LA DENUTRITION DE LA PERSONNE AGEE
Michèle DeygasDiététicienneC-H Annonay
Définition
État pathologique provoqué par l’inadéquation persistante entre les besoins métaboliques de l’organisme et les apports et/ou
l’utilisation de ces apports, en énergie et/ou protéines et/ou micronutriments.
Elle peut être liée à une réduction des apports nutritionnels quel qu’en soit le mécanisme et/ou à une augmentation des besoins métaboliques.
Elle se caractérise par une perte de masse maigre(amyotrophie) et souvent de masse grasse(amaigrissement).
Elle induit des changements mesurables des fonctions corporelles physiologiques responsables du pronostic des patients.
La dénutrition survient en quelques semaines, elle a de graves conséquences pour la santé.
besoinsapports
Causes de la dénutrition
Insuffisance des apports nutritionnels
Carence d’apport liée à des problèmes sociaux:
Pauvreté ou revenus faibles, prix des protéines,difficulté d’approvisionnement
Isolement social et affectif Démence , dépression,deuil
Carence d’apport liée au vieillissement:
Diminution du goût, de l’odorat, de la sensation de soif Perte d’autonomie
Causes de la dénutrition
Carence d’apport liée à la pathologie
Perturbation de l’ingestion des aliments : anorexie, troubles de la déglutition,régurgitations,vomissementsTroubles de la digestion et/ou de l’absorption digestive : malabsorption,insuffisance pancréatique, diarrhée,intolérance digestive, constipationcancersMauvaise dentition, mycosesDépression, troubles du comportement alimentaireMédicaments: nombre supérieur à 3L’hyperthyroïdie
Causes de la dénutrition
Carence d’apport liés à des modes alimentaires restrictifs
Régimes excessifs (hyposodé, amaigrissant, diabétique,hypocholestérolémiant, sans résidu au long court….)
Rites idéologiques(végétalisme) Idées reçues ou peur alimentaire Rites religieuxAutres La douleur, l’alitement ou diminution de l’activité
physique, déficits visuels, sensoriels peuvent aussi être à l’origine d’une inappétence
Causes de la dénutrition
Augmentation des dépenses énergétiques
Infections chroniques, états fébriles Maladies infectieuses et inflammatoires Cancers Stress chirurgical Insuffisance respiratoire Traumatisme et brûlures
Conséquences de la dénutrition
Les évaluer
Faiblesse générale, musculaire Fragilité osseuse avec chutes et fractures Asthénie psychique, dépression,troubles anxieux Sensibilité aux infections, altération du système
immunitaire Fragilité cutanée : plaies et escarres Complications pulmonaires , urinaires
CONSEQUENCES DE LA DENUTRITION
→ De la qualité de vie Augmentation de la perte d’autonomie,
de la durée d’hospitalisation et de la charge
en soins
→ De l’espérance de vie Morbilité et mortalité
DEPISTAGE DE LA DENUTRITION
Ce dépistage est recommandé chez toute
les personnes âgées de + 70 ans et au minimum
1 fois par an en ville
La dépister tôt Évaluer le niveau de gravité Identifier le type de dénutrition Mettre en œuvre des outils simples et pratiques et
peu onéreux
La dénutrition, elle se voit
Visage émacié, côtes saillantes Fonte musculaire ( bras , mollets) Vêtements devenus trop grands Peau sèche , squameuse, gardant le pli
la dénutrition , elle se mesure
PESER
- Recueillir le poids habituel, interroger la personne ou son entourage.
- Pesée systématique .
- Perte de poids involontaire de 2 kg ou 5 % en 1mois ou 4 kg ou 10 % en 6 mois
- Tenir compte d’oedèmes éventuels ou d’une déshydratation
la dénutrition , elle se mesure MESURER
- Interroger la personne ou son entourage.
- Utiliser la taille sur les papiers d’identité,
une toise ou un mètre ruban
- Mesure de l’IMC = poids
(taille)X2
si inférieur à 21 = dénutrition
- Si MNA inférieur à 17
DOSER Albumine: variation lente des concentrations: ½ vie longue 21 jours
Intérêt pronostic ++++, pas d’intérêt à court terme.
