspnée acquiert une intensité nou-
velle et, à minuit, le malade est menacé de suf-
focation nouveau vésicatoire sur le côté gauche
du thorax. Même étatpendant
tout le reste de
la nuit. Le r8, à cinq heures du matin, nous
fûmes appelés en consultation, et nous obser-
vâmes ]es symptômessuivans Sens et fonctions
intellectuelles libres; angoisses, anxiété extrêmes;
face profondément altérée, pale, injectée; lèvres
livides; point de toux ni de douleurs dans le
thorax; respiration laborieuse, précipitée (60
inspirations par minute), râlante; inspiration
très-courte et très-difficile; sentiment d'une sorte
IKCERTITUDE DU PRONOSTIC
de compression du thorax, comme produite par
un poids énorme, avec menace de suffocation
dilatation et resserrement alternatifs des narines
très-prononcés; poids très-fréquent (i/jo puisât,
par minute), plus pleinet
plus dur du côté
droitque
du côté gauche (organisation artérielle
locale particulière);éructations fréquentes; toute
l'habitude du corps inondée d'une sueur froide:
saignée de quatre à cinq onces, qui ne produit
aucun effet. Un large synapisme sur le sternum,
point d'amélioration un moxa sur l'épigastre;
potion antispasmodiqueles
symptômes redou-
blent de violence. A neuf heures du matin le
malade sembleprès
de rendre les dernierssoupirs:
face grippée, pâle, cadavéreuse; pouls si fréquent
et si faible, qu'on n'en peut compter les batte-
mens membres glacés; tout le corps couvert
d'une sueur froide et visqueuse. La respiration
est si précipitée,le râle si
prononcé, l'anxiété
si forte que nous nous éloignons promptement
de cette scène de douleur pour n'êtrepas té-
moin de la mort que nouscroyons certaine. Ce-
pendantla
puissance conservatrice développe
pendantnotre absence, ses merveilleux moyens,
et, à trois heures de l'après-midi, il survient un
peude calme; la respiration perd de sa
fréquence,
la face de sa pâleur. Cette améliorationaugmente
par degrés, et, à neuf heures du soir, le malade
respire assez aisément, et se trouve bien. La nuit
est assez bonne; sommeil paisible de plusieurs
heures; point de toux uid'expectoration. – Le 29
DAMS LES MALADIES AIGUËS.
au matin surpris d'un changementsi heureux et
si inattendu, que nous apprimesparla voix publi-
que,nous fûmes voirie malade, et nous le trouvâ-
mes dans son état de santé ordinaire. La guérison
se soutint, et, depuis lors, point de récidives.
Réflexions. Quelle était la nafture de cette sin-
gulière affection ? On ne peut point la regarder
comme un accès d'asthme; car, i.° le malade n'en
avaitjamais éprouvé d'atteinte; et, dans cette
affection lespremières attaques
sont toujours lé-
gères, ou, du moins, elles n'ont jamais une aussi
grande intensité; a il il n'y eut ni toux, ni expecto-
ralion,soit pendant la maladie, soit sur scfn. déclin;
3." il n'y eut point de récidives, comme dans
l'asthme,qui ne se borne jamais à un seul accès.
Ce n'était point non plus une angine de poitrine,
puisqu'il n'y avait point de douleur thorachique.
Nous sommesportés
à croire qu'il y a eu ici une
sorte desuspension dans l'elïlux du principe qui
anime le système pulmonaireet
qui,comme l'a
prouvé Legallois réside dans lapartie
de la
moëlle allongée, d'oùpartent les nerfs pneumo-
gastriques et, d'après cette idée, nous appelle-
rions volontiers cette affection adynamie pulmo-
naire. Cette dénomination représente fidèlement,
ce nous semble, l'ensemble et la nature des symp-
tômes essentiels de la maladie. En effet, d'une
partles muscles inspirateurs étaient frappés
d'une sorte deparalysie, ce qui occasionnait au
malade ce sentiment de compression suffocante
qu'il éprouvait et, d'autre part lcs phéno-
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
1.. 1 1 1..mènes chimiques de la respiration étaient pres-
qu'entièrement suspendus, comme l'attestaient
l'injection et la lividité de la face et des lèvres.
Quoi qu'il en soit, il demeurera toujours dé-
montréque, par
lagravité
dessymptômes, nous
étions autorisés àporter
leplus fâcheux pro-
nostic, et que, cependant, la nature a, contre toute
attente, rendu le malade à la vie.
III. f Ons. Anne Matheron, âgée de trente-deux
ans, d'une bonne constitution, accouche heureu-
sement et à terme, le 29 Décembre 1816. A huit
heures du soir, les lochies coulent peu dans la
nuit, convulsions épileptiques, à intervalles très-
rapprochés, avec trismus, lividité de la face, lèvres
écumeuses, etc.; perte de la mémoire après le
premier accès; suppression complète des lochies,
flaccidité des mamelles. – -Le3o, au matin, même
état. A to heures, perte du sentiment et du mou-
vement affection comateuse, entrecoupée, pen-
dant toute la journée et la nuit suivante, par des
mouvemens convulsifs. Le 3i, M. Paul, qui
donnait ses soins à la malade, nous fit appeler
en consultation; nous observâmes lessymptômes
suivans: expression de la face naturelle; point
de sentiment ni de mouvement; coma dont rien
ne peut retirer la malade; respiration paisible,
pouls fréquent ( 100 pulsat. par minute), plein,
développé; suppression des lochies; mamelles flas-
ques, et sans aucunsigne
de sécrétion laiteuse;
par intervalles, convulsions épileptiques dont la
durée est de 5 à 8 minutes; spasme dupharynx,
DANS LES MALADIES AIGUËS.
déglutition impossible saignéede la jugulaire,
sangsues aux tempes vésicatoires aux jambes,
synapismessur
Vhjpogastreet sur les mamelles*
Point d'amélioration dans lessymptômes.
-Le
i .<"rJanvier, même état. Lepouls devient plus petit,
plus fréquent ( i3o), et plus faible; larespira-
tion est gênée; les convulsions reparaissent par
intervalles application d'un large vésicatoire sur
tout le cuir chevelu. – Le i état empiré; face
pâle, profondément altérée, grippée, cadavéreuse,
hippoca tique yeux ternes et fixes, pupilles insen-
sibles à la lumière; respiration stertorcuse, préci-
pitée (60 iusp. par minute); pouls petit, faible,
très-fréquent (i5o), irrégulier, inégalet inter-
mittent. Extrémités froides. Nous abandonnâmes
le malade, en prédisant une mort prochaine. Mais
quelle fut notre surprise le 4 lorsque nous
apprîmes quele 3 au matin, après la nuit la plus
orageuse, où les convulsions avaient été violentes
et presque continuelles, le râle avait diminué, et
puis cessé entièrement; que la respiration était
devenue, par degrés, paisible; que la face avait
reprissa couleur naturelle; que les convulsions
n'avaient plus reparu et que ce changement mer-
veilleux était survenu en même temps que les
mamelles s'étaient gonflées, et qu'un écoulement,
mucoso-séreux sanguinolent et très-considérable
s'était établi par la vulve.
Nous nous rendîmes auprès de la malade, tout
honteux de notre erreur et de notre fauxpro-
nostic, et nous la trouvâmes dans l'état suivant;
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
face colorée; yeux largement ouverts; air étonné;
parole nulle cris aigus, lorsqu'on touchait les
régions irritées parles synapismes et le vésicatoire;
respiration un peu plus fréquente que dans l'état
ordinaire; pouls fort, biendéveloppé,
donnant
ioo pulsations par minute; mamelles gonflées,
dures, laissant échapper beaucoupde lait par la
pression; écoulement séro-muqueux et sangui-
nolent par la vulve eau d'orge acidulée – Le 5
rétablissement de la parole; mais la malade est
dans un délire furieux; on est obligé de lui arra-
cher son enfant, qu'elle voudrait déchirer; pouls,
120puis. par minute paroxysme
de chaleur le
soir.-Le 6, le délire et la fièvre diminuent. Cette
diminution va croissant jusqu'au ]'5, où tout est
dissipé. – Le 14 nous permîmesdes alimens, et
la guérison fut solide.
./?e/fe:rion.s.Dansuueaffectioiicérébrale si grave,
presque toujours mortelle, etparvenue
à la fin
de sa dernière période, était-il permis d'espérer
une heureuse terminaison? Et, à la vue de si
alarmans symptômes, ne devait-on pas croire
plutôtà une mort prochaine? Qui jamais se serait
imaginé, que, lorsque tout annonçait les derniers
momens de l'existence, la puissanceconservatrice
eût purétablir les fonctions (la sécrétion lai-
teuse et l'écoulement utérin) dont lasuppression
causait la maladie, et retenir ainsi un souffle de
vie tout prêt à s'exhaler?
IV.'Ors. Louise Benoît, âgée de sept ans, éprouva,
le 27 Septembre 1818, des frissons irréguliers,
DANS LES MALADIES AIGUËS.
du malaise, des douleurs contusives dans les
membres, de l'anorexie, une céphalalgie frontale,
et une vive épigastralgie. Le soir, paroxysmede
'chaleur, fièvre forte. Le 28, même état; langue
sèche avec une bandelongitudinale rouge dans
son milieu; soif ardente. – Le 29, administration
d'un émétique, et, le 3o, d'un purgatif, malgré
ce sage précepte d'IIyppocrate« Hênovx yxopsarJÊiv,
yjxl y.ivhiv t pj w^à [Uioi kv àcyfisiv riv [à] tçf/z > zà tfe
Tikiïça o'jxorsyâ » (1). Le i.tr Octobre, symptômes
aggravés; épigastralgie violente;abdomen teiidu,
météorisé, douloureux au toucher; langue sèche
et brune délire et rêvasserie; paroxysme de cha-
leur le soir; soif excessive.Le a même état. – Le
3 pertede la parole, assoupissement, dents fuli-
gineuses, diarrhée fœtide. Le 4, yeux constam-
ment fermés, coma, rêvasserie, loquacité, sorte
de bredouillement continuel.-Le 5, nous fùmes
appelésen consultation et nous trouvâmes la
malade dans l'état suivant Coucher en supina-
tion, prostration extrême des forces, soubresauts
des tendons, tremblement des mains assoupis-
sement, délire, rêvasserie; yeuxà demi fermés,
ternes, langue sèche, couverte d'écailles brunes
dentsfuligineuses, respiration fréquente et sus-
pirieuse pouls petit, faible ettrès -fréquent
(i4o); abdomen tendu, gonflé, douloureux au
toucher; selles diarrhoïques brunes et très-féti-
( « Evacuez aprùs la coctîoo jamais avant, ni dans le com-
mencement d'une maladie, à moins qu'il n'y ait orgasme; mais,
le plus souvent il n'y a point orgasme ». Hipp. Aphor. 22, sect, i.
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
des: vésicatoires aux jambes; eau d'orge acidulée
avec le sac de citron fomentations émolientes
sur le ventre. – Le 6, 7,8,9,même état, mêmes
remèdes. – Le 10, extrémités froides; face hippo-
cratique carphologie, déglutition impossible
pouls si fréquent et si faible qu'on ne peut
compter les battémens. Malgré les leçons de l'ex-
périence, l'état de cet enfant nous parut si grave
et si désespéré quenous l'abandonnâmes, en
annonçant une mort prochaine. Mais voici ce qui
arriva Louise Benoit resta, pour ainsi dire, le i 1
et le 12, entre la mort et la vie.-Le i/j, le délire
cessa; il ne resta qu'un léger assoupissement; point
deparoxysme
de chaleur le soir. – Le i5, retour
de la liberté dessens; amélioration générale. Nous
apprîmes,à notre grand étonnement, cet heu-
reux changementle 16, et nous trouvâmes la
malade dans l'état suivant: Expression de la face
naturelle; sens libres; langue humide et pres-
qu'entièrement dépouillée d'une couche brune
et épaisse, dont on voyait encore les restes sur
son tiers postérieur; pouls peu fréquent (ioo),
plein et assez développé; abdomen souple et in-
sensible au toucher; appétit.Nous
permîmesdes
alimens. – Le 18 la langue fut entièrement
nette; l'appétit se soutint.-Le 20, la fièvre cessa
le 26, état de santé ordinaire.
Réflexions. Nous ne doutons nullement qu'il n'y
ait eu ici unegastrite
et une entérite desplus
graves, exaspérées, dans le principe, par un éméti-
que et un purgatif inconsidérément administrés;
DANS LES MALADIES AIGUËS.
aussi nous gardâmes-nousbien
d'employerune
méthode curative excitante. Mais comment des
symptômes si alarmans se dissipèrent-ils d'une
manière spontanée, pour ainsi dire, ou sous l'in-
fluence d'un traitement si peu actif?. 0 nature!
nature! que tes ressources sont infinies, lors, sur-
tout, quel'on ne s'oppose point à tes salutaires
efforts
V.c Obs. Le 8 Novembre 1818, Blaise Lafond
jeune paysan fort et vigoureux, âgéde quatorze
ans et demi, éprouva du malaise, des frissons
irréguliers, de la toux et un larmoiement, qui
firent croire, avec juste raison à l'incubation de
la rougeole (il régnait alors. une épidémie de
cette affection). La nuit, paroxysme de chaleur.
-Le g,vomissemens bilieux
spontanés, douleurs
vagues au thorax et à l'abdomeu, toux fréquente,
céphalalgie frontale. – Le io, même état; pouls
fréquent et bien développé. – Le n, au soir, grande
gênedans la respiration cou
enflé amygdales,
voile du palais et pharynx, rouges, enflammés,
douloureux lèvres livides pouls très-fréquent
et plein.La rougeole
commence à paraître; mais
la couleur de l'éruptionest livide huit
sangsues
au cou; synapismesà la plante des pieds; un
looeh pectoral. Délire toute la nuit.-Le la à 6
heures du matin, le gonflement du cou est dis-
sipé,l'inflammation de la
gorgea cessé, la déglu-
tition est libre mais la difficulté derespirer
est extrême; assoupissement, agitation état d'an-
goisse inexprimable.;face
hippocratique, lèvres
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
livides; pouls petit, faible, très- fréquent,à
peine
sensible; toux nulle, point de douleurs dans le
thorax; corpscouvert de taches violacées, et extré-
mités froides. M. L. qui donnait ses soins au
malade, appliquedeuxvésicatoiresaux bras, deux
synapismes surles côtés de lapoitrine,et se retire
en annonçant nne mort certaine. A neuf heures,
il nous fit part de ce fait et dupronostic qu'il
avait cru devoir en porter. Nous le priâmes de
vouloir bien nous en rendre le témoin il ne
s'y décida qu'avec peine craignantde trouver
l'enfant mort, et ne voulant pas avoir le dou-
loureux spectacled'une famille désolée. Mais il
en fut tout autrement à notre arrivée nous le
trouvâmes dans un état de calmepresque parfait
la respiration était encore un peu gênée ( 3o,
insp. par minute); mais la face était bonne, les
lèvres étaient vermeilles; l'éruption cutanée avait
une belle couleur, l'assoupissement avait cessé;
la chaleur du corps était revenue; et lepouls,
pleinbien développé ne battait
que 1 20 fois
parminute. On nous dit
que cette amélioration
était survenuepar gradation, à 8 heures, au mo-
ment même où l'on croyait que l'enfant allait
rendrele dernier soupir. Dans l'après midi, assou-
pissement par intervalles, toux rare, expectora-
tion muqueuse;sommeil
paisible la nuit. – Le i3
au matin, état très-satisfaisant; pouls peu fré-
quent ( 100), plein, biendéveloppé; respiration
naturelle. La rougeolesuit son cours. Le 16,
tout est terminé, apyrexie, appétit guérison.
DANS LES MALADIES AIGUËS.
T.1F délaisser., cah. de Marset.évril 1819. 12
Réflexions. Au début de la sur-excitation cu-
tanée, toute la force vitale se porta à la peau et
à la gorge, pour déterminer l'éruption de la rou-
geôle et la phlegmasiedu
pharynx quila com-
pliquait.Par ce transport, les poumons se trou-
vèrent jetés dans uneadynamie profonde qui
suspeudit presque complètement les phénomènes
chimiques de la respiration; ce qui rend raison
de la difficulté de respirer, et de la couleur livide
des taches de l'éruption, et des lèvres. Il. est évi-
dent que ces symptômesne
dépendaient point
de l'angine pharyngienne, comme onpourrait
le croire, car ils persistèrent etacquirent même
plus d'intensité après que cette dernière affection
se fut complètement dissipées ils ne pouvaient
donc provenir quede la
cause que nous indiquons.
Aussi vit-on, dès que l'éruption futachevée, l'équi-
libre des forces vitales se rétablir, larespiration
redevenir libre et parfaite, et tous les accidens,
occasionnés par la lésion de cette importante fonc-
tion, se dissiper complètement.
Telle est l'explication qui nous paraît laplus
naturelle de ce cas pathologique singulier. Mais,
an milieu desymptômes
sigraves, pouvait-on
prévoirune si heureuse terminaison ? Et n'était-
il pas permis, au contraire, de désespérer de la
vie du malade? Merveilleusepuissance de la
nature! Nepourrons-nous jamais reconnaître à
des signes certains, les ressorts secrets qu'elle fait
mouvoir pour dissiper ces scènesorageuses où
la mort est prèsde survenir? Et serons-nous sans
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
cesse exposés à voir nos prédictions démenties!
Nous n'avons parlé jusqu'ici que des erreurs
relatives au pronostic fâcheux prouvons de
même, par les faits, queles
prédictions heureuses
ne sont pas moius incertaines.
II. AET.e Observations où tout semblait autoriser
à prédireune guàrison sûre, et où cependant les
malades ont succombé.
I.re Ons. Catherine Meissonnier, âgée de qua-
rante-huit ans, se mit dans l'eau, étant en sueur,
le 6 Août 18r2.
Le 8 au soir, malaise, douleurs contusives,
lassitude spontanée, frissons vagues et irréguliers
la malade s'alite. Peuaprès, chaleur, fièvre, dou-
leur vive au-dessous du sein droit et se propa-
geantà l'épaule du même côté; toux rare, sèche,
pénibleà cause de la douleur du thorax, qui en
prend plus d'intensité; respiration gênée', fré-
quente les longues inspirations sont très -dou-
loureuses. – Le 9, même état: deux saignées dans la
journée; boisson pectorale, looeh.– -Le io,les symp-
tômes persistentun
synapisme sur le côté dou-
loureux; il est remplacé le 1 1 parun vésicatoire.
Le 12 nous fùmes appelés en consultation. La
face était profondément altérée, pâle, jaunâtre,
avec une rougeurcirconscrite sur les
joues plus
prononcéedu côté gauche que'du côté droit (1);
(1) Ce qui prouve que la rougeur de l'une ou de l'autre joue,considérée comme indiquant le côté malade dans les irritations
du poumon est un signe infidèle.
DANS T,ES MAtADIES AIGUES.,
la respirationétait fréquente et laborieuse (4o
insp. par minute), le thorax résonnait moins à
droite qu'à gauche; la toux était pénible, l'ex-
pectoration rare et muqueuse le pouls fréquent
( 120) faible et dépriméla chaleur de la peau
âcre et mordicante, la douleur du thorax très-vive:
application de huit sangsues sur le coté malade.
Le soir mieux sensible; respiration moins gênée,
douleur thorachiquemoins vive nous ajoutons
aux remèdes prescritsun
mélangede trois grains
d'opium cinq grainsde mercure doux et
quantité
suffisantede sucre, à prendre en trois doses, et.
de six en six heures. La i.re dose est administrée
à six heures du soir. La nuit est calme; l'amé-
lioration de la veillese soutient. – Le i3, à 4 heures
du matin, 2.e dose de la mixture. A 8 heures,
nous trouvons la malade dans un état de bien-
êtrepresque parfait; la face est bonne, la dou-
leur du côté n'est sensible que pendant la toux,
qui d'ailleurs est rare l'expectoration est plus
abondante, et présente quelques signes de coction;
la respirationest paisible et presque daus l'état
naturel ( 24 insp. par minute); lepouls seul con-
serve sa fréquence (128à
i3o); léger assoupisse-
ment. À 10 heures, 3." dose de la mixture opiacée;
état de calme tout le reste de la journée: l'expec-
toration est abondante, et du meilleuraspect, la
douleur du thorax est nulle, la respiration est
toujoursà a4- Le soir, la malade dit
qu'elle
se trouve très bien et témoigne le désir de
souper avec son mari, qui, dans cemoment prenait
IHCEKTITtIDE DU PRONOSTIC
son repas auprès d'elle; ce qui ne lui fut point
permis. Nous portons le plus heureux pronostic.
Mais, au milieu de la nuit, nous fûmes appelés en
toute hâte et nous trouvâmes la malade dans les
angoissesdu râle, ayant
la face pâle et cadavéreuse,
lesyeux éteints, les extrémités froides, le pouls
très-fréquent ( 160 puis. par minute ), petit, faible
et à peine sensible vésicatoires aux cuisses, au
dos, etc. etc.; tout fut inutile. Cet état se prolon-
gea jusqu'au 14 au soir, où la mort survint.
Autopsie (faite 3G heures après).La
putréfaction
avait fait desprogrès rapides;
lapeau et les mus-
cles sous-cutanés étaient en pleine décomposition
poumondroit engorgé et dur dans son centre,
où il présentait,dans une assez grande étendue,
cette altération pathologique qu'on nomme hépa-
tisation plèvres costale et pulmonaire, unies par
des filamens celluleux, produits organisés d'une
ancienne pleurésie; tout le reste del'organisation
sain.
Réflexions. Si l'expression naturelle de la face,
le calme, de la respiration l'absence de la dou-
leur, l'abondance et la bonne qualité de la ma-
tière de l'expectoration, le peu de fréquence de
la toux, ne forment point, dans la péripneumo-
nie, un appareil de symptômes duplus heureux
augure,et si un seul des praticiens qui liront
cet écrit, dit, en lui-même, qu'il eut porté un
autre jugement que nous sur l'issue de la maladie,
nous avouerons que nous seuls sommes capables
d'une semblable erreur. Mais quelle a donc pu
DANS LES MALADIES AtGCES.
être la cause de ce calme trompeur quinous l'a
fait commettre, au moment même où la mort
était près de survenir? L'opium aurait-il masqué
la violence des symptômes, en calmant momen-
tanément les effets de la sur-excitation? Cela n'est
pas vraisemblable, car l'améliorationapparente
s'était déjà montrée avant l'emploi de ce médi-
cament, et peu aprèsla
saignée locale. D'ailleurs,
comment avec un poumon presqu'entièrement
hépatisé, la respiration aurait-elle pu devenir
paisible par l'influence de l'opium ? L'hépatisation
existait, sans doute, lorsque le calme survint;
car cette altération pathologique de la substance
pulmonaire ne put évidemment se développer
d'une manière subite dans la nuit qui précéda
la mort de la malade; unengorgement
si consi-
dérable n'est jamais le produitd'un moment, et
la marche de la nature, dans les casanalogues,
doit être une preuve favorable à notreopinion
dans celui-ci. Or, lorsqu'un si grand désordre
existe, un calmant, quel qu'il soit, peut-il en
suspendreles effets, et sur-tuut ceux relatifs aux
phénomènes mécaniques de la respiration, c'est-
à-dire, aux mouvemens du thorax, dont la fré-
quencese trouve toujours
enrapport
avec l'in-
tensité de la lésion de la fonctionpulmonaire?
Avouons doncque
ce qui a donné lieu à notre
erreur, est une de ces aberrations pathologiques
dont le mécanisme nous est inconnu.
II. Obs. l.e 5 Août 181 1 André Lautier, porte-
faix, âgéde quarante-cinq ans, d'une constitution
ISCERTITtTDE DU PRONOSTIC
faible, vint, dans l'hospice confié à nos soins,
réclamer les secours de l'art, contre unepustule
maligne dont il était atteint depuis trois jours.
Le siégede la maladie était à la partie supérieure et
latérale du cou toutes les parties environnantes,
la face même et la région antérieure du thorax
étaient infiltrées, dures, rcnilentes, luisantes, et
de la couleurpâle qui caractérise ordinairement
cette espèce d'affection (i). Le pouls était petit,
fréquent, serré, peu développé;il
yavait une
pesanteur de tête considérable, des vertiges,des
nausées, des lypothimies fréquentes application
de la pierre à cautère, après avoir profondément
scarifiéla pustule; quinquina et camphre à l'in-
térieur, eaud'orge vineuse pour boisson ordi-
naire, Le 6 les progrès de la maladie sont ar-
rêtés. Le 7, la tuméfaction diminue, le tissu cel-
lulaire sous-cutané a perdu toute sa rénitence,
le poulsest calme et près de son rhythme
accou-
tumé la tète est libre, point de lipothymies;
les forces sontpresqu'entièrement rétablies. – Le
8, tout est dans l'état naturel le pouls, assez déve-
loppé, donne seulement 70 pulsations par minute;
il ne reste plus qu'une légère tuméfaction aux
environs de l'escarre, résultat de l'action du caus-
tique. Le malade se trouve bien, et demande des
alimens qu'on lui promet pour le lendemain.
(1) Nous disons ordinairement parce que nous avons vu plu-
«ieuis pustules malignes dans lesquelles peau était douloureuse
et rouge comme dans l'inflammation plilegmoneuse ce tulî tenait
probablement à la. constitution forto des sujets*
DANS LES MALADIES AIGUES.
Nous pronostiquonsla plus heureuse issue. Dans
la nuit du 8 au 9,sans cause connue, délire
lipothymies fréquentes. – Le 9, au matin, nous
trouvons le malade avec les extrémités froides, le
pouls petit, très-fréquent,très-faible et à peine
sensible, la face altérée, pâle, cadavéreuse, hip-
pocratique peu d'instaus après,il rend les der-
nierssoupirs.'
JJautopsie ne putfaire découvrir aucune lésion
que l'on pût regarder comme la cause de cette
mort inattendue.
Réflexions. Une portion de la cause morbifique,
échappéeà l'action du caustique, avait-elle pé-
nétré dans l'intérieur ducorps
et atteint ensuite
dans sa source le principe de la vie ? Mais, com-
ment sonpassage
à travers lesorganes
ne fut-il
signalé par aucun symptôme etput-il coïncider,
au contraire, avec le bien-être où se trouva le
malade pendant les deux derniers jours? Est-ce
là la marche ordinaire d'une pustule malignemor-
telle ? Cependant ce n'est qu'ainsi que l'on peut
expliquerune issue si malheureuse et si
prompte,
lorsquetout semblait annoncer la plus sûre
gué-
rison. L'anologie, d'ailleurs, rend ce mécanisme
pathologiquetrès-vraisemblable: ne voit-on
pas,
en effet, la cause morbifique qui produit lessymp-
tômes vénériens, demeurer cachée, pendant un
temps plus ou moins long, sans donner aucun
signede
présence,se développer ensuite sous
l'influence d'une cause occasionnelle et produire
des effets de la plus grande intensité ? Quoi qu'il
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
en soit, notre pronostic heureux n'a point été
véritable, et cependant tout nous autorisait à le
porter.
Enappliquant, ce fait à la pratique de fart,
nous serions d'avis que, dans une pustule maligne
considérable, développée depuis plusieurs jours,ou située dans une région où le tissu cellulaire
abonde on enlevât d'abordcomplètement
et
jusqu'au vif, avec l'instrument tranchant, la partie
gangrenée, et qu'on appliquât ensuite le caus-
tique sur la surface mise à nu, pourvu toutefois
que le siège du mal put permettre une pareille
manœuvre. On serait sûr, parce moyen, de dé-
truire entièrement le principe qui détermine la
maladie, et on ne se verrait point exposé, comme
cela arrive quelquefois, lorsque la pustule maligne
est très-profonde,à recourir à une seconde cau-
térisation, qui souvent alors est infructueuse.
III. Obs. Antoine Gilles, âgé de cinquante-neuf
ans meunier atteint depuis trois mois d'une
hydropisie ascite survenue à la suite d'un grand
effroi, vint, dans notre hôpital, le 8 Novembre
1812, réclamer les secours de l'art. Une diarrhée
muqueuse compliquait la maladie depuis quinze
jours; lepouls
était fébrile, le corps, très-affaibli;
il fut misa l'usage de l'eau de riz acidulée, et à celui
des crèmes farineuses. Les selles devinrent bientôt
moins liquideset moins fréquentes. – Nous nous
disposions à employer desmoyens pour
com-
battre l'ascite, lorsque, le 12 au soir, le malade
fut pris d'un frisson considérablequi dura une
DANS LES MALADIES AIGUËS.
demi-heure et qui fut suivi de chaleur et d'une
augmentation* dans la fièvre. Dans la nuit il
survint une douleur vive à la partieinférieure
de la région latérale droite du thorax, accom-
pagnée d'une toux rare, sèche, et d'un peu de
gènedans la
respiration. – Le i3,aumatin, nous
trouvâmes le malade couché sur le ventre ( toute
autreposition
lui étantimpossible), poussant des
crisaigus à cause de la douleur du thorax; le
pouls était peu fréquent, mais faible, larespi-
ration peu gênée, la toux peu fréquente l'ex-
pectoration nulle; le thorax résonnait bien dans
tous ses points; la chaleur du corps était peu
éloignée de l'état naturel sixsangsues
sur le
côté douloureux.
Nous crûmes que cette nouvelle affection était
une pleurésie, et nous annonçâmes que, quoique
son issue nous parût douteuse à cause de la viva-
cité de la douleur, il y avait pourtant plus à
espérer qu'à craindre, les autres symptômes ne
présentant pas le même degré d'intensité, et que,
tout au moins, son cours serait d'une certaine
durée. A notre visite du soir, le malade venait de
rendre les derniers soupir.
On s'imaginera peut-être, qu'après une mort si
prompte,nous dûmes trouver, à l'ouverture du
corps,un très-grand désordre, la gangrène du
poumonou de la plèvre, ou quelqu'autre grave
altération? Eh, bien l'autopsie ne nous montra
que l'épanchementséreux abdominal qui existait
avant' l'affection mortelle, etPhépatisation du
INCERTITUDE BU PRONOSTIC
bord antérieur du lobe inférieur du poumon
droit, dans une étendue d'environ un pouce
tout le reste del'organisation était sain.
Réflexions. L'engorgement et l'endurcissement
brusque d'une si petite portion du poumon, expli-
quent bien l'absence de l'expectoration sangui-
nolente, signe caractéristique de la péripneumo-
nie, et le peu de fréquence de la toux et nous
trouvons là la source de l'erreur de diagnostic
que nous avons commise. Mais ne nous était-il
pas permis d'espérerune issue heureuse, un seul
symptôme,la douleur, ayant une grande inten-
sité ? Et aurions-nous du nous attendre à une
terminaison si prompte quand bien-même la vé-
ritable nature de l'affection eût été connue? Com-
bien ne voit-on pas de pleurésies qu'une douleur
excessive n'empêche pointd'arriver à une heu-
reuse terminaison ? Et combiend'hépatisations
complètesde l'un ou l'autre poumon avec les-
quellesla vie se prolonge jusqu'aux 8.e, p,.c io.e
jours, et même jusqu'au i4-e ? Pourquoi, dans cette
circonstance, la douleur a-t-elle été mortelle, et
l'issue malheureuse si prompte, avec une altéra-
tion si légère de la substance du poumon?Nous
pensons que cela est provenu de l'état où se
trouvait le sujet, et de sa constitution individuelle.
Cette dernière a donné à la douleur inflamma-
toire une intensité que l'on n'observe point ordi-
nairement dans l'hépatisation pulmonaire (i); et
(i) Dans cette espèce d'affection, la douleur est plus, souvent
DANS LES MALADIES AIGUËS.
c'est sans doute, parl'état de faiblesse où se
trouvait le malade, que cette douleur excessive
aépuisé rapidement
la force vitale et causé si
promptement la mort (i). Quoi qu'il en soit, un
pronostic certain, dans ce cas n'était rien moins
que facile, et l'erreur que nous avons commise
prouve évidemment la vérité de l'aphorisme que
nous commentons.
IV. Ons. Anne Bresset âgéede
quarante-cinq
ans, était, le 12 Octobre i8i3,au 8.e jour d'une
péripneumonie qui se terminait par résolution.
Le pouls était peu fréquent (go puis. par minute),
la respiration naturelle ( 24 insy. );la toux était
encore fréquente; mais l'expectoration était abon-
dante et d'un très-bon aspect le thorax n'était
pointdouloureux et résonnait bien; enfin, tout
annonçait la terminaison prochaine et heureuse
de l'affection aussi le pronostic que nous enpor-
tâmes fùt-il très-favorable. Nous étions dans la plus
grande sécurité, et la malade elle-même se livrait
à toutes les douceurs de l'espérance, lorsque le
même jour, a 9 heures du soir, elle fut prise subi-
tement, et sans cause connue, d'un frisson violent,
qui fut suivi d'une grande difficulté de respirer.
obtuse, et même, lorsque la maladie est parvenue à_sa dernière
période elle est nulle, ou du moins si peu sensible que les ma-
lades ne s'en plaignent point.
(1) C'est ainsi que surviennent ces syncopes mortelles produitespar une douleur aiguë dans des individus tiès-1'nibles. La Bibliothè-
que médicale (tome LXI, pag. 121 )en offre un frappant exemple,dans un homme qui mourut presque subitement duo coup de bâton
sur la main.
1NCERTITI:DI! DU PRONOSTIC
La toux cesse complètement l'expectorationse
supprime, et toute la nuit se passe dans une agi-
tation extrême et dans un état d'angoisse effrayant.
Le i3, au matin, npus trouvâmes la malade sur
son séaut, lecorps penché en avant, la tête ap-
puyée sur ses genoux, seule position qui rendit
larespiration possible;
les lèvres étaient livides;
la face étaitpâle et profondément altérée, le pouls
petit très-fréquent (i6o), inégal, irrégulier, in-
termittent, la dispnée extrême (60 insp. par mi-
nute) les extrémités étaient froides; on sentait
des battemens tumultueux mais faibles dans la
régiondu cœur. Nous n'eûmes
pasde
peineà
reconnaître à cessignes
une hydropéricarde huit
sangsues sur la région du cœur; plusieurs larges
synapismes sont alpliqués successivement sur di-
verses parties dit thorax tout fut inutile la ma-
ladeexpira
le soir.
Autopsie.Poumon droit, siége de la
péripneu-
monie, crépitant, quoique renfermant, dans ses
vésicules bronchiques une mucosité épaisse,
blanchâtre, qui s'en échappait par la pression;
poumon gauche sain péricarde distendu par
environ 18 à 2o onces d'une sérosité limpide et
un peu rougeâtre; quelques capillaires, rouges,
injectés, rampant ça et là sur la surface de la
séreuse; tout le reste de l'organisation sain.
Réflexions.Cette hydropéricarden'existait point
avant la nuit du 12 au i3, puisque le pouls, alors,
était régulier, égal, d'une fréquence modérée, et
quele calme le plus parfait régnait
dans larespi.
DANS LES MALADIES AIGUËS.
ration donc elle est survenue subitement dans
cette nuit funeste, et elle seule a été la cause de
la mort. Le développement si promptde cette
hydropisie n'estpas plus étonnant que ces
épan-
chemens séreux qui se forment d'une manière
subite dans les cavités cérébrales, et que ces ascites
et ces anasarques qui surviennent si brusquement
après lasuppression de la transpiration cutanée.
Mais quelle est la cause qui a donné lieu à cette
maladie mortelle ? A-t-elle été leproduit d'une
métastase, ou dutransport
du reste de l'irritation
pulmonaire sur la séreuse du cœur? Ou bien est-
elle venue compliquer essentiellement la péri-
pneumonie, par l'effet d'une causemorbifique
étrangère à cette dernière affection ? La première
opinion nous paraîtla
plus vraisemblable, d'après
la suppression brusque de l'expectoration et de
la toux, qui eut lieu en même temps que le
développement des symptômes de l'hydropéri-
carde.
Si telle a été comme nous lecroyons, la
marche de la nature dans celte observation sin-
gulière,on voit évidemment combien la maladie
premièrea été
trompeuse,et combien dans cer-
taines circonstances le pronostic des maladies
aiguesest incertain.
