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Collection marabout service

Afin de vous informer de toutes ses publications, marabout édite des catalogues où sont annoncés, régulièrement, les nombreux ouvrages qui vous intéressent. Vous pouvez les obtenir gracieusement auprès de votre libraire habituel.

Jeanne COUROUBLE

Devenez votre propre

patron

marabout

Nous remercions l'ANCE qui nous a aimablement autorisés à utiliser ses documents

© 1986 by s.a. Marabout, Alleur, Belgique.

Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm est interdite sans autorisation écrite de l'éditeur.

Cher lecteur,

Devenez votre popre patron est un livre de parti pris. Le parti de la vie, de la création...

Toutefois, recherches et enquêtes ont été menées en toute objectivité, avec une rigueur intellectuelle ne laissant, à mon sens, pas ou peu de place à l'erreur.

Si, sournoisement glissée entre ces lignes, vous deviez en dénicher une, je vous serais reconnaissante de me la signaler.

Ne vous privez pas de commentaires et de suggestions. Agissez ou réagissez à votre guise, à votre bon plai- sir...

Joyeuse lecture ! Bon et heureux devenir !

Méfiez-vous ! Jeanne Courouble est une femme volcani- que. En 1981, après s'être intéressée à mille sujets dont, en particulier, la photo et le cheval, elle publie chez Marabout, « Créer sa société » dans la collection « Guide Dynamique » — noblesse oblige. Succès garanti, à une époque où les louanges de la grande entreprise l'empor- taient encore sur l'initiative individuelle.

Mêlant la théorie à la pratique, Jeanne Courouble crée une, puis deux, trois entreprises, les transforme, pul- vérise les scores de chiffres d'affaires, les revend partiel- lement pour s'adonner aux joies familiales. Parler à Jeanne Courouble des cent projets qu'elle caresse en per- manence, cela ressemble à une finale à Roland-Garros : longues balles de fond de court et puissantes montées au filet.

Méfiez-vous ! Jeanne Courouble vient de récidiver. Elle veut faire de vous votre propre patron ! D'accord, elle sait que vous êtes très nombreux à y penser. L'ANCE, qui mesure régulièrement la volonté d'entreprendre des Français, estime à plus de trois millions ceux qui ont réfléchi aux moyens de sauter le pas. Elle a vu, en quatre ans, le nombre des candidats créateurs reçus par son ser- vice « accueil » multiplié par 20. Pour mieux faire face à cette expansion, elle a mis en place près de 400 points. « accueil » dans toute la France.

Cependant, méfiez-vous ! Dans son nouveau guide Deve- nez votre propre patron, Jeanne Courouble continue à pré-

férer le concret à la théorie, les expériences vécues, les petits trucs qui souvent permettent de contourner la froideur des règlements ou la complexité des procédures.

Elle vous parle de talent, d'imagination, de créativité, des nécessaires excès de tempérament. Et elle sait de quoi elle parle ! Les créateurs d'entreprise se fabriquent souvent des barrières insurmontables. Chez eux, les désirs devien- nent vite des désordres. Jeanne Courouble désacralise, explique en simplifiant, fustige tous vos « oui mais », met en charpie toutes vos fausses « bonnes raisons ».

Allez. Ne vous méfiez plus. Laissez-vous envahir par la passion d'entreprendre de Jeanne Courouble. Peut-être viendrez-vous prochainement imiter les quelque 200 000 Français qui, en 1986, ont tenté l'aventure de la création d'entreprise.

Claude ESCLATINE Délégué Général Adjoint ANCE Délégué, Fondation pour entreprendre

1. La chasse aux « oui, mais... »

L es hommes se plaisent à rapprocher création et pro- création, s'accordant bien souvent la première et lais- sant à notre heureuse nature, la seconde... En tant

que femme, j'avoue : l'image me dérange un peu. En tant que créatrice d'entreprise : force m'est de reconnaître cer- taines analogies.

D'ailleurs, Messieurs, pourquoi vous contrarierais-je alors que vous nous donnez ce qu'il y a de plus beau au monde : les enfants. Ces enfants, gages de foi dans l'ave- nir... Ces enfants pleins de ressources et de créativité. Ces enfants qui, comme des entreprises, se portent, naissent et s'éduquent...