Si inférieur à 35g/l : dénutrition
Un taux compris entre 30 et 35 g/l : dénutrition modérée
Entre 25 et 30g/l : dénutrition sévère
Un taux inférieur ou égal à 25g/l : dénutrition grave
Pré albumine : variation plus rapide : ½ vie 2 jours
Si inférieure à 200 mg/l dénutrition modérée
Si inférieure à 150 mg/l dénutrition sévère
Si inférieure à 100 mg/l dénutrition grave
La CRP : augmenté en cas de syndrome inflammatoire, l’hypoalbuminémie est alors indépendante de l’état nutritionnel
QUANTIFIER LES APPORTS ALIMENTAIRES
Si la personne est seule
Rappel alimentaire des 24 h
Si la personne est à domicile accompagnée ou dans une structure
Observation de la consommation
Fiche de suivi des ingesta
ESTIMATION SIMPLIFIEE DES INGESTA
Prise en charge de la dénutrition Évaluer l’alimentation par un interrogatoire simple de
la personne âgée ou de son entourage
Insuffisance d’apport énergétique global, moins de 1500 calories : anorexie ? pour quels aliments ? que reste t-il dans l’assiette ?
Insuffisance d’apport d’aliments riches en protéines animales: viandes, poisson, œuf, charcuterie, lait et produits laitiers (laitages et fromages secs) nombre de portions par jour ?
Insuffisance d’apport en vitamines(B,C,D) et minéraux (calcium)
Hydratation insuffisante
Prise en charge de la dénutrition
Corriger les facteurs de risques identifiés :
Aide technique ou humaine pour l’alimentation Soins bucco-dentaires Réévaluation de la pertinence des médicaments et des
régimes Prise en charge des pathologies sous jacentes Penser aux aides sociales pour l’aspect financier
Prévention et correction de la dénutrition Les besoins caloriques sont au moins équivalents à
ceux de l’adulte: environ 2000 calories pour l’homme et 1800 calories pour la femme
L’apport protidique : constituant de la masse musculaire doit être maintenu,voire augmenté sinon risque de chutes ou fractures
Apport calcique : 1200 mg/ jour (900mg/j pour l’adulte)
Fibres : pour lutter contre la constipation(penser aux légumes secs)
Apport hydrique important:1.5 l soit 10 verres, quantité majorée en cas de fièvre et forte chaleur
Besoins nutritionnels de la personne âgée non dénutrie
Protéines et équivalences 10 g de protéines =
50 g viande – poissonou 1 tranche de jambonou 2 œufsou 30 g de fromageou 2 petits suissesou 1,5 pot fromage blancou ¼ l de lait
Il faut au moins 50 g à 60 g de protéines par jour
LES FIBRES SONT DES SUBSTANCES VEGETALES INDISPENSABLES AU BON FONCTIONNEMENT DE L’INTESTIN.
-PRIVILEGIER LE PAIN COMPLET, AUX CEREALES, SEIGLE,LES BISCOTTES COMPLETES, LES FRUITS CRUS, CUITS, COMPOTE DE PRUNEAUX, LEGUMES, RIZ COMPLET ET LEGUMES SECS.
