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É D C A T O L U I N MAISO N D E Dossier pédagogique GOOD MORNING, MR GERSHWIN Dossier pédagogique Dossier Chorégraphie José Montalvo et Dominique Hervieu Costumes Dominique Hervieu assistée de Siegrid Petit-Imbert Musique George Gershwin Lumière Vincent Paoli Scénographie et conception vidéo José Montalvo

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Dossierpédagogique

GOOD MORNING, MR GERSHWIN

DossierpédagogiqueDossier

ChorégraphieJosé Montalvo et

Dominique Hervieu

CostumesDominique Hervieuassistée de Siegrid Petit-Imbert

MusiqueGeorge Gershwin

LumièreVincent Paoli

Scénographie et conception vidéoJosé Montalvo

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GOOD MORNING, MR GERSHWIN

Ce dossier pédagogique destiné aux professeurs a été réalisé parCaroline Jouffre,professeur de lettres relais de l’Inspection académique des Yvelines auprès de la Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines

Janvier 2010 2

I. Le projet

II. Gershwin

Biographie

Un spectacle musical

III. Quelques images des États-Unis

Broadway

La grande Dépression

IV. Dramaturgie

Scénographie

Les danseurs en jeu

V. Revue de presse

VI. Ressources

Discographie

Bibliographie

Textes de la revue de presse

Iconographie

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I. Le projetJosé Montalvo et Dominique Hervieu sortent d’un fructueux compagnonnage avec Jean-Philippe Rameau, commencé en 2004 avec l’opéra Les Paladins.

En 2008, ils ont décidé de se tourner vers George Gershwin, autre compositeur qui sut admirablement écrire pour la danse.

Ils lui ont consacré un diptyque composé de deux œuvres très contrastées :– une première partie, présentée en mai 2008 à l’Opéra national de Lyon avec Porgy and Bess, œuvre crépusculaire ;– une seconde partie, Good Morning, Mr. Gershwin, présentée en septembre 2008 pour l’ouverture de la Biennale de la danse de Lyon, avec une œuvre chorégraphique lumineuse par laquelle ils relèvent le défi de cette écriture musicale, nourrie de l’imagerie des comédies musicales de Broadway et du cinéma hollywoodien des années trente. Un monde rêvé, fait d’inventivité, d’exubérance, de décalages : autant d’éléments qui, au cœur de l’œuvre gershwinienne, résonnent joyeusement avec l’univers des deux chorégraphes.

II. GershwinBiographie

George Gershwin est né le 26 septembre 1898 à New York. Ses parents, originaires de Saint-Pétersbourg en Russie, émigrèrent aux États-Unis en 1891 et américanisèrent leur nom de Gershovizt en Gershwin. En 1910, sa mère acheta un piano pour le fils aîné mais c’est George qui apprit le plus rapidement car il était exceptionnellement doué. En 1912, il prend des cours auprès de Charles Hambitzer et songe à faire une carrière dans la musique parallèlement à des études de comptabilité. À l’âge de quinze ans, il entre au service d’un éditeur de chansons populaires. Il se familiarisera avec cette musique. Il y acquiert également une grande dextérité en accompagnant des

chanteurs amateurs au piano. En mars 1917, il quitte l’édition

pour tenter sa chance dans la comédie musicale à Broadway. Il accompagne des petits spectacles et acquiert une certaine notoriété. La maison d’édition Harms lui offre son premier contrat. Il compose sa première chanson The real american Folk song en 1918. Il lance ensuite sa première comédie musicale La Lucille qui ne fut pas très bien accueillie mais une de ses chansons Swanee aura beaucoup de succès. Al Jonson l’enregistra en 1920 et vendit plusieurs millions de disques. Après le succès de Swanee, il compose sa deuxième revue musicale George White’s Scandals. En 1923, il se rend en Angleterre pour y donner une autre de ses revues Rainbow. Ce n’est pas un triomphe mais Gershwin aimera beaucoup Londres.

En 1924, c’est le succès avec la Rhapsody in blue, œuvre concertante écrite dans le style jazz. Il s’attelle alors à la création de Lady be good avec Fred Astaire. Son frère Ira en a écrit les paroles. Le tandem des frères Gershwin fonctionnait à merveille. Dès lors, George vole de succès en succès avec entre autres Concerto en fa 1925, la revue Tip Toes 1925, Rosalie 1928. Il s’initie également à l’aquarelle et constitue une importante collection de peintures modernes. En 1928, il entreprend une tournée en Europe qui le conduira à Paris, Londres et même Vienne. Lors de ce voyage, il compose Un Américain à Paris, poème symphonique. La création aura lieu le 13 décembre 1928 au Carnegie Hall. En 1932, il présente sa Second Rhapsodie pour piano et orchestre. C’est un nouveau triomphe.

Puis vient une période d’échecs avec tout d’abord une revue musicale écrite avec son frère, Pardon my english puis il subit un nouveau revers avec Let’em Eat Cake. En 1934, il commence à composer son chef-d’œuvre : Porgy and Bess. Les frères Gershwin s’isolent sur une île et

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la première a lieu en janvier 1935. Cet opéra ne connaîtra le succès qu’en 1942 à Broadway. Devant ce troisième échec, il tente sa chance à Hollywood. Il y composera plusieurs musiques de film mais commence à souffrir d’étourdissements et de maux de tête. Comme il ne consulte pas de médecin, sa tumeur au cerveau ne sera pas décelée assez rapidement. Opéré le 9 juillet 1937, le musicien tombe dans le coma et meurt le 11 juillet. Deux cérémonies funèbres seront organisées à New York et Hollywood.