Concluons donc de tout ce que nous venons de
dire i.° que l'aphorisme que nous avons pris
pourtexte de ce mémoire est d'une évidente
vérité; a.0 quenous devons être
tres-circouspccts
dans les pronostics que nous avons à porter sur
WCETlTrTCDE DU PRONOSTIC
l'issue des maladies aigues; 3.° quedans les cas
les plus légers en apparence, nous devons sus-
pendrenotre décision, toutes les fois qu'un symp-
tôme suspect, quelque peu grave qu'il soit, se
développe; 4-° enfin, que,dans les circonstances
les plus alarmautes, il faut avoir confiance en
la puissance de la nature, et nepas désespérer
de laguérison.
Nous nousoccuperons,
dans un autre écrit, de
la recherche des causes qui fontque
le pronos-
tic n'est pas toujours sûr dans les maladies aigues.
Note explicative dequelques expressions em-
ployées dans ce mémoire.
Nous nous sommes servis, dans quelques-unes
de nos observations, et dans les réflexions qui les
précèdentou
quiles suivent, de
quelques mots
employés ordinairement dans un sens vague ou
mal déterminé et que nous croyons important
de définir, ce sont ceux de nature puissance
conservatrice force vitale. Mais, avant d'établir
ces définitions, nous allons présenter quelques
considérations générales propres à leur servir de
base.
Ce qui constitue l'homme, c'est l'ensemble des
organeset de ses fonctions. Supprimez un seul de
ces instrnmens de la vie; abolissez une seule des
actions intérieures qui en sont le soutient: pour
peu que cet instrument on cette action soient
imporlans, l'édifice entier s'affaiblit et chancelle,
et, s'ils sont absolument essentiels à l'existence,
DANS LES MAL&DIES AIGUËS.
la mort ne tarde pas à survenir. Telle est donc
la nature de l'homme, qu'ellese compose d'une
foule d'élémens étroitement liés les uns aux autres,
et dans une dépendance mutuelle. Mais ce n'est
pas encore là tout ce quilui
appartient.Nous
croyons,et nous aimons à croire, qu'indépen-
damment de nos organes, du principe qui les
anime, et lies actions vitales qui en sont le ré-
sultat, il existe au-dedans de nous une puissance
qui dirige les mouvemens de tputes nos parties
et maintient la merveilleuse harmonie de nos
fonctions, qui s'oppose efficacement, et plus sou-
vent qu'on ne l'imagine, à l'influence nuisible
des causes qui tendent à les troubler ou qui
dissipe ou tend sans cesse à dissiper les désordres
queces causes morbifiques y
ont introduits.
C'est en vain que M. Cortarnbert (i) veut donner
à entendreque
cettepuissance
est un être chi-
mérique auquelil ne faut
pointcroire (2); nous
sommes bien convaincus, au contraire, qu'elle a
une existence réelle, et que tout l'art de guérir
consiste à bien étudier et à bien connaître le
mécanisme de ses salutaires efforts, pour la ra-
(1) Mém. de Société méd. d'émulation pour l'année 1816, se-
condo partie, pag. 474-
(2) Cependant il croit lui-même ( id. pag. 472 ) à l'influence ex-
clusive des propriétés vitales pure abstraction qu'il considère
comme des êtres réels propriétés qui sont tellement inhérentes aux
organes qu'on ne peut les concevoir en étant séparées et qui, a
parler exactement, ne sont que ces organes eux-mêmes en action, et
exerçant les fonctions qui leur appartiennent.
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
nimerlorsqu'elle
estlanguissante,
modérer son
activitélorsqu'elle
atrop d'énergie, éloigner
les
causesqui peuvent changer
sa direction, gèncr
ses mouvemens, lui faire abandonner la voie la
plus sûre, ou bien pour la livrer à elle-même
lorsqu'elle agiteTfîcacement
(i).Si la médecine
(i) Ceci mérite uneexplication;
entendons-nous. La puissance
conservatrice, telle que nous la voyous, est simple, toujours
la même, et n'estsusceptible
d'aucunchangement
d'aucune alté-
ration. Lesorganes
et leprincipe qui les anime, qui
ne sont que
sesng ns, soiif seuls soumis à des variations, dans les fonctions
qui
leur sont attribuées parles
changemens qui peuventsurvenir dans
leur nature. Ainsi, ilspeuvent
être plus ou moins débiles et alors
les actions de la puissance conservatrice, dont ils ne sont que les
instruirons sont faibles etdans
le même rapport i
ilspeuvent posséder
eu acquérir uneénergie
vitaletrop grande
de telle sorte que cettepuissance qui ne fait
que dirigerleurs
mouvemens, exerce alors uueinfluence trop vive comme si elle
possédaitnu avait acquis elle-même une trop grande activité ou
bien, ilsse trouver dans une limite de facultés, assez
mesurée et assez juste piur quela puissance conservatrice, livrée
à elle-même, puisse agirefficacement dans les désordres qu'elle
a à dissiper: mais dans toutes les circonstances, elle demeure
étrangère a tontes ces modificationsorg.miq.ies et les mouvemens
vitaux qui y sont liés sont cuiièreinentindépendant
de son action,
Il suit de laque lorsque nous disons
qu'il faut exciier, modérer,
ou abandonner à elle-même cettepuissance
nous entendons dire,
qu'ilfaut ranimer, affaiblir, ou laisser dans l'état où ils se trou-
vent, lesorganes qui en sont les agens. Pue et inaltérable comme
l'Ame, elle est inaccessible à tontes les causes morbifiques et à l'ac-
tion de tous nos remedes et, de mêmeque,
dans les troubles de
l'intelligencenous agissons
et nous nepouvons réellement Hgir
que sur les organes qui la servent et qui sont alors frnppés d'une
plusou moins
grave altérationde même, dans les
des
fonctions organiquesnous ne pouvons que modifier les instrumen»
de lapuissance
conservatrice de muniùre à favoiieer autant ^u'il
est au pouvoir de l'art, les précieux effets de sa salutaire influence.
DANS LES MALADIES AFGTIES.
T. 1,V de la .c sir. ,cali. de Mars et Avril 1819. 13
expectante, puisée dans cette idée fondamentale
et juste, a eu ses abus, comme le dit M. Cor-
tambert, cela provient uniquement de la nature
et des erreurs del'esprit humain, qui, comme
on lé sait, abuse de tout. Telle est donc notre pro-
fession de foi nouscroyons, quoi qu'on en dise,
à la puissance conservatrice et nous neregar-
dons les organes et leurs propriétés vitales que
comme ses moyens.
Ehque nous soin mes loin de penser que notre
croyance soit gratuite lorsque nous jetons les
yeux sur lesphénomènes
de notre organisation!
Sans doute les propriétés vitales, ou plutôt les
mouvemens vitaux de nos organes, déterminent
et constituent seuls toutes nos fonctions; mais,
enfin, ces mouvemens ne sont que des effets qui
ne peuventexister simples et isolés; il faut qu'une
cause les assemble, les lie les uns aux autres,
et en forme un système régulier. Or, et les har-
monies organiques,et l'ordre admirable avec le.
quel toutes nos parties agissent et s'excitent les
unes les autres, comme à l'envi, pour une même
fin; et la simultanéité de tant d'actions vitales,
qui puisentleur existence dans leurs rapports
réciproques,annoncent assez une puissance cen-
trale, une puissance unique,à
laquelle tout se
rapporte, d'où tout émane, etqui dirige pour
un but unique, la vie, tous les mille ressorts
de notre organisationsi compliquée. Que si cet
être merveilleux, dont l'essence nous est inconnue,
parce quenos sens ne sont pas en rapport avec
INCERTITUDE nu PBONOSTiC
sa nature, qui n'est sensible que par ses effets
et que nous appelons puissance, parce que le
pouvoir est son attribut; que si cet ètre, dis-je,
n'est pas assez évident dans l'étatphysiologique,
parce
queuous venons de dire, de quelle vive
lumière ne brille-t-il pas lorsqu'on le considère
dans l'étatpathologique?
Sont-ce lespropriétés vitales seules, et indé-
pendammentde toute influence supérieure, qui
déterminent une hémorragie nasale salutaire, lors-
qu'un engorgement cérébral menace d'éteindre
pour toujoursle
foyerde la
vie? Après une trans-
piration suppriméele
poumon s'enflamme, s'en-
gorge le malade oppressé,est
prèsde mourir
dans les angoissesd'une suffocation imminente
l'homme de l'art désespère et prononce l'arrêt de
mort, lorsque tout à coup une sueur abondante et
critiqueramène l'ordre et le calme dans la
respi-
ration troublée, dissipe en un moment la scène
la plus orageuse, et le malade est sauvé sont-
ce les propriétés vitales seule» qui ontdéveloppé
cet heureux phénomène? Qui est-ce qui rétablit
un flux hémorroïdalsupprimé, et prévient ainsi
une apoplexie foudroyante ou l'engorgement de
quelqueviscère abdominal ? Qui est-ce qui fait
cesser subitement une foule de désordres, tant
moraux que physiques, par le rétablissement de
l'évacuation menstruelle, suspendue dans son
cours, si non cette puissance^onservatrice placée
an dedans de nous pour veiller sans cesse à notre
conservation? Par quel mécanisme autre que celui
DANS LES MALADIES AIGUËS.
qui émane de cettepuissance,
un abcès critique
débarrasse-t-il le cerveau, le poumon, le foie, etc.,
d'une congestion qui, sans cela, aurait été funeste?
Et comment, sans le secours de son influence, la
peau pourrait-elle s'enflammer, s'amincir, et s'ou-
vrir au lieu même quidoit donner issue à la ma-
tière purulente? L'accumulation de la graisse dans
le tissu cellulaire, qui, selon nous, n'est qu'une
espèce de dépôt critiqued'une nourriture sura-
bondante, n'est-elle pas manifestement l'effet de
laprévoyance
de cet être mystérieux qui dirige
les fonctions de nos organes de la manière la
plusconvenable?
Sont-ce ces organes, le principe qui les anime,
instrumens aveugles évidemment subordonnés à
l'influence d'un agent supérieur qui les gouverne,
ou lespropriétés vitales, êtres purement abstraits,
n'ayant point d'existence réelle, et n'étant, à pro-
prement parler, que les actions de ces organes
ou de ce principe, qui dirigent seuls et poussent
au dehors les corps étrangers introduits dans
notre organisation; qui font cicatriser les plaies
d'une manière si exacte et si régulière; qui dila-
tent, par un mécanisme essentiellement vital,
les artères collatérales dans un anévrisme; qui,
ne se fiant point à une cicatrisationpeu solide,
à cause des efforts constans du sang, préviennent
une hémorragie funeste dans les blessures des
artères, en oblitérant le vaisseau ouvert et en
le convertissant en un cordon ligamentiforme jus-
qu'à l'originedes rameaux supérieurs; qui, pour
IXCKRTITUriE DO PRONOSTIC
conserver, autant qu est possible, la solidité des
membres et la liberté de leurs mouvemens, dans
les luxations irréductibles, développent autour
des extrémités déplacées et de leurs nouveaux
points d'appui de véritables capsules ligamen-
teuses analoguesà celles qu'elles ont perdues; qui
produisentune membrane muqueuse dans les
trajets fistuleux, pour garantirles
parties sous-
jacentes d'uneimpression trop irritante; qui font
soulever l'estomac à l'odeur, à la vue même d'une
substance nuisible; qui déterminent les contrac-
tions de cet organe, de tous les intestins, de la
plupartdes muscles abdominaux et thorachiques,
aprèsl'introduction des
poisons dans les voies
digestives; qui, dans la dysenterie, contractent
précisémentl'extrémité supérieure de l'intestin
enflammé pour qu'aucune matière irritante ne
vienne augmenterla
phelgraasie et qui la relâ-
chent lorsque celle-ci est terminée (i)? Qui ne
reconnaîtrait dans tous ces phénomènes, l'in-
fluence d'une cause intelligente, bien au-dessus
delà matière organisée et (le tontes ses propriétés?
Sont-ce ces mêmes propriétés, pour parler le
langage ordiuaire, qui développent seules, dans
les différentes cavités et dans les différensorganes,
ces kystes salutaires seule défense qu'ils puis-
sent opposeraux substances diverses que ces
poches contiennent qui déterminent une in-
(i) Voilà pourquoi la diarrhée est un signe favorable dans cette
affection parait, c'est une preuve que l'inflammation
se dissipe.
H\IfS LES MALADIES AICTJ1ÎS.
flammation autour d'une partie gangrenée, pourla séparer des parties saines et délivrer ainsi le
reste de l'organisation d'un corps devenu étranger
et nuisible; qui, par une darrbée salutaire," ou
par un heureux flux d'urines, dissipent en quel-
ques jours et même enquelques heures, comme
nous en avons vu un exemple, une ascite contre
laquelle tous les moyens (le l'art ont échoué? Les
actions vitales qui,dans la grossesse, produisent
le développemcn t de l'utérus, s'arrêtent-elles d'elles
mêmes précisément au neuvième mois; et l'ex-
pulsiondu foetus leur appartient-elle exclusive-
ment, et n'est-elle point provoquée par une cause
supérieure qui les dirige? Qui ne verrait, dans
cet admirable phénomène, l'influence d'une intel-
ligence plus admirable encore, qui veille là à
la conservation de l'espèce, comme ailleurs elle
protège l'individu? 2
Dans les cas les plus graves et les plus déses-
pérés, dans les angoisses même de l'agonie elle
fait mille efforts pour vaincre lacause
funeste qui
l'opprime.La
fréquence de larespiration qu'elle
détermine pour remédier, autant qu'il est eïi son
pouvoir,aux effets de la lésion de cette impor-
tante fonction; la précipitationdes mouvemens
du cœur, dont elle accélère les contractionspour
suppléer à la force qui leur manque; les selles
colliquatives les sueurs froides, qui sont des
crises réelles, mais impuissantes,tout annonce la
résistance quela
puissanceconservatrice
oppose
à un désordre au-dessus de ses moyens, et les
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
violens efforts qu'ellefait
pour prolonger une vie
prêteà s'éteindre. Et dans les cas dont l'issue
est heureure, croit-on qu'elle n'exerce aucun em-
pire,et que son action doive être comptée pour
rien? Tant d'irritations pulmonaires, gastriques,
intestinales, utérines, etc. etc., auxquelles nous
n'opposons quede
simplesboissons
aqueuses,et
qui pourtant disparoissent plus ou moins promp-
tement se dissipent-elles sans son secours? Et
même peut-on croire de bonne foi, qu'elle soit
étrangèreà tous les succès que nous obtenons
dans nos traitemens les plus actifs (i)? Nous som-
mes loin sans doute de nier la nécessité et la
précieuse utilité des secours de l'art dans une
foule de circonstances; mais aussi, osons le dire,
combien d'éclatantes guérisons lui attrihuons-
nous, qui n'appartiennent réellement qu'à la
puissance conservatrice! (2). Mais, nous dira-t-
on, tous les phénomènes quevous venez d'ex-
poser,et que vous
rapportez _à l'influence d'une
puissance particulière, ne sontque
les résultats
des lois de l'organisation vitale, lois éternelles,
lois immuables, qui s'exercent au moment mémo
(1) Peut-être, au contraire, c'est elle qui détermine toutes DOS
guérisons et que nos médicamens ne font que modifier ou pré-
parer les organes, ses instruirions du la manière la plus conve-
nable pour qu'elle puisse toute son influence.
(2) Ce n'est point ici le lieu d'examiner il fond toute l'influence
de cette puissance; nous ne finirions jamais, si nous voulions en
tous les iracle~. Il o.s s.Ifir d'a,oi, s.nénnmérer tous les miracles, 11 nous suffit d'avoir démontré son
existence par queli]ues-uns de ses merveilleux effets et d'avoir
prouvé que noue croyance repose sur des basesussez solides.
DANS LES MALADIES AIGUËS.
où cette organisation s'établit. Nous répondrons,
à notre tour, que cette manière de considérer
ces lois, en les isolant de la cause qui les dé-
termine et en maintient l'exercice est une pure
abstraction queces mots loh vitales ont été
imaginés par.l'esprithumain
pour exprimerla
régularitédes
phénomènesde la vie réduits en
principes généraux que ces phénomènes sont les
effets d'une cause sans cesse agissante pour la
conservation de l'individu; et qu'en dernière ana-
lyse, les lois vitales dépendent immédiatement
de cette cause, et ne peuvent en êtreséparées,
comme les lois astronomiques ne sont que les
effets de lapuissance appelée attraction qui régit
notresystème planétaire,
comme les institutions
sociales ne sontque
le résultat de la volonté de
ceuxqui gouvernent
les actions des peuples, et
les soumettent à un certain ordre et à une in-
dispensable uniformité. Or, c'est cette cause, qui
dirige les phénomènes de notre organisation
que nous appelons puissance conservatrice. Mais
quelleest la nature de cette
incompréhensible
puissance?Où réside-telle? Quels sont ses
rap-
portsavec les
organeset le
principe qui en dé-
termine les fonctions?. Nous n'arriverons jamaisà de si profonds mystères Semblable à la su-
prême intelligence, dont elle émane, elle ne se
manifeste à nosyeux que par ses bienfaits.
O combien lesystème organique
del'homme,
considéré sous l'influencesalutaire d'une puissance
conservatrice, s'anime et s'embellit auxyeux de
INCERTITUDE DU PRONOSTIC
l'observateur, et que son étude devient attrayante
et sublime! Dequel
éclat brillent ses merveilleux
phénomènes,sous
l'empire d'une intelligencein-
térieure qui en dirige le cours! Ce ne sont plus
des mouvemensautomatiques
et sans but évident,
développés par je ne sais quelles influences vagues
qu'on nomme lois, expression plus vague encore»
ou parun aveugle fatalisme; c'est un merveilleux
enchaînement de causes et d'effets, une admirable
harmonie d'actions et de réactions qui, régies
par cette intelligence prévoyanteconcourent
toutes à l'entretient et à la conservation de la vie.
Quelle douce satisfaction, etquelle
assurance
le médecin lui-même ne puise-t-il pas dans
l'idée qu'une puissance intérieure le seconde de
tous ses moyens,et concourt avec lui au salut
des malades! Que de vives lumières peuvent re.
jaillir sur lapratique
de l'art, de l'observation
attentive desphénomènes salutaires produits par
cette puissance! Que d'espérances à concevoir,
quede consolations à donner, même dans les cas
les plus gravesA la vérité ces espérances se
trouvent souvent déçues; dansbeaucoup de cir-
constances,l puissance conservatrice nedéveloppe
que d'inutiles efforts, et l'organisation succombe
malgré toute son influence. Doit- on inférer de
là qu'elle n'existe point? Non, sans doute; mais
seulement en conclure que l'Eternel dans ses
profonds desseins, l'a renfermée, comme notre
vie, dans certaines bornes qu'elle nepeut franchir,
et qu'il ne lui est pas donné deréparer
detrop
DANS LFS MALADIES AIGUËS.
m~a. a~grands désordres, et de nous rendre immortels.
D'après toutes ces considérations, nous appelons
nature, dans l'homme l'ensemble de ses organes
et de ses fonctions et puissance conservatrice
cet être inconnu qui les dirige, qui en maintient
le libre exercice., et qui dissipe ou tend sans
cesse àdissiper les désordres qui peuvent y sur-
venir. Le principe qui anime les organes,le
prin-
cipe de la vie, la force vitale, le-principe qui
émane du système nerveux, et qui, à cause de
cela, est appelé par quelques-uns puissance ner-
veuse, n'est, selon nous, que son agent.
Observation tendant à prouver F existence du fluide
magnétique; par M..Ferrier docteur en méde-
cine, chirurgien en chef de thôpital d'Arles.
Les membres de l'Académie des Sciences, chargés
de faire l'examen du magnétisme animal, disent
dans leur rapport (faità l'Académie, leSeptembre
1 78/1) « L'homme a le pouvoir d'agir sur son sem-
blable, d'ébranler le système de ses nerfs, et de
lui imprimer des convulsions; mais cette action
ne peut point êtrere gardée comme physique; nous
nevoyons pas qu'elle dépende
d'un fluide com-
muniquéelle est entièrement morale c'est celle
de l'imagination surl'imagination
».
Je me suis pi à rapporter textuellement le
sentiment de MM. les commissaires parce que
leuropinion
fait encore loiparmi
nous.Cepen-
dant, j'ai eu occasion de faire une expérience qui
sembleprouver qu'un autre agent que l'imagi-
EXISTENCE
nationpeut,quelquesfois, provoquer
des convul-
sions sur un individu, lorsqu'ilse trouve placé
dans lasphère d'activité d'un antre qui veut
agir sur lui. Voici les circonstances qui m'ame-
nèrent à la faire.
Fétroni'Is Légier, jouissant d'nneparfaite santé,
se maria en i8o8 étantâgée
de 18 ans. Avant
sa première grossesse, elle n'avait éprouvé aucune
affection nerveuse; mais, devenue enceinte, elle
essuya des convulsions avec perte de connaissance.
L'accès cessa au bout de quelques heures; mais,
il revint tous les deux ou trois jours, jusqu'à l'ac-
couchement. Devenue grosse une deuxième fois,
nouveaux mouvemens convulsifs. Ces accidens
revinrent enfin, sans grossesse,en 181 1 pendant
le cours d'une maladie aiguë.Cette fois ils durèrent
quatre mois.
Le 1. « Mars 1819, àla suite d'un violent accès
de colère, mouvemens convulsifs du tronc et des
extrémités; perte de connaissance, trimus. Cet
état dura tout le jour, et ne cessa que dans la
nuit suivante. Le lendemain je la trouvai se
plaignant d'une vive douleur à l'épigastre; elle
nepouvait ingérer le moindre aliment, même
liquide sans le vomir. Elle était couchée sur
un pliant, vêtue d'un corset à manches, les bras
placésau dessus des couvertures et
négligem-
ment étendus. L'histoire pathologique de cette
malade, que je connaissais parfaitement,et le
nouvel accès qu'ellevenait
d'essuyer,me firent
juger qu'eue devait être dans un état de sensi-
DU FLUIDE MAGNÉTIQUE
bilité excessive. Je voulus essayer si elle serait
sensible aux procédés magnétiquesdont son atti-
tude favorisait l'application. Je la magnétisai, en
effet, en passant chacune de mes mainsdepuis
lesépaules jusqu'aux pouces.
A la troisième passe
elle éprouva une convulsion. Voici encore le mal,
me dit cette femme. Un instant après, je sortis pour
prierM. Jouve, pharmacien, de venir avec moi et
de me dire son sentiment sur ce qu'il observerait
chez lamalade où j'allais le mener. De retour auprès
d'elle, je la magnétisai encore, et, à la troisième
passe, j'observai de nouveaux mouvemens convul-
sifs. Dès lors je commençai à croire queMM. de
l'Académie pouvaient fort bien s'être trompés en
attribuant, à l'imagination, les phénomènes pro-
duits par les procédés magnétiques car, la malade
avait l'air, pendant que je la magnétisais, de
prendre mes passades pour des démonstrations
de familiarité, plutôt que pour des signes qui
devaientfrapper sou esprit.
Le lendemain, voulant éclaircir mes doutes,
je demandai à cette femme comment elle s'était
trouvée de ce que je lui avais fait la veille. Que
m'avez-vous fait? me dit-elle. Je vous ai fait venir
les convulsions. Quoi, vous? C'est qu'elles devaient
venir. Voudriez vous me faire croire qu'en me
passantles mains le long des bras, vous m'avez
procuréces mouvemens? C'était pourtant bien
moi quiles avais
provoqués et si vous le voulez,
je les ferai revenir encore. Ceci, par exemple,
serait bien singulier. Hé bien! voilà mes bras,
EXISTENCE
faites revenir les mrmes moiivemens. Je fis six
passes, et les convulsions reparurent. Je commen-
cerais à croire, dit la malade que vous avez dit
la vérité; mais retournez demain, et nous ferons
un nouvel essai. Si vous me remettez dans cet
état, j'avouerai quevous avez raison. Je ne man-
quai point de me rendre, le jour d'après, au
près de la malade. J'étais assisté, cette fois ci,
de M. Rolland, chirurgien interne de l'hospice.
J'eus le même résultat après dix passes. Cette
femme ne pouvait revenir de sa surprise.
La réunion de toutes ces circonstances, me
prouvait bien que l'imagination n'entrait pour
rien dans les convulsions que je venais de produire,
mais je n'avais pas encore dégagé les sympathies
duproblème.
Il était possible que les frictions
sur les bras, toutes douces qu'elles étaient, eussent
élevé une excitation cutanée qui se serait répétée
surd'àiitres parties Pour éclaircir tous mes doutes,
je devais magnétiser à distances, sans que la ma-
lade s'en aperçut. Je saisis, dans cette intention
le moment où la malade, toujours couchée, était
occupéeà parler à une de ses amies; je me plaçai
au chevet de son lit, et, tendant vivement k-s
bras, je les dirigeai à un pouce de distance du
sincipnt; deux minutes de cette attitude, avec
une forte volonté d'agir, suffirent pour amener
des mouvemens convulsifs.
Dèsce moment, je ne méditai plus que sur les
moyens de répéter mes expériences devant des
personnes qui pussent en apprécier les résultats,
DU FLUIDE MAGNÉTIQUE.
et les réduire à leur juste valeur. L'occasion sen
présenta bientôt.
Des circonstances malheureuses amenèrent M.me
Légier à l'hôpital. MM. les administrateurs, de
l'hospice, devinrent alors les témoins et les jugesnaturels de mes expériences(i). J'exposai mes vues
à ces Messieurs qui, en faveur de l'avancement
de la science, me promirent d'assister à mesessais,
pourvu que la malade voulût bien s'y prêter.
Nous convîmmes, i.° de diviser nos épreuves en
plusieurs séances, pour nepas fatiguer la ma-
lade a." que les époques, seraient irrégulières
et éloignées de trois jours, au moins, pour que
la supposition de l'habitude ne fùt pour rien dans
nos observations; 3° que la malade aurait les
yeux couverts d'un bandeautrès-épais et que
l'administration indiquerait par signes, les dif-
férentescathégories; 4.° qu'avant
la séance, la
malade et moi devions ignorer ce qu'on se pro-
posaitde nous faire exécuter, pour qu'aucune
connivence ne pût avoir lieu entre nous deux.
Première séance. D'accord sur ces divers points,
on fait venir la malade dans une chambre par-
ticulière où se trouvait l'administration. Je lui
couvre les yeux avec beaucoup de soin et me
mets en rapporten lui
appliquant mes mains sur
les épaules, et en les portant, ensuite, sur les
pouces que je tins un peu pressés pendant quel-
( 1) L'udministratinn est composée d'iioninjes qui ont rem[;ti les
premières places administratives de la ville; ce sont des avocats,
des médecins et dés notaires.
EX1STF.KCK
que temps. Magnétisezde suite me dit -on, à
haute voix; mais, en même temps, par un signe,
on me donne ordre de me retirer doucement.
Je restai éloigné de la malade pendant douze
minutes. Ce temps écoulé on lui demande ce
qu'elle éprouve? Rien, dit-elle, pas plus quesi
on ne me magnétisait pas.
Par un nouveausigne
on m'invite à m'avancer
sans bruit et à magnétiser. Ayantalors une in-
tention bien prononcée d'agir sur la malade, je
porteles bras et les mains dans une forte exten-
sion, et tenant les extrémités de mes doigts. à
deuxpouces
de son front, je les descendis le long
duvisage,
de lapoitrine,
du bas-ventre et des
cuisses pourm'arrêter aux genoux et recom-
mencer mes passesdans le même ordre. A la
quatrième passe, nous eûmes des mouvemens
convulsifs, et la malade se plaignit de douleur à
l'épigastre,avec difficulté de respirer.
Nous n'en
demandions pas davantage je découvris lesyeux
de la malade, et la séance finit là.
Deuxièmè séance. Nous nous rendîmes dans
le même lieu que la première fois. La malade
ayant, de nouveau, les yeux couverts d'un ban-
deau, je me mets en rapport. Continuez àmag-
nétiser, me dit-on, mais, en même temps, par un
signe,on me fait retirer doucement. Point de mou-
vemens convulsifs. Au bout de huit minutes, on
me fait signed'avancer sans bruit, et de magné-
tiser. Mouvemens convulsifs des extrémités supé-
rieures. Un nouveau signe m'ayantfait retirer,
nu FLUIDE MAGNÉTIQUE.
les mouvcmcns convulsifs cessent. Jls reviennent,
lorsqu'on me fait magnétiser une deuxième fois.
Troisième séance. Mêmes opérations même ré-
sultat que dans la seconde.
Quatrième séance. Dans les autres séances, on
avait trompé la malade en m'ordonnant demag-
nétiser, et en me faisant retirer par un signe.
Dans celle-ci, on m'ordonnna verbalement de mag-
nétiser, et, en même temps par un signe, on me
fitmagnétiser réellement. Les mouvemens con-
vulsifs curent lieu. Je me retirai ils cessèrent.
Revenu une deuxième fois, je les fisreparaître
encore.
La femme Légier, lors de son entrée à l'hôpi-
tal, ne pouvait rien avaler sans vomir; elle éprou-
vait, à des périodes irrégulières, des accès de spasme
quiduraient plusieurs heures entières; mais les
soins qui lui furent administrés par le médecin
de service, réussirent si bien, qu'elle fut en état
de sortir vingt-deux jours après son entrée: seu-
lement, devait-elle continuer l'usage des bains
tièdes jusqu'à parfaitrétablissement.
Vingt-quatre jours s'étaient écoulés, depuis sa
sortie de l'hospice, lorsque je pensai devoir essayer
si l'influence, sur cette femme, du stimulus mag-
nétique ne serait point émousséepar l'effet des
bains et du temps. Sachant, par expérience, que
plus la sensibilité s'approche de l'état normal
moins les procédés magnétiques ont de prises;
j'imaginai que les phénomènes maladifsayant
cessé, je ne devais point produire d'effet, si je
EXI.TEKCB
magnétisaisencore. Je me trompai dans mon
calcul. Mais, nous fûmes, cette fois, dix minutes
pour'obtenir des mouvemens convulsifs; temps
exessr'ementlong, relativement aux autres séan-
ces, dans lesquelles les mouvemens arrivaient,
tout au plus, après trois minutes d'essais.
Cinquième séance. J'avais été prierla femme
Légier de nous accorder une séance. Elle avait
bien voulu y consentir. Je lui couvris les yeux,
sans me mettre enrapport; on me dit de me re-
tirer, et de ne plus retourner, jusqu'à ceque
l'on
m'appelât. Je me retirai, en effet, enparlant
àà
haute voix, pour quela malade pût juger de mon
éloignement réel; mais, je revins de suite sans
bruit, et je magnétisai. Au bout de trois minutes,
on demanda à la malade si elle ne sentait rien?
Rien de mal, dit-elle, mais je me sens un peu
agitée de ce que je suis venue vite de la maison.
Quelque temps après, mon Dieu ! s'écrie- 1 -elle,
cette agitation augmente; cela semble fait exprès,
depuis vingt-quatre jours je n'avais rien éprouvé,
et je me sens toujours plus fatiguée de ce que je suis
venue avec empressement. Voilà la douleur d'es-
tomac qui arrive, elle est aussi forte que quand
on me magnétisait. Dès lors, nous remarquâmes
des mouvemens convulsifs dans les bras. Je cessai,
de suite, de magnétiser, et j'enlevai le bandeau
à la malade qui fut fortsurprise
de me voir si près
d'elle.
Que l'on cherche à présent quelle est la cause
qui donnait des convulsions à la Dame Légier
DU FLUIDE MAGNETIQUE.
T. IV de la 2* sir., cah. de Mars et Avrili 819. \!y4
toutes les foisque je la magnétisais. Dans l'état
actuel de la science, je ne puisassurer qu'une
chose eu égardà ce qui vient d'être exposé
c'est que l'origine n'en doit être attribuée, ni à
l'imagination,ni aux
sympathies (ij. J.
Notice sur les glandes surrénales par M. J.-M.
Caillau, suivie d'un discours prononcé sur le
même sujet, par Montesquieu.
Les travaux des anatomistes anciens et moder-
nes sont immenses. 11 n'est point de fibrile du
corpshumain
qu'ils n'ayent examinée avec une
attentionqui
fait honneur, je ne dispas
à leur
génie, car il n'en faut pas pour ces sortes d'é-
tudes, mais à leur patience vraiment infatigable.
Malgré toute cette application, les anatomistes
n'ont pu découvrirl'usage
des glandes rénales
ou surrénales, qu'on appelleaussi reins succen-
turiaux, ou capsules atrabilaires. Nous ne sommes
pas plus avancés aujourd'hui, sur les glandes dont
il est ici question, que du temps du fameux Eus-
tache qui, selon Bordeu, en a parlé le premier.
Nous nous accordons seulement à dire, qu'elles
sont situées vers l'extrémité supérieuredu rein;
qu'elles sont entourées de graisse, très-irrégulières
dans leur volume, leur figureet leur couleur; et
qu'elles ont une petite cavité remplie d'un liquide
(l) Si quelqu'un désirait avoir*, de la part de Messieurs ]ei
administrateurs eux-mêmes quelques éclaircissemens sur le détail
des séances je le prie d'écrire à l'administration des hospice*
qui se fera un plaisir de donner tcus les renseignemens qu'on
pourrait demander.
GLiSCES SURRÉNALES.
visqueux, d'une couleur rougeâtre brune ou
jaunâtre, queles anciens appelaient atrabile.
On sait aussi qu'eues sont, dans le fœtus, beau-
coup plus grosses que dans les adultes; on les
a trouvées plus grosses que les reins eux-mêmes;
elles diminuent àproportion qu'on avance en
âge;elles se flétrissent et
perdentsouvent leur
figure quiest ordinairement
triangulairedans
les jeunes sujets; leurs vaisseaux viennent: i.°
quant aux artères,, des phréniques, de l'aorte et
des rénales; 2.0 quant aux veines, de la veine-
cave, et de la rénale pour lacapsule gauche; et
leurs nerfs des plexus rénaux.
Il serait trop aisé de présenter ici les diverses
opinions des auteurs surl'usage qu'ils ont attribué
aux glandessurrénales. J'en parlerai brièvement,
parce que, depuis long-temps, on a apprécié leur
juste valeur les conjectures plus ou moins ingé-
nieuses de Sylvius de le Boë, grand amateur de
ferment de Ker-Kringius qui ne les aimait pas
moins, quoiqu'ils ne fussent pas de son invention;
et de Vanhelmontqui
avait aussi, à cet égard,sa
théorieparticulière. Bordeu, en citant ce médecin
chimiste, dans ses excellentes recherches anato-
miques sur les glandes, nous dit « cet enthou-
siaste plein de génie., comme il en faudrait un
chaquesiècle
pour tenir en haleine les scholas-
tiques,voulait que les glandes, dont nous parlons,
séparassentun
lithontriptique quePArchée savait
ménager pour s'opposerà la formation des pierres
dans les reins ».
GLANDES SURMïSALES.
Lientaud prétend que la nature a fait les cap-
sules atrabilaires pour la séparationd'une liqueur
âcre pénétrante, et très-propreà empêcher
les
concrétions dans la veine-cave, dont la grosseur
semble la soustraire à lapression
des parties
voisines.
Cette opinion, sur l'usage des capsules atrabi-
laires, a beaucoup de rapport avec celle de
Boërhaave, qui a dit que les glandes surrénales
avaient été placées auprès des reins pour réparer,
dans le sang quirevient de ces
organesla fluidité
quelui donnait la grande quantité de
sucsqu'il
a perdus pour la sécrétion de l'urine. Duverney,
l'un des plus grands anatomistes que la France ait
possédé, a aussi examiné les capsules atrabilaires,
et il a parlé d'une artérioleque Valsalva aurait
pu prendre pourun conduit excrétoire.
Le célèbre Bordeu, dans ses belles recherches
anatomiques quenous avons déja cité n'a
pas
oublié de dire un mot des reins succenturiaux. Il
déclare, avec son génie ordinaire, que cesglandes
méritent quelque attention qu'elles sont très-
grossesdans le fœtus, qu'elles diminuent
aprèsla
naissance, et il examine, ensuite, si c'estpar
la
compressiondes parties voisines que cette dimi-
nution a lieu. Je crois que cela ne peut point être,
et qu'il vaut mieux penser que les glandes surré-
nales viennent à se flétrir, parce que, comme il
arrive au thymus,elles ne reçoivent plus de
sang.
