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Annales cliniques ou Essais et cas de médecine-pratique, de chirurgie et de chimie pharmaceutique Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Page 1: Medecine pratique.pdf

Annales cliniques ouEssais et cas de

médecine-pratique, dechirurgie et de chimie

pharmaceutique

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Page 2: Medecine pratique.pdf

Société des sciences médicales et biologiques (Montpellier). Annales cliniques ou Essais et cas de médecine-pratique, de chirurgie et de chimie pharmaceutique. 1809-1820.

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ANNALES CLINIQUES

DE LA SOCIÉTÉ

DE MÉDECINE-PRATIQUE

DE MONTPELLIER,

UJEPI GII ES

ParuneCommissionprésidéeparJ.-F. VicTonBONNET,DocteurenMédecinedela FacultédeMontpellier,Pro-fesseurparticulierdeThérapeutiqueetdeMatièremédicale,MembredeplusieursSociétésmédicales,Rédacteurgénéral.

Duotuneprœcîpuimedicineecardinesratiotetobservalioobservait»tamenestJllumadauoddirtgidebentmedicorumratiocinia.

Baoliviopéraomnialib,1,cap,II, §.III.

DEUXIÈME SÉRIE.

TOME QUATRIÈME. r.UE%

.-> :iES /S~IES '7~

A MONTPELLIER, ^S3>^

/f;

A MONTPELLIER ~~L~'

De l'Imprimerie de J.-G. TOURNEL,PlaceLouisXVI, n.° 57.

^SIBIIOTHÉ Q"18 9.

f

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Page 5: Medecine pratique.pdf

· PREMIÈRE PARTIE.

MÉMOIRES ET OBSERVATIONS

DE MÉDECINE -PRATIQUE.

Observations sur les effets de l'eau froide et de la

g lace, suivies de l'exposé de deux faits particuliers;

par M. Bouschon, docteur en médecine à Uzès..

i.re Obs. Manie. IVl.11" d'un tempérament

sanguin et d'une constitution robuste très-pé-

nétrée des sentimens religieux dont on n'ose pas

même blâmer l'excès, mais frappée d'une terreur

mal entendue, au sujet des peines de l'autre vie

tomba, ou mois de Septembre 1810, dans une

mélancolie profonde,étant alors âgée d'environ

trente-cinq ans. Le délire particulier auquel elle

fut d'abord sujette, était borné à un seul objet;

bientôt il fut universel. Néanmoins, elle conserva

sa première et principale idée d'être possédée

du démon, maudite de Dieu etdéjà condamnée

aux peines éternelles. Elle était dans une agita-

tion continuelle; ses yeux étaient scintillans et

égarés, son visage enflammé, sa démarche pré-

cipitée, et tous ses mouvemens subits et irré-

fléchis sonpouls

était vif et animé.

Dans ce désordre extrême, je profitai de l'as-

cendant que je conservais encore sur son esprit,

et je cherchai, aussi, par mes discours, à la ra-

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EFFETS DE L'EAU FROIDE

mener à des idées plus consolantes. J'ordonnai

quel'on évitât autant qu'il serait possible de lui

faire éprouver des contradictions qui ne feraient

qu'aggraverle mal.

Sunt verba et voces quibus hune lenire doloretn

Possis et magnam morbi depellere partent.

11 fallait pourtantavoir recours à des moyens

plus difficiles, dans ce cas-ci, à mettre en usage.

J'ordonnai d'abord la saignée du pied mais le

chirurgien qui crut pouvoir la pratiquer en mon

absence reçut un violent coup de pied, au mo-

ment où il se baissait pour piquer la veine. Il n'o-

sait plus s'en approcher; cependant à mon retour,

elle fut rassurée et ne fitplus aucune résistance.

L'évacution du sang ne produisit pourtant pas

plusde calme. Je me décidai alors à faire mettre

la malade dans un bain froid. Il ne fallut rien

moins quel'autorité

que j'avais sur sonesprit,

pour l'yfaire entrer. Elle

y resta une bonne

demi-heure dans la plus grande tranquillité, souf-

frant même, sans se plaindre, l'application sur

la tête de linges trempés dans l'eau froide. Je vis,

après ce temps,ma malade pâlir, baisser la tête

et menacée d'une défaillance. Je la fis sur le

champ sortir du bain et mettre dans un lit un

peu chaud; elle prit un repos qu'elle n'avait pas

goûté depuis long-temps.Ce succès m'engagea

à faire continuer les bains.Après l'usage de quel-

ques-uns, ellefit moins de résistance

pour y entrer.

D'ailleurs, l'agitation physique et morale diminuait

sensiblement de jour en jour; car, au bout d'un

Page 7: Medecine pratique.pdf

ET D* LA GI.ACE.

mois, àpeu près, je trouvai on changement

si

favorable dans la malade que je crus convenable

d'employer seulement le bain tempéré.

La chaleur et la raréfaction du sang n'étaient

plus les mêmes; le visage avait perdu sa rougeur

excessive, et.le pouls était plus souple et moins

précipité.L'idée

principaledominait

pourtant

encore; mais lesparoles propres à en détourner

son esprit faisaient sur elle plus d'impression et

son attention était moins difficile à fixer. Le bain

tiède continué environ l'espace de trois mois, et

son effet aidépar l'usage des boissons raffraîchis-

santes et par un régime tiré principalement du

règne végétal finitpar

rendre à cette personne

la santé et la raison, qui, chez elle, n'a plus, depuis

cette époque, été troublée par aucun nuage.

Cetteguérison vérifie l'observation de Celse

Frigus prodest juvenibus et omnibus plenis

item rubicundis nimis hominibus si dolore vacant.

(Lib. I, c. 2, s. 6, p. 37). ).

2.me Oes. Manie. M.lle* âgée devingt-huit

ans, éprouva, dans le même temps quela

personne

qui fait le sujet de la i.re observation une entière

aliénation d'esprit. A de violents chagrins, il se

joignait une cause cachée d'une nature plus

grave et dont l'influence, sur le moral, n'a que

trop souvent été remarquée. Cependant, malgré

sa folie, combattue parla vertu si puissante dans

les âmes bien nées, elle ne fut jamais trahie par

une expression capable de blesser la pudeur. Je

fus le seul confident de son secret, aucun de ses

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EFFETS DE L'EAU FROIDE

parens ne s'en douta jamais, mais après son aveu,

elle ne m'en parla plus.

Pour calmer l'ardeur del'organe sexuel je pres-

crivis la tisane émulsionnée et je crus même

devoir recourir aux bains froids. La malade en prit

deux, mais il fallut lui faire la plus grande violence

pour l'obligerà

yentrer et à y rester dedans. Leur

effet fut bien loin de répondre à mes vues car les

extravagances et l'agitation de la malade augmen-

tèrent. Je remplacai alors le bain froid par le bain

tiède, auquel la malade, après la première épreuve,

ne fit plus de difficulté de se soumettre. Elle le

continua pendanttout l'Hiver, en

ayantl'atten-

tion de le suspendrede

tempsen

temps, lorsque

le froid était trop rigoureux.Cet état dura jus-

qu'au mois de Mars 1811, mais en perdant par

degrés de son intensité. Jusqu'à cette époque la

malade se tint comme par instinct au Régime

végétal. Elle refusait tous les autres alimens;

elle dévora une quantité prodigieuse de poires,

de pommes,de melons et sur tout de raisins.

Etant un peu mieux, elle consentit à prendre

quelques potagesau bouillon de viande; mais

elle ne passa à une nouriture plus solide que lors-

quela raison lui fut entièrement revenue.

Ou remarquera, sans doute, dans cette obser.

vation des effets du bain froid bienopposés à

ceux que présente la première. Cette différence

dépend évidemment de l'excès d'excitation ner-

veuse chez la personne qui fait le sujet de cette

seconde observation et, aussi, nous dirons qu'elle

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ET DE LA GLACE.

démontre la vérité de cet aphorismedu Père de

la médecine frigida convulsiones antrorsum 6t ri.'

trorsum, distensiones, nigrores et rigores inducûht

inimica ossibus denlihus, nervis, cerebro, opinait

medullœ, calida verograta.

3.meOBS. Insolation. Une femme, âgéed'environ

cinquante ans, ayant été couperdu bois durant

les chaleurs du mois d'Août, fut frappéed'inso-

lation. Sonfagot fait, elle se hâte de le mettre

sur sa tète et deregagner

la ville. Elle éprouve

peu de temps après, dans tout le corps et sur-tout

à la tête, un feu brûlant qui luiôte presque la vue;

ensuite, elle éprouve une soif dévorante, et dans

cet état elle arrive au bord de la rivière, quel'on

appèle dans ce pays Eysent, et s'y jette avec pré-

cipitation elle y reste plusd'une heure, et boit

avec avidité; tempérant par ce moyenla chaleur

qui l'agitait,elle étouffe en

quelquesorte la ma-

ladie.

Arrivée à la ville elle entre à l'hôpital le mal

est borné à un état de gastricité qui est guéri

dans peu de jours avec des boissons délayantes

et quelquesévacuants. Media œstate multœ fri-

gidœ aqilœ affusio calons revocationem facit. (Hip-

Vand., tom. I, pag. 606).

4.m» OBS.Tympanite.

M,me C. de Toulouse,

étant à Nice au mois de Mai 1792, me fit appeler.

A cette époque, j'étais médecin de l'hôpital mili.

taire, n.° 1 je la trouvai avec un météorisme

considérable du bas-ventre, ou enflure tympani.

tique commencante, avec douleurs aiguës dans

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EFFETS DE L'EAU FROIDE

les régions ombicale lombaire et celle de la ma-

trice. Cet état qui existaitdéjà depuis quelques

jours, lorsque je vis la malade pour la première

fois, merappela l'aphorisme d'Hippocrate: Dolor

suprà umbilicum et lumborum dolor si médi-

camentis non solvantur inhydropem siccum desi-

nunt(Coac.prœnot. Hip. Vanderlin. p. 55o, t. L).

Cette Dame avait alors environ trente ans elle

était naturellement pâle et d'untempérament

lymphatique elle aimaitpassionnément l'équi-

tation, et c'était à l'abusqu'elle

en avait fait, >

qu'elle devait sa maladie.

J'ordonnai qu'on appliquât sur-le-champ des

fomentations émollientes sur le bas-ventre, et je

prescrivisune potion huileuse anodine. Mais le

soulagement ne fut pas long. Le peu d'efficacité

de ces moyens de l'usage des lavemens muci-

lagineux et légèrement sédatifs ainsi que la

tension et la sensation intérieure de chaleur dont

la malade se plaignait, me déterminèrent à lui

prescrire l'usagedu bain froid. Elle

y consentit,

mais elle ne put rester assise dans labaignoire,

car dans celle situation la pression qu'éprou-

vaient les viscères inférieurs de la part dessupé-

rieurs lui procurait des douleursinsupportables.

Pour y obvier, je fis placer sous ses reins un

coussin de paille je la fis incliner en arrière

et appuyerla tète sur un autre coussin placé sur

le bord de la baignoire, Peu detemps après, l'eau

qu'onvenait de puiser fut chaude, au

grand éton-

nement des personnes qui y étaient; j'en fis tircv

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ET DÉ LA. GLACE.

au moyen d'un robinet et ajouter de la froide,

qui fut tout aussitôt échauffée; je revins trois

fois à cette opération dans l'espaced'environ deux

heures que dura le premier bain. La malade un

peu soulagée, se soumit à de nouvelles épreuves

je lui fisappliquer

des fomentations froides sur

le bas-ventre, et de demi-heure en demi-heure on

les réitérait. Je prescrivis un lavement d'eau pure

à prendre le plus froidpossible,

de deux en deux

heures et le lendemain matin la malade fut

remise dans le bain.Malgré

lapénible

sensation

quel'eau froide, à tout moment renouvellée, lui

procurait elle en prolongeala durée pendant

quatre heures entières. Le soulagement qu'elle

obtientl'engage

ày rentrer l'après dîner, et cette

séance est tout aussi longue que celle du matin.

Pendant huit jours de suite même traitement»

toujours deux bains à peu près de la même durée,

et dans l'intervalle lavemens et fomentations

froides. Durant ce temps, l'enflure et les douleurs

du bas-ventre diminuent progressivement, et au

bout de cetespace il est presqu'entièrement rendu

à son état naturel. Je prescrivis, cependant, à la

malade, de nouveaux bains, mais d'une tempéra-

ture agréable, et l'usage du petit-lait bien clarifié,

secondé par celui de l'eau de veau froide, que

j'avais ordonnée dès le principe. Je la tins à-ces

derniers remèdes, pendant environ quinze jours,

après lesquels elle fut parfaitement rétablie. Je

n'eus pas autant à me louer de sa docilité pour le

régime que pour le reste du traitement. En effet,

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EFFETS DE L*EArj FROIDE

il lut impossible de lui faire prendre ni bouillon

de quel genre qu'il fût ni crème de riz, ou autre

farineux. Elle ne consentitqu'à prendre quelques

cuillerées de gelées de fruit, quelques compotes

au sucre, et à sucer des fruits dont elle jetait la

chair.

5.me Ons.Tjmpanile. IM.lle J. V. âgée de

quinze ans, fut atteinte, le a5 Mai 1811, d'une

fièvre d'accès tierce et d'une suppressiondes

règles par l'effet d'une forte terreur.Après l'emploi

de quelques boissons appropriées, de quelques

évacuations et de l'usage des amers, je la soumis

à celui de l'écorce du pcrou en poudre. La jeune

personne s'imaginant que plus la dose serait

considérable, plutôtelle serait délivrée de ses

accès se lève dans la nuit et vaprendre

duquin-

quinadans un bocal qui en était plein et

que

l'on réservaitpour

les besoins de la maison. Mais,

au lieu de s'affaiblir ou de cesser, les accès de-

viennent beaucoup plus violens et plus longs. La

malade continue néanmoins son imprudente con-

duite nocture, et bientôt l'abdomen est tendu,dou-

loureux et d'un volume énorme. Ce cas est à peu

près le même que celui que rapporte Hippocrate

Millier sana crassa, a catapotio conceptûs graliâ

accepto, dolorem habebat ventris, et tormen in

intestino, et intumuit. Spiritus autem sistebatur;

et desperatioerat cum dolore et sanguinem vomuit

non mùltum et emortua est quinquies ut vitd

decessisse putaretur. Neque vomitu facto ab aqud

frigidd laxabatar neque dolorprœsens neque

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ET DE LA. GLACE.

_r. 1spiratio. Superfusœ verà surit ipsi aquce f/ïgidce

amphorœ circiter triginta super corpus, et sane

hoc solum prodesse videbatur et posteà deorsum

processit bilis multa. Cum autem dolor obtineret,

nihil poterat secedere et vixit (i). Pour produire

le même effet, j'eus recours au même remède,

à l'eau froide. La malade étanttrop

faible pour

supporter le bain, j'eus recours aux fomentations

froides elles furent entretenues sans relâche

pendant quelques jours. Ce moyen et les boissons

froides assouplirent le bas-ventre, et la bile coula.

Ce qu'il y eut de plus singulier, c'est que par

ce traitement la fièvre d'accès disparut. Néan-

moins, l'abdomenprésentant encore quelque

temps après, des signes d'irritation et la malade

ayant reprisun

peu de force par l'effet des ali-

mens convenables qu'elle avait pris la saison

étant d'ailleurs assez chaude, puisque nous avions

atteint la seconde quinzaine du mois de Juin, jelui conseillai de prendre quelques bains, dans

ungrand bassin d'eau de source qui sert à arroser

leur jardin. La malade suivit ce conseil tout le

temps que se firent sentir les chaleurs de l'Eté.

Elle parut alors parfaitement guérie les règles

seules n'étaient point revenues.

Malheureusement, la prudence n'est pas la vertu

de la jeunesse des erreurs derégime multipliées

firent reparaître et les accès de fièvre et la tym-

panite au mois d'Octobre suivant. Pour comble

'(V) Hip. Vauderlinden tpid., lib. 5, p. 7S2, t a.

Page 14: Medecine pratique.pdf

EFFETS DE L'EAU FROIDE

de malheur, elle s'obstina à refuser toute espèce

de soins, jusqu'à ce que les douleurs fussent

devenues insupportables. Le ventre avait acquis

un volume aussigros que celui d'une femme

enceinte de deux enfans; les urines étaient san-

guinolentes et la constipation extrême. J'eus re-

cours, pour la seconde fois aux fomentations

froides, ainsi qu'aux lavemens et boissons froides;

mais inutilement. Enfin, aprèsavoir

perdubeau-

coup detemps

à cause de la répugnance quela

malade avait à se mettre dans le bain froid

sur-tout dans une saison déjà fort rigoureuse,

puisque nous étions à la fin du mois de Novembre,

je parvins pourtantà obtenir son consentement.

Une rétention d'urine (i) portait les douleurs,

du bas-ventre à leur plus haut période, et, par

malheur encore, les forces étaient infiniment dé-

chues. Néanmoins, ne pouvant plus comptersur

aucun autre moyen, je commençai les épreuves

du bain froid durant le plus fort degré de la cha-

leur de l'accès, qui aggravait les souffrances de

la malade, à cause de la tension du bas-ventre

qu'il augmentait. Ici, se présente encore un nou-

veau phénomène les urines supprimées sortent

à peu près au bout d'un quart d'heure mais

noires comme de la suie délayée, et si brûlantes,

que la malade tombe dans un état convulsif

semblable à un épistotonos. Ce n'est quedans

Cl) Lorsque la strangurie survient, dit Hippocrate (dans ces sortes

de maladies) c'est un mauvais signa. Coac. prosn, 4* cap. *<)#lt a.

Page 15: Medecine pratique.pdf

ET DE LA GLACE.

le bain froid, et avec la douleur la plus aiguë,

que les urines ont coulé pendant quelque temps

et toujours de la même couleur.

La durée du bain froid était, tous les jours,de demi-heure à une heure et sa température

était sensiblement chaude lorsque la malade en

sortait. Le traitement fut long, car il dura j usqu'aumois de Février suivant. Cependant on voyait,

en avançant, les accès et les douleurs s'affaiblir,

le ventre reprendre sa souplesse et les urines leur

cours naturel. Mais, àl'époque que nous venons

de voir, la constance de la malade eut obtenu

un triomphe complet. Les règles seules furent

encore retardées par l'effet de l'épuisement des

forces. Mais dès qu'elles furent réparées par un

régime analeptique et doux, les mois reparurent.

Enfin, elle est aujourd'hni mariée, mère, et elle

jouit de la meilleure santé.

6.lne Obs. Tympanile.M.me J.1 d'Uzès essuya,

à

la fin de l'Eté de 1812 une fièvre bilieuse-putride

vermineuse. Je neparlerai point

de la manière

dont elle fut d'abord traitée. Je fusappelé

vers

le quatrième jour de sa maladie. Il y avait encore

tous les signesd'une état de

gastricité; maisune

enflure tympanitique,caractérisée par le volume et

la tension del'abdomen, parles douleurs cruelles

dont le siège principal était à la région ombilicale

et lombaire, et par la constipation opiniâtre,

m'engageaà recourir à d'autres moyens que ceux

qu'on avait déjà inutilement mis en usage pour

dégagerle bas-ventre. J'employai sur-le-champ

Page 16: Medecine pratique.pdf

EFFETS DE L'EAU FROIDE

les fomutations froides mais sans effet. Je me

procuraide la glace, j'en fis piler une certaine

quantité que je fis appliquer, entre deux linges, i

sur le bas-ventre, et j'ordonnai qu'on fit avaler

de tempsen

temps quelques petits glaçons à la

malade. Ces derniers moyens ne tardèrentpas

a

opérer; une selle considérable, gluante et noire

comme de la poix fondue, eut lieu, et entraîna

avec elle un péloton de vers entortillés ensemble,

de lagrosseur

dupoint.

Je commencai à avoir

quelques espérancesde sauver la malade, en voyant

que le resserrement spasmodique de la peau avait

reveillé l'action tonique des intestins, et que l'im-

pression fortifiante de la glace avalée se mani-

festait également dans ce mouvement critique et

faisait cesser les spasmes locaux. Mais, parmalheur,

quelqu'un promità la malade de la

guérir par

desmoyens, plus

courts et moins pénibles, que

je ne ferai point connaître pour l'honneur de l'art

et par des raisons particulières M.me J.' mourut

en moins de quinze jours.

y.m0 Ors. Tpnpanite. Un paysan de Vers (vil-

lage situé dans le voisinage du pont du Gard) fut

atteint, au mois de Juillet i8j4, d'une dysenterie

bilieusequ'il négligea.

Il continua d'exercer son

métier de scieur de bois, jusqu'à ce que le mat,

par sesprogrès, eut amené la tympanite cruelle qui

le retenait au lit, lorsqu'il m'appela vers le milieu

du mois deSeptembre suivant. L'état dans lequel

je le trouvai en imposait au premier aspect les

extrémités inférieures étaient enflées, et un exa-

Page 17: Medecine pratique.pdf

ET DE LA. GLACE.

men sérieux pouvait seul faire reconnaître l'hy-

dropisie sèche qui existait. En effet le ventre

était très-volumineux; mais, au lieu d'y sentir

de la fluctuation par le moyen de la percussion,

il était sonore dur et tendu; les douleurs aiguës,

qu'il éprouvait, affectaient les régions ombilicale

et lombaire; la constipation était opiniâtre les

urines étaient rares et elles causaient une sen-

sation brûlante dans le canal de l'urètre; enfin,

les remèdes actifs qu'on administrait pour faire

sortir les eaux augmentaient l'irritation les

souffrances du malade, et ne procuraient presque

point d'évacuation.

Je fis mettre. sur le champ des fomentations

aussi froides qu'il fut possible sur l'abdomen,

avec ordre de les changer, dès quelles viendraient

à s'échauffer. Je prescrivis en même -temps des

boissons et des lavemens froids, et je mis le ma-

lade au bouillon de viande pour toute nourriture.

Bientôt le ventre se désenfla, le cours des selles

et celui des urines se rétablirent, et l'engorgementdes extrémités se dissipa. Huit jours suffirent

pour opérer cette heureuse révolution.

8 me Oes. Tympairite. La Veuve P. d'Uzès i

âgée d'environ soixante-quatorze ans, fut atteinte,

à la même époque que le malade de Vers, d'une

fièvre bilieuse; elle négligea son mal, suivant l'ha-

bitude des gens du peuple, ce qui donna lieu

à une tyrnpanite.Il y avait déjà près d'un mois

que la malade souffrait des douleurs atroces,

lorsque je fus appelé elle avait le visage rouge,

Page 18: Medecine pratique.pdf

EFFETS DE L'EAU FROIDE

la peau sèche et brûlante, un pouls vif et animé,

une grande altération, des redoublemens tous

les soirs, la langue sèche et la bouche amère;

enfin comme chez les malades précédens les

symptômesde la

tympanite, le ventre tendu

comme un ballon et très-volumineux, avec des

douleurs aiguës aux reins et au nombril, et une

forte constipation. J'essayai sur le champ de pro-

curer à la malade quelques évacuations de l'humeur

bilieuse parle

moyende l'huile de ricin donnée

fractâdosi. J'y revins une seconde fois, et la malade

poussa, pendant ces deux jours, plusieurs selles

bilieuses extrêmement fétides, mais sans aucun

soulagement. J'eus conséquemment recours l'eau

froide; je l'employai en boisson en lavemens et

en fomentations, comme ci-dessus. Le bas-ventre

devenant plus souple de jour en jour, et les

douleurs diminuant progressivement, l'on vit

le mal disparaître peu àpeu, et la malade fut

guérieau bout d'un mois à

peu près de sa

tympanite.

Mais, en triomphant d'une maladie aussi cruelle,

il ne me fut point possible d'en prévenir les

suites fâcheuses. L'épuisement survenu fortifié

par le grand âge ne permit pointà la malade

de se rétablir parfaitementet elle termina

environ trois mois après, une triste existence.

Réflexions.On a sans doute observé dans ces

divers cas de tympanite des états bien différents,

quoiqu'ellesaient été guéries par le même moyen.

En effet, on a vu dans les deuxpremières

une

Page 19: Medecine pratique.pdf

ET DE LA GLAC».

T. IV, a.e ter, cah. de Jan. etFév. 18 19. a

raréfaction étonnante, et lecorps communiquer

au bain froid un degré de chaleur très-sensible. Ce

symptômedominant était le seul qui format l'indi-

cation essentielle à remplir, et contre lequel l'eau

froide a évidemment triomphé dans chacune de

ces circonstances. Mais dans les trois observations

suivantes, l'action de l'eau froide ne se bornepas

à condenser l'air intérieur plus ou moins raréfié,

elle rompt encore les spasmes locaux, produits

par le spasme général des intestins, si souvent

associés avec l'atonie; et, par le resserrement

tonique qu'elle établit également en eux, l'eau

foidti fait cesser cette disposition vicieuse et remet

tout dans l'ordre naturel.

En effet, c'est dans la faiblesse indirecte, pour

me servir du langage de Brown, que convient

principalement l'usage de l'eau froide; faiblesse

quioffre cet état d'excitabilité que, le moindre

stimulus, suivant ce médecin, peut mettre en

jeu. C'est cet état qui présente leplus souvent

la réunion du spasme et de l'atonie; réunionqui

indique le besoin de combiner les adoucissans

et les toniques,mais qui suivant la prédominance

du spasmeou du relâchement, exige que l'on

insiste plus ou moins sur l'un ou sur l'autre, et

ne souffre même, quelquefois, que l'application

du remède, qui remplit l'indication dominante-

C'est ce qu'on voit dans l'observation rapportée

par Combalusier, d'une tympanite traitée àLyon

par MM. Rast et Pestalozzi, médecinsdistingués de

cette ville; observation dans laquelle onremarque

Page 20: Medecine pratique.pdf

EFFETS DE L'EAU FROIDE

l'utilité de laglace

contre la raréfaction et l'ato-

nie, et l'action nuisible des cordiaux spiritueux,

donnés pourremédier à la faiblesse, mais qui ne

servirent qu'à augmenter le spasme. La glace dans

ces circonstances est non-seulement le remède

contre la raréfaction, mais encore elle donne lieu,

parsa vertu

astringente,à une réaction qui est

utile pourfaire disparaître

les spasmes fixés sur

quelques parties, et relever le ton de celles trop

relâchées, ce qui rétablit ainsi l'équilibre.

Il existe cependant deux états des solides dans

lesquelsla glace est évidemment contre-indiquée:

l'un dont l'existence est prouvée parla seconde

observation, et celui de sécheresse de tension

et de rigidité. Le froid ajoute, dans ce dernier

cas, un nouveau degré de densité et de roideur;

alors les humectants et les délayants, à un degré

de chaleur tempérée le lait même lorsque

rien ne s'opposeà son

usage, doivent être em-

ployés.On conçoit de même facilement, un état

de tension dans tout le canal alimentaire il est

même probable qu'elle existe dans leprincipe

d'unefoule d'affections venteuses et de tympanites;

et qu'alors, quoique les symptômes paraissent

indiquerun relâchement partiel l'observation

ne tarde pasà

prouver qu'il y a fausseadynamie

plutôt que faiblesse réelle. C'est en général dans

le principedes

tympanites que les douleurs sont

les plus vives, parce que le relâchement, qui

survient ensuite, finit par amortir lasensibilité, t

que le premier état favorise. Ainsi, dans un état

Page 21: Medecine pratique.pdf

m DE LA GLACE.

de sécheresse et de tension telleque

nous venons

de le dire, l'usage de la glace serait nuisible, il ne

conviendrait pas mieux dans les affections inflam-

matoires, malgréla chaleur extrême qu'elles pré-

sentent, parce queces

applications pourraient

provoquer ledéveloppement d'une réaction vio-

lente, et donner lieu à des accidens lesplus fu-

nestes.

D'un autre côté les fièvresmalignes elles-

mêmes, quoique les médecins aient souvent em-

ployé contre elles, avec succès, l'eau froide, la

glaceet la neige,

sont bien loin d'en indiquer

toujours la nécessité. Combien de caspareils, com-

pliquésd'inflammation et de cet état de sécheresse

et de tension, qui interdissent ces moyens? Qui n'a

pas vu la saignée utile dans des fièvresmalignes »

et l'emploiseul des délayants les amener à une

solution heureuse? Ainsi, quoique les affections

de cette nature reconnaissent une cause débili-

tante dont l'effet consiste à anéantirpromptement

les forces, et quoiquela

glace jouisse d'une pro-

priété tonique bien prouvée,il n'en est par moins

prouvéil n'en est

pasmoins vrai

que des dif-

férences essentielles dans les accidens qui les

accompagnent en rendraient souvent l'emploi

nuisible, et, aussi, exigent quelquefois des modi»

fications particulièresdans leur traitement.

La malignitéétant un état nerveux, qui peut

se compliqueravec tonte sorte de fièvres, il est

certain que l'eau froide ne saurait lui convenir

toujours, et qu'ilfaut avoir égard à la fièvre avec

Page 22: Medecine pratique.pdf

EFFET» DE 1,'ïAU FR01DK

laquelle on la trouve associée. Le caractère bilieux

ou pituiteuxdoit nécessairement y apporter une

très-grande différence. En effet, dans les maladies

de l'Eté, les progrès de la bilescence, et par suite

l'état putride qu'elle amène, sont arrêtés par les

moyens quiservent a modérer la chaleur, et

conséquemment par l'eau'froide et la glace, que

les malades eux-mêmes désirent et demandent.

Le météorisme du bas-ventre quin'est

pasrare

dans ces affections, soit qu'il dépende d'un état

de putriditésoit

qu'il tienne auspasme

des

intestins, se dissipe par l'usageintérieur et ex-

térieur de l'eau froide.

D'un autre côté les affections pituiteuses l'in-

terdisent par elles-mêmes. Des humeurs froides,

lentes et visqueuses qui produisent l'inertie des

solides et leur ôtent leur activité et leur énergie,

annoncent le besoin d'échauffer, de raréfier et

de diviser. Or le froid favorisant la coagulation

et la lenteur, ne peut que nuire dans ce cas. Si

l'application de la glace peut être utile dans ces

maladies, c'est, sans doute, parce que l'état pu-

tride bilieuxqui s'y complique, le spasme que

l'état nerveux détermine deviennent les causes du

météorisme du bas-ventre. Nous pouvons fournir

encore desexemples remarquables de la propriété

anti-spasmodique ettonique

du froid. Nous rap-

porterons pour cela une observation d'un état

convulsif général, et l'histoire d'un riieloena ac-

compagné de vomissement de sang et d'ictère.

9.meOss. Convulsions. La femme d'Aigon, âgée

Page 23: Medecine pratique.pdf

ET DE LA GLACE.

d'environ cinquante ans, d'une constitution sèche,

tomba malade en Hiver. Je la vis le septième jourde sa maladie, pour la première fois; elle était

alors dans un état convulsif généralavec délire i

perte de connaissance, et ayantle bas-ventre

météorisé. De suite, je fisappliquer

deslinges

trempés dans de l'eau froide, sur la tête et sur le

bas-ventre. Ces moyens étant insuffisants pour

détruire le spasme, je la fis mettre dans un bain

froid. La roideur des articulations était si forte

que nous eûmes de la peine à la mettre dans la

baignoire. L'effet du remède fut néanmoins très-

prompt, car au bout d'environ une demi-heure,

les muscles se relâchèrent et je la fis remettre

dans son lit. Les machoires fermées et serrées, par

l'effet du spasme, s'ouvrirent, et la malade put

boire; le bas-ventre s'assouplit, et le calme dura

tout le reste du jour et la nuit suivante. Le len-

demain à huit heures du matin, àpeu près

à

la même heureque celle du jour précédent

semblable scène la malade fut encore plongée

dans le bain froid, elle y resta plus d'une heure;

enfin, le spasme céda, ainsi que le délire. Quel-

que temps après,le

pouls quiétait serré et tendu

commança à prendrede l'élévation et de la sou-

plessela nuit suivante la malade sua, et se trouva

parfaitement. Elle fut tranquille le neuvième

jour; le dixième elle pritun laxatif doux, qui

lui fit rendre de la bile d'un jaune très-foncé;

le onzième jour, elleprit

un bouillon gras avec

unpeu de riz; et, par une agmentation succes-

Page 24: Medecine pratique.pdf

EFFETS DE l'eAU FROIDE

sive des alimens la malade fut bientôt rétablié.

Cette observation confirme la vertu anti-spas-

modique de l'eau froide reconnue par llippocrate

Tumores in articulis, et dolores absque ulcere,

et podagricas affectiones et convulsiones korum

plurima frigida multa affusa levat et attenuat et

dolorem solvit(i). Cet effet est dû sans doute à la

fièvre locale ou universelle suivant les circons-

tances qui surviennent, comme l'observe encore le

Père de la médecine; Mulieri a convulsione pressœ

expartufebrem supervenirebonum (i). Or le déve-

loppement du pouls et la sueur survenue dans

cette maladie, après l'usage dubain froid, démon-

trent la vérité de la remarque de ce grand homme.

io.™" OBS. Mélœna, Un soldat du régiment de

Hainaut, nommé Mars, né à Russan, arrondis-

sement d'Uzès, entra à l'hôpital au mois de Sep-

tembre 1792.Il était atteint d'ictère et d'un mé-

lœna caractérisé pardes vomissemens et des dé-

jections d'un sang noirâtre. Il prit pendant plus

d'un mois, d'après les ordonnances du médecin,

les adoucissans de toute espèce. Celui-ci étant

tombé malade, je mechargeai de la visite, et

après m'être informé du traitement antérieur, et

avoir bien pesé les signes que présentait la ma-

ladie, je pensai que l'ictère et le mélicna tenaient,

à une atonie des viscères du bas-ventre et sur-

tout du foie. Une douleur sourde dans l'hypo-

(t) Hip. aph. a5, Met. 5.

(a) Pétri taU div. cQ/rt. in lib. I, de morti, aph. 5t.

Page 25: Medecine pratique.pdf

ET DE LA GLACE.

chondre droit et la couleur verte du malade

annonçaient bien évidemment l'affection du foie

dont l'obstruction, s'opposantà l'arrivée du sang

dans la veine-porte qui, pour me servir de l'ex-

pression de Fodéré, est le confluent de toutes les

veines du ventricule, des intestins, du mésentère,

de la rate, de l'épiploon et du pancréas, donnait

lieu au vomissement et aux déjections de sang.

Je pensai que je n'avais autre chose à faire qu'à

remédier à l'état d'atonie, qui favorisait tous ces

désordres. L'idée de l'eau froide et de la glace

se présenta d'abord à mon esprit mais ne pou-

vant nous procurer le dernier moyen, et croyant

utile d'augmenter la vertu tonique de l'eau froide,

je prescrivis une infusion aqueuse (la plus froide

possible) de rhubarbe, à la quelle je fis ajouter

une dose convenable de safran de mars. L'usage

de cette préparation fut continué tout le temps

de la maladie elle ne pesait point sur l'estomac

comme les tisanes précédentes dont le malade

avait fait usage. Aussi, après quelques jours de son

emploi, le vomissement s'arrêta. Néanmoins, jecrus devoir seconder cette boisson par des apozè-

mes amers et apéritifs, composés avec la gentiane,

le petit-chêne, le cresson et la terre foliée de tartre

à la dose d'un demi gros pour un verre de décoc-

tion, que je fis prendre au malade, le matin à jeun,

pendantun mois entier, et dont l'usage dissipant

peu à peu les embarras du foie et des autres,vis-

cères, leur rendit, au bout de ce temps, la liberté

de leurs fonctions, et au teint sa couleur naturelle-

a ..t 1. 1. ~J.

Page 26: Medecine pratique.pdf

EFFETS SB I/ZAU fROIDI

ii."»Obs. Eruption de boutons sur le derrière.

Le fils du fermier du domaine de M. Desroches,

situé à Montaren, eut la gale, à l'âge de dix-huit

ans. Il l'a fit promptement disparaître par de fortes

doses de pommade mercurielle, avec laquelle il

se frictionna. Mais il lui survint sur les fesses une

énorme quantité de boutons, qui étaient, lorsque

je fus appelé gros comme de petits poids et

remplis d'un sang noir. Le malade, après avoir mis

en usage tous les linimens adoucissans qu'on lui

avait conseillés, eut l'idée de prendre un bain

de siège froid pour calmer le sentiment de

chaleur dévorante qu'il éprouvait dans la partie

malade. Il en tut soulagé tout le temps qu'il

y resta, mais les souffrances se renouvelloient

lorsqu'il en était sorti. Après plusieurs essais sem.

blables, il forma le projet de rester continuel-

lement dans ce bain, et pour cela il fit partager,

par le milieu le matelas de son lit et plaçant

entre les deux parties un grand plat avec de l'eau

froide, que l'on changeait à mesure qu'elle s'échauf

fait. Il resta pendant six mois entiers conché nuit

et jour, ayant le derrière plongé dans ce bain, et

ne changeant deposition que pour satisfaire à ses

besoins naturels, ou pour entrer dans un bain

entier qu'il prenait tous les jours également froid,

et dont la durée était au moins d'une heure. Heu-

reusement c'était dans la belle saison que ce genre

de traitement avait lieu cependant au mois de

Septembre, cédant aux représentations de son

maître, le père me pria d'aller voir son fils; je

Page 27: Medecine pratique.pdf

ET DE LA GLACE.

le trouvai dans son lit et dans la situation dont

je viens de parler. Après avoir examiné la partie

malade, j'ordonnai l'applicationd'une douzaine

de sangsues sur ses divers points, mais aucune

ne voulut mordre; je prcscrivis alors sur toute

l'étendue du mal, de légèresscarifications dont

l'effet fut si heureux, que le jeune homme, na-

turellement fort et robuste, fut dans moins de

quinze jours en état de conduire sa charrue.

I2.me Oss. Couleur livide du nez Livescens

palpebra, aut labium aut nasus brevi lethale

est. (Hipp. Vanderl. coac. pron. tom. i, p. 54o).

Livores oborientes infebre brevi mortein affore

significant. ( Id., t. I p. 1 57).

Infebribus alvm inflatà, si flatus liberum exi~

tum non habeat, malwn.( Zuinger,

coac. [\[\ ).

J'ai constaté la vérité de ses remarques d'Hip-

pocratesur deux sujets; le célèbre Le Roi les a

également consignées dans son livre sur le pro-

nostic dans les maladies aiguës.

En 1793, je vis à l'hôpital militaire, n.° i, de

Toulon deux soldats, entrés l'un aprèsl'autre

à huit jours de distance, ayant !e nez livide et

noirâtre, la figure pâle, les extrémités froides,

le ventre tendu et fortement météorisé, mais

peu sensible; le pouls très-faible et larespiration

gênéeils moururent l'un et l'autre le lendemain

de leur entrée. Je donnai à chacun une potion

cordiale en entrant, et je n'eus pas letemps de

leur administrer d'autres remèdes. Le premier

fut enterré avant que j'eus apprissa mort; mais

Page 28: Medecine pratique.pdf

EFFETS DE l'ïAU FROIDE

prévoyant la fin prochaine du second, j'ordonnai

qu'on Itgardât pour en faire pratiquer l'ouverture.

L'intérieur de la tête, de la poitrine et du bas-

ventre ne présenta ni lésion, ni altération, ni

changement de couleur, ni épanchement. Tout

ceque je remarquai fut l'enflure générale et pro-

digieuse des intestins qui, tellement distendus

par les ventsqu'ils renfermoient, étaient presque

blancs et transparens, comme les aremarqués

Le Roi dans d'autres circonstances; lediaphragme

poussé en haut par la grande distention des in-

testins, faisait remonter les poumons vers la

partie supérieure du thorax, de manière quela

cavité de la poitrine paraissait diminuée de moitié;

ce qui devait être la cause effective de la difficulté

de respirer que les malades éprouvaient.

1 3.me Obs. Hydropisie ascite. M« D. âgé d'en-

viron quarante-cinq ans, demeurant à Uzès, fut

atteint, après divers excès auxquels il s'était livré

d'une hydropisie ascite. Son tempérament était

sec et bilieux. Je fus appelé pourle traiter le 5.ee

jour du mois de Juin 1818; je reconnus tous les

signes d'une plénitude bilieuse, avec fièvre et

redoublemens tous les soirs: je le fis vomir et le

purgeai plusieurs fois; la fièvre cessa, mais le

ventre, quoique plus souple, était toujoursd'un

volume considérable. Le peude modération qu'il

observait dans son régime rendait à peu prèsnul

l'effet des remèdes que je lui prescrivais pour

évacuer les eaux. Le 18, il éprouva une forte

indigestion; il fallut le faire vomir. Le a5, il

Page 29: Medecine pratique.pdf

ET DE LA. GLACE.

en eut une autre plus violente et il fut encore

obligé d'avaler un vomitif, qui donna lieu à des

évacuations si considérables par le haut et par

le bas, qui furent suivies par des défaillances

effrayantes. Dès-lors, il devint plus circonspect:il

fut même très-satisfait, en voyantle lendemain

l'enflure du ventre sensiblement diminuée. Ce-

pendantM. D. quoique fort difficile à traiter

à cause de larépugnance qu'il ressentait pour

les remèdes, consentit à suivre aveuglement mes

avis je lui prescrivis une poudre purgative

composée de résine de jalap, de diagrade et de

gomme gutte, de chaque cinq grains,à

prendre

dans leplus petit volume d'eau ou de bouillon

qu'il voudrait, et d'avaler, par-dessus, un verre

de décoction de chicorée amère. Ce remède fut

continué jusqu'au g de Juillet; les évacuations

qu'il produisait se soutinrent sans aucunefatigue

pour le malade, jusqu'à l'époque sus mentionnée

seul jour, où les selles furent plusabondantes

qu'à l'ordinaire.

La nuit du g au 10 Juillet amena une crise natu-

relle des plus heureuses. Le malade sua et changea

neuf fois de chemise; la nuit suivante, la sueur

revint et fut aussi considérable. Je lui avais or-

donné, la veille, de la favoriser en prenant une

infusion de fleurs de sureau. Depuis ce jour jus-

qu'au 22, la sueur continua jour et nuit de couler

en torrent; le malade n'avait besoin, pour la pro-

voquer, quede se couvrir la figure du seul drap

qu'ilavait sur lui, à cause de la chaleur de la

Page 30: Medecine pratique.pdf

FIÈVRE GASTRIQUE SIMPÏ.Ï

saison. A cette époque il fut entièrement guéri. Les

urines, malgré ces sueurs, furent toujours assez

abondantes, et une singularité qu'elles présen-

tèrent fut que, pour les provoquer, le malade

n'avait besoin que de mâcher une pomme, ce qui

était constamment suivi de cette évacuation. Je.

dirai à ce sujet que je connais quelqu'un chez

qui le besoin d'uriner est toujours accompagné

d'unagacement de dents considérable.

Lerégime

du malade était très fortifiant il

consistait en consommés, en volaille, chocolat,

biscuits, vin vieux, etc. La prudence qu'il eut

durant les derniers temps de la maladie l'aban-

donna car, lorsqu'il eut reprissa santé il se

livra de nouveau à des excès, et péritd'une

hémoptysie.

Supplémentà l'observation sur

une fièvre gastrique

simple, de cause externe; par ledocteur Des-

granges, médecin à Lyon, correspondant de la

Société deMédecine-pratique

de Montpellier.

L'histoire d'une fièvre gastrique parcause

externe, que j'ai lu à notre Société de Médecine,

publiée depuis dans les Annales cliniques (•>

sér., tom. 111, pag. aooj était occasionnée par

l'ingestion d'une pièce de monnaie decuivre, d'un

poucede diamètre et du poids de huit scrupules,

dont la malade assura ne s'être point aperçue, et

ne pouvoir en assigner l'époque. Quelle que soit

la durée du séjour de ce corps étrangerdans

l'estomac il n'est pas douteux que sa présence a

Page 31: Medecine pratique.pdf

BE CAUSE EXTERNE.

donné lieu à une maladie interneaiguë,

etque

sa déjection, opérée le cinquième jour de l'ali-

tement de la malade avant l'époque du premier

septénaire, a été pénible, douloureuse, et ac-

compagnée d'accidens qui ont fait craindre aux

parensdes convulsions. C'est en faisant la méde-

cine d'aprèsles symptômes qui se présentent pro

re natà, et par l'action d'un remède évacuan t, admi-

nistré à raison d'une turgescence intestinale signa-

lée parles

phénomènes qui caractérisent cet état,

que j'ai réussi à faire cesser la cause mécanique

de ce désordre interne, causeque

nous étions loin

de présumer; et, avec elle, la maladieque j'avais

jugée essentielle a complètement disparu.

Je dois ajouter aujourd'hui, que l'usage intem-

pestifou peu mesuré des excitans peut faire naitre

toutes les apparencesd'une maladie semblable.

Un de mes amis souffrant des maux d'estomac,

qu'il croyait dépendred'une faiblesse de cet

organese mit de lui-même à

l'usagede

l'ipéca-

cuanha à doses brisées il les rapprocha trop

sans doute ou ne sut point les interrompre à

propos.et j'ai vu aussi survenir tous les acci-

dens d'un embarras gastrique, avec fièvre, sen-

sibilité, tension à l'épigastre, etc., plus promp-

tement que cela n'a lieu ordinairement.

Une femme m'a offert, ily

a peu detemps,

des

symptômes semblables, quelques joursaprèsavoir

reçu un coup assez fort au-dessous du cartilàge

xyphoïde,etc. dans les deux cas, j'ai mis Kîut

en oeuvre pouréviter à mes malades une véri-

Page 32: Medecine pratique.pdf

FIKVRE GASTRIQUE SIMPLE

"1table gastrite, et pour les garantir de la fièvre

dite primitive ou essentielle, dont le foyer réside

dans l'estomac, même dans le duodénum, que

j'appréhendais d'abord, avant qu'ils m'eussent fait

connaître, l'un et l'autre, la cause topique ou locale

qui avait donné lieu à leurs souffrances, « Toutes

les fois, a dit Bichat, qu'il ya embarras gastrique,

la surface interne de l'estomac souffre ». Onpour-

rait dire, avec autant de vérité, toutes les fois

que la muqueuse gastrique est molestée ou en

souffrance, il en résulte des symptômes qui si-

mulent l'embarras saburral et la fièvre gastrique,

dès quela fièvre vient à se mettre de la partie.

Qui pourrait déterminer, d'une manière pré-

cise, la modification morbide, spéciale, suigeneris,

quedoit

éprouverla membrane interne de l'es-

tomac, pourfaire éclore les phénomènes de l'amas

saburral ou de gastricité avec ou sans mouve-

ment fébrile, sur-tout les sympathiques, tels que

la douleur sus-orbitaire la tension douloureuse

de la région épigastrique, l'abattement des forces,

l'enduit blanchâtre de la langue, la perte del'ap-

pétit, le goût dénaturé ou éteint? Ces trois der-

niers symptômes, indiquent,selon Huffeland,

un vice dans les sécrétions gastriques. On a vu,

àl'égard

de Benoite qu'une cause de nature

irritante ou mécaniqiie sans matière humo-

rale, a donné lieu aux mêmes phénomènes

regardés partous les auteurs comme caractéris-

tiques de la fièvre gastrique ou bilieuse. Certes,

le vomitif n'était pas applicable dans cette cir-

Page 33: Medecine pratique.pdf

DE CAUSE EXTEKSE.

constance. Ce n'est donc pas sans raison, ce me

semble que beaucoup de médecins pensent au-

jourd'hui que les fièvres dites essentielles ou

plusieurs d'entre elles,pourraient bien n'être que

symptômaliques et mêmes locales.

On trouve dans le bulletin des sciences médi-

cales, du département de l'Eure, cahier d'Octobre

1818, un fait intéressantqui

serapporte

à mon

sujet; j'en retracerai par cette raison les circons-

tances principales.

Delphinx Saint- Ouen du département de

Seine-Inférieure, âgé de tente-sept à tente-huit

ans d'un tempérament bilieux éprouvait un

mal d'estomac continue) avec douleurs tensives,

pesanteurvomissement glaireux céphalalgie

violente, dégoût, perte d'appétit, digestions péni-

bles, grande maigreur, faiblesse générale, etc.

Des remèdes nombreux, reçus de toutes mains,

sont employés pendant trois ans et demi, toujours

sans succès. M. Mottet, officier de santé, fixé nou-

vellement à Pont-de-l'Arche, examinant le malade,

en Mars 1818, lui trouve, le creux de l'estomac

brûlant, ainsi que l'hypocondre gauche, la langue

saburrale, soif continuelle, tumeur et douleurs

gravatives dans larégion

du pylore, l'organe prin-

cipal de la digestion volumineux, distendu, avec

une pulsation interne assez forte et des picotte-

mens (comme produits par des épingles) dans son

fond, etc. Il prescrit un traitement émollient intùs

et extra, quiamende les accidens; douleurs de tête

moins vives au bout de six jours, celles du ven-

Page 34: Medecine pratique.pdf

FIÈVRE GASTRIQUE SIMPLE,

tricule moins lancinantes, et la région épigastrique

moins brûlante. Quatre jours après surviennent

un dégoût absolu, un état d'appesantissement

terme de l'observateur (gonflement de l'épigastré

et mal de tête), une syncope et de fortes envies

de vomir, signes de turgescence des premières

voies. Le médecin, qui croit à l'existance d'un

abcès intérieur, donne une eau émétisée, laquelle

procure quatre vomissemens de matière muqueuse

qu'il juge purulente, de la quantité de douze onces

environ, et huit noyaux de cérises. Une heure

après, deux autres noyaux sont encore vomis.

Dès le même soir les symptômes vont en dimi-

nuant, la céphalalgie, insupportable au dire du

malade et qui semble avoir sevi pendant toute

la durée de la maladie, cesse entièrement, ainsi

que les douleurs lancinantes vers le cul de sac de

l'estomac. A l'aide de quelques remèdessimples

et d'un régime approprié, tout symptôme de

gastricité disparait; la guérison est entière au

bout de vingt jours.On voit ici une affection interne chronique, un

état habituel de souffrances de la part de l'estomac,

provenant du séjour de dix noyaux dans sa cavité,

lesquels ont occasionné le dépérissement graduel

d'un homme dans la force de l'âge et qui le con-

duisaient à sa perte. L'homme de l'art, qui, en der-

nierlieu, l'a secouru, a eu le bon esprit d'humecter

et d'assouplir l'intérieur de l'organe; il a fait tomber

le spasme et l'irritation de la muqueuse, et a dé-

layé le magma visqueux et tenace qui recouvrait

Page 35: Medecine pratique.pdf

DE cause EXTERNE.

T. IV délaisser. cah. de Jan. elFèv. iSig.3

les corps étrangers et les enveloppait en .quelque

sorte dans la grosse extrémité du ventricule, ou

près le pylore (ce qui n'est pas aisé à déterminer

d'après l'exposé)où ils ont été long-temps retenus

et fixés dansdes plis et rides de la tunique interne

Celavage

a fait écouler le mucus glaireux qui

les liait; de là leur désunion, leur mobilité(i),

leurimpression plus forte sur les parois du vis-

cère, la syncope et les nausées qui ont suivies,

Le Quo natura vergit était évident, et, pour

avoir été saisi àtemps, les noyaux ont été chassés

de l'estomac et le malade bientôt rendu à la santé.

On ne peut raisonnablement croire à la formation

d'un dépôt suppuré; les symptômes, manifestés

dans le cours de la maladie, sont loin de signaler

cet état, d'ailleurs infiniment rare, et peut-être

jamais existant.

Cette névrose particulière et viscérale a corpore

extraneo (t.), dans salongue

durée dequarante-

deux mois, a pu secompliquer

de fièvre à diverses

reprises, et chaque fois elle a dû signaler, vu les

symptômes pré-existans, une fièvre bilieuse ou

gastriqueet en imposer aux médicastrcs du pays.

On a mis au nombre des causes occasionnelles

de l'amas saburral, muqueuxou mueoso-bilieux,

(l) Symptômes d'une turgescence stomacale mécanique qui était

(lire ici, à la liberté de mouveniensqu'avaient acquis les noyaux

d'où l'augmentation des accidens, etc. et on peut applicjuer ici

ce que Virgile dit de la renommée mnb'iUlate vlget -vir:s ac~

yuirit eundo.

(3) A considérer les nnyaux réunis ensemble formant un massif.

Page 36: Medecine pratique.pdf

FlJviîE GASTRIQUE SIMPLE,

les écarts de régime l'usage des alimens difficilesà digérer,, etc. Dans les deux cas rapportés avec

détail, de Benoite et de Saint-Ouen, les, corps

étrangers, de nature différente, entièrement in-

connusà l'un età l'autre etnullementsoupçonnés,

ont introduit un mode de fatigue et de lésion

dans la muqueuse de l'estomac, qui a fait naître

chez la première une maladie aiguë, signalée par

des symptômes analogues à ceux d'une fièvre

gastrique bénigne provenant d'une mauvaise

disposition intérieure, laquelle a été terminée

avant le premier septenaire, et d'abord après

l'expulsion de la cause hostile. Dans le second,

une gastrodynie chronique grave et opiniâtre,

en a été le produit, et le malade a failli en être

la victime: Si les mouvemens fatiguans qui se sont

fait sentir, dans le viscère compromis chez ce

dernier, vers le dixième jour du traitement, an-

nonçaient un effort spontané et en quelque sorte

critique (simulant une turgescence stomacale

comme je l'ai déjà dit), pour chasser au dehors

les noyaux, il ne faut pas moins convenir que

l'art l'a secondé fort à propos et qu'il doit par-

tager avec la nature l'honneur de cette guérison.

C'est ainsi que, par un concert bien entendu de

leurs efforts, on voit quelquefois s'opérer des mira-

cles Natwa arte adjuta interdum facil miraculée.

La plupartdes phénomènes indicatifs du mau-

vais état des premières voies, qui ont eu lieu

par des causes extérieures chez ces deux mala-

des, ont été observés, il y a un an, à l'hôpital

Page 37: Medecine pratique.pdf

DE CAUSE EXTERNE.

de la marine à Brest, à l'occasion d'une lésion

traumatique del'œsophage sans que l'estomac

ait été en souffrance. Voici le fait en raccourci

Un ex-militaire, âgé de vingt-huit ans, man-

geantavec avidité d'une espèce de ragoût, avala

unfragment

de côte de boeuf, longde

quinze

lignes, largede six, et piquant

à ses deux ex-

trémités, ce qui ne l'empécha point de continuer

son repas.Il crut ensuite l'avoir rendu et se

plaignit d'un mal de gorge; sa déglutition s'opérait,

d'ailleurs, sans grande difficulté et sans provoquer

la toux ou le vomissement. Arrèté sur le côté

droit de l'oesophage, le corps étranger a causé

quelquesmalaises dans les premiers jours, et vers

le sixième uneagitation générale, céphalalgie fron-

tale interne, état saburral de la langue, pâleur

de laface, constipation, expectoration muqueuse

abondante, gonflementdes

amygdales, douleur

vague au col et à la poitrine etc. on prescrivit

des sangsues au col, et une eau émétisée qui

détermina quelquesvomissemens,dont le malade

parutêtre soulagé; ensuite

boissons et fumigations

mucilagineuses, lavemens émolliens;le lendemain

vésicatoire entre les deux épaules. Les 4.e et 5.e

jours le malade était mieux. etcependant il a

expirédans la nuit par l'effet de l'ouverture acci-

dentelle de l'aorte thoracique, qu'avait opéré la

pièce osseuse entraversantles conduits des a limens,

etc. Le sang passé dans l'estomacy formait un

caillot du poidsde trois livres. (Journal universel

des sciences médicales Cah. de Mars 1818J.

Page 38: Medecine pratique.pdf

FlfcV. GAST. SIMP. DE CAUSE EXTERNE.

Je passe sous silence les autres détails de ce

fait pathologique; il me suffit d'avoir montré de

nouveau la conformité qui se trouve entre les

accidens que cette fatale ingestion d'un corps

grêlé et aigu, a d'abord occasionné, et ceux en-

durés par la fille du Lyon et le malade normand;

comme aussi combien ils semblaient indiquer,

les uns et les autres, un embarras gastrique, sinon

comme maladie essentielle, du moins comme coin-

plication.

Le vomitif n'a pu nuire dans cette dernière

circonstance; mais quels secours utiles pouvait

offrir la médecine contre un mal qui avait, pour

cause prochaine un fragment d'os, aigu à ses

deux bouts, venu du dehors et profondément

caché agissant sur deux parties essentielles

dont il s'efforçait de déchirer le tissu et cela sans

développer de symptômes qui pussent signaler

la présence, l'espèce du corps blessant et la nature

ainsi que le siège des parties blessées ? Dès lors

la maladie était incurable, et le malade devait

inévitablement succomber.

Page 39: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACÏÏETÉB HÉMORKAGIQTJB.

Mémoire contenant des observations et des remar-

ques sur une maladie peu connue, désignée par

les médecins modernes sous la dénomination de

maladie tachetée hémorragique; par M. Gon-

dinet, docteur en médecine, Sous-Préfet à 5.1-

l'rieix, associé -correspondant de la Société de

Médec-pral. de Montpellier, membre d'autres

Sociétés savantes, et de plusieurs Académies.

Une lecture réfléchie des observations du cé-

lèbre professeur Baumes consignées dans les

Annales de la Société de Médecine pratique de

Montpellier (An XI, Tom. J.pag. ngetsuiv.),

sur la maladie tachetée hémorragique; a reporté

mon attention sur un cas de cette espèce, que

j'ai eu occasion d'observer en 1 70,2.

Une femme, âgée d'environ trente-sept ans,

d'une assez forte constitution mariée et ayant

perdu depuis peu de temps son mari, qui l'avait

laissée mère de plusieurs enfans, fait le sujet de

cette observation.

Au préalable, je dois dire que cette femme,

quoiqued'ailleurs bien constituée avait porté en

naissant des engorgemeus notables au foie et à

la rate, qui paraissaientlui avoir été transmis

par les auteurs de ses jours; que ces engorge-

mens la disposaient à de fréquentes atteintes de

jaunisse et à des accès d'hypocondrie qui, depuis,

ont été parfoiset plus prononcés et plus soutenus.

La veille d'un jour de fête votive, cette femme

se rendit, d'une distance de quatre lieues, à Saint-

Page 40: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACHETÉE HÉMORRAGIQUE.

Yrieix chez un de sesparens, et fit le voyage

avec uneprécipitation propre à la

fatiguer.

Dans la nuit du jour de son arrivée elle

éprouva inopinément une abondante hémorragie

des gencives, etprincipalement de celles de la

mâchoire supérieure.

Dès le lendemain matin, je fus appelé pour

lui donner mes soins. En entrant dans son appar-

tement, j'aperçus sur une table près de son

lit, plusieurs petits pots remplis de sang. Je vis

encore le sang couler goutte à goutte et en grande

quantité de ses gencives; je remarquai encore

quesa

peauétait

jaune et parsemée de taches

violettes, qu'elle était sèche et brûlante, etque

son poulsétait peu agité.

Une pareille hémorragie, son siège et son abon-

dance, m'embarrassèrent, quant au choix des

moyens les plus propres à l'arrêter; elle formait

à mes yeux,la

plus pressante indication de cet

état morbide singulier. Les difficultés dont il était

entouré pour la médication consistait particuliè-

rement dans celle de faire avaler à la malade les

médicamens internes, lesplus appropriés.

Quant aux remèdes à introduire dans les voies

gastriques, sous forme solide ou liquide, je me

pénétraide l'impossibilité de les faire avaler, sans

qu'ilsn'entraînassent avec eux une grande quan-

tité de sang;sans

que ce premier inconvénient

ne fut accompagné, peut-être, d'un plus granc) i

tel celui de son altération ouputréfaction dans

}g canal alifneulaire. Je mereprésenta, en outre

Page 41: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACITETKE HÉMORRAGIQUE.

la grande difficulté qu'offrait l'emploi des garga-

rismes, ou plutôt, son inutilité.

Dans cet état de perplexité, imaginai l'appli-

cation d'un moyen externe très simple qui me

réussit ce fut celui de faire appliquer sur les

gencives saignantes, des bandelettes de linge fin,

pliées en plusieurs doubles et imbibées d'une eau

astringente assez énergique, avec la précautiond'en renouveler souvent l'application et de les

faire contenir par la malade et par ceux qui en

prenaient soin. Cette application astringente con-

tinuée pendant quelques heures, mit fin à l'hé*

morragie qui affaiblit considérablement les forces

de la malade.

La cessation de l'hémorragie, me laissa la li-

berté d'administrer à l'intérieur les moyens qui

me semblaient le mieux convenir à cette affection

morbide. Je prescrivis d'abord un régime restau-

rant j'associai à ce- régime l'emploi des boissons

acidulées et d'un apozème composé avec une poi-

gnée de feuilles de chicorée amère, de celles de

bourrache, de cresson, et avec une dose suffisante

de quinquina. J'employai ensuite quelques légers

minoratifs, pour provoquer l'évacuation du sang

que la malade avait avalé en grande quantité.

Il se décida bientôt un état fébrile double

tierce et une oedématie manifeste des extré-

mités inférieures. Enfin, au bout de deux mois

ou environ, tout céda au traitement que j'avais,

prescrit, et cette femme vit encore.

Remarques.M. Baumes, dont les vastes con-

Page 42: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACHETÉK H^MOnnAGIQVÏ.

naissances et l'esprit observateur, sont sigénéra-

lement reconnus, faitremarquer, i.° en parlant

de cette maladie extraordinaire, qu'elle semble

tenir à la fois, du scorbut, du catarrhe habituel,

de la mélancolie et même du rhumatismefroid,

2.° Qu'elle attaque plus souvent les personnes

au-dessus de l'âge moyen; plutôt les femmes que

les hommes, et celles principalement qui sont

àl'époque de la cessation naturelle des menstrues.

3.Q Que les causes morales qui paraissent influer

sur cette maladie sont ordinairement degrandes

passions non.satisfaites, ou de longs chagrins:il

signale encore, parmiles causes

physiques,l'action

un peusoutenue d'un air humide etfroid,le défaut

d'exercice, sur-tout après une vie long-temps

active, une certaine prédominance d'alimcns tirés

des animaux.

4° Que ceux chez qui on peut reconnaître

quelque degré de cette affection scorbutique

ont un visage dont la couleur aquelque

chose

de terreux, leslèyres peu colorées, le ventre

paresseuxles digestions pénibles et troublées

pardes vents, les gencives pâles et faiblement

adhérentes aux dents; que la peau, notamment

celle des extrémités tant supérieures qu'infé.

rieures et quelquefoiscelle de la surface antérieure

de lapoitrine,

offre depetites taches ou

éruptions

lenticulaires de couleur rousse, ressemblant assez

•^aux taches de rousseur que l'habitude du grand

air et la chaleur font sortir sur la portion des

tégumens qui reste découverte, etc.

Page 43: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACHETEE HEMORRAGIQUE.

5.° Que dans quelques circontances, le malade

éprouve des bouffées de chaleur passagères qui

ainsi qu'on les observe chez les individus appelés

vaporeux montent pourse

répandresur le

visage,sur la poitrine ou ailleurs, signe auquel

se mêlent de fréquens borborigmes, des tensions

de l'épigastre, des rénitences des deux hypocon-

dres, des affections morales tristes qui feraient

reconnaître une forte nuance à' hypocondrie.

6." Que des obstructions dansquelques-uns

des

viscères notables du bas-ventre, quise forment

au bout d'un certain temps et qui donnent uais-

sance à des événemens quelquefois majeurs, sem-

blent enfin rapprocher les effets de ce désordre

anomal, lentement introduit dans les fonctions,

de cette maladiequ'Hippocrate

adésignée sous

le nom de grakdes rites, magni lienes, etc.

La plupart des circonstancesque je viens d'in-

diquer, d'après l'autorité imposante d'un des plus

savans médecins de nos jours, comme les plus

propres à caractériser la maladie peu commune

dont je m'occupe, paraissent s'appliquer parfai-

tement au cas dont je donne ici la relation exacte,

et à quelquesautres analogues qui

sontrappelés

dans ce mémoire.

Il suffira d'un simple rapprochement ou d'un

tableau comparatif des principes et des faits, pour

justifier cette opinion.

La femme, qui fait le sujet de l'observationque

je soumets à l'examen éclairé de la société, avait

atteint 1 âge moyen lorsqu'ellefut frappée de cette

Page 44: Medecine pratique.pdf

MAXADIE TACHETEE TIÉMORB A.GTQUE.

maladie. Elle habitait un lieu assez bas, couvert

d'arbres et entouré de ruisseaux, ce qui devait

rendre, pour elle, la constitution atmosphérique

presque habituellement fraîche et humide, et la

mettre sous l'influence de cette dernière cause

dispositive à la maladie quellea

éprouvée. Elle

a la peau tachetée de rousseurs, des lèvres avec

peu d'incarnat, et des gencives pâles.Elle est née avec des obstructions au foie et

à la rate qui ont imprimé à son visage une

couleur terreuse et même parfois une teinte

jaunâtre. Ce vice de constitution primitive lui

avait été transmis par son père quiavait les

mêmes viscères fortement obstrués. J'ai vu périr

deux de ses frères à un âge peu avancé, après

avoir éprouvé des affections ictériques graves et

prolongées. Le père, dans sa manière d'être mo-

rale et physique, présentait tous les signes spéci-

fiques del'hypocondrie;

on avait même plusieurs

fois remarqué en lui de fortes nuances d'une

affectionmélancolique (insultus melancolici ) et

il est mort des suites d'une hydropisie ascite

accompagnée d'ictère, etc.

Sa fille ( la femme dont il est fait mention ici)

aéprouvé aussi dans diverses périodes

de sa vie,

plusieurs atteintes d'hypocondrieet même de

mélancolie bien manifestes. Elle avait eu des pas.

sions vives, peut-êtrenon satisfaites; et elle était

devenue veuve et s'était remariée.

On miepeut pas rencontrer des- sujets qu'on

puisseconsidérer, k plus juste titre, que

cette

Page 45: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACHETEE HÉMORHAGIQUE.

femme, son père et ses frères, comme ayant porté

en naissant le germe fâcheux de cette maladie

grave et rebelle qu'Hippocrate a désignée sous

le nom de GRANDES RATES, magni lienes.

Ce rapprochement des diverses circonstances

analogues fait penser que l'affection morbide

dont je présente la description est en tout sem-

hlable à la maladie tachetée hémorragique dont

M. Baumes, et avant lui, quelques auteurs qu'il

cite, ont distingué le vrai caractère d'avec celui

du scorbut proprement dit, ainsi que de quelques

autres maladies qui y\ ont du rapport et avec

lesquelles on pourrait aisément la confondre.

Nonobstant, je dois faire observer que les af-

fections scorbutiques se manifestent très rarement

dans cette contrée en général herbeuse fores-

tière, entrecoupée de réservoirs d'eaux stagnantes,

de petits ruisseaux et de sources qui s'y multi-

plient à peu près dans la même proportion. Je

puis assurer n'y en avoir vu que trois ou quatre

bien signalées, accompagnées d'hémorragies atta-

quant particulièrement les hommes, et dont mes

soins ont triomphé.

Je passerai maintenant à l'exposition de quel-

ques autres faits bien observés qui tendent à

confirmer les principes établis par M. le pro-

fesseur Baumes, touchant le caractère spécifique,

les causes, le diagnostic, le pronostic et la cura-

tion de la maladie sur laquelle j'ai voulu rap-

peler J'attention des praticiens observateurs.

Jja médecine d/observation a recueillibeaucoup

Page 46: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACTTEriE HKMOKRAGIQUE.

de faits qui prouvent que des affections de l'âme

profoi.des et habituelles, telles qu'une vive crainte

de mal faire, un amour ardent, des mouvemens

de colère, e!c. peuvent produire des hémorragies

graves et inopinées.

On trouve dans la gazette de santé (n.° 28,

année 17S6), un cas de ce genre bien digne

d'attention. Il concerne un religieux qui crachait-

toujours du sang, sans toux. Cette hémorragie

était entretenue par une mauvaise et vieille habi-

tude, suivant ses propres expressions, qui résistait

à tous les efforts qu'il avait fait pour la vaincre.

Quand il voulait faire quelqu'exercice de piété,

la crainte de mal faire s'emparait de lui, son coeur

se resserrait, ses réflexions précédentes s'évanouis-

saient, et son imagination lui suscitait les plus

grands tournions. Cette peine ne durait que pen-

dant la prière, et il était moins agité lb reste du

temps.

La même feuille périodique ( n.° 42, année

1785J, fait mention d'une femme, âgée de vingt-

deux ans, d'un tempérament mélancolique qui,au milieu des étreintes amoureuses, était atta-

quée d'un vomissement de sang alarmant, lequel

devenait de plus en plus abondant, à mesure que

l'acte se consommait, et elle n'éprouvait qu'alors

ce phénomène pathologique. Rien, sans doute,

n'est plus propre quecette observation, à signa-

ler l'influence d'une excessive sensibilité morale et

physique. Ce qui la prouve encore d'une manière

bien convaincante, pour la détermination de lit

Page 47: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACHETÉE HEMORRAGIQUE.

maladie tachetée hémorragique est un fait clini-

que dont M. le docteur Mouton donne la relation

intéressante dans le tome IV (an XII), des An-

nales de la Société deMédecine -pratique

de

Montpellier, page !\C> et suivantes.

L'objet de cette observation est une maladie

de ce caractère que M. Mouton désigne sous la

dénomination de pétéchiaire hémorragique qui

fut décidée par un mouvement de colère chez

une femme, âgéede trente ans, d'un

tempéra-

ment bilieux et livréepar

état à des travaux

pénibles. L'hémorragie qui fut d'abord nasale et

suivie de taches rougeâtres circonscrites et sem-

blables à des piqures de puce, dont soncorps

était couvert en différens endroits se manifes-

tèrent simultanément.

M. Mouton fait encore remarquer que cette

affection eut, entrès peu

detemps, fait des

progrès considérables les tachespétéchiaires

s'étendirent en divers sens; quelques-unes placées

sur la joue gauche laissaient transsuder unelégère

quantitéde sang; et la bouche qui, jusqu'alors

n'avait pas été affectée, fournit avec la salive,

une sérosité rougeâtre qui la colorait entièrement;

(trait de similitude avec l'observation qui m'est

propre ).

Il est assez digne de remarque, touchant le

point quenous traitons, que, suivant des obser-

vations cliniquesbien certaines, l'apoplexie soit

due quelquesfoisà des épanchemens de

sang

dans les cavités du cerveau, qui proviennent de

Page 48: Medecine pratique.pdf

MALAfilE TACHETÉE irélUTOBRAGIQCE.

l'érosion des vaisseauxsanguins qui y aboutissent,

par un sang fort acrimonieux, tel qu'on le trouve

chez les scorbutiques et les atrabilaires chez qui

l'on voit le sang s'échapper des vaisseaux en

plusieurs parties du corps, à la moindre pression.

( Bouclier, observations sur l'apoplexie, journal

de Médecine, cahier d'Octobre 1776, page 363 et

suivantes).

On trouve dans les Annales cliniques de la So-

ciété de Médecine -pratique de Montpellier, des

cas de hématémèse, manifestement dus aux

magnis lienes d'Hippocrate c'est-à-dire, à des

engorgemens et à des gonflemens notables de la

rate. M. le docteur Rogery y a consigné un fait

de cette nature, qui présente les principaux at-

tributs de cette affection morbide dont les suites

sont toujoursà redouter. Ce cas a

pour objet un

jeune homme âgéde

quatorze ans, d'un tem-

pérament pituitoso-sanguin, d'une constitution

délicate et faible, qui périten trente-deux heures,

d'un vomissement de sang prodigieux, lequel

selon M. Rogery,fut évidemment dû à l'augmen-

tation de volume et à l'entière induration de la

rate, démontrés par l'autopsie cadavérique sans

rupture, des vaisseaux dans les premières voies:

ce qui porte M. Rogery à penser qu'on ne peut

expliquerle passage d'une aussi

grande quantité

de sang rejettée par le vomissement en si peu

de temps, par une autre voie, que parles extré-

mités vasculaires, etc. (Voy. jour. de Méd.-prat.

de Montpellier, an,Xl, N.a i.« pag. 33 et sm'v.J.

Page 49: Medecine pratique.pdf

iï'AXJLDIE TACHETEE HKMOKRAGtQUÊ.

M. Baumes prétend que le scorbut entre dans

les élémens qui concourent à formcr l'espèce de

maladie qui fait l'objet de cette dissertation.

Il est, en effet, constaté par l'expérience qu'une

agitation extraordinaire du sang, causée par les

mouvemens irréguliers des nerfs, à la suite d'une

forte affection de l'âme, ou d'une commotion

violente du corps, est capable de produire une

dissolution subite dusang;

mais cette dissolution,

trouve communément ses causes dispositives d'un

côté, dans la faiblesse de la constitution la tex-

ture délicate des solides, la mobilité et l'irrita-

bilité du genre nerveux; et de l'autre ce sont

des humeurs âcres, qui, venant à se mêler avec

le sang, en atténuent, en brisent les globules,

lui donnent un extrêmedegré de ténuité, en

un mot, opèrent sur lui les mêmes effetsque

le

mercure, ou certains poisons, tels que l'eau de

laurier-cérise, etc. (Jaubert, Mèm. de la Soc. Roy.

de méd., an i-j-]6etc)..

La méthode curative que j'ai employéecontre

le cas de maladie tachetée hémorragique' qni

m'est propre, semble être le plus généralement

applicableà cette espèce d'affection chroniqne;

on se rappellera qu'elle consistait dans l'admi-

nistration simultanée, ou successive des acides,

des anti-scorbutiques, des astringetis et duquin-

quina.

Ces vues thérapeutiques concordent parfai-

tement avec celles qui sont consignées dans le

mémoire de M. Baumes; et M. Mouton déclare

Page 50: Medecine pratique.pdf

MALADIE LACHÏT& HiMORfiAGrQUE.

avoirtriomphé de la maladie pétéchiaire hémor-

ragique qu'il eut à traiter, en employant un trai-

tementastringent

ettonique dans lequel il faisait

entrer les acides minéraux, le quinquina, etc.

M. Le Roi, professeur très -distingué de l'école

de Montpellier, dit qu'il survint à un malade

(atteint enmême-temps d'une affection scorbu-

tique et d'une affection vénérienne), qui passait

par les grands remèdes une salivation énorme

avec une hémorragie des gencives si considérable,

qu'il paraissait être dans un danger prochain de

périr. Une abondante boisson de limonade arrêta

en peu de temps cette hémorragie et calma la

salivation. (Foy. Mélanges de pltjrs. et de méd.,

mém. sur le scorb., pag. 'fo.8).

Lind, Cullen, etc., ont également trouvé les

acides végétauxet minéraux, ainsi que le quin-

quina,utiles dans la salivation et les hémorra-

gies scorbutiques.

M. le docteur Goguelin propose d'employer

dans les mêmes maladies des tisanes et des po-

tions, dans lesquelles il fait spécialement entrer

les acides minéraux, le quinquina et quelques

substances astringentes (Voy. Mém. de la Soc.

Roy. de méd. de Paris ann. 1780 et 81J.