Éblouissant pianiste de jazz, Gershwin a composé de multiples œuvres dans les genres populaires et classiques. Il mettra ses dons de mélodiste au service de la comédie musicale.

Un spectacle musical

Le spectacle peut se lire comme une biographie dansée du compositeur américain. Comme le suggère Caroline Perrot dans un article sur l’AFP, paru le 7 septembre 2008, on peut distinguer trois parties dans le spectacle qui correspondent à trois étapes clés dans la création de Gershwin.

Dans un premier temps, c’est Broadway et ses comédies musicales qui sont évoqués. On reconnaîtra Swanee, Lady be good, The man I love ou encore I got rhythm. Ces mélodies s’accompagnent de claquettes et de Charleston dans une ambiance de cabaret comme on peut le voir ci-dessous. On reconnaît les grandes enseignes lumineuses qui bordent Broadway et signalent les lieux de spectacle.

Dans la seconde partie, on écoutera les Études et les Trois préludes, courtes pièces pour piano, composées en 1926, qui sont assez caractéristiques de la musique classique américaine du début du vingtième siècle influencée par le jazz.

Les deux premières parties sont distinctement séparées de la troisième par un texte encadré qui est projeté sur l’écran du fond, à la manière des paroles des personnages retranscrites dans les anciens films muets. On peut lire alors : « L’insouciant, le léger Gershwin ne reste pas les yeux fermés sur le monde qui l’entoure. Sa musique change parce que le monde change. Porgy and Bess est en train de naître. Les nouveaux héros de Gershwin ne portent ni strass, ni paillettes. Ce sont les noirs de Charleston, premières victimes de la Grande Dépression. »

Lorsque l’écran projette un nouveau fond, c’est un bord de mer auprès duquel le spectateur peut lire deux pancartes, deux directions opposées : à gauche, Broadway et à droite, Catfish Row, cadre de Porgy and Bess.

La dernière partie du spectacle se place, comme il a été annoncé, sous le signe de Porgy and Bess, opéra en trois actes représenté en 1935. On proposera ci-dessous le synopsis de l’opéra dont on relèvera de nombreux échos durant le spectacle.

Acte I

Scène 1 – Catfish Row, un soir d’étéL’opéra commence par une petite introduction très vive Allegro con brio. Le rideau s’ouvre sur un soir d’été à Catfish Row. Jabso Brown joue du piano et Clara chante une berceuse pour son enfant Summertime pendant que les hommes se préparent à jouer au craps. Le mari de Clara, Jake, tente lui aussi de chanter une berceuse A woman is a sometime thing, qui n’apaise guère le bébé. Porgy, un mendiant estropié, arrive pour organiser

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le jeu. Crown, un voyou et sa femme Bess entrent, et le jeu commence. Sportin’ Life, fournisseur de cocaïne et d’alcool de contrebande, prend lui aussi part au jeu. Petit à petit, les joueurs quittent le jeu, et il ne reste plus que Robbins et Crown. Lorsque Robbins gagne, Crown, qui est maintenant complètement ivre, commence à se battre et finit par tuer Robbins. Crown s’enfuit, demandant à Bess de se débrouiller toute seule. Tout le monde l’abandonne, sauf Porgy, qui la protège.Scène 2 – Chambre de Serena, la nuit suivanteLa famille et les amis de Robbins chantent un spiritual Where is brudder Robbins ?. Une soucoupe est posée sur sa poitrine pour récolter de l’argent pour son enterrement. Un détective blanc entre et dit à Serena, la femme de Robbins, qu’elle doit enterrer son mari rapidement, si elle veut éviter que le corps soit donné à des étudiants de médecine. Il arrête Peter, un badaud, qu’il oblige à témoigner contre Crown. Serena pleure la perte de son mari My man’s gone now. L’ordonnateur des pompes funèbres entre et accepte d’enterrer Robbins si Serena promet de le payer plus tard. Bess et le chœur terminent l’acte avec Leavin’ for the Promise’ Land.

Acte II

Scène 1 – Catfish Row, un mois plus tard, le matinJake et les autres pêcheurs s’apprêtent à travailler It take a long pull to get there. Clara demande à Jake de ne pas y aller et de venir plutôt à un pique-nique. Mais Jake lui répond qu’ils ont terriblement besoin de cet argent. Cela pousse Porgy à chanter son point de vue sur la vie depuis sa fenêtre I got plenty o’ nuttin. Sportin’ Life traîne dans le coin, à vendre de la cocaïne, mais rapidement, la colère de Maria se déchaîne I hates yo’ struttin’ style. Un avocat véreux, Frazier, arrive et prononce le divorce de Bess et de Crown. Archdale, un

policier blanc, entre et informe Porgy que Peter va bientôt être relâché. Un faucon de mauvais augure traverse Catfish Row et Porgy chante Buzzard keep on flyin’ over. Alors que les autres habitants de Catfish Row se préparent pour le pique-nique, Sportin’ Life demande à Bess de partir avec lui pour New York, pour y entamer une nouvelle vie ; elle refuse. Bess et Porgy sont maintenant seuls, et s’avouent leur amour Bess, you are my woman now. Le chœur entre de nouveau, avec entrain car ils s’apprêtent à partir pique-niquer Oh, I can’t sit down. Porgy reste à la traîne alors que tous partent au pique-nique. Porgy chante de nouveau I got plenty o’ nuttin.Scène 2 – Kittiwah Island, l’après-midiLe chug s’amuse au pique-nique I ain’t got no shame doin’ what I like to do !. Sportin’ Life explique aux participants sa conception cynique de la Bible It ain’t necessarily so, ce qui amène Serena à le réprimander Shame on all you sinners !. Crown arrive pour parler à Bess et lui rappelle que Porgy est « temporaire ». Bess veut définitivement quitter Crown Oh, what you want wid Bess ? mais Crown s’arrange pour qu’elle le suive en se cachant dans les bois.Scène 3 – Catfish Row, une semaine plus tard, à la tombée de la nuitJake part pêcher. Peter est sorti de prison. Bess est couchée dans la chambre de Porgy, où elle délire. Serena prie pour guérir Bess Oh, Doctor Jesus. La marchande de fraises et le vendeur de crabes appellent les gens dans la rue, et Bess guérit rapidement de sa fièvre. Bess parle de ses péchés à Porgy I want to stay here avant de crier à Porgy son amour I love you, Porgy. Porgy promet de la protéger de Crown. La scène se termine avec le son d’une cloche signalant l’arrivée d’une tempête.Scène 4 – Chambre de Serena, fin de la journée suivante.Les habitants de Catfish Row prolongent le son de la tempête par leurs prières. Un

