Université de Fribourg (CH) Mémoire de master
Présenté à la Faculté des Lettres
Le renouveau spirituel dans l'espace catholique romand (1970-2010).
Inventaire et analyse d'une diffusion.
Année académique 2010-2011 Rédigé par :
Sous la direction de : Virginie Dufour
Francis Python Originaire de Sion/VS
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Introduction générale
A en croire non seulement les médias mais également certains historiens et sociologues,
l'Eglise catholique est en chute libre. Les églises se vident, l'Action catholique est en perte de
vitesse, les vocations sacerdotales et religieuses se font de plus en plus rares et l'appartenance au
christianisme tend à devenir davantage un critère d'appartenance sociale que la proclamation d'une
foi commune en Jésus-Christ Sauveur. Pourtant, les chercheurs attentifs ont décelé, depuis une
quarantaine d'années, des germinations nouvelles au sein de l'Eglise catholique, signes d'une vitalité
de la foi encore bien présente chez les fidèles.1 En effet, depuis les années 1970, on voit fleurir de
nombreux mouvements et communautés, dont un grand nombre tire son origine dans les textes du
concile Vatican II.2 Dans ce travail, nous allons tenter de montrer quand et comment ces nouvelles
réalités d'Eglise ont pénétré la Suisse romande durant ces quarante dernières années. Nous avons
choisi de commencer notre étude en 1970, car nous estimons que c'est à cette époque que les
résultats du concile devinrent significatifs. Notre recherche nous l'a confirmé, car à cette période
commencèrent à fleurir une multitude de réalités nouvelles et originales, importées de l'étranger ou
fondées en Suisse.
Celui qui désire connaître les causes historiques, théologiques et sociologiques de l'éclosion
de ces nouveaux mouvements ecclésiaux ne trouvera pas satisfaction dans ce mémoire. En effet, ce
champ est encore inexploré en Suisse romande, c'est pourquoi nous avons amorcé la première étape
de la recherche qui consiste, avant d'expliquer, à décrire ces nouvelles réalités ainsi qu'à les
inventorier. Notre intention est avant tout de montrer que, au-delà du discours courant de la
déchristianisation de la société et de la montée de l'indifférence face aux pratiques, aux croyances et
aux valeurs chrétiennes3 tant annoncées par les médias, mais également par des chercheurs tels que
la sociologue Danièle Hervieu-Léger, un renouveau est à l'œuvre dans l'Eglise. Celui-ci est
principalement issu de la base, « du peuple de Dieu ». Cette notion ancienne, remise au goût du jour
par Vatican II, favorisa la création de nombreuses productions postconciliaires car elle affirmait le
caractère universel de la sainteté. Celle-ci était alors proposée à tout chrétien, quel que soit son état
de vie.4 Cette nouvelle vision d'une Eglise-communion et non pyramidale, favorisa donc l'apostolat
des laïcs, ce qui ne fut pas sans importance dans le mouvement de renouveau qui suivit.
Dans ce travail, nous distinguerons deux types de renouveau : le renouveau et le Renouveau.
1 Voir par exemple le dernier chapitre « L'Esprit souffle où il veut » dans CHOLVY, Gérard, HILAIRE, Yves-Marie, Histoire religieuse de la France contemporaine (1930-1988), Toulouse, Ed. Privat, 1988.
2 LANDRON, Olivier, Les communautés nouvelles. Nouveaux visages du catholicisme français, Paris, Ed. du Cerf, 2004, pp.49-52.
3 CHOLVY, Gérard, HILAIRE, Yves-Marie, Histoire religieuse de la France contemporaine (1930-1988), Toulouse, Ed. Privat, 1988, p.437.
4 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.50-51.
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Le renouveau spirituel postconciliaire, comprenant les nouvelles formes de spiritualité, de vie
communautaire, de prière, de dévotion, les nouvelles offres de formation, les manifestations
chrétiennes d'un genre nouveau etc. Entrent dans cette catégorie non seulement les créations
survenues après Vatican II mais également celles qui, fondées avant 1965, portaient déjà des
caractéristiques qui seraient plus tard typiques du renouveau des années 1970. Sous le terme de
Renouveau, nous comprendrons uniquement le Renouveau charismatique, mouvement issu du
protestantisme et apparu dans l'Eglise catholique en 1967 aux Etats-Unis. Le mouvement
charismatique catholique, même s'il a des origines protestantes, fait en réalité également partie de la
première catégorie, c'est-à-dire du renouveau spirituel favorisé par Vatican II. En effet, il est un des
nombreux mouvements apparus dans les années 1970. Il nous a paru important de distinguer
graphiquement ces deux réalités afin d'éviter toute confusion. Nous verrons d'ailleurs que les
communautés et mouvements qui se regroupent sous l'expression Renouveau charismatique sont
relativement faciles à distinguer. En effet, le mouvement charismatique présente des caractéristiques
spécifiques qui permettent de le différencier des autres. Ce n'est pas le cas de ce que nous
appellerons « renouveau spirituel », « renouveau postconciliaire », « renouveau de l'Eglise » ou
d'autres expressions proches de celles-ci. En effet, cette notion n'est pas clairement définie : les
critères utilisés pour l'expliquer ne sont pas précis et changent selon les interlocuteurs. En
simplifiant les choses, cette notion englobe, selon nous, tous les mouvements qui ne sont pas
apparentés à l'Action catholique et toutes les communautés fondées après le concile ou donnant une
importance particulière aux laïcs. En conséquence, il est important de comprendre ici que ce que
nous appelons renouveau de l'Eglise n'est pas une catégorie clairement délimitée. C'est une
nébuleuse que nous allons tenter de reconstituer, en nous heurtant à toutes les difficultés rencontrées
dans ce genre d'entreprise, notamment celle de déterminer si tel ou tel mouvement entre dans cette
catégorie ou non.
Notre intention dans cette étude est de répondre, en partie du moins, à diverses questions
ayant trait à l'éclosion de ce renouveau spirituel né dans l'Eglise depuis les années 1970. Quand et
comment le renouveau spirituel a-t-il pénétré la Suisse romande ? Comment s'est-il diffusé dans la
région ? Quelles étaient les personnes à l'origine de cette implantation et de cette diffusion ? Etait-ce
un processus rapide, régulier ? Y a-t-il eu des périodes de créativité plus intense que d'autres ? Où se
trouvent les foyers de diffusion en Suisse romande ? Quels sont les milieux porteurs ? Quel accueil
fut réservé par la hiérarchie de l'Eglise à ce mouvement de renouveau ? Quel était son public cible ?
Quel public fit écho à ces nouvelles propositions ? Quels étaient les buts et les intentions de ces
nouveaux mouvements ? Quel fut leur rapport avec les Eglises réformées de Suisse ?
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La première partie de ce travail est une description de tout ce qui est apparu sous une forme
nouvelle dans l'Eglise catholique depuis 1970. Nous avons établi cet inventaire à partir de la revue
Evangile et Mission, hebdomadaire pastoral officiel des diocèses suisses romands. Ce choix a été
influencé par le fait que cette revue est l'organe officiel des diocèses romands. Elle nous a donc
permis de relever les mouvements et communautés participant à cette mouvance tels qu'ils étaient
reflétés par l'Eglise institutionnelle. Cette démarche nous a permis de contrebalancer, dans une
certaine mesure, le fait que nous nous sommes beaucoup appuyés sur des sources internes pour
décrire les diverses réalités étudiées. Nous avons classé les différents éléments dans quatre
chapitres. Le premier contient une description du Renouveau charismatique ainsi que des
communautés nouvelles et charismatiques implantées en Suisse romande. Le deuxième regroupe
tous les nouveaux mouvements, qu'ils soient issus des communautés charismatiques ou simplement
postconciliaires ou qu'ils soient antérieurs à Vatican II ; qu'ils soient destinés aux couples, aux
jeunes, aux malades, aux pauvres ou encore aux hommes d'affaire ; qu'ils soient nés en Suisse ou
qu'ils aient été importés de l'étranger. Un troisième chapitre décrit un certain nombre de structures,
communautés ou centres de formation, déjà anciens en 1970, mais qui se sont laissés renouveler par
les influences et propositions issues de Vatican II et du Renouveau charismatique. Le quatrième
chapitre enfin, décrit les nouvelles formes de rassemblement et de formation qui virent le jour en
Suisse romande dans ces années-là et qui répondaient à un nouveau besoin de nourriture spirituelle
éprouvé par la communauté catholique romande. Cette première partie nous permettra d'avoir une
vision globale de la créativité d'un renouveau spirituel à l'oeuvre en Suisse romande. C'est à partir de
ce paysage général que nous resserrerons la perspective en choisissant un de ces mouvements et en
l'analysant plus en profondeur dans la partie II.
Celle-ci sera en effet une description détaillée de l'implantation et de la diffusion en Suisse
d'un mouvement spécifique au sein du renouveau à l'œuvre dans l'Eglise : le Renouveau
charismatique. En nous basant sur les archives de l'Equipe de Communion Romande (ECR) et sur
les entrevues effectuées avec les membres et les responsables du mouvement, nous tenterons de
décrire comment le Renouveau est arrivé en Suisse, comment il s'est diffusé, par quels biais, grâce à
quelles personnes ou événements. Nous établirons également quel fut son rapport avec l'Eglise
institutionnelle, d'abord en décrivant la structure qu'il prit peu à peu puis en analysant l'accueil que
réserva le clergé au nouveau mouvement. Comme nous avons choisi de décrire le Renouveau à
travers le point de vue des groupes de prière, nous reviendrons brièvement sur les communautés
charismatiques afin de montrer plus en détail de quelle manière elles s'implantèrent en Suisse
romande et quelle fut leur influence sur les groupes de prière.
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La troisième partie de ce mémoire se concentrera finalement sur une manifestation romande,
représentative de la grande diversité de l'Eglise : la rencontre Prier Témoigner. Ce rassemblement,
initié en 1990, est un exemple remarquable de la présence en Suisse romande de réalités ecclésiales
aussi nombreuses que différentes. L'analyse de cette manifestation nous permettra ainsi de montrer
comment les mouvements et les communautés, anciens et récents, cohabitent dans notre région. Elle
nous donnera également la possibilité d'étudier plus précisément le rapport entre institution et
mouvements de renouveau. Nous pourrons aussi amorcer une étude sociologique des participants à
cette manifestation. Ainsi, après avoir décrit les origines de la rencontre et les personnes,
mouvements et communautés engagés dans son organisation, nous expliquerons de quelle manière
elle fut accueillie par le clergé romand. Nous chercherons pour finir quel public assiste à ce
rassemblement et quels sont les objectifs des organisateurs en fonction de leur choix des thèmes et
des intervenants de la rencontre.
Lors de notre recherche, nous nous sommes appuyés sur différents types de sources. Pour la
première partie de notre travail, nous avons commencé par dépouiller la revue Evangile et Mission.
Cela nous a permis de ressortir toutes les nouvelles formes de dévotion, de vie communautaire etc.
apparues en Suisse romande depuis 1970 et assez significatives pour être mentionnées dans l'organe
officiel des diocèses romands. Afin de donner une description brève mais pertinente des différents
mouvements et communautés mis en relief lors de notre dépouillement, nous sommes allés puiser
dans la littérature historique et chrétienne. Lorsque cela était possible, nous nous sommes basés sur
des ouvrages scientifiques. Néanmoins, notre sujet de recherche est d'une grande actualité et les
études académiques sont encore rares dans ce domaine. C'est pourquoi nous avons été régulièrement
dans l'obligation de nous baser sur des documents internes aux réalités étudiées. Cette approche a
l'inconvénient, bien sûr, de donner des descriptions peu distanciées et souvent dépourvues de
perspective historique. Néanmoins, elle présente le grand avantage de pouvoir décrire les
mouvements et communautés ainsi que leur mission, leurs intentions et leurs objectifs tels qu'ils les
perçoivent eux-mêmes. Une telle démarche permet d'éviter de tomber dans l'analyse avant d'avoir
accompli le premier pas de la recherche historique qui consiste à décrire la réalité observée. C'est
pourquoi nous avons régulièrement utilisé des monographies éditées par les mouvements et
communautés eux-mêmes ou consulté leur site internet. Il est cependant important de rappeler que
l'histoire est un domaine d'étude qui s'appuie sur des traces que le chercheur redécouvre à travers les
sources qu'il consulte. L'historien doit donc apprendre à aborder ces dernières de manière critique
afin de se rapprocher le plus possible de la vérité du sujet étudié. C'est pourquoi nous nous sommes
appuyés non seulement sur plusieurs documents pour décrire la même réalité, mais également, dans
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la mesure du possible, sur plusieurs types de sources (écrites, orales, privées, éditées etc.). Ainsi, en
mettant en parallèle des informations de diverses provenances, en abordant le sujet à partir d'angles
différents, il nous fut plus aisé d'appréhender notre sujet avec un esprit critique et rationnel.
En ce qui concerne les parties II et III, nous sommes allés consulter les archives privées
respectivement de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse
romande (ECR) et de la rencontre Prier Témoigner (PT). Nous avons également exploité la riche
mais néanmoins délicate ressource que constitue l'histoire orale. En effet, nous sommes allés
interroger des personnes ayant connu les débuts du Renouveau charismatique en Suisse romande
ainsi que celles qui eurent une influence notable sur le mouvement. Nous avons également rencontré
les fondateurs de la rencontre Prier Témoigner et les personnes les plus impliquées dans son
organisation. Dans les deux cas, nous avons effectué des entretiens semi-directifs. Nous avions ainsi
établi, au préalable, une fiche de questions, que nous avons, selon les cas, envoyée ou non à l'avance
aux personnes concernées. Nous avons ensuite procédé à la transcription des entrevues que nous
avions enregistrées, avec la permission de nos répondants. Nous avons choisi une méthode de
transcription non verbatim, selon laquelle nous avons uniquement mis par écrit les passages de
l'entrevue qui nous intéressaient pour notre travail et ce, de manière souvent non linéaire. C'est la
raison pour laquelle ce travail ne comporte pas, en règle générale, de citation tirée de nos entretiens.
Nous avons également mené, avec le père Paul-Bernard Hodel, l'abbé François-Xavier Amherdt et
Nicolas Carron de la Fraternité Eucharistein, des entretiens en rapport avec la première partie de ce
travail, mais ceux-ci furent surtout destinés à nous aider à faire le tri dans les différentes réalités que
nous avions relevées dans Evangile et Mission. Par contre, lorsque cela était nécessaire, nous avons
contacté des membres des différents mouvements que nous voulions décrire, afin d'avoir des
informations que nous n'avions pu obtenir jusque-là. En ce qui concerne les entrevues conduites
pour la deuxième partie de ce mémoire, elles présentent le grand avantage de rapporter le
témoignage de membres du Renouveau charismatique qui, déjà âgés, risquent de ne plus être en
mesure d'informer un futur chercheur. C'est pourquoi les entretiens de cette partie-là ont un intérêt
spécial pour notre sujet.
Avant de passer à la première partie de notre travail, nous aimerions dire un mot sur notre
propre position par rapport au sujet que nous étudions. En effet, nous pensons que l'historien a une
subjectivité dont il ne peut se défaire complètement dans sa recherche. L'éducation qu'il a reçue, le
milieu dans lequel il vit, ses expériences passées influent immanquablement sur sa manière
d'appréhender son sujet. C'est pourquoi il est important pour nous de préciser que nous avons une
certaine sympathie pour ce mouvement de renouveau dans l'Eglise. Pas de manière particulière pour
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tel ou tel mouvement ou communauté (quoique nous soyons proches de certaines réalités décrites
dans ce travail), mais plutôt de manière générale pour cette vitalité et cette créativité présentes dans
l'Eglise et que de nombreux chercheurs tendent à oublier de nos jours. Nous ne nions bien entendu
pas les faits avérés que sont la chute des vocations, la déchristianisation de la société et la montée de
l'indifférence face aux croyances et aux pratiques chrétiennes. Cependant nous avons le désir de
montrer à la collectivité scientifique que quelque chose est à l'oeuvre dans l'Eglise catholique et qu'il
est temps de pousser la recherche au-delà de l'interprétation communément admise selon laquelle
l'Eglise n'a plus d'avenir, ou du moins est fortement compromise.
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Partie I : Paysage général de la créativité d'un renouveau religieux en Suisse
romande depuis les années 1970
Nous commençons cette étude par une description de toutes les nouvelles formes de
spiritualité, de vie en communauté, d'évangélisation, de prière qui ont pénétré, ou sont nées, dans
l'Eglise catholique en Suisse romande depuis le deuxième Concile du Vatican. Cet inventaire a pour
but de montrer la vigueur de la créativité d'un renouveau ecclésial et spirituel, alors même que la
grande majorité des discussions à propos de la religion et de l'Eglise catholique tourne autour de la
déchristianisation et de la crise des vocations. On assiste aujourd'hui, certes, à l'épuisement des
organes catholiques traditionnels. Pourtant, en parallèle, surgit un foisonnement de nouveautés
issues d'une diversité de mouvements et de courants catholiques, ou chrétiens, qu'il est nécessaire de
prendre en compte dans une évaluation de la situation de l'Eglise en Suisse romande. Cet inventaire
veut être la preuve qu'une spiritualité d'un nouveau genre, qui a su se renouveler et s'exprimer de
manière différente afin de s'adapter aux besoins de son temps, s'est fait jour dans l'Eglise catholique
depuis les années 1970. Mais ce renouveau spirituel n'est pas clairement définissable d'un point de
vue historique. C'est une nébuleuse qu'il faut reconstituer en fonction de critères qui sont
inévitablement discutables. Nous avons cependant été obligés de faire des choix et les critères
proposés ici ont au moins l'avantage de donner un cadre à la recherche. Nous verrons que certaines
réalités sont nées au sein même de l'Eglise de Suisse romande, et que d'autres ont été importées de
l'extérieur. Toutes ont néanmoins des caractéristiques semblables qui se retrouvent, se croisent et se
chevauchent et qui donnent tout son intérêt à l'étude des questions religieuses.
Notre principale source est la revue Evangile et Mission (précédemment la Semaine
Catholique), l'organe officiel des diocèses de Sion, de Bâle, de Lausanne, Genève et Fribourg, ainsi
que de l'Abbaye territoriale de Saint-Maurice. Revue hebdomadaire, elle devint bimensuelle à partir
du numéro 28 de l'année 2002. C'est un bulletin d'information ecclésiale destiné aux prêtres, aux
communautés religieuses, aux agents pastoraux, aux paroisses, aux bénévoles travaillant en Eglise
ainsi qu'à toute personne intéressée. Elle diffuse les communications officielles des instances
hiérarchiques de l'Eglise (Conférence des évêques suisses, Conférence des Ordinaires Romands,
etc.) mais publie également des méditations de l'Eglise universelle ainsi que des articles et des
reportages sur la vie de l'Eglise catholique en Suisse romande et dans le monde. 1 Trois ou quatre fois
par année, elle édite un agenda de toutes les retraites, récollections et sessions proposées en
1 Eglise catholique dans le canton de Fribourg, Bienvenue sur le site internet des catholiques fribourgeois, [En ligne], http://www.cath-fr.ch/ (page consultée le 9 mai 2011).
9
Romandie dans les nombreuses communautés et maisons de retraite. Notre inventaire se basant
essentiellement sur les informations recueillies dans Evangile et Mission entre les années 1972 et
2005, il recense toutes les nouvelles formes de mouvements, de communautés, de propositions
pastorales et spirituelles, telles qu'elles nous sont décrites dans la revue. Néanmoins, lors de notre
recherche sur le Renouveau charismatique, qui sera traité dans la deuxième partie de ce travail, nous
avons découvert des éléments qui n'étaient pas apparus dans l'organe des diocèses romands . Nous
les avons donc ajoutés à notre inventaire.
Lors du dépouillement de la revue, nous avons dû établir certains critères de recherche afin
de définir ce que nous considérions comme une forme de renouveau ou non. Ces critères, loin d'être
infaillibles, sont néanmoins assez précis pour fixer notre recherche sur une expression définie d'un
renouveau spirituel de l'Eglise catholique. Ils restent cependant très dépendants de la propre
subjectivité de l'auteur et de sa manière d'appréhender la notion de renouveau spirituel. Le premier
élément à mettre en relief fut notre volonté de prendre un champ d'étude le plus large possible afin
de ne rien exclure qui ne soit pertinent à la recherche. Cette méthode permettra aux futurs
chercheurs désireux d'étudier notre sujet avec plus de profondeur d'avoir une base d'étude à partir de
laquelle travailler. Nous avons donc relevé tout ce qui était issu, de près ou de loin, d'une part du
Renouveau charismatique et d'autre part des communautés nouvelles. En règle générale, notre
objectif principal fut de faire ressortir toutes les nouveautés apparues en Suisse romande après le
concile Vatican II, c'est-à-dire après 1962. Pourtant, nous avons choisi d'insérer dans notre
description certaines communautés et mouvements qui étaient antérieurs à cette période. Si nous
avons décidé de les retenir, c'est en fonction de deux éléments distincts : certains groupes
préconciliaires contenaient déjà des éléments qui allaient devenir les caractéristiques principales des
productions postconciliaires, comme la place importante donnée aux laïcs par exemple. D'autres
eurent une influence notable sur la naissance et les fondateurs de nouveaux mouvements et de
communautés nouvelles. Nous avons également consacré une section de l'inventaire aux anciennes
structures, communautés, centres de retraites, qui se sont laissés renouveler par le concile Vatican II
et le Renouveau charismatique et ont su s'adapter aux nouvelles exigences du temps. Nous nous
sommes néanmoins limités à ce qui existait de manière significative en Suisse romande ; c'est-à-dire
les mouvements et communautés qui se sont effectivement implantés dans la région, quel que soit le
rayonnement qu'ils aient eu par la suite. Nous n'avons donc pas inclus les événements que la revue
annonçait à l'étranger ou, au contraire, la présence épisodique de certaines personnalités, sauf quand
nous avons jugé que cela était pertinent.
Afin de donner une courte description des différents mouvements, communautés,
manifestations, nous nous sommes appuyés sur plusieurs types de sources. Quand cela était
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possible, nous nous sommes basés sur de la littérature secondaire, de préférence historique, qui
décrivait les réalités en question. Mais dans la majorité des cas, de tels ouvrages n'existent pas et
nous avons dû puiser nos informations au sein des mouvements eux-mêmes (sites internet, ouvrages
de spiritualité publiés par les mouvements, correspondance et entrevues avec des responsables ou
des participants aux mouvements etc.). Bien que nous ayons toujours pris soin de garder la plus
grande neutralité possible vis-à-vis de ces mouvements, il est néanmoins important de souligner que
nos descriptions sont faites à partir d'un point de vue interne et non extérieur et désintéressé.
Nous n'avons pas la prétention de proposer ici un tableau exhaustif du renouveau spirituel
apparu en Suisse romande. Il existe inévitablement une part d'incertitude et d'imprécision lors de la
réalisation d'une première étude sur un sujet inédit. Nous pensons néanmoins pouvoir achever une
première étape consistant à montrer, par la mise en valeur de nouvelles formes d'expression
religieuse, que l'Eglise catholique cherche à se renouveler. En effet, ce travail tend à montrer, malgré
une certaine opinion reçue selon laquelle l'Eglise serait une institution dépassée qui ne répondrait
plus aux besoins de la société actuelle, qu'un renouveau y est à l'œuvre. Les causes, les
caractéristiques et les conséquences de ce renouvellement méritent, selon nous, l'attention des
chercheurs.
Chapitre I : Le Renouveau charismatique et les nouvelles communautés
1. Le Renouveau charismatique catholique et les groupes de prière
La première forme de renouveau spirituel que nous allons développer dans cette partie est le
Renouveau charismatique. En effet, il a des caractéristiques particulières qui font de lui le
mouvement le plus facile à cerner. De plus, bon nombre de nouvelles formes ayant pénétré la Suisse
dans la vague de renouveau vécue dans l'Eglise depuis les années 1970 sont issues de ce courant.
C'est pourquoi il est important de le définir en premier lieu afin de pouvoir, par la suite, donner la
description de ce qu'il a apporté à l'Eglise.
Le Renouveau charismatique catholique est « un courant spirituel qui a pour particularité de
mettre l'Esprit Saint au centre de son action ».2 Il tire ses origines du Pentecôtisme protestant, mais
également de certains textes du Concile Vatican II qui lui permirent de se développer dans l'Eglise
2« Le Renouveau charismatique: dossier de presse de la conférence des évêques de France, jeudi 25 octobre 2007 », Site de la Conférence des évêques de France, [En ligne], http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/dossiers-de-presse/le-renouveau-charismatique-aujourdhui.html (page consultée le 29 avril 2011).
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catholique. Au début du XXe siècle, un pasteur méthodiste américain, Charles Parham, redécouvrit
l'importance de la Pentecôte dans la vie d'un chrétien. Quelques temps plus tard, probablement dans
la nuit du 31 décembre 1900, il fit avec quelques amis, selon ce que rapportent Bernard Peyrous et
Hervé-Maris Catta, l'expérience du premier chant en langues.3 Le chant en langues, ou glossolalie,
est une prière faite d'un langage inarticulé et inintelligible qui peut avoir diverses actions : louange,
action de grâce, intercession. D'après ceux qui en ont fait l'expérience, il est le fruit d'une impulsion
de l'Esprit.4 C'est à la suite de cette expérience initiale de 1901 que se développa, surtout à partir de
1906, ce que l'on nomma le Pentecôtisme. Dès les débuts, les pionniers du mouvement furent
amenés à en exprimer les trois bases distinctives : le « baptême dans l'Esprit », le parler ou chant en
langues et les charismes énumérés en 1 Corinthiens 12, 8-105 :
A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérison, dans l'unique Esprit ; à tel autre la puissance d'opérer des miracles ; à tel autre la prophétie ; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter.
Très rapidement, les Pentecôtistes firent du parler en langues le signe du baptême dans
l'Esprit.6 Dans l'Eglise catholique on lui préfère l'expression « effusion de l'Esprit », afin d'éviter
toute confusion avec le baptême sacramentel. En effet, chez les catholiques, cette effusion se
présente plutôt comme « l'irruption d'un don qui libère les sources du baptême et de la confirmation,
alors que celles-ci étaient peut-être oubliées, enfouies, voire étouffées sous le poids des péchés, des
blessures, de l'oubli de Dieu ». L'effusion de l'Esprit est généralement à l'origine d'une conversion et
d'une guérison intérieure. Elle n'est pas seulement une grâce de revivification personnelle, mais
également une invitation à annoncer l'Evangile et à témoigner de la puissance de l'Esprit.7 A partir
du début des années 1990, le Pentecôtisme se diffusa rapidement. Mais il fallut attendre les années
50 pour qu'il soit véritablement reconnu et accepté comme une expression valide du christianisme.8
Dès les années 60, le mouvement commença à pénétrer les Eglises traditionnelles (épiscopalienne,
luthérienne, presbytérienne), donnant naissance à ce que l'on appela le Néo-pentecôtisme.9
Le concile Vatican II favorisa l'entrée du néo-pentecôtisme dans l'Eglise catholique. En effet,
grâce à l'influence du Cardinal Suenens, plusieurs textes du Concile firent référence au Saint-Esprit
et aux charismes. De plus, le Pape Paul VI mit l'accent sur la vocation des laïcs dans le texte
3 PEYROUS, Bernard, CATTA, Hervé-Marie, Qu'est-ce que le Renouveau charismatique ?D'où vient-il ? Où va-t-il ?, Paris, Groupe Fleurus-Mame, 1999, pp.65-67.
4 JEHANNO, Yves, L'enjeu du renouveau charismatique ?, Paris, Ed. Fayard, 1988, pp.85-86.5 RANAGHAN, Kevin et Dorothy, Le retour de l'Esprit. Le mouvement pentecôtiste catholique, Paris, Ed- du Cerf,
1973, p.239.6 PEYROUS, Bernard, CATTA, Hervé-Marie, op.cit., p.173.7 WILHELEM, François-Régis, « Quarante ans après, où en est le renouveau charismatique catholique ? », in,
Nouvelle Revue Théologique, N°130, 2008, p.242.8 RANAGHAN, Kevin et Dorothy, op.cit., p.239.9 WILHELEM, François-Régis, op.cit., p.239.
12
conciliaire Lumen Gentium, ce qui favorisa également le développement du courant qui se fit en
partie par des laïcs.10
Les historiens s'accordent généralement pour situer les débuts du Renouveau charismatique
catholique en février 1967.11 Même s'il est possible de relever quelques expériences antérieures, par
exemple celle de deux prêtres des Pays-Bas qui reçurent le « baptême dans l'Esprit » au début des
années 1960, c'est à partir de 1967 que le Renouveau commença à se diffuser dans l'Eglise
catholique.12 L'expérience déclencheuse eut lieu à l'université Duquesne, dans la ville de Pittsburgh
aux Etats-Unis. En août 1966, quelques enseignants de cette université découvrirent le livre de John
Sherill, La Croix et le poignard, récit de la vie et des aventures spirituelles de David Wilkerson. Cet
ouvrage fut essentiel dans leur redécouverte des textes de l'Ecriture qui les amena à accorder une
importance particulière à l'Esprit Saint comme don de Dieu.13 En janvier 1967, quatre de ces
professeurs se rendirent à une réunion de prière chez une presbytérienne et reçurent bientôt
l'effusion de l'Esprit.14 En février 1967, une retraite fut organisée par un petit groupe d'étudiants et
des membres de la Facultés de Duquesne. Deux des professeurs avaient fait partie du groupe de
personnes ayant reçu l'effusion de l'Esprit en janvier 1967. Durant ce que l'on appellera plus tard le
« week-end Duquesne », plusieurs participants furent très fortement touchés par la grâce de
l'Esprit.15 Ils avaient vécu ce que l'on appelle le « baptême dans l'Esprit ».
A la suite de ce « week-end Duquesne », le Renouveau charismatique, que l'on nommait
encore à l'époque « pentecôtisme catholique », toucha rapidement d'autres universités américaines.
Olivier Landron, dans son ouvrage Les Communautés nouvelles. Nouveaux visage du catholicisme
français, affirme que « le mot " explosion " n'est pas trop fort pour désigner la diffusion du néo-
pentecôtisme au sein des universités catholiques des Etats-Unis ». On remarque également lors de la
description de la propagation du courant, qu'il n'y a pas eu, à son origine, un initiateur clairement
identifié et qu'il n'a pas été le produit d'une organisation centralisée.16 C'est une des raisons pour
laquelle la plupart des charismatiques refusent l'appellation de « mouvement » pour décrire leur
expérience et lui préfèrent les termes de « mouvance » ou de « courant », qui évoquent mieux le
caractère spontané de ce qu'ils considèrent comme le travail de l'Esprit au sein du Renouveau. En
effet, le Renouveau charismatique n'est pas un mouvement au sens de mouvement spécialisé ou
organisation, avec une structure propre et définie comme les mouvements d'Action catholique. Il
s'agit plutôt d'un courant spirituel qui traverse l'Eglise, d'un mouvement – au sens propre du terme -
10 MASSON, Catherine, Les laïcs dans le souffle du concile, Paris, Ed. Du Cerf, 2007, p.236.11 WILHELEM, François-Régis, op.cit., p.238.12 LANDRON, Olivier, op.cit., p.56.13 RANAGHAN, Kevin et Dorothy, op.cit., pp.17-18.14 RANAGHAN, Kevin et Dorothy, op.cit., pp.22-25.15 RANAGHAN, Kevin et Dorothy, op.cit., pp.28-30.16 LANDRON, Olivier, op.cit., p.58.
13
de l'Eglise qui l'invite à se renouveler et incite les fidèles à « vivre leur baptême jusqu'au bout, dans
une docilité renouvelée à l'Esprit. ».17 En 1970, le père Albert-Marie de Monléon fit la découverte du
Pentecôtisme catholique et écrivit un article dans la revue française Vers l'unité chrétienne, qui fut
publié à nouveau l'année suivante dans La Vie spirituelle. A partir de cet événement, le Renouveau
devint un sujet d'actualité en France et les publications se multiplièrent. En 1971 également, Xavier
et Brigitte Le Pichon fondèrent un petit groupe charismatique en France, après avoir découvert le
mouvement lors d'un voyage aux Etats-Unis.18 Le Renouveau se diffusa en France avec une rapidité
impressionnante. En 1973, il y avait déjà 40 groupes de prière charismatique qui rassemblaient 200
personnes19 et en 1988, on dénombrait quelque 2000 groupes en France.
L'assemblée de prière est le trait caractéristique des groupes de prière charismatique. Ceux-ci
reposent sur la foi en cette promesse du Seigneur : « Que deux ou trois soient réunis en mon nom, Je
suis au milieu d'eux. » (Mt 18,20). L'effusion de l'Esprit en constitue l'origine et le cœur.20 Même si
le déroulement d'une assemblée de prière n'est jamais figé et n'obéit à aucun rituel particulier, on
peut en extraire un certain plan d'ensemble qui revient régulièrement. Une assemblée de prière
charismatique a lieu habituellement une fois par semaine et dure entre une et deux heures. Les
membres du groupe se placent en demi-cercle autour d'une Bible, une icône, ou des deux à la fois. 21
Après un mot d'accueil, la prière commence habituellement par un temps de louange, puis d'action
de grâce. On invoque ensuite l'Esprit et on se met à l'écoute de la Parole de Dieu que l'on prolonge
par un temps de partage. Vers la fin de l'assemblée, vient la prière de demande et on conclut souvent
par un Notre Père, et, parfois, un chant à la Vierge Marie.22 Toutes les nuances de prière existent
dans les assemblées charismatiques. Comme le fait Yves Jéhanno dans son ouvrage L'enjeu du
renouveau charismatique ?, on peut les classer en quatre grandes catégories. La louange tient la
première place dans une telle assemblée avec des chants joyeux et des paroles spontanées. Elle est
naturellement suivie par la prière d'action de grâce lors de laquelle Dieu est remercié pour ses
bienfaits. L'invocation, qui consiste à appeler la venue de l'Esprit Saint, prend place à divers
moments, le plus souvent avant et après l'écoute de la Parole. En fin d'assemblée vient la prière
d'intercession qui consiste à faire des prières de demande en faveur d'autres personnes. Ces
assemblées sont caractérisées par une expression très extériorisée de la prière qui est également
manifestée par des gestes (bras levés, balancement du corps etc.) et une ambiance de spontanéité où
chaque personne peut réagir selon sa propre sensibilité. Les chants ont également une grande
17 WILHELEM, François-Régis, op.cit., p.241.18 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.206-207.19 MASSON, Catherine, op.cit., p.234.20 WILHELEM, François-Régis, op.cit., p.245.21 Archives de Fernand Tapparel, diacre, ancien délégué interdiocésain pour le Renouveau (ci-après : FT), Le
Renouveau charismatique, texte rédigé par Fernand Tapparel, 15 novembre 2001.22 JEHANNO, Yves, op.cit., p.32.
14
importance dans ces assemblées. Les grandes communautés charismatiques composèrent plusieurs
recueils de chants qui furent repris par les groupes de prière.23 Enfin, un certain nombre de
« charismes » peuvent se manifester au cours de l'assemblée de prière. Voici comment le cardinal
Suenens définit le charisme :
Au sens religieux et biblique, le seul qui nous intéresse ici, le charisme est un don spécial, une manifestation perceptible et gratuite de l'Esprit-Saint, une grâce particulière de Dieu, destinée au corps entier de l'Eglise. 24
Le charisme est donc au service de l'évangélisation. Il vise d'abord le bien des autres, de la
communauté toute entière. Celui qui exerce un charisme est un instrument de l'action de Dieu pour
le bien d'autrui.25 Le charisme le plus courant lors d'une assemblée de prière est le « chant en
langue », mais les charismes de « prophétie », de « connaissance immédiate », de « sagesse » et bien
d'autres peuvent également être reçus. D'autres charismes plus spectaculaires comme le charisme de
« guérison » et le « repos dans l'Esprit » peuvent aussi survenir lors d'une prière charismatique.
L'assemblée de prière est présidée par un « berger », généralement un laïc, homme ou femme, qui
« peut, par exemple, intervenir pour freiner une trop grande exaltation, réorienter l'assemblée vers la
louange, vers une plus grande écoute des uns et des autres afin que la prière ne soit pas seulement la
prière de celui qui prie, mais vraiment celle de tous. »26
De ces groupes de prière, des communautés naquirent, fondées par des personnes qui avaient
le désir de s'engager plus radicalement pour le Christ et dans l'Eglise. Comme le dit Monique
Hébrard27, « la France [fut] le champion européen toutes catégories en matière de créativité
communautaire. »28 En effet, émergèrent dans l'Hexagone de nombreuses communautés nouvelles
charismatiques dont l'une des particularités résidait en sa dimension plurivocationnelle qui les
poussa à accueillir des personnes de toutes conditions : couples, familles, célibataires, laïcs
consacré(e)s, prêtres etc. Ainsi firent leur apparition la Communauté de la Théophanie en 1970, la
Communauté de la Sainte Croix, la Communauté du Lion de Juda et de l'Agneau Immolé et la
Communauté du Chemin Neuf en 1973, la Communauté de l'Emmanuel en 1974, la Communauté
du Pain de Vie en 1976, la Communauté Réjouis-toi en 1977 etc. L'une des préoccupations majeures
de ces communautés est l'évangélisation. Elles assurent un grand nombre de missions, chacune en
fonction de son propre charisme, parmi lesquelles il faut relever un engagement remarquable auprès
des pauvres, la création d'écoles d'évangélisation et la proposition de nombreuses formations
23 JEHANNO, Yves, op.cit., p.36-42.24 SUENENS, Cardinal L. J., Une nouvelle Pentecôte ?, [Paris], Ed. Desclée De Brouwer, 1974, p.19.25 JEHANNO, Yves, op.cit., p.84.26 FT, Le Renouveau charismatique, texte rédigé par Fernand Tapparel, 15 novembre 2001.27 Monique Hébrard est journaliste. Elle a pourtant beaucoup travaillé sur le Renouveau charismatique ce qui fait d'elle
une source intéressante pour un travail d'histoire. Petite réserve : elle avoue elle-même avoir un « a priori de sympathie » pour les charismatiques, ce qui nuit parfois à son objectivité. (HEBRARD, Monique, Les charismatiques, [Paris], Ed. du Cerf, Ed. Fides, 1991, p.7.)
28 HEBRARD, Monique, 1991, op.cit., p.36.
15
chrétiennes, l'animation de grands lieux de pèlerinage et de paroisses etc. Elles sont également à
l'origine de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses ainsi que d'un nombre incalculable de
« conversions » ou de « reconversions » chez des personnes non catholiques ou qui s'étaient
éloignées de l'Eglise et ont redécouvert le message de l'Evangile.29
C'est en 1975 que le pape Paul VI reconnut officiellement le Renouveau charismatique. Cette
année-là, lors de la fête de la Pentecôte, 10'000 charismatiques se rendirent à Rome pour marquer
l'importance de l'année sainte. Paul VI accorda une audience spéciale aux pèlerins du Renouveau
durant laquelle il prononça cette phrase devenue célèbre : « Comment dès lors ce renouveau
spirituel ne pourrait-il pas être une chance pour l'Eglise et le monde ? »30
Le Renouveau charismatique fit son apparition en Suisse romande au début des années 1970
et connut une lente évolution à travers les groupes de prière. Le premier groupe charismatique fut
fondé à Fribourg en 1972 et on comptait 18 groupes en 197531, 60 en 198532 et le maximum fut
atteint en 1995 avec 139 groupes, dont 55 se trouvaient en Valais33. Depuis cette date, le nombre de
groupes n'a cessé de diminuer et on dénombre aujourd'hui environ 70 groupes en Suisse romande.34
Une communauté charismatique fut également fondée en Suisse romande en 1985, la communauté
Cana-Myriam. D'autres communautés françaises vinrent s'installer en Suisse romande dans les
années 1990. Nous en reparlerons plus précisément dans la suite de cette partie.
Il semble que le Renouveau charismatique ait très vite attiré l'attention de la revue Evangile
et Mission. En effet, les rédacteurs ne paraissent pas avoir hésité à publier les informations que le
mouvement lui transmettait. Dès le milieu des années 1975, l'organe interdiocésain rapporte,
annonce ou décrit de nombreuses activités organisées au sein du Renouveau en Suisse romande.
Ainsi les conférences et les veillées de prière animées par des intervenants charismatiques, les
week-ends de prière organisés par les groupes charismatiques romands, les journées de présentation
du courant charismatique, les formations proposées dans le Renouveau, les rencontres avec le père
Tardif, prêtre canadien qui exerçait un charisme de guérison, et de nombreuses autres manifestations
furent fréquemment annoncés dans la revue.35 Le rassemblement de tous les groupes de prière
29« Le Renouveau charismatique: dossier de presse de la conférence des évêques de France, jeudi 25 octobre 2007 », Site de la Conférence des évêques de France, [En ligne]. http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/dossiers-de-presse/le-renouveau-charismatique-aujourdhui.html (page consultée le 29 avril 2011).30 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.71-73.31 Archives des délégués interdiocésains conservées à l'abbaye de Saint-Maurice (ci-après : DI), Classeur
« Renouveau : Conseil Romand – Oecuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.
32 Archives de Jean-Pierre Jolliet, ancien modérateur de l'Equipe de Communion Romande (ci-après : JPJ), Groupes de Suisse française, novembre 1985.
33 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué interdiocésain à la COR, mai 1995.
34 Entretien avec Michel Horner, Neuchâtel/NE, 13 février 2011.35 Evangile et Mission, hebdomadaire pastoral officiel des diocèses suisse romands, Villars-sur Glâne, Centre diocésain
(ci-après : Evangile et Mission), N°3, 22 janvier 1976, p.41 ; N°42, 9 novembre 1989, p.871 ; N°33, 3 septembre
16
romands, qui eut lieu chaque année pour la Pentecôte dès 1987, ainsi que les rassemblements
nationaux du Renouveau charismatique furent également annoncés la plupart du temps.36 Certaines
années, ces manifestations firent même l'objet d'un article décrivant le déroulement de la rencontre
et présentant un résumé des enseignements donnés par les intervenants.37
Les médias s'intéressèrent aussi à ce nouveau mouvement. Plusieurs émissions de radio et de
télévision furent consacrées au Renouveau depuis 1975, dont certaines s'intéressèrent tout
particulièrement au Père Tardif et à ses manifestations de guérison.38
Le Renouveau semble donc ne pas avoir été inconnu aux lecteurs d'Evangile et Mission dès
les premières années de sa diffusion en Suisse romande. En 1981, la revue affirmait même qu'il
n'était plus besoin de présenter le Renouveau charismatique.39 Mais nous reviendrons en détail, dans
la deuxième partie de ce mémoire, sur ce mouvement dont nous n'étendrons pas plus la présentation
ici.
2. Les communautés charismatiques
La Communauté de l'Emmanuel
La communauté de l'Emmanuel fut fondée en 197440 par Pierre Goursat et Martine Lafitte.41
Elle connut une progression fulgurante car elle comptait déjà six mille membres en 1997.42 Tout
comme beaucoup de communautés charismatiques elle regroupe tous les états de vie : couples,
familles, célibataires, laïcs consacré(e)s, prêtres etc. L'Emmanuel s'est développée en communauté
d'alliance, c'est-à-dire que ses membres « vivent généralement chez eux et ont une vie
professionnelle et sociale " normale ", mais ils se retrouvent régulièrement en groupes pour prier,
partager et se soutenir les uns les autres. »43 Les membres ne quittent donc pas la vie ordinaire mais
1981, p.522 ; N°32, 26 août 1982, p.626 ; N°8, 24 février 1983, p.130 ; N°3, 16 février 1986, p.46-47 ; N°29-30, 2 juillet1987, p.580 et passim.
36 Evangile et Mission, N°19, 4 mai 1987, p.406 et passim.37 Evangile et Mission, N°22, 30 mai 1991, p.536 ; N°23, 9 juin 1988, pp.522-525 et passim.38 Evangile et Mission, N°4, 23 janvier, p.62 ; N°36, 24 septembre 1981, p.570 ; N°23, 6 juin 1985, p.398 ; N>8, 20
février 1986, p.126 et passim.39 Evangile et Mission, N°36, 24 septembre 1981, p.570.40 Certains auteurs situent sa fondation en 1972 (WALLAYS, François-Xavier, « Les communautés charismatiques en
France », in Nouveaux mouvements et nouvelles communautés actes du colloque de la VIIIè Université d'été d'histoire religieuse à Arra, 12-15 juillet 1999, réunis par Gérard Cholvy, Centre régional d'histoire des mentalités, université Paul Valery) et d'autre en 1976 (LANDRON, Olivier, op.cit., p.144).
41 LENOIR, Frédéric, Les communautés nouvelles. Interviews des fondateurs, Paris, Ed. Fayard, 1988, p.137.42 LANDRON, Olivier, op.cit., p.144.43« Le Renouveau charismatique: dossier de presse de la conférence des évêques de France, jeudi 25 octobre 2007 », Site de la Conférence des évêques de France, [En ligne]. http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/dossiers-de-presse/le-renouveau-charismatique-aujourdhui.html (page consultée le 29 avril 2011).
17
se rencontrent chaque semaine par maisonnées (groupes de 5 à 8 personnes habitant dans la même
région), résidentielles ou non résidentielles.44 Ces maisonnées ont divers engagements au service de
l'Eglise : activités d'évangélisation, engagements paroissiaux etc.45 La communauté a développé de
nombreux engagements apostoliques d'évangélisation, des activités caritatives, des propositions de
formation chrétienne, des rencontres et des rassemblements. Les trois dimensions principales de la
vie dans l'Emmanuel sont l'adoration, la compassion et l'évangélisation. 46
En Suisse, la communauté de l'Emmanuel eut un rayonnement extrêmement limité. En 1996,
le bulletin Ecoute ce que l'Esprit dit aux Eglises, organe trimestriel de liaison entre les groupes de
prière charismatique romands, annonçait une journée porte-ouverte, le 8 juin à l'université de
Fribourg, pour faire connaissance avec la communauté de l'Emmanuel en Suisse.47 De plus, dans le
procès-verbal de la rencontre annuelle des groupes de prière romands en octobre 2007, les
participants déplorent l'absence de la communauté.48 Ces deux éléments laissent supposer qu'il
existait au moins quelques personnes proches de la communauté de l'Emmanuel en Suisse, mais
nous n'en avons trouvé aucune autre trace. En 2004, en revanche, un groupe de prière charismatique
directement relié à la communauté de l'Emmanuel en France démarra à Nyon avec une vingtaine de
personnes49 et en 2009, une petite implantation de l'Emmanuel s'installa à Lausanne.50
L'Emmanuel parvint en revanche à étendre son apostolat sur la Suisse romande grâce aux
sessions Amour et Vérité. En effet, cette branche de l'Emmanuel au service de la promotion et de
l'évangélisation du couple fit sa première apparition dans Evangile et mission en novembre 1986.
Mais nous parlerons plus en détail de ce mouvement dans la suite de ce travail.51
La communauté de l'Emmanuel, n'eut donc jamais de maison en Suisse romande et son
activité fut très limitée dans notre région.
La Communauté du Chemin Neuf
La communauté du Chemin Neuf fut fondée en mai 1973 en France par Laurent Fabre et 6
autres personnes, 3 hommes et 3 femmes, tous célibataires.52 Elle regroupe tous les états de vie -
44 Communauté de l'Emmanuel, Communauté de l'Emmanuel au service de la mission de l'Eglise catholique, [En ligne], http://accueil.emmanuel.info/ (page consultée le 27 avril 2011).
45 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, A la rencontre des communautés nouvelles, Nouan le Fuzelier, Ed. des Béatitudes, 2005, pp.159.
46 LENOIR, Frédéric, op.cit., p.138-139.47 Ecoute ce que l'Esprit dit aux Eglises, bulletin interrégional des groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit-Saint,
Eglise catholique de Suisse romande, s.l. (ci-après : Ecoute), N°21, 1996.48 Archives de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, conservées chez
Mme Marie-Hélène Borgeat à Vernayaz/VS, actuelle secrétaire de l'ECR (ci-après : AECR), Rencontre annuelle du 20 octobre 2007.
49 JPJ, Rencontre de l'ECR, 15 septembre 2004.50 AECR, Rencontre annuelle, 17 octobre 2009.51 Evangile et Mission, N°46, 27 novembre 1986, p.895.52 HEBRARD, Monique, Les nouveaux disciples dix ans après, Paris, Ed. du Centurion, 1987, p.43.
18
couples, familles, célibataires consacré(e)s - et tire sa spiritualité non seulement du Renouveau
charismatique mais également de la tradition ignatienne.53 Elle compte aujourd'hui environ 2000
membres (elle n'en comptait qu'un millier en 200554) qui se répartissent dans 27 pays d'Europe,
d'Afrique, d'Amérique et de l'Océan indien.55 Au fil des années, elle devint une communauté mixte,
c'est-à-dire une communauté comprenant des membres vivant sous le même toit, en communauté de
vie, et des individus résidant chez eux, en communauté d'alliance. Au Chemin Neuf, on prit
l'habitude d'utiliser les expressions « fraternités de vie » et « fraternités de quartier » pour désigner
ces deux modes de vie. Cette mixité lui donna une place à part au sein du Renouveau
charismatique.56 Autour de la Communauté se constitua une « Communion » du Chemin Neuf, dont
les membres partagent la spiritualité de la communauté et soutiennent ses missions.57 Le Chemin
Neuf eut très rapidement une vocation œcuménique et regroupa des frères et sœurs membres de
l'Eglise catholique, des Eglises orthodoxes, de l'Eglise réformée, de l'Eglise anglicane, des Eglises
luthériennes ou Evangéliques, chacun gardant son identité confessionnelle et restant en lien avec sa
propre Eglise.58 La formation fut l'un des axes centraux du Chemin Neuf. Dès 1975, il mit en place
des cycles de formation, des sessions pour jeunes et pour couples, il anima plusieurs maisons de
retraite et de formation etc.59 Il fut également à l'origine de la diffusion en France des « cours
Alpha », dont nous reparlerons plus bas. En 2000, la communauté mit en place le réseau
international « Net for God » dans le but d'encourager la formation, la prière et l'évangélisation dans
le monde.60 Chaque mois, un film de 30 minutes sur un thème précis est réalisé par la communauté.
Traduits en 20 langues, ces films sont aujourd'hui envoyés dans 68 pays61 (ils n'étaient qu'une
quarantaine en 200562) où des personnes de toutes générations et de toutes dénominations
chrétiennes se regroupent en 650 lieux appelés « Points Net » pour partager et prier ensemble. Les
membres de ce réseau forment la Fraternité Oecuménique Internationale.63
Le Chemin Neuf fut la première communauté étrangère qui chercha à s'introduire en Suisse
romande. Il semble qu'il proposa son premier cycle de formation dans la région en 1986. Ce cycle
53 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.232.54 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.227.55 Communauté du Chemin Neuf, Au service de l'Eglise et du monde, [En ligne], http://www.chemin-neuf.fr/, (page
consultée le 25 avril 2011).56 LANDRON, Olivier, op.cit., p.146.57 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.237.58 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.231.59 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.234.60 Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau
charismatique catholique de la Suisse romande, [En ligne], http://www.renouveau.ch/, (page consultée le 25 avril 2011).
61 Communauté du Chemin Neuf, Au service de l'Eglise et du monde, [En ligne], http://www.chemin-neuf.fr/, (page consultée le 25 avril 2011).
62 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.237.63 Communauté du Chemin Neuf, Au service de l'Eglise et du monde, [En ligne], http://www.chemin-neuf.fr/, (page
consultée le 25 avril 2011).
19
consistait en une « formation communautaire spirituelle, biblique et humaine », s'étalant, durant une
année, sur sept week-ends et deux semaines complètes.64 En 1989, la communauté organisa
également la première « session Cana », sur laquelle nous reviendrons plus tard.65 Vers la fin des
années 80, il semblerait que la communauté ait cherché à s'implanter en Suisse romande. Mais la
tentative échoua, probablement à cause des réticences des responsables des groupes de prière
romands à l'égard de l'installation de communautés charismatiques en Romandie.66 Néanmoins des
groupes liés à la communauté furent créés et en 1989 il existait en Suisse romande 12 « fraternités
Cana », mouvement d'Eglise que nous développerons lors de notre présentation des mouvements de
spiritualité conjugale.67 En 1998, quoique n'ayant toujours pas de maison en Suisse, la Communauté
du Chemin Neuf comptait 10 membres répartis entre les cantons de Vaud et de Neuchâtel. Ils
animaient deux groupes de prière et étaient entourés d'une quarantaine de personnes formant une
Communion.68 En 2005, la communauté en Suisse romande comptait toujours 10 membres, dont un
engagé à vie. A cette même époque, elle répondit à sa vocation œcuménique en assurant une
présence de prière et d'accueil à l'Eglise réformée de Romainmôtier. Auparavant, elle avait déjà
organisé dans cette paroisse des journées de partage ouvertes à tous ainsi que des week-ends et des
journées pour jeunes.69 Les membres du Chemin Neuf en Suisse fondèrent également en 2005 un
nouveau groupe de prière charismatique pour les jeunes de 18 à 30 ans.70 A partir de cette même
année, la communauté commença à développer les points « Net for God » en Suisse romande et en
2007, on pouvait en recenser 5 à Versoix, Genève, Lausanne, Neuchâtel et Berne.71
Même si le Chemin Neuf ne bénéficia jamais d'une maison sur le sol romand qui lui aurait
permis d'y installer une fraternité de vie, il eut néanmoins des points d'ancrage qui lui permirent
d'organiser de nombreux week-ends et sessions de formation ainsi que de diffuser les points Net for
God. Il est difficile de mesurer l'influence de ses membres résidants en Suisse romande sur la
spiritualité des groupes de prière de leur région et sur leur entourage, mais il semble que cette
communauté n'ait, encore aujourd'hui, pas réussi à acquérir un rayonnement réellement significatif
en terre romande. De nos jours, elle anime encore un groupe de prière dans le canton de Vaud et on
dénombre 7 points « Net for God » dans les cantons de Vaud, Neuchâtel, Valais et Genève. En
revanche, elle ne compte aujourd'hui plus qu'une seule fraternité Cana72 et en 2009 seuls 2 couples
64 Evangile et Mission, N°3 16 janvier 1986, p.46.65 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.132.66 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011 ; Entretien avec Lucien Maystre,
Lausanne/VD, 16 février 2011.67 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.132.68 Ecoute, 4ème trimestre 1998.69 Evangile et Mission, N°17, 17 octobre 2001, p.42 ; N°8, 1er mai 2002, p.376 ; N°1, 15 janvier 2003, p.33.70 AECR, Rencontre annuelle du 15 octobre 2005.71 AECR, Rencontre annuelle du 20 octobre 2007.72 Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau
20
étaient encore communautaires d'alliance. Il existait néanmoins encore, cette même année, une
Communion réunissant des personnes désireuses de vivre de la spiritualité du Chemin neuf.73
Fondacio
La communauté des Fondations du Monde Nouveau fut fondée en France en 1974 par un
laïc marié et père de famille, Jean-Michel Rousseau. La communauté changea de nom en 2002 et se
rebaptisa Fondacio. C'est une communauté internationale de laïcs vivants dans le monde ; elle se
présente donc sous la forme d'une communauté d'alliance.74 Elle s'est orientée, dès son origine, vers
l'évangélisation de la jeunesse.75 Elle s'est aussi beaucoup engagée pour les couples et les familles,
les pauvres, mais également pour les cadres et les chefs d'entreprise afin de les aider à mieux
concilier travail et vie familiale.76 Communauté catholique, elle intègre néanmoins une dimension
œcuménique et accueille en son sein des chrétiens protestants et orthodoxes, dans le respect de leur
identité et de leur appartenance à une confession.77
Fondacio est présente en Suisse depuis plus de vingt ans. D'après le site de la communauté,
elle compte « 22 membres... et beaucoup d'amis ». Elle a pour activité principale l'évangélisation
des couples et des familles, des adultes et des jeunes. Elle a mis sur pied un spectacle « Et toi ! »,
comprenant du chant, de la danse et du théâtre.78
Depuis les années 1980, Fondacio (à l'époque encore Fondations du Monde Nouveau) créa
de nombreuses autres fondations ; parmi elles les Nouvelles Communautés Chrétiennes, en 1983,
composées de « personnes engagées en Eglise aspirant au renouveau du peuple de Dieu et
contribuant à la croissance de l'Eglise aujourd'hui. » En 1989, Pascal Pingault, dans son ouvrage
Renouveau de l'Eglise : les Communautés nouvelles, écrit qu'il en existait déjà une en Suisse à cette
époque.79 Le bulletin Ecoute ce que l'Esprit dit aux Eglises, quant à lui, nous apprend qu'une telle
communauté était présente en Suisse romande en 1994.80 Nous ne savons pas si ces deux sources
font référence au même groupe, comme nous ne savons pas ce qu'il en advint depuis 1994.
La Famille Myriam Beth'léhem
Cette communauté fut fondée au Québec en 1978 par Sœur Jeanne Bizier, alors consacrée
charismatique catholique de la Suisse romande, [En ligne], http://www.renouveau.ch/, (page consultée le 25 avril 2011).
73 AECR, Rencontre annuelle du 17 octobre 2009.74 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.129-130.75 LANDRON, Olivier, op.cit., p.392.76 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.132-134.77 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.137.78 Fondacio, Parole du mois, [En ligne], http://www.fondacio.org/ (page consultée le 30 avril 2011).79 PINGAULT, Pascal, Renouveau de l'Eglise : Les communautés nouvelles, Paris, Ed. Fayard, 1989, p.60.80 Ecoute, N°13, 1994. PINGAULT, Pascal, op.cit., p.57 ; LANDRON, Olivier, op.cit., p.392.
21
chez les Servantes du Saint-Cœur de Marie. C'est une « famille spirituelle » à la fois contemplative
et missionnaire. Elle regroupe des hommes et des femmes célibataires consacrés qui vivent en
communauté ainsi que des fidèles rattachés à la famille qui vivent dans le monde. La spiritualité de
la Famille Myriam appelle les communautaires à montrer l'Eglise par une unité dans la diversité de
ses appels.81
A la demande de plusieurs prêtres romands, la communauté s'installa avec 3 ou 4
communautaires au Bouveret, sur le territoire du diocèse d'Annecy, en 1996. Leur maison qui se
situait à l'Ecole de Missions chez les pères spiritains, reçut le nom de Myriam-de-la-Mission. Leur
apostolat fut divers : « présence d'écoute, point d'appui pour les missions en paroisse, retraites pour
les personnes de tous âges, accueil des catéchumènes, animation de groupes divers attachés, à la
spiritualité de la Famille Myriam ».82 La communauté participa également à l'animation de deux
rassemblements de la Pentecôte organisés par les groupes de prière charismatique, anima des
veillées dans les paroisses et exerça un apostolat important auprès des jeunes.83 En raison d'une crise
interne au début des années 2000, la communauté dut fermer sa maison en Suisse romande à la fin
de l'année 2002.84
Evangile et Mission ne fait aucune mention de cette communauté. La seule explication,
quoique peu satisfaisante, que nous ayons trouvée, fait référence au fait que la communauté se
trouvait sur le territoire du diocèse d'Annecy. La revue étant l'organe officiel des diocèses suisses
romands, peut-être ne couvrait-il pas l'Ecole des Missions au Bouveret.
La Communauté Cana-Myriam
La Communauté Cana-Myriam est la seule communauté charismatique catholique qui soit
née en Suisse romande. Nous en parlerons plus en détail dans la deuxième partie de ce travail mais
nous aimerions donner ici quelques renseignements généraux sur le développement et l'activité de
Cana-Myriam.
Cette communauté fut fondée au printemps 1985 par le père Bernard Müller qui s'installa
avec quatre sœurs à Ravoire, dans un chalet mis à disposition par l'évêque de Sion, Mgr Schwery.85
Elle répondit très vite à sa vocation d'accueil individuel selon le schéma de la Maison Lazarre,
maison d'accueil fondée par Geneviève Constant, religieuse du Sacré-Cœur de Jésus, Brigitte-
81 Famille Myriam Beth'léhem, Bienvenue sur notre site, [En ligne], http ://famillemyriam.org/fra/index.php (page consultée le 27 avril 2011).
82 Ecoute, N°3, 2002.83 Ecoute, N°23, 1996 ; 2ème trimestre 1998.84 Ecoute, N°4, 2002.85 Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau
charismatique catholique de la Suisse romande, [En ligne], http://www.renouveau.ch/, (page consultée le 25 avril 2011).
22
Violaine Aufauvre et le Père Etienne Garin en France. Durant les deux ou trois demi-journées
consacrées à cet accueil, des personnes pouvaient venir et, tandis qu'un groupe priait à la chapelle
devant le Saint-Sacrement, un autre groupe recevait la personne qui relisait son histoire et exprimait
sa souffrance. Par une écoute attentive et la proposition de plusieurs démarches de guérison
(pardons à donner, sacrement de la réconciliation, acte d'abandon au Père, prière de guérison...) de
nombreuses guérisons intérieures furent accomplies dans la petite communauté.86 En dehors de
l'accueil spirituel, elle reçut également de nombreux groupes de prière charismatique pour des week-
ends ou des journées de formation.87 C'était une communauté très discrète qui accueillait des
personnes venues de leur propre initiative. C'est probablement la raison pour laquelle elle ne fut
mentionnée qu'une dizaine de fois depuis sa fondation dans Evangile et Mission.
Après un court passage dans l'Arc lémanique,88 la communauté s'installa définitivement à
Muraz-Collombey, dans l'aile droite de la maison de la Rochette.89 En 1994, elle reçut du cardinal
Schwery l'acte d'érection en « Association privée de fidèles de droit diocésain ».90 En 1999, le père
Bernard et une sœur de la communauté firent leurs vœux perpétuels à l'Eglise de Valère devant Mgr
Benoit Vouilloz.91 En 1989, la communauté comptait 4 frères et sœurs92 et en 2002 ils étaient 8
communautaires.93 Le père Bernard est décédé le 30 mars 2011 après avoir passé plusieurs années
en maison de retraite et il reste dans la maison de Muraz-Collombey 2 sœurs qui sont encore
activement soutenues par le cardinal Schwery et la famille de la communauté, c'est-à-dire son réseau
d'amis qui réunit encore de nombreuses personnes.94
La Communauté des Béatitudes
La communauté des Béatitudes fut fondée en 1973 sous le nom de « Communauté du Lion
de Juda et de l'Agneau immolé » par deux couples protestants qui se convertirent très rapidement au
catholicisme.95 En 1987, elle reçut son nom actuel car la communauté s'étant étendue
internationalement, l'ancienne appellation était difficile à porter dans certaines cultures.96 Elle
connut un essor impressionnant car en 1997 elle comptait déjà mille membres.97 Elle regroupe des
86 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », L'accueil spirituel.87 JPJ, Rencontre annuelle du 6 novembre 1999.88 Ecoute, N°10, 1993.89 Ecoute, N°12, 1994.90 Ecoute, N°12, 1994.91 Evangile et Mission, N°25, 24 juin 1999, p.774.92 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », Cana-Myriam : sa vocation, septembre
1989.93 AECR, Rencontre annuelle du 26 octobre 2002.94 AECR, Rencontre annuelle du 26 octobre 2002.95 LENOIR, Frédéric, op.cit., p.153.96 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.185.97 LANDRON, Olivier, op.cit., p.144.
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fidèles de toutes les conditions – couples, familles, prêtres, laïcs consacré(e)s etc. Plusieurs réalités,
distinctes de la communauté mais rattachées à elles, virent le jour dans les années 1990, afin de
permettre à des personnes de prendre des engagements au sein de la communauté et de vivre sa
spiritualité, sans pour autant devenir membres résidentiels d'une maison. Cette communauté eut dès
ses débuts une vocation contemplative, inspirée largement du Carmel. Mais à partir de 1981, elle
commença à développer son apostolat dans la compassion, l'évangélisation, la formation et l'aide au
développement. Elle fonda des missions en paroisse, des maisons consacrées à la prédication de
retraites, des missions d'entraide au Maroc et en Afrique Noire etc. Elle édita une revue mensuelle
Feu et Lumière, fonda les Editions Béatitudes et diffusa de nombreuses cassettes, DVD et CD pour
l'évangélisation.98
La communauté des Béatitudes s'installa en Suisse au mois de mai 1991 ans le village de Val
d'Illiez, en Valais.99 Elle déménagea à Venthône en avril 1993 et s'y établit définitivement.100 Pour
une raison qui nous échappe, le programme d'activités de la communauté des Béatitudes établie en
Valais n'apparut jamais dans Evangile et Mission. Par contre, la revue annonça épisodiquement
certains des événements proposés par la communauté. Dès les premières années de son installation
en Suisse, celle-ci organisa, environ une fois par mois, des « Soirées Béatitudes ». Temps de prière
et de louange, elles avaient lieu soit dans la maison de la communauté, soit dans les paroisses, sur
leur invitation.101 Ces soirées, qui alliaient prière et batterie dans une même église, ne firent pas
l'unanimité, comme en témoigne une lettre du chanoine Joseph Roduit affirmant avoir eu beaucoup
d'échos négatifs au sujet de ces veillées trop bruyantes. Le berger de la communauté lui répondit
qu'à chaque soirée, entre un quart et un tiers des jeunes présents étaient des nouveaux venus et
qu'elles étaient très sollicitées par les paroisses. C'est pourquoi les membres de la communauté
avaient décidé de ne pas cesser ce style de veillées, tant qu'elles auraient du succès.102 Les
Béatitudes proposèrent également des semaines de retraite en montagne avec discernement
vocationnel pour les jeunes de 18 à 30 ans où alternaient prière, vie communautaire, enseignements
spécifiques et accompagnement personnel.103 Elles organisèrent des pèlerinages et des sessions
diverses, mirent sur pied des retraites paroissiales et des rencontres de jeunes, allèrent en mission
dans les collèges et les prisons. La communauté était également très en lien avec les Pèlerins de
l'Eau Vive, mouvement d'entraide pour personnes alcooliques dont nous reparlerons plus tard.104
98 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.188-190.99 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Béatitudes », lettre du P. Pierre Aguila, 18 octobre 1991.100 Ecoute, N°8, mars-avril-mai 1993.101 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Béatitudes », lettre du P. Pierre Aguila, 25 janvier 1993.102 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Béatitudes », lettre du Chanoine Joseph Roduit, 22 janvier ;
DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Béatitudes », lettre du P. Aguila, 25 janvier 1993. 103 Evangile et Mission, N°16-17, 16 avril 1992.104 AECR, Rencontre annuelle du 26 octobre 2002 ; du 21 octobre 2006.
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Actuellement, la communauté accueille, sur demande, des groupes de jeunes qui se préparent aux
sacrements. Chaque jeudi, une messe suivie alternativement d'un chapelet avec les Pèlerins de l'Eau
Vive, de la prière pour les malades, d'une heure d'adoration en silence et d'un temps de louange
charismatique, est célébrée dans la communauté. Celle-ci met également sur pied des soirées
« pétales de rose » avec veillées d'action de grâces, témoignages et intercession avec Sainte Thérèse
de l'Enfant Jésus. La situation géographique de la maison de Venthône permet également à la
communauté de proposer des camps pour enfants ou adolescents.105
Nous ne connaissons pas l'évolution numérique de la communauté, mais nous savons qu'en
2009, elle comptait une douzaine de membres.106 En été 1996, Mgr Brunner présida l'ordination
sacerdotale du Fr. Jean-Marie Cettou, alors supérieur de la communauté de Venthône.107 Celui-ci est
actuellement curé des paroisses de Miège, Veyras et Venthône et l'autre prêtre de la communauté
apporte son aide aux paroisses du Val d'Anniviers et de Sierre.108
La Communauté du Verbe de Vie
La communauté du Verbe de Vie fut fondée en 1986 par deux couples et une jeune femme
célibataire dans l'abbaye d'Aubazine en France. Leur initiative fut encouragée par Mgr Froment,
évêque de Tulle et le père Jacques Marin qui vint, par la suite, prêcher de nombreuses retraites pour
la communauté.109 Celle-ci est à la fois contemplative et missionnaire et réunit des personnes de tous
les états de vie – célibataires, couples, familles, consacré(e)s, clercs. La vie de la communauté
repose sur trois axes principaux : la liturgie (Eucharistie et adoration quotidiennes), l'enseignement
de la Parole de Dieu et la vie fraternelle en communauté.110 Ses trois priorités résident dans
l'évangélisation des jeunes, des couples et des familles. L'accent mis sur la formation mais aussi sur
l'ouverture à la jeunesse a beaucoup contribué au succès du Verbe de Vie. Plusieurs formules de
formation sont proposées par la communauté, qui vont d'une simple session ou retraite à une année
sabbatique entière à la communauté en passant par des temps forts de rassemblement (Festival des
Ados, des Familles, des Jeunes etc.). Grâce aux Maisons de l'Alliance du Verbe de Vie, nées en
1990, des personnes peuvent vivre la spiritualité de la communauté au cœur du monde. Elles ont
alors le souci de coopérer à la vie de leurs paroisses et se retrouvent, un jeudi soir tous les 15 jours,
105 Communauté des Béatitudes, Petite vie donnée dans la prière quotidienne de l'Eglise, l'adoration eucharistique et le travail, [En ligne], http://www.beatitudes.ch/ (page consultée le 27 avril 2011).
106 AECR, Rencontre annuelle du 17 octobre 2009.107 Evangile et Mission, N°27, 4 juillet 1996, p.733.108 Communauté des Béatitudes, Petite vie donnée dans la prière quotidienne de l'Eglise, l'adoration eucharistique et
le travail, [En ligne], http://www.beatitudes.ch/ (page consultée le 27 avril 2011).109 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.151-152.110 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.217-218.