Reprenons donc la comparaison, à sa première étape, à son premier degré... Traitons, tout de suite, du problème de fond : la contraception.

A cette question: voulez-vous devenir votre propre patron ?, les réponses sont d'une flagrante ressemblance : j e deviendrais bien mon propre patron, oui, mais...

Des oui, mais... de tous les goûts, de toutes les cou- leurs, quasi indiscutables... Des oui, mais... au goût amer de pilules que l'on avale ou tente de faire avaler à son entourage, on ne sait pourquoi.

Si, plutôt, réfléchissez... l'aventure vous tente, mais elle n'est pas sans risque, vous le savez. Vous vous retranchez alors dans une caverne d'alibis (d'alibis de pacotille), de oui, mais...

Certains trouvent écho auprès de vos proches. Normal, ils sont l'objet même de ce oui, mais...

— Oui, mais... je suis chef de famille. Ainsi se conforte l'idée qu'une noble responsabilité vaut bien la négation d'une partie de soi, de ses envies d'être patron.

Dans un sens, cela vous arrange sûrement, mais dans l'autre ?

Pour vous, pour moi, j'ai recueilli la généreuse confes- sion d'un homme à son compte, bien dans sa vie, bien dans sa peau. Son histoire est étrange et riche d'enseignement.

Petit garçon, sain et heureux, il grandit. Ses problèmes aussi. A l'adolescence, on ne sait pourquoi, il se réfugie incons-

ciemment dans la paralysie et se retrouve dans un fauteuil roulant. La famille est d'abord consternée, puis bienveillante et ten- dre. Tout le monde semble y trouver son compte.

Les princes charmants se font attendre, dans la vie comme dans toutes les belles histoires. Celui qui allait « réveil- ler » notre homme mit plus d'un an à se manifester. Méde- cin, il avait remplacé son stéthoscope et son cheval blanc par un arsenal de questions fort pertinentes.

○ En quoi cette situation vous arrange-t-elle ? ○ Que voulez-vous dire par là ? ○ Ne pouvez-vous pas payer moins cher ? Le jeune homme se remit à marcher quelque temps

après. Il est maintenant conseil en ressources humaines, il vit heureux et a beaucoup de clients.

La morale de cette histoire est que les réponses à trois ques- tions de ce type, permettent à beaucoup de marcher, d'aller de l'avant, dans leur vie tant personnelle que professionnelle.

Les deux premières vous appartiennent; quant à la troi- sième, panachée de psychologie et de technique, je l'aborde avec vous, en livrant dans ce premier chapitre, la chasse aux oui, mais...

Cette chasse impitoyable, garante de la fertilité du champ de création...

J

Bravo, vous avez une longueur d'avance. Votre légitime souci prouve que vous savez déjà ce que le mot chef implique d'exi- gences et de responsabilités. Vous connaissez les doux plai- sirs qui en découlent.

Il ne vous reste plus qu'à jouer le rôle en stéréo, vie privée/vie professionnelle, en vous assurant d'une bonne réso- nance dans votre milieu familial. Pour cela, misez sur la sécu- rité et l' implication.

Au fil des pages de ce livre, vous relèverez quelques recettes de prudence.

La première tourne autour de votre régime matrimo- nial. Vous pouvez, malgré vous, entraîner la communauté des biens si vous choisissez le statut d'une société de per- sonnes.

Impliquez votre entourage, dès le démarrage; c'est le plus sûr moyen de vous assurer sa participation, ou tout au moins sa compréhension. Dieu sait que vous en aurez besoin ! On ne peut lutter sur tous les fronts à la fois.

Vous pourrez, en famille, réaliser vos premiers tests. La famille incarnera ce que l'on appelle communément le grand public. A vous les joyeuses séances de créativité...

!

En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées... La formule a, un peu, beaucoup, juste suffisamment vécu pour engendrer un enseignement valable et imprégner les esprits. Voyez : aujourd'hui, le pétrole est à la baisse, mais les affi- ches de Jack Lang se hissent sur les murs et chantent « allons z'idées »....