Le célèbre Bicliat,à à qui l'anatomie et laphy-
siologie doivent des vues si profondes, n'a rien
GLANDES SURRÉKALFS.
dit, d'ailleurs, sur les reins succenturiauxaprès
en avoir donné unedescription très-exacte. Il
ajoute on peut reprocher àquelques
anatomistes
du siècle dernier, de s'être montrés trop impatiens
du doute qui règne sur les fonctions des capsules
surrénales, au point d'avoir imaginé des faits pour
appuyerleur opinion hypothétique à cet égard.
On ne connaît, en effet, aucune vraie destinée à
transmettre à quelqu'autre organe le fluide descap-
sules, dont les prétendus conduits excréteurs ont
échappé aux recherches de beaucoup d'hommes
exempts de prévention. Au reste, si l'on veut
reconnaître que ce fluide joue un rôle important
dans l'économie du fœtus rienn'empêche
d'ad-
mettre qu'il est porté dans le système circulatoire
parles vaisseaux absorbans.
Le docteur Broussais dont la doctrine se
fera jour à travers tous les obstaclesque
de
puissansadversaires lui opposent, et
quicontri-
buera, très-certainement, aux véritablesprogrès
de la médecine-pratique; le docteur Broussais,
pense que les glandes surrénales sont des organes
dérivateurs, c'est-à-direqu'elles reçoivent le sang,
qui surchargeraitles reins. Il
appuie cette opinion
de ce que les viscères qui sommeillent dans le
fœtus, ont dans leur voisinage de semblables
organestel le thymus, pour Je poumon, et la
thyroïde pourle cerveau.
On voit avec étonnementque la plupart des
anatomistes qui, depuis cent ans, ontsurchargé
nos bibliothèques debeaucoup de livres inutiles,
GLANDES SUKRÉtfALES.
se sont presque tous copiés. les uns les autres,
sans aucunepudeur,
et sans rien faire pourla
science. J'aime encore mieux une hypothèse
qu'une compilation. C'est une vraie pitié de voir
une aussi grande quantité de moutons de Panurge,
pour un bien petit nombre d'esprits originaux
qui pensent d'après eux-mêmes et quifont penser
le lecteur ce qui est un grand avantage.
Il n'est pas jusqu'au célèbre M. Boyer, si riche
d'ailleurs de son propre fonds quin'ait suivi
les traces dequelques
anatomistes qui l'avaient
précédé. Dans son traité d'anatomie à l'article
des glandes surrénales, on acquiert le preuve
qu'il aemprunte deux pages entières d'un ana-
tomiste plus savant que lui, je veux dire Sabatier.
M. Boyer a seulementsupprimé
les réflexions
intéressantesqui
ornentl'ouvrage
de son illustre
prédécesseur et qui le rendent siagréable
à
lire, cequi, assurément, est un
grand pointdans
quelque genre que l'on écrive.
L'ancienne Académie des Sciences de Bordeaux,
proposa en i^iG,pour sujet d'un prix, la question
suivante
Quelest l'usage des
glandes surrénales?
Le programme renfermait, à cetégard, des
détails dont il est inutile deparler
ici. Aucun mé-
moire neremporta
le prix, et dans la séance pu-
bliquedu 25 Août 1718, l'auteur de l'Esprit des
Lois, qui, à cette époque, n'était âgé que de29
ans, fut chargé, parla compagnie,de
prononcer le
discours suivant, quilui
appartient tout en entier.
GLAÎfnES SURRÉNALES.
Ce n'est autre chose qu'un rapportsur lesouvrages
envoyés au concours; mais, Montesquieu, sans être
anatomiste, y parle cependant d'anatomie, comme e
Winslow et Sabatier auraient pu le faire dans la
même circonstance;tant ilestvrai que les hommes
de génie, quelque sujet qu'ils traitent, trouvent
dans les ressources de leur esprit, et dans la
flexibilité de leur talent, les moyensde vaincre ces
obstacles insurmontablespour les hommes mé-
diocres. Vous admirerez MM., dans cet opuscule,
ce style rapide et concis, ce talent de peindreavec peu de traits, sans
prodiguer ces couleurs,
ces réflexions toujours justes et toujours courtes,
qui naissent sans effort, comme d'elles-mêmes, et
cet heureux art d'enfermer dans un ouvrage quel
qu'il soit, moins de motsque
de sens qualités
précieuseset rares qui distinguent
si bien l'au-
teur de l'Esprit des lois, et des Considérations sur
les causes de la grandeur et de la décadence
des Romains. Heureuses les sociétés savantes,
lorsqu'elles ont de pareils secrétaires pour iuter-
prêtesmais il est
temps de le laisser parler
lui-même. Qui n'aimerait à lui céder la parole?a
Discours sur l'usage des glandes rénales prononcé
par Montesquieu,clans la
séance publique dit
25 Août 1718.
On a dit ingénieusement que les recherches
anatomiquestout une hymne merveilleuse à la
louangedu Créateur. C'est en vain que le libertin
voudrait révoquer en doute une Divinitéqu'il
GLATTDnS SURRENALES.
1 1
craint, est lui-même la plusforte preuve de
son existence; il ne peut faire la moindre attention
sur son individu qui ne soit un argument qui
l'afflige: Hœret luteri lethalis arundo,
Laplupart
des choses neparaissent
extraordi-
naires,que parce qu'elles ne sont pas connues;
le merveilleux tombe presque toujours à mesure
qu'on s'en approche. On a pitié de soi-même; on
a honte d'avoir admiré. Il n'en est pas de même
du corps humain :1c philosophe s'étonne, et trouve
l'immense grandeur de Dieu, dans l'action d'un
muscle comme dans le débrouillement du chaos. s.
Lorsqu'on étudie lecorps humain, et qu'on se
rend familières les lois immuablesqui s'observent
dans ce petit empire; quand on considère ce
nombre infiui de parties qui travaillent toutes
pourle bien commun ces esprits animaux si
impérieux et si obéissans, ces mouvemens si
soumis etquelquefois
si libres, cette volonté qui
commande en reine etqui
obéit en esclave, ces
périodessi
réglées,cette machine si
simpledans
son action et si compliquée dans ses ressorts
cette réparationcontinuelle de force et de vie,
ce merveilleux de la reproduction et de lagéné-
ration, toujours de nouveaux secours à de nou-
veaux besoins quelles grandes idées desagesse
et d'économie
Dans ce nombre prodigieux de parties de
veines, d'artères, de vaisseauxlymphatiques, de
cartilages,de tendons, de muscles, de glandes,
on ne saurait croire qu'il y ait rien d'inutile ¡
GLANDES SURRÉNALES.
tout concourt pour le bien du sujet anime; et
s'il y a quelque partie dont nous ignorions l'usage, t
nous devons avec une noble inquiétude chercher
à le découvrir.
C'est cequi
avaitporté l'Académie à choisir
pour sujet l'usage desglandes
rénales oucapsules
atrabilaires, et àencourager
les savans à travailler
sur une matière qui malgré les recherches de
tant d'auteurs, était encore toute neuve, et sem-
blait avoir été jusqu'ici plutôt l'objet de leur
désespoir que de leurs connaissances.
Je ne ferai pointici une
description exacte
de ces glandes,à moins de dire ce que
tant
d'autres ont déjà dit tout le monde sait qu'ellessont placées
unpeu au-dessus des reins entre
lesémulgentes et les troncs de la veine-cave et de
la grande artère. Si l'on veut voir des gens bien
peu d'accord on n'a qu'à lire les auteurs qui
ont traité de leur usage elles ont produit une
diversité d'opinions qui est un argument pres-
que certain de leur fausseté dans cette confu-
sion, chacun avait sa langue, et l'ouvrage resta
imparfait.
Les premiers qui en ont parlé les ont faites
d'une condition bien subalterne; et, sans leur
vouloir permettre aucun rôle dans l'économie
animale ils ont cru qu'elles ne servaient qu'à â
appuyerdifférentes parties circonvoisines. Les
uns ont pensé qu'elles avaient été mises là pour
soutenir le ventricule, qui aurait trop porté sur
les émulgentes; d'autres, pour affermir le plexus
GtiWDES STJRRlïHALES.
nerveux qui les touche préjugés échappés des
Anciens, qui ignoraient l'usage des glandes.
Car, si elles ne servaient qu'à cet usage,à quoi
bon cette structure admirable dont elles sont for-
mées ? Ne suffirait-il pas qu'elles fussent comme
une espèce de masse informe, ruais indigestaque
moles? Serait-ce comme dans l'architecture, où
l'art enrichit les pilastres même et les colonnes?
Gaspard Bartholin est le premier qui,leur
ôtant une fonction si basse, les a rendues plus
dignes de l'attention des savans. Il croit qu'une
humeur, qu'il appelle atrabile, est conservée dans
leur cavité pensée affligeante, qui met dans nous-
mêmes unprincipe
de mélancolie, et semble faire
des chagrins et de la tristesse une maladie habi-
tuelle de l'homme. Il croit qu'il y a une com-
munication de cescapsules
aux reins, auxquels
cette humeur atrabilaire sert pour le délaiement
des urines. Mais, comme il ne montra pas cette
communication on ne l'en crut point sur sa pa-
role on jugea qu'il ne suffisait pas d'en démon-
trer l'utilité, il fallait en prouver l'existence; etque
ce n'était pas assez de l'annoncer, il fallait encore
la faire voir. Il eut un fils illustre qui, travaillant
pourla
gloirede sa famille, voulut soutenir un
système que son père avait plutôt jeté qu'établi;
et letegardant comme un héritage, il s'attacha à
le réparer. Il crut que le sang, sortant des capsules,
était conduit par la veine émulgente dans les
reins. Mais comme il sort des reins par la même
veine, il ya là deux mouvemcns contraires qui
GLANDES SURIÎÉN-.YLES.
s entr empêchent Bartholin, pressé par la diffi-
culté, soutenait que le mouvement dusang, ve-
nant des reins, pouvait être facilement surmonté
parcette humeur noire et grossière qui coule
des capsules. Ces hypothèses et bien d'autres
semblables, nepeuvent être tirées que
(les tristes
débris del'antiquité,
et la sainephysique
ne les
avoue plus.Un certain Petruccio semblait avoir
aplani
toutes les difficultés il dit avoir trouvé des val-
vules dans la veine des capsules, qui bouchent
le passage de la glande dans la veine cave et
souvent du côté de la glande; de manière que
la veine doit faire la fonction de l'artère, et
l'artère, faisant celle de la veine porte le sang
parl'artère
émulgentedans les reins. Il ne man-
quaità cette belle découverte qu'un peu de vé-
rité. L'Italien vit tout seul ces valvules singulières;
mille corps aussitôt disséqués furent autant de
témoins de son imposture aussi ne jouit-il pas
long-temps des applaudisscmens,et il ne lui resta
pas une seule plume. Après cette chute, la cause
de Bartholinparut plus désespérée que jamais:
ainsi, les laissant à l'écart, je vais chercher quel-
ques autres hypothèses.
Les uns ( Spigelius ) prétendirent queces
capsulesne pouvaient avoir d'autre usage que
de recevoir les humidités qui suintent desgrands
vaisseaux quisont autour d'elles d'autres, que
l'humeurqu'on y
trouve était la même que le
suc lacté qui se distribue par les glandes du
GLA.NDF.S SURRÉNALE.
mesanlere; cl autres, quil se formait dans ces
capsules un suc bilieux qui, étant portédans le
cœur, et se mêlant avec l'acide qui s'y trouve,
excite la fermentation, principe du mouvement
du cœur.
Voilà ce qu'on avaitpensé
sur les glandes
surrénales, lorsque l'Académie publia son pro-
gramme le mot fut donné partout, la curiositéfut
irritée. Les savans, sortis d'une espèce de léthargie,
voulurent tenter encore; et, prenanttantôt des
routes nouvelles, tantôt suivant les anciennes,
ils cherchèrent la vérité, peut-être avec plusd'ar-
deur que d'espérance. Plusieurs d'entre eux n'ont
eu d'autre mérite que celui d'avoir senti une noble
émulation; d'autres, plus féconds, n'ont pasété
plusheureux mais ces efforts
impuissanssont
plutôt une preuve de l'obscurité de la matière,
quede la stérilité de ceux
quil'ont traitée.
Je neparlerai point de ceux dont les disser-
tations arrivées trop tard n'ont pu entrer en
concours l'Académie, qui leur avait imposé des
lois, qui se les était imposées à elle-même, n'a
pascru devoir les violer. Quand ces ouvrages
seraient meilleurs, ce ne serait pas lapremière
fois que la forme, toujours inflexible et sévère,
auraitprévalu
sur le mérite du fond.
Nous avons trouvé un auteur qui admet deux
espèces de bile: l'une grossière, qui se sépare dans
le foie; l'autre plus subtile, qui se sépare dans les
reins avec l'aide du ferment qui coule des
capsules pardes conduits que nous
ignorons,
GLAITDES SCRRÉNALÈS.
et que nous sommes même menacés d'ignorertou-
jours. Mais comme l'Académie veut être éclairée
et nonpas découragée
elle ne s'arrête point à
ce système.
Un autre a cruque
ces glandes servaient à
filtrer une lymphe épaissie, ou cette graisse qui
est autour des reinspour être ensuite versée dans
le sang.
Un autre nous décrit deux petits canaux qui
portent les liqueurs de la cavité de la capsule
dans la veine qui lui est propre cette humeur,
que bien des expériences font juger alcaline, sert,
selon lui, à donner de la fluidité ausang qui
revient des reins, après s'êtreséparé
de la sérosité
qui compose l'urine. Cet auteur n'a que de trop
bons garans de ce qu'il avance: Sylvius, Manget
et d'autres, avaient eu cette opinion avant lui.
L'Académie, qui ne saurait souffrir les doubles
emplois qui vent toujours du nouveau, qui,
comme un avare, par l'avidité d'acquérir toujours
de nouvelles richesses, semble compter pour rien
celles quisont déjà acquises, n'a point couronné
ce système.
Un autre, qui a assez heureusement donné la
différence qu'il y a entre les glandes conglobées
et les conglomérées, a mis celles-ci au rang des
conglobées:il croit
qu'ellesne sont
qu'une con-
tinuité de vaisseaux, dans lesquels, comme dans
des filières, le sang se subtilise; c'est un peloton
formé par les rameaux de deux vaisseaux lym-
phatiques,l'un déférent, et l'autre réfèrent il
CL4HD1S SDBBÉKALE».
juge quec'est le déférent qui porte
laliqueur,
et
nonpas l'artère parce qu'il
l'a vu beaucoup plus
gros;cette liqueur est reprise par
le référent qui
la porte au canal tliorachique et la rend à la
circulation générale. Dans ces glandes, et dans
toutes les conglobées, iln'y
a point de canal
excrétoire, car il nes'agit pas
ici deséparer des
liqueurs,mais de les subtiliser.
Cesystème, par
uneapparence
de vraiqui
séduit d'abord, a attiré l'attention de lacompagnie;
mais il n'a pula soutenir. Quelques membres
ont proposé des objections si fortes, qu'ils ont
détruit l'ouvrage, et n'y ont pas laissé pierre sur
pierre j'en rapporteraiici
quelques-unes; et
quant aux autres, je laisserai à ceux qui me font
l'honneur de m'entendre leplaisir
de les trouver
eux-mêmes.
Il y a dans lescapsules une cavité; mais, bien
loin de servir à subtiliser laliqueur, elle est au
contraire très-propreà
l'épaissir et à en retarder
le mouvement. Il y a dans ces cavités un sang
noirâtre et épais; ce n'est donc point de la lym-
pheni une liqueur subtilisée. Il
ya d'ailleurs de
très-grandsembarras à faire passer la
liqueur du
déférent dans la cavité, et de la cavité dans le
réfèrent. De dire quecette cavité est une espèce
de cœur qui sert à faire fermenter la liqueur,
et la fouetter dans le vaisseau référent, cela est
avancé sans preuve, et on n'a jamais remarquéde battement dans ces parties plus que dans les
reins.
GLANDES SOnjlENAtF.S.
On voit partout ceci que l'Académie n'aura
pasla satisfaction de donnerson prix cette année,
et que ce jour n'est point pour elle aussi solennel
qu'elle l'avait espéré: par les expériences et les dis-
sections qu'elle a fait faire sous ses yeux, elle a
connu la difficulté dans toute son étendue, et elle
a appris à ne point s'étonner de voir que son
objet n'ait pas été rempli. Le hasard fera peut-être
quelque jour ce que tous ses soins n'ont pu faire.
Ceux quifont profession de chercher la vérité ne
sont pasmoins
sujets queles autres aux caprices
de la fortune peut-être ce qui a coûté aujourd'hui
tant de sueurs inutiles ne tiendrapas
contre les
réflexions d'un auteurplus
heureux. Archimèdc
trouva, dans les délices d'un bain, le fameux
problème que ses longues méditations avaient
plusieurs fois manqué. La vérité semble quelque-
fois courir au devant de celuiqui la cherche
souvent il n'y a pas d'intervalles entre le désir,
l'espoir et la jouissance. Lespoêles nous disent
que Pallas sortit sans douleur de la tête deJupiter
pour nous faire sentir, sans doute, que lespro-
ductions de l'esprit ne sont pas toutes laborieuses.
Voyez l'édition des œuvres de Montesquieu,
2 vol. iri-H.0 chez Belin; Paris, 1817; et celle
en 5 vol. in-8.0 chez Crapelet; Paris, 1818.
Monsieur le docteur Portal,aujonrd'hui premier
médecin du Roi, a mis ail bas du discours que
nous venons de citer, la note suivante
« Les anatomistes ne connaissent pas mieux
» aujourd'hui que du temps de Montesquieu les
GLANDES SrjMt&ÏALES.
»usages des glandes rénales; il
faut'probablement
» des recherches p!us fréquentessur les foetus de
» divers âges pour en développer la structure.
» On ne peut remarquer sans admiration que
» si Montesquieu s'était adonné à l'étude de l'a-
» natotnie, il aurait fait faire à cette science des
» progrès aussi sensibles, peut-être, que ceux qui
ont signaleses
pas dans les sciences morales ».
Observations sur les maladies de la moelle épi-
nière (\) par J. Abercrombie, D. M. associé
au collége royal des chirurgiens d Edinbourg.
Il me semble que dans cepays (Ecosse), on n'a
pas prêté assez d'attention aux maladies de la
moelle-épinière. Lorsque nous considérons la dé-
licatesse de sa structure, et sa ressemblance avec
la structure du cerveau nous devons nous atten-
dre à la trouver atteinte de nombreuses maladies,
semblables, par leur nature, à celles de l'encéphale;
et quandnous nous
rappelonsles nerfs nombreux
quien naissent, nous concluons que ces maladies
doivent avoir une influence très-étendue sur plu-,
sieurs fonctions ducorps. Elles ouvrent un champ
intéressant aux recherches, et si celles.ci sont pour-
suivies avec ardeur parun
esprit exact et philo-
sophique, ellespromettentdes résultats
importants
pourla pathologie de plusieurs maladies, jusqu'à
présent enveloppées d'une grande obscurité.
(0 Ces observations ont élê traduites du journal de médecine
d'Edinbourg, n.o LIII, caLier de Janvier iSt S,
MALADIES
Les Anciens attachaient une grande importance
à l'étude de la moelle épinière comme étant
un siège de maladie, sur-tout dans les affections
convulsives et paralytiques. Alexandre de Tralles,
fut même jusqu'à soutenir que la paralysie des
membres avait son origine dans le cerveau, seule-
ment lorsqu'elle est accompagnée de la paralysie
de quelque partie de la tète, comme les yeux ou la
langue, et que, lorsqu'elle n'est point accompagnée
de la paralysie d'une de ces parties elle dépend
toujours de l'affection de la moelle épinière (i).
Galien parait avoir professé, à peu près, la même
opinion (a). Dans les temps modernes des écri-
vains du continent ont beaucoup fait pour éclairer
ce sujet l'on peut citer, parmi eux; Astruc (3),
Ludwig(4), Plouquet (5), Portal (6), Frank (7),
Brera (8) et Ranchetti (9). Quelques-uns de ces
écrivains, il le faut avouer, ont traité ce point de
pathologie spéciale plutôt à l'aide d'hypothèses
(1) Alexand.de Traites, de An., méd. lib' l cap. 16.
(2) Dé Uk.afftct. Cap.
X.
(3) Quœiiio MedicïL ait Moba Culicœ Pictonum rectius Rachial~-
gice Venœ-teclio,
(4) Advertaria Medico-practica, vol. Il, de Doloribusad SpinamDoni.
(5) Exempliim Sîngularis Morbi Paralilycl.
(6) Cours d'anaiomie médicale tom. I et IV.
(7)Oratio de Venebralh Columnat in Morbit
Dignûatc;in Delicl.
Opiuculor. Val. XI.
(8) Della Rachialgiie cenni Patologici in Atti deU'AccademiaItaliau, Tom. I.
(9) Della Slrutturaj délie Funzioni è délie Malattie, della Mi-
dsll> Spinal*
DE LA. MOELLE ÉPINIÈRE.
T. I^dela2."sér.,cah. de Mars et Jvril i8i§. i5
ou de conjectures ingénieuses que d'après des
recherches exactes; maisplusieurs
faitsimportans
ont été rapportés par d'autres, et ces cas parti-
culiers rassemblés, jettent unegrande lumière
sur les maladies de cet organe. Je ne vais tracer,
d'aprèsles faits, qu'un petit nombre de
principes
généraux, persuadé que dans l'état imparfait de
nos connaissances, touchant lesaffections morbides
de la moelle épinière, le mieux est de se contenter
de rapporter des observations accompagnées d'au-
topsies cadavériques.
I. Inflammation etsuppuration. Le cas suivant
estremarquable je ne l'ai
point observé durant
la vie du malade; mais j'ai assistéà l'autopsie
cadavérique.
M. R. âgéde 26 ans, avait éprouvé, pendant
plusieurs années, uue suppuration par l'oreille
gauche. Ils'écoulait ordinairement, par
cetorgane,
unpeu
de matière, dont la quantité augmentait
toutes les fois que de graves douleurs se faisaient
sentir. La douleur, dans ces.occasions, s'étendait
au côté gauchede la tète, et, souvent, continuait
une semaine entière avecbeaucoup d'opiniâtreté.
-La premièresemaine d'Avril 1817, il fut dé-
tourné de son travail habituel par une douleur
qu'ilressentait à la tête, et qui affectait particuliè-
rement le front et l'occiput. Il restait au lit une
partiedu jour, ou bien il était levé pandant une
autre plus graude partie,durant laquelle il écri-
vait ou lisait; son appétitétait mauvais et son
sommeil troublé; iln'y
avait que peu et même
MALADIES
point de fréquence du pouls, et le mal n'excita
que peu l'attention pendant une semaine. A peu
près vers la fin de ce temps, il se plaignit d'une
douleur qui s'étendait au cou.La seconde semaine
de sa maladie, les douleurs de la tête perdirent
beaucoup de leur intensité; mais la douleur du
cou devint plus violente et s'étendit sur la colonne
vertébrale où elle resta fixe plusieurs jours; en-
suite, elle continua à s'étendre vers le bas, et
elle se fixa, avec une violence très-marquée, sur
la partie la plus inférieure de la colonne épi-
nière, d'où elle se propagea autour du corps,
et ^ur- tout aux épines iliaques. Dès que la
partie inférieure de la colonne fut ainsi affectée
le malade ne se plaignit plus de céphalalgie et
rarement des parties supérieures de l'épine du
dos mais il eut une grande inquiétude dans tout
l'abdomen, et il éprouvait beaucoup de difficulté
et une grande douleur lorsqu'il voulait uriner.
Par les progrès que fit la maladie, ses douleurs
devinrent extrêmes vers le quinzième jour il
ne pouvait rester au lit plus de cinq minutes,
mais il se promenait toujours, dans sa maison,
avec une agitation extrême, saisissant la partie
inférieure de son dos avec ses deux mains, et
grinçantdes dens, à cause de l'acuité des douleurs
qu'il éprouvait.Il n'avait pas d'intervalle de repos,
et il était quelquefois impatient et difficile à
conduire.-Le 16, soutenu par des aides, il fut
prendre un bain chaud. A son retour, il se crut
un peu soulagé; mais, bientôt, souffrances aussi
DE LA MOELLE eViMÈRE.
intenses qu'auparavantdouleurs vives dans l'ab-
domen dysurie cruelle idées confuses; légère
difficulté de parler; pouls donnant àpeu près
cent pulsations par minute; évacuations alvines
entretenues par de doux purgatifs. Le 17, nulle
diminution dans lessymptômes. Dans la journée,
idéesdisparates par intervalles, quelques contrac-
fions convulsives des muscles de la face, déglu-
tition difficile, pouls fréquent (120 à i3opulsat.
par minute) dans la nuit on lui fit une petite
saignéedu bras. Dès lors, tranquillité pendant
quelques instans; mais ce repos fut de courte
durée, car il sortit de son lit vers trois heures
du matin alors, agitation extrême, vives souf.
frances, délire furieux, pendant lequel il déchirait
ses habits. Peu de temps après, il renversa sa
tête en arrière avec beaucoup de violence; puis,
assoupissement léthargiquemort deux heures
après.
On n'avait observé aucune affectionparaly-
tique pendantle cours de la maladie, ni aucune
difficulté de respirer,ni aucun vomissement, pi
aucune convulsion, exceptécelle des muscles de
la face. Lepouls
avait varié depuis go jusqu'à
i3o pulsations,et l'on remarqua qu'il avait été en
général petitet irrégulier.
Les fonctions des intes-
tins s'exécutaient lihrement; mais la douleur du
dos s'accroissait'de beaucoup en allant à la selle.
Deux jours avant sa mort, il avait eu quelques at-
taquesde tremblement. L'oreille gauche, durant
sa maladie, laissa sortir beaucoup de matière pu-
MALADIE
rulente, et présenta, vers sa partie postérieure, une
tumeur enflammée. Les moyens médicaux, con-
sistèrent en saignées générales et locales, en pur-
gatifs,et en un vésicatoire au dos. Le sang, obtenu
parla phlébotomie ,se
couvrait d'une couëne in-
flammatoire épaisse.
Jutopsie. Après l'examen le plus soigneux, on
trouva chaque partie du cerveau dans l'état le
plus sain. En enlevant l'encéphale, un peu de
matière gélatineusefut trouvée sous la moelle
allongée, et unequantité
considérable de matière
purulente parut provenirdu canal vertébral. En
coupant,eu travers, la colonne vers la
quatrième
vertèbre cervicale on vit s'écouler une matière
purulentede la partie inférieure du canal. La
colonne ouverte jusqu'au sacrum (en coupant les
vertèbres de chaque côté des apophyses épineu-
ses), et la moelle épinière étant découverte dans
toute son étendue, on la vit couverte d'une cou-
che de matière purulentesituée entre elle et
ses membranes et cette matière était distribuée
avec tant d'uniformité, qu'elle paraissait être le
produitde la maladie, qui avait
attaqué graduel-
lement toute la moelle épinière. Néanmoins, elle
était plus abondante en trois endroits à la
partie supérieure du canal, près dugrand trou;
versle milieu des vertèbres dorsales, et au haut du
sacrum. La substance de la moelle épinière était
très-molle, et, en quelques endroits, très-divisée
en filamens tous les viscères étaient sains.
On peut, ce me semble, considérer cette obser-
DE LA MOELLE ^PUSIÈRE.
vation comme unexemple
de l'inflammation
activeidiopathique de la moelle épinière
et de
ses membranes. J'ajouterai, sur le même point
de pathologie, le fait suivant recueilli par M.
Charles Bell, comme un exemple d'inflammation
provoquée par une violence externe.
Un charretier, assis sur la (lèche de sa charrette,
en fut renversé par une secousse prompte et
violente, et se frappa, en tombant, sur la partie
postérieure du cou et des épaules. On le trans-
porta à l'hôpital de Middlesex où il resta pendant
une semaine ne seplaignant que
d'un engour-
dissement à la partie postérieure du cou. Le hui-
tième jour après son admission, il fut saisi de
convulsions générales quifurent bientôt rem-
placées parun tétanos (mâchoire serrée); quel-
ques heures après fort mouvement convulsif,
de la machoire inférieure qui dura pendant
environ cinq minutes délire maniaque déve-
loppement dequelques symptômes caractéristi-
ques du typhus. Quatre jours après, paralysie des
extrémités inférieures. Ce malade vécut encore
une semaine; mais il continua de s'affaiblir, et
il présenta constamment quelques symptômes du
typhus. La veille de sa mort, il avait recouvré
le sentiment, car ilpouvait sentir le doigt qui
frottait ses extrémités inférieures.
Autopsie. A l'ouverture du canal vertébral,
on remarqua unegrande quantité de matière
purulente quiavait gagné
lapartie la
plus dé-
clive. Elle parutavoir été formée vers la der-
MALADIE
nière vertèbre cervicale et la première dorsale;
là, le cartilage inter-vertébral était détruit au
point quele pus s'était
épanché à travers les
fibres musculaires. Dans un autre cas, rapporté
par M. BeU, remarquable parla fractur de la
dernière vertèbre dorsale, on trouva une matière
purulente entre la moelle épinièreet ses mem-
branes. Dans cette observation, nulle paralysie;
mais il y eut fièvre insomnie vomissement
délire violent. La mort survint au milieu d'un
grand affaissement général (i).
Ces cas serviront à éclairer la marche active de
cette espèce d'inflammation. Les trois faits suivans,
rapportés par Brera (2), caractériseront l'inflam-
mation chronique de la moelle épinière.
i.° Une femme âgée de 2 ans, qui avait consi-
dérablement souffert de lasyphilis,
fut saisie
d'uue fièvrequotidienne intermittente grave
laquelle résista à tous les remèdes ordinairement
employés dans ces cas. Après quelque temps,
cette fièvre intermittente fut suivie de douleur
dans larégion lombaire, de diarrhée, de tran-
chées, de tenesme, de faiblesse généraleet d'éma-
ciation. Environ trois moisaprès le dévelop-
pement de cette affection pyrétique, la malade
commença à se plaindre de prostration des forces,
de mouvemens convulsifs de l'extrémité infé-
rieure gauche,de la même manière que dans la
( Quaterly Report of Cases in Surgery. Part. II.
(2) Délia RacMalgiie cenni pjtliologici.
DE LA MOELLE ÉPI^IERE.
danse de S.t.-Weith; ainsi, en marchant, elle trai-
nait la jambe, et si elle voulait, parun effort
puissant, précipiter la marche, la partie affecté?
éprouvait des distorsions convulsives. Bientôt
après,le bras gauche s'affecta de la même manière,
et on remarqua- des mouvemens convulsifs de
la face et des yeux. Les douleurs intestinales
cessèrent dans peu, mais les autres symptômes
s'accrurent alors difficulté de mouvoir les mem-
bres puis paralysie presque complète pro-
nonciation difficile, diminution de la mémoire,
et, peu detemps après, perte
de laparole, coma,
convulsionsgénérales terribles; mort, plus
d'un
mois après le commencement de l'affection con-
vulsive de la jambe.A l'autopsie cadavérique
on trouva un peu
de sérosité dans le thorax et dans les ventricules
du cerveau. La moelle épinière était flasqueet
en supparation dans une étendue considérable;
les membranes qui la revêtent, étaient, dans
beaucoup d'endroits, couvertes d'un fluide puri-i-
forme. Il y avait, aussi, un épanchement séreux
dans le canal épineux.
2.0 Un homme, âgé de 4o ans, fut reçu dans
l'hôpital de Créma au Printemps de 1804, ne
se plaignant que d'une faiblesse générale et d'un
abattement-: symptômes qu'on ne pouvait attri-
buer à aucune cause. Il était toujours au lit, mais,
pourtant,sans se plaindre d'aucune douleur son
appétit était bon, et il était sans fièvre. On le
regardait comme peu malade aussi mit-on en
MALADIE
(•l lp<* nnèrp.Qusage les menaces et les prières pour l'obliger à
montrer ses forces, et à marcher; mais ce fut
en vain. Ce malade, de maigre et pâle qu'il était,
devint gras et paraissait jouir de la meilleure
santé. Cet état continua pendant l'Été et l'Au-
tomne. Aux approches de l'Hiver, il perdit l'appétit
et devint maigre et cachectique. Dans le mois
de Février i8o5 paralysie des bras et des jambes;mort subite en Mars.
A t'autopsie cadavérique, on trouva tout l'inté-
rieur de la tête sain, ainsi que lesorganes
renfer-
més dans le thorax et l'abdomen. Le canal épineux
offrit unépanchement
d'un fluide sanguinolent.
et sanieux; apparences d'inflammation et de sup-
puration dans la moelle épinière, dont la subs-
tance était très-molle et tendait à la dissolution.
3.° Un jeune soldat, récemmentguéri d'une
fièvre pétéchiale,se plaignait de douleurs dans
les vertèbres dorsales, de difficulté de mouvoir
les extrémités inférieures de suppression des
urines d'excrétion involontaire des matières
fécales, de débilité générale et d'émaciation. On
employa un grand nombre de moyens thérapeu-
tiques pendant plusieurs mois, mais, sans succès.
La faiblesse des extrémités inférieures s'accrut
jusqu'à paralysie complète;bientôt
après, les ex-
trémités supérieures furent affectées de la même
maladie dès lorsperte de la parole. Quinze jours
après d'un état d'immobilité et entièrement privé
de laparole, mais conservant encore ses facultés
intellectuelles, il mourut subitement.
DE LA MOELLE ÉPINIÈRE.
A l'ouverture ducaciavre,,
on ne trouva au-
cune trace de la maladie, soit dans le cerveau,
soit dans le thorax soit dans l'abdomen. La
moelle épinière était inondée parune
grande
quantitéde fluide sanieux elle était en
suppu-
ration etdésorganisée
à lapartie inférieure de
larégion dorsale, sans pourtant avoir perdu sa
forme naturelle; ses membranes et le périoste, qui
couvre le canal vertébral étaient détruits à la
partie où la moelle avaitéprouve une forte désor-
ganisation les vertèbres et les ligamens étaient
sains.
Le cas suivant rapporté par M. Portal (i), montre
une autre modification de la maladie
Une femme, grasseet forte, éprouvait, depuis
long-temps, de vives convulsions dans l'extrémité
inférieure gauche,toutes les fois qu'elle était au
moment d'être réglée elles ne cessaient que
lorsque les règles avaient coulé assez abondam-
ment les règles cessèrent vers l'âge de 4o ans;
alors cette extrémité devint entièrement paralysée.
Les saignées,les vésicatoires et autres remèdes
furent inutiles. On avait le projet d'envoyer la
malade aux eaux de Eourbonne lorsqu'elle
éprouvades convulsions du bras du même côté,
dont l'extrémité inférieure étaitparalytique elle
fl) Cours d'Anatomie médicale, tome, IV-i 16.
M. Abercromlji n'ayant que d'une manière succinte
les observations de M. le professeur Porta! nous avonscru, guida
par l'intérêt que quelques-uns de ces faits npus ont présenté, devoir
les consigner ici textuellement.
MALADIES.
péritd'une affection comateuse. J'en fis l'ouverture:
nous trouvâmes la membrane arachnoïde et la
pie-mère enflammées vers les dernières vertèbres
dorsales et les premières lombaires. La moelle
épinière était très-rouge, ramollie du côté droit;
mais elle paraissait saine du côté gauche dans
toute son étendue. Cette observation prouve que
la lésion d'un seul côté de la moelle épinière,
comme de la moelle alongée peut donner lieu
à des convulsions ou à la paralysie de l'autre côté
du corps.
Lieutaud renvoye à une observation consignée
dans l'ouvrage intitulé Miscellanea curiosa, et qui
a pour sujet un homme qui mourut d'une fièvre
continue, après avoir été affecté, pendant le cours
de cette maladie, d'ischurie et de paraplégie.Le
rein droitfut trouvé noir, et la moelle épinière de
ce côté présenta la même couleur. Dans un cas
semblable, qu'il cite d'après Lczïius ci l'oate, la
mort survint le i4mejour d'une fièvre continue,
avec paraplégie et suppressiond'urine.
A l'ouverture cadavérique on trouva le rein
gauche enflammé, fîphacelé; la moelle épinière du
lûême côté offrait aussi des traces d'une lésion
morbide: In conspectuinvenit ren sinister, infiant'
malus et syderatus; lœsa etiam erat medullaspinalis
in eodem latere (\) D.
Les phénomènes que présententces lésions, de
la moelleépinière, indiquent que tous les organes
(1) Lieutaud, Hisïor. Anatomico-medic. ,Ti I, obï, injïetlioy.