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dans une maison de la communauté pour un temps de prière, de partage et d'étude de la Parole. 111
Vers le milieu des années 2000, la communauté vécut un temps de crise avec ses fondateurs ce qui
provoqua le départ de nombreux communautaires.112
La communauté du Verbe de Vie s'installa pour la première fois en Suisse romande le 29
avril 1992. Mgr Schwery, évêque de Sion, mit à sa disposition une partie de la cure de St-Pierre-de-
Clages, petit village valaisan. Dès l'automne de cette même année elle commença à proposer des
journées de formation, des sessions etc.113 Plusieurs jeunes du Valais romand étaient déjà partis
précédemment pour passer une année sabbatique dans une des maisons du Verbe de Vie en France.
En été 1993, la communauté de St-Pierre-de-Clages comptait 8 communautaires et 4 enfants. 7
personnes y effectuaient leur année sabbatique. De plus, 200 personnes avaient déjà suivi le
parcours des « 7 semaines », séminaire de préparation à l'effusion de l'Esprit, avec la
communauté.114 Celle-ci ne pouvait recevoir de nombreuses personnes à la cure. Son travail se fit
donc davantage dans les paroisses ou à travers des sessions de formation en soirée ou sur une
journée, voire sur un week-end.115 La communauté quitta St-Pierre-de-Clages en juin 1996, après
quatre ans d'activité dans le diocèse de Sion.116 En effet, elle ne disposait que d'une partie de la cure
et devait louer de nombreux autres locaux (salle à manger, salle de conférence, lieux d'hébergement
pour les personnes en année sabbatique etc.). Les charges exorbitantes que ces locations
impliquaient forcèrent la communauté à quitter le Valais.117
En octobre 1993, le Verbe de Vie ouvrit sa deuxième maison en Suisse118 sur la demande des
sœurs dominicaines qui habitaient à Pensier, près de Fribourg.119 Ces dernières conservèrent une
partie de la maison jusqu'en 2002, où elles se retirèrent définitivement.120 A Pensier, le Verbe de Vie
proposa également un grand nombre de retraites, de sessions, de week-ends, de veillées de prière.
La communauté disposait à présent de locaux où elle pouvait recevoir des retraitants. En outre, elle
proposait environ deux fois par année le parcours des « 7 semaines » dans les paroisses des cantons
romands, souvent sur appel des groupes de prière charismatique.121 Dans Evangile et Mission, ces
parcours spécifiques de préparation à l'effusion de l'Esprit n'étaient pas mentionnés mis à part
111 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.220-221.112 Entretien avec le Père Pierre-Emmanuel Schibli, Pensier/FR, 21 janvier 2011 ; AECR, Rencontre annuelle du 21
octobre 2006.113 Evangile et Mission, N°36, 3 septembre 1992, p.938.114 Ecoute, N°9, 1993.115 Evangile et Mission, N°39, 21 octobre 1993, p.961.116 Evangile et Mission, N°21-22, 23 mai 1996, p.565.117 Evangile et Mission, N°26, 27 juin 1996, p.691.118 Evangile et Mission, N°39, 21 octobre 1993, p.959.119 Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011.120 Evangile et Mission, N°9, 15 mai 2002, p.423.121 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – Oecuménisme - Sichem », Section « CR », Rencontre annuelle du 18
octobre 1997 ; Ecoute, N°4, décembre 2000 ; Ecoute, été 2009.
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quelques rares exceptions.122 Par contre, trois à quatre fois par année, la revue diocésaine publiait,
dans son agenda, une liste de toutes les activités proposées dans les différentes maisons de retraites
en Suisse romande. D'après ce que nous avons pu observer dans l'organe des diocèses romands, la
communauté du Verbe de Vie était la plus productive en matière de formations et de retraites. A
Pensier, chaque année étaient organisés entre 10 et 15 week-ends ou journées de formation, ainsi
que plusieurs retraites et sessions.123 La communauté effectuait également de nombreuses missions
en paroisse dans plusieurs cantons romands.124 Elle développait beaucoup son apostolat auprès des
jeunes et des adolescents,125 grâce notamment au groupe « Théopolis », association du Verbe de Vie
ayant pour mission l'évangélisation des jeunes par l'expression artistique, l'animation spirituelle et
les contacts humains.126 Actuellement, elle organise des récollections pour jeunes mais aussi des
sorties en montagne et, une fois par mois, la communauté anime une veillée charismatique réservée
aux étudiants à la chapelle de Saint-Justin à Fribourg.127 Ces dernières années, elle a accueilli de
nombreux groupes de jeunes pour la préparation aux sacrements (première communion,
confirmation etc.).128 De plus, le Verbe de Vie de Pensier s'engage beaucoup dans la préparation de
la manifestation annuelle fribourgeoise « Prier Témoigner », qui réunit chaque année entre 1500 et
2000 personnes.129
Les médias se sont intéressés à plusieurs reprises au Verbe de Vie en Suisse. En octobre
1992, une émission religieuse sur Radio Rhône a été consacrée au Verbe de Vie.130 En juillet 1993,
l'émission « Bleu Ciel » sur La Première a présenté un dossier sur la communauté avec des
interviews d'Olivier et Marie Belleil, anciens bergers de la communauté de Fribourg.131 Enfin, en
décembre 2002, l'émission « Racines » diffusée sur la TSR a proposé un documentaire intitulé « Un
monastère ouvert », qui présentait la communauté de Pensier.132
En 1998, la communauté du Verbe de Vie installée à Pensier comptait seize communautaires,
dont quatre séminaristes étudiant à l'université de Fribourg.133 En octobre 2003, Bertrand Georges,
alors berger de la communauté, fut ordonné diacre à Fribourg.134 Le Père Pierre-Emmanuel Schibli,
122 Evangile et Mission, N°21-22, 28 mai 1998, p.634.123 Evangile et mission, passim.124 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – Oecuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse
romande, octobre 1994.125 AECR, Rencontre annuelle du 21 octobre 2006 ; 20 octobre 2007.126 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., pp.222.127 Communauté du Verbe de Vie, Le Verbe de Vie vous souhaite la bienvenue, [En ligne],
http://www.leverbedevie.net/, (page consultée le 26 avril 2011).128 AECR, Rencontre annuelle du 16 octobre 2010.129 AECR, Rencontre annuelle du 18 octobre 2008.130 Evangile et Mission, N°43, 22 octobre 1992, p.1147.131 Evangile et Mission, N°29-30, 22 juillet 1993, p. ?132 Evangile et Mission, N°23, 20 décembre, p.1082.133 Evangile et Mission, N°21-22, 28 mai 1998, p.634.134 Ecoute, N°2, juillet 2003.
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également membre du Verbe de Vie, fut ordonné prêtre en septembre 2004 dans l'Eglise du Christ-
Roi à Fribourg.135 En 2005, un noviciat de préparation à la vie consacrée fut ouvert à Pensier.136 La
communauté compte aujourd'hui 13 communautaires de vie : deux couples (dont l'un a deux
enfants), six sœurs consacrées, un frère consacré et prêtre et deux laïcs célibataires. Un couple et
une laïque célibataire sont communautaires d'alliance et ne résident donc pas à Pensier. De plus, 3
personnes dont une maman avec deux enfants sont accueillis à long terme pour une formation. Il est
important de noter que les membres ne font pas de vœu de stabilité et peuvent, de ce fait, être
amenés à rejoindre une autre maison de la Communauté. Le nombre de personnes présentes à
Pensier varie donc chaque année.137
D'autres communautés charismatiques ayant existé en Suisse romande
En 1996, le Collège des Missions au Bouveret ferma ses portes. Celui-ci devint alors un
centre spirituel géré par des spiritains. En 1997, le père Franz Egli lui donna le nom de « Ruah »,
qui signifie « Souffle de vie ».138 Dans le même élan, il créa la Fraternité Ruah dans la mouvance du
Renouveau charismatique.139 Cette fraternité avait vraisemblablement pour tâche d'animer le centre
Ruah. Celui-ci fut, jusqu'en 2002, une œuvre d'accueil, de réflexion et de prière. Il proposa chaque
année des retraites et des sessions dont la plupart étaient prêchées par le P. Egli. Evangile et Mission
publia le programme du centre durant toute la durée de son activité.140 Celui-ci accueillit en 1998 la
traditionnelle fête du lundi de Pentecôte, organisée par les groupes du Renouveau charismatique, et
en assuma l'animation, conjointement avec la Famille Myriam, dont nous avons parlé plus haut.141
En 1999, le centre se fit également l'hôte d'une rencontre des communautés nouvelles présentes en
Suisse romande. Cette journée avait été organisée par le père Bernard Müller et avait pour objectif
de permettre aux différentes communautés de mieux se connaitre et de fraterniser.142 Le centre ferma
en 2002 pour devenir la Maison d'accueil Tibériade et nous ne savons pas ce qu'il advint de la
Fraternité.143
En 1988, la Fraternité Effata fut fondée, dans le canton de Neuchâtel. Cette Fraternité était
135 Ecoute, N°4, décembre 2004.136 AECR, Rencontre annuelle du 15 octobre 2005.137 SCHIBLI, Pierre-Emmanuel, Verbe de Vie à Pensier. (2011, 26 avril). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En
ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected] Maison d'accueil Tibériade, Bienvenue à Tibériade, [En ligne], http://www.ecole-des-missions.ch/, (page consultée
le 29 avril 2011).139 Entretien avec Nicolas Carron, Bourguillon/FR, 29 novembre 2011.140 Evangile et mission, 1997-2002, passim.141 Ecoute, 2ème trimestre 1998.142 Ecoute, N°2, 1999.143 Maison d'accueil Tibériade, Bienvenue à Tibériade, [En ligne], http://www.ecole-des-missions.ch/, (page consultée
le 29 avril 2011).
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issue d'un groupe de prière et rassemblait des laïcs, des religieuses, des pasteurs, des prêtres et des
diacres appartenant aux Eglises réformée, catholique et évangélique. Ses membres eurent dès le
départ le souci de maintenir le lien avec leurs Eglises. Ils étaient tous engagés dans leur Eglise ou
leur communauté respective mais ensemble, ils exerçaient le ministère de guérison intérieure. Ils
proposaient des cycles de retraites en groupes ou des accompagnements individuels avec deux
membres de la Fraternité pour avancer sur le chemin de la guérison. Ils avaient également créé
l'association « Fraternité Effata » afin de permettre aux personnes qui s'intéressaient à leur activité
d'évangélisation par la guérison intérieure de soutenir la Fraternité.144 Plusieurs années plus tard,
quelques membres de la Fraternité répondirent à l'appel d'une vie communautaire. Un noyau
constitué de quelques frères et sœurs vivant fraternellement se constitua au cœur de la Fraternité.
C'est ainsi que deux familles et trois célibataires s'installèrent dans une maison proche de la Côtes-
aux-Fées, en janvier 1994.145 En 1999, la communauté rédigea sa première règle de vie146 et elle fut
reconnue par l'Eglise réformée du canton de Neuchâtel en tant que « communauté réformée à
ouverture œcuménique ».147 La Fraternité fut toujours très ouverte au catholicisme et elle eut
beaucoup de contacts avec les groupes de prière charismatique catholiques.148 Vers la fin des années
2000, la fraternité changea de nom et devint la communauté de la Fontaine-Dieu tout en poursuivant
sa mission d'accueil et d'accompagnement.149 La communauté de la Fontaine-Dieu fut dissoute en
2010, car elle ne comptait plus que trois membres.150
3. Les communautés nouvelles
Les Foyers de Charité et d'Amour
Le premier Foyer de Charité et d'Amour, plus communément appelé Foyer de Charité, fut
fondé en 1936 à Chateauneuf-de-Galaure par le père Finet, à la demande de Marthe Robin. Celle-ci
naquit dans la Drôme en 1902 dans une famille paysanne. Paralysée et aveugle, elle reçut les
stigmates et, selon le témoignage de ses proches, elle ne mangea ni ne but des années 1930 jusqu'à
sa mort en 1981. Elle exerça un rayonnement spirituel d'une rare intensité et reçut 100'000
144 Ecoute, N°1, 1991 ; N°10, 1993,145 Ecoute, N°12, 1994.146 JPJ, Lettre de Jean-Samuel Bucher à l'équipe de l'ECR, novembre 1999.147 Ecoute, hiver 2008.148 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Notes pour la rencontre
avec la COR le 12 mars 1999.149 Ecoute, hiver 2008.150 Eglise Réformée Evangélique du Canton de Neuchâtel, Bienvenue, [En ligne|, http://www.eren.ch/, (Page consultée
le 29 avril 2011).
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personnes qui venaient recevoir des conseils. Les Foyers de Charité sont composés de laïcs,
rassemblés autour d'un prêtre. Celui-ci doit diriger le Foyer ainsi que prêcher des retraites en silence
de 5 jours.151 Même si l'accueil des retraitants constitue leur principale activité, les Foyers
développèrent toutes sortes de missions apostoliques ou sociales selon les besoins de la région dans
laquelle ils se trouvaient.152 Marthe Robin exerça une forte influence sur plusieurs fondateurs de
communautés postconciliaires, notamment le Père Marie-Dominique Philippe, fondateur de la
communauté St-Jean, Gérard Croissant, fondateur de la communauté des Béatitudes et Pierre
Goursat, fondateur de l'Emmanuel.
Le Foyer de Charité des Dents-du-midi à Bex fut ouvert en 1970, par le Père belge Clément
Renirkens.153 En 1975, la communauté spirituelle du Foyer était composée de quatre personnes, le
père Renirkens et 3 femmes. A cette époque, déjà quelques milliers de personnes étaient venues au
Foyer pour une retraite et deux rencontres réunissant 150 à 200 personnes étaient organisée chaque
année.154 En 1988, le père Renirkens dut mettre fin à son rôle de père du Foyer en raison de son état
de santé. Il fut remplacé par le père Jean-René Fracheboud qui conservait pourtant sa tâche de curé
de la paroisse du Sacré-Cœur à Sion.155 En 2004, le père Fracheboud était entouré de deux femmes
qui l'aidaient à gérer la maison et de plusieurs bénévoles venus de toute la Suisse pour apporter leur
aide. Trois personnes salariées à temps partiel assuraient le service hôtelier. Depuis les années 1970,
le Foyer des Dents-du-midi proposa une trentaine de retraites, week-ends, sessions ou journées de
prière par an. Il accueillit chaque année environ un millier de personnes venues de Suisse, de France
ou de Belgique.156 Plusieurs messes furent radio-diffusées depuis le Foyer de Bex sur la chaine de
radio Espace 2.157 De plus, en 1993, une émission sur TSR lui fut consacrée et en 2002 158, le
programme « Coin de Ciel » diffusa une interview du père Fracheboud sur Radio-Fribourg.159
L'Arche de Jean Vanier
En 1964, Jean Vanier invita trois personnes avec un handicap mental à quitter l'institution
dans laquelle ils étaient internés pour venir habiter avec lui dans une modeste maison de pierre qu'il
avait achetée à Trosly-Breuil, au nord de Paris. C'est ainsi que naissait la première communauté de
l'Arche.160 Il existe aujourd'hui plus de 140 communautés réparties sur les 5 continents où sont
151 LANDRON, Olivier, op.cit., p.123.152 LENOIR, Frédéric, op.cit., p.71.153 Evangile et Mission, N°21, 24 novembre 2004, p.982.154 Evangile et Mission, N°19, 8 mai 1975, p.340.155 Evangile et Mission, N°40, 6 octobre 1988, p.874.156 Evangile et Mission, N°21, 24 novembre 2004, p.982.157 Evangile et Mission, N°32-33, 6 août 1992, p.862 ; N°27, 6 juillet 1995, p.811 ; N°21, 24 novembre 2004, p.981.158 Evangile et Mission,N°48-52, 23 décembre 1994, p.1244.159 Evangile et Mission, N°9, 15 mai 2002, p.426.160 SPINK, Kathryn, Jean Vanier et l'Arche. Une communion dans l'amour, Saint-Laurent, Ed. Bellarmin, Paris, Ed.
30
accueillies trois mille personnes avec un handicap.161 Chaque communauté se compose d'un ou
plusieurs foyers, maisons ou appartements, où des personnes ayant un handicap et leurs assistants
partagent la même vie. L'Arche fut fondée en terre catholique mais, implantée dans des pays et des
cultures variées, elle acquit une forte dimension œcuménique et interreligieuse.162 D'ailleurs, la foi
religieuse n'est pas obligatoire pour vivre à l'Arche, mais selon Kathryn Spink, auteur de Jean
Vanier et l'Arche. Une communion dans l'Amour, la plupart des assistants qui y restent durant un
certain temps admettent ressentir l'appel à la prière, appel lié aux relations humaines intenses vécues
au sein du foyer.163
Il existe trois communautés de l'Arche en Suisse, dont deux se situent en Suisse romande,
l'une à Versoix et l'autre à Fribourg. En 1992, alors que la communauté de la Corolle, dans le canton
de Genève, existait déjà, quelques personnes nourrissaient le projet de créer une communauté à
Fribourg. Un appel fut donc lancé dans Evangile et Mission afin de trouver une maison compatible
qu'une paroisse ou une communauté aurait pu mettre à disposition à des conditions favorables.164 Ce
projet ne fut pas réalisé, mais, en 1994, la communauté de la Grotte, à Fribourg, rejoignit la grande
famille de l'Arche.165 Dès 1980, des membres du mouvement Foi et Lumière mûrirent le projet de la
fondation d'une maison d'accueil pour handicapés et commencèrent à se rencontrer pour prier. En
1982, l'association de la communauté de la Grotte fut fondée et en 1983 les premiers membres
s'installèrent dans une maison à l'avenue de Gambach, à Fribourg. En 1993, le foyer comptait 6
handicapés qui avaient tous un emploi dans un atelier protégé ou dans l'économie libre. Les 9
assistants étaient surtout des étudiants de l'université de Fribourg. Chaque matin et chaque soir le
foyer se réunissait pour une méditation ou une prière. L'association était déjà à la recherche, à cette
époque, d'un deuxième foyer.166 La communauté de la Grotte invita Jean Vanier en 1993 pour fêter
son 10ème anniversaire et exprima le désir de rejoindre la communauté de l'Arche. En effet, elle
vivait dans un esprit proche de celui de Jean Vanier, réunissant des personnes handicapées et des
personnes bien portantes sous le même toit. Elle se voulait également d'inspiration chrétienne. C'est
ainsi qu'elle entra, en 1994, dans la grande famille de l'Arche.167 En 1996, la communauté de la
Grotte ouvrit un deuxième foyer à Fribourg et compta alors 24 personnes entre les deux foyers
fribourgeois.168 Actuellement, il existe trois foyers à Fribourg qui accueillent une trentaine de
Fleurus, 1993, p.9.161 L'Arche Helvetia, Association des communautés de l'Arche en Suisse. Nos buts principaux, [En ligne],
http://www.arche-helvetia.ch/, (page consultée le 30 avril 2011).162 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.49-51. 163 SPINK, Kathryn, op.cit., p.11.164 Evangile et Mission, N°22, 28 mai 1992, p.611.165 Evangile et Mission, N°7, 17 février 1994, p.173.166 La Liberté. Quotidien romand édité à Fribourg, « Régions », vendredi 1er octobre 1993.167 Evangile et Mission, N°37, 7 octobre 1993, p.906.168 Evangile et Mission, N°24, 13 juin 1996, p.634.
31
personnes dont la moitié a un handicap mental.169 La communauté de la Corolle à Versoix
rassemble, quant à elle, une quarantaine de personnes dans 4 foyers et 3 ateliers où les personnes
résidantes dans les foyers sont accueillies durant la journée.170 En 2010, les trois communautés
suisses de l'Arche se sont fédérées en une association nommée « Arche Helvetia ».171
Il semblerait que les médias chrétiens suisses se soient intéressés à Jean Vanier et à son
œuvre car plusieurs émissions de radio sur Radio Fribourg, Radio Suisse romande ou encore Espace
2 leur furent consacrées, dès les années 1980.172 De plus, le fondateur de l'Arche fut régulièrement
invité à donner des conférences à Fribourg.173
La communauté de Bose
La communauté de Bose est une communauté de type monastique fondée en Italie en 1965
par Enzo Bianchi. Elle eut dès le début la particularité d'avoir une double vocation, œcuménique et
de mixité. En effet, elle rassemblait des hommes et des femmes provenant de diverses Eglises
chrétiennes. Dans son monastère de Bose, elle pratique l'hospitalité et accueille en particulier tous
ceux qui désirent partager la vie et la prière des moines et des moniales. Elle créa plusieurs
fraternités dont trois existent encore à Assise, à Ostuni (dans la région des Pouilles) et à
Jérusalem.174
Matthias Wirz dans son article « Neuchâtel et le renouveau monastique au XXè siècle
(grandchamp, Taizé, Bose) », s'attache à montrer l'influence du canton de Neuchâtel sur les débuts
de la vie fraternelle de cette communauté. En effet, il montre que c'est la venue d'un réformé
neuchâtelois à Bose qui a provoqué la composition œcuménique de la communauté. De plus, durant
toute l'année 1968, une sœur de Grandchamp, monastère protestant de la région de Neuchâtel, vécut
avec la jeune communauté afin de soutenir l'unique sœur de Bose ainsi qu'accompagner les débuts
de la vie commune.175 Enfin, la première fraternité de la communauté fut créée en 1978 dans le Val-
de-Travers « pour témoigner de la possibilité de communion et de collaboration entre catholiques et
réformés ».176D'après Wirz, la communauté de Bose entretient encore actuellement des liens
169 La Grotte, Bienvenue sur le site de la communauté, [En ligne], http://www.arche-helvetia.ch/grotte/ (page consultée le 30 avril 2011).
170 La Corolle, Bienvenue sur le site de la Corolle, ]En ligne], http://arche-corolle.ch/ (page consultée le 30 avril 2011).171 L'Arche Helvetia, Association des communautés de l'Arche en Suisse. Nos buts principaux, [En ligne],
http://www.arche-helvetia.ch/, (page consultée le 30 avril 2011). 172 Evangile et Mission, N°13, 5 avril 1984, p.238 ; N°13, 28 mars 1996, p.342 ; N°11, 13 juin 2001, p.454 ; N°7, 9
avril 2003, p.322.173 Evangile et Mission, N°13, 5 avril 1984, p.238 ; N°10, 9 mars 1989, p.213-214.174 Monastero di Bose, Monastero di Bose, [En ligne], http://www.monasterodibose.it/ (page consultée le 30 avril
2011).175 WIRZ, Matthias, « Neuchâtel et le renouveau monastique au XXe siècle (Grandchamp, Taizé, Bose) », in Cinq
siècles d'histoire religieuse neuchâteloise : approches d'une tradition protestante. Actes du colloque de Neuchâtel (22-24 avril 2004), Neuchâtel, Université de Neuchâtel – Faculté des Lettres, 2008, pp.392-393.
176 Monastero di Bose, Monastero di Bose, [En ligne], http://www.monasterodibose.it/ (page consultée le 30 avril
32
privilégiés avec Neuchâtel.177
La Communauté de Sant'Egidio
La communauté de Sant'Egidio fut fondée en 1968 par Andrea Riccardi, alors qu'il était
encore étudiant dans un lycée à Rome. Ses membres ne vivent pas sous le même toit, mais leur
engagement dans le travail social mené par la communauté est important. De plus, les membres ont
une prière qu'ils disent tous les jours en communion. Nombre d'entre eux sont célibataires ou mariés
sans enfant en raison de leur fort investissement dans les actions menées par la communauté. 178 Ils
ne font pas de vœu religieux, mais reçoivent une formation solide et participent à des journées de
réflexion spirituelle. La priorité de la communauté est le souci du pauvre : présence en banlieue
(alphabétisation des enfants), enseignement de la langue nationale aux immigrés, aide à la recherche
d'emploi, accompagnement de drogués, de malades etc. Elle entretient également des liens
privilégiés avec les Eglises orientales, catholique et orthodoxe.179
Il existe à Lausanne, depuis 1990, une communauté de Sant'Egidio qui pratique une vie de
service et de prière. Les membres de cette communauté et leurs amis se réunissent tous les samedis
soir pour prier dans un esprit œcuménique. Parmi l'engagement social de la communauté de
Lausanne on peut noter aussi bien des cours de français pour les personnes étrangères et un
engagement contre la peine de mort, que des visites aux personnes âgées ou la promotion du
dialogue œcuménique et interreligieux.180 La communauté de Sant'Egidio en Suisse romande fit
l'objet d'un reportage en 1996, diffusé sur les ondes de la Radio Suisse Romande dans l'émission
« Bleu Ciel ».181
La communauté des Frères de St-Jean
Au milieu des années 1970, l'université de Fribourg joua un rôle prépondérant dans la
formation des membres de communautés nouvelles. Ce fut le cas pour les premiers frères de St-
Jean. En effet, un certain nombre de jeunes français, déçus de l'enseignement des séminaires en
France, vinrent se former à l'université de Fribourg. Ils y suivirent les enseignements thomistes du
père Marie-Dominique Philippe op, qui était alors titulaire de la chaire de philosophie grecque et de
2011).177 WIRZ, Matthias, op.cit., p.393.178 MERCIER, Charles, « Sant'Egidio et Saint-Vincent-de-Paul », in Archives de Sciences sociales des religions,
N°149, Janvier-mars, 2010, p.55 ; p.68 ; p.62.179 Nouveaux mouvements et nouvelles communautés. VIIIè Université d'été d'histoire religieuse à Arras, 12-15 juillet
1999, actes réunis par Gérard Cholvy, Montpellier, Centre régional d'histoire des mentalités Université Paul Valery, 2000, pp.110-113.
180 Sant'Egidio Suisse, La communauté Sant'Egidio, [En ligne], http://www.santegidio.ch/ (page consultée le 30 avril 2011).
181 Evangile et Mission, N°5, 1er février 1996, p.110.
33
métaphysique.182 En 1975, un petit noyau d'étudiants se forma autour du père Philippe. Ils
commencèrent une vie communautaire et demandèrent au prêtre de les prendre en charge pour leur
formation chrétienne, spirituelle et théologique. Après bien des hésitations et sur les conseils de
Marthe Robin, le père Philippe accepta.183 Se posa alors le problème d'une reconnaissance officielle
par l'Eglise. Finalement, en 1978, ils furent rattachés comme oblats quasi réguliers à l'abbaye
cistercienne de Lérins et reçurent le nom de communauté de St-Jean.184 La communauté resta
pourtant à Fribourg, jusqu'à fin 1982, avec des temps de noviciat à Lérins. L'augmentation
croissante des vocations obligea la communauté à trouver un lieu de vie où ils pourraient vivre tous
ensemble en communauté, car, à Fribourg, ils étaient disséminés en plusieurs lieux. Ils s'installèrent
donc, dans le courant de l'année 1981, à Rimont, dans le diocèse d'Autun en France.185 La
communauté des frères de St-Jean est une communauté contemplative et apostolique. Elle propose
une vie religieuse classique dans un esprit de fidélité à Rome, ce qui attira beaucoup de jeunes
catholiques français (dont certains avaient été tentés par le mouvement lefebvriste).186 Elle met
l'accent sur les œuvres de jeunesse en organisant de grands rassemblements, anime des aumôneries
scolaires, créa l'association Saint-Jean éducation qui met sur pied des camps de vacances ou encore
l'organisation Jeunesse johannique qui est destinée aux étudiants et aux jeunes professionnels qui
veulent répondre aux appels du pape et de l'Eglise.187
En 1985, le prieuré Saint-Jean fut fondé à Genève, à l'appel de l'évêque diocésain. Les frères
de St-Jean se virent confier la paroisse de Saint-François de Sales dans le quartier de Plainpalais. En
1988, ils fondèrent le centre Saint-Jean, qui prodigue un enseignement en philosophie et en
théologie ouvert à tous. En 1991 et 1992, ils créèrent le Forum Amour et Vie ainsi que le Festival
Agapè dont nous reparlerons plus tard. En 2001, ils ouvrirent l'Ecole de Vie de St-Jean qui propose
9 mois de vie communautaire, de formation philosophique et théologique et de prière. En octobre
2004, la communauté inaugura l'Institut Saint-Jean Sagesse et Culture, école supérieure de
philosophie destinée aux étudiants et ouverte aux auditeurs libres.188
Actuellement, une communauté des sœurs de St-Jean, congrégation distincte de celle des
frères mais vivant du même esprit,189 est également présente à Genève.190
182 LANDRON, Olivier, op.cit., p.76.183 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.208.184 LANDRON, Olivier, op.cit., p.78.185 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.209.186 LANDRON, Olivier, op.cit., p.141.187 LANDRON, Olivier, op.cit., p.393-395.188 Communauté des frères de St-Jean, L'Ecole de Vie Saint Jean à Genève, [En ligne],
http://www.ecoledeviestjean.com/ (page consultée le 30 avril 2011).189 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.209.190 Communauté des frères de Saint-Jean, Bienvenue..., [En ligne], http://www.stjean.com/france/france/ (page
consultée le 10 mai 2011).
34
La Fraternité des moines apostoliques
En 1992, la Fraternité des moines apostoliques diocésains fut fondée à Grimisuat. Cette
Fraternité avait la particularité de réunir des prêtres vivant à la manière des religieux réguliers. Ils
étaient pourtant incardinés dans le diocèse et se mettaient au service des paroisses. Leur existence
était donc plus orientée vers la prière et la vie communautaire que celle des prêtres diocésains. La
tentative fut suspendue par Mgr Schwery en 1994, car seuls deux confrères faisaient partie de cette
Fraternité, dont un était encore au séminaire diocésain de Givisiez.191 Il semble que la Fraternité n'ait
jamais repris par la suite.
La Fraternité Eucharistein
La Fraternité Eucharistein fut fondée en 1996 par un groupe de jeunes qui se réunissaient
régulièrement pour prier autour de Nicolas Buttet, alors laïc et ermite à la Chapelle Notre-Dame du
Scex à Saint-Maurice. Celui-ci prêchait des retraites et donnait des enseignements dans différentes
maisons de retraites en Suisse romande et en France, ainsi que lors de divers événements depuis
plusieurs années déjà.192 En 1994, l'émission Racines diffusée sur la TSR s'était rendue dans son
ermitage pour mieux connaitre cet ancien avocat qui, après un début de carrière brillant, avait tout
abandonné pour devenir ermite.193 Il fit l'objet également d'une interview dans l'émission « Coin de
Ciel » sur Radio Fribourg en 1997 et 1998.194 Après plusieurs années de mission dans des écoles et
des paroisses, ces jeunes, guidés par Nicolas Buttet, ressentirent un appel à suivre le Christ plus
radicalement. Ils en eurent la possibilité lorsqu'ils reçurent leur première maison, située à Epinassey,
proche de Saint-Maurice. La vie de la Fraternité s'inspire de St-François d'Assise, de la
Bienheureuse Teresa de Calcutta, de St-Pierre Julien Eymard et de St-François de Sales. Elle
s'organise entre le travail manuel (jardinage, cuisine, travaux etc.), la prière (messe quotidienne et
offices religieux), les temps de partage et les missions. Sa spiritualité est toute entière centrée sur le
Christ-Eucharistie dans un double aspect : Jésus reçu dans l'Eucharistie et adoré dans le Saint-
Sacrement et Jésus reconnu et servi dans le pauvre. C'est pourquoi la fraternité vit l'adoration
eucharistique perpétuelle et accueille des personnes blessées pour un temps de reconstruction qui
peut aller de quelques mois à plusieurs années. Eucharistein offre également à des jeunes de vivre
une année sabbatique de réflexion, de service et de prière avec la communauté. Pour sa mission
d'évangélisation, la fraternité anime des veillées et accueille des groupes de jeunes se préparant aux
191 Evangile et Mission, N°37, 13 octobre 1994, p.1022.192 Evangile et Mission, N°8, 24 février 1994, p.202 ; N°10, 10 mars 1994, p.263 ; N°16, 18 avril 1996, p.414 ; N°17-
18, 1er mai 1997, p.648. Etc.193 Evangile et Mission, N°6, 10 février 1994, p.158.194 Evangile et Mission, N°26, 3 juillet 1997, p.889 ; N°43, 3 décembre 1998.
35
sacrements. Son apostolat est en priorité dirigé vers les jeunes et la famille ainsi que les missions
paroissiales.
En 2001, une partie de la Fraternité s'installa à Bourguillon, dans les bâtiments des sœurs
franciscaines de la Divine Providence de Baldegg, où les frères et sœurs animent un petit foyer
d'étudiants, le foyer Salve Regina. De plus, ils collaborent activement avec l'institut Philanthropos
en partageant la vie fraternelle des étudiants et en assurant l'animation spirituelle de l'institut et du
foyer. Depuis 2005, ils soutiennent l'Adoration Perpétuelle à Fribourg, initiative lancée par des
paroissiens de la ville.
En septembre 2001, Mgr Dominique Rey proposa à la Fraternité de reprendre la maison de
Château Rima, propriété du diocèse de Fréjus-Toulon, située dans le haut Var. Après quelques mois
de travaux préparatoires, les frères et sœurs s'y installèrent en août 2002. En raison de son
éloignement et de son accès relativement difficile, cette maison est le lieu de vie des postulants et
des novices de la Fraternité. Celle-ci y pratique en priorité l'accueil de groupes de jeunes mais
également de familles désireuses de vivre un temps de ressourcement. A Château Rima également,
la Fraternité remplit sa mission d'accueil de personnes blessées, en fonction de ses possibilités.
Depuis août 2008, la Fraternité est aussi présente à St-Jeoire, en Haute-Savoie, où elle a
répondu à l'appel de Mgr Boivineau, évêque du diocèse d'Annecy. La maison est en travaux et les
frères et sœurs travaillent en priorité à la rendre habitable. La chapelle est néanmoins accessible à
tous pour les offices, la messe quotidienne et l'adoration. De plus, des veillées sont organisées avec
enseignement, prière des vêpres et adoration du St-Sacrement.
La Fraternité fut à l'origine de divers projets en Suisse romande tels que le Groupe St-
Nicolas et Dorothée de Flüe ainsi que Ecophilos, rencontres destinées aux personnes désireuses de
vivre leur engagement professionnel à la lumière de la foi chrétienne. Elle collabore également
activement à l'organisation de la rencontre Prier Témoigner qui a lieu chaque année à Fribourg et qui
fait l'objet de la troisième partie de ce travail.
La Fraternité Eucharistein fut reconnue en 2003 comme association publique de fidèles. En
mai 2008, elle reçut par Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, l'approbation officielle de
ses nouvelles constitutions en vue d'une reconnaissance définitive en tant que Famille ecclésiale
diocésaine de Vie consacrée. La fraternité comptait 10 membres en 1999 et il y a actuellement plus
d'une vingtaine de frères et sœurs engagés. Nicolas Buttet, le modérateur de la Fraternité, fut
ordonné prêtre en 2003195 et, depuis, plusieurs autres frères reçurent le sacerdoce. Un frère et un
membre du tiers-ordre de la Fraternité ont été ordonnés prêtres le 29 mai 2011 à Orsières.196
195 Ecoute, N°2 2003.196 Toutes les informations données dans ce paragraphe, sauf celles qui sont explicitement référencées, sont tirées du
site internet de la Fraternité Eucharistein : Fraternité Eucharistein, Fraternité Eucharistein, [En ligne],
36
Chapitre II : Les nouveaux mouvements
1. Mouvements de spiritualité conjugale
Le mouvement Vivre et Aimer
Ce mouvement est né sous le nom Marriage-Encounter en 1968, aux USA, de l'initiative
conjointe d'un jésuite espagnol, le Père Calvo, et d'un jésuite américain, le père Chuck Gallager. Ils
avaient tous deux observé que l'équilibre des enfants et des jeunes dépendait énormément de la
qualité relationnelle du couple parental.197 C'est pourquoi ils commencèrent à organiser des sessions,
animées par trois couples et un prêtre, permettant aux conjoints de parler de leurs relations
mutuelles et de partager leurs expériences et sentiments. L'enseignement biblique selon lequel les
époux sont, ensemble, l'image de Dieu et sont sans cesse appelés à renouveler leur engagement en
constitue l'idée centrale.198 Le cardinal Suenens, archevêque de Maline-Bruxelles et grand défenseur
du Renouveau charismatique, introduisit le mouvement en Belgique après avoir suivi une session
Marriage-Encounter aux Etats-Unis. La première session de Mariage-Rencontre en France eut lieu
en 1973, encouragée par Mgr Huygues, évêque d'Arras. En 1996, l'Association Mariage-Rencontre
changea de nom pour devenir le mouvement Vivre et Aimer.199
La première session Mariage-Rencontre que nous avons pu relever dans Evangile et Mission
date de 1980 et eut lieu au Centre Saint-François à Delémont.200 En 1982, la communauté des sœurs
du Cénacle à Genève organisa également une session de ce type et en 1983, c'est le P. Bindels,
jésuite charismatique, qui anima un week-end Mariage-Rencontre dans ce même établissement.201
D'autres centres de retraite mirent sur pied ces sessions en Suisse romande : les Sœurs du Cénacle
de Sauges, la Villa Notre-Dame à Montana, La Pelouse à Bex.202 Mais le Cénacle de Genève et le
Centre Saint-François à Delémont surtout proposèrent ce type de sessions d'une à plusieurs fois par
an, dès les années 1980.203 Le mouvement suscita également un certain intérêt pour les médias car la
station de radio Rhône FM lui consacra deux émissions en 2000 et en 2001.204
En 1995, le premier week-end Amour et engagement fut organisé par le mouvement
http://www.eucharistein.org/ (page consultée le 1 mai 2011).197 Vivre et aimer, Vivre et Aimer, [En ligne], http://www.vivre-et-aimer.org/ (page consultée le 3 mai 2011).198 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, Renouveau dans l'Esprit de Dieu, Encouragements et
directives, Paris, Ed. du Centurion, 1988, p.170.199 Vivre et aimer, Vivre et Aimer, [En ligne], http://www.vivre-et-aimer.org/ (page consultée le 3 mai 2011).200 Evangile et Mission, N°17, 24 avril 1980, p.309.201 Evangile et Mission, N°19, 13 mai 1982, p.354 ; N°41, 27 octobre 1983, p.721.202 Evangile et Mission, N°41, 13 octobre 1989, p.903 ; N°19-20, 9 mai 1996, p.521 ; N°27, 6 juillet 2000, p.807 et
passim.203 Evangile et Mission, passim.204 Evangile et Mission, N°27, 6 juillet 2000, p.899 ; N°13, 22 août 2001, p.586.
37
Mariage-Rencontre à Delémont. Ces sessions étaient exclusivement réservées aux fiancés. Il est
précisé que le programme « n'[était] pas essentiellement religieux et [...] [était] ouvert à tous ».205
C'est une remarque qui revient dans Evangile et Mission lorsque la revue annonce ce type de
session : il semblerait que ces rencontres soient tout autant destinées aux croyants qu'aux non-
croyants.206 Mariage-Rencontre proposa également des sessions pour religieux et religieuses vivant
en communauté ainsi que pour célibataires.207 En effet, son objectif principal était d'aider les
personnes, quel que soit leur état de vie, à vivre ensemble en harmonie et à faire des choix pour
mieux aimer au quotidien.208
L'Association Amour et Vérité
Amour et Vérité fut fondé en 1980 par la Communauté de l'Emmanuel. C'est une association
internationale au service de la famille et de la vie qui propose aux couples, aux jeunes et aux parents
seuls une formation humaine et spirituelle fondée en premier lieu sur le témoignage de couples.
Ceux-ci souhaitent transmettre leur manière personnelle de vivre et de faire grandir leur amour ainsi
que leur expérience et leur joie d'un amour vécu dans la durée. L'équipe d'animation d'Amour et
Vérité est constituée de couples chrétiens, de prêtres, de psychologues, de médecins et d'éducateurs.
L'association propose de multiples activités pour couples, parents seuls, couples sans enfants ou
jeunes personnes désirant cheminer vers le mariage. Elle organise donc des enseignements, des
cycles de formation, des retraites, des temps d'échange entre couples, des temps de détente et
d'amitié, des moments de prière etc.209
En Suisse romande, la première session Amour et Vérité que nous avons pu relever apparaît
dans Evangile et Mission en novembre 1986. En effet, 3 week-ends de réflexion, de partage et de
prière pour couples furent organisés cette année-là par l'association Amour et Vérité à la Maison
Bertigny à Villars-sur-Glâne, à Notre-Dame du Rosaire à Grolley ainsi qu'à la Villa Vandel à Châtel
Saint-Denis.210 En 1988, 3 rencontres Amour et Vérité pour couples et fiancés furent également
annoncées dans la revue. Elles eurent lieu au Foyer de charité à Bex.211 Enfin, en 1995, un cycle de
sessions pour couples fut mis sur pied par l'association, à Fribourg.212 Evangile et mission n'annonça
que ces trois événements, mais cela n'exclut pas que d'autres week-ends, retraites ou sessions Amour
205 Evangile et Mission, N°6, 9 février 1995, p.142.206 Evangile et Mission, N°19-20, 9 mai 1996, p.521.207 Evangile et Mission, N°6, 9 février 1995, p.142.208 Vivre et aimer, Vivre et Aimer, [En ligne], http://www.vivre-et-aimer.org/ (page consultée le 3 mai 2011).209 Amour et Vérité, Bienvenue sur le site d'Amour et Vérité, [En ligne], http://www.amouretverite.org/ (page consultée
le 4 mai 2011) ; PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.157.210 Evangile et Mission, N°46, 27 novembre 1986, p.895.211 Evangile et Mission, N°1, 7 janvier 1988, p.15.212 Evangile et Mission, N°4, 26 janvier 1995, p.89.
38
et Vérité aient été organisés par le mouvement. Néanmoins, nous avons vu plus haut que la
communauté de l'Emmanuel eut très peu de rayonnement en Suisse romande, ce qui pourrait
expliquer la faible influence de sa pastorale familiale sur la région.
Les sessions et les fraternités Cana
Nous avons déjà évoqué, dans le paragraphe concernant la communauté du Chemin Neuf, les
« Fraternités Cana ». C'est en effet un mouvement d'Eglise dépendant de cette communauté
charismatique. Né en 1985, il rassemble des « couples désireux d'accueillir plus profondément la
grâce du mariage ».213 Tout comme le Chemin Neuf, les fraternités puisent leurs racines spirituelles
dans la tradition ignatienne ainsi que dans le Renouveau charismatique.214 Elles ont une vocation
œcuménique spécifique215 et reposent sur la prière, le partage, la vie en fraternités locales et une
formation chrétienne solide. Poursuivant leur objectif d'évangélisation du couple et de la famille,216
elles veulent être des lieux de communion en œuvrant pour l'unité de la personne, de la famille et du
tissu social.217
En 1989, 22 couples étaient réunis en Suisse en fraternités de 4 couples. Ils se retrouvaient
pour prier, dialoguer, partager et réfléchir sur leur vie de conjoints et de famille.218 Ils s'engageaient
alors, comme tous les membres, à se rencontrer un soir par mois pour des réunions de fraternités,
des temps de prière, de partage et de vie fraternelle et des enseignements, mais aussi à vivre trois
week-ends communautaires et une semaine de formation par an.219 Ces couples étaient parallèlement
engagés dans des groupes de prière et en paroisse.220 Il existe actuellement encore une fraternité
Cana qui se rencontre une fois par mois en Suisse romande.221
Toute fraternité Cana commence par une « session Cana ». En effet, la première étape
consiste à vivre une semaine, en couple, afin de réfléchir sur le sens du mariage, prendre le temps de
se rencontrer, de partager, d'approfondir l'unité du couple.222 Chaque jour, des enseignements sont
donnés par des prêtres et des laïcs et un cheminement adapté est proposé aux enfants selon leur
âge.223 Cette session ne peut être suivie qu'une seule fois, mais les couples qui le désirent peuvent
213 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.241.214 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.132.215 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.133.216 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.241.217 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.133.218 Nous ne connaissons malheureusement pas la proportion de romands parmi ces 22 couples.219 Evangile et Mission, N°11, 15 mars 1990, p.196.220 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.133.221 Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau
charismatique catholique de la Suisse romande, [En ligne], http://www.renouveau.ch/, (page consultée le 25 avril 2011).
222 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.240.223 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.133.
39
alors continuer à se former dans une fraternité Cana.
En Suisse, la première session Cana eut lieu en 1989, à Grangeneuve, près de Fribourg. Elle
fut organisée par les fraternités Cana locales et accueillit 75 couples participants.224 D'autres
sessions, mais également des week-ends Cana furent organisés en Suisse romande, notamment en
Valais et dans le canton de Fribourg. A partir de 1994, Evangile et mission annonça en moyenne un
week-end ou une session par année sur son agenda. Ils eurent lieu à Matran, à Grolley, à
Romainmôtier et au centre Ruah en Valais. De plus, une soirée de présentation des sessions Cana eut
lieu au printemps 1991 dans le canton de Vaud et en 1995 une rencontre fut organisée par les
sessions Cana à Lausanne pour un temps de réflexion. Un week-end Cana-famille, c'est-à-dire une
session organisée par des fraternités Cana, mais s'adressant prioritairement aux familles plutôt
qu'aux couples, fut également proposée en 2002 à Grolley.225 En 2011, une fraternité Cana pour
couples et familles est agendée pour le mois de juillet et aura lieu à Auberson, dans le Jura
vaudois.226
Les Equipes 3 ans
Une Equipe 3 ans est un groupe de 4 à 6 couples qui s'engagent à se rencontrer une fois par
mois durant 3 ans pour un temps de partage, d'accueil, d'écoute de chacun en toute confidentialité.
Elle est aussi un lieu d'apprentissage de la communication dans un couple, en famille ou avec toute
autre personne. Tous les couples sont les bienvenus, qu'ils soient mariés ou non, croyants ou non.
Chaque Equipe se réunit autour d'un animateur formé à l'écoute et à l'animation de réunions.227
Après avoir abordé, la première année, le thème de la communication dans le couple, l'Equipe
réfléchit ensuite à l'accueil et à l'éducation des enfants, pour terminer, lors de la troisième année, par
des réflexions sur le thème de l'insertion du couple et de la famille dans la société.228
En France ce mouvement fait partie des multiples propositions du Centre de Liaison des
Equipes de Recherche (CLER). Association reconnue d'utilité publique, le CLER avait été fondé en
1961, initialement pour promouvoir la planification naturelle des naissances par l'utilisation des
périodes fertiles et infertiles du cycle féminin.229 Il œuvre à présent pour l'épanouissement affectif et
224 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.132.225 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1989, p.132 ; N°11, 15 mars 1990, p.195 ; N°7, 17 février 1994, p.185 ; N°12,
23 mars 1995, p.306 ; N°9, 6 mars 1997, p.263 ; N°44, 10 décembre 1998, p.1531 ; N°40, 11 novembre 1999, p.1230 ; N°17-18, 4 mai 2000, p.525 ; N°17, 17 octobre 2001, p.761.
226 Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, [En ligne], http://www.renouveau.ch/, (page consultée le 25 avril 2011).
227 Centre de Liaison des Equipes de Recherche, Amour et Famille, CLER Amour et Famille, [En ligne] http://www.cler.net/ (page consultée le 4 mai 2011).
228 Service diocésain de Digne, Site de Pastorale Familiale créé par le service diocésain de Digne, [En ligne], http://pastoralefamiliale.free.fr/index1.htm (page consultée le 4 mai 2011).
229 Service diocésain de Digne, Site de Pastorale Familiale créé par le service diocésain de Digne, [En ligne],
40
familial de toute personne. L'ensemble de ses missions, en particulier auprès des couples, des
familles et des jeunes, est mené par des membres ayant suivi une formation rigoureuse.230 Quoique
faisant partie de la pastorale familiale, le CLER propose ses services à toute personne qui le désire,
qu'elle soit chrétienne ou non, dans le respect de ses convictions.231
Evangile et Mission nous apprend qu'en 1996 dans le Jura quelques personnes ont terminé
leur préparation d'animateur des Equipes 3 ans dans le Jura et qu'elles sont prêtes à cheminer avec
d'autres couples désireux d'approfondir leur vie de parent, de famille et de conjoints.232 En 1995, une
nouvelle offre pour la constitution d'une Equipe 3 ans en Ajoie est publiée dans la revue.233 Nous
n'avons malheureusement put récolter d'autre information sur ce sujet.
Solitude Myriam
En 1981, Danielle Bourgeois, canadienne divorcée, commença à rassembler dans sa maison
familiale des femmes blessées par leur divorce ou leur séparation et par l'éclatement de leur famille.
Assez rapidement, des hommes vivant la même épreuve se joignirent au groupe. En 1984, la
communauté naissante s'installa dans une maison à Mirabel, au Québec, et c'est là que prit forme la
communauté Solitude Myriam.234 La Famille spirituelle de celle-ci compte aujourd'hui environ 400
membres au Québec mais également dans d'autres pays du monde comme la France, l'Ile de la
Réunion et la Suisse.235 Le charisme particulier de la communauté est de venir en aide aux personnes
en situation de difficultés ou même d'échec dans leur vie conjugale ou familiale mais aussi à celles
qui désirent se prémunir de ces difficultés. Elle accueille des personnes séparées ou divorcées
désireuses de rester fidèles au sacrement du mariage et de le vivre pleinement, et cela même au-delà
du divorce. Les couples reconstitués sont également les bienvenus dans la communauté qui les
accueille et les aide à mieux comprendre l'appel que leur lance l'Eglise. Dès 1989, des personnes
seules, membres de Solitude Myriam, consacrèrent leur vie au Seigneur et en 1990 des couples
s'associèrent également à la Famille spirituelle.236
En Suisse romande, la Famille spirituelle Solitude Myriam s'apparente plus à un mouvement
http://pastoralefamiliale.free.fr/index1.htm (page consultée le 4 mai 2011).230 Centre de Liaison des Equipes de Recherche, Amour et Famille, CLER Amour et Famille, [En ligne]
http://www.cler.net/ (page consultée le 4 mai 2011).231 Service diocésain de Digne, Site de Pastorale Familiale créé par le service diocésain de Digne, [En ligne],
http://pastoralefamiliale.free.fr/index1.htm (page consultée le 4 mai 2011).232 Evangile et Mission, N°18, 5 mai 1994, p.519.233 Evangile et Mission, N°19, 11 mai 1995, p.545.234 DANIELLE, Bourgeois, « La Famille solitude Myriam... un phare d'espérance », Selon sa Parole, [En ligne],
Vol.27, N°4, (mai-juin 2001(?)), http://selonsaparole.tripod.com/bou014.htm (page consultée le 4 mai 2011).235 The Solitude Myriam Family, The solitude Myriam Family, [En ligne], http://www.solitudemyriam.org/ (page
consultée le 4 mai 2011).236 DANIELLE, Bourgeois, « La Famille solitude Myriam... un phare d'espérance », Selon sa Parole, [En ligne],
Vol.27, N°4, (mai-juin 2001(?)), http://selonsaparole.tripod.com/bou014.htm (page consultée le 4 mai 2011).
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qu'à une communauté.237 En effet, des groupes de laïcs engagés dans la Famille se réunissent chaque
semaine pour prier selon la spiritualité de la communauté. Les couples qui veulent profiter de la
richesse de cette spiritualité sont également les bienvenus. Il existe plusieurs groupes en Suisse,
notamment à Martigny238 et à Genève.239 De plus, des rencontres mensuelles pour la Suisse romande
sont organisées en Gruyères.240 En 1993, Solitude Myriam fit l'objet d'un dossier diffusé sur la
chaîne de Radio La Première dans l'émission « Bleu Ciel ». Cela montre que, dans une certaine
mesure, le mouvement avait alors assez de rayonnement en Suisse romande pour susciter l'intérêt
des médias chrétiens.241
Fraternité Notre-Dame de la Réconciliation
Les quatre premiers engagements à la Fraternité Notre-Dame de la Réconciliation furent
reçus par Mgr Schwery, alors évêque de Sion, en 1987.242 Le 4 avril de cette même année, l'évêque
officialisa la Fraternité par un décret épiscopal. Cette Fraternité regroupe des femmes divorcées ou
séparées qui se sentent appelées à rester fidèles au sacrement du mariage et à progresser sur le
chemin du pardon de ceux qui les ont blessées.243 Laïques consacrées dans le monde d'aujourd'hui,
ces femmes s'engagent à se rencontrer chaque jour pour un temps de prière et à vivre chaque année
une retraite de 5 jours. Les sacrements de l'Eucharistie et de la Réconciliation ont également une
place privilégiée dans leur vie. Le 1er octobre 1997, les statuts de la Fraternité Notre-Dame de la
Réconciliation furent approuvés par Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion.244 Le mouvement existe
en Suisse, mais il semble qu'il soit surtout présent en France. L'aumônier de la Fraternité est le père
Philippe Audollent de Clermont Ferrand (France) et la responsable de la Fraternité est madame
Bernadette Bonnel de Beaumont, en France également. Le responsable pour la Suisse est le
chanoine André Bruttin de l'Abbaye de Saint-Maurice.245
237 Evangile et Mission, N°38, 11 octobre 1990, p.746 ; Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.
238 Diocèse de Sion et Abbaye de Saint-Maurice, Bienvenue sur notre site, [En ligne], http://www.cath-vs.ch/sous-sites/site-famille/inhalt/homeF.html (page consultée le 4 mai 2011).
239 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR, juin 2001 ; Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.
240 Diocèse de Sion et Abbaye de Saint-Maurice, Bienvenue sur notre site, [En ligne], http://www.cath-vs.ch/sous-sites/site-famille/inhalt/homeF.html (page consultée le 4 mai 2011).
241 Evangile et Mission, N°16, 22 avril 1993, p.426.242 Evangile et Mission, N°38, 11 octobre 1990, p.746.243 Diocèse de Sion et Abbaye de Saint-Maurice, Bienvenue sur notre site, [En ligne], http://www.cath-vs.ch/sous-
sites/site-famille/inhalt/homeF.html (page consultée le 4 mai 2011).244 Paroisses du secteur d'Yssingeaux, Bienvenue dans les paroisses du secteur d'Yssingeaux, [En ligne], http://pr-
yx.homily-service.net/ (page consultée le 4 mai 2011).245 Diocèse de Sion et Abbaye de Saint-Maurice, Bienvenue sur notre site, [En ligne], http://www.cath-vs.ch/sous-
sites/site-famille/inhalt/homeF.html (page consultée le 4 mai 2011).
42
2. Mouvements de jeunes
Le réseau N'Ayez Pas Peur
Le réseau N'APP, N'Ayez Pas Peur, fut créé en 2005, à la mort de Jean-Paul II par un groupe
de jeunes catholiques désireux de répondre à l'appel du Pape et de s'engager sans attendre à
proclamer le message de l'Evangile. C'est une plateforme d'échange et de collaboration entre des
jeunes engagés dans différents milieux de vie chrétienne comme la paroisse, les mouvements, les
groupes de prière etc.246 Le réseau N'APP est principalement issu de deux groupes de jeunes
valaisans : la Communion Déjeune qui prie (DJP) et plus généralement les jeunes de la paroisse de
Vétroz ainsi que le groupe de prière Only All For Jesus (OAFJ) lié à la Fraternité Eucharistein.247
La Communion Déjeune qui Prie est née en 1997 à Vétroz, sous la direction spirituelle de
l'abbé Jean-François Luisier. Ces jeunes de 17 à 30 ans se réunissent pour les laudes du samedi
matin. Après la prière composée de psaumes, d'une lecture et de chants, ils se retrouvent autour d'un
petit déjeuner « léger mais consistant pour terminer la semaine et repartir du bon pied ». Depuis le
début des années 2000 d'autres groupes DJP se lancèrent en Valais mais également à Lausanne et
Morges. Ils sont actuellement onze groupes qui, chaque samedi, chantent les même chants,
choisissent les mêmes lectures et prient en même temps. Les DJP éditèrent un journal dès décembre
1998. Plus tard, ils commencèrent à organiser des événements afin de diffuser le message
évangélique.248 Ils lancèrent ainsi, dès 1999, en collaboration avec d'autres groupes de jeunes du
diocèse de Sion,249 la All'Saints Day, soirée de prière et de détente ayant pour but de rappeler à tous
que la Toussaint est non pas la fête des citrouilles, mais bien la fête de tous les Saints. 250 En 2002, ils
commencèrent leurs soirées l'Amour Vrai Attend. Il s'agissait, à l'origine, d'une préparation
spirituelle aux JMJ de Toronto, qui se prolongea par des soirées annuelles composées d'un
enseignement sur la chasteté avant le mariage et de plusieurs témoignages de jeunes couples.251
Actuellement, deux soirées l'Amour Vrai Attend sont organisées chaque année, l'une en Valais et
l'autre à Genève.252 Enfin, en 2003, les DJP mirent en route la Jesus'Town, initialement « 24 heures
246 Réseau N'APP, Jesus'Town, [En ligne], http://www.napp.ch/ (page consultée le 1er mai 2011).247 CORVASCE, Isabelle, Réseau N'APP. (2011, 26 avril). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En ligne].
Adressse par courrier électronique : [email protected] ; CORVASCE, Isabelle, Réseau N'APP. (2011, 27 avril). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En ligne]. Adressse par courrier électronique : [email protected].
248 Communion Déjeune qui Prie, Communion Déjeune qui Prie, [En ligne], http://www.djp.ch/ (page consultée le 1er mai 2011).
249 Evangile et Mission, N°19, 27 octobre 2004, p.903.250 Communion Déjeune qui Prie, Communion Déjeune qui Prie, [En ligne], http://www.djp.ch/ (page consultée le 1er
mai 2011).251 Communion Déjeune qui Prie, Communion Déjeune qui Prie, [En ligne], http://www.djp.ch/ (page consultée le 1er
mai 2011).252 Réseau N'APP, Jesus'Town, [En ligne], http://www.napp.ch/ (page consultée le 1er mai 2011).
43
pour Jésus », qui a lieu chaque année lors du Samedi Saint pour célébrer la résurrection du Christ.
Durant ce festival s'enchaînent instants de prière, adoration, chants, témoignages, concerts pour
aboutir, depuis quelques années, à la veillée pascale couronnant le tout.253
Le groupe de prière Only All For Jesus, quant à lui, fut fondé par des jeunes en 1996 à leur
retour d'un voyage en Inde où ils avaient rencontré Mère Teresa. Les membres du groupe ont entre
15 et 25 ans et s'engagent pour un an, de manière renouvelable. Le groupe OAFJ fut toujours très
proche de la Fraternité Eucharistein qui prodigua dès le début un soutien spirituel au groupe. Les
jeunes engagés se réunissent régulièrement pour prier et organisent des activités ouvertes à tous les
jeunes de leur âge (pèlerinages, veillées, journée en peau de phoque etc.). Il organisait également
tous les étés depuis 1997 le Festival Only All For Jesus, jusqu'à la création du réseau N'APP.254
Le réseau N'APP fut créé par d'anciens OAFJ afin de regrouper toutes les activités
organisées par les DJP et les OAFJ sous un seul nom. C'est ainsi que le réseau reprit en main les
soirées L'Amour Vrai Attend, la All Saints'Day, le Festival OAFJ qui devint en 2008 le Theomania
et enfin la Jesus'Town. Le réseau reprit également le journal des DJP qui devint, dès 2005, le N'APP
News, dans lequel, « derrière un look résolument jeune », on peut lire des articles qui ne transigent
pas sur le message exigeant de l'Eglise. Les OAFJ représentent aujourd'hui encore la réserve des
forces pour le réseau qui organise aussi depuis 2009 la Nuit des Sages, soirée se déroulant à la
rentrée de septembre et proposant un repas, des témoignages ainsi qu'un temps d'adoration et de
confession. Le but recherché dans toutes ces manifestations, qu'elles soient proposées par la
Communion Déjeune qui Prie, le groupe Only All For Jesus ou le réseau N'APP, est, et a toujours
été, de faire connaître le Christ aux jeunes, de leur montrer, par des activités de « fun et de foi », que
l'Eglise est toujours actuelle ainsi que de leur transmettre un grand amour de l'Eglise et du Pape.255
Les Jeunes de Lourdes
Le mouvement des Jeunes de Lourdes fut fondé en 1969 par le père Bernard Bitschnau,
missionnaire du Sacré-Cœur, à la demande de l'abbé Gustave Oggier, alors curé du Sacré-Cœur à
Sion.256 Son objectif principal était de créer un programme spécifique pour les jeunes, lors du
pèlerinage d'été de la Suisse romande à Lourdes. Il leur offrait ainsi une place particulière au sein du
253 Communion Déjeune qui Prie, Communion Déjeune qui Prie, [En ligne], http://www.djp.ch/ (page consultée le 1er mai 2011).
254 Only All For Jesus, Bienvenue sur le site de Only All For Jesus, le Christ est votre espérance, [En ligne], http://www.oafj.net/ (page consultée le 1er mai 2011).
255 CORVASCE, Isabelle, Réseau N'APP. (2011, 26 avril). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En ligne]. Adressse par courrier électronique : [email protected] ; CORVASCE, Isabelle, Réseau N'APP. (2011, 27 avril). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En ligne]. Adressse par courrier électronique : [email protected].
256 Evangile et Mission, N°34, 14 septembre 2011, p.682.
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pèlerinage, notamment par le chant (animation chorale du pèlerinage) et organisait pour eux des
activités spécifiques, entre chaque grand temps fort du pèlerinage romand. De plus, les Jeunes de
Lourdes avaient une mission de service auprès des pèlerins malades ou handicapés dont ils devaient
prendre soin.257 Au fil des années, l'initiative prit de l'ampleur et, petit à petit, les Jeunes de Lourdes
commencèrent à mettre sur pied des activités en dehors du grand pèlerinage estival. Le groupe se
transforma peu à peu en un mouvement structuré, avec des responsables pour chaque canton
romand. Les délégués cantonaux se retrouvaient dans le groupe des responsables romands pour se
tenir au courant des activités proposées.258 Il semblerait que le groupe ait même eu un rayonnement
international dans les années 1980. En effet, on peut lire dans Evangile et Mission : « les " Jeunes de
Lourdes " existent au plan international et aussi en Suisse romande ».259 La dimension chorale était
fort importante au sein du mouvement. C'est pourquoi les Jeunes de Lourdes commencèrent à
animer des messes et des veillées dans les paroisses, ils enregistrèrent des CDs, etc. Ils organisèrent
également des journées de retrouvailles par canton ainsi qu'au niveau romand.260 Même si le groupe
était destiné principalement aux jeunes ayant fait le pèlerinage à Lourdes, il était toutefois ouvert à
d'autres personnes entre 15 et 25 ans désireuses d'en faire partie. D'une quinzaine de jeunes au
début, le mouvement passa, vers la fin des années 1980, à près de 300 membres répartis dans tous
les cantons romands.261
Après avoir surmonté la crise survenue à la suite du décès du Père Bitschnau en 1997, le
mouvement perdit quelque peu sa dimension romande pour ne regrouper que des Valaisans, et
quelques Fribourgeois et Genevois. Seul le Valais possède encore aujourd'hui une structure
cantonale. De plus, les activités organisées pendant l'année diminuèrent beaucoup. Il n'en reste
qu'une journée de retrouvailles de temps à autre. Mais le temps fort, qui reste le pèlerinage à
Lourdes, rassemble chaque année encore une cinquantaine de Jeunes de Lourdes qui suivent leur
propre programme.262
L'Equipe Jeunesse
A partir de 1986, une équipe, soutenue et accompagnée par Anne-Marie Sonderegger et
Bernard Müller, les deux co-fondateurs de la communauté charismatique Cana-Myriam, commença
à organiser deux week-ends par an pour les jeunes de 16 à 30 ans. Ce petit groupe, particulièrement
rattaché à la mouvance charismatique, portait le nom de « Week-ends Jeunes Romands dans l'Esprit
257 Service Diocésain de la Jeunesse, Les dernières news, [En ligne], http://sdj.ch/news.php (page consultée le 3 mai 2011).
258 Entretien téléphonique avec l'abbé Pierre-Yves Maillard, 3 mai 2011.259 Evangile et Mission, N°35-36, 5 septembre 1985, p.600.260 Entretien téléphonique avec l'abbé Pierre-Yves Maillard, 3 mai 2011.261 Evangile et Mission, N°35-36, 5 septembre 1985, p.600 ; N°34, 14 septembre 1989, p.682.262 Entretien téléphonique avec l'abbé Pierre-Yves Maillard, 3 mai 2011.
45
du Renouveau ». En 1993, l'équipe changea d'orientation. Elle abandonna l'ancienne formule, c'est-
à-dire l'organisation de week-ends, pour mettre en place un nouveau service auprès des jeunes :
l'« Equipe Jeunesse ». Celle-ci garda sa dimension romande ainsi que son attachement particulier au
Renouveau charismatique, tout en étant ouverte à d'autres courants spirituels. Ses objectifs, encore à
l'état de projet en 1993, étaient de favoriser les lieux d'écoute et d'accueil pour les « jeunes
responsables des régions »263 afin de les aider à devenir des « éveilleurs » de la Foi. La nouvelle
équipe avait également le désir de proposer des lieux de formation pour les jeunes.264 Nous n'avons
malheureusement pu savoir ce qu'il advint de ce projet d'« Equipe Jeunesse ».
Mission-Jeunesse
En février 1991, à la suite d'un week-end « jeunes » organisé à Saint-Maurice en septembre
1990 à l'occasion du 17è centenaire de la mort de Saint-Maurice ainsi que de la première rencontre
Prier Témoigner en novembre de la même année, quelques jeunes commencèrent à se retrouver afin
de « réfléchir ensemble sur leur vocation missionnaire face à la misère morale de la société actuelle
et réagir au succès des sectes ».265 Parmi eux se trouvait Dominique Schenker, l'une des personnes à
l'origine de Prier Témoigner. Ils se retrouvaient un samedi par mois à Chamoson pour vivre un
temps de prière, d'enseignement et de partage dans l'idée d'un discernement pour les vocations. Le
groupe était entouré de l'abbé Joël Pralong, curé des paroisses de Chamoson et de Saint-Pierre-de-
Clages, Jean-Pascal Genoud, chanoine du Grand-St-Bernard, Sœur Adrienne Barras de la Pelouse à
Bex et Monique et Pascal Dorsaz, animateurs pastoraux à Sion. Durant ces premiers mois, le groupe
réunit jusqu'à 40 personnes mais celles-ci ne venaient pas toujours de manière régulière aux
rencontres. C'est pourquoi, à partir de la deuxième année, les animateurs décidèrent que les
participants devraient s'engager dans l'équipe pour un an au moins.266 C'est ainsi que, durant le
week-end de lancement en septembre 1991, « chacun s'engage[a] à vivre assidûment les rencontres
prévues, consacrer un moment chaque jour à la prière personnelle, être actifs dans la vie locale et
paroissiale [et] répondre de son mieux aux appels de " mission-jeunesse " ». Ils se rencontrèrent
donc « un samedi par mois à l'église de Saint-Pierre-de-Clages pour vivre une heure d'adoration et
prier les laudes ensemble ; puis ils gagn[aient] la paroisse de Chamoson pour partager leurs
expériences, écouter une lecture biblique et un enseignement ; l'office du milieu du jour, les vêpres
et la messe, compl[étaient] la journée. »267
263 Nous supposons qu'il s'agit des responsables de groupes de prière charismatique ou de mouvements de jeunes, mais nous n'avons pas d'information plus précise.
264 Ecoute, N°8, 1993.265 Evangile et Mission, N°15, 9 avril 1992, pp.418-419.266 Evangile et Mission, N°15, 9 avril 1992, pp.418-419 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février
2011, 21 février 2011.267 Evangile et Mission, N°15, 9 avril 1992, pp.418-419.
46
A la fin de la deuxième année de Mission-Jeunesse, cette activité fut intégrée au programme
de la communauté du Verbe de Vie, qui venait juste de s'installer à Saint-Pierre-de-Clages. Mais
presque toutes les personnes qui s'étaient engagées dans l'équipe l'année précédente étaient parties :
pour entrer dans une communauté religieuse, pour aller faire une année sabbatique au Verbe de Vie,
etc. Ils ne restaient que deux membres disponibles, dont Dominique Schenker, même si ces deux
personnes devaient s'engager, plus tard, dans la Fraternité Eucharistein. Les deux membres restant
décidèrent donc, avec le responsable du Verbe de Vie, que l'aventure s'arrêterait là. Toujours est-il
que, malgré le peu de temps que dura l'expérience, plusieurs personnes, un peu moins d'une dizaine
selon Dominique Schenker, entrèrent définitivement dans les ordres, à la suite de Mission-
Jeunesse.268
3. Mouvements pour malades et handicapés
Foi et Lumière
Le mouvement Foi et Lumière fut créé en 1971 par Marie-Hélène Mathieu et Jean Vanier à
la suite d'un pèlerinage à Lourdes. Lors de ce pèlerinage, ils avaient réuni 4000 personnes
handicapées mentales accompagnées de leurs amis et de leurs parents. Enthousiasmés par cette
expérience, les participants voulurent continuer l'aventure. C'est alors que Jean Vanier leur suggéra:
« Continuez de vous réunir en petites communautés, faites tout ce que l'Esprit Saint vous
inspirera ! » C'est ainsi que Foi et Lumière naquit. Le mouvement est formé de communautés de 14
à 50 personnes (personnes handicapées mentales ainsi que leurs parents et amis) qui se réunissent au
moins une fois par mois dans un esprit chrétien pour partager leur amitié, prier ensemble et faire la
fête. Chaque communauté organise également des activités propres, en fonction de la créativité de
ses membres : camps de vacances, retraites, pèlerinages etc. Ce mouvement communautaire étant né
au sein de l'Eglise catholique, chaque communauté est insérée dans la ou les paroisses de ses
membres qui participent à la vie de leur Eglise. Certaines communautés Foi et Lumière sont
également interconfessionnelles et des délégués des Eglises Catholique, Orthodoxe, Protestante et
Anglicane sont, ou seront prochainement, nommés. Le mouvement Foi et Lumière se donne comme
mission principale celle de montrer aux personnes handicapées qu'elles ont quelque chose à apporter
au monde dans lequel elles vivent ; d'apporter son soutien aux familles de celles-ci ; d'aider leurs
amis, particulièrement les jeunes, à ouvrir un chemin d'amitié et d'engagement envers elles.269 Foi et
268 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.269 Foi et Lumière international, Foi et Lumière international, [En ligne], http://www.foietlumiere.org/ (page consultée
le 5 mai 2011).