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coup est frappé à la porte et le chœur pense que c’est la Mort qui arrive Oh there’s somebody knocking at the door. Crown entre à la recherche de Bess. Le chœur essaye de prier pour faire partir Crown, ce qui lui fait chanter A red-headed woman make a choo-choo jump its track. Clara voit le bateau de Jake chavirer et elle court à sa rescousse. Crown affirme que Porgy n’est pas vraiment un homme puisqu’il ne peut pas sortir pour la secourir. Crown part et le chœur finit sa prière.

Acte III

Scène 1 – Catfish Row, la nuit suivanteLe chœur console Clara Clara, don’t you be downhearted. Crown arrive et réclame Bess. La bagarre qui s’ensuit se termine par la victoire de Porgy, qui s’exclame alors You’ve got a man now. You’ve got Porgy ! Tu as un homme maintenant. Tu as Porgy !Scène 2 – Catfish Row, l’après-midi suivantUn détective entre et s’entretient avec Serena et Maria des meurtres de Crown et de Robbins. Elle affirme ne rien savoir et le détective se rend compte qu’il n’arrivera pas à la faire parler. Il demande à Porgy de venir identifier le corps de Crown, mais Porgy est inquiet. Sportin’ Life lui raconte que les corps se mettent à saigner en présence de leur meurtrier, ce qui permettra au détective de mettre Porgy en prison. Porgy refuse d’aller reconnaître le corps et est arrêté pour entrave à la justice. Sportin’ Life oblige Bess à prendre de la cocaïne et lui raconte que Porgy va rester en prison pour très longtemps. Il lui dit qu’elle devrait commencer une nouvelle vie avec lui à New York There’s a boat dat’s leavin’ soon for New York. Elle s’en va, mais il sait qu’elle va le suivre, puisqu’elle ne sait pas quand Porgy va revenir.Scène 3 – Catfish Row, une semaine plus tardPorgy revient à Catfish Row avec beaucoup d’argent, après avoir joué au craps dans

la rue avec ses dés pipés. Il offre des cadeaux aux habitants et ne comprend pas pourquoi tous ont l’air si abattus. Il voit Serena avec le bébé de Bess et lui demande où elle est. Maria et Serena lui racontent qu’elle est partie à New York avec Sportin’ Life Bess is gone. Porgy jette ses béquilles et part à sa recherche I’m on my way.

Pistes de travail Saisir la construction du spectacle. On fera lire après le spectacle la biographie de Gershwin aux élèves et on leur demandera ce qui y fait écho dans le spectacle. Les élèves pourront rédiger leur travail en un para-graphe qui pourrait répondre à la question : Dans quelle mesure, le spectacle peut-il être compris comme une biographie dansée ? Comprendre l’interaction entre l’opéra et la danse. En s’aidant du synopsis de l’opéra Por-gy and Bess, les élèves pourront relever tous les indices qui y renvoient dans la dernière partie du spectacle. Il s’agira pour eux de comprendre comment une œuvre lyrique peut être partiellement reprise par la danse, le choix des danseurs et la scénographie.

III. Quelques images des États-UnisBroadway

Broadway, c’est d’abord un quartier périphérique de New York où se développe entre 1905 et 1930 une multitude de cabarets, théâtres et music-halls. Vont fleurir des spectacles de divertissements alliant la chanson, la danse et les claquettes.Clémence Hérout dans un dossier que vous pouvez consulter1 rappelle que « Broadway, c’est plus exactement le nom de ce quartier de New York situé entre la 41e et la 54e rue, sur l’axe traversant l’île de Manhattan du nord au sud : doté d’une quarantaine de théâtres, trois cents si l’on compte

1. http://www.auditorium-dijon.com/images/spect_512_programme.pdf

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le Off-Broadway et le Off-off-Broadway, les théâtres plus petits disséminés dans New York, Broadway personnalise le genre de la comédie musicale et constitue encore aujourd’hui une manne financière qui contribue à entretenir le mythe : 941 millions de dollars de ventes de billets pour l’année 2008, d’après un article de Renaud Machart paru dans Le Monde du 21 août 2008.

Rassemblant l’opérette, le music-hall, la chanson et la danse, la comédie musicale est un genre disparate dont les prémices sont visibles dès L’Opéra des gueux de John Gay et Johann Christopher Pepusch donné à Londres en 1728. La première comédie musicale de Broadway est considérée comme étant The Black Crook, inspiré du Faust de Goethe, avec des paroles de T. Kennick et la musique de T. Baker, G. Bickwell et G. Operti. Théâtre de la séduction immédiate et des effets spectaculaires, la comédie musicale est un véritable business qui prend toute son ampleur au début du XXe siècle à Broadway (…)

Autour de George et Ira Gershwin et dans le Broadway des années 1930, il faut également citer Cole Porter, Rudolf Friml, Irving Berlin, Sigmund Romberg et Kurt Weill émigré aux États-Unis après l’avènement du nazisme. Preuve du peu de considération apportée à la comédie musicale, les œuvres du genre sont souvent sauvagement remaniées lors de leurs reprises ou adaptations pour le cinéma, les partitions régulièrement perdues ou endommagées, et les sources franchement lacunaires. Souvent écrite et composée dans l’urgence pour s’ajuster aux lois du commerce, la comédie musicale de Broadway inscrit souvent son intrigue à l’époque de la représentation pour aborder la société américaine sous une apparente légèreté.

