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Dossier Thématique LONDRES 2012 La transformation urbaine de la capitale britannique en vue des Jeux Olympiques & Paralympiques Réalisé par Kévin BERNARDI Étudiant en Master II – Droit Public à l'Université de Perpignan-Via Domitia 27 Juillet 2010 au 27 Janvier 2012

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Compilation des articles réalisés à deux ans et à un an de la Cérémonie d'Ouverture des XXXe Jeux Olympiques d'été.

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Page 1: Dossier Thématique - Londres 2012

Dossier Thématique

LONDRES 2012La transformation urbaine de la capitale britannique en vue des

Jeux Olympiques & Paralympiques

Réalisé par Kévin BERNARDI Étudiant en Master II – Droit Public à l'Université de Perpignan-Via Domitia

27 Juillet 2010 au 27 Janvier 2012

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Article publié le 27 Juillet 2010

« Si nous avions su ce que nous savons maintenant, aurions-nous postulé pour accueillir les

Jeux Olympiques ? Il est quasiment certain que non ». En 2008, la Ministre britannique chargée des

Jeux Olympiques – Mme Tessa Jowell, avait pleinement mesuré l’enjeu de l’organisation d’un

évènement aussi important d’un point de vue organisationnel, économique, écologique, urbanistique

et sociétale. Les Jeux Olympiques sont rarement rentables sur le court terme, mais ils apportent un

indéniable développement pour la Ville-Hôte voir le pays organisateur, en cas de maitrise des coûts

et d’une politique de durabilité viable.

Aujourd’hui, Londres est à deux ans de l’ouverture de ses Jeux et 70 % du chantier

olympique est d’ores et déjà achevé. Plus de 10 000 ouvriers travaillent sur les différents bâtiments.

Les organisateurs tablent désormais sur une ouverture des sites dès le mois de Juillet 2011 alors

qu’ils prévoyaient une inauguration trois mois plus tard.

La ville accueillera pour la troisième fois les Jeux Olympiques, une situation inédite dans l’Histoire

des Jeux (1908 / 1948 / 2012). Si Paris avait remporté la mise pour l’organisation des XXXe Jeux

Olympiques, la « Ville Lumière » se serait trouvé dans ce même cas de figure (1900 / 1924 / 2012).

La capitale britannique promet des Jeux écologique et abordable, 75 % des billets étant réservés au

grand public. Une promesse qui se veut avant tout une garantie de stades pleins pour les

organisateurs. On se souvient encore de stades quasiment vides pour certaines épreuves, lors des

Jeux d’Athènes en 2004. Ce fut un fiasco.

Le Parc Olympique de Londres s’étendra sur 2,5 km2 dans l’Est de la capitale britannique,

dans le quartier de Stratford.

A terme, les travaux engagés feront de ce parc, le plus grand parc urbain construit au cours des cent-

cinquante dernières années, en Europe. Ce parc sera composé d’infrastructures modernes pour la

pratique du sport mais aussi de logements, d’un campus universitaire et de bureaux.

Une prouesse technique que seuls les Jeux Olympiques peuvent créer en à peine sept ans. Il est vrai

que des Lois Olympiques sont votées pour faciliter les différentes procédures administratives

(expropriations…) et ainsi garantir une livraison des infrastructures dans les temps.

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Le choix du site de Stratford fut presque une formalité pour le Comité d’Organisation

(LOCOG) désireux de réhabiliter une ancienne zone industrielle. Récemment d’ailleurs, la presse

d’Outre-Manche a évoqué la possible présence de déchets radioactifs, héritage indésirable des

activités passées. L’information n’a pas été confirmée par le LOCOG.

Le Parc Olympique de Londres sera le cœur névralgique des Jeux et générera après les compétitions

sportives, un héritage majeur pour l’ensemble de la société britannique. Le développement durable,

inscrit depuis 1996 dans la Charte Olympique - texte de référence du Mouvement Olympique - est

l’un des leitmotive de Londres 2012.