DE LA MOELLE ÉPIfUÉRE.
principaux sont généralementaffectés. Ainsi, ceux
de la tête et du col nous offrent les symptômes
suivans contorsion desyeux,affection convulsive
de la face, mutité, aphoniecontraction de la mâ-
choire ressemblant au trismus, déglutition difficile,
qui semble caractériser une espèce d'hydrophobie.
Onpeut rapporter
aux viscères du thorax ces
autres symptômes palpitationet
oppressiondu
cœur, sentiment douloureux de resserrement dans
larégion du diaphragme, dyspnée, dans quelques
cas permanente et, dans d'autres, paroxystique
comme dans l'asthme. L'abdomen est Je siège d'une
troisième classe de phénomènes tels que,vomis-
sement, douleurs intestinales ressemblant à la
colique, diarrhée et tenesme, excrétion involon-
taire de matières fécales; suppression ou inconti-
nence d'urine. Le systèmemusculaire n'est
point
étrangerau trouble général on observe des con-
vulsions générales quelquefois comme celles qui
surviennent dans la chorée, et dans le tétanos;
enfin, il survient un dérangement dans les fa-
cultés intellectuelles qui se manifeste par l'am'
nésie, le délire, et le coma.
Dans l'état présent de nos connaissances, nous
nousgarderons
bien d'affirmer que toutes ces ma-
ladies résultent de l'affection de la moelle épinière,
attenduqu'elles ne paraissent pas toujours ensem-
ble, ni au même degré d'intensité. Cette remarquea sur-tout rapport aux affections des muscles
volontaires. En quelques cas, l'on trouve la con-
vulsion et la paralysie; dans d'autres, laparalysie
MALADIE
sans convulsions; et dans un castrès-grave,
ci-
dessus décrit, on n'observa ni l'uue ni l'autre. De
pareilles variétés s'observent dans les autres phé-
nomènes qui ne paraissent pas dépendre invaria-
blement, comme on l'asupposé,
des affections de
la moelle épinière, siège de la maladie. Aussi, doit-
on, d'après de nouvelles observations, rechercher
avec soin, les loisqui règlent
ces différencesqui
ne sont pas suffisamment expliquées par le siège
du mal, dans tel outel point de lamoelle épinière.
II. Effusion séreuse. L'épanchement séreux,
dans le canalépineux, est ordinairement situé
sonsle prolongement
de ladure-mère qui
entoure
la moelle épinière. Il est probablement l'effet de
l'état inflammatoire, puisque la phlogose de l'en-
céphale donne lieu aux mêmes résultats. Il se
présenta, dans plusieurs des cas que nous avons
déjà rapportés, combiné avec lasuppuration. On
la voit, aussi, nullementaccompagné d'aucune
autre affection morbide, commele prouvent
les
faits suivans.
i. (i) Un homme âgé de plus de !\o ans, se
plaignitde douleur et de pesanteur dans les ver.
tèbres dorsales inférieures. La douleur était aiguë
et s'étendait par intervalles en haut et en bas,
au sommet et au bas de l'épine. Elle s'était maiu.
tenue ainsi pendant onze jours, lorsqu'il fut saisi
de paralysiede l'extrémité inférieure gauche qui,
troisjours après,fut suivie de suppression d'urine.
(l) Morgigni de Causis et Sedîb, etc. Epist< X. Sect, iS.
DE LA MOELLE ÉPWIÈRE
La douleur du dos était alors si aiguë qu'elle
l'empêchaitde se coucher; bientôt après,
elle fut
suivie de difficulté de respirer,de vomissement,
et de convulsions toniques du tronc et des extré-
mités supérieures. Les convulsions revenaient de
temps en temps et continuaient pendant quinze
minutes environ alors, paralysiede l'extrémité
inférieure gauche intégrité des facultés intellec-
tuelles, mort subite.
A l'autopsie, on trouva beaucoup de sérosité, seu-
Icment, sur la surface du cerveau et dans la cavité
de l'épine; d'ailleurs, la moelle épinièreétait saine-
2. Un enfant âgé d'un an (dont le cas est
très-brièvement rapporté par M. Chevalier) (i),
après s'être plaint de grandes douleurs, perdit
l'usage des extrémités inférieures, et mourut en
trois jours. Le canalépineux était rempli d'une
sérosité sanguinolente.
3. Bonet (a) parle d'une jeune femme qui, après
avoir beaucoup souffert de colique, fut atteinte
de paralysie, qui commença à la partie supé-
rieure des bras et s'étenditgraduellement jus-
qu'au bout des doigts. Ensuite, les jambes furent
affectées de la même maladie, et elle mourut,
d'un épuisement graduel, un an après l'invasion
de la paralysie. Dans toute l'étendue de la moelle
épinièreil
yavait un
espace, entre sa dure-mère
et sa pie-mère, remplid'un fluide séreux; il
y
avait, aussi, quelque épanchement dans le cerveau.
(1) Transac. medico-chimrg. Val. III io5
(2)Boneti Sepulçhretum A'uuomiçum V^ol.I.
MALADIES
4 Un homme dont parle M. Portai i ), fut d'abord
atteint d'un engourdissement des extrémités in-
férieures, et enfin d'une paralysie de ces mêmes
parties;ellesdevinrent œdémateuses s'enflèrent
considérablement: les extrémités supérieures s'en-
gourdirentet perdirent l'usage du mouvement.
elles s'enflèrent aussi beaucoup, ainsi que tout
le corps. Cependant le malade urinait assez co-
pieusement, ne se plaignait pas de la soif, sa
respirationétait encore libre il tomba dans l'as-
soupissement et mourut.
A l'ouverture du corps à laquelle j'assistai
dit-il, on trouva beaucoup d'eauépanchée dans
le cerveau et dans le canal vertébral; les ventri-
cules du cerveau en étaient pleins, et la moelle
épinière en contenait aussi dans sa substance. On
vit, dans son milieu, un canal qui seprolongeait
jusques vers la 3.me vertèbre dorsale, dans lequel
on eût pu introduire une grosse plume à écrire-
Plusieurscas d'épanchement séreux, dans le ca-
nal vertébral, sont rapportés par Bonet, Morgagni
et d'autres illustres écrivains; mais comme dans
chacun de ces faits, le cerveau était atteint d'une
forte lésion, il n'est pas facile de déterminer quels
étaient les symptômes auxquelsavait donné lieu
l'épanchement dans le canal vertébral.
III. Epanchement gélatineux. Un jeune homme
de i4 ans (2) reçut un coup surl'épine, entre
(1) Cours d'Anatomie Médicale, tome IV, page 117.
(2) Loadon medical obsservations and. inq. Vol. III pqg. 16e.
DE LA MOELLE ÉPINfÈRE.
lesépaules,
en tombant en arrière contre le coia
d'une chaise. Le mal parut être léger,car aucun
symptôme grave ne se manifesta il seplaignait
seulement qu'en levant sa tête, il éprouvait une
douleur pongitive dans lapoitrine aussi, il la
tenait panchée en avant. Quatre semaines après,
il fut affecté de paralysie commençante des extré-
mités inférieures laquelle bientôt après, fut
complète. Vers le même temps, urines et évacua-
tions alvines involontaires: il était dans cet état,*
depuis deux ou trois semaines, lorsque les bras
se paralysèrent et qu'il perdit la faculté de mou-
voir sa tête. 11 mourut le jour suivant, trois mois
après les prodromes de la maladie, ayant cons-
tamment joui du sentiment jusqu'à sa mort. Pen-
dant les progrès de la maladie, il se plaignit fré-
quemmentd'une
grande oppressionet d'une
douleurpongitive
depoitrine.
A l'autopsie les viscères du thorax et de
l'abdomen furent trouvés sains; un peu de séro-
sité sangninolente s'écoula de la surface du cer-
veau qui, du reste, n'était point altéré. A l'ou-
verture du canal épineux, grande quantité d'un
fluide séreux sanguinolent;substance molle, de
t\ pouces de longueur, placée entre les os et la
moelle épiuièrevers la partie qui avait reçu,
la contusion. Cette substance étant agitée dans
l'eau, elle s'y délaya en grande partie. Une sem-
blable substance se trouvait en avant entre
lesapophyses
transverses de la quatrième et de
lacinquième
vertèbres dorsales, où elle formait
MALADIES
deux tumeurs de matière molle, pulpeuse, dont
l'une et l'autre étaient situées à chaquecôté de
l'épine,dans le creux entre
les apophyses épi-
neuses et les transverses. La plus considérable, était
d'environ trois ou quatre'pouces de longueur, large
d'un pouce et demi, et d'un pouce d'épaisseur.
La moelle épinière et les vertèbres étaient saines.
IV. Endurcissement de la moelle épinière.
L'existence de cette affection est prouvée par
l'observation du Marquis de Caussan, rapportée
par M. Portal(i)
elle est au surplus remarquable
par la ressemblance de ses symptômes avec ceux
d'une affection du cerveau. « Le ci-devant Marquis
de Caussan, dit M. Portai, d'un tempérament sec et
très-sensible, éprouva d'abord des fourmillemens
dans les doigts de la main droite, ensuite dans
ceux du pied du même côté; ces doigts deve-
naient moins sensibles, et conservaientcependant
t
leur mouvement. L'insensibilité seprolongea
à la main et aupied.
Cesparties maigrirent et
se refroidirent; le [mal augmenta graduellement
des mains à l'avant-bras, du pied à la jambe:
cependant le malade marchait encore; le bras,
la cuisse de ce côté s'atrophièrent et M. de
Caussan resta plus d'un an dans cet état, mar-
chant encore, dans son appartement, avec une
crosse qu'il plaçaitsous l'aisselle du côté malade.
Cependantles extrémités des
doigts de la main
gauche, et ceux des doigts du pied du même
(l) Couis d'Anatomie Médicale, tom, IV, p. 116.
DE LA MOELLE ÉPIMÈRE:
T. IV dehî.e sér., cah. de Mars et Avril 1 8 1 9 1 6
côté commencèrent à s'affecter comme avaient
fait ceux de la main droite et du pied droit; le
mal augmentatant de ce côté que
de l'autre.
Le malade fut enfin forcé de rester dans son lit,
privé de toute espèce de mouvement, soit du
tronc, soit des extrémités. Néanmoins, ilrespirait
et avalait assez facilement. Les autres fonctions
continuèrent pendant quelque temps de se faire
sans aucune lésion mais, peu à peu, la vue s'af-
faiblit et s'éteignit en même-temps que l'ouïe
devenait dure, et celle-ci termina par être, aussi
entièrement détruite. Le malade prononçait en-
core des sons mal articulés, et avalait quelques
cuillerées de bouillon ou de gelée; le pouls était
fort lent, assez dur et un peu inégal la respira-tion était libre: mais la déglutition devint de plus
en plus difficile le pouls très-lent, ainsi que la res-
piration. On ne comptait que quarante, trente, dix
pulsations par minute; je n'ai jamais trouvé un
pouls aussi lent; enfin la vie du malades'éteignit.
A l'ouverture du corps, qui fut faite en ma pré-
sence par Ivl. Déjean, chirurgiendu ci-devant Prince
de Conti, nous trouvâmes toutes les parties du
corps, même le cerveau, dans l'état naturel; mais
la portion de la moelle épinière, contenue dans
les vertèbres cervicales, était très-endurcie, ayant
une consistance cartilagineuse: les membranes qui
la revêtent en cet endroit étaient très-rouges et
comme enflammées.
V.Epaississement
des membranes. Le corn te de
MALADIES
Lordat (1), âgé de trente-cinq ans, fut renversé
de sa voiture; sa tète frappa contrel'impériale,
et son cou fut courbé de gauche à droite. Une
se plaignit alors que d'une légère douleur lelong
du côté gauche du cou, qui disparut en peu de
jours. Six moisaprès, légère
difficulté dansla pro-
nonciation, faiblesse du bras gauche pendant près
d'un an. Ces symptômes n'augmentèrent pas d'in-
tensité mais alors, atrophie du bras, aphonie, mou-
vemens convulsifs involontaires de tout le corps.
Après un autre long intervalle, engourdissement
du bras droit, respiration oppressée, grande diffi-
culté d'avaler, émaciation générale, diarrhée,
urines naturelles, intégrité des facultés intellec-
tuelles, mort subite, quatre ans après lepremier
accident. Ses extrémités inférieures avaient été,
pendant un temps considérable atteintes seule-
ment de faiblesse, mais non deparalysie
car il
sepromenait
d'une chambre à l'autre, s'appuyant
sur le bras d'un homme, quelques heures avant
sa mort.
A l'autopsie, la moclle épinière, des vertèbres
cervicales, fut trouvée très-ferme, résistant à la
pression comme un corps calleux; les membranes
de cette portion étaient si denses, qu'on ne pouvait
les inciser qu'avec peine. l,amoelle
alougée parut
un tiers plus large que dans son état naturel.
Il y avait, prèsde la faux, quelque apparence
de
suppuration. Les ventricules étaient pleinsde
(i) London Mtdkal Observations and lat/niiiei, y. III, p. i5jt
DE LA MOELLE EPIKIÈRE.
sérosité; les nerfs brachiaux et linguaux étaient, t
à leur origine, très-compacts et presque tendi-
neux et l'épaisseur des nerfs cervicaux provenait
de la densité de la membrane qui les couvrait.
L'article suivant présente un autreexemple d'é-
paississementdes membranes.
VI. Destruction d'une portion de la moelle épi-
nière. Un homme dont le cas est rapporté par
Copeland (i) avait une paralysie des extrémités
inférieures, laquelle s'accompagnait deconstipa-
tion et d'un sentiment de roideur dans le ventre
et tel que cette partie semblait être fortement
serrée par unelarge
bande. Pendant plus d'un an
sa santé paraissait décliner chaque jour, et la cause
du commencement de ses souffrances, fut géné-
ralement attribuée à un renversementbrusque
et
violent du tronc en arrière, en élevant un fardeau
très-pesant. Après avoir resté au lit pendant trois
mois, à cause d'une paraplégie parfaite, il mourut
de la gangrènedes fesses.
A l'ouverture du cadavre, on n'observa aucun
état morbide des vertèbres; seulement, dans le
canal formé par ladernière dorsale et la
première
lombaire, la moelle épinière manquait entière-
ment dans un espacede plus de deux pouces;
les membranes quiformaient alors un sac vuide,
étaient très-épaissies et présentaient un grand nom.
bre de vaisseaux vasculaires.
(1) Obîerv. on thé Symptoms and Treatment of Diseaaei of thé
Spine pag. 47'
MALADIES
VII. Exlravasation de sang. i.° M. Chevalier
rapportel'observation suivante Une jeune de-
moiselle,âgée de quatorze ans, avaitété, pendant
plusieurs jours, atteinte de céphalagieet de dou-
leur au dos. La douleur de tête fut soulagée par
les vésicatoires et les purgatifs,tandis que celle du
dosaugmenta
d'intensité et fut accompagnée de
quelques symptômes de paralysie. A la fin de la
semaine, cette douleur s'accrût d'une manière
soudaine, devint violente, et fut suivie de convul-
sions générales quise maintinrent pendant cinq
à six heures, et de la mort.
A l'antopsie cadavérique, le canal épineux, à
la partie correspondanteaux vertèbres lombaires
quiavait été le siége de la douleur fut trouvé
rempli de sang. Le cerveau et tous les viscères
étaient sains (Ouv. cité, vol. 111, pag. ioîJ.
2.0 Un meunier, en levant un sac d'unepe-
santeur considérable perdit subitement l'usage
de ses extrémités inférieures; il mourut en quinze
jours. On trouva du sang extravasé, mêlé à de
la matière sanieuse dans le canal vertébral. Les
membranes étaient enflammées, et les nerfs de la
queue de cheval paraissaient avoir été long-temps
macérés dans une sérosité putrescente (Idem,
pag. io5).
3." Un homme reçut un coup violent sur les
trois dernières vertèbres lombaires, et mourut en
quatreheures.
A l'ouverture du cadavre, on trouva dusang
extravasé dans le canal épineux; les vertèbres
DE LA MOELLE ÉPIHIÈltn.
'étaient entières, et la moelle épinière parut être
saine (i).
4° Duverney, dont l'histoire est brièvement
rapportée par Duhamel, mourut d'une maladie
qui fut considérée comme apoplectique mais
durantlaquelle
il conserva l'intégrité de ses fa-
cultés mentales jusqu'à sa mort. On n'observa
aucune lésion dans le cerveau; mais on trouva une
grande quantité de sang extravasé dans le canal
épineux (2).
5.° Un enfant de i4 ans, comme il se balançait
sur uneescarpolette. éprouva
une secousse vio-
lente au cou,par l'effet d'une corde qu'on lui jetaau dessus de sa tète Dans le moment, nul symp-
tôme morbide mais quelque temps aprèsfai-
blesse et indolence graduellement apathie plus
prononcée, roideur du cou, difficulté à mouvoir
la tète. Neuf moisaprès l'accident, paralysie
des
extrémités inférieures, qui fut aussitôt, suivie de
la paralysie des bras, de la suppression d'urine
et de la constipation. Il était, depuis peu, plongé
dans cet état lorsqu'il fut saisi d'une douleur
très-viye dans l'épine, laquellene se maintint que
quelquesinstans. Sa respiration devint prompte
et pénible, d'abord seulement pendant le som-
meil, mais ensuite durant la veille; après un
jour entier de souffrance, mort subite, environ
(0 Morgagni de Caui. et Sed. €tct Epirt. 64, Sect. 25.
<a) Dutiauiel, Aatd, Roy. dti Sd. Aimée »6S3 Sud. V, Çhafy
t, f.p. a6G,
MALAnrcs
dix mois après les premiers symptômes,et
quel-
ques jours après la douleur vive de l'épine.
A l'ouverture cadavérique,on trouva uue
grande
quantitéde
sang extravasé dans le canalépineux,
en partie coagulé, en partie fluide, etparaissant
être venu de la partie supérieure du canal vers
la seconde ou la troisième vertèbre cervicale (i).
VIII. Tumeurs ethydalides. t." Harderusaexpo.se
l'histoire d'une femme chez laquelle on trouva à
l'autopsie cadavérique une tumeur de la grosseur
d'une noisette, laqneile comprimait la moelleépi-
nière, et trois autres tumeurs semblables, situées
dans le cervelet. Ces tumeurs étaient aussi dures
que lesquirrhe. Quand on les incisait, il s'en
écoulait une matière jaunâtreil
y avait aussi
affection des poumons et du foie. La céphalalgie,
larespiration oppressée, de violentes convulsions,
tels furent les phénomènes quel'on observa quel-
ques jours avant la mort (i).
a.° Une femme âgée de cinquante-trois ans, de-
vintépileptique
à la suite d'une frayeur les
accès d'épilepsiese manifestèrent pendant trois
ans, chaque second ou troisièmejour. Cette femme
tomba dans un cumaprofond, durant une attaque
d'épilepsie très-forte, et mourut en 5 jours.La glande pituitaire contenait un kiste plein
d'un liquide brun-rougeâtre; et on trnuva, dans
toute l'étendue de la gaine de la moelle épinière,
( How*h''p's 0!>ie>v. in Surgerjr and MorbiU Anaiomy, p. 1 15.§.
(2) Harderi Apiarium pag. 3*G.
DE LA MOELLE ^l'IKIÈBE.
des hydatides de différentegrosseur (1). Portal
et Franck, ont aussi parlé d'hydatides trouvés dans
le canal épineux.
lXOssification des membranes. Chezune femme
qui avait été épileptique pendant cinq ans, et
qui mourut subitement à la suite d'un accès, le
docteur Esquirol trouva à l'ouverture du ca-
davre, la face externe de la gaine membraneuse
de lamoelle epinière, couverte, dans toute son
étendue, de lames osseuses d'une à deux lignes
de diamètre.
X. Excroissance fangeuse. Un jeune homme
âgé de quatorze ans, tomba de la fenêtre, d'un
second étage, dans la rue. La partie postérieure
du corps, fortement contuse, n'éprouva, néan-
moins, ni torsion, ni fracture.Malgré
ce fâcheux
acident, il continua à se promener cependant,
corpstrès- courbé en avant faiblesse extrême.
Environ trois ans et demi après l'accident il
se plaignit d'uue douleur violente au dos, aux
cuisses et aux jambes. Quelque temps après, une
tumeur commença à se développer sur les vertè-
bres lombaires et s'accrût, graduellement jus-
qu'àce qu'elle
eutacquis
une grosseur consi-
dérable sa surface présentaitune teinte rouge
très prononcéeet les veines qui la parcouraient
étaient très-enflées; il s'écoula, à diverses reprises,
de son sommet, une certaine quantité de sang.
Dans peude
temps,le malade fut saisi d'une para-
(l) Vovez le Màrnoire du D.r Esquirol ï, Vj p;ig. 4ai de*
iiuiletius de la Faculté de Médecine de Pdiis.
MALADIES
plégie complète,avec incontinence d'urine et
selles involontaires; maigreurextrème; mort à la
suite d'un épuisement très-considérable, six ans
aprèsl'accident.
A l'ouverture du cadavre on put se con-
vaincre quela tumeur consistait en une
grande
masse fongueuse, ressemblant, en apparence,à la
substance médullaire du cerveau. Elle prenait
son originede la moelle épiuière et s'étendait
de la troisième vertèbre dorsale jusqu'au coccyx.
Plusieurs vertèbres, soit dorsales, soit lombaires,
étaient atteintes de carie à leur partie postérieure;
quelquesunes des vertèbres lombaires avaient
presqueentièrement disparues; tous les os de
l'épine,du sacrum et de l'iléon (i), présentaient
un ramollissement général.
XI. Compression par rarement a l'observationépi-
neux. Cet état s'offre rarement à l'observation il
a été toutefois remarqué par M. Portai (2). Dans
ce cas, la portion du canal formée par les der-
nières vertèbres dorsales et les deux premières lom-
baires, était diminuée de moitié, laparoi interne,
ordinairement polie, étaitinégale, raboteuse et
couverte d'éminences; les extrémités inférieures
étaient très-maigres; sans doute que le sujet de
cette observation, avait, ajoute M. Portal, éprouvé
les divers symptômes de laparalysie.
XII. Fascularité et turgescence des vaisseaux de
(t) New Ijynd'ja Mctlicai Journal Jor 179a; Nouveau journal
de Médecine de Londres, pour l'Année 179a.
(a) Cours d'Auat >mie Médicale VqI. I, pag. 233.
DE LA MOEr.LE épiNIFRE.
la moelle épinière et des membranes. Ces symp-
tômes constituent lapléthore épineuse
des écri-
vains du continent, àlaquelle
on a attaché beau-
coup d'importance, comme pouvant apporter un
trouble plus ou moins notable dans les fonctions
principales du corps. On l'a considérée par rap-
portà l'irritation
qu'éprouve l'origine desdifférens
nerfs, comme la. source de plusieurs maladies
obscures du thorax et de l'abdomen, de tremble-
mens, de convulsions, d'affections paralytiques'
d'épilepsieet de tétanos. Elle a été regardée,
aussi, comme lesiège
de ces douleursqui se
font sentir au dos et aux lombes, pendantl'écou.
kment des hémorroïdes, àl'époque
de la mens-
truation, pendant la gestation, et dans le cours
de la fièvre continue. Les écrivains qui ont
beaucoup raisonné, ont admis une détermination
vicieuse du sang qui, des organes pectoraux et
abdominaux, se'fixe sur la moelleépinière, et
y produit un état de pléthore. C'est là, disent-
ils, ce que l'on observe fréquemment à la suite
de violentes coliques,de la suppression des règles,
des maladies du foie, des anévrismes internes, et
d'une fièvre continue (i). Il est toutefois très-
douteux que la turgescencede ces
vaisseaux puisse
être considérée proprement comme une cause de
maladie; on y attachait beaucoup d'importance'
daus les affections de la tête; mais dçs observations
(\) Voy. Frank, Qrado de Verteb- Coliimnec in Morb, D/'gnît.
J3rera Ouvr. cité et Lutiwig t de Dohre ad Spinam dorsi.
MALADIES
plus nombreuses ont ébranlé notre confiance,
en nous montrant, que cette turgescence survient
dans une foule de cas, sans qu'elle soit accom-
pagnée d'aucun signe d'affection cérébrale. Un
des pointsles
plus importansdans l'étude des
sciences naturelles, c'est la recherche d'une cause
physique réelle d'un phénomèneou c'est la
considération de deux phénomènes offrant entre
eux le rapport qu'il y a de la cause à l'effet
Dans la philosophie expérimentale, de telles re-
cherches doivent être dirigées par des expériences
nombreuses et variées; et, en médecine, par des
observations bien circonstanciées et recueillies
avec soin car, on ne peut nier que les erreurs
qui se sont glissées dans la science médicale, ne
proviennent de l'habitude que l'on a d'assigner
des causes physiquesà certains
phénomènes,sans
s'embarrasser si elles sont réellement basées sur
l'observation. Mais, je reviens à mon sujet, et jevais terminer ce paragraphe par quelques obser-
vations sur la pléthore de la moelle épinière.
j.°Un hommequi mourut de la péripneumnnie,
avait été affecté, dans le cours de sa maladie, d'en-
gonrdissementet d'une légère insensibilité dans
les extrémités inférieures. A l'ouverture du ca-
davre, les artères de cette partiede la moelle
épinière,renfermée dans les vertèbres dorsales j
furent trouvées gonflées etplcinesdesang, comme
si elles eussent été fortement injectées. Portai (i)
(i) Ouvr. cûé, T. III, p. 319.
de i.A îiroELi.iî iruninE.
rapporte plusieurs autres cas, qu'il explique par
le même principe,et
qui se firent remarquer par
les affections paralytiques et convulsives des ex-
trémités, lesquelles se présentèrent dans plusieurs
maladies inflammatoires.
2.0 Un enfant fut atteint, pendant la dentition,
de convulsions, qui dégénérèrent en accès épi-
leptiques. Lorsqu'il parvintà
l'âgede 5 ans et
demi, il eut quatre ou cinq accès par jour, et
devint ensuite paralytique. 11 mourut à l'âge de 6
ans et quelques mois. Le prolongement des mé-
ninges parut comme injecté, et la substance mé-
dullaire, vers les sixième et douzième vertèbres
dorsales (i)était ramollie et présentait
une
couleur jaunâtre.3.° Un jeune homme âgé
de ai ans, fut attaqué
de la fièvre et d'un fort délire. A ladisparition
du délire, il fut atteint de mouvemens convulsifs
des extrémités supérieures, et bientôt après il
mourut plongédans un coma
profond.
A l'ouverture cadavérique, les vaisseaux de la
pie-mère de la moelle épinière à sapartie supé-
rieure et postérieure furent trouvésremplis de
sang comme s'ils eussent été fortement injectés.
C'était sur-tout remarquable vers l'origine de quel-
ques-uns des nerfs vertébraux. La pie-mère encé-
phalique, dont la surface était couverte par un
fluideséreux, présentaitune
pareille injection (2).
L'ébauche légère et imparfaite que j'ai donné
Ci) Esijiiiro[ Bulletin de la Faculté de Médecine de Paris.
0»; Morgagni de Sedib. et Caut: ~Uor~ Epirt., X, § ty,7.
MALADIES
de l'anatomie pathologique de la moelle épinière,
dirigera, peut-être, sur ce sujet intéressant, l'atten-
tion de tous les jeunes médecins qui se livrent
avec zèle à leur profession. Je vais maintenant
offrir quelques observations touchant la liaison
qui existe entre les affections de la colonne ver-
tébrale et les maladies de la moelle épiniére.
I. Coinmolion de l'épine. Un coup violent sur
l'épine occasionnefréquemment une diminution
des forces toniques dans les parties au dessous
du siége du coup, sans qu'il y ait fracture ou
luxation des vertèbres. C'est cette affection que
j'entends désigner par ces mots commotion de
l'épine. L'étendue desparties
affectées dépendra
du siège du mal. La paralysie des extrémités infé-
rieures et la suppression d'urine, sont les symp-
tômes qui se présentent le plus souvent à l'obser-
vation. Si lapartie supérieure
del'épine
a été
atteinte, la paralysie des extrémités supérieures'
la difficulté de respirer, les affections de la voix
etc. se manifestent. t.
En traçant histoire de pareils cas, les circons-
tances suivantes sontdignes
d'attention.
i.° La commotion de l'épine peut être prompte-
ment mortelle sans laisser après elle la moindre
lésion organique, comme le prouvent quelques
observations. Boyer parlc d'un homme qui reçut
un coupà la colonne vertébrale, en se laissant
tomber dans un fossé. Celui-ci, fut aussitôt affccté
d'une paralysie complète des extrémités infé'
rieuri'S, et mourut bientôt après.
DE LA MOELLE ^PIJflÈRË.
A l'ouverture cadavérique, on ne put découvrir
aucune lésion, soit dans la tête, soit dans le canal
épineux (i).Franck rapporte quatre
cas de commo-
tiou de l'épine, quise terminèrent par la mort.
A l'autopsieon ne put découvrir la moindre
lésion par l'examen leplus soigneux, soit des
vertèbres, soit de la moelle épinière. La commotion
peut être, dans très-peu de temps, suiviedela mort
par l'inflammation qui se développe. Un fait re-
marquable de ce genre a été déjà rapporté par
M. Bell; M. Boyer raconte le suivant
Un maçon tomba d'une hautenr de r4 pieds
et resta pendant quelque-temps privé de la sen-
sibilité. Revenu de cet état, il fut privé de l'usage
de ses extrémités inférieures; il était aussi affecté
de rétention d'urine, d'une excrétion involontaire
de matières fécales, et de quelque désordre dans
la respiration. Il mourut en douze jours.A l'autopsie cadavérique,
on trouva uue sigrande
quantité de sérum sanguinolent dans le canal épi-
neux, qu'ilen
remplissaitla moitié inférieure.
2.° Des symptômes graves peuvent suivre la com-
motion, et ne pas tardercependant à s'évanouir.
Galien parle d'un homme qui à la suite d'un
coup à la partie moyenne du canal vertébral,
fut affecté de la perte de la parole, de la voix et
de la paralysie des extrémités inférieures; après
sept jours, il recouvra la voix et laparole,
et
bientôt après la paralysie disparut.
(a) Traité des maladies des os, toin, II pag. ioi*
MALADIES
Dans 1 Eté de 1816, je vis un hommeemployé
à faire sauter un rocher, près d'Edimbourg, qui
ne s'étant pas retiré à une distance suffisante, et
tournant le dos an rocherlorsque l'explosion
survint, fut frappéà
l'épine, par ungros caillou,
vers les dernières dorsales et lespremières lom-
baires il tomba aussitôt, entièrement privé du
mouvement de ses extrémités inférieures. Quand
je le vis, quelques heures après l'accident, je le
trouvai dans cet état seplaignant d'une douleur
violente qui s'irradiait du point fortement contus
vers les cuisses. La tuméfactionqui s'était déclarée
à la suite du coup, était si considérable et si
étendue qu'il était impossible d'assurerquel
était l'état des vertèbres. Il resta au lit pendant
plusieurs semaines, paralysé des extrémités infé-
rieures et atteint de dysurie; mais la santé revint
peu à peu, et, dans quelques semaines, il ne se
plaignit que de faiblesse et d'unelégère douleur au
dos, qui se faisait sentir surtout quand il voulait
sebaisser il est àprésent tout-à-fait rétabli. Le
traitement, employédans ce cas, consistait
prin-
cipalementen des
saignées générales et locales-
Dans lejournal d'Hufeland ( XXI volume ), 011
trouve l'histoire d'un homme qui se laissa tomber
du haut d'une charretée de bois, de telle manière
que le poids de son corps reposa sur le derrière
de son cou et de ses épaules, sa tête étant courbée
en avant. Lorsqu'il revintà lui, il se trouva en-
tièrement privédu sentiment et du mouvement
de toutes les partiesau dessous du cou. 11 ne
DE LA MOELLE ÉPIMlÈRE.
pouvait mouvoir aucune autre partie que sa tête.
Il y avait aussisuppression d'urine et constipation.
Huit on dix jours après, il fut affecté d'un gon-
flement des membres et d'un sentiment de pi-
cotement, suivi d'une douleur violente, mais sans
aucun mouvement. Aprèsavoir été huit mois
dans cet état de paralysie parfaite, il recouvra le
sentiment et le mouvement dans ses doigts. De-
puis ce temps, la faculté du mouvement s'accrût,
très.'graduellement, au point qu'à la fin de seize
semaines, il put se soutenir assis sur une chaise.
Après un long intervalle, ilput se traîner soutenu
sur des béquilles, et, quelque temps après, lors-
que cette observation fut recueillie, il se servait
de ses mains et pouvait marcher à l'aide d'une
canne mais il se plaignit toujours d'une grande
faiblesse dans la colonne vertébrale, la douleur
se faisant principalement sentir à la jonction de
l'épine avec le sacrum. Le retour des fonctions de
la vessie et des intestins chez le malade est re-
marquableil fut d'abord atteint d'une
suppres-
sion complète d'urine, qui exigea l'usage du
cathéter pendant quatre semaines; à cette époque,
il n'eut plus besoin de s'en servir parce qu'elle
coulait involontairement; quelque temps, après il
recouvra la faculté de retenir cette liqueur excré-
mehlitielle. Les intestins ne pouvaient être excités
que parde forts lavemens, pendant six semaines.
Après cet intervalle, les selles coulèrent involon-
tairement pendant quatre semaines, et, enfin l'en-
semble des fonction repritson actions naturelle.
MALADIES
3.° Cet état peutconduire à la paralysie perma.
nente; et celle-ci peut suivre immédiatement ou
lespremiers
effets de la commotion, ou se méta-
morphoser en une autre maladie après un temps
considérable. Le peu de gravité des premiers
symptômes,dans de tels cas, et la marche lente de
leurs progrès,seront éclaircis
parle cas suivant.
Robert Bain, âgé de 43 ans, se laissa tomber,
depuisenviron
rjans,du haut d'un arbre, sur le
sacrum. Il fut porté chez lui, privé de la faculté
de mouvoir ses extrémités inférieures, et affecté
de douleur dans la partie inférieure de l'épine.Il
resta au lit environ douze jours, et, alors, il revint
tellement à lui, qu'il fut capablc de suivre son
emploi habituel. Depuis ce temps, il fut affecté
d'un sentiment particulier d'engourdissementvers
lepartie supérieure du pied gauche. Ce sentiment
ne lui occasionnait aucun inconvénient mais il
ne le quitta jamais. Après être resté dans cet état
pendant quatre ans, l'engourdissement s'étendit
soudainement en haut, le long du pied et de la
cuisse gauches,et fut aussitôt suivi de la para-
lysie de ces parties. Quelque temps après,il fut
saisi, d'une douleur qui s'étendit vers la partie
inférieure du dos et à la cuisse droite cet état
fut bientôt suivi de la paralysie de la cuisse et
de la jambe droites. Lemaladeresta au lit pendant
environ deux ans, avec uneparaplégie parfaite;
mais, deux ans après,ses forces s'étant accrues,
il fut assez maître de ses mouvcmens pour se
traîner soutenu sur deuxbéquilles.
Il était dans
BE I.A. MOELLE ÉPIIfliRE.
T.lVdela?. sér.,cah.deJan.et Fév. 1819. 17
cet état, sans avoir éprouvé la moindre améliora-
tion, lorsque je le vis ily a quatre mois son
épine était dans un état naturel, mais il se plai-
gnait d'une douleur profonde lorsqu'on lui com-
primaitles dernières vertèbres dorsales et le
sommet du sacrum. On plaça deux fonticnles en
cet endroit, et, depuis cet instant, il est survenu
une amélioration considérable. Ilpeut mainte-
nant rester debout, etquoiqu'il ne puisse
sepasser
des béquilles, pour marcher, il peutlever ses
jambes beaucoup plus haut en marchant.
La maladie, dans ce cas, peut être probablement
rapportée àl'inflammation chronique de la moelle
épinière ou de ses membranes; d'où, aussi, il a pu
résnller l'épaississement de celles-ci et quelquesautres affections morbides qui ont été déjà men-
tionnées dans cet essai. Leur existence parait être
prouvée par plusieurs observations que nous avons
faiteonnaître, et particulièrement par celles du
Comte de Lordat, du Marquis de Caussan, et du
jeune homme dont il est parléà l'art.eIll. relatif à
Cépanchement gélatineux.De semblables affections
proviennent souvent de légères commotions éprou-
vées par l'épine, lesquelles n'ont point d'abord été
snivies de symptômes graves, et n'ont paru mériter
aucune attention. Quelquefois, ces maladies sur-
viennent après un si long intervalle que le ma-
lade a oublié l'affection de l'épine, ou, s'il s'en
souvient, il ne la considère point comme étant
liée avec l'état morbide présent.