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Lumière s'est doté d'une charte et d'une constitution, révisées en 2008, qui permettent à toutes les
communautés de maintenir des liens au niveau international. Chaque année, un thème est proposé à
toutes les communautés dans le monde, sous la forme d'un « carnet de route ». Tous les 10 ans, le
mouvement organise un pèlerinage international à Lourdes.270
En Suisse romande, les premières communautés furent créées il y a plus de 35 ans.271 Lors du
pèlerinage à Lourdes de 1971, qui mena à la création du mouvement, un groupe suisses était déjà
présent.272 En 1990, 14 communautés existaient au niveau Suisse dont 7 se trouvaient en Valais. En
1998, ce sont 22 communautés, dont certaines œcuméniques, qui se retrouvèrent à la rencontre
nationale du mouvement organisée à la Pelouse à Bex.273 En 2001, 600 romands participèrent au
pèlerinage international Foi et Lumière à Lourdes.274Actuellement, il existe 14 communautés en
Suisse dont 12 en Suisse romande, une dans le Haut-Valais et une au Tessin. Une équipe de
coordination veille à soutenir et à encourager chaque communauté ainsi qu'à faire le lien avec le
mouvement au niveau international. Tous les 5 ans, Foi et Lumière Suisse organise un pèlerinage
national où la dimension œcuménique est toujours importante.275 Le mouvement intéressa les médias
à plusieurs reprises car en 1982, 1994 et 1998, des émissions lui furent consacrées sur la Radio
Suisse Romande, Radio-Rhône et Espace 2.276
Katimavic
Un « Katimavic », mot qui signifie « lieu de rencontre » dans le langage esquimau, est une
rencontre de personnes handicapées et de personnes non-handicapées organisées par les
communautés de l'Arche de Jean Vanier ou par des personnes proches de celle-ci. En Suisse, des
sympathisants de la communauté furent interpellés par ce qui se vivait à l'Arche et commencèrent à
mettre sur pied de tels rassemblements dès 1980. Le groupe organisateur de ces rencontres étant
œcuménique, des prêtres, des pasteurs, des religieux et des laïcs de toutes confessions participèrent
à ces rassemblements, qui eurent lieu chaque année le jour de la Pentecôte.277 Ces journées voyaient
se succéder des temps de réflexion, de prière, du chant, des jeux et des moments de partage
270 Foi et Lumière Suisse, Foi et Lumière, les communautés en Suisse, [En ligne], http://www.foietlumiere.ch/ (page consultée le 5 mai 2011).
271 Foi et Lumière Suisse, Foi et Lumière, les communautés en Suisse, [En ligne], http://www.foietlumiere.ch/ (page consultée le 5 mai 2011). ; Evangile et Mission, N°36, 4 septembre 1975, p.551.
272 Foi et Lumière Suisse, Foi et Lumière, les communautés en Suisse, [En ligne], http://www.foietlumiere.ch/ (page consultée le 5 mai 2011).
273 Evangile et Mission, N°33, 24 septembre 1998, p.1051.274 Evangile et Mission, N°8, 2 mai 2001, p.323.275 Foi et Lumière Suisse, Foi et Lumière, les communautés en Suisse, [En ligne], http://www.foietlumiere.ch/ (page
consultée le 5 mai 2011). 276 Evangile et Mission, N°42, 4 novembre 1982, p.722 ; N°24, 16 juin 1994, p.707 ; N°35, 8 octobre 1998, p.1149.277 Evangile et Mission, N°18, 2 mai 1985, p.329.
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convivial.278 Leur objectif était d'aider chaque personne à redécouvrir le message de l'Evangile pour
elle-même et à s'ouvrir à l'Esprit de la Bonne Nouvelle.279 Il semblerait que ces rencontres aient eu
lieu, une année sur deux, à Delémont au Centre Saint-François et à Bad-Schönbrunn, dans le canton
de Zoug.280 Elles réunissaient chaque année entre 150 et 200 personnes de toute confession.281 Le
rassemblement a fêté ses 25 ans en 2004 et c'est la dernière fois que nous avons pu le relever. 282
Mais n'oublions pas que, lors de notre dépouillement d'Evangile et Mission, nous nous sommes
arrêtés à la fin de l'année 2005. C'est pourquoi il est fort possible que la rencontre existe encore
actuellement.
Les Pèlerins de l'Eau-Vive
La communauté des Pèlerins de l'Eau Vive est née en 1979 au sein de la mouvance
charismatique. Marion Cahour, médecin alcoologue à Nantes, fonda le mouvement à l'âge de 70 ans
à la suite d'un pèlerinage à Lourdes.283 La mission se développa progressivement, en France d'abord,
puis dans d'autres pays.284 En 1991, le mouvement fut reconnu par l'Eglise catholique comme
« Association de fidèles laïcs du Christ » sous le nom de « La Mission Catholique Parmi les
Alcooliques : " Les Pèlerins de l'Eau Vive " ». Les membres de ce mouvement s'engagent à ne plus
boire de breuvage alcoolisé et à prier pour les malades de l'alcool, leur famille et leurs proches. Le
pèlerinage constitue la base spirituelle de la Mission. Des pèlerinages locaux sont organisés et un
pèlerinage annuel à Lourdes est mis sur pied par le mouvement sur le plan international. Chaque
groupe constitue un « cœur local » qui se réunit de manière hebdomadaire pour un temps de prière
et de partage.285 Chaque jour, les membres boivent un verre d'eau minérale ou naturelle pour qu'il
devienne le verre d'Eau Vive tendu à la Samaritaine.286 Ils récitent également la prière spécifique du
mouvement et portent, lors des pèlerinages, une pancarte disant : « Jésus Sauveur, guéris-nous de
l'alcool, merci. »287 Les Pèlerins de l'Eau Vive s'éloignèrent du mouvement charismatique lorsque
Marion Cahour remarqua que nombre de guérisons affirmées lors de manifestations charismatiques
278 Evangile et Mission, N°8, 24 février 2000, p.220.279 Evangile et Mission, N°18, 2 mai 1985, p.329.280 Evangile et Mission, N°6, 28 mars 2001, p.266 ; N°10, 29 mai 2002, p.494.281 Evangile et Mission, N°25, 18 juin 1992, p.685 ; N°20-21, 19 mai 1994, p.582.282 Evangile et Mission, N°7, 7 avril 2004, p.313.283 D'après Olivier Landron, c'est à la suite d'une session, organisée à Paray-le-Monial par la communauté de
l'Emmanuel et au cours de laquelle le père Tardif intervint, que Mme Cahour fonda le mouvement. (LANDRON, Olivier, op.cit., p.287).
284 Ecoute, automne 2007.285 Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, [En ligne], http://fr.lourdes-france.org/
(page consultée le 5 mai 2011). Les informations sur les Pèlerins de l'Eau Vive fournies par le site du sanctuaire de Lourdes avaient été tirées du site des Pèlerins de l'Eau Vive, qui n'existait plus au moment de l'écriture de ce travail.
286 Ecoute, N°1, 2001.287 Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, [En ligne], http://fr.lourdes-france.org/
(page consultée le 5 mai 2011).
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ne se réalisaient pas.288
Les Pèlerins de l'Eau Vive sont présents en Suisse romande depuis 1986. Dans cette région,
les chrétiens engagés dans le mouvement sont très proches du Renouveau. Néanmoins, lors de leur
rencontre hebdomadaire, ils prient le chapelet, ce qui n'est pas une caractéristique des rencontres de
prière charismatique.289 Les romands se joignent chaque année au pèlerinage à Lourdes organisé par
l'antenne française du mouvement.290 Des rencontres et des pèlerinages au niveau romand sont
également mis sur pied chaque année.291 En 2001, sur les 800 pèlerins qui participèrent au
pèlerinage français de l'Eau Vive à Lourdes, 39 personnes venaient de Suisse romande.292 En 2007,
3 cœurs locaux existaient à Genève, à Vevey et à Venthône.293
4. Mouvement pour l'unité
Le mouvement des Focolari
Le mouvement des Focolari, qui porte comme nom officiel « Oeuvre de Marie »,294 fut fondé
par Chiara Lubich en 1943 dans la ville de Trente, en Italie. C'est le plus ancien de tous les
nouveaux mouvements ecclésiaux. C'est aussi celui qui a, par ses effectifs, l'organisation la plus
influente et la plus importante dans le monde.295 C'est un mouvement laïc et international dont le but
principal est d'œuvrer pour la fraternité entre les personnes et les peuples.296 Le mouvement des
Focolari poursuit donc le but de « travailler avec l'Eglise à réaliser la fraternité universelle et
contribuer ainsi à l'unité de la famille humaine ». Au fil des années, quatre grands axes se sont
développés au sein du mouvement. Il s'agit du dialogue au sein de l'Eglise catholique entre les
mouvements, les groupes, les personnes, les associations etc. ; entre chrétiens de différentes
Eglises ; entre croyants des différentes religions ; entre personnes de convictions différentes.297 La
spiritualité du mouvement, à orientation communautaire, est marquée par l'affirmation de Mt 18,
20 : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. » Le mouvement est
288 LANDRON, Olivier, op.cit., p.289.289 Ecoute, automne 2007. 290 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011 ; Evangile et Mission, N°19,
14 mai 1987, p.426.291 Ecoute, N°13, 1994.292 Ecoute, N°1, 2001.293 Ecoute, automne 2007.294 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, op.cit., p.167.295 URQUHART, Gordon, « Focolari », in Encyclopaedia Universalis, le portail de la connaissance, [En ligne],
http://www.universalis.fr/encyclopedie/focolari/ (page consultée le 30 avril 2011).296 Centre de Rencontre et de formation du mouvement des Focolari, « Que tous soient un », [En ligne|,
http://www.focolari-montet.ch/ (page consultée le 8 mai 2011).297 Mouvement des Focolari, Focolare. Mouvement des Focolari, [En ligne], http://www.fokolar-bewegung.ch/ (page
consultée le 8 mai 2011).
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mené par un noyau d'hommes (focolari) et de femmes (focolare) ayant fait vœu de célibat et vivant
en communautés séparées (focolari de femmes et d'hommes).298 Beaucoup de membres masculins
ont été ordonnés prêtres et se sont consacrés au service exclusif du mouvement.299 Ces prêtres vivent
en communauté dans la mesure du possible ; sinon ils essaient de passer ensemble une journée par
semaine au moins. Les focolari mariés continuent à vivre chez eux et à exercer leur activité
professionnelle, tout en ayant fait vœu de pauvreté, d'obéissance et de chasteté dans le mariage.
L'admission dans la communauté implique des vœux pour les célibataires et des promesses pour les
personnes mariées et les prêtres, renouvelables pendant 7 ans puis définitifs.300 D'autres branches du
mouvement furent conçues afin d'introduire l'esprit des Focolari dans les divers domaines de la
société civile et religieuse. Ainsi furent développés les « volontaires » pour faire pénétrer le
christianisme dans la société, le mouvement « Nouvelles Familles » autour des focolari mariés, la
GEN qui rassemble la deuxième et la troisième génération du mouvement. Il existe également des
ramifications du mouvement auprès des prêtres, et même des évêques et des cardinaux.301 A partir
des années 1990, le mouvement mit l'accent sur la société civile et la politique.302 C'est ainsi qu'il
créa le Mouvement Politique Pour l'Unité (MPPU) qui a pour principales fonctions d'offrir un
espace de dialogue aux différentes personnes engagées dans la politique, de promouvoir une
politique dont le but serait le bien commun, de favoriser le dialogue entre citoyens et politiques et
entre les différentes institutions politiques et publiques, de soutenir les initiatives qui contribuent à
former une société plus équitable et solidaire. De nombreuses initiatives furent également menées
dans les domaines de l'art comme des groupes de musique et de ballet. Le mouvement des Jeunes
Pour un Monde Uni engage des actions internationales de solidarité en faveur de pays touchés par
des catastrophes naturelles et civiles.303 Le mouvement des Focolari développa de nombreux autres
groupes afin d'être présent autant que possible au sein des réalités civiles et religieuses.
C'est en 1960 que fut fondé à Zurich le premier focolare suisse.304 En 1981, il existait 10
focolares à Zurich, Berne, Genève et Lugano. En 1978, un centre de rencontre fut ouvert à Baar
dans le canton de Zoug.305
Il existe depuis 1981 un Centre international de Rencontre et de Formation du mouvement
des Focolari, à Montet, dans la Broye fribourgeoise. Il s'agit, tout comme à Baar, d'une « cité
298 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, op.cit., pp.165-166.299 URQUHART, Gordon, « Focolari », op.cit.300 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, op.cit., p.166.301 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, op.cit., p.167.302 URQUHART, Gordon, « Focolari », op.cit.303 Mouvement des Focolari, Focolare. Mouvement des Focolari, [En ligne], http://www.fokolar-bewegung.ch/ (page
consultée le 8 mai 2011).304 1962 d'après le site internet du Mouvement en Suisse. (Mouvement des Focolari, Focolare. Mouvement des
Focolari, [En ligne], http://www.fokolar-bewegung.ch/ (page consultée le 8 mai 2011).)305 Evangile et Mission, N°30, 30 juillet 1981, p.475.
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pilote » qui, insérée dans le tissu social environnant, regroupe des familles, des petites entreprises,
des habitants, des appartements de vacances etc. Ses habitants et ses hôtes désirent mettre les
valeurs de l'Evangile au cœur de la vie sociale et vivre ensemble en fondant leurs relations sur
l'amour réciproque.306 Une centaine de jeunes venus des 5 continents qui envisagent un engagement
total dans le mouvement des Focolari viennent y suivre leur deuxième année de formation, après
avoir achevé leur première à Lopiano, près de Florence.307 Le Centre abrite également un atelier de
literie, de production de saumon fumé et de montage de chaises. Il accueille aussi des personnes, des
familles ou des groupes désirant partager le style de vie évangélique des habitants durant une
période plus ou moins longue.308 En outre, le centre de Montet collabore activement à l'organisation
du rassemblement Prier Témoigner à Fribourg ainsi qu'à d'autres manifestations.309
Chaque année à partir de 1976, une rencontre d'été réunissait tous les membres du
mouvement en Suisse avec les personnes qui désiraient mieux connaître les Focolari. La
manifestation rassemblait entre mille et deux mille personnes appartenant à toutes les classes d'âge
et venant des quatre coins de la Suisse, seuls, en groupe ou en famille.310 Certaines années, la
rencontre était organisée en plusieurs endroits de Suisse afin de répartir le nombre des
participants.311 Le mouvement organisa également des journées de rencontre pour prêtres et
animateurs en pastorale afin de se faire connaitre. Il proposa régulièrement des journées pour
religieux et jeunes intéressés à la vie religieuse.312 Des rencontres sur des thèmes particuliers,
toujours destinés à améliorer les relations entre les personnes, furent proposés plusieurs fois par
année par le mouvement en Suisse romande.313 Des séjours de vacances avec les Focolari furent
offerts pour les jeunes, les familles, les adultes et les enfants.314 Le Mouvement « Familles
Nouvelles » organisa des après-midis de rencontre pour les familles.315 La branche politique du
mouvement, le MPPU est aussi très active en Suisse.316
En 1999, les Focolari mirent sur pied la première rencontre nationale des mouvements
ecclésiaux et communautés nouvelles à Baar. Ce rassemblement devait permettre à chaque
306 Mouvement des Focolari, Focolare. Mouvement des Focolari, [En ligne], http://www.fokolar-bewegung.ch/ (page consultée le 8 mai 2011).
307 Evangile et mission, N°37, 29 septembre 1983, p.647.308 Centre de Rencontre et de formation du mouvement des Focolari, « Que tous soient un », [En ligne|,
http://www.focolari-montet.ch/ (page consultée le 8 mai 2011).309 Evangile et Mission, N°9, 16 mai 2001, p.387.310 Evangile et Mission, N°25, 24 juin 1976, p.547 ; N°29-30, 21 juillet 1977, p.503 ; N°29, 19 juillet 1979, p.493 et
passim.311 Evangile et mission, N°8, 22 février 1990, p.134.312 Evangile et Mission, N°8, 26 février 1987, p.151 ; N°38, 10 octobre1991, p.986 et passim.313 Evangile et Mission, N°10, 10 mars 1988, p.238 et passim.314 Evangile et Mission, N°20-21, 19 mai, p.478 et passim.315 Evangile et Mission, N°16, 17 septembre 2003, p.61.316 Mouvement des Focolari, Focolare. Mouvement des Focolari, [En ligne], http://www.fokolar-bewegung.ch/ (page
consultée le 8 mai 2011).
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mouvement de se faire connaître mais également d'apprendre à connaître les autres.317 En 2000 et
2001, le mouvement organisa une rencontre entre les paroisses et les communautés nouvelles ainsi
que les nouveaux mouvements ecclésiaux afin, également, de leur permettre de faire connaissance et
de pouvoir ainsi mieux travailler ensemble.318
Le groupe Gen Rosso se produisit à plusieurs reprises en Suisse romande, notamment à Sion,
Fribourg et Genève en 1976 et à Berne en 2004 lors de la rencontre avec le pape Jean Paul II.319 Ce
groupe de musique fut créé en 1966 à Lopiano sous l'impulsion de Chiara Lubich « dans le dessein
de communiquer, à travers la musique, des messages de paix et de fraternité universelle et ainsi de
participer à la réalisation d'un monde plus uni ». Il a la particularité de regrouper des musiciens
d'une dizaine de nationalités différentes qui s'engagent à vivre selon les valeurs dont ils sont les
ambassadeurs.320 Le groupe Gen Verde, troupe de spectacle issue des Focolari, travaillant dans le
même esprit que Gen Rosso, fit également plusieurs représentations en Suisse romande dans les
années 2000.321
Dès le début des années 1970, les médias romands consacrèrent plusieurs émissions au
mouvement des Focolari ou à l'une de ses nombreuses branches. Notamment en 1997 et 2003,
l'émission « Racines », diffusée sur la TSR, s'intéressa au mouvement ainsi qu'à sa fondatrice,
Chiara Lubich.322
Le mouvement des Focolari organisa encore de nombreux événements en Suisse, que ce soit
au niveau national ou romand. Nous ne pouvons pas tous les énumérer ici, mais il est certain que ce
mouvement fut très actif dans l'organisation de rencontres pour jeunes, pour familles etc. Il sut
également se faire connaitre en proposant régulièrement des journées d'information, pour prêtres,
religieux, ou laïcs.
5. Mouvement pour les pauvres
Association Points-Cœur
L'Association Points-Cœur est une œuvre catholique de compassion et de consolation. Elle
fut fondée en 1990 par le père Thierry de Roucy, alors Supérieur général des Serviteurs de Jésus et
317 Evangile et Mission, N°32, 16 septembre 1999, pp.974-975.318 Evangile et mission, N°33, 8 novembre 2000, pp.75-76 ; N°22, 21 décembre 2001, pp.932-933.319 Evangile et Mission, N°41, 14 octobre 1976, p.664 ; N°11, 9 juin 2004, pp.474-475.320 Gen Rosso, Bienvenue sur le site officiel du Gen Rosso, [En ligne], http://www.genrosso.com/index.php (page
consultée le 8 mai 2011).321 Evangile et Mission, N°7, 11 avril 2001, p.311.322 Evangile et Mission, N°44, 2 novembre 1972, p.729 ; N°42, 24 octobre 1996, p.1166 ; N°32, 18 septembre 1997,
p.1065 ; N°10, 28 mai 2003, p.480.
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de Marie. Reconnue Association privée de fidèles en 2000, elle offre la possibilité à des jeunes de se
consacrer, durant 14 mois au moins, au service des plus pauvres à travers le monde.323 Les Points-
Cœur sont de petits foyers d'accueil de jour, insérés dans les quartiers pauvres des grandes villes du
tiers-monde mais également d'Europe. Ils sont habités par 5 ou 6 volontaires appelés « Amis des
enfants ».324 Ceux-ci assurent une présence d'écoute et d'accueil pour les enfants et les familles en
détresse. De plus, ils se rendent disponibles aux plus isolés par des visites chez ceux que la société a
marginalisés. Ils assurent, en outre, un service semblable dans les hôpitaux, les orphelinats, les
prisons etc.325 La dimension spirituelle tient une grande place dans les Points-Cœur à travers
l'adoration, l'eucharistie et la prière du chapelet quotidiennes.326 Il existe des villages Points-Cœur
qui sont le résultat du développement des maisons Points-Cœur : ils offrent un accompagnement et
une prise en charge intégrale à des personnes en situation critique. En outre, les Points-Cœur
Etudiants et Professionnels proposent à des jeunes de partager la vie de communauté, de prière et de
compassion au sein d'une maison Points-Cœur, tout en gardant leur activité professionnelle ou
estudiantine. Avec les années, d'autres branches de Points-Cœur se sont développées qui regroupent
des laïcs consacrés désireux de vivre en permanence du charisme de Points-Cœur, des prêtres vivant
leur sacerdoce au sein de la mission Points-Cœur ou encore des religieuses vivant du charisme de
Points-Cœur.327
En Suisse romande, des jeunes s'engagèrent dès 1995 (peut-être même plus tôt) à passer une
année au sein de maisons Points-Cœur pour y pratiquer « l'hospitalité du cœur » à l'égard des plus
pauvres.328 A la suite de ces engagements, en 1996, naquit l'Association Points-Cœur suisse à
Bramois. Elle se donna pour mission d'encadrer et d'accompagner les jeunes volontaires ainsi que de
rechercher des fonds pour les différents projets de l'œuvre. Elle se réunit régulièrement pour des
moments de réflexion et organise des formations, des journées pour les familles ainsi que d'autres
activités afin d'aider ses membres à vivre du charisme de compassion.329 En 2002, s'ouvrit à Genève
un Point-Cœur Etudiants et Professionnels. Cette maison se donna pour tâche de former les futurs
volontaires suisses et d'organiser des événements et conférences visant à éveiller le monde aux
fondements de la dignité des personnes.330
323 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.p294-295.324 Points-Cœur Suisse, Remettre l'homme au centre, [en ligne], http://suisse.pointscœur.org/ (page consultée le 5 mai
2011) ; PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.p294-295.325 Points-Cœur Suisse, Remettre l'homme au centre, [en ligne], http://suisse.pointscœur.org/ (page consultée le 5 mai
2011).326 PINGAULT, Pascal et Marie-Annick, op.cit., p.p294-295.327 Points-Cœur Suisse, Remettre l'homme au centre, [en ligne], http://suisse.pointscœur.org/ (page consultée le 5 mai
2011).328 Evangile et Mission, N°5, 2 février 1995, p.113.329 Evangile et Mission, N°8, 1er mai 2002, p.355; Points-Cœur Suisse, Remettre l'homme au centre, [en ligne],
http://suisse.pointscœur.org/ (page consultée le 5 mai 2011).330 Points-Cœur Suisse, Remettre l'homme au centre, [en ligne], http://suisse.pointscœur.org/ (page consultée le 5 mai
54
6. Mouvements pour vivre sa foi dans le monde
Groupe St-Nicolas et Dorothée de Flüe
Le groupe St-Nicolas et Dorothée de Flüe fut initié en 1994 par des chrétiens désireux de
vivre leur engagement professionnel à la lumière de la foi chrétienne.331 Parmi eux Nicolas Buttet,
futur fondateur de la Fraternité Eucharistein. Après avoir eu plusieurs contacts avec la communauté
de l'Emmanuel qui organisait, grâce à son action « Présence et Témoignage », des rencontres pour
cadres d'entreprise chrétiens auxquelles Nicolas Buttet avait été plusieurs fois invité comme
intervenant, le petit groupe décida de tenter l'expérience en Suisse. C'est ainsi qu'une première
session fut organisée sur deux jours au Bouveret en octobre 1996. Dès l'année suivante, la rencontre
prit la forme qu'elle conserva jusqu'à aujourd'hui, c'est-à-dire du vendredi soir au dimanche midi, et
se déroula à Saint-Maurice, généralement le premier dimanche de l'Avent.332 Durant chaque
rencontre, des personnalités choisies sont invitées à témoigner de leur engagement chrétien dans le
monde scientifique, économique, politique, social et culturel. « Le but de cette rencontre est
d'apporter un éclairage nouveau sur différents domaines de l'agir humain et de proposer également
aux participants une démarche spirituelle avec la Messe et les offices liturgiques. » L'adoration du
Saint-Sacrement durant toute la durée de la rencontre accentue encore la dimension spirituelle du
groupe.333 La Fraternité Eucharistein, née en 1996, assura dès le début le soutien logistique et
liturgique de la rencontre. Dès la première année, des soirées avec enseignement, messe et adoration
eucharistique furent organisées de manière irrégulière pour les organisateurs de la rencontre
annuelle afin de porter celle-ci dans la prière. Ces rencontres permettaient un « approfondissement
de la réflexion sur des thèmes d'actualité à la lumière de la pensée sociale et chrétienne ».334 A partir
du printemps 1997, cette veillée fut fixée chaque troisième vendredi du mois à Châtel-Saint-Denis,
chez les Sœurs oblates de Saint-François de Sales. En 2005, ces rendez-vous mensuels cessèrent en
raison du manque de disponibilité des personnes concernées.
La Fraternité Eucharistein joue un rôle essentiel dans l'organisation de ces rencontres car,
outre le fait qu'elle porte encore l'initiative dans sa prière, c'est Nicolas Buttet qui recrute chaque
année les intervenants.335
2011).331 Groupe St-Nicolas et Dorothée de Flüe, Rencontre 2010, [En ligne], http://www.nicolasdeflue.org/ (page consultée
le 2 mai 2011).332 EMONET, Jérôme, Groupe Saint-Nicolas et Dorothée de Flüe. (2011, 4 mai). [Courrier électronique à Virginie
Dufour], [En ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected] Groupe St-Nicolas et Dorothée de Flüe, Rencontre 2010, [En ligne], http://www.nicolasdeflue.org/ (page consultée
le 2 mai 2011).334 Evangile et Mission, N°37, 22 octobre 1998, p.1248 ; N°38-39, 28 octobre 1999, p.1191.335 EMONET, Jérôme, Groupe Saint-Nicolas et Dorothée de Flüe. (2011, 4 mai). [Courrier électronique à Virginie
Dufour], [En ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected].
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Etre Homme et Femme Aujourd'hui
Le mouvement Etre Homme et Femme Aujourd'hui fut fondé en 1991 dans le canton de
Fribourg. Nouveau mouvement théologique et spirituel, il avait pour objectif d'approfondir la
connaissance des Ecritures. Il organisait de petites récollections ainsi que des réunions de prière
dans les paroisses et communes des cantons.336 Le mouvement fut passablement actif dans le canton
de Fribourg jusqu'en 1995. Il organisa chaque année plusieurs conférences et récollections qui furent
annoncées par Evangile et Mission.337 Il mit également sur pied un pèlerinage à Sainte-Catherine de
Sienne en 1993.338 Mais il semble que le mouvement disparut en 1995, car la revue interdiocésains
n'en fait plus mention depuis cette date.
Chapitre III : Le renouvellement des anciennes structures
1. Les communautés
La Congrégation Notre-Dame du Cénacle
La Congrégation Notre-Dame du Cénacle, fondée par Sainte Thérèse Couderc et le père
Etienne Terme en 1826,339 s'installa en trois lieux en Suisse romande au cours des 60 dernière
années. Présentes à Genève depuis 1954,340 les Sœurs du Cénacle s'implantèrent à St-Aubin dans le
canton de Neuchâtel (Cénacle de Sauges) en 1981341 et aux Genevez, dans les Franches-Montagnes,
en 1994.342 La mission principale des Sœurs du Cénacle réside dans l'approfondissement de la foi
par la proposition de formations diverses, l'accompagnement des catéchumènes, l'organisation de
retraites, mais également par l'accueil spirituel et l'engagement dans la pastorale diocésaine et
locale.343
Les Sœurs du Cénacle344 furent très proches du Renouveau charismatique. En effet, comme
336 Evangile et Mission, N°1-2, 10 janvier 1991, p.18.337 Evangile et Mission, passim de 1991 à 1994.338 Evangile et mission, N°45, 2 décembre 1993, p.1131.339 Conférence des religieux et religieuses de France, Conférence des religieux et religieuses de France, [En ligne],
http://www.viereligieuse.fr/ (page consultée le 3 mai 2011).340 Le Cénacle Genève, Bienvenue sur le site du Cénacle, [En ligne], http://www.cenacle.ch/ (page consultée le 3 mai
2011).341 Evangile et Mission, N°41, 29 octobre 1981, p.676.342 Evangile et Mission, N°14, 6 avril 2011, p.392.343 Le Cénacle Genève, Bienvenue sur le site du Cénacle, [En ligne], http://www.cenacle.ch/ (page consultée le 3 mai
2011).344 Ce qui suit est surtout valable pour les Cénacles de Genève et de Sauges car nous n'avons que très peu d'information
sur le Cénacle des Genevez.
56
nous le verrons dans la deuxième partie de ce travail, l'un des premiers groupes de prière
charismatique du canton de Genève fut fondé chez les Sœurs du Cénacle, en 1979.345 De plus, dès
leur arrivée à Sauges, les sœurs organisèrent des retraites dans la mouvance charismatique.346 Les
deux premiers groupes de prière du canton de Neuchâtel furent formés à la suite d'une de ces
retraites, l'un chez un particulier et l'autre chez les sœurs mêmes, avec un couple de laïcs.347 Selon
Jean-Pierre Jolliet, membre du Renouveau charismatique, ce qui pourrait expliquer l'ouverture des
Sœurs du Cénacle pour le Renouveau charismatique réside dans le fait qu'elles avaient un Cénacle à
Paray-le-Monial et qu'elles étaient très proches de la communauté de l'Emmanuel. Elles étaient
également présentes à Versailles où deux sœurs françaises de Sauges avaient déjà fondé un groupe
de prière charismatique.348
Etant donné leur expérience du Renouveau, les Sœurs du Cénacle organisèrent très tôt de
nombreux week-ends, retraites, journées charismatiques avec de grands intervenants du Renouveau
(Raymond Halter sm, Michel Bouillot sj., Bernard Bindels sj. etc.).349 Le Cénacle des Genevez fut
également d'un grand soutien pour les groupes de prière jurassiens.350 Pourtant, en raison d'un
manque de relève, les sœurs furent contraintes à quitter les Franches-Montagnes en 2002 déjà et
n'eurent donc qu'un rayonnement limité sur la région.351 A Genève également, à cause de difficultés
financières et d'un manque de renouvellement, les sœurs du Cénacle quittèrent leur maison en
1992.352
Dans le canton de Neuchâtel, les sœurs du Cénacle changèrent d'orientation au début des
années 2000. En 2002, la communauté devint propriétaire de la maison à Saint-Aubin, grâce à la
Fondation Pré-de-Sauges qui put, grâce à de nombreux dons, rassembler la somme nécessaire « pour
permettre le maintien de la communauté des Sœurs du Cénacle à Saint-Aubin-Sauges ».353 Mais en
2003, la communauté de Sauges devint, par décret de Mgr Genoud, évêque du diocèse de Lausanne-
Genève-Fribourg, la « Communauté ecclésiale du Cénacle au Pré-de-Sauges ». Ce changement de
nom scellait la reconnaissance officielle de la nouvelle orientation prise par les sœurs de Sauges.
Voilà comment le numéro 15 de l'année 2003 d'Evangile et Mission décrit le changement :
Depuis leur installation au Pré-de-Sauges en 1981, les Sœurs du Cénacle ont vu les activités de leur maison évoluer constamment, principalement au cours de la dernière décennie. Signe des temps, elles ont, depuis plusieurs années, tourné leurs regards et leurs efforts principalement vers l'accueil (familles, groupes,
345 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011.346 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.347 Entretien avec Marcel Ruedin, Fribourg/FR, 30 mars 2011 ; Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-
Légier/VD, 17 février 2011.348 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.349 Evangile et Mission, N°32, 27 août 1981, p.506 ; N°24, 16 juin 1983, p.427 ; passim.350 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 2011.351 Evangile et Mission, N°8, 1er mai 2002, p.365.352 Evangile et Mission, N°45, 28 novembre 1991, p.1196 ; N°40, 1er octobre 1992, p.1045.353 Evangile et Mission, N°22, 11 décembre 2002, p.1025.
57
personnes seules) et l'accompagnement spirituel. Le tout dans les spiritualité de la congrégation des Sœurs du Cénacle fondée sur l'attente des apôtres entre l'Ascension et la Pentecôte »354
Les Sœurs de Sauges se sont finalement éloignées de la Congrégation des religieuses de
Notre-Dame du Cénacle, car elles désiraient ouvrir leur charisme aux hommes, « sans chercher à
établir la mixité sous un même toit comme on peut le voir dans de nouvelles communautés ».355
Elles désiraient également s'engager à long terme en Suisse. Or elles faisaient, à l'époque, partie de
la Province France.356 La communauté fut, dès lors, placée sous l'autorité de l'évêque diocésain.357
Le charisme et la mission de la nouvelle communauté de Sauges ont plusieurs aspects :
témoignage chrétien par leur vie fraternelle, accueil et formation, communion dans un esprit
d'ouverture et d'accueil des différences, notamment confessionnelles. Les ami(e)s du Cénacle
prennent part à certains aspects de la vie et de la mission de la communauté. Parmi les activités
proposées par le Cénacle de Sauges, nous pouvons citer l'accueil de retraitants (y compris les
familles), l'animation de retraites, l'accompagnement spirituel et le catéchuménat pour jeunes et
adultes.358 De plus, même si la communauté n'appartient pas directement à cette mouvance359, un
groupe de prière dans l'esprit du Renouveau charismatique se réunit tous les jeudis à 20h.360
2. Les centres de formation
En Suisse romande, il existe un grand nombre de centres destinés à l'organisation de week-
ends de formation ou de prière ainsi qu'à l'accueil de retraitants. Ces maisons sont généralement
tenues par d'anciennes congrégations religieuses ou propriétés de l'Eglise diocésaine. Evangile et
Mission publie environ 4 fois par année le programme de ces différentes maisons de retraite. Grâce
aux informations recueillies dans cette revue nous avons pu remarquer que la plupart de ces centres
de retraite ont su s'adapter à l'évolution spirituelle que vivait l'Eglise et ont proposé, parfois très tôt,
des types de retraites ou de week-ends d'un genre nouveau.
354 Evangile et Mission, N°15, 3 septembre 2003, pp.696-698.355 Evangile et Mission, N°15, 3 septembre 2003, pp.696-698.356 Cénacle Sauges, Changement d'orientation du Cénacle de Sauges. (2011, 11 mai). [Courrier électronique à Virginie
Dufour], [En ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected] Evangile et Mission, N°15, 3 septembre 2003, pp.696-698.358 Communauté du Cénacle de Sauges, Toi qui vient sur le site du Cénacle, Joie et Paix en Jésus-Christ, [En ligne],
http://www.cenaclesauges.ch/ (page consultée le 3 mai 2003).359 Cénacle Sauges, Changement d'orientation du Cénacle de Sauges. (2011, 11 mai). [Courrier électronique à Virginie
Dufour], [En ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected] Communauté du Cénacle de Sauges, Toi qui vient sur le site du Cénacle, Joie et Paix en Jésus-Christ, [En ligne],
http://www.cenaclesauges.ch/ (page consultée le 3 mai 2003).
58
La maison Notre-Dame de la Route est, depuis 1975, un centre spirituel et de formation tenu
par des jésuites.361 Or dès le milieu des années 1970, l'équipe responsable de la maison commença à
proposer des week-ends spirituels dans la mouvance du Renouveau charismatique. A partir de 1980,
elle invita plusieurs fois par année le jésuite charismatique belge, Jean van den Eynde, à venir
prêcher des retraites.362 Elle invita par la suite d'autres jésuites membres du Renouveau pour des
retraites ou des week-ends dans la mouvance charismatique.363 De plus, ce centre spirituel organise
actuellement des types de retraites qui dénotent une véritable adaptation au monde actuel comme
par exemple une « méditation chrétienne avec Anthony de Mello »364 ou un « week-end Zen » basé
sur des enseignements de philosophie Zen.365
A la maison Notre-dame du Silence à Sion, propriété d'une fondation du diocèse de Sion, des
retraites et des week-ends dans la mouvance charismatique furent également mis sur pied, dès 1980,
avec comme prédicateurs les mêmes jésuites charismatiques qui prêchaient à Notre-dame de la
Route.366 En outre, ce centre accueillit en 1987 la première retraite sacerdotale charismatique
organisée en Suisse romande, avec le P. Tardif et Georgette Blaquière, deux personnalités très
célèbres du Renouveau.367
Le Centre Saint-François à Delémont, établissement diocésain,368 le Foyer franciscain à
Saint-Maurice, tenu par une fraternité de capucins,369 la maison Sainte-Marthe au Bouveret, animée
par les moines de Saint-Benoit de Port-Valais,370, la Pelouse à Bex, tenue par les Sœurs de Saint-
Maurice371 et Notre-Dame du Rosaire à Grolley, maison de retraite animée par les Coopérateurs
Paroissiaux du Christ-Roi, organisèrent tous, durant les décennies 1980 et 1990, un ou plusieurs
week-ends, retraites ou sessions charismatiques pour jeunes, pour couples ou pour familles. Ceux-ci
furent moins fréquents qu'à Notre-Dame de la Route ou Notre-Dame du Silence, mais Evangile et
Mission en annonça néanmoins plusieurs dans chaque établissement, sauf à Notre-Dame du Rosaire
361 Notre-Dame de la route, Centre spirituel et de formation, [En ligne], http://www.ndroute.ch/ (page consultée le 2 mai 2011).
362 Evangile et Mission, N°17, 24 avril 1980, p.308 et passim.363 Evangile et Mission, N°17, 3 mai 1984, p.313 ; N°16, 21 avril 1988, p.374.364 Evangile et Mission, N°8, 2 mai 2001, p.365.365 Notre-Dame de la route, Centre spirituel et de formation, [En ligne], http://www.ndroute.ch/ (page consultée le 2
mai 2011).366 Evangile et Mission, N°42, 30 octobre 1980, p.709.367 Evangile et Mission, N°9, 5 mars 1987, p.175.368 Centre Saint-François, Espace d'accueil. Réunions, formation, hébergement, [En ligne],
http://www.centresaintfrancois.ch/ (page consultée le 2 mai 2011).369 Les franciscains capucins de Suisse romande, Souffle d'Assise et famille franciscaine en Suisse romande, [En ligne],
http://www.capucins.ch/ (page consultée le 2 mai 2011).370 Abbaye Saint-Benoit de Port-Valais, Abbaye Saint-benoit de Port-Valais. Entrée au port de ta Volonté, psaume 107,
[En ligne], http://www.abbaye-saint-benoit.ch/, (page consultée le 2 mai 2011).371 La Pelouse, Bienvenue, [En ligne], http://www.lapelouse.ch/ (page consultée le 2 mai 2011).
59
où seul un week-end Renouveau pour jeunes fut annoncé en 1992.372
Le Centre spirituel Sainte-Ursule, lieu développé par les paroisses de Fribourg en lien avec
les sœurs de Sainte-Ursule, est aujourd'hui animé par une équipe de laïcs, de religieuses et d'un
religieux. Il propose toute une panoplie d'activités destinées à approfondir la spiritualité personnelle
ainsi que la formation humaine et chrétienne des participants :
[Son] offre permet de découvrir ou d'approfondir différents chemins : la méditation selon A. de Mello, la méditation Zen, la prière accompagnée, des démarches de spiritualité ignatienne, la danse rituelle, la peinture d'icônes.373
A cela s'ajoutent des conférences, des parcours bibliques et des ateliers de partage. On
remarque que cette maison, et d'autres avec elle, proposent certaines activités étonnantes pour un
centre chrétien, comme la méditation Zen chrétienne. Il est intéressant de remarquer que cet
établissement catholique, voulu par les paroisses de Fribourg, tente de s'adapter à son temps et de
modifier ses offres en fonction des nouvelles attentes de la société.
3. La reprise d'anciennes pratiques et dévotions
Adoration perpétuelle à Fribourg
Durant la deuxième partie du XXè siècle, on assiste à un mouvement de reprise des
dévotions anciennes, traditionnelles et populaires, comme le chapelet, la vénération des saints et les
pèlerinages.374 Ainsi, comme nous l'avons vu plus haut, certaines communautés nouvelles remirent à
l'honneur la pratique de l'adoration eucharistique.375 Le pape Jean-Paul II participa également à cette
remise au goût du jour de l'adoration en proclamant, en octobre 2004, l'Année Eucharistique. En
2005, dans le cadre de cette célébration, un groupe de laïcs catholiques des paroisses de Fribourg
mit sur pied un « mois eucharistique ». Il se déroula du 2 au 29 mai à la basilique Notre-Dame à
Fribourg. Une adoration perpétuelle fut alors mise en place, de jour comme de nuit. Durant 30 jours
des personnes se relayèrent devant le Saint-Sacrement, le but étant de ne jamais Le laisser sans
adorateur. Cette initiative fut soutenue par Mgr Genoud, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et
Fribourg.376 Devant le franc succès obtenu par ce mois eucharistique, les organisateurs décidèrent de
372 Voici les références des premières retraites charismatiques annoncées par Evangile et Mission dans chaque établissement : Evangile et Mission, op.cit., N°40, 22 octobre 1987, p.793 ; N°21, 28 mai 1987, p.451 ; N°16, 21 avril 1988, p.375 ; N°33-34, 25 août 1988, p.742 ; N°34-35, 20 août 1992, p.888.
373 Centre spirituel Sainte-Ursule, La vie germe dans ma terre intérieure, [En ligne], http://www.centre-ursule.ch/ (page consultée le 2 mai 2011).
374 LANDRON, Olivier, op.cit., p.364.375 MASSON, Catherine, op.cit., pp.277.376 Evangile et Mission, N°9, 27 avril 2005, p.413.
60
prolonger l'aventure en instituant, toute l'année, une adoration perpétuelle. Elle fut lancée le 19
octobre 2005 par une Eucharistie à la Basilique Notre-Dame à Fribourg.377 L'adoration perpétuelle à
Fribourg existe toujours actuellement, quoiqu'elle fût déplacée à l'Eglise des Cordeliers en janvier
2010. Depuis 2007, une journée eucharistique est organisée chaque année par les responsables de
l'adoration. Ainsi, se sont succédés le père Daniel Ange, fondateur de Jeunesse-Lumière, le père
Nicolas Buttet, modérateur de la Fraternité Eucharistein, le père Pierre Descouvemont, auteur de
nombreux livres de spiritualité catholique ainsi que le père Cantalamessa, prédicateur du Pape, pour
une journée composée d'enseignements, d'une messe festive et d'une veillée d'adoration. Le 7 mai
2011, c'est le père Daniel Ange qui fut à nouveau invité à animer cette journée eucharistique.378
Dans le Jura, durant les années 1990, les groupes de prière charismatique mirent en place un
« Chemin d'adoration ». Il consistait à s'engager librement à prier pour les vocations sacerdotales et
à soutenir, par la prière, les prêtres durant toute leur vie.379
Enfin, dans plusieurs paroisses de Suisse romande, une adoration continue ou occasionnelle
fut mise en place. Proposant une heure à quelques jours par semaine d'exposition du Saint-
Sacrement, elles permettaient aux fidèles de s'engager à être présent pour un temps défini d'avance
ou simplement à venir prier devant Jésus Eucharistie lorsque le désir les prenait.380
L'Ecole de la Parole
L'Ecole de la Parole est « une méthode d'initiation à la lecture de la Bible et à la prière
chrétienne, proposée à tous, au service de toutes les églises et communautés chrétiennes et en
relation avec elles. » Voilà comment est définie dans la charte de l'Ecole de la Parole en Suisse
romande l'initiative du cardinal Martini qui, dans les années 1980, remit en valeur la méthode
millénaire de la Lectio divina à Milan. Il entreprit cette démarche pour de jeunes chrétiens qui lui
demandèrent de leur apprendre à prier d'après la Bible.381 Le mouvement de l'Ecole de la Parole
édite chaque année un livret proposant sept rencontres sur un thème spécifique. Son objectif est de
montrer que la lecture de la Bible n'est pas réservée aux ministres et aux théologiens et qu'on peut
prier sur l'Evangile.382 Il s'adresse d'abord aux plus jeunes générations, mais pas de manière
377 Evangile et Mission, N°18, 28 septembre 2005, p.853.378 Adoration perpétuelle à Fribourg, Adoration perpétuelle à Fribourg, [En ligne], http://www.eucharistie.ch/ (page
consultée le 7 mai 2011.379 Ecoute, 4ème trimestre 1998 ; N°3, 1999.380 Ecoute, N°1, 2000 ; AECR, Rencontre annuelle, 21 octobre 2001 ; AECR, Rencontre annuelle, 18 octobre 2003 ;
AECR, Rencontre annuelle, 18 octobre 2008.381 Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, CTEC : Communauté de travail des Eglises chrétiennes
en Suisse, [En ligne], http://www.agck.ch/ (page consultée le 11 juin 2011) ; Société biblique suisse, Bienvenue à vous !, [En ligne], http://www.die-bibel.ch/indexf.php (page consultée le 11 juin 2011).
382 Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, CTEC : Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, [En ligne], http://www.agck.ch/ (page consultée le 11 juin 2011).
61
exclusive.383 En 1990, un abbé et un pasteur, responsables de la jeunesse dans le canton de Vaud,
importèrent cette dynamique en Suisse romande avec le soutien de la Société biblique suisse.384
Cette initiative fut dès le début une démarche résolument œcuménique en Romandie.385 La première
célébration de l'Ecole de la Parole eut un succès inattendu. Alors qu'Evangile et Mission annonçait,
en novembre 1993, que 300 personnes étaient attendues386, ce fut plus d'un millier de jeunes qui
assistèrent au lancement de l'Ecole de la Parole en Suisse romande, le 23 janvier 1994 à la
cathédrale de Lausanne.387 La deuxième rencontre eut lieu dans 6 lieux répartis dans chaque canton
romand. En automne 1994, le premier cycle de 7 rencontres commença et des célébrations eurent
lieu aux mêmes dates dans six villes de Romandie : Lausanne, Sion, Genève, Neuchâtel, Fribourg et
Bienne.388 Ce premier cycle fut bien accueilli en Suisse romande, car six cents jeunes furent présents
au printemps 1995 à la célébration de clôture à la Cathédrale de Lausanne.389 Une Ecole de la
Parole, animée par le père Giuseppe Grampa, responsable de l'Ecole de la Parole à Milan, fut
d'ailleurs proposée lors du week-end Prier Témoigner, en novembre 1994.390 Un deuxième cycle de
rencontres fut lancé à l'automne 1995391 mais il n'eut pas le succès rencontré précédemment. En
effet, en janvier 1996, le comité de l'Ecole de la Parole du canton de Fribourg fut dissout, alors que
Genève et d'autres régions avaient déjà annulé leurs rencontres.392 Il semblerait, comme l'affirme le
site de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC), que « l’engouement
initial [ait] fait place à une réalité plus modeste (et en même temps la moyenne d’âge des
participants [monta]). »393 Mais en 1996, après avoir effectué une adaptation aux réalités locales,
l'Ecole de la Parole reprit ses activités avec de nouvelles propositions qui « [devaient] permettre aux
prêtres et aux pasteurs de créer des groupes sur le terrain même de leur ministère. »394 En effet,
l'accent fut alors mis sur la régionalisation et l'œcuménisme et le cycle put être mené jusqu'au bout
383 Société biblique suisse, Bienvenue à vous !, [En ligne], http://www.die-bibel.ch/indexf.php (page consultée le 11 juin 2011).
384 Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, CTEC : Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, [En ligne], http://www.agck.ch/ (page consultée le 11 juin 2011).
385 Evangile et Mission, N°13-14, 31 mars 1994, pp.365-367.386 Evangile et Mission, N°43, 18 novembre 1993, p.1068.387 Evangile et Mission, N°5, 3 février 1994, p.103.388 Evangile et Mission, N°13-14, 31 mars 1994, p.367.389 Evangile et Mission, N°14, 6 avril 1995, p.391.390 Centre romand de l'Apostolat de la prière : bulletin de liaison du 4è trimestre, devient Offrande et Vie, bulletin de
liaison trimestriel de L'Apostolat de la Prière de Suisse romande, devient Prier Témoigner, bulletin trimestriel de l'Apostolat de la Prière de Suisse romande, devient Prier Témoigner, bulletin semestriel de l'Apostolat de la Prière de Suisse romande, Fribourg, Centre romand de l'Apostolat de la Prière (ci-après : Centre romand de l'Apostolat de la prière : bulletin de liaison du 4è trimestre ou Offrande et Vie ou Prier Témoigner), n°27, septembre 1994 ; Evangile et Mission, N°3, 20 janvier 1994, p.60.
391 Evangile et Mission, N°40-41, 26 octobre 1995, p.1158.392 Evangile et Mission, N°3, 18 janvier 1996, p.49.393 Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, CTEC : Communauté de travail des Eglises chrétiennes
en Suisse, [En ligne], http://www.agck.ch/ (page consultée le 11 juin 2011).394 Evangile et Mission, N°41, 17 octobre 1996, p.1108.
62
puisque la célébration romande de clôture eut lieu à l'Eglise Saint-François de Lausanne au
printemps 1997.395 A partir de ce moment-là, Evangile et Mission ne fit plus aucune mention de
l'Ecole de la Parole, du moins jusqu'en 2005, date à laquelle nous avons arrêté le dépouillement de
la revue. Néanmoins, d'après le site internet de la CTEC, des célébrations sont encore organisées au
moins une fois par mois dans chaque canton (mais nous ne savons pas quand la page web a été mise
à jour pour la dernière fois). De plus, l'action de « l'Ecole de la Parole en Suisse romande » est
coordonnée par la Société biblique suisse qui met également ses infrastructures à disposition.396
Chapitre IV : Signes du renouvellement de la spiritualité catholique
1. Nouvelles formes de rassemblements
Les Journées Mondiales de la Jeunesse
Après avoir invité les jeunes du monde entier à venir le retrouver à Rome pour le dimanche
des Rameaux en 1984 et 1985, le Pape Jean-Paul II, impressionné par le succès de ces rencontres
auprès des jeunes, annonça l'institution annuelle de ces rassemblements de la jeunesse. L'objectif de
ces journées était de donner aux jeunes un souffle nouveau et de les aider à retrouver le vrai sens de
l'existence chrétienne pour qu'ils deviennent, à leur tour, des évangélisateurs.397 Ainsi, tous les 2 ou 3
ans, une Journée Mondiale de la Jeunesse (JMJ) fut célébrée, chaque fois dans un pays différent.
Entre chaque JMJ mondiale, les jeunes furent invités à célébrer le jour de la jeunesse du monde dans
leur diocèse, avec leur évêque, lors du dimanche des Rameaux. La première JMJ eut lieu en 1986, et
elle fut célébrée par les jeunes dans leur propre diocèse.398
En Suisse romande, les Journées Mondiales de la Jeunesse semblent n'avoir pas soulevé un
grand enthousiasme, du moins jusque vers le milieu des années 1990. En effet, jusque-là, Evangile
et Mission en tant qu'organe officiel des diocèses romands, ne fit que très rarement mention des
JMJ. Elle les annonça simplement en 1991 et 1994399 en expliquant que l'organisation technique
pour la Suisse était prise en charge par les Pèlerinages Bibliques Romands, Fondation qui propose
des itinéraires bibliques en Terre Sainte et au Proche-Orient depuis 1962.400 En revanche, à partir de
395 Evangile et Mission, N°9, 6 mars 1997. pp.262-263.396 Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, CTEC : Communauté de travail des Eglises chrétiennes
en Suisse, [En ligne], http://www.agck.ch/ (page consultée le 11 juin 2011).397 Evangile et Mission, N°4, 30 janvier 1997, p.103 ; N°6, 13 février 1997, p.173.398 Journées Mondiales de la Jeunesse, Madrid 2011, [En ligne], http://www.jmj.ch/ (page consultée le 6 mai 2011).399 Evangile et Mission, N°11, 14 mars 1991, p.265 ; N°4, 27 janvier 1994, p.98.400 Pèlerinages Bibliques Romands, Pèlerinages Bibliques de Suisse Romande, [En ligne], http://www.pbrl.ch/ (page
consultée le 6 mai 2011).
63
la XIIè JMJ de 1997, à laquelle 650 jeunes romands participèrent401, la préparation pour cet
événement se fit de plus en plus importante et Evangile et Mission consacra alors plusieurs articles
par année à l'annonce des journées de préparation, à la publication du programme ou des différentes
propositions de voyage etc.402 En septembre 1997, la revue publia même un « Numéro spécial JMJ »
de 30 pages.403 Entre 1995 et 1996, un comité de coordination romand fut mis en place pour la
préparation des JMJ, sous la responsabilité de Mgr Pierre Bürcher, alors évêque auxiliaire du
diocèse de Lausanne, Genève Fribourg404, puis de Mgr Theurillat, alors évêque des jeunes pour la
Suisse.405 Ce comité était constitué principalement de jeunes de Suisse romande mais également de
prêtres et de représentants des structures de la pastorale jeunesse, de membres de groupes de prière
ou de mouvements etc.406 Dès 1996, la préparation pour les JMJ se fit donc plus intense avec
l'organisation de journées de rencontre cantonales, romandes407 et diocésaines, des nuits de prière,
des journées de préparation etc. Dès janvier 2000, fut publié gratuitement, à intervalle irrégulier
(entre 2 et 9 fois par année), le feuillet JMJ'aime contenant les informations pratiques concernant le
voyage et les rencontres de préparation, des messages du Pape, des témoignages de jeunes ayant
participé aux JMJ précédentes mais également des méditations, des enseignements, des informations
pour d'autres grands rassemblements etc.408 Cette organisation importante permit d'accompagner un
millier de jeunes à la JMJ 2000 de Rome409 et 420 à la JMJ 2002 de Toronto.410 D'autres rencontres
de jeunes furent également organisées dans les diocèses romands pour faire suite aux JMJ et en
constituer un prolongement.411
Les JMJ dans les diocèses romands firent également l'objet d'une plus grande préparation, ou
du moins d'une plus grande attention de la part de notre revue vers la fin des années 1990. Ainsi, en
1998, lors du dimanche des Rameaux, un rassemblement romand fut organisé pour la première fois
à l'Abbaye de Saint-Maurice, à l'initiative de Mgr Pierre Bürcher et du carrefour romand de la
jeunesse catholique.412 600 jeunes assistèrent à cette XIIè JMJ avec au programme témoignages,
temps de réflexion et de partage, eucharistie, procession dans la ville etc.413 A partir de cet
401 Evangile et Mission, N°4, 29 janvier 1998, p.123.402 Evangile et Mission, passim.403 Evangile et Mission, N°29-30, 15 septembre 1997, p.934.404 Evangile et Mission, N°4, 30 janvier 1997, p.100.405 Evangile et Mission, N°36, 20 décembre 2000, p.1225.406 Evangile et Mission, N°2, 26 janvier 2005.407 Evangile et Mission, N°43, 2 décembre 1999, p.1329 et passim ; Evangile et Mission, N°14, 6 avril 2011, p.411 ;
Evangile et Mission, N°21, 29 mai 1997, p.668.408 Journées Mondiales de la Jeunesse, Madrid 2011, [En ligne], http://www.jmj.ch/ (page consultée le 6 mai 2011).409 Evangile et Mission, N° 28, 30 août 2000. p.820.410 Evangile et Mission, N°14, 21 août 2002, p.618.411 Evangile et Mission, N°37, 23 octobre 1997 ; N°4, 29 janvier 1998, p.123 et passim.412 Evangile et Mission, N°4, 29 janvier 1998, p.123.413 Evangile et Mission, N°14-15, 9 avril 1998, pp.428-429.
64
événement, les rassemblements romands devinrent courants à l'occasion des JMJ dans les
diocèses.414 En 2002, trois jours de rencontres furent également organisés à l'Ecole des Missions au
Bouveret pour tous les jeunes qui ne pouvaient pas se rendre à la XVIIè JMJ de Toronto.415
L'épiscopat français attendit la JMJ de 1997 à Paris pour se mobiliser en faveur des Journées
Mondiales de la Jeunesse.416 Il semble que les évêques romands aient suivi la même ligne et que ce
n'est qu'en 1996 qu'ils commencèrent à s'impliquer dans l'organisation des JMJ. Cependant, à partir
de ce moment-là, ils ne ménagèrent pas leurs forces et s'engagèrent activement dans « ce type de
manifestation [qui] semble être une vraie réponse aux attentes des jeunes d'aujourd'hui », comme
l'affirme Evangile et Mission.417
Prier Témoigner
En 1990, la première « Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande » prit place à
l'université de Fribourg sous le nom de « Prier et Témoigner ». Elle fut organisée par l'Apostolat de
la Prière (AP), mouvement créé en 1844 par le père jésuite Gautrelet et dont la principale mission
est d'encourager les chrétiens à la prière d'offrande en diffusant les intentions apostoliques et
missionnaires du Pape.418 Les responsables du mouvement décidèrent d'organiser cette grande
manifestation car ils désiraient attirer un public plus jeune et plus nombreux aux rencontres que l'AP
organisait chaque année sur le plan romand. En effet, jusque-là, seule une centaine de personnes
d'un âge très avancé assistaient à ces rencontres annuelles. Afin de mener à bien leur projet d'un
rassemblement qui réunirait « tous les visages de l'Eglise », le comité de l'AP s'entoura de nombreux
mouvements et communautés catholiques de Suisse romande qui collaborèrent de différentes
manières à la mise sur pied de la manifestation. En effet, comme l'indique son nom, cette
« Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande » s'adressait à la communauté catholique
romande dans son ensemble et non aux seuls membres de l'Apostolat de la Prière. C'est pourquoi les
organisateurs voulurent non seulement inviter des personnes issues d'autres groupes catholiques à
participer à la manifestation, mais ils cherchèrent également à les associer à la préparation même du
rassemblement.419 La première édition Prier Témoigner fut ainsi le résultat du travail et de la
collaboration de nombreux mouvements, communautés et personnes catholiques de diverses
414 Evangile et Mission, N°12, 25 mars 1999, p.374 et passim.415 Evangile et Mission, N°9, 15 mai 2002, p.419.416 LANDRON, Olivier, op.cit., p.398.417 Evangile et Mission, N°12, 26 juin 2002, p.522.418 Archives de l'Association Prier Témoigner, conservées au séminaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg à
Villars-sur-Glâne (ci-après : APT), Classeur PT 1997, section M, Prier Témoigner « Ma vocation c'est l'Amour » ; Offrande et Vie, mars 1990.
419 Offrande et Vie, septembre 1990 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Daniel Pittet, Fribourg/FR, 11 février 2011.
65
sensibilités.
S'adressant à un large public, la rencontre romande proposa un programme très varié. Celui-
ci devait, en effet, être en mesure de plaire à des personnes d'âges, d'états de vie et de provenances
différents. En collaboration avec les jeunes du Renouveau charismatique du Valais, les organisateurs
invitèrent le père Daniel Ange, fondateur de l'école Jeunesse-Lumière en France, à animer la
rencontre qui fut centrée sur le thème de la prière et du témoignage, d'où son appellation « Prier et
Témoigner ».420 La manifestation se déroula sur un week-end, du samedi soir au dimanche en fin
d'après-midi. Elle commença par une veillée animée par le père Daniel Ange à l'église Sainte-
Thérèse, suivie d'une messe présidée par Mgr Gabriel Bullet, évêque auxiliaire du diocèse de
Lausanne, Genève et Fribourg. Une nuit d'adoration, animée par les communautés, paroisses et
mouvements engagés dans les diocèses de Suisse romande fut ensuite proposée à ceux qui le
désiraient. La journée du dimanche se déroula dans les locaux de l'université de Fribourg. Elle fut
introduite par une prière de louange et un entretien sur la prière avec Mgr Grab, évêque auxiliaire du
diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Plusieurs témoignages sur la prière personnelle suivirent
l'enseignement de l'évêque et un jeu scénique présenté par le mouvement des Focolari acheva la
matinée. Après un repas, pris à la mensa de l'université par les adultes, et un pique-nique, mangé à la
salle paroissiale de Saint-Pierre par les jeunes, d'autres intervenants témoignèrent de leur vie de
prière en début d'après-midi. Une messe présidée par Mgr Mamie, évêque du diocèse de Lausanne,
Genève et Fribourg, clôtura la rencontre.421 L'ensemble de l'animation musicale du week-end fut
assurée par les Focolari. Les organisateurs eux-mêmes furent surpris par le succès obtenu par la
rencontre qui attira 1400 personnes dont 500 jeunes.422 Cet accueil enthousiaste du public catholique
les incita à prolonger l'aventure et Prier Témoigner, qui devait être à l'origine une rencontre unique,
devint très rapidement le rendez-vous automnal des catholiques de Suisse romande.423
En 1991, le programme général de la rencontre subit quelques changements. Il commença le
samedi en début d'après-midi déjà et il n'y eut pas de messe le samedi soir à l'église Ste-Thérèse. 424
Le nom de la rencontre fut également très légèrement modifié en raison de certaines critiques
émises par la Communauté Romande de l'Apostolat des Laïcs (CRAL). Elle fut donc baptisée
« Prier Témoigner » au lieu de « Prier et Témoigner ».425 Cependant, à partir de cette deuxième
édition, le déroulement subit très peu de modifications. Le week-end commence toujours le samedi
en début d'après-midi et se termine par l'Eucharistie, le dimanche vers 17h. Durant toute la rencontre
420 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.421 APT, Classeur 1990, Dépliant de présentation Prier Témoigner 1990.422 Prier Témoigner, Prier Témoigner 2010, [En ligne], http://www.priertemoigner.ch/ (page consultée le 9 juin 2011).423 APT, Carton Presse 1994, la Liberté, 29-30 octobre 1994.424 APT, Classeurs 1991, Dépliant de présentation de Prier Témoigner 1991.425 APT, Classeur 1991, section O, Lettre de Daniel Pittet à la secrétaire et à la présidente de la CRAL, 10 décembre
1991.
66
se succèdent des temps de prière (laudes, vêpres, nuit d'adoration, messe), des témoignages de
personnalités célèbres du monde catholique (Sœur Emmanuelle, Jean Vanier, Stan Rougier) mais
également de personnes de l'Eglise locale, des moments de rencontres, d'enseignement et des
activités divertissantes comme des jeux scéniques, des concerts, des pièces de théâtres, des
spectacles etc. Chaque année, les organisateurs engagent un chanteur ou un groupe chrétien chargé
d'assurer l'animation musicale du week-end.426 Dès 1993, des ateliers furent proposés afin de
permettre à ceux qui le désirent d'avoir une réflexion plus profonde avec les intervenants sur le
thème de la rencontre.427 En effet, la manifestation propose chaque année un thème différent. La
rencontre reste cependant toujours orientée vers les deux dimensions de la vie chrétienne que sont la
prière et le témoignage. La nuit d'adoration, la messe du dimanche et le témoignage de l'intervenant
principal constituent les temps forts du week-end.428
La troisième partie de notre travail est consacrée à cette manifestation, c'est pourquoi nous
n'allons pas la décrire plus longuement ici. Néanmoins, il est intéressant de noter que Prier
Témoigner est, en Suisse romande, l'une des premières rencontres d'un nouveau genre qui se
développa fortement dans les années 1990 et 2000, comme nous le verrons ci-dessous. Ces
rassemblements, organisés sur le modèle des JMJ, attirent beaucoup de jeunes (quoique pas toujours
exclusivement) et visent à proposer de nombreuses activités divertissantes au contenu chrétien. Le
but de ces manifestations est l'évangélisation, non seulement de la jeunesse, mais du « peuple de
Dieu » tout entier par le biais d'une rencontre où alternent prière et moments de détente, tous deux
chargés d'une dimension émotionnelle forte.
Prier Témoigner bénéficia d'un écho très favorable de la part d'Evangile et Mission. En effet,
dès 1990, la revue consacra plusieurs articles par année à la manifestation, que ce soit pour présenter
le programme, rapporter le déroulement du week-end ou encore publier une interview des
intervenants de la rencontre.429 Cette présence significative de Prier Témoigner dans la revue
officielle des diocèses romands nous permet d'affirmer que la manifestation reçut un accueil
favorable au sein de l'Eglise de Suisse romande. En effet, en 1994 déjà, la Liberté affirmait que
Prier Témoigner était « un des moments forts de la vie de foi en Suisse romande ».430 Mais nous
reviendrons sur cette question dans le chapitre VIII de ce mémoire.
Le Forum Amour et Vie et le Festival Agapè
En 1991, eut lieu, à Genève, le premier Forum Amour et Vie, mis sur pied par la
426 APT, passim.427 APT, Classeurs 1993, Section O, Compte-rendu de la réunion, 11 décembre 1992.428 APT, passim.429 Evangile et Mission, passim.430 APT, Carton Presse 1994, La Liberté, 29-30 octobre 1994.
67
communauté des frères de Saint-Jean. Se déroulant sur deux jours, ce Forum s'adressait à tous les
jeunes dès 16 ans. Durant ce week-end alternaient témoignages, spectacles de théâtre, concerts et
temps de réflexion et de prière.431 Parmi les intervenants, nous pouvons mentionner Jean Vanier,
fondateur de l'Arche, Daniel Ange, initiateur de Jeunesse-Lumière, Guy Gilbert, le curé des
Loubards mais également un général des Armées françaises, l'ancien directeur du journal « Le
monde », un botaniste écologiste, Alexandre Jollien et bien d'autre.432 Un enseignement du Père
Marie-Dominique Philippe, fondateur de la communauté des frères de Saint-Jean, clôturait chaque
manifestation.433 Le Forum réunissait tous les deux ans entre 1000 et 2000 jeunes catholiques, venus
principalement de France. Même si la plupart du temps le contingent suisse romand était plutôt
modeste, en 2003 par exemple, d'après Evangile et Mission, la proportion de participants romands
égala celle des français.434
Le Festival Agapè de Musique et d'Art Sacré fut créé en 1992 à Genève par la communauté
des Frères de Saint Jean également. Il est essentiellement consacré à la musique ancienne et au
théâtre et accueille, tous les deux ans, de nombreux artistes de renommée internationale « pour leur
offrir un milieu spirituel où les œuvres qu'ils viennent y donner puissent retrouver tout leur sens. »435
En effet, « les frères de Saint-Jean sont convaincus que " dans un monde largement déchristianisé,
l'art demeure une voie privilégiée pour faire redécouvrir à l'homme la spiritualité de son
existence " ».436 Sans perdre sa passion de la musique ancienne et du théâtre, le Festival Agapè créa,
en 2004, un Festival des Enfants, où les marionnettes, le cirque et les acrobaties côtoyaient les plus
grands artistes.437
D'autres manifestations catholiques
Dès le début des années 1990, de nombreuses manifestations, inspirées des JMJ,
commencèrent à voir le jour en Suisse romande. Dans ce paragraphe, nous allons présenter quelques
exemples que nous vu apparaitre dans Evangile et Mission, mais cette liste n'est certes pas
exhaustive de tout ce qui a été fait dans ce domaine en Suisse romande depuis ces 40 dernières
années.
431 Evangile et Mission, N°1-2, 12 janvier 1995, p.18 ; N°7, 16 février 1995, p.164-165.432 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1995, p.164-165 ; N°1-2, 16 janvier 1997, p.51 ; N°1, 17 janvier 2001, p.26 ;
N°3, 12 février 2003, p.109.433 Evangile et Mission, N°4, 23 février, p.170.434 Evangile et Mission, N°7, 16 février 1995, pp.164-165 ; N°1, 17 janvier 2001, p.26 ; N°3, 12 février 2003, p.109.435 Festival Agapè de musique et d'art sacré, Agapè, la Paix retrouvée, [En ligne], http://www.festivalagape.org/ (page
consultée le 30 avril 2011).436 Evangile et Mission, N°22, 2 juin 1994, p.606.437 Festival Agapè de musique et d'art sacré, Agapè, la Paix retrouvée, [En ligne], http://www.festivalagape.org/ (page
consultée le 30 avril 2011).
68
En 1990, pour fêter le 17è centenaire de la mort de Saint-Maurice, une grande célébration fut
organisée pour les jeunes de Suisse romande. Sous le thème « Dieu comme une fête », la rencontre
rassembla entre 400 et 1000 jeunes tout au long d'un week-end où se succédèrent de nombreuses
activités mettant en parallèle la foi et les loisirs ainsi que la présentation d'un spectacle. L'animation
musicale fut assurée par Patrick Richard, chanteur français chrétien, et des personnes célèbres dans
les domaines du chant, de l'humour et du sport furent appelées à témoigner.438
En septembre 1998, la Commission diocésaine tessinoise pour la pastorale de la jeunesse,
appuyée par la Conférence des évêques suisses (CES), organisa le premier rassemblement national
des jeunes.439 En effet, les jeunes du diocèse de Lugano ouvrirent leur traditionnelle rencontre du
Monte Tamaro à tous les jeunes catholiques de Suisse. Cette manifestation fut organisée sur la
lancée des JMJ de Paris dans le cadre de la préparation au grand Jubilé de l'an 2000.440 Bien que la
plupart des participants fussent Tessinois, ce premier rassemblement national réunit néanmoins une
centaine de Romands et près de 150 Alémaniques. Quelques Romanches furent également présents.