Le Tip-Toes créé en 1925 par les frères Gershwin illustre la folie spéculative de la

Floride qui, avant les ouragans, l’embargo et la crise économique, construit des maisons clinquantes sur des marais insalubres, tandis que le Girl Crazy écrit par les mêmes Gershwin cinq ans plus tard se déroule dans une maison de jeux d’une petite ville de l’Arizona où les rivalités amoureuses se règlent sur fond d’élection au poste de sheriff.

Avec Anything goes, dont l’intrigue a lieu sur un bateau faisant la liaison entre Londres et New York, le compositeur et parolier Cole Porter se faisait même rattraper par la réalité : quelques semaines avant la première en 1934, un incendie se déclare sur un bateau au large du New Jersey, faisant cent trente-sept morts ; le livret est ainsi retravaillé à toute vitesse pour éviter le heurt entre un fait divers terrible et une farce qui s’assumait comme telle.

Dans les années 1940, Kurt Weill donnait une autre impulsion à la comédie musicale : en 1941, sa Lady in the dark traitait des difficultés d’une femme pour aborder le monde du travail, et comme le film Citizen Kane d’Orson Welles sorti la même année, s’inspirait de la psychanalyse. Six ans plus tard, son Street Scene connaissait le même genre de controverse que le Porgy and Bess de Gershwin : Weill lui-même ne sait pas s’il doit qualifier l’œuvre de « American opera », « Broadway opera » ou « dramatic musical » et opère la fusion entre musique et drame en fondant diverses influences sans pour autant créer une œuvre en forme de patchwork. Mais cette fois, le dénouement de l’intrigue n’est pas heureux. Les frontières de la comédie musicale sont en effet bien poreuses et le genre difficile à enfermer dans une définition : avec le succès de West Side Story de Leonard Bernstein en 1961 puis du film Cabaret de Bob Fosse en 1972 où l’on ne rit plus guère, on abandonnera même le qualificatif de comédie pour ne plus parler que, avec l’accent anglais of course, de musical. »

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Si l’on veut comprendre l’univers de Broadway, il faudrait ensuite nommer Fred Astaire, danseur et chorégraphe, qui fait la rencontre des frères Gershwin en 1922. Les Gershwin lui écriront plusieurs mélodies et chansons. Il est irrémédiablement associé à la danse, au chant et aux claquettes et représente ainsi l’artiste complet et la comédie musicale.

Jérôme Charyn interrogé dans le Télérama n° 3125 sur la brièveté de cet âge d’or de la comédie musicale explique : « Parce que, avant, le théâtre joué était encore un peu sage, classique, bridé. Et parce que la crise de 1929 a eu raison de toute cette joie. La prohibition avait déjà fait retomber la fièvre à partir de 1919. On s’amusait toujours, mais en se cachant… Après 1929, New York ruiné, plus de la moitié des théâtres ont fait faillite en deux ans. Et quand le pays est sorti de la crise, le cinéma, nouvellement parlant, était devenu la nouvelle attraction. » En quelques années, les principaux temples du music-hall étaient à terre : le Broadway, détruit fin 1929 ; l’American et le New Theatre, en 1930 ; le Harrigan, en 1932 ; l’Olympia même lui !, en 1935, juste avant l’Hippodrome. Le roi dollar est un bulldozer et l’Amérique détruit aussi vite qu’elle construit. À la place ont surgi d’immenses hôtels, des immeubles, des garages.

La grande Dépression

La crise de 1929 ou la Grande dépression est la période de l’histoire américaine qui suivit le jeudi noir du 24 octobre 1929, jour où les marchés boursiers new-yorkais s’effondrèrent. Les événements de cette journée déclenchèrent une crise économique mondiale qui mena à la déflation et à un accroissement significatif du chômage.

Dans Alternatives Économiques – n° 174 – octobre 1999 – Pierre Sicsic précise :

« La dépression des années trente est le seul exemple, au cours des deux derniers

siècles et en période de paix, de réduction du niveau de vie d’une grande partie de la population mondiale. La crainte qu’inspire aujourd’hui la déflation, c’est-à-dire une baisse généralisée des prix et de l’activité, se nourrit de ce souvenir. Cette catastrophe, née aux États-Unis, s’est transmise en Europe à travers ses répercussions sur les politiques monétaires. En effet, suite à la Première Guerre mondiale, les pays européens avaient mis en œuvre dans les années vingt des politiques de stabilisation monétaire. Ils avaient refusé d’adopter des politiques monétaires expansives - des baisses des taux d’intérêt pour soutenir l’activité - afin d’éviter de remettre en cause la stabilité du taux de change. La crise s’est donc propagée par le biais de l’adoption de politiques monétaires restrictives par tous les pays… »

Comme le rappelle Gershwin dans Porgy and Bess, les Noirs ont été touchés de plein fouet par la crise de 1929. La ségrégation raciale bat toujours son plein et le Ku Klux Klan retrouve de la vigueur en 1915 : ségrégation scolaire, ségrégation dans les transports, ségrégation professionnelle ou judiciaire, lynchages spontanés… La crise accentue les violences et le racisme.