Du reste, M. Baumes fait observer, en ter-

minaut son mémoire (ce qui est encore démontré

par les observations que celui-ci renferme), que

la maladie tachetée hémorragique est rare, jamais

épidémique,ni contagieuse, ni même dangereuse.

Je dois dire pourdernière remarque, que, dans

J

Page 51: Medecine pratique.pdf

MALADIE TACHETÉE HÉMORRAGIQUE.

T. IF de la* sêr., cah. de Jan, et Fév. 1 8 1 g. ,'4

l'hommage que je fais à la Société de Médecine-

pratique, de cette dissertation sur cette maladie,

je me suis moins attaché à surprendre par la

nouveauté et lasingularité, qu'à ramener l'at-

tention sur un de cesobjets

de médecineclinique

qu'il serait sidangereux de perdre de vue (i).

Observation sur les bons effets de l'extrait de jus-

qaiame blanche, dans une hémoptysie nerveuse;

par M.Caizergues,

docteur en médecine, etc.

M. J. de S. âgé de trente-six ans, d'un tem-

pérament sanguin chargé d'embonpoint, doué

d'une sensibilité etd'une mobilitéexcessives, ayant

été sujet à des affections nerveuses-spasmodiques,

éprouva, dans le moisd'Avril 1814, un catarrhe

pulmonaire très- grave, qui paraissait toucher à

son terme, lorsque dans les premiers jours du

mois de.Mai, cette affection pritun accroissement

extraordinaire et présenta les phénomènessuivans:

Le malade était assez tranquille dans la journée,

(a) II eut été & souhaiter que le savant et judicieux auteur du

mémoire que l'on vient de lire, eut eu connaissance des faits

publiés dans le journal de médecine étrangère rédigé par M. le

prnfesseur Kluyskens; de ceux consignés dans la Bibliothèque

médicale, et sur-tout de l'ouvrage de M Bellefonds, médecin à.

Lyon vraie monographie sous le titre modeste t d'essai sur lu

-.I.di. d~ W,,11,-f ( --4.- de 43 pages,maladie tachetée hémorragique de PPcrlltof (in-4-o de 4^ P^ë8»,

Strasbourg 1811 chez Levrauk libraire )• Alors, son travail quoi-

que trts-intéressajit aurait été plus riebe, soit touchant le rap-

prochement des faits pratiques soit touchant les rapports d'ana-

logie entre la maladie tachetée hémorragique et celles avec les

quelles peut la confondre. V. B. R. G.

Page 52: Medecine pratique.pdf

hémoptysie nervecseguiSrie PAR

il était sans fièvre, il toussait peu et expectorait

facilemenrune matière blanche ecumeu.se, sem-

blable à de la salive. A huit heures du soir, la toux

redoublait et prenait absolument le caractère

des quintes de la coqueluche; pendant les efforts

de cette toux, il survenait une difficulté extrême

dans la respiration, avec contraction violente de

tous lcs muscles de la poitrine et de l'abdomen,

engorgementdes vaisseaux de la face qui était

d'un rouge violet, des vomissemens dans lesquels

le malade rejettait des glaires, mais leplus souvent

les alimens et les boissons qu'il avait pris depuis

peu enfin un crachement abondant, d'un sang

très-vif, terminait la quinte dont la durée était

de cinq ou six minutes. Cette' toux reparaissait

ensuite vers les onze heures du soir et sur les

trois heures du matin. La nuit était fort agitée,

le malade gouttait peu ou presque point les dou-

ceurs du sommeil et lorsqu'il s'endormait dans les

intervalles des paroxysmes de toux la quinte qui

succédait au sommeil était beaucoup plus forte,

plus longue, et l'hémoptysie, qui y mettait fin,

plus abondante.

Diverses méthodes de traitement furent em-

ployées par MM. les médecins d'une ville voisine

qu'habitaitalors M. S. On mit successivement

en usageles révulsifs et les dérivatifs, tels que

les pédiluves sinapisés, l'application des vésica-

toires aux gras des jambes et ensuite auxbras,

la saignée du pied et l'application des sangsues

aux vaisseaux hémorrhoïdaux les relâchans et

Page 53: Medecine pratique.pdf

I.' EXTRAIT DE JUSQUIAME BLANCHE.

émolliens, l'eau de veau, le petit lait, etc; les

anti-périodiques combinés avec les anti-spasmodi-

ques, le quinquina associé au musc; enfin, les nar-

cotiques, l'opium et ses préparations. La maladie

loin de céder à ces différons remèdes, s'aggravait

tous les jours, le malade maigrissait d'une ma-

nière sensible, ses forces diminuaient, il était

enroué et habituellement suffoqué.

Tel était l'état de M. S. lorsqu'il se rendit à

Montpellier,le 31 Mai, pour y réclamer mes

conseils et mes soins.

Je le vis le même jour à dix heures du soir.

Il avait eu la quinte de toux à huit heures, dans

les efforts de laquelleil avait rendu, par le vomis-

sement, une grande partie de son diuer, etpar

l'expectorationune

quantitéde

sangdont je

fus moi-même étonné. Je prescrivis unelégère

eau de veau et un pédiluve.

Le i.er Juin, à ma visite du matin, le malade

me dit qu'il avait passé une mauvaise nuit, qu'il

n'avait pas reposé un seul instant, qu'il avait eu

trois quintes, l'une à minuit, l'autre à trois heures

et la troisième vers lescinq

heures du matin.

Dans toutes il avait craché du sang, et je jugeai,

par laquantité qu'on en avait conservé dans une

cuvette, qu'il pouvait en avoir expectoré, àpeu

près, de cinq à six onces.

II toussait encore un peu, mais sans quintes;

ses crachats étaient sanglans; la respiration était

gênée,son pouls serré et vif, la langue nette,

l'appétit bon et le maladen'éprouvait autre

Page 54: Medecine pratique.pdf

HEMOPTYSIE NERVEUSE GTliltlE PAR

chose qu'une grande lassitude suite inévitable

de l'agitation de la nuit. Je prescrivis la conti-

nuation des mêmes remèdes auxquels je fis

ajouter quelques verres de petit-lait et un lave-

ment simple.

A la visite du soir, je fus témoin de la quinte

qui survenait à huit heures, et que je puis com-

parerau plus fort paroxysme de coqueluche

que j'aie jamais vue. C'est alors que je pré-

sumaique

M. S. étant excessivement mobile,

et ayant eu autrefois des affections nerveuses

convulsives, que j'avais traitées avec succès par

lesanti-spasmodiques,

ilpouvait bien se faire

que la toux et l'hémoptysie, dont il était actuel-

lement atteint, tinssent au même principe, c'est-

à-dire, à un état convulsif de tous lesorganes

servant à larespiration. Je

renvoyai, cependant,

au lendemain l'administration du traitement que

je basai sur cette théorie. La nuit fut aussi mau-

vaise que la précédente, et les quintes de toux

et l'hémoptysie revinrent aux mêmes heures et

avec la même intensité.

Le i Juin j'étais préoccupé de la même idée,

mais extrêmement embarrassé sur le choix d'un

anti-spasmodique. Néanmoins, l'insuccès de ceux

qu'on avait déjà employés me fit penser à l'extrait

de jusquiame blanche, que Storck etFouquet ont

tant recommandé dans les affections nerveuses

convulsives, et dont j'ai même éprouvé d'excellens

effets dans ces maladies. Je fispréparer douze

pilules,chacune d'un

grain de cet extrait, et

Page 55: Medecine pratique.pdf

L'EXTRAIT DEJUSQUIA3IE ELANCHE.

je me rendis à six heures chez le malade; jelui en donnai une de suite, et je restai pour en

observer l'effet. La quinte de toux viut comme

à son ordinaire, mais elle fut moins forte et il

n'y eut que deux ou trois crachats de sang pur.

Enhardi par ce premier succès, je donnai une

seconde piluleà huit heures; j'en prescrivis une

autre pour dix heures une quatrième pour

minuit.

Le 3 Juin, à ma visite du matin, le malade

m'annonça, avec une joie extrême, qu'il n'avait

pas eu dequintes, et que

la nuit avait été fort

calme, quoiqu'il n'eut pas dormi, et qu'il avait

dépassé mon ordonnance, en avalant une pilule

de plus, sur les cinq heures, ayant éprouvéun

picotement au gosier quilui avait fait craindre

pour le retour d'une quinte, qui cependant n'avait

pas eu lieu. Dans la journée il eut unpeu de

toux, maissansquinte. A six heures du soir, je fis

reprendre le même remède, qui fut réitéré toutes

les deux heures, jusqu'à minuit. Plus de quinte,

plus de crachement de sang, nuit excellente,

sommeil de trois heures.

Le 4 Juin, continuation du même extrait. Il

importede

remarquerici

quece remède n'eut

aucune action sur la tête, quifut toujours libre,

le malade n'éprouvant ni céphalalgie,ni

vertige,

ni aucun des autres effets que l'extrait de jus-

quiameoccasionne ordinairement, lorsqu'il est

donné, tout d'un coup,à une forte dose. J'ob-

servai seulement le 3.» et 4'e jour, une légère

Page 56: Medecine pratique.pdf

FRACTURE DU COL DU FÉMUIl

diarrhée, qui se borna à trois ou quatre selles dans

les a4 heures.

Le 5 et le 6 Juin, le mieux persistant, je ne pres-

crivis que trois pilules, à prendre le soir à la

distance de trois heures, l'une de l'autre.

Le 7 Juin,trois

pilules seulement, une le matin,

une à midi, et une troisième le soir.

Les jours suivans, je n'en employai que deux

et toujours d'un grain d'extrait de jusquiame, que

j'ai ensuite tout-à-fait abandon né, le malade étant

rétabli, la respiration étant très-libre et la toux

ayant entièrement cessé. Ily

aaujourd'hui près

de cinq ans, que le malade n'a pas éprouvé le

moindre mal-aise, qui pût faire craindre pour

une rechute; il a repris toutes ses forces et son

embonpoint.

Observation sur une fracture du col du fémur,

occasionnée par l'action musculaire; suivie de

quelques réflexions sur cette fracture et en

général, sur celles des os longs des membres,

produits parla mène cause par

M. R. Roques,

docteur en médecine de la faculté de MontpeU

lier, chirurgien-aide-major au 3.e Régimentdu

Corps Royal du Génie membre de plusieurs

Sociétés savantes, nationales et étrangères.

Je fus appeléle 5 Juin i8j5, pour donner des

soins à une femme de Verdusan(i), âgée d'environ

cinquante-huit ans d'une stature médiocre, asses

(]) Petit Village, sur la grande route et à moitié chemin d'Auch

i Cowiuui ilcpiiiumcut du Unis,

Page 57: Medecine pratique.pdf

PAR L'ACTIOlt MDSC0LA1RH.

musclée, mais sans être pourtant d'une constitution

très-robuste. Cette personne était retenue, depuis

cinq ou six jours dans son lit, par suite d'un violent

effort musculaire qu'elle avait fait pour prévenir

une chute en avant et dans un feu ardent, près

duquel elle s'était endorrrtie. Au moyen de cet

effort, elle parvint à éviter toute espècede chutei

mais la force musculaire qu'elle fut obligée d'em-

ployer, fut cause d'un accident aussi fâcheux

qu'inattendu. En effet, la malade éprouva à l'ins-

tant même une rupture ressentit une vive dou-

leur aupli

de la cuisse gauche,et elle fut dans

l'impossibilité de se lever de dessus le siége où

elle était assise, de fléchir celle-ci sur le bassin,

d'exécuter aucun mouvement de progression, etc.

Ces divers accidens et les douleurs qu'elle

éprouvait toutes les fois qu'elle voulait se mou-

voir, ouqu'on

la remuait dans son lit, engagèrent

les parens àappeler

un officier de santé qui

ne reconnut point la fracture qui existait; il se

contenta de prescrire quelques fomentations ré-

solutives, pour remédier augonflement qui

s'était

déjà manifesté autour de l'articulation fémoro-

coxale, et dans toute l'étendue de la cuisse. Résidant

alors à Gondrin, à trois lieues de Verdusan, jene fus appelé que lorsqu'on eut reconnu l'inef-

ficacité des moyens déjà employés. Arrivé au-

près de la malade, je m'aperçus d'abord que le

membre abdominal gauche était plus court que

celui du côté opposé, qu'on pouvait rendre, au

premier,sa

longueurnaturelle en faisant, sans

Page 58: Medecine pratique.pdf

FRACTURE DU COL DU FiMtJR.

beaucoup d'effort, une traction sur le pied; que

le racourcissement reparaissait aussitôt que celle-

ci cessait d'avoir lieu que le pied et le genou

étaient déjetés en dehors et pouvaient être facile-

ment portésen dedans, mais qu'elle ne

pouvait

elle-méme les tourner dans ce sens, ni exécuter

aucun mouvement musculaire un peu étendu,

sans éprouverdes douleurs aiguës au pli de l'aine,

où je ressentis, d'ailleurs, lacrépitation, d'une

manière très-manifeste, malgré legonflement con-

sidérable qui existait dans la partie.

On pense bien que, d'après ces divers signes,

et eu égardaux circonstances qui avaient donné

lieu à cet accident, il me fut facile de reconnaître

la fracture du col du fémur. Mais craignant qu'elle

ne fûtpas

seulement dépendante de l'action mus-

culaire et de la friabilité des os, qui résulte d'une

sorte de sur-saturation dephosphate

calcairequ'ils

acquièrent par le progrès de l'âge je m'informai

si la malade avait été ou était atteinte de quelque

affection cancéreuse, et, dans le cas contraire,

quellesétaient les maladies auxquelles elle avait

été sujette. J'appris, par un de ses parens, que

cette femme qui était célibataire avait eu clan-

destinement un ou deux enfans, et qu'il était pos-

sible que, par les commerces illicites qu'elle avait

eus pendant sa jeunesse, elle euteontracté quelquemaladie vénérienne. Ce récit me conduisit d'abord

là examiner les os qui sont le plus exposés à être

atteints par l'action du virus syphilitique, et je

parvinsà découvrir une sorte d'exostose ou de

Page 59: Medecine pratique.pdf

PA-R L'ACTION MUSCULAIRE.

gonflement osseux du sternum, qui, depuis quel-

que années avait singulièrementdéformé cet

os et lapartie antérieure de la poitrine,

sans

avoircependant apporté

aucunegène

dans l'acte

de la respiration. La malade fut toutefois sourde

aux diverses questions que je lui fis pour éclaircir

l'étiologie et le diagnostic des affections du sys-

tème osseux, qu'elle offrait à mon observation jene pus obtenir d'elle aucun aveu qui fut propre à

asseoir mon jugement d'une manière positive Elle

soutint, avec opiniâtreté, qu'elle n'avait jamaisconnu aucune des maladies dont je lui parlais,

niéprouvé, antérieurement à l'accident qui lui

était survenu, la moindre douleur ostéocope au

plide la cuisse ni ailleurs. Les parens m'assurèrent

que,dans aucun

temps,elle ne s'était plainte d'au-

cune douleur rhumatismale ou de toute autre

nature.Cependant,

soitpar

le récitque

l'un

d'eux m'avait déjà fait, soit, sur-tout, par le

gonflementet la difformité du sternum, j'étais

portéà croire que la malade me cachait la vérité

et que les affections dont j'ai parlé, étaient vrai-

semblablement dues à une syphilis constitution-

nelle.D'après cela, je crus qu'il était prudent

de conseiller un traitement anti-vénérien, pour

assurer autant que possible, la consolidation de

la fracture, que les causeséloignées

et efficientes

quil'avaient produite, plus que l'âge, me faisait

regarder comme très-douteuse' Les diverses raisons

que j'employai pour étayer mon opinion à cet

égard furent inutiles la malade et sesparens

Page 60: Medecine pratique.pdf

FRATT7RE DU COL DU FÉMUR

se refusèrent à l'administration d'un pareil trai-

tement. Et, à dire vrai, sachant que les affections

dont il s'agit, pouvaient avoir lieu indépendam-

ment de l'action du virus syphilitique je me

résignai à leur refus quoique je fusse néan-

moins, persuadé que la malade n'avait point été

sujette à aucune affection cancéreuse, scrophu-

luse ni scorbutique. Enfin je fondai mou espoir

touchant la consolidation de la fracture, sur

les analogies que l'expérience journalière nous

fournit, en nous faisant voir que le vice véné-

rien n'apporte pas, en général, un très grand

obstacle à la guérison des solutions de continuité

des parties molles. Je me contentai donc de

réduire la fracture, et de prescrire un régime

convenable à la constitution, à l'âge avancé de

la malade, et, par conséquent, plutôt analeptique

que débilitant.

Pour réduire et contenir la fracture en ques-

tion, je fis faire les attelles convenables pour

appliquer l'appareil à extension continue de

Desault, qui, sans être exempt de quelques incon-

véniens, peut être, en quelque sorte regardé

comme le meilleur, et sur-tout comme le plus

facile à employer sur-le-champ et dans le plus

grand nombre de circonstsnccs. Cet appareil fut

appliqué le plus méthodiquement possible, et je

chargeai l'officier de santé, qui avait primitive-

ment donné ses soins à la malade, de veiller

avec le plus grand soin à son effet extensif. Je ne

pusrevoir la malade que le 20 Juin, Alors le

Page 61: Medecine pratique.pdf

PAR L'ACTION MUSCUtAIRB.

gonflement était dissipé, je trouvai le bandage

un peu relâché, sans pourtant que le membre

eut rien perdu de sa rectitude et que l'extension

permanente n'eut obtenu tout l'effet désiré. Le

même appareil fut réappliqué; et je chargai en-

core le même officier de santé de le surveiller

avec la plus grande exactitude. Le 10 Juillet, je le

renouvelai. Le 5 Août, la fracture me parut parfai-

tement consolidée, sans difformité et sans racour-

cissement manifeste du membre, car la malade

exécuta elle-même sur son lit, divers mouvemens

en avant ou d'élévation, d'abduction, d'adduction

et de rotation de la totalité du fémur, sans qu'elle

ressentit la moindre douleur du côté du pli de

la cuisse. Je jugeai, cependant, convenable de

réappliquer l'appareil, pour donner beaucoup plus

de temps à la nature de consolider le cal mais

je recommandai aussi, d'en débarrasser complè-

tement la malade, du 20 au a5 Août (soixante-

quinze à quatre-vingt jours après sa première

application); et dans le dessein d'activer le réta-

blissement du mouvement et des forces muscu-

laires de l'extrémité affectée, je prescrivis à dater

de cette dernière époque, l'emploi des frictions

sèches et des fomentations sur toute son étendue 1

d'abord avec le vin aromatique et ensuite avec

l'alcool camprhé. Enfin la malade se trouvant

assez bien, commençant à mouvoir aisément la

totalité du membre, et exécutant à l'aide de bé-.

quilles, quelquesmouvemens de progression, il

lui survint inopinément une fièvre gastro-adyuaiT

Page 62: Medecine pratique.pdf

FRACTURE DU COL DU FÉMUK.

1 1. 1 1

inique qui la fitpérir dans quatorze ou quinze

jours.

Au reste il est encore essentiel d'ajouter,

d'aprèsce

que j'ai appris dans le temps par l'offi-

cier de santé, dont j'ai parléet

qui fut seul appelé

pourdonner des soins à cette femme pendant

sa dernière maladie, que, vers la fin de cette

affection morbide, la fracture lui avaitparu

s'être

désunie.

Ainsi qu'on le voit, très-souvent, les plaies des

parties molles, récemment cicatrisées, comme

celles qui sont sur le point de se consolider se

rouvrent en entier pendantle cours des fièvres

de mauvais caractère, qui viennent accidentelle-

ment compliquer ces sortes d'affections locales.

Ce phénomène est aussi une nouvelle preuve en

faveur de l'analogie qui existe entre les maladies

des os et celles des parties molles analogie que

l'illustre lioerrhaave a parfaitement signaléelors-

qu'ila dit

Ipsaossa morbos

patiunlursimiles

us, quos hactenùs in mollioribus parlibus' des-

cripsimus (\).

Réflexions. D'après ceque je viens de dire, à

l'égard de la disjonction de la fracture qui fait

le sujet de l'observation précédente il est pos-

sible que despersonnes, plus

ou moinspréve-

nues contre la consolidation des fractures du col

du fémur, supposent que celle dont on vient de

lire l'histoire ne c'est point effectuée. Mais, si

(\) De coga* et çutand, morbû ttpli, âia, Pga' 9^' 'ï^i i

Pariiiis ijtf*

Page 63: Medecine pratique.pdf

PAR L'ACTION MUSCULAIRE.

elles veulent se donner lapeine

de réfléchir un

instant sur tous les faits que j'ai rapportésavec

soin, elles verront que cette suppositionest dé-

nuée de fondement; car, si la formation du cal

n'avait pas eu lieu le membre n'aurait point

conservé salongueur

ni sa rectitude naturelles,

et la malade n'aurait pu exécuter les divers mou-

vemens qu'ellea fait jusques vers les derniers

momens de sa vie. D'ailleurs, on doit seper-

suaderque,

si je n'avaispas

eu la certitude que

la fracture fût consolidée je me serais bien

gardé de faire supprimer l'usage del'appareil

à

extension permanente.

Je n'assurerai pas également, d'après ce que

j'ai exposé,si la malade était atteinte ou non

d'une syphilis constitutionnelle, et si celle-ci

doit êtreregardée

ou non comme une des causes

prédisposantes de la fracture, et, aussi, comme

la cause occasionnelle dugonflement

ou de l'exos-

tose du sternum. La vérité est, que, si cet état

morbide existait, il n'a point paru avoir une in-

fluence sensible sur la consolidation de la frac-

ture, à moinsque

l'on ne considère comme telle

ladésorganisation qui s'est manifestée, dans ce

travail de la nature vers la fin de la maladie

qui a terminé les jours de la malade, et à laquelle

il est bien plus raisonnable d'attribuer, ce me

semble cephénomène pathologique. D'ailleurs,

en supposant que le vice vénérien ait contribué,

dans ce cas-ci, à produire une certainefragilité

dans les os, et4 facilitéainsi la fracture du col

Page 64: Medecine pratique.pdf

FRACTtTRE DU COL DU FÉMUR

du fémur, on ne peut se refuser à admettre

qu'elle a été occasionnée par une forte et prompte

contraction des muscles, et qu'un pareil accident

pourra, au moins, avoir lieu de la même manière,

toutes les fois que la consistance des os sera

également altérée, soit par les progrès de l'âge,

soit par une diathèse quelconque.

D'un autre côté, il est aisé de voir, sans se

livrer à des explications de mécanique animale,

que l'angle que forme le col du fémur avec le reste

de l'os, et ceux que les divers muscles abducteurs,

extenseurs et rotateurs de la cuisse, décrivent

en sens inverses du premier, par leur insertion,

d'une part, à divers points du bassin, et de l'autre

au grand trochanter ou à d'autres points du fémur,

sont autant de dispositions naturelles favorables

à la production de la fracture dont il est ques-

tion. L'action isolée et plus ou moins combinée

de ces muscles, et de divers autres, tend, en effet,

à augmenter sans cesse l'angle du col de cet os,

et à produire, par leur contraction brusque et

plus ou moins simultanée la fracture de cet

apophise. Cet accident est encore rendu plus

facile par la médiocrité de la grosseurdu col du

fémur, par la grande quantité de substance spon-

gieuse et le peu de substance compacte qui en-

trent dans sa structure. Je sais que des auteurs

très-renommés ont émis une opinion contraire

à celle que j'avance d'après d'autres écrivains

non moins célèbres, et que plusieurs hommes

de l'art regardent la substance spongieuse des os

Page 65: Medecine pratique.pdf

PAR L'ACTION MUSCULAIRE.

.a.7_ .7, f_v.d

eommelamoinssusceptible d'être fracturée. Mais

sans chercher à réfuter cette assertion j'obser-

verai que nous voyons tous les jours la rotule,

l'olécrane, le calcanéum, etc., se fracturer même

parla seule action des muscles et, certes,queces

os, presqu'entièremeiit spongieux, ne sont pas

d'ailleurs plus favorablement disposés que le col

du fémur, pour être fracturés par cette cause.

Aussi suis-je surpris, d'après cela, que les diffé-

rentes dispositions organiquesdu col de l'os,

dont ils'agit,

ne soient pointdes causes plus

fréquentes de sa fracture, par la seule action

musculaire, et que les praticiens observateurs

n'en aient pas recueilli divers exemples. Leur

silence, à cetégard,

meporte

à croire qu'ils ont

peut-être confondu cette fracture avec des luxa-

tions du fémur, ou bien que cette solution de

continuité étant ordinairementaccompagnée

ou suivie d'une chute, a été attribuée à cette

dernière plutôt qu'à l'action musculaire.

Quoi qu'il en soit, la plupartdes

pathologistes

modernes qui ont traité des maladies des os, ont

regardéles fortes et subites contractions des

muscles, comme une des causes des fractures en

général; mais celles de la rotule, du calcanéum

et de l'olécrane, sont à peu près les seulesque

l'on a considérées jnsques dans ces derniers

temps, comme pouvantêtre produites par cette

cause. A ujourd'hui des observations nombreuses

paraissent attester que les os longs des mem-

bres sont réellement susceptibles d'être fracturés

Page 66: Medecine pratique.pdf

FRACTURE DU COL DU ÏÉMUR

_·_n_ L- ..·

par de violentes et promptes contractions mus-

culaires, indépendamment de tout état morbide,

quoique M. le professeur Richerand (i) nie for-

mellement la possibilité de ces fractures, sans

le concours de quelque altération organique des

os dont ils'agit; et il étaye son opinion, à cet

égird sur les connaissances d'anatomie et de

mécanique animale que nouspossédons, Mais,

« c'est ici le cas de dire avec M. Odienne (2)

que les plus brillantes théories doivent se taire

devant les faits, et les probabilités devantles

preuves lorsqu'elles ysont contraires » ce

qui

me conduit à faire mention de diverses obser-

vations de fractures des os longs des membres,

qui sont des preuves en faveur de cette assertion.

D'abord, MM. Curet (3), Poupée Desportes (4)

et Willaume(5)

ontpublié

des observations de

fractures de la cuisse produites par l'action mus-

culaire. Celle qui est rapportée par M. Desportes

a été recueillie par M. Philibert, chirurgien a

SaintDomingue

elle est relative à unnègre,

âgé de dix ans, quia eu les deux cuisses frac-

(1) Nosographle chirurgicale, tom. 3 pHg. la et i3 4-e et

dernière éilit. Paris, 1 8 1â-

(2) Bulletin des Sciences médicales du départ, de l'Eure; Octobre

1817, pag. 3o4 Aanales de Montpellier ( Murs et Avril

1818 ),a."série tom. 1 pag. 27g.

(3) Journal de médecine, de Vaudermonde tom. 11, pag. 3G8;

Paris 1759.

{4} Histoire des maladies de Saint-Domingue, pag. 171*

(5) Joural universel des Sciences médicales, tom. II, pag. Zjo;

Jounul général loin. LXV, 4'« do la a.e série, pag. 9S.

Page 67: Medecine pratique.pdf

PAR l'aCTION MUSCULAIRE.

T. IF de la z.* sér., cali. deJan.etFêv. 18/9, 5

tarées par la seule contraction convulsive des mus-

cles des extrémités inférieures. Le cas.qui

a été

publié dernièrement par M. Willaume, paraît devoir

être mi sujet de contestation, d'après les remar-

ques de M. E. Gaultier deClaubry (i) qui attribue

cette fracture à la chute du malade, plutôt qu'à

l'action musculaire. Mais, Laurent-Gabriel

Will(a),Debeaumarchef (3), Gaspard Girard (4)

et Rouyer (5), ont fait connaître desexemples

de fractures de la jambe, dépendantes également

de contractions violentes et subites des muscles.

Enfin, M. Àmyand (6), Laurent-Gabriel Will (j)r

Manne (8) Debeaumarchef (9), Botentuit (10),

Rust (if)i Odienne (ia),Willaume (i3) et Du-

cros (i4)ï font aussi mention desfracturesde l'hu-

(I) Journal général loc. cit., pag. 99.

(ùj MisccHan, curïos, natnr. f doc*1, ann. a obs. aa5 Pagj

327; ( Le sujpt de cette observation est un enfant, âgé de dix ans,

dont la jambe droite et le bras du même c&té ont Été fracturés

à la suite de violentes convulsions épile'ptj<]|ucs).

<3) Journ. génûr. par NI. Sédillot, toin. XXII, pag. 38a.

(4) Idem, tom. XXIII, pag. 261.

f5) Idem, tom. XIV^ pag. S7L

(6) Transact. philos., tom. XLIII pag. 362*

(7) Miscell, curios. nat. loc, cit.

(5) Traité des malad. des os l'a-fl o, pag. 1S7, Toulon, 178g.

(9) Journ. géuér. tom. XXII f pag. 58^.

(10) fclem tom. 24» pag. 5j5.

(II) Rusts-SIagazin, a.ea bamt 3. te Hefr. Berlin, 1817 extraie

du jour. ang. mc:liwl repository; vol. I, N,f« 1ec-j, iSiaetiSiS.

(12) Bulletin des Sciences méd; du Dép.t de l'Eure, loc. cit.

(i5) Journal universel, loc cit.

(14) Rapportsur les travaux de la Société Acacïém, de Marseille,

pour lei années 1817 eti3i8, pag. 26; par M. Ilobert Secrétaire*

général. Marseille, l8<8.

Page 68: Medecine pratique.pdf

FRACTURE DU COL DU EfrllCR

mérus, produites par la même cause; M. Ducros

parle, en outre, d'une fracture de la dernière

côte, occasionnée par un effort musculaire que

fit un convalescent, à l'hôpital de Marseille, en

saisissant une corde fixée au dais de son lit.

.Je pourraisciter d'autres exemples de fractures

quiont été attribuées à de violentes et promptes

contractions musculaires; mais il me suffit d'en

avoir rappeléun grand nombre, pour attester

que les os longs des membres paraissent suscep-

tibles d'être fracturéspar

cette seule cause. Je

ne dissimule pas cependant que quelques-unes

des observations, que j'ai mentionnées, nepuis-

sent offrir des sujets de contestation; maisplu-

sieurs d'entr'elles semblent ne laisser aucun doute

sur la possibilité de ces fractures par l'action des

muscles, et sans que l'on puisse raisonnablement

supposerla préexistence de quelque diathèse, ni

aucun vice organique particulier des os qui ont

été fracturés. a On peut, d'après cela, dit M.

Double (i), poser en principe que lesspasmes,

les convulsions ou même l'action subite et vio-

lente des muscles, soumis à la volonté, peuvent

devenir la cause efficiente des fractures n. Aussi,

il paraît que c'est d'aprèsun tel

principe, que

Calliseu a défini la fracture une division des

os, causée subitement par une actionmécanique

quelconqueDivisio ossis a violentiâ

quâdam

meclaanicia subito inducta (2).

(1) Jour, gêner., tom. XXII, pag. 391.

(2) Sjscema du'rurg. hodiern, wm. l,pag. 'jZZ; Hafnîœ, 1798.

Page 69: Medecine pratique.pdf

PAR L'ACTtfW MUSCULAIRE.

Au surplus, dans l'observation que j'ai rappor-

tée, d'une fracture du col du fémur par faction.

musculaire, dont je puis garantir l'authenticité,

j'ai fait remarquer que je n'avais pu m'assurer,

d'une manière positive, si le vice syphilitique a

été ou non la causeprédisposante

de la fracture;

mais parmi les observations, que j'ai rapportées,

plusieurs d'entre elles paraissent, ainsi que jel'ai déjà dit, dissiper toute espèce de doutes rela-

tivement à la possibilité des fractures des os

longs des membres, par de promptes et violentes

contractions des muscles sans le concours d'au-

cune affection du système osseux. Dans tous

les cas, je crois qu'il vaut mieux attendreque

de nouveaux faits viennent détruire ou con-

firmer ceux déjà connus, plutôt que d'adopter

ou de nier sans réserve lapossibilité de ces sortes

de fractures. « Il est un juste milieu a dit le

professeur Peyrilhe (i), entre croireet nier, et le

septicisme philosophique, au sujet des fractures

par l'action musculaire ».

Les contestationsqui se sont élevées sur ce

point de pathologie, doivent engager les prati-

ciens à publiertous les faits

qu'ils peuvent avoir

recueillis, pourou contre les fractures par l'action

des muscles, afin de lever tous les doutes qui

peuventencore exister à cet égard. M. Sédillot,

Secrétaire -général de la Société de Médecine de

Paris, vient de nous offrir un très-belexemple

O) Séance de l'Acatlém. de chirurg. du 6 Octobre 1790.

Page 70: Medecine pratique.pdf

AjrtPCTATfOtf PARTrElLE

à imiter, dans son intéressant mémoire sur les

rupturesmusculaires (i) qui, également

ont

été pendant long tempsun

sujetde contesta-

tion, et qu'il paraît avoir mis hors de tout doute.

Nousregrettonsseulement que ce savant écrivain,

qui a cherché à réunir tous les faits et les noms

des auteurs les plus recommandables qui ont

traité des ruptures musculaires, tendineuses et

aponévrotiques,et dont l'immense érudition est

parfaitement reconnue, ait omis de faire mention,

parmi ces derniers, de notre célèbre professeur

Delpech, qui, dans son excellent ouvrage (2), en

a traité d'une manière aussi exacte que concise

et dans lequel on voit, sur-tout, qu'il n'a rien

oublié d'essentiel à connaitre du côté des moyens

thérapeutiques qui sont spécialement recomman-

dés par l'auteur du mémoire dont j'ai parlé.

Observation sur un coup de feu quia nécessité

l'amputation partielle du pied droit par M.

Bougarel,D. M., chirurgien. major

de laLégion

de l'Eure, menzbre de la Société de médecine

chirurgie et pharmacie de ce département.

L'annonce d'un article de M. le professeur Ri-

cherand, sur l'amputation partielle du pied, qui

doit paraitreincessamment dans le journal com-

plémentairedu Dictionnaire des Sciences Médi-

(1) Mém. de la Société de Médecine de Paris séante à l'Hôtcl-

de-ville, in-8.° tom. I, pag. l55 des mémoires. Paris, 1817.

(a) Précis Elémentaire des maladies réputées chiiurgicales toiOQ

I, pag. 184 et suiv.Paris, 1816.

Page 71: Medecine pratique.pdf

DU PIED DROIT.

.1. '1

cales, m'a a décidé àpublier l'observation d'un

cas de chirurgie qui a nécessité cette opération

peu connue encore, etque j'ai pratiquée

d'une

manière un peu différente de celleindiquée

par M. Richerand, dans sa nosographie chirur-

gicale. -j

Pourprocéder

avec ordre, je ferai d'abord l'his-

torique de la blessure; j'exposerai, ensuite les

accidens subséquens qui ont déterminé la néces-

sité de l'opération, le procédé opératoire de M.

le professeur Richerand les différentes modifi-

cationsque j'y

ai faites et l'avantage qu'elles

m'ontprésenté enfin je décrirai le traitement

qu'a subi l'amputé.

Le nommé Pierre Lambert, âgé de 11 ans,

d'un tempérament nerveux, soldat à rex-i3G.e

régiment d'infanterie, fut atteint, le 11 Mai i8i3,

à la bataille de Bautzen, parun

biscayen, qui

causa une perte de substance considérable aux

tégumens et aux parties sous-adjacentes de la face

dorsale dupied droit, et, en

apparence, sans

intéresser les os du métatarse.

Le malade après avoir reçu les premiers soins

sur le champ de bataille fut évacué sur les der-

rières de l'armée, jusqu'à Ensishcim département

du Haut-Rhin, où il arriva dans lespremiers jours

de Décembre plusde six mois après sa blessure.

Pendant ce temps, la suppuration avait été très-,

abondante, le malade, qui, dans son voyage dé-

sagréablesous tous les rapports, était tourmenté

parla crainte de tomber au pouvoir de l'ennemi >

Page 72: Medecine pratique.pdf

AMPUTATION PARTIELLE

etqui

avaitéprouvé des privations

de toute

espèce, fut affecté d'une diarrhée si grave qu'il

se trouva, à son arrivée dans un état voisin du

marasme.

Les soins éclairés qu'il reçut de mon estimable

collègue M. Bécourt, chirurgien-major de l'hô-

pital d'Ensisheim, le mirent en un mois dans un

état satisfaisant.

A cetteépoque

les étrangers entrèrent en Fiance,

les terreurs que Lambert avait éprouvées, pendant

son long et pénible voyage, se renouvellèrent.

Les circonstances ayant obligéles

chirurgiens,

de l'hôpital d'Ensishcim, de suivre les motivemens

de l'armée française leurs malades furent confiés

aux soins des chirurgiens allemands.

L'état de Lambert changea bientôt, la gangrène

se manifesta à la plaie, la diarrhée survint, les

gencivesse tuméfièrent et

saignaient souvent

ces accidens ont cessé et se sont renouvelés plu-

sieurs fois. Tels sont les détails que le malade me

donna, le premier Octobre 1814, époque de son

entrée à l'hôpital de Neuf Brisach, dont j'étais le

chirurgien-major.

Il était alors tourmentépar

la fièvre hectique,

toute l'habitude du corps était dans une émacia-

tion effrayante; quelques symptômes scorbutiques

régnaientavec

beaucoup d'intensité la plaie

avait environ huit pouces de circonférence (ycom-

pris les intervalles des orteils qui étaient écartés

les uns des autres par des chairs fongueuses), ses

bords étaient durs, calleux le pus était ichoreux

Page 73: Medecine pratique.pdf

DU PIED DROIT.

et fétide; les os du métatarse étaient cariés et à

découvert à leur extrémité inférieure tel était

l'état de la blessure, qui, assurement, ne laissait

aucune espérance de pouvoir conserver le pied.

Les tégumens de la face dorsale étaient sains dans

l'4tendue de trois travers dedoigt

en avant de l'ar-

ticulation de la jambe avec le pied; ceux de la

face plantaire l'étaient dans toute leur étendue.

Jeproposai l'amputation partielle

dupied

i

moyen très-ingénieux que nous devons au célè"

breChopart. Mes collègues furent de cet avis;

il fut convenu que l'opération serait différée, le

malade étant jugé trop faible pour la supporter.

Je lui administrai quelques toniques, que j'associaiaux anti-scorbutiques, et j'eus la satisfaction de

voir survenir un changement avantageux; il fut si

grand et si prompt, que le 12 Octobre le malade

put être opéré.

C'est ici le cas de citer le procédé indiqué par

M. le professeur Richerand, le voici: « Le malade

étant couché de manière que l'extrémité de la

jambe dépasse celle de son lit, le membre tenu.

parun aide le chirurgien saisit de la main

gauche, le bout du pied malade, qu'on aura le

soin d'enveloperavec un linge, soit qu'on opère

pour une carie, pourun ulcère cancéreux incu-

rable, ou pour un écrasement, etc. Il incise

transversalement lapeau qui couvre le dos du

pied,à deux travers de doigt de son articula-

tion avec la jambe; il coupe ainsi la peau, les

tendons extenseurs le muscle pédieux et pé-

Page 74: Medecine pratique.pdf

'AMPUTATION PARTIELLE

nètre jusqu'à la convexité du tarse il fait de

chaque côté une petite incision longitudinale

laquelle, commençant au-dessous et un peu au-

devant de la malléole, vient se terminer à l'une

des extrémités de la première incision. Après

avoir taillé ainsi un lambeau de tégument,il le

fait retirer en-hant parl'aide

quitient la jambe.

Il n'est pas besoin de disséquer et de retourner

ce lambeau; les liens cellulaires qui fixent dans

cet endroit les tégumens à l'aponévrose sous-

jacente, présentent une telle laxité qu'on les

entraîne aisément au-dessus de l'endroit où les

articulations du calcanéum avec le cuboïde et

de l'astragale avec le scaphoïde, doivent être ou-

vertes. C'est sur cette dernière que l'on tombe,

et dans laquelle on pénètre le plus aisément,

sur-tout en prenant pour guide la saillie que forme,

vers le bord épais du pied, l'éminence quiiudi-

que l'attache du muscle jambier antérieur au côté

interne de l'osscaphoïde celle du cuboïde avec

le calcanéum se présente bien sur la même ligne

transversale mais cependant unpeu obliquement

en avant; lesligamens coupés le pied se ren-

verse sur sa plaute;on

quitte alors le bistouri

pour le couteau droit, avec lequel on taille au-

dessous du tarse et du métatarse un lambeau

departies

molles assezlong pour qu'il s'applique

aux os mis à nu et les recouvre entièrement;

on le maintient a.nsi relevé contre le calcanéum

et l'astragale par l'application de trois ou quatre

bandelettes de diachilongommé, lesquelles par.

Page 75: Medecine pratique.pdf

Dtl FIJI) DROIT.

tant du talon, sont ramenées par-dessusle lam-

beau jusqu'à la partie antérieure et inférieure de

la jambe; de la charpie, quelques compresses

longuettes, un bandage roulé, complètent l'ap-

pareil ».

« Dans cette opération, on lie les artères à

mesure qu'on en fait la section. Ainsi la pédieuse

étant ouverte, lors de la première incision tran-

versale faite sur le coude-pied, on la saisit avec

des pinces et on en tait incontinent laligature.

On embrasse de la même manière les artères plan-

taires interne etexterne comprises

dans l'épaisseur

du lambeau desparties

molles de la plante du

pied. Les fils seront placés vers les angles latéraux

de la plaie.»

Tel est le procédé que M. Richerand indique

( Foycz saNosograph. chirur., tom. JF,pag. 602

de la 4-e édition). Je vais citer maintenant les

modifications que j'y ai faites.

Le 12 Octobre 181/1, étant assisté de M. le

docteur Kosman médecin del'hôpital

et de

MM. Segon et Tisserand, chirurgiens aides-majors

au 85.e e régiment", je fis cetteopération que je

n'avais jamais pratiquéeni vu faire le succès

surpassamon attente par

le peu de difficulté

que je rencontrai et par lapromptitude avec

laquelle je la terminai.

Au lieu de faire les trois incisions prescrites,

je n'en fis qu'une, qui s'étendait de la malléole

interne à la malléole externe, en conservant sur le

coude-piedle

plusde

tégumens possible; ainsi,

Page 76: Medecine pratique.pdf

AMPUTATION PARTIELLE

jYiblinsun lambeau demi-circulaire au lieu d'un

ljiubcau que produit le procédé de M. Rieherand.

Je ne me suis occupé des ligatures qu'après la

séparation totale du pied. J'étais assuré que la

compression de l'artère poplitée était faite exac-

tement, que conséquemment le malade perdrait

peude sang. J'ai, par ces moyens, gagné du temps

et abrégé l'appréhensionet les douleurs du ma-

lade cette manière, au reste, m'a semblé devoir

êtreplus facile comme elle est

plus prompte.

L'opération étant terminée, le malade fut porté

dans son lit, je lui prescrivis la limonade vineuse

pour boisson, et quatre bouillons; ce traitement

fut continué les trois premiers jours.

Le quatrième jour, il n'y avait pas encore de

suppuration, je priscrivisun

peude crème de

riz; lepouls

fut un peu élevé vers le soir, on lui

donna une potion anti-spasmodique.

Lecinquième jour, je levai les pièces les plus

superficiellesde l'appareil. Je permis, pour ali-

mens, un oeuf dans le bouillon, et, pour boisson

une pinte d'eau d'orge avec undemi-grain de

tartrate de potasseet d'antimoine, qui procura

deux selles assez copieuses (le malade n'en avait

point eues depuis l'opération ).

Le sixième jour,le

poulsétait

plus souple, la

suppurationétait établie le malade avait mieux

sommeillé, disait-il qu'il n'avait faitdepuis près

de dix-septmois. Je lui prescrivis de nouveau la

limonade vineuse; on lui donuasix onces de viu

anti-scorbutique,et le riz matin et soir.

Page 77: Medecine pratique.pdf

DU PIED DROIT.

Le septième jour, aupansement

du matin, les

ligatures des artères plantaires sont tombées. Le

malade témoignale désir de manger. Traitement

continué.

Le huitième jour, chute de laligature

de l'ar-

tère pédieuse; je remarquai de la rougeuraux

tégumens de la partie inférieure de la jambe et

un gonflement qui s'étendait jusqu'au bord supé-

rieur de la plaie je levai les bandelettes qui

paraissaient exercer une pression trep forte sur

cette partie devenue douloureuse; le soir ily eut

un accès de fièvre.

Le neuvième jour, la tuméfaction était dimi-

nuée, il y avait fluctuation; une légère pression,

exercée sur le centre de la tumeur, fit sortir, une

quantité considérable de pus sanguinolent, sous

la lèvre supérieure de la plaie; il y eut le soir

un mouvement fébrile. Je prescrivis la décoction

de quinquina acidulée, et la limonade vineuse

pour boisson; le malade fut remis au bouillon,

Le dixième jour, le foyer purulent étant rempli,

je fis une incision au centre, il en sortit beau-

coupde pus noirâtre et sanguinolent; j'y portai,

par l'ouverture que j'avais pratiquée,un injection

de décoction de quinquina.Les gencives étaient

molles, tuméfiées; elles furent touchées avec l'acide

muriatique convenablement étendu; des alimens

tirés principalement du règne végétal le vin anti-

scorbutiqueà la dose de quatre onces, et le double

de cette quantité de vin généreux furent prescrits;

ces remèdes ont été continués jusqu'à laguérison.

Page 78: Medecine pratique.pdf

AMPUTATION PARTIELLE

Le onzième jour, même état; lasuppuration

de laplaie

était abondante, mais louable,;le

pouls

était légèrement fébrile.

Le douzième jour, je remarquai qu'il y avait

fluctuation sur différens points séparés;des com-

presses expulsives furent appliquées sur toute

l'étendue de la tumeur, et procurèrentla sortie

de la matière purulente parla

plaie résultante de

l'incision et sous la lèvre supérieure de la plaie

de l'amputation.

Le treizième jour, lapeau était décollée dans

l'étendue de six à sept pouces de circonférence

j'aperçus deux foyers remplis, l'un à la partie an-

térieure et inférieure de la jambe; l'autre un peu

au-dessus et en avant de la malléole externe, j'yfis des incisions la matière qui en sortit était de

même nature que celle des premiers foyers; j'em-

ployailes mêmes moyens.

Le quatorzième jour, la fièvre avait cessé; l'ap-

pétit était bon; la plaie de l'amputation était bla-

farde,'ce que j'attribuai aux variations de l'atmos-

phère; la charpie fut imbibée d'eau-de-vie cam-

phrée,et le lendemain la plaie fut rétablie à son

premier état. Depuis lors, les tégume;isdénudés se

sont recollés, la plaie del'amputation

a diminué

progressivement et le 26 Novembre quarante-

sixième jour depuis l'opération, elle était parfai.

tement cicatrisée, de même que lesplaies,

suite

des incisions faites sur les foyers purulens.

Je lui fis faire un brodequin dont le pied tron,

quéétait garni d'un

petit coussinet de laine. U

Page 79: Medecine pratique.pdf

DU PIED DROIT.

éprouva d'abord quelques difficultéspour poser le

talon; néanmoins, il ne fitusage

de béquilles que

pendant une quinzaine de jours, et j'eus la satis-

faction de le voir marcher assez librement, avant

son départ, même sans le secours d'un bâton.

Lambert qui, pendant et après la cure, a suivi

un traitement anti-scorbutique, a éprouvé, un

mois environ après, des difficultés dans la res-

piration ses gencives bnt souvent saigné le

matin, elles étaient tuméfiées; j'ai remarqué, dans

levoisinage de la cicatrice de l'amputation, quel-

ques taches noirâtres, dont quelques-unes lais-

saient transsuder unsang liquide et noir.

Le temps, alors humide et froid ne pouvait-il

pasêtre considéré comme la cause unique de cette

affection ? puisque le chagrin et la douleur avaient

fait place au contentement et au repos, et que le

traitement avait été continuélong-temps après

la

cicatrisation des plaies.

Enfin le 28 Décembre, plus de dix-neuf mois

après la blessure, il sortit de l'hôpital et se retira

dans sa famille. Son père, qui exerce la profession

de meunier dans unvillage près de Vesoul, dé-

partement de la Haute-Saône, vint àColmar,pour

ses affaires, vers la fin de l'année 18 1 5 il sut que

j'étais à Neuf-Brisach, ct, par reconnaissance, il fit

ce voyage:il m'assura que son fils avait toujours

joui d'une santé parfaite, qu'il marchait librement,

et qu'il l'aidaitdans ses travaux.

Page 80: Medecine pratique.pdf

GROS CALCUL tmiNAIM.

Note sur la sortie spontanée, par l'urètre d'un

groscalcul urinaire chez une femme très-

avancée enâge par M. Py, médecin à Nar-

bonne, etc.

M.clle de Fitou de Narbonne âgée de quatre-

vingt-dix ans après avoir souffert, pendant

six ou sept ans, de fortes coliques néphrétiques

et de rétentions d'urine, renditspontanément,

par l'urètre, le 4 Juin 1807, un calcul de la

grosseur d'un œuf de poule, ayant la forme d'un

citrcn légèrement applati,et une seule de ses

extrémités, tuberculeuse ou mûriforme. La lon-

gueurde cette pierre était de deux pouces et

deux lignes;son

plus grand diamètre, d'unpouce

et une ligne; et, deux jours après sa sortie de la

vessie, elle pesait une once et demie et trente-

six grains.

En aucune circonstance M.elle de Fitou n'im-

plora les secours de l'art, et c'est par les seuls

efforts de la naturequ'elle s'est débarrassée d'un

ennemi qui lui causait lesplus grandes et les plus

cruelles souffrances; et dire qu'elle sautait dans

sa chambre, qu'elle mordait les assistans comme

une enragée, c'est faiblement peindre les douleurs

terribles qu'elle a éprouvées, sur-tout dans la nuit

du trois Juin et jusques vers lesquatre heures

du matin du jour suivant, où elle vit jaillir à

quatre empans d'elle, au milieu d'une masse d'u-

rine, le corps étranger en question. Dès-lors elle

fut soulagée; elle put goûter paisiblement les dou-

Page 81: Medecine pratique.pdf

GROS CALCUL URINAIRE.

ceurs du sommeil; mais,par son obstination à re-

fuser les soins de la chirurgie, elle ne tarda point à

être exposée à de nouvelles suffrauces. En effet, les

déchiremens formés par la sortie du calcul, et

l'état d'ulcération, provenant du défaut des soins

chirurgicaux, a été pourla malade un sujet constant

de souffrances qui devenaient plus aiguës à cha-

que foisqu'elle urinait; aussi M.elle de Fitou traîna

l'existence la plus douloureuse, jusqu'au com-

mencement de l'année 1812 époquede sa mort-

Réflexions sur l'observation précédente par M.

V. Bonnet, médecin.

Le faitrapporté par M. le docteur Py, quoique

intéressant ne saurait être considéré comme un,

des plus extraordinaires, attendu que des auteurs

très-dignes de foi rapportent des observations

dont les unes offrent lapreuve évidente de la

sortie spontanée par l'urètre chez la femme

d'une (1) et de plusieurs pierres (2) du poids

de deux onces; que d'autres constatent l'ex-

pulsion, par la même voie, d'un seul calcul

dupoids

de deux onces et demie (3), et de

trois (4) à trois onces et demie (5). Du reste,

écoutons le célèbre Sabatier a Les observateurs,

(1) Heister institutions de chir.; trad. franc., t. IV, pag. 36.

(2) Heister ouvrage cité, page idem; note.

(3) Heister ouvrage cité, page idem note. Collection Acadé-

mique tome YII de la partie étrangère; pag. ia3.

(4) Tulpius', observationes metj. L. 3 cA. 7 p. igu-Heister,

ouvrage cité, page ibid\ note.

(5) Collection Académique, tome ibid. page 406.

Page 82: Medecine pratique.pdf

GROS CALCtL crinaire.

dit-il, sont pleins d'exemplesde femmes qui ont

rendu spontanément des pierres d'un volume con-

sidérable, soit que ces corps étrangers aient été

poussés an dehors en une seule fois ou qu'ils

soient sortis à la suite d'un travail pénible et

plus ou moinslong.

Un des plus remarquables

est celui que rapporte Midleton d'unepierre

du

poids de cent vingt-huit grammes (quatre onces),

laquelle, aprèsavoir demeuré huit jours au pas-

sage, en fut chassée par un accès de toux. Elle

avait déchiré l'urètre en deçà de son ouverture

extérieure, et s'était fait jour parle

vagin.La

tumeur qu'elle présentaitau dedans des parties

naturelles, était si grosse que plusieurs personnes

ignorantes croyaient que c'était la tète du fémur

qui voulait sortir par cet endroit. Colot parle

aussi d'une pierre grosse comme un œuf d'oie,

qui resta engagée dans l'urètre pendant sept à

huit jours. On se disposait à l'opérer, lorsqu'il

lui prit des douleurs extrêmement vives, quilui

firent rendre sa pierre. Ses urines coulèrent in-

volontairement pendant deux jours, après quoi

elles reprirent leurs cours ordinaires (Médecine

opératoire, a.e édition, tome 111, page ii[\) ».

Des cas encore plus remarquables, attestent

quedes femmes ont été délivrées, en leur dila-

tant seulement l'urètre, des calculs du poids de

cinq onces et demie (i) et de six onces (a)im-

médiatement après leur extraction. Mais, indé-

( Heister ouvrage cité tome III, page 28.

(a) Collection Académique tome ibid. page 325 et 326.

Page 83: Medecine pratique.pdf

GROS CALCUL URINAIRE.

T. IV de lai? scr., cak. de Jan. et Fèv. 1 8 1 9.6

pendammentde tant de faits

propresà

engager

les hommes de l'art àpratiquer

la lithotomie,

sur les femmes, par la dilatation, du canal de

l'urètre et du col de la vessie au moyen des

instrumens convenables, ilparaît que l'expérience

en adécidé autrement car, les praticiens lui pré-

fèrent la méthode de l'incisionlorsque le volume

des calculs vésicaux rend, chez elles, l'opération

de la lithotomie nécessaire. La dilatation dit

Sabatier, ne peut avoir lieu que lorsqu'il s'agitt

d'extraire des pierres dont le volume est peu con-

sidérable. Si elles étaient grosses, cette manière

d'opérer pourrait attirer des accidens graves, eu

égardà l'irritation et aux extentions forcées,

qui en sont la suite, et à laperte du ressort

de la vessie qu'elleoccasionnerait (Ouv. cité, tom.

ibid. pag. itâ).

Quoiquela disposition anatomique de l'urètre,

chez l'homme, ne permette point à cet organe

de se dilater d'une manière bien considérable,

il n'est pas néanmoins impossible ainsi que l'a

prétendu La Motte (i), qu'il ne puisse livrer

passageà des calculs d'un plus gros volume

que celui d'une fève de haricot. D'ailleurs, nous

pourrions rapportercontre t'assertion de cet

écrivain un grand nombre de faits pourle

moment, nous nous contenterons d'offrir à la

méditation de nos lecteurs, lts deux observations

suivantes.

<i) Traité de Chirurgie, lom. II tic la 3« edit. pag. 386.

Page 84: Medecine pratique.pdf

CALCUL URINAIRE.

Observation sur la sortie spontanéede deux cal-

culs par le canal de l'urètrè, chez F homme.

Je connais, dit le docteur Cole, un hommequi

a rendu deux pierres par la verge, presque sans

douleurs ces pierres avaient environ seize lignes

de circonférence, car elles étaient à peu près de

même grosseurdans l'endroit le plus épais mais

l'une était une foisplus longue que l'autre la

plus petite n'ayant que sept lignes.Cet homme,

ajoute-t-il,ma dit

qu'ilavait souffert pendant

plusieursannées de

grandesdouleurs dans les

reins, et ensuite dans la vessie, lorsque les dou-

leurs des reins eurent cessé, mais qu'il n'avait

plusrien souffert depuis qu'il avait rendu ces

pierres (Collect. Àcad., tom. Vil pag. gç)J.

Observation d'un calcul urinaire sorti spontané-

ment par l'urètre, chez un enfant de onze ans,

sans qu'aucun symptôme n'ait fait présumer sa

présence dans la vessie par M. Lemettais,

Officierde Santé à Louviers.

Le nommé François Miserey, âgé de onze ans,

de la commune d'Incarville, près Louviers, ayant

l'habitude du corps grêle, avec apparence de dé-

bilité, et jouissant d'ailleurs d'une assez bonne

santé; cet état de maigreur.peut être attribué à

sa constitution particulière, ou encore à la misère

et aux privations qu'ont éprouvé ses parens dans

l'année malheureuse qui vient de s'écouler.

Vers la fin de Juillet dernier, la mère de cet

enfant m'apporta un calcul de forme à peu près

Page 85: Medecine pratique.pdf

CALCUL miNÀIRE.

ovale, plus pointuà une extrémité qu'à l'autre,

longd'environ 5

lignes,sur 3 à 4 de largeur,'

de couleurgrisâtre

vers lapartie moyenne, et

brunâtre à sa grosse extrémité, rempli de petites

inégalitéset légèrement brillant, ayant beaucoup

de ressemblance avec une scorie de fer; elle me dit

que sept à huit jours avant, iléprouva

des diffi-

cultés pendant et après l'émission de l'urine; elle

lui administra, de son propre mouvement, deux

on trois jours après une once et demie d'huile

d'amandes douces, en deux fois. Plusieurs jours

après, l'enfant éprouvant les mêmes douleurs,

et pourcela ne sachant que faire il lui

prit

fantaisie (suivant son expression) de visiter sa

petite verge,elle s'aperçut qu'elle était plus grosse

à son extrémité; le calcul arrêté dans la fosse

naviculaire, formant une tumeur douloureuse

au toucher, sortit peu de temps après avec l'nrine.

Ce qui a lieu d'étonner dans cette affection

c'est qu'aucune incommodité n'ait annoncé la

présence de cette 'concrétion dans la vessie, et

quece ne soit qu'au moment où le calcul a été sur

le pointde franchir le sphincter, que le malade

ait éprouvédes douleurs et la difficulté d'uriner.

M. le professeur Richerand, dans sa Nosogra-

phie Chirurgicale, tom. III, pag. 5io, fait mention

d'un mémoire communiqué à l'Ecole de Médecine

parM. le professeur Dubois relativement à

l'observation curieuse, d'un père qui vint à bout

d'extraire un calcul assez gros de l'urètre de son

fils, encore enfant, en suçant avec force l'extré-

Page 86: Medecine pratique.pdf

CALCUL URINAIRK.

mité de laverge. Quoique

l'auteur ne donne

pointde plus amples

détails sur la maladie, je

présume quesi le malade eût souffert, le père eût

alors consulté la Faculté.

tCes deux observations prouvent qu'il peut exis-

ter des calculs dans la vessie, sans y déterminer ni

(Jouleur ni dysurie. Le même auteur dit dans sa

Nosograplde Chirurgicale« On a vu des calculeux

porter pendant dix, vingtet trente ans leur calcul,

sans que les douleurs fussent assez vives pour

les décider à subir l'opération. Bienplus,

des

calculs très-volumineux, dont la surfaceinégale

devait déchirer l'intérieur de la vessie, n'ont

donné aucun signede leur existence. Je n'ou-

blierai jamais que m'exerçant dansl'amphi-

théâtre del'hôpital

de la charité, dont la direc-

tion m'a été long-temps confiée à la manœuvre

des opérations chirurgicales, je retirai unepierre

murale énorme de la vessie d'un cadavre mort

d'une maladie étrangèreà celle-ci que rien

n'avait pu faire soupçonner pendant la vie ».

Ce qui prouve que, si la membrane muqueuse de

la vessie, dans ce cas, n'apas été plus sensible

an contact du calculqu'à celui de l'urine, c'est

qu'une irritation habituelle en a dû émousser le

sentiment; ou bien, encore, ne pourrait-on pas

présumer que chez ces calculeux ce viscère devait

être doué de beaucoup moins de sensibilité? Sans

quoitons les malades atteints de cette même affec-

tion, devraient éprouver les mêmes douleurs, à

raison pourtantde leur sensibilité

particulière,

c'est-à-dire, que les uns n'éprouveraient pas des

douleurs inouies, tandis que d'autres n'enéprou-

veraient aucune. ( Bul. des Sci. Mèd. de l'Eure,

Oct. 1818;.

Page 87: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT DES SCIENCES MEDICALES.

SECONDE PARTIE.

"H"

I.° TravauxAcadémiques.

Bulletin de la Société deMédecine -pratique.

LECTURES ET COMMUNICATIONS.

Rapport fi) sur V efficacité du muriate d'or, comme remède

anti-syphilitique d'après les expériences faites dans l'hâ-

pital de New-York par Edouard Delafield, à Samuel L.

Mitchill M. D. médecin de service.

Monsieur, pour satisfaire à la promesse que je vous ai

faite, je soumets à votre jugement une liste des maladies syphi-

litiques que j'ai traitées par le muriate d'or pendant ma

résidence dans l'hôpital de New- York en qualité de médecin

de cette maison. Ce remède que vous avez employé avec de

grands succès dans votre hôpital, en l'an i8ii fut totale-

ment négligé, par des motifs qui me sont inconnus, jusqu'à

l'époque où vous en reprites l'usage dans le mois de Mai

181G, pendant que mon prédécesseur, le docteur James "W.

Warburton, résidait dans l'hôpital. Depuis lors, il a été admi-

nistré très -fréquemment et avec un succès qui, d'après ma

manière de voir, en a établi l'efficaciLé.

Les cas dont je vous fais part ne sont pas les seuls qui

parlent en faveur du muriate d'or; le docteur John K Rogers,

chirurgien de l'hôpital depuis que l'emploi de ce remède fut

repris en possède un aussi grand nombre qui en constatent

l'efficacité d'après les succès qu'il en obtint sur les malades

confié^ à ses soins. Ce docteur étant actuellement en Europe,

(1) Extrait du journal anglais, intitulé: New-York Médical

Repasùorytome XIX page 180,

Page 88: Medecine pratique.pdf

1*TAT PUISENT

je ne puis pas vous donner un résultat complet de toutes

les expériences faites dans l'hôpital de New-York.

On a choisi, pour expérimenter, des sujets qui n'eussent

pas fait usage du mercure, afin de ne pas laisser soupçonner

que leur rétablissement fût, en quelque sorte, favorisé par

l'emploi antérieur de ce médicament.

Pour mieux juger de l'efficacité de l'or, dans les premiers

essais qu'on en fit, on ne pansa les chancres qu'avec la charpie

sèche, comme on le verrapar plusieurs cas que j'ai détaillés}

mais ses effets salutaires ayant été suffisamment établis, on

fit des applications locales pour hâter la cure, en évitant

toujours néanmoins celles qui contenaient du mercure sous

quelque forme que ce fût. Cette pratique fut particulièrement

suivie chez les premiers malades que les docteurs Warburton

et Rogers eurent à soigner et chez la plupart desquels on

n'employa point de topiques. J'ai détaillé les observations du

premier de ces docteurs, d'après quelques notes qu'il a laissées

à l'hôpital lorsqu'il s'est retiré je ne puis pas cependant

indiquer, d'une manière précise, le nombre de cas dans les-

quels ce mode de pansement fut suivi; il était si considérable,

lorsque je me chargeai du soin des malades, qu'on jugea

inutile de pousser plus loin les expériences à ce sujet.

Plusieurs des personnes dont les cas sont exposés ici, sont

rentrées à l'hôpital pour d'autres maladies, plusieurs mois

après avoir été traitées de la syphilis par le muriate d'or

une seule a présenté des symptômes vénériens conséculifs,

ainsi que je l'ai noté. Cet accident n'est poitit extraordinaire,

quand on a employé le mercure, sur-tout dans un hôpital

où il est souvent impossible de faire rester les malades pour

y continuer leur traitement, après la disparition des symp-

tômes et, dans ces circonstances, on doit raisonnablement

s'attendre à en voir reparaître de secondaires.

Le résultat des expériences fiites avec l'or, paraît prouver'

irréfra^ableinent que ce métal a une efficacité égale à celle du

mercure dans la cure de la syphilis primitive dans quelques

cas même, j'ai vu la guérison s'opérer plus rapidement que

Page 89: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

je ne L'eusse jamais obtenue par l'emploi du dernier minéral.

Lorsqu'il s'agit des symptômes secondaires d'aprèsce que

j'ai encore constaté, on nepeut pas compter sur l'or pour

une cure radicale le docteur Warbuitou a pourtant noté

un cas de ce genre, dans lequel il avait eu du succès; je

n'en connais point les particularités, et je n'ai pas pu m'assurer

si l'individu soumis au traitement avait été exempt du retour

de la maladie.

Je n'ai point détaillé, dans chaque cas, le mode d'adminis-

tration du remède et sa dose parce qu'il y avait une

règle générale adoptée pour tous. Les malades commençaient

par un huitième de grain, quatre fois par jour, et, si le

cas l'exigeait, cette dose était doublée. En général un demi-

grain par jour suffisait pour la cure de la maladie. Le mé-

dicament était préparé d'après la formule insérée dans la

pharmacopée de l'hôpital.

Le seul effet sensible produit par ce remède a été un

accroissement très -considérable dans l'excrétion de l'urine.

Cet effet a été observé si constamment, et si fortement mar-

qué, que je fus amené par-là à faire usage du muriate d'or

dans l'hydropisie, et une fois avec succès. Un petit nombre

d'autres essais furent faits dans des cas où plusieurs remèdes

avaient échoué, et ces essais encouragèrent suffisamment à

poursuivre les recherches, sans qu'on puisse établir rien de

décisif à ce sujet.

Quoique le muriate d'or fût donné dans quelques cas à

la dose d'un grain et demi par jour, je ne sache pas que

dans aucun il ait fait du mal.

Réflexions de M. Félix Pascal is, Rédacteur du Médical

Repoxitory.

Nous avons un état ci-joint de quatre-vingt-un cas, en-

registrés par MM. Delafield et Rogers. Ces observations ont

été faites le plus souvent, ou du moins avec peu d'excep-

tions, sur des personnes d'un moyen âge, ayant des occu-

pations pénibles et laborieuses. Les accidens survenus petl-

Page 90: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PR^SEET

dant le traitement, résultant de la complication des symp-

tômes de différentes maladies et de l'action de l'or qui a

offert des effets diurétiques très-prononcés n'ont point été

omis, Comme nous ajoutons foi à ce qui nous a été com-

muniqué, nous nous dispensons d'insérer les observations

trop nombreuses pour les limites que notre journal nous

prescrit. Nous nous bornons à présenter à nos lecteurs le

résultat comme document important, et faisant autorité. Ce

document démontre l'efficacité du muriate d'or dans le pre-

mier degré de la syphilis, quand il y a des chancres pri-

mitifs et des bubons et le met hors de toute discussion

fondée. Nous penserions, d'après cela, que l'inventeur M.

Chrestien, médecin français, dont lé nom et le remède, nous

le disons à regret paraissent négligés par la Faculté de Mé^

decine de ce pays-là, a attribué à sa méthode trop de pro-

priétés contre la vérole et d'autres maladies.

Nous regardons cependant comme de notre devoir et

comme une tâche très-intéressante pour nos progrès en mé-

decine, de faire de nouvelles expériences principalement

dans la vue de constater la permanence de la guérison des

symptômes primitifs dans leurs résultats comparatifs avec les

changemens de saison et de température tous les âges de

la vie, la faiblesse du sexe et toutes les fonctions accessoires.

II reste encore beaucoup à considérer sous le rapport des

cas de maladies qui n'admettent pas un remède qui n'a qu'un

seul mode d'administration à l'intérieur, et pendant un temps

indéterminé.

Nous remarquons dans le mémoire qui nous a été envoyé,

que, dans un petit nombre de cas, un mois de traitement

suffi; que pour la plupart il en a fallu deux et dans

quelques-uns, plus de temps. Il serait aussi à désirer qu'il

y eùt une règle prise des symptômes, dupouls, d'après la-

quelle le traitement dût êtreprolongé ou abrégé sans ha-

sarder l'objet principal la guérison radicale dans les cas

où les chancres primitifs ont été guéris assez prompte-mont

parl'action du muriate, pour ne pas laisser le méducin diiirç

Page 91: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

l'incertitude où il se trouve, et pour qu'il puisse déterminer

d'une manière sûre si le remède doit étre continué ou

abandonné.

Remarques sur le rapport de M. Delafield, et sur les réflexions

de M. Pascalis par M. V. Bonnet médecin etc.

D'après le rapport que l'on, vient de lire, il est constant

que le muriate d'or guérit sans retour la syphilis primitive,

et que lorsqu'il s'agit des symptômes secondaires, on ne

peut pas compter sur l'or pour une cure radicale; le docteur

Warburton ajoute-t-on, a pourtant noté un cas de ce

genre, dans lequel il avait eu du succès.

Les journaux du nord, et notamment celui qui est rédigé

par le célèbre Hufeland ont retenti du bruit de l'heureux

emploi, comme a nti- syphilitique soit des oxides soit des

mariâtes d'or (_i); le docteur Fulvio Gozzi, dans ses remar-

ques (a) %ur l'emploi de quelques préparations d'or contre

les maladies vénériennes dit avoir guéri des maladies de ce

genre à l'aide de l'or en poudre, de I'oxide d'or précipité

parl'étain ou par la potasse et du muriate d'or et de soude.

Il emploi la poudre d'or au moyen du miel et les deux

oxides à la dose d'un grain par jour administré en une

seule fois. Si le remède ne peut étre porté sur les gencives «il

•onscillc d'en froter les parties les plus sensibles des organes

génitaux. La guérison, assure-t-il, est dans tous les cas

prompte, complète et durable. Quand aux effets produits par

le médicament continue le traducteur de l'article italien »

ils consistent suivant M. Gozzi en inquiétudes augmen-

tation de la chaleur, fréquence du pouls, abondance d'urine

limpide et jaune accroissement de la transpiration sueurs

(1) Journal du Dictionnaire des Sciences Mé-

dicales T. II page 167.

(2) Extraites des Opuscutl scîentifid dttl Univers ità di Boîogna

1817. Voyez journal complémentaire du Dictionnaire des Srit)iice$

Médicales, T. I page go.

Page 92: Medecine pratique.pdf

1ÎTAT PRÉSENT

générale* on locales, sur-tout pendant la nuit, enfin selles

fréquentes etliquides

ou diarrhée peu gênante. Ces effets

sont plus prononcés pendant l'usage du muriate, plus faibles

pendant celui des oxides et moins manifestes, encore quand

on a recours à la poudre d'or ».

MM. Deschamps, Thénard et Pcrcy, dans leur rapport,

présenté à l'institut, sur cinq cahiers remplis d'observations

et de faits relatifs aux propriétés médicales des préparations

d'or et de l'or en nature que M. le docteur Chrestien lui

avait adressés depuis long-temps (i), font acquérir une

preuve diamétralement opposée à celle qui résulte des faits

publiés par MM. Delafield et Rogers. Voici en quels termes

s'expriment Messieurs les membres de la première Académie

de France (Ouvrage cité, page 169^).

C'est dans la curation des maladies syphilitiques que

nous avons fait le plus d'expériences et recueilli le plus d'ob-

servations sur les diverses préparations de l'or etfen parti-

culier sur le muriate triple. Dès notre début nous nous

sommes aperçus que cette substance réussit mal dans ces

affections lorsqu'elles sont récentes et pour ainsi dire aiguës.

Elle les irrite, elle provoque des symptômes inflammatoires,

qui peut-être ne devaient pas avoir lieu redouble les dou-

leurs, détermine des accidens nouveaux en un mot ellele

imprime au mal un caractère qu'il paraissait peu disposé

à revêtir. Le docteur Martin, de Lyon, avait déjà fait

cette utile remarque, qui n'aura pas non plus échappé à M.

Chrestien. Aussi n'avons nous choisi pour expérimenter le

traitement avec l'or que des malades depuis long temps

contaminés, ayant vainement subi plusieurs traitemens, et

chez lesquels le virus dégénéré ne se manifestait plus que

sous des formes chroniques et par des effets dits consécutifs.

C'est alors le triomphe de l'usage de l'or. Nous l'avons vu

résoudre des engorgemens de toutes espèces détruire en

(1) Journal complémentaire du Dictionnaire des Sciences Médi-

cales, tome II page 16a.

Page 93: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

grande partie des exostoses considérables, guenr des caries;

cicatriser de vieux ulcères mettre fin à des douleurs ostéo-

copes intolérables dissiper d'anciennes opbthalmïes des

maux de gorge opiniâtres, des dartres, et autres éruptions,

jusque-là rebelles à toutes les applications etc.

» Mais,nous devons l'avouer, il n'agit pas toujours aussi

heureusement dans un petit nombre de circonstances, il

n'a opéré d'aucune manière appréciable; dans quelques autres,

il a excité une salivation, des sueurs, ou d'autres évacuations

tout à fait stériles. Dans plusieurs il a éveillé une sensibilité

générale; il a converti l'état indolent des tumeurs, soit os-

seuses, soit glanduleuses, en un état d'exaspération et d'in-

flammation qu'il a été difficile de calmer et ces événemens

orageux T quand on a pu les maitriser, n'ont ensuite ni facw

lité ni déterminé l'éradication «lu mal essentiel.

m Cbez deux malades, le muriate, quoique donné à des

doses modérées et en frictions a produit une gastrite ou

phlegmasie de l'estomac très-alarmante. Nous l'avons vu chez,

deux autres, occasionner de violens accès de fièvre et de

très-fortes coliques. Il a nne fois couvert le corps d'une espèce

de herpe, après la disparition de laquelle tous les symptômes

antécédens se remontrèrent avec la même intensité Une pé-

rîostose volumineuse, jusque exempte de douleurs, en

causa, à la dixième prise, de très-lancinantes, (lui amenèrent

bientôt une dégénérescence carcinomateuse, à laquelle le sujet

succomba.

» Que faut-il conclure de cette diversité, de cette opposi-

tion d'effets? Voici les conséquences qu'en tirent vos com-'

missaires

t C'est qu'il s'en faut bien que l'or et ses préparations

aient l'inertie et l'impuissance dont les accusent plusieurs

auteurs et praticiens modernes d'ailleurs irès-recommandablcs..

a.° C'est que ceux qui les ont louées comme ceux qui les

ont blâmées se sont crus les uns et les autres fendes dans

leur sentiment respectif, ne les ayant jugées que d'après les

suçcè* qu'ils en avaient obtenus ou d'après les revers qu'ils

Page 94: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

avaient leur imputer; manière toutefois fausse et dangereuse

d'apprécier les choses sur-tout quand la louange et le blâme

sont portés trop loin et vont jusqu'à la péremption.

3.° C'est que ces substances sont douées de propriétés mé-

dicamenteuses qu'on ne saurait révoquer en doute qu'elles

sont éminemment excitantes, qu'elles agissent évidemment

sur l'économie et sur l'organisme, qu'elles y produisent des

mouvemens de perturbation faciles à constater et qu'elles

provoquent des évacuations et des dépurations sensibles.