Ainsi, les britanniques ouvriront en Juillet 2012 un Stade Olympique unique au monde. Il

n’est pas d’un design éblouissant mais il se compose d’une pluralité d’éléments emboités les uns

dans les autres, ce qui permettra un démontage partiel après les Jeux. Concrètement, les

organisateurs ont souhaité un Stade de 80 000 places pour la durée des compétitions. Une fois les

projecteurs éteints, le Stade sera dépouillé de 55 000 places, ce qui laissera un ensemble

multifonctionnel (sport / spectacle) de 25 000 places au cœur du Parc. Depuis quelques jours, le

club de football (Premier League) de West-Ham, se dit intéressé par le Stade Olympique qui

pourrait venir remplacer le vieillissant Upton Park.

La même politique de durabilité a été pensée pour l’édification du Centre Nautique. Le

bâtiment construit par l’architecte Zaha Hadid sera une passerelle vers le Parc Olympique. En effet,

les spectateurs (puis les riverains) devront traverser son toit pour accéder à l’ensemble des

infrastructures. Au centre du complexe nautique, plusieurs bassins pour les épreuves de natation,

natation synchronisée et plongeon, mais aussi deux ailes temporaires qui accueilleront les 17 500

spectateurs. Après les Jeux, le Centre Nautique sera mis à disposition des scolaires locaux et des

sportifs amateurs et professionnels. Il pourra accueillir entre 2 500 et 3 500 personnes en fonction

de l’évènement.

Une politique durable qui vise sans nul doute à éviter la présence des fameux « éléphants

blancs », ces structures de béton qui, une fois l’évènement olympique passé, ne servent plus.

L’exemple athénien est frappant. Six ans après les Jeux, les Grecs doivent débourser entre 50 et 100

millions d’euros par an pour maintenir les infrastructures olympiques en bon état et y assurer la

sécurité. 30 % des enceintes ont vécu une reconversion réussie depuis 2004. La Grèce, avec l’aide

de l’Union Européenne, avait déboursé 9,5 milliards d’euros pour retrouver les Jeux qu’elle avait

organisé pour la dernière fois, en 1896. Mais tout n’est pas synonyme d’échec pour Athènes. La

ville, handicapée par une situation géographique complexe (entourée de collines…), a su rénover

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son cœur historique (instauration de circuits pédestres autour des sites antiques de l’Acropole) tout

en assurant son développement urbain. De nouvelles lignes de métro ont été ouvertes (1,6 milliard),

un tramway a été inauguré – il avait disparu de la cité grecque au début du XXe siècle – pour un

coût de 350 millions d’euros, un Réseau de Transport Suburbain – équivalent du RER parisien - fut

ouvert (640 millions d’euros) et enfin, un périphérique autoroutier – l’Attiki Odos - de 60

kilomètres fut construit (950 millions). Au titre des réalisations de transports, il faut également noter

la construction, indirecte aux Jeux certes, du Pont Rion-Antirion reliant Athènes au Péloponnèse

(800 millions). Globalement, l’Union Européenne participa pour moitié à la réalisation de ces

infrastructures dont la ville et le pays avaient grandement besoin. Le projet du nouveau Musée

d’Athènes fut aussi relancé au début des années 2000 conséquence, sans doute, du coup

d’accélérateur des Jeux Olympiques. Ce musée a été inauguré en Juin 2009.

Pour Londres, les enjeux ne sont pas les mêmes, bien que la réorganisation et la

modernisation du réseau de transports permettront sans doute une plus grande fluidité.

Londres mise surtout sur le développement de sa partie Est, zone abandonnée depuis la crise

industrielle des années 1980.

La construction du Village Olympique, dont les premières images permettent d’imaginer

l’ampleur du projet, contribuera à l’aménagement d’un nouveau quartier résidentiel.

Durant les Jeux, le Village - investissement le plus important pour la Ville Organisatrice –

accueillera 17 000 athlètes et environ 5 000 accompagnateurs (préparateurs physiques…). Un vrai

« Village » dans la ville.

Après les Jeux, la capitale britannique mettra à disposition quelques 2 800 logements à tarifs

variables.

Concernant le Centre de Presse Principal, il accueillera 20 000 journalistes venus du monde

entier (29 000 m2). Le Centre International de Radiotélévision (CIRTV), achevé dès la fin de

l’année 2009, laissera 12 000 m2 de bureaux aux Londoniens après les festivités olympiques. Au

total, ce sont 80 000 m2 de bureaux qui seront aménagés après les Jeux.