Pistes de travail Comprendre un contexte historique. En relation avec le professeur d’histoire, les élèves effectueront des recherches sur l’Amérique avant et après 1929. Ils pourront ensuite expliquer à l’écrit les liens entre le contexte historique et l’œuvre de Gershwin Porgy and Bess. Concevoir un corpus. On peut, à la suite du spectacle, chercher avec les élèves les films ou textes qui renvoient à l’Amérique autour de la crise de 1929. On peut penser aux Temps modernes de Charlie Chaplin, aux romans de Steinbeck, Dos Passos ou Faulkner. Les élèves pourront réfléchir sur les points communs des textes du corpus.

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C’est une façon de réfléchir sur ce qui constitue un mouvement littéraire. Le même travail pourrait s’effectuer autour du thème de la ségrégation des noirs.

IV. DramaturgieScénographie

La vision unitaire traditionnelle éclate à cause de l’utilisation de tous les niveaux scéniques : avant-scène, toit de la cabane comme ligne de crête et l’écran en toile de fond surélevé.

Les danseurs évoluent principalement sur cette avant-scène. À son extrémité se dresse un mur recouvert de tags. Sur la partie droite, on peut lire les mots « working » et « Porgy ». Au centre de ce mur se trouve la cabane au toit en tôle et aux volets abîmés. C’est un espace ouvert au fond duquel on distingue un escalier qui permet l’accès au premier étage auquel on accède par une trappe, comme on peut le voir sur la photographie ci-dessous.

L’écran surélevé présente plusieurs décors qui alternent : un château de sable tantôt à taille humaine, tantôt géant comme on a pu le voir plus haut ; un bord de mer avec un ciel nuageux ou éclairé par une lune géante que l’on observe sur la photo de droite ; ou encore une cour cernée d’immeubles.

L’écran qui présente la cour et les immeubles se replie progressivement et laisse apparaître sur fond blanc d’abord « by order » puis « For white only ». Sur la photo 8, les danseurs tiennent l’écran replié tandis que des images de violence et de souffrance défilent en noir et blanc. Ces images renvoient à la grande récession des années trente, aux queues de chômage et à la ségrégation. L’écran est presque toujours subdivisé par la suite en trois parties verticales où défilent des vagues déchaînées qui semblent engloutir la cabane de bois et de tôle, seule désormais à paraître sur le fond de la scène, des images d’archives de manifestations ou de violences. Des femmes sont lynchées, une enfant noire pleure (photo 6), insensible au « Little baby don’t you cry » de la chanson. Des cargos métalliques qui font penser à des boat people par leur vétusté traversent l’écran (photo 4).

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Tout l’espace est pratiquement toujours occupé par des actions diverses des quatorze danseurs étagés du haut au bas de la scène élargie, doublés par leur image. Ces inventives incrustations vidéo nous renvoient à nos rêves et à notre inconscient : des corps nus ou des corps habillés qui plongent et qui nagent ; des groupes de nus juchés sur les tours du château de sable comme une vision d’un paradis perdu ; des jambes perchées sur des talons qui surgissent telles des fleurs ; des poissons figés en plein vol. Ces images évoquent

un « désir de vol, d’envol, d’apesanteur, de corps innocents, de nudité, ondulant et ondoyant dans l’onde d’une nage bienheureuse dans l’amniotique bonheur enfantin d’un aquarium ou d’une piscine des films d’Esther Williams des comédies musicales et nautiques. Cependant, un immense château de sable, ludique symbole de plaisir enfantin, qui s’éboule à la fin, deviendra bien un autre signe baroque de la fugacité, de l’arrogance de cette fragile tour de Babel(le) humaine » expliquera Benito Pelegrín2.

Pistes de travail Analyser la scénographie. Les élèves ré-fléchiront d’abord sur le décor fixe proposé et sa symbolique : les tags et la cabane en tôle. Puis on les invitera à considérer l’utilisation de la vidéo qui crée des décors

changeants. On demandera aux élèves de répertorier ses décors changeants et de voir les atmosphères qu’ils concourent à mettre en place. Le but est de faire saisir aux élèves ce qui constitue une scénographie. Analyser l’utilisation de la vidéo. Les élèves s’interrogeront sur l’intérêt de la vi-déo dans le spectacle : apport de couleurs, recherche d’effets de symétrie, recherche d’effets de rupture de rythme, grossisse-ments, images incongrues. Le but étant de prendre conscience de la nécessité de la vidéo dans l’ensemble du spectacle.

Les danseurs en jeu

Les danseurs portent des costumes aux couleurs vives : des robes et des chemises rouges, des bleues, des vertes… Les costumes évoluent au fil du spectacle et du temps. Les bérets et pantalons un peu bouffants, les robes à paillettes laissent place aux jeans et aux chemises à carreaux.

L’humeur farces et attrapes jalonne les séquences : une beauté blonde se livre à d’incroyables gargarismes musicaux tandis que des danseurs nus apparaissent dans un aquarium géant. Une brune aux contours généreux tourne ses rondeurs en gags hilarants : elle apparaît en ombre chinoise et sculpte son corps en scotchant sa taille. On la voit ci-dessous démultipliée, posant de façon langoureuse.

2.http://www.blogger.com/email-post.g?blogID=1148475733910236825&postID=1657906292154139080

Photo 8 Photo 4

Photo 6

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On verra la même brune en gros plan sur l’écran géant regardant avec volupté un éclair au chocolat. Le jeu avec l’éclair ne manque pas d’humour : l’éclair est humé, caressé et enfin goûté. La même brune revient en maillot de bain rétro et joue sur une énorme balle rose un peu molle.