4.» Enfin, c'est qu'une étude plus approfondie des con-

ditions de ce genre de médication une observation plus

attentive des phénomènes qui lui sont propres, une direction

plus rationnelle de l'activité qui fait son essence et un re-

noncement plus franc aux préventions qui de part et d'autre,

ont le plus contribué à rendre problématique lemérite

du

remède, restitueront définitivement à l'art de guérir un secours

puissant qu'il n'a pu encore se décider à adopter fautete

d'être suffisamment assuré et sur son utilité et sur son inno-

cuité, l'une et l'autre en question et en litige depuis trop

long-temps ».

De l'ensemble du résultat des faits, dont nous venons de

faire le rapprochement, il résulte r que les préparations

d'or dans les maladies vénériennes primitives, sont sans

effet à Paris et qu'elles sont très efficaces dans ces ma-

ladies récentes soit à New-York, soit dans l'Allemagne

et à Bologne; a.° que l'action du muriate d'or est nulle

à New-York contre les maladies syphilitiques anciennes,

tandis que les oxides et les muriates d'or triomphent à

Paris contre les mêmes maladies et de même dans les

autres contrées lointaines.

Chercher, maintenant, la cause de cette diversité d'effets

dans l'emploi des préparations d'or ce" n'est point une chose

aisec car, quand bien même les médecins de New -York

nous eussent appris d'après quel mode leur muriate d'or a été

préparé; qu'ils nous eussent fait connaître le mode d'admi,

nistration du remède qu'ils ont d'abord donné à un huitième

Page 95: Medecine pratique.pdf

DES SCIBNCES MÉDICALES.

de ''graîn quatre fois le jour, et jusqu'à un grain et demi

par jour sans qu'il en ait résulté aucun mal; il resterait

toujours à savoir comment un médicament préparé et ad-

ministré de la même manière à Paris qu'à Montpellier, n'a

obtenu dans la capitale aucun succès contre la syphilis

primitive, et, au contraire, qu'il y ait triomphé, comme

à Montpellier, contre les maladies vénériennes constitution-

nelles et d'attirés affections morbides. La différence du climat

ne saurait être alléguée puisque les mêmes remèdes ont pro-

duit dans l'Allemagne les mêmes effets qu'à Montpellier. Aussi,

nous dirons que nous avons encore beaucoup à espérer de

l'expérience et de l'observation touchant l'emploi, en méde-

cine, des préparations d'or et notamment de l'usage du

muriate triple d'or et de soude.

Après avoir[rappelé, en peu de mots, toutes les circons-

tances particulières au rapport de M* Delafield, M. le doc-

teur Pascalis, rédacteur du Médical Heposîtory s'exprime

en ces termes « Nous nous bornerons à présenter à no»

lecteurs le résultat des faits comme document important, et

faisant autorité. Ce document démontre l'efficacité du mu-

riate d'or dans le premier degré de la syphilis, quand il a

des chancres primitifs et des bubons et le met hors de

toute discussion fondée. Nous penserions d'après cela, ajoute

le même écrivain que l'inventeur M. Chrestien médecin

français, dont le nom et le remède nous le disons à regret,

paraissent négligés parla Faculté de Médecine de ce pays là,

a attribué à sa méthode trop de propriétés contre la vérole

et d'autres maladies ». Assurément si le critique eût été

mieux instruit des travaux en médecine pratique à Mont-

pellier, il eût traité un peu plus honorablement sa Faculté

de Médecine et M, le docteur Chrestien qui comme le

prouve le rapport de MM, Deschamps, Thenard et Perrey,

n'a point exagéré ce qu'il a judicieusement observé et expé-

rimenté. Mais, en attendant que M. Félix Pascalis, prenne

lecture de l'ouvrage de M. Chrestien (i) nous consignerons

Do la Méthode Iatralcptique, ou Observations pratùpies sur

Page 96: Medecine pratique.pdf

^TAT PRÉSEHT

ici l'observation quinze, que l'on lit à la page 414 de l'ou-

Trage cité; elle prouvera au savant rédacteur du Médical

Rrpository que le muriate d'or a plus d'un mode d'admi-

nistration, puisque l'emploi à l'extérieur a été couronné d'un

plein succès, dans un cas de syphilis. Ensuite, quant aux

règles que ce médecin désire connaître l'expérience et l'ha-

bitade de bien observer les effets du muriate d'or employé à

des doses variées, dans telle ou telle circonstance morbide,

les lui apprendront et d'une manière aussi sûre que les ont

apprises les praticiens qui journellement, administrent le

mercure contre les maladies vénériennes quelconques.

Guérison d'un cas de syphilis au moyen du muriate d'or

suivant la méthode de Cirilto par M. Chreslien médecin t

membre titulaire de la Société de Médecine-pratique de

Montpellier, etc.

i5.« Obs. (pag. 424 de Tout. cit.). Un homme de trente

ans vint me demander conseil pour un bubon qu'il portait

depuis deux mois à l'aine droite, et qui menacait fortement

de se terminer par la suppuration il avait été précédé d'un

chancre sur le prépuce, qui avait disparu J'aurais mieux

fait, pour une première expérience de choisir un autre

sujet afin d'être plus à même de juger la manière d'agir

de la préparation. Dans ce cas- ci, j'avais toute liberté, je

ne voulus pas laisser échapper l'occasion.

Depuis quelques jours, j'avais mêlé demi-once de muriate

avec quatre onces de saindoux et le malade se frictionna la

plante du pied du côté affecté avec un gros de cette pom-

made. Il avait pris quatre frictions en un jour d'intervalle

l'une de l'autre, ayant soin, avant chacune de baigner le

pied pendant demi-heure; lorsque je le revis, la suppuration

l'efficacitédes remèdes administrés par la voie de l'absortion cutanée

dans le traitement de plusieurs maladies internes et externes et

un nouveau remùle daus le traitement des maladies vénériennes

et lymphatiques; t volume iu-8,o, Paria1811.

Page 97: Medecine pratique.pdf

DES SCIEWCE5 MÉDICALES.

était établie dans le bubon, qui présentait un aspect satisfiu-

aant. Nul signe d'inflammation nulle douleur ne s'y oppo-

sant, je fis augmenter la dose de pommade de demi-gros

par friction. Après huit jours la suppuration s'étant soutenue

sans une trop grande abondance nulle excitation artificielle

n'ayant lieu, le pansement ne consistait que dans l'applica-

tion d'un plumasseau verni de cérat de Galien le bubon avait

sensiblement diminué, la dose de la pommadefut portée à

deux gros. Dans huit jours la suppuration eut cessé, et la

cicatrice s'établît. II restait quelques engorgemens qui eurent

entièrement disparu après l'emploi de la dose totale que j'avais

préparée, Depuis quatre ans la santé du malade n'a pas reçu

la moindre atteinte, quoique la suppuration du bubon l'ex-

posât beaucoup à une nouvelle absorption si le remède eût

été insuffisant pour détruire le virus (i).

(i) D'autres cas de maladies vénériennes prouvent que le ma-

riate d'or, employé de la même manière, a été couronné des mêmes

succès et, en attendant que M. le docteur CLrestien livre à l'im-

pression les faits qui sont consignés dans les cinq cahiers qu'il a

envoyé à l'Institut, nous commnniquerons à nos lecteurs les résul-

tats cliniques suivans qui démontrent l'efficacité de l'emploi ex-

terne du muriate et de l'or en nature.

» M. Niel médecin de Marseille, ayant à traiter un homme

atteint de la syphilis constitutionnelle et ancienne, qui affectait

la bouche au point de ne pouvoir frictionner le niurîatê ni sur

les gencives, ni sur la langue, appliqua, sur la partie latérale du

cou un très-petit véiicatoire qu'il pensa journellement avec le sel

triple. La plaie resta assez long-temps ouverte pour que l'ahsorp-

tion d'une quantité suffisante du remède eût lieu, et le malade

guérit parfaitement.

» M. Simoneau, médecin k Florensac, a guéri également une

Ophthalmie syphili tique avec muriate triple, mêlé chaque jourau cérat de Galien que l'on employait pour oindre la mèche d'urt

Béton qu'il avait appliqué à la nuque, pour détruire une fluxion de

nature catarrhale qui était venue compliquer l'affection vénéiienue.

Le docteur Gastier, de Thoiasey (Essai sur la nature ou le carac-

tère essentiel des maladies en général page 3a4 ), dit avoir vu

Page 98: Medecine pratique.pdf

ÉTAT vatsexi

Observations sur t efficacité du muriate triple d'or et de solide

dans la syphilis, et d'autres maladies du système lympha-

tique Tribut Académique présenté et publiquement soutenu

à la Faculté de médecine de Montpellier; par blichel-

Guillaume Destouches de Lahaye des Cartes, département

d'îndre-et'Ijoire t Chevalier de l'Ordre-Royal de la I/'gion

d'Honneur Chirurgien-Major du Régiment de Montpellier,

Corps Royal du Génie. in-4<(> de [\0 pages.-iUig.

M. Destouches, après avoir rappelé d'une manière très-

succinte ce que l'on doit à l'observation et à l'expérience,

signale les travaux des hommes de l'art qui se sont spéciale-

ment occupés de l'origine de la syphilis, de sort diagnostic et de

son traitement si varié il consacre, ensuite, quelques pages

à l'historique des préparations d'or, et en s'adressant à ses

maîtres, il leur dit J'ai eu à traiter quelques maladies véné-

riennes constitutionnelles, parmi les sujets auxquels j'ai admi-

nistré lé muriate et pour mcttre plus de méthode dans mon

travail, je devrais ne pas mêler l'histoire des affections con-

sécutives avec l'histoire des maladies syphilitiques primitives

mais, comme je me pique d'exactitude, et pour suivre l'ordre

des dates je préfère transcrire les faits tels qu'ils sont placés

dans mon journal. Je ne vous fatiguerai cependant pas

Messieurs, par des détails minutieux et inutiles, en vous

offrant le tableau, jour par jour, et tel que je l'ai tracé

pour mon instruction, des phénomènes que m'ont présenté*

les personnes soumises à l'administration du nouveau remède

ils ont été les mêmes chez toutes, quant à la manière d'agir

deux guérisons complètes île syphilis, obtenues par l'usage, en

factions, d'une pommade composée avec de l'axonge et de la

poudre d'or extrêmement ténue.

11 est bon d'observer qu'avant ces deux cures, on avait lu k

l'institut un mémoire de NI. Chiestïen, dans lequel il rapporte

plusieurs observations qui prouvent l'efficacité de l'or en substance,

frictionné sur la langue, non-seulement contre la syphilis, mais

encore dans d'autres maladies de la lymphe, V. B, R. G.

Page 99: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

T. IF de la i.'sàr., cah. de Jan. et Fév. 1819. 7

du médicament sur la vitalité; ceux que j'ai observés sont, i.°

une excitation marquée par l'élévation et l'accélératioQ^Ju

j>"M*U; 2.0 une augmentation notable des urines, particulière-ment en hiver et dans la saison où la transpiration est plus

abondante chez les militaires qui n'étaient pas occupés à

des travaux qui provoquaient des sueurs. copieuses.

« A l'exemple de M. le docteur Chrestien j'ai toujours

commencé l'emploi du muriate, frictionné sur la langue (et,

en ma présence, quand j'ai soigné des soldais ) par un

quinzième de grain, ne faisant faire qu'une friction par jour,autant que la chose çtait possible, après que le malade avait

mangé, afin que la langue, plus dépouillée par la mastica-

tion, fuit mieux disposée à «neabsorption plus complète.

L'opération durait une minute et le sujet avalait sa salive,

après l'avoir gardée quelques instans dans la bouche. Le pre-

mier grain de sel triple, associé à deux grains de poudre

d'iris parfaitement réduit à la partie ligneuse épuisé en

quinze jours, je suis venu à un quatorzième de grain, puis

à un treizième, et ainsi de suite. Rarement ai-je été obligé

d'employer plus de trois grains de muriate pour obtenir la

guérison des maladies récentes, tandis que d'autres praticiens

en emploient de plus fortes doses j cc qui m'a prouvé que le

docteur Chrestien avait eu raison de me dire avoir observé

que l'exercice et le travail même forets favorisaient l'action du

médicament. Deux grains de muriate ont suffi, en général,

pour dissiper les symptômes, et j'ai administré le troisième

pour mieux assurer la guérison. Jamais nul accident ne m'as

fait suspendre l'emploi du remède, quoique les malades que

je traitais fussent exposés à toutes les intempéries des saisons

et de l'air ».

Après ces considérations, M. le docteur Destouches fait l'ex-

posé de dix-huit cas de syphilis primitive et constitutionnelle,

et de quelqu'autres maladies particulières également guéries

par le muriate triple d'or et de soude. Par la lecture d s faits

qui suivent, lesquels nous copions textuellement, on pourra se

convaincre de l'efficacité de ce médicament dans les cas précités;

Page 100: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

4.e Obs. (pag. i5 del'ouvr. cité). Dans le mois de Janvier

ï8i7jlenominéiîoa.TJ sapeur, âgé de 26 ans, d'un temp crament

sanguin, bien constitué, fut atteint, pour la première fois de

cinq chancres profonds et étendus. Soit par l'effet de l'inflam-

mation qui les accompagnait; soit par l'effet du virus syphili-

tique qui leur avait donné naissance, il survint brusquement

un phymosis considérable. Quand même je n'aurais pas lu

dans l'ouvrage de M. Chrestien, que, pendant l'inflammation

qui a souvent lien dès le début de la maladie syphilitique le

muriate exaspérait les symptômes (ce qu'il m'avait encore con-

firmé de vive voix, en établissant néanmoins une différence

entre l'inflammation qui dépend de la sensibilité du sujet, de

celle qui est l'effet de l'énergie du viras), j'aurais cru prudent

de me conduire comme si j'avais dû employer le mercure qu'on

n'administre pas pour l'ordinaire durant la période inflam-

matoire. Aussi, avant d'en venir à l'emploi du sel triple, jeconseillai des bains locaux dans une décoction de fleurs de

mauve, et de fréquentes injections, entre le gland et le prépuce,

avec la même décoction. L'usage de ces moyens fit diminuer,

dans huit jours, l'état inflammatoire, et je pus dès-lors sou-

mettre Roux à l'administration du muriate. Dix jours après,

de son usage, il put découvrir le gland sans beaucoup d'ef-

forts. Les chancres présentèrent un meilleur aspect, et à la

fin de l'emploi du second grain du remède les bains et les

injections ayant été abandonnés avant la fin de l'adminis-

tration du premier grain du muriate, ils furent cicatrisés. La

dose du sel triple ne fut pas moins portée à trois grains.

Rien n'avait été changé au régime, quant aux alimens

j'avais seulement fait dispenser Hou-v du service pendant la

durée de la période inflammatoire mais il le reprit immé-

diatement après qu'elle eut cessé.

8.e Obs. (pag. 18). Au mois de Juin même année, le sapeur

Yonnet, d'un tempérament bilieux, d'une bonne constitu-

tion, se vit atteint d'ulcères vénériens à la membrane pitui-

taire des deux côtés du nez, et aux ailes

de cet organe les commissures des lèvres étaient aussi

Page 101: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

affectées et il y avait de condylômes à l'anus: ce symptôme

s'était montré le dernier. Yonnet répondit négativement à

toutes les questions que je lui fis pour m'assurer s'il n'avait

jamais eu de symptâmes syphilitiques qui eussent donné con-

sécutivement naissance à ceux -ci.' Je ne m'occupai point à

décider si les bommes de l'art qui ne croient pas à la vérole

constitutionnelle, prise d'emblée ont tort ou raison; mais

je ne vis que la maladie vénérienne et, de quelque manière

que le malade l'eût acquise, je ne pensai qu'à le guérir. Il

commença l'usage du muriate, le 8, et tous les symptômes

eurent progressivement disparu, avant qu'il eût fini le 4-e grain

du remède.1 dose à laquelle je me bornai. Les niuyens auxiliai-

res furent des injections dans les narines avec une décoction

de fleurs de mauve miellée des plumaceaux garnis de cérat

de Galien pour panser les condylômes qui procuraient de la:

douleur et l'application pendant deux fois du nitrate

d'argent fondu sur ces excroissances,

g.e Obs. (pag. 18). Le sapeur Lecompte, âgé de vingt-deux

ans, d'un tempérament sanguin très-prononcé n'avait jamais1

eu de maladies syphilitiques; mais, dans le mois d'Août 1 S 1 7

il fut atteint de chancres si nombreux sur le gland qu'ils*

en couvraient toute la surface. Il n'y avait pas plus de quinze

jours qu'il avait connu la femme qui l'avait infecté, et ces>.

ulcères avaient paru depuis huit. Un pliymosis vint bientôt'

se joindre aux premiers symptômes syphilitiques et il se

manifesta une inflammation assez vive dont je devais prévenir

les suites. Le suji était fort et vigoureux mais comme l'étaf

inflammatoire me parut borné aux parties affectées, je me con-

tentai de prescrire des bains locaux avec la décoction de fleurs

de mauve qui servit également à des injections entre le gland

et prépuce. Je fis aussi dispenser le malade du service. Il'-

s'écoula quinze jours avant que je pusse administrer le muriate;

après, ce terme et quoique le phymosis existât encore, j'em

fis commencer l'usage sans abandonner celui de la décoction

en injections et en bains. Dix jours étaient à peine écoules,

depuis l'emploi du sel triple qu'on put facilement mettre le'

Page 102: Medecine pratique.pdf

JïTAT PRÉSENT

gland à découvert. Je trouvai la même étendue dans l'ul-*

eérafion l'inflammation était sculemeut diminuée. J'insistai

sur des bains locaux et je fis recouvrir les ulcères de plu-

maceaux garnis de cérat de Calicn. Je m'attendais à voir,

comme dans les cas préeédens les chancres cicatrisés au com-

mencement de l'emploi du troisième grain du sel triple

mais il y en avait, encore trois assez profonds et étendus dans

un état stationnaire, après l'administration du 4>e grain. Si

c'eût été mon coup d'essai, peut-être aurais-je soumis Lecompte

à un traitement mercuriel, en accusant le premier d'insuf-

fisance. L'aspect vraiment atonique des ulcères me fit penser

qu'ils étaient entretenus par une débilité locale, que j'avais

pu menu décider en faisant trop long-temps insister sur les

applications éinoîlientes, et que le virus syphilitique n'y était

plus pour rien. Me livrant à cette idée, je touchai les chan-

cres avec le nitrate d'argent fondu. La première application

me prouva par les changemens favorables qui survinrent t

que j'avais eu raison; la seconde, faite trois jours après,

ajouta tellement au bien qu'avaitproduit la première, que,

cinq jours s'étant écoulés, il ne resta plus que des cicatrices

bien établies.

Cette maladie fut suivie par un jeune médecin anglais qui

désirait connaître les effets des préparations d'or contre la

syphilis il resta convaincu parla réalité du succès.

il. c Obs. (pag. ai). M. lieutenant, âgé de 24 ans, d'un

tempérament bilieux arriva à Montpellier dans le courant du

mois de Juin 1817, portant une indisposition qui présentait

tous les caractères d'une affection hémorrhoïdale. M. me

fit part de son état mais comme il était recommandé à un

médecin distingué de cette ville, je l'engageai d'aller le voir

avant de rien entreprendre. Ce médecin le fit examiner par

un chirurgien expérimenté qui ne découvrit aucune trace de

maladie syphilitique ni dans le rectum, ni aux environs de

l'anus. Des bains de vapeurs, des lavemens, des pommades,

des laxatifs et un régime adoucissant furent conseillés. L'or-

donnance fut scrupuleusement suivie pendant plusieurs mois"

Page 103: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

sous la direction des hommes de l'art qui l'avaient faite

mais sans qu'il en résultât le moindre soulagement. Le ma-

lade, inquiet de son état et de l'inutilité des remèdes qu'on

lui avait donnés, pensa que je serais plus heureux que mes

confrères et exigea que je me chargeasse du soin de sa

santé. Ce fut vers la fin d'Octobre.

Devenu le médecin de M.j'appris qne sa maladie con-

sistait dans des douleurs presque continuelles à l'anus et au

rectum et que ces douleurs devenaient atroces quand il de-

vait rendre les excrémens sur-tout lorsqu'il les avait rendus.

J'examinai les parties affectées à l'extérieur et à l'intérieur. Je

ne découvris pas plus que les médecins auxquels je succédais.

Les réponses faites à plusieurs de mes questions ne me mirent

pas_ davantage sur la voie des causes qui donnaient naissance

à cet état; ne voyant que les effets, je me livrai donc à

un tâtonnement. Je débutai par l'application des sangsues

à l'anus; cette saignée procura du soulagement, mais celui-cî

fut de courte durée il parut même que le calme n'avait

servi qu'à rendre les douleurs qui lui succédèrent plus cruel-

les elles le devinrent au point que M. qui comme je

l'ai déjà dit, souffrait infiniment plus par la sensation dit

besoin d'aller à la garde-robe et après l'avoir satisfait, s'abs-

tenait de manger, afin d'éloigner la nécessité d'évacuations

dont l'idée seule le faisait frémir puisqu'elles étaient toujours

accompagnées de douleurs atroces, et que rien ne pouvaitdiminuer pendant plus de six heures. Je ne trouvai que le bain

chaud pris immédiatement après la garde-robe, qui procurât

un léger soulagement. Le malade était pâle et défait, et je

craignais infiniment pour lui, vu l'inutilité de tous les moyens

que j'avais mis en usage, et que j'avais cru devoir choisir

dans la classe des adoucissans et des calmans petit -lait, lait

d'ânesse, bouillons, jusquiame, aconit, opium en injections

et par la bouche. Je sentais l'insuffisance d'un traitement qui

n'était point dirigé contre la cause du mal j'étais découragé

lorsque je me rappelai avoir oublié de demander à M.

parmi -les nombreuses questions que je lui avais faites dan»

Page 104: Medecine pratique.pdf

^TAT PRï'sEWT

la vue d'établir le diagnostic s'il n'avait jamais eu de mala-

die syphilitique; ayant réparé cet oubli, dont je m'accuse, j'ap-

pris qu'un an avant l'affection actuelle, M. avait contracté

une gonorrhée bénigne qui avait cédé promptement à des

boissons délayantes et mucilagineuses qu'un homme de l'art

lui avait conseillées. Quoique l'existence du virus syphilitique

ne me parut pas démontrée je m'attachai à l'idée qu'il était

la cause-de l'affreux état du malade; et attendu que, d'après les

réponses à mes questions antérieures, je ne pouvais admettra

ni vice dartreux, ni le vice psorique, ni le vice scrophu-

leux, ni l'élément rbumatique, ni le catarrhal j'eus dès-lors

l'espoir de soulager mon malade et de le guérir. Je proposai

l'emploi du muriatc il fut adopté, et les frictions furent

commencées le 14 décembre en abandonnant tous les autres

moyens. Je redoublai d'attention pour bien observer les effets

du remède, dans la crainte on j'étais qu'il n'augmentât l'irri-

tation. Je fus agréablement surpris de voir le contraire arriver.

Pendant les premiers jours de l'emploi du muriate, les douleurs

furent moins vives; à mesure que le malade continua les fric-

tions, le calme augmenta d'une manière sensible la gaité revint

avec l'espérance fondée d'une guérison, dont le terme ne parais*

sait pas éloigné en calculant d'après les premiers effets. Les

garde-robes n'étant que très-peu pénibles on ne craignit plus

de prendre des alimens, et le malade se livra à son appétit

naturel; enfin, au 3^.e jour de traitement, M. ayant

recouvré la santé, aurait pu abandonner le muriate, si je

n'avais cru prudent de finir le troisième grain dont il restait

encore huit frictions.

Depuis plus d'un an que AI. a fait usage du muriate,

il n'a rien ressenti de la maladie contre laquelle je l'admi-

nistrai, Quoiqu'il n'y eût d'apparent aucun des symptômes

qui décèlent le vice vénérien ne suis-je pas en droit de con-

ide'rer l'affection dont je viens de donner l'histoire, comme

une névralgie syphilitique? L'expérience journalière prouve

J'existence des maladies vénériennes qui se présententsous des

formes qui ne leur sont point ordinaires, et qu'on ne parvient

Page 105: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

à guérir qu'en raisonnant d'après la méthode d'exclusion.

dont l'application ne devient souvent* avantageuse que lorsque

plusieurs essais contre divers clcmcns plus probablement

admissibles, ont été inutiles. Ici, ce n'est point tout-à-fail le cas

puisque, un an avant l'affection que je viens de décrire, il

avait existe un écoulement par li; canal de l'urètre avec tous

les caractères, il est vrai de la gonorrhée la plus bénigne.

12e Obs. ( pag. 24). Je fus consulté, le a8 Décembre 1817,

par un fourrier, dont j'ai promis de taire le nom; il était

âgé de 28 ans, d'un tempérament bilieux et d'une bonne

constitution. Un phymosis assez considérable m'empêcha de

découvrir des chancres que le malade me dit avoir en quantité

sur le gland; le tact me faisait bien croire à son assertion» i

mais j'en crus plus à l'expérience du malade qui, les années

précédentes avait eu plusieurs ulcères vénériens pour les-

quels il avait été soumis à un traitement mercuriel dont il

n'avait eu qu'à se louer.

Avant d'administrer le muriate, je sacrifiai dix jours à l'em-

ploi des bains locaux dans des décoctions «inollientes avec

lesquelles on faisait aussi des injections entre le gland et le

prépuce. A cette époque le gland ne put pas être entièrement

découvert, mais il me fut possible d'en voir assez pour me

convaincre que le sujet ne s'était pas trompé sur la nature dé

l'ulcération d'ailleurs le genre de femmes avec lesquelles il

avait eu commerce laissait peu de doutes sur le caractère du

mal, dont je n'aurais pu absolument établir le vrai caractère

d'après l'existence du phymosis qu'une acrimonie étrangère

au virus syphilitique aurait été dans le cas de procurer.

Bien persuadé que le muriate convenait, j'en prescrivis

l'emploi, et le malade le commença le 7 Janvier 1818. Malgré

l'inconvénient que m'avait présenté l'usage trop soutenu des

bains et des injections chez Lecompte, je ne jugeai pas à

propos de les faire cesser avant que le phymosis ne fût tout-

à-fatt dissipé. Ce ne fut qu'après la douzième friction que le

gland put être découvert avec facilité. Il m'était impossible

de déterminer s'il s'était opéré quelque changement dans

Page 106: Medecine pratique.pdf

ï'tat pr^sfjvt

les ulcères au nombre de quatre étendus et profonds.

L'état inflammatoire n'èxislaii plus je conseillai d'abandon-

ner la décoction émoliienle et de s'en tenir à l'administration

du muriate. Le deuxième grain était déjà épuisé et les ulcères

ne marchaient pas à leur guérison comme je l'avais vu chez tous

les autres individus soumis au même remède ( Lecompte

excepté ). Cherchant à me fendre raison de l'état stationnaire

dans lequel étaient les chancres je soupçonnai que le malade

n'avait pas discontinué d'user des bains locaux; l'aveu qu'il

m'en fit justifia mes soupçons. Une recommandation de ma

part, plus forte que celle- que j'avais faite la première fois,

fit mettre de côté un moyen qui contrariait l'action du

spécifique.

Avant d'en venir, à J'application d'un topique excitant

dont je sentais la nécessité, je voulus laisser passer quelques

jours. L'aspect des ulcères n'étant pas plus satisfaisant à la

trentième friction, je me décidai à les panser avec des plu-

maceaux légèrement recouverts d'une pommade préparée avec

douze grains d'or divisé par le mercure sur une once de

sain-doux. M. Chrestien m'avait appris qu'il n'avait eu

qu'à se louer de cette pommade dans de pareilles circons-

tances. Toujours franc et loyal, ce célèbre praticien ne me

laissa pas ignorer qu'il tenait cette composition de M. Nicl

médecin très-distingué de Marseille, et qu'elle méritait la

préférence sur les pommades préparées avec le muriate d'or

ou les oxides, qu'il avait souvent employées, et dont il

a parlé dans sa méthode ïatraleptique.

Le second jour de J'application de la pommade, les ul-

cères furent plus avivés il s'y établit une douce suppuration,

et ils furent entièrement cicatrisés au 42. «jour du traitement

qui en dura 53 la dose du muriate ayant été portée à

quatre grains,

3.* Obs, ( pag. 3i"). Il y a deux ans que je fus consulté par

Jïad. M. de Montpellier âgée de 3o ans d'un tempéra-r

ment bilieux, d'une excellente constitution. Cette dame, qui

était accouchée deux fois sept ansaprès

la seconde et dejv

Page 107: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉTNCAT/ES.

nîère couche ressentit aux glandes axillaires dit côté gauche,

un engorgement très-douloureux qui augmenta pendant vingt

jours. Des cataplasmes émolliens furent appliqués d'après les

conseils du chirurgien qui, sous peu de jours, ouvrit la

tumeur, d'où il ne sortit qu'une, matière sanguinolente; la

guérison suivit deprès

cette petite opération. L'homme de

l'art qui l'avait faire soupçonna l'existence d'un hétérogène

laiteux et des anti laiteux furent administrés pendant trois

mois. Ce traitement n'empôclia pas qu'un an après l'appa-

rition de celle tumeur, il n'en parût une autre à la même

place et avec les mêmes caractères que la première. On eut

recours aux moyens qu'on avait employés la première fois,

et les résultats furent les mêmes. L'inutilité des anti-laiteux

fit rechercher une autre cause que celle qui avait fait recourir

au traitement dont j'ai parlé:

Le mari de Mad. M, ayant eu dans sa jeunesse des

symptômes vénériens on crut devoir attribuer au virus syphi-

litique l'accident dont j'ai rendu compteet quoique Mad.

M. n'eût jamais rien éprouvé qui en démontrât les effets

elle n'en, fut pas moins soumise à des frictions mercurielles.

Quatre oncesd'onguent préparé

an tiers, furent employées

avec toutes les précautions qui pouvaient en assurer le succès.

Ce nouveau traitement n'empêcha pas le retour de la tumeur

aux mêmes époques et avec les mêmes circonstances rappor-

tées plus haut. Les moyens curatifs que la tumeur exigeait

furent encore mis en usage mais la malade se refusa à tous

les autres remèdes fatiguée de leur insuffisance. Six mois

s'étaient écoulés depuis cette dernière crise, lorsque Mad. M.

me fit prier de lui donner des soins l'engorgement qui était

revenu, était de la grosseur d'un petit œuf de poule, et il

s'accompagnait de vives, douleurs. Admettre les causes contre

lesquelles on avait administré déjà des remèdes m'aurait exposé

à n'être pas plus heureux dans ma cure que les gens de l'art

que je remplaçais. J'étais d'autant plus fondé à rechercher

un autre élément le laiteux et le syphilitique, que la plus

Jégère prohabilitén'était point

en faveur des differens dia-

Page 108: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

gnostïcs qu'on avait successivement établis. Les réponses

-que la malade fit aux questions que je lui adressai, me

mirent dans le cas de croire à un vice d'épaississement de

la lymphe, sans que je pusse néanmoins le considérer comme

scrophuleux. Je connaissais l'action fondante du muriate d'or

et je le prescrivis. Cependant, comme j'avais à craindre une

excitation trop vive, la sensibilité de la malade ayant été

mise en jeu, peut-être moins par les remèdes abandonnés

depuis long-temps, que par le chagrin que Mad. M. éprou-

vait depuis le retour de la tumeur et les douleurs qu'elle lui

occasionait, je me décidai au lieu de l'employer en frictions

sur la langue, à le donner à l'intérieur et dans cet esprit,

j'en fis dissoudre un grain dans huit onces de sirop de sal-

separeille. Je n'ignorais pas que le sel triple se décomposait

mais je tenais de M. Chrestien, que dans plusieurs cas

analogues à celui que je viens de décrire, il n'avait eu qu'à à

se louer de l'association du muriate à un sirop approprié.

La malade prit chaque matin une cuillerée à bouche du sirop

que j'avais fait préparer, ainsi que je l'ai dit, étendu dans

une tasse de décoction de douce-amère qu'elle prenait dans

le courant de la journée et que l'on préparait avec une once

de tiges de cette plante dans deux pintes d'eau réduites à

une. Les huit onces de sirop épuisées, j'en fis préparer la

même quantité avec la même addition. Celui-ci fut donné

à une cuillerée et demie par jour. Cette seconde dose n'était

pas finie que les douleurs eurent considérablement diminué.

Le remède préparé toujours dans les mêmes proportionset continué en le portant à deux et trois cuillerées par prise,

produisit des effets si heureux, que M.me M. après avoir

employé 40 onces de sirop et 5 grains de muriate, fut

entièrement délivrée de l'engorgement qui lui avait donné

tant d'inquiétude. Sa santé s'améliora mais elle ne devint

décidément bonne que quand le terme où la maladie avait

paru, à quatre époques différentes, eut été franchi. Voilà

deux ans que la malade est délivrée de sa tumeur périodi»

due annuelle.

Page 109: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

Cette guérison doit-elle être attribuée au muriate ? Ceux

qui ne sont pas partisans de ce remède ne manqueront pas

de dire qu'elle est l'effet du sirop de .salsepareille et de la

décoction de douce amère. Je demanderai de bonne foi aux

gens de l'art, exempts de prévention, s'ils pensent que ces

moyens, que je ne regarde que comme auxilliaires, fussent

dans le cas de guérir sans retour l'affection dont je viens

de donner l'histoire? Je pense que, sans l'addition du mu-

riate, le sirop et la décoction n'auraient pas mieus fait

que les autres remèdes auxquels on avait eu recours avant

que 'eusse été appelé. Les opinions sont libres chacun

en conclura ce qu'il voudra j'ai exposé le fait sans l'altérer

en rien.

Extrait d'une observation sur la fracture d'un pariétal, avec

perte de substance cérébrale par le docteur I.azzaretto

traduite du journal de médecine d'Èdinbourg t JY.° LIIÎ t

cahier de Janvier 1818; par C. Pierquin, etc.

M. William Newenham aspirant âgé de quatorze ans,

tomba du haut d'un mat à fond de cale d'une hauteur

de 45 pieds il fut aussitôt transporté à la rade des ma-

lades, dans un état d'insensibilité absolue; hémorragie forte

du nez et de la bouche. J'examinai d'abord la tétc et je

jugeai facilement que la blessure avait trois pouces de lon-

gueur en suivant la partie postérieure et supérieure du

pariétal droit, et que le cerveau avait subi une forte dé-

pression, que j'ai estimé, a proximati veinent être d'environ

un pouce.

Une incision cruciale servit à découvrir la fracture t

oblique de bas en haut et à montrer qu'elle avait une

grande extension je pus apercevoir une esquille triangu-

laire, enfoncée dans la masse encéphalique; j'en fis l'extrac-

tion le mieux qu'il me fut possible, et je ne pus, néan-

moins m'opposer à ce qu'une petite portion pulpeuse du

cerveau ne suivit le morceau du pariétal qui y était logé.

A l'aide d'un élévateur je remis à sa position naturelle

Page 110: Medecine pratique.pdf

£tat pkiîsejît

la portion qui avait été déprimée; je réunis le péricrâne

et le mis dans sa position je l'y maintins avec des ban-

delettes agglutinatives et des compresses de charpie retenues

par un double bandage de tête approprié à la circonstance

présente. Dès que l'esquille de forme triangulaire, fut enlevée,

le malade sembla se réveiller d'un profond sommeil ouvrit

les yeux et appela ses compagnons de marine.

Le pouls du malade était petit et vite j'ordonnai la potion

suivante

Vin 2j svin.

Hydrargyri submuriat gr. vi.

Racine de jalap • gr. x.

Le bâtiment ayant l'ordre de radouber le malade fut

transporté à l'hôpital de Haslar j trois mois après il rejoignit

ses camarades.

Durant tout le temps qu'il resta dans l'hôpital, j'allais très-

souventle visiter, et jusqu'à ce que sa blessure fut devenue

moins dangereuse. Je n'ai point observé le plus léger mou-

Tement fébrile tant qu'il fut sous mes yeux, et tout le temps

qu'il resta à Haslar.

Observations physiques agricoles et médicales faites à

Bordeaux, pendant les mois d'Octobre, Novembre et Dé-

cembre 1818.

Octobre.

Les premiers jours de ce mois ont été pluvieux ou couverts

jusqu'au 10. Les nuages se sont élevés alors, et bientôt ils ont

été remplacés par la plus grande sérénité du ciel qui a duré t

presque sans interruption jusqu'à la fin du mois. La tempé-

rature de l'atmosphère, d'abord fort humide a été très-douce

pendant tout ce mois. Les brouillards ont été fréquens le matin

et le soir. La pluie a ramolli la peau des raisins a facilité leur

maturité et a rendu la recolte plus abondante sans nuire à

la qualité du vin. Elle a aussi préparé les terres pour le labour

et les semailles se sont faites avec laplus grande

facilité. Les

Page 111: Medecine pratique.pdf

DES SCINECES MEDICACES.

parmentières ont généralement très-mal reussi non seulement

elles sont peu abondantes, mais elles sont très-petites et d'une

qualité inférieure.

Le nombre des fièvres intermittentes de tous les types a

été inférieur à celui de toutes les années précédentes, et

la plupart de ces fièvres a paru avoir pour cause une sur-

abondance de pituite dans les premières voies et des Hu-

xions catarrhales sur les voies aériennes ce qui les a,

souvent compliquées de corysa, d'angine et de catarrhes

pulmonaires. Les douleurs catarrhales et rhumatismales ont,

été très-communes, et souvent longues et rebelles. On a

en à traiter aussi beaucoup de coliques et de diarrhée*

fréquemment compliquées d'affections vermincuses. La co-

queluche a été commune parmi les enfans et les toux

catarrhales rebelles chez les adultes des deux sexes, mais

principalement chez les filles mal réglées elle a quelque-

fois dégénéré en phtbisie. Les tumeurs abdominales, pré-

cédemment observées continuent leurs progrès lents, mais

de sinistre augure et d'un traitement très-difficile. Quelques

hydropisies se sont manifestées sous leurs formes variées:

la plupart d'entr'elles parait avoir eu pour causes les altéra-

tions des viscères sécréteurs, ou celles des vaisseaux inhalant

ou exbalans certaines cependant paraissent dues à des

lésions des organes principeaux de la circulation sanguine.

Novembre.

L'atmosphère douce et sereinependant

les trois premiers

jours du mois, s'est obscurcie le 4 et est devenue pluvieuse

et variable, mais elle a bientôt repris sa sérénité qu'elle a

conservée jusqu'au milieu du mois. Les i5 16 et 17.* jours

ont été extrêmement pluvieux; mais les nuages se sont relevés

bientôt après, à l'exceptionde quelques ondées tombées le

a4 et le a5, on a eu un très-beau temps jusqu'à la fin du

mois cependant les brouillards ont cti fréquens et épais. Il

y a eu moins de variations dans la chaleur atmosphérique qui

a été constamment douce pendant tout le mois, et mâiuc.soo-

Page 112: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

vent supérieure au degré clue l'on pouvait espérer à cette

époque de l'année; ces circonstances ont singulièrement favo-

risé tous les travaux agricoles que l'on s'est empressé d'achever,

et la végétation des plantes céréales a fait des progrès très-

sensibles.

Les maladies du mois de Novembre ont peu différé de

Celles du mois précédent, les fièvres intermittentes n'ont point

été nombreuses; mais on a observé quelques fièvres quartes.

Les variations fréquentes dans la chaleur atmosphérique ont

causé beaucoup de rhumes et de fluxions catarrhales. 11 y a

eu quelques péripneumonies bilieuses sur-tout chez les per.

sonnes sur le déclin de l'âge. Les diarrhées avec ou sans

tranchées ont été communes, et ont cédé facilement lorsqu'on

est parvenu à rétablir la transpiration insensible. Beaucoup

de rhumatismes quelquefois goutteux ont tourmenté les per-

sonnes qui y sont sujettes, et n'ont cédé qu'imparfaitement

aux meilleurs traitemens. On a "vu des ércsipèles des ron-

geoles, des porcelaines et autres éruptions anomales. Les obs-

tructions viscérales, les squirrhes, les phthîsies et les by-

dropisîes t ont continué leurs progrès alannans.

DÉCEMBRE.

Le mois de Décembre a été remarquable en ce qu'il n'a

pas plu une seule fuis pendant toute sa durée. Ses dix pre-

miers jours ont été sereins et d'une chaleur douce, comme

les plus beaux du printemps. Le onzième, le vent a tourné

au nord, un froid assez vif est survenu, et dt;s ce moment

l'Hiver a commencé. Le froid devenu bientôt glacial s'est

soutenu, accompagné d'un ciel constamment voilé, qui pen-

dant douze jours n'a pas laissé voir le soleil et nous mena-

çait sans cesse d'un déluge de neige. Vers Noël, le ciel s'est

éclairci, la température a été variable sans cesser d'être froide,

et l'année a fini au milieu des brouillards les plus épais

quelquefois fétides, qui constans pendant tout le mois ont

été plus forts vers le commencement et la fin de la journée.De mémoire d'homme, on n'a vu de plus beaux mois de

Page 113: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

Décembre que celui qui vient de finir. Cependant, il îl n*a

pas été sans inconvénient pour l'agriculture, la chaleur dç

ses premiers jours venue à la suite de celle du mois de

Novembre avait tellement favorisé la propagation des limaces

et d'autres vers, que la destruction des plantes céréales en

a été l'effet et qu'il a fallu en certains endroits semer

une seconde fois. La terre, endurcie par la sécheresse a

opposé dans quelques vignobles une trop grande résistance

qui a fait retarder les labours.

Quelques fièvres continues rémittentes et intermittentes ont

occupé les praticiens; les dernières, en petit nombre, étaient

ou tierces ou quartes toutes paraissaient causées plutôt par

une surabondance de pituite que par la saburre bilieuse; quel-

quefois, ces deux causes ont paru réunies, et dans ces^ cas

on a observé une prostration des forces qui donnait à la

maladie un caractère insidieux. Les catarrhes et les fluxions

ont été en grand nombre, et se sont manifestés sous toutes

les formes en attaquant le cuir chevelu, la face, les yeux,

les oreilles, les fosses nasales, les gencives, la gorge, le

larynx, les poumons, le col, et en y déterminant les maladies

propres à ces organes. Les péripneumonies ont été les plus

graves de ces maladies, en ce qu'elles ont été souvent com-

pliquées d'atonie plusieurs individus faibles ou vieux en

ont été victimes. La diarrhée quelquefois dysentérique n'a

pas été rare. Les obstructions des viscères de la poitrine et

du ventre se sont manifestées et ont amené des maladie»

chroniques. Les phthisies et les hydropisies qui en étaient

nées j se sont terminées par la mort lorsque le grand froid

est survenu. Les catarrhes la débilité le scorbut des vieil-

lards ont eu la même issue à la même époque. Des rhuma-

tismes, soit aigus, soit chroniques ont été communs et

ceux-ci ont affligé successivement diverses parties du corps,

non sans de grands dangers lorsqu'il» abandonnaient les mem-

bres. Il en a été de même des affections goutteuses. Il y a eu

beaucoup d'hémorragies utérines chez les femmes beaucoup de

suppressions chez les filles la coqueluche, la rougeole, I»,

Page 114: Medecine pratique.pdf

ÉT AT PRÉSENT

scarlatine et les affections vermineuses ont été très -commune»

parmi les etifans.

Prix proporé par la Société de Médecine de Paris, séante à

l 'Hôtel- de -Ville.

La Société de Médecine propos pour sujet d'un prix de

-la valeur de 3oo fr. qu'elle décernera dans la séance de

rentrée de décembre i8iy, la question suivante;

Peut-on mettre en doute l'eristence des fièvres essentielles?

Les mémoires écrits très-lisiblement en français ou en

latin, devront être adressés francs de purt, avant le i.tr

Novembre de cette année, à IVI Nacquart( Secrétaire-général

de la Société, rue Sainte-Avoie, n 3cj.

Prie proposé par la Faculté de Médecine de Paris.

La question proposée par la Faculté de Médecine de Paris,

pour sujet d'un prix qui sera décerné en Avril i8ïo, est

conçue et ces termes

Donner l'histoire des maladies qui ont régné le plus géné-

ralement à Paris pendant les années 1817 et 181 S.

La Faculté désire que, dans cette histoire on fasse entrer

quelques remarques sur la constitution atmosphérique que

même, jetant un coup-d'œil sur les années précédentes, un

en examine sommairement l'histoire météorologique et médi-

cale que les considérations générales reposent sur des faits

particuliers bien observés et décrits avec soin enfin qu'en

suivant la même méthode sévère à 'inductions déduites exac-

tement des faits, on cherche à déterminer les causes de ces

maladies, et les précautions hygiéniques propres à éloigner

ces causes ou à en diminuer l'influence.

Le sujet des mémoires à envoyer au concours pour le prix

qui sera décerné en 182 1 sera:

La Topographie médicale de Paris et de ses environs, ou

du départementde la Seine.

Les mémoires seront écrits enfrançais ou en latin et

adressés à la Faculté dans le courant du mois de Novembre,

Page 115: Medecine pratique.pdf

»«S SCIENCES MÉDICALES.

T. IV de la a.e sér. cah, de Jan. et Fév. 1 81 9. 8

suivant le» formes usitées pour les concours académiques.

Programme d'un prix de physiologie.

Un anonyme avant offert une somme à l'Académie Royale

des Sciences avec l'intention que le revenu en fût affecté

à un prix de physiologie expérimentale à décerner chaque

année et le Roi ayant autorisé cette fondation par une

ordonnance en date du it. Juillet 1 8 18.

L'Académie Royale des Sciences fait savoir qu'elle décernera

une médaille de la valeur de 44° fr. à l'ouvrage imprimé

ou manuscrit qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux

progrès de la physiologie expérimentale. Elle fera connaître

&on jugement à la scéance publique, du Printemps 1820.

Les auteurs qui croiront pouvoir prétendre au prix sont

invitées à adresser leurs ouvrages, francs de port, au Secré-

tariat de l'Institut, avant le premier Décembre 1819.

Prix proposé par la Société de médecine de Toulouse.

La Société de médecine remet au concours, pour l'année

1819 la même question qu'elle avait déjà proposée« Quels

sont en général les progrès de la chirurgie pratique depuis

trente ans, et à qui sont-ils dus depuis que l'Académie de

Lhirurgie a cessé d'exister ». Les mémoires sur cette question

devront être remis avant le i.er Juin 1819. Il faut qu'ils soient

écrits lisiblement en fançais ou en latin, et munis d'une épi-

graphe ou devise qui sera répétée dans un billet cacheté où

doit se trouver le nom de l'auteur.

Des médailles, à titre d'encouragement, continueront à étre

distribuées aux auteurs des meilleurs mémoires ou obser-

vations relatives à la médecine. Les ouvrages devront être

remis avant le i.er Juin 1819. Les auteurs feront connaitre

leurs noms. On n'admettra point ait concours les ouvrages

qui auront été publiés ou communiqués à d'autres Sociétés.

Tous les mémoires et autres objets relatifs à la correspon-r

dance doivent être affranchiset

adressés à M. Duffourc 1

Secrétaire-général de la Société.

Page 116: Medecine pratique.pdf

il" AT PRESENT

Séance publique et exposé des travaux, de la Société Rnyale

de Médecine de Marseille pendant l'année 1818 brochure

in-8.° de 84 4 pages. Marseille, 18 19.

Notice, par M. V. Bonnet Médecin, elc.

Le 11 Octobre 1818, la Société de médecine de Marseille

a tenu sa dix-neuvième séance publique. M. le docteur

Gandy président,, a ouvert la séance par un discours sur le

dévouement des Médecins. M. Guiaut fils, docteur en méde-

cine, Secrétaire-adjoint de la Société, remplissant la fonction

de Secrétaire -général fait connaitre dans deux sections

particulières, les travaux de compagnie, pendant le cours

de Tannéequi vient de s'écouler. Dans la première, dési-

gnée par le titre de Littérature Médicale, M. Guiaud, trace

l'analyse des productions des membres titulaires et dos corres-

pondans; dans la seconde, il présente d'abord, d'une manière

succinte, mais précise, l 'histoire des maladies régnantes et

les observations auxquelles elles ont donné lieu dans les confé-

rences médicales il signale ensuite les rapports que différens

objets de salubrité publique ont établis entre la Société et

les Autorités constituées; enfin, il termine son exposé par

quelques détails sur les acquisitions que la Société a fait en

membres titulaires et en correspondans, et sur les récompenses

qu'elle a décernées et dont elle-même a été honorée par la

Société de médecine de chirurgie et de pharmacie du dé-

partement de l'Eure, et par la Société de Médecine-pratique

de Montpellier, La Société de l'Eure, en lui adressant le di-

plôme de membre associé lui a conféré ce titre, dit M.

Guiaud, comme un témoignage public de l'estime qu'elle

lui porte. La Société de Médecine de Montpellier, en lui dé-

cernant, disons-nous une médaille d'or, a voulu lui donner

un témoignage de la haute considération due à son zèle

pour la propagation des saines doctrines, et aux heureux

efforts qu'elle a déployé pour les progrès de l'art. C'est,

en outre, dans les mômes vues que de semblables médailles

Page 117: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

furent aussi décernées, par la Société de Médecine-pratique,

à la Société Académique de Marseille, et aux réunions médi-

cales de Bordeaux et de Toulouse.

Quoique, d'après l'aveu qu'en fait M. le docteur Guiaud, ce

soit pour lapremière

fois qu'il ait été appelé à être l'organe

de la compagnie, la manière distinguée avec laquelle il a

rempli la tâche de Secrétaire-général ne peut que lui mériter

des éloges. Cependant, il eut été à désirer, qu'au lieu de

réduire certains faits à leurs termes les plus précis, il les

eut présentés dans tous leurs détails croyons-nous aussi

devoir reproduire ici les résultats cliuiques suivans

» Les deux observations chirurgicales que nous a commu-

niquées M. Magaïl dit M. Guiaud ( pag. du rapport) ont

profondément fixé votre attention.

» Deux individus affec.tés depuis long-temps d'une maladie

des voies urinaires, avaient contracté l'habitude de se sonder

eux-mêmes. Le premier frappé du délire maniaque, saisit

un jour sa sonde de gomme élastique, la redresse avec

force, la plonge d'une main égarée dans l'urètre, la pousseensuite dans la profondeur de ce canal, le déchire, le perce

dans sa partie membraneuse, traverse l'intestin rectum, en-

lève le mandrin, continue alors d'enfoncer la sonde jusqu'au

pavillon et la retire enfin par l'anus.

» Le second, jouissant de toute sa raison, ne trouve plus

dans sa main l'adresse habituelle pousse l'instrument à

travers l'urètre en déchire l'épaisseur perce le rectum et

voyant qu'après avoir plongé la sonde jusqu'à l'eslrémité

l'urine ne coule pas la retire avec toutes les marques de

son introduction dans la poche intestinale.

» Inflammation violente, dépôts urineux, gangrène; voilà

ce qu'après un désordre aussi grave redoutait le chirurgien

expérimenté. Cicatrisation rapide des parties lésées maintien

parfait dans l'harmonie des fonctions, de plus guérison

de la manie chez le sujet de la première observation voilà

ce que fit la nature.

» Un praticien non moins distingué, M. Girard, a aussi

Page 118: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

fait part à la compagnie d'une observation sur un cas par-

ticulier de gangrène (pag. »J du rapport), survenue après un

accouchement laborieux.

» Elle concerne une Dame mère de neuf enfans, qui fut

accouchée de son dixième par notre collègue. Présentant

au-dehors le bras et le cordon ombilical, l'enfant est extrait

sans vie par les picds; la délivrance longue à cause de

l'cnchatonement du placenta, est cependant heureuse; la ma-

lade paraissait entièrement rétablie, lorsque le 19 Février

elle se plaint de douleurs vives aux parois abdominales

avec fièvre et insomnic. La main placée sur le bas-ventre

fait sentir de l'empâtement dans la région sous -ombilicale.

Examinée avec attention cette lnartie offre aux yeux de

notre collègue un soulèvement de l'épiderme en forme de

tuyau alongé. Rien ne prouvait l'existence d'une hernie

ombilicale; la tumeur est ouverte; une sérosité sanguino-

lente s'en échappe avec une forte odeur gangreneuse des

topiques fortinans sont appliqués; une escarre se détache;

une plaie très-étendue se manifeste; lavée avec du vin aro-

matique, pansée avec de la charpie molle, elle marche rapi-

dement vers la cicatrisation, et la guérison parfaite s'opère

le quarantième jour. Quel vaste cliarnp pour les explications

sur la cause de cette gangrène M. Girard n'en a présenté

aucune; il a sagement pensé qu'il faut savoir s'arrêter là

air la nature a posé des limites.

» Appelé auprès d'une femme en travail d'enfant depuis i4

heures, M, Mergaut, dit M. Guiaud (pag. 3o du rapport),

reconnait que le détroit supérieur du bassin ne présente que

deux pouces dans son diamètre antéro-poslérieur trois dans

le diamètre oblique et deux pouees six lignes dans le trans-

versal. L'impossibilité de l'accouchement est reconnue > l'opé-

ration césarienneproposée est pratiquée par M. Mergaut. Une

incision de cinq pouces met la matrice à découvert cet

organe est divisé dans son fond le bistouri rencontre le

placenta implanté; l'intrépide opérateur n'hésite pas à le

fendre dans son épaisseur. L'enfant se présente il il est saisi

Page 119: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

par les pieds et retiré plein de vie; la délivrance s'opère

sans difficulté, l'hémorragie est légère l'utérus se contracte,

les parois de l'abdomen sont rapprochées et maintenues par

trois points de suture enchevillée nul accident inflamma-

toire ne se manifeste, et le cinquantième jour la femme

vaque à ses affaires. Honneur à l'homme de l'art qui a

obtenu un si brillant succès; reconnaissance éternelle de nous

l'avoir fait connaître

» Une femme de Parme, âgée de vingt-huit ans, avait heu-

reusement donné le jour à quatre enfans lorsqu'elle se

trouve de nouveau enceinte. Des douleurs violentes, éprou-

vées le 28 Août 18 17 à minuit, annoncent le. commencement

du travail l'enfant paraissait descendu dans le petit bassin,

les eaux n'étaient pas encore écoulées lorsque tout-à-coup,

après une douleur terrible, la tête disparaît et la femme,

tourmentée par des vomissemens fréquens, est en proie à des

angoisses inexprimables. Un chirurgien appelé ne reconnaît

pas l'accident et se borne à conseiller la patience. Vers les

cinq heures du matin, MM. Rossi père et fils se rendent

auprès de l'infortunée au récit de ce qui s'était passé et à

l'examen du bas-ventre, ils se convainquent qu'à la suite

d'une rupture de matrice l'enfant a passé dans la cavité

abdominale, et se trouve placé transversalement sur la région

de l'estomac. La gastrotomie est décidée et pratiquée par

M. Cecconi, chirurgien en chef de l'hôpital de Parme. L'en-

fant, trouvé sur la région indiquée par MM. Rossi, est

retiré sans vie la délivrance opérée quelques points de

suture pratiqués, et la femme est parfaitement rétablie trente

jours après ce terrible accident admirable concours des

moyens de l'art et des efforts de la nature pour produire

une guérison unique, peut-être, dans les Annales de la chi-

rurgie ancienne et moderne (pag. 35 et 36 du rapport) ».

Prix proposé par la Société Royale de Mcdecine de Marseille.

La question proposée il y a deux ans, sur l'histoire des

médecins de la Provence n'ayant produit aucun mémoire

Page 120: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

digne d'être cité ce sujet est retiré du concours et la

Société propose pour sujet d'un prix consistant en une

médaille d'or de la valeur de 3oo francs qui sera décerné

dans la séance publique de 1819, la question suivante

n Quelles sont les malarlies de l'utérus qui sont suscep-

tibles d'être confondues avec le cancer, et l'ulcération de cet

organe ?,;J

2.0 Quels sont les caractères qui établissent leur différence

d'une manière positive ?P

3.° Enfin, quais sont les moyens curatifs ou palliatifs que

l'expérience a démontré être les plus efficaces ?P

La Société désire que les concurrens prennent pour

base essentielle de leur travail les observations cliniques et

les ouvertures cadavériques.

Les mémoires écrits lisiblement en francais ou en latin

devront être adressés, franc de port, à M. Trucy, docteur en

médecine Secrétaire-général de la Société Royale de Méde-

cine de Marseille. Ils devront être remis avant le premier

Juillet 181g j ce terme est de rigueur.

II.° Revue des Journaux.

Journal de Pkannacie et des Sciences accessoires.

NOTE sur l'extraction de la gélatine; par M. Boudet, oncle,

ancien pharmacien en chef d'armée.

On nous demande si les anciens savaient extraire la géla-

tine des parties solides des animaux et par le moyen de

l'eau et par le moyen d'acides ?P

Nous répondons affirmativement et, en effet sans re-

monter à la plus haute antiquité, on voit dans Dioscoridej

et sur-tout dans Pline, qu'on préparait, de leur temps, pour

l'usage de la médecine des bouillons de veau de bélier

de chat, de fouine de belette, de tête de chèvre, d'os con-

cassés d'un porc, d'un âne, de la rapure de cornes de cerf;

des bouillons de poule de chapon ? de perdrix de coucou, 1

Page 121: Medecine pratique.pdf

MS SCIENCES MÉDICALES.

d'hirondelle; des bouillons de différens poissons, de gre-

nouilles, d'écrevisses, de moules, etc. On voit qu'on fabri-

quait, sur-tout avec la peau des animaux, des colles-fortes »

dont la plus blanche et la plus estimée se faisait à Rhodes'

avec les oreilles et le nerf des tauraux que la colle de

poisson et sa propriété de clarifier les vins, étaient connues;

qu'en faisant bouillir dans l'eau pendant quarante jours et

quarante nuits, le pied d'un jeune taureau, on parvenait à

le dissoudre entièrement, On voit que, relativement à la

mise à nu, par un acide, du gluten qui tient unie une subs-

tance terreuse dans différens produits des animaux, Pline

dit qu'un œuf trempé dans le vinaigre y a perdu la terre

qui donnait de la solidité à sa coquille, et qu'il est devenu

si souple qu'il a pu passer parune bague. Il dit que la

reine Cléopâtre à l'aide du vinaigre, fit, d'une perle très-

grosse et très-ptécieuse, une dissolution gélatineuse qui put t

facilement être humée, et que, dans un repas un certain

Clodius, fils d'Ésope le tragique prépara pourlui et pour

chacun de ses convives, une semblable dissolution qui fut

trouvée si bonne qu'après la conquête de l'Egypte, les

perles étant devenues plus communes il n'était pas rare

chez les Romains, de s'en régaler. Sans doute que, dans la

préparation qu'on leur faisait subir leur gluten était rendu

savoureux, et par un reste de vinaigre et par l'acétate cal-

caire qui s'était formé.

De Pline en passant aux chimistes qui, sans être nos con-

temporains, possédaient les acides dits minéraux on voit

qne Glauher employait son esprit de sel pour mettre à nu

la gélatine et des dents d'ours, de tigres de lion, de «cro-

codiles, et de cornes d'animaux herbivores, et des ongles

des oiseaux de proie, et des écailles de poissons; mais don-

nons son procédé, tel qu'il se trouve dans la première cen-

turie, page 121.s.

Dentes Iujjo aut cani semivivo postquïm tclopeti ictupros-

tratus est, ereptns iis affuntie 2 aut 3 partes concentrât!, s pi rit lis

salis in cucurbità impositâ arenas calefaciendœ debito igné et

Page 122: Medecine pratique.pdf

1ÎTAT PRÉSENT

oleum salis ipaos solvat et in crassum pultem redigat; ex Iioc

pulmento affusâ culidâ aquâ omnis aciimonia spîritûselicienda est,

ut niLil nisi pulmentum mreliijiium sit; cui quoniamadhuc aliquid

oleï salis adhuc adest ut patè quod non peniiùs aquâ se elui

patitur, earum saccliari candi admisceatur oportet quo acrimonia

illa infriugutur et pulmentum ad sua via rem usum paretur.

Nos anciens chimistes préparaient des magistères de co-

rail, d'yeux d'écrevisses de perles de coquilles etc. En

dissolvant ces substances dans un acide et précipitant leur

terre par un alcali, Annibal Barlet (section première, des

animou.r } cfaap. i, pa£. 272 de sa chimie), pour aider la

dissolution de la terre des os, fortifiait l'acide du vinaigre

par celui du nitre; il observe que, si dans la préparation de

ce magistère, on employait des os -d'animaux trop jeunes

on n'obtiendrait que de la gelée.

Il est certain dit Boërhaave p<tg. 747 de la traduction

française de ses Elrmens de chimie, que des os plongés

dans des fluidos alcalins conservent, leur dureté, au lieu que

si un les tient quelque temps dans des acides, ils s'amol-

lissent jusqu'à devenir flexibles c'est là un fait dont Ruysch

a eu occasion d'être témoin plusieurs fois dans le cours de

ses expériences anatomiques.

Canheuser, Elemrnla chemiee medicœ s'exprime ainsi:

Gel.itinae ex parti bus os^eïs animalium raspatis solius coctîonis

beneficio cum aquà siinplîci paramur.

Il die pag. 1 17 Cornua et partes alise os ses lapide& teslacaa

et crustaccae anîinalium vulgo in aceto distillato aut spiritu salis 1

etc., soluta per oleum tarturi i precipitantur.

Si on plonge, dit Lewic, traduction française da la Con-

naissance pratique des medicamens y i,er volume, pag. 56, J

dans l'acide nitreux affaibli par le mélange d'une certaine

quantité d'eau une matière osseuse l'acide dissout la terre

des os et ne touclt* point au cartilage qui conserve sa forme

en entier, et est flexible et transparent comme de la corne.

La terre, qui dgjmait la solidité à cette substance est en-

Page 123: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

levée par l'acide, auquel on peut la reprendre, en ajoutant

un alcali qui la fait précipiter.

Et, page i53, il ajoute, l'écaillé d'huître, le corail, et les

perles contiennent outre leur terre, une portion d'une matière

gluante. Nous en avons un exemple dans les yeux d'écre-

visse qui ont été en macération dans des acides faibles, ou

dans des acides violens suffisamment délayés avec l'eau

par leur macération la partie terreuse se dissout, et la colle

animale reste sous la forme d'un mucilage visqueux, trans-

parent, etc.

Stahl, Traité des sels, page 167 et Hérissant, après lui,

en employant un procédé semblable à celui de Lewis, se

sont assurés que les yeux d'écrevisses et les substances os-

seuses sontcomposés de terres et de gélatine.

On connaît enfin, l'ouvrage que Papin fit imprimer en

1681, réimprimer en 1G88 et qui contient la description d'un

digesteur à l'aide duquel ce chimiste faisait de la gelée avec

des os de boeufs et pouvait cuire toutes sortes de viande en

très-peu de temps.

II nous serait facile de trouver, dans les livres de chimie

et de pharmacie qui ont précédé ceux de nos contempo-

rains, des preuves plus nombreuses de l'antique extraction

de la gélatine par l'eau et par les acides; mais celles quenous venons de présenter nous paraissent bien suffisantes,et nous croyons devoir nous y borner.

Si notre objet eut été de donner une notice historique de

cette extraction jusqu'au moment présent tous les chi-

mistes qui s'en sont occupés seraient cités, et sur-tout ceux

qui ont eu pour but d'augmenter et d'améliorer la subs-

tance du pauvre. Ainsi Proust qui a retiré la gélatine des

os et en a formé des tablettes de bouillon Darcet père,

qui en préparait des bouillons, à l'aide d'une machine de

Papin perfectionnée Cadet-de-Vaux qui a propagé l'usage

de ces bouillons mais faits sans machine de Papin et Dar-

cet fils, qui a eu l'heureuse industrie de faire servir l'acide

jnuratique à l'extraction en grand d'une gélatine, qu'il nous

Page 124: Medecine pratique.pdf

ETAT PRI?SEET

offre sous une forme sèche et durable auraientla plus

grande part à nos éloges. (Cahier de Mai 1818, pag. 228

et suivantes J.

Bîcre nouvelle; par M. C. L. C.

Le procédé de M. Kïrckoff pour convertir en sucre les

fécules amylacées par le moyen de l'acide sulfurique, a déjà

reçu d'utiles applications; mais laplus utile sans doute est

la conversion de ce sucre en bière. Etendu dans une quantité

d'eau convenable, mis en fermentation et lioublonné selon la

méthode des hrasseurs, ce sirop fournit une bière légère

mousseuse, alcoolique et d'une saveur très agréable. Cette

boisson rafraîchissante et salubre peut se préparer par-tout ¡

elle ne demande ni moulin ni touraille ni guilloirs ni

chaudières le cultivateur, l'artisan pourront la fabriquerdans leur ménage. Déjà deux manufacturiers s'occupent de

sa préparation en grand. Ils ont estimé qu'elle leur revien-

drait à un centime le litre.

La Société d'encouragement pour l'industrie nationale a

proposé un prix pour celui qui indiquerait la boisson fer-

mentée la plus facile à faire et la plus économique. Le pro-

blème nous parait résolu.

Que de ressources nous présente la pomme-de-terre! Sa tige,

considérée comme plante textile, fournit en Autriche une

filasse cotonneuse; brûlée, elle donne beaucoup de potasse;

ses baies mûres et écrasées fermentent et donnent de l'eau-

de-vie à la distillation. Ses tuhercules mis en pulpe, peu-

vent remplacer le savon dans le blanchissage en gros; cuites

à la vapeur, c'est l'aliment le plus sain; par différentes ma-

nipulations, elle offre deux espèces de farine, un gruau et

un parenchyme qui peut augmenter la masse panairefaite

avec les céréales enfin son amidon que plusieurs arts

réclament traité par un chimiste se convertit en sucre

en bière et en alcool. Généreux Parmentier si la France

te possédait encore, combien tu jouirais des suites précieuses

de tes heureux travaux (Cah. de Juin i8L&tpag. 387).

Page 125: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

Conservation de l'eau douce en mer; par M. C. L. C.

M. J.-J. Perinet, ex -professeur de l'hôpital militaire d'ins-

truction de Paris dans un Mémoire qu'il vient de faire

imprimerà Arras, chez Bocquet, libraire de l'évêché, exa-

mine les différens moyens déjà employés pour empêcher

l'eau de se corrompre à bord des vaisseaux tels sont l'agi-

tation fréquente à l'air la filtration au travers du charbon,

la distillation, I'ébullition, l'addition d'un acide, la carbo-

nisation de l'intérieur des bariques etc. etc. tous ces

moyens présentent des inconvéniens. Après avoir tenté plu-

sieurs essais avec le charbon et quelques oxides métalliques, J

sans obtenir un résultat satisfaisant il a fait l'expérience

suivante.

« Le i.« Août 1807, dit-il, j'ai fait placer des pièces

vides de Bourgogne de lacapacité d'cnviron a5o litres

sur des chantiers les unes à la cave, les autres en un local

plus exposé à la température chaude de l'Eté, Ayant fait

remplir de l'eau d'un puits les diverses barriqucs, bien nettes

en dedans, j'ai introduit par la bonde, dans chacune un

kilogramme et demi d'oxide noir de manganèse en poudre.

J'ai bien agité le tout à l'aide d'un bâton afin de diviser le

plus qu'il était possible, dans l'eau, cet oxide qui est fort

pesant. J'ai recouvert la bonde d'un fort bouchon de papier.

Chaque quinze jours, j'avais la précaution de bien faire

agiter et troubler de nouveau cette eau ^pendant quelques

minutes, et j'examinais chaque fois par le goût, l'odorat

et la vue l'état de cette eau.

Ayant conservé, jusqu'en Janvier 1814» cette même eau,

dans les diverses futailles sans avoir jamais remarqué de

changement; mais l'ayant au contraire trouvée claire, inodore,

incolore, limpide et de bonne qualité, comme celle du puits

d'où elle provenait, je me suis assuré que ce moyen' était

très-propre à prévenir toute corruption de l'eau à bord des

vaisseaux u.

Une expérience qui a duré sept ans, doit donner aux

Page 126: Medecine pratique.pdf

^TAT PRÉSENT

1 1 11,m*r;iï* qnplque confiance dans le procédé de M. Permet

et coiumi- il ne présente aucun inconvénient, qu'il est facile

et pi-Ti coûteux on ne risque rien de l'adopter mais

comme l'air des entreponts et de la cale d'un vaisseau

n'est pas le même que celui dans lequel se sont trouvées les

banques qui ont servi à l'expérience on ne pourra sensé-

znrnt pronnneer sur l'efficacité du moyen que lorsqu'un

équipage l'aura employé avec succès, pendant un voyage

de long cours sur un bàtiment qui aura passé deux fois la

ligne. (Cahier de Juillet 1818 page 327 et ^i&J.

Annales de chimie et de physique.

Examen de l'Opium indigène, et Réclamation en faveur de

M. Srguîn, de la découverte de la morphine et de l'acide

mécanique par M. Vauquelin.

!L 'année passée, M, Palissot de Beauvois, et cette année, t

M Thillaye, professeur à la Faculté de Médecine, me re-

mirent une petite quantité d'opium qu'ils avaient recueillie

sur les pavots dans leur jardin, pour savoir si cet

opium contenait les mêmes principes que l'opium de l'Orient.

Pour sati5faire à leur louable désir j'ai soumis à l'analyse e

ces échantillons d'opium indigène et sans indiquer ici les

moyens que j'ai employés pour cela puisqu'ils sont les

marnes que ceux dont on a fait usage dans ces derniers temps,

je dirai que j'y ai trouvé absolument les mêmes substances,

et dans des rapport* qui ne me paraissent pas différer beau-

coup de ceux qui existent entre les principes de l'opium du

Levant. t.

Ainsi, il contient la morphine, l'acide méconique, la subs-

tance exiiactîve, huileuse, etc.

A cette occasion, j'ai été curioax de relire un mémoire

q-ne M. Ségnin communiqua à l'Institut le o. Décembre j8o4,

et qui n'a été imprimé dans les Annales de Chimie qu'en

Décembre i8i/|. Ce mémoire contient tout ce qu'on a dit,

dans ers derniers temps, sur la morphine et l'acide méco-

niqueet l'on est ûlumié que M. Scrtuemer dans son mé~

Page 127: Medecine pratique.pdf

DES SClENCFS iréniCATTS.

moire publié en 1817 et ceux qui ont depuis repelé ses

expériences dont i!s ont fait avec raison beaucoup d'es-

time, n'aient poîat parlé du travail de M. $Jguin Il me

paraît donc juste de réclamer, pour M. Ségnin et pour la

France l'honneur de cette découverte iinpnrtan'o.

Pour qu'on ne puisse pas dire que j'ai mal interprété les

expériences de M. Ségniii je vais le laisser parler lui-même.

« r L'infusion d'opium rougit la teinture de loiiruesol;

propriété qu'il doit à la présence d'une petite quantité

d'acide acétique.

» 2.0 La potasse, la soude et l'ammoniaque y forment des

précipités abondans insolubles dans l'eau, mais so!ubles à

chaud dans l'alcool.

» 3.° La solution alcoolique de ces précipités a donné,

par le refroidissement, des cristaux blanchâtres prismatiques

qu'on peut purifier par des dissolutions et cristallisations

réitérées dans de nouvel alcool.

» £.° Dans leur état de pureté, ces cristaux sont solublej

dans l'eau froide et dans l'eau chaude, et solubles à chaud

dans l'alcool, qui, par cette combinaison, acquiert une saveur

amère et la faculté de verdir le sirop de violette.

» 5.° Ils se dissolvent dans les acides et leur donnent de

l'amertume; ils en sont précipités par les alcalis, dont aucun

ne jouit de la propriété de les dissoudre.

« 6v° Ils se fondent par la, chaleur se transforment par

cette fusion en une masse dure et cassante, et finissent par

brûler avec flamme.

» 7.0 Ils donnent, par la distillation à feu nu, du car-

bonate d'ammoniaque, une matière huileuse, et un charbon

qui ne contient rien de minerai.

» H.° Ils ne forment point d'acide oxalique quand on les

traite par l'acide nitrique.

»y.0

De là résulte, dit M. Séguin que cette substance

cristalline ne peut être considérée que comme une nouvelle

matière végéto-auimale particulière.

» *Q.° La solution aqueuse d'opium séparée par l'ammo-

Page 128: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

niaque de la substance cristalline, précipitait encore par l'eau

de baryte de strontiane et de chaux.

» Hi° Le précipité formé dans cette liqueur par l'eau de

baryte traité par l'acide sulfuriqae, a fourni par la filtration

.un acide qui a donné au sulfate vert une couleur rouge, le

précipitait même en rouge lorsque la dissolution était con-

centrée, et formait avec l'eau de baryte de strontiane et de

chaux ainsi qu'avec les dissolutions de plomb et d'étain

des précipites blancs insolubles n.

Après avoir séparé les différons principes de l'opium ilil

résume en disant <i Voilà donc déjà cinq substances bien

distinctes séparées de la dissolution d'opium, savoir: i.« de

l'acide acétique 2,0 une substance cristalline qu'on ne peut

jusqu'ici considérer que comme une substance nouvelle; 3.°

un acide nouveau qui jouit de propriétés particulières; t\.°

une matière insoluble dans l'eau; soluble dans l'alcool, les

acides et les alcalis que j'appelle principe amer insoluble

de l'opium; 5.° une substance soluble dans l'eau et dans

l'alcool, qui n'est précipitée par aucun réactif, et que je

nomme principe amer soluble de Vopium.

u Il résulte de plus, ajojite-t-il, de ces premières expé-

riences que la substance cristalline de l'opium est soluble

dans son acide, et que c'est en raison de cette propriété

que malgré son insolubilité dans l'eau on la trouve en

abondance dans la solution aqueuse de l'opium; que les

alcalis qui forment avec l'acide de l'opium des sels solubles

ont plus d'affinité avec cet acide que n'en a la substance

cristalline; et c'est pour cela que quand on verse, dans

une solution aqueuse d'opium, un alcali, la substance cris-

talline se précipite, tandis que combinaison de son acide

avec l'alcali reste en dissolution dans la liqueur surnagcante

que la baryte, le chaux et la slrontiane qui forment avec

l'acide de l'opium des sels insolubles ont plus d'affinité

avec cet acide que n'en a la matière cristalline et que c'est

pour cela que quand on verse, dans la solution aqueuse

de l'opium de l'eau de baryte, de strontiane ou de chaux, J

Page 129: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

l'on a un précîpiLé mélangé de substance cristalline et de

sel insoluble formé par la combinaison de l'acide de l'opium

avec ces terres alcalines que c'est pour ces motifs qu'il ne

convient pas d'employer en premier lieu ces substances

pour analyser l'opium mais qu'en profitant des différences

qui existent à cet égard entre leurs propriétés et celles des

alcalis l'on peut en alternant l'emploi de ces substances

obtenir séparément l'acide et la substance cristalline de

l'opium que l'ont peut ensuite retirer, à l'aide de l'acide sul-

furique, l'acide de l'opium de sa combinaison avec la baryte;

que l'acide de l'opium ayant la propriété de former avec

les métaux des sels insolubles, il se fait, pendant le mé-

lange de la dissolution d'opium avec les selsmétalliques

une double décomposition. parce que l'acide de l'opium

s'unit aux métaux pour former avec eux des sels insolubles,

tandis que l'acide des métaux s'empare de la matière cris-

talline, et la transmet en dissolution ce qui donne un

moyen de séparer l'acide de la dissolution avant de lui

enlever la substance cristalline.