Parallèlement à cela, un campus universitaire de 1 800 places sera construit dans le Parc

Olympique, ce qui garantira une mixité sociale et intergénérationnelle.

D’un point de vue environnemental, les infrastructures (sport / hébergement) répondront aux

normes internationales en vigueur. Dans le Parc Olympique, 2 000 arbres seront plantés d’ici à

Juillet 2012 ainsi que 300 000 plantes de zones humides, le Parc étant jalonné de cours d’eau.

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Avec la crise économique, le budget de Londres a été fortement revu à la hausse.

Initialement présenté à 4,3 milliards d’euros, il a grimpé à 11,6 milliards, avant finalement de

redescendre à 10 milliards d’euros, après la mise en place d’une série d’économies. Cette hausse

soudaine et quasiment inévitable par les temps présents, présente une conséquence non-négligeable.

En effet, si les Jeux s’avèrent être déficitaires, la ville de Londres et ses partenaires pourraient se

retrouver dans une situation délicate.

Si des économies ont été réalisées sur l’organisation pure des Jeux, il n’est pas souhaitable

que des mesures de rigueur soient imposées au développement futur de cette « ville nouvelle ». Le

28 Août 2008, l’hebdomadaire « The Economist », traduit par « Courrier International » , soulignait

que « la majeure partie des travaux les plus importants se déroulera après la remise des dernières

médailles. Le budget prévoit 350 millions de livres [438 millions d’euros] pour l’adaptation du

parc olympique à un usage quotidien, et le maire a promis 10 millions de livres [12,5 millions

d’euros] par an pour son entretien. La question est de savoir si, une fois les projecteurs éteints, les

autorités resteront aussi généreuses qu’elles semblent l’être pour préparer l’événement ».

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Article publié le 03 Mai 2011

Le 27 Juillet 2012, plusieurs milliards de téléspectateurs et 80 000 personnes suivront la

Cérémonie d'Ouverture des XXXe Jeux Olympiques à Londres.

Afin d'être prête pour l'événement, la capitale britannique a engagé une transformation urbaine de

grande ampleur depuis sa désignation en 2005. L'été dernier, j'avais d'ailleurs consacré un premier

article aux travaux consistant à l'aménagement du Parc Olympique. Aujourd'hui, plusieurs bâtiments

sont achevés, notamment le Stade Olympique, pièce maitresse des Jeux.

Tous les quatre ans, l'organisation des Jeux Olympiques est aussi l'occasion pour la ville

hôte, de construire des structures atypiques afin de symboliser l'événement.

Londres a fait un choix audacieux en décidant la construction d'une tour d'acier de 115 mètres de

hauteur, la "Tour Orbit". Financer en grande partie par ArcelorMittal et conçue par Anish Kapoor,

cette tour, en cours de montage depuis le mois de Février, se situe entre le Stade Olympique et le

Centre Aquatique à l'intérieur même du Parc Olympique de Londres. Véritable "phare" des

prochains Jeux, la tour accueillera un restaurant panoramique à son sommet, offrant ainsi une vue

exceptionnelle sur l'ensemble de la capitale britannique. Les concepteurs prévoient d'ores et déjà

jusqu'à un million de visiteurs pour la première année d'exploitation.

Lorsque le projet de plus de 20 millions d'euros fut dévoilé à la presse et au public, de nombreuses

critiques avaient été entendues concernant ce "trombone tordu". Quelques mois plus tard, la

Commission pour l'Architecture et l'Environnement bâti (CABE) avait remis en cause l'ensemble du

projet soulignant qu'il n'était "toujours pas résolu de manière suffisamment détaillée pour être

approuvé de manière définitive" selon "The Independant". A l'époque, la commission d'experts avait

pointé du doigt le système d'évacuation des déchets, le pavillon d'accès à la tour, la plateforme

d'observation ainsi que les ascenseurs et les escaliers de l'ouvrage. Le report dans la mise en oeuvre

des travaux avait en outre été accentué par la critique quant à la hauteur de la tour qui, à terme,

pouvait venir concurrencer la structure de 150 mètres souhaitée par le Comité d'Organisation des

Jeux de Londres (LOCOG) pour l'emplacement de la vasque olympique.