On remarque que le comité d'organisation fit des efforts pour attirer des jeunes d'autres régions
linguistiques que le Tessin, notamment les romands, en invitant Nicolas Buttet à témoigner. 441
Le Festival Maranatha fut mis sur pied en 2003 par le groupe Maranatha. Celui-ci fut fondé
en 2001 et était formé d'une quarantaine de jeunes entre 16 et 35 ans, accompagnés par les religieux
de l'ordre des carmes du couvent de Montrevers, à Fribourg. Durant la rencontre que le groupe
organisa, se succédèrent concerts d'artistes chrétiens, pièces de théâtre, danse, enseignement,
adoration, Eucharistie, temps de prière et de partage etc. Les jeunes furent également invités à
recevoir le sacrement de la réconciliation. La première édition du Festival attira une centaine de
jeunes,442 ce qui incita le groupe à réitérer l'aventure en 2004. Plus de 250 personnes, en majorité des
jeunes et des adolescents, eurent à nouveau l'occasion d'assister à des concerts, des témoignages, du
spectacle et des enseignements. Une nuit d'adoration et la possibilité de recevoir le sacrement de la
réconciliation leur fut à nouveau proposées.443
En 2004, fut organisée ce qu'Evangile et Mission présenta comme la première rencontre
nationale pour les jeunes « Lève-toi ! » à Berne. Or nous avons vu ci-dessus que la première
438 Evangile et Mission, N°34, 13 septembre 1990, p.656-657 ; N°36, 27 septembre, pp.700-701.439 Evangile et Mission, N°32, 17 septembre 1998, p.1004.440 Evangile et Mission, N°30, 3 septembre 1998, p.955.441 Evangile et Mission, N°32, 17 septembre 1998, p.1004.442 Evangile et Mission, N°13, 9 juillet 2003, p.605-606 ; N°16, 17 septembre 2003, pp.742-744.443 Evangile et Mission, N°12, 23 juin 2004, pp.544-545 ; N°17, 29 septembre 2004, pp.775-776.
69
rencontre suisse des jeunes eut lieu en 1998 au Monte Tamaro et avait été annoncée comme tel par
la revue elle-même. Mais il est vrai que le rassemblement de 1998 fut organisé par les Tessinois et
eut un écho relativement discret auprès des autres régions linguistiques. De plus, avec ses mille
participants, il fut beaucoup moins important que celui de Berne. C'est probablement pour cette
raison que ce dernier reçut à nouveau la qualification de première rencontre nationale en 2004. En
effet, le pape Jean-Paul II fut invité pour l'occasion et la manifestation réunit 14'000 jeunes de toute
la Suisse. Le programme de la rencontre fut similaire aux rencontres décrites ci-dessus : chants,
animations, concerts, spectacles, ateliers, stands, procession aux flambeaux, messe du dimanche,
dans ce cas-là présidée par le Pape etc. Une mise en route semblable à celle des JMJ fut proposée
avant la manifestation grâce à des rencontres et des soirées de préparation. Durant le rassemblement,
il fut également proposé de recevoir le sacrement de la réconciliation.444
Le premier Festival de musique sacrée Festi'flash eut lieu à Nyon en 2005. De nombreux
artistes chrétiens chantèrent leur foi sur des rythmes pop, classique, reggae ou gospel. Les 7 concerts
mis sur pied par l'organisation attirèrent 3000 personnes dont beaucoup de jeunes. Ayant lieu durant
le week-end de la Pentecôte, les artistes appelèrent les centaines de spectateurs à la prière en
invoquant notamment l'Esprit Saint.445
Toutes ces manifestations ont plusieurs choses en commun. Leurs initiateurs veulent, en
premier lieu, appeler les jeunes à une vie chrétienne engagée. En proposant des activités de « fun et
de foi », comme disent les responsables du réseau N'APP, ils veulent montrer aux jeunes qu'on peut
être « branché » tout en croyant en l'amour de Jésus pour l'humanité. De plus, en dehors de ces
temps de détente, la plupart de ces rassemblements proposent des temps d'adoration, une
Eucharistie, ainsi que la possibilité de recevoir la confession. Enfin, le contenu chrétien est présent
dans toutes les animations, que ce soit dans les paroles des chansons, les jeux pour les enfants, ou
les témoignages. Comme le disait Philippe Decourroux, auteur, compositeur, interprète jurassien, au
journaliste d'Evangile et Mission lors du festival Maranatha :
Aujourd'hui, l'art est devenu un moyen incontournable pour annoncer la foi chrétienne tout en respectant pleinement la liberté de l'individu. Les artistes sont nombreux à être appelés par le Christ à mettre leur talent à son service. »446
L'Eglise de Suisse romande veut elle aussi faire partie de cette nouvelle évangélisation des
444 Evangile et Mission, N°22, 11 décembre 2004, p.1059 ; N°5, 10 mars 2004, p.189-191 ; N°11, 9 juin, 2004 p.474-483.
445 JMJ'AIME, juin 2005, [En ligne], http://www.jmj.ch/pdf/archives/jmjaimes/28_062005.pdf (page consultée le 6 mai 2011).
446 Evangile et Mission, N°11, 9 juin 2004, p.495.
70
jeunes qui passe inévitablement, de nos jours, par une part importante d'émotionnel et de festif.
2. Nouvelles propositions de formation
L'Ecole de la Foi
L'Ecole de la Foi fut fondée à Fribourg en 1969 par le père Jacques Lœw. Les deux axes
principaux de l'Ecole résidaient dans le partage de vie et les études théologiques. En effet, comme
on peut le lire dans le bulletin annuel 2005-2006 de l'Ecole :
les deux années de l'Ecole de la Foi devaient permettre d'acquérir une véritable familiarité avec la Parole de Dieu et en même temps de vivre une expérience forte de vie communautaire. [...] L'Ecole de la Foi [était] un noviciat de vie chrétienne où l'on [apprenait] ensemble à vivre selon l'Evangile.
Elle accueillait des personnes de tout état de vie : prêtres et laïcs, religieux et religieuses,
mariés et célibataires.447 Les disciples, car c'est comme cela que s'appelaient les étudiants de l'Ecole,
vivaient dans des appartements de 4 à 6 personnes.448 Durant les 37 ans où elle fut en activité, 1898
personnes provenant de tous les continents bénéficièrent des cours et de l'ambiance de l'Ecole. La
majorité était originaire de pays européens, suivaient ensuite les Africains, les Canadiens, les Sud-
américains, les Asiatiques etc. 157 Suisses passèrent par l'Ecole de la Foi.449 Celle-ci fut approuvée
et soutenue par l'évêque du diocèse et elle reçut plus d'une marque d'estime de la part du pape Paul
VI.450 En effet, celui-ci invita le père Jacques Lœw à prêcher le Carême au Vatican en 1971.451
L'Ecole de la Foi eut une influence remarquable sur le courant charismatique. Ce centre
d'enseignement joua un rôle important dans la formation de nombreux chrétiens, y compris celle des
futurs formateurs de communautés. Ainsi, les fondateurs de la communauté du Verbe de Vie,
Georges et Marie-Josette Bonneval, se formèrent à l'Ecole de la Foi entre 1980 et 1982.452 Ils furent
profondément marqués par leur passage dans cette Ecole qui constitua pour eux un atout
important.453 L'Ecole de la Foi créa ainsi des liens avec le courant charismatique. C'est d'ailleurs,
entre autres, dans la mouvance de cette Ecole que Daniel-Ange fit la connaissance en 1974 du
Renouveau charismatique.454 L'Ecole de la Foi, par sa formule combinant formation chrétienne et
vie communautaire, fut le précurseur de nombreuses école de la foi que fondèrent plus tard certaines
447 Bulletin annuel / Ecole de la Foi, Fribourg, Ecole de la Foi et des ministères, 37è année, 2005/2006 (ci-après : bulletin annuel de l'Ecole de la Foi), 37è année, 2005-2006, p.22.
448 Evangile et Mission, N°20-21, 19 mai 1994, p.576.449 Bulletin annuel de l'Ecole de la Foi, p.29-30450 Evangile et Mission, N°1, 4 janvier 1979, pp.12-14.451 LANDRON, Olivier, op.cit., p.80.452 LANDRON, Olivier, op.cit., p.80.453 LANDRON, Olivier, op.cit., p.152.454 LANDRON, Olivier, op.cit., p.80.
71
communautés charismatiques comme le Chemin Neuf et la communauté Réjouis-toi. 455
A la suite de certaines difficultés, budgétaires entre autres, l'Ecole de la Foi à Fribourg ferma
ses portes en 2006. Mais l'aventure ne s'arrêta pas là. En effet, fut créée la Fondation Jacques Lœw
qui avait pour rôle de gérer les biens culturels et religieux laissés par l'Ecole, veiller à la gestion des
archives qui furent confiées pour usage à l'Ordre des dominicains à Paris, ainsi que soutenir, à l'aide
de fonds, des initiatives évangélisatrices et formatrices accomplies dans l'esprit de Jacques Lœw.456
De plus, le projet d'ouverture d'une Ecole de la Foi en Afrique, déjà en gestation depuis plusieurs
années, fut poursuivi.457 Enfin, le parcours « Croire et comprendre » fut proposé par l'Institut de
Formation au Ministère à Fribourg à partir de 2006. Avec son accent biblique et ses propositions de
temps communautaires, ce parcours attestait d'une certaine forme de filiation vis-à-vis de l'Ecole de
la Foi.458
L'Ecole de Vie des Frères de Saint Jean
L'Ecole de Vie des frères de Saint Jean fut fondée à Genève en 2001, alors qu'il en existait
déjà plusieurs en France. Elle s'étale sur 9 mois et se construit autour de 4 axes : la prière, la vie
commune, la formation et l'apostolat. La vie communautaire est vécue à travers des temps de prière
communs, mais également du travail, des apostolats et des moments de détente communautaire. Elle
est rythmée par la prière qui est vécue au rythme quotidien du prieuré des frères (offices de la
journée, messe et adoration). Les cours de philosophie dispensés par les Frères de St-Jean ainsi que
l'engagement apostolique auprès des enfants du quartier, de la paroisse et des jeunes complètent ces
mois de formation humaine, spirituelle et intellectuelle. Nous ne savons pas quelle fut la
fréquentation de cette Ecole, si ce n'est qu'en 2003 quatre jeunes y participèrent. Ils habitaient dans
un appartement à Genève, mettaient leur salaire en commun et suivaient la formation intellectuelle,
spirituelle, apostolique et communautaire proposée par la communauté.459
L'Institut Philanthropos
L'institut européen d'études anthropologiques Philanthropos fut créé en 2004, en réponse à
l'appel du pape Jean Paul II à un nouveau sursaut de la part des chrétiens dans le domaine
intellectuel. Il vise à donner, « en une année de formation de niveau universitaire, une vision
intégrale de l'anthropologie chrétienne en lien avec les grands défis auxquels la personne humaine
455 LANDRON, Olivier, op.cit., p381.456 Bulletin annuel de l'Ecole de la Foi, p.36457 Bulletin annuel de l'Ecole de la Foi, p.45458 Bulletin annuel de l'Ecole de la Foi, p.4.459 Communauté des frères de St-Jean, L'Ecole de Vie Saint Jean à Genève, [En ligne],
http://www.ecoledeviestjean.com/ (page consultée le 30 avril 2011) ; Evangile et Mission, op.cit., N°20, 13 novembre 2003, pp.973-974.
72
est aujourd'hui confrontée. » L'objectif principal que se donne l'Institut est résumé dans le slogan :
« Connaître, vivre et servir la Vérité de l'homme. » Des cours de philosophie, de théologie et
d'anthropologie chrétienne sont donc proposés aux étudiants sous forme de cours fondamentaux, de
modules et de sessions. L'ensemble de l'année représente 60 crédits ECTS selon le nouveau système
européen. Cette année de formation s'adresse principalement aux jeunes désireux de se former à une
approche intégrale de l'être humain et de sa vocation avant de s'engager dans une voie universitaire
ou professionnelle. Le projet fut inspiré par Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein.
Yves Semen, actuel directeur de l'Institut, participa également activement aux travaux préparatoires
à la création de Philanthropos.460 Le projet fut soutenu par Mgr Genoud, alors évêque du diocèse de
Lausanne, Genève et Fribourg.461 Les professeurs viennent prodiguer bénévolement leur
enseignement pour les étudiants de l'institut. Ces derniers suivent également certains cours à la
Faculté de théologie de l'université de Fribourg. En plus d'une formation intellectuelle, l'institut
Philanthropos propose aux étudiants de faire l'expérience de la vie fraternelle en logeant à l'Institut
qui s'est installé dans des locaux appartenant aux sœurs de la Divine Providence de Baldegg, à
Bourguillon. Ils sont également invités à approfondir leur vie spirituelle par l'Eucharistie
quotidienne et la prière des heures. L'animation spirituelle est assurée par la Fraternité Eucharistein
en collaboration avec les sœurs de Baldegg. L'Institut tend à avoir une dimension européenne grâce
aux sources gréco-latines et judéo-chrétiennes de sa réflexion, à ses professeurs issus des grandes
universités européennes ainsi qu'à la provenance d'étudiants qui viennent de plusieurs pays
d'Europe. L'Institut souhaite s'ouvrir de plus en plus à l'accueil de jeunes d'autres continents. Ayant
accueilli en 2004 une vingtaine d'étudiants, l'institut compte en 2011 34 participants, un maximum
depuis sa création.462
Les cours Alphalive
Les cours Alphalive, ou cours Alpha, furent, à l'origine, conçus dans une paroisse anglicane
de Londres afin de donner un enseignement élémentaire aux croyants, aux non-pratiquants mais
également à ceux qui avaient le désir d'approfondir les bases de leur foi. Cette formation s'adressait
donc en premier lieu à des débutants de la foi. En 1985, le pasteur Nicky Gumbel remarqua que ces
cours, qu'il offrait en priorité aux « nouveaux convertis », drainaient de plus en plus de non-
croyants. Il retravailla alors le contenu afin qu'il corresponde mieux aux besoins de son nouveau
public et, en quelques années, les cours de sa paroisse passèrent d'une dizaine de participants à 900.
460 Institut Philanthropos, La vie nous pose question, [En ligne], http://www.philanthropos.org/ (page consultée le 2 mai 2011).
461 Evangile et Mission, N°8, 28 avril 2004, p.347.462 Institut Philanthropos, La vie nous pose question, [En ligne], http://www.philanthropos.org/ (page consultée le 2 mai
2011).
73
A partir de 1992, ses cours revisités furent repris par d'autres paroisses anglaises d'abord, du monde
entier ensuite. En tant qu'enseignement chrétien de base, ils furent utilisés par la grande majorité des
confessions chrétiennes.463 Introduits en 1998 en France, il existait déjà une trentaine de cours dans
ce même pays en 1999. Ils furent largement diffusés par la communauté de l'Emmanuel et les frères
de Saint-Jean, mais surtout par la communauté du Chemin Neuf qui fut à l'origine de leur arrivée en
France.464 D'après Olivier Landron, les cours Alpha « entraînèrent des conversions, un
renouvellement des paroisses et un ferme engagement des laïcs dans l'évangélisation. » Ces cours
s'étalent sur dix soirées, précédées d'un repas, ainsi que sur un week-end.465
En Suisse romande, les cours furent largement diffusés dans les Eglises évangéliques. En
2001, il existait 300 cours Alphalive en Suisse dont 70 en Romandie et pour la plupart organisées
par des paroisses évangéliques.466 En effet, on pouvait lire en 2005 dans la revue Evangile et
Mission, qui rapportait comment s'était déroulé la présentation des cours Alphalive au Bouveret, en
mars de cette même année :
Bien implantée en Suisse, [cette forme d'introduction à la foi chrétienne] est encore peu connue des paroisses catholiques de Suisse romande, même si elle a été accueillie avec bienveillance par nos évêques. 467
Pourtant, en 1997 déjà, les groupes de prière charismatique du canton de Fribourg avaient
projeté de mettre sur pied un cours Alpha.468 A partir de 2001, le prêtre responsable des groupes
charismatiques genevois, le père Gächter, organisa également des cours de ce type à Genève. 469 Il est
vrai que, selon la plupart des membres du Renouveau charismatique romand, les cours Alpha sont
clairement issus du Renouveau, même s'ils n'en ont pas l'étiquette. En effet, dans le procès-verbal de
la rencontre annuelle 2005 des groupes de Renouveau romand on peut lire la remarque suivante :
[Cette] formation « Alphalive » - tout en ayant une base de construction charismatique – peut se dérouler sans dimension charismatique s'il n'y a pas de « culture charismatique » dans la paroisse qui la donne.470
Toujours est-il qu'à partir du milieu des années 2005, de nombreux cours Alphalive furent
organisés dans les paroisses catholiques de Suisse romande, et certains donnèrent naissance à des
groupes de prière charismatique ou simplement élargirent les rangs des groupes déjà existants.471 De
plus, plusieurs membres du Renouveau furent fortement engagés dans l'organisation de ces cours
463 LANDRON, Olivier, pp.146-147.464 MASSON, Catherine, op.cit., p.272 ; LANDRON, Olivier, op.cit., p.146.465 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.146-147.466 AECR, Rencontre annuelle du 21 octobre 2001.467 Evangile et Mission, N°8, 13 avril 2005, p.358.468 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – Oecuménisme - Sichem », Section « CR », Rencontre des conseils
régionaux du Renouveau charismatique en Suisse romande, 18 octobre 1997.469 Ecoute, N°1, 2002.470 AECR, Rencontre annuelle du 15 octobre 2005.471 AECR, Rencontre annuelle du 21 octobre 2006 ; AECR, rencontre annuelle du 20 octobre 2004 ; DI, Classeur
« Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR, mai 2005.
74
dans leur paroisse.472
Le Chemin Néo-catéchuménal
Le Chemin Néo-catéchuménal, ou Néocatéchuménat, fut fondé en 1964 par Francisco
Argüello, alors qu'il vivait dans les bidonvilles de Madrid. Il s'agit de petites communautés de 30 à
40 personnes qui entreprennent ensemble un parcours catéchuménal s'étendant sur plusieurs années.
Ces communautés sont constituées dans les paroisses, avec l'accord de l'évêque du lieu et du curé,
sous l'impulsion de catéchistes itinérants ou résidants sur place.473 C'est un chemin d'initiation à la
foi ainsi qu'un processus de maturation de la foi qui vise à reconstruire la communauté chrétienne.
En bref, il s'agit d'un itinéraire de formation chrétienne post-baptismal. Voici ce qu'en dit le site
internet du mouvement :
[Le Chemin Néocatéchuménal est] un programme de formation à la vie chrétienne de la personne, sur une base principalement catéchétique et liturgique, réalisé en communauté et conduit selon des rythmes et des méthodes spécifiques.474
Il se déroule en 5 phases : annonce, précatéchuménat, catéchuménat, appel, et enfin
renouvellement des promesses du baptême.475 En 1990, le pape Jean Paul II reconnut la démarche
néocatéchuménale comme « un itinéraire de formation catholique, valable pour la société et les
temps actuels. »476
Nous ne savons que peu de choses sur ces communautés en Suisse. La seule information que
nous donne Evangile et Mission est qu'il existait, à Lausanne, en 1981, une communauté
néocatéchuménale.477 De plus, le Néocatéchuménat fut présent en 2000 à la rencontre entre les
paroisses et les communautés nouvelles ainsi que les nouveaux mouvements à Baar, dans le canton
de Zoug.478 Cela nous donne la confirmation que le Chemin existait à cette époque-là en Suisse mais
ne nous apprend rien de plus sur sa présence en Suisse romande.
Conclusion partielle
En observant la masse d'informations récoltées lors du dépouillement d'Evangile et Mission,
472 AECR, Rencontre annuelle, 15 octobre 2005.473 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, op.cit., p.163.474 Chemin Néocatéchuménal, Neocatechumenale Iter. International official website, [En ligne],
http://www.camminoneocatecumenale.it/ (page consultée le 6 mai 2011).475 KUNTNER, Florian, STIMPFLE, Josef, WÜST, Otto, op.cit., pp.163-164.476 Evangile et Mission, N°45, 6 décembre 1990.477 Evangile et Mission, N°42, 5 novembre 1981, pp.697-698.478 Evangile et Mission, 34, 22 novembre 2000, p.1128.
75
nous pouvons remarquer que le renouvellement ecclésial et spirituel s'est diffusé d'abord
discrètement en Suisse romande. Durant la décennie 1970, il ne se passa pas grand-chose dans la
région, à l'exception de quelques manifestations charismatiques épisodiques et de rencontres
organisées sporadiquement par les Focolari. Cependant, dès les années 1980, la créativité s'amplifia
et on vit fleurir les formes d'une spiritualité renouvelée, qui avait su s'adapter aux besoins de son
temps. Beaucoup de ces nouveaux mouvements vinrent de l'étranger, de la France pour la plupart.
Certains naquirent en Suisse. Mais tous sont aujourd'hui témoins de la vigueur encore remarquable
de catholiques désireux de vivre toujours plus radicalement le message de l'Evangile. Entre le milieu
des années 1980 et le milieu des années 1990, ce furent les communautés nouvelles, charismatiques
ou non, qui s'introduisirent progressivement en Suisse romande. Elles emmenèrent avec elles toutes
les nouveautés qu'elles avaient développées et apportèrent en Suisse leurs propres méthodes
d'évangélisation. Dans les années 1990 également, les différents mouvements et communautés
mobilisèrent leurs forces afin de créer de nouvelles formes de rassemblements capables de trouver
écho auprès des jeunes. Nouvelles formes d'évangélisation pour de nouvelles manières de croire, qui
allient la fête à la prière, le « fun et la foi » et privilégient les moments forts à un engagement à long
terme. Dans la même idée, les écoles de vie proposèrent, dès les années 2000 (déjà en 1990 pour le
Verbe de Vie) une année de formation et de prière. En donnant aux jeunes la possibilité de sortir du
rythme effréné de la vie de tous les jours, ces écoles leur permettent de consacrer une année entière
à l'écoute de Dieu afin de discerner ce qu'ils veulent vraiment faire de leur vie.
Cet inventaire n'est que le premier pas d'une recherche qui pourrait s'avérer passionnante.
Etudier comment l'Eglise a su s'adapter à la modernité tout en condamnant ses excès pourrait mener
à des conclusions bien surprenantes. L'intérêt de cette étude résiderait surtout dans son caractère
inédit. Une telle recherche pourrait changer le regard de nombreuses personnes déjà persuadées de
la fin prochaine de l'Eglise et ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine de l'histoire
religieuse.
76
Partie II : Le Renouveau charismatique en Suisse romande
Parmi toutes ces expressions d'un renouveau spirituel en cours dans l'Eglise catholique, vues
dans la précédente partie, nous allons focaliser à présent notre attention sur l'une d'elles. Le
Renouveau charismatique est un des mouvements qui eut la plus grande expansion et qui fit le plus
parler de lui dans le monde. Pourtant, comme nous l'avons vu plus haut, pour ceux qui en font
partie, il s'agit plus d'une mouvance que d'un mouvement. Il est vrai que ce courant, en dehors de ses
manifestations les plus caractéristiques, comme le chant en langue et la prière de guérison, fut un
facteur important du renouvellement de la vie spirituelle de l'Eglise catholique. Il suffit d'observer
l'assemblée durant la célébration d'une messe. Certaines expressions, telles que les mains ouvertes
pour la prière du Notre Père que l'ont peut observer chez beaucoup de fidèles, sont clairement issues
du mouvement charismatique.1 Même si le Renouveau n'est pas, encore de nos jours, reconnu et
apprécié par tout le monde, il est indéniable qu'il a grandement contribué à redonner une ferveur à la
prière, à mettre en valeur la proximité d'un Dieu considéré comme inaccessible et lointain durant
plusieurs décennies. Il a également permis à un grand nombre de chrétiens de redécouvrir la Parole
de Dieu et de devenir des « nouveaux convertis ».
Dans cette partie nous allons donc observer de plus près de quelle manière le Renouveau
charismatique s'est introduit en Suisse romande, comment il s'est diffusé dans les différents cantons,
et quel accueil lui fut réservé par les fidèles, le clergé et les évêques. Comme nous l'avons vu plus
haut, le Renouveau charismatique se manifeste par une grande créativité dans le domaine ecclésial
et spirituel : groupes de prière, nouvelles communautés, nouveaux mouvements pour couples, pour
jeunes, pour malades, dont la plupart furent issus de communautés charismatiques. Dans ce travail,
nous avons choisi d'étudier l'évolution du Renouveau à partir du point de vue des groupes de prière.
En effet, c'est à travers eux que le Renouveau s'est introduit et s'est diffusé en Suisse romande. Pour
notre recherche, nous nous sommes basés sur plusieurs types d'archives. Nous avons consulté les
procès-verbaux de la rencontre annuelle de tous les groupes de prière de Suisse romande. Nous
avons également eu accès aux archives du délégué interdiocésain des évêques auprès du Renouveau
qui se trouvent à Saint-Maurice. Nous avons ainsi pu consulter les rapports que celui-ci faisait
environ tous les deux ans à la Conférence des Ordinaires Romands, ainsi que divers documents.
Plusieurs particuliers nous ont mis à disposition leurs documents et archives personnelles. Nous
n'avons malheureusement pu avoir accès à l'intégralité des archives de la structure fédératrice des
groupes de prière, l'Equipe de Communion Romande, mais, à notre avis, celles-ci ne nous auraient
1 Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011.
77
pas fourni davantage d'informations que celles que nous avons pu collecter. Enfin, nous sommes
allés rencontrer, dans chaque canton, des personnes qui avaient connu les débuts du Renouveau dans
leur région et qui nous ont fourni les informations qui nous manquaient. Nous sommes également
allés interroger des personnes qui ont exercé, ou exercent actuellement, un rôle de responsable
auprès du Renouveau romand. Nous sommes conscients que la mémoire est délicate à traiter pour
un historien et nous avons donc toujours tenté de croiser nos sources orales avec des documents
écrits ou d'autres témoignages, lorsque cela était possible.
Après avoir fait le récit des débuts du Renouveau charismatique dans chaque canton ainsi
que de sa diffusion, nous étudierons de quelle manière le mouvement s'est structuré, à partir de
groupes de prière disséminés dans toute la Suisse romande. Nous analyserons ensuite l'accueil que
réservèrent les prêtres et les évêques à ces groupes porteurs d'une expression et d'une ferveur
particulière, ainsi que la forte dimension œcuménique dont ceux-ci étaient imprégnés. Enfin, nous
examinerons les conséquences que provoqua l'arrivée des communautés charismatiques en Suisse
romande sur la vie et le rayonnement des groupes de prière.
Chapitre V : Les origines du Renouveau charismatique catholique
1. La naissance des groupes de prière en Suisse romande
1.1. Dans le canton de Fribourg
C'est dans le canton de Fribourg que fit son apparition, en 1972, le premier groupe de prière
charismatique de Suisse romande. Durant l'été de cette année, Sœur Marie-Angèle, religieuse de la
Sainte-Croix de Menzingen à Fribourg, rencontra les pères Hubertus Tomek et Christoph Wrembek,
deux jésuites berlinois, dans une cabane du Club Alpin de la vallée de Bagne. Quelques temps plus
tard, elle reçut une lettre de la part d'un de ces pères jésuites qui l'invitait à un week-end de prière à
Craheim, en Bavière, avec trois autres jésuites. Sans vraiment savoir ce qui l'attendait, elle se rendit,
en octobre 1972, à cette retraite, en omettant de préciser à sa supérieure de quel type de retraite il
s'agissait de peur qu'elle lui interdise de s'y rendre. Durant ce week-end, elle fut frappée par
l'importance accordée à la prière : elle durait des heures mais c'était une prière partagée, que les
retraitants vivaient ensemble, et le temps passait étonnamment vite. Sœur Marie-Angèle revint de ce
week-end enthousiasmée. Plus tard, en lisant un ouvrage sur le Renouveau charismatique, elle dit
avoir découvert que, sans le savoir, elle avait reçu « l'effusion de l'Esprit ». A son retour, elle
éprouva le vif désir de prier, tout le temps. Elle réorganisa son travail – elle était alors enseignante
78
au Collège Ste-Croix - de façon à pouvoir consacrer un maximum de temps à la prière, mais,
surtout, elle souhaita partager son expérience avec d'autres personnes. Elle commença donc un
groupe de prière charismatique avec ses élèves, un autre avec quelques sœurs de Sainte-Croix et,
enfin, elle fonda un groupe de prière en ville, avec une religieuse ursuline, Sr Marie Magnin. C'est
ainsi que naquit le groupe Maranatha.2 Quelques temps plus tard, la première laïque intégrait le
groupe de prière.3 En octobre 1973, les deux sœurs firent la rencontre d'un couple protestant,
Georges et Louise Rapin, qui étaient à la recherche de la même spiritualité et intégrèrent très vite le
groupe, qui fut, dès lors, œcuménique. Les membres du groupe se réunissaient chaque semaine,
d'abord à l'Ecole de Commerce de Gambach, puis dans le local de prière d'un autre couple protestant
ayant intégré le groupe. Lorsque cette pièce devint trop petite, les réunions de prière eurent lieu
pendant deux ans dans la crypte de l'église des capucins, pour enfin s'installer dans la petite chapelle
Saint-Joseph, sous l'église de la paroisse Saint-Pierre. Au début, le groupe Maranatha ne comptait
que quelques membres, puis une vingtaine de personnes vinrent régulièrement aux réunions de
prière, pour enfin atteindre jusqu'à 80 membres.4 C'est dans ce groupe, qu'en 1974, Daniel-Ange,
personnage emblématique du mouvement charismatique en France et fondateur de Jeunesse-
Lumière, fit la connaissance du Renouveau5 alors qu'il était séminariste à l'université de Fribourg.6
Dès 1972, Sœur Marie-Angèle et son groupe organisèrent des week-ends de prière. Le
premier eut lieu durant les vacances de Noël 1972 à Regina Mundi à Fribourg avec les deux jésuites
berlinois que Sœur Marie-Angèle avait rencontrés et rassembla plus de 25 personnes, dont le
chanoine Joseph Roduit, actuel Abbé de Saint-Maurice. En février 1973, un second week-end
rassembla le double de participants autour du P. Albert-Marie de Monléon o.p., l'un des principaux
diffuseurs du Renouveau charismatique en France. En octobre 1973, après la rencontre avec
Georges et Louise Rapin, un week-end de prière, œcuménique cette fois, fut mis sur pied. Selon le
témoignage de Sœur marie-Angèle, « tous ces week-ends de prière œcuméniques [furent] très bénis.
L'effusion de l'Esprit donn[ait] aux participants " un cœur nouveau, un esprit nouveau ", une unité,
une joie de croire nouvelle. »7 La coutume s'instaura, de 1972 à 1977, de faire 4 week-ends par
année : durant les vacances de Noël, de carnaval, de la Pentecôte et d'automne.8 Ils avaient lieu à
Fribourg, dans l'internat de la maison des Pères marianistes sur le Boulevard de Pérolles, durant les
2 Entretien avec Sœur Marie-Angèle Michaud, Monastère de Montorge/FR, 9 mars 2011.3 Entretien avec Yoland Demierre, Fribour/FR, 15 février 2011.4 Entretien avec Sœur Marie-Angèle Michaud, Monastère de Montorge/FR, 9 mars 2011.5 Entretien avec Yoland Demierre, Fribourg/FR, 15 février 2011.6 LANDRON, Olivier, op.cit., p.80.7 « Origine des groupes de prière du Renouveau et leur expansion en Suisse » : Petit historique manuscrit écrit par
Sœur Marie-Angèle.8 Sœur marie-Angèle, n'était plus certaine si c'était 3 ou 4 week-ends par année. Dans son petit historique manuscrit
elle écrit : « la coutume s'instaure de faire des week-ends trois fois par an, aux vacances de Noël, de Carnaval et à la Pentecôte. » Lors de notre entretien, par contre, elle a affirmé qu'il s'agissait bien de 4 week-ends par année.
79
vacances scolaires afin de pouvoir disposer des chambres. « Des chrétiens pleins d'enthousiasme
transmett[aient] " la flamme " à leurs frères dans la mouvance de l'Esprit-Saint. »9 Ces week-ends
contribuèrent à la diffusion du Renouveau charismatique dans toute la Suisse romande. Des gens des
cantons du Valais, de Genève, Vaud, Neuchâtel venaient y assister. La plupart des participants,
surtout au début, ne connaissaient pas du tout le Renouveau. Lors du premier week-end de
décembre 1972, sur 25 participants, seuls 4 ou 5 personnes connaissaient le mouvement. Lors des
derniers week-ends organisés par Sœur Marie-Angèle et son groupe, il y eut jusqu'à 300
participants.10 De 1974 à 1984, le groupe Maranatha organisa également un grand rassemblement
romand en automne.11
En plus de ces week-ends ouverts à tous, le groupe organisa des week-ends uniquement pour
ses membres, afin de former des liens plus étroits entre les personnes. Ils allèrent faire une retraite à
la Maigrauge, à Fribourg, ainsi qu'à Collombey chez les Bernardines. Certaines sœurs de Collombey
furent très touchées par le Renouveau et essayèrent de le propager.
A la Pentecôte 1975, Sœur Marie-Angèle, Georges Rapin, Hermann et Andrée Parli ainsi
qu'une vingtaine de frères et sœurs du groupe de prière se rendirent à Rome pour un week-end et
une messe de Pentecôte à la Basilique Saint-Pierre où plus de 10'000 membres du Renouveau du
monde entier se réunirent autour du Pape Paul VI. Cette expérience marqua, comme on l'a vu plus
haut, un tournant dans l'histoire du Renouveau charismatique.
Lors des week-ends et des assemblées de prière, les participants priaient de manière
charismatique, mais dans les débuts, il y avait peu de pratique des charismes. Par exemple, sœur
Marie-Angèle dit n'avoir reçu le don du chant en langues (glossolalie) que la deuxième année.
Cependant, les charismes se développèrent très vite dans les réunions de prière du groupe : parler et
chant en langues, interprétation, prophétie etc.
En 1977, Sœur Marie-Angèle entra chez les sœurs capucines de Montorge, religieuses
contemplatives, afin de répondre à sa vocation de prière, (re)découverte à travers le Renouveau
charismatique. C'est Georges Rapin et le Père Jean de la Croix Kaelin, un dominicain, qui devinrent
alors « bergers » du groupe Maranatha. Ils abandonnèrent néanmoins progressivement l'organisation
des week-ends de prière, et, dans les années qui suivirent immédiatement le départ de Sœur Angèle,
il n'y eut plus qu'une seule rencontre par année, le jour de la Pentecôte.
D'après un rapport rédigé par le groupe romand et le comité de l'Union des Supérieurs
Majeurs Religieux de Suisse Romande (USMR) à l'intention des Vicaires Généraux et Episcopaux,
9 « Origine des groupes de prière du Renouveau et leur expansion en Suisse » : Petit historique manuscrit écrit par Sœur Marie-Angèle.
10 Entretien avec Sœur Marie-Angèle Michaud, Monastère de Montorge/FR, 9 mars 2011.11 Lettre du conseil romand aux groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de l'Eglise catholique en Suisse
romande, 8 décembre 1987 (ci-après : charte 1987), p.18.
80
daté de juin 1975, il existait à cette époque-là à Fribourg un second groupe formé essentiellement de
disciples de l'Ecole de la Foi, mais qui « s'ouvr[ait] de plus en plus à d'autres ». Ce rapport relève
également qu' « on parl[ait] aussi d'un groupe à la Maigrauge et à Hauterive » et que d'autres
groupes étaient en train de se former, notamment à la paroisse Ste-Thérèse.12 De plus, après 1977, le
groupe Maranatha se scinda en deux, en raison de dissidences intervenues dans le groupe sur des
questions œcuméniques. Une sœur décida alors de fonder un autre groupe, exclusivement
catholique.13 En 1988, Fribourg comptait 7 groupes de prière charismatique14 et en 1994, 18
groupes, dont 3 groupes de jeunes, étaient actifs dans le canton.15 Entre 1997 et 2003, il y eut
environ 13 groupes de prière et à partir de 2003 le nombre oscilla entre 8 et 9 groupes dans le
canton.16 Il y en a 7 aujourd'hui répartis entre les 4 districts de la Broye, de la Sarine, de la Glâne et
de la Gruyère.17
1.2. Dans le canton du Valais
Il est difficile d'établir où et comment le premier groupe de prière est né en Valais. D'abord
parce qu'il faudrait trouver les gens qui ont participé à la fondation de ce groupe. Ensuite, parce que,
les groupes de prière naissant d'initiatives spontanées de personnes ayant vécu une conversion
intérieure, il est probable que plusieurs groupes de prière naquirent à la même époque. En juin 1975
néanmoins, il existait déjà plusieurs groupes de prière dans le canton. Un groupe de dix à quinze
Sœurs hospitalières se réunissait une fois par semaine et un groupe de jeunes était en train de se
former à Sion. Un autre groupe se retrouvait à Lourtier, dans la vallée de Bagne, depuis l'été 1974.18
Le Renouveau avait donc déjà fait son apparition dans la Vallée du Rhône et il commençait à se
propager. Quant à savoir comment il s'introduisit dans la région, nous savons, à titre d'exemple, que
Sœur Olga, qui fait maintenant partie de la Communauté des Béatitudes à Venthône, connut les
débuts du Renouveau charismatique par le biais des Eglises de Réveil protestantes.19
D'après Pierre Pralong, le Renouveau se diffusa discrètement jusqu'en 1984, année durant
laquelle il fit la connaissance de cette mouvance. A cette époque-là, le canton comptait une
12 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.
13 Entretien avec Sœur Marie-Angèle Michaud, Monastère de Montorge/FR, 9 mars 2011.14 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.15 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse
romande, octobre 1994.16 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR.17 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 11 avril 2011).18 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des
Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.19 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.
81
quinzaine de groupes de prière répartis dans toute la région et un petit noyau commençait à fédérer
les groupes de prière en organisant, environ deux fois par année, des rencontres de « bergers » et
« bergères » afin de donner une certaine unité aux groupes. Dans ces années-là, le Renouveau
connut un véritable essor en Valais.20 En effet, en novembre 1985, le canton comptait 24 groupes de
prière21 et en 1988 il en comptait déjà 49.22 La venue du Père Tardif fut une des causes de cette
rapide diffusion des groupes de prière dans la vallée du Rhône.23 Ce prêtre canadien, après avoir
vécu lui-même une guérison miraculeuse grâce à la prière de jeunes charismatiques, reçut un
ministère d'évangélisation et de guérison et commença à sillonner le monde pour apporter la Bonne
Nouvelle et guérir les malades. En 1985, l'Association des Chrétiens Témoins dans leurs Entreprises
(ACTE), association protestante et évangélique mais ouverte aux autres confessions, proposa aux
valaisans d'accueillir le prêtre canadien. Les déclarations de nombreuses guérisons spectaculaires
firent de cet événement un épisode primordial pour le Renouveau valaisan.24 Durant les années
suivantes, le Père Tardif revint deux fois en Valais, en 1987 à la patinoire de Martigny et en 199025
où il attira, au CERM à Martigny, plusieurs milliers de personnes, venues de toute la Suisse
romande.26 D'autres prédicateurs charismatiques vinrent également prêcher des retraites et des week-
ends, contribuant à faire mieux connaitre le Renouveau. Il y eut en Valais un réveil à la fin des
années 80, et le canton fut « quadrillé » par des groupes de prière du Renouveau.27
A partir de 1985, un « Chœur du Renouveau » fut formé, sous la direction de Fernand
Tapparel, futur diacre et délégué interdiocésain pour le Renouveau. On lui avait demandé de
s'occuper de l'animation lorsque venait le Père Tardif et, comme il dirigeait les chœurs de Chalais et
de Sainte-Croix, il constitua une chorale avec des membres des deux chœurs. Les chants que cette
chorale interprétait étaient essentiellement tirés du répertoire du Renouveau, donc, très rapidement,
la plupart des chanteurs furent des membres du Renouveau : « ça chantait beaucoup moins juste,
mais c'était beaucoup plus priant ». Ce chœur atteignit 60 membres à son apogée et alla chanter à
Genève, Vevey, Lausanne, Einsiedeln et même en France. En 1994, lorsque Fernand Tapparel fut
ordonné diacre et dut arrêter la direction du chœur, faute de temps, il ne trouva pas de remplaçant et
le chœur dut se dissoudre.28
20 Entretien avec Pierre Pralong, Chermignon d'En Bas/VS, 8 mars 2011.21 JPJ, Groupes de Suisse française, novembre 1985.22 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.23 Ecole d'évangélizacion Juan Pablo II et Yves Rancourt, Bienvenue sur le site du père Emilien Tardif (1928-1999),
[En ligne]. http://emilientardif.cartefoi.net/index.php (page consultée le 11 avril 2011).24 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.25 Evangile et Mission, N°20 16 mai 1985, p.358 ; N°29-30 2 juillet, 1987, p.580 ; N°13 29 mars, 1990, p.299.26 Entretien avec Pierre Pralong, Chermignon d'En Bas/VS, 8 mars 2011.27 Entrevue avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011.28 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.
82
Dès le milieu des années 80, le Valais fut un foyer du Renouveau en Suisse romande avec un
nombre de groupes de prière parfois supérieur à l'ensemble de ceux des autres cantons romands.
Nous avons vu plus haut que le canton comptait, en 1988, 49 groupes de prière.29 En 1994, il en
comptait 5530 et en 1997 encore une cinquantaine. A partir de 1999, le nombre de groupes de prière
oscilla entre 30 et 40.31 Le canton compte actuellement 34 groupes de prière charismatique.32
1.3. Dans le canton du Jura
Le canton du Jura a également été touché par le Renouveau dès les débuts de sa diffusion en
Suisse romande. Le document de l'USMR nous apprend qu'en 1975 un groupe de prière avait
démarré en janvier de la même année à Vicques, petit village situé dans le Val Terbi.33 Ce groupe fut
fondé par Françoise Huot et son mari, qui avaient connu un groupe de prière en France et en avaient
formé un en Suisse, à leur retour.34
En 1985, un nouveau groupe fut fondé par deux jeunes filles. Celles-ci faisaient déjà partie
d'un groupe de jeunes charismatique à Porrentruy. Le prêtre qui les accompagnait, l'abbé Edgar
Imer, les avait incitées à prendre des initiatives et c'est ainsi qu'elles décidèrent de se rendre à
Delémont pour écouter le Père Tardif, vraisemblablement invité par un groupe de l'Eglise réformée.
Le Père Tardif, qui s'était adressé tout spécialement aux jeunes, les avait encouragés à prier avec des
adultes. C'est pourquoi les deux jeunes filles commencèrent à prier avec leurs mères et une troisième
femme, à Charmoille. Quand les deux jeunes filles partirent étudier hors du canton, les 3 femmes
continuèrent à se rencontrer pour prier, une fois par semaine. Ce n'est que lorsqu'elles allèrent faire
une retraite donnée par le Père Bernard Müller au Centre Saint-François à Delémont, qu'elles se
rendirent compte qu'elles faisaient partie d'une mouvance qui existait déjà. En effet, même si elles
n'exerçaient pas encore les charismes, elles priaient ensemble, échangeaient sur les difficultés de
leurs vies respectives. Leurs réunions de prière s'apparentaient beaucoup aux groupes de prière
charismatique. Elles suivirent donc cette retraite avec le Père Müller qui leur expliqua ce qu'était un
groupe charismatique, comment se déroulait la prière etc. C'est à la suite de ce week-end qu'elles
commencèrent à se former au sein du Renouveau et à prier, selon l'avis de Betty Moirandat (l'une
29 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.
30 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse romande, octobre 1994.
31 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR, mars 1997, mars 1999, juin 2001, mai 2003, mai 2005, mai 2007.
32 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 25 octobre 2010).
33 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.
34 JPJ, Groupes de Suisse française, novembre 1985.
83
des fondatrices du groupe), de manière véritablement charismatique.35
Deux autres groupes de prière se formèrent entre la fin des années 70 et le début des années
80. En effet, en novembre 1985, selon la liste du Père Bernard, le Jura comptait 4 groupes de prière :
à Vicques, à Charmoille, à Porrentruy et au Noirmont.36 Plusieurs groupes se constituèrent encore
dans les années suivantes car il y avait 9 groupes en 198837 puis 11 en 199438 et enfin 18 en 1997,
répartis entre l'Ajoie, les Franche-Montagnes, la vallée de Delémont et la région de Bienne-
Moutier.39 En 2003, le nombre de groupes de prière charismatique était redescendu à 1240 et le
canton n'en compte aujourd'hui plus que 5.41
1.4. Dans le canton de Vaud
Le Renouveau charismatique s'introduisit également dans le canton de Vaud vers le milieu
des années 1970. Nous n'avons pu reconstituer les débuts du Renouveau dans l'ensemble du canton
mais nous sommes néanmoins en mesure de donner quelques éléments sur sa diffusion dans la
région lausannoise.
En juin 1975, deux groupes de prière étaient inventoriés dans le rapport de l'USMR. L'un se
réunissait au Valentin et se composait de la Communauté des Sœurs et de « quelques autres
personnes ». L'autre était un groupe de personnes plutôt jeunes qui se réunissaient autour du
chanoine Gabioud au collège de Champittet. Le rapport faisait allusion à deux autres groupes qui
semblaient se réunir l'un au Collège de la Cité et l'autre autour de l'abbé Nicod.42 Vers 1976-1977, un
autre groupe commença à se réunir chez une particulière à Lausanne, accompagné par l'abbé Joseph
Beaud. En 1980 eut lieu, dans ce groupe, une première rencontre œcuménique du Renouveau autour
de l'abbé Joseph Beaud et du pasteur Rœhrich, à Juriens. Cette même année, le groupe se scinda en
deux : d'un côté les personnes qui désiraient une prière plus intériorisée et de l'autre celles qui
désiraient une prière plus expressive. Ce dernier groupe reçut le nom de « La Porte Ouverte » et
existe encore de nos jours. Le « berger » du groupe organisa pour les 17 membres le parcours des
35 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 201136 JPJ, Groupes de Suisse française, novembre 1985.37 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.38 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse
romande, octobre 1994.39 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mars 1997.40 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mai 2003.41 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 11 avril 2011).42 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des
Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.
84
« 7 semaines ».43 Au printemps 1981, eut lieu la première rencontre intergroupes de la région
lausannoise, avec les groupes de Rumine, la Sallaz, Cully et la « Porte ouverte » et, à l'automne de
la même année, un nouveau groupe fut constitué à l'église du Valentin à Lausanne. Il reçut le nom de
« L'Annonciation » et la mission de porter, deux par deux, la communion aux malades. Au
printemps 1982, le séminaire des « 7 semaines » fut donné par l'abbé Bernard Müller à tous les
groupes de la région lausannoise et à l'automne on institua des rencontres trimestrielles des 6
groupes de la région autour de l'abbé Müller.44
En 1985, le canton de Vaud comptait seize groupes répartis dans tout le canton, dont cinq à
Lausanne même.45 En 1988, 14 groupes existaient sur la Riviera vaudoise et 3 étaient répartis entre
le Nord Vaudois et le canton de Neuchâtel.46 A partir de 1997, le nombre de groupes commença à
diminuer pour atteindre 10 groupes sur l'Arc lémanique et 2 dans le Nord Vaudois en 1999 et en
2003 le canton de Vaud dans son ensemble comptait 10 groupes de prière ce qui ne changea guère
depuis, puisque qu'il en existe actuellement 7.47 En 2009, le groupe Agapè qui se réunissait à Notre-
Dame du Valentin comptait encore 40 personnes.48
1.5. Dans le canton de Neuchâtel
En octobre 1981, une communauté des Sœurs du Cénacle s'installa dans le canton de
Neuchâtel, dans la région de St-Aubin (Cénacle de Sauges).49 C'est à ce moment-là que le
Renouveau commença à se diffuser dans le canton. Dès le début des années 80, cette communauté
organisa des retraites charismatiques durant lesquelles elle accueillait plus de 50 personnes. Elle
avait également beaucoup de contacts avec des prêtres du Renouveau, suisses et étrangers.50 Les
deux premiers groupes de la région de Neuchâtel furent fondés à la suite d'une retraite effectuée au
Cénacle de Sauges. Le premier fut fondé par Marcel Ruedin et sa femme. Ils firent la découverte du
Renouveau lors d'une grande rencontre de prière organisée par le groupe Maranatha de Fribourg en
43 « Les 7 semaines, telles qu’elles ont été conçues, constituent un cheminement, une progression, une dynamique qui conduit les participants à faire les dispositions requises pour accueillir l’effusion de l’Esprit. » C'est la formation de base que tout membre d'un groupe charismatique devrait suivre en tout cas une fois, au début de son parcours au sein du Renouveau afin de se préparer à, et de recevoir, l'effusion de l'Esprit. (SIMONART, Jean, « Les 7 semaines : l'article de l'abbé Jean Simonart », [En ligne], http://www.renouveau.be/infos/eventail-des-propositions/item/42-les-7-semaines (page consultée le 8 avril 2011).)
44 Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.45 JPJ, Groupes de Suisse française, novembre 1985.46 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.47 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 25 octobre 2011).48 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mars 1997, mars 1999, mai 2003, septembre 2009.49 Evangile et Mission, N°41, 1981, p.676.50 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.
85
octobre 1981 où ils purent entendre le pasteur Thomas Roberts et le Cardinal Suenens.51 Ils
décidèrent alors en 1982, de suivre une retraite charismatique au Cénacle de Sauges. A la suite de
cette retraite, entre 1982 et 1983, ils décidèrent de fonder, avec deux autres personnes, un groupe de
prière au Landeron. Les quatre fondateurs étaient catholiques, mais, très vite, des protestants et des
évangéliques vinrent se joindre à eux et le groupe fut dès le début œcuménique, ou plus précisément
catholique, avec une grande ouverture aux autres confessions.52
Le second groupe de prière du canton fut également créé dans le prolongement d'une retraite
au Cénacle de Sauges. C'est encore un couple qui avait entendu parler du Renouveau charismatique
à travers des ouvrages racontant les premières expériences du pentecôtisme catholique aux Etats-
Unis. En 1983 ils lurent dans l'Echo Illustré, périodique catholique, qu'un week-end avec le Père
Bernard Müller était organisé au Cénacle de Sauges. Ils y participèrent et firent la connaissance de
deux sœurs du Cénacle qui avaient été actives dans le Renouveau à Versailles et y avaient fondé un
groupe de prière. En mars 1984, le couple retourna au Cénacle pour une seconde retraite. C'est alors
que les deux sœurs françaises leur proposèrent de commencer ensemble un groupe de prière. C'est
ainsi que le groupe « La Visitation de Feu » fut fondé.53
Un autre groupe de prière se constitua à Neuchâtel dans ces années-là.54 En 1988, le canton
ne comptait encore que les 3 groupes cités plus haut.55 Mais à partir de 1994, une quinzaine de
groupes se réunissaient dans le canton.56 En 2003 ils n'étaient plus que onze, puis 7 en 2007.57
Actuellement, on dénombre 10 groupes de prière charismatique dans le canton qui sont tous de
confession chrétienne mixte.58
1.6. Dans le canton de Genève
Voici, tirée du Bulletin Ecoute, l'histoire des débuts du Renouveau à Genève :
C'est en 1975 qu'est né le premier groupe de prière du Renouveau au « foyer l'accueil » (devenu groupe L'AGNEAU BLESSE), lorsque les Religieuses de Chavanod, venues de France et acquises au Renouveau ont ouvert leur assemblée de prière aux laïcs. A la même époque, au Centre Universitaire Catholique, des étudiants ont démarré un groupe avec le P. Jean de la Croix Kaelin, OP. Peu après, le groupe l'Accueil a essaimé en un deuxième groupe se réunissant à la crypte de Notre-Dame (devenu groupe ABBA). A cette même époque a
51 Le témoignage de Monsieur Ruedin sur la date et l'organisation de cette rencontre est confirmé par : Evangile et Mission, N°33, 3 septembre 1981, p.522.
52 Entretien avec Marcel Ruedin, Fribourg/FR, 30 mars 2011.53 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.54 JPJ, Groupes de Suisse française, novembre 1985.55 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.56 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse
romande, octobre 1994.57 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mars 1997, mars 1999, mai 2003, mais 2005, mai 2007.58 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 25 octobre 2011).
86
démarré un groupe à Ste-Thérèse. Ce dernier (devenu groupe Bethfagé), s'est rapproché de la Communauté du chemin Neuf.59
En 1979, le groupe de prière « traditionnelle » des Sœurs du Cénacle de Genève qui
réunissait des Equipes Notre-Dame se scinda en deux pour donner naissance à un autre groupe, « La
Paix du Christ », composé de membres qui désiraient vivre une prière de type charismatique. L'un
des couples à l'origine de ce groupe avait fait la connaissance du Renouveau un an auparavant lors
d'une rencontre au Foyer de charité à Bex avec les Pères Van den Eynde et Bouillot, jésuites
charismatiques belges. Plus tard, deux autres groupes de prière, issus du groupe du Cénacle, furent
constitués, à Onex et à Puplinge.60 D'autres groupes se constituèrent dans les années suivantes « et
se [...] développ[èrent] indépendamment les uns des autres, en fonction des diverses écoles
françaises et belges dont ils se réclamaient. »61
Vers la fin des années 80, les groupes de Genève recevaient un bulletin de liaison pour le
canton. Après un temps d'interruption, cette initiative fut reprise au mois de mai 2000 avec une
parution d'abord mensuelle puis bimensuelle à raison de plus de cent exemplaires.62 Cette feuille de
liaison transmet les intentions de prière des groupes, un petit enseignement sur la puissance du jeûne
et de la prière, les actions de grâce et enfin les informations concernant le Renouveau à Genève et
en Suisse romande.63
En 1985, il y avait 6 groupes de prière à Genève64 et en 1988, on pouvait en recenser 10.65 En
1994, sur les 12 groupes que comptait la région, 2 réunissaient des jeunes.66 Le canton atteignit son
maximum en 1995 avec 18 groupes et à partir de 1999 le nombre de groupes de prière se stabilisa à
12.67 Il existe actuellement 10 groupes de prière charismatique dans le canton.68
59 Ecoute, 1er trimestre 1998.60 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011.61 Ecoute, 1er trimestre 1998.62 AECR, Rencontre annuelle du 21 octobre 2001 et du 15 octobre 2996.63 Ecoute, N°1, 2001.64 JPJ, Groupes de Suisse française, novembre 1985.65 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.66 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse
romande, octobre 1994.67 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mais 1995, mars 1997, mars 1999, mai 2003, mais 2005, mai 2007.68 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 25 octobre 2011).
87
2. La diffusion des groupes de prière en Suisse Romande69
Dans notre description de la naissance du Renouveau en Suisse romande, nous pouvons
remarquer la diversité de voies que la mouvance emprunta pour s'introduire dans le pays. Nous
aimerions souligner également que les groupes de prière se réunissaient généralement chez des
particuliers et qu'il est donc possible, voire même probable, que d'autres groupes aient existé, en
plus de ceux mentionnés dans notre historique. D'autant plus que le rapport de l'USMR, par
exemple, ne mentionne précisément, à une exception près, que des groupes se réunissant dans des
lieux publics (Ecole de la Foi à Fribourg, paroisse du Valentin à Lausanne, Centre universitaire
catholique à Genève etc.) ou animés par des religieuses. Il semble que les groupes formés
uniquement de laïcs et se réunissant dans des lieux privés aient échappé à leur recherche. Malgré
cela, ce rapport nous apprend que le Renouveau était assez important en Suisse, au milieu des
années 1970, pour mériter l'attention des supérieurs religieux et des vicaires généraux et épiscopaux
de Suisse.
Dans leur article « Charismatiques et socio-politiques dans l'Eglise catholique du Québec »,70
Paul Reny et Jean-Paul Rouleau font remarquer que « le Renouveau charismatique fait surtout son
recrutement par contacts entre des personnes entretenant déjà des liens d'amitié » et qu'il se propage
par relations interpersonnelles et initiatives spontanées. Les mêmes éléments sont ressortis de notre
étude de la diffusion du Renouveau en Suisse romande. Des personnes faisaient la connaissance du
Renouveau à une session à Paray-le-Monial ou à Ars, lors d'une retraite en Suisse avec un prêtre
charismatique, lors d'un grand événement comme la venue du Père Tardif ou tout simplement à une
réunion de groupe charismatique. Ces personnes décidaient alors de commencer un groupe de
prière, généralement avec quelques amis ou connaissances, parfois deux ou trois seulement, et se
réunissaient dans la maison d'un des membres. Comme elles étaient très marquées par cette
expérience, elles en parlaient autour d'elles et le groupe grandissait. Lorsque celui-ci devenait trop
grand pour la maison d'un particulier, elles cherchaient un autre endroit et s'installaient alors dans la
salle paroissiale, la chapelle du quartier ou encore un local mis à disposition par une communauté
religieuse. C'est donc le bouche-à-oreille qui fut le principal vecteur de diffusion du Renouveau en
Suisse romande.
Mais le courant emprunta d'autres voies pour se faire connaitre. Même si elle n'est pas
encore apparue de manière évidente dans notre historique, l'influence de la France fut importante,
mais surtout lorsque les communautés nouvelles commencèrent à s'installer en Suisse dans les
69 Voir Annexe I : Nombre des groupes de prière dans chaque canton.70 RENY, Paul, ROULEAU, Jean-Paul, « Charismatiques et socio-politiques dans l'Eglise catholique du Québec », in
Social Compass, n°1, Mars, 1978, pp.133-134.
88
années 90. En revanche, on constate que l'influence des jésuites belges fut très présente dès les
années 70. En effet, en 1978, le Père van den Eynde et le Père Bouillot, invités par le père Bernard
Müller, vinrent animer une retraite au foyer de charité à Bex. Ces deux jésuites retournèrent ensuite
régulièrement prêcher des retraites en Suisse. Dès 1980 et pendant une vingtaine d'années, le Père
van den Eynde anima environ trois fois par an des retraites charismatiques à Notre-Dame de la
Route à Fribourg. Il donna également, mais moins régulièrement, des retraites à Notre-Dame du
Silence, à Sion.71 Le père Bouillot prêcha aussi plusieurs retraites du Renouveau au Cénacle à
Genève.72 Tout comme ils le firent en France, ces deux prêtres participèrent donc activement à la
formation des groupes de prière en Suisse.73
En ce qui concerne les membres des groupes de prière, faute de données suffisantes, nous ne
sommes pas en mesure d'effectuer une véritable étude sociologique du Renouveau. Nous pouvons
néanmoins faire ressortir quelques caractéristiques communes aux participants du Renouveau.
Plusieurs études sur les charismatiques aux Etats-Unis et au Brésil ont montré que les membres du
Renouveau, dans ces pays, étaient généralement issus des classes aisées de la population.74 On y
dénombre également une grande proportion de femmes et de jeunes.75 Concernant ces questions
dans le cadre de la Suisse romande, il ne nous est pas possible de nous prononcer de manière
certaine sur ce point. Mais en 1989, un des responsables du Renouveau affirmait que :
les membres du Renouveau en Suisse romande viennent plutôt de milieux populaires, également immigrés, et ne sont pas particulièrement engagés dans le domaine des « grandes causes sociales » comme le tiers monde, l'environnement, la lutte contre la torture... »76
Par contre, il semble que les personnes qui participèrent à l'organisation du Renouveau
romand aient plutôt été issues des classes supérieures de la population. En effet, la plupart des
personnes que nous avons interrogées avaient fait des études supérieures et avaient des professions à
responsabilité (professeur à l'EPFL, chef d'entreprise, ingénieur, architecte etc.).77 En ce qui
concerne la moyenne d'âge dans les groupes de prière, nous savons qu'un certain nombre de groupes
71 Evangile et mission, N°17, p.308 ; N°42, p.840 et passim.72 Evangile et mission, N°32, p.619 et passim.73 LANDRON, Olivier, op.cit., p.275.74 FICHTER, Joseph H., « Liberal and Conservative Catholic Pentecostals », in Social Compass, n°3, Septembre, 1974,
p.303 ; RIBERIO DE OLIVEIRA, Pablo A., « Le renouveau charismatique au brésil », in Social Compass, n°1, Mars, 1978, p.39 ; RALPH, Lane Jr., « The Catholic Charismatic Renewal Movement in the united States: A Reconsideration », in Social Compass, n°1, Mars, 1978, p.26.
75 COHEN, Martine, « A propos du Renouveau Charismatique aux Etats-Unis », in Archives des sciences sociales des religions, n°2, Avril-juin, 1985, p.197.
76 Evangile et mission, N°22 1er juin, p.454.77 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011 ; Entretien avec Jean-Pierre
et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011 ; Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011 ; Entretien avec Pierre Pralong, Chermignon d'En Bas/VS, 8 mars 2011 ; Entretien avec Michel Horner, Neuchâtel/NE, 13 février 2011.
89
de jeunes existèrent, notamment à Sion et à Lausanne vers 197578, en 1994 il y avait un groupe
d'enfants adorateurs dans le nord Vaudois, 2 groupes de jeunes à Genève et 3 à Fribourg79 et en 1997
le Jura comptait 1 groupe de jeunes.80 Cet inventaire n'est certainement pas exhaustif et on peut
également supposer qu'un nombre non négligeable de jeunes participaient à des groupes qui ne leur
étaient pas spécialement réservés. Les jeunes constituaient donc probablement une portion non
négligeable, quoique minoritaire, dans les groupes charismatiques. Pourtant, depuis ces quinze
dernières années, le nombre de jeunes diminue. Mais nous reviendrons, dans notre conclusion, sur
cet aspect du manque de renouvellement des groupes de prière. En ce qui concerne l'importante
présence féminine, il semble que dans l'Ajoie le Renouveau ait été, et soit toujours, « l'affaire des
femmes » et qu'il compte par conséquent une grande majorité de membres féminins.81 En 1999 en
effet, 90% des membres des groupes jurassiens étaient des femmes.82 Mais cette tendance n'a pas été
relevée dans les autres régions.
Une autre caractéristique commune à une proportion non négligeable des membres des
groupes de prière correspond à leur situation par rapport à l'Eglise. En effet, les membres du
Renouveau n'ont généralement pas de compte à régler avec l'institution. Au contraire, ils désirèrent
fermement, dès les premières années, rester dans l'Eglise et cherchèrent très vite à se faire
reconnaître par l'institution.83 Cet élément s'explique par le fait que ce sont souvent des gens qui
avaient perdu tout contact avec l'Eglise, ou qui n'en faisaient pas partie du tout (des réformés etc.). 84
C'est pourquoi, le Renouveau charismatique, en Suisse comme ailleurs, n'a jamais eu à conquérir
une autonomie, comme ce fut le cas pour l'Action catholique, mais a par contre toujours cherché à
se faire reconnaitre une légitimité au sein de l'Eglise.85
Une autre composante semble être commune à tous les groupes : la présence de personnes
émotionnellement ou psychiquement faibles, voire marginales ou même handicapées dans les
groupes de prière. Comme le relève Monique Hébrard :
Les communautés et les groupes charismatiques attirent les pauvres et les paumés comme le miel attire les mouches, car ils sentent instinctivement qu'ils y seront accueillis comme des personnes à part entière et aimés
78 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.
79 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Renouveau en Suisse romande, octobre 1994.
80 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR, mars 1997.
81 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 201182 Ecoute, N°3, 1999.83 SEGUY, Jean, « La protestation implicite. Groupes et communautés charismatiques », in Archives des Sciences
sociales des religions, N°2, Octobre-décembre, 1979, p.200.84 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.85 COHEN, Martine, « Vers de nouveaux rapports avec l'institution ecclésiastique : l'exemple du Renouveau
Charismatique en France », in Archives des sciences sociales des religions, Juillet-septembre, 1986, p.66.
90
inconditionnellement.86
Cet élément est apparu régulièrement dans nos entretiens. Le groupe de prière à Porrentruy
était fréquemment appelé « le groupe des paumés », en raison de sa forte proportion de personnes en
difficultés. A un prêtre qui lui faisait remarquer que c'était facile pour les groupes de prière d'être
nombreux étant donné qu'ils récupéraient tous les marginaux du village, l'une de nos répondantes lui
répondit que, dans l'Eglise, c'était le seul endroit où ils étaient accueillis.87 Et il est vrai qu'une des
vocations des communautés nouvelles et du Renouveau en général était l'accueil du pauvre, dans
toutes les acceptions du terme. On retrouve donc cette dimension dans les groupes charismatiques.
Nos entretiens avec les membres de ces groupes montrent que ceux-ci valorisaient l'accueil des
personnes instables: « elles étaient accueillies, pas jugées, aimées pour elles-mêmes ».88 C'est une
tendance qui est d'ailleurs encore d'actualité de nos jours. C'est aussi un fait qui a probablement
dissuadé certaines personnes, mal à l'aise dans cette diversité, de participer à un groupe de prière.89
Cependant, les groupes charismatiques ne sont pas seulement le foyer de personnes marginales ou
instables, ce sont aussi des lieux où l'on peut partager et parler de ses problèmes, où l'on trouve un
soutien et des oreilles attentives. C'est pourquoi on y accueille de nombreuses personnes qui
traversent une période difficile. Celles-ci font leur apparition dans le groupe lorsqu'elles sont dans
une situation de vie très pénible et en repartent lorsqu'elles se sont remises, qu'elles ont « rechargé
leurs batteries ».90 En effet, comme le fait remarquer Monique Hébrard, « pour les charismatiques,
l'une des grandes pauvretés de l'homme moderne [..] est son désarroi moral et spirituel. Le
[Renouveau charismatique] est donc [non seulement] présent dans la défense de la famille, de
l'amour, de la vie », mais l'ampleur des engagements caritatifs et sociaux de ses membres est
également remarquable.91 C'est pourquoi, même si les communautés charismatiques sont plus à
même de pratiquer cet accueil et ce soutien car elles ont les structures adéquates pour cela, on trouve
chez les membres des groupes de prière de nombreux visiteurs de malades, de personnes âgées ou
en fin de vie. Les membres des groupes s'aident également mutuellement, lorsque le besoin se fait
sentir. C'est ainsi qu'il n'est pas rare qu'une personne aille faire le repassage ou les commissions d'un
membre malade de son groupe.92
86 HEBRARD, Monique, 1991, op.cit., p.67.87 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 201188 Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011 ; cet élément est apparu dans tous nos entretiens où la
question a été abordée.89 Entretien avec Marcel Ruedin, Fribourg/FR, 30 mars 2011 ; Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18
février 2011.90 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.91 HEBRARD, Monique, 1991, op.cit., pp.70-71.92 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 2011. Cette dimension est apparue
dans plusieurs autres entretien, notamment avec Fernand Tapparel.
91
Comme le relève Bertrand Georges, ancien « berger » de la communauté du Verbe de Vie à
Pensier, à quelques exceptions près, les groupes du Renouveau reflètent généralement le « peuple de
Dieu » : on peut trouver dans la même assemblée un chef d'entreprise et un chômeur alcoolique sans
que cela ne paraisse déplacé.93 C'est ce qui fait la grande particularité du Renouveau : la dimension
d'accueil, d'aide et d'amour du prochain, quel qu'il soit, qui règne dans les groupes charismatiques.
Voilà d'ailleurs comment se définissaient, en 1987, les charismatiques romands :
Nos groupes deviennent progressivement communion fraternelle vécue dans la joie de la foi, la louange et le partage. Composés de membres d'une grande diversité d'âges, de milieux, de mentalités, de cultures, ils sont nombreux aujourd'hui ceux dont on peut dire « voyez comme ils s'aiment ». La prise en charge des uns par les autres, une certaine assistance concrète en sont les moments privilégiés. Ces groupes deviennent donc des lieux d'éclosion de la foi vive de nombreuses personnes autrefois en marge de l'Eglise, des lieux de témoignages qui éveillent à un engagement chrétien effectif, des lieux d'authentique charité d'où nous sommes envoyés vers les plus pauvres.94
Chapitre VI: Le Renouveau et l'Eglise institutionnelle
1. L'élaboration de la structure romande
1.1. Formation d'un noyau romand
Comme nous l'avons vu plus haut, le Renouveau s'introduisit en Suisse de manière spontanée
et diffuse. Les groupes de prière prenaient naissance ici ou là et certains membres n'avaient pas
même conscience de l'existence d'autres groupes qui se réunissaient dans la même idée. Cependant,
progressivement, ceux qui cheminaient depuis quelques années dans le Renouveau sentirent grandir
en eux le désir de se former et de partager leurs expériences. Ils commencèrent donc à participer à
des formations proposées par l'Eglise et à des rassemblements organisés en Suisse ou à l'étranger :
congrès national à Sarnen et à Einsiedeln95, sessions à Paray-le-Monial et à Ars, autres retraites ou
week-ends en Belgique ou en France etc. Néanmoins, certains membres se mobilisèrent très vite et
commencèrent à organiser des retraites et des week-ends du Renouveau, mais également des
rencontres de plusieurs groupes, sur le plan régional et même sur le plan romand.96 C'est ainsi que,
de 1974 à 1984, le groupe Marantaha organisa, chaque automne, un rassemblement romand. De
93 Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011.94 Charte 1987, p.10.95 Ces congrès nationaux étaient organisés par le Renouveau en Suisse-allemande. Ils eurent lieu en 1985 à Sarnen et en
1987 et 1989 à Einsiedeln. (Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011 ; Evangile et Mission, op.cit., N°23, 1985, p.411 ; Evangile et Mission, op.cit., N°29-30, 1989, p.597). Pour le congrès de 1987, du moins, les deux autres régions linguistiques furent intégrées à l'organisation du rassemblement. (JPJ, Lettre du Secrétariat interdiocésain du Renouveau dans l'Esprit-Saint aux responsables et aux membres des groupes de prière du renouveau en Suisse romande, 21 février 1987).