» Enfin que l'ammoniaque est préférable aux autres al-

calis pour précipiter la substance cristalline parce qu'on

peut, à l'aide de la chaleur, dégager l'excès de cet alcali ».

Dans ioo parties d'opium, M. Séguin a trouvé quatre parties

de matière cristalline,.et 10 d'acide particulier à l'opium.

Je laisse maintenant à juger à ceux qui liront compara-

tivement les mémoires de M. Scrtuerner et de M. Séguin,

s'il ne semble pas qu'ils aient été faits l'un sur l'autre. En

effet, mêmes moyen* d'analyse, mêmes procédés, d'épuration

de matières, mémes propriétés de la morphine et dans l'acide

meconique.

Le travail de M. Sertuerner ne diffère de celui de M.

Séguin que par le nom qu'il a donné aux principes que M.

Séguin a le premier découverts dans l'opium et qu'il a bien

caractérisés (i). ( Cah. de Nov. 1818, pag. 282 et suivantes J.

(1) M. Sertuerner a publiéun autre mémoiie sur l'analyse

Page 130: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

Note sur le mémoire précédent, par M. V. Bonnet, médecin.

i M. le rédacteur des Annales de Chimie etde Physique (tom.

V, pag. 4i), après avoir fait connaître le second mémoire

du pharmacien d'Eimbeck. sur l'opium et en particulier sur

les deux principes constituans de cette substance, la morphine

et l'acide mveonique dit nous sommes surpris que le pre-

mier mémoire de M. Sertuerner n'aitpas

fixé plutôt l'atten-

tion des chimistes non en France, où il ne paraît pas qu'il

ait été connu, mais sur le reste du continent. ha découverte

d'une base alcaline formée par le carbone l'hydrogène et

l'azote dans laquelle les propriétés neutralisantes sont très-

prononcées, nous parait de la plus grande importance et

c'est pour cette raison que nous nous sommes empressés d'en

donner connaissance à nos lecteurs ». Un semhlable motif porta,

l'ancien Rédacteur-général des Annales Cliniques, à publier

un extrait du travail de M. Sertuerner ("i.Te série torn. XL1V,

pag. i3o,_J; et celui de faire acquérir la preuve authentique

que la découverte de la morphine appartient au domaine de

lu chimie française; nous a porté à consigner, ici, tout le

mémoire de M. Vauquelin. MM, Thenard et Thomson pa-

raissent n'avoir eu aucune connaissance du travail de M.

S^guin car ni le chimiste français, dans son traité de chimie

Ci.e édition, Paris 1818, IF volumes in-S.°J, ni le chi-

miste anglais, dans son Système de chimie ('Nouvelle édition,

Paris 1818, 1 V -volumes in-S.°J, n'en disent rien. Mais,

comme ce dernier chimiste nous fait connaître l'époque de

l'émission du premier mémoire de M. Sertuerner, nous rame-

nerons ici contre le doute de l'auteur de la note signée

R, touchant l'antériorité de la découverte de la morphine

par M. Séguîn tout ce qu'il dit sur l'historique de cette

nouvelle base alcaline.

» M. Dérosne, pharmacien à Paris, publia, en 1 8o3 une

analyse de l'opiwn, en y annonçant la présence d'une ma-

de l'opium plusieurs années avant le dernier mais nous ignorons

mi véritable date. ( R. )

Page 131: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

T. IV delà i>*sèr.7cah. deJan.ct /'Vi\i8ig. 9

tière particulière cristallisable, à laquelle (Jette substance doit

ses propriétés narcotiques (Ann. de Chimie, T. XLV, pag.

2$7J- En i8o5, M. Sertuerner, pharmacien à Eimbech, dansle

royaume de Hanovre, fit connaître les résultats de ses travaux

sur la même substance (Tromsdorfs jour, XIV, hl)i mais

ces résultats différaient tellement de ceux obtenus par M.

Dérosne, que dès-lors toute confiance des chimistes dans les

expériences de l'un et de l'autre fut détruite. Cependant

Sertuerner, qui, loin d'avoir perdu de vue le sujet, l'avait

examiné avec plus de soin depuis son premier mémoire,

publia en i8i7,une nouvelle suite d'expériences ( Gilbert' s

Annalen, fF> S-]J, dans laquelle il expose le moyen de séparer

de l'opium une substance particulière à laquelle il a donné

le nom de- morphine. C'est à cette substance que l'opium

doit les propriétés qui le caractérisent; et suivant Sertuerner,

le principe narcotique de Dérosne est une composé de mor-

phine et d'un acide particulier contenu dans l'opium. Mais M.

Robiqueta a fait voir que cette opinion n'est pas fondée (Thom-

sort, Système de Chimie T. IF} pag. 7$J. »D'après cet exposé

il n'y a nul doute que M. $ê*guin ne doive être considéré

comme le véritable auteur de la découverte de la morphine, f

puisque son travail était connu un an avant le premier mé-

moire de -M. Sertuerner. Ensuite, le travail de ce pharmacien

Hanovrien écrit à la hâte; avec peu de succès par

quelques personnes; qui présente, ajoute l'auteur, quelques

faits différent de ceux énoncés dans son second mémoire;

mais, que l'on pardonnera dit-il, à sa jeunesse et au-r. petites

quantités d'opium sur lesquelles il a travaillé (Ann. de chirn.

etdepkys. V, 11 J pouvait-il être confondu avec le travail de

M. Dérosne? Non car, indépendamment des éloges que de

très-savans chimistes ont donné à ce dernier, voici quel est le

jugement qu'en a porté M. Robiquet, dont les talens sont déjà

très'-favorablement connus « Je regarde désormais comme

bien démontré que la morphine et le sel de Déi-osrie sont deux

substances contenues dans l'opium, maisdifférentes et indé-

pendantes l'une de l'autre. M. Sertuerner qui depuis plu-

Page 132: Medecine pratique.pdf

ÈTKT PE&5EKT

sieurs années s'occupe de cet objet, s'est évidemment trompé

en avançant que le sel de D^roine était une combinaison

de morphine et d'acide meconique. Il n'a fait aucune expé-

rience pour s'en convaincre, et s'est entièrement abandonné,

à cet égard, aux probabilités suggérées par le raisonnement.

On a donc tout lieu de s'étonner de la manière un peu

légère avec laquelle il parle d'un travail généralement estimé

et à très-juste titre (Ann. de Ckim. et de Phys. F, 286) ».

Voilà l'expression d'un ami de la Yérité d'un français

Les savans étrangers ont de très-grauds droits, sans doute,

à notre estime et à notre vénération mais lorsqu'ils n'ont

pas assez. de franchise pour rendre aux savans de notre paysles honneurs qu'ils méritent, ce serait partager leurs injustices

que de ne point les relever lorsque l'occasion s'en présente

et c'eut été un motif de louanges envers M. Riffault, traduc-

teur du Système de Chimie de Thomson s'il eut noté l'injustice

qu'a commise ce chimiste envers M. Dérosne. Nous le disons

à regret, ce ne sera point la seule que nous aurons à faire

remarquer lorsque nous rendrons compte, dans ce journal,

de l'ouvrage du chimiste anglais.

« Deux substances cristallines, la morphine et le sel de

Derosne existant dans l'opium d'une manière tout à fait

indépendante Tune de l'autre; c'est, ajoute M. Robiquet, en

terminant son mémoire, aux physiologistes et aux médecins

à déterminer maintenant quel est le mode d'action de ces

deux corps dans l'économie animale, et à nous dire si nous

devons chercher, à les conserver l'une et l'autre dans les

préparations que nous faisons subir à l'opium pour l'usage

médical ». Les -voeux de ce pharmacien n'ont point tardé à

s'accomplir au moins en partie. Deux médecins très-distingués,

MM. Orfila et Magendie, se sont spécialement occupés le

premier de l'action de la morphine sur l'économie animale;

et le second de l'emploi de quelques sels de morphine comme

médicamens. Pour l'instruction de nos lecteurs nous consi-

gnerons ici le résumé du mémoire de M. le docteur Orfila, et

la note clinique qu'a publié à ce sujet Ri. le docteur Mageudio.

Page 133: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

Action de la morphine sur l'économie animale; par M. P.

Orfila médecin par quartier de sa Majesté, membre cor-

respondant de l'Institut etc.

« La morphine pure ( morpkium) est solide, incolore,

inodore, plus pesante que l'eau, et susceptible de crislalliscr

en parallélépipèdes. Chauffée en vaisseaux clos elle se dé-

compose et fournit, entr'aulres produits, du sous-carbonate

d'ammoniaque comme les matières animales. Elle est pres-

que insoluble dans l>au. L'alcool et l'cthcr la dissolvent

facilement à chaud et la laissent déposer en grande partie

à mesure qu'ils se refroidissent ces dissolutions jouissentde propriétés alcalines; en effet, elles rougissent le papier

de curcuma, verdissent le sirop de violettes, et ramènent

au bleu le papier de tournesol rougi par les acides leur

saveur est amère. La morphine peut d'ailleurs se combiner

avec tous les acides, les neutraliser à la manière des alcalis,

et donner naissance à des sels cristallisables.

» La morphine seule peut être introduite dans l'estomac

des chiens les plus faibles à la dose de douze grains, sans

donner lieu à aucun phénomène sensible tandis qu'une

pareille dose d'extrait aqueux d'opium, détermine un em-

poisonnement violent suivi quelquefois de la mort cette

nullité d'action de la morphine dépend de son peu de so-

lubilité et de la difficulté avec laquelle elle est attaquée par

les sucs de l'estomac.

» Les sels de morphine solubles dans l'eau tels que l'acé-

tate, le sulfate, l'hydrochlorate, donnent exactement lieu aux

mêmes symptômes que l'extrait aqueux d'opium ce qui.

tend à faire croire que les effets de ce médicament doivent

ctre attribués à un sel de morphine, qui est probablement

le méconate dont l'existence annoncée par M. Sertuerner, >

vient d'être confirmée par les expériences récentes de M.

Robiduet. Ce résultat important conduit naturellement à

rechercher la morphine dans les plantes indigènes, et à la

Page 134: Medecine pratique.pdf

JETAT PRÉSENT

séparer pour la transformer en sel, et pour substituer celui-

ci à l'extrait aqueux.

» La morphine dissoute dans l'acide acétique exerce cepen-

dant sur l'économie animale une action plus intense que la

même dose d'extrait aqueux d'opium phénomène qui tient

ce que l'extrait n'est pas entièrement formé de morphine-

» L'extrait aqueux d'opium dont on a séparé la morphine,

peut être administré à forte dose, sans déterminer les symp-

tômes de l'empoisonnement et s'il conserve quelquefois une

légère action cela tient à ce que la séparation de la morph ine

n'a pas été complète.

» Six grains de morphine dissous dans l'huile d'olives

paraissent agir avec autant d'intensité que douze grains

d'extrait aqueux d'opium ce qui prouve que l'huile neutralise

beaucoup moins les propriétés vénéneuses de la morphine

que les acides. Ce fait est remarquable en ce qu'il donne

les moyens de doubler en quelque sorte les propriétés

médicamenteuses de l'extrait aqueux d'opium, résultat auquel

on n'était pas encore parvenu.

» La morphine, comme toutes les substances qui agissent

après avoir été absorbées, exerce une action plus intense

lorsqu'elle est injectée dans les veines, que dans le cas où

elle est appliquée sur le tissu cellulaire ou introduite dans

le canal digestif.

» L'empoisonnement déterminé par la morphine ne diffère

en rien de celui que produit l'opium et doit être traité

de la même manière. On doit s'attacher d'abord à expulser

le poison par les éme tiques pour administrer ensuite les

acides végétaux convenablement affaiblis L'infusion de café

etc. Ces moyens aidés quelquefois de la saignée à la veine

jugulaire ou an bras, réussissent presque constamment, comme

je l'ai prouvédans mon ouvrage, sur les Poisons.

» L'alcool affaibli au point de n'exercer aucune action sur

les chiens, dissout une si petite quantité de morphine, qu'il

a été impossible de déterminer le moindre effet en l'admi-

nistrant aux animaux qui ont été l'objet de mes expériences»

Page 135: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

II est cependant probable que la dissolution alcoolique de

morpliine, pourra être employée avec succès chez l'homme >

qui «tant habitué aux liqueurs spïritueuses peut prendre

une assez forte dose d'alcool faible, sans éprouverla moindre

incommodité.

Note sur l'emploi dequelques sels de morphine comme mêdi-

camens par M. Magendic.

Si dans la plupart des cas le médecin doit être très-réservé

quand il s'agit d'essayer sur un malade un médicament

nouveau, il existe aussi des circonstances où le, malade et le'

médecin sont également intéressés à faire de semblables essais.

Quel praticien n'a point rencontré dans la classe aisée de

la société, de. ces êtres malheureux, doués d'une imagination

active d'un esprit cultivé et attaqués d'une maladie chro-

nique qui les mène à la mort par des progrès à peine sensibles.

Pendant lespremières années de leur mal leur confiance se

place successivement dans plusieurs médecins qui tenterit

chacun des moyens diff'érens de traitement -l'inefficacité des

remèdes fait encore choisir d'autres médecins dont les conseils

n'ont pas plus de succès; plusieurs années s'écoulent de cette

manière et la maladie n'en continue pas moins sa marche

progressive; les malades rebutés se livrent aux charlatans

qui ne manquent pas de promettre une prompte guérison

et qui, après avoir échoué, sont chassés comme ils auraiçnt

dû l'être avant d'avoir agi. Viennent ensuite les remèdes de

famille, les recettes, les pratiques magnétiques, les plaques

aiman tées etc. Enfin, les malades tourmentés par lesdouleurs

aiguës et autres accidens graves qui accompagnent l'accrois-

sement de leur maladie en reviennent à prendre les avis

d'un médecin.

C'est alors que la conduite de celui-ci est difficile quel

traitement ne mettrn-t-il en usage ? Tonte espèce de moyens

hygiéniques, d'eaux minérales, de médicamens, de préparations

pharmaceutiquesont déjà été employées sans succès, et ont

perdu toute confiance de la part du malade; cependant il

Page 136: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PUISENT

faut calmer les accidens qu'il éprouve ou du moins, tenter

de le faire; il faut s'emparer de son esprit et fixer, s'il

est possible, son imagination dont les écarts sont presque

aussi douloureux que le mal lui-même.

Ne sera-t-on pas heureux d'avoir à essayer sur un tel

malade, une substance dont on puisse raisonnablement attendre

quelques bons effets.

Telle est la position où je me suis trouvé l'année dernière,

pour une demoiselle âgée de 2^ ans, et atteinte depuis dix

ans d'une maladie que je crois être un anévrisme de l'aorte

pectorale.

TraiLée tour-à-tour par des médecins instruits et par

d'autres qui devaient l'être par des commères, des char-

latans, des pharmaciens, des magnétiseurs, des herboristes, etc"

elle a, rigoureusement parlant, épuisé toutes les ressources

de l'art et de l'empyrisme, et qui pis est, il n'en est aucune

sur laquelle son opinion ne soit arrêtée et qu'elle ne regarda

comme insignifiante ou nuisible.

Cependant cette demoiselle était tourmentée par des in-

somnies continuelles des douleurs extrêmement vives dans

la région du diaphragme et dans les membres inférieurs qui

sont en partie atrophiés.

J'employai d'abord l'acide prussique avec quelque avantage,

mais je fus obligé de le cesser après environ sixsemaines 9

parce qu'il occasionnait des rêves pénibles et fatigans.

Je me décidai alors à essayer les sels de morphine que les

expériences sur les animaux m'avaient fait connaître comme

puissamment narcotiques je fis préparer chez M. Planche t

pharmacien, quatre pilules contenant chacune un quart de

grain d'acétate de morphine avec quantité suffisante d'excipient. t.

Je conseillai à la malade d'en prendre une le soir en sa

mettant au lit, et une seconde le matin, au moment de

»on lever.

Dès le soir, elle prit un pilule en se couchant; maïs n'éprnuv

•vant pas de soulagement sensible au bout d'une demi-heure

elle crut pouvoir en prendre une seconde.Quelques minute»

Page 137: Medecine pratique.pdf

DES SCIEIVCFS MÉnKHLES.

après l'avoir avalée, elle s'endormît profondément, ce qui

ne lui était par arrivé depuis plusieurs mois. Son sommeil

fut passible pendant trois ou quatre heures vers le milieu

de la nuit elle se réveilla se plaignit d'éprouver des nau-

sées mais se rendormît aussitôt. La même chose arriva plu-

sieurs fois. Vers les six heures elle fit quelques efforts de

vomissement et rejeta une petite quantité de mucosité et

de bile; elle ne dormit pas, mais elle restaplongée

dans

un élat de calme et de bien-être qu'elle n'avait pas encore

éprouvé j'omets de dire qu'elle ne ressentit aucune douleur

pendant la nuit.

Je la vis dans la matinée elle était ainsi que ses parens,

dans une satisfaction fort grande du sommeil et du calme

de la nuit et de l'état paisible qui durait encore.

Toutefois je ne me mépris pas sur les effets du sel de mor-

phine. Il était évident que la dose eu avait éré portée trop

loin et que la malade avait éprouvé un véritable narcotïsme

mais je reconnus en même temps qu'on pourrait retirer de

bons effets de cette substance, en en graduant la quantité

d'une manière convenable.

En conséquence je fis faire des pilules où entrait seule-

ment un huitième de grain d'acétate de morphiue et je

recommandai d'en prendre tout au plus deux en 24 heures.

De cette manière, j'obtins des effets sédatifs tels que je pou-

vais les désirer.

La malade fait usage de ces pilules depuis six mois, et

toujours avec avantages; elle en détermine elle-même main-

tenant le nombre d'après les effets produits et, ce qui pourra

paraître remarquable, c'est qu'elle n'en voit pas l'action s'af-

faiblir aujourd'hui même elle n'en pourrait pas prendre au-

delà de quatre en vingt-quatre heures, sans éprouver quelque

inconvénient tel qu'une céphalalgie violente ou des nausées.

J'ai essayé sur cette même personne, de remplacer l'acétate

de morphine dont je viens de parler, par le muriate à la

même base; mais je n'ai pas en à me louer de cet essai

far U a fallu jusqu'à un grain et demi de ce sel pour produire

Page 138: Medecine pratique.pdf

^TAT PRÉSENT

un effet narcotique encore était-il très- imparfait aussi la

malade nja-t-elle pas voulu en continuer l'usage.

Le sulfate de morphine, que j'ai aussi essayé sur la même

personne, a une action plus faible que l'acétate, mais beaucoup

plus forte que celle du muriate sa puissance narcotique est

aussi plus complète, le sommeil qu'il procure est plus exempt

de rêves; en un mot, sa manière d'agir se rapproche de

celle de l'acétate bien qu'elle soit sensiblement moins éner-

gique.

La malade continue d'en faire usage depuis plus de quatre

mois concurremment avec les pilules d'acétate; elle nomme

celles-ci, les pilules fortes et celles de sulfate, les pilules

faibles; les unes et les autres contiennent, comme je l'ai

dit plus haut, chacune un huitième de grain de sel et quantité

suffisante d'excipient. Selon qu'elle soufre plus ou moins

qu'elle a plus de peine à s'endormir, elle prend les pilules

fortes ou les faibles, et quelquefois elle en combine l'action.

II y a environ trois semaines que la malade pressée par

ce désir de changer de remède, qui s'observe si fréquemment

dans le cours des maladies chroniques me pria de lui donner,

d'autres pilules; je lui proposai l'extrait-gommeux d'opium,

dont j'aurais été bien aise de comparer les effets avec ceux de

sels de morphine. Mais elle s'y refusa formellement m'assurant,

ce qu'elle m'avait déjà dit plnsieurs fois, que les préparations

d'opium lui avaient toujours paru nuisibles et ne lui avaient

procuré aucun soulagement: soupçonnant que son imagination

pouvait l'avoir trompée à cet égard je lui proposai le sci

essentielde Dérosne, sans lui dire que ce fût une substance

opiacée; elle consentit à en faire usage, mais je pus me con-

vaincre qu'elle avait dit vrai relativement à l'opium, car un

demi grain de sel essentiel qu'elle prit en quatre pilules dans

le courant de vingt-quatre heures, excita une agitation

extrême et une céphalalgie des plus intenses; la malade prit

le parti de revenir aux pilules de sel de morphine, et les

continue en ce moment.

Ayant acquis ^ces données sur les propriétés des sels de

Page 139: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

morphine je les ai employés en diverses antres ocrasions

avec un avantage marqué; j'ai pu constater aussi les différence»

indiquées dans le mode et l'intensité de leur action. Je citerai

entr'autres une dame qui est atteinte d'un squirrhe à la

mamelle droite, et qui a le bon esprit de se refuser à toute

espèce d'opération. Elle prend depuis deux mois un quart

de grain d'acétate de morphine par jour et ne fait d'ailleurs

aucun autre remède les douleurs lancinantes, très-vives et

très-fréquentes, qu'elle éprouvait, se sont calmées en grande

partie, et ne se montrent plus qu'à des intervalles assez longs.

Je pense donc que l'acétate et le sulfate de morphine

peuvent être employés avec avantage comme médicamens nar-

cotiques.

III.0 Littérature médicale.

Essai sur la Rosée et sur divers p/iënomènes qui ont des

rapports avec elle; par Charles-William Wells, D. M, Tra-

duit de l'an gais sur la a.* édition; par Aug.-J. Tordeux,

maître en pharmacie. A Paris, chez Crochard, 1817 (III.o«

et dernier Extrait ) (1).

La première observation de M. Wells est relative à l'hu-

midité qui se précipite, sur-tout en Hiver, sur la face inté-

rienre des vitres aux fenêtres des appartemens. Il a remar-

qué, à cet égard, une différence entre les carreaux qui se

trouvent derrière un volet intérieur fermé et ceux qui restent

à découvert les premiers sont toujours plus humides que

les autres. Le volet intérieur prive *les vitres qu'il recouvre

de tout le calorique qui émane, par rayonnement, des murs

de la chambre et des objets qu'elle renferme et ce qui prouve

l'exactitude de l'explication, c'est qu'un thermomètre en con-

tact avec les vitres recouvertes marquait depuis o°,6 jusqu'à

3°,8 centigrades de moins que celui qui reposait sur les

(1) Voy. Je premier extrait, pag. i58; et le second extrait,

i:«g. 3 1 3 dutome 3 de la a,m' série des

Annale*, clinique*.

Page 140: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

autres. A peine nécessaire de dire qu'un volet extérieur

produirait un effet contraire.

L'auteur croit avoir remarqué que quand on passe d'un

appartement à l'air libre, la sensation, du froid est plus vivo

(la déférence de température entre l'intérieur et l'extérieur

étant néanmoins toujours la même) la nuit que le jour, par

un temps serein que par un ciel couvert, à la campagne

que daus les villes. If trouve l'explication de ces effets dans

le rayonnemeut de notre propre corps vers les régions vides

de l'espace: Le jour, et par un temps couvert, nous recevons

de l'atmosphère sinon la totalité, du moins une grande

partie des rayons perdus les objets envirounans, dans une

ville, doivent aussi atténuer la perte; mais, la nuit, à la

campagne et sous un ciel serein, le refroidissement peut être

très- marqué.

n J'avais souvent souri, avec cette présomption qui accom-

pagne les demi-connaissances, dit M. Wells, en voyant par

quels moyens les jardiniers espèrent garantir les plantes les

plus délicates de l'action du froid car il rue paraissait im-

possible qu'une natte mince ou tel autre abri aussi léger

pût les empêcher d'acquérir la température de l'atmosphère,

la seule qui me semblât devoir leur nuire; mais lorsque j'eus

découvert que les corps placés à la surface de la terre de-

viennent plus froids que l'atmosphère, dans dts nuits calmes

et sereines, en rayonnant lcur chaleur vers le cief je sentis

aussitôt l'importance d'une pratique qui jusque là m'avait

semblé inutile i>.

Pour acquérir toutefois des notions exactes à ce sujet, M,

Wells fixa dans le sol, et aux quatre angks d'un earré de 2

pieds de côté, quatre piquets minces qui s'élevaient perpen-

diculairement de 6 pouces II attacha ensuite au bout des

piquets les quatre angles d'un mouchoir de batiste très-fin,

et reconnut que la température du gazon était toujours un

peu plus élevée dans la partie abritée par cet écran léger

que sur les portions voisines et tout-à-fait à découvert, du

moins lorsque celles-ci étaient plus froides que l'air. Une fois

Page 141: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉÎ1IC4LM.

il trouva que l'herbe recouverte était de 6°,i centigrades plus

chaude que l'autre, c'est-à-dire que l'herbe à ciel découvert

ce qui suffit pour expliquer l'utiUlé des abris.

Un abri d'une certaine. nature garantit également bien le

sol à quelque hauteur qu'il soit placé, si ses dimensions va-

rient avec l'éloignement de manière à intercepter toujours

la même étendue du ciel. Tl faut cependant éviter le contact.

Le gazon sur lequel reposait une pièce de toile était parfois

de 2°, centigrades plus froid que l'herbe garantie par un

écran tout pareil mais soutenu à la hauteur de quelques

pouces.

Un mouchoir ayant été tendu verticalement sur un pré à

l'aide de deux bâtons, on observa qu'un thermomètre sur

l'herbe, au pied du mouchoir, du coté du vent, marquait jus-

qu'à 3°,3 centigrades de plus qu'un thermomètre voisin mais

qui ne correspondait pas au mouchoir. Cette expérience montre

que les murs des espaliers garantissent tes plantes qui les

touchent, non-seulement, ainsi qu'on les suppose générale-

ment, en leur distribuant la nuit la chaleur qu'ils ont reçue

le jour et en arrêtant mécaniquement les vents froids, mais

encore en prévenant en partie la perte de calorique que les

plantes auraient éprouvée par leur rayonnement, si le mur

ne leur avait pas caché une grande portion du ciel.

La neige garantit, comme on sait les plantes qu'elle

recouvre pendant l'hiver, des effets du froid de l'atmosphère.

On doit ajouter d'après les recherches de M. Wells qu'elle

prévient, et ce n'est pas un de ses moindres avantages, ce

rayonnement vers le ciel qui par des nuits calmes et

sereines, donne aux corps terrestres une température de

plusieurs degrés inférieure à celle de l'air.

Pline, Plutarque et d'autres anciens auteurs attribuaient

à la lumière de la lune la propriété d'aeccélérer la putréfactiondes substances animales Ce qui a pu donner quelque crédit

à cette opinion, c'est que lorsque la lune brille, le ciel est

serein; en sorte que les substances animales exposées à l'air

doivent se charger d'une grande quantité de rosée et se

Page 142: Medecine pratique.pdf

JÎTAT PRESENT

trouver, pendant la chaleur du lendemain, dans les cir-

constances où la putréfaction se développe le plus aisément*

La formation artificielle de la glace ait Bengale, pendant

la nuit et par des températures supérieures à zéro, est le

dernier fait auquel M. Wells applique sa théorie. Suivant sir

R. Barker, lesfabricans de glace pratiquent, dans une plaine

découverte, des excavations carrées de 3o pieds de côté et

de deux pieds de profondeur. Ils couvrent le fond jusqu'àune épaisseur de 8 à i* pouces de cannes à sucre ou de

tiges de maïs; ensuite ilsplacent

sur cette couche des files

de petites terrines non vernissées épaisses de 1/4 de pouce,

profundes de r pouce 1/4 et remplies 'rf'eaa douce bouillie (\)

Les parois de ces vases sont assez poreuses pour que l'eau

suinte légèrement à travers, M Barker nous apprend que

les nuits calmes et sereines sont celles où l'opération réussit

le mieux; que les nuages et les changemens de vent empêchent

souvent la formation ,dc la glace, et enfin que si on s'en

procure assez aisément par ce procédé pendant l'hiver, il

est très-rare ait contraire, d'en trouver dans cescontrées

qui se soit produite naturellement.

D'autres détails ont été fournis par M. "Wïllams et insérés

dans le LXXXIIÏ.e volume des Transactions philosophiques

{1) Ne pas nWtcr comme* M Maurice l'a

remarqué, du passage suivant de Pline l'ancien que les Romains

n'étaient Pas étrangers aux procédés qui servent à transformer

l'eau en glace? Nous empruntons la traduction de M. Gueroult

( Voy. Morceaux choisis etc. première édition p;ige 2o3).

II y a aussi des eaux privilégiées et l'argent a au mettre

des distinctions même entre les élémem de la nature. Les

uns boivent de la neige et les autres de la Le fléau

des montagnes est devenu une jouissance pour la sensualité. On

conserve la glace pour les feux (le l'été.yOn a le secret de faire

gê!er( din-rir ) la neige dans les mois les plus hrûlans. D'antres

font bouillir l'eau pour la transformer en glace nn moment

après. Nulle chose ne plait à l'homme comme elle plaît à la

nutura etc. »

Page 143: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MKD1CALÏS.

La Manufacture qu'il a décrite emploie trois cents personnes,

a été formée par spéculation et doit conséquemment avoir

adopté la meilleure, méthode. Un terrain assez bien nivelé et

d'environ 4 acres, est divisé en carrés de 4 à 5..pieds de

côte entourés d'un petit rebord de terre de 4 ou 5 pouce*

de hauteur. Dans ces compartimens, couverts de paille ordi-

naire ou de cannes à sucre séches, on place autaut de ter-

rines larges profondes, non vernissées etremplies

d'eau de

puits non bouillie qu'ils peuvent en contenir, II ne se pro-

duit généralement, beaucoup de glace que quand l'air est

calme le vent empêche tout-à- fait la congélation d'avoir lieu.

Un thermomètre placé sur la paille, entre les terrines, ne

fut jamais pendant les expériences de M. Williams au-

dessous de -j- i°,7 centigrades. Une fois môme l'eau était

gelée dans les vases quoique le thermomètre sur la paille

marquât -j- 5°,G.

Sir R. Barker, M. Williams et tous les auteurs qui ont

parlé de ce moyen artificiel de faire de la glace au Bengale,

l'expliquent par le froid que produit J'évaporation. lfl. Wells

ne partage pas cette opinion. Il remarque, t que le vent

qui favorise tant l'évaporation, est, d'après le propre témoi-

gnage de Barker et Williams, un obstacle à la production

de la glace i.° que les nuits où celle-ci se forme en grandes

quantités sont quelquefois abondantes en rosée, et qu'il im-

plique contradiction de supposer d'une part qu'une portion de

l'air est sur-saturée et dépose de l'humidité, taudis que de

l'autre, la portion voisine viendrait se charger d'une partie de

l'eau contenue dans les vases 3.° que si la paille est humide,

l'opération ne réussit pas ce qui lie saurait s'expliquer dans

le système qu'il réfute, 4-° qu'en admettant que l'évapora-

tion suffise pour produire la première lame de glace dont

l'eau se recouvre, on ne concevrait guère comment ensuite

elle augmente d'épaisseur puisque ï'évaporaûon par les

parois doit être empêchée par la couche de graisse dont

suivant M. Williams lui-même les vases sont enduits inté-

rieurement» etc. etc.

Page 144: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

Apres avoir montré que l'évaporation doit avoir peu

d'influence sur la formation de la glace dans les méthodes

suivies au Bengale M. AVells expose les raisons qui le porte lit

à supposer que l'effet dépend du rayonnement du calorique

vers le ciel.

Or, il rappelle que c'est précisément là la cause laquelle

on doit l'abaissement de température irès-sensible qu'éprouvent

quelquefois les corps à la surface de la terre; que l'eau,

d après M. Leslie, a un pouvoir rayonnait supérieur peut-

être à celui de toutes les autres substances connues en sorte

qu'il est facile de concevoir comment elle peut descendre de

10 à i2° centigrades au dessous de la température de l'air

environnant; et enfin que les mêmes causes (les vents et les

nuages) qui font cesser le rayonnement nocturne, empêchent

aussi la production de la glace. Du reste, pour lever toute

espèce de doute à cet égard l'auteur essaya de faire geler

de l'eau à Londres même par des lempératures plus ou

moins élevées au dessus de zéro, et en suivant la méthode

des Indiens.

Dans un premier essai et en imitant le procédé décrit par

sir R. Barker de l'eau douce bouillie contenue dans des

vases de terre vernissés ou non, placés sur une couche de

paille sèche au fond d'une excavation longue de 4 pieds, et

profonde de 2, se gela, quoique la température de l'air à

a ifi au dessus du sol fût alors de -fa0, 5. L'eau contenue

dans un verre de montre sur le gazon se gela plutôt encore

et avant que l'air à 4 pieds du sol fût descendu à -f- o.

En suivant la méthode de M. Williams l'auteur obtint

des résultais analogues.

Une troisième expérirnee prouva enfin due l'eau peut geler

dans certaines circonstances, à une température supérieure

à zéro et sans rien perdre de son poids, comme cela devrait

être cependant si l'évaporation était la véritable cause de

se phénomène.

Deux onces d'eau à -J- i°, i centigrade furent versés dan»

une soucoupe de porcelaine dont la température était aussi

Page 145: Medecine pratique.pdf

HKS SCIENCES MÉDICALES.

supérieure à zéro. Cette soucoupe fut placée en plein air

par un temps calme et serein, et sur un lit de paille sèche;

l'eau qu'elle contenait gela dans la nuit et son poids, néan-

moins, s'accrut de 3 grains environ.

Détails historiques. Maintenant que nous avons parcouru

les trois sections dont se compose le traité du docteur Wells

il ne nous reste plus qu'à présenter un aperçu historique des

opinionset des expériences auxquelles le phénomène de la

rosée avait donné lieu jusqu'ici, tant parmi les modernes que

chez les anciens; il nous suffira pour cela de réunir les cita-

tions Wells a faites lui-même dans divers paragraphes

de son intéressant ouvrage et d'y joindre quelques détails

qui lui ont échappé.

Aristote avait déjà parfaitement remarqué, dans son Traité

des Météores que la rosée ne se dépose que pendant les

nuits calmes et sereines. Ce fait, qui se rattache très -bien,

comme on a pu le voir plus haut, à la théorie du docteur

Wells a toutefois été révoqué en doute par quelques phy-

siciens modernes. Musschenbroek par exemple dit qu'en

Hollande la rosée se montre en abondance alors même que les

couches inférieures de l'atmosphère sont chargées d'un épais

brouillard mais comme il ajoute en même temps; que dans

ces circonstances on en trouve aussi bien sur les mélaax

que sur les autres corps, il s'en suit que cette espèce d'hu-

midité n'était pas de la rosée proprement dite. Quant au

calme de l'atmosphère, M. Prieur le croyait si peu nécessaire

qu'il affirme (Journal de l'Ecole Polytechnique, tom. II, p. 4°9)-

«. Qu'un vent, venant toujours du côté du soleil, accompagne

constamment cette précipitation d'eau » mais une telle opi-

nion n'est guère soutenable, sur-tout si l'on remarque quela rosée se précipite sans interruption depuis

le coucher jus-

qu'au lever du soleil.

On doit aussi faire honneur à Aristote (Meteor. liv. Ler,

C. X) de l'observation que la rosée est moins abondante

sur les montagnes que dans les plaines, et de l'opinion géné-

ralement admise maintenant parmi les physiciens que la

Page 146: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRïSKST

gelée blanche se dépose d'abord sous la forme de rosée pro-

prement' dite, et n'est gelée qu'après. Si l'on ajoute à cela

qu'il avait reconnu que tel vent qui produit un certain effet

dans une totalité particulière, peut avoir un effet tout con-

traire dans un autre lieu nous aurons rappelé toutes les

notions positives que les anciens nous ont transmises sur, les

phénomènes de la rosée.

Suivant Aristote, la rosée est une espèce particulière de

pluie qui sa forme dans les couches inférieures de l'atmos-

phère, aussitôt que le froid de la nuit a condensé en petites

gouttelettes les vapeurs aqueuses qu'elles contenaient. Telle est

aussi à très-peu près l'explication qu'en donne en passant

M. Leslie dans son ouvrage On Heatand Moislure pag. i3a

L'existence des courans qui mêlent sans cesse les couches

supérieures et froides de l'atmosphère aux couches inférieures

esttrop bien démontrée pour qu'il ne soit pas permis de

supposer que ce mélange peut quelquefois donner naissance

à la précipitation d'une petite quantité de vapeurs inais un

tel effet, s'il existe, sur-tout par un ciel serein, ne saurait

être que très-léger. On voit d'ailleurs qu'en admettant que

la totalité de la rosée tombe à la manière de la pluie, on ne

pourrait expliquer ni comment un flocon de laine placé

verticalement sous un écran devient humide, ni comment

les métaux exposés en plein air ne le deviennent pas.

L'observation que les cloches de verre avec lesquelles les

jardiniers recouvrent les plantes pendant la nuit sont le

matin d'après, tapissées d'humidité en dedans, avait fait sup-

poser que la rosée s'élève de la terre (i). On trouve les pre-

mières traces de ce système dans YHistoire de V Académie pour

1687. Gcrstcn publia en 17^3 une dissertation dans laquelle

En parlant de ce systùcne dans YHistoire de V Académie pour

1736, Fontenelle disait: En physique, dés qu'une chose peutêtre de deux façons, elle est ordinairement de celle qui est la

plus contraire aux apparences ». Ce serait je crois, se hasarder

un peu que de prendre ce principe k la lettre.

Page 147: Medecine pratique.pdf

DES SCINICHS MÉOICACES.

T. IV de /ai.e sér. ,cah. de Jan. et Fé:: 1819. 10

ilprétendit prouver par un grand nombre d'expériences que

telle est en effet l'unique origine de l'humidité qui pendant

un temps serein, se dépose à ]à surface des corps. Muss-

chenhroek avait d'abord embrassé l'opinion de Gersten; mais

il admit ensuite qu'il existe trois espèces de rosée: l'une,

suivant lui, plus dense que les autres, s'êlt>ve des lacs, des

rivières, des marais;,une seconde sort des plaates ei de la

terre; et une troisième tombe d'en haut. Dufay chercha, en

17^6 à faire revire dans son entier, le système du physi-

cien allemand. Plusieurs auteurs plus modernes l'ont égale-

ment adopté (1). Il ne sera donc pas inutile de rapporter

ici quelques traits de l'examen que M. Wells en a fait.

On ne manquera pas d'abord de remarquer que l'expé-

rience de la cloche renversée, en la supposant exacte, prouve

seulement que les vapeurs terrestres peuvent donner une

certaine quantité de rosée et non pas qu'elles en sont Tunique

cause. Dufay puisait son principal argument dans l'observa-

tion qu'il avait fait que la rosée se montre d'autant plus

vite sur les corps qu'ils sont placés plus près de la terre; mais

ce fait s'explique tout naturellement d'après la théorie du

docteur Wells car, dans une nuit calme et sereine, les couches

inférieures de l'air étant généralement plus froides que les

couches plus élevées arriveront plutôt que celles-ci au degré.

de température où elles abandonnent une partie de leur

humidité. On pourrait ajouter, s'il était nécessaire, qu'un

flocon.de laine placé sur le milieu d'uneplanche

horizontale

et élevée, et garanti par conséquent de tout courant de

vapeur ascendante se charge néanmoins d'une plus grande

quantité d'humidité qu'un flocon pareil suspendu librement

dans l'air à la même hauteur. Du reste, s'il est très-facile de

montrer que la rosée n'est pas due en totalltc aux vapeurs

terrestres, on n'aurait plus de peine à déterminer pour

combien elles contribuent en général à sa formation quoique

(1) f-roj'ec par exemple Ment, of American Academy, vol. III.

Page 148: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PJÎKSKWT

tout porte à croire que ce doit être pour une proportion

assez faible.

Les recherches que firent Mussehenbroet et Dufay à l'oc-

cassion du système de Gersten ne furent cependant pas tout-

à-faït infructueuses le premier découvrit que les métaux,

ne se couvrent pas de rosée le second confirma cette cu-

rieuse remarque par des observations variées. 11 prouva en-

suite, contre l'opinion commune que le serein du soir et

la rosée du matin ne sont qu'un seul et même phénomène

et que l'humidité se précipite en quantités à-peu-près égales

à toutes les heures de la nuit.

Les facultés inégales de rayonnement dont sont doués les

corps de différentes natures n'étaient pas encore connues

du temps de Dufay; les métaux présentaient donc alors un

fait isolé et dont la cause était entièrement ignorée aussi

ce physicien se contenta-t-il d'ajouter à ses observations,

seulement à titre de rapprochement que les corps ( les

métaux) que la rosée ne mouille pas, sont précisément ceux

dans lesquels le frottement ne développe pas d'électricité (i).

Pour faire sentir l'inexactitude des syslèmes qu'on a bâtis

sur cette remarque j'ajouterai d'après M. Wells que le

charbon qui comme on sait conduit très-bien l'électricité,

a néanmoins la propriété d'attirer abondamment la rosée.

Suivant Mussclienbroek, l'humidité qu'on observe sur les

feuilles des plantes provient de leur propre transpiration la

(1) M. Wells s'est trompé, ce me semble en attribuant à

Dufay l'opinion que la rosée est un phénomène électrique; car

ce physicien dit positivement, page 368 de son mémoire Sus

pi étendre encore rien inférer du rapport que je vais faire remar-

quer, » et il mentionne seulement alors la grande conductibilité

des métaux pour l'électricité. Plus bas après avoir rappelé que

les métaux sont les seuls corps qui ne deviennent pas phospho-

lescens il ajoutete J'avoue que je suis bien éloigné de voir le

rapport qu'il peut y avoir entre des propriétés si différentes mais

aussi je ne voudrais pas nier qu'il n'y en eût ».

Page 149: Medecine pratique.pdf

<« SCTEIfCEi MuLmiALES.

preuve qu'il en donne est la suivante. Un pavot dont la Lige

passait au travers d'une petite ouverture pratiquée dans une

large plaque de plomb, fut recouvert le soir d'une cloche de

verre; le lendemain matin les feuilles étaient chargées d'hu-

midité, quoiqu'à l'aide de la disposition précédente et du

lut qui bouchait le trou, elles eussent été privées de toute

communication avec le sol et l'air extérieur.

En examinant attentivement cette expérience, on voit que

ce qu'il est permis d'en conclure c'est que les sucs qui

transsudent par les vaisseaux excrétoires des végétaux peuvent

entrer pour quelque chose dans la formation de la rosée;

niais on ne saurait assimiler la quantité de liquide qui se

montre en vaisseaux clos dans une atmosphère qui est bien-

tôt saturée d'humidité et lorsque la plante est garantie du

refroidissement nocturne à celle qui se serait développée et

maintenue sur chaque feuille en plein air. Les nombreuses

expériences que M. Wells a faites sur la quantité de rosée

dont se chargent des substances mortes, telles que la laine i

le duvet de cygne, le verre, etc., montrent d'ailleurs suf-

fisamment que la transpiration des plantes ne doit jouer dans

le phénomène qui nous occupe qu'un rôle très-seconda ire (i).

Les dispositions qu'affectent les gouttes de rosée sur les

feuilles ds quelques plantes ont été aussi présentées par Muss-

cbenbroek et d'autres physiciens comme une preuve que ce fluide

est du aux sucs qui s'échappent par les vaisseaux excrétoires.

« De là vient dit-on, que les gouttes de cène rosée diffèrent t

entr'elles en grandeur et en quantité et occupent différentes

places, suivant la structure, le diamtre la quantité et la si-

tuation de ces vaisseaux excrétoires tantôt on les voit rassem-

blées proche de la tige où commence feuille comme dans les

choux et les pavots; une autre fois elles se tiennent sur le con-

tour des feuilles et sur toutes les éminences comme cela se remar-

que sur-ïout dans le cresson d'Inde. Elles se trouvent aussi assez

souvent au sommet de la feuille, comme dans l'herbe des prés.

On ne saurait trouver deux plantes de différentesespèces sur

lesquelles la rosée soit disposée de la même manière », {Afnfit.

Page 150: Medecine pratique.pdf

JETAT Ï»RÉS£KT

Parmi tous les physiciens qui, avant 31. Wells avaient

recherché les causes de la rosée, Le Roy de Montpellier nous

semble être un de ceux qui s'étaient le plus rapprochés du but.

Après avoir développé, par exemple, les raisons qui le

portaient à considérer les vapeurs qui, la nuit, s'élèvent de

la terre comme une des causes de la rosée, il ajoute (i)

« Les herbes ou les verres exposés à cette vapeur se refroi-

dissent pendant la nuit autant que l'air, et par conséquent

beaucoup plus que la terre, de sorte que la vapeur qui

s'en élève peut s'arrêter sur ces corps sans être dissipée à

mesure ». Le seul changement qu'il faudrait faire aujourd'hui

à ce paragraphe pour le rendre parfaitement exact, serait

d'ajouter que la température du verre, non-seulement devient

plus froide que eelle de la terre mais encore qu'elle s'abaisse

au-dessous de la température de la couche d'air dans la-

quelle il est plongé. Quant à l'humidité qui vient directe-

ment de l'atmosphère, M. Le Roy l'explique moins heureu-

chenbroeh tome III, § a3^5 Le Roy de Montpellier a déjà,

remarqué que si par exemple on trouve ordinairement une

quantité considérable de rosée à l'aisselle des feuilles de choux-

fleurs, prèsde la tige c'est qu'elle s'y amasse à raison de la

déclivité; et en effet lorsqu'on les secoue légèrement on voit

toutes les gouttelettes répandues sur la superficie se réunir et

rouler ensuite vers la naissance de la feuille. On pourrait d'autant

moins attribuer le pliénom»iu! des vaisseaux excrétoires par-

ticuliers, que lorsque le cl ou-fleur est avancé et;que la feuille a

prisuae autre forme la EosJe, au lieu d'aller vers les aisselles,

se porte sur ses bords et s'y amasse en grosses gouttes sur les

petites éminences dont ce bord est couvert. En combinant des

considérations de ce genre avec la remarque du D.r Wells, que

les partiessaillantes des corps, comme ayant moins de masse, 1

doivent te refroidir le plus, on expliquera fort simplement tous

ces effets, et sans qu'il soit nécessaire ainsi que l'ont fait quel-

ques botanistes, de faire jouer ici le r6leprincipal à la parue

quantité de sucs qui transsudent par les vaisseaux excrétoires,

(i) Mémoires de l'Académie \-jSi page iog.

Page 151: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

sèment, puisque, suivant lui, c'est toujours le refroidisse-

ment préalable de l'air qui en détermine la précipitation.

La critique que ce physicien a faite des systèmes de Gerslen

Musschenbrock et Dufay, est d'ailleurs extrêmement judi-

cieuse, et diffère à peine de celle qu'on lit dans l'ouvrage

du D r Wells. On trouve encore dans le mémoire de M.

Le Roy cette observation, dont l'auteur anglais a vérifié de-

puis l'exactitude que l'air est quelquefois tellement près du

terme de la saturation, que, par un temps serein et en plein

jour, il dépose de l'eau sur les plantes qui sont garantiesdes rayons du soleil.

Ce serait ici le lieu de rapporter quelques phénomènes cu-

rieus découverts par Bénédict Prevost, et pour l'explication

desquels le savant docteur Young d'abord et M. Pierre

Prevost de Genève ensuite avaient eu déjà recours aux prin-

cipes du rayonnement; mais l'étendue que cet extrait a déjà

acquise nous permettra seulement de les rappeler.

Les observations de M. B. Prevost sont relatives à l'in-

fluence que des armures métalliques exercent sur la quan_

tité de rosée qui se dépose sur les "vitres des appartemens.

Tout le monde sait que lorsque l'air extérieur se refroidit la

nuit,les vitres des fenêtres se couvrent d'humidité intérieu-

rement, et qu'on observe tout le contraire si l'air du dehors

est devenu plus chaud que celui de la chambre mais collés

sur la face d'un des carreaux en dedans ou en dehors

une lame de métal poli si cette lame est du côté froid

il se déposera peu ou point d'humidité sur la partie de la

vitre en contact avec l'air chaud qui correspond à l'armure

métallique, tandis que le reste sera couvert de rosée comme

toul-à-l'beure. Si, au contraire, le miroir est placé du côté

chaud, l'humidité ne se montrera nulle part en plus grande

abondance que sur la portion de la vitre dont le contour

est déterminé par celui de l'armure. La liaison de ces phé-

nomènes avec les propriétés rayonnantes des métaux est trop

évidente pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter.

Qn a vu plus haut tout le parti que M. WclU a su tirep

Page 152: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

de ses observations thermométriques pour l'explication des

phénomènes de la rosée ce ne sera donc pas une digression

déplacée que de rapporter ici, et en terminant cet extrait,

quelques remarques analogues qui n'avaient pas échappé à

l'attention des physiciens.

On a remarqué de très-bonne heure, et avant même l'in-

vention des thermomètres que les nuits nuageuses sont

généralement moins froides que les nuits seieines f voyez,

par exemple, lord Bacon, Hisl. Nat. § 866); mais on n'a

cherché que fort tard à évaluer l'effet thermom étriqué que

l'apparition de quelques nuages peut occasionner. Dans un

mémoire qui fait partie des Transactions philosophiques pour

1771 le professeur A. Wilson rapporte qu'ayant suiri la

marche d'un thermomètre pendant une nuit d'Hiver qui fut

successivement et à plusieurs reprises claire et brumeuse, il

trouva qu'il montait constamment d'environ un degré Fahr.

(o°,55 centig. ) dans l'instant même où l'atmosphère s'obs-

curcissait, et qu'il revenait au point de départ lorsque les

brumes étaient dissipées. Suivant le fils du même physicien,

M. Patrick Wilson ( voy.. les Transactions d'EclinbitrghipoxLT

1 788 ) l'effet instantané des nuages sur un thermomètre sas-

pendu à l'air libre peut s'élever à 3° Fahr. (i°,7 centig.)

Tel est aussi, à très-peu près, le résultat obtenu par M.

Pictet en 1777 et publié pour la première fois en 1792

dans l'ouvrage de M. Prevost, où, par parenthèse le rayon-

nement du nuage se trouve déjà indique comme la cause

physique du phénomène; mais alors on n'avait pas encore

reconnu que ce rayonnement produit un effet plus intense

sur la terre que sur l'air.

Une particularité curieuse dont on doit la découverte à

M. l'ictet, c'est que, dans des nuits calmes et sereines, la

température, au lieu d'aller en diminuant à mesure qu'on

s'éloigne du sol, présente au contraire, du moins jusqu'à de

certaines hauteurs, une progression croissante (1). Un ther-

{ 1) L'explication du ce fait se trouve liée à la question du rayon-

Page 153: Medecine pratique.pdf

DES- SCIENCES MÉDICALES.

momètre à 5 pieds d'élévation marquait, toute la nuit, 2°,5

centigrades de moins qu'un instrument tout pareil qui était

suspendu au sommet d'un mât. vertical de 5o pieds. Deux

heures environ après le lever du soleil ou avant son coucher,

les deux insrrumens étaient d'accord vers midi le ther-

momètre près du sol marquait souvent 2°,5 centigrades de

plus que l'autre. Par un temps complètement couvert, ils

avaient tous les deux la même marche le jour et la nuit.

(f^oy. les Lettres de De hic à la Reine d'Angleterre, X. V, 1799.)

Ces observations de M. Pictet furent confirmées en 1788

par M. Six de Canterbury et répétées pendant une année

entière. Un thermomètre suspeudu dans un jardin, à y pieds

du sol, était, pendant la nuit et par un temps calme et

serein, de 5U à 6*" centigrades plus bas qu'un thermomètre

placé au sommet du clocher de la cathédrale de Canterbury,

à aao pieds de hauteur. (Voy. Transaction philosophique

pour 1788, page, io3 et suivantes).

M. Pictet avait comparé dans ses expériences la tempéra-

ture observée à l'air libre à celle que marquait un thermo-

mètre dont la boule était ensevelie sous la surface du sol.

Comme la terre conserve pendant la nuit une partie de la

chaleur considérable qu'elle a acquise durant Le jour le

thermomètre enseveli était toujours de beaucoup supérieur

aux autres. Une remarque importante a échappé au physicien

Genevois c'est que la surface du sol et les plantes dont il est

recouvert acquièrent, sous un ciel serein, une température

inférieure à celle de l'air qui les baigne (1). M. Pictet parle

il est vrai, d'un thermomètre suspendu à quatre lignes de la

surface du terrain, et qui se tenait plus bas encore que le

nement de l'air, dont nous avons le projet de nous occuper avec

détail dans un des Cahiers prochains.

(1) Un thermomètre dont la boule était enterrée à 1 pouce

au-dessous de la surface du sol marquait quelquefois, suivant M.

Wells, jusqu'à So,9 centigrades de plus qu'un instrument pareil

placé sur -l'herbe et 5o,6 de plus qu'un thermomètre dans l'air.

Page 154: Medecine pratique.pdf

ETAT PUISENT

thermomètre à 5 pieds mais il ne dit nulle- part qu'il ait plaed

la boule d'un de ses înstnimcns sur un corps solide. Quand à

M. Six, il nous apprend positivement dans son mémoire (1 "88)

qu'un thermomètre sur le sol fupon the gronnd) ait milieu

d'une prairie se tenait plus bas qu'un thermomètre semblable

élevé de 6 pieds, On trouve dans un ouvrage posthume du

même auteur, publié à Canterbury en 1794? une multitude de

déterminations analogues, et qui donnent jusqu'à 7°,5 centig*

pour la différence de température entre l'air et l'herbe d'un

pré. Dans son premier mémoire Six attribuait le froid de

l'herbe i,° à la rosée dont elle est recouverte par un temps

serein, et qui aurait conservé, en tombant, la tempérai 11 re

des couches élevées de l'atmosphère où il supposait qu'elle

prenait naissance; 2.0 à l'évaporation. Dans l'ouvrage pos-*

thume il admet que le froid est la conséquence, de la forma-?

tion de la rosée Telle était aussi l'opinion que M- "Wilson avait

émise dans les Transac. d'Mdûiburgh pour 1788. La décou-

verte du docteur Wells consiste donc dans l'observation (1)

que ce savant a faite, et qui avait échappé à ses prédécesseurs,

que les corps, par un temps serein sont déjà plus froids que

l'air qui les baigne acant que la rosée ait mouillé leur su r^

face d'où il résulte que ce refroidissement est la cause et non

pas la conséquence de la formation de la rosée. On doit même

ajouter que la chaleur qui sedéveloppe lorsque la vapeur

aqueuse atmosphérique, passant de l'état fluide aériforme à

celui de liquide, } vient se déposer à la surface des corps, est

une des causes qui atténuent le plus les effets du refroidis^

sement nocturne. (Ann. de chua. et de phys. f\, 18H et suw.J

(^) On trouve dans un mémoire de Rumford, Traits, philos.18-4, ce P--s-g~ i, pal les1804, ce passage « N'est-ce pas par l'i.ctioji tles rayons friguri-.ii'jues ( ceux qui viennent Je l'espace) tjue noire globe est ennti-

~i~ i,li, i."l r,~u, les 1.ïjuellement reLoidi, et (ju'il conserve dans t(>us les chaleur que

température moyenne, malg.é l'immense quantité de chaleur que

les ~yo.8 lui c~it.les rayon» solaires lui communiquent journellement ?» M;iis cette

Ingénieuse conjecture n'y est appuyée ri'aurune observation ther-,

Tïifjniètntjue propre & indiquer le mode île rcfroidisseipeut,

Page 155: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

Extrait d'un mémoire sur la f acuité absorbante des veines;

par le M. docteur Mayer professeur il'anatomie à Berne.

IVon-seulement dans les temps où l'on n^ connaissait pas

encore les vaisseaux lymphatiques, mais même de nos jours,

plusieurs physiologistes ont enseigné que les veines possé-

daient uue force absorbante et même qu'elles absorbaient

le chyle. Hippocrate et Aristote ne parlent que d'une ma-

nière vague des veines lactées ou mésentériques et l'on est

peu certain, qu'ils aient connu les vaisseaux lymphatiques

du mésentère. Il est sûr du moins qu ils ne les ont pas

distingués des veines mésentériques Selon Galien, Erasisirate

découvrit le premier, dans les chèvres, les vaisseau* lactés,

Hérophile, en a aussi fait mention d'après Galien Salken-

bourg, Bilsius, Swaminerdam Harvey, Boerbaave, Mckel,

JYIenghiiù et d'autres physiologistes ont attribué aux veines

la faculté absorbante et plusieurs d'entr'eux pré'endaient

même avoir vu couler dans ces vaisseaux le chyle, et l'eau

qu'on avait injectée dans les intestins.

HunLer ( Medic. commentar. c. 5.J fondé sur ses propres

expériences combattit vivement cette théorie. Il injecta de

l'eau, du lait, de la teinture de tournesol, et du musc dans

le canal intestinal, et il ne put reconnaître la présence de

la moindre partie de ces substances dans le sang des veines

mésentériques quoiqu'il ait bien su les découvrir dans le

chyle des vaisseaux lactés.

Quoique la quantité absorbée dans ces expériences dût

être si petite, qu'il était presqu'impossihle de la reconnaître

dans un fluide d'une couleur aussi foncée que l'est le sang

veineux on leur ajouta foi et on combattît fortement

d'après Hunter, dans les svsiénvîs physiologiques l'opinion

de la force absorbante dos veines.

La. difficulté de reconnaître dans le sang les substances

injectées dans le canal alimentaire et qui y ont été absorbées,

fut un nouvel obstacle pour décider si les veines absorbent

pu non. Les physiologistesles plus distingués ne réussirent

Page 156: Medecine pratique.pdf

it\T PR1ÎSF.ET

pas à trouver dans le sang certaines subslances qui dévoient

y être portées par les organes de l'assimilation. Darwin t

"Wollaston et Marcet [Bibliothèque Britannique, tome 4& )

n'ont jamais retrouvé dans le sang les substances qu'ils ont

fait avaler, quoiqu'ils les aient reconnues dans l'urine.

On peut bien nous objecter que la furullé absordante des

veines est prouvée par Home et particulièrement par les der-

nières expériences qu'il a publiées. Après avoir lié le canal

tlioracbique il a retrouvé la rhubarbe dans le sérum du

sang- II nous parait bien difficile de reconnaître dans le

sérum une aussi petite quantité de rhubarbe que celle qui

doit avoir été absorbée par les veines dans cet essai car

ce sérum est par d'une couleur jaunâtre. Avoir

pu trouver la rhubarbe dans le sang, et n'en avoir reconnu

aucune trace dans le chyle où l'on aurait pu mieux la

reconnaître et où elle devait avoir été portée par l'absorp-

tion des vaisseaux lymphatiques > c'est-là à ce qu'il nous

semble un paradoxe.

Une autre preuve en faveur de l'opinion, que lesveines

absorbent, a été mise en avant par 1 ingénieux ftlagendic, t

et par Emmert mon célèbre prédécesseur actuellement pro-

fesseur d'anatomie à Tubingen c'est la promptitude avec

laquelle quelques poisons agissent sur les animaux elle est

trop grande pour que ces poisons puisent avoir passé par

les voies lypliatiqu.es et en second lieu que ces poisons

agissent lors même que le canal tlioracltique est lié. Magendîe

eu conclut qu'ils sont absorbés par les veines, et Emmert,

que les poisons pénètrent au travers des membranes des

vaisseaux sanguins. Mais, on peut encore supposer que les

poisons agissent immédiatement sur les nerfs, et par eux

sur le cerveaux et la moelle épinîère. Quelques poisons, par

exemple, l'huile essentielle de laurier-cérise (prunus lauto-

cerasusj agissent si instantanément qu'il est impossible

qu'ils aient passé par les voies de la circulation et qu'ils

aient été ainsi transmis au système nerveux on doit plutôt

supposer qu'ils agissent immédiatement sur les nerfs. 11 est

Page 157: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

vrai qu'on a supposé que le poison appliqué à la cuisse d'un

animal, n'agit nullement, quand on a lié dans l'expérience

les vaisseaux sanguins. Mais on doit réfléchir que les nerfs

sont paralysés, quand on lie les vaisseaux sanguins, et qu'ils

perdent la faculté de conduire le poison au centre du sys-

tème nerveux.

II ne nous paraît donc point encore prouvé que les veines

absorbent, et que d'autres fluides que le chyle entrent dans

le sang. Je crois pouvoir établir ces points intéressans de

physiologie par les résultats d'un assez grand nombre d'ex-

périences. J'ai injecté plusieurs fluides dans les poumons de

divers animaux, et je les ai cherchés dans le sang. Cette

méthode me semble la plus sûre pour éclaircir ces points

douteux.

L'expérience d'injecter des fluides dans la trachée artère

a été déjà tentée par Goodwyn j et après lui par AuLenrieth.

Le premier a injecté de l'eau dans la trachée artère des chats,

sans qu'ils en aient éprouvé de grandes incommodités. Au-

îenrieth et Schlaepler ont fait sur le corps animal de nom-

breuses expériences, qui ont eu pour lut de rechercher les

effets de plusieurs substances injectées dans les poumons,

( Vid. Dtssertatio inaitgu.ra.Us sistens ê.rpcrim. de effeclu li-

quidorurn quorumdam medicamentosorutn ad vias aëriferas

in corpus animale, auct. Schaepfer Tubingae prœs, Auten-

rieth, 181S). Mais, ils ont passé presque sous silence l'ab-

sorptionde ces substances dans les poumons mêmes. Der-

nièrement, les élèves vétérinaires de Lyun ont fait par Lasard

l'expérience d'injecter de l'eau dans les poumons du cheval,

et ils ont trouvé, que ces animaux ensupportent une quan-

tité considérable sans en éprouver des symptômes fâcheux-

( Voy. Gazette de sante ).

Je me suis occupé, depuis plusieurs années d'expériences

qui prouvent l'absoption dans les poumons. En 181a j'en

ai publié quelques-unes. ( Vid. Dtssertatio siitens experi-

menta quœdamin animalibus aqua suffocatis in$titutat Tubing.

1612 ). Depuis cette époque, j'ai fait plus de quatre-vingts

Page 158: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

expériences sur le même objet; j'en ai fait d'analogucs sur

l'absorption par les intestins et j'ai trouvé qu'elle est beau-

coup moindre que dans les poumons. J'ai fait ces expériences

sur divers animaux, sur des lapins, des chiens des chats

des chèvres, des héris'sons etc. Je les ai faites avec divers

fluides colorés; avec de L'infusion de curcuma, de rhubarbe,

de safran, d'indigo, de garance, etc. Je me suis fréquem-

ment servi d'un liquide composé d'un mélange d'indigo de

safran et d'eau. Enfin, j'ai employé des solutions de prus-

siate de potasse, de nitre, d'alun, d'acétate de plomb d e

iQuriate de fer, d'oxide d'arsenic, d'huile, etc. etc.

Voici les résultats sommaires de ces expériences

i. Les animaux supportent une quantité considérable de

liquide injecté dans les poumons sans en éprouver des symp-

tômes mortels. Les lapins peuvent supporter une dose de

quatre onces et demie d'eau dans vingt-quatre heures. Mais

ees injections doivent être faites par une ouverture pratiquée c

dans la trachée artère; car si on injecte ces fluides par le

larynx, ils exeilenl les symptômes de. suffocation les plus

graves, et l'animal y succombe souvent. La suspension de

la respiration pendant cette irritation des muscles du larynx

par l'injection, est l'unique cause de la mur t.

a. Les symptômes de suffocation qui naissent des injections

ne sont pas graves quand on injecte de l'eau pure; mais ils

le deviennent quand on prend des fluides gras, par exemple

de l'huile qui engorge les voies aériennes ou des solutions

chimiques, qui détruisant le parenchyme despoumons, em-

pêchent l'oxidation du sang et produisent des extravasations

de ce fluide et des imfla m mations dans les lobes des poumons.

3. Les fluides et les solutions injectés dans les poumons

sont absorbés plus ou moins promptement selon leur nature

et leur degré de concenlration.

4. Cette absorption est en général très -grande; mais

moindre chez les animaux jeunes et nouvellement nés que

chez les adultes.

5- L'absorption se fait par les veines pulmonaires, caj

Page 159: Medecine pratique.pdf

I>FS SCIENCES MÉDTCAXES.

elle a lieu dans l'intervale de trois minutes; on trouve dans

le sang les fluides injectés avant qu'on les aperçoive dans

le chyle, on les trouve dans l'oreillette et dans le ventricule

gauche du cœur long-temps avant qu'on en puisse voir la

moindre trace dans l'oreillette droite. Enfin l'absorption se

fait lors même qu'on lie le canal thorachique.

6. L'absorption se fait aussi par les vaisseauxlympha-

tiques, mais plus tard.

7. Les veines de l'estomac et des intestins absorbent aussi,

mais en beaucoup moins grande quantité.

8. On peut démontrer dans le sang l'existence des fluides

absorbés par les veines. On y reconnaît facilement le prus-

siate de potasse, le muriate de fer, l'arsenic, etc. On re-

trouve le prussiate de potasse, injecté dans les poumons

d'abord dans le sang artériel du cœur et des artères, puis

aussi, quand on continue l'injection, dans le sang veineux.

Le sulfate ou le muriate de fer mêlé avec le sang, produit

un précipité vert ou bleu:

o,. On trouve ces fluides en abondance dans l'urine de

la vessie et dans celle des reins. Le prussiate de potasse peut

y être reconnu sept minutes après l'injection.

10. Le prussiate de potasse est aussi déposé et même en

quantité notable dans le sérum du péricarde, de la plèvre

du péritoine; dans la synovie, sous la peau, et dans le lait.

11. Lorsqu'on a injecté du prussiate de potasse on petit

reconnaître cette substance au bout de quelques heures, non-

seulement dans les parties fluides, mais aussi dans plusieurs

parties solides. Plusieurs de ces parties devicnnent alors

vertes on bleues par le muriate de fer, savoir le tissu

cellulaire, sous la peau et dans tout le corps; la graisse »

les membranes séreuses et fibreuses. On pourrait teindre en

vert et en bleu par les solutions de fer toutes les aponé-

vroses des muscles les tendons et les ligamens latéraux et

intérieurs des articulations; par exemple, le ligament ronii

dans l'articulation ileo-fémorale les ligamens croisés dans

l'articulation fémoro-tibiale. On trouve dans le même état

Page 160: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

les autres parties du système fibreux c'est-à-dire la dure-

mère, le périoste et le péricarde etc.

12. Les membranes des artères et des veines, ainsi que

les valvules du cœur, peuvent étre entièrement colorées en

bleu. La valvule mitrale, dans le ventricule gauche, devient

seule bleue, quand on ne continue pas l'injection assez long-

temps.

13. Le parenchyme du foie et de la rate ne peut pas être

coloré en bleu, mais bien leur tissu cellulaire autour des

grands vaisseaux. Les poumons, le cœur et les reins peuvent

éire teints en bleu

14. Les glandes sécrétoires, par exemple, les glandes sa-

livaires, le pancréas, les mamelles deviennent bleues.

15. La substance des os, ainsi que la moelle, ne devient

pas bleue.

16. La substance des muscles ni celle des nerfs du

cerveau et de la moelle épimère, ne changent point de couleur,

par l'arrosement avec le muriatc de fer. Ces organes parais-

sent avoir une force répulsive, et exclusive au contact des

fluides étrangers à leur nutrition. On pourrait en conclure

que les opinions de plusieurs physiologistes, qui disent, que

les poisons agissent mortellement, quand ils sont portés sur

les parties du système nerveux, ne sont pas bien fondées, et

manquent des preuves directes.

17. Ces expériences, qui peuvent jeter quelque lumière

sur la sécrétion, le reproduction et la nutrition du corps,

m'ont aussi appris le passage des liquides de la mère dans

le fœtus. Les expériences avec le prussiate de potasse réus-

sissent très-bien. On peut reconnaître cette substance dans

l'eau de l'amnios, dans celle du chprion et de la vésicule

ombilicale, dans le liquide de l'estomac, dans plusieurs par-

tics solides du fceLiis par exemple, dans les reins, dans

l'estomac, etc., ainsi que dans le placenta. Quand on met

un fœtus, à la mère duquel on a donné le prussiate de po-

tasse, dans un mélange d'esprit-de-vin et de muriate de

fer, on le voit se teindre' en bleu. On acquiert ainsi la

Page 161: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICAT.ES.

preuvela

plussûre du

passagedes fluides de la mère au

fœtus preuve qu'onl'a vainement cherchée jusqu'ici dans

l'histoire de la physiologie. Les fluides entrés dans lesang

de la mère, sont déposés dans le tissu duplacenta,

et là

ils sont absorbéspar

les veines du foetus. fBibtioth. Univ.

cah. de Jtrn. i Si 8-^

Bibliographiede la France, pour

les' mois de Janvier et de

Février 1819.

40. Observationsphilsophiqucs

et critiques sur les lois de dé-

pendanceet les

principesdes phénomènes; suivies de diverses con-

sidérations sur la force motrice musculaire, et de la Théorie du

$aut parP. Mazon médecin in-8.0 de 3 feuilles un huitième.

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lequelon traite

méthodiquement des différens êtres de la nature considérés soit en

eux-mêmesd'après

l'état actuel de nos connaissances soit rela-

tivement à l'utilité qu'en peuventretirer la médecine, l'agricul-

ture, le commerce et les arts suivi d'uneBiographie

desplus

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Professeurs du Jardin du Roi

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Ecoles de Paris. Tome XI( Cas – Ctis), et

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Page 162: Medecine pratique.pdf

ÂTKT PRÉSENT

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N, colas Venette, docteur

enmtidecioe Nuuve'le édition, o. née de 1 a gravuresDeux volumes

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372- Théorie de labotanique

ou Exposition des

principesde la

classification naturelleet de l'art de décrire et

d'étudier L\tvégétaux; par M A.-P. de Oandolle. a?

édition

revue etaugmentre. ln-S.° de 3G feuilles un

quartA Paris, chez

Dsterville libraire.

576.Recueil de mémoires de médecine de chirurgie

et dr phar*

marie militaires faisant suite mt journal qui paraissaitsous le

même tit.e rédigésous la du conseil de santé, par

M Fonmier-Pescay*T. V, in 8.0 de

27feuilles

Imprim.de

M. me Huxard,à Pais {Dec. 1S18). ).

436. Tr.ité tlémeniaire de pharmacie théorique d'aprèsl'état

artuel de la chimie ouvrage spéciulfiraentconsacré à ceux

qui

se deitiiieut à létule de lapharmacie,

ainsi ru'aux éltves en

médecine etenclti.urgie qui rlnivent

passerleur troisième

examen,

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A Paris, chez I.. Colas,

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coptinué p.>rM.

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4(18.Triiité

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Saint-Giiles n.o ta, îiu marais. Iu-8.9 d'uue feuille, Iinpriuieria

de Eaudouin, k Paris.

Page 163: Medecine pratique.pdf

T.lVdelai."sér.,cah. de Mars et yàvriliSiCj. n c

PREMIÈRE PARTIE.

MÉMOIRES ET OBSERVATIONS

DE MÉDECINE- PRATIQUE.

Observations sur l'incertitude du pronostic dans

les maladies aiguës par M. Blaud médecin en

chef des hospices de la ville de Beaucaire.

Malgré les règles les plus sûres que nous trace

la séméiotique pour asseoir d'une manière solide

notre jugement sur l'issue desmaladiesaiguës; mal-

gréles

signes les plus certains qu'elle nous met à

même d'ap précicrpour nous faire éviter l'erreur en

prédisantla mort ou la guérison des malades, il ne

nous est pas toujours possible d'atteindre la vérité;

tant il est vraique,

même dans les choses qui sont

sous l'empire des sens, cet être mystérieux se dérobe

souvent aux yeux des hommes, au moment même

où ils croient le saisir, comme ces lumières trom-

peuseset fugitives qui brillent un moment dans

l'espace,et que l'on voit s'évanouir tout à

coup

pendant qu'on en suit le cours. Malheureux et

inévitable effet du breuvage d'ignorance, que

nous avons tous bu en entrant dans la vie! (j).

(l) K.EBHTOS eiIBAIOY niNAï. toaMym nphaaizz Es'voi »ii

Tspwvatlà -L; sçiv âuzn syw. ATiizri xa^Etrat yrçffiv

il Trâv-as Tûùç àvÔpwTrouçTrlavtiffa. Ena. TÎ Tcpârz&t àjTïj j1

toij;eiTTropsyo/svO'JÏ

si; tov|S(Ov

îrori^i tïj £ot-»7Ç $wj.y.u. – To jt«

Page 164: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

La nature dans les maladiesaiguës

marche

quelquefoissilencieusement dans des routes si

obscures, qu'elles échappentà l'œil le

plus péné-

trant et leplus exercé, et elle n'amène la ter-

minaison de l'affectionqu'à

l'aide de mouvemens

organiques intérieurs si profonds et si peu appa-

rens, qu'ilest

impossiblede les

distinguerlors-

qu'ilsse

développent.D'autres fois, la maladie

la plus grave se masque au-dehors sous les symp-

tômes lesplus légers,

on bien elle ne donne de

signescertains de sa nature, que lorsque

la vie

va s'éteindrepour toujours.

D'autresfois, au con-

traire, par l'influence de la constitution indivi-

duelle, ou par toute autre cause, l'affection la

plus bénigne produitles accidens les

plusalar-

mans, même pour l'homme de l'art le plus expé-

(?è ~i i~i fô îtOtÔv j iUây/; eyïj y.aî âyvoia.– EÏt«

tï–

ïllovzSÇ TQÙTQTtOpVJOVTXl 3£Ç TOV ^iOV. IIÔTiQÛV OUV TTCSVTÏÇ ïïî-

vQ'jctlv tdv îtIxvov v} Oy–

IlàvrEç nivoutriv êfv}' «iV otpsv

7tXeÏ0V OC (?£ ^TTOV

Tableau de Ceb}s le Théb;iin personnagesdu

Dialogue,des

étrangerset un vieillard «Mais, quelle eçt celle-ci (celte

femme assise à la porte de la première enceinte de la vie), lui

dîmes-nous?– On l'appelle la Fausseté, nousrépondit-il;

c'est elle

quiabuse tous les hommes. Que fait-elle lk ? Elle abreuve

selon sa volonté ceux tpii entrent dans la vie. Quel est donc le

breuvage qu'elle leur fiiit prendre?–

L'ignorance et l'erreur.

Ensuite, qu'arrive-t-il ? – Après avoir bu, ils entrent dans la vie.

MaiSj boivent-ils tons k cette sourced'égarement ? – Tous y

boivent, les unsplus,

les autres moins »

Ingénieuseet philosophique allégorie par laquelle ce disciple

duplus sage

des Grecs a voulu montrerque l'erreur est notre

partage,et que l'auteur de toutes choses a mis des bornes étroites

à notre entendement.

Page 165: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

rimenté. Enfin, il est des circonstances où, malgré

la gravitédu mal la nature et l'intensité des

symptômes qui le caractérisent, la puissance con-

servatrice qui veille sans cesse au-dedans de nous,

et dont les salutaires moyens nous sont si peu

connus, triompheà notre insu de tous les obs-

tacles, dément toutes nos prédictions, et met tout

à coup le malade en voie de guérison, au moment

même où tout semblait nous autoriser à déses-

pérer de sa vie.