En parallèle de cette construction, Londres prévoit l'aménagement d'un téléphérique sur la

Tamise afin de relier deux sites olympiques en cinq minutes.

Il y a quelques semaines, "Transport For London", organisme chargé des transports dans la capitale

britannique, a annoncé son souhait de bâtir dès cet été, un téléphérique entre la salle O2 Arena

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(gymnastique, trampoline, épreuves finales de basket-ball) et le Centre d'Exposition ExCel (tennis

de table, escrime, boxe, haltérophilie, lutte).

D'une longueur de 1 100 mètres et à 54 mètres au dessus du fleuve, le téléphérique londonien sera

composé d'une trentaine de cabines pouvant transporter jusqu'à 2 500 personnes par heure.

Le téléphérique sera construit par un consortium comprenant notamment "Mace", auteur de la

grande roue de Londres et actuellement en charge de la construction du gratte-ciel "The Shard" qui

deviendra à terme, le plus haut d'Europe.

L'aménagement de la structure initialement évalué à près de 30 millions d'euros, aura finalement un

coût d'au moins 57 millions. Afin de faire face à ce surcoût, "Transport For London" prévoit de

faire appel au sponsoring.

Ces deux aménagements constitueront un héritage majeur pour la ville de Londres et sa

périphérie. Les habitants de l'Est auront un nouveau moyen de transport grâce à la construction du

téléphérique de la Tamise tandis que les visiteurs se rendant à Londres auront la possibilité de

découvrir un monument hors-norme, décrié certes mais novateur dans l'univers de l'architecture,

avec la Tour Orbit.

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Conclusion

A six mois jour pour jour de l'ouverture des Jeux Olympiques de Londres 2012, force est de

constater que le Comité d'Organisation (LOCOG) a réussi à tenir ses promesses.

La majeure partie des infrastructures sont achevées depuis plusieurs mois maintenant, le Village

Olympique vient d'être livré et de premières épreuves tests se sont déroulés dans et autour de

certains sites olympiques.

Le 27 Juillet prochain, pas moins de quatre milliards de téléspectateurs, plusieurs millions

d'internautes et 80 000 « aficionados » présents dans le Stade Olympique, célèbreront l'ouverture

des XXXe Jeux Olympiques d'été.

Loin des prouesses architecturales – mais aussi des « éléphants blancs » des JO « Athènes 2004 »

ou « Pékin 2008 », Londres a souhaité mettre en avant son savoir faire et son souci de durabilité des

sites après l'événement olympique. De fait, une partie des infrastructures seront démontés

intégralement ou partiellement après les festivités. Ce sera notamment le cas du magnifique Centre

Aquatique, véritable oeuvre d'art contemporaine en plein coeur du Parc Olympique, un parc urbain

de grande envergure sur une ancienne friche industrielle.

L'avenir nous dira bien sûr si ce choix a été payant, après un investissement colossal engagé depuis

sept ans. En matière olympique, le bilan sera clair : soit il s'agira d'un succès et alors les Londoniens

profiteront des années durant des retombées économiques, financières et touristiques de ces

aménagements, à l'image de « Barcelone 1992 », soit il s'agira d'un échec et alors la facture sera

lourde, très lourde à régler pour la génération actuelle et peut être même pour la génération à venir,

à l'image de « Montréal 1976 » et plus récemment, « Athènes 2004 ».

Le défi désormais pour les Britanniques, est de créer l'enthousiasme autour de l'événement et

surtout, de rattraper ce qui n'a pu être accompli que de façon partielle durant les sept années de

travaux : faire participer les habitants de l'Est de Londres, ces habitants à qui on avait tant promis et

qui finalement n'ont pas été pleinement associé à l'aménagement de ce qui est dès aujourd'hui, leur

nouveau quartier.

Un véritable défi social après les défis urbanistiques, économiques, logistiques et sportifs.

A six mois des Jeux, que la fête commence!