Les idées, chez nous, ressemblent à un champ de bleuets et de coquelicots. Elles fleurissent un peu partout, en fri- che. Elles ne s'emprisonnent guère sous le papier cellophane d'un comptoir. Elles s'offrent à vous généreusement, pour fâner presque aussitôt...

Cultivez-les. — Caressez le léger duvet argenté de leurs feuilles.

Vous n 'avez pas d'argent, mais vous avez des idées; des idées pour faire de l'argent... Alors, ce n'est qu'une question de temps.

Question de temps ? Eh oui, réfléchissez : votre projet peut éventuellement démarrer tout de suite, avec un capital modeste. Mais rien n'interdit non plus que vous le bâtissiez dans le temps, pour vous lancer, fin prêt, dans quelques années.

Rien ne sert de mettre au monde un projet qui n'a pas les moyens financiers de vivre. Mieux vaut le différer et pré- server ainsi toutes les chances de succès.

J

Oh là là... Je n'aime pas trop cela. Vous non plus, je sup- pose ! Je subodore que vous avez contracté ces emprunts pour des objets et la jouissance qu'ils vous procuraient.

Alors, faites le tri. La machine à laver est indispensa- ble. L'appartement que vous achetez consciencieusement à coup de mensualités ne vous revient pas plus cher qu'un loyer, et d'ailleurs ce que vous avez déjà payé peut être pré- senté comme garantie à un banquier.

La petite ferme à retaper les week-ends vous déglingue plutôt. Vous avez assez essuyé les plâtres et bouffé du gazon; d'ailleurs, ce n'est pas un réel placement.

A vous de faire un petit bilan de vos emprunts...

Si vous êtes marié sous le régime de l'entière confiance et que l'un de vous «jouit » d'une position de salarié, profitez- en... au moins cette fois ! Un conseil : achetez à crédit sous son nom et assurez le crédit. En cas de perte d'emploi, après une franchise de quelques mois, l'assureur payera les men- sualités dues, jusqu'à reprise du travail, à concurrence d'une année. Jouez la sécurité dans l'insécurité.

Rien de semblable malheureusement, à ma connais- sance, pour les créateurs d'entreprises.

Voilà qui est dit. Maintenant, sachez que le fait d'être bardé d'emprunts caractérise, ou la névrose, ou l'heureuse antici- pation.

Dans le premier cas, abstenez-vous ou faites-vous d'abord soigner; dans le second, vous êtes doté de la dyna- mique et du positivisme nécessaires au créateur !

Glandeur ou impétueux ? Anorexie vitale ou gourmandise insatiable ? Deux symptômes pour une même « maladie». Une seule potion magique : la création.

Le premier est un peu douloureux, l'autre chante. Les survitaux canalisés autour de leur propre projet font mer- veille dans le monde des affaires.

Vous êtes de ceux-là. Eh bien, réjouissez-vous et... mobilisez-vous. Pour donner un cœur à vos idées — parce que d'une idée en jaillissent mille, n'est-ce-pas —, donnez corps à un projet. Soyez votre propre patron.

Jusqu'à présent, vous brassiez sans jamais cueillir vérita- blement. Un tour et un petit tour... Tour infernal, fumée sans feu... Un peu brûlé, malgré tout, il vous reste les jus- tes séquelles qui font de vous une personne avertie. Vous êtes à point pour le point final à ces multiples expériences.

Ne vous mutilez pas, bâtissez autour de vous, à votre goût, à votre feeling et... à votre bonne intelligence. Jouez un peu à Marabout, bout de ficelle... Des idées bout à bout, dont vous n'aurez plus marre ! L'une appelle l'autre, l'autre se repose sur l'une et toutes deux s'appor- tent un éclairage différent. Tricotez-vous un fil conducteur.

Créer son entreprise, c'est se créer un point d'ancrage. Fini la java dans tous les ports, le flirt et l'ivresse des idées sans lendemain. Le vent est bon pour les marginaux non « déviants ». Ceux qui sauront être maîtres d'eux comme du petit univers qu'ils se créeront. Alors... Montez à bord.

Voilà qui est téméraire... Vous n'aimez pas le risque, et vous vous risquez à l'affirmer clairement, envers et contre une société qui en fait l'apologie ? Bravo...