Un homme dont parleM. Charles Bell, devint
MALADIES
paralytiquedes extrémités inférieures, quelques
mois après un coup sur l'épineoccasionné par une
chûte sur le dos et contre le coin d'une table. Un
homme se promenant à lSurnslfield Links, près
d'Edimbourg, reçut un coup de paume sur l'épine,
lequel pourtantne produisit, pour le moment,
aucun symptôme grave. Plusieurs semaines après,
il devint paralytique des extrémités inférieures
cette maladie se maintint pendant quatre ou cinq
mois; mais, elle fut heureusement combattue par
le traitement accoutumé. Dans d'autres cas, les
symptômes se déclarent sur le champ, et avec une
telle activité, qu'onne
peut plus méconnaître
son caractère inflammatoire. Uu jeune homme
dont parlele docteur Jebb, reçut un
coup de
pierre sur l'épine; le soir du même jour, iléprouva,
un frisson qui suivi de la fièvre, prit de l'ac-
croissement pendant toute la nuit maisqui
diminua d'intensité vers le matin. Il se plaignait,
en même temps, d'une douleur à l'estomac et au
dos, et d'une espèce de crampe dans les mollets.
Ces premiers symptômes furent bientôt accom-
pagnesd'une paraplégie, qui, dix jours après,
était complète.Des cautères furent appliqués;
mais
ce n'estqu'au
bout de trois mois qu'il put faire
usage de ses membres inférieurs.
Toute contusion reçue sur la colonne verté-
brale, mérite donc laplus grarid attention de
la part du praticien aussi il doit déployer toutes
les ressources capables de prévenir une inflam-
mation.
DE LA MOELLE ÉPOIïhE.
Il. maladies des vertèbres. Il serait superflu
de discourir minutieusement sur unsujet que
des
écrivains du premier ordre ont bien approfondi.
Il y a, toutefois, plusieurs circonstances dont
il sera peut-êtreconvenable de
parler ici, parce
qu'euesont un rapport direct avec le sujet de
cet essai. 1
Dans la carie vertébrale accompagnée de gib-
bosité, on observe fréquemment nueparalysie;
hors, il est bien démontré qu'elle netient point
au vice de configurationde la colonne, puisque
toutes les fois que le racliiséprouve une cour-
hure accidentelle il ne survientpas de paralysie:
et que, lorsque ces deux affections sont simul-
tanées, cette dernière peut disparaître sans que
l'on ait remédie à l'autre. La maladie, dans le
principe, paraîtêtre une véritable inflammation
qui a son siége tantôt dans les ligamens et les
membranes, tantôt dans les cartilages interver-
tébraux, et, d'autres fois, dans lecorps dos ver-
tèbres. C'est dans ce dernier cas que l'inflam-
mation détermine la carie, ets'accompagne de
gibbosité.Mais ce dernier accident n'arrive pas
toujours, al tendu que lacarie peut attaquer d'em-
blée toute l'étendue d'une vertèbre, de sorteque
celle ci disparaît complètement. Dès lors, il résulte
un raccourcissement de l'épine sans courbure re-
marquablec'est là ce que l'on observe fréquem-
ment dans les vertèbres lombaires. L'histoire de la
maladie d'un enfant, rapportéeà ce sujet par le
docteur Armstrong,est du
plus grand intérêt
WALADIFS
cette maladie était caractérisée parl'incontinence
d'urine, et par l'excrétion involontaire des ma-
tières fécales; par une respiration difficile, et par
laparalysie
de tous les membres, le bras gauche
excepté, car, il jouissait d'un léger mouvement.
Le jeune malade ressentait une vive douleur lors-
qu'on le pressaitaux vertèbres cervicales, où il n'y
avait aucune difformité. II guérit complètement
en peu de mois, l'ankilose étant survenue dans les
vertèbres qui avaient été affectées. Dans ce cas,
la maladie était probablement bornée aux sur-
faces articulaires. M. Copeland a fait représenter
dans une gravure trois des vertèbres dorsales
réunies par ankilose les cartilages interverté-
braux avaient disparu, mais iln'y avait aucune
pertede substance dans le
corpsdes vertèbres.
Dansée cas, la paralysie s'était déclarée, mais il
n'y avait pas de gibbosité apparente. Il ne suffit
pas, dans la pratique, en suivant les maladies de
ce genre, de déterminer l'existence ou la non-
existence de la difformité; toute l'épine doit être
examinée avec soin dans la vue de découvrir la
présencede l'inflammation qui, alors, est caracté-
risée par la douleur qui succède à lacompression
ou qui se développe en passant uneéponge
chaude sur lapartie, comme le recommande M.
Copeland.On devrait faire un
pareil examen,
lorsqu'il paraît des symptômes qui annoncent
une lésion de la colonne vertébrale ou de l'or-
gane important qu'elle renferme, surtout s'ils
ne cèdent promptementaux méthodes ordinaires
BE L\ MOELLE ÉPUVIKRE.
detraitement,
ou s'ils se sont déclarés aussitôt
aprèsles
coups reçusà
l'épine du dos, ou après
les distorsions de cette partie.
Lesprincipaux symptômes qui peuvent
être
alors observés, sont la faiblesse, l'engourdisse-
ment, les affections convulsives, les tressaillcmens
spasmodiques des membres, surtout pendant la
nuit; la perte entière de la faculté des muscles,
de telle sorte que, quoique la personne puisse
marcher avec assurance, elle ne peut cependant,
ni courir ni sauter; l'engourdissement le long
du bord descartilagineux côtés l'oppression
particulière,et le resserrement dans la région de
l'estomac. On a souvent trouvé, liées avec les
affections del'épine
et de la moelleépinière>
différentes affections de la respiration, la difficulté
de laisser couler ou de retenir t'urine et les ma-
tières fécales; aussi a-t-on, quelquefois, confondu
ces signes avec ceux de l'asthme ou de quelque
maladie de l'urètre ou du rectum.
Il est très-remarquable que les symptômes qui
résultent de l'état morbide desorganes internes
puissentexister par suite des maladies de
l'épine
sans être suivis d'aucune affection des membres;
et même, dans certains cas, sans être accompa-
gnésd'aucune lésion apparente vers la colonne
vertébrale. Une fille, dontparle M. (lopeland,ne
pouvait vider la vessie qu'en souffrant, et se
plaignaitd'une douleur tensive autour du bord
du thorax et de difficulté de respirer. Les mem-
bres n'étaient pas affectés, excepté qu'elle était
MALADIES
plus aisément fatiguée que ses compagnes lorsj
qu'ellemarchait. Par l'examen attentif de la co-
lonne vertébrale on trouva qu'une des vertèbres
dorsalesproéminait légèrement en arrière. A
l'aide des saignées locales, des vésicatoires du
reposet d'une
position horizontalc toutes ces
douleurs furent presque éteintes. Lessaignées
locales, les cautères, le repos parfait, et laposi-
tion horizontale, tel est le traitement qui a le
mieux réussi dans le premier degré. Dans les'
périodes plus avancées, le mercure a été donné,
dans quelques cas, avec beaucoup de succès. M.
Charles Bell, parled'une jeune fille qui, après un
coup reçu sur l'épine, resta au lit pendant huit
mois dans l'état leplus désespéré le dos était
courbé et les extrémités inférieures fléchies. Elle
guérit complètement par l'administration du mer'
cure qui lui fut prescrit contre la syphilis, dont
elle avait été affectée depuis letemps de l'accident.
Dans les transactions, d'une Sociétépour l'amélio-
ration des connaissances médicales etchirurgica-
les, vol. III, il est fait mention d'un homme atteint
des symptômessnivans vue louche difficulté
d'avaler, prononciation peu distincte, paralysie du
Lraset de la jambe gauches, proéminence dequel-
ques-unes riesvertèbres cervicales. Par l'effet d'un
traitement mercttriel, tous ces accidens diparureiil;
et la tuméfaction produite par les vertèbres, fut
de beaucoup diminuée.Plusieurs individus ont été
guérisde cette affection morbide sans remèdes, et
seulement parla
position horizoutale, comme le
r>E Lt MOETLE ^PIUIÈRE.
prouve l'exemple du docteurArsmtrong, rap-
porté ci-dessus.
Maladies particulières de VJpophyse Odontoïde.
i.° Cette éminence osseuse, petit être cariée, sans
que l'observateur puisse reconnaître le moindre
symptôme dangereux, jusqu'aux approches de la
mort. Telle est l'histoire d'un jeune homme dont
parle M. Copeland. Le malade avait fait usage du
mercure pour une maladie du tibia, et il s'était
plaint, pendant quelque temps, de roideur et de
douleur, lorsqu'il faisait mouvoir sa tète. Eu tour-
nant subitement cette partie du corps, il fut saisi
de convulsions, et mourut en quelques heures.
A l'ouverture du cadavre, on trouva l'apophyse
odontoïde entièrement détachée de la vertèbre,
et presque détruite par suite de la carie.
2.° Une forte violence peut produire sa luxa-
tion les exemples de ces cas se rencontrent fré-
quemment. Un homme, dont parle M. Charles Bell,
fit un effort violent pour pousser une brouette,
de la rue sur le trottoir. La brouette suivit rapi-
dement l'impulsion; l'individu se laisse tomber,
et le menton atteignit le bord du pavé en quel-
ques secondes, cette chute fut suivie de la mort.
A l'autopsie,on rencontra la moelle de l'épine
écrasée par l'apophyse odontoïde sans que les
ligamenseussent opposé la moindre résistance.
3.° Il parait probable que les ligamens de l'apo-
physe odontoïde, peuvent par leur affection, mais
d'une manière plus graduelle, donner naissance
à un grandnombre de
symptômes graves, aux.
MAT-ATIIES
quels la mort ne tarde pasà succéder. Il y a
deux ans que l'on reçut un homme, à l'hôpital
d'Edimbourg, qui avait la coutume de porter des
fardeaux sur son épaule gauche, et dont la tête,
par-conséquent,était toujours penchée du côté
droit. Il se plaignit d'une douleur au front et à
l'occiput, qui s'étendait vers le cou, et d'un senti-
ment douloureux vers lagorge,
ainsique d'une
grande difficultéon plutôt de l'impossibilité d'ava-
ler. En mêmetemps, vomissement assez violent
des matièresqu'il
venait d'avaler, et qui se trou-
vaient encore dans l'œsophage. Contractions et
roideur du cou et du dos, ressemblant au tétanos;
prononciation lente et difficile; pouls présen-
tant 54 pulsations parminute. Ces
symptômes,
dont la dysphagiefut un des
premiersavaient
commencé six semaines avant et s'étaient accrûs
graduellement.Deux jours après son entrée à
l'hôpital, le malade devint paralytique du côté
gauche;et le jour suivant, respiration laborieuse,
paralysiedu côté droit; il mourut trois jours
après,étant déjà privé de tout mouvement au
dessous du cou.
A l'ouverture du cadavre, on trouva que les
ligamens avaient donné passage, du côté gauche,
à l'apophyse odontoïcle, tellement qu'ils lui per-
mettaient de comprimerla moelle épiniére. On
n'observa aucune autreapparence morbide dans
aucun des viscères.
L'épine peutêtre affectée de carie étendue, sans
quecette maladie soit
accompagnéede
symp-
Vf. TA MOET.T.BirlKIKRE.
tûmes qui signalent un tel état morbide. Un
homme dont parle M. Charles Bell, qui avait été
sujet à une violente douleur au dos, et à des accès
de palpitation, mourut subitement après une
longue pomenade. La seule apparence morbide,
qu'on observa à la dissection, fut un très-grand
abcèsscrophuleux, dans le médiastin postérieur,
avec carie très-étendue de plusieurs vertèbres,
et lésion dans divers endroits de la moelle épi-
nière. Je vis un semblable abcès dans le médiastin
postérieur, avec carie de cinq à six vertèbres,
chez une fille qui mourut de la phthisie elle
s'était plainte pendant quelque temps,d'une
douleur cruelle au dos; mais ces douleurs sous
d'autres rapports, ne différaient pas des symp-
tômes ordinaires de laphthisie. Une affection
semblable des vertèbres lombaires, avec undépôt
par congestioncontenant deux livres de ma-
tière, a été décritepar
M. Benjamin Bell (i). Les
vertèbres étaient tellement affectées, qu'onfit
l'extraction de quelques esquilles,et la matière
du dépôt était, en quelques points, en contact avec
la moelle épinière. Le malade âgé de quarante
ans, s'était plaint d'une violente douleur au dos
et aux cuisses, qui l'empêchaitde tenir le
corps
dans uneposition verticale; mais il
n'yavait
aucune gibbosité de l'épineet aucune
paralysie.
Il éprouvait une grande difficulté derespirer,
mais ce symptôme fut regardé comme dépendant
d'un état morbide des poumons.
(i) Edinburgh, Meilkfil commentants t Fol, IlL
MALADIES
Conjectures. Les symptômes qui ont accompa-
gnéles maladies de la moelle épinière et de ses
membranes, ont ouvert un vastechamp
de con-
jeckires, sous lerapport
de l'influence que ces
parties exercent dans plusieurs maladies, dont
l'histoire, jusqu'à présent, a été plongée dans une
grande obscurité. Loin d'être arrêtés dans nos
recherches, par ces conjectures, elles doivent, au
contraire, exciter notre zèle, et diriger nos études
vers des sujets dignes de toute notre attention.
Un courtexposé,
à ce sujet, terminera notre
mémoire.
Maladiesspasmodiqu.es. Quelques
auteurs cé-
lèbres, ontpensé que
les maladiesspasmodiques
et nerveuses avaient leur origine dans la moelle
épinière. Hoffmann dans son essai « de Morbis
discernendis » établit la distinction suivante entre
l'épilepsie et les convulsions. Dans le premier cas,
dit-il, les membranes du cerveau sont affectées;
dans le second, ce sont les membranes de la
moelle épinière. Dans son traité « de Morbis convid-
sivis»,ù divise les affections convulsives en idio-
pathiques et symptomatiques. Il pense queles
premières Viennent de l'irritation des membranes
de la moelle épiuière, et que les dernières dépen-
dent des maladies de divers autres organes, cri
conséquence de l'influence que ces maladies exer-
cent sur la moelle épinière. Après l'examen de
la même doctrine, Ludwig attribue, plus parti-
culièrement, plusieurs affections hystériqueset
hypocondriaques,à J'irritation de l'origine des
DE LA. MOri.lR rérraiF.RE.
nerfs intercostaux, et explique, dans ces cas, les
affections des poumons, du larynx, etc., qui se
développent dans le cours de ces maladies par la
connexion de leurs nerfs avec la paire vague. Lieu-
taud, adopte une semblable opinion, et admet que
toutes les maladies convulsives, danslesquelles
laparolè
n'apas
été affectée, dépendent des ma-
ladies de la moelleépinière,
et il considère le
tétanos comme en étant un exemple. Burserius,
Fernel, Bilfinger ( de tetano ), soutiennent la
même doctrine. Portal, suppose qu'une légère
pression, exercée sur la moelle épiuière, produit la
convulsion etqu'une plus considérable produit
laparalysie; et il explique, ainsi, les effets suc-
cessifs de l'accroissement graduel de la pression.
Dans l'état présent de nos connaissances, il
faut avouer que ces opinions ne valent pas plus
que les conjectures qu'on avait émises à ce sujet.
Si, toutefois, nous prenons en considération les
cas rapportés dans cet essai, et beaucoup d'autres
que nous aurions pu encore citer, nous devons
observer que plusieurs maladies de la moelle
épinièreont été suivies de
symptômes semblables
à ceux de la chorée, du tétanos et d'autres ma-
ladies convulsives. Hoffmann parle d'un jeunehomme qui, après
avoir reçu uncoup sur le
sacrum, fut saisi d'une violente affection convul-
sive, ressemblant presque au tétanos, avec perte
de mémoire, prononciation difficile et délire.
La douleur se maintint avec beaucoup de violence
pendant cinq jours, et revint ensuite, pendant six
MUAOrM
mois, à des périodes presque régulières. Burserius
rapporte le cas d'un homme qui mourut du téta-
nos, produit par l'exposition au froid après l'em-
poisonnement.
A la dissection, on trouva une grande quantité
de sérum, jaune et visqueux, sous l'enveloppe exté-
rieure de la moelle de l'épine. Franck cite le cas
d'un horrible tétanos, survenuaprès
un coup sur
l'épine; mais il ne donne aucun détail sur l'au-
topsie cadavérique.Le cas
quel'on lit à la
page
262, n.n 3 de ces observations, ressemble beau-
coup au tétanos. Dans plusieurs autres faits qui
ont été rapportés les affections convulsives, des
extrémités, seprésentèrent
liées avec les maladies
de la moelle épinière; et celui que nous avons
rapporté d'après Brera, page 23o, n.° i, présente
une grande ressemblance avec la chorée. Le fait
qui appartient à M. Portai mérite aussi une at-
tention particulière (pag. a33 ).
Colique des peintres. J'ai déjà rapporté, pag. 287,
l'observation d'une femme, dont parle Bonet, chez
laquelle la paralysie survint après une violente
colique. Une abondante effusion (le sérosité fut
trouvée sous les membranes de la moelle épinière.
Privatius, cité par Sauvages, parle d'une jeunefemme, qui, après avoir souffert d'une violente
gastrodinie pendant trois heures fut atteinte
de la paralysie de toutes les parties situées au
dessous du cou elle mourut deux mois après;
maisl'autopsie ne fut pas pratiquée. Au commen-
cement de la maladie, on remarqua une tumeur
volumineuse, correspondante à la dernière ver-
tèbre cervicale. Dans ce cas l'on crutque h»
douleur était symptomatique d'une lésion de la
moelle épinière.L'idée que plusieurs auteurs du
continent ont en de la colique des peintres, la
considérant comme une inflammation réelle de
DE LA MOELLE ÉPIÎTIÈRE.
la moelle épinière ( tiachialgia Satumina), les a
engagés à mettre, alors, en usage les saignées et
lesanti-phlogisiiques (i).
Fièvre. Baillou, attribue plusieursdessymptômesde la fièvre à une affection de la moeite épinière,
surtout la douleur au dos, le tremblement des
mains, et l'oppression de larespiration (a, Quel-
que importance quel'on attache à de telles
conjectures, nous avons raison de croire que,dans certaines fièvres malignes,
la moelle de
l'épine devient malade; nous en avons donné,
d'après Bréra, un exemple remarquable qui est
consigné à lapag. a3î n." 3. Ranclietti rapporte
l'observation d'une fille qui mourut d'une fièvre
pétéchialedont le symptôme essentiel était le
coma.
Al'autopsie, le cerveau et ses membranes la
moelle épinière et les tuniques qui la revêtent,
présentaient des traces évidentes d'inflammation;
ily avait une grande quantité de matière puri-
forme vers la queue de cheval (3).
Eyilepsie. M. Esquirola dernièrement
présentéà la Faculté de Médecine (le Paris, un mémoire
sur l'épilepsie, dans lequel il établit d'après l'exa-
men cadavérique de quinze individus morts de
cette maladie, que la moelle de l'épine était alfetée
dans tous ces cas. Cependant l'autopsie nepré-
senta pas toujours la même lésion tantôt il y
avait des hydatides; tantôt les membranes étaient
comme injectées; tantôt la membane arachnoïde
de la moelle épinière était grisâtre. Chez plusieurs
la substance médullaire étaitl'lus molle, qu'elle
ne l'est naturellement, dans des endroits parti-
culiers et dans un autre cas elle était plus dure.
(i) Astruc, Quœsfio Merfica an mur&o* Colicce Pictonumrectiur Ruchittlgiœ Veriœ~st:cli<
il) Ballomi Consil. Medic.
(?>) Ranchetri della'Struttura délie funiioni e délie MaUtie,,d^IU iblîdoilu Sjniiali.
MALADIES
que dans l'état naturel; dans un autre, la moelle
de l'épineà la onzième et douzième vertèbres
dorsales, était molle et d'une couleur claire brune.
Une jeune femme, chezqui
les accès épilepliques
revenaient avec la menstruation, futguérie par
ce médecin par l'application répétée du moxa à
l'épiue (i).
Hydrophobiè. M. Salin, semble avoir été le pre-
mier qui conjectura, que dans cettecruelle ma-
ladie, la moelle épinière est affectée. Un cas
rapportédans le Journal médicochirurgical de
Londres ( Octobre 18(7), semble donner quelque
probabilitéà cette conjecture. Le cas fut aussi mar-
qué, qu'il fut violent et promptement funeste. On
trouva les membranes du cerveau fortement injec-
tées, et un épanchement séreux considérable.
Mais la maladie avait porté, surtout, son influence
sur le pont de Varole, la moelle alongée, et la
partie supérieure de la moelle épinière. Ces di-
verses parties étaient couvertes par une couche
épaisse albumineuse, résultat d'une inflammation
intense. Cette couche de matière était sur la
moelle épinière, plus considérable que par-toutailleurs. Il est bien à
regretter qu'on n'ait pas
ouvert la colonne vertébrale, car on n'examina
pas plus, de la moelle épinière, que ce qui put en
être coupé par un couteau long et mince, passédans le grand trou occipital (foramën magnum).
Franck pense que plusieurs cas de dyspnée
proviennentdes affections morbides dont sont
atteints les nerfspbréniques; tandis
quela diffi-
culté d'avaler et de parler dépendent fréquem-
ment, suivant M. Portai d'un engorgement de lu
portioncervicale de la moelle épinière.
Je ne sais si le cas suivant doit être considéré
comme lié avec les maladies de la moelle épinière
(1) Bulletin de la Faculté de Médecine de Palis tom, V.
DE L* MOEr.LE ÉPIMIÈHE.
ou quelle en est la nature. Je n'en ai pas vu
d'autres qui lui ressemblassent exactement.
M. âgé de treiile-qualre ans, d'une constitution
grêleet très-actif, se
plaignit, dans l'Été de i8i5,
d'engourdissemens,et d'une légère sensibilité dans
toutes les extrémités: dans les inférieures, cette
anesthésie s'étendait jusqu'à la partie supérieure
des cuisses, quelquefois jusqu'à la partie inférieure
de l'abdomen; dans lessupérieures, elle ne s'é-
tendit jamais au dessus des poignets. Il éiait aussi
affecté d'une diminution considérable dans la
force musculaire; il pouvait marchera unegrande
• distance, mais, à cause d'un sentimentpropre
d iucertitude, sa démarche était chancelante, et
il lui était impossible de faire, euaucune ma-
nière, les rnouvernens propres pour sauter
courir, et même marcher vite; il jouissait d'ailleurs
de la meilleure santé. Plusieurs remèdes furent
employéssans succès; les évacuations et la diète
semblaient accroître plutôt le mal. Il était dans
cet état, depuis environ deux mois, lorsqu'il se
détermina à essayer l'effet d'un violent exercice.
Pourcela, il marcha aussi fort qu'il put, pendant
l'espace de cinq ou six mille (près de deux lieues)
par une soirée chaude, et rentra chez lui très-
fatiguéet considérablement échauffé. Le matin
suivant, il éprouvade cruelles douleurs dans le
gras des jambes; mais les autres douleursqui
avaient très-diminué, disparurent enfin.Depuis
lors, plusde symplômes de la maladie.
Le'cas suivant s'est présentéà mon observa-
tion après qu'une grande partie de cet essai était
imprimée peut-êtreest -il digne de quelque
attention.
Un enfant fort et robuste, âgé d'environ deux
ans, après avoir été atteint, pendantdeux jours,
de fièvre et d'oppression de poitrine, fut saisi
d'une convulsion violente. Le premier accès se
maintint durant le cours environ d'uneheure, 1
MALADIES DE LA MOELLE EPIKIERE.
à la suite duquel se manifestèrent le coma et la
distorsion des yeux. A peine remis de son état
iléprouva
une nouvelle attaque de convulsions,
deux heures après la première.Pendant les accès,
et quelque temps après,il
y avait des mouve-
mcns violents et irréguliers dit coeur et une
pulsation particulière spasmodique dudiaphrag-
me. Dans le second accès, coma continu, dont
il ne put jamais se remettre; déglutition facile
mais nulle autre apparence de sensibilité; les yeux
entièrement inceusibles pouls très fréquent;
bientôt après, légères attaques de convulsions,
dont une très-violente se renouvela quelques ins-
tans avant la mort qui su rvint trente-trois heures
aprè% la première attaque.Un traitement actif
avait été employé sans succès.
A l'ouverture cadavérique,on ne put découvrir
aucune lésion organiqne du cerveau; seulement
on remarquait une injection des vaisseaux de la
substance médullaire, et unléger épanchement
sous l'arachnoïde. Après l'ablation du cerveau et
du cervelet, il sortit copieusement de sérum
sanguinolent du canal épineux. Ce canal, étant
ouvert, on y trouva un copieux dépôt de fluide
sans conteur, d'apparence gélatineuse,situé entre
le canal et les membranes dela moelle épinière;
ce fluide était très-abondant dans la région cer-
vicale et à la partie supérieure de la région dorsale.
La cavité qui contenait ce fluide sans couleur,
semblait n'avoiraucune communication avec celle
du crâne. Dans les membranes de la moelle
épinière,il restait une petite quantité de fluide
sanguinolent qui s'était épanché dans la cavité
du crâne. A la partie supérieure, la moelle épi-
nière paraissait plus molle que dans l'état naturel,
et se laissait très- aisément déchirer. Tous les
viscères du thorax; et ceux de l'abdomen étaient
parfaitementsains. Le trou ovale présentait une
petiteouverture.
ETA.T PRÉSENT DES SCIENCES MEDICALES.
ï.at:~2.<~f/ca/z.t:eA?a'Mct~t~Mjat~.10ti
SECONDE PARTIE.
L° Travaux Académiques.
BULLETIN de la Société de Médecine -pratiqua.
LECTURES ET COMMUNICATIONS.
Réflexions médicales sur le penchant des hommes à la cré~
d utile par M. J.-M. Caillau, Sec rétaire- gêné rai de la
Société royale de médecine de Bordeaux.
Quelques anciens philosophes ont défini l'homme un animal
raisonnable. Df-mocriLe prétendait qu'il valait mieux l'appeler
un animal qui aime à rire si j'avais eu le bonheur de naître
jadis dans les champs heureux de la Grèce et d'obtenir une
inscription sur la fameuse liste des sept sages, pour quelque
répartie plus ou moins heureuse, j'aurais volontiers défini
l'homme un animal crédule. En effet, à peine le genre humain
voit luire quelques rayons de cette intelligence qui le distingue
des êtres qui l'environnent qu'il montre une grande incli-
nation pour des croyances de toute espèce. Bercé dans les bras
de sa mère il s'endort en écoutant des contes bizarres;
bientôt après il ajoute foi aux histoires absurdes que ren-
ferment les livres de Perrault aux admirables aventures de
Barbe-Rleue de Robert le Diable, de Pierre de Provence des
Quatre Fils Aymond de la Belle aux cheveux d'or et sur-
tout du Petit Poucet. Dans la jeunesse, l'homme croit encore
aux promesses qu'une imagination riante embellit il se laisse
charmer par desillusions qui flattent son cœur. Parvenu à l'âge
viril la crédulité fait toujours le fond de son caractère et dans
la vieillesse même quoiqu'il ait éLé averti par les leçons d'une
longue expérience l'homme se montre disposé à se laisser
séduire par l'espoir les erreurs et les chimères qui sédui-
»irent autrefois le premier âge de sa vie. Dans tous les temps l'
ÉTAT PlfréSïXT
111'" .aa" n. .rà toutes les époques dans toutes les circonstance» soit en
santé, soit en maladie, l'homme est donc un être crédule.
On croyait autrefois aux Sorciers, et personne ne doutait
de leur existence puisqu'on en brûlait tous les ans un cer-
tain nombre. Delancre ancien président au parlement de Bor-
deaux, qui pour sa part eu avait condamné cent-soixantc-
huit de compte net nous a laissé un fort beau )i\re sur cette
matière qu'il appelle fort réjouissante. Il prétend dans sa
préface que le Bas-Médoc était de son temps un repaire
de Sorciers, et il ajoute, que Dieu aidant, il parviendrait à
y mettre bon ordre. Albert surnommé le Grand je ne sais
pourquoisoutint sérieusement que douter de l'existence des
Sorciers, c'est douter de l'existence de Dieu. Et le savant lîodin
dans son grand tiaité de la démonomanie, dit en termes
formels pag. 167 j'ai vu dans ma vie plus de Sorciers que
tout autre je connais à fond tous leurs gestes et les défie
de m'attraper. Si Dieu me prête vie, je conduirai à bonne
fin mon excellente histoire des démons de toutes les espèces
auxquels je crois très- fermement, Lels que Larves Farfadets,
Sorciers et Sorcières Noueurs douillettes et Loups-garoux.
J'en sais de bons contes qui réjouiront fort mes lecteurs.
Il ajoute assez finement je n'oublierai point de parler dans
le susdit traité des maladies et inventions diaboliques d'un
certain démon qui depuis trente ans me tourmentepour
mes péchés.C'est sa femme qu'il désignait.
Dans le \aste champ des sciences il s'est glissé ça et là une
infinité d'erreurs qui ont toujours trouvé des prosélytes ardens
pour les défendre et même pour les accréditer. J'en citerai
quelques exemples. Les histoires plaisent toujours, dit Fon-
tenelle, de quelque manière qu'on les raconte j'observe
néanmoins à condition qu'elles soient courtes. « Une fille de
Spire nommée Marguerite, âgée de douze ans, avait été deux
ans sans mander, au rapport du docteur Langius, médecin
célèbre. On consulta sur ce sujet Simon Porlius de Naples,
un des plus grands philosophes de son siècle. Là-dessus
celui-ci fit un ouvrage qu'il adressa au pape Paul III, Il y
TES SCIENCES MÉDICALES.
donna des raisons physiologiques de ee phénomène tirées
de l'humidité naturelle aux femmes et du tempérament par-
ticulier de cette fille, Gérard Fulcod médecin de l'empereur
Ferdinand fil. aussi l'histoire d'un jeûne singulier. Catherine
Einder, née l'an 1 585, dans les terres du Palatin Jean Casi-
mir, ayant atteint l'lige de vingt ans, fut à ce qu'on dit 1
sept années sans manger elle avait passé auparavant cinq ans
n sans faire usage d'alïmens chauds », J'entends tous les
jours dire autour de moi qu'il y a dans le monde beaucoup
d'incrédules. Cela est possible. Mais il n'est pas moins vrai
que pour un qui refuse de croire, on en trouve mille qui
ajoutent croyance aux fables les plus absurdes, aux événe-
mens les plus invraisemblables. Les deux faits dont je viens
de parler en sont la preuve. Je connais huit dissertations
plus que singulières composées par des médecins très-savans
sur Histoire de ces abstinences. An sujet de ces jeûnes ces
commentateurs font des livres dans lesquels, pdur prouver
ce qui le plus souvent n'existe point, ils citent Salomon, le
prophète lîaruch et la Genèse. L'un deux y parle fort au
long des loirs, des marmottes et des antres animaux byber-
nans. Crollius sur-tout se distingne à cet égrd par des rai-
flonneraens qui font rire par leur originalité et c'est à propos
des phénomènes dont il vient d'être question que ce mé-
decin vante à outrance ses pilules anli-apopleetiques, comme
le sieur Arnould préconisait ses fameux sachets, qui selon la
remarque ingénieuse de Voltaire, guérissaient infailliblement
les apoplexies, du moins clans les gazelles.
H n'était pas rare autrefois de voir des erreurs graves, 1
des hypothèses plus que singulières et des théories souvent
absurdesfie glisser au sein même des Académies elles se
propageaient ensuite avec facilité dans des livres qui n'avaient
d'autre mérite que des ornemeus ambitieux et des citations
multipliées qui doublaient quelquefois l'ennui du texte par
l'ennui du commentaire. Un fait est avancé la plupart des
hommes ne se donnent point la peine d'examiner s'il porie
avec lui les couleurs de la vraisemblance. On aime à y croire »
tïAT PRESENT
et on y croît sans réflexions. Cinq à six membres de J'ancienne
Société royale de médecine étaient. il y a trente ans réunis
avec quelques chirurgiens célèbres chez le respectable Sabatier;
il s'agissait de rédiger un rapport qui devait être présenté
au Roi. Viq-d'A/.ir tenait la plume. Le savant ebirururgien
des Invalides se mit à raconter une histoire à ses confrères.
Un jeune matelot, dit-il, monte un jour au haut d'un mât
parvenuau sommet il tombe sur le pont et se fracture la
jambe droite. 'Le capitaine du navire s'approche alors de cet
homme dont la chute avait attiré tout l'équipage n'ayez au-
cune crainte, s'êcria-t-il sur les suites de votre accident et
laissez-moi faire. 11 prend alors du goudron liquide q'uil
mêle avec la décoction d'une certaine plante grasse, fait l'ap-
plication de son baume, met une compresse et la tient for-
tement serrée au moyen d'une ligature convenable; quelques
momens après, le matelot se promenait et agissait comme
à son ordinaire. Cela dit, Sabatier garda le silence. Voilà
un fait bien singulier s'écrièrent quelques membres de la
compagnie quelques-uns parlent de la facilité avec laquelle
ils ont vu quelquefois le cal se former: les autres raisonnent
savamment sur les forces médicatrices de la nature; tous
voulaient connaître la plante grasse dont on s'était servi dans
cette occasion. Lorsque le célèbre Sabatier vit la dispute
un peu engagée Messieurs, leur dit-il, j'ai oublié de vous
parlerd'une chose fort importante pour la solution de l'af-
faire la jambe dont je viens de vous parler était de bois/
Grands éclats de rire, et quelques-uns s'écrièrent alors avec
une finesse vraiment originale Ah nous y voilà nous
nous en doutions bien. Toutes ces disputes et beaucoup d'au-
tres qui leur ressemblent rappellent l'histoire de la Dent
d'or qui lit jadis tant de bruit dans le monde médical et qui
n'a existé que dans les livres de quelques savans; mais plusieurs
y croyaient alors et je suis persuadé que beaucoup de
personnes y croient encore.
Ce sujet me conduit naturellement à une-classe d'hommes
quifont toujours des promesses qui racontent des histoirea
Ï)ES SCIENCES MÉDICALES.
et des guérisons merveilleuses; on voit bien que c'est des
charlatans dont je veux parler, nation qui est toujours chas-
sée et qui revient toujours gens quœ semper expellitur et
rjuœ semper redit, comme l'a dit Tacite.
Les malades accablés de douleurs et de souffrances de toute
espèce, veulent être guéris. Les bons médecins sont auprès
d'eux dans une prudente expectation et montrent quelque-
fois de l'incertitude, on la timidité de la sagesse, ou la
circonspection opte produit l'expérience souvent répétée. Dans
ce moment arrive un prétendu guérisseur. Riche en promesses,
plus riche dans l'art trompeur de faire naître l'espoir il lui
est. facile d'exciter la confiance. L'homme qui ne souffre point
est crédule l'homme qui souffre l'est bien davantage. Le
charlatan se sert avec adresse de cette inclination naturelle
pour la faire tourner à son profit. II a ru cent fois l'affection
dont le malade lui fait- la peinture un seul mot est pour
cet homme extraordinaire, pour ce savant, doué d'un rare
génie un fil précieux qui le conduit habilement dans un
labyrinthe inextricable pour tout autre que pour lui-mêmej
et lui seul possède un remède dont les effets infaillibles sont
démontrés jusqu'à l'évidence. Il ne le divulgue point, parce
qu'il redoute la jalousie de ses confrères. Paris Londres,
Marseille, Montpellier même ont éle plus d'une fois les
témoins de son triomphe. Que de faits avérés constatent la
hardiesse coupable de ces imposteurs Il m'est impossible au-
jourd'hui d'en citer un grand nombre, et je me borne à quel-
ques exemples pour ne point fatiguer l'attention de mes
lectcurs.