96 Charte 1987, pp.13-14.
92
grands événements furent également mis sur pied comme les rencontres avec le père Tardif en 1987
et 1989 en Valais. De plus, dès 1972, des retraites et week-ends furent organisés à un rythme
régulier à Fribourg, puis, dès 1978, à Genève et en Valais, à Neuchâtel et enfin à Delémont. A partir
de 1985, des retraites pour couples et pour jeunes furent mises sur pied. En 1987, il y avait ainsi,
dans chaque région, cinq à six retraites de quatre à huit jours et un à deux week-ends par année, qui
réunissaient de 20 à 200 participants selon les événements. Pour animer ces manifestations, on
faisait appel à des prédicateurs charismatiques étrangers mais également à des prêtres participant au
Renouveau en Suisse romande.97
Le père Bernard Müller
Une personne, à laquelle nous avons déjà fait allusion, se trouva, très tôt, à l'origine de la
majorité des activités organisées au sein du Renouveau : le père Bernard Müller. Ancien aumônier
de la JEC qui avait dû arrêter son ministère pour des raisons de santé, l'abbé Müller fit la
connaissance du Renouveau grâce au père Jean de la Croix Kaelin, « berger » du groupe Maranatha
à Fribourg. Celui-ci l'envoya en Belgique pour se former sur ce nouveau courant.98 Très vite, le père
Bernard Müller prit en main le Renouveau en Suisse romande et se chargea d'organiser de
nombreuses retraites et week-ends de formation. C'est pourquoi, en 1981, Mgr Mamie, évêque du
diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, le désigna comme délégué de l'évêque auprès du
Renouveau pour son diocèse. C'est en raison de son caractère modéré que Mgr Mamie choisit de lui
confier cette tâche. En effet, le père Müller avait connu le Renouveau dans une communauté jésuite
en Belgique qui était très réservée en ce qui concernait toutes les manifestations extérieures du
Renouveau.99 Ils contrôlaient tout pour éviter d'éventuels débordements et le père Bernard Müller
étant leur élève, il était lui aussi très réservé dans son expression charismatique. C'est pourquoi il
accorda toujours énormément d'importance à la formation et au discernement. Par conséquent, dès
1981, il mit l'accent sur la formation des responsables de groupes (« bergers », noyaux, groupes de
discernement) en mettant sur pied des rencontres régionales, des parcours des « 7 semaines »100, des
journées romandes de formation avec des prédicateurs du Renouveau etc.101
Le conseil romand
Comme nous l'avons vu plus haut, le Renouveau se développait de manière particulièrement
97 Charte 1987, p.18.98 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.99 Il s'agit de la communauté à laquelle appartenaient les pères Jean Van den Eynde et Michel Bouillot, à Fayt-lez-
Manage en belgique.100 Voir note 43.101 Charte 1987, p.19.
93
rapide et importante en Valais et il commençait également à prendre de l'importance dans le Jura,
c'est pourquoi, en 1983, le Père Bernard fut nommé délégué interdiocésain pour l'ensemble des
régions francophones, dans le diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg, le diocèse de Sion, le
territoire abbatiale de Saint-Maurice et le diocèse de Bâle pour le canton du Jura. A cette époque-là,
la Romandie fut découpée en régions afin de « stimuler l'éclosion et le rayonnement d'un esprit de
communion entre les différents groupes de prière ». Le but était de créer de petites entités au sein
desquelles les groupes pourraient se retrouver afin de partager la prière et leurs expériences. Le
découpage fut ainsi fait : sept régions réparties entre le canton de Fribourg, le canton de Genève, le
canton du Jura, l'Arc lémanique, le Nord Vaudois et Neuchâtel, le Bas-Valais et le Chablais, et,
enfin, le Valais central.102 Pour chaque région, un conseil régional, composé de trois à six personnes,
fut constitué. Ils avaient pour tâche de « suscit[er] et entreten[ir] la communion entre les divers
groupes de prière en organisant des assemblées de prière, de partage, d'enseignement pour les
équipes de discernement ou pour les groupes de prière entiers. » Leur rôle était donc de créer une
unité entre les groupes de prière de chaque région.103
C'est aussi vers le milieu des années 80 que le père Bernard commença à s'entourer d'un
noyau de personnes, membres du Renouveau, qui le secondèrent dans l'organisation des retraites et
des rencontres ainsi que dans la coordination des groupes de prière. Vers 1985, ce noyau se constitua
en Conseil romand, dont le rôle était d'être à l'écoute de ce qui se vivait dans les groupes de chaque
région mais également à l'écoute des attentes de l'Eglise pour les groupes de prière. Il avait
également la charge de rester en contact avec le Renouveau catholique en Suisse alémanique et au
Tessin.104 Il réunissait deux à trois fois par an les conseils régionaux et veillait « à la pleine insertion
du Renouveau dans l'Eglise locale et universelle. »105
Ce conseil a[vait] charge de discerner et coordonner ce qui se vi[vait] dans les régions, en l'intégrant dans l'unité du corps ecclésial, ainsi que d'offrir aux membres des groupes de prière, en collaboration avec les conseils régionaux, une assistance spirituelle et une formation, propres au Renouveau. Conjointement avec le délégué inter-diocésain, ce conseil [était] en lien avec le Vicaire épiscopal, répondant du Renouveau auprès de la Conférence des Evêques de Suisse romande.106
Ce Conseil romand était constitué de personnes que le père Bernard avait personnellement
choisies pour le seconder. Il y avait néanmoins un certain recoupement des différentes régions, la
plupart étant représentées par un membre du Conseil.107 De plus, à partir de 1987, un secrétariat
diocésain pour le Renouveau fut mis en place afin de faciliter la coordination entre les groupes et le
102 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.
103 Charte 1987, p.15.104 Charte 1987, p.15.105 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport d'activité du
renouveau dans l'Esprit-Saint en Suisse Romande pour l'année 1987-1988.106 Charte 1987, p.15.107 Charte 1987, pp.15-16.
94
Conseil romand.
La charte des groupes de prière
Dans les années 1983-84, Bernard Müller et son « noyau » demandèrent aux évêques
d'adresser aux groupes de prière romands une lettre qui indiquerait la ligne de conduite à suivre.
Leur objectif était non seulement de se faire reconnaitre par l'institution ecclésiastique mais
également de recevoir quelques instructions et une ligne directrice afin de demeurer en Eglise.
Devant le refus des évêques, le noyau romand s'attela lui-même à la rédaction de cette lettre. Avant
de l'envoyer officiellement aux évêques, les rédacteurs la soumirent plusieurs fois aux responsables
des groupes de prière, à des théologiens, à des prêtres, en y apportant, chaque fois, les modifications
nécessaires. Lorsque le texte définitif fit consensus, il fut envoyé aux évêques le 8 décembre 1987
sous le titre « Lettre du conseil romand aux groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de
l'Eglise catholique en Suisse romande ».108 Dès lors, cette charte des groupes de prière fut un
document fondamental pour le Renouveau en Suisse romande. En effet, elle contenait non
seulement la définition de l'identité des groupes de prière charismatique, mais également une
description du déroulement de l'assemblée de prière ainsi que du rôle de chacun au sein du
Renouveau : prêtres, équipes de discernement et « bergers », conseils régionaux, conseil romand. En
outre, elle décrivait la dimension œcuménique du Renouveau et donnait quelques directives
concernant le comportement à adopter. Enfin, elle fournissait un bref historique du Renouveau en
Suisse romande. Cette charte est toujours d'actualité de nos jours, après avoir subi, en septembre
2002, quelques petits changements, qui furent une mise à jour plus qu'une réelle modification.
Les cycles de formation
Parmi les principales activités mises en œuvre par le Conseil romand, outre les nombreuses
formations, retraites et week-ends qui étaient organisés régulièrement dans chaque région, il faut
relever les 3 cycles de formation Sichem qui furent mis sur pied entre 1986 et 1997. Chaque cycle
durait trois ans : deux ans sur le discernement spirituel, puis 1 an sur l'accompagnement spirituel.
L'enseignement s'appuyait sur des cassettes élaborées par une équipe de « Formations Béthanie »
constituée autour du père Etienne Garin à Paris. Les enseignements complémentaires étaient donnés
par Geneviève Constant, religieuse du Sacré-Cœur de Jésus, membre de cette équipe « Formations
Béthanie ».109 L'objectif de cette formation était de former, au sein des groupes de prière, des gens
qui pourraient ainsi offrir un soutien spirituel aux personnes du Renouveau désireuses de se faire
108 Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.109 Archives de Lucien Maystre, deux feuilles présentant les deux phases du cycle de formation.
95
accompagner.110 Elle était très exigeante car elle impliquait huit rencontres par an ainsi que le travail
des cassettes en dehors des réunions de groupes. Elle rassembla néanmoins quelques 250 personnes
sur 10 ans.111
Le lundi de Pentecôte
La manifestation qui deviendrait le signe de communion des groupes de prière romands fut
l'organisation, dès 1987, d'un rassemblement le jour du lundi de Pentecôte. Le groupe Maranatha à
Fribourg avait organisé, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, des
rassemblements en automne. Il y avait également eu des réunions romandes à Sion. Mais ce type de
rassemblements n'était plus organisé depuis plusieurs années. C'est pourquoi, à la suite d'une
rencontre avec Raymond Halter, le Conseil romand décida de mettre sur pied une grande
manifestation charismatique pour le lundi de Pentecôte 1987. Par un concours de circonstance, la
réunion prit place à la communauté protestante de Grandchamp située dans le canton de Neuchâtel,
ce qui lui donna d'emblée une dimension œcuménique. A partir de 1987, l'organisation du lundi de
Pentecôte devint une tradition pour le Renouveau romand. La mise sur pied de la manifestation était
confiée successivement à chaque région qui l'organisait selon ses propres conceptions. Même si, la
plupart du temps, les intervenants étaient des membres à part entière du Renouveau, il arriva à
plusieurs reprises que des orateurs non charismatiques mais ouverts à ce courant fussent invités. Ce
fut le cas de Mgr Roduit en 1995, du Vicaire épiscopal Marc Donzé en 2009 ou encore de l'abbé
François-Xavier Amherdt en 2010.112 La plupart du temps, le rassemblement réunissait entre 400 et
800 personnes pour prier, chanter et louer.113 A certaines occasions, la rencontre prit un caractère
particulier et rassembla de ce fait un public plus nombreux. Ainsi en 1994, le rassemblement fut
organisé pour toute la Suisse. Il y avait eu vers la fin des années 80 trois rassemblements nationaux
organisés par le Renouveau suisse-allemand114, mais rien n'avait été fait depuis quatre ans. C'est
pourquoi le Renouveau romand décida que c'était à son tour de mettre quelque chose sur pied et
organisa une grande rencontre au Centre d'Expositions et de Réunions de Martigny (CERM) qui
rassembla entre 1000 et 1500 personnes.115 Les membres du Renouveau alémanique et tessinois
furent intégrés à l'organisation de la fête qui dura trois jours.116 En 1997, le groupe Maranatha et
110 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », L'accueil spirituel.111 Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.112 Archives de Michel Horner, actuel modérateur de l'Equipe de Communion Romande (ci-après : MH), Les
rassemblements du lundi de Pentecôte en Suisse romande (1987-2010).113 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mai 2005.114 Une fois à Sarnen et deux fois à Einsiedeln. Voir note 97.115 DI, Classeur « Renouveau : Lundi de Pentecôte », « Charisme, joie et louange », article daté du 24 mai 1994 (source
inconnue).116 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.
96
avec lui le Renouveau romand fêtait son 25è anniversaire. C'est pourquoi la région de Fribourg
organisa la réunion du lundi de Pentecôte et, pour l'occasion, un grand rassemblement à caractère
œcuménique très marqué fut mis sur pied, avec la présence de Mgr Grab ainsi que deux pasteurs
protestants. La rencontre attira près d'un millier de personnes qui écoutèrent des témoignages
catholiques, protestants et évangéliques.117 Seule l'année 2006 ne vit pas de traditionnel
rassemblement charismatique le lundi de Pentecôte en Suisse, car le Renouveau romand décida de
répondre à l'invitation du Pape Benoit XVI. Celui-ci avait, en effet, convié tous les nouveaux
mouvements ecclésiaux, les nouvelles communautés et les membres des groupes de prière à se
retrouver à Rome pour le week-end de Pentecôte.118
L'élaboration des premières structures du Renouveau, la mise sur pied de rencontres de
prière et de formation au niveau romand et la rédaction d'une charte des groupes de prière eurent
donc lieu dans le courant des années 80 sous la conduite du père Bernard Müller. Seulement, celui-
ci avait une santé fragile. De plus, il fonda en 1985 la communauté Cana-Myriam qui lui demanda
de plus en plus d'attention. C'est pourquoi il se retira progressivement de l'équipe de coordination
des groupes de prière ce qui provoqua certains changements dans les articulations du Renouveau
charismatique romand.
1.2. L'Equipe de communion romande et ses instances de soutien
Pour ses membres, le Renouveau charismatique n'est pas un mouvement organisé mais une
« mouvance ». Les responsables avaient donc à cœur de ne pas lui donner une structure trop rigide,
afin de ne pas « brider l'Esprit Saint ».
Loin de nous la pensée de structurer le mouvement comme le sont, en général, les groupements paroissiaux et diocésains. Les frères et sœurs qui acceptent de s'engager dans le Conseil régional ne sont pas responsables des groupes de prière de leur région respective ; ils sont les serviteurs de l'unité que le Seigneur veut édifier entre nous, en pleine soumission avec l'autorité de l'Eglise.119
Pourtant, les évêques avaient le souci de contrôler ce mouvement qui était facilement enclin
à la dérive, en raison de sa dimension émotionnelle forte. C'est pourquoi ils demandèrent à Bernard
Müller de créer des articulations qui permettraient une meilleure communication entre les groupes
de prière et la hiérarchie. Celui-ci a donc œuvré afin que le Renouveau ne soit pas un courant
117 DI, Classeur « Renouveau : Lundi de Pentecôte », « Un millier de personnes pour fêter l'Esprit Saint », in Echo, 31 mai 1997.
118 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR, mai 2007.
119 JPJ, Lettre du secrétariat interdiocésain du renouveau dans l'Esprit-Saint aux berges, noyaux et groupes de discernement, 1987.
97
sauvage mais qu'il soit pleinement intégré et reconnu par l'Eglise officielle.120 En 1988, le Chanoine
Joseph Roduit, aujourd'hui abbé de Saint-Maurice, fut nommé délégué de la Conférence des
ordinaires Romands (COR) auprès du Renouveau.121 Joseph Roduit avait connu le Renouveau dès
ses débuts et avait suivi la première retraite organisée à Fribourg par Sœur Angèle et son groupe de
prière à Noël 1972. Il ne faisait néanmoins pas partie du Renouveau mais avait l'avantage d'avoir
connu le mouvement de l'intérieur et de ne pas en être complètement étranger. 122
Peu à peu, l'abbé Roduit commença à chapeauter le Renouveau et à en modifier quelque peu
les structures et leurs fonctions. Il demanda à Myriam et Lucien Maystre, un couple vaudois, qui
avait œuvré aux côtés du Père Bernard dès les premières années, de reconstituer le Conseil romand.
L'Equipe de Communion romande
En décembre 1991, le conseil romand fut remplacé par une Equipe de Communion entre les
groupes de prière du Renouveau en Suisse romande (ECR). Elle fut approuvée en mars 1992 par la
COR qui lui envoya, par l'intermédiaire du répondant auprès du Renouveau Joseph Roduit, une
lettre de mission.123 La COR mandata l'ECR dans le but de « veiller à la saine doctrine chrétienne,
« sans éteindre l'Esprit Saint » » et « à l'unité pour éviter tout sectarisme ». Elle avait pour fonction
non pas de représenter les régions, mais de se rendre présente auprès de celles-ci et d'être à leur
service.124 Composée principalement de « laïcs du Renouveau engagés depuis des années dans
l'Eglise et au fait des diverses sensibilités qui anim[ai]ent ce Renouveau », elle avait pour mission
de « veiller sur la communion suscitée par l'Esprit Saint entre les groupes de prière, dans l'accueil
des diversité. » Elle devait prodiguer les mêmes services que l'ancien conseil romand : proposer des
formations, encourager les membres des groupes de prière à s'engager dans leur paroisse, organiser
des rassemblements interrégionaux et entretenir des liens avec l'équipe semblable de Suisse
alémanique. En outre, l'ECR devait établir le lien avec le Bureau international du Renouveau à
Rome (ICCRS)125 ainsi que rendre compte de la vie des groupes de prière au répondant désigné par
120 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.121 Evangile et mission, N°22 1er juin, 1989, p.455.122 « Origine des groupes de prière du Renouveau et leur expansion en Suisse » : Petit historique manuscrit écrit par
Sœur Marie-Angèle. Confirmé par Mgr Joseph Roduit lui-même (RODUIT, Joseph, Renouveau charismatique. (2011, 20 mars). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected].)
123 JPJ, Lettre de mission pour l'Equipe de communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, mars 1992.
124 JPJ, Lettre de mission pour l'Equipe de communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, mars 1992.
125 L'ICCRS (International Catholic Charismatique Renewal Service, anciennement ICO (bureau international de communication) puis ICCRO (International Catholic, Charismatique Renewal Office)) est l'organe faîtier du Renouveau charismatique catholique à Rome. Il a pour mission d'établir un lien entre les responsables du Renouveau catholique dans le monde entier, il organise également des rencontres mondiales et européennes et il publie un bulletin trimestriel donnant des nouvelles du Renouveau dans le monde entier ainsi que quelques informations pratiques. (ICCRS, ICCRS International Catholic Charismatique Renewal Service, [En ligne],
98
la COR. Cette équipe de communion devait également « assister les conseils régionaux dans leur
mission d'établir et d'entretenir des liens entre les groupes de prière de leur région. »126 En 2001, le
chanoine Roduit quitta sa fonction auprès du Renouveau et une nouvelle équipe se constitua. Dans
son cahier des charges, s'ajoutait à ce qui avait été déjà établi que l'un de ses membres au moins
devait faire partie d'une Communauté nouvelle. De plus, l'ECR devait se rendre disponible pour
visiter les régions sur leur appel et elle devait être particulièrement sensible et ouverte au dialogue
œcuménique. Elle devait rester en contact étroit avec les communautés nouvelles afin de répondre
aux besoins de formation des groupes de prière, de leurs « bergers » et noyaux.127 Constituée de 6 à
12 personnes (un modérateur, un secrétaire, un trésorier, un représentant des communautés
nouvelles et de chaque conseil régional), l'ECR se réunissait au moins 4 fois par année. Lors de
l'approbation de ce nouveau cahier des charges, la COR décida qu'elle n'enverrait plus de lettre de
mission à l'ECR mais qu'elle lui ferait parvenir une lettre de reconnaissance, par l'intermédiaire du
délégué interdiocésain.128 En revanche, chaque membre de l'ECR recevrait une lettre d'envoi pour
une durée de 3 ans, renouvelable au plus 3 fois.129
Les conseils régionaux
La nouvelle organisation du Renouveau conserva les sept régions de Romandie, soit l'Arc
lémanique, Fribourg, Genève, Neuchâtel et Nord Vaudois, Bas Valais et Chablais, Valais central et,
enfin, Jura, et leurs conseils régionaux respectifs.130 Ceux-ci gardaient leur fonction de veiller à la
communion entre les groupes de leur région en organisant des rencontres pour les noyaux ou les
groupes de prière entiers. Le conseil régional valaisan fut toujours très actif et organisa souvent des
rencontres et des formations. En revanche, certains conseils connurent des temps difficiles en raison
de tensions au sein des groupes ou à cause d'un manque d'engagement de la part des membres du
Renouveau, ce qui entraîna la dissolution temporaire de certains conseils régionaux. Dans ces
moments difficiles, l'ECR avait alors un rôle de soutien et d'encouragement. Elle allait visiter les
régions en proie à des troubles afin de les aider à surmonter leurs problèmes et reconstituer
http://iccrs.org/fr/index.php (page consultée le 10 mars 2011).)126 JPJ, Constitution de l'équipe de communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, 8
décembre 1991.127 MH, Cahier des charges de l'ECR entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, 15 juin 2001.128 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Extrait du PV de la COR
du 15 juin 2001 à l'attention de Fernand Tapparel, diacre.129 MH, Cahier des charges de l'ECR entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, 15 juin 2001.130 En 1994, la répartition des régions avait légèrement changé, elles se présentaient alors comme tel : Jura, Neuchâtel,
Arc lémanique, Nord vaudois, Genève, Diocèse de Sion, Fribourg. Entre 2001 et 2003, les régions du Nord vaudois et de l'arc lémanique fusionnèrent, et il n'y eut, dès lors, plus que 6 régions pour toute la romandie. (DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR.)
99
rapidement leur conseil.131
Le répondant de la COR et le délégué interdiocésain
Le père Bernard Müller fut le premier délégué interdiocésain, nommé en 1983 par la COR
pour les parties francophones des diocèses de Fribourg, Lausanne, Genève, Sion et Bâle. Il avait la
charge de coordonner les groupes de prière et avait créé, comme nous l'avons vu, un groupe de
quelques personnes qui le secondaient dans l'organisation de rencontres, de formations et de
retraites. Il devait également veiller à éviter tout excès et à conduire le Renouveau en accord avec la
doctrine de l'Eglise en maintenant un lien avec les évêques. C'est pourquoi il avait rédigé, en 1987,
la charte des groupes de prière. Il exerça la fonction de délégué jusqu'en 1995 où il passa le relais à
Joseph Roduit qui était alors répondant de la COR auprès du Renouveau. Celui-ci chapeautait déjà
l'ECR depuis sa constitution, le père Bernard ayant fortement diminué ses engagements pour le
Renouveau romand dès le début des années 1990.132 Le chanoine Roduit alla donc visiter les
différentes régions lors de rencontres de groupes de prière. Ces visites visaient un double but :
veiller à garder des liens forts entre le mouvement et l'Eglise mais aussi montrer l'intérêt et le
soutien des évêques pour le Renouveau. Le rôle principal du délégué interdiocésain était
d'accompagner l'ECR dans son effort de coordination et de soutien des groupes de prière.133 En
1999, le diacre Fernand Tapparel fut nommé par la COR pour remplacer l'abbé Roduit, devenu Abbé
de Saint-Maurice et ne pouvant, de ce fait, plus exercer cette charge. Le nouveau délégué continua
donc à veiller « à ce que les activités du Renouveau Charismatique soient vécues dans un véritable
esprit ecclésial tout en étant sensible à l'ouverture œcuménique dans la fidélité confessionnelle de
chacun. »134
Il est intéressant de relever que le chanoine Roduit et Fernand Tapparel n'étaient pas
membres du Renouveau. En revanche, ils en avaient tous les deux fait l'expérience : Joseph Roduit
avait connu le courant lors d'une retraite à Fribourg en 1972 et Fernand Tapparel avait fait partie
intégrante d'un groupe de prière durant plusieurs années et avait également dirigé le cœur du
Renouveau en Valais.135 Cependant, lors de leur nomination comme délégué interdiocésain, ils ne
participaient plus de manière effective au Renouveau. En effet, les évêques avaient insisté sur
131 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR.
132 Ecoute, N°15, 1994-95.133 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Délégué interdiocésain du
Renouveau charismatique en Suisse romande, 27 octobre 1999.134 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR.135 Entretien avec Joseph Roduit, Saint-Maurice/VS, 7 mars 2011 ; entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars
2011.
100
l'importance que le délégué ne soit pas charismatique, afin qu'il puisse « garder la tête froide et
mieux cerner les mesures à prendre. » Ils avaient également tenu à ce que ce poste soit confié à un
prêtre ou un diacre pour éviter « des déviances de type sectaires qui seraient très dommageable pour
l'Eglise catholique ».136 En effet le caractère très expressif du courant provoqua une certaine
méfiance de la part de l'Eglise, point que nous aborderons dans la suite de ce travail. Le nouveau
délégué depuis 2010, René Pillet, remplit cette dernière condition en tant que diacre. Il est par
contre engagé dans le Renouveau et fait partie d'un groupe de prière charismatique.
Le délégué interdiocésain avait, comme nous l'avons vu, la charge « d'assurer le lien avec la
hiérarchie de l'Eglise en informant la Conférence des Evêques et Ordinaires de Suisse romande
(COR) des activités de formation et d'évangélisation accomplies par le Renouveau. »137 Le
répondant de la COR auprès du Renouveau devait faire le lien entre le délégué interdiocésain et la
Conférence des Ordinaires Romands. Jusqu'en 1995, cette tâche fut remplie par le chanoine Joseph
Roduit qui fut alors remplacé par le chanoine Jacques Banderet. En 2006, le chanoine Olivier
Roduit prit le relais. Depuis 2010, le poste de répondant de la COR auprès du Renouveau est occupé
par le chanoine Jean Scarcella.138
Les prêtres délégués des évêques
Bernard Müller avait déjà essayé d'intégrer des prêtres à la vie du Renouveau en invitant, par
exemple, tous ceux qui étaient ouverts à ce nouveau courant aux rencontres des conseils
régionaux.139 En 1987, deux sessions avaient été organisées à la Pelouse à Bex afin de présenter le
Renouveau aux prêtres.140 A partir de la fin des années 90, les évêques décidèrent de nommer un ou
plusieurs prêtres délégués par région afin de fournir un accompagnement spirituel aux groupes de
prière. En effet, les groupes de prière du Renouveau étant généralement formés de laïcs, ces prêtres
avaient « notamment pour tâche d'aider les « bergers » et les noyaux des groupes lorsque des
questions de doctrine ou de discernement se pos[ai]ent. »141 En 1989, Mgr Schwery nomma 4 prêtres
délégués diocésains auprès du Renouveau. Voici comment l'évêque décrivit le rôle des prêtres
136 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Délégué interdiocésain du Renouveau charismatique en Suisse romande, 27 octobre 1999.
137 Charte des groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de l'Eglise catholique en Suisse romande, éditée par l'Equipe de Communion romande des groupes de prière du Renouveau charismatique dans l'Eglise catholique (ECR), avec l'approbation du délégué interdiocésain de la Conférence des Ordinaires Romands (COR) auprès des groupes de prière du Renouveau, septembre 2002 (ci-après : Charte 2002), p.15.
138 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR.
139 JPJ, lettre de Bernard Müller aux prêtres qui s'intéressent activement à la vie du Renouveau en Suisse romande, 22 septembre 1989.
140 Entretien avec Pierre Pralong, Chermignon d'En Bas/VS, 8 mars 2011.141 Charte 2002, p.14.
101
délégués dans leur lettre de nomination :
Je vous demande d'aider les fidèles du Renouveau à éviter les excès dans des questions de discipline, de liturgie, de doctrine ou autres, en rappelant la position et les exigences de l'Eglise sur des sujets contestés. Et vous aurez à définir la position du Renouveau charismatique face à des mouvement ou groupes qui auraient des similitudes ou des affinités avec la spiritualité du Renouveau.Votre tâche consiste aussi à aider et à conseiller les organisateurs de sessions ou de rassemblements. Pour cela vous réunirez les responsables de chaque groupe de prière et, avec eux, vous prévoirez des objectifs à court et à long terme. Vous aurez aussi contact avec les autres mouvements ou groupements similaires organisant des retraites ou sessions dans le diocèse. Pour que l'unité ecclésiale soit réelle, je vous demande tout d'abord de rencontrer régulièrement l'évêque et son conseil, et d'échanger les informations utiles avec les membres du conseil épiscopal. Il est nécessaire aussi que vous entreteniez de bonnes relations avec tous les prêtres du diocèse, en les rencontrant s'ils vous le demandent ou si vous-mêmes le jugez nécessaire. Enfin, vous êtes les répondants de l'évêque auprès des responsables interdiocésains.142
Ces prêtres n'étaient pas des aumôniers au sens de responsables du Renouveau dans leur
région. Ils ne devaient pas non plus nécessairement faire partie du Renouveau, mais devaient y être
bien évidemment ouverts. Ils avaient plutôt un rôle d'accompagnateur et de conseiller et se mettaient
à la disposition des groupes et de leurs responsables.143 Toutefois ce n'était pas chose aisée de
trouver des prêtres susceptibles de remplir ce rôle et les régions se retrouvaient régulièrement sans
délégué diocésain. A tel point qu'en 1997, le chanoine Roduit affirma qu'il accepterait de renouveler
son mandat en tant que délégué diocésain, uniquement à la condition qu'un prêtre soit désigné pour
chaque région.144 Il semblerait que la crise des vocations, provoquant une surcharge de travail pour
les prêtres mais également un manque d'intérêt de ceux-ci pour le Renouveau, aient rendu le
recrutement de prêtres délégués particulièrement difficile.
Le conseil romand145 et le bulletin « Ecoute ce que l'Esprit dit aux Eglises »
Le conseil romand, sous sa nouvelle forme après la constitution de l'ECR, réunissait au
moins une fois l'an l'Equipe de Communion Romande, les prêtres délégués ainsi que les
représentants des conseils régionaux, sous la supervision du délégué interdiocésain.146 « Ces
réunions [étaient] l'occasion d'échanges fructueux entre l'ensemble des responsables des groupes de
prière de Romandie ; ils permett[ai]ent également la relecture des activités écoulées et la discussion
des projets d'avenir. »147 Le conseil romand désignait également la région responsable de
l'organisation du lundi de Pentecôte et prenait les premières dispositions concernant cette rencontre
142 Evangile et Mission, N°40-41 26 octobre, 1989, p.837.143 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Entretien de Fernand
Tapparel et Roger Schibli avec Mgr Pierre Farine, 22 septembre 2004.144 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué
interdiocésain à la COR, mars 1997.145 Le Conseil romand tel qu'il fut dès la constitution de l'ECR n'avait plus rien à voir avec ce qu'on appelait le Conseil
romand du temps de Bernard Müller.146 Voir Annexe II A : Organigramme du Conseil romand du Renouveau charismatique ; Annexe II B : Organigramme
du Conseil romand et son lien avec la Conférence des Ordinaires de Suisse romande.147 Charte 2002, p.15.
102
ainsi que d'autres manifestations. Il se réunissait à la Maison Saint-Joseph du Verbe de Vie à Pensier,
comme c'est encore le cas actuellement.148
Dans le cahier des charges de décembre 1991, la « publication d'un bulletin de liaison,
d'information et de formation destiné aux groupes de prière »149 était confié à l'ECR. Ce bulletin
avait pour but d'informer l'ensemble des membres du Renouveau en Suisse romande sur ce qui se
vivait dans les régions. Le Conseil romand et le bulletin étaient deux instruments complémentaires
au service de la communion entres les groupes de prière. En effet, jusque-là, les rencontres des
conseils régionaux qui avaient eu lieu autour du Père Müller depuis 1988 donnaient la priorité aux
nouvelles des régions. Grâce au bulletin Ecoute ce que l'Esprit dit aux Eglises (généralement appelé
Ecoute), les membres seraient déjà informés sur les activités du Renouveau en Romandie et le
Conseil romand pourrait consacrer ses rencontres à ce qu'il considérait comme étant essentiel :
dans la prière, à la lumière de l'écoute de la Parole et dans le partage de ce que l'Esprit donne à chacun pour l'édification de tous, recevoir le souffle prophétique qu'ils ont à communiquer pour faire vivre dans la communion tous les groupes de prière.150
Le but de ce bulletin était donc de faire le lien entre les régions et de leur permettre de faire
connaître leurs intentions de prière et leurs informations mais aussi de donner l'occasion au délégué
interdiocésain de s'exprimer.151 Chaque région à tour de rôle dut soumettre des textes relatant son
vécu : témoignages, expériences, annonces, informations, intentions de prière etc. Paraissant dès le
début 4 fois par an, il devint l'organe officiel du Renouveau152. Il coûta 8 puis, à partir de 2004, 10
francs par année, le prix de soutien étant de 20 francs. L'abonnement au Bulletin constitue encore
maintenant le seul revenu du Renouveau en Suisse romande. Etant actuellement publié à environ
650 exemplaires, il produit un bénéfice de 2000 à 3000 francs.153 Jusqu'en 2004, les rédacteurs
eurent à cœur que ce soit un bulletin interrégional composé de textes fournis par les régions. Ils
refusaient absolument de reproduire des articles publiés dans d'autres revues. A partir de 2005,
même s'il contenait encore des articles sur le vécu des différentes régions, le bulletin fut davantage
centré sur la formation avec la publication de transcriptions d'enseignements donnés lors de
manifestation en Suisse romande ou d'articles sur le Renouveau, récoltés dans d'autres revues et
148 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué interdiocésain à la COR.
149 JPJ, Constitution de l'équipe de communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande, 8 décembre 1991.
150 Ecoute, N°2, 1991.151 Ecoute, N°1, 1991.152 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR.153 Entretien Michel Horner, Neuchâtel/NE, 13 février 2011.
103
ouvrages.154
Le bulletin Ecoute est accessible en ligne depuis février 2004 sur le site internet du
Renouveau. Celui-ci fut créé par Michel Horner, actuel modérateur de l'ECR, afin de faire connaître
d'avantage le Renouveau. Il est visité régulièrement depuis la Suisse, la France, le Canada, la
Belgique et d'autres pays encore. On peut y trouver les principales informations sur le Renouveau
mondial et romand ainsi que les activités organisées par les groupes de prière. De la documentation
sur la mouvance, des liens vers d'autres sites du Renouveau (en Suisse allemande, en France et dans
le monde) ou de l'Eglise, la liste des groupes de prière et des communautés romands, des
enseignements et le bulletin Ecoute à partir du N°1 2003 sont également mis à disposition sur les
différentes pages web qui composent le site.155
2. L'accueil du Renouveau charismatique par le clergé
2.1. Les évêques
Comme nous l'avons mentionné plus haut, les membres du Renouveau charismatique
n'avaient pas de comptes à régler avec l'Eglise et sa hiérarchie. Au contraire, ils cherchèrent dès le
début à acquérir une reconnaissance de la part des évêques. Ils travaillèrent à établir des liens avec
les évêques, en les invitant à leur assemblée de prière par exemple, afin de leur montrer leur bonne
disposition à l'égard de l'institution ecclésiale.
En Suisse romande, la réaction des évêques vis-à-vis du Renouveau charismatique fut
mitigée. Il est vrai que Mgr Mamie nomma, dès 1981, le Père Bernard Müller délégué diocésain et
que cette nomination fut étendue à tous les diocèses romands en 1983. Ce sont également les
évêques qui demandèrent au Père Bernard de donner une structure d'encadrement au Renouveau. A
chaque conseil romand, le délégué interdiocésain, qui était le signe du soutien de la COR156, saluait
le Renouveau au nom des évêques.157 De plus, un évêque fut souvent présent lors du traditionnel
lundi de Pentecôte pour présider l'Eucharistie : Mgr Schwery en 1988, Mgr Mamie en 1989, Mgr
Gächter en 1991, Mgr Grab en 1997 etc.158 Pourtant, l'engagement de ceux-ci pour le Renouveau ne
fut, en réalité, pas très actif. En premier lieu, ce n'est qu'à partir des années 1990, nous semble-t-il,
avec la nomination d'un répondant de la COR pour le Renouveau ainsi que la constitution de l'ECR,
154 Ecoute, été 2005.155 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 11 avril 2011).156 AECR, Rencontre annuelle du 17 octobre 2009.157 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.158 Evangile et mission, N°23 9 juin, p.522, 1988 ; N°22 1er juin, p.454, 1989 ; N°22 30 mai, p.536, 1991 ; N°17-18,
1er mai, p.648, 1997.
104
qu'un lien effectif entre les évêques et le Renouveau fut établi. En effet, Mgr Mamie nomma le Père
Bernard, mais son action pour le Renouveau s'arrêta là. Jean-Pierre Jolliet, ancien modérateur de
l'ECR rapporte dans notre entretien qu'un jour Mgr Mamie avait affirmé que le Renouveau n'était
pas sa priorité car il ne représentait que 500 personnes et qu'il consacrait tout son temps aux jeunes,
beaucoup plus nombreux. Il demanda également, lorsqu'il vint célébrer la messe le jour du lundi de
Pentecôte 1989, qu'il n'y ait pas de chant en langue durant la célébration.159 De son côté, Mgr Farine
reçut un jour Fernand Tapparel et un membre de l'ECR afin de discuter de la situation difficile dans
laquelle se trouvaient les groupes de prière de Genève, ce qui prouve que les problèmes liés au
Renouveau le préoccupaient en tous cas dans une certaine mesure.160 Il créa également un
département de la spiritualité et de la prière qui regroupait les Communautés religieuses, les
Focolari et les groupes de prière du Renouveau à Genève et dont l'une des missions était de soutenir
par la prière l'action pastorale de l'Eglise catholique de Genève.161 Il semble cependant que son
action pour le Renouveau ne soit jamais allée beaucoup plus loin.
Mgr Schwery, en revanche, se montra beaucoup plus favorable au Renouveau en accueillant,
comme nous le verrons dans le chapitre suivant, les trois Communautés nouvelles du Verbe de Vie,
des Béatitudes et de Cana-Myriam. Dans le Bulletin Ecoute N°3 de 1997 on peut lire :
Il est sûr que les groupes de prière en Valais connaissent une situation ecclésiale privilégiée. Celle-ci est due au fait que très tôt – vers la fin des années huitante – l'évêque de Sion - alors Mgr Henri Schwery – a montré une sollicitude pastorale particulière à l'égard du Renouveau dans l'Esprit Saint.162
Mgr Schwery fut probablement l'évêque le plus intéressé par le Renouveau et il s'investit
beaucoup pour ce courant, en allant même jusqu'à prêter son chalet à la communauté Cana-Myriam,
en attendant qu'elle trouve une autre maison. Mgr Genoud a également encouragé les groupes de
prière, tout en admettant qu'il ne connaissait que très peu le Renouveau charismatique. En février
2002 il participa à une veillée de prière avec les groupes fribourgeois.163 Lors d'une rencontre avec le
conseil régional fribourgeois il leur proposa de s'inscrire sur la liste des mouvements de l'Eglise
catholique, ce qui fut très apprécié par ses interlocuteurs :
Nous pensons que cette invitation est importante. Elle signifie que nous pouvons nous faire connaître, aller parler de nos groupes de prière à nos prêtres et demander que nous paraissions sur les bulletins paroissiaux. 164
La plupart des évêques n'étaient pas contre le Renouveau, mais ils ne s'engageaient pas non
plus pour le mouvement. Leur grande crainte dans les années 70 et 80 concernait les excès et les
dérives, comme nous avons pu le voir dans la lettre de nomination de Mgr Schwery aux prêtres
159 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.160 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Entretien de Fernand
Tapparel et Roger Schibli avec Mgr Pierre Farine, 22 septembre 2004.161 JPJ, Rencontre de l'ECR, 28 avril 2004.162 Ecoute, 3ème trimestre 1997.163 Ecoute, N°2 juin 2002.164 Ecoute, N°3, septembre 2001.
105
délégués. Ils se méfiaient également des racines protestantes du Renouveau. C'est d'ailleurs pour
cette raison que leur choix s'était porté sur le Père Bernard pour guider le Renouveau, car il avait été
à « l'école » belge qui était très réservée. Toutefois, lorsque le père Müller leur demanda d'écrire une
lettre aux groupes de prière afin de leur donner une ligne de conduite, ils refusèrent. Les évêques
avaient à cœur que le Renouveau ne soit pas quelque chose d'extérieur à l'Eglise, ils créèrent les
structures afin de prévenir ce problème mais n'en firent pas plus. Les membres du Renouveau
auraient aimé qu'ils prennent clairement position en faveur du Renouveau afin de vaincre les
préjugés que beaucoup avaient à l'égard de ce courant qui comportait une part importante
d'émotionnel et de démonstratif.165
En conclusion de son rapport pour la COR, Joseph Roduit écrivit en 1995 :
Si nous croyons que le Renouveau peut être une « chance pour l'Eglise » (Paul VI, puis Jean-Paul II) ne mérite-t-il pas plus d'encouragement, moins de méfiance et plus d'audace de notre part ? Les communautés traditionnelles, contemplatives ou actives, ne devraient-elles pas s'ouvrir d'avantage ? Pourquoi l'accompagnement des groupes semble se confiner dans les communautés nouvelles ? Même si parfois il paraît « serre chaude » le groupe de prière n'est-il pas aussi un barrage contre les sectes ? Certes y a-t-il des excès à déplorer, mais ils sont minimes.166
Même si l'accueil du Renouveau dépendait également de la sensibilité personnelle de chaque
évêque, il semblerait que ceux-ci aient mis du temps à accueillir ce nouveau courant. En effet, en
France, au début des années 70, seule une poignée d'évêques accueillit favorablement le
Renouveau,167 en 1982 fut publié le « rapport Marcus ». Rédigé par Mgr Emile Marcus, alors évêque
de Nantes, ce document décrivait les apports du Renouveau charismatique pour l'Eglise. En
demandant aux évêques d'accueillir le Renouveau et d'en reconnaître les points positifs, il favorisa
de manière incontestable la reconnaissance du Renouveau par l'épiscopat français.168 En effet, après
la publication de ce rapport, les évêques devinrent moins méfiants et commencèrent à soutenir plus
activement le mouvement, en reconnaissant canoniquement les communautés nouvelles, par
exemple.169 En Suisse romande, certains évêques manifestaient, il est vrai, leur sympathie à l'égard
de cette mouvance et ils n'interdirent jamais les réunions de prière charismatique. Pourtant, d'un
autre côté, ils ne s'engagèrent jamais véritablement en sa faveur. L'une des conséquences de cet
accueil mitigé de la part des évêques fut la réaction réservée des prêtres face au Renouveau.
2.2. Les prêtres
Déjà en 1981, le groupe Maranatha invita le Cardinal Suenens pour sa rencontre annuelle et
165 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.166 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué
interdiocésain à la COR, mai 1995.167 LANDRON, Olivier, op.cit., 2004, p.158.168 LANDRON, Olivier, op.cit., 2004, p.329-330.169 LANDRON, Olivier, op.cit., 2004, p.334.
106
celui-ci consacra une partie de son temps à Fribourg pour une rencontre avec les prêtres romands.
Dans la revue Evangile et Mission qui consacra un article à l'annonce de cette manifestation, voilà
ce que l'une des membres du groupe Maranatha écrit :
C'est en effet tout spécialement aux prêtres que ces lignes s'adressent, tant il est vrai que face à l'expérience du Renouveau de multiples réactions se font jour : recul, méfiance, critique, « sur-prudence », préjugé favorable, enthousiasme non déguisé etc. Chacun pourra exprimer ses doutes, inquiétudes, questions, mais aussi ses espérances, voire son témoignage. Le Renouveau charismatique a un grand besoin de l'éclairage, du soutien, de l'engagement et des rectifications des prêtres. Il serait heureux d'accueillir dans ses rangs ceux qui sont, de par leur vocation, les mieux à même d'être ces « bons intendants » dont parle l'Evangile [....] pour examiner, discerner, prier toute la portée et le sens de « ce que l'Esprit dit aux Eglises » aujourd'hui.170
Le Père Bernard Müller organisa très tôt des journées de présentation du Renouveau pour les
prêtres intéressés par cette mouvance. Les premières que nous avons pu répertorier eurent lieu à
Notre-Dame du Silence à Sion et au Centre Saint-François à Delémont en 1983.171 Il mit sur pied
des retraites sacerdotales dans la spiritualité du Renouveau. La première eut lieu en 1987 avec le
Père Tardif et Georgette Blaquière à la maison de retraite Notre-Dame du Silence à Sion.172 Elle
réunit 70 prêtres et religieux du diocèse de Sion, des diocèses romands et alémaniques, de la France
voisine, d'Italie, du Brésil et même du Tchad.173 Dès 1987 ou 88, il invita également les prêtres qui le
voulaient à se rencontrer, tous les deux mois environ, pour un échange fraternel.174 Comme nous
l'avons déjà vu dans la dernière citation, la réaction des prêtres fut très diverse. Pourtant, force est de
constater que la majorité des prêtres ne prirent pas au sérieux cette nouvelle forme de prière et le
Père Müller dut beaucoup travailler afin de montrer toute la profondeur de la mouvance. En réalité,
cette situation ne fut pas propre à la Suisse romande, car en France également « la plupart des
prêtres français, surtout les séculiers, furent réticents face aux nouveaux courants » et cette situation
évolua peu jusque dans les années 1990.175
En Suisse, à partir des entretiens effectués avec des membres du Renouveau, on peut
partager les différentes positions en trois groupes : les prêtres qui étaient ouverts et engagés dans le
Renouveau, ceux qui n'étaient pas contre et toléraient le mouvement mais sans s'engager, et ceux qui
étaient hostiles au Renouveau. Cette dernière catégorie relevait, semble-t-il, de l'exception,
quoiqu'elle eût existé. Il y eut en revanche plusieurs prêtres qui s'engagèrent activement pour le
mouvement comme le père Edgar Imer dans le Jura, les pères Joël Pralong, Bernard Dussex, Gilles
170 Evangile et Mission, N°33 3 septembre, 1981, p.522.171 Evangile et Mission, N°1 6 janvier, 1983, p.2 ; N°8 24 février, 1983, p.28. 172 JPJ, Lettre du Secrétariat interdiocésain du Renouveau dans l'Esprit-Saint aux responsables et aux membres des
groupes de prière du renouveau en Suisse romande, 21 février 1987.173 Evangile et Mission, N°29-30, 30 juillet, 1987, p.580.174 DI, Classeur « Renouveau – Groupe de prêtres – Repos dans l'Esprit-Saint », Section « Equipe de prêtres »,
rencontre du Conseil romand et de l'équipe de prêtres proches et au service du Renouveau en Suisse romande, 1er mai 1989.
175 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.363-364.
107
Roduit et Philippe Aymon en Valais ou encore le père Bernard Schubiger dans le canton de Vaud.176
Mais la majorité des prêtres n'accueillirent que froidement le Renouveau et, même s'ils le toléraient,
ne cherchèrent même pas à le connaître. En effet, lors de notre entretien, Betty Moirandat et Marie-
Claire Crelier insistèrent sur le fait que les curés mettaient parfois à disposition la salle paroissiale
ou la chapelle du village pour les réunions de prière des groupes, mais leur appui s'arrêtait là. Dans
le Jura du moins, les groupes invitaient régulièrement les prêtres à venir à leur assemblée de prière
et rares étaient ceux qui y assistaient, ne serait-ce qu'une seule fois.177
Ce désintérêt des prêtres fut toujours une grande souffrance pour les membres du
Renouveau. A maintes reprises ils demandèrent aux évêques d'encourager les prêtres à soutenir le
Renouveau, ou au moins à annoncer les réunions de prière dans leur paroisse. Le délégué
interdiocésain quant à lui, allait rencontrer les prêtres intéressés afin qu'ils s'engagent plus
activement et qu'ils soutiennent et guident spirituellement les groupes.178 Mais en 1995 le chanoine
Roduit écrivait à la COR :
Hélas, trop souvent les prêtres non seulement n'y croient pas, mais méprisent ces groupes. On ne sent pas que c'est une « chance pour l'Eglise » comme l'a dit le pape Paul VI en son temps.179
Ce manque de soutien de la part des prêtres était d'autant plus durement ressenti que les
membres du Renouveau étaient bien acceptés dans toute les activités paroissiales. En effet, un des
fruits du Renouveau pour l'Eglise fut l'engagement de la grande majorité de ses membres dans
l'Eglise locale : auxiliaires eucharistiques, visites des malades, catéchèse etc. Le Renouveau donna
également des vocations et rapprocha de l'Eglise des gens qui s'en étaient éloignés et qui alors
s'engagèrent sans compter pour leur paroisse. Une bonne partie des diacres permanents ordonnés ces
vingt dernières années étaient également issus du Renouveau.180 Les évêques encouragèrent
d'ailleurs souvent les charismatiques à être proches de leur paroisse, à s'engager dans la vie de leur
communauté. Toutefois, le manque de reconnaissance des prêtres qui ne voulaient pas entendre
parler du Renouveau, mais acceptaient volontiers l'aide de ses membres dont ils avaient de plus en
plus besoin en raison de la crise des vocations et de la déchristianisation, fut et demeure une grande
frustration pour les groupes de prière.181 D'autant plus qu'on acceptait leur aide à condition qu'ils
réservent leur expression charismatique pour leur réunion de prière. En outre, un nombre non
176 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 2011 ; Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011 ; Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.
177 Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 2011.178 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR, mais 1995, mars 1997, juin 2001.179 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué
interdiocésain à la COR, mars 1997.180 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.181 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011 ; Entretien avec Betty
Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 2011 ; DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué interdiocésain à la COR, mars 1999.
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négligeable de membres du Renouveau abandonnèrent leur engagement au sein du mouvement en
raison de leur forte implication dans la paroisse et l'Eglise locale.182
Cette réaction de la part des prêtres s'explique de diverses manières. Il est d'abord important
de rappeler la situation difficile dans laquelle se trouvaient les prêtres à cette époque. Même si la
déchristianisation était moins grave en Suisse qu'en France, la crise des vocations, Vatican II et mai
68, le départ de nombreux prêtres qui quittaient le sacerdoce avaient rendu difficile la vie des prêtres
qui étaient soumis à une grande pression. A cela s'ajoutait des charismatiques fougueux venant
bouleverser la vie de la paroisse. Dans le canton de Neuchâtel, par exemple, ils insistèrent beaucoup
auprès des prêtres pour qu'ils exposent le Saint-Sacrement. Or l'adoration eucharistique était très peu
courante dans cette région et leur obstination fut mal vécue par certains curés de paroisse.183 Tout
cela fut déstabilisant pour les prêtres, surtout ceux qui avaient déjà un âge avancé. De plus, certains
épisodes tels qu'un prêtre se faisant donner la leçon par un laïc charismatique inexpérimenté n'ont
pas arrangé les rapports entre les deux parties.184 Il y eut aussi la frustration de voir les rares fidèles
qui venaient encore à l'église se rendre de plus en plus fréquemment dans les Communautés
nouvelles et ainsi déserter la paroisse.
Le rôle conféré aux prêtres dans le Renouveau est également un élément à prendre en
compte dans notre analyse. En effet, une des grandes particularités du Renouveau charismatique
réside en la dimension laïque du mouvement. La distinction entre laïc et clergé y est minimisée et le
leadership est généralement tenu par les premiers.185 Voici comment la place du prêtre est décrite
dans la charte des groupes de prière :
Tout comme le diacre, [le prêtre] a [...] sa place dans un groupe de prière. Il est préférable qu'il ne soit ni berger, ni membre du noyau. [...] Si les circonstances font qu'il soit parfois berger, qu'il ait un charisme d'enseignement ou autre, l'important est qu'il exerce ses dons dans une articulation fraternelle et discrète avec les autres ministères et services du groupe. [...] La place du prêtre ou du diacre n'est donc pas de diriger, mais d'être un homme de Dieu qui aide à discerner les voies de l'Esprit.186
Leur ministère ne leur conférait pas d'autre avantage que d'être « considérés comme des
signes témoignant du renouveau [...] en train de se réaliser dans l'Eglise »187. Rappelons également
que les prêtres délégués des évêques n'étaient pas des aumôniers, mais de simples accompagnateurs,
garants de la doctrine de l'Eglise, et que l'ECR ne devait comporter essentiellement que des laïcs.
Cette nouvelle place offerte aux prêtres, celle de priant avec les priants, dérangea probablement
182 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011 ; Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.
183 Entretien avec Joseph Roduit, Saint-Maurice/VS, 7 mars 2011.184 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.185 THOMPSON, John R., « La participation catholique dans le mouvement du renouveau charismatique », in Social
Compass, n°3, Septembre, 1974, p.344.186 Charte 2002, p.11.187 THOMPSON, John R., op.cit., p.344.
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certains clercs et les dissuada de participer aux réunions de prière ou de s'engager plus activement
dans le mouvement. Pourtant, les groupes désirèrent toujours ardemment avoir parmi leurs membres
un prêtre qui serait le signe de la place de l'Eglise au sein du Renouveau et de la place du
Renouveau au sein de l'Eglise.
Certains prêtres, sans s'engager activement au sein du Renouveau, furent quand même très
accueillants à l'égard de ses membres. Ils leur demandaient alors d'animer certaines messes ou
d'assurer l'adoration lorsqu'ils manquaient de fidèles. Dans ces cas-là, les charismatiques étaient
intégrés à la paroisse tout en gardant leur dimension spirituelle propre, c'est-à-dire leur mode
d'expression charismatique.
En ce qui concerne la réaction des religieux réguliers face au Renouveau, nous n'avons que
très peu d'information. Nous savons que certaines consœurs de Sœur Angèle, la fondatrice du
premier groupe de prière romand, participèrent à son groupe de prière mais que d'autres refusèrent
absolument d'en entendre parler. Ses supérieures allèrent même trouver Mgr Mamie pour lui
demander d'interdire à Sœur Angèle de participer au groupe de prière. L'évêque ne la convoqua
cependant jamais et Sœur Angèle a encore maintenant un petit groupe de prière dans son monastère
de Montorge où elle réunit chaque semaine quelques sœurs pour une prière charismatique.188
Comme le montre le rapport de l'Union des Supérieurs Majeurs Religieux de Suisse (USM),
de nombreux groupes de prière furent accompagnés par des religieuses dans les débuts du
Renouveau. Ce rapport dénote d'ailleurs un intérêt particulier porté par les autorités religieuses pour
le Renouveau en 1975 déjà et montre également leur souci de témoigner de leur bienveillance pour
ce nouveau mouvement :
Comme [le Renouveau] est pour beaucoup de ses membres le lieu d'une véritable « conversion » et d'un renouvellement profond de la vie chrétienne, il demande de notre part et de la part des autorités ecclésiales une attention particulière et le souci d'un discernement spirituel. Dans l'immense majorité des cas, les catholiques qui se regroupent pour prier dans l'esprit du renouveau sont profondément attachés à l'Eglise. Il ne faudrait pas que l'indifférence, le scepticisme ou le refus des responsables de l'Eglise en viennent à les « marginaliser ».
La suite du rapport explique les caractéristiques du groupe charismatique et les critères de
discernement afin de juger de l'authenticité spirituelle et ecclésiale de ces groupes de prière. Il
conclut ainsi son analyse :
L'Eglise locale perdrait beaucoup à négliger le Renouveau. Et il est important, pour le Mouvement lui-même, de demeurer fortement intégré à la vie de l'Eglise locale. Un équilibre est à trouver, qui assure le lien avec l'Eglise, d'une part, et qui, d'autre part, respecte l'originalité et la liberté des groupes de prière. Le lien pourrait être assuré assez normalement par un prêtre en faisant partie ou par une personne mandatée par l'évêque. Cependant il faudra veiller à ne pas institutionnaliser ou « embrigader » ce qui ne doit pas l'être, pour le bien même de la communauté ecclésiale.189
188 Entretien avec Sœur Angèle, Fribourg/FR, 9 mars 2011.189 DI, Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem », Section « CR », Rapport à l'intention des
110
Il est très surprenant de remarquer à quel point ce document daté de 1975 reflète des désirs
encore présents dans le discours des membres du Renouveau : un lien fort avec l'Eglise et une
reconnaissance active, une liberté cependant dans l'expression et une intégration sans condition à
l'Eglise locale. Le clergé a-t-il raté quelque chose en n'accordant pas au Renouveau une confiance
qu'il aurait peut-être méritée ?
3. La dimension œcuménique dans le Renouveau charismatique catholique
Le Pape Jean Paul II perçut « dans le courant charismatique une capacité à promouvoir un
véritable dialogue œcuménique, du fait de ses origines protestantes » ; ce fut l'une des raisons qui
poussèrent le Saint Père à toujours le soutenir et l'encourager.190 C'est aussi ce que pensait Laurent
Fabre, fondateur de la communauté du Chemin Neuf lorsqu'il affirma : « le Renouveau sera
œcuménique ou ne sera pas. »191 Les évêques de France placèrent également l'œcuménisme et le
dialogue interreligieux parmi les missions assurées par les groupes du Renouveau charismatique.192
Le cardinal Suenens, grand défenseur du Renouveau charismatique, écrivit en 1978 que « le
Renouveau, [...] par son origine même, invit[ait] au rapprochement des chrétiens fort éloignés les
uns des autres, en leur donnant comme terrain de rencontre privilégié une foi commune en l'actualité
et en la puissance de l'Esprit Saint. »193
En Suisse, certaines personnes virent dans le Renouveau un espoir de rapprochement des
Eglise et de dialogue entre les chrétiens. La version 2002 de la charte des groupes de prière affirme
d'ailleurs que « la dimension œcuménique est un aspect fondamental du Renouveau. »194 Voilà ce
que dit le Site internet du Renouveau romand à propos de l'œcuménisme :
Dès l’origine, le Renouveau charismatique a été une grâce œcuménique. Il a comme vocation de travailler à l’unité de tous les chrétiens. Dans notre région, cela se traduit par des actions communes aux catholiques, aux protestants et aux évangéliques: rencontres, conventions, formations, actions sociales, etc...195
Vicaires Généraux et Episcopaux, juin 1975.190 LANDRON, Olivier, op.cit., p.311.191 HEBRARD, Monique, Les nouveaux disciples. Voyage à travers les communautés charismatiques, Paris, Editions
du Centurion, 1979, p.260.192 « Le Renouveau charismatique: dossier de presse de la conférence des évêques de France, jeudi 25 octobre 2007 », Site de la Conférence des évêques de France, [En ligne]. http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/dossiers-de-presse/le-renouveau-charismatique-aujourdhui.html (page consultée le 1er avril 2011), p.4.193 SUENENS, L.-J., 1974, op.cit., pp.37-38.194 Charte 2002, p.16. Cette phrase n'existait pas dans la version de 1987.195 Renouveau charismatique catholique, Bienvenue sur le site officiel du Renouveau charismatique catholique de la
Suisse romande, [En ligne]. http://www.renouveau.ch/index.html (page consultée le 11 avril 2011).
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Mgr Roduit, lorsqu'il était délégué interdiocésain auprès du Renouveau, avait beaucoup
compté sur cette mouvance pour promouvoir le dialogue entre les différentes confessions
chrétiennes.196 Plusieurs membres de groupes de prière nous ont également montré à quel point
l'unité des Eglises était, et est toujours, au centre des préoccupations des charismatiques. En effet,
Christiane et Roger Schibli affirment que « la dimension œcuménique est constitutive du
Renouveau ». Selon Bertrand Georges et Fernand Tapparel, ancien délégué interdiocésain,
l'ouverture œcuménique est particulièrement présente dans le Renouveau. Michel Horner, actuel
modérateur de l'ECR, affirme, reprenant les paroles de Laurent Fabre, que « le Renouveau est
œcuménique ou il n'est pas ».197
Les raisons pour lesquelles naquirent ces espoirs à l'égard du Renouveau s'expliquent
aisément. En premier lieu, le Renouveau charismatique catholique tire ses origines du pentecôtisme
protestant. Nombre de membres fidèles au Renouveau en Suisse connurent d'ailleurs ce nouveau
courant par l'intermédiaire du protestantisme, comme par exemple lors d'une rencontre avec le Père
Tardif invité par le mouvement évangélique ACTE.198 Une deuxième raison expliquant pourquoi on
compta beaucoup sur le Renouveau pour être un tremplin vers l'unité se situe dans le fait que la
louange, l'écoute de la Parole, la prière sur la Parole, l'action de Grâce, l'exercice des charismes,
c'est-à-dire toutes les pratiques constitutives d'une assemblée de prière charismatique, peuvent être
accomplie en communion par des protestants, des évangéliques et des catholiques sans que des
problèmes de doctrine ou de rite ne viennent s'interposer à la réunion des fidèles. Le groupe de
prière charismatique permet donc aux différentes confessions chrétiennes de prier ensemble dans
une véritable unité de foi. Le premier groupe de prière de Suisse romande, le groupe Maranatha à
Fribourg, eut d'ailleurs, dès ses débuts, une orientation œcuménique très forte, avec l'accueil de
réformés, l'un deux, Georges Rapin, ayant même été « berger » du groupe durant plusieurs années.
Toutefois, le Renouveau ne donna pas les résultats attendus. Comme l'explique Monique
Hébrard, les premiers charismatiques vécurent une intense expérience d'unité, mais, peu à peu, :
le souci de chacun de se faire admettre dans sa propre Eglise et les exigences d'organisation des communautés naissantes à croissance rapide, prirent le pas sur les rassemblements œcuméniques joyeux et spontanés. Il y eut alors des amertumes et des souffrances profondes, surtout dans les pays où les protestants minoritaires se sentirent quelque peu trahis par les catholiques jugés « récupérés » par leur Eglise.199
Olivier Landron, dans son ouvrage Les Communautés nouvelles, nouveaux visages du
catholicisme français, distingue trois grandes périodes dans le développement du Renouveau en
196 Entretien avec Mgr Roduit, Abbaye de Saint-Maurice/VS, 7 mars 2011.197 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011 ; entretien avec Bertrand
Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011. Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 08 mars 2011 ; entretien avec Michel Horner, Neuchâtel/NE, 13 février 2011.
198 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.199 HEBRARD, Monique, 1991, op.cit., p.101.
112
France à partir de 1972. La première est caractérisée par un engagement œcuménique « convaincu et
vigoureux ». Vient ensuite une période de désert où on remarque, chez les catholiques, un repli
identitaire caractérisé par une organisation du Renouveau au niveau diocésain et national. Enfin les
charismatiques prennent conscience de la dimension universelle de leur courant mais nombre de
communautés françaises se sont déjà éloignées de l'œcuménisme.200
On retrouve en Suisse, nous semble-t-il, la même périodisation : des débuts enthousiastes, on
chante, on prie, on se rassemble, puis un temps de repli surtout lorsqu'une structure se fait jour dans
le Renouveau catholique et enfin le regret, le sentiment d'être passé à côté d'une occasion d'être un
lieu de communion entre confessions chrétiennes. Toutefois, cette tendance de repli n'est pas propre
au Renouveau charismatique. En effet, comme le relève Albert Gasser dans l'Histoire du
christianisme en Suisse, « la vague d'ouverture dans les Eglises, qui avait été un trait caractéristique
des années soixante, a rapidement atteint ses limites. » L'optimisme des années 60 s'estompe
lorsqu'on se rend compte que la perspective d'une communauté chrétienne œcuménique globale est
une illusion et que les liens avec la tradition sont plus forts qu'on ne pensait.201 Le Renouveau n'a
pas échappé au désenchantement de voir les différences demeurer.
En Suisse romande, les premières difficultés apparurent lorsque le Père Bernard Müller, à la
demande des évêques, commença à donner ses articulations au Renouveau romand. Les protestants
vécurent cela comme une tentative de récupération du Renouveau par l'Eglise catholique. Pourtant,
la dimension œcuménique fut toujours prise en compte dans l'organisation catholique du
Renouveau. En effet, dans le cahier des charges de l'ECR, il est spécifié que, dans la mesure du
possible, l'équipe de communion devrait accueillir « une personne particulièrement sensible au
dialogue œcuménique, qui [pouvait] appartenir à une autre confession chrétienne ».202 De plus, l'une
des missions du délégué interdiocésain était précisément d'être « sensible à l'ouverture œcuménique
du Renouveau charismatique dans la fidélité à l'identité confessionnelle de chacun ».203 Seulement
les réformés étaient ulcérés à la seule idée qu'on « bride l'Esprit de Dieu » par une structure humaine
et hiérarchique.204 Celle-ci compliquait également les rapports entre les deux confessions dans la
mesure où les Eglises protestantes et évangéliques, étant indépendantes les unes des autres, n'avaient
pas d'instance pouvant les représenter et elles n'avaient par conséquent pas de référent officiel à
envoyer à l'ECR ou au conseil romand pour un échange équilibré entre les deux parties.205 En outre,
200 LANDRON, Olivier, op.cit., p.243.201 VISCHER, Lukas (dir.), Histoire du christianisme en suisse. Une perspective oecuménique, Genève, Ed. Labor et
Fides; Fribourg, Ed. Saint-Paul, cop. 1995, p.279.202 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Cahier des charges de
l'équipe de communion entre les groupes de prière du renouveau en Suisse romande.203 JPJ, Constitution de l'Equipe de communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande.204 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.205 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Extrait du PV de la COR
113
le délégué interdiocésain et l'ECR recevaient leur mandat des évêques et n'avaient reçu aucune
charge de la part d'autres Eglises. Il ne leur appartenait donc pas de fédérer les groupes de prière des
autres Eglises (et il y en avait beaucoup) mais pouvaient, au mieux, être accueillants et ouverts à
leur égard.206 Dans une tentative de communion, le pasteur Jean-Philippe Calame fut néanmoins
invité en 1999 à faire partie, à titre personnel, de l'ECR mais il mit un terme à sa collaboration en
2001 déjà car il n'avait pas trouvé le partenariat désiré.207 En effet, catholiques et réformés avaient
deux manières différentes de voir la collaboration œcuménique, comme nous l'indique cet extrait de
rapport du délégué interdiocésain à la COR, daté de juin 2001 :
[Au niveau de l'œcuménisme] j'avoue que les difficultés me paraissent insurmontables tant j'ai trouvé de rigueur auprès des catholiques comme d'exigence de la part de certains protestants. Du côté catholique, non seulement on refuse l'hospitalité eucharistique [...] mais on va parfois jusqu'à refuser des chants du répertoire protestant dans certaines célébrations. Du côté protestant, on souhaite non pas une « ouverture œcuménique » de la part des catholiques mais un partenariat. Sans vouloir ouvrir le débat, car ces éléments concernent une petite partie des membres du Renouveau, je vous le communique à titre d'information.208
Avec une vision différente de ce que devaient être leurs rapports, catholiques et protestants
ne pouvaient que difficilement s'entendre.
Un autre facteur qui rendait le dialogue œcuménique délicat était issu de la différence de
vécu entre les cantons. Selon la charte des groupes de prière, il y a deux manières pour un groupe
d'être interconfessionnel209 : un groupe peut être œcuménique, c'est-à-dire qu'il est composé de la
même proportion de catholiques et de réformés ou d'évangéliques. Un groupe catholique peut être
ouvert à l'accueil de personnes d'autres confessions.210 Même si le premier cas fut plutôt rare en
Suisse, certaines régions romandes se composèrent d'une majorité de groupes interconfessionnels.
C'est le cas du canton de Neuchâtel, où, dès les débuts du Renouveau, la plupart, voire l'ensemble
des groupes eurent une dimension œcuménique importante.211 Mais dans les cantons à majorité
catholique comme le Valais, le Jura ou Fribourg, les groupes de prière furent très peu en contact
avec d'autres confessions et leurs membres développèrent peu leur sensibilité œcuménique. Cette
différence de perception fut ressentie de manière très nette lorsque les cantons commencèrent à
organiser des rassemblements communs. Le problème se posa, par exemple, de la messe lors de la
traditionnelle fête du lundi de Pentecôte. Quoique cette journée fut une initiative catholique, le
rassemblement voulut toujours inviter les autres confessions chrétiennes à la rencontre, voire même
du 15 juin 2001.206 Ecoute, N°2 juin 2001.207 AECR, Rencontre annuelle du 21 octobre 2001.208 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué
interdiocésain à la COR, juin 2001.209 Charte 1987, p.16-17.210 Pour des raisons de simplicité, nous parlerons de groupes « œcuméniques » pour les premiers et de groupes
« interconfessionnels » ou « à dimension œcuménique » pour les seconds.211 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapports du délégué
interdiocésain à la COR.
114
les associer à l'organisation.212 Or les cantons à majorité catholique trouvaient indispensable d'avoir
une Eucharistie comme point culminant de la journée tandis que les cantons protestants comme
Neuchâtel insistaient sur la dimension œcuménique du Renouveau et sur la nécessité de pouvoir
accueillir les réformés à la fête sans leur imposer des célébrations d'où ils se sentiraient exclus. Leur
désir était simplement de pouvoir inviter l'ensemble de leur groupe de prière et que tous se sentent
les bienvenus. Il est vrai que le canton de Neuchâtel, qui vivait l'œcuménisme de manière très forte,
s'était vu confier par le chanoine Roduit la mission de veiller particulièrement à la dimension
œcuménique du Renouveau.213 Les groupes neuchâtelois faisaient donc régulièrement part de leur
difficulté à partager le vécu œcuménique de leur canton au niveau romand.214 Au début des années
2000, les tensions entre les régions s'accentuèrent tant qu'elles nécessitèrent l'intervention des
évêques. Telles furent leurs directives :
L'ouverture œcuménique fait partie des orientations de l'Eglise catholique. Il faut néanmoins se rappeler que la structure du Renouveau charismatique en Suisse romande est une structure de l'Eglise catholique romaine en Suisse romande reconnue par la COR qui a auprès d'elle un délégué interdiocésain. Il est donc indispensable de tenir compte de cette identité catholique dans l'organisation des rencontres du Renouveau romand. La COR peut cependant comprendre que le canton de Neuchâtel (qui n'a que des groupes de prière œcuméniques), qui accueille cette année la Journée du Renouveau du lundi de Pentecôte, l'organise de manière tout-à-fait œcuménique. Mais ceci ne doit pas créer un précédent pour les autres cantons. »215
Par cette lettre, malgré une insistance non négligeable sur le caractère catholique de la
structure romande du Renouveau, l'autonomie était laissée au canton. Chaque région était libre
d'organiser le lundi de Pentecôte selon ses propres sensibilités, lorsqu'elle en avait la charge.
Il ne faut pas néanmoins pas minimiser les efforts que firent les groupes romands dans ce
domaine. En effet, plusieurs lundis de Pentecôte furent totalement œcuméniques : dans la
communauté de Grandchamp en 1987, puis à Morges en 1992, à Yverdon en 1996, qui fut
œcuménique dans l'organisation même de la journée, avec la collaboration d'un pasteur, de la
secrétaire de l'Action commune (qui réunit 7 différentes dénominations des Eglises protestantes),
d'une fidèle de l'Eglise luthérienne et même d'un pasteur de l'Eglise de Pentecôte et sa femme qui
représentaient la Fraternité chrétienne de l'Eglise du Réveil216. Il y en eut encore d'autres à Fribourg
en 1997, à St-Maurice en 2000 et enfin à Neuchâtel en 2004.