Entre vous et moi, le risque est un drôle d'animal que mon safari de la vie ne m'a jamais permis de photographier clairement. Vous en savez plus, vous ? Nous naissons avec la triste certitude de mourir un jour, et vivons avec celle, encore plus troublante, d'en prendre le risque tous les jours.

Voyez... Le risque doit être un caméléon. Il se confond avec l'objectif que l'on veut atteindre. Il vit en symbiose avec lui...

Le risque est partout et nulle part. Il n'existe que par la mesure que l'on en prend. Au plus vous êtes haut, au moins vous avez intérêt à sauter les marches, mais... de grâce, ne regardez pas non plus dans le vide...

Me taxeriez-vous de mauvaise foi si je vous disais qu'un patron a souvent plus les moyens de maîtriser ou de juguler cette dimension qu'un employé ?

Tenir son sort en main, c'est laisser les autres assumer leurs propres risques, sans oublier de prendre à votre compte ceux qui vous reviennent. C'est mieux que ce panier à salade où tout est confondu, surtout quand celui-ci se transforme en panier de crabes. Que de salariés sont « remerciés » pour des raisons de politique, de restructuration, de nouvelles orientations...

A vous de balayer les risques, non par une inconscience coupable, mais par des mesures réelles. Ne vous lancez qu'une fois votre projet bien ficelé. Balisez, autant que faire se peut, votre vie personnelle. Voyez les assurances chômage prévues pour les dirigeants.

Ah ça, cher ami, c'est certain. Si vous voulez, créateur tout frais émoulu, le beurre et l'argent du beurre, les choses se compliquent.

Si votre salaire confortable rime avec une vie confor- table, si votre job vous donne quelques satisfactions, eh bien, c'est bien... Confortez-vous, vous êtes dans le meilleur des mondes.

Mais dois-je faire semblant de vous croire ? Pourquoi donc ce livre entre vos mains ? Au fond de vous, vous mourez d'envie d'être votre propre patron, n'est-ce-pas ? L'air est plus frais de ce côté. Eh bien, respirez.

La loi du 3 janvier 1984 propose un congé, pour la création ou la reprise d'entreprise, à tout salarié justifiant, à la date du départ en congé, d'une ancienneté d'au moins 36 mois, consécutifs ou non.

Il suffit d'en faire la demande auprès de votre employeur, qui ne peut refuser s'il est averti par lettre recom- mandée avec accusé de réception au moins trois mois à l'avance et si, bien sûr, vous n'allez pas lui livrer une con- currence déloyale !

Seuls les employeurs dirigeant des entreprises de moins de 200 salariés peuvent s'y opposer, en justifiant leur refus.

La durée de ce congé est fixée à un an. Vous pouvez bénéficier d'une deuxième année — pour voir venir — en avisant votre employeur par lettre recommandée avec accusé de réception au moins trois mois avant l'échéance initiale- ment prévue. Attention, dans tous les cas, vous ne pourrez invoquer aucun droit à être réemployé avant l'expiration du congé.

Mais, trois mois avant la fin de celui-ci, vous serez tenu de faire part à votre ex-employeur de votre intention d'être réemployé ou de rompre votre contrat de travail. Tout con- fort, n'est-ce pas ?

Profitez-en, au départ, pour vous sécuriser... Et à terme, sans doute, oublierez-vous d'en profiter, ayant retrouvé un meilleur niveau de vie et/ou savouré d'autres joies !

Le vent de la politique souffle à gauche; le vent de la politi- que souffle à droite; et s'il fallait écouter le vent, nos têtes tourneraient souvent, souvent...

Voyez, ce vent joue sur le baromètre des sociétés natio- nales ou multinationales ou sur celui des entreprises à mar- ché d'Etat. Est-ce réellement là votre ambition ?

Girouette ou manche à air ? Le petit coq perché sur les clochers de nos bonnes égli-

ses court toujours après sa queue, au nord, au sud, à l'est, à l'ouest. De quoi perdre des plumes !

La manche à air, elle, fait fi du sens du vent. D'où qu'il vienne, elle en profite pour se gonfler avec panache ! Quel souffle ! Quel opportunisme !