On peut encore évoquer des bancs de poissons sauteurs qui illustrent plaisamment la fameuse phrase, « fishes are jumpin’ », de Summertime ou encore tous les moments où les nageurs nus prennent des poses un peu grotesques d’Adam et Ève. L’apparition incongrue d’animaux en format géant – une vache ou une chèvre – participe à cette ambiance débridée.

À côté de ces fantaisies visuelles ou auditives, on remarquera le mélange des styles de danse. La danse classique est très présente avec des pointes, des pas de deux, des arabesques, des sauts, quelques portés. Avec de la danse contemporaine, africaine, du Hi-hop, de la break dance, des claquettes… Ces pas et mouvements trouvent des échos ou des contrepoints dans les images qui défilent sur l’écran. Les danseurs sont parfois doublés par des images troublantes : sont-ce les mêmes ? Sont-ils autres ? Les chorégraphes jouent aussi sur les opposés : statisme des danseurs sur l’avant-scène, mouvements sur l’écran ou l’inverse… Cela crée une sorte de tourbillon permanent.

Pistes de travail Analyser des éléments humoristiques. On invitera les élèves à relever les élé-ments humoristiques du spectacle puis à les analyser. On pourra réfléchir sur la per-tinence de ces passages dans le spectacle.

V. Revue de presseArticle dans Evene par Mathieu Laviolette-Slanka

Explosion de rythmes et de couleurs, le spectacle « Good Morning Mr. Gershwin » possède cette insouciance de façade, cette légèreté qui n’est pas sans rappeler les sons endiablés des premières compositions de Gershwin. Ce n’est plus vraiment de la danse, c’est un peu plus que ça. Conciliant sur scène la magie d’une vidéo aquatique où les danseurs évoluent nus comme des enfants, et les passages en solo, à deux, trois, quatre ou quinze danseurs, « Good Morning Mr. Gershwin » assume son rôle d’hommage pétillant et multigenre au célèbre compositeur américain. Par une danse aux prises avec notre XXIe siècle, le spectacle retrace l’évolution de son style, des musiques de Broadway à des compositions jugées plus « sérieuses » comme des extraits de Porgy and Bess, opéra politique sur l’Amérique ségrégationniste des années 1930. Mêlant avec une maîtrise qui laisse rêveur les démonstrations de claquettes, de break dance, de smurf et des exemples plus habituels de danse contemporaine, chaque tableau est aussi bien une prouesse technique qu’un moment souvent drôle – ils s’amusent sur scène et nous avec. Brisant l’anonymat de l’ensemble, chaque danseur rivalise de personnalité, apportant son style particulier à ce grand écart entre académisme et modernité. Sabine Novel restera dans les mémoires, complétant son habileté gestuelle par un tour de « chant glouglouté » surprenant. Une telle énergie et une telle complémentarité des rôles auraient pu aboutir à un spectacle parfait. Pourtant, l’impression persistante d’assister à une démonstration physique plutôt qu’à un tout organisé rend peu à peu le défilement des scènes monotone même dans leurs

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différences. Le système des collages où les séquences se juxtaposent – signe typique des chorégraphes Montalvo-Hervieu – leur joue ici un tour nuisible. Mais c’est un détail, une légère fausse note dans une partition si riche qu’on finira bien par l’oublier pour se consacrer au plaisir de la virtuosité.

Libération du 12 septembre 2008 par Blandine Dauvilaire

Coup de mou. On s’attendait à un pétillant Good Morning, Mr. Gershwin, mais on a un peu bâillé pendant ce spectacle trop dilué. Si les collages vidéo de Montalvo-Hervieu sont devenus leur marque de fabrique, les deux chorégraphes pèchent cette fois par excès d’images et facilité. À trop vouloir mélanger les genres comédiens, mimes, danseurs, chanteurs…, le spectacle s’essouffle et nous avec. C’est dommage.

Le Figaro du 10 septembre 2008 par Ariane Bavelier

Les Montalvo-Hervieu dans les pas de Gershwin

Avec Good Morning, Mr Gershwin, les chorégraphes rendent un éblouissant hommage au compositeur américain.

José Montalvo et Dominique Hervieu auraient-ils atteint l’âge de raison ? Avec Good Morning, Mr Gershwin, créé en ouverture de la Biennale de Lyon, les voilà qui abandonnent leurs fêtes débridées, de Paradis à On Danfe, pour rendre hommage au compositeur américain. Attachés à ses basques, ils le suivent de Broadway aux Préludes puis à Porgy and Bess, écrit en 1930 pour dénoncer la ségrégation raciale.

Et là, les Montalvo-Hervieu se confrontent pour la première fois à la souffrance du monde. Au début, on ne se doute de rien. Pour délirer, le Broadway des années 1920 vaut bien le Versailles de Rameau. En images vidéo et en danses de toutes sortes, dans ce style qui leur a

valu de ravir les spectateurs de toute la planète, ils orchestrent une extraordinaire fête sous-marine. Au son du saxophone et des tubes des comédies musicales de Gershwin, les danseurs sur grand écran glissent et font des bulles.

Drôlerie, plaisir et virtuositéNus ou en robes et talons aiguilles,

ils nagent sous l’eau et dans la nuit de Broadway comme ils nageraient dans du champagne, sirènes voluptueuses et ravies, autour d’un château de sable doré, magnifique symbole du plaisir et de la fragilité des paradis terrestres. Sur scène, la troupe éblouit : drôlerie, plaisir, virtuosité dans cette première partie inspirée d’Esther Williams et de Busby Berkeley.