En 1728, du tomps de Lass, le plus fameux des charla-
tans poliques un autre nommé Villars confia à quelques
amis que ton oncle qui avait vécu près de cent ans et qui
n'était mort que par accident, lui avait laissé le secret d'une
eau qui pouvait prolonger aisément la vie jusqu'à cent cin-
quante années pourvu qu'on fût sobre. Lorsqu'il voyait pas-
ser un enterrement, il levait les épaules de pitié; si le dé-
funt, disait-il, avait bu de mon eau, il ne serait pas où
ÉTAT PRÉSENT
il est. Ses amis auxquels il en donna généreusement et qui
observèrent un peu le régime prescrit s'en trouvèrent bian
et le prônèrent. Alors il vendit la bouteille 6 fr. Le débit
en fut prodigieux c'était de l'eau de la Scine, avec un peu
de nilre. L'abbé Desens, l'enthousiaste, mettait ce charlatan
fort au-dessns du maréchal de Villa rs. On sut enfin que
cette eau tant vantée n'était que de l'eau de la Seine, on n'en
voulut plus et on alla à d'autres charlatans II est certain
néanmoins que notre homme avait fait du bien, car il re-
commandait la tempérance, et c'est quelque chose. Voici un
charlatanisme d'une autre espèce dans cette matière il y
a toujours de la variété. C'est un ancien médecin de Bor-
deaux qui nous en parle dans ses commentaires sur Guy-
de-Chauliac.
« Nous avons vu, dit-il, un charlatan dans cette ville, t
Tau i663, le plus effronté fripon qui fat jamais, il se nom-
mait Raoux natif de Cauvisson. Il se présenta pour faire
l'opération de la lithotomie laquelle il exerça passablement
sur des enfans de huit à neuf ans, au petit appareil. Il eut
l'audace d'oser se servir de la même manière d'agir pour
les grandes personnes; il trompa absolument tous ceux qui
se confièrent à lui, en présence même de tous nos plus habiles
chirurgiens et médecins; de sorte que depuis le 20 du mois
de Juillet qu'il arriva à Cordeaux, jusqu'au 12 de Novembre
qu'il se retira, il fit semblant de tailler quatre-vingt-deux
personnesde tout âge et de tout sexe, sans qu'il en taillât
véritablement aucune à la réserve de cinq on six petits
enfaiis et d'une seule femme, petite, maigre et desséchée.
Dans cetespace de quatre mois il gagna ia,noo fr. il fut
caressé, loué et admiré de tous, tant en particulier qu'en
public. d'avoue de bonne foi que je fus un de ses panégy-
ristes mais sur la fin, remarquant que ceux qu'il avait fait
semblant de tailler les premiers, revenaient à se plaindre de
leurs douleurs je commençai à soupçonner la fraude et jel'observai pour le faire prendre et punir. Il me
redouta et
cessa de m 'appeler à ses opérations. Ordinairement après
DES SCIENCES MÉDICALES.
avoir sonde un malade il lui disait qu'il voulait lui figurer
sa pierre et se faisait apporter de la mie de pain qu'il pétrissait
entre ses doigts, et moulait une pierre sur celle qu'il avait
desseiq de lui faire voir un jour, et tous admiraient ceci
disant qu'il avait acquis cette connaissance par de longues
et fréquentes observations. Pour ne pas se tromper il choi-
sissait, sur le bord de notre rivière, des cailloux de diffé-
rentes grosseurs, et quand il voulait opérer il se contentait
de faire une incision dans les fégumens il y inlroduïsait une,
pierre avec la dextérité d'un joueur de gobelet et la retirait
après toute ensanglantée il la remettait an malade qui charmé
de l'adresse de l'opérateur, qui faisait sa besogne à juste
prix et qui ne causait pas de grandes douleurs, ne pouvait se
lasser de faire l'éloge du fripon, n'ayant que des louanges
à lui donner. La renommée parla en sa faveur, et fit venir
des provinces éloignées plusieurs pierreux il les sondait, il
les taillait à sa façon; il attrapa de l'argent de toutes mains
et les trompa tous. Cet,imposteuren quittant Bordeaux alla
à Paris, où il fut convaincu de mauvaise foi par le célèbre
Jérôme Collot u.
Ainsi, dans une infinité de circonstances, nous devons
nous prémunir contre les séductions qui nous environnent,
et rester dans ce doute philosophique qui, suivant Descartes
est le commencement de toute sagesse.
Programme des prix proposés par l'Académie royale de
sciences de Paris,
Prie de statistique. Afin que les recherches puissent s'é-
tendre à un plus grand nombre d'objets il a paru d'abord
préférable de ne point indiquer une question spéciale en
laissant aux auteurs mêmes le choix du sujet, pourvu que
ce sujet appartienne à la statistique proprement dite, c'est-
à-dire, qu'il contribue à faire connaitre exactement le terri-
toire ou la population, ou les richesses agricoles et indus-
trielles du royaume ou des colonies.
Parmi les ouvrages regardés à juste titre comme la*
J£TAT PRESENT
plus utiles on pourrait désigner ceux qui auraient pour
objet
La description d'une des principales branches de l'indus-
tric française, et l'estimation détaillée de ses produits.
La description des cours d'eaux et de leur usage dans
une portion notable du territoire de la France.
Le tableau de l'industrie de la capitale recherche impor-
tante qui se compose d'une multitude d'élémens divers très-
difficiles à rassembler.
Le plan topographique d'une grande ville joint à des
Mémoires assez étendus sur la population le commerce la
navigation et les établissemens maritimes.
Les descriptions statistiques des départemens ou des an-
Iiuaires rédigés d'après les instructions générales qui ont été
publiées en France et que Son Excellence le Ministre de
l'Intérieur a renouvelées.
L'indication des substances qui forment la nourriture des
habitans des campagnes dans plusieurs départemcns, et le
tableau des proportions selon lesquelles ces mêmes substances
sont employées comme alimens.
Une suite d'observations sur les transports effectués par
terre, qui serve à comparer l'importance respective des com-
munieations.
L'état des richerches minéral ogiques de la France, celui
de la navigation intérieure.
Knfîn divers Mémoires de ce genre ayant un objet spécial
exactement défini et relatif îi l'économie publique.
On regarderait comme préférables ceux de ces Mémoires
qui à conditions égales s'appliqueraieut à une grande partie
du territoire ou à des branches importantes del'agriculture
ou du commerce ceux qui donneraient la connaissance com-
plète d'un objet déterminé, et contiendraient sur-tout la plus
grande quantité possible de résultats numériques et positifs.
Les Mémoires manuscrits, destinés au concours de l'année
1819 doivent être adresses au Secrétariat de l'Institut ,fr&nc
de port, et rejni$ avant le 1." Janvier 1820. Us peuvent
DES SCIK3TCKS MEDICALES.
porter le nom de l'auteur, ou ce nom peut être écrit dans
un billet cacheté joint au Mémoire.
Quant aux ouvrages imprimés il suffit qu'ils aient été
publiés dans le courant de l'année 1819, et qu'ils soient
parvenus à l'Académie avant l'expiration du délai indiqué.
Le prix consiste en une médaille d'or équivalente à la somme
de cinq cent trente francs. II sera décerné dans la séanco
publique du mois de Mars 1820.
Prix d' Anatomie comparée. L'Académie royale des sciences
propose pour sujet d'un autre prix qu'elle adjugera dans la
séance publique du mois de Mars 1821, la question suivante:
Donner une description comparative du cerveau dans les
quatre classes d'animaux vertébrés et particulièrement dans
les reptiles et les poissons en cherchant à reconnaître fana-
logie des diverses parties de cet organe, en marquant avec
soin les changemens de forme et de proportion qu'clles éprou-
vent, et en suivant le plus profondément qu'il sera possible
les racines des nerfs cérébraux. Il suffira de faire les obser-
vations sur un certain nombre de genres choisis dans les
principales familles naturelles de chaque classe; mais il sera
nécessaire que les principales préparations soient représentées
par des dessins suffisamment détaillés pour que l'on puisse
les reproduire et ert constater l'exactitude.
Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 3ooo francs.
Il sera adjugé dans la séance publique du mois de Mars
1821.
Le terme de rigueur pour l'envoi des Mémoires est le i.*r
Janvier 182 1.
Les Mémoires devront être adressés franc de port au
Secrétariat de l'InsVitut, avant le terme prescrit, et porter
chacun une épigraphe ou devise qui sera répétée avec le
nom de J'auteur, dans un billet cacheté joint au Mémoire*
ÉTAT PRÉSENT
Observatisns physiques et agricoles, faites a Bordeaux
pendant les mois de Janvier et Février 1S19.
JiïïViER. R.
Un ciel serein, un froid sec vif, même glacial, ont marqué
les premiers jours de l'année; le 7 il est tombé un peu de
pluie, maïs le beau temps est revenu presqu'aussitbt, et a
continué jusqu'au 20, sans autre interruption que celle causée
par des brouillards assez fréquens matin et soir. Sept jours
de pluie, très-abondante ont succédé; le reste du mois a
été nuageux beau et d'une température modérée, rarement
glaciale. Le peu de pluie tombée depuis quelque temps a
laissé très -basses les eaux des fleuves qui traversent notre
département, ce qui a nui aux arrivages. La même cause a
diminué l'inondation des terreins bas et marécageux.
Des fièvres intermittentes parmi lesquelles on a remarqué
quelques quartes, ont présenté des symptômes catarrheux,
pituiteux et gastriques, qui ont également exigé l'emploi des
évacuant par le haut, par le bas etpar la peau. Des fluxions
catarrliales ont eu lieu, sur les organes supérieurs et ont causé
des ophtalmies, des otalgies, des coryzas, des esquinancies,
des torticolis, des rhumes et des péripneumonies plus ou
moins graves. L'humeur niorbifique s'est «aussi souvent portée
vers le canal alimentaire et y a produit l'anorexie, la colique',
la diarrhée la dysenterie ses effets ont été quelquefois
compliqués de ceux produits par la présence des vers intes-
tinaux ou par une sensibilité nerveuse excessive. Les rhu-
matismes ont été fréquens et rebelles. On eu à traiter beau-
coup d'érysipèles, de rougeoles, de coquelucheschez les
enfans. Leur dentition a été difficile douloureuse et accom-
pagnée de dangers. La menstruation a été pénible et irrégu-
lière chez beaucoup de femmes. Des apoplexies et des para-
lysies out attaqué plusieurs vieillards, et quelques-uns y ont
succombé. La phihisie pulmonaire, la péripneumonie le ca-
tarrhe suffocant, ont aussi fait des victimes.
DES SCIENCES MÉDICALES.
FÉVRIER,
Le temps a été beau sec et froid pendant les trois pre-
miers jours de ce mois; il est ensuite devenu pluvieux et
variable à un tel point que durant tout ce mois on a pres-
que constamment vu un beau jour succéder à un jour plu-
vieux et réciproquement. Les derniers jours ont été fort
humides. Les intervalles du beau temps ont été ordinaire-
ment accompagnés de brouillards. Quoique le thermomètre
ait rarement descendu au degré de la congélation, cependant
ï'atmosphère a étépresque toujours très-froide et le déve-
loppement des végétaux les plus hâtifs a été lent et retardé.
Les plantes céréales poussent vigoureusement et offrent une
verdure touffue.
l,es fièvres régnantes sont les mêmes que le mois précédent}
on a observé cependant que la saburre gastrique qui les ac-
compagnait a été plus abondante et plus commune les péri-
pneumonies dites bilieuses ont été également plus nombreuses.
Il y a eu beaucoup de fluxions catarrhales de toutes les es-
pèces des diarrhées rebelles avec ou- sans douleurs de coli-
ques, et rarement dysentériques, mais souvent accompagéeS
d'affections verm'meuses. Beaucoup d'éruptions cutanées ont
eu lieu c'étaient des furoncles, des érysipèles, la variole,
la varicelle, la rougeole, la porcelaine, la miliaire irrégulière,
des phlyctènes. Les apoplexies et les paralysies n'ont pas été
rares c'est sur-tout à ces maladies et aux péri pneumonies
qu'on doit imputer la mort de plusieurs vieillards. D'autres
sujets ont succombé par suite des obstructions des poumons
ou des viscères abdominaux. Les rhumatismes, soit aigus,
soit chroniques ont été très-communs, et toujours rebelles.
Beaucoup de pauvres ont été en proie aux affections scrophu-
leuses et scorbutiques.
Î^TAT PRESENT
II.° Revue des Journaux.
Journal généralde médecine française
et étran-
gère rédigé parune commission
prisedans le
sein de la Société de médecine de Paris, séante
à niotel-de- Fille.
Mirposé' succinct des dtffvrens phénomènes sympathiques par
M. Piorry docteur en médecine etc.
Parmi les phénomènes de l'organisation il en est peu qui
soient plus importans qui se rencontrent d'une manière plus
fréquente qui se présentent sous plus de formes que ceux
auxquels on a donné le nom de sympathies. Quelle prodi-
gieuse quantité d'actions différentes ont été réunies sous cette
dénomination? Il n'est point de fonction où l'on n'en ren-
contre; il n'est pas de force qui ne préside à quelques-unes
d'entre elles; il n'est pasd'organe qui n'en puisse être le siège.
Depuis le parenchyme délicat de l'encéphale, jusqu'au tissu
cellulaire doué d'une sensibilité si peu marquée peut-être
n'est-il pas une partie de noas-ffièmes qui ne présente des
phénomènes de ce genre. Je n'ai point l'intention de tracer
leur histoire d'une manière détaillée d'autres que moi ont
rempli une semblable tâche, mieux sans doute, que je ne
le pourrais faire; je cherche seulement ici à rappelerd'une
manière succincte, le mode suivant lequel les sympathies se
manifestent dans les différens organes.
Je me bornerai à faire remarquer qu'elles ne sont autre
chose que le résultat de l'influence qu'une partie exerce sur
une partie donnée, d'une manière plus' étroite que sur tos
les autres points de l'organisation. Chacun de nos organes
agit sur toute l'économie; mais si cette action est plus mar-
quée sur un organe que surtous les autres il en résulte un
phénomène sympathique. Je crois que cette explication est
assez convenable, et qu'elle peut être de quelque utilité dans
l'histoire dessympathies.
DES SCrEWCES MÉDICALES.
Il me semble qu'on pourrait réduire aux modes sultans,
la manière dont se passentles différens phénomène» de cette
nature
i.° Sensation dans un organe, ressentie soudain dans un
autre organe;
a.° Sensation très-faible dans un organe, suivie d'une sen-
sation très -vive dansun autre qui rend presque nulle la
première;
3.° Sensation dans un organe, déterminant des mouvemen*
dans un autre organe j
/j.° Mouvemeut dans une partie, déterminant des mouve-
mens dans une autre partie;
5.° Altération dans les fonctions élémentaires d'une partie,
suivie d'un changement dans les sensations d'une autre;
6.° Altération apportée dans les fonctions élémentaires d'une
partie suivie d'une altération semblable dans celles d'une
autre partie;
7.0 Altération passagère dans les fonctions élémentaires
d'une partie, suivie d'un trouble profond dans les fonctions
élémentaires d'une autre;
8.° Changement soudain survenu dans les functions élé-
mentaires d'une partie, ramenant à leur type naturel les
fonctions élémenlaircs d'une autre partie oit elles ont clc
précédemment altérées.
Entrous dans quelques détails sur les différens modes dont
les phénomènes sympathiques nous paraisssent susceptibles*
Je pourrais citer un graud nombre d'exemples de sensations
perçues à la fois par deux parties, quoiqu'une seule ait été
soumise à la cause qui a déterminé l'impression. C'est ainsi
que le chatouillement de la luette cause la sensation qui pré-
cède la nausée que l'impression du froid sur les pieds pro-duit instantanément un besoin d'uriner auquel on résiste
avec peine, que la titillation de l'extrémité du gland donne
lieu au même phénomène que l'excitation du mamelon excite
les désirs vénériens etc. Dans toutes ces circonstances une
cause ayant agi sur un organe, de manière à y déterminer
^TAT PRESENT
une sensation, est ainsi, quoique d'une manière médiate,
la source d'une sensation plus ou moins vive dans une autre
partie, sans qu'on puisse expliquer par une communication
nerveuse ou vasculaire, l'influence que le premier organe a
exercé sur le second.
Mais il est des cas où la concordance d'action est si intime,
où l'influence d'une partie sur une autre est si grande, qu'une
sensation légère dans la première détermine une sensation
très- vive dans la seconde. Une douleur insupportable peut
même être produite par une relation sympathique de cette
nature. La légère épigastraigie qu'on éprouve dans certaines
affections de l'estomac est pour ainsi dire annihilée par une
douleur atroce vers la partie antérieure de la tête; une ma-
ladie chronique de la matrice peu douloureuse a présenté
souvent parmi ses symptômes une céphalalgie qui occupe la
partie postérieure et supérieure du crâne; un calcul vésical
ne manifeste suuvent pas sa présence par une sensation locale»
tandis que le gland est' excessivement douloureux etc.
combien ne pourrais-je pas multiplier des faits analogues?
Comme dans un grand nombre de ras la douleur est sym-
pathique, il faudrait parcourir l'histoire de presque toutes
les maladies pour citer tous les exemples qu'on pourrait en
réunir.
Si la cause qui a modifié la manière d'être d'une partie
a agi avec plus d'intensité, ou si l'organe sur lequel elle porte
son influence est éminemment doué d'un des modes de con-
tractilité, alors cette faculté pourra y être mise en jeu. Une
sensation ayant son siège dans une partie donnée peut donc
en vertu d'une liaison sympathique causer un mouvement plus
ou moins marqué dans un autre. L'irritation de la membrane
pituitaire provoque aussi une contractionspas modique du
diaphragme qui est tout-à-fait particulière au cas dont il
s'agit; rélemuempnt en est le résultat; et cette action, dé,
pendante d'une liaison sympathique ne peut être causée par
la volonté; l'impression du froid aux pieds, qui éveille le
besoin d'uriner, excite aussi la contraction de la vessie, et
J>FS SCIENCES AlÉDICATftS.
tel homme riiez lequel ce viscère est frappé d'un certain
degré de faiblesse lui rend jusqu'à un certain point, son
ressort en posant les pieds sur un corps froid. Une excitation
le la peau détermine une contraction également
involontaire du diaphragme. Le rire est en effet provoqué
par le chatouillement, comme l'éternuement par l'introduc-
tion d'une poudre sternutatoire dans les narrines. La titil-
lation de la luette, soutenue pendant quelque temps, cause
le vomissement par la même correspondance d'action qui
avait d'abord donné lieu à la sensation qui le précède dans
toutes ces circonstances, nous voyons la sensibilité d'un or-
gane éveiller la contractilité d'une autre partie.
Mais, ai-je dit, un mouvement exécuté dans une partie-
peut déterminer un mouvement. correspondant dans une autre»
Les muscles qui concourent à l'accomplissement des fonctions
intérieures' ont une liaison d'action plus ou moins intime, t
soit entre eux soit avec ceux de la vie animale. Le dia-
phragme entre en action en iiiL-uie temps que l'estomac se
contracte, pour rejeter au-dchors les àlimens qui s'y trou-
vent contenus; le rectum se débarrasse des matières fécales,
pendant que tous les muscles qui peuvent diminuer la ca-
pacité de la grande cavité splanchnique combinent leur action
avec la sienne pour produite l'évacuation du résida de la
digestion. On Peut en dire autant de la vessie et des puis-
sances qui coopèrent avec elle, à l'expulsion de l'urine; on
sait encore que la contraction du diaphragme qui a lieu
quelquefois dans le rire, provoque souvent celle du réservoir
de l'urine; et que l'utérus, dans J'accouchement, semble
appeler à son aide toutes les parties qui peuvent concourir
avec lui à l'accomplissement de cet acte important. Des phé-
nomènes de cette nature recevraient ,sans doute avec plus
de raison, la dénomination de synergies mais comme tout
mouvement suppose une modification survenue d'abord dans
la sensibilité, ils peuvent, sans inconvéniens et sans éloigner
les termes de leur signification propre, être réunis aux sym-
pathies. D'ailleurs, en établissant une séparation entre les
ÉTAT PENSENT
synergies et les sympathies, on éloigne des actes qui ont
entre eux le plus grand rapport.
Parmi les phénomènes sympathiques, il en est d'autres
qui sont d'une importance bien plus grande aux yeux du
médecin physiologiste ce sont ceux qui reconnaissent pour
cause une altération dans les forces toniqucs des parties, dans
les fonctions élémentaires dont elles sont chargées. C'est ici
que se déploie tout le tableau de l'économie animale; c'est
là ou se retrouvent la plupart des phénomènes morbides;
où les désordres survenus dans les maladies trouvent une
explication aussi complète que possible; c'est là enfin où la
tliérapeu tique puise ses ressources les plus précieuses et les
moyens dont l'efficacité peut être le moins contestée.
Souvent un changement survenu dans le mode suivant
lequel s'exercent les fonctions communes à tous les tissus,
c'est-à-dire l'absorption, la circulation capillaire, la nutrition,
l'exhalation et la calorification, ne se borne pas à altérer la
partie où il a lieu mais comme si la maladie tendait à se
propager vers d'autres points de l'économie, des organes
plus ou moins éloignés, des organes qui ne paraissent point
être liés par leurs fonctions avec ceux qui sont les premiers
affectés, éprouvent des modifications très-grandes dans leur
manière d'être habituelle. Tantôt cette modification n'est autre
chose qu'un changement survenu dans la manière de sentir
du second organe d'autres fois, c'est le mouvement qui est
altéré; et dans d'autres circonstances ce sont les fonctions
élémentaires qui sont modifiées. Rendons ces vérités plus
sensibles par des exemples puisés soit dans des cas de phy-
siologie, soit dans ceux qui sont du domaine de la pathologie.
La matrice exerce, dans toutes les circonstances une influence
plus ou moins grande sur toutes les autres parties; mais
dans l'état naturel cette influence n'est point portée à un
tel point qu'elle soit apercevable. Mais que son mode d'exis-
tence cesse d'être le même, que le germe vienne exciter les
propriétés dont elle est douée alors la circulation y est accé-«
liirée la nutrition s'y opère avec plus d'énergie, l'absorption*
DES SCIENCES MÉDICACES.
T. IV de la i^sér., cah. de Mars et Jvrilift r 9. i g
l'exhalation y deviennent plus actives; soudain la sympathie
étroite qui unit l'utérus à l'estomac se manifeste par des
phénomènes saillans. D'abord, le mode de sentir n'est plus
le même dans le principal organe de la digestion de là, chez
les femmes enceintes, les appétits bizarres qui sembleraient
même prouver que les nerfs du goût sont modifiés par l'es-
tomac, comme ceux de l'estomac le sont par la matrice. De là
cet appétit vorace, qui tendrait à faire croire que, même dans
cette circonstance les forces toniques de l'estomac sont modi-
fiées par l'utérus, puisque alors une quantité énorme d'alimens
ne produit pas d'indigestions ce qui arriverait infaillible-
ment dans toute autre circonstance. Mais souvent la motilité
est modifiée tout aussi-bien que la sensibilité de là cel
vomissemens qui se déclarent, et qui, nécessitant la contrac-
tion des muscles abdominaux nous donnent un exemple de
L'influence de la matrice sur ces derniers par la médiation
de l'estomac.
Une altération survenue dans les forces toniques d'unepartie
est susceptible, ai-je dit, de causer une lésion du même
genre dans une autre partie; mais cette dernière peut être
malade à différens degrés par suite du changement d'état
survenu dans la première. Tantôt l'altération des deux organes
est simultanée et à peu près analogue. La membrane mu-
queuse utéro-vaginâle est-elle frappée d'une phlemasie chro-
nique, bientôt la muqueuse gastrique devient le siège d'une
douleur plus ou moins vive les digestions se détériorent;
et tandis que les malades ne sont pas avertis par une souf-
france réelle de la lésion idiopatliique,ils éprouvent une gêne
continuelle vers la région deTépigastre. L'estomac est-il le siège
de certaines affections encore assez peu connues le poumon,
irrité d'une manière secondaire détermine l'action particulière
des muscles du thorax qui constitue la toux désignée sous le
nom de slomacale. Le poumon est-il frappé d'une phlegmasie
chronique, la membrane muqueuse dont les intestins sont
tapissés devient le siège d'une affection du même genre. Sou-
vent la vessie est, dans un cas de cette nature, atteinte de
ÉTkT PRKSENT
catarrhe, et la peau de furoncles qui paraissent se succéder
sans interruption. Dans la phthisie pulmonaire le tissu lamel-
leux des environs de l'anus est souvent lui-même affecté d'une
manière sympathique et de là résultent les abcès qui se for-
ment vers cette partie chez des sujets dont la poitrine est
profondément malade. Un organe, siège d'un engorgement
cancéreux, semble imprimer aux autres une tendance vers cette
affreuse maladie, et il est difficile de croire que ce soit à l'exis-
tence d'un virus qu'un semblable effet doive être attribué. La
disposition anévrïsma tique que présentent souvent à la fois un
grand nombre d'artères, peut aussi provenir, jusqu'à un certain
point, de la dépendance dans laquelle sont les unes des autres
les différentes parties du système vasculaire à sang rouge.
Il est des circonstances où la relation sympathique existant
entre deux organes est telle, qu'une cause qui a produit des
changemens soudains dans les phénomènes de tonicité de l'un
d'eux ne détermine pas une maladie dans celui-ci, tandis
qu'elle produitun trouble profond dans la manière d'être de
l'autre. Soit que ce dernier soit doué d'une plus grande sensi-
bilité soit que moins soumis à l'action des agens extérieurs y
il soit moins habitué leur influence fâcheuse, son tissu éprouve
une altération remarquable et permanente, par suite d'un chan-
gement momentané survenu dans la manière d'être de la partie
primitivement malade. C'est à des phénomènes de ce genre
que la plupart des lésions de nos organes doivent être rap-
portées. Le froid agissant sur une partie quelconque des tégu-
mens, change momentanément leur manière d'être habituelle,
et bientôt l'organe qui sympathise avec elle est frappé d'une
maladie plus ou moins durable. La poitrine, les intestins, la
vessie, sont enflammés par suite des variations que la circu-
lation capillaire de la peau a éprouvées. Nous ne sommesplus
au temps où l'on pensait que la sueur répercutée était la
cause des phénomènes de cette espèce laissons aux humo-
ristes outrés de semblables idées nous qui apprécions davan-
tage l'union dans laquelle les différentes parties se trouvent
les unes des autres nous n'y voyons que le résultat d'une
DES SCIENCES MEDICALES.
influence de ce genre. Nous en voyons autant dans la sup-
pression d'une hémorragie, et dans les symptômes de phleg-
,masie qui la suivent; nous n'ignorons même pas que, dans
des cas de cette nature c'est plutôt l'inflammation de l'organe
qui a amené la suppression de l'hémorragie, que ce n'est la
suppression de l'écoulement qui a causé la phlegmasie. C'est
encore dans de tels phénomènes qu'il faut rechercher l'es-
plication d'une foule de métastases soit laiteuses soit puru-
lentes, etc.
Si un trouble momentané survenu dans l'exercice des fonc-
tions élémentaires d'une partie peut déterminer une maladif
grave dans une autre partie, il arrive quclquefois aussi que
J'alléralion profonde d'un organe porte seulementquelques
modifications dans les mêmes fonctions d'autres organes. C'est
ici où se retrouvent les sympathies de chaleur qui ont lic^
dans certains cas. Le phthisique qu'une fièvre hectique
^dévore se plaint d'éprouver à la plante de pieds et à la
jaunie des mains une chaleur brûlante. L'estomac est-il le siège
d'une inflammation aiguë on chronique la peau qui re-
couvre ï'épigastre présenteun symptôme analogue. La cir-
Çulalion capillaire, l'exhalation la nutrition, peuvent être
lésées d'une manière partielle dans une partie par la liaison
sympathique qui l'unit avec telle autre tout aussi-bien qne
la ealorification. La coloration des joues des phthisiques 7
la rougeur vermeille de la pommette correspondant au
poumon enflammé dans la pérjpneumonie, les sueurs noc-
turnes au front et à la poitrine chez celui que la pulmonic
entraîne vers la tombe ,'la maigreur des parois de la poitrine
chez ce même individu quand quelquefois le corps est doué
d'un embonpoint médiocre sont autant de faits propres à
nous démontrer qu'une altération profonde dans l'exercice
des forces toniques d'un organe peut causer des modifications
légères dans une ou plusieursfonctions élémentaires de quel-
ques autres parties.
Enfin il reste un dernier mode de sympathie qui ne
diffère pas des précédens et qui n'en est réellement distinct
£tat présent
qu'en ce que la médecine s'en est servi pour la curation
des maladies je veux parler des cas dans lesquels un chan-
gement apporté dans les forces toniques d'une partie ramène
à leur type naturel les fonctions élémentaires d'une autre où
elles ont été précédemment viciées. C'est ici que se trouve
placée l'action du plus grand nombre des médieamriis qui
n'agissent presque jamais sur le tissu malade, mais sur celui
qui sympathise avec lui. L'emploi d'un vésicatoire dans la
pleurésie, dans l'ophtalmie dansles douleurs de tête celui
des purgatifs dans l'apoplexie, la paralysie, la manie; celui
de l'émétique dans une céphalalgie opiniâtre dans l'angine
gutturale, dans le croup les frictions excitantes dans le
rhumatisme, la goutte, la syncope; l'usage avantageux de*
sternutatoires dans l'inflammation chronique de la conjonc-
tive des lavemens irritans dans l'asphyxie; les bains de pieds
et de mains sinapisés dans les maladies du coeur, etc., etc.,
sont fondés sur la relation sympathique existant entre deux
organes. Mais cette action qu'un médicament exerce sur un
tissu par l'intermédiaire d'un autre tissu peut s'exécuter de
différentes manières tantôt elle a lieu entre des parties voi-
sines, et d'autres fois elle se passe entre des parties plus on
moins éloignées dans le dernier cas, le phénomène est réel-
lement sympathique, et le succès qu'on obtient est produit
par une révulsion salutaire; mais dans le premier, où les
communications vasculaires et nerveuses peuvent expliquer
jusqu'à un certain point l'effet que ce médicament a produit,
il n'en est certainement pas ainsi car comme le fait si ju.
dicieusement observer M. le docteur Roux dans son Traité
des sympathies on nepeut
donner ce nom qu'aux actes
de l'économie qu'on ne peut concevoir par l'action du sys-
tème nerveux par celle des excitans naturels qui se trouvent
en nous, ou par l'excitation que les agens extérieur déter-
minent. (Cahierde Février 1819 pag. aai et suivantes).
DES SCIENCES MÉDICALES.
Gazette de SantiI
Nouveau fait quiprouve le danger de l'usage abusif de priser;
par M. t Chirurgien de l'Hospice, Médecin des prisons
de Dreux.
L'intéressante observation de M. le Docteur Roques, sur
un cas de consomption produit par Vusage abusif du Tabac à
fumer (\)) m'engage à vous communiquer un fait non moins
curieux et qui prouve que l'abus du Tabac en poudre peut
produire des résultats aussi fâcheux, que ceux observés parce savant Médecin. M/ Etudiant en médecine, se dis-
posant à subir ses derniers examens, se livra pendant plusieurs
mois à un travail opiniâtre qu'il prolongeait souvent jusque*
vers le milieu des nuits. Il crut combattre avec avantage
une disposition irrésistible au sommeil résultat de ses veilles
fatigantes en prenant une certaine quantité de tabac à priser.
Bientôt il contracta tellement l'habitude de cet usage, et il en
augmenta tellement la dose, qu'une once par jour lui suffisait
à peine. Il tomba, en peu de temps, dans un état de maigreur
inconcevable. Sa peau prit une teinte jaune, cuivreuse; son
appétit se perdit, et il eut, de temps à autre, un peu de dé-
votement Il attribua'ces symptômes à son ardeur pour l'étude;
il diminua beaucoup son travail mais continua à prendre
la même quantité de tabac. Le dévoiement devint de plus
en plus abondant il le combattit sans succès par diver*
moyens. Enfin l'amaigrissement et la faiblesse firent des
progrès qui le réduisirent â un état complet de marasme.
Il exhalait, à plusieurs pas, une odeur marquée de tabac. Nous
l'engageâmes à suspendre l'usage de cettepoudre. Il s'en
abstint totalement; et, comme par enchantement, le dévoiement
s'arrêta son appétit lui revint. Bientôt il reprit de l'embon-
point et, quoi qu'il se livrât de nouveau à l'étude avec la
même opiniâtreté il ne vit reparaître aucun des symptômei
qui l'avaient tant effrayé.
(i) Voyez Annales cliniques., T. I. do la a.* Ȏrie, pag. 87.
ÉTAT PRÉSENT
me semble de mettre en cil est utile ce me somme oe mettre en garae contre un
semblable abus, ceux qui font habituellement usage de cette
poudre; usage répandu parmi nous depuis un siècle au plus,
mais qui, pour le dire en passant, n'est jamais d'un avan-
tage bien marqué, et qui peut être quelquefois nuisihle à la
santé. (A~. » XXXI11 3o Novembre 1818 pag. 2Q2J
Exposition de la Doctrine médicale de P.-J. Barthez et Mé-
moires sur la vie de ce Médecin par Jacques Lordat
professeur d'Anatomie et de Physiologie à la Faculté de
Médecine de Montpellier, Médecin du Dépôt de Mendicité,
et Chirurgien en chef de la Maison Centrale de détention
de la même Ville. Un vol. în-$.n. Analyse raisonnée de cet
ouvrage; par F.-J.-Léon Rouzet, D. M. M. (i.er Extrait).
Lorsqu'un homme déjà célèbre, prend la plume pour en-
tretenir le public non pas de ses travaux, mais de ceux de
quelqu'un de ses devanciers l'attention se repose d'autant
plus volontiers sur celui (lui en est l'objet, que celui-ci a
été déjà plus marquant, et que son historien jouit lui-même
d'une plus grande considération. Sous ce dou!>le rapport
lé livre de M. Lordat ne peut manquer d'obtenir l'accueil
le plus favorable.
Une voix unanime avait proclamé Barthez l'un des Génies
lés plus étonnans de son siècle; mais toutes n'étaient pas
également d'accord et sur le genre de mérite de sa doctrine,
et sur l'influence qu'elle a exercée sur les progrès ultérieurs
de la Physiologie. Les principes de sa méthode avaient paruà l'un, excellens, et féconds en grandes conséquences; un
autre, en rejetant, ceux-ci comme vicieux, avait admiré la
force de tête qu'il a fallu au Chancelier de notre Ecole pour
aller si loin dans les détails après avoir pris des routes défec-'
tueuses un troisième faisant principalement allusion à
Barthez avait donné des éloges aux Médecins de Montpellier,
pour avoir suivi au milieu du Mécanicisme l'impulsion
donnée par Stahl mais il assurait en même temps qu'en
s'êcartant du mauvais chemin, ils en avaient pris de si tor-
DES SCIENCES MEDICALES.
tucux, qu'il doutait qu'ils y pussent trouver un aboutissant.
Au milieu de ce conflit d'opinions et de jugemens divers,
il importait de présenter sous son véritable jour, et dans
tout son ensemble, la Doetriue médicale de ce grand Phy-
siologiste, quia imprimé à la Science de l'homme, une direc-
tion toute nouvelle, et qui a ramené les esprits aux vrais
principes de la bonne méthode de philosopher.