Le Renouveau, en Suisse comme ailleurs, ne produisit donc pas les fruits attendus, à la
grande déception de certains dirigeants de l'Eglise. Mgr Roduit exprima souvent sa déception de
212 Ecoute, N°2, 1999.213 AECR, Rencontre annuelle du 21 octobre 2001.214 Ecoute, N°4, 2001.215 JPJ, lettre de Bernard Broccard, vicaire général, à Fernand Tapparel, 12 février 2004.216 Ecoute, N°20, 1996.
115
voir certains groupes fermer la porte à l'œcuménisme.217 Pourtant le chanoine Roduit lui-même
insistait auprès de la COR pour qu'elle nomme des prêtres délégués :
S'il n'y a pas un prêtre par région l'avenir du Renouveau catholique est compromis et nous laisserons le champs libre aux protestants.218
En effet, les protestants avaient de nombreux pasteurs engagés et les laïcs catholiques ne
faisaient souvent « pas le poids » face à eux, comme le mentionnait le rapport de 1997 du chanoine
Roduit à la COR.219 Il y avait donc également une crainte de la part de la hiérarchie de voir le
Renouveau et surtout ses membres catholiques récupérés par les protestants.
La fréquence des références au problème posé par l'œcuménisme dans les procès-verbaux
des conseils romands et dans les rapports du délégué interdiocésain à la COR montrent à quel point
les membres du Renouveau étaient préoccupés par cet élément. Néanmoins, même si, au niveau
romand, l'œcuménisme pouvait être un souci, les tensions ne concernaient qu'une petite partie des
membres du Renouveau et elles émergeaient dans des situations particulières, comme l'organisation
de rassemblements intercantonaux. En dehors de cela, il était généralement bien vécu au niveau
régional. En effet, les cantons catholiques n'étaient simplement pas, ou peu, confrontés à cette
question. Dans les régions protestantes comme Neuchâtel, de nombreux groupes interconfessionnels
existèrent toujours. Certes, il y eut, parfois, des souffrances au sein des groupes, autour de sujets
théologiques comme la place accordée à la Vierge Marie par exemple.220 Cependant, les groupes
vivant tous un œcuménisme différent,221 ils restèrent des lieux de prière où, une fois les nécessaires
adaptations mises en place, la communion entre les membres, quelle que soit leur confession, fut
bien présente, comme en témoigne cette membre d'un groupe de Neuchâtel :
Nos chants et nos prières s'élèvent dans le respect de nos convictions propre. Je pense que de grands pas ont été faits par les Eglises catholiques et protestantes pour que les célébrations communes aient lieu et que les gens se rapprochent. [..] Malgré tout, il me semble que depuis quelques années, l'œcuménisme « piétine » : on ne sait que faire face aux profondes divergences qui sont malheureusement bien réelles... C'est là que le Renouveau peut être une chance : dans la contemplation, la louange, la demande d'intercession de l'Esprit-Saint, des choses importantes peuvent se passer. »222
Ce serait donc par un retour aux grâces propres du Renouveau, notamment la louange et la
prière, qu'un nouvel effort pourrait être fait sur le chemin de l'unité.
217 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Extrait du PV de la COR du 15 juin 2001.
218 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué interdiocésain à la COR, mars 1997.
219 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué interdiocésain à la COR, mars 1997.
220 AECR, Rencontre annuelle, 20 octobre 2007.221 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué
interdiocésain à la COR, mars 1999.222 Ecoute, N°24, 1997.
116
Chapitre VII : L'arrivée des communautés nouvelles charismatiques
1. La communauté Cana-Myriam
La communauté Cana-Myriam fut fondée par le Père Bernard Müller au printemps 1985.
C'est la seule Communauté charismatique catholique qui soit née en Suisse romande. A sa naissance,
elle comptait quatre sœurs et le père Bernard. Comme première maison, ils eurent, à Ravoire, le
chalet de Mgr Henri Schwery, alors évêque de Sion, qui l'avait aimablement mis à disposition.223
La vocation première de Cana-Myriam était l'accueil individuel selon le schéma de la
Maison de Lazarre, maison d'accueil fondée par Geneviève Constant, une religieuse du Sacré-Cœur
de Jésus, Brigitte-Violaine Aufauvre et le Père Etienne Garin.224 Tout accueil était précédé d'un long
temps d'adoration devant le Saint-Sacrement. Puis les personnes accueillantes se divisaient en deux
groupes. L'un restait au pied du Saint-Sacrement « pour accompagner dans l'intercession les frères
et sœurs qui accueill[ai]ent la personne souffrante dans une chambre voisine. Durant cette adoration,
l'une ou l'autre personne [recevait] une Parole d'Ecriture qu'elle [allait] transmettre au groupe
d'accueil. » Le second groupe, après une brève présentation de chacun, écoutait la personne
accueillie « qui [disait] sa souffrance, son mal, qui [relisait] son histoire, étant assurée de l'absolue
discrétion de ceux qui l'accueill[ai]ent. » L'accueil pouvait durer deux à trois heures. « L'anamnèse
proprement dite [était] très discrète : elle [était] simplement destinée à éclairer la prière
d'intercession. »225 Les trois cycles de formation proposés par le Conseil romand à partir de 1986
étaient également fondés sur cette spiritualité. Ils avaient pour but de former des personnes à
l'accueil spirituel afin d'offrir une aide constructive aux nombreuses personnes blessées faisant
partie des groupes de prière.226 A Cana-Myriam, des personnes bénévoles venaient aider la
communauté dans sa mission d'accueil. Le deuxième groupe, celui qui avait le rôle d'écoute, était
constitué de membres ayant suivi un temps de formation suffisant et les prêtres, médecins,
thérapeutes ou infirmières y étaient spécialement les bienvenus.227
La communauté consacrait deux à trois demi-journées par semaine à cet accueil individuel.
En outre, certaines prières communautaires et veillées étaient ouvertes aux personnes de l'extérieur.
Elle accueillait également des groupes de prière pour des récollections ou des retraites, des journées
223 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », Cana-Myriam : sa vocation, septembre 1989.
224 Association Maison de Lazarre, La Maison de Lazarre. Dans l'Eglise un lieu où le Christ relève les souffrants de ce monde, [en ligne], http://www.maisondelazare.com/ (page consultée le 3 avril 2011).
225 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », L'accueil spirituel.226 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », L'accueil spirituel.227 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », L'accueil spirituel.
117
de rencontres et de formation.228 C'était une communauté très discrète, qui accueillait des personnes
venant de leur propre initiative. Elle vivait dans l'esprit de pauvreté grâce aux dons d'amis et de
connaissances et à la vente d'objets artisanaux.229 Dans ses débuts, la communauté eut un peu de mal
à se faire accepter car il était difficile pour des personnes extérieures de savoir exactement ce qu'il
s'y passait. Joseph Roduit alla lui-même recevoir le soutien spirituel afin de comprendre comment il
se déroulait. A la suite de cette expérience, il y envoya régulièrement des personnes qui cherchaient
de l'aide. Il estimait, en effet, que la communauté faisait un excellent travail grâce à une bonne
distinction entre l'aspect psychologique et l'aspect théologique de la recherche personnelle. 230
En mars 1993, il ne manquait plus que l'acquisition d'un domicile stable pour que les
constitutions de la communauté soient officiellement approuvées. C'est pourquoi, durant l'hiver
1993-94, la communauté s'installa dans l'aile droite de la maison de la Rochette, à Muraz-
Collombey. C'est grâce à la mise en commun des héritages de plusieurs membres ainsi qu'à des dons
qu'elle put faire cette acquisition.231 Le 27 janvier 1994, le Cardinal Schwery érigea la Communauté
Cana-Myriam en Association de fidèles de Droit diocésain.232 La maison de Muraz fut officiellement
inaugurée le 2 décembre 1994.233
En 1989, la communauté comptait 4 personnes, dont une vivant en solitude.234 En 1999, le
Père Bernard Müller et la sœur Anne-marie Sonderegger prononcèrent leurs vœux perpétuels.235 En
2002, ils étaient 8 membres mais le grand âge du Père Bernard Müller et la maladie d'une sœur, co-
fondatrice de la communauté, Anne-Marie Sonderegger, empêchèrent la communauté de se
développer.236 En 2005, Cana-Myriam cherchait un prêtre pour remplacer le Père Bernard lors de
célébrations eucharistiques spécifiques – messes sur l'arbre généalogique permettant de couper les
liens négatifs avec les ancêtres.237 En 2009, la maladie de Sr Anne-Marie et la vieillesse du Père
Müller força la communauté à mettre un terme à sa mission d'accueil.238 Actuellement, il ne reste
plus que deux sœurs à Muraz-Collombey - Anne-Marie Sonderegger est décédée le 11 février 2010
et le Père Bernard est en maison de retraite - mais Mgr Schwery la soutient encore car il accorde
beaucoup d'importance à la famille de la communauté, au réseau d'amis qui regroupe encore un
228 JPJ, Rencontre annuelle du 6 novembre 1999.229 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », Cana-Myriam : sa vocation, septembre
1989.230 Entretien avec Joseph Roduit, Saint-Maurice/VS, 7 mars 2011.231 Ecoute, M°12, 1994.232 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam ».233 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », Invitation à l'inauguration officielle.234 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Cana-Myriam », Cana-Myriam : sa vocation, septembre
1989.235 Evangile et Mission, N° 25, 14 juin 1999, p.774.236 AECR, Rencontre annuelle du 26 octobre 2002.237 AECR, Rencontre annuelle du 15 octobre 2005.238 AECR, Rencontre annuelle du 17 octobre 2009.
118
nombre très important de personnes entourant et soutenant les deux dernières sœurs.239
2. Implantation de trois communautés charismatiques en Valais
Nous avons déjà brièvement présenté la fondation, la mission et la vocation de ces
communautés dans la première partie de ce travail. Dans cette partie, nous aimerions faire
brièvement le récit de leur installation en Suisse romande. En effet, il est intéressant de voir par quel
processus les communautés charismatiques s'installèrent en terres helvétiques.
La Communauté du Verbe de Vie fut la seule communauté charismatique en Suisse romande
explicitement appelée par un évêque. En effet, un petit groupe de jeunes valaisans, parmi lesquels
Bertrand Georges, futur « berger » du Verbe de Vie à Pensier, avait effectué une année sabbatique
dans une maison de la communauté en France. Cette année de formation fut proposée dès les débuts
par la communauté afin d'offrir un temps de formation, de fortification de la foi et de discernement
spirituel et vocationnel à des personnes de tous âges et de tous états de vie.240 A leur retour, les
jeunes personnes allèrent rencontrer Mgr Schwery et lui racontèrent ce qu'ils avaient vécu. Celui-ci,
enthousiasmé par la manière dont la communauté vivait le Renouveau, chargea les jeunes gens,
lorsqu'ils rentreraient finir leur année sabbatique, d'annoncer au fondateur de la communauté que
l'évêque de Sion appelait le Verbe de Vie dans son diocèse.241 C'est ainsi que la communauté
s'installa à Saint-Pierre de Clages au mois d'avril 1992.242
La communauté des Béatitudes arriva en Valais par un autre chemin. Il y avait à Val d'Illier,
petit village valaisan, un groupe de prière qui désirait ardemment que cette communauté vienne
s'installer dans sa région. S'ils avaient choisi les Béatitudes, c'est parce que c'était, à l'époque, l'une
des communautés les plus présentes dans les grands rassemblements français. Au début des années
1990, l'un des membres de ce groupe, Jean-Marie Cettou, entra dans la communauté en France.
Soutenu par le groupe de prière de Val d'Illier, il demanda alors au fondateur de venir s'implanter en
Valais.243 Après un temps de discernement et de prière, la communauté arriva en Suisse en mai 1991,
avec le Père Aguila. Ils s'installèrent d'abord à Val d'Illier avec l'accord explicite de Mgr Schwery.244
239 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.240 Verbe de Vie, Le Verbe de Vie vous souhaite la bienvenue, [En ligne] http://www.leverbedevie.net/ (page consultée
le 12 avril 2011).241 Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011. Ce témoignage est confirmé par le N°1 de la revue
Eucharistie et Vie, numéro consacré aux communautés nouvelles : « En Valais, la Communauté [du Verbe de Vie] s'est implantée à l'appel du Cardinal Schwery, évêque de Sion. » (FRADON, Jean-Louis, « La Communauté du Verbe de Vie », Eucharistie et Vie, n°1, 1994, p.11).
242 Evangile et Mission, n° 36, 3 septembre 1992, p.938.243 Entretien avec Pierre Pralong, Chermignon d'En Bas/VS, 8 mars 2011.244 DI, Classeur « Renouveau : Communautés », section « Béatitudes », Recommandation épiscopale pour la Fondation
119
Puis, avec l'aide de la Fondation Saint-Joseph, association de droit ecclésiastique soutenue par
l'évêque, qui rassembla, grâce à des dons, les fonds nécessaires, la communauté fit l'acquisition
d'une grande maison à Venthône et s'y installa en avril 1993.245
La Famille Myriam Beth'lehem s'implanta également en Suisse romande dans les années 90.
En 1988, Bernard Schubiger et Jean-Paul Angéloz, deux prêtres charismatiques, effectuèrent un
voyage au Québec lors duquel ils visitèrent la communauté.246 Ils sollicitèrent alors la fondatrice,
Sœur Jeanne, pour des missions en paroisse en Suisse. Huit prêtres suisses romands, valaisans pour
la plupart, accueillirent la Famille Myriam, selon l'appellation que se donne elle-même la
communauté, dans leur paroisse pour des sessions de formation. Très tôt, ces prêtres invitèrent la
communauté à venir s'installer en Suisse. Myriam Beth'lehem s'installa donc au Bouveret, sur le
territoire du diocèse d'Annecy, en 1996. Leur maison qui se situait à l'Ecole de Missions chez les
pères spiritains, reçut le nom de Myriam-de-la-Mission.247
Ces trois exemples d'implantation de communautés charismatiques en Suisse romande
témoignent de la diversité dont une communauté peut jouir lors de son installation dans un pays.
Elles peuvent être appelées par l'évêque du lieu ce qui a l'avantage de leur donner une
reconnaissance immédiate de l'Eglise locale et d'être très rapidement intégrées à la vie du diocèse.
Elles ont aussi la possibilité de s'installer à la demande d'un groupe de prêtres qui apprécient leur
spiritualité, leur mission et leurs activités et qui veulent en faire profiter leur paroisse. Enfin, elles
peuvent venir de leur propre initiative, soutenues par un groupe de laïcs qui les aidera à s'installer,
mais toujours avec l'approbation de l'évêque. Ces différentes expériences montrent que le
Renouveau fut parfois bien accueilli en Suisse romande. Non seulement des laïcs, mais des prêtres
et des évêques reconnurent la valeur de ce mouvement et ils n'hésitèrent pas à investir du temps et
de l'argent pour attirer des communautés porteuses de cette spiritualité.
3. L'influence des communautés nouvelles sur les groupes de prière romands
Nous avons choisi, dans cette partie, d'étudier le Renouveau charismatique en Suisse
romande à partir du vécu des groupes de prière. Il est donc intéressant d'étudier l'influence des
communautés nouvelles, nées ou implantées en Suisse, sur les groupes charismatiques.
St-Joseph, 29 juin 1992.245 Ecoute, N°8, mars-avril-mai 1993.246 JPJ, Prospectus sur la visite du Père Ravary en Suisse, octobre 1988.247 Ecoute, N°3 septembre 2002.
120
C'est en France que le nombre le plus important de nouvelles communautés virent le jour.
Celles-ci « eurent un tel impact que longtemps quelque deux mille groupes de prière [restèrent] dans
l'ombre. » Ce n'est que lors de la Pentecôte 1988 que ces derniers acquirent une reconnaissance
officielle qui leur offrit une autonomie et une représentativité propre248 alors même que,
historiquement, les groupes charismatiques furent constitués avant les communautés. Les groupes
souffraient en réalité d'un déficit de formation qu'ils n'étaient pas en mesure d'offrir à leurs
membres. C'est pourquoi les jeunes et les couples, surtout, se tournèrent vers les grandes
communautés qui organisaient des sessions spécifiques et de grands rassemblements, et quittèrent
ainsi les groupes de prière.249 Certains prêtres et laïcs comme le Père Etienne Garin et Georgette
Blaquière essayèrent de remédier à ce manque. Le Père Garin, secondé par des membres de la
Communion des communautés de Béthanie, mit au point les formations au discernement et à
l'accompagnement spirituel sous forme des cycles de 3 ans dont nous avons parlé plus haut.250
Pourtant des conflits éclatèrent entre les grandes communautés charismatiques et les groupes de
prière autonomes qui ne souhaitaient pas être relégués au rôle de « vivier » des premières.251
Cette expérience française provoqua la méfiance des responsables du Renouveau romand
envers les Communautés nouvelles. En effet, le Père Bernard Müller essaya d'empêcher le plus
longtemps possible l'arrivée des communautés en terre helvétique. Il semblerait qu'il ait même
réussi à faire échouer une tentative de la Communauté du chemin Neuf à venir s'installer en
Suisse.252 Le Père Müller craignait que l'arrivée de grandes communautés ait de lourdes
conséquences sur les groupes et que ceux-ci soient minorisés au profit des premières.253 Il existait
déjà de petites communautés en Romandie : Cana-Myriam, la Fraternité Effata (communauté
protestante mais très proche des groupes de prière catholiques) etc. De petite envergure, elles
avaient néanmoins toujours collaboré avec les groupes de prière et ne constituaient donc pas un
obstacle pour le rayonnement des groupes charismatiques. Au contraire, elles les soutenaient et les
encourageaient. Comme la faiblesse des groupes de prière se situait au niveau de la formation, le
Conseil romand commença très rapidement à proposer des formations aux groupes, entre autres le
cycle sur 3 ans créé par Etienne Garin mais également le parcours des 7 semaines, des retraites sur
la prière et les charismes etc.
Toutefois, les communautés commencèrent dès 1991 à s'installer en Suisse, d'abord en
Valais, puis également dans le canton de Fribourg, avec le Verbe de Vie à Pensier. Pourtant, leur
248 HEBRARD, Monique, 1991, op.cit., p.36.249 LANDRON, Olivier, op.cit., p.261.250 LANDRON, Olivier, op.cit., p.261-262.251 LANDRON, Olivier, op.cit., p.280.252 Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.253 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.
121
arrivée n'eut pas les résultats catastrophiques que le Père Bernard redoutait tant. Pour les membres
des groupes de prière, cela fut en effet très bénéfique. La proximité des communautés leur
permettait de profiter de leurs offres de retraites, de formations et d'événements sans devoir se
déplacer.254 De plus, les communautés furent d'un grand soutien pour les groupes de prière. Lors de
l'organisation des lundis de Pentecôte, elles apportèrent régulièrement leur aide. Les réunions du
Conseil romand eurent rapidement lieu dans la maison du Verbe de Vie à Pensier dont la « bergère »
proposa même de tenir le secrétariat du Renouveau romand, ce qu'elle accomplit de 1994 à 1997.255
Les groupes de prière sollicitèrent également beaucoup les communautés pour venir donner le
parcours des 7 semaines dans leur région, pour animer des soirées dans leur paroisse etc. Même
l'ECR commença, à partir de Pentecôte 1994, à collaborer étroitement avec les communautés
nouvelles.256 Cependant, les communautés prirent peu à peu de plus en plus d'importance et l'ECR
arrêta progressivement de proposer des formations, voyant que les communautés avaient pris le
relais.257 On reproche d'ailleurs parfois aux groupes de trop se reposer sur les communautés et de ne
pas être assez actifs et entreprenants.
Parmi tous ces résultats positifs pour le développement des groupes de prière, une
conséquence de l'installation des communautés en Suisse romande ne leur fut pas profitable. En
effet, le même phénomène qu'en France se produisit : un nombre important de jeunes quittèrent les
groupes de prière pour aller vers les communautés. Elles attirèrent des vocations qui furent
ressenties par l'Eglise locale comme une perte pour les séminaires diocésains.258 De plus, leur
arrivée n'arrangea pas les rapports entre le Renouveau et les prêtres car, en attirant les jeunes, ils
vidaient les paroisses, au grand désespoir de certains curés.259
De nos entretiens, à une exception près, il est ressorti que les membres des groupes de prière
furent enthousiasmés par l'arrivée des communautés qui leur apportaient un soutien et des lieux de
ressourcement. Il est vrai que les deux communautés principales, les Béatitudes et le Verbe de Vie,
s'installèrent d'abord en Valais où il y avait énormément de groupes de prière. L'équilibre fut donc
plus facile à préserver entre les deux entités. Des rapports des conseils romands, il apparait
également que, dans les cantons qui avaient des communautés sur lesquelles s'appuyer, même si
elles n'étaient pas charismatiques à proprement dit comme le Cénacle de Sauges ou la communauté
de Grandchamp, les groupes appréciaient beaucoup cette présence, surtout à partir des années 1990,
254 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.255 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.256 Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011 ; Entretien avec Lucien Maystre,
Lausanne/VD, 16 février 2011.257 Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.258 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.259 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.
122
lorsqu'un certain essoufflement se fit sentir dans le Renouveau.260
Conclusion partielle
Dès le début des années 1990, l'expansion du Renouveau ralentit pour aborder à partir de 95
une pente descendante. Dans son rapport à la COR du mois de mars 1997, le chanoine Roduit écrit
déjà qu'on « ressent une certaine fatigue » dans la plupart des régions. Le manque d'engagement de
certaines personnes qui satellisent sans s'investir ou, au contraire, les nombreuses personnes très
engagées en paroisses qui n'ont, de ce fait, plus de temps à consacrer au Renouveau, le peu de
soutien de la part des prêtres surtout mais aussi des évêques, le vieillissement des groupes qui
peinent à se renouveler et à attirer les jeunes en sont les raisons les plus évidentes.261 Le nombre de
groupes commença à diminuer dans chaque région tout comme le nombre de participants dans
chaque groupe. Alors que ceux-ci réunissaient souvent, dans les années 80, entre 30 et 60 membres,
les groupes s'affaiblirent années après années pour atteindre, de nos jours, entre 3 et une dizaine de
personnes, quelquefois 20, avec quelques rares exceptions comme le groupe de Fully en Valais qui
compte encore 40 membres.262 Roger Schibli, qui imprima les bulletins Ecoute durant les dix
dernières années peut témoigner de cette diminution du nombre de membres. Alors qu'il y a
quelques années chaque groupe en commandait 15 à 20 exemplaires, le bulletin est tiré à présent à
650 exemplaires pour toute la Suisse romande.263 Cette baisse de participation n'est pourtant pas
caractéristique du Renouveau charismatique. Loin de subir un désintérêt particulier, le Renouveau
souffre de la déchristianisation générale, à l'œuvre dans la société. Tout comme les églises se vident,
les groupes de prière charismatique peinent à trouver de nouveaux adhérents dans ce monde où Dieu
n'a plus sa place.
Il existe un autre aspect responsable de l'essoufflement des groupes de prière. La majorité
des groupes charismatiques ont perdu, au fil du temps, leur pratique des charismes et sont devenus
des groupes de piété : groupes d'adoration, groupes de chapelet, groupes d'intercession etc. La seule
exception étant le canton de Neuchâtel, où la majorité des groupes sont interconfessionnels et ont
donc conservé la dimension charismatique. L'œcuménisme y empêche, en effet, l'introduction d'une
liturgie ou piété spécifique à une confession particulière. Mais même dans ces groupes, l'exercice
des charismes se réduit très souvent au chant en langues ou au charisme des « images ».264 Le désir
260 AECR, Rencontres annuelles, passim.261 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Rapport du délégué
interdiocésain, mars 1997.262 Entretien avec René Pillet, Lausanne/VD, 1er mars 2011.263 Entretien avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.264 Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.
123
des membres du Renouveau de se faire accepter par l'Eglise locale et les paroisses pourrait expliquer
cet étouffement des expressions propres au Renouveau. En effet, une trop grande volonté de se faire
accepter par les autres et par la hiérarchie comportait le risque de tuer les charismes. Il semble que le
Renouveau romand ait souffert de ce phénomène.265 Pourtant, les charismatiques que nous avons
rencontrés sont encore enthousiasmés à l'idée de ce que le Renouveau dans l'Esprit a accompli dans
leur vie. Ont-ils failli à leur mission de propager le Feu de l'Esprit chez leurs proches, dans leur
paroisse, comme le suggère Betty Moirandat ? Ou les structures imposées au Renouveau par les
évêques ont-elles « éteint l'Esprit » ? En effet, on remarque que de nombreuses personnes au sein de
l'Eglise catholique ne connaissent pas le Renouveau et n'en n'ont même jamais entendu parler, de
nos jours encore. De plus, l'insistance du chanoine Roduit sur le fait que les évêques n'ont pas
cherché à donner une structure trop rigide à cette mouvance mais qu'il était nécessaire de lui donner
une « colonne vertébrale »,266 laisse transparaitre un besoin de justification face à des
« articulations » qui, selon certaines des personnes que nous avons interrogées, empêchèrent peut-
être l'Esprit d'opérer librement.267 En effet, en 2001, Mgr Roduit avertissait le nouveau délégué
interdiocésain du risque de ne plus laisser assez de place à l'Esprit Saint.268 Par leur volonté de
vouloir contrôler un courant où les dérives étaient faciles, les évêques ont-ils peut-être étouffé un
courant que la spontanéité et l'ouverture faisaient vivre.
Un autre facteur pesa probablement dans la balance. En effet, la situation de l'Eglise en
Suisse est moins difficile que dans d'autres pays comme la France, où la crise des vocations imposa
pratiquement de confier des paroisses aux communautés nouvelles.269 Comme l'affirme Albert
Gasser, la pénurie et le vieillissement du clergé n'inquiétèrent pas particulièrement les prêtres
suisses, dans les années 60.270 De plus, la laïcisation de la société et des institutions progressa moins
vite en Suisse qu'en France. Ces raisons expliquent peut-être pourquoi les évêques ne s'appuyèrent
pas davantage sur le Renouveau et ne l'encouragèrent pas plus activement. D'autant plus que, ces
dernières années, alors que la crise des vocations se fait plus durement sentir dans les diocèses
romands, l'Eglise locale a commencé à solliciter de plus en plus les communautés charismatiques.
C'est ainsi que l'un des prêtres de la Communauté des Béatitudes à Venthône est maintenant curé de
trois paroisses en Valais et que le Verbe de Vie accueille régulièrement des groupes de jeunes en
préparation aux sacrements. Des responsables de paroisses demandent également aux membres du
Renouveau de venir témoigner de leur vécu et de leur prière. Alors que personne, jusqu'à ces
265 HEBRARD, Monique, 1991, op.cit., p.56.266 JPJ, Rencontre de l'ECR, 11 avril 1996.267 Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.268 DI, Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes », Section « COR », Extrait du PV de la COR
du 15 juin 2001 à l'attention de Fernand Tapparel, diacre.269 MASSON, Catherine, op.cit., p.250.270 VISCHER, Lukas (dir.), op.cit., p.271.
124
dernières années, ne semblait s'intéresser à ces groupes de prière, il apparait qu'ils commencent,
actuellement, à susciter d'avantage d'intérêt.
Il ne faudrait d'ailleurs pas exagérer la situation. Malgré le vieillissement et la diminution des
groupes, le Renouveau n'a pas complètement disparu. De nouveaux groupes de prières se
constituent encore de nos jours, comme celui de Matran en 2007 ou celui de Broc en 2010. 271 De
plus, on peut observer à Genève quelques traces de la « Troisième Vague », qui consiste, pour être
bref, à un renouveau du Renouveau. Il se caractérise, entre autres, par des phénomènes extérieurs
très expansifs et un appel extrêmement insistant à la guérison.272 Toujours est-il que les membres du
Renouveau en Suisse romande n'ont pas perdu de leur vigueur et de leur foi en l'action de l'Esprit
Saint et refusent de croire, comme le cardinal Daneels que « le mouvement charismatique est appelé
à disparaître comme tel, lorsque l'Eglise entière sera devenue « charismatique », par la redécouverte
en pratique de la prière de louange et des charismes d'autrefois. »273 En effet, 30 ans après, ils voient
encore dans le Renouveau la « solution à la crise de l'Eglise ». Selon eux, le monde chrétien ne
pourra survivre à la montée du matérialisme et de la laïcisation que par un retour à la prière et à la
Parole de Dieu et à une totale disponibilité à l'Esprit Saint.
271 AECR, rencontre annuelles, 20 octobre 2007, 16 octobre 2010.272 CONFERENCE DES EVEQUES DE FRANCE, Les nouveaux courants charismatiques. Approches, discernement,
perspectives, Paris, Ed. du Cerf, 2010, pp.25-31.273 VAN HOOF, Guido, Entretiens avec le Cardinal Daneels, Paris-Gambloux, Ed. Duculot, 1988, p.96.
125
Partie III : Prier Témoigner : une manifestation qui rassemble tous les visages de l'Eglise
En mars 2001, l'abbé Dominique Rimaz, vicaire à la paroisse de Belfaux (Fribourg), et
membre du Comité romand des JMJ répondit ainsi au journaliste d'Evangile et Mission qui lui
demandait si les JMJ étaient une nouvelle forme de pratique religieuse ou une nouvelle forme de
communauté chrétienne :
Le succès des journées provient du fait qu'elles répondent à un besoin. Elles sont, comme on dit, dans l'air du temps. Nous en sommes à l'ère de la communication. La volonté de se rassembler correspond au besoin de partager des différences.1
Dans cette troisième et dernière partie de notre travail, nous allons tenter de montrer, que,
tout comme les JMJ, le rassemblement Prier Témoigner répond à une nouvelle demande faite à
l'Eglise non seulement par les jeunes, mais également par les familles, les adultes etc. C'est la
communauté de Taizé, qui institua les première manifestations de ce genre. En effet, chaque année
depuis le milieu des années 1970, des milliers de jeunes se rencontrent dans une ville du monde
avec la communauté pour fêter ensemble le Nouvel An.2 Le Pape Jean-Paul II, quant à lui, instaura,
dès 1984, les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui se déroulent tous les 2 ou 3 ans dans une ville
différente des cinq continents et qui rassemblent aujourd'hui des centaines de milliers de jeunes.3
Dès le milieu des années 1980, les communautés nouvelles commencèrent également à rassembler
des jeunes pour des temps particuliers de rencontre, de prière et de divertissements. Ainsi eut lieu,
par exemple, durant l'été 1985, le premier Forum international des jeunes, organisé par la
communauté de l'Emmanuel à Paray-le-Monial. La communauté Saint-Jean, de son côté, mit sur
pied en 1998 son premier grand rassemblement pour les jeunes sous le nom de Festival Saint-Jean.
Le programme de ce dernier était très proche de celui d'un week-end Prier Témoigner : matinées
d'enseignement, temps de témoignage, grande Lectio divina, offices, nuit d'adoration et procession
aux flambeaux. De plus, à l'instar des communautés charismatiques, les Frères de Saint Jean firent
appel à des groupes de musique pour animer la rencontre.4 On remarque que les organisateurs de
Prier Témoigner, dont la première édition eut lieu en 1990, furent parmi les pionniers dans
l'organisation de ce genre de manifestation, en Suisse certainement, mais même à l'échelle
internationale. En effet, ce nouveau type de rassemblements chrétiens commença à se développer
surtout à partir de la deuxième partie des années 1980. Cependant, la manifestation romande
1 Evangile et Mission, N°5, 14 mars 2001, p.194.2 Communauté de Taizé, Taizé, [En ligne], http://www.taize.fr/fr (page consultée le 7 juin 2011).3 Journées Mondiales de la Jeunesse, Madrid 2011, [En ligne], http://www.jmj.ch/ (page consultée le 7 juin 2011).4 LANDRON, Olivier, op.cit., pp.386-393.
126
présente une différence remarquable par rapport à celles citées plus haut : elle a pour objectif de
rassembler non seulement les jeunes, mais toutes les générations, enfants, adolescents, familles,
adultes, personnes âgées etc. De plus, elle n'est pas organisée par un seul mouvement ou
communauté mais ce sont des personnes de tous états de vie et de sensibilités très différentes qui
collaborent à l'organisation de la rencontre. C'est pour cette raison que nous avons porté notre intérêt
sur Prier Témoigner. En effet, c'est l'Eglise dans son ensemble qui y est représentée, des
communautés contemplatives traditionnelles aux communautés charismatiques, des laïcs engagés
dans de nouveaux mouvements à des prêtres de paroisses. Cette rencontre est donc le signe de ce
renouveau de l'Eglise en cours en Suisse romande, dont nous avons essayé d'esquisser quelques
traits dans les deux premières parties de ce travail. Prier Témoigner est un exemple, parmi d'autres,
de la manière dont le renouveau spirituel issu du Concile Vatican II a pénétré l'Eglise romande.
Comme le disait l'aumônier de l'Apostolat de la Prière, dans sa présentation de la première rencontre
Prier Témoigner en 1990 :
En réalisant cette première rencontre, nous pensons à la nouvelle évangélisation annoncée par le Saint-Père. Notre démarche se veut donc ecclésiale, en communion avec l'Eglise universelle et nos diocèses romands. Les initiatives sont nombreuses au sein de nos paroisses et des mouvements pour promouvoir le renouveau de la prière dans nos contrées. Nous avons voulu rassembler toutes ces forces pour témoigner avec plus de vigueur et de joie, et montrer l'unité de l'Eglise dans sa riche diversité. »5
Dans l'élan de cette nouvelle évangélisation, Prier Témoigner parvient non seulement à
attirer un public en quête de sens et de nourriture spirituelle, mais il réalise également l'exploit de
rassembler sous un même drapeau des réalités très différentes de l'Eglise catholique. C'est ainsi qu'à
Prier Témoigner se côtoient des communautés purement charismatiques comme le Verbe de Vie, des
mouvements plus classiques mais quand même dans la mouvance du renouveau postconciliaire
comme les Focolari, et enfin des réalités plus anciennes de l'Eglise comme les mouvements d'Action
catholique ou les communautés contemplatives traditionnelles.
C'est cette capacité à rassembler « tous les visages de l'Eglise » qui nous a poussés à choisir
Prier Témoigner comme sujet d'étude. C'est aussi son aptitude à rester fidèle au message de l'Eglise
tout en sachant discerner les besoins actuels des fidèles en tirant parti des nouveautés, issues du
Renouveau charismatique entre autres, en matière d'activités divertissantes et d'animation musicale.
Nous allons donc, dans cette partie, montrer en quoi Prier Témoigner est un signe, mais également
un facteur de diffusion d'un renouveau spirituel en Suisse romande. Pour cette étude nous nous
sommes principalement basés sur trois sortes de sources. En premier lieu nous avons consulté le
bulletin de liaison de l'Apostolat de la prière Offrande et Vie qui changea de nom en 1994 et devint
Prier Témoigner. Cette revue trimestrielle, puis semestrielle, nous a surtout fourni des informations
5 Offrande et Vie, septembre 1990.
127
sur les thèmes, les intervenants et les programmes de chaque rencontre. Nous avons ensuite pu
consulter les archives privées de Prier Témoigner, conservées dans les locaux du séminaire
diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg. Des classeurs et des cartons contenant procès-verbaux
des réunions de comité, correspondance, coupures de presse, dépliants, factures, résultats des
comptes et de nombreux autres documents furent ainsi mis à notre disposition. Seule l'année 2010
ne fut pas consultable car le coordinateur de Prier Témoigner ne fut pas en mesure de mettre en
ordre les papiers à temps. Enfin, nous avons rencontré les quatre principaux organisateurs de la
rencontre. Ceux-ci nous ont fourni de nombreuses informations, ce qui nous a permis de mieux
comprendre leurs intentions, leurs désirs et leurs objectifs. A l'instar de notre deuxième partie, nous
avons été ici encore attentifs au fait que la mémoire, utilisée comme source historique, doit être
appréhendée avec précautions. Nous avons donc tenté, dans la mesure du possible, de toujours
vérifier les informations fournies par nos interlocuteurs, soit dans les archives de Prier Témoigner,
soit grâce à d'autres témoignages.
Après avoir fait le récit des débuts de la rencontre en expliquant quels mouvements, quelles
personnes, quelles intentions furent à l'origine de la rencontre, nous examinerons plus concrètement
comment les organisateurs financent la rencontre. Nous étudierons également l'accueil que réserva
l'Eglise de Suisse romande, ses évêques et ses prêtres, à la manifestation. Puis nous examinerons
quelles sont les personnes qui se rendent à cette manifestation : jeunes, personnes âgées, familles,
religieux, laïcs, prêtres etc. Nous observerons l'évolution que connut ce public au fil des années ainsi
que le changement que les organisateurs opérèrent au programme de la manifestation sur ses 21 ans
d'existence. Enfin, nous étudierons de près les critères sur lesquels se basent les organisateurs pour
choisir les thèmes de chaque édition et les intervenants à inviter chaque année.
Chapitre VIII : L'organisation de la manifestation
1. Les origines de Prier Témoigner et l'Apostolat de la prière
L'Apostolat de la prière (AP) est un mouvement chrétien, qui fut fondé en France en
décembre 1844 par le père jésuite Gautrelet et fut reconnu en 1849 par le pape Pie IX. En 1997, il
était actif sur les cinq continents et touchait des millions de chrétiens dans plus de 80 pays.6 Le
fondement de la spiritualité de l'AP est l'offrande de sa journée en union avec le Christ qui a donné
6 APT, Classeur PT 1997 8/9 nov. L-U, section M, Prier Témoigner « Ma vocation c'est l'Amour ».
128
sa vie au Père pour la rédemption du monde.7 Chaque membre du mouvement s'engage à réciter
chaque jour cette prière : « Père infiniment bon... Je t'offre par le cœur immaculé de Marie, les
prières, les actions, les joies et les peines de cette journée, en union avec l'offrande de ton fils, pour
être dans l'Esprit Saint, une louange à ta gloire et le témoin de ton amour. »8 Cette prière d'offrande
permet également de s'unir aux intentions du mois proposées par le Saint Père et diffusées par l'AP
au moyen d'affiches distribuées dans les paroisses.
L'Apostolat de la prière encourageait de différentes manières les chrétiens à la prière. En
dehors des affiches contenant les Intentions missionnaires du Pape, le mouvement distribuait
différent bulletins et revues pour enfants, jeunes et adultes.9 Après une période de présence discrète,
l'AP connut un mouvement de renouveau sous l'impulsion de la rencontre des responsables avec
Jean-Paul II lors du Congrès mondial de l'Apostolat de la prière en 1985.10 Dans son discours, le
Pape exhorta les responsables de l'AP à accorder une attention spéciale aux enfants, aux jeunes et
aux malades. Il les encouragea également à mettre « au service des Eglises locales et particulières
tous les instruments des communications sociales dont [ils] pourr[aient] [se] servir, pour transmettre
à tous les hommes l'expérience d'une authentique prière, adaptée aux différentes cultures et incarnée
dans leurs situations historiques ; en particulier la prière dans les familles que [lui]-même [avait]
tant de fois recommandée ».11 C'est dans cette optique que les évêques de Suisse romande
encouragèrent dès 1987 les responsables du centre romand de l'Apostolat de la prière à entreprendre
un renouveau du mouvement.12
Daniel Pittet, un jeune homme plein d'enthousiasme et d'idées avait repris au milieu des
années 1980 la présidence de l'Apostolat de la prière en Suisse romande.13 En effet, il était venu à
une séance de comité du mouvement afin de demander à l'AP de s'investir dans l'organisation des
pèlerinages romands à Paray-le-Monial et à Einsiedeln, dont il avait récemment repris la
responsabilité. Louis Schenker, un laïc alors président de l'AP, vit immédiatement dans le jeune
homme toutes les qualités requises pour donner une nouvelle impulsion au mouvement qui peinait à
se renouveler.14 Il avait déjà tenté depuis plusieurs années de rajeunir le mouvement, mais il s'était
toujours heurté à l'aumônier qui, à l'AP depuis plusieurs dizaines d'années, était réfractaire à toute
nouveauté. L'arrivée de Daniel Pittet à la présidence permit de débloquer la situation. Effectivement,
7 Evangile et Mission, N°23, 9 juin 1988, p.517.8 Offrande et Vie, N°4, 1987.9 Offrande et Vie, N°2, juin 1988.10 Offrande et vie, N°2, juin 1998.11 Evangile et Mission, N°25, 20 juin 1985, pp.439-441.12 Offrande et vie, N°2, juin 1988.13 APT, Carton PT 98, La Liberté, 12 novembre 1998.14 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Daniel Pittet,
Fribourg/FR, 11 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.
129
d'après Monsieur Pittet lui-même, mais également Dominique Schenker, fils de Louis Schenker, qui
reprit la vice-présidence de l'AP au départ de son père, le jeune président parvint à remercier le vieil
aumônier en l'envoyant à Rome pour concélébrer une messe avec le Pape.15 Les responsables du
mouvement furent alors libres d'effectuer les changements auxquels ils aspiraient. Un nouvel
aumônier, le père Marie-Joseph Huguenin ocd, fut nommé par les évêques qui lui confièrent la tâche
de renouveler l'Apostolat de la prière en tenant « mieux compte de la mentalité des jeunes » :
Si l'apostolat de la prière pouvait devenir aussi une intuition des enfants et des jeunes à la prière personnelle, ce serait un merveilleux service rendu à la jeune génération. Nous [les évêques] sommes persuadés que vous [l'aumônier] saurez, avec les responsables du mouvement, trouver les chemins de ce renouveau sans que soient minimisés le travail et la fidélité des anciens.16
Ainsi, dès 1988, le Père Marie-Joseph Huguenin lança des groupes d'initiation à la prière
personnelle, pour les jeunes à Fribourg et pour jeunes et adultes à Genève17. Il mit également sur
pied des conférences spirituelles. Dès 1989, deux intentions par mois furent diffusées par l'AP : une
pour l'Eglise universelle et l'autre pour l'Eglise de Suisse afin que les laïcs soient mieux impliqués
dans la vie de l'Eglise. En 1988, les responsables de l'AP se mirent à la recherche d'un prêtre par
canton qui serait disposé à répandre la spiritualité de l'Apostolat de la prière. Il était également
prévu qu'ils organisent une rencontre annuelle des groupes dans chaque canton, ainsi qu'un
rassemblement sur le plan romand.18 La question de savoir si l'Apostolat de la prière est ou non un
véritable mouvement (au sens de mouvement d'Action catholique) n'est pas encore tranchée. En
effet, dans certains pays, l'Apostolat de la prière était un véritable mouvement organisé et
structuré.19 Il semblerait cependant que dans d'autres régions, y compris la Suisse, l'AP ait plutôt été
un courant spirituel20 destiné à pénétrer tous les mouvements et institutions d'Eglise afin « de
vivifier et discerner tout ce qu'il y a[vait] de bon dans un engagement chrétien. »21
En 1988, l'Apostolat de la prière touchait environ 10 000 personnes en Suisse romande. Le
bulletin mensuel pour les enfants « Avec Jésus » était diffusé à 7 000 exemplaires et le bulletin de
liaison Offrande et vie pour jeunes et adultes était tiré à 45 000 exemplaires. L'AP distribuait
également en Suisse romande un bulletin pour les jeunes « Avec le Christ » ainsi que des revues
éditées en Belgique.22
15 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Daniel Pittet, Fribourg/FR, 11 février 2011 ; Offrande et Vie, N°4, 1987.
16 Centre romand de l'Apostolat de la prière : Bulletin de liaison du 4è trimestre, septembre 1987.17 Offrande et Vie, N°4, 1987.18 Offrande et Vie, N°1, mars 1988.19 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.20 La question de savoir si l'AP est un mouvement ou non n'est pas encore tranchée au niveau international. (Entretien
avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.)21 Offrande et Vie, N°1, mars 1988.22 Offrande et Vie, N°1, mars 1988.
130
Dès le milieu des années 1980, la restructuration de l'AP avait eu comme objectif de pousser
le plus de personnes possibles à s'investir dans le mouvement. Les responsables encouragèrent les
laïcs à organiser des rencontres annuelles, cantonales et romandes. En effet, ils désiraient que « les
laïcs puissent se prendre en charge comme on le vo[yait] dans les grands mouvements post-
conciliaires et que les prêtres leur apportent leur compétence et leur discernement spirituel pour les
stimuler dans leur entreprise ».23 Les rencontres annuelles romandes de l'AP ne rassemblaient alors
qu'une poignée de personnes, principalement du troisième, voire du quatrième âge. En 1987, le
nouveau président, Daniel Pittet, et son comité estimèrent qu'il fallait rajeunir ces rencontres. C'est
pourquoi ils invitèrent le père Daniel Ange pour intervenir lors du rassemblement annuel du
mouvement. Or celui-ci ne put se libérer24 et la rencontre de 1987 ne rassembla qu'une centaine de
personnes âgées.25 En 1988, la réunion annuelle attira un peu plus de monde mais la moyenne d'âge
demeura aussi élevée que les années précédentes.26 En 1989, les responsables réitérèrent leur
invitation à Daniel-Ange.27 Celui-ci ne pouvant être présent, Nicolas Buttet, alors engagé au Conseil
œcuménique des Eglises à Genève, le remplaça et témoigna devant les 300 personnes venues de
toute la Suisse romande. Les organisateurs déplorèrent le peu d'enfants présents à la rencontre.28
En 1990, l'Apostolat de la prière invita, pour la troisième fois, le Père Daniel Ange à sa
journée annuelle, toujours dans l'optique d'attirer un public plus jeune à la rencontre. Le prêtre belge
leur répondit alors que les jeunes du Renouveau charismatique valaisan l'avaient également invité
cette année-là et qu'il viendrait volontiers si les deux groupes parvenaient à coordonner une date. Le
comité de l'AP contacta donc le responsable pastoral des jeunes du Renouveau, Pascal Dorsaz, afin
de se mettre d'accord. Celui-ci proposa de non seulement coordonner les dates, mais également
mettre sur pied, ensemble, une rencontre avec comme animateur principal le père Daniel Ange. Les
responsables de l'AP furent enthousiasmés par cette idée. Toutefois, lorsque le Père Huguenin,
aumônier de l'AP, rencontra le père Bernard Müller, qui était alors en charge du Renouveau
charismatique, la divergence de sensibilité des deux prêtres posa problème. En effet, le père carme
désirait que la rencontre soit centrée sur la prière tandis que le père charismatique voulait donner la
première place au témoignage. A cela, Daniel Pittet eut une solution toute trouvée : la rencontre
serait faite de témoignages et de temps de prière. C'est ainsi que naquit en 1990 la première
rencontre « Prier et Témoigner », de la collaboration du Renouveau charismatique valaisan et de
l'Apostolat de la prière romand. A l'origine, ce devait être une manifestation ponctuelle mais au vu
23 Offrande et vie, N°3, septembre 1988.24 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.25 Offrande et Vie, N°4, 1987.26 Offrande et Vie, N°4, 1988.27 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.28 Offrande et vie, N°8, décembre 1989.
131
du succès que le rassemblement obtint dès la première année, les organisateurs décidèrent de
poursuivre l'expérience. Ils perçurent, en effet, que ce genre de rencontre répondait à un besoin, tout
autant auprès des jeunes que des adultes et des familles.29
Le nom de la manifestation changea en 1991 à la suite de critiques émanant de certains
mouvements catholiques qui affirmaient qu'on ne pouvait juxtaposer « prier » et « témoigner » :
selon eux, on priait en vue de témoigner et on témoignait pour amener à la prière. Daniel Pittet
accepta la remarque sans discussion et baptisa le rassemblement « Prier Témoigner » (PT).30
En 1998, Daniel Pittet, le fondateur de PT décida de mettre un terme à son engagement pour
la rencontre romande. Sa femme, qui faisait un important travail de secrétariat, et lui-même prirent
congé du comité PT.31 C'est alors que les membres restants se demandèrent s'il fallait continuer
l'aventure. En effet, Daniel Pittet aimait travailler en cavalier seul et il effectuait une masse de
travail considérable pour l'organisation du rassemblement. Les réunions de comité étaient plutôt des
séances d'information pour mettre au courant les personnes et mouvements de l'avancement des
préparatifs. Après l'édition 1998, lorsque Daniel Pittet annonça son retrait, plusieurs communautés
et personnes encouragèrent les membres du comité d'organisation à continuer sur la lancée de Prier
Témoigner, qui était alors devenu le rendez-vous annuel de beaucoup de catholiques des cantons
romands. Le père Alain de Raemy, alors aumônier de Prier Témoigner, proposa de prendre la
présidence. Claude Schenker, le frère de Dominique Schenker, avait déjà participé activement au
rassemblement les années précédentes en tant que modérateur de la rencontre. C'est pourquoi il
accepta de prendre la charge de coordinateur de Prier Témoigner. Marie-Louise Zurkinden, déjà une
des chevilles ouvrières de PT, accepta de continuer son travail d'intendance et de coordination.32 Le
comité Prier Témoigner fut donc ainsi constitué.33 En premier lieu venait le « bureau », composé des
3 personnes citées ci-dessus. En deuxième position venait le « comité restreint », constitué de 8
personnes, dont un représentant de la Fraternité Eucharistein, de la communauté du Verbe de Vie, du
mouvement des Focolari ainsi que de l'Apostolat de la Prière. Enfin, le « comité élargi » comptait
une quinzaine de personnes, chacune responsable d'un certain aspect de la manifestation.34 Tous les
membres du comité, ainsi que les personnes qui aidaient à la mise en place et au bon déroulement de
29 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011. 30 APT, Classeur 3 Prier Témoigner 91 O-Z, section O, Lettre de Daniel Pittet à la secrétaire et à la présidente de la
CRAL, 10 décembre 1991 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.31 APT, Carton PT 98, La Liberté, 12 novembre 1998.32 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Claude Schenker,
Fribourg/FR, 25 février 2011.33 Voir Annexe III A : Organisation de l'Association Prier Témoigner au 2 septembre 2008 ; Annexe III B :
Organigramme de Prier Témoigner 2008.34 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section I, Organisation du comité Prier Témoigner.
132
la manifestation pendant le week-end, travaillaient bénévolement, à l'exception de Marie-Louise
Zurkinden, dont nous reparlerons plus bas. En février 2001, les nouveaux statuts de l'Association
Prier Témoigner, rédigés par Claude Schenker, furent adoptés en Assemblée générale. Cette
Association avait été fondée par Daniel Pittet en 1994 afin de donner une assise légale à la rencontre
mais ses statuts n'étaient pas valables juridiquement. C'est pourquoi ils furent rapidement modifiés
par le nouveau coordinateur, qui était juriste de formation.35 Une fois la nouvelle équipe constituée,
celle-ci se mit très vite à la tâche afin de mettre sur pied la prochaine rencontre. En effet, le nouveau
comité commença à travailler dans une véritable collaboration, c'est-à-dire que les tâches furent
réparties entre les différents membres et des réunions furent agendées afin de coordonner les efforts.
En 1999 néanmoins, Prier Témoigner ne prit pas la forme habituelle. En effet, une manifestation
œcuménique nationale « Perles de l'espérance » avait été agendée au Forum Fribourg et les évêques
avaient demandé au comité d'inviter tous les participants à Prier Témoigner à assister à ce
rassemblement en lieu et place de la rencontre romande.36 Cependant, la grande rencontre nationale
fut finalement annulée, c'est pourquoi un petit Prier Témoigner sous forme d'une nuit de prière fut
organisée, au pied levé.37 Dès l'année 2000, la rencontre reprit sa forme habituelle, sur deux jours,
avec à la clé prière, témoignage et animation musicale et théâtrale.
A partir de 1999, le comité dans son ensemble ne changea que très peu. Seul Alain de Raemy
quitta son poste de président et aumônier en 2006, à la suite de sa nomination par le Pape comme
aumônier de la Garde Suisse pontificale à Rome. C'est alors l'abbé Nicolas Glasson, actuel
Supérieur du Séminaire diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg qui prit le relais.38
2. Les personnes, mouvements et communautés impliqués dans l'organisation
Dès la première édition, les organisateurs de Prier Témoigner eurent le désir de faire quelque
chose qui impliquerait toute l'Eglise de Suisse romande. Ils appelèrent donc la manifestation
« Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande » et invitèrent tous les mouvements à
participer à l'organisation.39 Ils dressèrent une liste de toutes les personnes et mouvements
35 APT, Classeur PT 2001 10/11 novembre, Section O, Comité de Prier Témoigner. Statuts, 22 mai 1994 ; APT, Classeur PT 2001 10/11 novembre, Section O, Statuts de l'Association Prier Témoigner, 17 février 2001.
36 APT, Classeur PT 1998 7/8 nov. A-U, Section S, Lettres du P. Trauffer op, secrétaire de la Conférence des évêques suisses à Daniel Pittet, 29 juillet 1998 et 3 novembre 1998.
37 APT, Classeur PT 1999 27/28 nov., Lettre de l'Association Prier Témoigner aux paroisses et communautés religieuses du canton de Fribourg.
38 Prier Témoigner, N°61, septembre 2006 ; Prier Témoigner, N°67, septembre 2009 ; Prier Témoigner, Prier Témoigner 2010, [En ligne], http://www.priertemoigner.ch/ (page consultée le 28 mai 2011).
39 Voir Annexes III A et III B.
133
susceptibles d'être intéressés par ce type de rassemblements et les contactèrent. En septembre 1990,
l'aumônier de l'Apostolat de la prière écrivait dans le bulletin Offrande et Vie :
En réalisant cette première rencontre, nous pensons à la nouvelle évangélisation annoncée par le Saint-Père. Notre démarche se veut donc ecclésiale, en communion avec l'Eglise universelle et nos diocèses romands. Les initiatives sont nombreuses au sein de nos paroisses et des mouvements pour promouvoir le renouveau de la prière dans nos contrées. Nous avons voulu rassembler toutes ces forces pour témoigner avec plus de vigueur et de joie, et montrer l'unité de l'Eglise dans sa riche diversité. [...] Nous désirons que cette rencontre soit l'expression de la vie spirituelle de nos régions : tous les milieux seront donc représentés et nous attendons une participation nombreuse.40
Le ton fut donc donné d'emblée et les organisateurs restèrent toujours fidèles à cette intuition
de départ. Il est vrai que les trois principaux responsables de la rencontre, Daniel Pittet, Dominique
Schenker et Marie-Louise Zurkinden ainsi que, plus tard, Claude Schenker, étaient eux-mêmes issus
de réalités très différentes. Daniel Pittet et Claude Schenker sont laïcs, mariés et pères de famille.
Dominique Schenker, a actuellement un statut d'oblat au sein de la Fraternité Eucharistein. Enfin
Marie-Louise Zurkinden fait partie du mouvement des Focolari, à Montet. D'états de vie différents,
ils eurent peut-être plus de facilité à réunir les différents mouvements de Suisse romande et à les
associer à l'organisation du week-end. Chaque année, l'accent fut donc mis sur la collaboration entre
les différentes familles et réalités qui composaient l'Eglise en Suisse romande afin de permettre à
des personnes de différentes sensibilités religieuses de faire connaissance et d'apprendre à travailler
ensemble.41
En septembre 1990, il y eut un rassemblement de jeunes à l'occasion du 17è centenaire de la
mort de Saint-Maurice. Or, lors de cette rencontre, les responsables de l'AP nouèrent des liens avec
des jeunes qui gravitaient autour de la Villa Vandel et des missionnaires du Sacré-Cœur ainsi que
d'autres jeunes qui entouraient Nicolas Buttet. Ils les invitèrent donc tout de suite à collaborer à la
mise en place de la rencontre qui aurait lieu 2 mois plus tard. C'est ainsi que les jeunes de Lourdes,
mais également des personnes qui s'engageraient plus tard dans la Fraternité Eucharistein firent
partie des premiers collaborateurs de la rencontre Prier Témoigner.42
Les Focolari furent également très vite intégrés à l'organisation de Prier Témoigner. En effet,
Marie-Louise Zurkinden, membre du mouvement des Focolari à Montet, organisait le pèlerinage à
Einsiedeln avec Daniel Pittet. Ce dernier lui demanda, lorsque le projet d'une grande rencontre
romande commença à germer, si elle serait d'accord d'aider à l'organisation du rassemblement.43
40 Offrande et Vie, septembre 1990.41 APT, Carton Prier Témoigner 93 Dossier Presse, L'Echo illustré magazine, N°44, 6 novembre 1993, pp.14-15.42 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Daniel Pittet,
Fribourg/FR, 11 février 2011.43 Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.
134
C'est ainsi que les Focolari furent intégrés à la mise sur pied du rassemblement dès janvier 1990.44
Dès la première édition de Prier Témoigner, ils furent chargés d'une partie de l'animation musicale
ainsi que de la garderie.45 Ils furent également nommés responsables du matériel technique.46 Le
mouvement ne fut animateur musical du week-end que certaines années, surtout dans les premiers
temps.47 Par contre les Focolari exercèrent au fil des ans de multiples autres tâches qu'il serait trop
long d'énumérer ici. Nous pouvons simplement affirmer que le mouvement fut l'une des chevilles
ouvrières de la manifestation dès la première édition, surtout grâce à Marie-Louise Zurkinden.
Les carmes furent impliqués dans la manifestation grâce à l'aumônier de l'AP, le père Marie-
Joseph Huguenin ocd. Celui-ci, quoiqu'il fut déplacé dans le couvent d'Avila en Espagne juste avant
le premier rassemblement et ne put donc y assister, fut tout de même dans l'équipe de lancement de
Prier Témoigner.48 Un autre religieux de l'ordre des carmes reçut, par la suite, la charge d'aumônier
de la manifestation : le père Jean-Emmanuel de Ena, en 1997.49
En outre, le frère Jean-Baptiste, ocd, mit à plusieurs reprises ses talents de compositeur
musical au service de Prier Témoigner. Par exemple, il composa des messes pour les éditions 2000
et 2004.50 Le père Philippe Hugo ocd, participa également activement au rassemblement romand. En
1999, comme nous l'avons mentionné plus haut, seule une soirée de prière fut organisée pour la
rencontre. Le père Hugo rassembla alors un petit groupe des chanteurs afin d'animer la liturgie
eucharistique. L'idée lui vint ensuite de fonder, pour l'animation liturgique du week-end, le chœur
Prier Témoigner, qui se réunirait durant l'année pour répéter. En 2003, la quarantaine de membres
venant de différents pays, âges ou états de vie étaient motivés et engagés.51 C'est pourquoi ils
décidèrent d'enregistrer un CD, financé par l'Association Prier Témoigner.52 Le chœur interpréta les
chants que le frère Jean-Baptiste avait composés pour les 3 dernières éditions de Prier Témoigner et
produisit un CD intitulé « Jubilez ».53 Lors de l'Assemblée Générale de l'Association en mars 2004,
le CD du chœur Prier Témoigner était déjà amorti.54 Au 7 juillet 2004, 300 CD avaient été vendus en
44 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande. 17-18 novembre 1990. marche à suivre... Prier Témoigner, Compte-rendu de la rencontre du 25 janvier 1990.
45 Offrande et vie, décembre 1990 ; Classeur 1990, Procès-verbal de la séance du 13 octobre 1990.46 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande. 17-18 novembre 1990. marche à suivre...
Prier Témoigner, Compte-rendu de la rencontre du 13 septembre 1990.47 Prier Témoigner, N°35, septembre 1996.48 Offrande et vie, décembre 1990 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.49 Prier Témoigner, N°39, septembre 1997.50 Prier Témoigner, N°49, septembre 2000 ; PT, Classeur PT 2004, section M, Réunion du groupe « liturgie », 16 juin
2004.51 Prier Témoigner, N°54, mars 2003.52 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.53 Prier Témoigner, N°54, mars 2003 ; Prier Témoigner, N°57, septembre 2004.54 APT, Classeur PT 2004, Section S, Procès Verbal de l'Assemblée Générale, 13 mars 2004.
135
Suisse et les responsables projetaient de le diffuser en France.55 Dès 2004, le père Hugo chercha à se
faire remplacer pour la gestion du chœur, mais il ne trouva personne qui soit disposé à prendre en
charge un tel investissement. Il délégua donc, dans un premier temps, toutes les tâches
administratives liées au chœur et ne s'occupa que de la direction des chanteurs. Mais, après l'édition
2005, il abandonna complètement et le chœur fut dissout.56
Enfin, en 1997, l'ensemble de la famille du Carmel fut mis à contribution lors du week-end
PT. En effet, cette année-là, la rencontre accueillit les reliques de Ste-Thérèse de Lisieux sous le
thème « Ma vocation c'est l'amour ». Différentes communautés carmélitaines de Suisse romande, les
carmes de Fribourg, les carmélites du Pâquier, la fraternité romande des laïcs du Carmel, le Carmel
apostolique, furent en charge de l'animation de la nuit de vénération des reliques, qui remplaça la
nuit d'adoration. De plus, un dépliant sur Ste-Thérèse, conçu par les Sœurs du Carmel du Pâquier et
distribué dans tous les carmels de France et de Suisse, guida la prière tout au long du week-end.57
Enfin, une bonne partie de l'animation liturgique et musicale fut assurée par des membres des
communautés carmélitaines et la grande majorité des intervenants furent, cette année-là, des
membres de l'ordre des carmes venus de Suisse, de France et de Belgique.58
L'ordre des prêcheurs eut également un rôle de première importance durant de nombreuses
années. A plusieurs reprises des pères dominicains furent invités à témoigner ou à animer un atelier
durant le week-end. En 1996, par exemple, le père Jean Michel Poffet op, en tant qu'aumônier de
Prier Témoigner, eut la tâche d'introduire les participants au thème du week-end.59 Dès 1994 et
durant plusieurs années, le père Jean-Daniel Balet, dominicain également, prit en charge une partie
de l'animation liturgique et musicale du week-end.60 Il composa aussi les antiennes des offices priés
lors de la rencontre ainsi que plusieurs chants, qui furent, certaines années, les chants phares du
rassemblement.61 D'autres dominicains participèrent à certaines éditions de Prier Témoigner en tant
qu'intervenants.62 Le Frère David Macaire, d'origine antillaise, prieur du couvent dominicain de
Bordeaux eut un immense succès auprès des jeunes en 2006, et fut donc réinvité en 2007 et 2009.63
55 APT, Classeur PT 2004, Section M.56 APT, Classeur PT 2004, Section S, Procès Verbal de l'Assemblée Générale, 13 mars 2004 ; APT, Classeur PT 2005,
Section S, Procès-verbal de l'Assemblée Générale, 13 mars 2005 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
57 APT, Classeur PT 1997 8/9 nov. A-K, Section A, Procès-verbal de la réunion du 7 février 1997.58 Prier Témoigner, N°39, septembre 1997.59 APT, Carton Prier Témoigner 96 Presse, L'Echo de nos diocèses, 19 octobre 1996.60 APT, Carton Prier Témoigner 94 Dossier, Prier Témoigner, 5-6 novembre 1994 ; APT, Classeur Prier Témoigner
1995 A-K, Section A, Compte-rendu de la rencontre des 6, 7 et 8 février 1995.61 Prier Témoigner, N°35, septembre 1996.62 Prier Témoigner, N°49, septembre 2000.63 APT, Classeurs PT 06, Communiqué de presse ; Prier Témoigner, N°63, septembre 2007 ; Prier Témoigner, N°67,
septembre 2009.
136
Le Service Hospitalier de l'Ordre de Malte en Suisse (SHOMS) s'engagea également
activement lors de la rencontre. Il semblerait que le comité fit appel au SHOMS pour la première
fois en 1993, lors de la rencontre avec Jean Vanier qui réunit plusieurs centaines de personnes
handicapées. Depuis, les membres du SHOMS, aidés par les Eclaireurs de Malte en Suisse,
s'occupèrent chaque année du service médical, de l'accompagnement des personnes handicapées, de
la préparation des logements à la caserne de la Poya, du service des repas à la mensa, de la sécurité
etc.64
Dès son arrivée en Suisse romande en 1992, le Verbe de Vie s'engagea dans le comité de
Prier Témoigner. En 1993, le « berger » de la communauté de Saint-Pierre-de-Clages, Olivier Belleil
anima un atelier65 et la communauté prit également en charge l'animation d'une heure d'adoration
durant la nuit de prière.66 Dès 1994, la communauté se chargea d'animer les laudes du dimanche
matin ainsi que d'assurer la permanence d'un accueil spirituel tout au long du week-end.67 Elle
partagea cette dernière tâche avec les séminaristes du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg dès
1996.68 Elle offrit également d'accueillir des familles ainsi que des groupes dans sa maison de
Pensier pour la nuit du samedi au dimanche.69 Elle assura de nombreuses autres tâches telles que la
mise en place et la décoration des différents lieux d'accueil de la manifestation.70 Lors de la
restructuration de l'Association Prier Témoigner au départ de Daniel Pittet, le Verbe de Vie fut
membre du comité restreint, par l'intermédiaire d'un délégué de la communauté.71
La Fraternité Eucharistein fut fondée en 1996. Prier Témoigner existait donc déjà depuis
plusieurs années. Or nous avons vu plus haut que plusieurs jeunes personnes qui entrèrent plus tard
à la Fraternité ainsi que Nicolas Buttet, le fondateur, participèrent à la mise sur pied de la première
édition en 1990. Nicolas Buttet fut invité soit comme intervenant, soit pour animer un atelier en
64 APT, Classeurs IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section ST ; Prier Témoigner, N°49, septembre 2000 ; Prier Témoigner, N°52, avril 2002 ; APT, Classeur PT 2004, Section S, Compte-rendu de la rencontre du 18 septembre 2004.
65 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section O, Compte-rendu de la séance du 11 décembre 1992 ;
66 APT, Classeur II Prier Témoigner 93 B-H, Section E, Liste des animateurs de la nuit d'adoration.67 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 94 A, Section A, 2, Programme « Prier Témoigner » 1994 ; APT, Classeur 1 Prier
Témoigner 94 A, Section A, 2, Concept du déroulement de Prier Témoigner, 5/6 novembre 1994.68 APT, Classeur PT 1996 16/17 nov. A-K, section B.69 APT, Classeurs PT 1996 16/17 nov. A-K, Section B, « La vie en abondance », PRIER TEMOIGNER 1996,
[programme détaillée].70 APT, Classeurs PT 1997 8/9 nov. A-K, section B, « Ma vocation c'est l'amour », Programme détaillé, 7 novembre
1997 ; APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section A 2, Prier Témoigner 2000 – Programme au 09.11.00.71 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section B, Organisation du comité Prier Témoigner.
137
1990, 1993, 1994 et 1995.72 En 1997, c'est la Fraternité Eucharistein qui prit en charge de suivre les
reliques de Ste-Thérèse de Lisieux tout au long du pèlerinage qu'elles effectuèrent en Suisse
romande, avant et après leur passage à Prier Témoigner.73 C'est d'ailleurs Monseigneur Amédée
Grab, alors évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, qui avait suggéré que la Fraternité
Eucharistein serait tout à fait compétente pour ce travail.74 Il aurait même dit que la nouvelle
communauté serait la seule assez folle pour accepter la responsabilité de pareille entreprise.75 Dès sa
fondation donc, la Fraternité fut très active dans l'organisation de la rencontre romande. Elle anima,
selon les années, la nuit d'adoration, les ateliers et la matinée réservée aux jeunes. De plus, Nicolas
Buttet fut encore invité à plusieurs reprises comme intervenant de la rencontre.76 Dès 1999, la
Fraternité Eucharistein fit partie du comité restreint de l'Association Prier Témoigner. 77
L'institut Philanthropos participa dès la deuxième année de sa fondation à l'organisation du
week-end. En 2008 et 2009, les étudiants de l'institut formèrent un chœur afin d'assurer l'animation
liturgique de la rencontre. Ils effectuèrent alors le travail qui était à l'époque rempli par le chœur
Prier Témoigner lorsqu'il était tenu par le Père Philippe Hugo78 mais leur engagement pour la
manifestation ne s'arrêta pas là. Chaque année, dès 2005, des étudiants de Philanthropos aidèrent à
la bonne marche de la rencontre, que ce soit par la mise en place des stands, le placement des gens
dans l'aula ou encore l'accueil des participants.79
Une multitude d'autres mouvements et communautés prirent part à la rencontre Prier
Témoigner depuis sa fondation. Parfois, leur engagement était dû à une personne en particulier
membre de tel mouvement, d'autres fois c'était le groupe dans son entier qui participait. Ils prenaient
également part de diverses manières et à différents degrés à la mise sur pied de la manifestation. En
1991, par exemple, toutes les communautés contemplatives de Suisse romande furent invitées à
participer activement à la rencontre. Onze d'entre elles furent présentes et témoignèrent lors du
72 Offrande et Vie, décembre 1990 ; APT, Carton Prier Témoigner 93 Dossier presse, La Liberté, 8 novembre 1993 ; APT, Carton Prier Témoigner 94 Dossier, Prier Témoigner, 5-6 novembre 1994 ; PT, Classeur Prier Témoigner 1995 A-K, Section B.
73 Prier Témoigner, N°39, septembre 1997.74 APT, Carton PT 97 Dossier de presse-Carnets de chants-Cassettes, Tribune de Genève, mardi 4 novembre 1997.75 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.76 APT, Classeurs PT 1998 7/8 nov. A-U, Section M, Dossier de presse ; APT, Classeur PT 2002 9/10 novembre,
Section IJ, Lettre de Michel Raynaud, 13 janvier 2002 ; Prier témoigner, N°53, septembre 2002 ; Prier Témoigner, N°55, septembre 2003 ; Prier Témoigner, N°63, septembre 2007.
77 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section B, Organisation du comité Prier Témoigner.78 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; APT, Classeur PT 08,
Programme détaillé Prier Témoigner 2008 ; APT, Classeur PT 09, Section S, Programme détaillé Prier Témoigner 2009.