Dans tous ces cas, où laséméiotique nous aban-

donne dans le chemin obscur et difficile du pro-

nostic, ou n'est plus pour nous qu'un' guide in-

fidèle, il est presque impossible de ne se point

égarer,et rarement arrive-t-on à une prédiction

certaine sur la terminaison heureuse ou malheu-

reuse de l'affection. Aussi, pour éviter de nous

compromettre,sommes-nous forcés de nous ren-

fermer dans un doute bien plus prudent, bien

plus philosophique, qu'une ignorante ou orgueil-

leuse témérité, et de ne donner, à ceuxqui nous

interrogentsur l'issue du mal que des

réponses

vagues,incertaines ou évasives.

Qui ne sait combien lapratique de l'art fournit

d'observations qui prouvent la vérité de ceque

nous venons de dire ? Et quel est le médecin qui

ne s'est pointvu trompé dans ses conjectures

pardes événemens inattendus? Tantôt le malade

meurt, lorsquerien n'annonce une issue funeste;

tantôt, au contraire, il guérit contre toute attente,

etlorsque

tout porte à prédire une malheureuse

Page 166: Medecine pratique.pdf

JJfCERTITCDE DU PRONOSTIC

terminaison. Il semble que la nature se joue de

toutes les combinaisons de nos idées et de tous

les jugemens de notre esprit; il semble qu'elle

veuille, dans nos pronostics favorables, mais im-

prudens,nous causer la honte d'avoir méconnu

les lésions morlelles dont elle était atteinte; et,

dans nos prédictions fâcheuses, mais fausses, nous

punir,en faisant éclater toute sa puissance, pour

ne nous être pas assez fiés à ses mystérieuses et

salutaires opérations.

Ces aberrations pathologiques n'avaient point

échappéau Père de la Médecine et il avait eu

souvent, sans doute, l'occasion de les observer,

puisqu'illes a consacrés, comme une loi

géné-

rale, dans ses aphorismes, et qu'il a cru devoir

ainsi donner un avertissement salutaire aux mé-

decins de tous les temps.« Twi/ e£swy yoaïi^arcûy r

nous dit-il, où iidi'^Tzxj zGyzkèîç al Trpo^ayooîûaiîs } ours

toi Qavâm'j ovts râ; vys!r,ç (i). Les prédictions sur

la mort ou la guérison dans les maladiesaiguës

ne sont pas toutes sûres ».

C'est là, ce nous semble, le vrai sens de cet

aphorisme, qui, interprété comme nous venons

de le faire se trouve d'accord avec l'expérience

des siècles. Cependant, Lefebvre de Villebrune a

cru devoir adopter une version toute contraire*;

voici sa traduction. a Les prédictions sontpresque

toutes sûres dans les maladies aiguës, sait pour

(1) IIIIIOKP. A*OPI2. IO'. TMHMAiEVTEPON Foës, Francof.

MDXÇK (Ilipp., Aph. 19, sect. n, etc.)

Page 167: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES ATGUFS.

la vie, soit pour la mort ([) ». C'est-à-dire, selon

lui, que rarement on peut se tromperdans les

jugemens qu'on a à porter sur l'issue des mala-

diesaiguës,

etque nos pronostics,

dans cette

classe d'affections, sont presque toujourscertains.

Mais ce nepeut être là le véritable sens du texte;

'où nduntaiàayzlkç,, signifie, littéralement, pasenliè'

rement sûres (les prédictions); et il est évident,

d'après ce qui se passe si souvent sous nos yeux,

qu'Hippocrate a voulu nous donner à entendre,

parces mots, qu'il

ne faut pas toujours se fier

aux signes qui servent ordinairement de base" au

pronostic dans les maladies aiguës; que ces signes

peuventêtre trompeurs; et que, par conséquent,

les prédictions que l'on fonde sur eux ou irâunav

àiyxtéîc,,ne sont pas toujours certaines, entière-

ment sûres, ne sontpas

sûres d'une manière abso-

lue, sans restriction, sans exception c'est-à-dire,

que l'on en voit quelquefois de fausses, malgré

l'évidence des signes sur lesquels on les a fondées.

Judicieuse et profonde remarque du plus grand

observateur de l'antiquité (2)

(1) OEuvres d'Hippocr., Aphor. Paris, 178G, Nous ne connais-

tons pas d'édition plus récente de cet ouvrage.

(a) Gardeil (Traduction des OEuvres d'Hippocrate Toulouse,

1801), nous paraît s'êrre écarté du texte, en disant que « dans les ma-

ladies aiguës les prédictions de vie ou de mort ne sont jamais bien

assurées 11.Il a donné, ce nous semble dans un excès contraire

à celui de Lefebvre de Villebrune et le x il s'en faut » du docteur

Pariset qui tend un peu vers l'exci-s de Gardeil n'est repré-

senté par rien dans le texte. De Mercy et Basquiïlon ont traduit

comme nous.

Page 168: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

Prouvons, par quelques cas particuliers, qu'elle

est puiséedans la nature, et déduite de l'obser-

vation rigoureuse des faits.

ART.' I.«r Observations où tout semblait autoriser

àprédire une

mort certaine, et où cependant

la guérisona eu lieu.

I." Oes. Mad.°" B âgée de seize ans, accouche

fort heureusement et à tel me. Trois jours après,

sans cause connue, les lochies coulant bien, et

les mamelles fournissant une sécrétion abondante,

frissons irréguliers suivis de chaleur, de fièvre,

de malaise d'anxiétés de douleurs contusives.

Le lendemain délire furieux, surdité et cécité

complètes,air égaré, loquacité; la fièvre est ar-

dente. – Même état jusqu'au i4.cjour. Alors, face

altérée, bippocratique; adynamie extrême; mem-

bres glacés; pouls pet jt, très-fréquent, très-faible

et à peine sensible On prédit une mort certaine.

Mais, au milieu de ces alarmans symptômes, la

malade accouche d'un fœtus peu développé pu-

tréfient bientôt le délire cesse, la chaleur revient,

le corps se ranime, le pouls se développe, l'ex-

pression de la face s'améliore, devient naturelle,

et, au bout de quelques jours, la santé est parfai-

tement rétablie (Obs. communiquée).

Réflexions.Cette maladie, et tous les symp-

tômes gravesdont elle s'accompagnait étaient

évidemment symptomatiques; et, si on avait eu

l'idée d'explorer la matrice, on aurait pu les faire

promptement disparaître par l'extraction ducorps

Page 169: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

-_u~ 1_~ -l- wT_ _·

étranger qui les produisait. Mais, qui jamais aurait

pu smpçonner l'existence d'une cause sisingu-

lière ? Et quel est le praticien qui, dans des cir-

constances siorageuses, aurait

pu s'empêcher de

prédirela mort?

Il.e Obs.Jacques Rubiés, âge

dequarante-deux

ans, d'une constitution grèle, ayant éprouvé déjà

quelques symptômes d'hypocondrie,venait d'être

guéri, par l'application d'un vésicatoire sur la

partie postérieure. et supérieure de la cuisse droite,

d'une névralgie fémoro-poplitée, dont il était at-

teint depuis six jours, lorsque, le 17 Décembre

1807,à

cinq heures du soir, il futpris,

sans

cause connue, d'unpeu de gêne dans la respi-

ration, sans toux, sans douleur de poitrine et

sans fièvre. A six heures, la difficulté de respirer

est plus considérable: application d'un vésicatoire

sur la partie interne de chaque cuisse potion

émétisée. La dyspnée acquiert une intensité nou-

velle et, à minuit, le malade est menacé de suf-

focation nouveau vésicatoire sur le côté gauche

du thorax. Même étatpendant

tout le reste de

la nuit. Le r8, à cinq heures du matin, nous

fûmes appelés en consultation, et nous obser-

vâmes ]es symptômessuivans Sens et fonctions

intellectuelles libres; angoisses, anxiété extrêmes;

face profondément altérée, pale, injectée; lèvres

livides; point de toux ni de douleurs dans le

thorax; respiration laborieuse, précipitée (60

inspirations par minute), râlante; inspiration

très-courte et très-difficile; sentiment d'une sorte

Page 170: Medecine pratique.pdf

IKCERTITUDE DU PRONOSTIC

de compression du thorax, comme produite par

un poids énorme, avec menace de suffocation

dilatation et resserrement alternatifs des narines

très-prononcés; poids très-fréquent (i/jo puisât,

par minute), plus pleinet

plus dur du côté

droitque

du côté gauche (organisation artérielle

locale particulière);éructations fréquentes; toute

l'habitude du corps inondée d'une sueur froide:

saignée de quatre à cinq onces, qui ne produit

aucun effet. Un large synapisme sur le sternum,

point d'amélioration un moxa sur l'épigastre;

potion antispasmodiqueles

symptômes redou-

blent de violence. A neuf heures du matin le

malade sembleprès

de rendre les dernierssoupirs:

face grippée, pâle, cadavéreuse; pouls si fréquent

et si faible, qu'on n'en peut compter les batte-

mens membres glacés; tout le corps couvert

d'une sueur froide et visqueuse. La respiration

est si précipitée,le râle si

prononcé, l'anxiété

si forte que nous nous éloignons promptement

de cette scène de douleur pour n'êtrepas té-

moin de la mort que nouscroyons certaine. Ce-

pendantla

puissance conservatrice développe

pendantnotre absence, ses merveilleux moyens,

et, à trois heures de l'après-midi, il survient un

peude calme; la respiration perd de sa

fréquence,

la face de sa pâleur. Cette améliorationaugmente

par degrés, et, à neuf heures du soir, le malade

respire assez aisément, et se trouve bien. La nuit

est assez bonne; sommeil paisible de plusieurs

heures; point de toux uid'expectoration. – Le 29

Page 171: Medecine pratique.pdf

DAMS LES MALADIES AIGUËS.

au matin surpris d'un changementsi heureux et

si inattendu, que nous apprimesparla voix publi-

que,nous fûmes voirie malade, et nous le trouvâ-

mes dans son état de santé ordinaire. La guérison

se soutint, et, depuis lors, point de récidives.

Réflexions. Quelle était la nafture de cette sin-

gulière affection ? On ne peut point la regarder

comme un accès d'asthme; car, i.° le malade n'en

avaitjamais éprouvé d'atteinte; et, dans cette

affection lespremières attaques

sont toujours lé-

gères, ou, du moins, elles n'ont jamais une aussi

grande intensité; a il il n'y eut ni toux, ni expecto-

ralion,soit pendant la maladie, soit sur scfn. déclin;

3." il n'y eut point de récidives, comme dans

l'asthme,qui ne se borne jamais à un seul accès.

Ce n'était point non plus une angine de poitrine,

puisqu'il n'y avait point de douleur thorachique.

Nous sommesportés

à croire qu'il y a eu ici une

sorte desuspension dans l'elïlux du principe qui

anime le système pulmonaireet

qui,comme l'a

prouvé Legallois réside dans lapartie

de la

moëlle allongée, d'oùpartent les nerfs pneumo-

gastriques et, d'après cette idée, nous appelle-

rions volontiers cette affection adynamie pulmo-

naire. Cette dénomination représente fidèlement,

ce nous semble, l'ensemble et la nature des symp-

tômes essentiels de la maladie. En effet, d'une

partles muscles inspirateurs étaient frappés

d'une sorte deparalysie, ce qui occasionnait au

malade ce sentiment de compression suffocante

qu'il éprouvait et, d'autre part lcs phéno-

Page 172: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

1.. 1 1 1..mènes chimiques de la respiration étaient pres-

qu'entièrement suspendus, comme l'attestaient

l'injection et la lividité de la face et des lèvres.

Quoi qu'il en soit, il demeurera toujours dé-

montréque, par

lagravité

dessymptômes, nous

étions autorisés àporter

leplus fâcheux pro-

nostic, et que, cependant, la nature a, contre toute

attente, rendu le malade à la vie.

III. f Ons. Anne Matheron, âgée de trente-deux

ans, d'une bonne constitution, accouche heureu-

sement et à terme, le 29 Décembre 1816. A huit

heures du soir, les lochies coulent peu dans la

nuit, convulsions épileptiques, à intervalles très-

rapprochés, avec trismus, lividité de la face, lèvres

écumeuses, etc.; perte de la mémoire après le

premier accès; suppression complète des lochies,

flaccidité des mamelles. – -Le3o, au matin, même

état. A to heures, perte du sentiment et du mou-

vement affection comateuse, entrecoupée, pen-

dant toute la journée et la nuit suivante, par des

mouvemens convulsifs. Le 3i, M. Paul, qui

donnait ses soins à la malade, nous fit appeler

en consultation; nous observâmes lessymptômes

suivans: expression de la face naturelle; point

de sentiment ni de mouvement; coma dont rien

ne peut retirer la malade; respiration paisible,

pouls fréquent ( 100 pulsat. par minute), plein,

développé; suppression des lochies; mamelles flas-

ques, et sans aucunsigne

de sécrétion laiteuse;

par intervalles, convulsions épileptiques dont la

durée est de 5 à 8 minutes; spasme dupharynx,

Page 173: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

déglutition impossible saignéede la jugulaire,

sangsues aux tempes vésicatoires aux jambes,

synapismessur

Vhjpogastreet sur les mamelles*

Point d'amélioration dans lessymptômes.

-Le

i .<"rJanvier, même état. Lepouls devient plus petit,

plus fréquent ( i3o), et plus faible; larespira-

tion est gênée; les convulsions reparaissent par

intervalles application d'un large vésicatoire sur

tout le cuir chevelu. – Le i état empiré; face

pâle, profondément altérée, grippée, cadavéreuse,

hippoca tique yeux ternes et fixes, pupilles insen-

sibles à la lumière; respiration stertorcuse, préci-

pitée (60 iusp. par minute); pouls petit, faible,

très-fréquent (i5o), irrégulier, inégalet inter-

mittent. Extrémités froides. Nous abandonnâmes

le malade, en prédisant une mort prochaine. Mais

quelle fut notre surprise le 4 lorsque nous

apprîmes quele 3 au matin, après la nuit la plus

orageuse, où les convulsions avaient été violentes

et presque continuelles, le râle avait diminué, et

puis cessé entièrement; que la respiration était

devenue, par degrés, paisible; que la face avait

reprissa couleur naturelle; que les convulsions

n'avaient plus reparu et que ce changement mer-

veilleux était survenu en même temps que les

mamelles s'étaient gonflées, et qu'un écoulement,

mucoso-séreux sanguinolent et très-considérable

s'était établi par la vulve.

Nous nous rendîmes auprès de la malade, tout

honteux de notre erreur et de notre fauxpro-

nostic, et nous la trouvâmes dans l'état suivant;

Page 174: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

face colorée; yeux largement ouverts; air étonné;

parole nulle cris aigus, lorsqu'on touchait les

régions irritées parles synapismes et le vésicatoire;

respiration un peu plus fréquente que dans l'état

ordinaire; pouls fort, biendéveloppé,

donnant

ioo pulsations par minute; mamelles gonflées,

dures, laissant échapper beaucoupde lait par la

pression; écoulement séro-muqueux et sangui-

nolent par la vulve eau d'orge acidulée – Le 5

rétablissement de la parole; mais la malade est

dans un délire furieux; on est obligé de lui arra-

cher son enfant, qu'elle voudrait déchirer; pouls,

120puis. par minute paroxysme

de chaleur le

soir.-Le 6, le délire et la fièvre diminuent. Cette

diminution va croissant jusqu'au ]'5, où tout est

dissipé. – Le 14 nous permîmesdes alimens, et

la guérison fut solide.

./?e/fe:rion.s.Dansuueaffectioiicérébrale si grave,

presque toujours mortelle, etparvenue

à la fin

de sa dernière période, était-il permis d'espérer

une heureuse terminaison? Et, à la vue de si

alarmans symptômes, ne devait-on pas croire

plutôtà une mort prochaine? Qui jamais se serait

imaginé, que, lorsque tout annonçait les derniers

momens de l'existence, la puissanceconservatrice

eût purétablir les fonctions (la sécrétion lai-

teuse et l'écoulement utérin) dont lasuppression

causait la maladie, et retenir ainsi un souffle de

vie tout prêt à s'exhaler?

IV.'Ors. Louise Benoît, âgée de sept ans, éprouva,

le 27 Septembre 1818, des frissons irréguliers,

Page 175: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

du malaise, des douleurs contusives dans les

membres, de l'anorexie, une céphalalgie frontale,

et une vive épigastralgie. Le soir, paroxysmede

'chaleur, fièvre forte. Le 28, même état; langue

sèche avec une bandelongitudinale rouge dans

son milieu; soif ardente. – Le 29, administration

d'un émétique, et, le 3o, d'un purgatif, malgré

ce sage précepte d'IIyppocrate« Hênovx yxopsarJÊiv,

yjxl y.ivhiv t pj w^à [Uioi kv àcyfisiv riv [à] tçf/z > zà tfe

Tikiïça o'jxorsyâ » (1). Le i.tr Octobre, symptômes

aggravés; épigastralgie violente;abdomen teiidu,

météorisé, douloureux au toucher; langue sèche

et brune délire et rêvasserie; paroxysme de cha-

leur le soir; soif excessive.Le a même état. – Le

3 pertede la parole, assoupissement, dents fuli-

gineuses, diarrhée fœtide. Le 4, yeux constam-

ment fermés, coma, rêvasserie, loquacité, sorte

de bredouillement continuel.-Le 5, nous fùmes

appelésen consultation et nous trouvâmes la

malade dans l'état suivant Coucher en supina-

tion, prostration extrême des forces, soubresauts

des tendons, tremblement des mains assoupis-

sement, délire, rêvasserie; yeuxà demi fermés,

ternes, langue sèche, couverte d'écailles brunes

dentsfuligineuses, respiration fréquente et sus-

pirieuse pouls petit, faible ettrès -fréquent

(i4o); abdomen tendu, gonflé, douloureux au

toucher; selles diarrhoïques brunes et très-féti-

( « Evacuez aprùs la coctîoo jamais avant, ni dans le com-

mencement d'une maladie, à moins qu'il n'y ait orgasme; mais,

le plus souvent il n'y a point orgasme ». Hipp. Aphor. 22, sect, i.

Page 176: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

des: vésicatoires aux jambes; eau d'orge acidulée

avec le sac de citron fomentations émolientes

sur le ventre. – Le 6, 7,8,9,même état, mêmes

remèdes. – Le 10, extrémités froides; face hippo-

cratique carphologie, déglutition impossible

pouls si fréquent et si faible qu'on ne peut

compter les battémens. Malgré les leçons de l'ex-

périence, l'état de cet enfant nous parut si grave

et si désespéré quenous l'abandonnâmes, en

annonçant une mort prochaine. Mais voici ce qui

arriva Louise Benoit resta, pour ainsi dire, le i 1

et le 12, entre la mort et la vie.-Le i/j, le délire

cessa; il ne resta qu'un léger assoupissement; point

deparoxysme

de chaleur le soir. – Le i5, retour

de la liberté dessens; amélioration générale. Nous

apprîmes,à notre grand étonnement, cet heu-

reux changementle 16, et nous trouvâmes la

malade dans l'état suivant: Expression de la face

naturelle; sens libres; langue humide et pres-

qu'entièrement dépouillée d'une couche brune

et épaisse, dont on voyait encore les restes sur

son tiers postérieur; pouls peu fréquent (ioo),

plein et assez développé; abdomen souple et in-

sensible au toucher; appétit.Nous

permîmesdes

alimens. – Le 18 la langue fut entièrement

nette; l'appétit se soutint.-Le 20, la fièvre cessa

le 26, état de santé ordinaire.

Réflexions. Nous ne doutons nullement qu'il n'y

ait eu ici unegastrite

et une entérite desplus

graves, exaspérées, dans le principe, par un éméti-

que et un purgatif inconsidérément administrés;

Page 177: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

aussi nous gardâmes-nousbien

d'employerune

méthode curative excitante. Mais comment des

symptômes si alarmans se dissipèrent-ils d'une

manière spontanée, pour ainsi dire, ou sous l'in-

fluence d'un traitement si peu actif?. 0 nature!

nature! que tes ressources sont infinies, lors, sur-

tout, quel'on ne s'oppose point à tes salutaires

efforts

V.c Obs. Le 8 Novembre 1818, Blaise Lafond

jeune paysan fort et vigoureux, âgéde quatorze

ans et demi, éprouva du malaise, des frissons

irréguliers, de la toux et un larmoiement, qui

firent croire, avec juste raison à l'incubation de

la rougeole (il régnait alors. une épidémie de

cette affection). La nuit, paroxysme de chaleur.

-Le g,vomissemens bilieux

spontanés, douleurs

vagues au thorax et à l'abdomeu, toux fréquente,

céphalalgie frontale. – Le io, même état; pouls

fréquent et bien développé. – Le n, au soir, grande

gênedans la respiration cou

enflé amygdales,

voile du palais et pharynx, rouges, enflammés,

douloureux lèvres livides pouls très-fréquent

et plein.La rougeole

commence à paraître; mais

la couleur de l'éruptionest livide huit

sangsues

au cou; synapismesà la plante des pieds; un

looeh pectoral. Délire toute la nuit.-Le la à 6

heures du matin, le gonflement du cou est dis-

sipé,l'inflammation de la

gorgea cessé, la déglu-

tition est libre mais la difficulté derespirer

est extrême; assoupissement, agitation état d'an-

goisse inexprimable.;face

hippocratique, lèvres

Page 178: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

livides; pouls petit, faible, très- fréquent,à

peine

sensible; toux nulle, point de douleurs dans le

thorax; corpscouvert de taches violacées, et extré-

mités froides. M. L. qui donnait ses soins au

malade, appliquedeuxvésicatoiresaux bras, deux

synapismes surles côtés de lapoitrine,et se retire

en annonçant nne mort certaine. A neuf heures,

il nous fit part de ce fait et dupronostic qu'il

avait cru devoir en porter. Nous le priâmes de

vouloir bien nous en rendre le témoin il ne

s'y décida qu'avec peine craignantde trouver

l'enfant mort, et ne voulant pas avoir le dou-

loureux spectacled'une famille désolée. Mais il

en fut tout autrement à notre arrivée nous le

trouvâmes dans un état de calmepresque parfait

la respiration était encore un peu gênée ( 3o,

insp. par minute); mais la face était bonne, les

lèvres étaient vermeilles; l'éruption cutanée avait

une belle couleur, l'assoupissement avait cessé;

la chaleur du corps était revenue; et lepouls,

pleinbien développé ne battait

que 1 20 fois

parminute. On nous dit

que cette amélioration

était survenuepar gradation, à 8 heures, au mo-

ment même où l'on croyait que l'enfant allait

rendrele dernier soupir. Dans l'après midi, assou-

pissement par intervalles, toux rare, expectora-

tion muqueuse;sommeil

paisible la nuit. – Le i3

au matin, état très-satisfaisant; pouls peu fré-

quent ( 100), plein, biendéveloppé; respiration

naturelle. La rougeolesuit son cours. Le 16,

tout est terminé, apyrexie, appétit guérison.

Page 179: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

T.1F délaisser., cah. de Marset.évril 1819. 12

Réflexions. Au début de la sur-excitation cu-

tanée, toute la force vitale se porta à la peau et

à la gorge, pour déterminer l'éruption de la rou-

geôle et la phlegmasiedu

pharynx quila com-

pliquait.Par ce transport, les poumons se trou-

vèrent jetés dans uneadynamie profonde qui

suspeudit presque complètement les phénomènes

chimiques de la respiration; ce qui rend raison

de la difficulté de respirer, et de la couleur livide

des taches de l'éruption, et des lèvres. Il. est évi-

dent que ces symptômesne

dépendaient point

de l'angine pharyngienne, comme onpourrait

le croire, car ils persistèrent etacquirent même

plus d'intensité après que cette dernière affection

se fut complètement dissipées ils ne pouvaient

donc provenir quede la

cause que nous indiquons.

Aussi vit-on, dès que l'éruption futachevée, l'équi-

libre des forces vitales se rétablir, larespiration

redevenir libre et parfaite, et tous les accidens,

occasionnés par la lésion de cette importante fonc-

tion, se dissiper complètement.

Telle est l'explication qui nous paraît laplus

naturelle de ce cas pathologique singulier. Mais,

an milieu desymptômes

sigraves, pouvait-on

prévoirune si heureuse terminaison ? Et n'était-

il pas permis, au contraire, de désespérer de la

vie du malade? Merveilleusepuissance de la

nature! Nepourrons-nous jamais reconnaître à

des signes certains, les ressorts secrets qu'elle fait

mouvoir pour dissiper ces scènesorageuses où

la mort est prèsde survenir? Et serons-nous sans

Page 180: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

cesse exposés à voir nos prédictions démenties!

Nous n'avons parlé jusqu'ici que des erreurs

relatives au pronostic fâcheux prouvons de

même, par les faits, queles

prédictions heureuses

ne sont pas moius incertaines.

II. AET.e Observations où tout semblait autoriser

à prédireune guàrison sûre, et où cependant les

malades ont succombé.

I.re Ons. Catherine Meissonnier, âgée de qua-

rante-huit ans, se mit dans l'eau, étant en sueur,

le 6 Août 18r2.

Le 8 au soir, malaise, douleurs contusives,

lassitude spontanée, frissons vagues et irréguliers

la malade s'alite. Peuaprès, chaleur, fièvre, dou-

leur vive au-dessous du sein droit et se propa-

geantà l'épaule du même côté; toux rare, sèche,

pénibleà cause de la douleur du thorax, qui en

prend plus d'intensité; respiration gênée', fré-

quente les longues inspirations sont très -dou-

loureuses. – Le 9, même état: deux saignées dans la

journée; boisson pectorale, looeh.– -Le io,les symp-

tômes persistentun

synapisme sur le côté dou-

loureux; il est remplacé le 1 1 parun vésicatoire.

Le 12 nous fùmes appelés en consultation. La

face était profondément altérée, pâle, jaunâtre,

avec une rougeurcirconscrite sur les

joues plus

prononcéedu côté gauche que'du côté droit (1);

(1) Ce qui prouve que la rougeur de l'une ou de l'autre joue,considérée comme indiquant le côté malade dans les irritations

du poumon est un signe infidèle.

Page 181: Medecine pratique.pdf

DANS T,ES MAtADIES AIGUES.,

la respirationétait fréquente et laborieuse (4o

insp. par minute), le thorax résonnait moins à

droite qu'à gauche; la toux était pénible, l'ex-

pectoration rare et muqueuse le pouls fréquent

( 120) faible et dépriméla chaleur de la peau

âcre et mordicante, la douleur du thorax très-vive:

application de huit sangsues sur le coté malade.

Le soir mieux sensible; respiration moins gênée,

douleur thorachiquemoins vive nous ajoutons

aux remèdes prescritsun

mélangede trois grains

d'opium cinq grainsde mercure doux et

quantité

suffisantede sucre, à prendre en trois doses, et.

de six en six heures. La i.re dose est administrée

à six heures du soir. La nuit est calme; l'amé-

lioration de la veillese soutient. – Le i3, à 4 heures

du matin, 2.e dose de la mixture. A 8 heures,

nous trouvons la malade dans un état de bien-

êtrepresque parfait; la face est bonne, la dou-

leur du côté n'est sensible que pendant la toux,

qui d'ailleurs est rare l'expectoration est plus

abondante, et présente quelques signes de coction;

la respirationest paisible et presque daus l'état

naturel ( 24 insp. par minute); lepouls seul con-

serve sa fréquence (128à

i3o); léger assoupisse-

ment. À 10 heures, 3." dose de la mixture opiacée;

état de calme tout le reste de la journée: l'expec-

toration est abondante, et du meilleuraspect, la

douleur du thorax est nulle, la respiration est

toujoursà a4- Le soir, la malade dit

qu'elle

se trouve très bien et témoigne le désir de

souper avec son mari, qui, dans cemoment prenait

Page 182: Medecine pratique.pdf

IHCEKTITtIDE DU PRONOSTIC

son repas auprès d'elle; ce qui ne lui fut point

permis. Nous portons le plus heureux pronostic.

Mais, au milieu de la nuit, nous fûmes appelés en

toute hâte et nous trouvâmes la malade dans les

angoissesdu râle, ayant

la face pâle et cadavéreuse,

lesyeux éteints, les extrémités froides, le pouls

très-fréquent ( 160 puis. par minute ), petit, faible

et à peine sensible vésicatoires aux cuisses, au

dos, etc. etc.; tout fut inutile. Cet état se prolon-

gea jusqu'au 14 au soir, où la mort survint.

Autopsie (faite 3G heures après).La

putréfaction

avait fait desprogrès rapides;

lapeau et les mus-

cles sous-cutanés étaient en pleine décomposition

poumondroit engorgé et dur dans son centre,

où il présentait,dans une assez grande étendue,

cette altération pathologique qu'on nomme hépa-

tisation plèvres costale et pulmonaire, unies par

des filamens celluleux, produits organisés d'une

ancienne pleurésie; tout le reste del'organisation

sain.

Réflexions. Si l'expression naturelle de la face,

le calme, de la respiration l'absence de la dou-

leur, l'abondance et la bonne qualité de la ma-

tière de l'expectoration, le peu de fréquence de

la toux, ne forment point, dans la péripneumo-

nie, un appareil de symptômes duplus heureux

augure,et si un seul des praticiens qui liront

cet écrit, dit, en lui-même, qu'il eut porté un

autre jugement que nous sur l'issue de la maladie,

nous avouerons que nous seuls sommes capables

d'une semblable erreur. Mais quelle a donc pu

Page 183: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AtGCES.

être la cause de ce calme trompeur quinous l'a

fait commettre, au moment même où la mort

était près de survenir? L'opium aurait-il masqué

la violence des symptômes, en calmant momen-

tanément les effets de la sur-excitation? Cela n'est

pas vraisemblable, car l'améliorationapparente

s'était déjà montrée avant l'emploi de ce médi-

cament, et peu aprèsla

saignée locale. D'ailleurs,

comment avec un poumon presqu'entièrement

hépatisé, la respiration aurait-elle pu devenir

paisible par l'influence de l'opium ? L'hépatisation

existait, sans doute, lorsque le calme survint;

car cette altération pathologique de la substance

pulmonaire ne put évidemment se développer

d'une manière subite dans la nuit qui précéda

la mort de la malade; unengorgement

si consi-

dérable n'est jamais le produitd'un moment, et

la marche de la nature, dans les casanalogues,

doit être une preuve favorable à notreopinion

dans celui-ci. Or, lorsqu'un si grand désordre

existe, un calmant, quel qu'il soit, peut-il en

suspendreles effets, et sur-tuut ceux relatifs aux

phénomènes mécaniques de la respiration, c'est-

à-dire, aux mouvemens du thorax, dont la fré-

quencese trouve toujours

enrapport

avec l'in-

tensité de la lésion de la fonctionpulmonaire?

Avouons doncque

ce qui a donné lieu à notre

erreur, est une de ces aberrations pathologiques

dont le mécanisme nous est inconnu.

II. Obs. l.e 5 Août 181 1 André Lautier, porte-

faix, âgéde quarante-cinq ans, d'une constitution

Page 184: Medecine pratique.pdf

ISCERTITtTDE DU PRONOSTIC

faible, vint, dans l'hospice confié à nos soins,

réclamer les secours de l'art, contre unepustule

maligne dont il était atteint depuis trois jours.

Le siégede la maladie était à la partie supérieure et

latérale du cou toutes les parties environnantes,

la face même et la région antérieure du thorax

étaient infiltrées, dures, rcnilentes, luisantes, et

de la couleurpâle qui caractérise ordinairement

cette espèce d'affection (i). Le pouls était petit,

fréquent, serré, peu développé;il

yavait une

pesanteur de tête considérable, des vertiges,des

nausées, des lypothimies fréquentes application

de la pierre à cautère, après avoir profondément

scarifiéla pustule; quinquina et camphre à l'in-

térieur, eaud'orge vineuse pour boisson ordi-

naire, Le 6 les progrès de la maladie sont ar-

rêtés. Le 7, la tuméfaction diminue, le tissu cel-

lulaire sous-cutané a perdu toute sa rénitence,

le poulsest calme et près de son rhythme

accou-

tumé la tète est libre, point de lipothymies;

les forces sontpresqu'entièrement rétablies. – Le

8, tout est dans l'état naturel le pouls, assez déve-

loppé, donne seulement 70 pulsations par minute;

il ne reste plus qu'une légère tuméfaction aux

environs de l'escarre, résultat de l'action du caus-

tique. Le malade se trouve bien, et demande des

alimens qu'on lui promet pour le lendemain.

(1) Nous disons ordinairement parce que nous avons vu plu-

«ieuis pustules malignes dans lesquelles peau était douloureuse

et rouge comme dans l'inflammation plilegmoneuse ce tulî tenait

probablement à la. constitution forto des sujets*

Page 185: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUES.

Nous pronostiquonsla plus heureuse issue. Dans

la nuit du 8 au 9,sans cause connue, délire

lipothymies fréquentes. – Le 9, au matin, nous

trouvons le malade avec les extrémités froides, le

pouls petit, très-fréquent,très-faible et à peine

sensible, la face altérée, pâle, cadavéreuse, hip-

pocratique peu d'instaus après,il rend les der-

nierssoupirs.'

JJautopsie ne putfaire découvrir aucune lésion

que l'on pût regarder comme la cause de cette

mort inattendue.

Réflexions. Une portion de la cause morbifique,

échappéeà l'action du caustique, avait-elle pé-

nétré dans l'intérieur ducorps

et atteint ensuite

dans sa source le principe de la vie ? Mais, com-

ment sonpassage

à travers lesorganes

ne fut-il

signalé par aucun symptôme etput-il coïncider,

au contraire, avec le bien-être où se trouva le

malade pendant les deux derniers jours? Est-ce

là la marche ordinaire d'une pustule malignemor-

telle ? Cependant ce n'est qu'ainsi que l'on peut

expliquerune issue si malheureuse et si

prompte,

lorsquetout semblait annoncer la plus sûre

gué-

rison. L'anologie, d'ailleurs, rend ce mécanisme

pathologiquetrès-vraisemblable: ne voit-on

pas,

en effet, la cause morbifique qui produit lessymp-

tômes vénériens, demeurer cachée, pendant un

temps plus ou moins long, sans donner aucun

signede

présence,se développer ensuite sous

l'influence d'une cause occasionnelle et produire

des effets de la plus grande intensité ? Quoi qu'il

Page 186: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

en soit, notre pronostic heureux n'a point été

véritable, et cependant tout nous autorisait à le

porter.

Enappliquant, ce fait à la pratique de fart,

nous serions d'avis que, dans une pustule maligne

considérable, développée depuis plusieurs jours,ou située dans une région où le tissu cellulaire

abonde on enlevât d'abordcomplètement

et

jusqu'au vif, avec l'instrument tranchant, la partie

gangrenée, et qu'on appliquât ensuite le caus-

tique sur la surface mise à nu, pourvu toutefois

que le siège du mal put permettre une pareille

manœuvre. On serait sûr, parce moyen, de dé-

truire entièrement le principe qui détermine la

maladie, et on ne se verrait point exposé, comme

cela arrive quelquefois, lorsque la pustule maligne

est très-profonde,à recourir à une seconde cau-

térisation, qui souvent alors est infructueuse.

III. Obs. Antoine Gilles, âgé de cinquante-neuf

ans meunier atteint depuis trois mois d'une

hydropisie ascite survenue à la suite d'un grand

effroi, vint, dans notre hôpital, le 8 Novembre

1812, réclamer les secours de l'art. Une diarrhée

muqueuse compliquait la maladie depuis quinze

jours; lepouls

était fébrile, le corps, très-affaibli;

il fut misa l'usage de l'eau de riz acidulée, et à celui

des crèmes farineuses. Les selles devinrent bientôt

moins liquideset moins fréquentes. – Nous nous

disposions à employer desmoyens pour

com-

battre l'ascite, lorsque, le 12 au soir, le malade

fut pris d'un frisson considérablequi dura une

Page 187: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

demi-heure et qui fut suivi de chaleur et d'une

augmentation* dans la fièvre. Dans la nuit il

survint une douleur vive à la partieinférieure

de la région latérale droite du thorax, accom-

pagnée d'une toux rare, sèche, et d'un peu de

gènedans la

respiration. – Le i3,aumatin, nous

trouvâmes le malade couché sur le ventre ( toute

autreposition

lui étantimpossible), poussant des

crisaigus à cause de la douleur du thorax; le

pouls était peu fréquent, mais faible, larespi-

ration peu gênée, la toux peu fréquente l'ex-

pectoration nulle; le thorax résonnait bien dans

tous ses points; la chaleur du corps était peu

éloignée de l'état naturel sixsangsues

sur le

côté douloureux.

Nous crûmes que cette nouvelle affection était

une pleurésie, et nous annonçâmes que, quoique

son issue nous parût douteuse à cause de la viva-

cité de la douleur, il y avait pourtant plus à

espérer qu'à craindre, les autres symptômes ne

présentant pas le même degré d'intensité, et que,

tout au moins, son cours serait d'une certaine

durée. A notre visite du soir, le malade venait de

rendre les derniers soupir.

On s'imaginera peut-être, qu'après une mort si

prompte,nous dûmes trouver, à l'ouverture du

corps,un très-grand désordre, la gangrène du

poumonou de la plèvre, ou quelqu'autre grave

altération? Eh, bien l'autopsie ne nous montra

que l'épanchementséreux abdominal qui existait

avant' l'affection mortelle, etPhépatisation du

Page 188: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE BU PRONOSTIC

bord antérieur du lobe inférieur du poumon

droit, dans une étendue d'environ un pouce

tout le reste del'organisation était sain.

Réflexions. L'engorgement et l'endurcissement

brusque d'une si petite portion du poumon, expli-

quent bien l'absence de l'expectoration sangui-

nolente, signe caractéristique de la péripneumo-

nie, et le peu de fréquence de la toux et nous

trouvons là la source de l'erreur de diagnostic

que nous avons commise. Mais ne nous était-il

pas permis d'espérerune issue heureuse, un seul

symptôme,la douleur, ayant une grande inten-

sité ? Et aurions-nous du nous attendre à une

terminaison si prompte quand bien-même la vé-

ritable nature de l'affection eût été connue? Com-

bien ne voit-on pas de pleurésies qu'une douleur

excessive n'empêche pointd'arriver à une heu-

reuse terminaison ? Et combiend'hépatisations

complètesde l'un ou l'autre poumon avec les-

quellesla vie se prolonge jusqu'aux 8.e, p,.c io.e

jours, et même jusqu'au i4-e ? Pourquoi, dans cette

circonstance, la douleur a-t-elle été mortelle, et

l'issue malheureuse si prompte, avec une altéra-

tion si légère de la substance du poumon?Nous

pensons que cela est provenu de l'état où se

trouvait le sujet, et de sa constitution individuelle.

Cette dernière a donné à la douleur inflamma-

toire une intensité que l'on n'observe point ordi-

nairement dans l'hépatisation pulmonaire (i); et

(i) Dans cette espèce d'affection, la douleur est plus, souvent

Page 189: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

c'est sans doute, parl'état de faiblesse où se

trouvait le malade, que cette douleur excessive

aépuisé rapidement

la force vitale et causé si

promptement la mort (i). Quoi qu'il en soit, un

pronostic certain, dans ce cas n'était rien moins

que facile, et l'erreur que nous avons commise

prouve évidemment la vérité de l'aphorisme que

nous commentons.

IV. Ons. Anne Bresset âgéede

quarante-cinq

ans, était, le 12 Octobre i8i3,au 8.e jour d'une

péripneumonie qui se terminait par résolution.

Le pouls était peu fréquent (go puis. par minute),

la respiration naturelle ( 24 insy. );la toux était

encore fréquente; mais l'expectoration était abon-

dante et d'un très-bon aspect le thorax n'était

pointdouloureux et résonnait bien; enfin, tout

annonçait la terminaison prochaine et heureuse

de l'affection aussi le pronostic que nous enpor-

tâmes fùt-il très-favorable. Nous étions dans la plus

grande sécurité, et la malade elle-même se livrait

à toutes les douceurs de l'espérance, lorsque le

même jour, a 9 heures du soir, elle fut prise subi-

tement, et sans cause connue, d'un frisson violent,

qui fut suivi d'une grande difficulté de respirer.

obtuse, et même, lorsque la maladie est parvenue à_sa dernière

période elle est nulle, ou du moins si peu sensible que les ma-

lades ne s'en plaignent point.

(1) C'est ainsi que surviennent ces syncopes mortelles produitespar une douleur aiguë dans des individus tiès-1'nibles. La Bibliothè-

que médicale (tome LXI, pag. 121 )en offre un frappant exemple,dans un homme qui mourut presque subitement duo coup de bâton

sur la main.

Page 190: Medecine pratique.pdf

1NCERTITI:DI! DU PRONOSTIC

La toux cesse complètement l'expectorationse

supprime, et toute la nuit se passe dans une agi-

tation extrême et dans un état d'angoisse effrayant.

Le i3, au matin, npus trouvâmes la malade sur

son séaut, lecorps penché en avant, la tête ap-

puyée sur ses genoux, seule position qui rendit

larespiration possible;

les lèvres étaient livides;

la face étaitpâle et profondément altérée, le pouls

petit très-fréquent (i6o), inégal, irrégulier, in-

termittent, la dispnée extrême (60 insp. par mi-

nute) les extrémités étaient froides; on sentait

des battemens tumultueux mais faibles dans la

régiondu cœur. Nous n'eûmes

pasde

peineà

reconnaître à cessignes

une hydropéricarde huit

sangsues sur la région du cœur; plusieurs larges

synapismes sont alpliqués successivement sur di-

verses parties dit thorax tout fut inutile la ma-

ladeexpira

le soir.

Autopsie.Poumon droit, siége de la

péripneu-

monie, crépitant, quoique renfermant, dans ses

vésicules bronchiques une mucosité épaisse,

blanchâtre, qui s'en échappait par la pression;

poumon gauche sain péricarde distendu par

environ 18 à 2o onces d'une sérosité limpide et

un peu rougeâtre; quelques capillaires, rouges,

injectés, rampant ça et là sur la surface de la

séreuse; tout le reste de l'organisation sain.

Réflexions.Cette hydropéricarden'existait point

avant la nuit du 12 au i3, puisque le pouls, alors,

était régulier, égal, d'une fréquence modérée, et

quele calme le plus parfait régnait

dans larespi.

Page 191: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

ration donc elle est survenue subitement dans

cette nuit funeste, et elle seule a été la cause de

la mort. Le développement si promptde cette

hydropisie n'estpas plus étonnant que ces

épan-

chemens séreux qui se forment d'une manière

subite dans les cavités cérébrales, et que ces ascites

et ces anasarques qui surviennent si brusquement

après lasuppression de la transpiration cutanée.

Mais quelle est la cause qui a donné lieu à cette

maladie mortelle ? A-t-elle été leproduit d'une

métastase, ou dutransport

du reste de l'irritation

pulmonaire sur la séreuse du cœur? Ou bien est-

elle venue compliquer essentiellement la péri-

pneumonie, par l'effet d'une causemorbifique

étrangère à cette dernière affection ? La première

opinion nous paraîtla

plus vraisemblable, d'après

la suppression brusque de l'expectoration et de

la toux, qui eut lieu en même temps que le

développement des symptômes de l'hydropéri-

carde.

Si telle a été comme nous lecroyons, la

marche de la nature dans celte observation sin-

gulière,on voit évidemment combien la maladie

premièrea été

trompeuse,et combien dans cer-

taines circonstances le pronostic des maladies

aiguesest incertain.

Concluons donc de tout ce que nous venons de

dire i.° que l'aphorisme que nous avons pris

pourtexte de ce mémoire est d'une évidente

vérité; a.0 quenous devons être

tres-circouspccts

dans les pronostics que nous avons à porter sur

Page 192: Medecine pratique.pdf

WCETlTrTCDE DU PRONOSTIC

l'issue des maladies aigues; 3.° quedans les cas

les plus légers en apparence, nous devons sus-

pendrenotre décision, toutes les fois qu'un symp-

tôme suspect, quelque peu grave qu'il soit, se

développe; 4-° enfin, que,dans les circonstances

les plus alarmautes, il faut avoir confiance en

la puissance de la nature, et nepas désespérer

de laguérison.

Nous nousoccuperons,

dans un autre écrit, de

la recherche des causes qui fontque

le pronos-

tic n'est pas toujours sûr dans les maladies aigues.

Note explicative dequelques expressions em-

ployées dans ce mémoire.

Nous nous sommes servis, dans quelques-unes

de nos observations, et dans les réflexions qui les

précèdentou

quiles suivent, de

quelques mots

employés ordinairement dans un sens vague ou

mal déterminé et que nous croyons important

de définir, ce sont ceux de nature puissance

conservatrice force vitale. Mais, avant d'établir

ces définitions, nous allons présenter quelques

considérations générales propres à leur servir de

base.

Ce qui constitue l'homme, c'est l'ensemble des

organeset de ses fonctions. Supprimez un seul de

ces instrnmens de la vie; abolissez une seule des

actions intérieures qui en sont le soutient: pour

peu que cet instrument on cette action soient

imporlans, l'édifice entier s'affaiblit et chancelle,

et, s'ils sont absolument essentiels à l'existence,

Page 193: Medecine pratique.pdf

DANS LES MAL&DIES AIGUËS.

la mort ne tarde pas à survenir. Telle est donc

la nature de l'homme, qu'ellese compose d'une

foule d'élémens étroitement liés les uns aux autres,

et dans une dépendance mutuelle. Mais ce n'est

pas encore là tout ce quilui

appartient.Nous

croyons,et nous aimons à croire, qu'indépen-

damment de nos organes, du principe qui les

anime, et lies actions vitales qui en sont le ré-

sultat, il existe au-dedans de nous une puissance

qui dirige les mouvemens de tputes nos parties

et maintient la merveilleuse harmonie de nos

fonctions, qui s'oppose efficacement, et plus sou-

vent qu'on ne l'imagine, à l'influence nuisible

des causes qui tendent à les troubler ou qui

dissipe ou tend sans cesse à dissiper les désordres

queces causes morbifiques y

ont introduits.

C'est en vain que M. Cortarnbert (i) veut donner

à entendreque

cettepuissance

est un être chi-

mérique auquelil ne faut

pointcroire (2); nous

sommes bien convaincus, au contraire, qu'elle a

une existence réelle, et que tout l'art de guérir

consiste à bien étudier et à bien connaître le

mécanisme de ses salutaires efforts, pour la ra-

(1) Mém. de Société méd. d'émulation pour l'année 1816, se-

condo partie, pag. 474-

(2) Cependant il croit lui-même ( id. pag. 472 ) à l'influence ex-

clusive des propriétés vitales pure abstraction qu'il considère

comme des êtres réels propriétés qui sont tellement inhérentes aux

organes qu'on ne peut les concevoir en étant séparées et qui, a

parler exactement, ne sont que ces organes eux-mêmes en action, et

exerçant les fonctions qui leur appartiennent.

Page 194: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

nimerlorsqu'elle

estlanguissante,

modérer son

activitélorsqu'elle

atrop d'énergie, éloigner

les

causesqui peuvent changer

sa direction, gèncr

ses mouvemens, lui faire abandonner la voie la

plus sûre, ou bien pour la livrer à elle-même

lorsqu'elle agiteTfîcacement

(i).Si la médecine

(i) Ceci mérite uneexplication;

entendons-nous. La puissance

conservatrice, telle que nous la voyous, est simple, toujours

la même, et n'estsusceptible

d'aucunchangement

d'aucune alté-

ration. Lesorganes

et leprincipe qui les anime, qui

ne sont que

sesng ns, soiif seuls soumis à des variations, dans les fonctions

qui

leur sont attribuées parles

changemens qui peuventsurvenir dans

leur nature. Ainsi, ilspeuvent

être plus ou moins débiles et alors

les actions de la puissance conservatrice, dont ils ne sont que les

instruirons sont faibles etdans

le même rapport i

ilspeuvent posséder

eu acquérir uneénergie

vitaletrop grande

de telle sorte que cettepuissance qui ne fait

que dirigerleurs

mouvemens, exerce alors uueinfluence trop vive comme si elle

possédaitnu avait acquis elle-même une trop grande activité ou

bien, ilsse trouver dans une limite de facultés, assez

mesurée et assez juste piur quela puissance conservatrice, livrée

à elle-même, puisse agirefficacement dans les désordres qu'elle

a à dissiper: mais dans toutes les circonstances, elle demeure

étrangère a tontes ces modificationsorg.miq.ies et les mouvemens

vitaux qui y sont liés sont cuiièreinentindépendant

de son action,

Il suit de laque lorsque nous disons

qu'il faut exciier, modérer,

ou abandonner à elle-même cettepuissance

nous entendons dire,

qu'ilfaut ranimer, affaiblir, ou laisser dans l'état où ils se trou-

vent, lesorganes qui en sont les agens. Pue et inaltérable comme

l'Ame, elle est inaccessible à tontes les causes morbifiques et à l'ac-

tion de tous nos remedes et, de mêmeque,

dans les troubles de

l'intelligencenous agissons

et nous nepouvons réellement Hgir

que sur les organes qui la servent et qui sont alors frnppés d'une

plusou moins

grave altérationde même, dans les

des

fonctions organiquesnous ne pouvons que modifier les instrumen»

de lapuissance

conservatrice de muniùre à favoiieer autant ^u'il

est au pouvoir de l'art, les précieux effets de sa salutaire influence.

Page 195: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AFGTIES.

T. 1,V de la .c sir. ,cali. de Mars et Avril 1819. 13

expectante, puisée dans cette idée fondamentale

et juste, a eu ses abus, comme le dit M. Cor-

tambert, cela provient uniquement de la nature

et des erreurs del'esprit humain, qui, comme

on lé sait, abuse de tout. Telle est donc notre pro-

fession de foi nouscroyons, quoi qu'on en dise,

à la puissance conservatrice et nous neregar-

dons les organes et leurs propriétés vitales que

comme ses moyens.

Ehque nous soin mes loin de penser que notre

croyance soit gratuite lorsque nous jetons les

yeux sur lesphénomènes

de notre organisation!

Sans doute les propriétés vitales, ou plutôt les

mouvemens vitaux de nos organes, déterminent

et constituent seuls toutes nos fonctions; mais,

enfin, ces mouvemens ne sont que des effets qui

ne peuventexister simples et isolés; il faut qu'une

cause les assemble, les lie les uns aux autres,

et en forme un système régulier. Or, et les har-

monies organiques,et l'ordre admirable avec le.

quel toutes nos parties agissent et s'excitent les

unes les autres, comme à l'envi, pour une même

fin; et la simultanéité de tant d'actions vitales,

qui puisentleur existence dans leurs rapports

réciproques,annoncent assez une puissance cen-

trale, une puissance unique,à

laquelle tout se

rapporte, d'où tout émane, etqui dirige pour

un but unique, la vie, tous les mille ressorts

de notre organisationsi compliquée. Que si cet

être merveilleux, dont l'essence nous est inconnue,

parce quenos sens ne sont pas en rapport avec

Page 196: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE nu PBONOSTiC

sa nature, qui n'est sensible que par ses effets

et que nous appelons puissance, parce que le

pouvoir est son attribut; que si cet ètre, dis-je,

n'est pas assez évident dans l'étatphysiologique,

parce

queuous venons de dire, de quelle vive

lumière ne brille-t-il pas lorsqu'on le considère

dans l'étatpathologique?

Sont-ce lespropriétés vitales seules, et indé-

pendammentde toute influence supérieure, qui

déterminent une hémorragie nasale salutaire, lors-

qu'un engorgement cérébral menace d'éteindre

pour toujoursle

foyerde la

vie? Après une trans-

piration suppriméele

poumon s'enflamme, s'en-

gorge le malade oppressé,est

prèsde mourir

dans les angoissesd'une suffocation imminente

l'homme de l'art désespère et prononce l'arrêt de

mort, lorsque tout à coup une sueur abondante et

critiqueramène l'ordre et le calme dans la

respi-

ration troublée, dissipe en un moment la scène

la plus orageuse, et le malade est sauvé sont-

ce les propriétés vitales seule» qui ontdéveloppé

cet heureux phénomène? Qui est-ce qui rétablit

un flux hémorroïdalsupprimé, et prévient ainsi

une apoplexie foudroyante ou l'engorgement de

quelqueviscère abdominal ? Qui est-ce qui fait

cesser subitement une foule de désordres, tant

moraux que physiques, par le rétablissement de

l'évacuation menstruelle, suspendue dans son

cours, si non cette puissance^onservatrice placée

an dedans de nous pour veiller sans cesse à notre

conservation? Par quel mécanisme autre que celui

Page 197: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

qui émane de cettepuissance,

un abcès critique

débarrasse-t-il le cerveau, le poumon, le foie, etc.,

d'une congestion qui, sans cela, aurait été funeste?

Et comment, sans le secours de son influence, la

peau pourrait-elle s'enflammer, s'amincir, et s'ou-

vrir au lieu même quidoit donner issue à la ma-

tière purulente? L'accumulation de la graisse dans

le tissu cellulaire, qui, selon nous, n'est qu'une

espèce de dépôt critiqued'une nourriture sura-

bondante, n'est-elle pas manifestement l'effet de

laprévoyance

de cet être mystérieux qui dirige

les fonctions de nos organes de la manière la

plusconvenable?

Sont-ce ces organes, le principe qui les anime,

instrumens aveugles évidemment subordonnés à

l'influence d'un agent supérieur qui les gouverne,

ou lespropriétés vitales, êtres purement abstraits,

n'ayant point d'existence réelle, et n'étant, à pro-

prement parler, que les actions de ces organes

ou de ce principe, qui dirigent seuls et poussent

au dehors les corps étrangers introduits dans

notre organisation; qui font cicatriser les plaies

d'une manière si exacte et si régulière; qui dila-

tent, par un mécanisme essentiellement vital,

les artères collatérales dans un anévrisme; qui,

ne se fiant point à une cicatrisationpeu solide,

à cause des efforts constans du sang, préviennent

une hémorragie funeste dans les blessures des

artères, en oblitérant le vaisseau ouvert et en

le convertissant en un cordon ligamentiforme jus-

qu'à l'originedes rameaux supérieurs; qui, pour

Page 198: Medecine pratique.pdf

IXCKRTITUriE DO PRONOSTIC

conserver, autant qu est possible, la solidité des

membres et la liberté de leurs mouvemens, dans

les luxations irréductibles, développent autour

des extrémités déplacées et de leurs nouveaux

points d'appui de véritables capsules ligamen-

teuses analoguesà celles qu'elles ont perdues; qui

produisentune membrane muqueuse dans les

trajets fistuleux, pour garantirles

parties sous-

jacentes d'uneimpression trop irritante; qui font

soulever l'estomac à l'odeur, à la vue même d'une

substance nuisible; qui déterminent les contrac-

tions de cet organe, de tous les intestins, de la

plupartdes muscles abdominaux et thorachiques,

aprèsl'introduction des

poisons dans les voies

digestives; qui, dans la dysenterie, contractent

précisémentl'extrémité supérieure de l'intestin

enflammé pour qu'aucune matière irritante ne

vienne augmenterla

phelgraasie et qui la relâ-

chent lorsque celle-ci est terminée (i)? Qui ne

reconnaîtrait dans tous ces phénomènes, l'in-

fluence d'une cause intelligente, bien au-dessus

delà matière organisée et (le tontes ses propriétés?

Sont-ce ces mêmes propriétés, pour parler le

langage ordiuaire, qui développent seules, dans

les différentes cavités et dans les différensorganes,

ces kystes salutaires seule défense qu'ils puis-

sent opposeraux substances diverses que ces

poches contiennent qui déterminent une in-

(i) Voilà pourquoi la diarrhée est un signe favorable dans cette

affection parait, c'est une preuve que l'inflammation

se dissipe.

Page 199: Medecine pratique.pdf

H\IfS LES MALADIES AICTJ1ÎS.

flammation autour d'une partie gangrenée, pourla séparer des parties saines et délivrer ainsi le

reste de l'organisation d'un corps devenu étranger

et nuisible; qui, par une darrbée salutaire," ou

par un heureux flux d'urines, dissipent en quel-

ques jours et même enquelques heures, comme

nous en avons vu un exemple, une ascite contre

laquelle tous les moyens (le l'art ont échoué? Les

actions vitales qui,dans la grossesse, produisent

le développemcn t de l'utérus, s'arrêtent-elles d'elles

mêmes précisément au neuvième mois; et l'ex-

pulsiondu foetus leur appartient-elle exclusive-

ment, et n'est-elle point provoquée par une cause

supérieure qui les dirige? Qui ne verrait, dans

cet admirable phénomène, l'influence d'une intel-

ligence plus admirable encore, qui veille là à

la conservation de l'espèce, comme ailleurs elle

protège l'individu? 2

Dans les cas les plus graves et les plus déses-

pérés, dans les angoisses même de l'agonie elle

fait mille efforts pour vaincre lacause

funeste qui

l'opprime.La

fréquence de larespiration qu'elle

détermine pour remédier, autant qu'il est eïi son

pouvoir,aux effets de la lésion de cette impor-

tante fonction; la précipitationdes mouvemens

du cœur, dont elle accélère les contractionspour

suppléer à la force qui leur manque; les selles

colliquatives les sueurs froides, qui sont des

crises réelles, mais impuissantes,tout annonce la

résistance quela

puissanceconservatrice

oppose

à un désordre au-dessus de ses moyens, et les

Page 200: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

violens efforts qu'ellefait

pour prolonger une vie

prêteà s'éteindre. Et dans les cas dont l'issue

est heureure, croit-on qu'elle n'exerce aucun em-

pire,et que son action doive être comptée pour

rien? Tant d'irritations pulmonaires, gastriques,

intestinales, utérines, etc. etc., auxquelles nous

n'opposons quede

simplesboissons

aqueuses,et

qui pourtant disparoissent plus ou moins promp-

tement se dissipent-elles sans son secours? Et

même peut-on croire de bonne foi, qu'elle soit

étrangèreà tous les succès que nous obtenons

dans nos traitemens les plus actifs (i)? Nous som-

mes loin sans doute de nier la nécessité et la

précieuse utilité des secours de l'art dans une

foule de circonstances; mais aussi, osons le dire,

combien d'éclatantes guérisons lui attrihuons-

nous, qui n'appartiennent réellement qu'à la

puissance conservatrice! (2). Mais, nous dira-t-

on, tous les phénomènes quevous venez d'ex-

poser,et que vous

rapportez _à l'influence d'une

puissance particulière, ne sontque

les résultats

des lois de l'organisation vitale, lois éternelles,

lois immuables, qui s'exercent au moment mémo

(1) Peut-être, au contraire, c'est elle qui détermine toutes DOS

guérisons et que nos médicamens ne font que modifier ou pré-

parer les organes, ses instruirions du la manière la plus conve-

nable pour qu'elle puisse toute son influence.

(2) Ce n'est point ici le lieu d'examiner il fond toute l'influence

de cette puissance; nous ne finirions jamais, si nous voulions en

tous les iracle~. Il o.s s.Ifir d'a,oi, s.nénnmérer tous les miracles, 11 nous suffit d'avoir démontré son

existence par queli]ues-uns de ses merveilleux effets et d'avoir

prouvé que noue croyance repose sur des basesussez solides.

Page 201: Medecine pratique.pdf

DANS LES MALADIES AIGUËS.

où cette organisation s'établit. Nous répondrons,

à notre tour, que cette manière de considérer

ces lois, en les isolant de la cause qui les dé-

termine et en maintient l'exercice est une pure

abstraction queces mots loh vitales ont été

imaginés par.l'esprithumain

pour exprimerla

régularitédes

phénomènesde la vie réduits en

principes généraux que ces phénomènes sont les

effets d'une cause sans cesse agissante pour la

conservation de l'individu; et qu'en dernière ana-

lyse, les lois vitales dépendent immédiatement

de cette cause, et ne peuvent en êtreséparées,

comme les lois astronomiques ne sont que les

effets de lapuissance appelée attraction qui régit

notresystème planétaire,

comme les institutions

sociales ne sontque

le résultat de la volonté de

ceuxqui gouvernent

les actions des peuples, et

les soumettent à un certain ordre et à une in-

dispensable uniformité. Or, c'est cette cause, qui

dirige les phénomènes de notre organisation

que nous appelons puissance conservatrice. Mais

quelleest la nature de cette

incompréhensible

puissance?Où réside-telle? Quels sont ses

rap-

portsavec les

organeset le

principe qui en dé-

termine les fonctions?. Nous n'arriverons jamaisà de si profonds mystères Semblable à la su-

prême intelligence, dont elle émane, elle ne se

manifeste à nosyeux que par ses bienfaits.

O combien lesystème organique

del'homme,

considéré sous l'influencesalutaire d'une puissance

conservatrice, s'anime et s'embellit auxyeux de

Page 202: Medecine pratique.pdf

INCERTITUDE DU PRONOSTIC

l'observateur, et que son étude devient attrayante

et sublime! Dequel

éclat brillent ses merveilleux

phénomènes,sous

l'empire d'une intelligencein-

térieure qui en dirige le cours! Ce ne sont plus

des mouvemensautomatiques

et sans but évident,

développés par je ne sais quelles influences vagues

qu'on nomme lois, expression plus vague encore»

ou parun aveugle fatalisme; c'est un merveilleux

enchaînement de causes et d'effets, une admirable

harmonie d'actions et de réactions qui, régies

par cette intelligence prévoyanteconcourent

toutes à l'entretient et à la conservation de la vie.

Quelle douce satisfaction, etquelle

assurance

le médecin lui-même ne puise-t-il pas dans

l'idée qu'une puissance intérieure le seconde de

tous ses moyens,et concourt avec lui au salut

des malades! Que de vives lumières peuvent re.

jaillir sur lapratique

de l'art, de l'observation

attentive desphénomènes salutaires produits par

cette puissance! Que d'espérances à concevoir,

quede consolations à donner, même dans les cas

les plus gravesA la vérité ces espérances se

trouvent souvent déçues; dansbeaucoup de cir-

constances,l puissance conservatrice nedéveloppe

que d'inutiles efforts, et l'organisation succombe

malgré toute son influence. Doit- on inférer de

là qu'elle n'existe point? Non, sans doute; mais

seulement en conclure que l'Eternel dans ses

profonds desseins, l'a renfermée, comme notre

vie, dans certaines bornes qu'elle nepeut franchir,

et qu'il ne lui est pas donné deréparer

detrop

Page 203: Medecine pratique.pdf

DANS LFS MALADIES AIGUËS.

m~a. a~grands désordres, et de nous rendre immortels.

D'après toutes ces considérations, nous appelons

nature, dans l'homme l'ensemble de ses organes

et de ses fonctions et puissance conservatrice

cet être inconnu qui les dirige, qui en maintient

le libre exercice., et qui dissipe ou tend sans

cesse àdissiper les désordres qui peuvent y sur-

venir. Le principe qui anime les organes,le

prin-

cipe de la vie, la force vitale, le-principe qui

émane du système nerveux, et qui, à cause de

cela, est appelé par quelques-uns puissance ner-

veuse, n'est, selon nous, que son agent.

Observation tendant à prouver F existence du fluide

magnétique; par M..Ferrier docteur en méde-

cine, chirurgien en chef de thôpital d'Arles.

Les membres de l'Académie des Sciences, chargés

de faire l'examen du magnétisme animal, disent

dans leur rapport (faità l'Académie, leSeptembre

1 78/1) « L'homme a le pouvoir d'agir sur son sem-

blable, d'ébranler le système de ses nerfs, et de

lui imprimer des convulsions; mais cette action

ne peut point êtrere gardée comme physique; nous

nevoyons pas qu'elle dépende

d'un fluide com-

muniquéelle est entièrement morale c'est celle

de l'imagination surl'imagination

».

Je me suis pi à rapporter textuellement le

sentiment de MM. les commissaires parce que

leuropinion

fait encore loiparmi

nous.Cepen-

dant, j'ai eu occasion de faire une expérience qui

sembleprouver qu'un autre agent que l'imagi-

Page 204: Medecine pratique.pdf

EXISTENCE

nationpeut,quelquesfois, provoquer

des convul-

sions sur un individu, lorsqu'ilse trouve placé

dans lasphère d'activité d'un antre qui veut

agir sur lui. Voici les circonstances qui m'ame-

nèrent à la faire.

Fétroni'Is Légier, jouissant d'nneparfaite santé,

se maria en i8o8 étantâgée

de 18 ans. Avant

sa première grossesse, elle n'avait éprouvé aucune

affection nerveuse; mais, devenue enceinte, elle

essuya des convulsions avec perte de connaissance.

L'accès cessa au bout de quelques heures; mais,

il revint tous les deux ou trois jours, jusqu'à l'ac-

couchement. Devenue grosse une deuxième fois,

nouveaux mouvemens convulsifs. Ces accidens

revinrent enfin, sans grossesse,en 181 1 pendant

le cours d'une maladie aiguë.Cette fois ils durèrent

quatre mois.

Le 1. « Mars 1819, àla suite d'un violent accès

de colère, mouvemens convulsifs du tronc et des

extrémités; perte de connaissance, trimus. Cet

état dura tout le jour, et ne cessa que dans la

nuit suivante. Le lendemain je la trouvai se

plaignant d'une vive douleur à l'épigastre; elle

nepouvait ingérer le moindre aliment, même

liquide sans le vomir. Elle était couchée sur

un pliant, vêtue d'un corset à manches, les bras

placésau dessus des couvertures et

négligem-

ment étendus. L'histoire pathologique de cette

malade, que je connaissais parfaitement,et le

nouvel accès qu'ellevenait

d'essuyer,me firent

juger qu'eue devait être dans un état de sensi-

Page 205: Medecine pratique.pdf

DU FLUIDE MAGNÉTIQUE

bilité excessive. Je voulus essayer si elle serait

sensible aux procédés magnétiquesdont son atti-

tude favorisait l'application. Je la magnétisai, en

effet, en passant chacune de mes mainsdepuis

lesépaules jusqu'aux pouces.

A la troisième passe

elle éprouva une convulsion. Voici encore le mal,

me dit cette femme. Un instant après, je sortis pour

prierM. Jouve, pharmacien, de venir avec moi et

de me dire son sentiment sur ce qu'il observerait

chez lamalade où j'allais le mener. De retour auprès

d'elle, je la magnétisai encore, et, à la troisième

passe, j'observai de nouveaux mouvemens convul-

sifs. Dès lors je commençai à croire queMM. de

l'Académie pouvaient fort bien s'être trompés en

attribuant, à l'imagination, les phénomènes pro-

duits par les procédés magnétiques car, la malade

avait l'air, pendant que je la magnétisais, de

prendre mes passades pour des démonstrations

de familiarité, plutôt que pour des signes qui

devaientfrapper sou esprit.

Le lendemain, voulant éclaircir mes doutes,

je demandai à cette femme comment elle s'était

trouvée de ce que je lui avais fait la veille. Que

m'avez-vous fait? me dit-elle. Je vous ai fait venir

les convulsions. Quoi, vous? C'est qu'elles devaient

venir. Voudriez vous me faire croire qu'en me

passantles mains le long des bras, vous m'avez

procuréces mouvemens? C'était pourtant bien

moi quiles avais

provoqués et si vous le voulez,

je les ferai revenir encore. Ceci, par exemple,

serait bien singulier. Hé bien! voilà mes bras,

Page 206: Medecine pratique.pdf

EXISTENCE

faites revenir les mrmes moiivemens. Je fis six

passes, et les convulsions reparurent. Je commen-

cerais à croire, dit la malade que vous avez dit

la vérité; mais retournez demain, et nous ferons

un nouvel essai. Si vous me remettez dans cet

état, j'avouerai quevous avez raison. Je ne man-

quai point de me rendre, le jour d'après, au

près de la malade. J'étais assisté, cette fois ci,

de M. Rolland, chirurgien interne de l'hospice.

J'eus le même résultat après dix passes. Cette

femme ne pouvait revenir de sa surprise.

La réunion de toutes ces circonstances, me

prouvait bien que l'imagination n'entrait pour

rien dans les convulsions que je venais de produire,

mais je n'avais pas encore dégagé les sympathies

duproblème.

Il était possible que les frictions

sur les bras, toutes douces qu'elles étaient, eussent

élevé une excitation cutanée qui se serait répétée

surd'àiitres parties Pour éclaircir tous mes doutes,

je devais magnétiser à distances, sans que la ma-

lade s'en aperçut. Je saisis, dans cette intention

le moment où la malade, toujours couchée, était

occupéeà parler à une de ses amies; je me plaçai

au chevet de son lit, et, tendant vivement k-s

bras, je les dirigeai à un pouce de distance du

sincipnt; deux minutes de cette attitude, avec

une forte volonté d'agir, suffirent pour amener

des mouvemens convulsifs.

Dèsce moment, je ne méditai plus que sur les

moyens de répéter mes expériences devant des

personnes qui pussent en apprécier les résultats,

Page 207: Medecine pratique.pdf

DU FLUIDE MAGNÉTIQUE.

et les réduire à leur juste valeur. L'occasion sen

présenta bientôt.

Des circonstances malheureuses amenèrent M.me

Légier à l'hôpital. MM. les administrateurs, de

l'hospice, devinrent alors les témoins et les jugesnaturels de mes expériences(i). J'exposai mes vues

à ces Messieurs qui, en faveur de l'avancement

de la science, me promirent d'assister à mesessais,

pourvu que la malade voulût bien s'y prêter.

Nous convîmmes, i.° de diviser nos épreuves en

plusieurs séances, pour nepas fatiguer la ma-

lade a." que les époques, seraient irrégulières

et éloignées de trois jours, au moins, pour que

la supposition de l'habitude ne fùt pour rien dans

nos observations; 3° que la malade aurait les

yeux couverts d'un bandeautrès-épais et que

l'administration indiquerait par signes, les dif-

férentescathégories; 4.° qu'avant

la séance, la

malade et moi devions ignorer ce qu'on se pro-

posaitde nous faire exécuter, pour qu'aucune

connivence ne pût avoir lieu entre nous deux.

Première séance. D'accord sur ces divers points,

on fait venir la malade dans une chambre par-

ticulière où se trouvait l'administration. Je lui

couvre les yeux avec beaucoup de soin et me

mets en rapporten lui

appliquant mes mains sur

les épaules, et en les portant, ensuite, sur les

pouces que je tins un peu pressés pendant quel-

( 1) L'udministratinn est composée d'iioninjes qui ont rem[;ti les

premières places administratives de la ville; ce sont des avocats,

des médecins et dés notaires.

Page 208: Medecine pratique.pdf

EX1STF.KCK

que temps. Magnétisezde suite me dit -on, à

haute voix; mais, en même temps, par un signe,

on me donne ordre de me retirer doucement.

Je restai éloigné de la malade pendant douze

minutes. Ce temps écoulé on lui demande ce

qu'elle éprouve? Rien, dit-elle, pas plus quesi

on ne me magnétisait pas.

Par un nouveausigne

on m'invite à m'avancer

sans bruit et à magnétiser. Ayantalors une in-

tention bien prononcée d'agir sur la malade, je

porteles bras et les mains dans une forte exten-

sion, et tenant les extrémités de mes doigts. à

deuxpouces

de son front, je les descendis le long

duvisage,

de lapoitrine,

du bas-ventre et des

cuisses pourm'arrêter aux genoux et recom-

mencer mes passesdans le même ordre. A la

quatrième passe, nous eûmes des mouvemens

convulsifs, et la malade se plaignit de douleur à

l'épigastre,avec difficulté de respirer.

Nous n'en

demandions pas davantage je découvris lesyeux

de la malade, et la séance finit là.

Deuxièmè séance. Nous nous rendîmes dans

le même lieu que la première fois. La malade

ayant, de nouveau, les yeux couverts d'un ban-

deau, je me mets en rapport. Continuez àmag-

nétiser, me dit-on, mais, en même temps, par un

signe,on me fait retirer doucement. Point de mou-

vemens convulsifs. Au bout de huit minutes, on

me fait signed'avancer sans bruit, et de magné-

tiser. Mouvemens convulsifs des extrémités supé-

rieures. Un nouveau signe m'ayantfait retirer,

Page 209: Medecine pratique.pdf

nu FLUIDE MAGNÉTIQUE.

les mouvcmcns convulsifs cessent. Jls reviennent,

lorsqu'on me fait magnétiser une deuxième fois.

Troisième séance. Mêmes opérations même ré-

sultat que dans la seconde.

Quatrième séance. Dans les autres séances, on

avait trompé la malade en m'ordonnant demag-

nétiser, et en me faisant retirer par un signe.

Dans celle-ci, on m'ordonnna verbalement de mag-

nétiser, et, en même temps par un signe, on me

fitmagnétiser réellement. Les mouvemens con-

vulsifs curent lieu. Je me retirai ils cessèrent.

Revenu une deuxième fois, je les fisreparaître

encore.

La femme Légier, lors de son entrée à l'hôpi-

tal, ne pouvait rien avaler sans vomir; elle éprou-

vait, à des périodes irrégulières, des accès de spasme

quiduraient plusieurs heures entières; mais les

soins qui lui furent administrés par le médecin

de service, réussirent si bien, qu'elle fut en état

de sortir vingt-deux jours après son entrée: seu-

lement, devait-elle continuer l'usage des bains

tièdes jusqu'à parfaitrétablissement.

Vingt-quatre jours s'étaient écoulés, depuis sa

sortie de l'hospice, lorsque je pensai devoir essayer

si l'influence, sur cette femme, du stimulus mag-

nétique ne serait point émousséepar l'effet des

bains et du temps. Sachant, par expérience, que

plus la sensibilité s'approche de l'état normal

moins les procédés magnétiques ont de prises;

j'imaginai que les phénomènes maladifsayant

cessé, je ne devais point produire d'effet, si je

Page 210: Medecine pratique.pdf

EXI.TEKCB

magnétisaisencore. Je me trompai dans mon

calcul. Mais, nous fûmes, cette fois, dix minutes

pour'obtenir des mouvemens convulsifs; temps

exessr'ementlong, relativement aux autres séan-

ces, dans lesquelles les mouvemens arrivaient,

tout au plus, après trois minutes d'essais.

Cinquième séance. J'avais été prierla femme

Légier de nous accorder une séance. Elle avait

bien voulu y consentir. Je lui couvris les yeux,

sans me mettre enrapport; on me dit de me re-

tirer, et de ne plus retourner, jusqu'à ceque

l'on

m'appelât. Je me retirai, en effet, enparlant

àà

haute voix, pour quela malade pût juger de mon

éloignement réel; mais, je revins de suite sans

bruit, et je magnétisai. Au bout de trois minutes,

on demanda à la malade si elle ne sentait rien?

Rien de mal, dit-elle, mais je me sens un peu

agitée de ce que je suis venue vite de la maison.

Quelque temps après, mon Dieu ! s'écrie- 1 -elle,

cette agitation augmente; cela semble fait exprès,

depuis vingt-quatre jours je n'avais rien éprouvé,

et je me sens toujours plus fatiguée de ce que je suis

venue avec empressement. Voilà la douleur d'es-

tomac qui arrive, elle est aussi forte que quand

on me magnétisait. Dès lors, nous remarquâmes

des mouvemens convulsifs dans les bras. Je cessai,

de suite, de magnétiser, et j'enlevai le bandeau

à la malade qui fut fortsurprise

de me voir si près

d'elle.