Bl. Lordat devait au monde médical, et à la mémoire de
son illustre ami, (le se charger de cette utile et honorable
entreprise. La chose était devenue d'autant plus nécessaire,
qu'au grand détriment de la Science, Barthez avait tous les
jours à essuyer des critiques qui, tout injustes qu'elles étaient
le plus souvent ne lui en devenaient pas moins préjudi-
ciables en ce qu'elles propageaient sur son comptedes
erreurs dans lesquelles on semblait se complaire, précisément,
parce qu'on n'avait pas la force de les repousser. Que de gens
ont jugé Barthez sur parole; que de gens l'ont condamné
sans l'avoir entendu! Disons-le, le nombre de ceux qui ont
su lire les ouvrages de ce grand Médecin, nous paraît infini-
ment peu considérable. Est-ce la forme qui apu égarer les
esprits sur le fonds? Est-ce la prévention, l'amour-propre
blessé, qui auront fait prendre le change sur la doctrine qui
y est contenue ? Nous serions assez portés à admettre que
l'une et l'autre de ces causes y ont puissamment contribué
mais nous pensons, aussi, que les développemens que donne
aujourd'hui M. Lordat à cette matière, ne permettront plus
d'équivoque, et que l'on sentira, au moins cette fois, qu'un
homme tel que Barthez mérite d'être approfondi pour être
jugé-Dans des matières aussi abstraites que celles dont traite
le livre de M. Lordat, l'attention, fortement occupée ne
pouvait guère être susceptible d'un effort long-temps soutenu,
ïl devenait donc nécessaire, que l'esprit du lecteur pût se
reposer, par intervalles, sur des objets plus faciles, et propres
& lui procurer des diversions intéressantes. M. Lordat 0.
rempli cette condition de la manière la plus avantageuse,
irkT pr&isi
lorsqu'il a eu l'heureuse idée d'associer à l'exposition de la
Doctrine médicale de t'illustre Chancelier, des Mémoires sur
la vie de ce savant Médecin, qui lient ensemble les inter-
valles qui séparent les diverses productions de cet auteur,
distribuées dans l'ordre chronologique.Outre l'avantage que nous venons de signaler, il résulte
encore de cet arrangement que l'on est amené, par degrés,
à connaître quelle était la disposition d'esprit de Bartliez au
moment où il commençait un livre, comment il y avait été
conduit, quel but il se proposait de remplir, enfin quels
étaient les moyens qu'il possédait pour le mettre en exé-
cution. Ces avantages ne sont pas encore les seuls que réunit t
ce genre de composition; mais le plus important de tous,
peut-être c'est celui de nous bien faire connaître dans toutes
les phases de la vie privée, politique et littéraire, l'une des
plus fortes têtes que la médecine ait possédé et de nous
montrer ainsi par quels mobiles était tour à tour dirigé le
génie actif de cet homme vraiment extraordinaire.
Il faut lire dans le livre même de M. Lordat tout ce qui
a trait à la partie biographique. Son style toujours simple
et correct, prend ici plus de souplesse, et n'est pas même
tans élégance, tout autant que le comporte le genre austère
d'occupations auxquelles se livrait Barthez. Le portrait de
ce dernier y est partout dépeint au naturel, et avec une
impartialité bien digne d'éloges et si ses bonnes qualités y
«ont mises an grand jour, ses défauts n'y sont jamais déguisés
tout au plus, l'amitié cherche-t-elle quoique assez rarement,
à affaiblir le sentiment de quelques torts.
Cette partie du travail de IVT Lordat, pleine de finesse et
d'agrémens, n'est guère susceptible d'analyse: on n'en saurait
rien retrancher sans altérer considérablement les beautés qui
la parent. Il suffit pour en être convaincu d'avance, d'avoir
eu le bonheur d'entendre le savant Professeur de Montpellier.
On sait avec quelle pureté de diction il s'exprime, et quels
charmes il répand sur le* sujets en apparence les moins
ùiiéressans.
DES SCIENCES MÉDICALES.
Les considération* auxquelles nous venons de nous livrer
sur la partie historique de cet ouvrage nous dispenseront
d'entrer dans de plus longs détails à cet égard aussi,
dorénavant n 'arrêterons-nous plus notre attention, que sur la
partie dogmatique.
Après avoir fait l'exposé de la vie de Barthez, jusqu'à son
entrée à l'Université de Médecine de Montlellier, et avoir pré-
senté l'analyse de ses travaux jusqu'à cette époque, M. Lordat
voulant donner une idée de l'esprit dans lequel le nouveau
Professeur enseigna successivement la Physiologie, la Patho-
logie et la Thérapeutique a jugé nécessaire de donner
d'abord une esquisse rapide mais qui est très-bien faite
des doctrines enseignées dans cette Ecole à l'avènement de
Barthez.
Faisant abstraction desnuances qui distinguaient les sen-
timcns individuels, l'auteur pense que l'on peut rapporter
toutes les opinions, qui divisaient alors les Médecins de
Montpellier, à quatre doctrines principales.
« i.° Celle des Mécaniciens qui ne voyaient, dans les
fonctions de l'économie vivante, que des phénomènes dépen-
dans de la structure, et de la constitution chimique du corps,
des phénomènes explicables par les principes de la Physique
et de la Chimie auxquels on rapporte tout ce qui se passe
dans la matière brute. Kizes était presque le seul soutien de
ce système qui s'écroulait malgré ses effort s.
« 1.0 Celle de Sauvages, qui reconnaissait que le corps était
une machine organisée de manière que toutes ses fonctions
étaient l'effet immédiat et nécessaire de sa structuré mais
qui, attribuant ses fonctions à l'âme pensante, soutenait, à
l'imitation de Stahl qu'elle avait besoin d'un premier mobile
intelligent, prévoyant et conservateur, pour mettre en jeu,
régulariser et perpétuer son mécanisme.
« i.° Celle de Haller qui regardait la machine animale
comme différant de celles que l'art construit en ce que
certaines des pièces qui la composent, outre les propriétés
générales de la matière et celles qui dérivent nécessairement
ÉTAT PRÉSENT
de leur contexture ont des principes d'action ou des forces
particulières qui distinguent le corps vivant des autres mixtes;
et an moyen desquelles il croyait pouvoir expliquer toutes
les fonctions et tous les actes de la vie» Ces forces sont l'irri-
tabilité qui réside exclusivement dans la fibre musculaire;
la sensibilité, dont les nerfs sont doués; et la faculté de
transmettre aux muscles l'impression d'un stimulus éloigné,
faculté que possède encore le système nerveux. Lamure et
Tandon étaient les plus marquans de ceux qui avaient dirige
lenrs travaux d'après l'esprit de cette Doctrine.
a 4.0 Enfin, celle de Lacaze et de Bordeu dont M. Lordat
expose les vrais principes avec la plus grande clarté et dont
Veneï était alors à Montpellier l'Apôtre le plus zélé.
Après avoir montré les vices de la philosophie adoptée par
ces diverses Sectes, et avoir signalé les services que chacune
d'elles a pourtant rendus, M. l,ordat s'attache à faire connaître
quelle fut la direction que liarthez donna aux idées médicales-,
presque dès son début dans l'enseignement. Ce dernier avait
trouvé, dans tous les systèmes adoptés de son temps un vice
radical qui l'en éloignait. C'est que les dogmes physiologiques
y sont trop souvent sans relation, et quelquefois en opposition
avec la Doctrine médicale la plus autorisée par l'expérience.
II pensait, an contraire, que tout système de physiologie qui
ne donnait pas le moyen d'analyser et de classer les faits
pathologiques, et d'où l'on ne pouvait pas déduire à priori, J
des préceptes de médecine-pratique absolument semblables
à ceux qu'on a tirés de l'expérience médicale, était également
indigne de lui et de son auditoire aussi M. Lordat croit-il
apercevoir dans les premiers cours de Barthez que ce dernier
avait l'intention de bannir, au moins provisoirement, de son
esprit et de celui des élèves, les principes essentiels des diverses
Doctrines accrédités, et d'aborder directement les faits pour les
examiner sans préoccupation, et sans aucun désir de trouver
ses conclusions conformes ou contraires aux sentimens de telle
ou telle Secte.
Cette marche expérimentale dans une tête aua/i bien or-
DES SCIENCES MÉDICALES.
1- n_ .n"_ .n".
ganisccdevint le germe des grandes vues médicales aux-
quelles il s'est élevé depuis. Mais, à cette époque, Bartliei
n'avait pas encore assez mûri ses idées pour pouvoir s'élever
de suite à des principes généraux fixes, positifs et bien
détermines. Ainsi, dans son premier Cours de Physiologie,
l'harmonie des phénomènes l'amenait, sans cesse, à reconnaître
l'unité de la Nature vivante; mais, comme l'observe M. Lordat,
ses idées à cet égard n'étaient pas encore débrouillées, et il ne-
savait pas comment faire entrer la notion de cette individualité
dans l'expression des dogmes, sans rien avancer d'hypothétique.
De même, dans ses leçons de Pathologie et deThérapeutique
on ne retrouve pas, au moins explicitement, sa doctrine sur
l'analyse des maladies et celle des méthodes, quoique, dan»'
divers endroits, on y en découvre les premières traces, et que
l'on puisse en conclure qu'il en avait alors une idée confuse.
M. Lordat, à qui il importait de bien faire connaitre com-
ment Barthez se préparait à la recherche d'une théorie plus
utile que celles qui régnaient à cette époque, devait naturel-
lement insister comme il le fait sur les détails de ces Cours
pour en montrer l'esprit et pour en spécifier en même temps
les vues neuves et les corrections non-moins importantes
que Barthez avait introduit dans les matières qui en étaient
le sujet. Mais, pour nous à qui les bornes d'un extrait ne
permettent pas de trop insister sur les objets accessoires, hâtons
nous d'en venir à l'examen des travaux importans de ce
grand Physiologiste.
Barthez touchait à sa quarantième année, et il n'avait point
encore osé publier un livre, puisqu'on ne peut appeler ainsi
comme le remarque M. Lordat, ni des articles de Journal
ou de Dictionnaire ni quelques Dissertations destinées aux
actes probatoires. Ce n'est pas qu'il n'eût senti, depuis long-
temps, qu'il lui importait de prendre ses mesures pour s'as-
surer la propriété de ses idées qui semblaient être devenues
un bien commun, depuis qu'elles avaient été répandues dans >
divers écrits pseudonymes et dans ses leçons, mais il était
retenu par divers motifs. D'une part, c'était la défiance bien
ÉTAT prissent
mal fondée sans doute qu'il avait de ses propres forces et
de l'autre, l'embarras où il était sur la forme qu'il convenait
de donner aux idées dont il croyait la publication utile à sa
gloire et à la science.
L*> projet auquel s'arrêta Barthez, fut de traduire en français
un Traité général écrit en quelque langue étrangère. Il pensait
y trouver, dit M. Lordat, l'occasion d'exposer toutes ses
idées dans des notes, sans être obligé de les coordonner à un
objet relativement spécial. Il était dans ces dispositions, ajoute-
t. il, lorsque Zimmermann publia son Traité de l'Expérience en
Médecine, en 17G4 et ce livre lui parut propre à remplir ses
rues par la variété des objels qu'il renferme. Il le lut avec
attention, résolut de le traduire, et, en attendant, il en
publia un extrait soigné dans la Gazette Littéraire de l'Europe.
La correspondance dans laquelle cet article engagea Barthez
avec l'auteur du livre était trop honorable pour le premier,
pour que M. Lordat ne se crût pas obligé d'en rapporter
quelques fragmens.
Ce projet ne fut pas mis en exécution; et Barthez qui
sentait que l'édifice de la science avait besoin d'être recons-
truit, songea à établir les principes qui devaient lui servir
de fondement. Ce fut dans cette intention qu'il publia en
1773, son Discours académique de Principio Yitali hominis
lequel fut suivi, en 1774, d'un ouvrage ayant pour titre
Nova Doctrina de Functionibus corporis kumani. Le juge-
ment que Haller porta sur le premier de ces deux ouvrages
qu'on ne doit considérer que comme une analyse des Nou-
veaux Elëmens de la Scirnce de l'homme, qui parurent six
ans plus tard, prouve combien peu le Professeur de Gottingue
en avait saisi le véritable esprit. Quand au second, dans
lequel l'auteur n'a eu d'autre intention que de mettre sous
les yeux du lecteur ce qu'il ajofïte à la somme des connais-
sances physiologiques qu'on possédait avant lui on serait
loin d'en avoir une idec exacte, si l'on s'en tenait seulement
à l'analyse qu'en donne le même médecin.
Après avoir pris date, au moyen de ces deux écrit» qui
DES ScrETTCES MÉDICALES.
n'étaient que préparatoires, Barthez fit paraître en 1778 ses
Nouveau.? Elétncns de la Science del'homme. Cet ouvrage, dit
M. Lordat dont l'auteur a donné une seconde édition en
1806 est le plus important de ses écrits dogmatiques et
peut-être son plus beau titre de gloire. Il est d'autant plus
utile, ajoute-t-il, d'en présenter ici la doctrine avec un certain.
soin que de toutes les objections ou critiques auxquelles
il a donné lieu, il y en a bien peu qui ne soient des igno–
rationes elenchi; et que, selon la remarque de Barthez (i),
les mêmes hommes, dupes d'un léger changement d'expression,
louent tous les jours chez des écrivains plus récens, ce qu'ils
avaient blâmé dans le livre dont il s'agit.
Dans des matières d'un si haut intérêt, et qui méritent tant
d'être approfondies nous serons obligés de revenir aussi
souvent peut-être, au texte qu'à l'analyse elle-même. Mj
Lordat est trop juste pour nous en savoir mauvais gré; le
motif qui nous dirige étant de la même nature que ceux qui
l'ont engagé à prendre la plume en faveur de son ami.
Il y a deux manières d'étudier la Physiologie de l'homme:
l'une qui consiste à examiner d'abord les fonctions privées,
et les usages de chaque organe pour s'élever ensuite à la
connaissance des grandes lois qui régissent le système entier;
1"antre, dans laquelle on suit un ordre inverse, consiste
à se livrer d'abord à l'étude de ces lois, avant de s'occuper
de ce qu'on appelle la Physiologie organique. Barthez avait
à opter entre l'une ou l'autre marche toutes deux se prê-
taient également à l'application de la méthode expérimentale
qu'il voulait introduire. Mais, indépendamment des avantages
que la Science dut lui présentersur la première (2) il faut
dire aussi que la nature de son génie dut le porter de pré-
férence vers l'étude de la Physiologie générale aussi est-ce
fi) Dise. prélim. de la Nouvelle Mécanique pag. 5.
(a) On peut consulter à ce sujet un ouvrage de M. Lordat,
intitulé: Conseils sur la manière d'étudier la Phjs-iologic de l'homme,
pag. 120.
ÉTAT PRÉSENT
de ce coté qu'il tourna ses vues. Le but que se proposa Barlhet
dans ses Nouveaux Êlèmens fut donc d'apprécier et de faire
connaître les forces du Principe de Vie dont l'homme est animé,
leur réunion en système, leurs modifications distinctes dans
les tempérainens dans les âges, et leur extinction à la mort.
Ne doutant pas qu'il ne fallût attribuer le peu de progrès
qu'avait fait la Science de l'homme, à la négligence des règles
-fondamentales de la bonne méthode de philosopher Barthez,
avec cette profondeur de génie qu'on sait lui être propre r
commence par Lracer dans le discours préliminaire de ses
Nouveaux Èlémcns les vrais principes de cette méthode,
principes que M. Lordat a réuni sous les chefs suivans.
« i.° L'expérience ne peut point nous faire connaître l'essence
des causes qui produisent les phénomènes elle nous montre
seulement, l'ordre dans lequel un phénomène succède à un
autre, et les lois que le premier suit dans la production du
second.
« a.° Quand nous procédons à la recherche dé la cause
-d'un phénomène, tout ce que nous pouvons faire. se réduit
à constater par une observation exacte, les circonstances, les
lois et les conditions de sa production. Par cette opération
mentale, nous acquérons sur la cause une notion qui peut
suffire à nos besoins puisque nous déterminons son mode
d'action quand elle produit le phénomène dont il s'agit.
a .3.° Cette cause, en tant qu'elle opère, se nomme puis-
sance, force, faculté. Il est utile et commode de la spécifier
par un nom qui ne préjuge rien sur son essence, mais qui
ait une signification simplement conventionnelle ou qui fasse
allusion à ses effets.
« 4-° La détermination des lois d'une force étant faite,
on compare celles-ci avec les lois suivant lesquelles s'exécutent
les phénomènes les plus analogues à celui qui a été l'occasion
de cette recherche si elles se trouvent rigoureusement iden-
tiques, on doit regarder tous ces phénomènes comme étant
de la même nature, c'est-à-dire, comme des effets d'une
même cause.
DES SCIENCES MEDICALES^
« 5P Mais, des phénomènes qui auraient quelque ressem-
blance sans suivre les mêmes lois dans leur exécution, doivent
être rapportés à des facultés différentes à plus forte raison,
doit-on distinguer les causes de ceux qui n'ont rien de com-
mun entre eux.
« 6.° La détermination du nombre àes forces de la Nature
ne doit jamais être considérée comme définitive, puisque de
nouvelles découvertes peuvent en diminuer le nombre en faisant
rentrer deux ou plusieurs ordres de faits que l'on avait sé-
parés d'après un premier coup d'oeil sous le domaine de
la même force; et en montrant que les différences, d'après les-
quelles on avait fait les séparations dépendent de circonv*
tances accessoires qui modifient cette faculté. Jusque là
il n'y a pas eu d'erreur, et la division des faits qui devaient
être réunis n'a pu avoir aucune conséquence fâcheuse.
« 7.° Enfin si l'on a procédé avec sévérité, en se con-
formant exactement aux règles de cette méthode, il ne doit
jamais arriver qu'on ait à augmenter le nombre des forces
pour classer des faits déjà réunis dans une même classe. Ce
serait, une preuve qu'on en aurait réuni d'essentiellement
différens ce qui serait une infraction au précepte ».
Barthez appuye -fortement sur ce principe que dans
chaque science naturelle, il est également nuisible à la
marche de cette science d'y trop étendre, comme l'oy fait les
anciens, le nombre des causes générales (i), ou de lfstrop
resserrer comme l'ont fait les modernes. Ce n'est qu'en mul-
tipliant de vaines hypothèses qu'on peut diminuer le nom-
bre de ces mêmes causes. Aussi, pour le faire remarquer
en passant, l'auteur ne pense pas que la philosophie an-
cienne soit répréhensible pour avoir établi des causes ou
facultés occultes mais bien pour n'en avoir pas limité le
nombre d'après l'état présent des connaissances positives sur
les résultats des faits.
(t) II donne à ces causes générales le nom à1 expérimentales, parce
qu'elles ne sont connues que par les lois que l'expérience, réduite
en calcul a découvertes.
ÉTAT PRÉSENT
Le développement successif qu'on peut donner ans phé-
nomènes, en les rapportant à des loi qui sont propres à une
cause ou faculté expérimentale, peut seul manifester, suivant
Barthez, des liaisons nouvelles entre cette cause et les autres
causes ou facultés qui proviennent semblablement de ^obser-
vation préparer la diminution du nombre de ces causes
occultes, et donner à la Science entière, une face nouvelle
et plus lumineuse.
Après avoir ainsi posé les régies de la bonne méthode de
philosopher il était naturel que Bailliez montrât combien
se sont éloignées de ces principes, les Sectes les plus célèbres
dans la Science de l'homme; et fit connaître par là la source
commune des erreurs où ellcs sont tombées. Toutes ces Sectes
se sont éloignées du véritable but, en faisant des applications
abusives, des sciences physiques, à ]a Doctrine de l'homme
vivant. Les mécaniciens expliquant, ou du moins cherchant
à expliquer, tous les phénomènes de la physique générale,
n'avaient pas voulu reconnaître que les communicalions des
forces vivantes ne peuvent être rapportées aux lois de l'impul-
sion. D'autres, comme Van- Helmont,en prétendant que chaque
organe du corps humain a une vie qui lui est innée et
que la vie commune de tout le corps doit être considérée
comme distincte et comme existant séparément de ces vies
particulières (i), avaient multiplie vainement, par la suppo-
sition de ces êtres fictifs, le nombre des causes occultes en
les portant au-delà de ce qui peut être utile aux vrais
progrès de la Physiologie d'autres comme Stahl et les
Solidistes étaient tombés dans une faute opposée en res-
treignant, d'une manière vicieuse, le nombre de ces mêmes
causes; le premier en admettant avec Descartes le dogme de
l'inertie de la matière, et enrapportant tous les phénomènes
physiologiques à l'action unique du principe moral; les se-
conds en se rapprochant, au contraire, de la philosophie de
Leihnitz et en voulant ramener tous les actes vitaux à l'action
(1) Helinontii Opéra pag.
DES sciences at.mck.ves.
T. IV de la itsè.r., cah.de Mars et slmliSic). ao
de certaines forces inhérantes à la matière organisée. Ce sont
la sensibilité, l'irritabilité, ou bien encore une force innée
du ressort des fibres.
Après avoir fait connaitre le vice radical de toutes ces
théories pour faire apprécier la validité de sa Doctrine, et
pour s'?n assurer en même-temps la propriété Barthez devait
montrer la conformité de celle-ci avec les vrais principes
de la philosophie naturelle. C'est là l'objet de la dernière
section de son discours préliminaire.
Faisant l'application la plus exacte des préceptes et de la
méthode de Bacon à la Science de l'homme, il examine d'abord
quel est l'objet principal de cette dernière, et, celui-ci une
fois déterminé, c'est en suivant une marche purement expé-
rimentale cju'il recherche les lois générales suivant lesquelles
agissent les forces de la vie.
Pour approcher plus qu'on ne l'avait fait jusqu'à lui de la
connaissance de ces lois, il ne veut employer que des ana-
logie* simples et étendues, que donne le rapprochement conve-
nable des faits bien observés dans l'homme sain et malade.
Si on réussit à rassembler avec sagacité et avec méthode,
un très-grand nombre de faits bien choisis et dont la crédi-
bilité soit suffisamment constatée on voit arriver, suivant
lui ce qu'à dit Fontenelle (ï)« Que des vérités de fait
qui existaient séparées, offrent si vivement à l'esprit leurs
rapports et leur mutuelle dépendance qu'il semble qu'après
avoir été -détachées par une espèce de violence les unes d'avec
les autres, elles cherchent naturellement à se réunir en un
corps dont elles étaient les membres épars ». Je ferai voir,
par divers exemples, dit Barthez, qu'on peut classer des faits
relatifs à la Science de l'homme, qui sont restés comme
isolés, ou qui n'ont pas été mis à leurs places, de manière
à en faire sortir des faits généraux ou des résultats d'ex-
périence, dont on a ignoré jusqu'à présent la formation et
les applications naturelles. Lors même, ajoute-t-il, avec beau-
(ï) Préface de V Histoire de l'académie tics Sciences, /Innée if5<V).
ÉTAT PRESENT
coup de raison, que les résultats que je donnerai dans cet
ouvrage seraient imparfaits ils seront utiles dans la suite
pour en furmer de plus généraux car tout résultat des
faits qui est exact est encore un fait et comme dit M.
l'Abbé de Condillac, chaque fait étant toujours certain, ne
peut cesser d'èlré toujours principe des phénomènes dont
une fois il a rendu raison ».
Barthez pense, en outre, nue dans les parties essentielles
qui sont les élémens de la Science de l'hommele corps
de la doctrine doit se former uniquement en liant les faits
propres à cette science par des combinaisons simples et
ëlendues et en excluant les applications qu'on voudrait y
faire des Sciences mécaniques et physiques. Or, il ne croit pas
que l'on puisse faire une application utile de ces Sciences aux
principaux objets dont il traite dans les Nouveaux Élémens
ouvrage qu'il a consacré à l'étude des actes vitaux qu'il
Considère dans ce qu'ils ont de plus relevé, et de plus abstrait.
Ce n'est pas qu'il regarde ces mêmes sciences comme tout-
à-fait étrangères à la physiologie et comme ne pouvant
lui rendre aucun service, il veut seulement qu'elles soient
retenues dans les limites convenables, et qu'on n'en fasse pas
des moyens généraux d'explication des divers phénomènes
quis'exécutent dans le système vivant.
Dans les autres parties de la Science de l'homme dont je
pourrai, dit-il, traiter dans la suite, je rapporterai les appli-
cations fondées qu'on a faites à cette Science, des connaissances
métaphysiques physiques et mécaniques et je signalerai un
très-grand nombre de semblables applications que j'ai faites
le prenier ».
« J'y ferai voir comment la de l'Ame Lu-
maine doit être éclairée par l'expcsition des fonctions des
organes des sens et par des considérations sur les rapports
qu'ont entre elles les affections de l'Etre pensant et celles du
Principe de la vie.
« J'y cunfirmerai, par de nouveaux exemples, ceux que
l'on connaît déjà suc l'utilité qu'ont les applications de la
DES SCIENCES MÉD1CALIS.
Physique et de la Mécanique, non pour donner la raison suffi-
sante des lois primitives des fonctions du corps humain
mais pour déterminer la perfection des instrumens par les-
quels chacune de ces fonctions s'exécute ».
Voyons actuellement à quels dogmes physiologiques cette
méthode de philosopher a conduit Etfrthcz.
« En examinant tout ce qui se passe dans le corps vivant,
Barthez voit (c'est 3T. Lordatqui parle), un certain nombre
d'actes élémentaires, dans lesquels tous les autres se résol-
vent ce sont des sensations, des nîouvemcns, des transactions
des substances étrangères en celles du corps et d'autres
transmutations dont les lois diffèrent de celles que suivent les
cliangemcns de composition dans les mixtes privés de la vie,
des générations, et des régénérations, etc.
« Ces phénomènes diffèrent trop de ceux que la physique
considère pour qu'il ne faille pas les rapporter à des causes
différentes de celles de ces derniers. De là découle, suivant
les règles de la philosophie exposée plus haut la nécessité
i.o de les attriburr à des principes d'action, à des forces
ou à des facultés particulières d'une nature inconnue, qui se
trouvent dans le corps vivant; i.° de désigner ces facultés
par des noms qui rappellent facilement les phénomènes qu'elles
produisent, tels que force sensîtive motrice, assimilatricc a
plastique; 3.° -d'assigner d'après l'examen approfondi de tous
les faits connus les lois selon lesquelles s'exécutent les actes
relatifs à chacune de ces facultés.
« Maintenant on remarquera deux choses qui sont à la
portée de tout lc monde: i.° dans les diverses combinaisons
des phénomènesvitaux qui constituent une fonction ou une
maladie, ces actes élémentaires qui ont entre eux une sorte
de dépendance, ne sont pas liés les uns aux autres d'une
manière constante et nécessaire. Ainsi, les actes élémentaires
successifs qui constituent la nutrition tels que l'appétit
spécial les mouvemens instinctifs nécessaires pour introduire
dans le corps ce qui peutle satisfaire, la digestion, la dis-
tribution de la matière alibile, l'élection que fait chaque
ÉTiT PRESENT
parue, des élémens qui lui conviennent et de la quantité
proportionnéeà ses besoins l'arrangement particulier et
organique de ces sucs, la conservation des formes malgré
les décompositions et les récompositions journalières ces
actes, dis-je, sont tellement adaptés à une fin, ils sont
si modifiés selon les besoins accidentels c'est si impossible
d'apercevoir dans leur filiation rien qni ressemble aux effets
d'une réaction irritatîve, qu'on ne saurait les considérer
comme enchaînés par une loi invariable, analogue à celles
qui lient les phénomènes mécaniques.
n a.° Les diverses parties du corps sont associées dans
leurs fonctions et dans leurs souffrances plusieurs organes
éloignés, sans qu'aucune connexion anatomique particulière
les unisse, et sans que les uns puissent exercer sur les autres
aucune excitation proprement dite, entrent en action simul-
tanément ou successivement pour accomplir une fonction
automatique, par exemple l'éternument avec un ordre im-
perturbableet parfaitement approprié au but: d'autres, aussi
étrangers l'un à l'autre, en apparence et anatomiquement
parlant, souffrent ensemble ou se soulagent alternativement
dans leurs affections.
« Il ne suffit donc pas de résoudre un phénomène vital
composé en ses actes élémentaires et d'y compter des
perceptions, des mouvemens, des conversions de substance,
la génération des parties organiques il faut reconnaître que
ces actes sont combinés dans leur simultanéité, disposés dans
leur succession réglés dans leur intensité, selon des fins
déterminées. Or, une harmonie si parfaite, un rapport si
manifeste vers un but qu'il faut atteindre malgré tant d'obs-
tacles contingens, nous forcent d'admettre dans le système
physiologiqueun Principe d'unité ou d'individualité, par les
mêmes règles de la philosophie naturelle qui ont fait admettre
une Sensibilité, une Force motrice.
« Cette individualité ne peut pas être confondue avec celle
de notre Etre moral puisque nous avons conscience de cette
dernière, et que l'autre est étrangère au sens intime. Il faut
DES SCIENCES MÉDICALES.
1 1donc distinguer l'unité physiologique de celle de conscience,
et en désigner le principe par un nom différent de celui
dont on se sert pour eiprimrr pensant.
Mais, il n'est pas possible de distinguer les forces vitales
dont nous avons précédemment parlé, d'avec la cause qui
en règle et modère l'action; pas plus qu'il n'est possible de
séparer la facullé de juger, de raisonner, d'imaginer, de
réfléchir d'avec le principe de l'unité intellectuelle et comme
en Psycologie quelle que soit l'opinion qu'on adopte sur
la nature de la cause de la pensée on est pourtant forcé
d'en parler en des termes qui fassent sentir son individualité f
de l'envisager comme une cause unique, qui, tour à tour,
imagine, conçoit, juge, raisonne de même, en Physiologie,
quand on s'est convaincu de l'unité de la cause en vertu de
laquelle tous les actes de la vie sont coordonnés pour tendre
à des fins, il faut regarder ces actes comme différens modes
d'action de cette cause; ainsi, étudier les lois de la force
motrice, celles de la force assimilatrice, c'est considérer la
cause de l'unité en tant qu'elle imprime des mouvemens à
quelque organe en tant qu'elle transforme en la substance
du corps, celle des matières qui ont servi d'aliment.
« Maintenant quel nom donner à cette cause expérimen-
tale de l'ordre le plus élevé ? Barthez choisit celui de Prin-
cipe vital, et il laisse à chacun la liberté d'en choisir un
autre pourvu qu'en remployant on lui donne la même
acception qu'on donne à celui-ci ».
Tels sont les dogmes fondamentaux de la Doctrine de
Barthez. On voit que dans sa méthode de philosopher, l'on
remonte expérimentalement des phénomènes particuliers aux
forces (i) qui les produisent; et qu'ensuite l'enchaînement,
la coordination des divers actes qui s'exécutent dans le
corps humain vivant, nous conduisent aune cause (2) oxpé-
(1) On sait à présent ce qu'il faut entendre par ce mot.
(2) En disant qu'un toi phénomène a été produit par une telle
cause, BartUez n'a pas prétendu pour cela expliquer le phéno-
ÉTAT PRÉSENT
rimentale d'un ordre plus relevé, à la cause expérimentale
la plus généralede tous les
phénomènes c'est là ce que
Barthez appelle Principe vital, et que j'aimerai mieux, usant
du droit qu'il nous laisse à cet égard, désigner par la simple
dénomination d'unité vitale (1) comme n'exprimant que le
fait lui-même sans en donner aucune traduction.
Voilà les principe* qu'il faudra combattre quand on voudra
renverser la Doctrine physiologique de ce médecin ou lui
trouver des analogues dans les Doctrines qui ont été connues
avant la sienne. C'est là le cachet de sa méthode celle-ci,
est basée en tout sur l'induction celles de Stahl et de Van-
Helmont, auxquelles on a voulu l'assimiler, ne reposent que
sur des hypothèses.
Depuis Haller qui accusait Barthez d'avoir ressucité l'hy-
pothèse de XÂrchée de Van-Helmonl, on n'a cessé de répéter
cette assertion lui repose, je ne sais pas trop, sur quels
fondemens. Tout récemment encore, M. Coriambcrt et M.
Urbain Coste, n'ont pas craint de la reproduire, le premier dans
un mémoire où il s'occupe de juger de quelques abstractions
en médecine et des erreurs qu'elles ont produites (a); le
mène lui-même. <* Les phénomènes de la Kature a-t-il dit, na
peuvent nous faire connaître la causalité ou l'action nécessaire
des causes dont ils sont les effets mais seulement nous manifester
l'ordre dans lequel ils se succèdent, nous dire quelles sont les règles
que suit la production de ces elfets et non ce qui constitue la
nécessité de cette production ». Qu'où bien ces paroles, elles
tant de la plus grau Je importance pour l'intelligence de la Doc-
trine.
fi) Nous n'avons pas il est vrai t la conscience intime de
l'unité vitale (le moi viiul ) comme nous l'avons de l'uni te morale*
JVluis ce principe solidement établi par un très-grand nombre de
phénomènes, et qui n'est démenti par aucun, nous paraît avoir
le plus haut degré de certitude <ui'il soit possible d'obtenir en
Physiologie générais.
(2) Ce travail est inséré dans le 8 me volume des Mémoires de
ta Société' nu di cale d'hmulation; Paris, 1817.
DES SCIRNOES MEDICALES.
second dans l'analyse qu'il donne de ce même ouvrage (i).
Mais, pour raisonner de la sorte, il faut ne s'être jamais fait
une idée exacte de la Doctrine du professeur de Montpellier.
On vient de voir quelle marche sévère il a suivi pour pro-
céder à la recherche et à l'étude des lois vitales. Barthei
n'a jamais parlé qu'à l'entendement et c'est là ce que l'on n'a
pas voulu comprendre: Van-Helmont, au contraire, n'a jamais
parlé qu'à l'imagina Lion (a),et l'on doit peu s'en étonner
quand on connaît le caractère du médecin Belge. Ce dernier
s'efforçait de tout spiritualiser, et de voir des Etres intel-
ligens par-tout où il voyait coordination des pliénomènes ver*
une fin (3). II admet, d'abord, un Archée créateur ( Archeus,
faber) qui existait dans la semence bien avant la fécondation» t
qui préside à J'arrangement à la combinaison des premiers
élémens de l'embryon, qui dirige la formation du nouvel
être, et ensuite, demeure en lui jusqu'à la fin de la vie (4).
Cet Archée qui n'est point l'Ame intelligente mais qui est
aussi un ,Etre doué d'intelligence et susceptible des pas-
sions, établit dans chaque organe un Archée particulier qui
n'a que des fonctions locales à remplir, tandis que l'Archée
principalest l'agent qui surveille tous ses subalternes et
dirige leur action (5). Ajoutez à cela un troisième être subs-
Voyez la Bibliothèque médicale t cahier de Septembre 1818.
(2) Fateor me plus profecisse, dit– il per imagines t Jlguras et
•visiones phantasiœ somniales quant per r^ionU disç.ursus. Hel-
xnont. Opéra, cup. de f-^enatione scientiarum.
(3) Vojez dans la Biblioth. méd. (tom. XXXVII), X5v. frag-
ment d'une notice sur f^ari'Helmorit tiré des manusciits de feu
M. Buisson.
(4) L'Archée résulte de la combinaison de Vattra vitale (aura
qui est la matière de îa génération, avec l'image séminaio
(cum imagine seminali) qui sert de noyau à cette matière, et
qui la léconde. La semence que nous voyons n'est que l'enveloppe
de l'Archée.
(5) Pfœses demùm illc, manci curalar, rectonjue intCrnus finiutn,
în obltum usqttc. Aller yerô Jluçtuans nutli assigna tu* membre^
ÉTAT PRÉSENT
tantiel qu'il appelle blas humanum distinct de l'Archée qui
est placé dans les divers organes, dans l'utérus le pylore, par
exemple, y devient pareillement le modérateur des actes qui
s'y exécutent. Van-Helmont admet encore une Ame pensante
et une Ame sensitive mens etanîina senshiva qu'il faut aussi
distinguer de l'Archée; au moins comme l'observe M, Buisson,
ne les confond-il pas ensemble dans l'article Dlstinctio Mentis
ab anima sensitivâ. Enfin il lui en coule si peu de tout
spiritualiser, qu'il ne craint pas de regarder la maladie comme
un Etre, Etre.pensant et agissant comme l'Archêe. Est-ce dans
tout ce jargon mythologique que l'on reconnaîtra la marche
expérimentale de Barthca ?
Pour ce qui est de Stahl il ne nous sera pas difficile non
plus, de montrer combien sa méthode diffère de celle qu'a
suivi notre Chancelier. En vain l'auteur d'une thèse justement
«stimée, sur les phénomènes vitaux, et sur la manière de les
réduire en théorie soutenue en Juin 1818 à l'Ecole de
Montpellier, a-t-il prétendu montrer que Stahl n'a procédé
que d'une manière expérimentale à la recherche de la cause
première des phénomènes vitaux. Il est bien vrai que ce
grand homme distingua le premier, d'une manière précise
les propriétés des corps vivans, d'avec celle des corps inertes
et combattit les Mécaniciens avec les armes d'une logique
sûre et invincible (t).
Mais à son tour il porta une attention trop exclusive aux
seuls phénomènes q«i semblent prouver qu'un Principe in-
telligent et conservateur dirige les actes de la vie, établitl'ordre
et l'harmonie des fonctions. Les efforts indicateurs de la
Nature dans certaines maladies lui en imposèrent sur tout le
Teste, il ne vit plus les faits qu'à travers le prisme de l'opinion.