79 APT, Classeur PT 2005, Section S, Compte-Rendu de la réunion du comité du 17 septembre 2005 ; APT, Classeur PT 09, Section S, Programme détaillé Prier Témoigner 2009.
138
week-end. Elles donnèrent également un petit cours d'initiation à la prière monastique et animèrent
la prière des vêpres.80 De plus, chaque année, les responsables de Prier Témoigner sollicitèrent
auprès des communautés contemplatives leur soutien par la prière.81 Leur présence spirituelle fut
accentuée au début des années 2000 par des luminaires portant le nom de chaque communauté et
allumés au début de chaque rencontre.82
Les mouvements et communautés pouvaient également tenir un stand lors de la rencontre.
C'était pour eux l'occasion de se faire connaitre à un public dont une partie non négligeable était des
jeunes. A titre d'exemple, voilà la liste des groupes qui animèrent un stand lors de l'édition 1991 :
Liban-Espérance – musique, Communion et Libération, Jeunes de Lourdes, ATD Quart-Monde, Au
Carrefour, Focolari, Famille chrétienne, SOS Emmanuel, Oui à la Vie, Centre romand des
Vocations, Apostolat de la Prière, Imprimerie St-Paul, Verbe de Vie, Pèlerins de l'eau vive, Echo
Vaudois, Echo illustré, Pèlerinages Bibliques Romands, Laïcs du Carmel.
La nuit d'adoration permettait également aux différentes réalités de l'Eglise en Suisse
romande de participer à la rencontre. En 1990, par exemple, les groupes suivants animèrent un
temps de prière lors de la nuit de prière : Ecole de la Foi, Action des Chrétiens pour l'Abolition de la
Torture, ARP, Equipe Vocations, paroisse Ste-Thérèse, Equipes Notre-Dame, Chaîne de prière -
Jeunes de Lourdes - Jeunes d'Einsiedeln, Carmel Saint-Joseph, Communion et Libération, Sœurs de
Saint-Paul, Franciscaines Missionnaires de Marie.
Ces listes ne sont qu'un échantillon de tous les groupes qui passèrent par la rencontre Prier
Témoigner, que ce soit régulièrement ou à titre exceptionnel. Des dizaines de groupes se côtoyèrent
durant les 21 éditions de la rencontre : communautés séculaires ou communautés nouvelles, groupes
d'action catholique ou du Renouveau charismatique, paroisses et aumôneries etc. Chaque famille
spirituelle eut l'opportunité de collaborer à l'édification du week-end selon ses propres sensibilités et
besoins. Ce qu'il est intéressant de relever, c'est que, dès 1990, les responsables de Prier Témoigner
évoquèrent leur désir de réunir tous les visages de l'Eglise en un week-end et de participer à
l'édification d'une Eglise plus unie.83 Or, il est certain que leur objectif de rassembler des
mouvements de sensibilités différentes lors d'une même manifestation, tout en leur donnant
l'opportunité de participer à l'élaboration de la rencontre, fut atteint, du moins dans une certaine
mesure. C'est pourquoi en 1991, dans une lettre au Cardinal Schwery, Nicolas Buttet pouvait déjà
écrire :
80 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, section F, Lettre à Patrick Richard, 18 décembre 1991 ; APT, classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section D, Participation des contemplatives 5 mars 1991.
81 APT, Classeur II Prier Témoigner 93 B-H, Section G, Lettre du frère Henri-Marie aux communautés contemplatives, septembre 1993.
82 APT, Classeur PT 2003 8/9 novembre, Section S, Lettre de Claude Schenker aux 17 communautés contemplatives de Suisse romande, 28 octobre 2003.
83 Offrande et Vie, septembre 1990.
139
La rencontre « prier témoigner » est aussi l'unique occasion où des personnes engagées dans les mouvements d'Eglise différents se rencontrent et apprennent à se connaître dans la même Eglise catholique, en lien direct avec ses pasteurs en Suisse.84
3. Le financement de la manifestation
Comme dans la plupart des activités organisées par des bénévoles et à but non lucratif, le
problème du financement de la manifestation se posa dès la première année. En effet, en 1990,
aucune mesure n'avait été prise afin d'assumer un éventuel déficit. La rencontre s'était construite
spontanément sur la collaboration de divers mouvements d'Eglise et aucune mesure de sécurité
n'avait été prise. C'est pourquoi, dès 1991, Prier Témoigner fut placé sous la responsabilité
financière de l'Apostolat de la Prière mais le mouvement n'avait pas les moyens d'assumer les frais
de la rencontre qui impliquait de grosses sommes d'argent. En effet, en 1990, l'organisation du
week-end coûta un peu moins de 34'000 frs, en 1991, c'étaient 49'000 frs qui furent mis à parti et,
dès 1993 jusqu'à nos jours, le budget tourna autour de 60'000 frs.85 Comme les organisateurs de
Prier Témoigner étaient soit des particuliers, soit des religieux et qu'ils travaillaient tous
bénévolement, le comité était forcé chaque année de rechercher des fonds. Le financement de la
rencontre romande reposait sur 3 entrées principales. Les inscriptions à la rencontre représentaient
environ la moitié des recettes. L'autre moitié des revenus étaient tirée des dons et des subsides.86
Dès la première édition, la participation à Prier Témoigner fut payante pour tout le monde, si
ce n'est les enfants. Même les bénévoles qui travaillaient à l'organisation de la manifestation
payaient leur entrée au week-end. Seuls ceux qui n'en avaient pas le moyens, membres du Verbe de
Vie, d'Eucharistein, des Focolaris ou disciples de l'Ecole de la Foi, en étaient exemptés.87 Le prix de
l'inscription pour un adulte pour le week-end complet, nuitée du samedi soir et repas du dimanche
midi compris, fut de 40 frs en 1990.88 Il augmenta de 5 à 10 frs chaque année pour atteindre 60 frs
en 1994. Ce tarif resta alors inchangé jusqu'en 2009.89
84 APT, Classeur 2 Prier Témoigner 91 H-N, Section N, Lettre de Nicolas Buttet au Cardinal Schwery, 10 septembre 1991.
85 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande. 17-18 novembre 1990. marche à suivre... Prier Témoigner, Résultat week-end 18 et 19 novembre 1990, 6 février 1991 ; APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section A, Résultat Prier et Témoigner 1991, 17 mars 1992 ; APT, Classeur PT 09, Section S, Assemblée Générale, 21 février 2009.
86 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande. 17-18 novembre 1990. marche à suivre... Prier Témoigner ; APT, Classeur PT 08.
87 APT, Classeur PT 2005, Section S, Politique des prix d'entrée.88 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande. 17-18 novembre 1990. marche à suivre...
Prier Témoigner, Dépliant Prier Témoigner.89 APT, Carton Prier Témoigner 1991, Dépliant Prier Témoigner 1991 ; APT, Carton Prier Témoigner 93, Dépliant
Prier Témoigner 1993 ; APT, Carton Prier Témoigner 94 Pub, Dépliant Prier Témoigner 1994 ; Prier Témoigner, N°67, Septembre 2009.
140
Les organisateurs affirment avoir fait de gros efforts afin de permettre à tout le monde de
participer à la rencontre.90 Il est vrai que les prix ne changèrent pas pendant 15 ans alors que le coût
des nuitées, des repas, de l'installation technique etc. augmentèrent beaucoup durant la même
période. Par exemple, le repas du dimanche midi à la mensa de l'université, qui coûtait 10 frs par
personne en 1994, était facturé 13.50 frs en 2005, alors que le prix du week-end n'avait pas changé
durant cet intervalle.91 De plus, les organisateurs étaient toujours prêts à trouver un arrangement
pour les personnes qui n'avaient pas les moyens de payer leur entrée. Les étudiants ou les personnes
sans emploi, par exemple, pouvaient bénéficier d'une entrée gratuite en échange de leur aide durant
la rencontre. Enfin, dès 1996, les responsables de groupes purent contacter les organisateurs par
téléphone afin de bénéficier d'une remise de prix.92 A partir de cette même année, la possibilité fut
donnée aux participants de s'inscrire au week-end sans les repas et d'emporter leur pique-nique avec
eux.93
Les dons étaient aussi multiples que variés. D'après l'actuel caissier de l'Association Prier
Témoigner, Dominique Schenker, les dons les plus importants proviennent aujourd'hui des
paroisses. Certaines paroisses de Fribourg surtout, mais également des autres cantons romands,
versent chaque année un don à l'Association Prier Témoigner.94 Parfois, elles organisent également
une quête qui est reversée pour la rencontre ou encore prennent en charge les frais d'inscription de
leurs jeunes.95 Ainsi, le conseil de la paroisse St-Pierre à Fribourg, fait, une fois par an depuis une
quinzaine d'années, un don de 1000 frs à Prier Témoigner.96 Les communautés religieuses de Suisse
romande ainsi que certains prêtres et évêques constituent la deuxième catégorie de donateurs.97
Chaque année, une lettre de demande de soutien financier et spirituel est envoyée alternativement
aux communautés religieuses, aux communautés contemplatives, aux prêtres et aux paroisses.98
Certaines communautés apportent également leur soutien en mettant à disposition des chambres
dans leur monastère pour le logement des intervenants.99 Enfin, le troisième groupe de bienfaiteurs
est constitué de tous les particuliers qui font des dons, allant de 10, 20, 50 ou 100 frs en majorité à
90 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.91 APT, Classeurs 3 Prier Témoigner 94 Accueil-Stands- budget M-U , Section S, Budget et comptes 1994, 21 janvier
1995 ; APT, Classeur PT 2005, Section C, Comptabilité générale au 31 décembre 2006.92 APT, Carton Prier Témoigner 96 divers, Dépliant Prier Témoigner 1996.93 APT, Classeur PT 08, Politique des prix d'entrée PT 2008.94 APT, Classeur PT 08, Rapport annuel pour la CRAL de l'AP ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10
février 2011, 21 février 2011.95 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; APT, Classeur IV Prier
Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section R.96 APT, Classeur PT 1996 16/17 nov. L-U, Section T.97 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.98 APT, Classeur PT 2002 9/10 novembre, Section S, Lettres aux communautés religieuses et contemplatives, 10
octobre 2002.99 Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.
141
500 frs. Il s'agit de personnes qui paient deux fois leur abonnement à la revue Prier Témoigner, ou
qui, en payant leur inscription, ajoutent une petite somme supplémentaire, des gens âgés qui ne
peuvent plus venir, des personnes qui paient une entrée en plus pour quelqu'un qui n'en aurait pas les
moyens etc.100
La troisième source de revenus résidait dans le subside versé par la Communauté Romande
de l'Apostolat des Laïcs (CRAL) à l'Apostolat de la Prière. En effet, en 1990, l'idée de faire une
rencontre qui réunirait tous les mouvements était venue, nous l'avons vu, de manière spontanée.
Aucune disposition n'avait été prise en cas de déficit. Les organisateurs avaient compté sur la quête
de l'Eucharistie du dimanche pour les soutenir dans leurs frais. Mais Mgr Mamie, alors évêque du
diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, leur avait expressément demandé que la quête de la messe
soit destinée à un autre mouvement ou une autre œuvre que Prier Témoigner.101 Or, en 1990, lors de
la clôture des comptes, il manquait environ 3000 frs aux organisateurs pour rentrer dans leurs frais.
Daniel Pittet alla donc voir Mgr Mamie pour lui demander conseil. Celui-ci accepta de prendre en
charge, à titre personnel, le déficit mais demanda que l'AP prenne la responsabilité des futures
rencontres et, avec elles, un éventuel déficit. En tant que mouvement d'Eglise, l'Apostolat de la
Prière faisait partie de la CRAL et recevait déjà un subside pour les activités qu'il organisait pour les
enfants, les revues qu'il éditait etc. Prier Témoigner put ainsi bénéficier d'une partie du subside versé
par la CRAL à l'AP.102 La rencontre reçut également un subside de la Communauté Fribourgeoise de
l'Apostolat des Laïcs (CFAL) ainsi que de certaines autres organisations ecclésiales.103
En 2004, Daniel Pittet démissionna de la présidence de l'Apostolat de la Prière qu'il avait
gardée malgré son départ du comité d'organisation de Prier Témoigner. Son épouse, qui jusque-là
s'était occupée du bulletin semestriel de l'Apostolat de la Prière en Suisse romande, remit également
le flambeau. Dominique Schenker reprit alors la présidence de l'AP et Marie-Louise Zurkinden se
chargea de la revue, qui servait également à maintenir un lien entre les participants de la rencontre
Prier Témoigner.104 En 2005, le comité d'organisation réalisa que cela représentait trop de travail
pour demeurer une activité entièrement bénévole. C'est pourquoi Mme Zurkinden fut engagée à
10% par l'Apostolat de la Prière pour le travail qu'elle effectuait pour le bulletin de l'AP. Le
mouvement insista auprès de la CRAL afin d'obtenir un subside permettant de couvrir le salaire
100Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011 ; APT, Classeur PT 2005, Section C, Copies des bulletins de versement.
101Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.102 APT, Classeur 3 Prier Témoigner 94 Accueil-Stands- budget M-U, section S, Budget et comptes 1994, 21 janvier
1995.103 APT, Classeur PT 2005, Section C, Comptabilité générale au 31 décembre 2006.104 APT, Classeur PT 2004, Section N, Lettre de Dominique Schenker à un évêque, 23 avril 2004.
142
indispensable de Mme Zurkinden. De plus, le fait que Mme Zurkinden soit engagée par l'AP et non
par Prier Témoigner permit aux organisateurs de continuer à affirmer que PT était soutenu
uniquement par le travail de bénévoles et ainsi valoriser l'engagement de dizaines de personnes.105
En 2006, Monsieur Menoud, alors trésorier de Prier Témoigner, dut se retirer en raison de son âge
avancé. Or le travail qu'il effectuait était considérable : caisse, comptabilité, administration et
expédition des revues de l'AP etc. Le mouvement fut donc dans l'obligation de réduire ses activités :
progressivement, il ne fit que promouvoir les revues belges et françaises de l'AP qu'auparavant il
diffusait également.106 Dominique Schenker reprit la comptabilité et Marie-Louise Zurkinden fut
engagée à 20% afin de pouvoir assumer, en plus de la revue, les travaux de secrétariat.107 Le
financement de son salaire fut couvert par le subside de la CRAL jusqu'en 2008. Cette année-là, la
Communauté Romande de l'Apostolat des Laïcs subit un audit de la Conférence des Ordinaires
Romands qui prit alors le contrôle de la distribution des subsides. La COR décida de diminuer
fortement le subside versé à l'AP en 2008108 et elle décida en 2009 de supprimer totalement l'aide
perçue annuellement par l'Apostolat de la Prière.109 C'est la raison pour laquelle les organisateurs
furent dans l'obligation, dès 2009, d'augmenter les prix d'inscription qui passèrent de 60 frs à 70 frs
pour un week-end adulte.110 Ils durent également abandonner leur projet de faire une publication
pour l'anniversaire de Prier Témoigner qui eut 20 ans en 2009. Ils avaient, en effet, constitué une
petite réserve afin de marquer l'anniversaire de la rencontre mais la situation financière étant bien
trop incertaine, ils choisirent de conserver ces économies pour les rencontres futures.111 Même si,
lors de nos entrevues avec les organisateurs de Prier Témoigner, l'AP bénéficiait toujours d'un
subside de la CRAL, celui-ci était fortement compromis et la décision finale devait être prise dans le
courant de l'année 2011. D'après Dominique Schenker les éditions 2011 et 2012 de Prier Témoigner
devraient pouvoir avoir lieu mais l'avenir de la rencontre est ensuite très incertain.112
4. Accueil de la rencontre par l'Eglise catholique de Suisse romande
Dès la première édition, Daniel Pittet et son comité d'organisation demandèrent leur soutien
105 APT, Classeur PT 2005, Section S, Compte.rendu de la rencontre du comité du 17 septembre 2005 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
106 APT, Classeur PT 08, Rapport annuel à la CRAL de l'Apostolat de la Prière, 2007.107 APT, Classeur PT 07, Section S, procès-verbal de l'Assemblée Générale, 5 décembre 2006.108 APT, Classeur PT 08, Lettre de la CRAL à l'AP, 28 mai 2008.109 APT, Classeur PT 09, Section B, Correspondance électronique entre Claude Schenker et Nicolas Glasson, 27 avril
2009.110 Prier Témoigner, N°67, Septembre 2009.111 APT, Classeur PT 08, Lettre de l'Apostolat de la Prière au président de la COR, 22 octobre 2008.112 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
143
aux évêques. Ils les invitèrent à la manifestation et l'évêque titulaire du diocèse de Lausanne,
Genève et Fribourg, Mgr Mamie, ainsi que ses deux évêques auxiliaires, Mgr Bullet et Mgr Grab,
répondirent favorablement à l'invitation.113 En 1990, le P.Roland-B. Trauffer op, secrétaire de la
Conférence des évêques suisses écrivit à Daniel Pittet :
Je ne peux que recommander cette si belle initiative et lui souhaiter tout le succès qu'elle mérite. Ce souhait personnel est, je le sais, celui également de nos évêques suisses qui attachent une importance particulière à la prière et au témoignage dans notre monde actuel trop facilement préoccupé d'abord d'une certaine efficacité et rentabilité au niveau matériel. [...] Alors, merci en leur nom et continuez dans cette ligne avec les mêmes soucis.114
Depuis, presque chaque année, un évêque suisse fut présent à la rencontre pour donner un
enseignement, témoigner ou encore présider la messe du dimanche. Les autres années, des évêques
de France, d'Italie ou encore du Liban participèrent à la rencontre. Sur les 21 ans d'existence de Prier
Témoigner, se succédèrent les 3 évêques cités plus haut, mais également Mgr Salina et Mgr Roduit,
évêques de l'abbaye territoriale de Saint-Maurice, Mgr Hansjörg Vogel, évêque du diocèse de Bâle,
Mgr Bürcher et Mgr Farine, évêques auxiliaires du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr
Genoud, évêque titulaire de ce même diocèse, Mgr Theurillat, évêque des jeunes en Suisse, le
cardinal Henri Schwery et Mgr Brunner, évêques du diocèse de Sion, Mgr Alain de Raemy,
chapelain de la garde suisse pontificale et ancien aumônier de Prier Témoigner et enfin Mgr
Francesco Canalini, nonce apostolique en Suisse.115 Dans le texte de présentation publié sur le site
internet de Prier Témoigner, il est spécifié que la manifestation est « encouragée par les évêques de
Suisse romande qui y participent régulièrement. »116 Lors de nos entrevues, les organisateurs ont
beaucoup insisté sur le fait qu'ils étaient au service de l'Eglise de Suisse romande et des évêques.
Quoique l'Association Prier Témoigner soit une association indépendante et que, en tant que laïcs,
ils n'aient pas de lien direct avec l'institution, ils ont toujours été à la disposition de la hiérarchie
officielle.117 C'est ainsi qu'en 1992 et en 1999 il n'y eut pas de Prier Témoigner, car les évêques
demandèrent aux organisateurs de la rencontre de participer à la mise sur pied respectivement du
Festival de clôture du Triennat de la Famille à Saint-Maurice et de la rencontre œcuménique
« Perles de l'espérance » à Fribourg.118 De même, le comité fut ouvert aux propositions des évêques
113 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Offrande et Vie, décembre 1990.
114 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande. 17-18 novembre 1990. marche à suivre... Prier Témoigner, Lettre du P. Roland-B. Trauffer op à Daniel Pittet, 28 septembre 1990.
115 Prier Témoigner, passim.116 Prier Témoigner, Prier Témoigner 2010, [En ligne], http://www.priertemoigner.ch/ (page consultée le 19 mai 2011).117 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Daniel Pittet,
Fribourg/FR, 11 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
118 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, SectionB, Compte-rendu du bilan week-end Prier Témoigner, 21 novembre. Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; APT, Classeurs PT 1998 7/8 nov. A-U, Section S, Lettres du P. Trauffer op, secrétaire de la Conférence des évêques suisses à Daniel
144
en ce qui concerne les thèmes et les intervenants. Pour l'édition 1993 notamment, un rassemblement
œcuménique avait été envisagé et une collaboration avait commencé dès février 1992 avec le
pasteur Jean-Baptiste Lipp.119 Pourtant, en novembre de la même année, la COR décida que Prier
Témoigner serait la rencontre romande liée au Congrès eucharistique international de Séville
1993.120 Les organisateurs se soumirent à la volonté des évêques et le projet de rencontre
œcuménique n'aboutit donc pas.121 Enfin, en 1999, lors de la création du nouveau comité, au départ
de Daniel Pittet, le P. Alain de Raemy, Claude Schenker et Marie-Louise Zurkinden demandèrent à
Mgr Genoud, alors évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, son accord pour continuer
sur la lancée de Prier Témoigner.122 L'organe officiel des diocèses romands présente un autre indice
du bon accueil réservé par les évêques à Prier Témoigner. En effet, la revue consacre depuis 1990
plusieurs articles par année à la manifestation, que ce soit pour rappeler les dates de la manifestation
à ses lecteurs, présenter le programme ou rapporter le déroulement de la rencontre.123
Les seules difficultés que le comité PT ait rencontrées avec l'Eglise officielle datent de ces
dernières années et sont en rapport avec la question du subside de la CRAL. En effet, selon nos
interlocuteurs, la coupe effectuée dans le budget de Prier Témoigner n'était pas dirigée contre la
rencontre en elle-même, car d'autres mouvements ont souffert également de pareilles diminutions de
subsides. Pourtant, certains membres du comité de Prier Témoigner considèrent que si les évêques
ne veulent plus subventionner la manifestation, c'est qu'ils ne la désirent plus. De plus, même si la
rencontre pourrait peut-être fonctionner sans les subsides officiels, ceux-ci sont très importants pour
les organisateurs car ils représentent un soutien explicite de l'Eglise.124
En ce qui concerne les prêtres et les autres mouvements, nous avons vu plus haut que Prier
Témoigner s'était donné la mission de réunir toutes les sensibilités d'Eglise et que bon nombre de
groupes avaient répondu à cet appel. Pourtant, les relations entre certains mouvements et Prier
Témoigner connurent des débuts difficiles. En effet, nous avons vu qu'en 1990, les trois évêques du
diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg furent invités à participer à la manifestation. Or, ce même
week-end, un mouvement d'Action catholique avait également mis sur pied un rassemblement et ils
avaient désiré inviter un évêque. Or ceux-ci s'étaient déjà tous engagés à être présents à PT. Cela fut
Pittet, 29 juillet 1998 et 3 novembre 1998.119 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section U, Rencontre avec le pasteur Jean-Baptiste
Lipp, 9 février 1992.120 APT, Classeurs II Prier Témoigner 93 B-H, Section H, Lettre du Père Daniel Mischler à Daniel Pittet, 29 novembre.121 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.122 APT, Classeur PT 1999 27/28 nov., Procès-verbal de la séance du 23 septembre 1999.123 Evangile et Mission, passim.124 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Claude
Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
145
très mal pris par le mouvement en question ainsi que par la CRAL et provoqua des tensions. A cela
s'ajouta que la première rencontre Prier Témoigner fut intitulée « Rencontre de prière des
catholiques de Suisse romande ». Or, même si d'autres mouvements avaient été associés à
l'organisation, la manifestation demeurait la rencontre annuelle de l'Apostolat de la Prière. C'est
pourquoi la CRAL, déjà contrariée par l'incident lié aux évêques, affirma que l'AP étant un
mouvement, sa rencontre ne rassemblait certainement pas tous les catholiques de Suisse romande.
Cette expérience n'eut pas de conséquence importante mais elle incita les organisateurs de Prier
Témoigner à une plus grande prudence dans l'avenir.125 En dehors de cet épisode, la manifestation
fut en général bien accueillie par le clergé et l'Eglise romande. En dehors de quelques personnes
reprochant à PT d'être, selon les années, trop traditionnel ou trop progressiste, la rencontre ne connut
pas de vive opposition.126
Chapitre IX : Le public
1. D'un public diversifié à un public jeune
En 1990, Prier Témoigner eut un succès inattendu. Une semaine avant la rencontre, Daniel
Pittet téléphonait à Dominique Schenker pour lui dire qu'il fallait absolument qu'un minimum de
800 personnes participent au rassemblement si le comité voulait échapper à un important déficit
budgétaire.127 A la grande surprise des organisateurs, ce furent 1400 personnes qui se présentèrent à
la manifestation sur l'ensemble du week-end.128 Durant toutes les éditions suivantes, entre 1200 et
2500 personnes participèrent chaque année à Prier Témoigner.129
Rappelons que la première rencontre Prier Témoigner fut initiée par les responsables de
l'Apostolat de la Prière afin de rajeunir la rencontre annuelle du mouvement qui ne réunissait alors
que quelques centaines de personnes âgées. C'est pourquoi, lorsque la manifestation réunit en 1990
500 jeunes sur les 1400 personnes présentes, les organisateurs furent enchantés du succès obtenu.130
Les initiateurs de la rencontre n'eurent jamais pour objectif de faire de Prier Témoigner un
rassemblement de jeunes. Au contraire, ce qu'ils désiraient c'était « réunir tous ceux qui, dans leur
125 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.126 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.127 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.128 Prier Témoigner, Prier Témoigner 2010, [En ligne], http://www.priertemoigner.ch/ (page consultée le 5 juin 2011).129 APT, passim ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.130 Prier Témoigner, Prier Témoigner 2010, [En ligne], http://www.priertemoigner.ch/ (page consultée le 5 juin 2011).
146
existence, cherch[ai]ent à faire une place au Seigneur afin de témoigner ensemble de la valeur de la
prière et de la louange dans la vie chrétienne à la veille du troisième millénaire de l'Eglise ».131 Tout
comme ils voulaient rassembler dans le comité d'organisation des catholiques de toutes sensibilités,
ils désiraient de même que tous les visages de l'Eglise soient représentés au sein du public : jeunes,
moins jeunes, familles, couples, enfants, laïcs, religieux, prêtres, séminaristes etc. En effet, comme
le faisait remarquer Daniel Pittet en janvier 1991 au sujet du programme du samedi après-midi qui :
L'unité passe aussi par là d'autant plus que partout dans la société on classe les gens par catégorie d'âge. Les aînés ont besoin de voir les jeunes vivre leur foi avec eux et les jeunes, surtout si [ils envisagent] « une mission », auront besoin de l'accueil et du soutien moral, spirituel et... financier des plus âgés.132
Il y eut donc toujours ce souci de faire de Prier Témoigner le rassemblement annuel où toute
l'Eglise romande se rencontrait. En 1998, Evangile et Mission pouvait donc écrire :
« Prier Témoigner » est aujourd'hui une tradition. On y rencontre une vraie « tranche de l'Eglise » : du bébé au vieillard, du charismatique au plus traditionnel, du militant au séminariste, religieux et religieuses de toutes les couleurs, presque tous les styles et les milieux de suisse romande sont représentés. Chacun y trouve rapidement sa place et ses marques.133
Pourtant, à partir des années 2000, un effort particulier fut fait afin de proposer un
programme plus adapté à chaque tranche d'âge. Les jeunes et les enfants furent alors séparés des
adultes pour certains moments du week-end. Les grands temps forts, comme la veillée d'adoration,
le témoignage de l'intervenant principal et l'Eucharistie du dimanche continuaient néanmoins de
réunir tous les participants. Ce nouveau programme eut pour effet d'attirer de plus en plus de jeunes.
Ainsi, alors qu'en 2000 il n'y avait encore que 400 jeunes sur les 2500 personnes présentes, en 2003,
les trois quarts des 1800 participants étaient des jeunes de moins de 18 ans.134 Cette proportion ne
varia que très peu à partir de là et jusqu'à aujourd'hui.135
De plus en plus de jeunes participèrent donc à Prier Témoigner mais ils vinrent également de
plus en plus jeunes à la rencontre. C'est-à-dire que dans les années 1990, ceux qu'on désignait par
l'appellation « jeunes » avaient entre 18 et 25 ans, depuis quelques année les jeunes de Prier
Témoigner ont plutôt entre 12 et 16 voire 18 ans.136 En 2006 par exemple, la moitié des 2000
personnes présentes avaient moins de 16 ans. Cela s'explique par le fait que de nombreux agents
pastoraux et prêtres viennent avec leur groupe de jeunes qui se préparent à la confirmation. En 1996
131 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande 17-18 novembre 1990 marche à suivre... Prier Témoigner, Communiqué de presse.
132 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section C, Remarque de Daniel Pittet pour la séance du 28 janvier.133 Evangile et Mission, N°40, 12 novembre 1998, p.1332.134 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. L-Z, Section M, Article d'APIC ; APT, Classeur PT 06, Procès-verbal de
l'Assemblée Générale, 26 mars 2006 ; Evangile et mission, N°20, 13 novembre 2003, p.969.135 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.136 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
147
déjà, le comité Prier Témoigner avait envoyé une lettre aux centres de catéchèse en Suisse romande
afin de proposer que Prier Témoigner entre dans la dynamique du cheminement vers la confirmation
et en constitue une étape.137 En 1997 et 1998, un programme spécial pour confirmés et confirmants
fut mis sur pied et les jeunes eurent la possibilité de s'annoncer à cet atelier spécifique lors de leur
inscription.138 Cet accent mis sur l'accueil des confirmants explique en partie que les nombreux
jeunes présents à la rencontre soient aujourd'hui des adolescents en fonction desquels le programme,
les thèmes et les intervenants doivent être adaptés.139 Ce rajeunissement du public posa quelques
problèmes aux organisateurs. En effet, qu'une grande proportion des jeunes (jusqu'à 80% ces
dernières années140) soient forcés de participer à Prier Témoigner car c'était une étape obligée de leur
parcours de confirmation posa des difficultés, notamment au niveau disciplinaire. Les groupes
n'étaient pas toujours bien encadrés par les accompagnants, ce qui força le comité à prendre des
mesures.141 C'est ainsi qu'en 2008, une charte « jeunes » fut rédigée et les accompagnants des jeunes
confirmants durent la signer (ou l'accepter en cas d'inscription en ligne) lorsqu'ils inscrivaient leur
groupe à Prier Témoigner. Ils s'engageaient alors, non seulement à bien encadrer leur groupe et à
faire respecter la discipline durant la manifestation, mais également à préparer à l'avance les jeunes
à la rencontre.142
Mais les organisateurs furent, en quelques sortes, victimes de leur propre succès. Alors qu'ils
avaient cherché à attirer plus de jeunes en leur proposant des programmes spécifiques et en invitant
des intervenants qui leur correspondaient, leur désir demeurait toujours de rassembler tous les
visages de l'Eglise lors du week-end. C'est ainsi qu'en 2006, Claude Schenker écrivait dans le
bulletin Prier Témoigner :
Comment concilier la vocation de Prier Témoigner à rassembler tous les visages, à nourrir la foi de catholiques engagés, parfois même théologiens, et simultanément à évangéliser une foule de 13-15 ans assoiffée du Christ ? Voilà le défi que l'Eglise de Suisse romande lance à notre rassemblement.143
C'est pourquoi les organisateurs lancèrent à plusieurs reprises un appel aux adultes afin qu'ils
viennent enrichir l'expérience des jeunes par leur présence et leur soutien. En effet, selon eux,
« l'exemple de catholiques moins jeunes, qui ont tenu dans la prière fervente et dans une foi solide
malgré les aléas de la vie, constitue le plus précieux des témoignages au cœur du jeune en
137 APT, Classeurs PT 1996 16/17 nov. L-U, Section O, Lettre de Prier Témoigner aux Centres de catéchèse de Suisse romande, 5 septembre 1996.
138 APT, Carton Prier Témoigne 97 Divers, Dépliant Prier Témoigner 2007 ; APT, Carton PT 98, Dépliant Prier Témoigner 1998.
139 APT, Classeur PT 06, La Liberté, 7 novembre 2006 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.140 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.141 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011 ; APT, Classeur PT 06, Compte-rendu du comité du 24 janvier 2006.142 APT, Classeur PT 08, Charte « Jeunes » de Prier Témoigner.143 Prier Témoigner, N°60, avril 2006.
148
recherche ». Pour cette raison, ils se récrient vivement lorsqu'ils entendent parler de Prier Témoigner
comme d'une rencontre de jeunes ou lorsqu'une personne leur dit qu'elle « n'a plus l'âge de participer
à Prier Témoigner. »144
En ce qui concerne l'origine des participants à la rencontre, il n'y a malheureusement pas de
statistique précise à disposition. Ce qui est certain c'est que la grande majorité du public est
catholique francophone. On remarque néanmoins, depuis quelques années, la présence de quelques
groupes alémaniques, par exemple un groupe de confirmant de l'école française de Zürich ou des
jeunes filles alémaniques venant d'un institut privé en Suisse romande.145 L'édition 2007, par
exemple, attira également un petit contingent de personnes venues de la France voisine. Quelques
réformés participent aussi à la rencontre, certains de manière régulière, d'autres
occasionnellement.146 Enfin, il semblerait que, dans les premières années, même si les fribourgeois
restaient toujours majoritaires, il y eut une proportion importante de valaisans. Mais d'après
Dominique Schenker, les Jurassiens, les Genevois et les Vaudois sont actuellement plus nombreux
que les Valaisans.147
Le public subit donc une évolution assez significative depuis ces 20 dernières années.
D'abord l'âge des participants a considérablement diminué et Prier Témoigner a eu tendance à
prendre une coloration de plus en plus jeune, même si environ 400 adultes participent encore chaque
année à la rencontre. Puis, le nombre de valaisans, très nombreux dans les années 1990, a diminué
de manière significative pour laisser la place aux Genevois, aux Jurassiens et aux Vaudois, mais
surtout aux Fribourgeois. En effet, la grande majorité des groupes de confirmants, qui représentent
une portion non négligeable des participants à la rencontre, viennent de paroisses fribourgeoises.
Cette désaffection des valaisans pour Prier Témoigner mériterait une analyse plus approfondie. Mais
une des raisons que nous pouvons donner actuellement est que, dans les années 1990, Prier
Témoigner était un des seuls rassemblements de ce genre dans l'Eglise romande. Or, depuis une
dizaine d'années, d'autres propositions existent en Suisse romande comme le Forum Amour et Vie à
Genève, le Festival Maranatha à Fribourg, le Théomania en Valais mais également les JMJ qui ont
pris une grande place dans les activités ecclésiales en Suisse depuis la fin des années 1990. Les
personnes venues d'autres cantons sont donc peut-être moins enclines à se déplacer alors qu'ils ont
des opportunités proches de chez eux. Enfin, à mesure que le comité chercha à s'ouvrir à d'autres
144 Prier Témoigner, N°60, avril 2006.145 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.146 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.147 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
149
réalités, quelques réformés participèrent à la Prier Témoigner.
2. Le programme de la manifestation
Le programme de la rencontre demeura, dans les grandes lignes, le même durant les 21 ans
d'existence de Prier Témoigner. Comme le nom du rassemblement l'indique, il alternait prière et
témoignage entrecoupés d'intermèdes musicaux et artistiques. La dimension « prière » de la
rencontre résidait principalement dans la célébration des vêpres du samedi soir et des laudes du
dimanche matin, la veillée de prière et la nuit d'adoration du samedi et, enfin, la messe du dimanche
après-midi. De plus, la possibilité de recevoir le sacrement du pardon était offerte lors de la veillée
et une permanence d'accueil spirituel durant les deux jours était assurée par le Verbe de Vie, assisté
selon les années par une communauté religieuse ou les séminaristes des diocèses de Sion et de
Lausanne, Genève et Fribourg. Les témoignages, ainsi que la rencontre et l'échange avec les
intervenants, étaient répartis à différents moments du rassemblement. Une plage du week-end était
consacrée à des ateliers où les personnes avaient la possibilité de choisir entre plusieurs intervenants
pour un temps de questions-réponses. En 2000, les ateliers furent remplacés par un forum animé par
Jean-Philippe Rapp et les deux années suivantes il semble qu'il n'y ait pas eu d'ateliers non plus. Par
contre, ceux-ci furent à nouveau proposés dès 2003. A partir de 1993, une procession menait les
participants de l'université Miséricorde à l'église Ste-Thérèse, où avait lieu la veillée du samedi.
Enfin, des jeux scéniques, pièces de théâtre, animations musicales, spectacles ou concerts furent
proposés et, dès 1991, un chœur, un groupe ou un chanteur chrétien fut invité afin d'assurer
l'animation de l'ensemble du week-end.148
Le programme général de la manifestation changea donc très peu au cours de ces 21
années,149 les seules modifications ayant été l'ordre dans lequel les activités étaient proposées. Les
ateliers, par exemple, avaient lieu le samedi après-midi dans les années 1990 et le dimanche matin
dans les années 2000. Par contre, les organisateurs durent adapter le programme au public, qui se
rajeunit considérablement, surtout dans les années 2000. En 1991 déjà, des moments « spécial-
jeunes » et « spécial-adultes » furent aménagés, mais ceci surtout afin de diviser les effectifs pour le
repas du dimanche midi.150 En 1994, à l'occasion de l'année internationale de la famille, cette
148 APT, Dépliants se trouvant dans les classeurs ou dans les cartons jusqu'en 2002 ; Prier Témoigner, passim, Programmes inscrits dans le numéro de septembre de chaque année.
149 Voir Annexe IV A : Dépliant de Prier Témoigner 2009 : affiches et informations techniques ; Annexe IV B : Dépliant de Prier Témoigner 2009 : programme, description des intervenants et bulletin d'inscription.
150 APT, Dépliant se trouvant dans les classeurs ou cartons jusqu'en 2002 ; Prier Témoigner, passim [Programmes inscrits dans le numéro de septembre de chaque année].
150
dernière eut une place toute particulière au sein du rassemblement. Un programme spécial pour les
enfants le samedi après-midi ainsi que divers ateliers pour enfants et jeunes le dimanche matin
furent proposés cette année-là. Les vêpres du samedi soir furent également préparées de façon à ce
que les enfants puissent y participer pleinement.151 En 1997, l'équipe d'organisation proposa deux
ateliers spécialement pour les jeunes, l'un pour les 13-15 ans et l'autre pour tous les jeunes.152
Comme nous l'avons mentionné plus haut, un programme spécial pour confirmés et confirmants fut
mis sur pied en 1997 et 1998.153 Mais c'est surtout lors du changement de comité, au départ de
Daniel Pittet, que les organisateurs redoublèrent d'effort afin de proposer un programme adapté à
chaque tranche d'âge. Ils décidèrent, pour PT 2000, de mettre l'accent sur l'accueil des jeunes et des
adolescents.154 Le dimanche matin, un programme fut donc préparé expressément pour les jeunes
qui furent séparés des adultes durant un moment. Des programmes spéciaux furent également
organisés pour les enfants qui furent divisés en 3 groupes : de 0 à 4 ans ils allaient à la garderie, de 5
à 8 ans et de 9 à 12 ans ils participaient à des activités spécialement préparées pour eux.155 Cette
manière de faire devint alors permanente. Dès 2001, un programme spécial pour les 5 à 12 ans ainsi
que pour les adolescents fut proposé.156 Les organisateurs portèrent une attention particulière à ce
que le programme des enfants soit le plus proche possible de celui des adultes par le thème, « afin
que petits et grands puissent vivre un partage véritable et enrichissant. »157 La garderie pour les
enfants de 0 à 4 ans permettait toujours aux parents de profiter pleinement du week-end.158 En outre,
dès 2006, un programme adapté pour les jeunes en âge du CO, 13-15 ans, fut offert.159
Nous avons vu, dans la première partie de ce mémoire, que les évêques et les médias
commencèrent à s'intéresser aux JMJ à partir de 1997. Or, d'après certains de nos interlocuteurs, la
rencontre Prier Témoigna contribua à cette mise en valeur des JMJ au niveau romand.160 Il est vrai
qu'en 1997, la revue Prier Témoigner, bulletin de l'Apostolat de la prière, qui devint
progressivement un moyen de maintenir un lien avec les participants entre chaque rencontre Prier
Témoigner, s'associa à la XIIè Journée Mondiale de la Jeunesse à Paris. Elle diffusa ainsi des
151 Prier Témoigner, N°27, septembre 1994 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.152 Prier Témoigner, N°39, septembre 1997.153 APT, Carton Prier Témoigne 97 Divers, Dépliant Prier Témoigner 2007 ; APT, Carton PT 98, Dépliant Prier
Témoigner 1998.154 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section K, Lettre de Claude Schenker aux centres catéchétiques de Suisse
romande, juin 2000.155 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section A 2, Programme pour les modérateurs, 5 novembre 2000.156 Prier-Témoigner, N°51, septembre 2001.157 Prier Témoigner, N°54, mars 2003.158 Prier Témoigner, N°51, septembre 2001.159 Prier Témoigner, N°61, septembre 2006160 ZURKINDEN, Marie-Louise, Prier Témoigner. (2011,24 mars). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En
ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected].
151
articles sur la préparation puis le bilan de la JMJ 1997. De plus, Mgr Renato Boccardo, responsable
des JMJ, fut invité à PT 1997 afin de partager avec les jeunes son expérience de la JMJ de Paris. 161 Il
est également intéressant de relever que les membres du comité Prier Témoigner de l'époque ainsi
que ceux du comité formé en 2000, étaient activement engagés dans les JMJ, que ce soit en tant que
participants ou comme organisateurs.162 En 2000, un des responsables des JMJ en Suisse proposa au
comité de faire de Prier Témoigner une occasion de retrouvailles pour les jeunes qui avaient
participé à la JMJ 2000 de Rome.163 Cette suggestion enchanta les organisateurs dont l'objectif était
justement, cette année-là, d'apporter une attention spéciale aux jeunes, comme nous l'avons vu plus
haut. C'est pourquoi des moments à part furent réservés, durant la rencontre, à tous les jeunes qui
avaient participé aux JMJ de Rome pour leur permettre de se retrouver.164 Ils eurent ainsi l'occasion
de partager ensemble leurs repas dans une salle réservée à leur intention. En outre, une heure du
dimanche après-midi leur fut consacrée pour un temps d'échanges animé par la Fraternité
Eucharistein.165 Cet aspect JMJ eut une telle place dans la rencontre Prier Témoigner que l'article,
paru dans Evangile et Mission et rapportant le déroulement de l'édition 2000, eut pour titre : « Près
de 2500 personnes au rendez-vous de Prier Témoigner. Elan missionnaire sur un air de JMJ. »166 En
2002, les JMJ furent à nouveau présentes à Prier Témoigner par l'intermédiaire d'un enseignement-
témoignage de Mgr Theurillat, responsable de la pastorale des jeunes au sein de la Conférence des
évêques de Suisse.167 Une place fut donnée aux JMJ lors de plusieurs rencontres Prier Témoigner
ultérieures.168 Cette dernière fut d'ailleurs à plusieurs reprises mise en parallèle avec les JMJ par les
journalistes qui le qualifièrent de « Petit JMJ ».169
Les organisateurs ne se contentèrent pas de faire un programme spécifique pour chaque âge.
Surtout à partir de 2006, ils adaptèrent également le programme général, c'est-à-dire les temps vécus
en commun par tous les participants, à la demande du nouveau public. C'est ainsi qu'ils
raccourcirent progressivement les interventions des témoins ainsi que les temps de prière afin de
satisfaire au mieux les jeunes impatients. De même, ils multiplièrent les activités en variant les
genres : chant, prière, sketch, temps libre, procession, humour, adoration, repas, mime, spectacle,
161 Prier Témoigner, N°37, mars 1997 ; Prier Témoigner, N°39, septembre 1997.162 ZURKINDEN, Marie-Louise, Prier Témoigner. (2011,24 mars). [Courrier électronique à Virginie Dufour], [En
ligne]. Adresse par courrier électronique : [email protected] APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. L-Z, Section M, Courriel de Christophe Godel à Claude Schenker, 22 août 2000.164 Prier Témoigner, N°50, mars 2001.165 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K, Section A, 2, Prier Témoigner 2000 – Programme au 09.11.00.166 Evangile et Mission, N°34, 22 novembre 2000, p.1112.167 Prier Témoigner, N°55, septembre 2002 ; APT, classeur 2002, Section P, La Liberté, 12 novembre 2002.168 Prier Témoigner, N°58, avril 2005.169 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011 ; APT, Classeur 2003, Section PQ, APIC/ Fribourg : Succès de la 14è édition de la rencontre romande Prier Témoigner.
152
concert etc.170
Ce fut de plus en plus difficile pour le comité d'organisation de contenter tout le monde. En
effet, comme le disait Claude Schenker, modérateur de PT, dans le numéro 64 de Prier Témoigner
« en schématisant à peine, il faudrait toujours plus d'animation, d'événements et de musique pour les
jeunes et toujours plus de prière, de recueillement et réflexion pour les adultes. » Il est vrai que la
priorité des organisateurs était l'accueil des jeunes et des adolescents.171 Les modifications apportées
au programme ces 10 dernières années en témoignent. Pourtant, comme nous l'avons vu plus haut, le
comité eut toujours à cœur de rester fidèle à l'intuition des fondateurs de Prier Témoigner en
réunissant tous les visages de l'Eglise. Ils insistèrent toujours sur le fait que, contrairement aux JMJ,
Prier Témoigner n'était pas une rencontre de jeunes et que les adultes étaient les bienvenus et qu'ils
étaient même nécessaires à l'équilibre de la rencontre.172 En effet, pour eux,
[la] participation [de l'adulte] à Prier Témoigner est aussi indispensable que la présence du modèle parental l'est à un adolescent. [Il] doit être patient, mais présent.173
C'est pourquoi les organisateurs s'appliquèrent d'autant plus ces dernières années à proposer
des ateliers adaptés à chaque âge afin que les adultes, désirant une réflexion et une discussion plus
poussée, soient également satisfaits.174
En multipliant les programmes, les organisateurs purent, certes, attirer un grand nombre de
jeunes adolescents qui ne venaient pas dans les années 1990. Malheureusement, en choisissant de
proposer ces activités spécifiques pour chaque tranche d'âge, le comité s'éloigna un peu du désir des
fondateurs de réunir toutes les catégories d'âge afin que l'unité de l'Eglise tant désirée à Prier
Témoigner passe aussi par le mélange des générations.175 Pourtant, le comité actuel est toujours
persuadé que « les générations doivent pouvoir, ensemble, faire une fête avec le Christ ».176 C'est
pourquoi il travaille assidûment à contenter tout le monde afin de conserver cette dimension selon
laquelle Prier Témoigner est le reflet d'une Eglise unie.
170 Prier Témoigner, N°58, avril 2005.171 APT, Classeur PT 2002 9/10 novembre, Section G, Lettre de Claude Schenker aux responsables de groupes de
jeunes et de parcours de confirmation.172 APT, Classeur PT 09, Section PQ, La Liberté, 31 octobre 2009.173 Prier Témoigner, N°64, avril 2008.174 Prier Témoigner, N°62, avril 2007 ; APT, Classeur 2008, Procès-verbal de l'Assemblée Générale, 6 avril 2008.175 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section C, Remarques de Daniel Pittet pour la séance du 28 janvier.176 Prier Témoigner, N°64, avril 2008.
153
3. « L'après » Prier Témoigner et la revue
Un reproche fut souvent fait à des rencontres telles que Prier Témoigner ou les Journées
Mondiales de la Jeunesse : n'être qu'un feu de paille sans lendemain, un moment de détente proposé
aux jeunes mais sans aucune conséquence bénéfique sur la vie spirituelle durable des participants, si
ce n'est celle d'avoir vécu un instant d'émotion intense lors du rassemblement. Pourtant, les
organisateurs de PT eurent le désir, surtout dans les premiers temps, d'offrir un suivi à la rencontre.
En 1990, ils envoyèrent à chaque jeune participant une photo du week-end avec au verso un
message ainsi que la signature des différents intervenants et des évêques présents à Prier Témoigner.
Cette carte avait pour but de soutenir et de relancer les jeunes dans « leur élan de foi et de goût à la
prière ». Elle semble avoir eu un écho très favorable.177
En 1991, la rencontre avait réuni presque toutes les communautés contemplatives de Suisse
romande. Religieux et religieuses étaient venus témoigner de leur vie de prière et avaient même
participé à l'organisation du rassemblement. A nouveau dans un souci de donner une suite
constructive à Prier Témoigner ainsi que d'offrir un soutien aux jeunes présents, les communautés
mirent sur pied un projet d'accueil et de retraite pour les jeunes.178 Un dépliant fut édité par Prier
Témoigner afin de rassembler les différents messages, propositions et contacts de chaque monastère.
Le prospectus n'obtint cependant pas le succès attendu auprès des jeunes car peu d'entre eux
répondirent aux offres des monastères. C'est pourquoi la proposition fut faite que tous les
monastères invitent à la même date des personnes qui travaillent avec des jeunes (prêtres, diacres,
assistants paroissiaux, catéchistes, responsables de mouvements etc.) afin de créer des relations
directes avec eux et de leur faire des propositions concrètes. Nous ne savons s'il fut donné suite à ce
projet.179
Nous avons vu dans le chapitre II de ce mémoire qu'un groupe de rencontre était né de la
première rencontre Prier Témoigner. En effet, le groupe Mission-Jeunesse fut initié en 1991 par des
jeunes qui nourrissaient le désir d'approfondir leur réflexion sur la vocation missionnaire de chacun.
Ils avaient pour objectif de se réserver du temps tout au long de l'année afin de mener un
discernement vocationnel. Plusieurs jeunes de cette équipe entrèrent, à la suite de la première année
177 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande 17-18 novembre 1990 marche à suivre... Prier Témoigner, Lettre de Sœur Monique Baptiste.
178 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section B, Compte-rendu du bilan du week-end PT, 21 novembre 1991.179 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section D, Lettre de sœur Monique Baptiste, 13 octobre 1991 ; APT,
Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section T, Compte-rendu de la réunion du comité du 14 février 1992.
154
de Mission-Jeunesse, dans une communauté religieuse. Ce groupe est un exemple des initiatives qui
trouvèrent leur origine dans la rencontre Prier Témoigner. Pourtant, il est important de relever que,
quoique Dominique Schenker ait fait partie de l'équipe dès ses débuts, l'idée ne fut pas lancée par le
comité Prier Témoigner. Lorsque ces jeunes eurent le désir de se réunir, ils allèrent voir Daniel Pittet
pour lui exposer leur idée. Et celui-ci se tourna tout de suite vers Mgr Schwery qui désigna lui-
même des responsables pour prendre en charge ces jeunes.180
On voit qu'il y eut de la part des organisateurs plusieurs tentatives de donner suite à Prier
Témoigner afin que la rencontre soit « un feu qui pouvait brûler longtemps. »181 Nous avons
remarqué en consultant les archives que le suivi fut, dans les premiers temps, une réelle
préoccupation des organisateurs. Mais très vite, ils se rendirent compte que, travaillant tous
bénévolement, ils n'avaient simplement pas les forces nécessaires pour assurer un suivi, en plus de
l'organisation de la rencontre.182 Dans le bilan de la rencontre 1993, le comité exprima ainsi le rôle
de Prier Témoigner : « Il est là pour redonner un souffle à tous les participants et non pas
directement pour s'occuper de l'après PT ! »183 Ils focalisèrent dès lors leur attention sur la fidélité de
la rencontre Prier Témoigner d'une année à l'autre. Par contre, ils insistèrent beaucoup à chaque
rencontre sur le fait que Prier Témoigner était « un temps de rencontre et d'envoi pour que soit
vécue toujours davantage la contemplation dans l'action ».184 PT n'était pas un mouvement, mais sa
mission première était de renvoyer aux mouvements et aux paroisses.185
C'est un peu ce que Prier témoigner nous invite à faire: se donner tout aux long des jours dans nos paroisses. [...] Ces deux jours sont devenus un temps de prière et de témoignage, un temps de communion où l'Eglise s'est rendue visible. [...] Oui vraiment, l'Eglise de Suisse romande était là, unie dans toute sa diversité. Et chacun, par sa présence, nous dit combien cette Eglise est belle et combien il est bon de se donner pour elle. [....] Que ce week-end des 5 et 6 novembre soit pour nous un envoi en mission pour dire Jésus, chacun à notre façon, là où nous vivons! Que nous portions du fruit et un fruit qui demeure. Que ce temps de ressourcement nous ouvre à l'autre, à l'inconnu, à tous ceux qui vivent au cœur de nos paroisses... Afin que Prier Témoigner soit plus qu'un moment sympa de rencontre et de fraternité. Afin que Prier Témoigner soit porteur d'un dynamisme qui soutienne notre espérance dans l'engagement. Afin que nous y trouvions la force d'aimer notre Eglise. Afin de nous souvenir chaque jour que nous sommes des pierres vivantes sur lesquelles Elle se construit.186
En 2006, les organisateurs insistèrent spécialement, à la fin de la manifestation, sur l'envoi
en mission de chacun, même si cela les força à omettre quelques remerciements.187 En 2010 encore,
180 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.181 APT, Classeur PT 09, Section PQ, La Liberté, 31 octobre 2009.182 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise
Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.183 APT, Classeurs 1 Prier Témoigner 94 A, Bilan de Prier Témoigner, 4/5 novembre 1993.184 APT, Classeur III Prier Témoigner 93 Presse-Logo IJ-L, Section K, Dossier de présentation.185 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G, Section A 8, Compte-rendu du bilan du week-end « Prier/Témoigner » au
centre diocésain, jeudi 21 novembre à 17h.186 Prier Témoigner, N°28, décembre 1994.187 Prier Témoigner, N°62, avril 2007.
155
le modérateur écrivait dans la revue Prier Témoigner :
Les habitués ont peut-être remarqué que chaque Prier Témoigner se veut aussi un envoi. Ainsi la fête, la prière telle une danse, la joie intérieure et extérieure et l'émotion forte que l'on peut vivre lors de ce week-end sont appelés à nourrir le quotidien. Jusqu'à la prochaine eucharistie, le prochain sacrement du pardon, le prochain pèlerinage ou la prochaine retraite, le prochain temps d'adoration, voire le prochain.... Prier Témoigner. 188
Un lien durable fut néanmoins tissé entre Prier Témoigner et ses participants. En effet, le
bulletin de l'Apostolat de la Prière devint très rapidement un moyen de garder contact avec le public
de chaque rencontre. Avant 1990, c'était une feuille d'information de l'AP, intitulée Offrande et Vie,
qui permettait au mouvement de diffuser les intentions de prière mensuelles du pape. Elle était
envoyée à tous les membres et paraissait 4 fois par année.189 Dès la première rencontre Prier
Témoigner, organisée, rappelons-le, par l'Apostolat de la prière, il fut décidé que le feuillet serait
envoyé à tous les participants à la rencontre (en réalité, uniquement ceux qui s'étaient inscrits à
l'avance et dont les adresses étaient connues). Cela permettait de créer un lien entre les participants
et de donner une certaine continuité à la rencontre, d'une année sur l'autre. Ainsi, chaque année, les
nouveaux venus étaient ajoutés à la liste d'envoi de l'AP et un bulletin de versement était joint au
premier envoi ainsi qu'une proposition de recevoir le bulletin toute l'année. Aucun contrôle n'était
fait en ce qui concernait le paiement de la revue, dont l'abonnement coûtait 10 frs par année, mais un
équilibre fut toujours atteint entre ceux qui payaient trop et ceux qui ne payaient pas du tout. 190 Très
vite, la revue devint un moyen, pour les organisateurs de PT, de présenter le programme de la
rencontre, de proposer des articles décrivant les intervenants de chaque édition ainsi que des
méditations sur le thème choisi pour le rassemblement de novembre et, en début d'année, un bilan de
la rencontre précédente. Toutefois, le comité réalisa rapidement que les nouveaux abonnés, issus de
la liste des inscrits à Prier Témoigner, ne faisait pas automatiquement le lien entre la rencontre et la
revue Offrande et Vie. De plus, la principale activité connue de l'AP était le rassemblement de
novembre. C'est pourquoi il fut décidé en 1994 de changer le titre de la revue qui devint, tout en
demeurant le bulletin trimestriel de l'Apostolat de la Prière de Suisse romande, Prier Témoigner.191
A partir de ce moment-là, la revue se consacra presque entièrement à la rencontre. Elle publia
néanmoins toujours les intentions mensuelles qui demeuraient la raison d'être de l'AP et proposa
encore quelques articles décrivant la mission et la vocation de l'AP.192 Parfois, des articles sur des
sujets étrangers à PT étaient insérés dans la revue193, mais la plus grande partie du contenu était
occupée par la description de la rencontre, des intervenants, du thème, par les réactions des
188 Prier Témoigner, N°68, avril 2010.189 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Offrande et Vie, passim.190 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.191 Prier Témoigner, N°25, mars 1994.192 Prier Témoigner, N°64, avril 2008.193 Prier Témoigner, N°68, avril 2010.
156
participants et les impressions des organisateurs. Des méditations, des réflexions et des prières en
lien avec le thème étaient également ajoutées au bulletin ainsi qu'une parole de l'aumônier de l'AP.194
En 1997, la revue augmenta de 4 à 8 pages car elle s'associa à la XIIè Journée Mondiale de la
Jeunesse à Paris.195 En effet, cette année-là, deux pages de chaque numéro furent consacrées à la
JMJ. En 2001, en raison d'une augmentation des frais postaux, le comité décida de ne plus faire
paraître la revue que deux fois par année mais en 16 pages. Il ajouta également au contenu une
réflexion et une méditation sur l'une des intentions de prière proposées par le Saint-Père.196
La revue Prier Témoigner fut donc le meilleur suivi qu'aient pu proposer les organisateurs
aux participants de la rencontre.197 En effet, elle permettait une petite préparation au thème ainsi
qu'une mise en contexte grâce à une présentation des intervenants, des animateurs ainsi que des
différentes activités proposées. Elle permettait également de fidéliser le public en lui rappelant de
manière instructive et divertissante le rassemblement annuel de novembre et en l'incitant à réserver
les dates et à s'inscrire. Comme nous l'avons vu plus haut, cette revue força le comité à engager
Madame Zurkinden à 10% dès 2005. Ce bulletin permit toutefois aux organisateurs de proposer un
« avant » et un « après » Prier Témoigner, fournissant un suivi à moindre coût, qui, sans entrainer un
fort engagement du comité, permettait d'entretenir le feu. Malheureusement, les personnes qui
étaient venues à la rencontre sans s'inscrire, ainsi que les jeunes qui avaient été inscrits par leur
animateur et dont le comité PT n'avait pas les coordonnées, ne recevaient pas la revue. Cependant,
tous les autres participants pouvaient profiter du travail fourni par les organisateurs pour publier
cette revue divertissante, instructive et éducative.198
Chapitre X : Les thèmes et les intervenants
1. Les critères de choix des thèmes et des intervenants et leur évolution
Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, les thématiques générales du week-end, la
prière et le témoignage, constituèrent le fondement de chaque rassemblement dès la première édition
Prier Témoigner. La décision de mettre l'accent sur ces deux aspects de la vie chrétienne émergea
d'un désaccord entre, d'une part, l'aumônier de l'Apostolat de la Prière, un carme qui estimait alors
194 Prier Témoigner, passim.195 Prier Témoigner, N°37, mars 1997.196 Prier Témoigner, N°50, mars 2001.197 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.198 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
157
que « la seule solution pour l'Eglise en Suisse et dans le monde, c'[était] la prière » et, d'autre part, le
responsable du Renouveau romand qui accordait une grande importance au témoignage chrétien.199
Daniel Pittet et son comité décidèrent alors de faire une manifestation qui réunirait ces deux
dimensions de la vie spirituelle. En effet, comme le disait Mgr Bullet pour présenter la première
rencontre des catholiques de Suisse romande : « Il n'y a pas de témoignage sans prière. Il n'y a pas
de prière vraie qui ne rayonne en témoignage. »200 « Prier Témoigner » fut donc le thème de la
première rencontre et ces deux éléments constituèrent la base du rassemblement pour toutes les
années suivantes. En effet, comme nous l'avons déjà évoqué, ce rassemblement propose, tout au
long d'un week-end, des moments de rencontre avec des témoins chrétiens ainsi que des temps de
prière et de recueillement. Dès 1991, un autre thème vint se superposer à celui de la prière et du
témoignage, afin de proposer chaque année aux participants une réflexion sur un sujet spécifique de
la vie chrétienne et sociale. C'est ainsi que Prier Témoigner attira l'attention, au fil des années, sur de
nombreuses thématiques dont nous donnons un aperçu général dans le tableau ci-dessous. Celui-ci
contient également les principaux orateurs intervenus lors de la rencontre depuis 1990 ainsi que les
groupes ou chanteurs responsables de l'animation du week-end.
Thème Intervenant(s) principal (aux) Animation musicale et liturgique
1990 Prier et Témoigner Père Daniel Ange Focolari
1991 Vivre ensemble sur la terre – Risquer la Rencontre
Sœur Emmanuelle du Caire, Cardinal Henri Schwery, Mgr Pierre Mamie et Mgr Henri Salina
Patrick Richard
1992 Triennat de la famille à Martigny
- -
1993 L'Eucharistie au cœur de l'évangélisation
Jean Vanier Groupe Anima
1994 Prier en Famille Mgr Pierre Bürcher et Mgr Vogel, Père Guy Gilbert et Nicolas Buttet, P. Grampa
Patrick Richard
1995 Libérer l'amour Mgr Gérard Daucourt, Sœur Emmanuelle Marie et Georges Haldas
Rives du Rhône et Focolari
1996 La vie en abondance Pères Denis Sonet et Jean-Michel Poffet op, André Levet, Brigitte May
Focolari
1997 Ma vocation, c'est l'amour Sainte Thérèse de Lisieux (reliques)Mgr Pierre Bürcher, Mgr Renato Boccardo, Pères Conrad de Meester ocd et Jean Emmanuel de Ena ocd
Pierre Eliane et Marie-Michel, ocdPère Jean-Daniel Loye ocdSylvie Buisset
1998 L'Esprit vous rendra libres Mgr Pierre Farine, Père Stan Rougier, Marianne Sébastien
Théo Mertens
199 APT, Classeur III Prier Témoigner 93 Presse-Logo IJ-L, Section IJ, Voix de Saint-Paul, Septembre 1992 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
200 Offrande et Vie, septembre 1990.
158
1999 Venez chercher la perle - Chœur Prier Témoigner
2000 Sur la terre comme au ciel Mgr Bernard Genoud, Tim Guénard, Jean-Philippe Rapp, Raymond et Pierre Jaccard. Dom Mauro Lepori, Mère Hortense, Etienne Pillonel, Patricia et Jean-Michel Besson, Frère Gilles Emery, Bernadette Lopez
Patrick Richard, Chœur Prier Témoigner
2001 Mourir pour vivre : martyr aujourd'hui
Mgr Pier Giacomo De Nicolò, Didier Rance, Robert Masson, Michel Raynaud, les clowns Papi et Olive
André GaboritChœur Prier Témoigner
2002 Choisis la vie Mgr Denis Theurillat, Marbeth et Patrick Jarosson, Christine Boutin, Nicolas Buttet, Association « Emmanuel-SOS-Adoption », Daniel Ange, Thierry de Roucy, « SOS Futures mamans »
Jean-Bernard CalixteChœur Prier Témoigner
2003 Ton chemin : une aventure avec Dieu
Mgr Michael Fitzgerald, Francis Kohn, Hans-Peter Röthlin
Jean-Bernard Calixte Les Tongue of AngelsChœur Prier Témoigner
2004 Eglise, je t'aime ! Mgr Renato Boccardo, Lucienne Sallé, Abbé Emmanuel Rudacogora, Michel Vandeleene, Sœur Emmanuelle
Groupe SentinellesChœur Prier Témoigner
2005 70x7 fois... la miséricorde Mgr Pierre Bürcher, Marguerite Barankitsé. Abbé Pierre Descouvemont, Jean-Baptiste Hibon
Groupe SentinellesChœur Prier Témoigner
2006 Ils sont fous ces chrétiens ! Mgr Norbert Brunner, Père Guy Gilbert, Sr Moïsa, Alain Auderset, Frère David Macaire
Jean-Bernard Calixte
2007 Scènes de famille Cardinal Georges Cottier, Viviane de Montalembert, Frère David Macaire, Yves Semen. Nicolas Buttet
Groupe P.U.S.H.
2008 Du côté de l'espérance Mgr Joseph Roduit, Steven Gunnell, Anna Szatkowska, Floris, Père Jean-Marie-Baptiste Cettou
Jean-Bernard Calixte
2009201 Jésus, ma joie ! Mgr Francesco Canalini, Père Jean-René Luc, Claire-Ly, Frère David Macaire, Sœur Laura Patelli
Groupe P.U.S.H.
2010 Avec toi.... jour après jour !
Mgr Amédée Grab, Mgr Mansour Labaky, Christophe Boisset, Abbé Bernard Miserez, Sœur Laetitia, abbé François-Xavier Amherdt
Philippe DecourrouxSœur Laetitia
Lors des entrevues conduites avec les organisateurs de Prier Témoigner, nos répondants ont
affirmé qu'ils n'avaient pas comme objectif d'instituer une continuité dans le choix des thèmes et des
intervenants. Autrement dit, il est difficile de discerner une quelconque évolution des thèmes les uns
par rapport aux autres. En effet, chaque année, le thème et l'intervenant qui sera invité sont choisis
lors d'un tour de table en comité où chacun a l'opportunité de proposer ses idées. Même si d'autres
critères entrent en jeu, celui d'une unité avec les thématiques et les orateurs précédents n'est pas pris
en compte lors de la décision.202 En analysant les thèmes et les intervenants proposés durant les 21
rencontres qui ont eu lieu jusqu'à aujourd'hui, nous avons pu repérer deux grandes tendances, qui
201Voir Annexe IV A et IV B.202 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise
Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
159
furent confirmées par les personnes interrogées. La première, qui correspond à la période où la
manifestation était sous la direction de Daniel Pittet, privilégiait l'intervenant au thème. C'est-à-dire
que, de manière générale, les organisateurs commençaient par inviter un intervenant, si possible déjà
connu du public catholique de Suisse romande, et ils choisissaient par la suite le thème en fonction
de l'invité. La deuxième tendance, qui est surtout caractéristique du comité d'organisation coordonné
par Claude Schenker depuis le début des années 2000, se caractérise par un accroissement de
l'importance mise sur le choix du thème. Les orateurs sont ensuite choisis en fonction du sujet ainsi
que du public attendu. Par contre, un critère qui fut toujours d'actualité et constitua une condition
sine qua non fut la capacité des invités à s'exprimer en français. En effet, il y eut un ou deux essais
de traduction spontanée qui ne furent pas concluants et les organisateurs décidèrent de se simplifier
la tâche en n'acceptant que des intervenants francophones.203
On peut en effet percevoir un changement significatif dans le choix des intervenants dès le
début des années 2000. Dans les années 1990, la rencontre Prier Témoigner accueillait des
intervenants de renom, bien connus du public catholique et des médias suisses et français. Ainsi,
défilèrent à Prier Témoigner Daniel Ange, Sœur Emmanuelle du Caire, Jean Vanier, le Père Guy
Gilbert, le Père Stan Rougier etc. Cette prédilection portée sur des intervenants célèbres ne fit pas
l'approbation de tout le monde. Lorsque Daniel Pittet et son comité allèrent rencontrer Mgr Mamie
en 1990 afin de discuter de leur projet de rencontre des catholiques de Suisse romande l'évêque
affirma qu'il approuvait le projet mais ne comprenait pas pourquoi il fallait inviter des vedettes : « Il
faut faire quelque chose avec l'Eglise de chez nous. »204 De même, le P. Bernard Bitschnau,
fondateur des Jeunes de Lourdes, estimait en 1993 qu'il fallait recentrer le week-end sur la prière et
le témoignage et ne plus mettre autant d'importance sur des vedettes qui attirent du monde mais qui
n'ont ensuite plus d'impact sur l'Eglise locale.205 Il est pourtant évident, pour la plupart des
organisateurs de la rencontre, que ces célébrités contribuèrent grandement au succès qu'acquit très
vite Prier Témoigner. Selon eux, c'est grâce à elles que le rassemblement bénéficia d'une telle
réputation au niveau romand206 qu'en 1994 déjà, on pouvait lire dans La Liberté : « Les rencontres
" Prier-témoigner " se confirment comme un des moments forts de la vie de foi en Suisse
romande. »207 D'ailleurs Mgr Bernard Genoud demanda, en 1999, au nouveau comité venu lui
présenter le programme de PT 2000, si l'habituelle vedette ne devrait pas être invitée afin d'attirer
203 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.204 APT, Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande 17-18 novembre 1990 marche à suivre... Prier
Témoigner, Rencontre avec Mgr Mamie, 9 janvier 1990.205 APT, Classeur II Prier Témoigner 93 B-H, Section B.206 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.207 APT, Carton Prier Témoigner 94 Presse, La Liberté, samedi 29/dimanche 30 octobre 1994.