Beaucoup d'entrepreneurs brillants vous le confirmeront : dans leurs affaires courantes, la politique s'immisce très peu. D'autres, les perdants, s'octroient le droit de jouer à c'est la faute à... et, bien sûr, la politique et l'économie sont leurs terrains de prédilection. C'est si simple que personne n'y a jamais, au fond, vraiment rien compris ! Parfait pour démo- raliser gratuitement les plus vulnérables.

Ah, j'oubliais, soyons honnête, le sempiternel problème des syndicats. Grave, s'il est mal maîtrisé. Rassurez-vous, il trouve un terrain de développement plus favorable dans les entreprises importantes. Là où les sections bénéficient d'un crédit d'heures pour leurs activités (10 heures/an à partir de 500 salariés, 15 heures/an à partir de 1000).

Toutefois aucun employeur ne peut prendre en consi- dération l'appartenance à un syndicat pour arrêter une déci- sion. Ne serait-ce que celle de l'embauche ! Que le flair soit avec vous !

L'économie, elle, fait davantage la pluie et le beau temps. Les humeurs du dollar font le malheur des uns, le bonheur des autres.

Les contingents à l'importation ou l'exportation brident certaines activités, en développent d'autres.

Bref, il y a toujours des opportunités... A vous de les exploiter !

Cette humilité sociale cacherait-elle une paresse personnelle ? Alors là, je vous en prie... C'est votre droit, et vous le défen- dez avec élégance.

Ah non, ce n'est pas ça ? Que se passe-t-il alors ? Etes- vous profondément défaitiste, ou superficiellement conta- miné par un environnement défaitiste ?

A tous ceux qui veulent vraiment, sachez que, comme à tout cœur vaillant, rien n'est impossible ! Ni un zéro, ni un Zorro : vous n'êtes ni plus grand, ni plus beau, ni plus fort que les autres ? Eh bien, soyez plus volontaire...

De Napoléon à Philippe Bouvard, que de petits bons- hommes ont conquis le droit d'être des géants !

Que de timides repentis dans le commercial ! Que d'émi- grés ont pris leur revanche ! Que de fils d'ouvriers devenus hommes d'affaires !

La réussite provient, pour beaucoup, d'un complexe person- nel. Quelle meilleure thérapie que l'exorcisme par la créa- tion ! Le complexe n'est jamais qu'une obsession qu'il suf- fit de transposer sur un terrain positif. Celui des affaires l'est par excellence.

Dur, n'est-ce pas ? Par bonheur, l'époque est à la tolérance. Succès du livre de Jean-Michel Goudard qui « réhabilite », en quelque sorte, le droit à l'échec. « Pour réussir », clame- t-il sur la couverture de Je vous salue, fiascos, «il faut d'abord rater ». Bien sûr, il possède l'art et la manière d'en tirer parti.

Un échec, c'est un enseignement très cher payé. Qu'avez-vous appris? D'où provient l'accident ? Vous développiez-vous avec un fonds de roulement trop

faible ? Votre copilote associé vous a-t-il lâché en cours de route ? Vous êtes-vous bêtement fait doubler par la concur- rence ? Pratiquiez-vous des marges bénéficiaires trop faibles, ou trop fortes et dissuasives ? Aviez-vous mal intégré la con- naissance du «code de la route», des taxes et impôts à payer ?

Autant de clignotants qui s'allumeront dorénavant sur votre tableau de bord...

Peut-être avez-vous intérêt à vous refaire temporairement une santé morale et financière chez un employeur, à qui vous apporterez en retour un souffle nouveau.

Si vous récidivez ensuite dans la création d'entreprise, vous aurez alors droit à l' aide pour les créateurs-demandeurs d'emploi qui, sans cette étape intermédiaire, vous serait refusée.

Pour les gérants et dirigeants sociaux qui se seraient «plantés» à la suite d'agissements malhonnêtes ou très imprudents, point de salut dans la création d'entreprise ! Ce type de faillite entraîne des déchéances et interdictions (par exemple interdiction de gérer, administrer, contrôler une entreprise...)

Hommage et sincères remerciements soient rendus à mes rela- tions ! Grâce à elles, le « travail » est léger, drôle et efficace. Un vrai plaisir !