Que l'on cherche à présent quelle est la cause

qui donnait des convulsions à la Dame Légier

Page 211: Medecine pratique.pdf

DU FLUIDE MAGNETIQUE.

T. IV de la 2* sir., cah. de Mars et Avrili 819. \!y4

toutes les foisque je la magnétisais. Dans l'état

actuel de la science, je ne puisassurer qu'une

chose eu égardà ce qui vient d'être exposé

c'est que l'origine n'en doit être attribuée, ni à

l'imagination,ni aux

sympathies (ij. J.

Notice sur les glandes surrénales par M. J.-M.

Caillau, suivie d'un discours prononcé sur le

même sujet, par Montesquieu.

Les travaux des anatomistes anciens et moder-

nes sont immenses. 11 n'est point de fibrile du

corpshumain

qu'ils n'ayent examinée avec une

attentionqui

fait honneur, je ne dispas

à leur

génie, car il n'en faut pas pour ces sortes d'é-

tudes, mais à leur patience vraiment infatigable.

Malgré toute cette application, les anatomistes

n'ont pu découvrirl'usage

des glandes rénales

ou surrénales, qu'on appelleaussi reins succen-

turiaux, ou capsules atrabilaires. Nous ne sommes

pas plus avancés aujourd'hui, sur les glandes dont

il est ici question, que du temps du fameux Eus-

tache qui, selon Bordeu, en a parlé le premier.

Nous nous accordons seulement à dire, qu'elles

sont situées vers l'extrémité supérieuredu rein;

qu'elles sont entourées de graisse, très-irrégulières

dans leur volume, leur figureet leur couleur; et

qu'elles ont une petite cavité remplie d'un liquide

(l) Si quelqu'un désirait avoir*, de la part de Messieurs ]ei

administrateurs eux-mêmes quelques éclaircissemens sur le détail

des séances je le prie d'écrire à l'administration des hospice*

qui se fera un plaisir de donner tcus les renseignemens qu'on

pourrait demander.

Page 212: Medecine pratique.pdf

GLiSCES SURRÉNALES.

visqueux, d'une couleur rougeâtre brune ou

jaunâtre, queles anciens appelaient atrabile.

On sait aussi qu'eues sont, dans le fœtus, beau-

coup plus grosses que dans les adultes; on les

a trouvées plus grosses que les reins eux-mêmes;

elles diminuent àproportion qu'on avance en

âge;elles se flétrissent et

perdentsouvent leur

figure quiest ordinairement

triangulairedans

les jeunes sujets; leurs vaisseaux viennent: i.°

quant aux artères,, des phréniques, de l'aorte et

des rénales; 2.0 quant aux veines, de la veine-

cave, et de la rénale pour lacapsule gauche; et

leurs nerfs des plexus rénaux.

Il serait trop aisé de présenter ici les diverses

opinions des auteurs surl'usage qu'ils ont attribué

aux glandessurrénales. J'en parlerai brièvement,

parce que, depuis long-temps, on a apprécié leur

juste valeur les conjectures plus ou moins ingé-

nieuses de Sylvius de le Boë, grand amateur de

ferment de Ker-Kringius qui ne les aimait pas

moins, quoiqu'ils ne fussent pas de son invention;

et de Vanhelmontqui

avait aussi, à cet égard,sa

théorieparticulière. Bordeu, en citant ce médecin

chimiste, dans ses excellentes recherches anato-

miques sur les glandes, nous dit « cet enthou-

siaste plein de génie., comme il en faudrait un

chaquesiècle

pour tenir en haleine les scholas-

tiques,voulait que les glandes, dont nous parlons,

séparassentun

lithontriptique quePArchée savait

ménager pour s'opposerà la formation des pierres

dans les reins ».

Page 213: Medecine pratique.pdf

GLANDES SURMïSALES.

Lientaud prétend que la nature a fait les cap-

sules atrabilaires pour la séparationd'une liqueur

âcre pénétrante, et très-propreà empêcher

les

concrétions dans la veine-cave, dont la grosseur

semble la soustraire à lapression

des parties

voisines.

Cette opinion, sur l'usage des capsules atrabi-

laires, a beaucoup de rapport avec celle de

Boërhaave, qui a dit que les glandes surrénales

avaient été placées auprès des reins pour réparer,

dans le sang quirevient de ces

organesla fluidité

quelui donnait la grande quantité de

sucsqu'il

a perdus pour la sécrétion de l'urine. Duverney,

l'un des plus grands anatomistes que la France ait

possédé, a aussi examiné les capsules atrabilaires,

et il a parlé d'une artérioleque Valsalva aurait

pu prendre pourun conduit excrétoire.

Le célèbre Bordeu, dans ses belles recherches

anatomiques quenous avons déja cité n'a

pas

oublié de dire un mot des reins succenturiaux. Il

déclare, avec son génie ordinaire, que cesglandes

méritent quelque attention qu'elles sont très-

grossesdans le fœtus, qu'elles diminuent

aprèsla

naissance, et il examine, ensuite, si c'estpar

la

compressiondes parties voisines que cette dimi-

nution a lieu. Je crois que cela ne peut point être,

et qu'il vaut mieux penser que les glandes surré-

nales viennent à se flétrir, parce que, comme il

arrive au thymus,elles ne reçoivent plus de

sang.

Le célèbre Bicliat,à à qui l'anatomie et laphy-

siologie doivent des vues si profondes, n'a rien

Page 214: Medecine pratique.pdf

GLANDES SURRÉKALFS.

dit, d'ailleurs, sur les reins succenturiauxaprès

en avoir donné unedescription très-exacte. Il

ajoute on peut reprocher àquelques

anatomistes

du siècle dernier, de s'être montrés trop impatiens

du doute qui règne sur les fonctions des capsules

surrénales, au point d'avoir imaginé des faits pour

appuyerleur opinion hypothétique à cet égard.

On ne connaît, en effet, aucune vraie destinée à

transmettre à quelqu'autre organe le fluide descap-

sules, dont les prétendus conduits excréteurs ont

échappé aux recherches de beaucoup d'hommes

exempts de prévention. Au reste, si l'on veut

reconnaître que ce fluide joue un rôle important

dans l'économie du fœtus rienn'empêche

d'ad-

mettre qu'il est porté dans le système circulatoire

parles vaisseaux absorbans.

Le docteur Broussais dont la doctrine se

fera jour à travers tous les obstaclesque

de

puissansadversaires lui opposent, et

quicontri-

buera, très-certainement, aux véritablesprogrès

de la médecine-pratique; le docteur Broussais,

pense que les glandes surrénales sont des organes

dérivateurs, c'est-à-direqu'elles reçoivent le sang,

qui surchargeraitles reins. Il

appuie cette opinion

de ce que les viscères qui sommeillent dans le

fœtus, ont dans leur voisinage de semblables

organestel le thymus, pour Je poumon, et la

thyroïde pourle cerveau.

On voit avec étonnementque la plupart des

anatomistes qui, depuis cent ans, ontsurchargé

nos bibliothèques debeaucoup de livres inutiles,

Page 215: Medecine pratique.pdf

GLANDES SUKRÉtfALES.

se sont presque tous copiés. les uns les autres,

sans aucunepudeur,

et sans rien faire pourla

science. J'aime encore mieux une hypothèse

qu'une compilation. C'est une vraie pitié de voir

une aussi grande quantité de moutons de Panurge,

pour un bien petit nombre d'esprits originaux

qui pensent d'après eux-mêmes et quifont penser

le lecteur ce qui est un grand avantage.

Il n'est pas jusqu'au célèbre M. Boyer, si riche

d'ailleurs de son propre fonds quin'ait suivi

les traces dequelques

anatomistes qui l'avaient

précédé. Dans son traité d'anatomie à l'article

des glandes surrénales, on acquiert le preuve

qu'il aemprunte deux pages entières d'un ana-

tomiste plus savant que lui, je veux dire Sabatier.

M. Boyer a seulementsupprimé

les réflexions

intéressantesqui

ornentl'ouvrage

de son illustre

prédécesseur et qui le rendent siagréable

à

lire, cequi, assurément, est un

grand pointdans

quelque genre que l'on écrive.

L'ancienne Académie des Sciences de Bordeaux,

proposa en i^iG,pour sujet d'un prix, la question

suivante

Quelest l'usage des

glandes surrénales?

Le programme renfermait, à cetégard, des

détails dont il est inutile deparler

ici. Aucun mé-

moire neremporta

le prix, et dans la séance pu-

bliquedu 25 Août 1718, l'auteur de l'Esprit des

Lois, qui, à cette époque, n'était âgé que de29

ans, fut chargé, parla compagnie,de

prononcer le

discours suivant, quilui

appartient tout en entier.

Page 216: Medecine pratique.pdf

GLAÎfnES SURRÉNALES.

Ce n'est autre chose qu'un rapportsur lesouvrages

envoyés au concours; mais, Montesquieu, sans être

anatomiste, y parle cependant d'anatomie, comme e

Winslow et Sabatier auraient pu le faire dans la

même circonstance;tant ilestvrai que les hommes

de génie, quelque sujet qu'ils traitent, trouvent

dans les ressources de leur esprit, et dans la

flexibilité de leur talent, les moyensde vaincre ces

obstacles insurmontablespour les hommes mé-

diocres. Vous admirerez MM., dans cet opuscule,

ce style rapide et concis, ce talent de peindreavec peu de traits, sans

prodiguer ces couleurs,

ces réflexions toujours justes et toujours courtes,

qui naissent sans effort, comme d'elles-mêmes, et

cet heureux art d'enfermer dans un ouvrage quel

qu'il soit, moins de motsque

de sens qualités

précieuseset rares qui distinguent

si bien l'au-

teur de l'Esprit des lois, et des Considérations sur

les causes de la grandeur et de la décadence

des Romains. Heureuses les sociétés savantes,

lorsqu'elles ont de pareils secrétaires pour iuter-

prêtesmais il est

temps de le laisser parler

lui-même. Qui n'aimerait à lui céder la parole?a

Discours sur l'usage des glandes rénales prononcé

par Montesquieu,clans la

séance publique dit

25 Août 1718.

On a dit ingénieusement que les recherches

anatomiquestout une hymne merveilleuse à la

louangedu Créateur. C'est en vain que le libertin

voudrait révoquer en doute une Divinitéqu'il

Page 217: Medecine pratique.pdf

GLATTDnS SURRENALES.

1 1

craint, est lui-même la plusforte preuve de

son existence; il ne peut faire la moindre attention

sur son individu qui ne soit un argument qui

l'afflige: Hœret luteri lethalis arundo,

Laplupart

des choses neparaissent

extraordi-

naires,que parce qu'elles ne sont pas connues;

le merveilleux tombe presque toujours à mesure

qu'on s'en approche. On a pitié de soi-même; on

a honte d'avoir admiré. Il n'en est pas de même

du corps humain :1c philosophe s'étonne, et trouve

l'immense grandeur de Dieu, dans l'action d'un

muscle comme dans le débrouillement du chaos. s.

Lorsqu'on étudie lecorps humain, et qu'on se

rend familières les lois immuablesqui s'observent

dans ce petit empire; quand on considère ce

nombre infiui de parties qui travaillent toutes

pourle bien commun ces esprits animaux si

impérieux et si obéissans, ces mouvemens si

soumis etquelquefois

si libres, cette volonté qui

commande en reine etqui

obéit en esclave, ces

périodessi

réglées,cette machine si

simpledans

son action et si compliquée dans ses ressorts

cette réparationcontinuelle de force et de vie,

ce merveilleux de la reproduction et de lagéné-

ration, toujours de nouveaux secours à de nou-

veaux besoins quelles grandes idées desagesse

et d'économie

Dans ce nombre prodigieux de parties de

veines, d'artères, de vaisseauxlymphatiques, de

cartilages,de tendons, de muscles, de glandes,

on ne saurait croire qu'il y ait rien d'inutile ¡

Page 218: Medecine pratique.pdf

GLANDES SURRÉNALES.

tout concourt pour le bien du sujet anime; et

s'il y a quelque partie dont nous ignorions l'usage, t

nous devons avec une noble inquiétude chercher

à le découvrir.

C'est cequi

avaitporté l'Académie à choisir

pour sujet l'usage desglandes

rénales oucapsules

atrabilaires, et àencourager

les savans à travailler

sur une matière qui malgré les recherches de

tant d'auteurs, était encore toute neuve, et sem-

blait avoir été jusqu'ici plutôt l'objet de leur

désespoir que de leurs connaissances.

Je ne ferai pointici une

description exacte

de ces glandes,à moins de dire ce que

tant

d'autres ont déjà dit tout le monde sait qu'ellessont placées

unpeu au-dessus des reins entre

lesémulgentes et les troncs de la veine-cave et de

la grande artère. Si l'on veut voir des gens bien

peu d'accord on n'a qu'à lire les auteurs qui

ont traité de leur usage elles ont produit une

diversité d'opinions qui est un argument pres-

que certain de leur fausseté dans cette confu-

sion, chacun avait sa langue, et l'ouvrage resta

imparfait.

Les premiers qui en ont parlé les ont faites

d'une condition bien subalterne; et, sans leur

vouloir permettre aucun rôle dans l'économie

animale ils ont cru qu'elles ne servaient qu'à â

appuyerdifférentes parties circonvoisines. Les

uns ont pensé qu'elles avaient été mises là pour

soutenir le ventricule, qui aurait trop porté sur

les émulgentes; d'autres, pour affermir le plexus

Page 219: Medecine pratique.pdf

GtiWDES STJRRlïHALES.

nerveux qui les touche préjugés échappés des

Anciens, qui ignoraient l'usage des glandes.

Car, si elles ne servaient qu'à cet usage,à quoi

bon cette structure admirable dont elles sont for-

mées ? Ne suffirait-il pas qu'elles fussent comme

une espèce de masse informe, ruais indigestaque

moles? Serait-ce comme dans l'architecture, où

l'art enrichit les pilastres même et les colonnes?

Gaspard Bartholin est le premier qui,leur

ôtant une fonction si basse, les a rendues plus

dignes de l'attention des savans. Il croit qu'une

humeur, qu'il appelle atrabile, est conservée dans

leur cavité pensée affligeante, qui met dans nous-

mêmes unprincipe

de mélancolie, et semble faire

des chagrins et de la tristesse une maladie habi-

tuelle de l'homme. Il croit qu'il y a une com-

munication de cescapsules

aux reins, auxquels

cette humeur atrabilaire sert pour le délaiement

des urines. Mais, comme il ne montra pas cette

communication on ne l'en crut point sur sa pa-

role on jugea qu'il ne suffisait pas d'en démon-

trer l'utilité, il fallait en prouver l'existence; etque

ce n'était pas assez de l'annoncer, il fallait encore

la faire voir. Il eut un fils illustre qui, travaillant

pourla

gloirede sa famille, voulut soutenir un

système que son père avait plutôt jeté qu'établi;

et letegardant comme un héritage, il s'attacha à

le réparer. Il crut que le sang, sortant des capsules,

était conduit par la veine émulgente dans les

reins. Mais comme il sort des reins par la même

veine, il ya là deux mouvemcns contraires qui

Page 220: Medecine pratique.pdf

GLANDES SURIÎÉN-.YLES.

s entr empêchent Bartholin, pressé par la diffi-

culté, soutenait que le mouvement dusang, ve-

nant des reins, pouvait être facilement surmonté

parcette humeur noire et grossière qui coule

des capsules. Ces hypothèses et bien d'autres

semblables, nepeuvent être tirées que

(les tristes

débris del'antiquité,

et la sainephysique

ne les

avoue plus.Un certain Petruccio semblait avoir

aplani

toutes les difficultés il dit avoir trouvé des val-

vules dans la veine des capsules, qui bouchent

le passage de la glande dans la veine cave et

souvent du côté de la glande; de manière que

la veine doit faire la fonction de l'artère, et

l'artère, faisant celle de la veine porte le sang

parl'artère

émulgentedans les reins. Il ne man-

quaità cette belle découverte qu'un peu de vé-

rité. L'Italien vit tout seul ces valvules singulières;

mille corps aussitôt disséqués furent autant de

témoins de son imposture aussi ne jouit-il pas

long-temps des applaudisscmens,et il ne lui resta

pas une seule plume. Après cette chute, la cause

de Bartholinparut plus désespérée que jamais:

ainsi, les laissant à l'écart, je vais chercher quel-

ques autres hypothèses.

Les uns ( Spigelius ) prétendirent queces

capsulesne pouvaient avoir d'autre usage que

de recevoir les humidités qui suintent desgrands

vaisseaux quisont autour d'elles d'autres, que

l'humeurqu'on y

trouve était la même que le

suc lacté qui se distribue par les glandes du

Page 221: Medecine pratique.pdf

GLA.NDF.S SURRÉNALE.

mesanlere; cl autres, quil se formait dans ces

capsules un suc bilieux qui, étant portédans le

cœur, et se mêlant avec l'acide qui s'y trouve,

excite la fermentation, principe du mouvement

du cœur.

Voilà ce qu'on avaitpensé

sur les glandes

surrénales, lorsque l'Académie publia son pro-

gramme le mot fut donné partout, la curiositéfut

irritée. Les savans, sortis d'une espèce de léthargie,

voulurent tenter encore; et, prenanttantôt des

routes nouvelles, tantôt suivant les anciennes,

ils cherchèrent la vérité, peut-être avec plusd'ar-

deur que d'espérance. Plusieurs d'entre eux n'ont

eu d'autre mérite que celui d'avoir senti une noble

émulation; d'autres, plus féconds, n'ont pasété

plusheureux mais ces efforts

impuissanssont

plutôt une preuve de l'obscurité de la matière,

quede la stérilité de ceux

quil'ont traitée.

Je neparlerai point de ceux dont les disser-

tations arrivées trop tard n'ont pu entrer en

concours l'Académie, qui leur avait imposé des

lois, qui se les était imposées à elle-même, n'a

pascru devoir les violer. Quand ces ouvrages

seraient meilleurs, ce ne serait pas lapremière

fois que la forme, toujours inflexible et sévère,

auraitprévalu

sur le mérite du fond.

Nous avons trouvé un auteur qui admet deux

espèces de bile: l'une grossière, qui se sépare dans

le foie; l'autre plus subtile, qui se sépare dans les

reins avec l'aide du ferment qui coule des

capsules pardes conduits que nous

ignorons,

Page 222: Medecine pratique.pdf

GLAITDES SCRRÉNALÈS.

et que nous sommes même menacés d'ignorertou-

jours. Mais comme l'Académie veut être éclairée

et nonpas découragée

elle ne s'arrête point à

ce système.

Un autre a cruque

ces glandes servaient à

filtrer une lymphe épaissie, ou cette graisse qui

est autour des reinspour être ensuite versée dans

le sang.

Un autre nous décrit deux petits canaux qui

portent les liqueurs de la cavité de la capsule

dans la veine qui lui est propre cette humeur,

que bien des expériences font juger alcaline, sert,

selon lui, à donner de la fluidité ausang qui

revient des reins, après s'êtreséparé

de la sérosité

qui compose l'urine. Cet auteur n'a que de trop

bons garans de ce qu'il avance: Sylvius, Manget

et d'autres, avaient eu cette opinion avant lui.

L'Académie, qui ne saurait souffrir les doubles

emplois qui vent toujours du nouveau, qui,

comme un avare, par l'avidité d'acquérir toujours

de nouvelles richesses, semble compter pour rien

celles quisont déjà acquises, n'a point couronné

ce système.

Un autre, qui a assez heureusement donné la

différence qu'il y a entre les glandes conglobées

et les conglomérées, a mis celles-ci au rang des

conglobées:il croit

qu'ellesne sont

qu'une con-

tinuité de vaisseaux, dans lesquels, comme dans

des filières, le sang se subtilise; c'est un peloton

formé par les rameaux de deux vaisseaux lym-

phatiques,l'un déférent, et l'autre réfèrent il

Page 223: Medecine pratique.pdf

CL4HD1S SDBBÉKALE».

juge quec'est le déférent qui porte

laliqueur,

et

nonpas l'artère parce qu'il

l'a vu beaucoup plus

gros;cette liqueur est reprise par

le référent qui

la porte au canal tliorachique et la rend à la

circulation générale. Dans ces glandes, et dans

toutes les conglobées, iln'y

a point de canal

excrétoire, car il nes'agit pas

ici deséparer des

liqueurs,mais de les subtiliser.

Cesystème, par

uneapparence

de vraiqui

séduit d'abord, a attiré l'attention de lacompagnie;

mais il n'a pula soutenir. Quelques membres

ont proposé des objections si fortes, qu'ils ont

détruit l'ouvrage, et n'y ont pas laissé pierre sur

pierre j'en rapporteraiici

quelques-unes; et

quant aux autres, je laisserai à ceux qui me font

l'honneur de m'entendre leplaisir

de les trouver

eux-mêmes.

Il y a dans lescapsules une cavité; mais, bien

loin de servir à subtiliser laliqueur, elle est au

contraire très-propreà

l'épaissir et à en retarder

le mouvement. Il y a dans ces cavités un sang

noirâtre et épais; ce n'est donc point de la lym-

pheni une liqueur subtilisée. Il

ya d'ailleurs de

très-grandsembarras à faire passer la

liqueur du

déférent dans la cavité, et de la cavité dans le

réfèrent. De dire quecette cavité est une espèce

de cœur qui sert à faire fermenter la liqueur,

et la fouetter dans le vaisseau référent, cela est

avancé sans preuve, et on n'a jamais remarquéde battement dans ces parties plus que dans les

reins.

Page 224: Medecine pratique.pdf

GLANDES SOnjlENAtF.S.

On voit partout ceci que l'Académie n'aura

pasla satisfaction de donnerson prix cette année,

et que ce jour n'est point pour elle aussi solennel

qu'elle l'avait espéré: par les expériences et les dis-

sections qu'elle a fait faire sous ses yeux, elle a

connu la difficulté dans toute son étendue, et elle

a appris à ne point s'étonner de voir que son

objet n'ait pas été rempli. Le hasard fera peut-être

quelque jour ce que tous ses soins n'ont pu faire.

Ceux quifont profession de chercher la vérité ne

sont pasmoins

sujets queles autres aux caprices

de la fortune peut-être ce qui a coûté aujourd'hui

tant de sueurs inutiles ne tiendrapas

contre les

réflexions d'un auteurplus

heureux. Archimèdc

trouva, dans les délices d'un bain, le fameux

problème que ses longues méditations avaient

plusieurs fois manqué. La vérité semble quelque-

fois courir au devant de celuiqui la cherche

souvent il n'y a pas d'intervalles entre le désir,

l'espoir et la jouissance. Lespoêles nous disent

que Pallas sortit sans douleur de la tête deJupiter

pour nous faire sentir, sans doute, que lespro-

ductions de l'esprit ne sont pas toutes laborieuses.

Voyez l'édition des œuvres de Montesquieu,

2 vol. iri-H.0 chez Belin; Paris, 1817; et celle

en 5 vol. in-8.0 chez Crapelet; Paris, 1818.

Monsieur le docteur Portal,aujonrd'hui premier

médecin du Roi, a mis ail bas du discours que

nous venons de citer, la note suivante

« Les anatomistes ne connaissent pas mieux

» aujourd'hui que du temps de Montesquieu les

Page 225: Medecine pratique.pdf

GLANDES SrjMt&ÏALES.

»usages des glandes rénales; il

faut'probablement

» des recherches p!us fréquentessur les foetus de

» divers âges pour en développer la structure.

» On ne peut remarquer sans admiration que

» si Montesquieu s'était adonné à l'étude de l'a-

» natotnie, il aurait fait faire à cette science des

» progrès aussi sensibles, peut-être, que ceux qui

ont signaleses

pas dans les sciences morales ».

Observations sur les maladies de la moelle épi-

nière (\) par J. Abercrombie, D. M. associé

au collége royal des chirurgiens d Edinbourg.

Il me semble que dans cepays (Ecosse), on n'a

pas prêté assez d'attention aux maladies de la

moelle-épinière. Lorsque nous considérons la dé-

licatesse de sa structure, et sa ressemblance avec

la structure du cerveau nous devons nous atten-

dre à la trouver atteinte de nombreuses maladies,

semblables, par leur nature, à celles de l'encéphale;

et quandnous nous

rappelonsles nerfs nombreux

quien naissent, nous concluons que ces maladies

doivent avoir une influence très-étendue sur plu-,

sieurs fonctions ducorps. Elles ouvrent un champ

intéressant aux recherches, et si celles.ci sont pour-

suivies avec ardeur parun

esprit exact et philo-

sophique, ellespromettentdes résultats

importants

pourla pathologie de plusieurs maladies, jusqu'à

présent enveloppées d'une grande obscurité.

(0 Ces observations ont élê traduites du journal de médecine

d'Edinbourg, n.o LIII, caLier de Janvier iSt S,

Page 226: Medecine pratique.pdf

MALADIES

Les Anciens attachaient une grande importance

à l'étude de la moelle épinière comme étant

un siège de maladie, sur-tout dans les affections

convulsives et paralytiques. Alexandre de Tralles,

fut même jusqu'à soutenir que la paralysie des

membres avait son origine dans le cerveau, seule-

ment lorsqu'elle est accompagnée de la paralysie

de quelque partie de la tète, comme les yeux ou la

langue, et que, lorsqu'elle n'est point accompagnée

de la paralysie d'une de ces parties elle dépend

toujours de l'affection de la moelle épinière (i).

Galien parait avoir professé, à peu près, la même

opinion (a). Dans les temps modernes des écri-

vains du continent ont beaucoup fait pour éclairer

ce sujet l'on peut citer, parmi eux; Astruc (3),

Ludwig(4), Plouquet (5), Portal (6), Frank (7),

Brera (8) et Ranchetti (9). Quelques-uns de ces

écrivains, il le faut avouer, ont traité ce point de

pathologie spéciale plutôt à l'aide d'hypothèses

(1) Alexand.de Traites, de An., méd. lib' l cap. 16.

(2) Dé Uk.afftct. Cap.

X.

(3) Quœiiio MedicïL ait Moba Culicœ Pictonum rectius Rachial~-

gice Venœ-teclio,

(4) Advertaria Medico-practica, vol. Il, de Doloribusad SpinamDoni.

(5) Exempliim Sîngularis Morbi Paralilycl.

(6) Cours d'anaiomie médicale tom. I et IV.

(7)Oratio de Venebralh Columnat in Morbit

Dignûatc;in Delicl.

Opiuculor. Val. XI.

(8) Della Rachialgiie cenni Patologici in Atti deU'AccademiaItaliau, Tom. I.

(9) Della Slrutturaj délie Funzioni è délie Malattie, della Mi-

dsll> Spinal*

Page 227: Medecine pratique.pdf

DE LA. MOELLE ÉPINIÈRE.

T. I^dela2."sér.,cah. de Mars et Jvril i8i§. i5

ou de conjectures ingénieuses que d'après des

recherches exactes; maisplusieurs

faitsimportans

ont été rapportés par d'autres, et ces cas parti-

culiers rassemblés, jettent unegrande lumière

sur les maladies de cet organe. Je ne vais tracer,

d'aprèsles faits, qu'un petit nombre de

principes

généraux, persuadé que dans l'état imparfait de

nos connaissances, touchant lesaffections morbides

de la moelle épinière, le mieux est de se contenter

de rapporter des observations accompagnées d'au-

topsies cadavériques.

I. Inflammation etsuppuration. Le cas suivant

estremarquable je ne l'ai

point observé durant

la vie du malade; mais j'ai assistéà l'autopsie

cadavérique.

M. R. âgéde 26 ans, avait éprouvé, pendant

plusieurs années, uue suppuration par l'oreille

gauche. Ils'écoulait ordinairement, par

cetorgane,

unpeu

de matière, dont la quantité augmentait

toutes les fois que de graves douleurs se faisaient

sentir. La douleur, dans ces.occasions, s'étendait

au côté gauchede la tète, et, souvent, continuait

une semaine entière avecbeaucoup d'opiniâtreté.

-La premièresemaine d'Avril 1817, il fut dé-

tourné de son travail habituel par une douleur

qu'ilressentait à la tête, et qui affectait particuliè-

rement le front et l'occiput. Il restait au lit une

partiedu jour, ou bien il était levé pandant une

autre plus graude partie,durant laquelle il écri-

vait ou lisait; son appétitétait mauvais et son

sommeil troublé; iln'y

avait que peu et même

Page 228: Medecine pratique.pdf

MALADIES

point de fréquence du pouls, et le mal n'excita

que peu l'attention pendant une semaine. A peu

près vers la fin de ce temps, il se plaignit d'une

douleur qui s'étendait au cou.La seconde semaine

de sa maladie, les douleurs de la tête perdirent

beaucoup de leur intensité; mais la douleur du

cou devint plus violente et s'étendit sur la colonne

vertébrale où elle resta fixe plusieurs jours; en-

suite, elle continua à s'étendre vers le bas, et

elle se fixa, avec une violence très-marquée, sur

la partie la plus inférieure de la colonne épi-

nière, d'où elle se propagea autour du corps,

et ^ur- tout aux épines iliaques. Dès que la

partie inférieure de la colonne fut ainsi affectée

le malade ne se plaignit plus de céphalalgie et

rarement des parties supérieures de l'épine du

dos mais il eut une grande inquiétude dans tout

l'abdomen, et il éprouvait beaucoup de difficulté

et une grande douleur lorsqu'il voulait uriner.

Par les progrès que fit la maladie, ses douleurs

devinrent extrêmes vers le quinzième jour il

ne pouvait rester au lit plus de cinq minutes,

mais il se promenait toujours, dans sa maison,

avec une agitation extrême, saisissant la partie

inférieure de son dos avec ses deux mains, et

grinçantdes dens, à cause de l'acuité des douleurs

qu'il éprouvait.Il n'avait pas d'intervalle de repos,

et il était quelquefois impatient et difficile à

conduire.-Le 16, soutenu par des aides, il fut

prendre un bain chaud. A son retour, il se crut

un peu soulagé; mais, bientôt, souffrances aussi

Page 229: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE eViMÈRE.

intenses qu'auparavantdouleurs vives dans l'ab-

domen dysurie cruelle idées confuses; légère

difficulté de parler; pouls donnant àpeu près

cent pulsations par minute; évacuations alvines

entretenues par de doux purgatifs. Le 17, nulle

diminution dans lessymptômes. Dans la journée,

idéesdisparates par intervalles, quelques contrac-

fions convulsives des muscles de la face, déglu-

tition difficile, pouls fréquent (120 à i3opulsat.

par minute) dans la nuit on lui fit une petite

saignéedu bras. Dès lors, tranquillité pendant

quelques instans; mais ce repos fut de courte

durée, car il sortit de son lit vers trois heures

du matin alors, agitation extrême, vives souf.

frances, délire furieux, pendant lequel il déchirait

ses habits. Peu de temps après, il renversa sa

tête en arrière avec beaucoup de violence; puis,

assoupissement léthargiquemort deux heures

après.

On n'avait observé aucune affectionparaly-

tique pendantle cours de la maladie, ni aucune

difficulté de respirer,ni aucun vomissement, pi

aucune convulsion, exceptécelle des muscles de

la face. Lepouls

avait varié depuis go jusqu'à

i3o pulsations,et l'on remarqua qu'il avait été en

général petitet irrégulier.

Les fonctions des intes-

tins s'exécutaient lihrement; mais la douleur du

dos s'accroissait'de beaucoup en allant à la selle.

Deux jours avant sa mort, il avait eu quelques at-

taquesde tremblement. L'oreille gauche, durant

sa maladie, laissa sortir beaucoup de matière pu-

Page 230: Medecine pratique.pdf

MALADIE

rulente, et présenta, vers sa partie postérieure, une

tumeur enflammée. Les moyens médicaux, con-

sistèrent en saignées générales et locales, en pur-

gatifs,et en un vésicatoire au dos. Le sang, obtenu

parla phlébotomie ,se

couvrait d'une couëne in-

flammatoire épaisse.

Jutopsie. Après l'examen le plus soigneux, on

trouva chaque partie du cerveau dans l'état le

plus sain. En enlevant l'encéphale, un peu de

matière gélatineusefut trouvée sous la moelle

allongée, et unequantité

considérable de matière

purulente parut provenirdu canal vertébral. En

coupant,eu travers, la colonne vers la

quatrième

vertèbre cervicale on vit s'écouler une matière

purulentede la partie inférieure du canal. La

colonne ouverte jusqu'au sacrum (en coupant les

vertèbres de chaque côté des apophyses épineu-

ses), et la moelle épinière étant découverte dans

toute son étendue, on la vit couverte d'une cou-

che de matière purulentesituée entre elle et

ses membranes et cette matière était distribuée

avec tant d'uniformité, qu'elle paraissait être le

produitde la maladie, qui avait

attaqué graduel-

lement toute la moelle épinière. Néanmoins, elle

était plus abondante en trois endroits à la

partie supérieure du canal, près dugrand trou;

versle milieu des vertèbres dorsales, et au haut du

sacrum. La substance de la moelle épinière était

très-molle, et, en quelques endroits, très-divisée

en filamens tous les viscères étaient sains.

On peut, ce me semble, considérer cette obser-

Page 231: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ^PUSIÈRE.

vation comme unexemple

de l'inflammation

activeidiopathique de la moelle épinière

et de

ses membranes. J'ajouterai, sur le même point

de pathologie, le fait suivant recueilli par M.

Charles Bell, comme un exemple d'inflammation

provoquée par une violence externe.

Un charretier, assis sur la (lèche de sa charrette,

en fut renversé par une secousse prompte et

violente, et se frappa, en tombant, sur la partie

postérieure du cou et des épaules. On le trans-

porta à l'hôpital de Middlesex où il resta pendant

une semaine ne seplaignant que

d'un engour-

dissement à la partie postérieure du cou. Le hui-

tième jour après son admission, il fut saisi de

convulsions générales quifurent bientôt rem-

placées parun tétanos (mâchoire serrée); quel-

ques heures après fort mouvement convulsif,

de la machoire inférieure qui dura pendant

environ cinq minutes délire maniaque déve-

loppement dequelques symptômes caractéristi-

ques du typhus. Quatre jours après, paralysie des

extrémités inférieures. Ce malade vécut encore

une semaine; mais il continua de s'affaiblir, et

il présenta constamment quelques symptômes du

typhus. La veille de sa mort, il avait recouvré

le sentiment, car ilpouvait sentir le doigt qui

frottait ses extrémités inférieures.

Autopsie. A l'ouverture du canal vertébral,

on remarqua unegrande quantité de matière

purulente quiavait gagné

lapartie la

plus dé-

clive. Elle parutavoir été formée vers la der-

Page 232: Medecine pratique.pdf

MALADIE

nière vertèbre cervicale et la première dorsale;

là, le cartilage inter-vertébral était détruit au

point quele pus s'était

épanché à travers les

fibres musculaires. Dans un autre cas, rapporté

par M. BeU, remarquable parla fractur de la

dernière vertèbre dorsale, on trouva une matière

purulente entre la moelle épinièreet ses mem-

branes. Dans cette observation, nulle paralysie;

mais il y eut fièvre insomnie vomissement

délire violent. La mort survint au milieu d'un

grand affaissement général (i).

Ces cas serviront à éclairer la marche active de

cette espèce d'inflammation. Les trois faits suivans,

rapportés par Brera (2), caractériseront l'inflam-

mation chronique de la moelle épinière.

i.° Une femme âgée de 2 ans, qui avait consi-

dérablement souffert de lasyphilis,

fut saisie

d'uue fièvrequotidienne intermittente grave

laquelle résista à tous les remèdes ordinairement

employés dans ces cas. Après quelque temps,

cette fièvre intermittente fut suivie de douleur

dans larégion lombaire, de diarrhée, de tran-

chées, de tenesme, de faiblesse généraleet d'éma-

ciation. Environ trois moisaprès le dévelop-

pement de cette affection pyrétique, la malade

commença à se plaindre de prostration des forces,

de mouvemens convulsifs de l'extrémité infé-

rieure gauche,de la même manière que dans la

( Quaterly Report of Cases in Surgery. Part. II.

(2) Délia RacMalgiie cenni pjtliologici.

Page 233: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPI^IERE.

danse de S.t.-Weith; ainsi, en marchant, elle trai-

nait la jambe, et si elle voulait, parun effort

puissant, précipiter la marche, la partie affecté?

éprouvait des distorsions convulsives. Bientôt

après,le bras gauche s'affecta de la même manière,

et on remarqua- des mouvemens convulsifs de

la face et des yeux. Les douleurs intestinales

cessèrent dans peu, mais les autres symptômes

s'accrurent alors difficulté de mouvoir les mem-

bres puis paralysie presque complète pro-

nonciation difficile, diminution de la mémoire,

et, peu detemps après, perte

de laparole, coma,

convulsionsgénérales terribles; mort, plus

d'un

mois après le commencement de l'affection con-

vulsive de la jambe.A l'autopsie cadavérique

on trouva un peu

de sérosité dans le thorax et dans les ventricules

du cerveau. La moelle épinière était flasqueet

en supparation dans une étendue considérable;

les membranes qui la revêtent, étaient, dans

beaucoup d'endroits, couvertes d'un fluide puri-i-

forme. Il y avait, aussi, un épanchement séreux

dans le canal épineux.

2.0 Un homme, âgé de 4o ans, fut reçu dans

l'hôpital de Créma au Printemps de 1804, ne

se plaignant que d'une faiblesse générale et d'un

abattement-: symptômes qu'on ne pouvait attri-

buer à aucune cause. Il était toujours au lit, mais,

pourtant,sans se plaindre d'aucune douleur son

appétit était bon, et il était sans fièvre. On le

regardait comme peu malade aussi mit-on en

Page 234: Medecine pratique.pdf

MALADIE

(•l lp<* nnèrp.Qusage les menaces et les prières pour l'obliger à

montrer ses forces, et à marcher; mais ce fut

en vain. Ce malade, de maigre et pâle qu'il était,

devint gras et paraissait jouir de la meilleure

santé. Cet état continua pendant l'Été et l'Au-

tomne. Aux approches de l'Hiver, il perdit l'appétit

et devint maigre et cachectique. Dans le mois

de Février i8o5 paralysie des bras et des jambes;mort subite en Mars.

A t'autopsie cadavérique, on trouva tout l'inté-

rieur de la tête sain, ainsi que lesorganes

renfer-

més dans le thorax et l'abdomen. Le canal épineux

offrit unépanchement

d'un fluide sanguinolent.

et sanieux; apparences d'inflammation et de sup-

puration dans la moelle épinière, dont la subs-

tance était très-molle et tendait à la dissolution.

3.° Un jeune soldat, récemmentguéri d'une

fièvre pétéchiale,se plaignait de douleurs dans

les vertèbres dorsales, de difficulté de mouvoir

les extrémités inférieures de suppression des

urines d'excrétion involontaire des matières

fécales, de débilité générale et d'émaciation. On

employa un grand nombre de moyens thérapeu-

tiques pendant plusieurs mois, mais, sans succès.

La faiblesse des extrémités inférieures s'accrut

jusqu'à paralysie complète;bientôt

après, les ex-

trémités supérieures furent affectées de la même

maladie dès lorsperte de la parole. Quinze jours

après d'un état d'immobilité et entièrement privé

de laparole, mais conservant encore ses facultés

intellectuelles, il mourut subitement.

Page 235: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPINIÈRE.

A l'ouverture ducaciavre,,

on ne trouva au-

cune trace de la maladie, soit dans le cerveau,

soit dans le thorax soit dans l'abdomen. La

moelle épinière était inondée parune

grande

quantitéde fluide sanieux elle était en

suppu-

ration etdésorganisée

à lapartie inférieure de

larégion dorsale, sans pourtant avoir perdu sa

forme naturelle; ses membranes et le périoste, qui

couvre le canal vertébral étaient détruits à la

partie où la moelle avaitéprouve une forte désor-

ganisation les vertèbres et les ligamens étaient

sains.

Le cas suivant rapporté par M. Portal (i), montre

une autre modification de la maladie

Une femme, grasseet forte, éprouvait, depuis

long-temps, de vives convulsions dans l'extrémité

inférieure gauche,toutes les fois qu'elle était au

moment d'être réglée elles ne cessaient que

lorsque les règles avaient coulé assez abondam-

ment les règles cessèrent vers l'âge de 4o ans;

alors cette extrémité devint entièrement paralysée.

Les saignées,les vésicatoires et autres remèdes

furent inutiles. On avait le projet d'envoyer la

malade aux eaux de Eourbonne lorsqu'elle

éprouvades convulsions du bras du même côté,

dont l'extrémité inférieure étaitparalytique elle

fl) Cours d'Anatomie médicale, tome, IV-i 16.

M. Abercromlji n'ayant que d'une manière succinte

les observations de M. le professeur Porta! nous avonscru, guida

par l'intérêt que quelques-uns de ces faits npus ont présenté, devoir

les consigner ici textuellement.

Page 236: Medecine pratique.pdf

MALADIES.

péritd'une affection comateuse. J'en fis l'ouverture:

nous trouvâmes la membrane arachnoïde et la

pie-mère enflammées vers les dernières vertèbres

dorsales et les premières lombaires. La moelle

épinière était très-rouge, ramollie du côté droit;

mais elle paraissait saine du côté gauche dans

toute son étendue. Cette observation prouve que

la lésion d'un seul côté de la moelle épinière,

comme de la moelle alongée peut donner lieu

à des convulsions ou à la paralysie de l'autre côté

du corps.

Lieutaud renvoye à une observation consignée

dans l'ouvrage intitulé Miscellanea curiosa, et qui

a pour sujet un homme qui mourut d'une fièvre

continue, après avoir été affecté, pendant le cours

de cette maladie, d'ischurie et de paraplégie.Le

rein droitfut trouvé noir, et la moelle épinière de

ce côté présenta la même couleur. Dans un cas

semblable, qu'il cite d'après Lczïius ci l'oate, la

mort survint le i4mejour d'une fièvre continue,

avec paraplégie et suppressiond'urine.

A l'ouverture cadavérique on trouva le rein

gauche enflammé, fîphacelé; la moelle épinière du

lûême côté offrait aussi des traces d'une lésion

morbide: In conspectuinvenit ren sinister, infiant'

malus et syderatus; lœsa etiam erat medullaspinalis

in eodem latere (\) D.

Les phénomènes que présententces lésions, de

la moelleépinière, indiquent que tous les organes

(1) Lieutaud, Hisïor. Anatomico-medic. ,Ti I, obï, injïetlioy.

Page 237: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPIfUÉRE.

principaux sont généralementaffectés. Ainsi, ceux

de la tête et du col nous offrent les symptômes

suivans contorsion desyeux,affection convulsive

de la face, mutité, aphoniecontraction de la mâ-

choire ressemblant au trismus, déglutition difficile,

qui semble caractériser une espèce d'hydrophobie.

Onpeut rapporter

aux viscères du thorax ces

autres symptômes palpitationet

oppressiondu

cœur, sentiment douloureux de resserrement dans

larégion du diaphragme, dyspnée, dans quelques

cas permanente et, dans d'autres, paroxystique

comme dans l'asthme. L'abdomen est Je siège d'une

troisième classe de phénomènes tels que,vomis-

sement, douleurs intestinales ressemblant à la

colique, diarrhée et tenesme, excrétion involon-

taire de matières fécales; suppression ou inconti-

nence d'urine. Le systèmemusculaire n'est

point

étrangerau trouble général on observe des con-

vulsions générales quelquefois comme celles qui

surviennent dans la chorée, et dans le tétanos;

enfin, il survient un dérangement dans les fa-

cultés intellectuelles qui se manifeste par l'am'

nésie, le délire, et le coma.

Dans l'état présent de nos connaissances, nous

nousgarderons

bien d'affirmer que toutes ces ma-

ladies résultent de l'affection de la moelle épinière,

attenduqu'elles ne paraissent pas toujours ensem-

ble, ni au même degré d'intensité. Cette remarquea sur-tout rapport aux affections des muscles

volontaires. En quelques cas, l'on trouve la con-

vulsion et la paralysie; dans d'autres, laparalysie

Page 238: Medecine pratique.pdf

MALADIE

sans convulsions; et dans un castrès-grave,

ci-

dessus décrit, on n'observa ni l'uue ni l'autre. De

pareilles variétés s'observent dans les autres phé-

nomènes qui ne paraissent pas dépendre invaria-

blement, comme on l'asupposé,

des affections de

la moelle épinière, siège de la maladie. Aussi, doit-

on, d'après de nouvelles observations, rechercher

avec soin, les loisqui règlent

ces différencesqui

ne sont pas suffisamment expliquées par le siège

du mal, dans tel outel point de lamoelle épinière.

II. Effusion séreuse. L'épanchement séreux,

dans le canalépineux, est ordinairement situé

sonsle prolongement

de ladure-mère qui

entoure

la moelle épinière. Il est probablement l'effet de

l'état inflammatoire, puisque la phlogose de l'en-

céphale donne lieu aux mêmes résultats. Il se

présenta, dans plusieurs des cas que nous avons

déjà rapportés, combiné avec lasuppuration. On

la voit, aussi, nullementaccompagné d'aucune

autre affection morbide, commele prouvent

les

faits suivans.

i. (i) Un homme âgé de plus de !\o ans, se

plaignitde douleur et de pesanteur dans les ver.

tèbres dorsales inférieures. La douleur était aiguë

et s'étendait par intervalles en haut et en bas,

au sommet et au bas de l'épine. Elle s'était maiu.

tenue ainsi pendant onze jours, lorsqu'il fut saisi

de paralysiede l'extrémité inférieure gauche qui,

troisjours après,fut suivie de suppression d'urine.

(l) Morgigni de Causis et Sedîb, etc. Epist< X. Sect, iS.

Page 239: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPWIÈRE

La douleur du dos était alors si aiguë qu'elle

l'empêchaitde se coucher; bientôt après,

elle fut

suivie de difficulté de respirer,de vomissement,

et de convulsions toniques du tronc et des extré-

mités supérieures. Les convulsions revenaient de

temps en temps et continuaient pendant quinze

minutes environ alors, paralysiede l'extrémité

inférieure gauche intégrité des facultés intellec-

tuelles, mort subite.

A l'autopsie, on trouva beaucoup de sérosité, seu-

Icment, sur la surface du cerveau et dans la cavité

de l'épine; d'ailleurs, la moelle épinièreétait saine-

2. Un enfant âgé d'un an (dont le cas est

très-brièvement rapporté par M. Chevalier) (i),

après s'être plaint de grandes douleurs, perdit

l'usage des extrémités inférieures, et mourut en

trois jours. Le canalépineux était rempli d'une

sérosité sanguinolente.

3. Bonet (a) parle d'une jeune femme qui, après

avoir beaucoup souffert de colique, fut atteinte

de paralysie, qui commença à la partie supé-

rieure des bras et s'étenditgraduellement jus-

qu'au bout des doigts. Ensuite, les jambes furent

affectées de la même maladie, et elle mourut,

d'un épuisement graduel, un an après l'invasion

de la paralysie. Dans toute l'étendue de la moelle

épinièreil

yavait un

espace, entre sa dure-mère

et sa pie-mère, remplid'un fluide séreux; il

y

avait, aussi, quelque épanchement dans le cerveau.

(1) Transac. medico-chimrg. Val. III io5

(2)Boneti Sepulçhretum A'uuomiçum V^ol.I.

Page 240: Medecine pratique.pdf

MALADIES

4 Un homme dont parle M. Portai i ), fut d'abord

atteint d'un engourdissement des extrémités in-

férieures, et enfin d'une paralysie de ces mêmes

parties;ellesdevinrent œdémateuses s'enflèrent

considérablement: les extrémités supérieures s'en-

gourdirentet perdirent l'usage du mouvement.

elles s'enflèrent aussi beaucoup, ainsi que tout

le corps. Cependant le malade urinait assez co-

pieusement, ne se plaignait pas de la soif, sa

respirationétait encore libre il tomba dans l'as-

soupissement et mourut.

A l'ouverture du corps à laquelle j'assistai

dit-il, on trouva beaucoup d'eauépanchée dans

le cerveau et dans le canal vertébral; les ventri-

cules du cerveau en étaient pleins, et la moelle

épinière en contenait aussi dans sa substance. On

vit, dans son milieu, un canal qui seprolongeait

jusques vers la 3.me vertèbre dorsale, dans lequel

on eût pu introduire une grosse plume à écrire-

Plusieurscas d'épanchement séreux, dans le ca-

nal vertébral, sont rapportés par Bonet, Morgagni

et d'autres illustres écrivains; mais comme dans

chacun de ces faits, le cerveau était atteint d'une

forte lésion, il n'est pas facile de déterminer quels

étaient les symptômes auxquelsavait donné lieu

l'épanchement dans le canal vertébral.

III. Epanchement gélatineux. Un jeune homme

de i4 ans (2) reçut un coup surl'épine, entre

(1) Cours d'Anatomie Médicale, tome IV, page 117.

(2) Loadon medical obsservations and. inq. Vol. III pqg. 16e.

Page 241: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPINfÈRE.

lesépaules,

en tombant en arrière contre le coia

d'une chaise. Le mal parut être léger,car aucun

symptôme grave ne se manifesta il seplaignait

seulement qu'en levant sa tête, il éprouvait une

douleur pongitive dans lapoitrine aussi, il la

tenait panchée en avant. Quatre semaines après,

il fut affecté de paralysie commençante des extré-

mités inférieures laquelle bientôt après, fut

complète. Vers le même temps, urines et évacua-

tions alvines involontaires: il était dans cet état,*

depuis deux ou trois semaines, lorsque les bras

se paralysèrent et qu'il perdit la faculté de mou-

voir sa tête. 11 mourut le jour suivant, trois mois

après les prodromes de la maladie, ayant cons-

tamment joui du sentiment jusqu'à sa mort. Pen-

dant les progrès de la maladie, il se plaignit fré-

quemmentd'une

grande oppressionet d'une

douleurpongitive

depoitrine.

A l'autopsie les viscères du thorax et de

l'abdomen furent trouvés sains; un peu de séro-

sité sangninolente s'écoula de la surface du cer-

veau qui, du reste, n'était point altéré. A l'ou-

verture du canal épineux, grande quantité d'un

fluide séreux sanguinolent;substance molle, de

t\ pouces de longueur, placée entre les os et la

moelle épiuièrevers la partie qui avait reçu,

la contusion. Cette substance étant agitée dans

l'eau, elle s'y délaya en grande partie. Une sem-

blable substance se trouvait en avant entre

lesapophyses

transverses de la quatrième et de

lacinquième

vertèbres dorsales, où elle formait

Page 242: Medecine pratique.pdf

MALADIES

deux tumeurs de matière molle, pulpeuse, dont

l'une et l'autre étaient situées à chaquecôté de

l'épine,dans le creux entre

les apophyses épi-

neuses et les transverses. La plus considérable, était

d'environ trois ou quatre'pouces de longueur, large

d'un pouce et demi, et d'un pouce d'épaisseur.

La moelle épinière et les vertèbres étaient saines.

IV. Endurcissement de la moelle épinière.

L'existence de cette affection est prouvée par

l'observation du Marquis de Caussan, rapportée

par M. Portal(i)

elle est au surplus remarquable

par la ressemblance de ses symptômes avec ceux

d'une affection du cerveau. « Le ci-devant Marquis

de Caussan, dit M. Portai, d'un tempérament sec et

très-sensible, éprouva d'abord des fourmillemens

dans les doigts de la main droite, ensuite dans

ceux du pied du même côté; ces doigts deve-

naient moins sensibles, et conservaientcependant

t

leur mouvement. L'insensibilité seprolongea

à la main et aupied.

Cesparties maigrirent et

se refroidirent; le [mal augmenta graduellement

des mains à l'avant-bras, du pied à la jambe:

cependant le malade marchait encore; le bras,

la cuisse de ce côté s'atrophièrent et M. de

Caussan resta plus d'un an dans cet état, mar-

chant encore, dans son appartement, avec une

crosse qu'il plaçaitsous l'aisselle du côté malade.

Cependantles extrémités des

doigts de la main

gauche, et ceux des doigts du pied du même

(l) Couis d'Anatomie Médicale, tom, IV, p. 116.

Page 243: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPIMÈRE:

T. IV dehî.e sér., cah. de Mars et Avril 1 8 1 9 1 6

côté commencèrent à s'affecter comme avaient

fait ceux de la main droite et du pied droit; le

mal augmentatant de ce côté que

de l'autre.

Le malade fut enfin forcé de rester dans son lit,

privé de toute espèce de mouvement, soit du

tronc, soit des extrémités. Néanmoins, ilrespirait

et avalait assez facilement. Les autres fonctions

continuèrent pendant quelque temps de se faire

sans aucune lésion mais, peu à peu, la vue s'af-

faiblit et s'éteignit en même-temps que l'ouïe

devenait dure, et celle-ci termina par être, aussi

entièrement détruite. Le malade prononçait en-

core des sons mal articulés, et avalait quelques

cuillerées de bouillon ou de gelée; le pouls était

fort lent, assez dur et un peu inégal la respira-tion était libre: mais la déglutition devint de plus

en plus difficile le pouls très-lent, ainsi que la res-

piration. On ne comptait que quarante, trente, dix

pulsations par minute; je n'ai jamais trouvé un

pouls aussi lent; enfin la vie du malades'éteignit.

A l'ouverture du corps, qui fut faite en ma pré-

sence par Ivl. Déjean, chirurgiendu ci-devant Prince

de Conti, nous trouvâmes toutes les parties du

corps, même le cerveau, dans l'état naturel; mais

la portion de la moelle épinière, contenue dans

les vertèbres cervicales, était très-endurcie, ayant

une consistance cartilagineuse: les membranes qui

la revêtent en cet endroit étaient très-rouges et

comme enflammées.

V.Epaississement

des membranes. Le corn te de

Page 244: Medecine pratique.pdf

MALADIES

Lordat (1), âgé de trente-cinq ans, fut renversé

de sa voiture; sa tète frappa contrel'impériale,

et son cou fut courbé de gauche à droite. Une

se plaignit alors que d'une légère douleur lelong

du côté gauche du cou, qui disparut en peu de

jours. Six moisaprès, légère

difficulté dansla pro-

nonciation, faiblesse du bras gauche pendant près

d'un an. Ces symptômes n'augmentèrent pas d'in-

tensité mais alors, atrophie du bras, aphonie, mou-

vemens convulsifs involontaires de tout le corps.

Après un autre long intervalle, engourdissement

du bras droit, respiration oppressée, grande diffi-

culté d'avaler, émaciation générale, diarrhée,

urines naturelles, intégrité des facultés intellec-

tuelles, mort subite, quatre ans après lepremier

accident. Ses extrémités inférieures avaient été,

pendant un temps considérable atteintes seule-

ment de faiblesse, mais non deparalysie

car il

sepromenait

d'une chambre à l'autre, s'appuyant

sur le bras d'un homme, quelques heures avant

sa mort.

A l'autopsie, la moclle épinière, des vertèbres

cervicales, fut trouvée très-ferme, résistant à la

pression comme un corps calleux; les membranes

de cette portion étaient si denses, qu'on ne pouvait

les inciser qu'avec peine. l,amoelle

alougée parut

un tiers plus large que dans son état naturel.

Il y avait, prèsde la faux, quelque apparence

de

suppuration. Les ventricules étaient pleinsde

(i) London Mtdkal Observations and lat/niiiei, y. III, p. i5jt

Page 245: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE EPIKIÈRE.

sérosité; les nerfs brachiaux et linguaux étaient, t

à leur origine, très-compacts et presque tendi-

neux et l'épaisseur des nerfs cervicaux provenait

de la densité de la membrane qui les couvrait.

L'article suivant présente un autreexemple d'é-

paississementdes membranes.

VI. Destruction d'une portion de la moelle épi-

nière. Un homme dont le cas est rapporté par

Copeland (i) avait une paralysie des extrémités

inférieures, laquelle s'accompagnait deconstipa-

tion et d'un sentiment de roideur dans le ventre

et tel que cette partie semblait être fortement

serrée par unelarge

bande. Pendant plus d'un an

sa santé paraissait décliner chaque jour, et la cause

du commencement de ses souffrances, fut géné-

ralement attribuée à un renversementbrusque

et

violent du tronc en arrière, en élevant un fardeau

très-pesant. Après avoir resté au lit pendant trois

mois, à cause d'une paraplégie parfaite, il mourut

de la gangrènedes fesses.

A l'ouverture du cadavre, on n'observa aucun

état morbide des vertèbres; seulement, dans le

canal formé par ladernière dorsale et la

première

lombaire, la moelle épinière manquait entière-

ment dans un espacede plus de deux pouces;

les membranes quiformaient alors un sac vuide,

étaient très-épaissies et présentaient un grand nom.

bre de vaisseaux vasculaires.

(1) Obîerv. on thé Symptoms and Treatment of Diseaaei of thé

Spine pag. 47'

Page 246: Medecine pratique.pdf

MALADIES

VII. Exlravasation de sang. i.° M. Chevalier

rapportel'observation suivante Une jeune de-

moiselle,âgée de quatorze ans, avaitété, pendant

plusieurs jours, atteinte de céphalagieet de dou-

leur au dos. La douleur de tête fut soulagée par

les vésicatoires et les purgatifs,tandis que celle du

dosaugmenta

d'intensité et fut accompagnée de

quelques symptômes de paralysie. A la fin de la

semaine, cette douleur s'accrût d'une manière

soudaine, devint violente, et fut suivie de convul-

sions générales quise maintinrent pendant cinq

à six heures, et de la mort.

A l'antopsie cadavérique, le canal épineux, à

la partie correspondanteaux vertèbres lombaires

quiavait été le siége de la douleur fut trouvé

rempli de sang. Le cerveau et tous les viscères

étaient sains (Ouv. cité, vol. 111, pag. ioîJ.

2.0 Un meunier, en levant un sac d'unepe-

santeur considérable perdit subitement l'usage

de ses extrémités inférieures; il mourut en quinze

jours. On trouva du sang extravasé, mêlé à de

la matière sanieuse dans le canal vertébral. Les

membranes étaient enflammées, et les nerfs de la

queue de cheval paraissaient avoir été long-temps

macérés dans une sérosité putrescente (Idem,

pag. io5).

3." Un homme reçut un coup violent sur les

trois dernières vertèbres lombaires, et mourut en

quatreheures.

A l'ouverture du cadavre, on trouva dusang

extravasé dans le canal épineux; les vertèbres

Page 247: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPIHIÈltn.

'étaient entières, et la moelle épinière parut être

saine (i).

4° Duverney, dont l'histoire est brièvement

rapportée par Duhamel, mourut d'une maladie

qui fut considérée comme apoplectique mais

durantlaquelle

il conserva l'intégrité de ses fa-

cultés mentales jusqu'à sa mort. On n'observa

aucune lésion dans le cerveau; mais on trouva une

grande quantité de sang extravasé dans le canal

épineux (2).

5.° Un enfant de i4 ans, comme il se balançait

sur uneescarpolette. éprouva

une secousse vio-

lente au cou,par l'effet d'une corde qu'on lui jetaau dessus de sa tète Dans le moment, nul symp-

tôme morbide mais quelque temps aprèsfai-

blesse et indolence graduellement apathie plus

prononcée, roideur du cou, difficulté à mouvoir

la tète. Neuf moisaprès l'accident, paralysie

des

extrémités inférieures, qui fut aussitôt, suivie de

la paralysie des bras, de la suppression d'urine

et de la constipation. Il était, depuis peu, plongé

dans cet état lorsqu'il fut saisi d'une douleur

très-viye dans l'épine, laquellene se maintint que

quelquesinstans. Sa respiration devint prompte

et pénible, d'abord seulement pendant le som-

meil, mais ensuite durant la veille; après un

jour entier de souffrance, mort subite, environ

(0 Morgagni de Caui. et Sed. €tct Epirt. 64, Sect. 25.

<a) Dutiauiel, Aatd, Roy. dti Sd. Aimée »6S3 Sud. V, Çhafy

t, f.p. a6G,

Page 248: Medecine pratique.pdf

MALAnrcs

dix mois après les premiers symptômes,et

quel-

ques jours après la douleur vive de l'épine.

A l'ouverture cadavérique,on trouva uue

grande

quantitéde

sang extravasé dans le canalépineux,

en partie coagulé, en partie fluide, etparaissant

être venu de la partie supérieure du canal vers

la seconde ou la troisième vertèbre cervicale (i).

VIII. Tumeurs ethydalides. t." Harderusaexpo.se

l'histoire d'une femme chez laquelle on trouva à

l'autopsie cadavérique une tumeur de la grosseur

d'une noisette, laqneile comprimait la moelleépi-

nière, et trois autres tumeurs semblables, situées

dans le cervelet. Ces tumeurs étaient aussi dures

que lesquirrhe. Quand on les incisait, il s'en

écoulait une matière jaunâtreil

y avait aussi

affection des poumons et du foie. La céphalalgie,

larespiration oppressée, de violentes convulsions,

tels furent les phénomènes quel'on observa quel-

ques jours avant la mort (i).

a.° Une femme âgée de cinquante-trois ans, de-

vintépileptique

à la suite d'une frayeur les

accès d'épilepsiese manifestèrent pendant trois

ans, chaque second ou troisièmejour. Cette femme

tomba dans un cumaprofond, durant une attaque

d'épilepsie très-forte, et mourut en 5 jours.La glande pituitaire contenait un kiste plein

d'un liquide brun-rougeâtre; et on trnuva, dans

toute l'étendue de la gaine de la moelle épinière,

( How*h''p's 0!>ie>v. in Surgerjr and MorbiU Anaiomy, p. 1 15.§.

(2) Harderi Apiarium pag. 3*G.

Page 249: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ^l'IKIÈBE.

des hydatides de différentegrosseur (1). Portal

et Franck, ont aussi parlé d'hydatides trouvés dans

le canal épineux.

lXOssification des membranes. Chezune femme

qui avait été épileptique pendant cinq ans, et

qui mourut subitement à la suite d'un accès, le

docteur Esquirol trouva à l'ouverture du ca-

davre, la face externe de la gaine membraneuse

de lamoelle epinière, couverte, dans toute son

étendue, de lames osseuses d'une à deux lignes

de diamètre.

X. Excroissance fangeuse. Un jeune homme

âgé de quatorze ans, tomba de la fenêtre, d'un

second étage, dans la rue. La partie postérieure

du corps, fortement contuse, n'éprouva, néan-

moins, ni torsion, ni fracture.Malgré

ce fâcheux

acident, il continua à se promener cependant,

corpstrès- courbé en avant faiblesse extrême.

Environ trois ans et demi après l'accident il

se plaignit d'uue douleur violente au dos, aux

cuisses et aux jambes. Quelque temps après, une

tumeur commença à se développer sur les vertè-

bres lombaires et s'accrût, graduellement jus-

qu'àce qu'elle

eutacquis

une grosseur consi-

dérable sa surface présentaitune teinte rouge

très prononcéeet les veines qui la parcouraient

étaient très-enflées; il s'écoula, à diverses reprises,

de son sommet, une certaine quantité de sang.

Dans peude

temps,le malade fut saisi d'une para-

(l) Vovez le Màrnoire du D.r Esquirol ï, Vj p;ig. 4ai de*

iiuiletius de la Faculté de Médecine de Pdiis.

Page 250: Medecine pratique.pdf

MALADIES

plégie complète,avec incontinence d'urine et

selles involontaires; maigreurextrème; mort à la

suite d'un épuisement très-considérable, six ans

aprèsl'accident.

A l'ouverture du cadavre on put se con-

vaincre quela tumeur consistait en une

grande

masse fongueuse, ressemblant, en apparence,à la

substance médullaire du cerveau. Elle prenait

son originede la moelle épiuière et s'étendait

de la troisième vertèbre dorsale jusqu'au coccyx.

Plusieurs vertèbres, soit dorsales, soit lombaires,

étaient atteintes de carie à leur partie postérieure;

quelquesunes des vertèbres lombaires avaient

presqueentièrement disparues; tous les os de

l'épine,du sacrum et de l'iléon (i), présentaient

un ramollissement général.

XI. Compression par rarement a l'observationépi-

neux. Cet état s'offre rarement à l'observation il

a été toutefois remarqué par M. Portai (2). Dans

ce cas, la portion du canal formée par les der-

nières vertèbres dorsales et les deux premières lom-

baires, était diminuée de moitié, laparoi interne,

ordinairement polie, étaitinégale, raboteuse et

couverte d'éminences; les extrémités inférieures

étaient très-maigres; sans doute que le sujet de

cette observation, avait, ajoute M. Portal, éprouvé

les divers symptômes de laparalysie.

XII. Fascularité et turgescence des vaisseaux de

(t) New Ijynd'ja Mctlicai Journal Jor 179a; Nouveau journal

de Médecine de Londres, pour l'Année 179a.

(a) Cours d'Auat >mie Médicale VqI. I, pag. 233.

Page 251: Medecine pratique.pdf

DE LA MOEr.LE épiNIFRE.

la moelle épinière et des membranes. Ces symp-

tômes constituent lapléthore épineuse

des écri-

vains du continent, àlaquelle

on a attaché beau-

coup d'importance, comme pouvant apporter un

trouble plus ou moins notable dans les fonctions

principales du corps. On l'a considérée par rap-

portà l'irritation

qu'éprouve l'origine desdifférens

nerfs, comme la. source de plusieurs maladies

obscures du thorax et de l'abdomen, de tremble-

mens, de convulsions, d'affections paralytiques'

d'épilepsieet de tétanos. Elle a été regardée,

aussi, comme lesiège

de ces douleursqui se

font sentir au dos et aux lombes, pendantl'écou.

kment des hémorroïdes, àl'époque

de la mens-

truation, pendant la gestation, et dans le cours

de la fièvre continue. Les écrivains qui ont

beaucoup raisonné, ont admis une détermination

vicieuse du sang qui, des organes pectoraux et

abdominaux, se'fixe sur la moelleépinière, et

y produit un état de pléthore. C'est là, disent-

ils, ce que l'on observe fréquemment à la suite

de violentes coliques,de la suppression des règles,

des maladies du foie, des anévrismes internes, et

d'une fièvre continue (i). Il est toutefois très-

douteux que la turgescencede ces

vaisseaux puisse

être considérée proprement comme une cause de

maladie; on y attachait beaucoup d'importance'

daus les affections de la tête; mais dçs observations

(\) Voy. Frank, Qrado de Verteb- Coliimnec in Morb, D/'gnît.

J3rera Ouvr. cité et Lutiwig t de Dohre ad Spinam dorsi.

Page 252: Medecine pratique.pdf

MALADIES

plus nombreuses ont ébranlé notre confiance,

en nous montrant, que cette turgescence survient

dans une foule de cas, sans qu'elle soit accom-

pagnée d'aucun signe d'affection cérébrale. Un

des pointsles

plus importansdans l'étude des

sciences naturelles, c'est la recherche d'une cause

physique réelle d'un phénomèneou c'est la

considération de deux phénomènes offrant entre

eux le rapport qu'il y a de la cause à l'effet

Dans la philosophie expérimentale, de telles re-

cherches doivent être dirigées par des expériences

nombreuses et variées; et, en médecine, par des

observations bien circonstanciées et recueillies

avec soin car, on ne peut nier que les erreurs

qui se sont glissées dans la science médicale, ne

proviennent de l'habitude que l'on a d'assigner

des causes physiquesà certains

phénomènes,sans

s'embarrasser si elles sont réellement basées sur

l'observation. Mais, je reviens à mon sujet, et jevais terminer ce paragraphe par quelques obser-

vations sur la pléthore de la moelle épinière.

j.°Un hommequi mourut de la péripneumnnie,

avait été affecté, dans le cours de sa maladie, d'en-

gonrdissementet d'une légère insensibilité dans

les extrémités inférieures. A l'ouverture du ca-

davre, les artères de cette partiede la moelle

épinière,renfermée dans les vertèbres dorsales j

furent trouvées gonflées etplcinesdesang, comme

si elles eussent été fortement injectées. Portai (i)

(i) Ouvr. cûé, T. III, p. 319.

Page 253: Medecine pratique.pdf

de i.A îiroELi.iî iruninE.

rapporte plusieurs autres cas, qu'il explique par

le même principe,et

qui se firent remarquer par

les affections paralytiques et convulsives des ex-

trémités, lesquelles se présentèrent dans plusieurs

maladies inflammatoires.

2.0 Un enfant fut atteint, pendant la dentition,

de convulsions, qui dégénérèrent en accès épi-

leptiques. Lorsqu'il parvintà

l'âgede 5 ans et

demi, il eut quatre ou cinq accès par jour, et

devint ensuite paralytique. 11 mourut à l'âge de 6

ans et quelques mois. Le prolongement des mé-

ninges parut comme injecté, et la substance mé-

dullaire, vers les sixième et douzième vertèbres

dorsales (i)était ramollie et présentait

une

couleur jaunâtre.3.° Un jeune homme âgé

de ai ans, fut attaqué

de la fièvre et d'un fort délire. A ladisparition

du délire, il fut atteint de mouvemens convulsifs

des extrémités supérieures, et bientôt après il

mourut plongédans un coma

profond.

A l'ouverture cadavérique, les vaisseaux de la

pie-mère de la moelle épinière à sapartie supé-

rieure et postérieure furent trouvésremplis de

sang comme s'ils eussent été fortement injectés.

C'était sur-tout remarquable vers l'origine de quel-

ques-uns des nerfs vertébraux. La pie-mère encé-

phalique, dont la surface était couverte par un

fluideséreux, présentaitune

pareille injection (2).

L'ébauche légère et imparfaite que j'ai donné

Ci) Esijiiiro[ Bulletin de la Faculté de Médecine de Paris.

0»; Morgagni de Sedib. et Caut: ~Uor~ Epirt., X, § ty,7.

Page 254: Medecine pratique.pdf

MALADIES

de l'anatomie pathologique de la moelle épinière,

dirigera, peut-être, sur ce sujet intéressant, l'atten-

tion de tous les jeunes médecins qui se livrent

avec zèle à leur profession. Je vais maintenant

offrir quelques observations touchant la liaison

qui existe entre les affections de la colonne ver-

tébrale et les maladies de la moelle épiniére.

I. Coinmolion de l'épine. Un coup violent sur

l'épine occasionnefréquemment une diminution

des forces toniques dans les parties au dessous

du siége du coup, sans qu'il y ait fracture ou

luxation des vertèbres. C'est cette affection que

j'entends désigner par ces mots commotion de

l'épine. L'étendue desparties

affectées dépendra

du siège du mal. La paralysie des extrémités infé-

rieures et la suppression d'urine, sont les symp-

tômes qui se présentent le plus souvent à l'obser-

vation. Si lapartie supérieure

del'épine

a été

atteinte, la paralysie des extrémités supérieures'

la difficulté de respirer, les affections de la voix

etc. se manifestent. t.

En traçant histoire de pareils cas, les circons-

tances suivantes sontdignes

d'attention.

i.° La commotion de l'épine peut être prompte-

ment mortelle sans laisser après elle la moindre

lésion organique, comme le prouvent quelques

observations. Boyer parlc d'un homme qui reçut

un coupà la colonne vertébrale, en se laissant

tomber dans un fossé. Celui-ci, fut aussitôt affccté

d'une paralysie complète des extrémités infé'

rieuri'S, et mourut bientôt après.

Page 255: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ^PIJflÈRË.

A l'ouverture cadavérique, on ne put découvrir

aucune lésion, soit dans la tête, soit dans le canal

épineux (i).Franck rapporte quatre

cas de commo-

tiou de l'épine, quise terminèrent par la mort.

A l'autopsieon ne put découvrir la moindre

lésion par l'examen leplus soigneux, soit des

vertèbres, soit de la moelle épinière. La commotion

peut être, dans très-peu de temps, suiviedela mort

par l'inflammation qui se développe. Un fait re-

marquable de ce genre a été déjà rapporté par

M. Bell; M. Boyer raconte le suivant

Un maçon tomba d'une hautenr de r4 pieds

et resta pendant quelque-temps privé de la sen-

sibilité. Revenu de cet état, il fut privé de l'usage

de ses extrémités inférieures; il était aussi affecté

de rétention d'urine, d'une excrétion involontaire

de matières fécales, et de quelque désordre dans

la respiration. Il mourut en douze jours.A l'autopsie cadavérique,

on trouva uue sigrande

quantité de sérum sanguinolent dans le canal épi-

neux, qu'ilen

remplissaitla moitié inférieure.

2.° Des symptômes graves peuvent suivre la com-

motion, et ne pas tardercependant à s'évanouir.

Galien parle d'un homme qui à la suite d'un

coup à la partie moyenne du canal vertébral,

fut affecté de la perte de la parole, de la voix et

de la paralysie des extrémités inférieures; après

sept jours, il recouvra la voix et laparole,

et

bientôt après la paralysie disparut.

(a) Traité des maladies des os, toin, II pag. ioi*

Page 256: Medecine pratique.pdf

MALADIES

Dans 1 Eté de 1816, je vis un hommeemployé

à faire sauter un rocher, près d'Edimbourg, qui

ne s'étant pas retiré à une distance suffisante, et

tournant le dos an rocherlorsque l'explosion

survint, fut frappéà

l'épine, par ungros caillou,

vers les dernières dorsales et lespremières lom-

baires il tomba aussitôt, entièrement privé du

mouvement de ses extrémités inférieures. Quand

je le vis, quelques heures après l'accident, je le

trouvai dans cet état seplaignant d'une douleur

violente qui s'irradiait du point fortement contus

vers les cuisses. La tuméfactionqui s'était déclarée

à la suite du coup, était si considérable et si

étendue qu'il était impossible d'assurerquel

était l'état des vertèbres. Il resta au lit pendant

plusieurs semaines, paralysé des extrémités infé-

rieures et atteint de dysurie; mais la santé revint

peu à peu, et, dans quelques semaines, il ne se

plaignit que de faiblesse et d'unelégère douleur au

dos, qui se faisait sentir surtout quand il voulait

sebaisser il est àprésent tout-à-fait rétabli. Le

traitement, employédans ce cas, consistait

prin-

cipalementen des

saignées générales et locales-

Dans lejournal d'Hufeland ( XXI volume ), 011

trouve l'histoire d'un homme qui se laissa tomber

du haut d'une charretée de bois, de telle manière

que le poids de son corps reposa sur le derrière

de son cou et de ses épaules, sa tête étant courbée

en avant. Lorsqu'il revintà lui, il se trouva en-

tièrement privédu sentiment et du mouvement

de toutes les partiesau dessous du cou. 11 ne

Page 257: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPIMlÈRE.

pouvait mouvoir aucune autre partie que sa tête.

Il y avait aussisuppression d'urine et constipation.

Huit on dix jours après, il fut affecté d'un gon-

flement des membres et d'un sentiment de pi-

cotement, suivi d'une douleur violente, mais sans

aucun mouvement. Aprèsavoir été huit mois

dans cet état de paralysie parfaite, il recouvra le

sentiment et le mouvement dans ses doigts. De-

puis ce temps, la faculté du mouvement s'accrût,

très.'graduellement, au point qu'à la fin de seize

semaines, il put se soutenir assis sur une chaise.