LES FIBRES
HYDRATATION
Conseiller de boire , encore et encore…. Jus de fruits, tisanes,thé, café,bouillons, eaux plates
ou gazeuses fraîches En cas de troubles de la déglutition, les eaux gélifiées
ont leur place ( les eaux gélifiées ne sont pas des concentrées d’eau )
EN PRATIQUE: 60g de protéines (non dénutrie ) 1900 calories
Lait : 250 ml Yaourt : 1 Fromage: 30g = 1/8 de camembert Viande : 100g = 1 steak haché Pain :150g = ¾ de baguette Féculents : 200g = 4 pommes de terre de la
taille d’1oeuf Légumes à volonté Fruits à volonté Beurre : 30g Huile : 30g Sucre et produits sucrés : 50g
EN PRATIQUE: 78g de protéines( dénutrie ) 2100 calories
Lait : 250 ml Yaourt : 1+1 Fromage: 30g = 1/8 de camembert Viande : 100g = 1 steak haché + 1 œuf (50g) Pain :150g = ¾ de baguette Féculents : 300g = 6 pommes de terre de la
taille d’1oeuf Légumes à volonté Fruits à volonté Beurre : 40g ou crème fraîche Huile : 30g Sucre et produits sucrés : 50g
Stratégie nutritionnelle
Fractionner les repas: 4 ou 5 Repas à heures fixes et espacés d’au moins 3
heures Petit déjeuner : 7 - 9 heure : copieux Déjeuner correct: 12 à 13h : 4 ou 5 composantes Goûter :15h30 - 16h : léger Dîner suffisant : 19h - 20h : 4 composantes Éviter une période de jeûne nocturne trop longue ( supérieure à 12h) ou prévoir une collation en
soirée
Stratégie nutritionnelle
Durée du repas : au minimum une 1/2 heure S’adapter aux envies du patient Densifier les apports : petit volume, beaucoup d’énergie
et de protéines, privilégier la viande ou équivalents et l’accompagner d’une petite quantité de légumes ou féculent.
Attention: il ne sert à rien de donner des protéines si la ration calorique est insuffisante, les protéines ne seront pas métabolisées)
Varier, stimuler, persévérer : il faut 3 fois plus de temps pour récupérer son poids que pour le perdre !!!!
Insister sur l’aspect thérapeutique de l’alimentation: c’est un traitement au même titre que les médicaments.
Complémentation orale Complémentation naturelle ( produits de consommation courante )
Conseils pratiquesAjouter du lait en poudre au café ou au chocolat au lait, au fromage blanc ou aux petits suisses, à la béchamel,à la crème anglaise.Enrichir les potages avec des pâtes et la purée avec de l’œuf, du lait en poudre,du fromage râpé, de la crème fraîche,fromage fondu,jambon mouliné.Enrichir les gratins de légumes avec de l’œuf, du lait en poudre, de l’emmental, de l’œuf.Leurs conseiller des plats traditionnels tels que :le hachis Parmentier, légumes farcis, pot au feu, potée, soupe, pommes de terre au four, lasagnes, tomme en salade,Quenelles, soufflés,quiche…
Complémentation orale
Compléter les crudités ou cuidités avec des œufs durs, des dés de jambon, des lardons, des dés de poulet, du thon, sardines, harengs,crevettes, surimi, cubes de fromages, croûtons, olives
Varier avec du saucisson, des pâtés,des salades de pommes de terre ou de céréales, des entrées pâtissières…
Penser à incorporer du beurre ou margarine crus, huile et crème fraîche.
Complémentation industrielle Si les besoins énergétiques ne sont pas couverts
par l’alimentation Prescription suffisanteo Une grande diversité de produits sucrés ou salés,
chauds, froids, glacés, des textures et des arômes variés: blédine adulte, potages, jus de fruits, desserts lactés gélifiés, boissons lactées: aromatisées ou neutres , poudre de protéines.
o Ils ne doivent pas être donnés à la place d’un repas mais en plus et à distance des repas d’au moins 2h
ATTENTION STRATEGIE NUTRITIONNELLE Si perte de poids et albuminémie basse Apport nutritionnel énergétique et protidique
Si il n’y a pas de perte de poids et albumine basse
Penser seulement à l’apport protidique
ECHEC OU INSUFFISANCE DE LA NUTRITION ORALE
Et en cas de troubles sévères de la dénutrition avec apports alimentaires supers faibles :
Assistance nutritionnelle par voie entérale
La parentérale ne sera utilisée que lorsque le tube digestif n’est plus fonctionnel
SUIVI DE L’EVOLUTION
AUGMENTATION DU POIDS ALBUMINEMIE AU BOUT DE 1 MOIS REEVALUER LA PRISE ALIMENTAIRE