C'est vrai, les relations aident... Encore doivent-elles être adaptées aux problèmes que vous voulez traiter ! C'est là que votre handicap actuel peut devenir votre chance. Vous démarrez tout neuf votre nouveau carnet d'adresses. Inutile de vouloir le transformer en bottin mondain !

The right man in the right place vaut toujours mieux qu'un vague cousin haut placé. Cela épargne d'ailleurs bien des palabres !

Le cœur ne se « prescrit » pas. Si vous êtes recommandé pour d'autres raisons que vos strictes qualités profession- nelles, vous risquez bien des désillusions. Lors de votre rendez-vous, vous aurez la curieuse sensation d'être assis

sur les genoux du fantôme de celui qui vous a introduit. Il est des sésames qui ouvrent les portes aux pertes de temps les plus saugrenues.

Au départ, comptez sur vous. Vous n'en serez que plus brillant. Si votre projet est digne d'intérêt, avec ou sans recommandation, il sera entendu. Le nerf de la guerre con- siste à identifier la fonction, puis l'homme qu'elle concerne.

Cette « chasse » sera éclairée par les annuaires tels que le Qui décide édité par DPV international*, le Compass ou le Bottin. Plus pointus sont ceux qu'éditent les syndicats ou les associations professionnelles.

Cueillez dans les revues et salons spécialisés les infor- mations utiles. Celles qui souligneront la pertinence de votre contact et entraîneront le premier « oui ».

Exemples. « Vous allez sortir un nouveau produit en février,

n'est-ce pas ?» — « Oui, vous avez raison, pourquoi ? » Ne vous reste plus alors qu'à en profiter pour présenter votre intervention.

Autre cas de figure : vous avez lu un article flatteur sur un responsable que vous souhaitez rencontrer. Ne vous privez pas d'en faire état. Vous chatouillerez ainsi sa légi- time vanité et le mettrez dans de bonnes dispositions. Mêmes les « grands hommes » ont de « petites faiblesses » ! Attention, les faits sont là, inutile de friser l'obséquiosité. Léger, léger, s'il vous plaît !

Ça y est, vous avez décroché un contrat. Veillez à la qua- lité de vos prestations. Sachez qu'un client satisfait le répète** en moyenne à sept personnes, un mécontent à une vingtaine de personnes. Ainsi se colporte votre image.

Profitez-en pour tramer, avec la complicité et la cré-

* DPV international, 24, rue Morère, 75014 Paris, tél. 45 41 52 02. ** Chiffres entendus au « Colloque sur la qualité » de l'Essonne.

dibilité de vos premiers clients, un réseau de relations ou de notoriété dans le tissu professionnel qui vous touche.

Ces conseils ne vous ont pas convaincu, vous ressentez le réel besoin d'être « épaulé », au démarrage, par des rela- tions ?

Dans ce cas, composez vite le numéro d'Ethic Allô Créa- tion, 43 62 11 17. Cette association a pour vocation pre- mière d'ouvrir des portes au jeune créateur qui ne connaît personne. Le principe : un chef d'entreprise accompli par- raine un novice.

Dans le même style, l 'EGEE (Entente des générations pour l'emploi et l'entreprise) met gratuitement à la dispo- sition du jeune créateur les connaissances d'un « papy con- seil ». Il s'agit d'un cadre en préretraite. Le réseau couvre les 22 régions de France. Demandez les coordonnées du service le plus proche à votre antenne ANCE. Pour l'Ile- de-France, téléphonez au 45 49 10 60.

Jetez également un coup d'œil au chapitre des fon- dations. Leur atout principal se traduit bien souvent par une aide relationnelle.

Voici, voilà... Par-ci, par-là, quelques réticences qui relè- vent de l'art et de la perversité d'effilocher le temps.

Au masculin : Je deviendrais bien mon propre patron, oui mais... après la coupe du monde de foot, ou les jeux olympiques !

Remarquez plus de poésie dans la version féminine : oui, mais... après les beaux jours ou dès que mon thème astral s'y prêtera !

Choix de vivre avec ses rêves brodés d'excuses, cou- sus de fil noir ou de se réveiller. Vivement, bien vivement !


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