Puis la mélancolie s’introduit sur les premières notes de The man I love et la pluie se met à tomber, qui ravage le château de sable. Sur Summertime, joué au piano, les Montalvo-Hervieu chorégraphient ce qui est sans doute le moment le plus novateur et le plus émouvant de cette création. Avec des scènes de groupe et duos de garçons, ils écrivent des pages de danse extraordinairement belles et graves. On entre dans Porgy pour découvrir l’enfer. C’est l’horreur de la ségrégation que les Montalvo-Hervieu martèlent ad nauseam, l’enchaînant au destin actuel des boat people dans une fresque si didactique qu’elle agace au lieu d’émouvoir. Gageons qu’ils sauront introduire des nuances. Ils ont le temps : rien que pour 2009, la pièce est déjà programmée 130 fois.

Le Monde du 11 septembre 2008 par Rosita Boisseau

GershwinMontalvo-Hervieu tirent un portrait chorégraphique du compositeur Gershwin Gershwin, évidemment ! Il fallait bien que le compositeur américain 1898-1937 croise la route des chorégraphes José Montalvo et Dominique Hervieu. Parmi les points communs : partir des mélodies et

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des danses populaires folklore juif et jazz par exemple pour le premier ; danse hip-hop ou africaine du côté des seconds pour les tramer de façon savante. Tout George Gershwin, comme Montalvo-Hervieu, réside dans l’écriture, la syntaxe et le rythme qui croisent les thèmes.À la Maison de la danse, samedi 6 septembre, Good Morning, Mr. Gershwin ouvrait en fanfare la Biennale de la danse. Portrait chorégraphique du compositeur, ce spectacle pour quatorze interprètes présente deux visages de Gershwin : Broadway, à droite, avec ses girls aux jambes jusqu’au menton ; bidonvilles, à gauche, avec la misère des Noirs dans les années 1930. Entre swing et blues, les Préludes pour piano cousent de mélancolie les pas de deux à claquettes.

Good Morning, Mr. Gershwin puise aussi au registre esthétique multiculturel des chorégraphes. Le premier volet, « Broadway », active la pompe du plaisir en lançant les danseurs comme des bombes. Sur des airs des comédies musicales de Gershwin comme Embraceable you, les interprètes, en pointes, baskets ou claquettes, cognent les styles dans la ligne haute définition Montalvo-Hervieu.

Le « plus » qui excite : l’apparition, grâce à des hip-hoppeurs bluffants Priska et P. Lock, de pas de deux entre comédie musicale à la Fred Astaire et acrobaties jamais vues. Glissants, nerveux, d’une grande amplitude spatiale, ces duos virevoltent jusqu’à faire passer la virtuosité pour une évidence.

Pièce-virage, Good Morning, Mr. Gershwin ressemble à une mise au point. La narration de l’histoire de Porgy a obligé les chorégraphes à repenser leurs acquis au diapason du sens. Demeure un instinct de jouissance qui met à flot le public. Sans oublier cette note militante, chère à Gershwin, qui veut penser le monde, aussi sombre soit-il, réversible.

Pistes de travail Comparer des articles de presse. On donnera à lire les articles ci-dessus et on proposera aux élèves de relever les différents modalisa-teurs qui traduisent le parti pris de l’article. Écrire un article de presse. Après avoir analy-sé la composition d’un des articles ci-dessus, on demandera aux élèves de rédiger leur pro-pre critique en une quinzaine de lignes. Ils devront se montrer le plus objectif possible.

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• Porgy and Bess. Version originale de la production de 1935. Avec Alvy Powell, Marquita Lister, Lester Lynch, Monique McDonald, Nicole Cabell, Linda Thompson Williams, Leonard Rowe, Robert Mack, Barron Coleman, Calvin Lee. Nashville Symphony Chorus, Blair Children’s Chorus, Tennessee State University Band, Nashville Symphony Orchestra, direction John Mauceri. 2 CD Decca 475 7877.– Version de Simon Rattle (EMI) capté en marge d’un spectacle du festival de Glyndebourne et les sessions définitives de John Mauceri (Decca) qui restaura la version originale de la partition.– Version avec le musicien Miles Davis et l’arrangeur Gil Evans (Sony-1958).– 1959 Louis Armstrong et Ella Fitzgerald livraient pour Verve, une autre galette mythique. L’attirance pour la partition continua avec les tentatives du Modern Jazz Quartet (Rhino Records-1964) ou d’Oscar Peterson et Jœ Pass (Ojc-1974).

• Rhapsody in blue, An American in Paris, Porgy and Bess (suite symphonique de Catfish Row), Ouverture cubaine, Chicago Symphony Orchestra, direction et piano James Levine. 1 CD DGG. Référence : 431 6252

• Songbook, André Prévin piano et David Finck contrebasse. 1CD DGG. Référence : 453 4932

• Rhapsody in Blue, Un Américain à Paris (transcriptions pour piano seul), 18 pièces du Song Book ; Préludes, Valses, Ragtimes, Impromptus, Promenade. Frank Braley piano. 1 CD Harmonia Mundi. Référence : HMC901883

V. Ressources

Discographie

• C’était Broadway, Jérôme Charyn, Édition Folio, 364 p., 7,70 euros.

• The Devil’s Playground. A century of pleasure and profit in Times Square, de James Traub (non traduit), Édition Random House.

• Guide raisonné et déraisonnable de l’opérette et de la comédie musicale, Louis Oster et Jean Vermeil, Édition Fayard.