Après un long intervalle, ilput se traîner soutenu

sur des béquilles, et, quelque temps après, lors-

que cette observation fut recueillie, il se servait

de ses mains et pouvait marcher à l'aide d'une

canne mais il se plaignit toujours d'une grande

faiblesse dans la colonne vertébrale, la douleur

se faisant principalement sentir à la jonction de

l'épine avec le sacrum. Le retour des fonctions de

la vessie et des intestins chez le malade est re-

marquableil fut d'abord atteint d'une

suppres-

sion complète d'urine, qui exigea l'usage du

cathéter pendant quatre semaines; à cette époque,

il n'eut plus besoin de s'en servir parce qu'elle

coulait involontairement; quelque temps, après il

recouvra la faculté de retenir cette liqueur excré-

mehlitielle. Les intestins ne pouvaient être excités

que parde forts lavemens, pendant six semaines.

Après cet intervalle, les selles coulèrent involon-

tairement pendant quatre semaines, et, enfin l'en-

semble des fonction repritson actions naturelle.

Page 258: Medecine pratique.pdf

MALADIES

3.° Cet état peutconduire à la paralysie perma.

nente; et celle-ci peut suivre immédiatement ou

lespremiers

effets de la commotion, ou se méta-

morphoser en une autre maladie après un temps

considérable. Le peu de gravité des premiers

symptômes,dans de tels cas, et la marche lente de

leurs progrès,seront éclaircis

parle cas suivant.

Robert Bain, âgé de 43 ans, se laissa tomber,

depuisenviron

rjans,du haut d'un arbre, sur le

sacrum. Il fut porté chez lui, privé de la faculté

de mouvoir ses extrémités inférieures, et affecté

de douleur dans la partie inférieure de l'épine.Il

resta au lit environ douze jours, et, alors, il revint

tellement à lui, qu'il fut capablc de suivre son

emploi habituel. Depuis ce temps, il fut affecté

d'un sentiment particulier d'engourdissementvers

lepartie supérieure du pied gauche. Ce sentiment

ne lui occasionnait aucun inconvénient mais il

ne le quitta jamais. Après être resté dans cet état

pendant quatre ans, l'engourdissement s'étendit

soudainement en haut, le long du pied et de la

cuisse gauches,et fut aussitôt suivi de la para-

lysie de ces parties. Quelque temps après,il fut

saisi, d'une douleur qui s'étendit vers la partie

inférieure du dos et à la cuisse droite cet état

fut bientôt suivi de la paralysie de la cuisse et

de la jambe droites. Lemaladeresta au lit pendant

environ deux ans, avec uneparaplégie parfaite;

mais, deux ans après,ses forces s'étant accrues,

il fut assez maître de ses mouvcmens pour se

traîner soutenu sur deuxbéquilles.

Il était dans

Page 259: Medecine pratique.pdf

BE I.A. MOELLE ÉPIIfliRE.

T.lVdela?. sér.,cah.deJan.et Fév. 1819. 17

cet état, sans avoir éprouvé la moindre améliora-

tion, lorsque je le vis ily a quatre mois son

épine était dans un état naturel, mais il se plai-

gnait d'une douleur profonde lorsqu'on lui com-

primaitles dernières vertèbres dorsales et le

sommet du sacrum. On plaça deux fonticnles en

cet endroit, et, depuis cet instant, il est survenu

une amélioration considérable. Ilpeut mainte-

nant rester debout, etquoiqu'il ne puisse

sepasser

des béquilles, pour marcher, il peutlever ses

jambes beaucoup plus haut en marchant.

La maladie, dans ce cas, peut être probablement

rapportée àl'inflammation chronique de la moelle

épinière ou de ses membranes; d'où, aussi, il a pu

résnller l'épaississement de celles-ci et quelquesautres affections morbides qui ont été déjà men-

tionnées dans cet essai. Leur existence parait être

prouvée par plusieurs observations que nous avons

faiteonnaître, et particulièrement par celles du

Comte de Lordat, du Marquis de Caussan, et du

jeune homme dont il est parléà l'art.eIll. relatif à

Cépanchement gélatineux.De semblables affections

proviennent souvent de légères commotions éprou-

vées par l'épine, lesquelles n'ont point d'abord été

snivies de symptômes graves, et n'ont paru mériter

aucune attention. Quelquefois, ces maladies sur-

viennent après un si long intervalle que le ma-

lade a oublié l'affection de l'épine, ou, s'il s'en

souvient, il ne la considère point comme étant

liée avec l'état morbide présent.

Un homme dont parleM. Charles Bell, devint

Page 260: Medecine pratique.pdf

MALADIES

paralytiquedes extrémités inférieures, quelques

mois après un coup sur l'épineoccasionné par une

chûte sur le dos et contre le coin d'une table. Un

homme se promenant à lSurnslfield Links, près

d'Edimbourg, reçut un coup de paume sur l'épine,

lequel pourtantne produisit, pour le moment,

aucun symptôme grave. Plusieurs semaines après,

il devint paralytique des extrémités inférieures

cette maladie se maintint pendant quatre ou cinq

mois; mais, elle fut heureusement combattue par

le traitement accoutumé. Dans d'autres cas, les

symptômes se déclarent sur le champ, et avec une

telle activité, qu'onne

peut plus méconnaître

son caractère inflammatoire. Uu jeune homme

dont parlele docteur Jebb, reçut un

coup de

pierre sur l'épine; le soir du même jour, iléprouva,

un frisson qui suivi de la fièvre, prit de l'ac-

croissement pendant toute la nuit maisqui

diminua d'intensité vers le matin. Il se plaignait,

en même temps, d'une douleur à l'estomac et au

dos, et d'une espèce de crampe dans les mollets.

Ces premiers symptômes furent bientôt accom-

pagnesd'une paraplégie, qui, dix jours après,

était complète.Des cautères furent appliqués;

mais

ce n'estqu'au

bout de trois mois qu'il put faire

usage de ses membres inférieurs.

Toute contusion reçue sur la colonne verté-

brale, mérite donc laplus grarid attention de

la part du praticien aussi il doit déployer toutes

les ressources capables de prévenir une inflam-

mation.

Page 261: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPOIïhE.

Il. maladies des vertèbres. Il serait superflu

de discourir minutieusement sur unsujet que

des

écrivains du premier ordre ont bien approfondi.

Il y a, toutefois, plusieurs circonstances dont

il sera peut-êtreconvenable de

parler ici, parce

qu'euesont un rapport direct avec le sujet de

cet essai. 1

Dans la carie vertébrale accompagnée de gib-

bosité, on observe fréquemment nueparalysie;

hors, il est bien démontré qu'elle netient point

au vice de configurationde la colonne, puisque

toutes les fois que le racliiséprouve une cour-

hure accidentelle il ne survientpas de paralysie:

et que, lorsque ces deux affections sont simul-

tanées, cette dernière peut disparaître sans que

l'on ait remédie à l'autre. La maladie, dans le

principe, paraîtêtre une véritable inflammation

qui a son siége tantôt dans les ligamens et les

membranes, tantôt dans les cartilages interver-

tébraux, et, d'autres fois, dans lecorps dos ver-

tèbres. C'est dans ce dernier cas que l'inflam-

mation détermine la carie, ets'accompagne de

gibbosité.Mais ce dernier accident n'arrive pas

toujours, al tendu que lacarie peut attaquer d'em-

blée toute l'étendue d'une vertèbre, de sorteque

celle ci disparaît complètement. Dès lors, il résulte

un raccourcissement de l'épine sans courbure re-

marquablec'est là ce que l'on observe fréquem-

ment dans les vertèbres lombaires. L'histoire de la

maladie d'un enfant, rapportéeà ce sujet par le

docteur Armstrong,est du

plus grand intérêt

Page 262: Medecine pratique.pdf

WALADIFS

cette maladie était caractérisée parl'incontinence

d'urine, et par l'excrétion involontaire des ma-

tières fécales; par une respiration difficile, et par

laparalysie

de tous les membres, le bras gauche

excepté, car, il jouissait d'un léger mouvement.

Le jeune malade ressentait une vive douleur lors-

qu'on le pressaitaux vertèbres cervicales, où il n'y

avait aucune difformité. II guérit complètement

en peu de mois, l'ankilose étant survenue dans les

vertèbres qui avaient été affectées. Dans ce cas,

la maladie était probablement bornée aux sur-

faces articulaires. M. Copeland a fait représenter

dans une gravure trois des vertèbres dorsales

réunies par ankilose les cartilages interverté-

braux avaient disparu, mais iln'y avait aucune

pertede substance dans le

corpsdes vertèbres.

Dansée cas, la paralysie s'était déclarée, mais il

n'y avait pas de gibbosité apparente. Il ne suffit

pas, dans la pratique, en suivant les maladies de

ce genre, de déterminer l'existence ou la non-

existence de la difformité; toute l'épine doit être

examinée avec soin dans la vue de découvrir la

présencede l'inflammation qui, alors, est caracté-

risée par la douleur qui succède à lacompression

ou qui se développe en passant uneéponge

chaude sur lapartie, comme le recommande M.

Copeland.On devrait faire un

pareil examen,

lorsqu'il paraît des symptômes qui annoncent

une lésion de la colonne vertébrale ou de l'or-

gane important qu'elle renferme, surtout s'ils

ne cèdent promptementaux méthodes ordinaires

Page 263: Medecine pratique.pdf

BE L\ MOELLE ÉPUVIKRE.

detraitement,

ou s'ils se sont déclarés aussitôt

aprèsles

coups reçusà

l'épine du dos, ou après

les distorsions de cette partie.

Lesprincipaux symptômes qui peuvent

être

alors observés, sont la faiblesse, l'engourdisse-

ment, les affections convulsives, les tressaillcmens

spasmodiques des membres, surtout pendant la

nuit; la perte entière de la faculté des muscles,

de telle sorte que, quoique la personne puisse

marcher avec assurance, elle ne peut cependant,

ni courir ni sauter; l'engourdissement le long

du bord descartilagineux côtés l'oppression

particulière,et le resserrement dans la région de

l'estomac. On a souvent trouvé, liées avec les

affections del'épine

et de la moelleépinière>

différentes affections de la respiration, la difficulté

de laisser couler ou de retenir t'urine et les ma-

tières fécales; aussi a-t-on, quelquefois, confondu

ces signes avec ceux de l'asthme ou de quelque

maladie de l'urètre ou du rectum.

Il est très-remarquable que les symptômes qui

résultent de l'état morbide desorganes internes

puissentexister par suite des maladies de

l'épine

sans être suivis d'aucune affection des membres;

et même, dans certains cas, sans être accompa-

gnésd'aucune lésion apparente vers la colonne

vertébrale. Une fille, dontparle M. (lopeland,ne

pouvait vider la vessie qu'en souffrant, et se

plaignaitd'une douleur tensive autour du bord

du thorax et de difficulté de respirer. Les mem-

bres n'étaient pas affectés, excepté qu'elle était

Page 264: Medecine pratique.pdf

MALADIES

plus aisément fatiguée que ses compagnes lorsj

qu'ellemarchait. Par l'examen attentif de la co-

lonne vertébrale on trouva qu'une des vertèbres

dorsalesproéminait légèrement en arrière. A

l'aide des saignées locales, des vésicatoires du

reposet d'une

position horizontalc toutes ces

douleurs furent presque éteintes. Lessaignées

locales, les cautères, le repos parfait, et laposi-

tion horizontale, tel est le traitement qui a le

mieux réussi dans le premier degré. Dans les'

périodes plus avancées, le mercure a été donné,

dans quelques cas, avec beaucoup de succès. M.

Charles Bell, parled'une jeune fille qui, après un

coup reçu sur l'épine, resta au lit pendant huit

mois dans l'état leplus désespéré le dos était

courbé et les extrémités inférieures fléchies. Elle

guérit complètement par l'administration du mer'

cure qui lui fut prescrit contre la syphilis, dont

elle avait été affectée depuis letemps de l'accident.

Dans les transactions, d'une Sociétépour l'amélio-

ration des connaissances médicales etchirurgica-

les, vol. III, il est fait mention d'un homme atteint

des symptômessnivans vue louche difficulté

d'avaler, prononciation peu distincte, paralysie du

Lraset de la jambe gauches, proéminence dequel-

ques-unes riesvertèbres cervicales. Par l'effet d'un

traitement mercttriel, tous ces accidens diparureiil;

et la tuméfaction produite par les vertèbres, fut

de beaucoup diminuée.Plusieurs individus ont été

guérisde cette affection morbide sans remèdes, et

seulement parla

position horizoutale, comme le

Page 265: Medecine pratique.pdf

r>E Lt MOETLE ^PIUIÈRE.

prouve l'exemple du docteurArsmtrong, rap-

porté ci-dessus.

Maladies particulières de VJpophyse Odontoïde.

i.° Cette éminence osseuse, petit être cariée, sans

que l'observateur puisse reconnaître le moindre

symptôme dangereux, jusqu'aux approches de la

mort. Telle est l'histoire d'un jeune homme dont

parle M. Copeland. Le malade avait fait usage du

mercure pour une maladie du tibia, et il s'était

plaint, pendant quelque temps, de roideur et de

douleur, lorsqu'il faisait mouvoir sa tète. Eu tour-

nant subitement cette partie du corps, il fut saisi

de convulsions, et mourut en quelques heures.

A l'ouverture du cadavre, on trouva l'apophyse

odontoïde entièrement détachée de la vertèbre,

et presque détruite par suite de la carie.

2.° Une forte violence peut produire sa luxa-

tion les exemples de ces cas se rencontrent fré-

quemment. Un homme, dont parle M. Charles Bell,

fit un effort violent pour pousser une brouette,

de la rue sur le trottoir. La brouette suivit rapi-

dement l'impulsion; l'individu se laisse tomber,

et le menton atteignit le bord du pavé en quel-

ques secondes, cette chute fut suivie de la mort.

A l'autopsie,on rencontra la moelle de l'épine

écrasée par l'apophyse odontoïde sans que les

ligamenseussent opposé la moindre résistance.

3.° Il parait probable que les ligamens de l'apo-

physe odontoïde, peuvent par leur affection, mais

d'une manière plus graduelle, donner naissance

à un grandnombre de

symptômes graves, aux.

Page 266: Medecine pratique.pdf

MAT-ATIIES

quels la mort ne tarde pasà succéder. Il y a

deux ans que l'on reçut un homme, à l'hôpital

d'Edimbourg, qui avait la coutume de porter des

fardeaux sur son épaule gauche, et dont la tête,

par-conséquent,était toujours penchée du côté

droit. Il se plaignit d'une douleur au front et à

l'occiput, qui s'étendait vers le cou, et d'un senti-

ment douloureux vers lagorge,

ainsique d'une

grande difficultéon plutôt de l'impossibilité d'ava-

ler. En mêmetemps, vomissement assez violent

des matièresqu'il

venait d'avaler, et qui se trou-

vaient encore dans l'œsophage. Contractions et

roideur du cou et du dos, ressemblant au tétanos;

prononciation lente et difficile; pouls présen-

tant 54 pulsations parminute. Ces

symptômes,

dont la dysphagiefut un des

premiersavaient

commencé six semaines avant et s'étaient accrûs

graduellement.Deux jours après son entrée à

l'hôpital, le malade devint paralytique du côté

gauche;et le jour suivant, respiration laborieuse,

paralysiedu côté droit; il mourut trois jours

après,étant déjà privé de tout mouvement au

dessous du cou.

A l'ouverture du cadavre, on trouva que les

ligamens avaient donné passage, du côté gauche,

à l'apophyse odontoïcle, tellement qu'ils lui per-

mettaient de comprimerla moelle épiniére. On

n'observa aucune autreapparence morbide dans

aucun des viscères.

L'épine peutêtre affectée de carie étendue, sans

quecette maladie soit

accompagnéede

symp-

Page 267: Medecine pratique.pdf

Vf. TA MOET.T.BirlKIKRE.

tûmes qui signalent un tel état morbide. Un

homme dont parle M. Charles Bell, qui avait été

sujet à une violente douleur au dos, et à des accès

de palpitation, mourut subitement après une

longue pomenade. La seule apparence morbide,

qu'on observa à la dissection, fut un très-grand

abcèsscrophuleux, dans le médiastin postérieur,

avec carie très-étendue de plusieurs vertèbres,

et lésion dans divers endroits de la moelle épi-

nière. Je vis un semblable abcès dans le médiastin

postérieur, avec carie de cinq à six vertèbres,

chez une fille qui mourut de la phthisie elle

s'était plainte pendant quelque temps,d'une

douleur cruelle au dos; mais ces douleurs sous

d'autres rapports, ne différaient pas des symp-

tômes ordinaires de laphthisie. Une affection

semblable des vertèbres lombaires, avec undépôt

par congestioncontenant deux livres de ma-

tière, a été décritepar

M. Benjamin Bell (i). Les

vertèbres étaient tellement affectées, qu'onfit

l'extraction de quelques esquilles,et la matière

du dépôt était, en quelques points, en contact avec

la moelle épinière. Le malade âgé de quarante

ans, s'était plaint d'une violente douleur au dos

et aux cuisses, qui l'empêchaitde tenir le

corps

dans uneposition verticale; mais il

n'yavait

aucune gibbosité de l'épineet aucune

paralysie.

Il éprouvait une grande difficulté derespirer,

mais ce symptôme fut regardé comme dépendant

d'un état morbide des poumons.

(i) Edinburgh, Meilkfil commentants t Fol, IlL

Page 268: Medecine pratique.pdf

MALADIES

Conjectures. Les symptômes qui ont accompa-

gnéles maladies de la moelle épinière et de ses

membranes, ont ouvert un vastechamp

de con-

jeckires, sous lerapport

de l'influence que ces

parties exercent dans plusieurs maladies, dont

l'histoire, jusqu'à présent, a été plongée dans une

grande obscurité. Loin d'être arrêtés dans nos

recherches, par ces conjectures, elles doivent, au

contraire, exciter notre zèle, et diriger nos études

vers des sujets dignes de toute notre attention.

Un courtexposé,

à ce sujet, terminera notre

mémoire.

Maladiesspasmodiqu.es. Quelques

auteurs cé-

lèbres, ontpensé que

les maladiesspasmodiques

et nerveuses avaient leur origine dans la moelle

épinière. Hoffmann dans son essai « de Morbis

discernendis » établit la distinction suivante entre

l'épilepsie et les convulsions. Dans le premier cas,

dit-il, les membranes du cerveau sont affectées;

dans le second, ce sont les membranes de la

moelle épinière. Dans son traité « de Morbis convid-

sivis»,ù divise les affections convulsives en idio-

pathiques et symptomatiques. Il pense queles

premières Viennent de l'irritation des membranes

de la moelle épiuière, et que les dernières dépen-

dent des maladies de divers autres organes, cri

conséquence de l'influence que ces maladies exer-

cent sur la moelle épinière. Après l'examen de

la même doctrine, Ludwig attribue, plus parti-

culièrement, plusieurs affections hystériqueset

hypocondriaques,à J'irritation de l'origine des

Page 269: Medecine pratique.pdf

DE LA. MOri.lR rérraiF.RE.

nerfs intercostaux, et explique, dans ces cas, les

affections des poumons, du larynx, etc., qui se

développent dans le cours de ces maladies par la

connexion de leurs nerfs avec la paire vague. Lieu-

taud, adopte une semblable opinion, et admet que

toutes les maladies convulsives, danslesquelles

laparolè

n'apas

été affectée, dépendent des ma-

ladies de la moelleépinière,

et il considère le

tétanos comme en étant un exemple. Burserius,

Fernel, Bilfinger ( de tetano ), soutiennent la

même doctrine. Portal, suppose qu'une légère

pression, exercée sur la moelle épiuière, produit la

convulsion etqu'une plus considérable produit

laparalysie; et il explique, ainsi, les effets suc-

cessifs de l'accroissement graduel de la pression.

Dans l'état présent de nos connaissances, il

faut avouer que ces opinions ne valent pas plus

que les conjectures qu'on avait émises à ce sujet.

Si, toutefois, nous prenons en considération les

cas rapportés dans cet essai, et beaucoup d'autres

que nous aurions pu encore citer, nous devons

observer que plusieurs maladies de la moelle

épinièreont été suivies de

symptômes semblables

à ceux de la chorée, du tétanos et d'autres ma-

ladies convulsives. Hoffmann parle d'un jeunehomme qui, après

avoir reçu uncoup sur le

sacrum, fut saisi d'une violente affection convul-

sive, ressemblant presque au tétanos, avec perte

de mémoire, prononciation difficile et délire.

La douleur se maintint avec beaucoup de violence

pendant cinq jours, et revint ensuite, pendant six

Page 270: Medecine pratique.pdf

MUAOrM

mois, à des périodes presque régulières. Burserius

rapporte le cas d'un homme qui mourut du téta-

nos, produit par l'exposition au froid après l'em-

poisonnement.

A la dissection, on trouva une grande quantité

de sérum, jaune et visqueux, sous l'enveloppe exté-

rieure de la moelle de l'épine. Franck cite le cas

d'un horrible tétanos, survenuaprès

un coup sur

l'épine; mais il ne donne aucun détail sur l'au-

topsie cadavérique.Le cas

quel'on lit à la

page

262, n.n 3 de ces observations, ressemble beau-

coup au tétanos. Dans plusieurs autres faits qui

ont été rapportés les affections convulsives, des

extrémités, seprésentèrent

liées avec les maladies

de la moelle épinière; et celui que nous avons

rapporté d'après Brera, page 23o, n.° i, présente

une grande ressemblance avec la chorée. Le fait

qui appartient à M. Portai mérite aussi une at-

tention particulière (pag. a33 ).

Colique des peintres. J'ai déjà rapporté, pag. 287,

l'observation d'une femme, dont parle Bonet, chez

laquelle la paralysie survint après une violente

colique. Une abondante effusion (le sérosité fut

trouvée sous les membranes de la moelle épinière.

Privatius, cité par Sauvages, parle d'une jeunefemme, qui, après avoir souffert d'une violente

gastrodinie pendant trois heures fut atteinte

de la paralysie de toutes les parties situées au

dessous du cou elle mourut deux mois après;

maisl'autopsie ne fut pas pratiquée. Au commen-

cement de la maladie, on remarqua une tumeur

volumineuse, correspondante à la dernière ver-

tèbre cervicale. Dans ce cas l'on crutque h»

douleur était symptomatique d'une lésion de la

moelle épinière.L'idée que plusieurs auteurs du

continent ont en de la colique des peintres, la

considérant comme une inflammation réelle de

Page 271: Medecine pratique.pdf

DE LA MOELLE ÉPIÎTIÈRE.

la moelle épinière ( tiachialgia Satumina), les a

engagés à mettre, alors, en usage les saignées et

lesanti-phlogisiiques (i).

Fièvre. Baillou, attribue plusieursdessymptômesde la fièvre à une affection de la moeite épinière,

surtout la douleur au dos, le tremblement des

mains, et l'oppression de larespiration (a, Quel-

que importance quel'on attache à de telles

conjectures, nous avons raison de croire que,dans certaines fièvres malignes,

la moelle de

l'épine devient malade; nous en avons donné,

d'après Bréra, un exemple remarquable qui est

consigné à lapag. a3î n." 3. Ranclietti rapporte

l'observation d'une fille qui mourut d'une fièvre

pétéchialedont le symptôme essentiel était le

coma.

Al'autopsie, le cerveau et ses membranes la

moelle épinière et les tuniques qui la revêtent,

présentaient des traces évidentes d'inflammation;

ily avait une grande quantité de matière puri-

forme vers la queue de cheval (3).

Eyilepsie. M. Esquirola dernièrement

présentéà la Faculté de Médecine (le Paris, un mémoire

sur l'épilepsie, dans lequel il établit d'après l'exa-

men cadavérique de quinze individus morts de

cette maladie, que la moelle de l'épine était alfetée

dans tous ces cas. Cependant l'autopsie nepré-

senta pas toujours la même lésion tantôt il y

avait des hydatides; tantôt les membranes étaient

comme injectées; tantôt la membane arachnoïde

de la moelle épinière était grisâtre. Chez plusieurs

la substance médullaire étaitl'lus molle, qu'elle

ne l'est naturellement, dans des endroits parti-

culiers et dans un autre cas elle était plus dure.

(i) Astruc, Quœsfio Merfica an mur&o* Colicce Pictonumrectiur Ruchittlgiœ Veriœ~st:cli<

il) Ballomi Consil. Medic.

(?>) Ranchetri della'Struttura délie funiioni e délie MaUtie,,d^IU iblîdoilu Sjniiali.

Page 272: Medecine pratique.pdf

MALADIES

que dans l'état naturel; dans un autre, la moelle

de l'épineà la onzième et douzième vertèbres

dorsales, était molle et d'une couleur claire brune.

Une jeune femme, chezqui

les accès épilepliques

revenaient avec la menstruation, futguérie par

ce médecin par l'application répétée du moxa à

l'épiue (i).

Hydrophobiè. M. Salin, semble avoir été le pre-

mier qui conjectura, que dans cettecruelle ma-

ladie, la moelle épinière est affectée. Un cas

rapportédans le Journal médicochirurgical de

Londres ( Octobre 18(7), semble donner quelque

probabilitéà cette conjecture. Le cas fut aussi mar-

qué, qu'il fut violent et promptement funeste. On

trouva les membranes du cerveau fortement injec-

tées, et un épanchement séreux considérable.

Mais la maladie avait porté, surtout, son influence

sur le pont de Varole, la moelle alongée, et la

partie supérieure de la moelle épinière. Ces di-

verses parties étaient couvertes par une couche

épaisse albumineuse, résultat d'une inflammation

intense. Cette couche de matière était sur la

moelle épinière, plus considérable que par-toutailleurs. Il est bien à

regretter qu'on n'ait pas

ouvert la colonne vertébrale, car on n'examina

pas plus, de la moelle épinière, que ce qui put en

être coupé par un couteau long et mince, passédans le grand trou occipital (foramën magnum).

Franck pense que plusieurs cas de dyspnée

proviennentdes affections morbides dont sont

atteints les nerfspbréniques; tandis

quela diffi-

culté d'avaler et de parler dépendent fréquem-

ment, suivant M. Portai d'un engorgement de lu

portioncervicale de la moelle épinière.

Je ne sais si le cas suivant doit être considéré

comme lié avec les maladies de la moelle épinière

(1) Bulletin de la Faculté de Médecine de Palis tom, V.

Page 273: Medecine pratique.pdf

DE L* MOEr.LE ÉPIMIÈHE.

ou quelle en est la nature. Je n'en ai pas vu

d'autres qui lui ressemblassent exactement.

M. âgé de treiile-qualre ans, d'une constitution

grêleet très-actif, se

plaignit, dans l'Été de i8i5,

d'engourdissemens,et d'une légère sensibilité dans

toutes les extrémités: dans les inférieures, cette

anesthésie s'étendait jusqu'à la partie supérieure

des cuisses, quelquefois jusqu'à la partie inférieure

de l'abdomen; dans lessupérieures, elle ne s'é-

tendit jamais au dessus des poignets. Il éiait aussi

affecté d'une diminution considérable dans la

force musculaire; il pouvait marchera unegrande

• distance, mais, à cause d'un sentimentpropre

d iucertitude, sa démarche était chancelante, et

il lui était impossible de faire, euaucune ma-

nière, les rnouvernens propres pour sauter

courir, et même marcher vite; il jouissait d'ailleurs

de la meilleure santé. Plusieurs remèdes furent

employéssans succès; les évacuations et la diète

semblaient accroître plutôt le mal. Il était dans

cet état, depuis environ deux mois, lorsqu'il se

détermina à essayer l'effet d'un violent exercice.

Pourcela, il marcha aussi fort qu'il put, pendant

l'espace de cinq ou six mille (près de deux lieues)

par une soirée chaude, et rentra chez lui très-

fatiguéet considérablement échauffé. Le matin

suivant, il éprouvade cruelles douleurs dans le

gras des jambes; mais les autres douleursqui

avaient très-diminué, disparurent enfin.Depuis

lors, plusde symplômes de la maladie.

Le'cas suivant s'est présentéà mon observa-

tion après qu'une grande partie de cet essai était

imprimée peut-êtreest -il digne de quelque

attention.

Un enfant fort et robuste, âgé d'environ deux

ans, après avoir été atteint, pendantdeux jours,

de fièvre et d'oppression de poitrine, fut saisi

d'une convulsion violente. Le premier accès se

maintint durant le cours environ d'uneheure, 1

Page 274: Medecine pratique.pdf

MALADIES DE LA MOELLE EPIKIERE.

à la suite duquel se manifestèrent le coma et la

distorsion des yeux. A peine remis de son état

iléprouva

une nouvelle attaque de convulsions,

deux heures après la première.Pendant les accès,

et quelque temps après,il

y avait des mouve-

mcns violents et irréguliers dit coeur et une

pulsation particulière spasmodique dudiaphrag-

me. Dans le second accès, coma continu, dont

il ne put jamais se remettre; déglutition facile

mais nulle autre apparence de sensibilité; les yeux

entièrement inceusibles pouls très fréquent;

bientôt après, légères attaques de convulsions,

dont une très-violente se renouvela quelques ins-

tans avant la mort qui su rvint trente-trois heures

aprè% la première attaque.Un traitement actif

avait été employé sans succès.

A l'ouverture cadavérique,on ne put découvrir

aucune lésion organiqne du cerveau; seulement

on remarquait une injection des vaisseaux de la

substance médullaire, et unléger épanchement

sous l'arachnoïde. Après l'ablation du cerveau et

du cervelet, il sortit copieusement de sérum

sanguinolent du canal épineux. Ce canal, étant

ouvert, on y trouva un copieux dépôt de fluide

sans conteur, d'apparence gélatineuse,situé entre

le canal et les membranes dela moelle épinière;

ce fluide était très-abondant dans la région cer-

vicale et à la partie supérieure de la région dorsale.

La cavité qui contenait ce fluide sans couleur,

semblait n'avoiraucune communication avec celle

du crâne. Dans les membranes de la moelle

épinière,il restait une petite quantité de fluide

sanguinolent qui s'était épanché dans la cavité

du crâne. A la partie supérieure, la moelle épi-

nière paraissait plus molle que dans l'état naturel,

et se laissait très- aisément déchirer. Tous les

viscères du thorax; et ceux de l'abdomen étaient

parfaitementsains. Le trou ovale présentait une

petiteouverture.

Page 275: Medecine pratique.pdf

ETA.T PRÉSENT DES SCIENCES MEDICALES.

ï.at:~2.<~f/ca/z.t:eA?a'Mct~t~Mjat~.10ti

SECONDE PARTIE.

L° Travaux Académiques.

BULLETIN de la Société de Médecine -pratiqua.

LECTURES ET COMMUNICATIONS.

Réflexions médicales sur le penchant des hommes à la cré~

d utile par M. J.-M. Caillau, Sec rétaire- gêné rai de la

Société royale de médecine de Bordeaux.

Quelques anciens philosophes ont défini l'homme un animal

raisonnable. Df-mocriLe prétendait qu'il valait mieux l'appeler

un animal qui aime à rire si j'avais eu le bonheur de naître

jadis dans les champs heureux de la Grèce et d'obtenir une

inscription sur la fameuse liste des sept sages, pour quelque

répartie plus ou moins heureuse, j'aurais volontiers défini

l'homme un animal crédule. En effet, à peine le genre humain

voit luire quelques rayons de cette intelligence qui le distingue

des êtres qui l'environnent qu'il montre une grande incli-

nation pour des croyances de toute espèce. Bercé dans les bras

de sa mère il s'endort en écoutant des contes bizarres;

bientôt après il ajoute foi aux histoires absurdes que ren-

ferment les livres de Perrault aux admirables aventures de

Barbe-Rleue de Robert le Diable, de Pierre de Provence des

Quatre Fils Aymond de la Belle aux cheveux d'or et sur-

tout du Petit Poucet. Dans la jeunesse, l'homme croit encore

aux promesses qu'une imagination riante embellit il se laisse

charmer par desillusions qui flattent son cœur. Parvenu à l'âge

viril la crédulité fait toujours le fond de son caractère et dans

la vieillesse même quoiqu'il ait éLé averti par les leçons d'une

longue expérience l'homme se montre disposé à se laisser

séduire par l'espoir les erreurs et les chimères qui sédui-

»irent autrefois le premier âge de sa vie. Dans tous les temps l'

Page 276: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PlfréSïXT

111'" .aa" n. .rà toutes les époques dans toutes les circonstance» soit en

santé, soit en maladie, l'homme est donc un être crédule.

On croyait autrefois aux Sorciers, et personne ne doutait

de leur existence puisqu'on en brûlait tous les ans un cer-

tain nombre. Delancre ancien président au parlement de Bor-

deaux, qui pour sa part eu avait condamné cent-soixantc-

huit de compte net nous a laissé un fort beau )i\re sur cette

matière qu'il appelle fort réjouissante. Il prétend dans sa

préface que le Bas-Médoc était de son temps un repaire

de Sorciers, et il ajoute, que Dieu aidant, il parviendrait à

y mettre bon ordre. Albert surnommé le Grand je ne sais

pourquoisoutint sérieusement que douter de l'existence des

Sorciers, c'est douter de l'existence de Dieu. Et le savant lîodin

dans son grand tiaité de la démonomanie, dit en termes

formels pag. 167 j'ai vu dans ma vie plus de Sorciers que

tout autre je connais à fond tous leurs gestes et les défie

de m'attraper. Si Dieu me prête vie, je conduirai à bonne

fin mon excellente histoire des démons de toutes les espèces

auxquels je crois très- fermement, Lels que Larves Farfadets,

Sorciers et Sorcières Noueurs douillettes et Loups-garoux.

J'en sais de bons contes qui réjouiront fort mes lecteurs.

Il ajoute assez finement je n'oublierai point de parler dans

le susdit traité des maladies et inventions diaboliques d'un

certain démon qui depuis trente ans me tourmentepour

mes péchés.C'est sa femme qu'il désignait.

Dans le \aste champ des sciences il s'est glissé ça et là une

infinité d'erreurs qui ont toujours trouvé des prosélytes ardens

pour les défendre et même pour les accréditer. J'en citerai

quelques exemples. Les histoires plaisent toujours, dit Fon-

tenelle, de quelque manière qu'on les raconte j'observe

néanmoins à condition qu'elles soient courtes. « Une fille de

Spire nommée Marguerite, âgée de douze ans, avait été deux

ans sans mander, au rapport du docteur Langius, médecin

célèbre. On consulta sur ce sujet Simon Porlius de Naples,

un des plus grands philosophes de son siècle. Là-dessus

celui-ci fit un ouvrage qu'il adressa au pape Paul III, Il y

Page 277: Medecine pratique.pdf

TES SCIENCES MÉDICALES.

donna des raisons physiologiques de ee phénomène tirées

de l'humidité naturelle aux femmes et du tempérament par-

ticulier de cette fille, Gérard Fulcod médecin de l'empereur

Ferdinand fil. aussi l'histoire d'un jeûne singulier. Catherine

Einder, née l'an 1 585, dans les terres du Palatin Jean Casi-

mir, ayant atteint l'lige de vingt ans, fut à ce qu'on dit 1

sept années sans manger elle avait passé auparavant cinq ans

n sans faire usage d'alïmens chauds », J'entends tous les

jours dire autour de moi qu'il y a dans le monde beaucoup

d'incrédules. Cela est possible. Mais il n'est pas moins vrai

que pour un qui refuse de croire, on en trouve mille qui

ajoutent croyance aux fables les plus absurdes, aux événe-

mens les plus invraisemblables. Les deux faits dont je viens

de parler en sont la preuve. Je connais huit dissertations

plus que singulières composées par des médecins très-savans

sur Histoire de ces abstinences. An sujet de ces jeûnes ces

commentateurs font des livres dans lesquels, pdur prouver

ce qui le plus souvent n'existe point, ils citent Salomon, le

prophète lîaruch et la Genèse. L'un deux y parle fort au

long des loirs, des marmottes et des antres animaux byber-

nans. Crollius sur-tout se distingne à cet égrd par des rai-

flonneraens qui font rire par leur originalité et c'est à propos

des phénomènes dont il vient d'être question que ce mé-

decin vante à outrance ses pilules anli-apopleetiques, comme

le sieur Arnould préconisait ses fameux sachets, qui selon la

remarque ingénieuse de Voltaire, guérissaient infailliblement

les apoplexies, du moins clans les gazelles.

H n'était pas rare autrefois de voir des erreurs graves, 1

des hypothèses plus que singulières et des théories souvent

absurdesfie glisser au sein même des Académies elles se

propageaient ensuite avec facilité dans des livres qui n'avaient

d'autre mérite que des ornemeus ambitieux et des citations

multipliées qui doublaient quelquefois l'ennui du texte par

l'ennui du commentaire. Un fait est avancé la plupart des

hommes ne se donnent point la peine d'examiner s'il porie

avec lui les couleurs de la vraisemblance. On aime à y croire »

Page 278: Medecine pratique.pdf

tïAT PRESENT

et on y croît sans réflexions. Cinq à six membres de J'ancienne

Société royale de médecine étaient. il y a trente ans réunis

avec quelques chirurgiens célèbres chez le respectable Sabatier;

il s'agissait de rédiger un rapport qui devait être présenté

au Roi. Viq-d'A/.ir tenait la plume. Le savant ebirururgien

des Invalides se mit à raconter une histoire à ses confrères.

Un jeune matelot, dit-il, monte un jour au haut d'un mât

parvenuau sommet il tombe sur le pont et se fracture la

jambe droite. 'Le capitaine du navire s'approche alors de cet

homme dont la chute avait attiré tout l'équipage n'ayez au-

cune crainte, s'êcria-t-il sur les suites de votre accident et

laissez-moi faire. 11 prend alors du goudron liquide q'uil

mêle avec la décoction d'une certaine plante grasse, fait l'ap-

plication de son baume, met une compresse et la tient for-

tement serrée au moyen d'une ligature convenable; quelques

momens après, le matelot se promenait et agissait comme

à son ordinaire. Cela dit, Sabatier garda le silence. Voilà

un fait bien singulier s'écrièrent quelques membres de la

compagnie quelques-uns parlent de la facilité avec laquelle

ils ont vu quelquefois le cal se former: les autres raisonnent

savamment sur les forces médicatrices de la nature; tous

voulaient connaître la plante grasse dont on s'était servi dans

cette occasion. Lorsque le célèbre Sabatier vit la dispute

un peu engagée Messieurs, leur dit-il, j'ai oublié de vous

parlerd'une chose fort importante pour la solution de l'af-

faire la jambe dont je viens de vous parler était de bois/

Grands éclats de rire, et quelques-uns s'écrièrent alors avec

une finesse vraiment originale Ah nous y voilà nous

nous en doutions bien. Toutes ces disputes et beaucoup d'au-

tres qui leur ressemblent rappellent l'histoire de la Dent

d'or qui lit jadis tant de bruit dans le monde médical et qui

n'a existé que dans les livres de quelques savans; mais plusieurs

y croyaient alors et je suis persuadé que beaucoup de

personnes y croient encore.

Ce sujet me conduit naturellement à une-classe d'hommes

quifont toujours des promesses qui racontent des histoirea

Page 279: Medecine pratique.pdf

Ï)ES SCIENCES MÉDICALES.

et des guérisons merveilleuses; on voit bien que c'est des

charlatans dont je veux parler, nation qui est toujours chas-

sée et qui revient toujours gens quœ semper expellitur et

rjuœ semper redit, comme l'a dit Tacite.

Les malades accablés de douleurs et de souffrances de toute

espèce, veulent être guéris. Les bons médecins sont auprès

d'eux dans une prudente expectation et montrent quelque-

fois de l'incertitude, on la timidité de la sagesse, ou la

circonspection opte produit l'expérience souvent répétée. Dans

ce moment arrive un prétendu guérisseur. Riche en promesses,

plus riche dans l'art trompeur de faire naître l'espoir il lui

est. facile d'exciter la confiance. L'homme qui ne souffre point

est crédule l'homme qui souffre l'est bien davantage. Le

charlatan se sert avec adresse de cette inclination naturelle

pour la faire tourner à son profit. II a ru cent fois l'affection

dont le malade lui fait- la peinture un seul mot est pour

cet homme extraordinaire, pour ce savant, doué d'un rare

génie un fil précieux qui le conduit habilement dans un

labyrinthe inextricable pour tout autre que pour lui-mêmej

et lui seul possède un remède dont les effets infaillibles sont

démontrés jusqu'à l'évidence. Il ne le divulgue point, parce

qu'il redoute la jalousie de ses confrères. Paris Londres,

Marseille, Montpellier même ont éle plus d'une fois les

témoins de son triomphe. Que de faits avérés constatent la

hardiesse coupable de ces imposteurs Il m'est impossible au-

jourd'hui d'en citer un grand nombre, et je me borne à quel-

ques exemples pour ne point fatiguer l'attention de mes

lectcurs.

En 1728, du tomps de Lass, le plus fameux des charla-

tans poliques un autre nommé Villars confia à quelques

amis que ton oncle qui avait vécu près de cent ans et qui

n'était mort que par accident, lui avait laissé le secret d'une

eau qui pouvait prolonger aisément la vie jusqu'à cent cin-

quante années pourvu qu'on fût sobre. Lorsqu'il voyait pas-

ser un enterrement, il levait les épaules de pitié; si le dé-

funt, disait-il, avait bu de mon eau, il ne serait pas où

Page 280: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

il est. Ses amis auxquels il en donna généreusement et qui

observèrent un peu le régime prescrit s'en trouvèrent bian

et le prônèrent. Alors il vendit la bouteille 6 fr. Le débit

en fut prodigieux c'était de l'eau de la Scine, avec un peu

de nilre. L'abbé Desens, l'enthousiaste, mettait ce charlatan

fort au-dessns du maréchal de Villa rs. On sut enfin que

cette eau tant vantée n'était que de l'eau de la Seine, on n'en

voulut plus et on alla à d'autres charlatans II est certain

néanmoins que notre homme avait fait du bien, car il re-

commandait la tempérance, et c'est quelque chose. Voici un

charlatanisme d'une autre espèce dans cette matière il y

a toujours de la variété. C'est un ancien médecin de Bor-

deaux qui nous en parle dans ses commentaires sur Guy-

de-Chauliac.

« Nous avons vu, dit-il, un charlatan dans cette ville, t

Tau i663, le plus effronté fripon qui fat jamais, il se nom-

mait Raoux natif de Cauvisson. Il se présenta pour faire

l'opération de la lithotomie laquelle il exerça passablement

sur des enfans de huit à neuf ans, au petit appareil. Il eut

l'audace d'oser se servir de la même manière d'agir pour

les grandes personnes; il trompa absolument tous ceux qui

se confièrent à lui, en présence même de tous nos plus habiles

chirurgiens et médecins; de sorte que depuis le 20 du mois

de Juillet qu'il arriva à Cordeaux, jusqu'au 12 de Novembre

qu'il se retira, il fit semblant de tailler quatre-vingt-deux

personnesde tout âge et de tout sexe, sans qu'il en taillât

véritablement aucune à la réserve de cinq on six petits

enfaiis et d'une seule femme, petite, maigre et desséchée.

Dans cetespace de quatre mois il gagna ia,noo fr. il fut

caressé, loué et admiré de tous, tant en particulier qu'en

public. d'avoue de bonne foi que je fus un de ses panégy-

ristes mais sur la fin, remarquant que ceux qu'il avait fait

semblant de tailler les premiers, revenaient à se plaindre de

leurs douleurs je commençai à soupçonner la fraude et jel'observai pour le faire prendre et punir. Il me

redouta et

cessa de m 'appeler à ses opérations. Ordinairement après

Page 281: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

avoir sonde un malade il lui disait qu'il voulait lui figurer

sa pierre et se faisait apporter de la mie de pain qu'il pétrissait

entre ses doigts, et moulait une pierre sur celle qu'il avait

desseiq de lui faire voir un jour, et tous admiraient ceci

disant qu'il avait acquis cette connaissance par de longues

et fréquentes observations. Pour ne pas se tromper il choi-

sissait, sur le bord de notre rivière, des cailloux de diffé-

rentes grosseurs, et quand il voulait opérer il se contentait

de faire une incision dans les fégumens il y inlroduïsait une,

pierre avec la dextérité d'un joueur de gobelet et la retirait

après toute ensanglantée il la remettait an malade qui charmé

de l'adresse de l'opérateur, qui faisait sa besogne à juste

prix et qui ne causait pas de grandes douleurs, ne pouvait se

lasser de faire l'éloge du fripon, n'ayant que des louanges

à lui donner. La renommée parla en sa faveur, et fit venir

des provinces éloignées plusieurs pierreux il les sondait, il

les taillait à sa façon; il attrapa de l'argent de toutes mains

et les trompa tous. Cet,imposteuren quittant Bordeaux alla

à Paris, où il fut convaincu de mauvaise foi par le célèbre

Jérôme Collot u.

Ainsi, dans une infinité de circonstances, nous devons

nous prémunir contre les séductions qui nous environnent,

et rester dans ce doute philosophique qui, suivant Descartes

est le commencement de toute sagesse.

Programme des prix proposés par l'Académie royale de

sciences de Paris,

Prie de statistique. Afin que les recherches puissent s'é-

tendre à un plus grand nombre d'objets il a paru d'abord

préférable de ne point indiquer une question spéciale en

laissant aux auteurs mêmes le choix du sujet, pourvu que

ce sujet appartienne à la statistique proprement dite, c'est-

à-dire, qu'il contribue à faire connaitre exactement le terri-

toire ou la population, ou les richesses agricoles et indus-

trielles du royaume ou des colonies.

Parmi les ouvrages regardés à juste titre comme la*

Page 282: Medecine pratique.pdf

J£TAT PRESENT

plus utiles on pourrait désigner ceux qui auraient pour

objet

La description d'une des principales branches de l'indus-

tric française, et l'estimation détaillée de ses produits.

La description des cours d'eaux et de leur usage dans

une portion notable du territoire de la France.

Le tableau de l'industrie de la capitale recherche impor-

tante qui se compose d'une multitude d'élémens divers très-

difficiles à rassembler.

Le plan topographique d'une grande ville joint à des

Mémoires assez étendus sur la population le commerce la

navigation et les établissemens maritimes.

Les descriptions statistiques des départemens ou des an-

Iiuaires rédigés d'après les instructions générales qui ont été

publiées en France et que Son Excellence le Ministre de

l'Intérieur a renouvelées.

L'indication des substances qui forment la nourriture des

habitans des campagnes dans plusieurs départemcns, et le

tableau des proportions selon lesquelles ces mêmes substances

sont employées comme alimens.

Une suite d'observations sur les transports effectués par

terre, qui serve à comparer l'importance respective des com-

munieations.

L'état des richerches minéral ogiques de la France, celui

de la navigation intérieure.

Knfîn divers Mémoires de ce genre ayant un objet spécial

exactement défini et relatif îi l'économie publique.

On regarderait comme préférables ceux de ces Mémoires

qui à conditions égales s'appliqueraieut à une grande partie

du territoire ou à des branches importantes del'agriculture

ou du commerce ceux qui donneraient la connaissance com-

plète d'un objet déterminé, et contiendraient sur-tout la plus

grande quantité possible de résultats numériques et positifs.

Les Mémoires manuscrits, destinés au concours de l'année

1819 doivent être adresses au Secrétariat de l'Institut ,fr&nc

de port, et rejni$ avant le 1." Janvier 1820. Us peuvent

Page 283: Medecine pratique.pdf

DES SCIK3TCKS MEDICALES.

porter le nom de l'auteur, ou ce nom peut être écrit dans

un billet cacheté joint au Mémoire.

Quant aux ouvrages imprimés il suffit qu'ils aient été

publiés dans le courant de l'année 1819, et qu'ils soient

parvenus à l'Académie avant l'expiration du délai indiqué.

Le prix consiste en une médaille d'or équivalente à la somme

de cinq cent trente francs. II sera décerné dans la séanco

publique du mois de Mars 1820.

Prix d' Anatomie comparée. L'Académie royale des sciences

propose pour sujet d'un autre prix qu'elle adjugera dans la

séance publique du mois de Mars 1821, la question suivante:

Donner une description comparative du cerveau dans les

quatre classes d'animaux vertébrés et particulièrement dans

les reptiles et les poissons en cherchant à reconnaître fana-

logie des diverses parties de cet organe, en marquant avec

soin les changemens de forme et de proportion qu'clles éprou-

vent, et en suivant le plus profondément qu'il sera possible

les racines des nerfs cérébraux. Il suffira de faire les obser-

vations sur un certain nombre de genres choisis dans les

principales familles naturelles de chaque classe; mais il sera

nécessaire que les principales préparations soient représentées

par des dessins suffisamment détaillés pour que l'on puisse

les reproduire et ert constater l'exactitude.

Le prix sera une médaille d'or de la valeur de 3ooo francs.

Il sera adjugé dans la séance publique du mois de Mars

1821.

Le terme de rigueur pour l'envoi des Mémoires est le i.*r

Janvier 182 1.

Les Mémoires devront être adressés franc de port au

Secrétariat de l'InsVitut, avant le terme prescrit, et porter

chacun une épigraphe ou devise qui sera répétée avec le

nom de J'auteur, dans un billet cacheté joint au Mémoire*

Page 284: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

Observatisns physiques et agricoles, faites a Bordeaux

pendant les mois de Janvier et Février 1S19.

JiïïViER. R.

Un ciel serein, un froid sec vif, même glacial, ont marqué

les premiers jours de l'année; le 7 il est tombé un peu de

pluie, maïs le beau temps est revenu presqu'aussitbt, et a

continué jusqu'au 20, sans autre interruption que celle causée

par des brouillards assez fréquens matin et soir. Sept jours

de pluie, très-abondante ont succédé; le reste du mois a

été nuageux beau et d'une température modérée, rarement

glaciale. Le peu de pluie tombée depuis quelque temps a

laissé très -basses les eaux des fleuves qui traversent notre

département, ce qui a nui aux arrivages. La même cause a

diminué l'inondation des terreins bas et marécageux.

Des fièvres intermittentes parmi lesquelles on a remarqué

quelques quartes, ont présenté des symptômes catarrheux,

pituiteux et gastriques, qui ont également exigé l'emploi des

évacuant par le haut, par le bas etpar la peau. Des fluxions

catarrliales ont eu lieu, sur les organes supérieurs et ont causé

des ophtalmies, des otalgies, des coryzas, des esquinancies,

des torticolis, des rhumes et des péripneumonies plus ou

moins graves. L'humeur niorbifique s'est «aussi souvent portée

vers le canal alimentaire et y a produit l'anorexie, la colique',

la diarrhée la dysenterie ses effets ont été quelquefois

compliqués de ceux produits par la présence des vers intes-

tinaux ou par une sensibilité nerveuse excessive. Les rhu-

matismes ont été fréquens et rebelles. On eu à traiter beau-

coup d'érysipèles, de rougeoles, de coquelucheschez les

enfans. Leur dentition a été difficile douloureuse et accom-

pagnée de dangers. La menstruation a été pénible et irrégu-

lière chez beaucoup de femmes. Des apoplexies et des para-

lysies out attaqué plusieurs vieillards, et quelques-uns y ont

succombé. La phihisie pulmonaire, la péripneumonie le ca-

tarrhe suffocant, ont aussi fait des victimes.

Page 285: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

FÉVRIER,

Le temps a été beau sec et froid pendant les trois pre-

miers jours de ce mois; il est ensuite devenu pluvieux et

variable à un tel point que durant tout ce mois on a pres-

que constamment vu un beau jour succéder à un jour plu-

vieux et réciproquement. Les derniers jours ont été fort

humides. Les intervalles du beau temps ont été ordinaire-

ment accompagnés de brouillards. Quoique le thermomètre

ait rarement descendu au degré de la congélation, cependant

ï'atmosphère a étépresque toujours très-froide et le déve-

loppement des végétaux les plus hâtifs a été lent et retardé.

Les plantes céréales poussent vigoureusement et offrent une

verdure touffue.

l,es fièvres régnantes sont les mêmes que le mois précédent}

on a observé cependant que la saburre gastrique qui les ac-

compagnait a été plus abondante et plus commune les péri-

pneumonies dites bilieuses ont été également plus nombreuses.

Il y a eu beaucoup de fluxions catarrhales de toutes les es-

pèces des diarrhées rebelles avec ou- sans douleurs de coli-

ques, et rarement dysentériques, mais souvent accompagéeS

d'affections verm'meuses. Beaucoup d'éruptions cutanées ont

eu lieu c'étaient des furoncles, des érysipèles, la variole,

la varicelle, la rougeole, la porcelaine, la miliaire irrégulière,

des phlyctènes. Les apoplexies et les paralysies n'ont pas été

rares c'est sur-tout à ces maladies et aux péri pneumonies

qu'on doit imputer la mort de plusieurs vieillards. D'autres

sujets ont succombé par suite des obstructions des poumons

ou des viscères abdominaux. Les rhumatismes, soit aigus,

soit chroniques ont été très-communs, et toujours rebelles.

Beaucoup de pauvres ont été en proie aux affections scrophu-

leuses et scorbutiques.

Page 286: Medecine pratique.pdf

Î^TAT PRESENT

II.° Revue des Journaux.

Journal généralde médecine française

et étran-

gère rédigé parune commission

prisedans le

sein de la Société de médecine de Paris, séante

à niotel-de- Fille.

Mirposé' succinct des dtffvrens phénomènes sympathiques par

M. Piorry docteur en médecine etc.

Parmi les phénomènes de l'organisation il en est peu qui

soient plus importans qui se rencontrent d'une manière plus

fréquente qui se présentent sous plus de formes que ceux

auxquels on a donné le nom de sympathies. Quelle prodi-

gieuse quantité d'actions différentes ont été réunies sous cette

dénomination? Il n'est point de fonction où l'on n'en ren-

contre; il n'est pas de force qui ne préside à quelques-unes

d'entre elles; il n'est pasd'organe qui n'en puisse être le siège.

Depuis le parenchyme délicat de l'encéphale, jusqu'au tissu

cellulaire doué d'une sensibilité si peu marquée peut-être

n'est-il pas une partie de noas-ffièmes qui ne présente des

phénomènes de ce genre. Je n'ai point l'intention de tracer

leur histoire d'une manière détaillée d'autres que moi ont

rempli une semblable tâche, mieux sans doute, que je ne

le pourrais faire; je cherche seulement ici à rappelerd'une

manière succincte, le mode suivant lequel les sympathies se

manifestent dans les différens organes.

Je me bornerai à faire remarquer qu'elles ne sont autre

chose que le résultat de l'influence qu'une partie exerce sur

une partie donnée, d'une manière plus' étroite que sur tos

les autres points de l'organisation. Chacun de nos organes

agit sur toute l'économie; mais si cette action est plus mar-

quée sur un organe que surtous les autres il en résulte un

phénomène sympathique. Je crois que cette explication est

assez convenable, et qu'elle peut être de quelque utilité dans

l'histoire dessympathies.

Page 287: Medecine pratique.pdf

DES SCrEWCES MÉDICALES.

Il me semble qu'on pourrait réduire aux modes sultans,

la manière dont se passentles différens phénomène» de cette

nature

i.° Sensation dans un organe, ressentie soudain dans un

autre organe;

a.° Sensation très-faible dans un organe, suivie d'une sen-

sation très -vive dansun autre qui rend presque nulle la

première;

3.° Sensation dans un organe, déterminant des mouvemen*

dans un autre organe j

/j.° Mouvemeut dans une partie, déterminant des mouve-

mens dans une autre partie;

5.° Altération dans les fonctions élémentaires d'une partie,

suivie d'un changement dans les sensations d'une autre;

6.° Altération apportée dans les fonctions élémentaires d'une

partie suivie d'une altération semblable dans celles d'une

autre partie;

7.0 Altération passagère dans les fonctions élémentaires

d'une partie, suivie d'un trouble profond dans les fonctions

élémentaires d'une autre;

8.° Changement soudain survenu dans les functions élé-

mentaires d'une partie, ramenant à leur type naturel les

fonctions élémenlaircs d'une autre partie oit elles ont clc

précédemment altérées.

Entrous dans quelques détails sur les différens modes dont

les phénomènes sympathiques nous paraisssent susceptibles*

Je pourrais citer un graud nombre d'exemples de sensations

perçues à la fois par deux parties, quoiqu'une seule ait été

soumise à la cause qui a déterminé l'impression. C'est ainsi

que le chatouillement de la luette cause la sensation qui pré-

cède la nausée que l'impression du froid sur les pieds pro-duit instantanément un besoin d'uriner auquel on résiste

avec peine, que la titillation de l'extrémité du gland donne

lieu au même phénomène que l'excitation du mamelon excite

les désirs vénériens etc. Dans toutes ces circonstances une

cause ayant agi sur un organe, de manière à y déterminer

Page 288: Medecine pratique.pdf

^TAT PRESENT

une sensation, est ainsi, quoique d'une manière médiate,

la source d'une sensation plus ou moins vive dans une autre

partie, sans qu'on puisse expliquer par une communication

nerveuse ou vasculaire, l'influence que le premier organe a

exercé sur le second.

Mais il est des cas où la concordance d'action est si intime,

où l'influence d'une partie sur une autre est si grande, qu'une

sensation légère dans la première détermine une sensation

très- vive dans la seconde. Une douleur insupportable peut

même être produite par une relation sympathique de cette

nature. La légère épigastraigie qu'on éprouve dans certaines

affections de l'estomac est pour ainsi dire annihilée par une

douleur atroce vers la partie antérieure de la tête; une ma-

ladie chronique de la matrice peu douloureuse a présenté

souvent parmi ses symptômes une céphalalgie qui occupe la

partie postérieure et supérieure du crâne; un calcul vésical

ne manifeste suuvent pas sa présence par une sensation locale»

tandis que le gland est' excessivement douloureux etc.

combien ne pourrais-je pas multiplier des faits analogues?

Comme dans un grand nombre de ras la douleur est sym-

pathique, il faudrait parcourir l'histoire de presque toutes

les maladies pour citer tous les exemples qu'on pourrait en

réunir.

Si la cause qui a modifié la manière d'être d'une partie

a agi avec plus d'intensité, ou si l'organe sur lequel elle porte

son influence est éminemment doué d'un des modes de con-

tractilité, alors cette faculté pourra y être mise en jeu. Une

sensation ayant son siège dans une partie donnée peut donc

en vertu d'une liaison sympathique causer un mouvement plus

ou moins marqué dans un autre. L'irritation de la membrane

pituitaire provoque aussi une contractionspas modique du

diaphragme qui est tout-à-fait particulière au cas dont il

s'agit; rélemuempnt en est le résultat; et cette action, dé,

pendante d'une liaison sympathique ne peut être causée par

la volonté; l'impression du froid aux pieds, qui éveille le

besoin d'uriner, excite aussi la contraction de la vessie, et

Page 289: Medecine pratique.pdf

J>FS SCIENCES AlÉDICATftS.

tel homme riiez lequel ce viscère est frappé d'un certain

degré de faiblesse lui rend jusqu'à un certain point, son

ressort en posant les pieds sur un corps froid. Une excitation

le la peau détermine une contraction également

involontaire du diaphragme. Le rire est en effet provoqué

par le chatouillement, comme l'éternuement par l'introduc-

tion d'une poudre sternutatoire dans les narrines. La titil-

lation de la luette, soutenue pendant quelque temps, cause

le vomissement par la même correspondance d'action qui

avait d'abord donné lieu à la sensation qui le précède dans

toutes ces circonstances, nous voyons la sensibilité d'un or-

gane éveiller la contractilité d'une autre partie.

Mais, ai-je dit, un mouvement exécuté dans une partie-

peut déterminer un mouvement. correspondant dans une autre»

Les muscles qui concourent à l'accomplissement des fonctions

intérieures' ont une liaison d'action plus ou moins intime, t

soit entre eux soit avec ceux de la vie animale. Le dia-

phragme entre en action en iiiL-uie temps que l'estomac se

contracte, pour rejeter au-dchors les àlimens qui s'y trou-

vent contenus; le rectum se débarrasse des matières fécales,

pendant que tous les muscles qui peuvent diminuer la ca-

pacité de la grande cavité splanchnique combinent leur action

avec la sienne pour produite l'évacuation du résida de la

digestion. On Peut en dire autant de la vessie et des puis-

sances qui coopèrent avec elle, à l'expulsion de l'urine; on

sait encore que la contraction du diaphragme qui a lieu

quelquefois dans le rire, provoque souvent celle du réservoir

de l'urine; et que l'utérus, dans J'accouchement, semble

appeler à son aide toutes les parties qui peuvent concourir

avec lui à l'accomplissement de cet acte important. Des phé-

nomènes de cette nature recevraient ,sans doute avec plus

de raison, la dénomination de synergies mais comme tout

mouvement suppose une modification survenue d'abord dans

la sensibilité, ils peuvent, sans inconvéniens et sans éloigner

les termes de leur signification propre, être réunis aux sym-

pathies. D'ailleurs, en établissant une séparation entre les

Page 290: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PENSENT

synergies et les sympathies, on éloigne des actes qui ont

entre eux le plus grand rapport.

Parmi les phénomènes sympathiques, il en est d'autres

qui sont d'une importance bien plus grande aux yeux du

médecin physiologiste ce sont ceux qui reconnaissent pour

cause une altération dans les forces toniqucs des parties, dans

les fonctions élémentaires dont elles sont chargées. C'est ici

que se déploie tout le tableau de l'économie animale; c'est

là ou se retrouvent la plupart des phénomènes morbides;

où les désordres survenus dans les maladies trouvent une

explication aussi complète que possible; c'est là enfin où la

tliérapeu tique puise ses ressources les plus précieuses et les

moyens dont l'efficacité peut être le moins contestée.

Souvent un changement survenu dans le mode suivant

lequel s'exercent les fonctions communes à tous les tissus,

c'est-à-dire l'absorption, la circulation capillaire, la nutrition,

l'exhalation et la calorification, ne se borne pas à altérer la

partie où il a lieu mais comme si la maladie tendait à se

propager vers d'autres points de l'économie, des organes

plus ou moins éloignés, des organes qui ne paraissent point

être liés par leurs fonctions avec ceux qui sont les premiers

affectés, éprouvent des modifications très-grandes dans leur

manière d'être habituelle. Tantôt cette modification n'est autre

chose qu'un changement survenu dans la manière de sentir

du second organe d'autres fois, c'est le mouvement qui est

altéré; et dans d'autres circonstances ce sont les fonctions

élémentaires qui sont modifiées. Rendons ces vérités plus

sensibles par des exemples puisés soit dans des cas de phy-

siologie, soit dans ceux qui sont du domaine de la pathologie.

La matrice exerce, dans toutes les circonstances une influence

plus ou moins grande sur toutes les autres parties; mais

dans l'état naturel cette influence n'est point portée à un

tel point qu'elle soit apercevable. Mais que son mode d'exis-

tence cesse d'être le même, que le germe vienne exciter les

propriétés dont elle est douée alors la circulation y est accé-«

liirée la nutrition s'y opère avec plus d'énergie, l'absorption*

Page 291: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICACES.

T. IV de la i^sér., cah. de Mars et Jvrilift r 9. i g

l'exhalation y deviennent plus actives; soudain la sympathie

étroite qui unit l'utérus à l'estomac se manifeste par des

phénomènes saillans. D'abord, le mode de sentir n'est plus

le même dans le principal organe de la digestion de là, chez

les femmes enceintes, les appétits bizarres qui sembleraient

même prouver que les nerfs du goût sont modifiés par l'es-

tomac, comme ceux de l'estomac le sont par la matrice. De là

cet appétit vorace, qui tendrait à faire croire que, même dans

cette circonstance les forces toniques de l'estomac sont modi-

fiées par l'utérus, puisque alors une quantité énorme d'alimens

ne produit pas d'indigestions ce qui arriverait infaillible-

ment dans toute autre circonstance. Mais souvent la motilité

est modifiée tout aussi-bien que la sensibilité de là cel

vomissemens qui se déclarent, et qui, nécessitant la contrac-

tion des muscles abdominaux nous donnent un exemple de

L'influence de la matrice sur ces derniers par la médiation

de l'estomac.

Une altération survenue dans les forces toniques d'unepartie

est susceptible, ai-je dit, de causer une lésion du même

genre dans une autre partie; mais cette dernière peut être

malade à différens degrés par suite du changement d'état

survenu dans la première. Tantôt l'altération des deux organes

est simultanée et à peu près analogue. La membrane mu-

queuse utéro-vaginâle est-elle frappée d'une phlemasie chro-

nique, bientôt la muqueuse gastrique devient le siège d'une

douleur plus ou moins vive les digestions se détériorent;

et tandis que les malades ne sont pas avertis par une souf-

france réelle de la lésion idiopatliique,ils éprouvent une gêne

continuelle vers la région deTépigastre. L'estomac est-il le siège

de certaines affections encore assez peu connues le poumon,

irrité d'une manière secondaire détermine l'action particulière

des muscles du thorax qui constitue la toux désignée sous le

nom de slomacale. Le poumon est-il frappé d'une phlegmasie

chronique, la membrane muqueuse dont les intestins sont

tapissés devient le siège d'une affection du même genre. Sou-

vent la vessie est, dans un cas de cette nature, atteinte de

Page 292: Medecine pratique.pdf

ÉTkT PRKSENT

catarrhe, et la peau de furoncles qui paraissent se succéder

sans interruption. Dans la phthisie pulmonaire le tissu lamel-

leux des environs de l'anus est souvent lui-même affecté d'une

manière sympathique et de là résultent les abcès qui se for-

ment vers cette partie chez des sujets dont la poitrine est

profondément malade. Un organe, siège d'un engorgement

cancéreux, semble imprimer aux autres une tendance vers cette

affreuse maladie, et il est difficile de croire que ce soit à l'exis-

tence d'un virus qu'un semblable effet doive être attribué. La

disposition anévrïsma tique que présentent souvent à la fois un

grand nombre d'artères, peut aussi provenir, jusqu'à un certain

point, de la dépendance dans laquelle sont les unes des autres

les différentes parties du système vasculaire à sang rouge.

Il est des circonstances où la relation sympathique existant

entre deux organes est telle, qu'une cause qui a produit des

changemens soudains dans les phénomènes de tonicité de l'un

d'eux ne détermine pas une maladie dans celui-ci, tandis

qu'elle produitun trouble profond dans la manière d'être de

l'autre. Soit que ce dernier soit doué d'une plus grande sensi-

bilité soit que moins soumis à l'action des agens extérieurs y

il soit moins habitué leur influence fâcheuse, son tissu éprouve

une altération remarquable et permanente, par suite d'un chan-

gement momentané survenu dans la manière d'être de la partie

primitivement malade. C'est à des phénomènes de ce genre

que la plupart des lésions de nos organes doivent être rap-

portées. Le froid agissant sur une partie quelconque des tégu-

mens, change momentanément leur manière d'être habituelle,

et bientôt l'organe qui sympathise avec elle est frappé d'une

maladie plus ou moins durable. La poitrine, les intestins, la

vessie, sont enflammés par suite des variations que la circu-

lation capillaire de la peau a éprouvées. Nous ne sommesplus

au temps où l'on pensait que la sueur répercutée était la

cause des phénomènes de cette espèce laissons aux humo-

ristes outrés de semblables idées nous qui apprécions davan-

tage l'union dans laquelle les différentes parties se trouvent

les unes des autres nous n'y voyons que le résultat d'une

Page 293: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

influence de ce genre. Nous en voyons autant dans la sup-

pression d'une hémorragie, et dans les symptômes de phleg-

,masie qui la suivent; nous n'ignorons même pas que, dans

des cas de cette nature c'est plutôt l'inflammation de l'organe

qui a amené la suppression de l'hémorragie, que ce n'est la

suppression de l'écoulement qui a causé la phlegmasie. C'est

encore dans de tels phénomènes qu'il faut rechercher l'es-

plication d'une foule de métastases soit laiteuses soit puru-

lentes, etc.

Si un trouble momentané survenu dans l'exercice des fonc-

tions élémentaires d'une partie peut déterminer une maladif

grave dans une autre partie, il arrive quclquefois aussi que

J'alléralion profonde d'un organe porte seulementquelques

modifications dans les mêmes fonctions d'autres organes. C'est

ici où se retrouvent les sympathies de chaleur qui ont lic^

dans certains cas. Le phthisique qu'une fièvre hectique

^dévore se plaint d'éprouver à la plante de pieds et à la

jaunie des mains une chaleur brûlante. L'estomac est-il le siège

d'une inflammation aiguë on chronique la peau qui re-

couvre ï'épigastre présenteun symptôme analogue. La cir-

Çulalion capillaire, l'exhalation la nutrition, peuvent être

lésées d'une manière partielle dans une partie par la liaison

sympathique qui l'unit avec telle autre tout aussi-bien qne

la ealorification. La coloration des joues des phthisiques 7

la rougeur vermeille de la pommette correspondant au

poumon enflammé dans la pérjpneumonie, les sueurs noc-

turnes au front et à la poitrine chez celui que la pulmonic

entraîne vers la tombe ,'la maigreur des parois de la poitrine

chez ce même individu quand quelquefois le corps est doué

d'un embonpoint médiocre sont autant de faits propres à

nous démontrer qu'une altération profonde dans l'exercice

des forces toniques d'un organe peut causer des modifications

légères dans une ou plusieursfonctions élémentaires de quel-

ques autres parties.

Enfin il reste un dernier mode de sympathie qui ne

diffère pas des précédens et qui n'en est réellement distinct

Page 294: Medecine pratique.pdf

£tat présent

qu'en ce que la médecine s'en est servi pour la curation

des maladies je veux parler des cas dans lesquels un chan-

gement apporté dans les forces toniques d'une partie ramène

à leur type naturel les fonctions élémentaires d'une autre où

elles ont été précédemment viciées. C'est ici que se trouve

placée l'action du plus grand nombre des médieamriis qui

n'agissent presque jamais sur le tissu malade, mais sur celui

qui sympathise avec lui. L'emploi d'un vésicatoire dans la

pleurésie, dans l'ophtalmie dansles douleurs de tête celui

des purgatifs dans l'apoplexie, la paralysie, la manie; celui

de l'émétique dans une céphalalgie opiniâtre dans l'angine

gutturale, dans le croup les frictions excitantes dans le

rhumatisme, la goutte, la syncope; l'usage avantageux de*

sternutatoires dans l'inflammation chronique de la conjonc-

tive des lavemens irritans dans l'asphyxie; les bains de pieds

et de mains sinapisés dans les maladies du coeur, etc., etc.,

sont fondés sur la relation sympathique existant entre deux

organes. Mais cette action qu'un médicament exerce sur un

tissu par l'intermédiaire d'un autre tissu peut s'exécuter de

différentes manières tantôt elle a lieu entre des parties voi-

sines, et d'autres fois elle se passe entre des parties plus on

moins éloignées dans le dernier cas, le phénomène est réel-

lement sympathique, et le succès qu'on obtient est produit

par une révulsion salutaire; mais dans le premier, où les

communications vasculaires et nerveuses peuvent expliquer

jusqu'à un certain point l'effet que ce médicament a produit,

il n'en est certainement pas ainsi car comme le fait si ju.

dicieusement observer M. le docteur Roux dans son Traité

des sympathies on nepeut

donner ce nom qu'aux actes

de l'économie qu'on ne peut concevoir par l'action du sys-

tème nerveux par celle des excitans naturels qui se trouvent

en nous, ou par l'excitation que les agens extérieur déter-

minent. (Cahierde Février 1819 pag. aai et suivantes).

Page 295: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

Gazette de SantiI

Nouveau fait quiprouve le danger de l'usage abusif de priser;

par M. t Chirurgien de l'Hospice, Médecin des prisons

de Dreux.

L'intéressante observation de M. le Docteur Roques, sur

un cas de consomption produit par Vusage abusif du Tabac à

fumer (\)) m'engage à vous communiquer un fait non moins

curieux et qui prouve que l'abus du Tabac en poudre peut

produire des résultats aussi fâcheux, que ceux observés parce savant Médecin. M/ Etudiant en médecine, se dis-

posant à subir ses derniers examens, se livra pendant plusieurs

mois à un travail opiniâtre qu'il prolongeait souvent jusque*

vers le milieu des nuits. Il crut combattre avec avantage

une disposition irrésistible au sommeil résultat de ses veilles

fatigantes en prenant une certaine quantité de tabac à priser.

Bientôt il contracta tellement l'habitude de cet usage, et il en

augmenta tellement la dose, qu'une once par jour lui suffisait

à peine. Il tomba, en peu de temps, dans un état de maigreur

inconcevable. Sa peau prit une teinte jaune, cuivreuse; son

appétit se perdit, et il eut, de temps à autre, un peu de dé-

votement Il attribua'ces symptômes à son ardeur pour l'étude;

il diminua beaucoup son travail mais continua à prendre

la même quantité de tabac. Le dévoiement devint de plus

en plus abondant il le combattit sans succès par diver*

moyens. Enfin l'amaigrissement et la faiblesse firent des

progrès qui le réduisirent â un état complet de marasme.

Il exhalait, à plusieurs pas, une odeur marquée de tabac. Nous

l'engageâmes à suspendre l'usage de cettepoudre. Il s'en

abstint totalement; et, comme par enchantement, le dévoiement

s'arrêta son appétit lui revint. Bientôt il reprit de l'embon-

point et, quoi qu'il se livrât de nouveau à l'étude avec la

même opiniâtreté il ne vit reparaître aucun des symptômei

qui l'avaient tant effrayé.

(i) Voyez Annales cliniques., T. I. do la a.* Ȏrie, pag. 87.

Page 296: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

me semble de mettre en cil est utile ce me somme oe mettre en garae contre un

semblable abus, ceux qui font habituellement usage de cette

poudre; usage répandu parmi nous depuis un siècle au plus,

mais qui, pour le dire en passant, n'est jamais d'un avan-

tage bien marqué, et qui peut être quelquefois nuisihle à la

santé. (A~. » XXXI11 3o Novembre 1818 pag. 2Q2J

Exposition de la Doctrine médicale de P.-J. Barthez et Mé-

moires sur la vie de ce Médecin par Jacques Lordat

professeur d'Anatomie et de Physiologie à la Faculté de

Médecine de Montpellier, Médecin du Dépôt de Mendicité,

et Chirurgien en chef de la Maison Centrale de détention

de la même Ville. Un vol. în-$.n. Analyse raisonnée de cet

ouvrage; par F.-J.-Léon Rouzet, D. M. M. (i.er Extrait).

Lorsqu'un homme déjà célèbre, prend la plume pour en-

tretenir le public non pas de ses travaux, mais de ceux de

quelqu'un de ses devanciers l'attention se repose d'autant

plus volontiers sur celui (lui en est l'objet, que celui-ci a

été déjà plus marquant, et que son historien jouit lui-même

d'une plus grande considération. Sous ce dou!>le rapport

lé livre de M. Lordat ne peut manquer d'obtenir l'accueil

le plus favorable.