Le corps humain n'est pour lui qu'un assemblage d'organes
intuitum servat, iuper parlîcularêS membrorum naucleros t luvidus,
at Jerians nunquàm.
(1) Va sa Theoria medica vera surtout le chapitre intitulé ï
Disquisio do mechanismiet organismi diçersîtate.
DES SCIENCES MEDICALES.
créés à priori, d'après des fins déterminées, dans le but unique
de servir d'instrument à ce Principe recteur qui n'est autre
selon lui, que le Principe-^moral ([). Tout dans le -corps
humain vivant, lui semble prévision et intelligence l'Ame
possède la notion intuitive de chaque organe, et les dirige
à sa convenance selon les besoins du corps fa),>
A la vérité Stahl établit une distinction dans les diverses
actions de l'Ame par rapport au corps, suivant qu'elles ont
lieu per ratiunem aut per ratiûcinationem ('\) et c'est pré-
cisément sur cela que se sont appuyés fortement ceux qui pré-
tendent montrer que l'Animisme n'est point entaché de vice
radical dont on l'accuse; mais au fond, que prouve cette dis-
tinction ? Rien autre chose, si ce n'est, que Stahl après avoir
posé les bases de son système s'aperçut bien qu'il était im-
possible d'admettre que l'Ame se dirigeât dans tous les cas
avec conscience et par raisonnement, et qu'il fût forcé pour
faire cadrer le plus grand nombre des phénomènes avec sa
théorie, de donner au principe moral la faculté d'agir dans
certains cas par pur automatisme par une sorte d'instinct,
sans jugement ni réflexion. Mais dans tout cela on ne
trouve pas la moindre preuve que Stabl se soit conformé
dans sa Méthode, aux règles de la philosophie naturelle.
» Peu importe en un sens nous dit-on {%J le mot par
lequel Stahl signale la cause des phénomènes vitaux il y
tient si peu lui-même qu'il se sert indifféremment de celui
d'Ame ou de Principe vital: on trouve l'une comme l'autre
(l) Hœc dit Stahl qnœ dtt organîamo partira in genert
partint corparis humani org :nica ratione in specie ità diximus
putamus satis evidenter commonstrare passe quod corpus hoc
verum et immediatum. sil animœ organon, non salùm ad ejutitstts t sed directe et a&solutè propter illos à priori institution atquê
f accu m, TheoHa mediça i>era pag, 55, îlalœ 1787.
(a) Theoria medica -vera pag- 38.
(3; Oper. cit., pag, 38.
(4) Thèse citée, sur les Phénomènes vitaux, et sur la manière
de. les réduire en théorie.
iStat posent
expression dans ses ouvrages. Stahl tient si peu même à son
principe fondamental de la direction des fonctions par les
notions intuitives de tâme que dans laprôface qu'il a
ajoutée au Conspectus therapeus specialis de Juncker, il re-
connaît que son principe fondamental n'est nullement néces-
saire ». Mais, d'abord, est-il bien vrai que Stahl ait pu,
sans inconséquence, employer indistinctement les noms à' Ame
ou de Principe Vital, et regarder comme peu important le
dogme fondamental de sa Doctrine ? je ne le pense pas. Dans
les principes du Professeur de Haie, le corps humain, nous
l'avons vu, n'est rien par lui-même, il joue un rôle pure-
ment passif par rapport au Principe supérieur quel qu'il
soit, qui dirige toutes ses actions. Ce Principe est donc le
nerf de tout le système. Des nouons qu'on s'est fait de celui-
ci, doivent dépendre nécessairement toutes les données subsé-
quentes. Ce Principe, suivant Stabl est un Etre substantiel
essentiellement; un Etre suscqrtiblc d'activité et de spontanéité;
c'est l'Ame (i). Or, le mot Ame n'est pas ici comme le mot
Principe Vital dans la philosophie de Barthez, simple repré-
sentatif, la formule abrégée d'un ordre de phénomènes. C'est
un véritable moyen d'erplication de ces phénomènes puisque
l'Ame y est désignée comme unique agent, le moteur, le
régulateur de tous les actes vitaux. D'après cela, Stahl qui
n'avait pas admis la duplicité du Principe actif, mais qui
rapportait tous les phénomènes de la, vie à l'action de la
puissance morale n'avait point la latitude ni d'exprimer
par des noms vagues et indéterminés la cause la plus générale
des phénomènes vitaux, puisqu'on regardait celle-ci comme
connue ni de séparer la notion qu'il s'en était fait de ses
dogmes physiologiques et pathologiques, eux-mêmes, puis-
qu'elle en formait l'élément le plus essentiel.
On voit bien évidemment, ce nous semble, que Stahl au lieu
de s'être dirigé d'après les règles de la philosophie expérimen-
(1) Corpus propter se ipsunt, dit-il minim* exutit sçd prup-
ter animant* Theoria médiat vera pog* 2o3«
DES SCIENCES MÉDICALES.
tale, est parti d'une hypothèse et que cette hypothèse, quoi-
qu'on en dise, a décidé du sort de tous ses écrits. Qu'on jette
un coup d'oeil sur sa Thérapeutique rétrécie, qu'y verra~t-on?
Une attention continuelle de la part de l'Ame aux besoins
du corps elle prévoit ceux-ci, réfléchit sur les actes morbides,
réalise ou fait avorter au besoin les efforts hémorragiques
d'où dépendent suivant lui le plus grand nombre des
maladies, etc. Que fait alors le médecin ? Toute son habileté
consiste à rester le froid spectateur des actions et des reac-
tions de l'Ame, et, tout au plus à la seconder dans les efforts
médicateurs auxquels elle se liv/e. Et l'on viendra nous dire
ensuite que le mot Ame n'a dans ce système aucune valeur
positive, qu'il n'est que l'expression abrégée des phénomènes
les plus généraux de la vie, qu'on peut sans inconséquence
lui substituer quelque expression indéterminée? Certes on
nous persuadera difficilement qu'un homme aussi profond que
Stahl, ait pu se méprendre à ce point sur le caractère fon-
damental de sa Doctrine.
Que cet homme célèbre arrivé à un certain âge, et dans le
calme de la raison et des passions ait porté un ceil observateur
sur l'ensemble des faits qu'il les ait examinés sans prévention
et qu'il ait pu reconnaître ce vice essentiel de sa théorie
qu'alors il ait cherché à arrêter l'élan de ses disciples fana-
tiques qui croyaient plus à l'Animisme que lui-même je
l'accorde, et comme l'a judicieusement remarqué l'auteur de
la thèse citée sur les Phénomènes vitaux yetc. ce dernier
trait annonce une tête éminemment philosophique. Mais s'il
prouve que Stahl voyait avec raison autre chose dans ses
importantes recherches sur l'homme vivant, que la partie sys-
tématique et hypothétique, il démontre aussi clairement, que
dans le principe, celle-ci l'avait complètement égaré, et qu'elle
l'avait détourne du but qu'il s'était proposé d'atteindre.
Cependanten changeant la face de la Physiologie, et en la
dégageant pour jamais du joug que lui avait imposé la Secte
Iatro-ma théma tique Stahl prépara de longue main la révolu-
tion qui devait s'opérer plus tard dans les Sciences médicales.
ÉTAT PRÏSKST
J/ unité du système vivant et Y activité de la cause qui agit
en lions pour l'exercice des fonctions vitales voilà deux
dogmes qui appartiennent à Stahl, dont Barthez s'est emparé,
et dont il a su tirer le plus grand parti en les présentant sous
kur véritable jour, et en ayant soin de les dégager de tout
ce qu'ils avaient d'hypothétique,
Van-Helmont ne fut pas étranger non plus à cette réforme,
par la direction toute nouvelle qu'il avait donné de son temps
aux esprits car il faut le dire sans les écrits de cet ingé-
nieux écrivain, il est douteux que le système de l'Animisme
fût jamais sorti de la plume de Stahl (i).
A notre avis, les écrits de Van-Helmont et de Stahl eurent
sur le développement du génie de Barthez la même influence
que celui-ci a exercé sur les physiologistes de nos jours. Il
est très-possible que si Stahl n'eût point composé sa Theoria
metfica vera Barthçz n'eût jamais publié ses Nouveaux Élé-
mens; mais il est bien plus certain encore que si la science
(j) Qu'on ne croie pas d'ailleurs, que les ouvrages de Van-Helmont
ne contiennent que des allégories et des jeux de l'imagination il
y a deux hommes en lui l'observateur profond et judicieux quiétudie avec sagacité l'action vitale des organes, et le mécanisme
des diverses fonctions; et le logicien subtil qui, faute d'une mé-
thode sévère j et emporté par la fougue de son esprit, t se perd
dans les espaces imaginaires lorsqu'il s'occupe de coordonner
les principes pour les ériger en théorie et pour en former un
corps complet de doctrine, Au reste, on trouve dans l'ouvrage du
médecin Bel^e cachés sous un style obscur, des dogmes physio-
logiques dont Bordeu et aprùs lui Bichat se sont particulièrement
seni sans pourtant avouer la source où ils les avaient puisési Ces
principes se rapprochent tellement de ceux des deux physiolo-
gistes que nous de nommer, que quelques médecins n'ont
pas erainr de dire qu'on les trouvait présentés d'une
manière plus convenable dans les écrits denossolidistes modernes.
Pour juger avec connaissance de cause, qu'on se donne la peine
de lire la notice sur Van-Helmont par M. Buisson inséiée dans
le tome XXXVII de la Bibliothèque médicale.
DES SCTFKCES MEDICALES.
ne se fut pas enrichie de ce dernier ouvrage, les Principes
de Physiologie de Dumas n'auraientpoint
vu le jour.
Celui-ci avait bien la conscience des obligations dont il
était redevable à Barthez, mais s'il s'en faisait l'aveu tacite 9
il se gardait bien de le proclamer. Ce silence, de la part
d'un homme de mérite de Dumas dut singulièrement
offenser Barthez dont le caractère ombrageux s'effarouchait
de tout ce qu'il croyait pouvoir porter la moindre atteinte
à sa gloire. Aussitôt, il réclama ses droits de propriété sur
divers points de Doctrine plus où moins importans; et fl.
le fit en homme qui prétendait se faire justice lui-même et
avec trop peu de ménagemens. Dumas voulut user de re-
présailles, d'autant mieux que les imputations de Barthez
étaient assez graves pour qu'il y eût de son intérêt de les
réfuter. Celui ci crut ne pouvoir mieux y réussir qu'en
cherchant à montrer que les deux doctrines étaient essen-
tiellement différentes dans leurs points fonda m en ta ut et c'est
ïkt ce qu'il entreprit dans le discours préliminaire de la
deuxième édition de set Principes de Physiologie. Mais nous
aurons plus d'une fois l'occasion de nous convaincre qne
Dumas n'eut pas toujours raison dans ce parallèle, et que
sa méthode si elle diffère du plus au moins quant aux
applications, est toujours la même quant au principe; en
voici la preuve la plus péretnpîoire. « J'observe d'abord dit
Dumas, qu'ayant l'an et l'autre, transporté les préceptes
et la méthode de Bacon dans la Science de l'homme nous
n'avons pas suivi la même marche, en les appliquant à son
étude. M. Barthez n'a exposé d'une manière générale les
principes de la bonne méthode de philosopher, que pour faire
voir la conformité de ces principes avec la doctrine de son
ouvrage. Il n'a point tracé les règles qui doivent diriger l'appli-
cation d'une pareille méthode. J'ai au contraire insisté
sur le détail de ces règles et sur les avantages respectifs de
nos trois grands moyens de connaissance et dedécouverte
l'expérience, l'analyse et l'induction ».
Encore un coup} je ne vois dans tout cela qu'une tïiffc-
1?TAT PflésEJÎT
rence d'exposition; le point important c'était d'avoir trans-
porté dans la Science de l'homme vivant les principes de la
philosophie naturelle, et d'avoir montré que cette méthode
est la seule convenab!e, si l'on veut arriver à des résultats
certains. Or c'est à Barthez, et non à Dumas que la Physio-
logie est redevable de cet important service. An reste, comme
nous Favoris cfàjà dit pïns haut les écrits de ce dernier
ne sont pas à beaucoup près les seuls où se fasse ressentir
d'une manière plus ou moins notable l'influence des idées de
Barthez. Mais pour nnus borner aux physiologistes de notre
nation les plus renommés; nous renvoyons an tableau synop-
tique de M. le professeur Chaussûr sur la Farce vitale, et
à divers passages des Nouveaux Elàmens de Physiologie de
M. Iïteherand particulièrement dans les prolégomènes de
cet ouvrage.
Ce n'est pas sans dessein que nous nous sommes attaché
à bien caractériser le véritable esprit de la Doctrine du pro-
fesseur de Montpellicr avant que de descendre dans les
détails des applications qu'il en a faites il me semble, en
effet, que c'est pour n'avoir pas assez distingué ces deux choses
( et Ton a commis en cela une grande erreur) qne l'on a
mis sur le compte de l'une des défauts qui ne pouvaient
jamais être attribués qu'à l'autre. Aussi,est-ce avec beaucoup
de raison que M. Prunelle, l'un des hommes, selon nous, 1
qui a le mieux jugé Barthez à dit do ce dernier, qu'il aura
toujours rendu le plus grand service à la Médecine en
introduisant dans l'étude de cette Science les vrais principes
de la bonne méthode de philosopher, lors méfie que l'on
viendrait à reconnaître pour J'ausici les plus grandes der
applications qu'il en a faites fij.
Des médecins d'un très-grand mérite, entre autres Dumas
et M. Prunelle, ont reproché à lïarlliez d'avoir disserté trop
longuement pour savoir si le Principe Vital a une existence
propre si cette existence est distincte de celle du corps or-
ganise et de V Ame pensante,, et d'avoir traité plusieurs autres
(i) Eloge funèbre <!e C-L. Dumas; png, i5 et 16.
bks sciences médicales.
questions.de ce genre tout aussi inutiles à l'intelligence de sa
théorie. Il est arrivé de là, ajoute M. Prunelle qu'on n'aa
plus voulu comprendre que le Principe Vital n'était autre
chose qu'un fait général dont on partait pour en expliquer
d'autres, quoique l'auteur du système eût dit expressément
qne ce Principe, ou cette Force, n'était qu'une supposition
nécessaire pour abréger le calcul analytique des phénomènes;
supposition qui remplit dans leur exposition les fonctions
des quantités inconnues employées par les géomètres (i).
Cette dernière remarque de M. Prunelle, nous parait tout-
à-fait juste et nous ne doutons pas que ce ne soient les deux
chapitres des Nouveaux Elcmens où. Barthez s'occupe de ces
matières, qui aient perdu la Doctrine que ce livre renferme,
dans l'esprit de bien des gens. Ce sont eux surtout qui ont
porté à croire que le Principe Vital n'était qu'une nouvelle
manière de présenter l'Archéc de Van-Helmont, on l'Ame pen-
sante de Stabl on bien encore, comme le croyait Cabanis,
une modification de l'un et de l'autre système; et pourtant
l'intention de Barthez en a gitant ces questions que nous
sommes bien loin de regarder comme tout-à-fait oiseuses,
était de montrer implicitement que sa Doctrine, dans son point
fondamental, différait de celle de toutes les autres Sectes. En
faisant voir, en effet, qu'on pourrait rassembler un aussi grand
nombre de probabilités en faveur de l'existence distincte
du Principe Vital que contre celte opinion, et en établissant
qu'il fallait se réduire là-dessus à un septicisme invincible la
conséquence de cette proposition, c'est, comme l'a observé
M. Lordat, que toute Doctrine qui suppose la question résolue,
que toute Doctrine dont les dogmes ne sont vrais qu'en sup-
posant incontestable une telle opinion sur l'essence de cette
cause, est pour le moins bien incertaine, et que la médecine ne
peut acquérir le plus haut point de probabilité dont elle est
susceptible si ces dogmes fondamentaux ne sont indépendant
des sentiment particuliers que chacun peut avoir sur ce sujet.
(i) Eloge funèbre de C.-L. Dumas j ppg. \-j.
ÉTAT PR&E3TT
Ce principe est essentiellement vrai mais il faut bien alorâ
qu'il y ait quelque vice important dans la manière dont il a
été présenté puisqu'il a pu si souvent des mé-
prises tellement graves, qu'elles ne conduisent à rien moins
qu'à faire prendre le change sur le fonds de la Doctrine.
Ce vice, je le trouve dans les trop grands développemensdont Barthez a environné sa proposition > surtout dans
des matières où l'équilibre mental est si difficile à conserver.
Il eût été tout aussi profitable pour la science, et bien plus
encore pour l'intelligence de sa Doctrine, que ce grand Phy-
siologiste, au lieu de s'arrêter si long-temps à l'exposition des
diverses opinions des philosophes et des médecins sur la
nature du principe de vie dont l'homme est animé, s'en fùt
tout simplement tenu à dire: Il n'est pas d'opinions touchant
la nature du Principe de la vie dont le contraire puisse être
démontré faux. il faut donc se réduire à un scepticisme
invincible sur la nature de ce principe toutes /et conjectures
qu'on pourrait hazarder sur son essence n'étant propres qu'à
embarrasser l'étude des phénomènes et à favoriser la tendance
des esprits vers F admis* ion d'une telle ou d'une telle autre
hypothèse. En conséquence nous devons abstraire, isoler t
parla pensée cette cause quelle qu'elle soit, afin de pouvoir
en étudier les lois par des recherches directes sans se laisser
préoccuper par les idées qui dériveraient d'une supposition
quelconque. En s'exprimant ainsi, Uartliez eut montré claire-
ment que, même dans ses considérations les plus relevées
et les plus abstraites sur les phénomènes de la vie, il ne
cessait de ce conformer aux règles de la Méthode de philo-
sopher qu'il avait prescrites, et que sa Doctrine ne consistait
nullement à donner une existence positive an Principe vital
pour en faire un moyen d'explication, pas plus qu'à déter-
miner si la cause première des actes qui s'exécutent en nous
est une modification particulière de l'Ame on bien une
modalité de la matière organisée,
En nous résumant, nous dirons, que la Méthode de phi-
losopher de lïarthez est essentiellement différente de celle des
DES SCfENCÊS MEDICALES.
T. IV de la 2.esér., cah. de Mars et Jvril 1 8 1 g. n 1
physiologistes qui l'avaientprécédé
cequi
établit aussi une
différence fondamentale dans leur doctrine. Seulement, il faut
avouer, avec M Lordat, que Barthez a trouvé chez Van-Hel-
mont et chez Stahl comme chez ungrand
nombre de mé-
decins anciens et modernes plusieurslois ou faits
généraux,
plusieurs principes qu'ila
adoptés, épurés, exprimes d'une ma-
nièreplus exacte, et dont il a convenablement augmenté
ou res-
treint l'étendue. Le premier dogme qu'ila établi, c'est l'unité
Y individualitéphysiologique
son second c'est l'activité de
la cause inconnue qui constitue l'unité vitale; propositions
à lapreuve desquelles concourent, comme nous le verrons
bîeatôt les diverses partiesdu livre de l'illustre Chancelier.
Jïibliogrophiede la France, pour
les mois de
Mars et Avril 1819.
Si5. L'Entendement humain mis à découvert d'après lei prin-
ciprsde la.
physiologieet ceux de la
métaphysique dans lequel on
*>mbat le matérialisme; on remontr aux premières origines dé
tuâtes nos idées onpoursuit
leurprogression jusqu'à ce
queVon
soit arrivé à celles de notre Ame et de Dieu, àcelles qui
établissent
desrapports
intimes entre l'homme et son créateur. In-12 de9
ieuîlles. A Paris, chez Erunot-Lcbtje. Prix, 2 fr. 5a c.
Ù5j.Histoire naturelle des mammifères avec des
figures origi-
nales enluminées dessinées d'après des animaux vivons par MM.
Geoffroy-Saint -Hiluireet Frédéric Cuvirr par
M. C. Las-
t-eyrie.I re livraison. In-f,o de
7 feuilles, plus6
planches. A Paris,
àl'imprimerie lithographique
de C. deLasteyrie rue du Bac,
n.o 58. Il en paraîtra chaquemois une livraison. Le
prix de sous-
criptionest pour
Paris de i5 fr. A lapublication
de la 5.e livr.
on nerecevra plus
de souscriptionet prix de
chaque livraison
sera augmentéd'une manière sensible.
564. Voyagede MM. Alexandre de Humbolt et A.
Bonpland.
Sixièmepartie. Botanique-
Troisième subdivision. Nova gênera et
species plantarum quasin
percgfitiationead
plagam œquinoctialem
Orbis novi colltgerunl descripterunt partim adumbravtrunl A.
Bonpland et A, de Hntnbold eschedisautographe A- Bonplan-
di in ordihem digessitC-J. Kunth. Faciadus deciihus.
In -fol. de
jg feuilles plus i5planches.
A Paris â la librairiegrecque-
ÉTAT PRÉSENT
latine-ail emande. Pris, papier Jésus, vélin, figures noires, 100 ft-.
Figures coloriées, 180 fr. Grand-Colombier vélin figur. coloriées,
aoo IV, In-4>° de 1 3 feuilles, plus iS planches, 56 fr.
6-ji. Traité élémentaire de matière médicale par M. Barbier, !II
n*&îecio ordinaire de l'Hôtel-Dieu etc. Tome I*er in-8.o de 40
feuilles et demie. A Paris, chez Méquignon-Marvis. Prix des deux
volumes, qui se paient sur-le-champ (Le deuxième ne paraîtra
qu'en Juillet ), i5 fr.
589. Traité de la seconde dentition et méthode naturelle de la
diriger; suivi.d'un Aperçu de semeiotique buccale; ouvrage orné
de 3l planche par C -F. Delabarra. In-8.0de 24 feuilles, plu*
les planches. A Paris, chez l'auteur, rue de la Paix, n,o 19; chez
Gabon à Montpellier chez Ans. Gabon.
644.' Traité des maladies des artères et des -veines par Joseph
Hodgson, etc.; traduit de l'anglais, et augmenté d'un grand nombre
de Notes par Gilbert Breschct. Deux volumes in-8.0 ensemble de 56
feuilles un quart. A Paris chez Gabon à Montpellier, chez Ans.
Gabon.
70a, Traité historique et pratique du Scorbut chez l'homme et
les animaux dans lequel se trouvent des observations intéres-
santes sur traitement de quelques maladies comme de la véné-
rienne de la scropkuleuse, par AI. Baltne. Iu-8.» de y feuilles
et dfcmie.
8o3. Anatomje etphysiologie
du système nerveux en général, et
du cerveau en particulier; avec des observations sur la possibilitéde reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et in orales de
l'homme et des animaux par la configuration de leurs têtes; par
F.-J. Gall, et G, Spurzheim. III. volume, seconde partie. In~Joliot
3j feuilles plus 14 planches. Prix îao fr. i/z-40 de 18 feuilles
et demi plus 14 planches In-folio 60 fr. A Paris, à la Li-
brairie grecque-latine -a Ile mande.
804 Histoire natnrelle, générale et particulière des mollusques
terrestres et lluviatiles tant des espèces que l'on trouve aujourd'hui
vivantes que desdépouilles f osai] de celles qui n'existent plus
clasiés (.Va près les caractères essentiels que présentent ces animaux
et leurs coquilles ouvrage posthume de M. le Baron J, B. L.
d'Audtbard de Férussac colonel d'atillerie, etc. continué, mis
en ordre et publié par M. le Baron d'Audebard de Férussac son
£ls. Première livraison. Iit-o de 3 feuilles, plus 6 planches. A
DES SCIENCES MÉDICALES
Paris, chez A. Bertrand. Prix, z/z-4.0 i5fr, in-folio 5o fry
So5. Histoire naturelle des orangers parA. Risso et A. Poitean»;
II. me et III. me livraisons. /«-4-« chacune de 3 demi-feuillei
plus6
planches. Imprime-de M.me Héressant-Leiloux à Paris.
A Nice chez Risso; à Paris cher. Audot. Prix dechaque
li-
vraison i5 fr,
Si3. Histoire naTurelîe des quadrupèdes ovipares; parM. Je
Comte deLaeépède. Suite
etdes
de BitffoA
Tome I«./n 8.0 de 42 feuilles et demie, plus un cahier de aa
planches. A Para chez Rapet et comp. Prix desouacript.
is £v*
82g.Le charlatanisme démasqué
ou la médecineappréciée
k
ia juste valeur. Par un ami de la vérité et de l'humanité, In-8.o
da 4 feuilles un quart. Imprimeriede M me veuve Huet-Perdoux
 Orléans,
894» Mémoire sur le vomissement la la Société le la Fa-
cnlté de m«Jectne de Paris le a5 Kovetnhre 1818. Par~ïsià\
Bourdou étudient en médecine suivi d'unrapport
fait à la
même société par MM. Mérat et Bérlard. /n-8.0 de 3 feuille»
un quart. A Paris cliez Méquignon-Marvis-
8o,5 Essai sur ia rétention d'urine par l'occlusion
totale ou partielle de l'urètre dissertationprésentée etc, le
iigFévrier
1819 pourobtenir le
grade de Docteur en médecine;
parFortunat Pfillicot
d'Epînal. /n-4.0 4e a fenilles 3 qnarts.
Imprimeriede Levrault à
Strasbourg.
94^. Vue générale des progrès de plusieurs branches des science!
naturelles, depuisla mort de Buffon; pour faire suite aux œuvres
complètes de cegrand
naturaliste. Par M. le Comte deLacéptidet
J/1-8.0 de7 feuilles
un quart.A Paris chez
Rapetet
comp. Cet
ouvragefait
partiede l'édition des OEuvres
complûtesde Buffoa
(voy. no 375). )-
944.Essai sur les lois physiques et la construction de l'Univers;
parS:r Richard Phillips,
de Londres. /«-8,o de7 feuilles
un
huitième.Imprimerie
de F. Dî^oi à Paris.
945. Exposésommaire des expériences
faites dans les séances
d'optique, données par M" Bourgeois, en Août,Septembre
et
Octobre 1818. 1/i-S.o de 3 feuilles un quart. A Paris chez
Testu etcomp.
et chez Belin-Leprieur.
946. Des moyens les plus efficaces pourconserver la vue et
pour la fortifier lorsqu'elle est affaiblie avec La manière de s«
ÉTAT PRÉSENT DFS SCIENCES MEDICALES.
traiter soi-même dans les cas ou les -secours des gens de l'art
ne sontpas indispensables
et celles desoigner
lesyeux pendant
etaprès
la petite lérofe; ouvragetraduit de l'allemand de M.
G, J. Berr, par Thiercelin. Sixième édition, entièrement re-
fondue, augmentéede notes du traducteur, et d'un
chapitre
but les inconvénient et lesdangers
des lunettes communes. /«-8.» o
de 10 feuilles et demie, A Paris chez Gabon; à Montpellier
chez Anselme Gabon- Prix, 2 fr.75c
c.
9.(7. Influencede la médecine
légalesur la morale et Sur Ifl
Jury; par J. E. L, B (du Loiret). In-Z.o de 2 feuilles trois
quarts, A Pâtis chezMigneret. Prix, fr. 5o c.
gÛa. Plantes de la France, ou imtur;ilisées et cultivées en
France décrites et peintes d'après nature pai- M, Jaunie-S&int-
Hilaire. Deuxièmepartie,
ê me livraison. //z-S.o d'une demi-
feuille plus 10 planches. Imprimerie deP. Didot paris.
A Paris chez l'auteur, rue deFurstemberg n.o 3,
1024- Manuel desplantes
usue'Iesindigènes,
on Histoireabrégée
desplantes de France, distribuée, d'après une nouvelle méthode;
contenant leurs propriétés, et leursusages
en médecine, danK
3apharmacie
et dans l'économiedomestique
suivi de Recherches
et d'Observations surl'emploi
deplusieurs espèces, rjtii dans la
pratiquede la médecine, peuvent remplacer un
certain nombre
de substances exotiques. Pnr J, L. A. Loisoleur-Deslongchamps,
II volumes in-8.0 ensemble de 55 feuilles, plusdes tableaux.
A Paris, chez Maquignon l'aîné père. Prix 1 2 fr.
lo^'j. Histoirenaturelle des mammifères avec des
figuresori-
ginales enluminées dessinées d'après des animaux vivtins. Par
MM. GeoffroyS. t-Hilnire et Frédéric Cimer pu! liée par M.
C.
de Las te) rie. II me livraison.In-folio
de 6 feuilles, plus6
plan-
chers, A Paris, à['imprimerie de
C. de Lasteyrie,
rue du Bac n.» 58. Prixpour
lessouscripteurs
i5 fr. pourles
conditions et clôture de lasous cri pt. ( voy.
n.o55y ).
ERRA TA.
Fag, 36, lig.il n'a pu nuire lisez n'a pu que
nuire.
g3 lig.3a Percey lises Percy.
96, lig.a5 présentés;
lisez présenté.
FIN du Tome IK
TABL E
Des Matières contenues dans ce Volume.
j\cAnÉ.niE Royaledes sciences de Paris; voy. Institut.
Acide mcconiqite voy. Opium.
Amputation partielle du pied droit (Observation sur uncoup
de
feu quia nécessite tj; par M. Bougarel f méd.. Pag. 68.
Antisyphilitique voy. Muriated'or.
Bibliographie de lu France (E rirait de la J pour cequi
con-
cerne Les Sciences Médicales. i5g.-3:2i«
Bière nouvelle; parM. C. 1-, C 153.
Bulletins de la cle 85.-273~Bulletins de ta Société deMédecine-pratique. 85.-273,
chez ( Note sur un gros Jsorti spontanément par T urètre t
chez unefetnme très-avancée en âge; par M. Py,méd. 76»
Réflexionssur cette observation par M. V. Bonnet, méd.
7g.
Calculs C Observationsur la sortie
spontanéede
deiun) par le
canal de £ urètre, chez V homme parle doct. Tôle. 8%.
Calcul (Observation d'unj sorti spontanément par l urètre
chez un enfantde onze ans sans
qu'aucun symptôme n'ait
fait présumer sa présence dans la vessie par M. Lemettais,
officier de santé 82.
Capsules atrabilaires voy. Glandes surrénales.
Chimie et Physique f Annales de); par MM. Gay-Lussac et
Arrago;cahier de Novembre 1818 12^.
Convulsion [Desbons effets des fomentations froides
et des
bains froids dans un cas.de} pareil. ïiouschon méd. 20.
Couleur livide du nez f Observation qui prouve quela est un
signede mort dans les maladies
aiguës25.
Crédulité (Réflexions médicales sur le penchant des hommes
à la)> par^H.»J.-M. Caillau, méd 273.
Doctbine médicale(Exposition
dela )
deP. Barthez, et
mémoires sur la viede ce médecin par Lordat, méd.
Analyse raisonnêe de cet ouvrage par F. -J.-Léon Rouzet,
D. M. M. (i** Extrait J 294.
Eau douce ( Conservation de F ) en mer; par M. C.-L.-C. 1 43
Eau froide (Observation sur les effets de tj et de la glace; ¡
par M. Bouschon, méd.. 3.
Eruption de Boutons sur le derrière entretenue par t usagedes bains de siège froids, et heureusement combattue par
des saignées locales; parM. Bousclion, méd. a 4.
Faculté de Médecine de Paris voy. Prix,
fièvre gastrique simple, de cause externe; par M. Des-
granges, méd. aS.
Fracture du col du fémur occasionnée par l'action musculaire, t
suivie de quelques réflexions par 31. Roques, méd.. 54-
Fracture d'un pariétal ( Observation sur la ) avec perte de
substance cérébrale; par le docteur Lazzaretto. 107.
Glace j voy. Eau froide.
Glandes surrénales [Notice sur les); par M. J.-M. Caillauj
méd. suivie d'un discours prononcé sur le même sujet par
Montesquieu. 209.
Gélatine [Noie sur C extraction de la);par M. Boudet, oncle,
pharmacien 118.
Hémoptysie nerveuse (Observations sur les bons effets de
Ve.Ttralt de jusquiarne blanche dans un cas d' J\ par M.
Caizergucs, méd 49-
Hydropisie ascite (Gucrison d'une) par les évacuans et les
sueurs par M. Bousclion méd 2S..
Isçertjtude; voy. Pronostic.
insolation (Des bons effets de l'eau froide en boisson et en
bain, dans un cas d' ) par M. Bouschon méd.. 70-
Institut Royal de France voy. Prix.
Journaux; voy. Revue.
Magnétique (Observations tendant à prouver f existence du
.fluide);parM. Ferrier, méd îoi.
Maladie Tachetée hémorragique (Observationset remarque sur
la); par M. Gondinet, méd. 37-
Manie. ( Guêrîson d'un cas de } par les bains froids par M*
Bouschon, méd 3.
Manie heareusetnent combattue par le régime végétal, et
l'usage des bains tièdès par M. Bouschon, méd. S^
Médecine (Journal général de) française et étrangère; cahier
de Février 1819 284.
Melœna (Des bons effets de quelques boissons médicamen-
teuses froides dans un cas de} par M. Bouschon, méd, 32»
Moelle épinière ( Observations sur les maladies de la) par
M. J. Abercrombie, D. M. 323.
Morphine (Action de la ) sur Y économie animale; par M*
P. Orfila,/W. i3i,
Morphine (Note sur T emploi de quelques sels de) comme mé-
dicament; par M. Magendie, niéd. t33.'
Muriate d'or (Rapport sur V efficacité du); par M, Edouard
Belaficld 85.
Remarques sur ce rapport; par M. V. Bonnet f méd.. 83J
Muriate d'or ( emploi e-Ttefne du ) voy. Syphilis et la nom
qui est à la fin de cet article*
Muriate triple dor et de soude (Observations sur t efficacité
du) dans la syphilis, et autres maladies du système lym-
phatique Dissertation inaugurale de >I. G. Destouches,
Noticepar M. V. Bonnet, méd 96.
Titï voy. Couleur livide.
Oniv-RV monts physiques t agricoles et médicales faites à Sor-
deau.v ^pendant les trois derniers mois de 1818. 108-282.
Opium indigène ( E-ramen de V ) et réclamation en faveur
de M. Sëguin de la découverte de la Morphine et de F Acide
Mécanique par M. Vauquelîn ia4*
Note sur ce mémoire par M. V. Bonnet, méd. ia8.*
Or, à télat de muriate mêlé avec le sain-donx ou le cêrat
de Galien. 94-95.
Or divisé mêlé avec le sain-doux. o/î.
Or; voy. Muriate Syvhilis.
Pharmacie (Journal de)cahiers de Juin et Juillet 1818.
iï 8.~r23.
Pri.v proposé par la Société de Médecine rie Paris séante h
l'Hôtet'de- Ville j 11
–– par la Faculté de Médecine de Paris. m, z.
par l Institut Royal de France, 113.-279.
par la Société de Médecine de Toulouse. 1 1 3.
par la Société Royale de Médecine de Marseille 1 17.
Pronostic ( Observations sur l'incertitude du) dans les maladies
aiguës j par M. Blaud méd 161,
Réflexions voy. Calcul Crédulité.
Remarques; voy. Muriate d'or.
Revue des Journaux voy. Chimie Gazette de Santé, Mé-
decine, y Pharmacie.
Rosée (Essai sur la~) et sur divers phénomènes qui ont des
rapports avec elle par C. William Wells, D. M. ( 3.mtfet dernier extrait), .137.
î
Séance publique et exposé des travaux- de la Société Royale î"
de Médecine de Marseille pendant l'année 1818. Notice
toar M. 'Bonnet, méd 114.
Sels de morphine voy. Morphine.
Sociéte de Médecine-pratique voy. Bulletins.
de Médecine de Paris; \oy. Prix.
--de Médecine de Toulouse voy. Prie.
Royale de Médecine de Marseille voy. Pris Séance.
Sympathiques (Exposé succinct des différens phénomènes'}
par M. Piorry méd. 284.
Syphilis ( Guérison d'un ras de )au moyen du muriate d'or,
suivant la méthode de Cirillo \par M. Clireslien, méd. 94.
Tabac à priser (Danger sur l'usage abusif du); par M
méd 293.
Travaux de la Société Royale de Médecine de Marseille; voy.
Prix Séance*.
Tumeur périodique ( Observation d'une") par Bï. Destouches,
méd. 1 04.
Tympanite (Des bons effets du bain froid, et des fomen-
tations froides dans plusieurs cas de) par M. Buxischon,
méd 7.
Veines {Extrait d'un mémoire sur la faculté absorbante des);
par M. le professeur Mayer i53.
FIN de la table.