160
autant de monde que les années précédentes.208 Il est vrai que Prier Témoigner eut un succès
immédiat qui surprit les organisateurs eux-mêmes. Le rassemblement eut, dans les années 1990, un
bel écho dans la presse, et pas uniquement dans les journaux catholiques. En effet, La Liberté
consacra à plusieurs reprises une page entière à la manifestation. Certaines années, la rencontre fit
même les gros titres et le journal fribourgeois lui consacra sa première page.209 Cependant, le
nouveau comité mis en place en 1999 eut le désir de faire davantage appel à l'Eglise locale.210 Et en
2000, malgré les inquiétudes de Mgr Genoud, le rassemblement attira autant, sinon plus, de monde
que les années précédentes.211 Cela confirma à l'équipe de préparation renouvelée que la rencontre
avait acquis une réputation assez importante pour que l'invitation d'une vedette ne soit plus
nécessaire pour attirer du monde. En 1995, l'ancien comité avait déjà fait l'expérience d'un Prier
Témoigner sans intervenant étranger célèbre. Ils avaient invité Georges Haldas, les dominicaines de
Béthanie et le foyer des Rives du Rhône pour témoigner sur le thème « Libérer l'amour ». La
Liberté s'intéressa alors beaucoup au fait que le comité avait choisi de ne pas inviter de « véritable
vedette ».212 Après la rencontre, le même quotidien rapportait qu'en raison de l'absence d'intervenant
célèbre, la rencontre avait rencontré moins de succès qu'auparavant.213 L'édition PT 95 attira
effectivement moins de monde que les autres années, mais il est important de noter, à la suite de
Dominique Schenker, que le maximum de participants, environ 2500, fut atteint en 1993 lors de la
venue de Jean Vanier.214 Or, plus de 500 personnes étaient des handicapés et des accompagnants
venus exceptionnellement avec le mouvement Foi et Lumière. De plus, Monsieur Schenker insiste
sur le fait qu'il est souvent arrivé que Daniel Pittet, dans l'enthousiasme, annonce à la presse une
affluence qui ne semblait pas réaliste aux autres membres du comité. En effet, il se demande bien
comment ils auraient pu accueillir à l'université les 3000 personnes fréquemment annoncées par
Monsieur Pittet. Ainsi, Dominique Schenker affirme, en se basant sur le nombre d'entrées
enregistrées, qu'en 1995 il y eut en tous cas 1200 participants, alors que la presse en annonçait un
millier seulement.215 Il est important de relever cet élément, car cela montre que, même si les
organisateurs admettent, généralement, que les vedettes ont permis à Prier Témoigner d'acquérir une
bonne réputation auprès du public catholique romand, celles-ci n'étaient pas indispensables au
208 APT, Classeur PT 1999 27/28 nov., Procès-verbal de la rencontre du comité avec Mgr Genoud, 23 septembre 1999.209 APT, Classeur 2 Prier Témoigner 91 H-N, Section IJ, La Liberté, 22 octobre 1991 ; APT, Carton Prier Témoigner 93
Dossier Presse, la Liberté, 8 novembre 1993 ; APT, Carton Prier Témoigner 94 Presse, La Liberté, 7 novembre 1994.210 APT, Classeur PT 95-98, Echo magazine, N°41, 12 octobre 2000.211 Prier Témoigner, N°50, mars 2001.212 APT, Carton Prier Témoigner 95 Presse, La Liberté, 11-12 novembre 1995.213 APT, Carton Prier Témoigner 95 Presse, La Liberté, 20 novembre 1995.214 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Evangile et Mission, N°42, 11
novembre, p.1026.215 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; APT, Carton Prier Témoigner
95 Presse.
161
succès de la rencontre.
Il est également intéressant de relever que des vedettes des années 1990 comme le Père Guy
Gilbert et sœur Emmanuelle, sont aujourd'hui inconnues du public de Prier Témoigner. Les
adolescents, maintenant majoritaires à la rencontre, ne connaissent plus personne dans le milieu
chrétien. Il est donc inutile, à présent, de chercher à inviter des personnes célèbres.216 C'est pourquoi
la priorité des organisateurs est, depuis quelques années, de trouver un orateur qui sache interpeller
le public jeune tout en étant également intéressant pour les 500 adultes présents à chaque
rencontre.217 Les professeurs dominicains, invités dans les années 1990 à donner des conférences
d'un niveau intellectuel élevé ne conviennent plus pour les jeunes confirmants qui, selon certains de
leurs accompagnateurs, ne peuvent rester concentrés plus de 8 minutes.218 C'est pourquoi l'évolution
du choix des intervenants a suivi la même courbe que celle du public. Plus les participants
rajeunissaient, plus le programme se diversifiait et plus les intervenants étaient choisis pour leur
charisme auprès des jeunes et non pour leur renom. Il en fut ainsi de Frère David Macaire, prieur du
couvent dominicain de Bordeaux, inconnu du public catholique romand mais qui eut un tel succès
lors de son premier passage à Prier Témoigner en 2006, que le comité d'organisation décida de
l'inviter à deux reprises encore.219 En règle générale, les organisateurs essayèrent, dans la mesure du
possible, de ne pas inviter le même intervenant plus de deux fois de suite. Quand l'un d'entre eux
correspondait spécialement bien à la manifestation, comme le Frère David, ils tâchèrent quand
même d'attendre un ou deux ans avant de l'inviter une troisième fois.220 C'est pourquoi le Frère
David fut invité en 2006 et 2007, puis seulement en 2009.
L'animation musicale suivit la même évolution que les intervenants. Il est vrai que dès les
premières années, les organisateurs invitèrent des chanteurs et des groupes capables de plaire et
d'entrainer les jeunes. Il en était ainsi de Patrick Richard, Théo Mertens ou Jean-Bernard Calixte.
Néanmoins, ceux-ci se rapprochaient, semble-t-il, de la chanson française, capable de plaire aux
adultes comme aux jeunes.221 Dans les années 2000, des groupes comme Sentinelles et, surtout,
P.U.S.H au style pop-rock ne firent par contre pas l'unanimité. En effet, les adultes eurent beaucoup
de mal à supporter la musique jouée très fort durant les intermèdes musicaux. C'est surtout la
batterie lors de la célébration eucharistique qui fut reçue avec le plus de réticences, voire de
216 Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.217 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise
Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.218 APT, Classeur PT 2005, Section W, Correspondance électronique de Marie-Louise Zurkinden, 8 novembre 2005.219 Prier Témoigner, N°63, septembre 2007.220 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.221 Prier Témoigner, N°55, septembre 2003 ; Prier Témoigner, N°48, mars 2000 ; Prier Témoigner, N°43, septembre
1998.
162
mécontentement.222 Pourtant, ces groupes avaient un immense succès auprès des jeunes.223 C'est
pourquoi, les organisateurs décidèrent d'inviter à nouveau ces musiciens mais en apportant quelques
modifications : ils s'engageaient à leur demander de ne pas jouer trop fort et d'éviter la batterie
pendant la messe, pour permettre un plus grand recueillement.224 On remarque donc que les
organisateurs furent confrontés au même problème que lors de l'élaboration du programme : difficile
pour eux de trouver l'équilibre afin d'attirer les jeunes sans faire fuir les adultes.
Le choix des thèmes et des intervenants fut donc en partie dépendant de l'évolution du public
au cours des 21 années d'existence de Prier Témoigner. Ce choix fut également soumis à d'autres
influences. Il fut certaines fois imposé par les évêques. En 1993, par exemple, Prier Témoigner
constitua la rencontre officielle pour la Suisse romande du congrès eucharistique international de
Séville qui eut pour base de réflexion le thème « L'Eucharistie au cœur de l'évangélisation ». A la
demande des évêques, Prier Témoigner reprit donc la même thématique.225 Certains thèmes furent
également inspirés des années spéciales proposées par le pape. Ainsi, l'année 1998 fut la deuxième
année préparatoire au Jubilé de l'an 2000 et fut spécialement consacrée, à la demande du Pape Jean-
Paul II, à l'Esprit Saint et à « sa présence sanctificatrice dans l'Eglise ».226 Afin d'être en communion
avec l'Eglise universelle, Prier Témoigner eut donc cette année-là pour thème « L'Esprit vous rendra
libres ». L'année 2000, Année Sainte du Jubilé à l'occasion du bimillénaire de l'Incarnation, fut
consacrée à la Trinité. C'est pourquoi le comité d'organisation décida de consacrer l'édition PT 2000
au signe de la croix qui « rappelle le mystère de la sainte Trinité ».227 Lors de leurs réflexions sur les
sujets intéressants pour Prier Témoigner, le comité alla également chercher des idées dans les
thèmes proposés par le Pape pour les JMJ et pour d'autres grandes occasions.228
Les thèmes furent parfois également choisis en fonction de l'actualité de la vie sociale,
Suisse ou mondiale. Ainsi l'ONU déclara l'année 1994 « Année internationale de la famille ».229
C'est pourquoi les organisateurs de PT décidèrent de mettre cette année-là, un accent spécial sur la
prière en famille.230 En juin 2002 eut lieu en Suisse une votation sur la question de l'euthanasie. Prier
Témoigner proposa alors le thème « Choisis la vie » afin de permettre une réflexion sur cette
222 APT, Classeur PT 07, Section W.223 APT, Classeur PT 07, Section W.224 Prier Témoigner, N°67 septembre 2009 ; Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21
février 2011.225 APT, Carton Prier Témoigner 93 Dossier Presse, Paroisses vivantes, N°10, octobre 1993.226 Prier Témoigner, N°41, mars 1998227 Prier Témoigner, N°48, mars 2000.228 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.229 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 94 A, Section A 6 ; Organisation des Nations Unies, Nous, peuples des Nations
unies... une ONU plus forte pour un monde meilleur, [En ligne, http://www.un.org/fr/ (page consultée le 2 juin 2011).230 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 94 A, Section A 3, Procès verbal de la séance du comité, 2 février 1994.
163
question actuelle. Bien entendu ils abordèrent le problème sous l'angle positif, en invitant entre
autres les fondateurs de l'Association « Emmanuel-SOS-Adoption » ainsi que de « SOS Futures
mamans ». Ce thème d'une brûlante actualité fut très bien reçu par le public catholique habitué de la
rencontre231 quoique quelques adolescents préférèrent quitter l'auditoire lorsque Daniel Ange
dénonça avec virulence l'avortement, l'euthanasie, le PACS et la crise démographique.232 En 2007, la
thématique de la famille revint sur le devant de la scène. Voilà comment le coordinateur explique le
choix du comité pour le thème « Scènes de famille » :
Le thème de la famille est à la mode. Nous y avons cédé. Dans l'égalitarisme ambiant, il paraît vital de questionner la mère, le père et l'enfant sur leurs rôles. Qui es-tu dans ta famille ? Qui es-tu dans la société ? Pourquoi cette communauté privilégiée dans le plan de Dieu ?233
Ce choix était une tentative de réponse, ou du moins de réflexion, aux problèmes posés par la
crise de la famille, le manque d'engagement durable chez les jeunes et le contrôle des naissances
dans nos sociétés occidentales.234 C'était également, pour le comité PT, l'occasion de rappeler aux
familles qu'elles sont les bienvenues à la rencontre.235
On remarque donc que les choix des organisateurs concernant les thèmes, les orateurs et
l'animation musicale du week-end furent influencés par différents domaines de la vie sociale et
ecclésiale. Ils choisirent, à certaines occasions, d'être en communion avec l'Eglise en optant pour un
thème proposé par le pape. D'autres fois, ils proposèrent des thèmes puisés dans l'actualité politique
et sociale. D'autres années encore, ils choisirent de s'inspirer de l'année internationale proposée par
l'ONU. Néanmoins, le facteur d'influence principal à partir des années 2000 fut le rajeunissement
progressif du public. Le comité chercha alors des thématiques capables d'interpeller et d'intéresser
les jeunes adolescents. Les « vedettes » des années 1990, furent alors remplacées par des
intervenants porteurs d'un message fort et capables de le transmettre de manière authentique et
enthousiaste à des adolescents entre 12 et 15 ans.
2. Prier Témoigner et l'œcuménisme
Une critique qui fut souvent faite aux organisateurs de Prier Témoigner, surtout au début des
231 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
232 APT, Classeur PT 2002 9/10 novembre, Section P, La Liberté, 12 novembre 2002.233 Prier Témoigner, N°63, septembre 2007.234 Prier témoigner, N°62, avril 2007.235 Prier Témoigner, n°63, septembre 2007.
164
années 1990, c'est le peu d'ouverture œcuménique que proposait la rencontre.236 En effet, en 1991
déjà, un couple mixte écrivait au comité :
[En tant que couple mixte], nous sommes particulièrement touchés par ce qui fait progresser l'œcuménisme. Il nous a semblé – pour faire court – que PRIER ET TEMOIGNER 1990 n'avait que peu d'ouverture à l'œcuménisme et que la rencontre avait un caractère fermement catholique. 237
Il est vrai qu'avec la nuit d'adoration, l'Eucharistie du dimanche et la présence des évêques, la
manifestation fut fermement ancrée, dès la première année, dans la tradition catholique et laissait
peu de place à l'œcuménisme. Pourtant en 1993 se dessina, au sein du comité, une réelle volonté
d'ouvrir la rencontre de manière plus explicite aux réformés. Un effort fut également envisagé afin
de les intégrer à l'organisation même du rassemblement, comme cela avait été fait pour tous les
mouvements catholiques. C'est pourquoi le comité établit des contacts avec plusieurs pasteurs
réformés en février 1992238 ainsi qu'avec un laïc engagé dans la paroisse orthodoxe de Fribourg en
avril de la même année. Ils furent tous favorables à une ouverture de PT aux chrétiens d'autres
confessions. Pourtant, la possibilité d'une participation des orthodoxes fut, semble-t-il, très vite
écartée. Une explication à cela pourrait être le fait que les orthodoxes étaient, à Fribourg, pour la
plupart non francophones. Ceci a pu poser des difficultés d'intégration à la rencontre romande.239
Par contre la participation des réformés fit l'objet d'une intense réflexion au sein du comité
PT. La question se posa très vite de la manière dont on intégrerait les autres Eglises à la
manifestation. Trois choix se posaient à l'équipe d'organisation, selon l'abbé Claude Ducarroz : tenir
compte des réformés lors de la préparation du rassemblement, s'adresser à l'Eglise protestante locale
afin de voir les différentes possibilités de collaboration sans modifier les objectifs et le contenu de la
manifestation, ou, enfin, proposer aux Eglises réformées de faire un rassemblement œcuménique.
Selon le prêtre, la deuxième solution était la meilleure mais il fallait être très clair sur les objectifs
ainsi qu'être très attentifs aux points délicats que représentaient la nuit d'adoration, l'Eucharistie et la
prière à Marie.240 Il semble que les organisateurs aient travaillé dans ce sens car en mai 1992, lors
d'une rencontre avec le pasteur Lipp, le comité décida que Prier Témoigner ne serait pas un
rassemblement œcuménique mais qu'il fallait ouvrir la rencontre aux réformés et étudier les
possibilités de les intégrer à la manifestation.241 C'est pour cette raison d'ailleurs que le conseil
236 Entretien avec Daniel Pittet, Fribourg/FR, 11 février 2011 ; Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.237 APT, Classeur 3 Prier Témoigner 91 O-Z, Section R, Lettre de Jacques Michel, 17 octobre 1991.238 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section U, Compte-rendu de la rencontre avec le
pasteur Lipp, 9 février 1991 ; APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section U, Compte-rendu de la rencontre avec le pasteur Bastian, 10 février 1992.
239 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section U, Compte-rendu de la rencontre avec Noël Ruffieux, 11 avril 1992.
240 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section U, Compte-rendu de la rencontre avec Claude Ducarroz, 7 avril 1992.
241 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section O, Compte-rendu de la réunion du comité, 22
165
synodal de l'Eglise évangélique réformée du canton Fribourg décida de ne pas prendre part à
l'organisation de Prier Témoigner. En effet, cette manifestation était trop marquée
confessionnellement pour qu'il ne désire en assumer la responsabilité. En revanche, il encouragea le
pasteur Lipp à y fonctionner comme observateur afin de répondre, le cas échéant, à une invitation de
leurs « sœurs et frères catholiques ».242 Prier Témoigner 1993 était donc en voie de devenir un
rassemblement à dimension fortement œcuménique et devait avoir pour thème « l'Eglise », au sens
de communauté non sacramentelle ou hiérarchique. Mais en novembre 1992, la Conférence des
Ordinaires Romands demanda, comme nous l'avons déjà vu plus haut, que le rassemblement de
1993 soit la rencontre officielle romande liée au congrès eucharistique de Séville.243 Les
organisateurs furent alors dans une situation difficile : les préparatifs, en collaboration avec le
pasteur Lipp, étaient déjà en cours, mais une rencontre sur le thème de l'Eucharistie était
incompatible avec une ouverture aux réformés. Or ils pouvaient difficilement refuser la demande
des évêques. C'est finalement en accord avec le pasteur, qui proposa lui-même une participation plus
discrète des réformés, qu'ils décidèrent de prendre pour thème en 1993 « L'Eucharistie au cœur de
l'Evangélisation ».244 Malgré cela, le dossier de presse ainsi que certains journaux annoncèrent que
Prier Témoigner 1993, quoique organisée par des catholiques, serait ouvert à la dimension
œcuménique.245 Après la manifestation, il semblerait que le pasteur Lipp, qui assista à l'ensemble de
la rencontre, affirma que Prier Témoigner devait rester une manifestation catholique. En effet,
l'Eucharistie du dimanche et, surtout, la nuit d'adoration, constituaient les temps forts du week-end,
ce qui rendait délicate une ouverture aux réformés. Après en avoir discuté entre eux, les membres du
comité décidèrent que Prier Témoigner garderait son identité catholique.246 En effet, une
manifestation œcuménique demande beaucoup de travail et surtout de l'expérience dans l'ouverture
confessionnelle, afin de ne pas faire d'erreur qui pourrait heurter les différentes sensibilités. Or les
organisateurs de PT n'avaient pas les forces ni l'expérience suffisante pour assumer une telle
responsabilité.247 De plus, le besoin d'apporter de la nourriture spirituelle aux catholiques se faisait
sentir au sein du comité, qui était guidé dans ce sens par les aumôniers de la rencontre.248
Des réformés participent néanmoins chaque année à Prier Témoigner. Une famille réformée,
mai 1992.242 APT, Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W, Section U, Lettre de l'Eglise réformée du canton de
Fribourg à Jean-Baptiste lipp, 17 juillet 1992.243 APT, Classeur II Prier Témoigner 93 B-H, Section H, Lettre du Père Daniel Mischler à Daniel Pittet, 29 novembre.244 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.245 APT, Carton Prier Témoigner 93 Dossier Presse, Le Quotidien jurassien, 21 octobre 1993 ; APT, Carton Prier
Témoigner 93 Dossier Presse, l'Echo, 2 octobre 1993.246 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.247 Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.248 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
166
par exemple, participe à chaque édition de la rencontre avec enthousiasme.249 De plus, depuis
quelques années, le comité commença à s'ouvrir à la dimension œcuménique en invitant des
intervenants protestants et évangéliques. Ceux-ci savaient très bien qu'ils allaient participer à une
rencontre catholique mais se prêtaient au jeu. C'est ainsi que des ensembles musicaux
interconfessionnels, comme le groupe Tongue of Angels en 2003 ou P.U.S.H en 2007, furent invités
à animer le week-end.250 L'auteur de bandes dessinées, suisse et évangélique, Alain Auderset dessina
l'affiche de Prier Témoigner 2006 et témoigna lors du week-end.251 Enfin, le chanteur évangélique
Philippe Decourroux assura l'animation musicale de Prier Témoigner 2010.252 Ces artistes attirèrent
des personnes réformées qui les connaissaient et les appréciaient et qui participèrent parfois
également à d'autres temps forts de la rencontre.253
D'après Marie-Louise Zurkinden, la question de faire de Prier Témoigner une manifestation
œcuménique ne se pose plus, de nos jours : elle est et restera la rencontre annuelle des catholiques
de Suisse romande. De nombreux confirmants participent à la rencontre et il est nécessaire de leur
proposer une expérience au sein de leur Eglise d'appartenance. En effet, la plupart d'entre eux n'ont
que très peu de liens avec l'Eglise catholique et il est important pour les organisateurs de la leur faire
connaître.254 Mais les organisateurs ont toujours à cœur de rester ouverts à tout ce qui leur sera
proposé.255
Conclusion partielle
Initié en 1990, Prier Témoigner était alors l'une des seules manifestations de ce genre en
Suisse romande. En effet, les JMJ n'avaient pas encore le succès qu'elles ont aujourd'hui et les
communautés nouvelles n'étaient pas encore implantées en Suisse romande. C'est pourquoi nous
prenons le risque de qualifier les fondateurs de cette manifestation de pionniers en la matière, du
moins pour la partie francophone de la Suisse. En effet, la manifestation eut dès la deuxième année
la forme qu'elle conserve actuellement encore. Elle subit certaines modifications en cours de route
bien sûr, mais l'esprit de la rencontre, les intentions du comité d'organisation et le but qu'il s'était
fixé sont toujours les mêmes aujourd'hui. Ce qu'il cherche avant tout c'est « rencontrer, aimer et faire
249 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.250 Prier Témoigner, N°55, septembre 2003 ; Prier Témoigner, N°63, septembre 2007.251 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Prier Témoigner, N°61,
septembre 2006.252 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Prier Témoigner, N°69,
septembre 2010.253 Entretien avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011 ; Entretien avec Claude
Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.254 Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011.255 Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
167
rencontrer Jésus-Christ »256 à toutes les personnes qui le désirent, toutes les personnes qui cherchent
à donner une dimension spirituelle à leur vie, qu'elles soient jeunes ou vieilles, prêtres ou
consacrées, mariées ou célibataires. Plus particulièrement, Prier Témoigner a pour objectif de
permettre à l'Eglise toute entière de vivre une expérience commune de témoignage et de prière. En
effet, nous avons vu que la rencontre avait permis à de nombreux mouvements, communautés et
groupes de faire connaissance, d'apprendre à travailler ensemble et à collaborer. Lors de nos
nombreuses discussions, Marie-Louise Zurkinden insista souvent sur cet aspect de la manifestation.
Prier Témoigner n'est pas seulement destiné à procurer de la nourriture spirituelle aux participants
de la rencontre, celle-ci a aussi comme vocation d'être le signe de l'unité de l'Eglise dans sa
diversité. En effet, elle offre la possibilité à des personnes de sensibilités très divergentes de
surmonter la différence dans un effort commun d'engagement pour l'organisation de la rencontre.
Selon Marie-Louise Zurkinden, Prier Témoigner a donc grandement contribué à rendre plus
harmonieux les rapports entre les catholiques de mouvements et de communautés différents en
Suisse romande. La preuve en est que, les premières années, chaque mouvement ou communauté
était chargé de s'occuper d'un certain aspect de la rencontre alors que maintenant ils travaillent tous
ensemble : c'est une véritable collaboration et non plus seulement une juxtaposition des forces
nécessaires à la mise en œuvre de la rencontre. En rassemblant toutes les sensibilités de l'Eglise, il
donna aux nouveaux mouvements et communautés la possibilité de se faire connaître, de se
présenter, de montrer leur bonne volonté vis-à-vis de l'Eglise institutionnelle. Il permit donc à
certains groupes, considérés parfois d'un œil méfiant par les instances plus traditionnelles de
l'Eglise, d'acquérir une certaine légitimité en Suisse romande. Prier Témoigner contribua ainsi, selon
Mme Zurkinden, à faire reconnaitre et accepter le Verbe de Vie en Suisse romande. En effet, dès son
arrivée en Valais, la communauté collabora, dans le cadre de Prier Témoigner, avec d'autres
communautés et mouvements reconnus et respectés par le public catholique romand, comme les
carmes et les dominicains par exemple. Cela lui aurait permis de s'intégrer plus vite et plus
facilement à l'Eglise romande.257 Prier Témoigner n'est donc pas seulement un signe d'un renouveau
spirituel dans l'Eglise de Suisse romande. La rencontre fut également un facteur de diffusion de ce
renouveau spirituel issu de Vatican II que nous avons décrit dans la partie I de ce travail.
Mais comment expliquer le succès de Prier Témoigner auprès du public catholique romand ?
Ce « succès [est] en soi incompréhensible dans un monde que les sociologues disent déchristianisé
avec des Eglises en chute libre », comme l'écrivait déjà Patrice Favre dans La Liberté en 1994. En
256 APT, Classeur 1 Prier Témoigner 94 A, Section A, 8, Bilan de Prier Témoigner 1993.257 Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 23 mars 2011 ; Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 2 décembre 2010 ; APT, Classeur PT 2003 8/9 novembre, Section PQ, Article de APIC/JB, 9 novembre 2003.
168
effet, nous avons vu dans notre deuxième partie que les groupes de prière charismatique connaissent
également des temps difficiles actuellement. Selon nous, le succès d'un tel rassemblement vient de
son caractère ponctuel. En effet, être engagé dans sa paroisse signifie généralement un engagement
régulier ainsi qu'une présence à la messe tous les dimanches. De même, appartenir à un groupe du
Renouveau nécessite de participer toutes les semaines à la rencontre de prière. Or, nous ne sommes
plus à l'ère de l'engagement à long terme. Notre époque est au contraire caractérisée par des
expériences courtes, très chargées émotionnellement et n'impliquant aucune obligation future. Et
cela surtout chez les jeunes générations. Patrick Favre concluait son article cité précédemment en
admettant que les sociologues avaient en partie raison : nous n'avons plus la même façon de « faire
Eglise ».258 Prier Témoigner répond donc à ces nouvelles attentes de la société actuelle. En 1996, on
pouvait lire dans Evangile et Mission :
A vrai dire la jeunesse est peut-être plus à l'aise dans des rassemblements moins fréquents et plus denses. [..] Chacun y vient sans se sentir contraint par des formes conventionnelles et se voit libre de croire un peu, beaucoup ou passionnément. La pédagogie n'est plus ce qu'elle était : elle passe maintenant pour une bonne part désormais par l'inconfort de la marche, du logis et des nuits brèves. »259
Les adultes, de leur côté, ont eux aussi ce besoin de se retrouver avec d'autres chrétiens, de
partager leur foi, leur expérience, leur prière.
Prier Témoigner est donc le signe de la capacité de l'Eglise à s'adapter aux changements de
son temps, dans une certaine mesure bien entendu. Mais le public, nombreux, assistant à chaque
rencontre est aussi la preuve qu'il existe une réelle demande au sein de la communauté catholique et
que celle-ci répond à l'appel de l'Eglise quand il est lancé de manière stimulante. En 2000, Mgr
Genoud, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, répondait ainsi à un journaliste qui lui
demandait si le succès obtenu par Prier Témoigner n'était pas le signe que les paroisses avaient
perdu quelque chose :
C'est vrai, il y a peut-être ici un nouvel élan missionnaire. Je crois que c'est maintenant que l'on vit les retombées du Concile Vatican II. 260
Retombées du Concile, peut-être, réponse à un nouveau besoin, certainement. Comme le
disait l'abbé Humbert en 2001 dans le Nouvel Echo, « les jeunes ont besoin d'éléments
intermédiaires qui leur permettent de se retrouver entre eux, afin de s'encourager à vivre entre
chrétiens ». Deux conditions sont alors indispensables : une foule nombreuse et une dimension
émotionnelle forte.261 Or Prier Témoigner répond bien à ces deux critères : en rassemblant les jeunes
pour des concerts avec des groupes tels que Sentinelles ou P.U.S.H., la rencontre romande offre aux
258 APT, Carton Prier Témoigner 94 Presse, La Liberté, 12 janvier 1995.259 Evangile et Mission, N°45, 14 novembre 1996, p.1262.260 APT, Classeur PT 2000 11/12 nov. L-Z, Section M, Article d'APIC/Jacques Berset, 12 novembre 2000.261 APT, Classeur PT 2001 10/11 novembre, Section PQ, Le Nouvel Echo, N°40, 8 novembre 2001.
169
jeunes le contact chaleureux et le moment d'émotion forte qui leur plaît tant. Des témoignages
souvent captivants, des temps de prière animés grâce à des chants émouvants achèvent ce tableau.
Mais comment alors échapper à la critique du « feu de paille », comment offrir une continuité à la
rencontre, un prolongement dans la vie de tous les jours ? D'après l'abbé Lacreuze, Prier Témoigner
a réussi à établir un pont intéressant entre rassemblement ponctuel et engagement à long terme grâce
à la participation de certaines paroisses à l'organisation du rassemblement.262 En développant cet
aspect, une complémentarité pourrait s'établir entre Prier Témoigner et les paroisses romandes et un
grand pas serait alors accompli : le prolongement de l'expérience ponctuelle dans la vie quotidienne.
Toujours est-il que Prier Témoigner a, selon nous, atteint son objectif de réunir (presque)
tous les visages de l'Eglise et que, de ce fait, il a contribué à diffuser le renouveau spirituel dans
l'Eglise en encourageant les contacts des différents mouvements entre eux ainsi qu'avec l'Eglise
institutionnelle. De plus, les organisateurs ont su discerner très vite les besoins de la société actuelle
et ils ont proposé une manifestation qui répondait aux attentes des jeunes catholiques, comme des
moins jeunes. Il est donc le signe de la capacité d'adaptation de l'Eglise. Reste à savoir si le
rassemblement saura s'adapter aux évolutions futures de notre société en perpétuel changement.
262 APT, Classeur PT 2001 10/11 novembre, Section PQ, Le Nouvel Echo, N°40, 8 novembre 2001.
170
Conclusion générale
Dans ce mémoire, nous avons décrit le mouvement de renouveau qui est à l'œuvre dans
l'Eglise catholique de Suisse romande depuis les années 1970. Nous avons vu dans le chapitre II que
le Renouveau charismatique n'échappe actuellement pas à la déchristianisation progressive de la
société. Prier Témoigner, par contre, bénéficie d'un succès qui ne faiblit pas, année après année. Il
serait fort intéressant de voir si les autres mouvements ainsi que les communautés subissent une
baisse d'effectif ou si, au contraire, à l'instar de la rencontre romande, ils suscitent toujours autant
d'intérêt auprès de la communauté catholique. Nous ne sommes pas en mesure de répondre ici à
cette interrogation car les informations précises nous manquent. Nous pouvons néanmoins affirmer
que, dès 1970, mais surtout à partir des années 1980, la Suisse romande s'est ouverte à la venue de
nombreux mouvements, qu'ils soient destinés aux couples, aux enfants, aux personnes handicapés,
aux pauvres ou aux hommes d'affaire. De même le Renouveau charismatique s'est introduit en
Romandie en 1972 et s'est diffusé dans tous les cantons romands. Des communautés nouvelles se
sont implantées et d'autres furent fondées en Suisse. Enfin, dans les années 1990, de nombreuses
manifestations festives, au contenu chrétien et aux objectifs évangélisateurs, virent le jour dans
plusieurs cantons francophones. La majorité de ces initiatives furent importées de France, comme la
plupart des communautés nouvelles, quelques-unes d'Espagne ou d'Italie comme le
néocatéchuménat et le mouvement des Focolari, d'autres encore naquirent en Suisse, comme la
Fraternité Eucharistein ou le mouvement des Jeunes de Lourdes. L'arrivée de ce renouveau spirituel
en Suisse romande se fit discrètement durant la décennie 1970 mais c'est surtout dans les années
1980 et 1990 que l'on vit fleurir une multitude de mouvements. On remarque également que les
cantons à majorité catholique furent beaucoup plus réceptifs à ces nouvelles propositions que les
cantons protestants. Ainsi, les cantons du Jura, mais surtout de Fribourg et du Valais furent propices,
non seulement à l'implantation, mais également à la création de nombreux mouvements,
communautés, écoles de vie etc. C'est là également que de nombreux rassemblements pour jeunes et
moins jeunes furent organisés dès les années 1990. Dans le canton de Genève, avec l'arrivée de la
communauté des frères de St-Jean, plusieurs initiatives furent menées, comme le forum Amour et
Vie, le festival Agapè ou l'école de vie des frères de St-Jean. Enfin, c'est nettement dans les cantons
de Vaud et de Neuchâtel que le mouvement de renouveau spirituel se fit le plus discret dans l'Eglise
catholique, du moins d'après ce que la revue Evangile et Mission nous a révélé. En ce qui concerne
l'accueil que réserva la hiérarchie catholique aux différents mouvements et communautés, nous
n'avons pas suffisamment de renseignements. Nous pouvons néanmoins admettre qu'à partir du
171
moment où les propositions des différents mouvements et communautés apparaissaient dans
Evangile et Mission, celles-ci étaient si ce n'est encouragées, du moins acceptées par les évêques.
Nous savons également que le Renouveau charismatique, quoiqu'il ne fût jamais fustigé par les
évêques, ne reçut que rarement leur soutien explicite, à la grande déception de plusieurs membres
du mouvement. Quant aux prêtres, ils firent preuve, pour la plupart, d'une extrême méfiance face à
ce courant très démonstratif. Certains d'entre eux s'engagèrent néanmoins pleinement dans le
Renouveau. La rencontre Prier Témoigner, quant à elle, ne semble pas avoir rencontré de difficulté
notoire dans sa relation avec le clergé. En effet, elle reçut, dès la première année, le soutien et la
présence explicites des évêques. De même, en intégrant les prêtres et les paroisses à l'organisation
de la rencontre, elle favorisa les bons rapports avec ceux-ci. Néanmoins, la décision des évêques de
couper le subside versé par la CRAL à l'Apostolat de la Prière vint assombrir le tableau en 2008. En
effet, pour certains membres du comité d'organisation, cette décision est un signe que les évêques ne
soutiennent plus la rencontre et qu'ils veulent qu'elle s'arrête. L'accueil du clergé pour tous ces
mouvements issus de Vatican II et du Renouveau charismatique mériterait une analyse plus
approfondie et plus détaillée. Elle permettrait de voir s'il existe un rapport entre un accueil favorable
des évêques et des prêtres face à un mouvement et la diffusion rapide et importante de celui-ci. Elle
montrerait également dans quelle mesure ces nouvelles réalités savent s'adapter à la situation
particulière de chaque région et quelle est l'influence réelle de l'autorité d'un évêque ou d'un prêtre
de paroisse sur le succès d'un mouvement ou d'une communauté dans un diocèse ou une région
donné.
Nous ne savons pas toujours ce qu'il advint des différentes réalités énumérées dans la partie
I. Nous savons néanmoins que toutes, ou presque, eurent un succès remarquable à un moment donné
auprès du public catholique romand. Comment expliquer un tel phénomène alors qu'on entend parler
tous les jours des églises qui se vident ? Comment se fait-il que des rassemblements, par exemple,
tels que Prier Témoigner ou le forum Amour et Vie, attirent des centaines, voire des milliers de
participants chaque année ? Nous avons essayé d'esquisser la réponse à ces questions dans les
parties II et III. Il est évident que ces nouvelles propositions répondent à une nouvelle demande. En
effet, on remarque l'importance du témoignage dans beaucoup de ces nouvelles réalités d'Eglise. La
primauté de l'évangélisation est non plus donnée à des prêcheurs mais à une « annonce de la foi en
tant que telle, témoignée par des expériences de vie ».1 Le pape Paul VI écrivait dans Evangelii
Nuntiandi :
Le monde contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ; ou s'il écoute les maîtres, il le fait
1 ABBRUZZESE, Salvatore, « Catholicisme. Les nouveaux mouvements ecclésiaux », in Encyclopaedia Universalis, le portail de la connaissance, [En ligne], http://www.universalis.fr/encyclopedie/catholicisme-les-nouveaux-mouvements-ecclesiaux/ (page consultée le 30 avril 2011).
172
parce qu'ils sont des témoins.2
En effet, les adultes, mais surtout les jeunes, ne se satisfont pas de discours purs sur ce que
devraient être l'homme, Dieu, la vie. Il leur faut également des modèles : des exemples de vie, des
exemples de prière, des exemples de bonté. Ils ont besoin de voir des témoins de l'amour du Christ,
preuve que la vie évangélique n'est pas une utopie mais un but à atteindre. Le témoignage passe
également par une annonce explicite de la foi. L'heure n'est plus au modèle de l'enfouissement, telle
que véhiculé par l'Action catholique, mais à une plus grande visibilité : il s'agit de « mettre la
lumière sous le boisseau ». Une complémentarité entre action et contemplation est recherchée, à des
degrés divers, avec comme souci premier l'évangélisation.3 Les nouveaux mouvements et nouvelles
communautés, ainsi que les nouvelles formes de rassemblement répondent également à un besoin de
chaleur communautaire de plus en plus ressenti dans nos sociétés individualistes. En effet, ces
nouvelles réalités présentent deux caractéristiques qui pourraient sembler contradictoires. D'une
part, elles suscitent un engagement personnel sans réserve et un lien très fort entre les membres.4
D'autre, part on entre et on sort facilement de ces groupes. Il n'y a en effet aucune idée d'obligation
dans ces « communautés émotionnelles », comme les appelle la sociologue Danièle Hervieu-Léger.5
Cet aspect communautaire fortement développé et dépourvu de tout engagement régulier explique
également le succès remporté par les mouvements issus du renouveau. Ce qui est particulier, c'est
qu'en même temps, ces nouveaux mouvements poussent à vivre toujours plus radicalement le
message de l'Evangile et encouragent à un engagement intense où « c'est bien la totalité de la vie du
sujet qui est concernée. »6 En effet, nous avons pu observer dans notre travail que ces mouvements
de renouveau, particulièrement le Renouveau charismatique, ont remis au goût du jour « nombre de
normes ecclésiales auparavant contestées ou simplement abandonnées : centralité des sacrements
dans la vie religieuse, place du prêtre dans la liturgie, célibat du prêtre, valeur de loi reconnue aux
prises de position du pape. »7 D'anciennes pratiques de piété très marquées comme catholiques,
telles que l'adoration, le culte à Marie, les pèlerinages furent également revalorisées, comme on peut
l'observer dans une rencontre comme Prier Témoigner où l'un des moments forts est la nuit
d'adoration. Il existe donc ces deux faces d'une même médaille où d'une part on encourage les
personnes à vivre selon le modèle des saints et d'autre part on fait de nouvelles propositions pour
lesquelles aucun engagement à long terme n'est exigé. Ainsi, ces mouvements sont en mesure de
2 Cité dans : Nouvelle Cité. Vers un monde uni, Numéro spécial, N°481, octobre 2004, p.10.3 MASSON, Catherine, op.cit., p.333.4 ABBRUZZESE, Salvatore, op.cit.5 HERVIEU-LEGER, Danièle, Vers un nouveau christianisme ? Introduction à la sociologie du christianisme
occidental, Paris : Ed. du Cerf, 1986, pp.349-352.6 ABBRUZZESE, Salvatore, op.cit.7 COHEN, Martine, 1986, op.cit., p.76.
173
répondre non seulement à un public catholique restreint et de plus en plus exigent en matière de
morale et de valeurs chrétiennes, mais également à l'ensemble du « peuple de Dieu » en recherche
d'une spiritualité capable de répondre au vide de la société. Comme le dit Salvatore Abbruzzese dans
son article « Les nouveaux mouvements ecclésiaux » : « plutôt que de s'adresser à un monde
pécheur, l'Eglise se tourne vers une humanité en recherche, plutôt que de proclamer l'intangibilité de
ses dogmes, l'Eglise privilégie plus que jamais l'engagement de foi personnel. »8
Une autre caractéristique remarquable de ces nouveaux mouvements ecclésiaux, tout comme
des communautés nouvelles, surtout celles qui sont plurivocationnelles, réside dans le fait qu'ils sont
généralement « des associations de fidèles, les membres du clergé n'étant présents qu'à titre
individuel. »9 En effet, dans un article à propos de la nouvelle évangélisation annoncée par Jean-
Paul II et paru dans Nouvelle Cité, mensuel édité par le mouvement des Focolari, Pierre Guilbert
écrit :
La nouvelle évangélisation sera donc avant tout le fait de chrétiens laïques, témoignant de leur foi et de leur vie quotidienne, dans leur travail, dans leur entourage, dans leurs engagements publics ou ecclésiaux. Le rôle des prêtres et religieux sera d'abord de les animer spirituellement. Elle sera aussi l'oeuvre des nouveaux Mouvements d'Eglise, le plus souvent fondés, animés et dirigés par des laïcs.10
Même s'il faut rester prudent face à cette affirmation émanant d'un mouvement composé
majoritairement de laïcs, cette citation montre que le laïcat est devenu indispensable à
l'évangélisation chrétienne. Même s'il ne pourra jamais remplacer les prêtres et les religieux, celui-là
est en passe de prendre de plus en plus d'importance et d'investir les domaines de la vie ecclésiale
que le clergé n'arrive plus à combler.
Ces mouvements ecclésiaux et ces nouvelles communautés arriveront-ils à donner une
impulsion durable voire définitive à la vie de l'Eglise ? Parviendront-ils à endiguer la crise des
vocations, la montée de l'indifférence face aux croyances chrétiennes et la valorisation du
matérialisme face aux valeurs spirituelles ? Toutes les initiatives décrites dans ce travail ont ceci en
commun qu'elles illustrent la capacité de l'Eglise à s'adapter à son temps et à créer des formules
neuves afin de répondre à de nouveaux besoins. Cette adaptation n'est en aucun cas une concession
et un affaiblissement des exigences de la foi. En effet, il s'agit d'un renouveau de l'Eglise et, pour
qu'il y ait « re-nouveau », il faut que quelque chose ait existé avant. L'Eglise ne s'adapte pas aux
évolutions du monde sensible et ne se calque pas sur des exigences extérieures mais elle se
renouvelle de l'intérieur. Comme l'affirme Frédéric Lenoir dans son ouvrage Les communautés
8 ABBRUZZESE, Salvatore, op.cit.9 ABBRUZZESE, Salvatore, op.cit.10 Nouvelle Cité. Vers un monde uni, Numéro Spécial, N°481, octobre 2004, p.9.
174
nouvelles : « L'Esprit-Saint a [...] toujours suscité de nouvelles fondations parce que l'Eglise a
toujours besoin d'être renouvelée, rajeunie, réadaptée aux besoins d'époques et de sociétés aux
mentalités différentes. »11 Il serait intéressant d'étudier de plus près ces nouvelles réalités et de voir
l'action effective qu'elles ont sur la communauté catholique. Il serait également judicieux d'analyser
dans quelle mesure ces mouvements sont une réponse à la déchristianisation de la société et si leurs
initiatives d'évangélisation compensent réellement le vide laissé par l'Action catholique. Enfin, pour
se rendre compte de l'influence réelle qu'ont eue et qu'ont encore tous ces mouvements, il faudrait
reprendre chacun d'entre eux et les étudier en profondeur, comme nous l'avons fait dans nos parties
II et III. Cela est un travail de grande envergure que le présent mémoire n'a pas vocation à épuiser. Il
s'agissait simplement pour nous de soulever ces questions et de relever des perspectives qui
viendraient à être étudiées.
11 LENOIR, Frédéric, op.cit., pp.31-32.
ANNEXE I .
Nombre des groupes de prière dans chaque canton
Jura Neuchâtel Vaud Genève Fribourg Valais
1985 4 3 16 6 6 24
19881 9 3 14 10 7 49
1994 12 16 17 12 18 55
1995 15 16 17 18 18 55
1997 18 15 14 ? 13 50
1998 18 15 14 12 13 30
2001 18 15 11 12 13 30
2003 12 11 10 12 9 > 402
2005 10 11 10 12 8 36
2007 10 7 10 15 8 30
1En 1988, l'ensemble des groupes de prière romands réunissait chaque semaine entre 1200 et 1300 personnes.
2Ces groupes réunissaient environ 500 personnes chaque semaine.
. 175
ANNEXE II A. : Organigramme du Conseil romand du Renouveau charismatique
. 176
Groupes de prières dans 6 Régions
FR GE JU NE VS VD
Conseilrégional
Conseilrégional
Conseilrégional
Conseilrégional
Conseilrégional
Conseilrégional
Déléguésrégionaux
Déléguésrégionaux
Déléguésrégionaux
Déléguésrégionaux
Déléguésrégionaux
Déléguésrégionaux
Conseil RomandDR DRDRDR DR DR
Prêtres délégués ECR
Communautésnouvelles
Délégués descommunautés
CN
ANNEXE II B. : Organigramme du Conseil romand et son lien avec la Conférence des Ordinaires de Suisse romande
. 177
Conseil RomandDR DRDRDR DR DR
Prêtres délégués ECR
Conférence des ordinaires de Suisse Romande
(VS,LGFNe, Abbaye St-Maurice)
Délégué interdiocésain
Equipe de Communion Romande (5 à 9 membres)
Répondant de la COR
Prêtres et religieux délégués
CN
178
ANNEXE III A : Organisation de l'Association Prier Témoigner au 2 septembre 2008
Organisation de l’association Prier Témoigner
BUREAU
président, aumônier, liturgiecoordinateurtrésorier, stands – APvice-présidente, secrétaire – Focolari
COMITE
intervenants – CRAL/CFALservants de messe, liturgiejeunes – Verbe de Vie – décorationnuit, jeunes – Eucharistein
9) Elisabeth Valton enfants, jeunes – Focolari
ASSOCIATION
placeursvérification des comptespresseintervenants – Philanthroposjeunes
accueil, encaissement
21) Giovanna Porrino 22) Emmanuel Rey cérémoniaire
AIDES SPECIFIQUES
23) Jean-Denis Brodard sécurité24) Maria Brusadelli aide mise en place et modérateurs25) Danille Cottier SHOMS, encaissement26) Jean-Claude Gadmer photos27) Gaëtan Guibouin technique, sono28) Corrado Luvisotto graphisme, internet29) Jean-Claude Mora vidéo30) Maxime Morard Poya31) Xavier Morard Scouts EMS32) Laurent Passer vérification des comptes33) Madeleine Thiémard SHOMS34) Pascale de Techtermann encaissement35) Jean-Pascal Tercier sécurité, procession36) François Eugster intendance
CS / 02.09.08
1) Nicolas Glasson2) Claude Schenker3) Dominique Schenker4) Marie-Louise Zurkinden
5) Jean-Luc Bettin6) Noémie de Coulon7) Priscilla Lebeuf8) Jean Python
10) Julien Andrey11) Rose-Marie Balmat12) Véronique Benz13) Marie Chareton14) Sylvain Chareton15) Diego Frieden16) Marie Fuger17) Rachel Gogniat18) Philippe Hugo19) Nathalie Monferini20) Alain Pirlet
ANNEXE III B. : Organigramme de Prier Témoigner 2008
. 179
Organigramme PT 2008
Evêques des diocèses de Suisse Romande
E. Rey T. Félixmusique mise en place /rang. fichier, inscriptions budget, comptes
servants de messe jeunes sécurité journal PT recherche fonds
J. Andrey Verbe de VieLiturgie enfants placeurs décoration vidéo encaissement
choeur intervenants stands graphisme, internet lien CFAL/CRAL
L. Passerconfessions modérateurs SHOMS abris photo
J. Python V. Benz Conciergeadoration équipe modérateurs EMS presse université Apostolat prière
Bâloiseprêtre uni accueil librairie assurances
Liturgie programme intendance technique/uni finances
CS/02.09.08
N. GlassonmodérateurCoord. liturgique
C. SchenkerCoordinationProgramme
M.-L. ZurkindenCoordinationIntendance
D. SchenkerCoordinationFinances
J.-B Calixte C. Schenker M. Zurkinden D. Schenkercérémoniaire tech., sono, lumières
N. De Coulon P. Lebeuf J.-P. Tercier M. Zurkinden G. Guibouin C. Schenkertech., audio
N. Glasson E. Valton J.-C. Mora R. Gogniat
M. Szernovic C. Schenker D. Schenker M. Morard C. Luvisotto J.-L. BettinPoya
M. Zurkinden N. Glasson M. Thiémard X. Morard J.-C. Gadmervérif. Comptes
M. Brusadelli X. Morard D. Schenker
J.-M. Cettou R. Gogniat J.-P. Tercier B. Voisard R. Jungocoord. Procession mensa
install./sécurité
ANNEXE IV A. : Dépliant de Prier Témoigner 2009 : affiche et informations techniques
. 180
ANNEXE IV B. : Dépliant de Prier Témoigner 2009 : programme, description des intervenants et bulletin d'inscription
. 181
182
Bibliographie
Sources
1. Sources manuscrites : Archives privées
Archives de Fernand Tapparel, diacre, ancien délégué interdiocésain des évêques pour le Renouveau
charismatique. Dans le texte, abrégées : FT.
Archives de Jean-Pierre Jolliet, ancien modérateur de l'Equipe de Communion Romande. Dans le
texte, abrégées : JPJ.
Archives de l'Association Prier Témoigner, conservées au séminaire du diocèse de Lausanne,
Genève et Fribourg à Villars-sur-Glâne. Dans le texte, abrégées : APT.
Ces archives sont constituées de 34 classeurs fédéraux et de 18 cartons :
• Classeur Rencontre de prière des catholiques de Suisse romande 17-18 novembre 1990
marche à suivre... Prier Témoigner
• Classeur 1 Prier Témoigner 91 A-G
• Classeur 2 Prier Témoigner 91 H-N
• Classeur 3 Prier Témoigner 91 O-Z
• Carton Prier Témoigner 1991
• Classeur I Prier Témoigner 93 A
• Classeur II Prier Témoigner 93 B-H
• Classeur III Prier Témoigner 93 Presse-Logo IJ-L
• Classeur IV Prier Témoigner 93 Budget-factures M-W
• Classeur V Prier Témoigner 93 X-Z
• Carton Prier Témoigner 93 Dossier Presse
• Carton Prier Témoigner 93
• Carton Prier Témoigner 93
• Classeur 1 Prier Témoigner 94 A
• Classeur 2 Prier Témoigner 94 Liturgie-Presse-Publicité-Locaux-Logo B-L
• Classeur 3 Prier Témoigner 94 Accueil-Stands- budget M-U
183
• Carton Prier Témoigner 94 Pub
• Carton Prier Témoigner 94 Vidéo
• Carton Prier Témoigner 94 Dossier
• Carton Prier Témoigner 94 Presse
• Carton Prier Témoigner 94 Eucharistie-« Marie »
• Classeur Prier Témoigner 1995 A-K
• Classeur PT 1995 L-U
• Carton Prier Témoigner 95 Pub
• Carton Prier Témoigner 95 Eucharistie+Photos
• Carton Prier Témoigner 95 Presse
• Carton Prier Témoigner 95 Presse
• Classeur PT 1996 16/17 nov. A-K
• Classeur PT 1996 16/17 nov. L-U
• Carton Prier Témoigner 96 Presse
• Carton Prier Témoigner 96 divers
• Classeur PT 95-98
• Classeur PT 1997 8/9 nov. A-K
• Classeur PT 1997 8/9 nov. L-U
• Carton Prier Témoigne 97 Divers
• Carton Prier Témoigner 97 Dossier de Presse- Carnets de chants- Cassettes
• Classeur PT 1998 7/8 nov. A-U
• Carton PT 98
• Classeur PT 1999 27/28 nov.
• Classeur PT 2000 11/12 nov. A-K
• Classeur PT 2000 11/12 nov. L-Z
• Classeur PT 2001 10/11 novembre
• Classeur PT 2002 9/10 novembre
• Classeur PT 2003 8/9 novembre
• Classeur PT 2004
• Classeur PT 2005
• Classeur PT 06
• Classeur PT 07
184
• Classeur PT 08
• Classeur PT 09
• Classeur Diverses publicités-Bulletin Offrande et Vie A.P.
• Carton Prier Témoigner 1, 1988-32, 1995. Revue AP/PT
Archives de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse romande,
conservées chez Mme Marie-Hélène Borgeat à Vernayaz/VS, actuelle secrétaire de l'ECR. Nous
avons eu accès uniquement aux procès-verbaux des rencontres annuelles du Conseil Romand du
Renouveau dans l'Esprit-Saint. Dans le texte, abrégées : AECR.
Archives de Lucien Maystre : deux feuilles présentant les deux phases du cycle de formation
Sichem
Archives de Michel Horner, actuel modérateur de l'Equipe de Communion Romande. Dans le texte,
abrégées : MH.
Archives des délégués interdiocésains conservées à l'abbaye de Saint-Maurice. Dans le texte,
abrégées : DI. Ces archives sont constituées de plusieurs classeurs parmi lesquels nous en avons
consulté 8 dans les détails :
• Classeur « Renouveau : Béatitudes Cana-Myriam Eucharistein Verbe de Vie Amour incarné
Chemin Neuf Cénacle Genève Emmanuel Jérusalem Maison de Lazarre Myriam Bethléem
Pél. L'Eau-Vive ». Dans le texte, abrégé : Classeur « Renouveau : Communautés ».
• Classeur « Renouveau : Conseil Romand – œcuménisme - Sichem »
• Classeur « Renouveau : COR – Adresses – Calendrier - Comptes »
• Classeur « Renouveau : Lundi de Pentecôte »
• Classeur « Renouveau : Groupe de prêtres – Repos dans l'Esprit-Saint »
• Classeur « Renouveau : Ecoute – Le Lien »
• Classeur « Renouveau : Divers 1 »
• Classeur « Renouveau : Divers 2 »
Charte des groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de l'Eglise catholique en Suisse
romande, éditée en septembre 2002 par l'Equipe de Communion romande des groupes de prière du
Renouveau charismatique dans l'Eglise catholique (ECR), avec l'approbation du délégué
185
interdiocésain de la Conférence des Ordinaires Romands (COR) auprès des groupes de prière du
Renouveau.
Lettre du Conseil romand aux groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de l'Eglise
catholique en Suisse romande, 8 décembre 1987, rédigée par le conseil romand.
« Origine des groupes de prière du Renouveau et leur expansion en Suisse » : Petit historique
manuscrit écrit par Soeur Marie-Angèle.
2. Sources publiées
2.1. Revues
Bulletin annuel / Ecole de la Foi, Fribourg, Ecole de la Foi et des ministères, 37è année, 2005/2006.
Centre romand de l'Apostolat de la prière : bulletin de liaison du 4è trimestre, devient Offrande et
Vie, bulletin de liaison trimestriel de L'Apostolat de la Prière de Suisse romande, devient Prier
Témoigner, bulletin trimestriel de l'Apostolat de la Prière de Suisse romande, devient Prier
Témoigner, bulletin semestriel de l'Apostolat de la Prière de Suisse romande , Fribourg, Centre
romand de l'Apostolat de la Prière, consulté de 1987 à 2010.
Ecoute ce que l'Esprit dit aux Eglises, bulletin interrégional des groupes de prière du Renouveau
dans l'Esprit-Saint, Eglise catholique de Suisse romande, s.l., consulté de 1991 à 2011.
Eucharistie et Vie, [Revue pub. par les Pères du Saint-Sacrement], Le Noirmont, Institut les Côtes,
n°1, 1994.
Evangile et Mission, hebdomadaire pastoral officiel des diocèses suisse romands, Villars-sur Glâne,
Centre diocésain, consulté de 1972 à 2005.
Nouvelle Cité. Vers un monde uni, Montrouge, Ed. Nouvelle Cité, N°481, octobre 2004.
Nouvelle Cité. La Fraternité en actes, Montrouge, Ed. Nouvelle Cité, N°500, juin 2006.
186
2.2. Journaux
La Liberté : quotidien romand édité à Fribourg, Fribourg, Oeuvres de Saint-Paul, vendredi 1er
octobre 1993.
3. Sources orales
Entretien avec Bertrand Georges, Fribourg/FR, 18 février 2011.
Bertrand Georges est l'ancien berger de la communauté du Verbe de Vie à Pensier. Il est
actuellement agent pastoral et diacre permanent à la paroisse Ste-Thérèse à Fribourg.
Entretien avec Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier, Porrentruy/JU, 11 mars 2011.
Betty Moirandat et Marie-Claire Crelier sont membres du Renouveau charismatique. Elles ont
connu le mouvement dès son arrivée dans le canton du Jura et ont été à l'origine de deux des
premiers groupes de prière charismatique jurassiens. Elles font toutes les deux encore partie d'un
groupe de prière du Renouveau charismatique.
Entretien avec Claude Schenker, Fribourg/FR, 25 février 2011.
Caude Schenker est le coordinateur de la rencontre Prier Témoigner à Fribourg depuis 1999.
Entretien avec Daniel Pittet, Fribourg/FR, 11 février 2011.
Daniel Pittet est le fondateur de la rencontre Prier Témoigner à Fribourg. Il en a été le principal
organisateur jusqu'en 1998.
Entretiens avec Dominique Schenker, Fribourg/FR, 10 février 2011, 21 février 2011.
Dominique Schenker est président de l'Apostolat de la Prière de Suisse romande depuis 2004. Il a
fait partie des initiateurs de la rencontre Prier Témoigner et participe à son organisation depuis 1990.
Entretien avec Fernand Tapparel, Sierre/VS, 8 mars 2011.
Fernand Tapparel est diacre permanent et fut délégué interdiocésain pour le Renouveau
charismatique de 1999 à 2009. Même s'il fit partie d'un groupe du Renouveau charismatique dans
les années 1980, il ne fait actuellement plus partie du mouvement.
187
Entretien avec Jean-Pierre et Mireille Jolliet, St-Légier/VD, 17 février 2011.
Jean-Pierre Jolliet fut modérateur de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du
Renouveau en Suisse romande de 2001 à 2005. Sa femme et lui firent partie des fondateurs d'un des
premiers groupes de prière charismatique dans le canton de Neuchâtel. Ils font toujours partie du
Renouveau charismatique.
Entretien avec l'Abbé Joseph Roduit, Saint-Maurice/VS, 7 mars 2011.
L'Abbé Joseph Roduit, chanoine de Saint-Maurice, fut délégué de la Conférence des ordinaires
Romands auprès du Renouveau de 1988 à 1999. Durant cette période, il chapeauta le Renouveau
charismatique en Suisse romande.
Entretien avec l'abbé François-Xavier Amherdt, Fribourg/FR, 30 novembre 2010.
L'abbé François-Xavier Amherdt est professeur associé du département de théologie pratique à
l'université de Fribourg.
Entretien avec le père Paul-Bernard Hodel, Fribourg/FR, 14 décembre 2010.
Le père Bernard Hodel o.p. est professeur associé du département de patristique et d'histoire de
l'Eglise à l'université de Fribourg.
Entretien avec le père Pierre-Emmanuel Schibli, Pensier/FR, 21 janvier 2011.
Le père Pierre-Emmanuel Schibli est membre de la communauté du Verbe de Vie à Pensier. Avant
d'entrer dans la communauté, il fit partie d'un groupe du Renouveau charismatique à Genève.
Entretien avec Lucien Maystre, Lausanne/VD, 16 février 2011.
Lucien Maystre fut aux côtés du père Bernard Müller lorsque celui-ci commença à donner une
structure au Renouveau charismatique en formant le Conseil Romand. Il fut l'un des rédacteurs de la
Lettre du Conseil romand aux groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de l'Eglise
catholique en Suisse romande, en décembre 1987. Il n'est plus membre du Renouveau charismatique
depuis le milieu des années 1990.
Entretien avec Marcel Ruedin, Fribourg/FR, 30 mars 2011.
Marcel Ruedi fut le fondateur d'un des premiers groupes de prière du Renouveau charismatique dans
le canton de Neuchâtel. Il fait toujours partie du mouvement.
188
Entretien avec Michel Horner, Neuchâtel/NE, 13 février 2011.
Michel Horner est l'actuel modérateur de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du
Renouveau en Suisse romande.
Entretien avec Marie-Louise Zurkinden, Villars-sur-Glâne/FR, 2 décembre 2010, 23 mars 2011.
Marie-Louise Zurkinden est vice-présidente et secrétaire de l'Association Prier Témoigner. Elle
participe à l'organisation de la rencontre romande depuis 1990.
Entretien avec Nicolas Carron, Bourguillon/FR, 29 novembre 2011.
Nicolas Carron est membre de la Fraternité Eucharistein.
Entretien avec Pierre Pralong, Chermignon d'En Bas/VS, 8 mars 2011.
Pierre Pralong découvrit le Renouveau charismatique en 1984, en Valais. Il fut ensuite très actif dans
le conseil régional durant de nombreuses années. Il fait toujours partie du Renouveau charismatique.
Entretien avec René Pillet, Lausanne/VD, 1er mars 2011.
René Pillet est l'actuel délégué interdiocésain pour le Renouveau charismatique. Il est membre d'un
groupe de prière charismatique à Lausanne.
Entretiens avec Roger et Christiane Schibli, Pensier/FR, 25 février 2011, 27 février 2011.
Roger Schibli fut secrétaire de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du Renouveau en
Suisse romande de 1999 à 2009. Sa femme et lui furent les fondateurs d'un des premiers groupes de
prière charismatique à Genève. Il sont toujours membres du mouvement actuellement.
Entretien avec Soeur Marie-Angèle Michaud, Monastère de Montorge/FR, 9 mars 2011.
Soeur Marie-Angèle Michaud fut la fondatrice du premier groupe de prière charismatique romand à
Fribourg, en 1972. Elle est actuellement religieuse dans la communauté des capucines de Montorge
à Fribourg et réunit chaque semaine quelques soeurs pour une prière charismatique dans leur
monastère.
Entretien avec Yoland Demierre, Fribourg/FR, 15 février 2011.
Yoland Demierre fut probablement la première laïque à participer aux réunions de prière du premier
groupe de prière charismatique, fondé par Soeur Marie-Angèle Michaud. Elle est actuellement
toujours membre d'un groupe de prière et organise des messes votives à l'Esprit-Saint à la paroisse
189
Ste-Thérèse.
Entretien téléphonique avec l'abbé Pierre-Yves Maillard, 3 avril 2011.
L'abbé Pierre-Yves Maillard est l'actuel aumônier des Jeunes de Lourdes.
4. Sources électroniques
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THOMPSON, John R., « La participation catholique dans le mouvement du renouveau
charismatique », in Social Compass, n°3, Septembre, 1974, pp.325-344.
204
Liste des annexes
Annexe I Nombre des groupes de prière dans chaque canton
Annexe II A Organigramme du Conseil romand du Renouveau charismatique (archives de
Jean-Pierre Jolliet)
Annexe II B Organigramme du Conseil romand et son lien avec la Conférence des
Ordinaires de Suisse romande (archives de Jean-Pierre Jolliet)
Annexe III A Organisation de l'Association Prier Témoigner au 2 septembre 2008 (archives
de l'Association Prier Témoigner)
Annexe III B Organigramme de Prier Témoigner 2008 (archives de l'Association Prier
Témoigner)
Annexe IV A Dépliant de Prier Témoigner 2009 : affiche et informations techniques
(archives de l'Association Prier Témoigner)
Annexe IV B Dépliant de Prier Témoigner 2009 : programme, description des intervenants
et bulletin d'inscription (archives de l'Association Prier Témoigner)
205
Liste des abréviations
ACTE Association des Chrétiens Témoins dans leurs Entreprises
AECR Archives de l'Equipe de Communion entre les groupes de prière du
Renouveau en Suisse romande (ECR), conservées chez Mme Marie-Hélène
Borgeat à Vernayaz/VS, actuelle secrétaire de l'ECR.
AP Apostolat de la Prière
APT Archives privées de l'Association Prier Témoigner, conservées au séminaire
du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg à Villars-sur-Glâne.
CFAL Communauté Fribourgeoise de l'Apostolat des Laïcs
Charte 1987 Lettre du conseil romand aux groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit
Saint de l'Eglise catholique en Suisse romande, 8 décembre 1987
Charte 2002 Charte des groupes de prière du Renouveau dans l'Esprit Saint de l'Eglise
catholique en Suisse romande, septembre 2002
CLER Centre de Liaison des Equipes de recherche
COR Conférence des ordinaires romands
CRAL Communauté Romande de l'Apostolat des Laïcs
CTEC Communauté de Travail des Eglises Chrétiennes en Suisse
DI Archives privées des délégués interdiocésains conservées à l'abbaye de
Saint-Maurice
DJP Communion Déjeune qui Prie
ECR Equipe de Communion entre les groupes de prière du Renouveau en Suisse
romande
EHFA Etre Homme et Femme Aujourd'hui
FT Archives privées de Fernand Tapparel, diacre, ancien délégué
interdiocésain pour le Renouveau
JMJ Journée(s) Mondiale(s) de la Jeunesse
JPJ Archives privées de Jean-Pierre Jolliet, ancien modérateur de l'Equipe de
Communion Romande
MH Archives privées de Michel Horner, actuel modérateur de l'Equipe de
Communion Romande
MPPU Mouvement Politique Pour l'Unité (branche des Focolari)
N'APP N'Ayez Pas Peur
206
OAFJ Only All For Jesus
ocd Ordre des Carmes déchaux
op Ordre des Prêcheurs, ordre religieux dont les membres sont
couramment appelés « dominicains »
PT Prier Témoigner
sj Societa Jesu, Compagnie de Jésus, ordre religieux dont les membres sont
couramment appelés « jésuites »
sm Société de Marie, nom porté par deux congrégations religieuses : les Pères
Maristes et les Marianistes.
USMSR Union des Supérieurs Majeurs Religieux de Suisse Romande
207
Table des matières
Introduction générale.....................................................................................................2
Partie I : Paysage général de la créativité d'un renouveau religieux en Suisse romande
depuis les années 1970.................................................................................................. 8
Chapitre I : Le Renouveau charismatique et les nouvelles communautés...................................10
1 Le Renouveau charismatique catholique et les groupes de prière....................................10
2 Les communautés charismatiques..............................................................................16
3 Les communautés nouvelles..................................................................................... 28
Chapitre II : Les nouveaux mouvements...............................................................................36
1 Mouvements de spiritualité conjugale....................................................................................36
2 Mouvements de jeunes........................................................................................................... 42
3 Mouvements pour malades et handicapés.............................................................................. 46
4 Mouvement pour l'unité..........................................................................................................49
5 Mouvement pour les pauvres..................................................................................................52
6 Mouvements pour vivre sa foi dans le monde........................................................................54
Chapitre III : Le renouvellement des anciennes structures....................................................... 55
1 Les communautés................................................................................................................... 55
2 Les centres de formation........................................................................................................ 57
3 La reprise d'anciennes pratiques et dévotions........................................................................ 59
Chapitre IV : Signes du renouvellement de la spiritualité catholique........................................62
1 Nouvelles formes de rassemblements.................................................................................... 62
2 Nouvelles propositions de formation......................................................................................70
Conclusion partielle............................................................................................................................74
Partie II : Le Renouveau charismatique en Suisse romande.......................................76
208
Chapitre V : Les origines du Renouveau charismatique catholique...................................................77
1 La naissance des groupes de prière en Suisse romande..........................................................77
1.1 Dans le canton de Fribourg.................................................................................... 77
1.2 Dans le canton du Valais........................................................................................ 80
1.3 Dans le canton du Jura........................................................................................... 82
1.4 Dans le canton de Vaud.......................................................................................... 83
1.5 Dans le canton de Neuchâtel.................................................................................. 84
1.6 Dans le canton de Genève...................................................................................... 85
2 La diffusion des groupes de prière en Suisse Romande......................................................... 87
Chapitre VI: Le Renouveau et l'Eglise institutionnelle...................................................................... 91
1 L'élaboration de la structure romande.................................................................................... 91
1.1 Formation d'un noyau romand............................................................................... 91
1.2 L'Equipe de communion romande et ses instances de soutien...............................96
2 L'accueil du Renouveau charismatique par le clergé............................................................103
2.1 Les évêques.......................................................................................................... 103
2.2 Les prêtres............................................................................................................ 105
3 La dimension oecuménique dans le Renouveau charismatique catholique..........................110
Chapitre VII : L'arrivée des communautés nouvelles charismatiques..............................................116
1 La communauté Cana-Myriam............................................................................................. 116
2 Implantation de trois communautés charismatiques en Valais.............................................118
3 L'influence des communautés nouvelles sur les groupes de prière romands.......................119
Conclusion partielle..........................................................................................................................122
Partie III : Prier Témoigner : une manifestation qui rassemble tous les visages de
l'Eglise....................................................................................................................... 125
Chapitre VIII : L'organisation de la manifestation........................................................................... 127
1 Les origines de Prier Témoigner et l'Apostolat de la Prière................................................. 127
209
2 Les personnes, mouvements et communautés impliqués dans l'organisation......................132
3 Le financement de la manifestation......................................................................................139
4 Accueil de la rencontre par l'Eglise catholique de Suisse romande.....................................142
Chapitre IX : Le public.....................................................................................................................145
1 D'un public diversifié à un public jeune............................................................................... 145
2 Le programme de la manifestation....................................................................................... 149
3 « L'après » Prier Témoigner et la revue................................................................................153
Chapitre X : Les thèmes et les intervenants..................................................................................... 156
1 Les critères de choix des thèmes et des intervenants et leur évolution................................156
2 Prier Témoigner et l'oecuménisme....................................................................................... 163
Conclusion partielle..........................................................................................................................166
Conclusion générale.................................................................................................. 170
Annexes..................................................................................................................... 175
Bibliographie............................................................................................................. 182
Sources......................................................................................................................... 182
1 Sources manuscrites : Archives privées............................................................................... 182
2 Sources publiées................................................................................................................... 185
2.1 Revues.................................................................................................................. 185
2.2 Journaux............................................................................................................... 186
3 Sources orales....................................................................................................................... 186
4 Sources électroniques .......................................................................................................... 189
4.1 Sites WEB............................................................................................................ 189
4.2 Correspondance électronique............................................................................... 194
4.3 Documents électroniques..................................................................................... 195
Littérature secondaire....................................................................................................................... 196
1 Sur l'Eglise catholique en Europe.........................................................................................196
210
2 Sur le contexte religieux de la France à la suite du concile Vatican II.................................196
3 Sur le contexte religieux de la Suisse à la suite du concile Vatican II..................................197
4 Sur le renouveau postconciliaire.......................................................................................... 197
5 Sur les nouveaux mouvements et nouvelles communautés..................................................198
6 Sur le Renouveau charismatique.......................................................................................... 199
7 Etudes sociologiques sur l'Eglise catholique et son renouveau............................................201
Liste des annexes....................................................................................................... 204
Liste des abréviations................................................................................................ 205
Table des matières..................................................................................................... 207
211
Curriculum Vitae
DUFOUR Virginie Née le 6 avril 1986Rte de Beaumont 4 Sitterie 41700 Fribourg 1950 Sion079/710’26’78 Nationalité : [email protected]
Cursus scolaire et universitaire
2000 – 2005 Maturité gymnasiale au lycée-collège de la Planta à SionOption latin / bilingue
2005 – 2008 Bachelor à l’Université de FribourgBranches I et II : Histoire et Philosophie
2008-2009 Première année de Master à Concordia University, MontréalHistoire et Philosophie
2009-2011 Deuxième année de Master à l’Université de FribourgHistoire et Philosophie
« Je déclare sur mon honneur que j'ai accompli mon mémoire de master seule et sans aide extérieure non autorisée »
Virginie Dufour