Une voix unanime avait proclamé Barthez l'un des Génies

lés plus étonnans de son siècle; mais toutes n'étaient pas

également d'accord et sur le genre de mérite de sa doctrine,

et sur l'influence qu'elle a exercée sur les progrès ultérieurs

de la Physiologie. Les principes de sa méthode avaient paruà l'un, excellens, et féconds en grandes conséquences; un

autre, en rejetant, ceux-ci comme vicieux, avait admiré la

force de tête qu'il a fallu au Chancelier de notre Ecole pour

aller si loin dans les détails après avoir pris des routes défec-'

tueuses un troisième faisant principalement allusion à

Barthez avait donné des éloges aux Médecins de Montpellier,

pour avoir suivi au milieu du Mécanicisme l'impulsion

donnée par Stahl mais il assurait en même temps qu'en

s'êcartant du mauvais chemin, ils en avaient pris de si tor-

Page 297: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

tucux, qu'il doutait qu'ils y pussent trouver un aboutissant.

Au milieu de ce conflit d'opinions et de jugemens divers,

il importait de présenter sous son véritable jour, et dans

tout son ensemble, la Doetriue médicale de ce grand Phy-

siologiste, quia imprimé à la Science de l'homme, une direc-

tion toute nouvelle, et qui a ramené les esprits aux vrais

principes de la bonne méthode de philosopher.

Bl. Lordat devait au monde médical, et à la mémoire de

son illustre ami, (le se charger de cette utile et honorable

entreprise. La chose était devenue d'autant plus nécessaire,

qu'au grand détriment de la Science, Barthez avait tous les

jours à essuyer des critiques qui, tout injustes qu'elles étaient

le plus souvent ne lui en devenaient pas moins préjudi-

ciables en ce qu'elles propageaient sur son comptedes

erreurs dans lesquelles on semblait se complaire, précisément,

parce qu'on n'avait pas la force de les repousser. Que de gens

ont jugé Barthez sur parole; que de gens l'ont condamné

sans l'avoir entendu! Disons-le, le nombre de ceux qui ont

su lire les ouvrages de ce grand Médecin, nous paraît infini-

ment peu considérable. Est-ce la forme qui apu égarer les

esprits sur le fonds? Est-ce la prévention, l'amour-propre

blessé, qui auront fait prendre le change sur la doctrine qui

y est contenue ? Nous serions assez portés à admettre que

l'une et l'autre de ces causes y ont puissamment contribué

mais nous pensons, aussi, que les développemens que donne

aujourd'hui M. Lordat à cette matière, ne permettront plus

d'équivoque, et que l'on sentira, au moins cette fois, qu'un

homme tel que Barthez mérite d'être approfondi pour être

jugé-Dans des matières aussi abstraites que celles dont traite

le livre de M. Lordat, l'attention, fortement occupée ne

pouvait guère être susceptible d'un effort long-temps soutenu,

ïl devenait donc nécessaire, que l'esprit du lecteur pût se

reposer, par intervalles, sur des objets plus faciles, et propres

& lui procurer des diversions intéressantes. M. Lordat 0.

rempli cette condition de la manière la plus avantageuse,

Page 298: Medecine pratique.pdf

irkT pr&isi

lorsqu'il a eu l'heureuse idée d'associer à l'exposition de la

Doctrine médicale de t'illustre Chancelier, des Mémoires sur

la vie de ce savant Médecin, qui lient ensemble les inter-

valles qui séparent les diverses productions de cet auteur,

distribuées dans l'ordre chronologique.Outre l'avantage que nous venons de signaler, il résulte

encore de cet arrangement que l'on est amené, par degrés,

à connaître quelle était la disposition d'esprit de Bartliez au

moment où il commençait un livre, comment il y avait été

conduit, quel but il se proposait de remplir, enfin quels

étaient les moyens qu'il possédait pour le mettre en exé-

cution. Ces avantages ne sont pas encore les seuls que réunit t

ce genre de composition; mais le plus important de tous,

peut-être c'est celui de nous bien faire connaître dans toutes

les phases de la vie privée, politique et littéraire, l'une des

plus fortes têtes que la médecine ait possédé et de nous

montrer ainsi par quels mobiles était tour à tour dirigé le

génie actif de cet homme vraiment extraordinaire.

Il faut lire dans le livre même de M. Lordat tout ce qui

a trait à la partie biographique. Son style toujours simple

et correct, prend ici plus de souplesse, et n'est pas même

tans élégance, tout autant que le comporte le genre austère

d'occupations auxquelles se livrait Barthez. Le portrait de

ce dernier y est partout dépeint au naturel, et avec une

impartialité bien digne d'éloges et si ses bonnes qualités y

«ont mises an grand jour, ses défauts n'y sont jamais déguisés

tout au plus, l'amitié cherche-t-elle quoique assez rarement,

à affaiblir le sentiment de quelques torts.

Cette partie du travail de IVT Lordat, pleine de finesse et

d'agrémens, n'est guère susceptible d'analyse: on n'en saurait

rien retrancher sans altérer considérablement les beautés qui

la parent. Il suffit pour en être convaincu d'avance, d'avoir

eu le bonheur d'entendre le savant Professeur de Montpellier.

On sait avec quelle pureté de diction il s'exprime, et quels

charmes il répand sur le* sujets en apparence les moins

ùiiéressans.

Page 299: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

Les considération* auxquelles nous venons de nous livrer

sur la partie historique de cet ouvrage nous dispenseront

d'entrer dans de plus longs détails à cet égard aussi,

dorénavant n 'arrêterons-nous plus notre attention, que sur la

partie dogmatique.

Après avoir fait l'exposé de la vie de Barthez, jusqu'à son

entrée à l'Université de Médecine de Montlellier, et avoir pré-

senté l'analyse de ses travaux jusqu'à cette époque, M. Lordat

voulant donner une idée de l'esprit dans lequel le nouveau

Professeur enseigna successivement la Physiologie, la Patho-

logie et la Thérapeutique a jugé nécessaire de donner

d'abord une esquisse rapide mais qui est très-bien faite

des doctrines enseignées dans cette Ecole à l'avènement de

Barthez.

Faisant abstraction desnuances qui distinguaient les sen-

timcns individuels, l'auteur pense que l'on peut rapporter

toutes les opinions, qui divisaient alors les Médecins de

Montpellier, à quatre doctrines principales.

« i.° Celle des Mécaniciens qui ne voyaient, dans les

fonctions de l'économie vivante, que des phénomènes dépen-

dans de la structure, et de la constitution chimique du corps,

des phénomènes explicables par les principes de la Physique

et de la Chimie auxquels on rapporte tout ce qui se passe

dans la matière brute. Kizes était presque le seul soutien de

ce système qui s'écroulait malgré ses effort s.

« 1.0 Celle de Sauvages, qui reconnaissait que le corps était

une machine organisée de manière que toutes ses fonctions

étaient l'effet immédiat et nécessaire de sa structuré mais

qui, attribuant ses fonctions à l'âme pensante, soutenait, à

l'imitation de Stahl qu'elle avait besoin d'un premier mobile

intelligent, prévoyant et conservateur, pour mettre en jeu,

régulariser et perpétuer son mécanisme.

« i.° Celle de Haller qui regardait la machine animale

comme différant de celles que l'art construit en ce que

certaines des pièces qui la composent, outre les propriétés

générales de la matière et celles qui dérivent nécessairement

Page 300: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

de leur contexture ont des principes d'action ou des forces

particulières qui distinguent le corps vivant des autres mixtes;

et an moyen desquelles il croyait pouvoir expliquer toutes

les fonctions et tous les actes de la vie» Ces forces sont l'irri-

tabilité qui réside exclusivement dans la fibre musculaire;

la sensibilité, dont les nerfs sont doués; et la faculté de

transmettre aux muscles l'impression d'un stimulus éloigné,

faculté que possède encore le système nerveux. Lamure et

Tandon étaient les plus marquans de ceux qui avaient dirige

lenrs travaux d'après l'esprit de cette Doctrine.

a 4.0 Enfin, celle de Lacaze et de Bordeu dont M. Lordat

expose les vrais principes avec la plus grande clarté et dont

Veneï était alors à Montpellier l'Apôtre le plus zélé.

Après avoir montré les vices de la philosophie adoptée par

ces diverses Sectes, et avoir signalé les services que chacune

d'elles a pourtant rendus, M. l,ordat s'attache à faire connaître

quelle fut la direction que liarthez donna aux idées médicales-,

presque dès son début dans l'enseignement. Ce dernier avait

trouvé, dans tous les systèmes adoptés de son temps un vice

radical qui l'en éloignait. C'est que les dogmes physiologiques

y sont trop souvent sans relation, et quelquefois en opposition

avec la Doctrine médicale la plus autorisée par l'expérience.

II pensait, an contraire, que tout système de physiologie qui

ne donnait pas le moyen d'analyser et de classer les faits

pathologiques, et d'où l'on ne pouvait pas déduire à priori, J

des préceptes de médecine-pratique absolument semblables

à ceux qu'on a tirés de l'expérience médicale, était également

indigne de lui et de son auditoire aussi M. Lordat croit-il

apercevoir dans les premiers cours de Barthez que ce dernier

avait l'intention de bannir, au moins provisoirement, de son

esprit et de celui des élèves, les principes essentiels des diverses

Doctrines accrédités, et d'aborder directement les faits pour les

examiner sans préoccupation, et sans aucun désir de trouver

ses conclusions conformes ou contraires aux sentimens de telle

ou telle Secte.

Cette marche expérimentale dans une tête aua/i bien or-

Page 301: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

1- n_ .n"_ .n".

ganisccdevint le germe des grandes vues médicales aux-

quelles il s'est élevé depuis. Mais, à cette époque, Bartliei

n'avait pas encore assez mûri ses idées pour pouvoir s'élever

de suite à des principes généraux fixes, positifs et bien

détermines. Ainsi, dans son premier Cours de Physiologie,

l'harmonie des phénomènes l'amenait, sans cesse, à reconnaître

l'unité de la Nature vivante; mais, comme l'observe M. Lordat,

ses idées à cet égard n'étaient pas encore débrouillées, et il ne-

savait pas comment faire entrer la notion de cette individualité

dans l'expression des dogmes, sans rien avancer d'hypothétique.

De même, dans ses leçons de Pathologie et deThérapeutique

on ne retrouve pas, au moins explicitement, sa doctrine sur

l'analyse des maladies et celle des méthodes, quoique, dan»'

divers endroits, on y en découvre les premières traces, et que

l'on puisse en conclure qu'il en avait alors une idée confuse.

M. Lordat, à qui il importait de bien faire connaitre com-

ment Barthez se préparait à la recherche d'une théorie plus

utile que celles qui régnaient à cette époque, devait naturel-

lement insister comme il le fait sur les détails de ces Cours

pour en montrer l'esprit et pour en spécifier en même temps

les vues neuves et les corrections non-moins importantes

que Barthez avait introduit dans les matières qui en étaient

le sujet. Mais, pour nous à qui les bornes d'un extrait ne

permettent pas de trop insister sur les objets accessoires, hâtons

nous d'en venir à l'examen des travaux importans de ce

grand Physiologiste.

Barthez touchait à sa quarantième année, et il n'avait point

encore osé publier un livre, puisqu'on ne peut appeler ainsi

comme le remarque M. Lordat, ni des articles de Journal

ou de Dictionnaire ni quelques Dissertations destinées aux

actes probatoires. Ce n'est pas qu'il n'eût senti, depuis long-

temps, qu'il lui importait de prendre ses mesures pour s'as-

surer la propriété de ses idées qui semblaient être devenues

un bien commun, depuis qu'elles avaient été répandues dans >

divers écrits pseudonymes et dans ses leçons, mais il était

retenu par divers motifs. D'une part, c'était la défiance bien

Page 302: Medecine pratique.pdf

ÉTAT prissent

mal fondée sans doute qu'il avait de ses propres forces et

de l'autre, l'embarras où il était sur la forme qu'il convenait

de donner aux idées dont il croyait la publication utile à sa

gloire et à la science.

L*> projet auquel s'arrêta Barthez, fut de traduire en français

un Traité général écrit en quelque langue étrangère. Il pensait

y trouver, dit M. Lordat, l'occasion d'exposer toutes ses

idées dans des notes, sans être obligé de les coordonner à un

objet relativement spécial. Il était dans ces dispositions, ajoute-

t. il, lorsque Zimmermann publia son Traité de l'Expérience en

Médecine, en 17G4 et ce livre lui parut propre à remplir ses

rues par la variété des objels qu'il renferme. Il le lut avec

attention, résolut de le traduire, et, en attendant, il en

publia un extrait soigné dans la Gazette Littéraire de l'Europe.

La correspondance dans laquelle cet article engagea Barthez

avec l'auteur du livre était trop honorable pour le premier,

pour que M. Lordat ne se crût pas obligé d'en rapporter

quelques fragmens.

Ce projet ne fut pas mis en exécution; et Barthez qui

sentait que l'édifice de la science avait besoin d'être recons-

truit, songea à établir les principes qui devaient lui servir

de fondement. Ce fut dans cette intention qu'il publia en

1773, son Discours académique de Principio Yitali hominis

lequel fut suivi, en 1774, d'un ouvrage ayant pour titre

Nova Doctrina de Functionibus corporis kumani. Le juge-

ment que Haller porta sur le premier de ces deux ouvrages

qu'on ne doit considérer que comme une analyse des Nou-

veaux Elëmens de la Scirnce de l'homme, qui parurent six

ans plus tard, prouve combien peu le Professeur de Gottingue

en avait saisi le véritable esprit. Quand au second, dans

lequel l'auteur n'a eu d'autre intention que de mettre sous

les yeux du lecteur ce qu'il ajofïte à la somme des connais-

sances physiologiques qu'on possédait avant lui on serait

loin d'en avoir une idec exacte, si l'on s'en tenait seulement

à l'analyse qu'en donne le même médecin.

Après avoir pris date, au moyen de ces deux écrit» qui

Page 303: Medecine pratique.pdf

DES ScrETTCES MÉDICALES.

n'étaient que préparatoires, Barthez fit paraître en 1778 ses

Nouveau.? Elétncns de la Science del'homme. Cet ouvrage, dit

M. Lordat dont l'auteur a donné une seconde édition en

1806 est le plus important de ses écrits dogmatiques et

peut-être son plus beau titre de gloire. Il est d'autant plus

utile, ajoute-t-il, d'en présenter ici la doctrine avec un certain.

soin que de toutes les objections ou critiques auxquelles

il a donné lieu, il y en a bien peu qui ne soient des igno–

rationes elenchi; et que, selon la remarque de Barthez (i),

les mêmes hommes, dupes d'un léger changement d'expression,

louent tous les jours chez des écrivains plus récens, ce qu'ils

avaient blâmé dans le livre dont il s'agit.

Dans des matières d'un si haut intérêt, et qui méritent tant

d'être approfondies nous serons obligés de revenir aussi

souvent peut-être, au texte qu'à l'analyse elle-même. Mj

Lordat est trop juste pour nous en savoir mauvais gré; le

motif qui nous dirige étant de la même nature que ceux qui

l'ont engagé à prendre la plume en faveur de son ami.

Il y a deux manières d'étudier la Physiologie de l'homme:

l'une qui consiste à examiner d'abord les fonctions privées,

et les usages de chaque organe pour s'élever ensuite à la

connaissance des grandes lois qui régissent le système entier;

1"antre, dans laquelle on suit un ordre inverse, consiste

à se livrer d'abord à l'étude de ces lois, avant de s'occuper

de ce qu'on appelle la Physiologie organique. Barthez avait

à opter entre l'une ou l'autre marche toutes deux se prê-

taient également à l'application de la méthode expérimentale

qu'il voulait introduire. Mais, indépendamment des avantages

que la Science dut lui présentersur la première (2) il faut

dire aussi que la nature de son génie dut le porter de pré-

férence vers l'étude de la Physiologie générale aussi est-ce

fi) Dise. prélim. de la Nouvelle Mécanique pag. 5.

(a) On peut consulter à ce sujet un ouvrage de M. Lordat,

intitulé: Conseils sur la manière d'étudier la Phjs-iologic de l'homme,

pag. 120.

Page 304: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

de ce coté qu'il tourna ses vues. Le but que se proposa Barlhet

dans ses Nouveaux Êlèmens fut donc d'apprécier et de faire

connaître les forces du Principe de Vie dont l'homme est animé,

leur réunion en système, leurs modifications distinctes dans

les tempérainens dans les âges, et leur extinction à la mort.

Ne doutant pas qu'il ne fallût attribuer le peu de progrès

qu'avait fait la Science de l'homme, à la négligence des règles

-fondamentales de la bonne méthode de philosopher Barthez,

avec cette profondeur de génie qu'on sait lui être propre r

commence par Lracer dans le discours préliminaire de ses

Nouveaux Èlémcns les vrais principes de cette méthode,

principes que M. Lordat a réuni sous les chefs suivans.

« i.° L'expérience ne peut point nous faire connaître l'essence

des causes qui produisent les phénomènes elle nous montre

seulement, l'ordre dans lequel un phénomène succède à un

autre, et les lois que le premier suit dans la production du

second.

« a.° Quand nous procédons à la recherche dé la cause

-d'un phénomène, tout ce que nous pouvons faire. se réduit

à constater par une observation exacte, les circonstances, les

lois et les conditions de sa production. Par cette opération

mentale, nous acquérons sur la cause une notion qui peut

suffire à nos besoins puisque nous déterminons son mode

d'action quand elle produit le phénomène dont il s'agit.

a .3.° Cette cause, en tant qu'elle opère, se nomme puis-

sance, force, faculté. Il est utile et commode de la spécifier

par un nom qui ne préjuge rien sur son essence, mais qui

ait une signification simplement conventionnelle ou qui fasse

allusion à ses effets.

« 4-° La détermination des lois d'une force étant faite,

on compare celles-ci avec les lois suivant lesquelles s'exécutent

les phénomènes les plus analogues à celui qui a été l'occasion

de cette recherche si elles se trouvent rigoureusement iden-

tiques, on doit regarder tous ces phénomènes comme étant

de la même nature, c'est-à-dire, comme des effets d'une

même cause.

Page 305: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES^

« 5P Mais, des phénomènes qui auraient quelque ressem-

blance sans suivre les mêmes lois dans leur exécution, doivent

être rapportés à des facultés différentes à plus forte raison,

doit-on distinguer les causes de ceux qui n'ont rien de com-

mun entre eux.

« 6.° La détermination du nombre àes forces de la Nature

ne doit jamais être considérée comme définitive, puisque de

nouvelles découvertes peuvent en diminuer le nombre en faisant

rentrer deux ou plusieurs ordres de faits que l'on avait sé-

parés d'après un premier coup d'oeil sous le domaine de

la même force; et en montrant que les différences, d'après les-

quelles on avait fait les séparations dépendent de circonv*

tances accessoires qui modifient cette faculté. Jusque là

il n'y a pas eu d'erreur, et la division des faits qui devaient

être réunis n'a pu avoir aucune conséquence fâcheuse.

« 7.° Enfin si l'on a procédé avec sévérité, en se con-

formant exactement aux règles de cette méthode, il ne doit

jamais arriver qu'on ait à augmenter le nombre des forces

pour classer des faits déjà réunis dans une même classe. Ce

serait, une preuve qu'on en aurait réuni d'essentiellement

différens ce qui serait une infraction au précepte ».

Barthez appuye -fortement sur ce principe que dans

chaque science naturelle, il est également nuisible à la

marche de cette science d'y trop étendre, comme l'oy fait les

anciens, le nombre des causes générales (i), ou de lfstrop

resserrer comme l'ont fait les modernes. Ce n'est qu'en mul-

tipliant de vaines hypothèses qu'on peut diminuer le nom-

bre de ces mêmes causes. Aussi, pour le faire remarquer

en passant, l'auteur ne pense pas que la philosophie an-

cienne soit répréhensible pour avoir établi des causes ou

facultés occultes mais bien pour n'en avoir pas limité le

nombre d'après l'état présent des connaissances positives sur

les résultats des faits.

(t) II donne à ces causes générales le nom à1 expérimentales, parce

qu'elles ne sont connues que par les lois que l'expérience, réduite

en calcul a découvertes.

Page 306: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

Le développement successif qu'on peut donner ans phé-

nomènes, en les rapportant à des loi qui sont propres à une

cause ou faculté expérimentale, peut seul manifester, suivant

Barthez, des liaisons nouvelles entre cette cause et les autres

causes ou facultés qui proviennent semblablement de ^obser-

vation préparer la diminution du nombre de ces causes

occultes, et donner à la Science entière, une face nouvelle

et plus lumineuse.

Après avoir ainsi posé les régies de la bonne méthode de

philosopher il était naturel que Bailliez montrât combien

se sont éloignées de ces principes, les Sectes les plus célèbres

dans la Science de l'homme; et fit connaître par là la source

commune des erreurs où ellcs sont tombées. Toutes ces Sectes

se sont éloignées du véritable but, en faisant des applications

abusives, des sciences physiques, à ]a Doctrine de l'homme

vivant. Les mécaniciens expliquant, ou du moins cherchant

à expliquer, tous les phénomènes de la physique générale,

n'avaient pas voulu reconnaître que les communicalions des

forces vivantes ne peuvent être rapportées aux lois de l'impul-

sion. D'autres, comme Van- Helmont,en prétendant que chaque

organe du corps humain a une vie qui lui est innée et

que la vie commune de tout le corps doit être considérée

comme distincte et comme existant séparément de ces vies

particulières (i), avaient multiplie vainement, par la suppo-

sition de ces êtres fictifs, le nombre des causes occultes en

les portant au-delà de ce qui peut être utile aux vrais

progrès de la Physiologie d'autres comme Stahl et les

Solidistes étaient tombés dans une faute opposée en res-

treignant, d'une manière vicieuse, le nombre de ces mêmes

causes; le premier en admettant avec Descartes le dogme de

l'inertie de la matière, et enrapportant tous les phénomènes

physiologiques à l'action unique du principe moral; les se-

conds en se rapprochant, au contraire, de la philosophie de

Leihnitz et en voulant ramener tous les actes vitaux à l'action

(1) Helinontii Opéra pag.

Page 307: Medecine pratique.pdf

DES sciences at.mck.ves.

T. IV de la itsè.r., cah.de Mars et slmliSic). ao

de certaines forces inhérantes à la matière organisée. Ce sont

la sensibilité, l'irritabilité, ou bien encore une force innée

du ressort des fibres.

Après avoir fait connaitre le vice radical de toutes ces

théories pour faire apprécier la validité de sa Doctrine, et

pour s'?n assurer en même-temps la propriété Barthez devait

montrer la conformité de celle-ci avec les vrais principes

de la philosophie naturelle. C'est là l'objet de la dernière

section de son discours préliminaire.

Faisant l'application la plus exacte des préceptes et de la

méthode de Bacon à la Science de l'homme, il examine d'abord

quel est l'objet principal de cette dernière, et, celui-ci une

fois déterminé, c'est en suivant une marche purement expé-

rimentale cju'il recherche les lois générales suivant lesquelles

agissent les forces de la vie.

Pour approcher plus qu'on ne l'avait fait jusqu'à lui de la

connaissance de ces lois, il ne veut employer que des ana-

logie* simples et étendues, que donne le rapprochement conve-

nable des faits bien observés dans l'homme sain et malade.

Si on réussit à rassembler avec sagacité et avec méthode,

un très-grand nombre de faits bien choisis et dont la crédi-

bilité soit suffisamment constatée on voit arriver, suivant

lui ce qu'à dit Fontenelle (ï)« Que des vérités de fait

qui existaient séparées, offrent si vivement à l'esprit leurs

rapports et leur mutuelle dépendance qu'il semble qu'après

avoir été -détachées par une espèce de violence les unes d'avec

les autres, elles cherchent naturellement à se réunir en un

corps dont elles étaient les membres épars ». Je ferai voir,

par divers exemples, dit Barthez, qu'on peut classer des faits

relatifs à la Science de l'homme, qui sont restés comme

isolés, ou qui n'ont pas été mis à leurs places, de manière

à en faire sortir des faits généraux ou des résultats d'ex-

périence, dont on a ignoré jusqu'à présent la formation et

les applications naturelles. Lors même, ajoute-t-il, avec beau-

(ï) Préface de V Histoire de l'académie tics Sciences, /Innée if5<V).

Page 308: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRESENT

coup de raison, que les résultats que je donnerai dans cet

ouvrage seraient imparfaits ils seront utiles dans la suite

pour en furmer de plus généraux car tout résultat des

faits qui est exact est encore un fait et comme dit M.

l'Abbé de Condillac, chaque fait étant toujours certain, ne

peut cesser d'èlré toujours principe des phénomènes dont

une fois il a rendu raison ».

Barthez pense, en outre, nue dans les parties essentielles

qui sont les élémens de la Science de l'hommele corps

de la doctrine doit se former uniquement en liant les faits

propres à cette science par des combinaisons simples et

ëlendues et en excluant les applications qu'on voudrait y

faire des Sciences mécaniques et physiques. Or, il ne croit pas

que l'on puisse faire une application utile de ces Sciences aux

principaux objets dont il traite dans les Nouveaux Élémens

ouvrage qu'il a consacré à l'étude des actes vitaux qu'il

Considère dans ce qu'ils ont de plus relevé, et de plus abstrait.

Ce n'est pas qu'il regarde ces mêmes sciences comme tout-

à-fait étrangères à la physiologie et comme ne pouvant

lui rendre aucun service, il veut seulement qu'elles soient

retenues dans les limites convenables, et qu'on n'en fasse pas

des moyens généraux d'explication des divers phénomènes

quis'exécutent dans le système vivant.

Dans les autres parties de la Science de l'homme dont je

pourrai, dit-il, traiter dans la suite, je rapporterai les appli-

cations fondées qu'on a faites à cette Science, des connaissances

métaphysiques physiques et mécaniques et je signalerai un

très-grand nombre de semblables applications que j'ai faites

le prenier ».

« J'y ferai voir comment la de l'Ame Lu-

maine doit être éclairée par l'expcsition des fonctions des

organes des sens et par des considérations sur les rapports

qu'ont entre elles les affections de l'Etre pensant et celles du

Principe de la vie.

« J'y cunfirmerai, par de nouveaux exemples, ceux que

l'on connaît déjà suc l'utilité qu'ont les applications de la

Page 309: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉD1CALIS.

Physique et de la Mécanique, non pour donner la raison suffi-

sante des lois primitives des fonctions du corps humain

mais pour déterminer la perfection des instrumens par les-

quels chacune de ces fonctions s'exécute ».

Voyons actuellement à quels dogmes physiologiques cette

méthode de philosopher a conduit Etfrthcz.

« En examinant tout ce qui se passe dans le corps vivant,

Barthez voit (c'est 3T. Lordatqui parle), un certain nombre

d'actes élémentaires, dans lesquels tous les autres se résol-

vent ce sont des sensations, des nîouvemcns, des transactions

des substances étrangères en celles du corps et d'autres

transmutations dont les lois diffèrent de celles que suivent les

cliangemcns de composition dans les mixtes privés de la vie,

des générations, et des régénérations, etc.

« Ces phénomènes diffèrent trop de ceux que la physique

considère pour qu'il ne faille pas les rapporter à des causes

différentes de celles de ces derniers. De là découle, suivant

les règles de la philosophie exposée plus haut la nécessité

i.o de les attriburr à des principes d'action, à des forces

ou à des facultés particulières d'une nature inconnue, qui se

trouvent dans le corps vivant; i.° de désigner ces facultés

par des noms qui rappellent facilement les phénomènes qu'elles

produisent, tels que force sensîtive motrice, assimilatricc a

plastique; 3.° -d'assigner d'après l'examen approfondi de tous

les faits connus les lois selon lesquelles s'exécutent les actes

relatifs à chacune de ces facultés.

« Maintenant on remarquera deux choses qui sont à la

portée de tout lc monde: i.° dans les diverses combinaisons

des phénomènesvitaux qui constituent une fonction ou une

maladie, ces actes élémentaires qui ont entre eux une sorte

de dépendance, ne sont pas liés les uns aux autres d'une

manière constante et nécessaire. Ainsi, les actes élémentaires

successifs qui constituent la nutrition tels que l'appétit

spécial les mouvemens instinctifs nécessaires pour introduire

dans le corps ce qui peutle satisfaire, la digestion, la dis-

tribution de la matière alibile, l'élection que fait chaque

Page 310: Medecine pratique.pdf

ÉTiT PRESENT

parue, des élémens qui lui conviennent et de la quantité

proportionnéeà ses besoins l'arrangement particulier et

organique de ces sucs, la conservation des formes malgré

les décompositions et les récompositions journalières ces

actes, dis-je, sont tellement adaptés à une fin, ils sont

si modifiés selon les besoins accidentels c'est si impossible

d'apercevoir dans leur filiation rien qni ressemble aux effets

d'une réaction irritatîve, qu'on ne saurait les considérer

comme enchaînés par une loi invariable, analogue à celles

qui lient les phénomènes mécaniques.

n a.° Les diverses parties du corps sont associées dans

leurs fonctions et dans leurs souffrances plusieurs organes

éloignés, sans qu'aucune connexion anatomique particulière

les unisse, et sans que les uns puissent exercer sur les autres

aucune excitation proprement dite, entrent en action simul-

tanément ou successivement pour accomplir une fonction

automatique, par exemple l'éternument avec un ordre im-

perturbableet parfaitement approprié au but: d'autres, aussi

étrangers l'un à l'autre, en apparence et anatomiquement

parlant, souffrent ensemble ou se soulagent alternativement

dans leurs affections.

« Il ne suffit donc pas de résoudre un phénomène vital

composé en ses actes élémentaires et d'y compter des

perceptions, des mouvemens, des conversions de substance,

la génération des parties organiques il faut reconnaître que

ces actes sont combinés dans leur simultanéité, disposés dans

leur succession réglés dans leur intensité, selon des fins

déterminées. Or, une harmonie si parfaite, un rapport si

manifeste vers un but qu'il faut atteindre malgré tant d'obs-

tacles contingens, nous forcent d'admettre dans le système

physiologiqueun Principe d'unité ou d'individualité, par les

mêmes règles de la philosophie naturelle qui ont fait admettre

une Sensibilité, une Force motrice.

« Cette individualité ne peut pas être confondue avec celle

de notre Etre moral puisque nous avons conscience de cette

dernière, et que l'autre est étrangère au sens intime. Il faut

Page 311: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

1 1donc distinguer l'unité physiologique de celle de conscience,

et en désigner le principe par un nom différent de celui

dont on se sert pour eiprimrr pensant.

Mais, il n'est pas possible de distinguer les forces vitales

dont nous avons précédemment parlé, d'avec la cause qui

en règle et modère l'action; pas plus qu'il n'est possible de

séparer la facullé de juger, de raisonner, d'imaginer, de

réfléchir d'avec le principe de l'unité intellectuelle et comme

en Psycologie quelle que soit l'opinion qu'on adopte sur

la nature de la cause de la pensée on est pourtant forcé

d'en parler en des termes qui fassent sentir son individualité f

de l'envisager comme une cause unique, qui, tour à tour,

imagine, conçoit, juge, raisonne de même, en Physiologie,

quand on s'est convaincu de l'unité de la cause en vertu de

laquelle tous les actes de la vie sont coordonnés pour tendre

à des fins, il faut regarder ces actes comme différens modes

d'action de cette cause; ainsi, étudier les lois de la force

motrice, celles de la force assimilatrice, c'est considérer la

cause de l'unité en tant qu'elle imprime des mouvemens à

quelque organe en tant qu'elle transforme en la substance

du corps, celle des matières qui ont servi d'aliment.

« Maintenant quel nom donner à cette cause expérimen-

tale de l'ordre le plus élevé ? Barthez choisit celui de Prin-

cipe vital, et il laisse à chacun la liberté d'en choisir un

autre pourvu qu'en remployant on lui donne la même

acception qu'on donne à celui-ci ».

Tels sont les dogmes fondamentaux de la Doctrine de

Barthez. On voit que dans sa méthode de philosopher, l'on

remonte expérimentalement des phénomènes particuliers aux

forces (i) qui les produisent; et qu'ensuite l'enchaînement,

la coordination des divers actes qui s'exécutent dans le

corps humain vivant, nous conduisent aune cause (2) oxpé-

(1) On sait à présent ce qu'il faut entendre par ce mot.

(2) En disant qu'un toi phénomène a été produit par une telle

cause, BartUez n'a pas prétendu pour cela expliquer le phéno-

Page 312: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

rimentale d'un ordre plus relevé, à la cause expérimentale

la plus généralede tous les

phénomènes c'est là ce que

Barthez appelle Principe vital, et que j'aimerai mieux, usant

du droit qu'il nous laisse à cet égard, désigner par la simple

dénomination d'unité vitale (1) comme n'exprimant que le

fait lui-même sans en donner aucune traduction.

Voilà les principe* qu'il faudra combattre quand on voudra

renverser la Doctrine physiologique de ce médecin ou lui

trouver des analogues dans les Doctrines qui ont été connues

avant la sienne. C'est là le cachet de sa méthode celle-ci,

est basée en tout sur l'induction celles de Stahl et de Van-

Helmont, auxquelles on a voulu l'assimiler, ne reposent que

sur des hypothèses.

Depuis Haller qui accusait Barthez d'avoir ressucité l'hy-

pothèse de XÂrchée de Van-Helmonl, on n'a cessé de répéter

cette assertion lui repose, je ne sais pas trop, sur quels

fondemens. Tout récemment encore, M. Coriambcrt et M.

Urbain Coste, n'ont pas craint de la reproduire, le premier dans

un mémoire où il s'occupe de juger de quelques abstractions

en médecine et des erreurs qu'elles ont produites (a); le

mène lui-même. <* Les phénomènes de la Kature a-t-il dit, na

peuvent nous faire connaître la causalité ou l'action nécessaire

des causes dont ils sont les effets mais seulement nous manifester

l'ordre dans lequel ils se succèdent, nous dire quelles sont les règles

que suit la production de ces elfets et non ce qui constitue la

nécessité de cette production ». Qu'où bien ces paroles, elles

tant de la plus grau Je importance pour l'intelligence de la Doc-

trine.

fi) Nous n'avons pas il est vrai t la conscience intime de

l'unité vitale (le moi viiul ) comme nous l'avons de l'uni te morale*

JVluis ce principe solidement établi par un très-grand nombre de

phénomènes, et qui n'est démenti par aucun, nous paraît avoir

le plus haut degré de certitude <ui'il soit possible d'obtenir en

Physiologie générais.

(2) Ce travail est inséré dans le 8 me volume des Mémoires de

ta Société' nu di cale d'hmulation; Paris, 1817.

Page 313: Medecine pratique.pdf

DES SCIRNOES MEDICALES.

second dans l'analyse qu'il donne de ce même ouvrage (i).

Mais, pour raisonner de la sorte, il faut ne s'être jamais fait

une idée exacte de la Doctrine du professeur de Montpellier.

On vient de voir quelle marche sévère il a suivi pour pro-

céder à la recherche et à l'étude des lois vitales. Barthei

n'a jamais parlé qu'à l'entendement et c'est là ce que l'on n'a

pas voulu comprendre: Van-Helmont, au contraire, n'a jamais

parlé qu'à l'imagina Lion (a),et l'on doit peu s'en étonner

quand on connaît le caractère du médecin Belge. Ce dernier

s'efforçait de tout spiritualiser, et de voir des Etres intel-

ligens par-tout où il voyait coordination des pliénomènes ver*

une fin (3). II admet, d'abord, un Archée créateur ( Archeus,

faber) qui existait dans la semence bien avant la fécondation» t

qui préside à J'arrangement à la combinaison des premiers

élémens de l'embryon, qui dirige la formation du nouvel

être, et ensuite, demeure en lui jusqu'à la fin de la vie (4).

Cet Archée qui n'est point l'Ame intelligente mais qui est

aussi un ,Etre doué d'intelligence et susceptible des pas-

sions, établit dans chaque organe un Archée particulier qui

n'a que des fonctions locales à remplir, tandis que l'Archée

principalest l'agent qui surveille tous ses subalternes et

dirige leur action (5). Ajoutez à cela un troisième être subs-

Voyez la Bibliothèque médicale t cahier de Septembre 1818.

(2) Fateor me plus profecisse, dit– il per imagines t Jlguras et

•visiones phantasiœ somniales quant per r^ionU disç.ursus. Hel-

xnont. Opéra, cup. de f-^enatione scientiarum.

(3) Vojez dans la Biblioth. méd. (tom. XXXVII), X5v. frag-

ment d'une notice sur f^ari'Helmorit tiré des manusciits de feu

M. Buisson.

(4) L'Archée résulte de la combinaison de Vattra vitale (aura

qui est la matière de îa génération, avec l'image séminaio

(cum imagine seminali) qui sert de noyau à cette matière, et

qui la léconde. La semence que nous voyons n'est que l'enveloppe

de l'Archée.

(5) Pfœses demùm illc, manci curalar, rectonjue intCrnus finiutn,

în obltum usqttc. Aller yerô Jluçtuans nutli assigna tu* membre^

Page 314: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

tantiel qu'il appelle blas humanum distinct de l'Archée qui

est placé dans les divers organes, dans l'utérus le pylore, par

exemple, y devient pareillement le modérateur des actes qui

s'y exécutent. Van-Helmont admet encore une Ame pensante

et une Ame sensitive mens etanîina senshiva qu'il faut aussi

distinguer de l'Archée; au moins comme l'observe M, Buisson,

ne les confond-il pas ensemble dans l'article Dlstinctio Mentis

ab anima sensitivâ. Enfin il lui en coule si peu de tout

spiritualiser, qu'il ne craint pas de regarder la maladie comme

un Etre, Etre.pensant et agissant comme l'Archêe. Est-ce dans

tout ce jargon mythologique que l'on reconnaîtra la marche

expérimentale de Barthca ?

Pour ce qui est de Stahl il ne nous sera pas difficile non

plus, de montrer combien sa méthode diffère de celle qu'a

suivi notre Chancelier. En vain l'auteur d'une thèse justement

«stimée, sur les phénomènes vitaux, et sur la manière de les

réduire en théorie soutenue en Juin 1818 à l'Ecole de

Montpellier, a-t-il prétendu montrer que Stahl n'a procédé

que d'une manière expérimentale à la recherche de la cause

première des phénomènes vitaux. Il est bien vrai que ce

grand homme distingua le premier, d'une manière précise

les propriétés des corps vivans, d'avec celle des corps inertes

et combattit les Mécaniciens avec les armes d'une logique

sûre et invincible (t).

Mais à son tour il porta une attention trop exclusive aux

seuls phénomènes q«i semblent prouver qu'un Principe in-

telligent et conservateur dirige les actes de la vie, établitl'ordre

et l'harmonie des fonctions. Les efforts indicateurs de la

Nature dans certaines maladies lui en imposèrent sur tout le

Teste, il ne vit plus les faits qu'à travers le prisme de l'opinion.

Le corps humain n'est pour lui qu'un assemblage d'organes

intuitum servat, iuper parlîcularêS membrorum naucleros t luvidus,

at Jerians nunquàm.

(1) Va sa Theoria medica vera surtout le chapitre intitulé ï

Disquisio do mechanismiet organismi diçersîtate.

Page 315: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MEDICALES.

créés à priori, d'après des fins déterminées, dans le but unique

de servir d'instrument à ce Principe recteur qui n'est autre

selon lui, que le Principe-^moral ([). Tout dans le -corps

humain vivant, lui semble prévision et intelligence l'Ame

possède la notion intuitive de chaque organe, et les dirige

à sa convenance selon les besoins du corps fa),>

A la vérité Stahl établit une distinction dans les diverses

actions de l'Ame par rapport au corps, suivant qu'elles ont

lieu per ratiunem aut per ratiûcinationem ('\) et c'est pré-

cisément sur cela que se sont appuyés fortement ceux qui pré-

tendent montrer que l'Animisme n'est point entaché de vice

radical dont on l'accuse; mais au fond, que prouve cette dis-

tinction ? Rien autre chose, si ce n'est, que Stahl après avoir

posé les bases de son système s'aperçut bien qu'il était im-

possible d'admettre que l'Ame se dirigeât dans tous les cas

avec conscience et par raisonnement, et qu'il fût forcé pour

faire cadrer le plus grand nombre des phénomènes avec sa

théorie, de donner au principe moral la faculté d'agir dans

certains cas par pur automatisme par une sorte d'instinct,

sans jugement ni réflexion. Mais dans tout cela on ne

trouve pas la moindre preuve que Stabl se soit conformé

dans sa Méthode, aux règles de la philosophie naturelle.

» Peu importe en un sens nous dit-on {%J le mot par

lequel Stahl signale la cause des phénomènes vitaux il y

tient si peu lui-même qu'il se sert indifféremment de celui

d'Ame ou de Principe vital: on trouve l'une comme l'autre

(l) Hœc dit Stahl qnœ dtt organîamo partira in genert

partint corparis humani org :nica ratione in specie ità diximus

putamus satis evidenter commonstrare passe quod corpus hoc

verum et immediatum. sil animœ organon, non salùm ad ejutitstts t sed directe et a&solutè propter illos à priori institution atquê

f accu m, TheoHa mediça i>era pag, 55, îlalœ 1787.

(a) Theoria medica -vera pag- 38.

(3; Oper. cit., pag, 38.

(4) Thèse citée, sur les Phénomènes vitaux, et sur la manière

de. les réduire en théorie.

Page 316: Medecine pratique.pdf

iStat posent

expression dans ses ouvrages. Stahl tient si peu même à son

principe fondamental de la direction des fonctions par les

notions intuitives de tâme que dans laprôface qu'il a

ajoutée au Conspectus therapeus specialis de Juncker, il re-

connaît que son principe fondamental n'est nullement néces-

saire ». Mais, d'abord, est-il bien vrai que Stahl ait pu,

sans inconséquence, employer indistinctement les noms à' Ame

ou de Principe Vital, et regarder comme peu important le

dogme fondamental de sa Doctrine ? je ne le pense pas. Dans

les principes du Professeur de Haie, le corps humain, nous

l'avons vu, n'est rien par lui-même, il joue un rôle pure-

ment passif par rapport au Principe supérieur quel qu'il

soit, qui dirige toutes ses actions. Ce Principe est donc le

nerf de tout le système. Des nouons qu'on s'est fait de celui-

ci, doivent dépendre nécessairement toutes les données subsé-

quentes. Ce Principe, suivant Stabl est un Etre substantiel

essentiellement; un Etre suscqrtiblc d'activité et de spontanéité;

c'est l'Ame (i). Or, le mot Ame n'est pas ici comme le mot

Principe Vital dans la philosophie de Barthez, simple repré-

sentatif, la formule abrégée d'un ordre de phénomènes. C'est

un véritable moyen d'erplication de ces phénomènes puisque

l'Ame y est désignée comme unique agent, le moteur, le

régulateur de tous les actes vitaux. D'après cela, Stahl qui

n'avait pas admis la duplicité du Principe actif, mais qui

rapportait tous les phénomènes de la, vie à l'action de la

puissance morale n'avait point la latitude ni d'exprimer

par des noms vagues et indéterminés la cause la plus générale

des phénomènes vitaux, puisqu'on regardait celle-ci comme

connue ni de séparer la notion qu'il s'en était fait de ses

dogmes physiologiques et pathologiques, eux-mêmes, puis-

qu'elle en formait l'élément le plus essentiel.

On voit bien évidemment, ce nous semble, que Stahl au lieu

de s'être dirigé d'après les règles de la philosophie expérimen-

(1) Corpus propter se ipsunt, dit-il minim* exutit sçd prup-

ter animant* Theoria médiat vera pog* 2o3«

Page 317: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES.

tale, est parti d'une hypothèse et que cette hypothèse, quoi-

qu'on en dise, a décidé du sort de tous ses écrits. Qu'on jette

un coup d'oeil sur sa Thérapeutique rétrécie, qu'y verra~t-on?

Une attention continuelle de la part de l'Ame aux besoins

du corps elle prévoit ceux-ci, réfléchit sur les actes morbides,

réalise ou fait avorter au besoin les efforts hémorragiques

d'où dépendent suivant lui le plus grand nombre des

maladies, etc. Que fait alors le médecin ? Toute son habileté

consiste à rester le froid spectateur des actions et des reac-

tions de l'Ame, et, tout au plus à la seconder dans les efforts

médicateurs auxquels elle se liv/e. Et l'on viendra nous dire

ensuite que le mot Ame n'a dans ce système aucune valeur

positive, qu'il n'est que l'expression abrégée des phénomènes

les plus généraux de la vie, qu'on peut sans inconséquence

lui substituer quelque expression indéterminée? Certes on

nous persuadera difficilement qu'un homme aussi profond que

Stahl, ait pu se méprendre à ce point sur le caractère fon-

damental de sa Doctrine.

Que cet homme célèbre arrivé à un certain âge, et dans le

calme de la raison et des passions ait porté un ceil observateur

sur l'ensemble des faits qu'il les ait examinés sans prévention

et qu'il ait pu reconnaître ce vice essentiel de sa théorie

qu'alors il ait cherché à arrêter l'élan de ses disciples fana-

tiques qui croyaient plus à l'Animisme que lui-même je

l'accorde, et comme l'a judicieusement remarqué l'auteur de

la thèse citée sur les Phénomènes vitaux yetc. ce dernier

trait annonce une tête éminemment philosophique. Mais s'il

prouve que Stahl voyait avec raison autre chose dans ses

importantes recherches sur l'homme vivant, que la partie sys-

tématique et hypothétique, il démontre aussi clairement, que

dans le principe, celle-ci l'avait complètement égaré, et qu'elle

l'avait détourne du but qu'il s'était proposé d'atteindre.

Cependanten changeant la face de la Physiologie, et en la

dégageant pour jamais du joug que lui avait imposé la Secte

Iatro-ma théma tique Stahl prépara de longue main la révolu-

tion qui devait s'opérer plus tard dans les Sciences médicales.

Page 318: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÏSKST

J/ unité du système vivant et Y activité de la cause qui agit

en lions pour l'exercice des fonctions vitales voilà deux

dogmes qui appartiennent à Stahl, dont Barthez s'est emparé,

et dont il a su tirer le plus grand parti en les présentant sous

kur véritable jour, et en ayant soin de les dégager de tout

ce qu'ils avaient d'hypothétique,

Van-Helmont ne fut pas étranger non plus à cette réforme,

par la direction toute nouvelle qu'il avait donné de son temps

aux esprits car il faut le dire sans les écrits de cet ingé-

nieux écrivain, il est douteux que le système de l'Animisme

fût jamais sorti de la plume de Stahl (i).

A notre avis, les écrits de Van-Helmont et de Stahl eurent

sur le développement du génie de Barthez la même influence

que celui-ci a exercé sur les physiologistes de nos jours. Il

est très-possible que si Stahl n'eût point composé sa Theoria

metfica vera Barthçz n'eût jamais publié ses Nouveaux Élé-

mens; mais il est bien plus certain encore que si la science

(j) Qu'on ne croie pas d'ailleurs, que les ouvrages de Van-Helmont

ne contiennent que des allégories et des jeux de l'imagination il

y a deux hommes en lui l'observateur profond et judicieux quiétudie avec sagacité l'action vitale des organes, et le mécanisme

des diverses fonctions; et le logicien subtil qui, faute d'une mé-

thode sévère j et emporté par la fougue de son esprit, t se perd

dans les espaces imaginaires lorsqu'il s'occupe de coordonner

les principes pour les ériger en théorie et pour en former un

corps complet de doctrine, Au reste, on trouve dans l'ouvrage du

médecin Bel^e cachés sous un style obscur, des dogmes physio-

logiques dont Bordeu et aprùs lui Bichat se sont particulièrement

seni sans pourtant avouer la source où ils les avaient puisési Ces

principes se rapprochent tellement de ceux des deux physiolo-

gistes que nous de nommer, que quelques médecins n'ont

pas erainr de dire qu'on les trouvait présentés d'une

manière plus convenable dans les écrits denossolidistes modernes.

Pour juger avec connaissance de cause, qu'on se donne la peine

de lire la notice sur Van-Helmont par M. Buisson inséiée dans

le tome XXXVII de la Bibliothèque médicale.

Page 319: Medecine pratique.pdf

DES SCTFKCES MEDICALES.

ne se fut pas enrichie de ce dernier ouvrage, les Principes

de Physiologie de Dumas n'auraientpoint

vu le jour.

Celui-ci avait bien la conscience des obligations dont il

était redevable à Barthez, mais s'il s'en faisait l'aveu tacite 9

il se gardait bien de le proclamer. Ce silence, de la part

d'un homme de mérite de Dumas dut singulièrement

offenser Barthez dont le caractère ombrageux s'effarouchait

de tout ce qu'il croyait pouvoir porter la moindre atteinte

à sa gloire. Aussitôt, il réclama ses droits de propriété sur

divers points de Doctrine plus où moins importans; et fl.

le fit en homme qui prétendait se faire justice lui-même et

avec trop peu de ménagemens. Dumas voulut user de re-

présailles, d'autant mieux que les imputations de Barthez

étaient assez graves pour qu'il y eût de son intérêt de les

réfuter. Celui ci crut ne pouvoir mieux y réussir qu'en

cherchant à montrer que les deux doctrines étaient essen-

tiellement différentes dans leurs points fonda m en ta ut et c'est

ïkt ce qu'il entreprit dans le discours préliminaire de la

deuxième édition de set Principes de Physiologie. Mais nous

aurons plus d'une fois l'occasion de nous convaincre qne

Dumas n'eut pas toujours raison dans ce parallèle, et que

sa méthode si elle diffère du plus au moins quant aux

applications, est toujours la même quant au principe; en

voici la preuve la plus péretnpîoire. « J'observe d'abord dit

Dumas, qu'ayant l'an et l'autre, transporté les préceptes

et la méthode de Bacon dans la Science de l'homme nous

n'avons pas suivi la même marche, en les appliquant à son

étude. M. Barthez n'a exposé d'une manière générale les

principes de la bonne méthode de philosopher, que pour faire

voir la conformité de ces principes avec la doctrine de son

ouvrage. Il n'a point tracé les règles qui doivent diriger l'appli-

cation d'une pareille méthode. J'ai au contraire insisté

sur le détail de ces règles et sur les avantages respectifs de

nos trois grands moyens de connaissance et dedécouverte

l'expérience, l'analyse et l'induction ».

Encore un coup} je ne vois dans tout cela qu'une tïiffc-

Page 320: Medecine pratique.pdf

1?TAT PflésEJÎT

rence d'exposition; le point important c'était d'avoir trans-

porté dans la Science de l'homme vivant les principes de la

philosophie naturelle, et d'avoir montré que cette méthode

est la seule convenab!e, si l'on veut arriver à des résultats

certains. Or c'est à Barthez, et non à Dumas que la Physio-

logie est redevable de cet important service. An reste, comme

nous Favoris cfàjà dit pïns haut les écrits de ce dernier

ne sont pas à beaucoup près les seuls où se fasse ressentir

d'une manière plus ou moins notable l'influence des idées de

Barthez. Mais pour nnus borner aux physiologistes de notre

nation les plus renommés; nous renvoyons an tableau synop-

tique de M. le professeur Chaussûr sur la Farce vitale, et

à divers passages des Nouveaux Elàmens de Physiologie de

M. Iïteherand particulièrement dans les prolégomènes de

cet ouvrage.

Ce n'est pas sans dessein que nous nous sommes attaché

à bien caractériser le véritable esprit de la Doctrine du pro-

fesseur de Montpellicr avant que de descendre dans les

détails des applications qu'il en a faites il me semble, en

effet, que c'est pour n'avoir pas assez distingué ces deux choses

( et Ton a commis en cela une grande erreur) qne l'on a

mis sur le compte de l'une des défauts qui ne pouvaient

jamais être attribués qu'à l'autre. Aussi,est-ce avec beaucoup

de raison que M. Prunelle, l'un des hommes, selon nous, 1

qui a le mieux jugé Barthez à dit do ce dernier, qu'il aura

toujours rendu le plus grand service à la Médecine en

introduisant dans l'étude de cette Science les vrais principes

de la bonne méthode de philosopher, lors méfie que l'on

viendrait à reconnaître pour J'ausici les plus grandes der

applications qu'il en a faites fij.

Des médecins d'un très-grand mérite, entre autres Dumas

et M. Prunelle, ont reproché à lïarlliez d'avoir disserté trop

longuement pour savoir si le Principe Vital a une existence

propre si cette existence est distincte de celle du corps or-

ganise et de V Ame pensante,, et d'avoir traité plusieurs autres

(i) Eloge funèbre <!e C-L. Dumas; png, i5 et 16.

Page 321: Medecine pratique.pdf

bks sciences médicales.

questions.de ce genre tout aussi inutiles à l'intelligence de sa

théorie. Il est arrivé de là, ajoute M. Prunelle qu'on n'aa

plus voulu comprendre que le Principe Vital n'était autre

chose qu'un fait général dont on partait pour en expliquer

d'autres, quoique l'auteur du système eût dit expressément

qne ce Principe, ou cette Force, n'était qu'une supposition

nécessaire pour abréger le calcul analytique des phénomènes;

supposition qui remplit dans leur exposition les fonctions

des quantités inconnues employées par les géomètres (i).

Cette dernière remarque de M. Prunelle, nous parait tout-

à-fait juste et nous ne doutons pas que ce ne soient les deux

chapitres des Nouveaux Elcmens où. Barthez s'occupe de ces

matières, qui aient perdu la Doctrine que ce livre renferme,

dans l'esprit de bien des gens. Ce sont eux surtout qui ont

porté à croire que le Principe Vital n'était qu'une nouvelle

manière de présenter l'Archéc de Van-Helmont, on l'Ame pen-

sante de Stabl on bien encore, comme le croyait Cabanis,

une modification de l'un et de l'autre système; et pourtant

l'intention de Barthez en a gitant ces questions que nous

sommes bien loin de regarder comme tout-à-fait oiseuses,

était de montrer implicitement que sa Doctrine, dans son point

fondamental, différait de celle de toutes les autres Sectes. En

faisant voir, en effet, qu'on pourrait rassembler un aussi grand

nombre de probabilités en faveur de l'existence distincte

du Principe Vital que contre celte opinion, et en établissant

qu'il fallait se réduire là-dessus à un septicisme invincible la

conséquence de cette proposition, c'est, comme l'a observé

M. Lordat, que toute Doctrine qui suppose la question résolue,

que toute Doctrine dont les dogmes ne sont vrais qu'en sup-

posant incontestable une telle opinion sur l'essence de cette

cause, est pour le moins bien incertaine, et que la médecine ne

peut acquérir le plus haut point de probabilité dont elle est

susceptible si ces dogmes fondamentaux ne sont indépendant

des sentiment particuliers que chacun peut avoir sur ce sujet.

(i) Eloge funèbre de C.-L. Dumas j ppg. \-j.

Page 322: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PR&E3TT

Ce principe est essentiellement vrai mais il faut bien alorâ

qu'il y ait quelque vice important dans la manière dont il a

été présenté puisqu'il a pu si souvent des mé-

prises tellement graves, qu'elles ne conduisent à rien moins

qu'à faire prendre le change sur le fonds de la Doctrine.

Ce vice, je le trouve dans les trop grands développemensdont Barthez a environné sa proposition > surtout dans

des matières où l'équilibre mental est si difficile à conserver.

Il eût été tout aussi profitable pour la science, et bien plus

encore pour l'intelligence de sa Doctrine, que ce grand Phy-

siologiste, au lieu de s'arrêter si long-temps à l'exposition des

diverses opinions des philosophes et des médecins sur la

nature du principe de vie dont l'homme est animé, s'en fùt

tout simplement tenu à dire: Il n'est pas d'opinions touchant

la nature du Principe de la vie dont le contraire puisse être

démontré faux. il faut donc se réduire à un scepticisme

invincible sur la nature de ce principe toutes /et conjectures

qu'on pourrait hazarder sur son essence n'étant propres qu'à

embarrasser l'étude des phénomènes et à favoriser la tendance

des esprits vers F admis* ion d'une telle ou d'une telle autre

hypothèse. En conséquence nous devons abstraire, isoler t

parla pensée cette cause quelle qu'elle soit, afin de pouvoir

en étudier les lois par des recherches directes sans se laisser

préoccuper par les idées qui dériveraient d'une supposition

quelconque. En s'exprimant ainsi, Uartliez eut montré claire-

ment que, même dans ses considérations les plus relevées

et les plus abstraites sur les phénomènes de la vie, il ne

cessait de ce conformer aux règles de la Méthode de philo-

sopher qu'il avait prescrites, et que sa Doctrine ne consistait

nullement à donner une existence positive an Principe vital

pour en faire un moyen d'explication, pas plus qu'à déter-

miner si la cause première des actes qui s'exécutent en nous

est une modification particulière de l'Ame on bien une

modalité de la matière organisée,

En nous résumant, nous dirons, que la Méthode de phi-

losopher de lïarthez est essentiellement différente de celle des

Page 323: Medecine pratique.pdf

DES SCfENCÊS MEDICALES.

T. IV de la 2.esér., cah. de Mars et Jvril 1 8 1 g. n 1

physiologistes qui l'avaientprécédé

cequi

établit aussi une

différence fondamentale dans leur doctrine. Seulement, il faut

avouer, avec M Lordat, que Barthez a trouvé chez Van-Hel-

mont et chez Stahl comme chez ungrand

nombre de mé-

decins anciens et modernes plusieurslois ou faits

généraux,

plusieurs principes qu'ila

adoptés, épurés, exprimes d'une ma-

nièreplus exacte, et dont il a convenablement augmenté

ou res-

treint l'étendue. Le premier dogme qu'ila établi, c'est l'unité

Y individualitéphysiologique

son second c'est l'activité de

la cause inconnue qui constitue l'unité vitale; propositions

à lapreuve desquelles concourent, comme nous le verrons

bîeatôt les diverses partiesdu livre de l'illustre Chancelier.

Jïibliogrophiede la France, pour

les mois de

Mars et Avril 1819.

Si5. L'Entendement humain mis à découvert d'après lei prin-

ciprsde la.

physiologieet ceux de la

métaphysique dans lequel on

*>mbat le matérialisme; on remontr aux premières origines dé

tuâtes nos idées onpoursuit

leurprogression jusqu'à ce

queVon

soit arrivé à celles de notre Ame et de Dieu, àcelles qui

établissent

desrapports

intimes entre l'homme et son créateur. In-12 de9

ieuîlles. A Paris, chez Erunot-Lcbtje. Prix, 2 fr. 5a c.

Ù5j.Histoire naturelle des mammifères avec des

figures origi-

nales enluminées dessinées d'après des animaux vivons par MM.

Geoffroy-Saint -Hiluireet Frédéric Cuvirr par

M. C. Las-

t-eyrie.I re livraison. In-f,o de

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planches. A Paris,

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de C. deLasteyrie rue du Bac,

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prix de sous-

criptionest pour

Paris de i5 fr. A lapublication

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de souscriptionet prix de

chaque livraison

sera augmentéd'une manière sensible.

564. Voyagede MM. Alexandre de Humbolt et A.

Bonpland.

Sixièmepartie. Botanique-

Troisième subdivision. Nova gênera et

species plantarum quasin

percgfitiationead

plagam œquinoctialem

Orbis novi colltgerunl descripterunt partim adumbravtrunl A.

Bonpland et A, de Hntnbold eschedisautographe A- Bonplan-

di in ordihem digessitC-J. Kunth. Faciadus deciihus.

In -fol. de

jg feuilles plus i5planches.

A Paris â la librairiegrecque-

Page 324: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT

latine-ail emande. Pris, papier Jésus, vélin, figures noires, 100 ft-.

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aoo IV, In-4>° de 1 3 feuilles, plus iS planches, 56 fr.

6-ji. Traité élémentaire de matière médicale par M. Barbier, !II

n*&îecio ordinaire de l'Hôtel-Dieu etc. Tome I*er in-8.o de 40

feuilles et demie. A Paris, chez Méquignon-Marvis. Prix des deux

volumes, qui se paient sur-le-champ (Le deuxième ne paraîtra

qu'en Juillet ), i5 fr.

589. Traité de la seconde dentition et méthode naturelle de la

diriger; suivi.d'un Aperçu de semeiotique buccale; ouvrage orné

de 3l planche par C -F. Delabarra. In-8.0de 24 feuilles, plu*

les planches. A Paris, chez l'auteur, rue de la Paix, n,o 19; chez

Gabon à Montpellier chez Ans. Gabon.

644.' Traité des maladies des artères et des -veines par Joseph

Hodgson, etc.; traduit de l'anglais, et augmenté d'un grand nombre

de Notes par Gilbert Breschct. Deux volumes in-8.0 ensemble de 56

feuilles un quart. A Paris chez Gabon à Montpellier, chez Ans.

Gabon.

70a, Traité historique et pratique du Scorbut chez l'homme et

les animaux dans lequel se trouvent des observations intéres-

santes sur traitement de quelques maladies comme de la véné-

rienne de la scropkuleuse, par AI. Baltne. Iu-8.» de y feuilles

et dfcmie.

8o3. Anatomje etphysiologie

du système nerveux en général, et

du cerveau en particulier; avec des observations sur la possibilitéde reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et in orales de

l'homme et des animaux par la configuration de leurs têtes; par

F.-J. Gall, et G, Spurzheim. III. volume, seconde partie. In~Joliot

3j feuilles plus 14 planches. Prix îao fr. i/z-40 de 18 feuilles

et demi plus 14 planches In-folio 60 fr. A Paris, à la Li-

brairie grecque-latine -a Ile mande.

804 Histoire natnrelle, générale et particulière des mollusques

terrestres et lluviatiles tant des espèces que l'on trouve aujourd'hui

vivantes que desdépouilles f osai] de celles qui n'existent plus

clasiés (.Va près les caractères essentiels que présentent ces animaux

et leurs coquilles ouvrage posthume de M. le Baron J, B. L.

d'Audtbard de Férussac colonel d'atillerie, etc. continué, mis

en ordre et publié par M. le Baron d'Audebard de Férussac son

£ls. Première livraison. Iit-o de 3 feuilles, plus 6 planches. A

Page 325: Medecine pratique.pdf

DES SCIENCES MÉDICALES

Paris, chez A. Bertrand. Prix, z/z-4.0 i5fr, in-folio 5o fry

So5. Histoire naturelle des orangers parA. Risso et A. Poitean»;

II. me et III. me livraisons. /«-4-« chacune de 3 demi-feuillei

plus6

planches. Imprime-de M.me Héressant-Leiloux à Paris.

A Nice chez Risso; à Paris cher. Audot. Prix dechaque

li-

vraison i5 fr,

Si3. Histoire naTurelîe des quadrupèdes ovipares; parM. Je

Comte deLaeépède. Suite

etdes

de BitffoA

Tome I«./n 8.0 de 42 feuilles et demie, plus un cahier de aa

planches. A Para chez Rapet et comp. Prix desouacript.

is £v*

82g.Le charlatanisme démasqué

ou la médecineappréciée

k

ia juste valeur. Par un ami de la vérité et de l'humanité, In-8.o

da 4 feuilles un quart. Imprimeriede M me veuve Huet-Perdoux

 Orléans,

894» Mémoire sur le vomissement la la Société le la Fa-

cnlté de m«Jectne de Paris le a5 Kovetnhre 1818. Par~ïsià\

Bourdou étudient en médecine suivi d'unrapport

fait à la

même société par MM. Mérat et Bérlard. /n-8.0 de 3 feuille»

un quart. A Paris cliez Méquignon-Marvis-

8o,5 Essai sur ia rétention d'urine par l'occlusion

totale ou partielle de l'urètre dissertationprésentée etc, le

iigFévrier

1819 pourobtenir le

grade de Docteur en médecine;

parFortunat Pfillicot

d'Epînal. /n-4.0 4e a fenilles 3 qnarts.

Imprimeriede Levrault à

Strasbourg.

94^. Vue générale des progrès de plusieurs branches des science!

naturelles, depuisla mort de Buffon; pour faire suite aux œuvres

complètes de cegrand

naturaliste. Par M. le Comte deLacéptidet

J/1-8.0 de7 feuilles

un quart.A Paris chez

Rapetet

comp. Cet

ouvragefait

partiede l'édition des OEuvres

complûtesde Buffoa

(voy. no 375). )-

944.Essai sur les lois physiques et la construction de l'Univers;

parS:r Richard Phillips,

de Londres. /«-8,o de7 feuilles

un

huitième.Imprimerie

de F. Dî^oi à Paris.

945. Exposésommaire des expériences

faites dans les séances

d'optique, données par M" Bourgeois, en Août,Septembre

et

Octobre 1818. 1/i-S.o de 3 feuilles un quart. A Paris chez

Testu etcomp.

et chez Belin-Leprieur.

946. Des moyens les plus efficaces pourconserver la vue et

pour la fortifier lorsqu'elle est affaiblie avec La manière de s«

Page 326: Medecine pratique.pdf

ÉTAT PRÉSENT DFS SCIENCES MEDICALES.

traiter soi-même dans les cas ou les -secours des gens de l'art

ne sontpas indispensables

et celles desoigner

lesyeux pendant

etaprès

la petite lérofe; ouvragetraduit de l'allemand de M.

G, J. Berr, par Thiercelin. Sixième édition, entièrement re-

fondue, augmentéede notes du traducteur, et d'un

chapitre

but les inconvénient et lesdangers

des lunettes communes. /«-8.» o

de 10 feuilles et demie, A Paris chez Gabon; à Montpellier

chez Anselme Gabon- Prix, 2 fr.75c

c.

9.(7. Influencede la médecine

légalesur la morale et Sur Ifl

Jury; par J. E. L, B (du Loiret). In-Z.o de 2 feuilles trois

quarts, A Pâtis chezMigneret. Prix, fr. 5o c.

gÛa. Plantes de la France, ou imtur;ilisées et cultivées en

France décrites et peintes d'après nature pai- M, Jaunie-S&int-

Hilaire. Deuxièmepartie,

ê me livraison. //z-S.o d'une demi-

feuille plus 10 planches. Imprimerie deP. Didot paris.

A Paris chez l'auteur, rue deFurstemberg n.o 3,

1024- Manuel desplantes

usue'Iesindigènes,

on Histoireabrégée

desplantes de France, distribuée, d'après une nouvelle méthode;

contenant leurs propriétés, et leursusages

en médecine, danK

3apharmacie

et dans l'économiedomestique

suivi de Recherches

et d'Observations surl'emploi

deplusieurs espèces, rjtii dans la

pratiquede la médecine, peuvent remplacer un

certain nombre

de substances exotiques. Pnr J, L. A. Loisoleur-Deslongchamps,

II volumes in-8.0 ensemble de 55 feuilles, plusdes tableaux.

A Paris, chez Maquignon l'aîné père. Prix 1 2 fr.

lo^'j. Histoirenaturelle des mammifères avec des

figuresori-

ginales enluminées dessinées d'après des animaux vivtins. Par

MM. GeoffroyS. t-Hilnire et Frédéric Cimer pu! liée par M.

C.

de Las te) rie. II me livraison.In-folio

de 6 feuilles, plus6

plan-

chers, A Paris, à['imprimerie de

C. de Lasteyrie,

rue du Bac n.» 58. Prixpour

lessouscripteurs

i5 fr. pourles

conditions et clôture de lasous cri pt. ( voy.

n.o55y ).

ERRA TA.

Fag, 36, lig.il n'a pu nuire lisez n'a pu que

nuire.

g3 lig.3a Percey lises Percy.

96, lig.a5 présentés;

lisez présenté.

FIN du Tome IK

Page 327: Medecine pratique.pdf

TABL E

Des Matières contenues dans ce Volume.

j\cAnÉ.niE Royaledes sciences de Paris; voy. Institut.

Acide mcconiqite voy. Opium.

Amputation partielle du pied droit (Observation sur uncoup

de

feu quia nécessite tj; par M. Bougarel f méd.. Pag. 68.

Antisyphilitique voy. Muriated'or.

Bibliographie de lu France (E rirait de la J pour cequi

con-

cerne Les Sciences Médicales. i5g.-3:2i«

Bière nouvelle; parM. C. 1-, C 153.

Bulletins de la cle 85.-273~Bulletins de ta Société deMédecine-pratique. 85.-273,

chez ( Note sur un gros Jsorti spontanément par T urètre t

chez unefetnme très-avancée en âge; par M. Py,méd. 76»

Réflexionssur cette observation par M. V. Bonnet, méd.

7g.

Calculs C Observationsur la sortie

spontanéede

deiun) par le

canal de £ urètre, chez V homme parle doct. Tôle. 8%.

Calcul (Observation d'unj sorti spontanément par l urètre

chez un enfantde onze ans sans

qu'aucun symptôme n'ait

fait présumer sa présence dans la vessie par M. Lemettais,

officier de santé 82.

Capsules atrabilaires voy. Glandes surrénales.

Chimie et Physique f Annales de); par MM. Gay-Lussac et

Arrago;cahier de Novembre 1818 12^.

Convulsion [Desbons effets des fomentations froides

et des

bains froids dans un cas.de} pareil. ïiouschon méd. 20.

Couleur livide du nez f Observation qui prouve quela est un

signede mort dans les maladies

aiguës25.

Crédulité (Réflexions médicales sur le penchant des hommes

à la)> par^H.»J.-M. Caillau, méd 273.

Doctbine médicale(Exposition

dela )

deP. Barthez, et

Page 328: Medecine pratique.pdf

mémoires sur la viede ce médecin par Lordat, méd.

Analyse raisonnêe de cet ouvrage par F. -J.-Léon Rouzet,

D. M. M. (i** Extrait J 294.

Eau douce ( Conservation de F ) en mer; par M. C.-L.-C. 1 43

Eau froide (Observation sur les effets de tj et de la glace; ¡

par M. Bouschon, méd.. 3.

Eruption de Boutons sur le derrière entretenue par t usagedes bains de siège froids, et heureusement combattue par

des saignées locales; parM. Bousclion, méd. a 4.

Faculté de Médecine de Paris voy. Prix,

fièvre gastrique simple, de cause externe; par M. Des-

granges, méd. aS.

Fracture du col du fémur occasionnée par l'action musculaire, t

suivie de quelques réflexions par 31. Roques, méd.. 54-

Fracture d'un pariétal ( Observation sur la ) avec perte de

substance cérébrale; par le docteur Lazzaretto. 107.

Glace j voy. Eau froide.

Glandes surrénales [Notice sur les); par M. J.-M. Caillauj

méd. suivie d'un discours prononcé sur le même sujet par

Montesquieu. 209.

Gélatine [Noie sur C extraction de la);par M. Boudet, oncle,

pharmacien 118.

Hémoptysie nerveuse (Observations sur les bons effets de

Ve.Ttralt de jusquiarne blanche dans un cas d' J\ par M.

Caizergucs, méd 49-

Hydropisie ascite (Gucrison d'une) par les évacuans et les

sueurs par M. Bousclion méd 2S..

Isçertjtude; voy. Pronostic.

insolation (Des bons effets de l'eau froide en boisson et en

bain, dans un cas d' ) par M. Bouschon méd.. 70-

Institut Royal de France voy. Prix.

Journaux; voy. Revue.

Magnétique (Observations tendant à prouver f existence du

.fluide);parM. Ferrier, méd îoi.

Maladie Tachetée hémorragique (Observationset remarque sur

la); par M. Gondinet, méd. 37-

Page 329: Medecine pratique.pdf

Manie. ( Guêrîson d'un cas de } par les bains froids par M*

Bouschon, méd 3.

Manie heareusetnent combattue par le régime végétal, et

l'usage des bains tièdès par M. Bouschon, méd. S^

Médecine (Journal général de) française et étrangère; cahier

de Février 1819 284.

Melœna (Des bons effets de quelques boissons médicamen-

teuses froides dans un cas de} par M. Bouschon, méd, 32»

Moelle épinière ( Observations sur les maladies de la) par

M. J. Abercrombie, D. M. 323.

Morphine (Action de la ) sur Y économie animale; par M*

P. Orfila,/W. i3i,

Morphine (Note sur T emploi de quelques sels de) comme mé-

dicament; par M. Magendie, niéd. t33.'

Muriate d'or (Rapport sur V efficacité du); par M, Edouard

Belaficld 85.

Remarques sur ce rapport; par M. V. Bonnet f méd.. 83J

Muriate d'or ( emploi e-Ttefne du ) voy. Syphilis et la nom

qui est à la fin de cet article*

Muriate triple dor et de soude (Observations sur t efficacité

du) dans la syphilis, et autres maladies du système lym-

phatique Dissertation inaugurale de >I. G. Destouches,

Noticepar M. V. Bonnet, méd 96.

Titï voy. Couleur livide.

Oniv-RV monts physiques t agricoles et médicales faites à Sor-

deau.v ^pendant les trois derniers mois de 1818. 108-282.

Opium indigène ( E-ramen de V ) et réclamation en faveur

de M. Sëguin de la découverte de la Morphine et de F Acide

Mécanique par M. Vauquelîn ia4*

Note sur ce mémoire par M. V. Bonnet, méd. ia8.*

Or, à télat de muriate mêlé avec le sain-donx ou le cêrat

de Galien. 94-95.

Or divisé mêlé avec le sain-doux. o/î.

Or; voy. Muriate Syvhilis.

Pharmacie (Journal de)cahiers de Juin et Juillet 1818.

iï 8.~r23.

Page 330: Medecine pratique.pdf

Pri.v proposé par la Société de Médecine rie Paris séante h

l'Hôtet'de- Ville j 11

–– par la Faculté de Médecine de Paris. m, z.

par l Institut Royal de France, 113.-279.

par la Société de Médecine de Toulouse. 1 1 3.

par la Société Royale de Médecine de Marseille 1 17.

Pronostic ( Observations sur l'incertitude du) dans les maladies

aiguës j par M. Blaud méd 161,

Réflexions voy. Calcul Crédulité.

Remarques; voy. Muriate d'or.

Revue des Journaux voy. Chimie Gazette de Santé, Mé-

decine, y Pharmacie.

Rosée (Essai sur la~) et sur divers phénomènes qui ont des

rapports avec elle par C. William Wells, D. M. ( 3.mtfet dernier extrait), .137.

î

Séance publique et exposé des travaux- de la Société Royale î"

de Médecine de Marseille pendant l'année 1818. Notice

toar M. 'Bonnet, méd 114.

Sels de morphine voy. Morphine.

Sociéte de Médecine-pratique voy. Bulletins.

de Médecine de Paris; \oy. Prix.

--de Médecine de Toulouse voy. Prie.

Royale de Médecine de Marseille voy. Pris Séance.

Sympathiques (Exposé succinct des différens phénomènes'}

par M. Piorry méd. 284.

Syphilis ( Guérison d'un ras de )au moyen du muriate d'or,

suivant la méthode de Cirillo \par M. Clireslien, méd. 94.

Tabac à priser (Danger sur l'usage abusif du); par M

méd 293.

Travaux de la Société Royale de Médecine de Marseille; voy.

Prix Séance*.

Tumeur périodique ( Observation d'une") par Bï. Destouches,

méd. 1 04.

Tympanite (Des bons effets du bain froid, et des fomen-

tations froides dans plusieurs cas de) par M. Buxischon,

méd 7.

Veines {Extrait d'un mémoire sur la faculté absorbante des);

par M. le professeur Mayer i53.

FIN de la table.