Bibliographie

• Base de données des spectacles créés à Broadway– http://ibdb.com

• Sur la grande dépression

– http://www.geoscopies.net/geoscopie/chroniques/c125ecodepression.php– http://www.courrierinternational.com/article/2009/09/24/les-noirs-premieres-victimes-de-la-recession

• Le site officiel de George et Ira Gershwin– www.gershwin.com

Sitographie

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Article dans Evene par Mathieu Laviolette-Slanka

Explosion de rythmes et de couleurs, le spectacle « Good Morning Mr. Gershwin » possède cette insouciance de façade, cette légèreté qui n’est pas sans rappeler les sons endiablés des premières compositions de Gershwin. Ce n’est plus vraiment de la danse, c’est un peu plus que ça. Conciliant sur scène la magie d’une vidéo aquatique où les danseurs évoluent nus comme des enfants, et les passages en solo, à deux, trois, quatre ou quinze danseurs, « Good Morning Mr. Gershwin » assume son rôle d’hommage pétillant et multigenre au célèbre compositeur américain. Par une danse aux prises avec notre XXIe siècle, le spectacle retrace l’évolution de son style, des musiques de Broadway à des compositions jugées plus « sérieuses » comme des extraits de Porgy and Bess, opéra politique sur l’Amérique ségrégationniste des années 1930. Mêlant avec une maîtrise qui laisse rêveur les démonstrations de claquettes, de break dance, de smurf et des exemples plus habituels de danse contemporaine, chaque tableau est aussi bien une prouesse technique qu’un moment souvent drôle – ils s’amusent sur scène et nous avec. Brisant l’anonymat de l’ensemble, chaque danseur rivalise de personnalité, apportant son style particulier à ce grand écart entre académisme et modernité. Sabine Novel restera dans les mémoires, complétant son habileté gestuelle par un tour de « chant glouglouté » surprenant. Une telle énergie et une telle complémentarité des rôles auraient pu aboutir à un spectacle parfait. Pourtant, l’impression persistante d’assister à une démonstration physique plutôt qu’à un tout organisé rend peu à peu le défilement des scènes monotone même dans leurs différences. Le système des collages où les séquences se juxtaposent – signe typique des chorégraphes Montalvo-Hervieu – leur joue ici un tour nuisible. Mais c’est un détail, une légère fausse note dans une partition si riche qu’on finira bien par l’oublier pour se consacrer au plaisir de la virtuosité.

Textes choisis

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Libération du 12 septembre 2008 par Blandine Dauvilaire

Coup de mou. On s’attendait à un pétillant Good Morning, Mr. Gershwin, mais on a un peu bâillé pendant ce spectacle trop dilué. Si les collages vidéo de Montalvo-Hervieu sont devenus leur marque de fabrique, les deux chorégraphes pèchent cette fois par excès d’images et facilité. À trop vouloir mélanger les genres comédiens, mimes, danseurs, chanteurs…, le spectacle s’essouffle et nous avec. C’est dommage.

Textes choisis

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Le Figaro du 10 septembre 2008 par Ariane Bavelier

Les Montalvo-Hervieu dans les pas de GershwinAvec Good Morning, Mr Gershwin, les chorégraphes rendent un éblouissant hommage au compositeur américain.José Montalvo et Dominique Hervieu auraient-ils atteint l’âge de raison ? Avec Good Morning, Mr Gershwin, créé en ouverture de la Biennale de Lyon, les voilà qui abandonnent leurs fêtes débridées, de Paradis à On Danfe, pour rendre hommage au compositeur américain. Attachés à ses basques, ils le suivent de Broadway aux Préludes puis à Porgy and Bess, écrit en 1930 pour dénoncer la ségrégation raciale.Et là, les Montalvo-Hervieu se confrontent pour la première fois à la souffrance du monde. Au début, on ne se doute de rien. Pour délirer, le Broadway des années 1920 vaut bien le Versailles de Rameau. En images vidéo et en danses de toutes sortes, dans ce style qui leur a valu de ravir les spectateurs de toute la planète, ils orchestrent une extraordinaire fête sous-marine. Au son du saxophone et des tubes des comédies musicales de Gershwin, les danseurs sur grand écran glissent et font des bulles.Drôlerie, plaisir et virtuositéNus ou en robes et talons aiguilles, ils nagent sous l’eau et dans la nuit de Broadway comme ils nageraient dans du champagne, sirènes voluptueuses et ravies, autour d’un château de sable doré, magnifique symbole du plaisir et de la fragilité des paradis terrestres. Sur scène, la troupe éblouit : drôlerie, plaisir, virtuosité dans cette première partie inspirée d’Esther Williams et de Busby Berkeley.Puis la mélancolie s’introduit sur les premières notes de The man I love et la pluie se met à tomber, qui ravage le château de sable. Sur Summertime, joué au piano, les Montalvo-Hervieu chorégraphient ce qui est sans doute le moment le plus novateur et le plus émouvant de cette création. Avec des scènes de groupe et duos de garçons, ils écrivent des pages de danse extraordinairement belles et graves. On entre dans Porgy pour découvrir l’enfer. C’est l’horreur de la ségrégation que les Montalvo-Hervieu martèlent ad nauseam, l’enchaînant au destin actuel des boat people dans une fresque si didactique qu’elle agace au lieu d’émouvoir. Gageons qu’ils sauront introduire des nuances. Ils ont le temps : rien que pour 2009, la pièce est déjà programmée 130 fois.

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GershwinMontalvo-Hervieu tirent un portrait chorégraphique du compositeur Gershwin Gershwin, évidemment ! Il fallait bien que le compositeur américain 1898-1937 croise la route des chorégraphes José Montalvo et Dominique Hervieu. Parmi les points communs : partir des mélodies et des danses populaires folklore juif et jazz par exemple pour le premier ; danse hip-hop ou africaine du côté des seconds pour les tramer de façon savante. Tout George Gershwin, comme Montalvo-Hervieu, réside dans l’écriture, la syntaxe et le rythme qui croisent les thèmes.À la Maison de la danse, samedi 6 septembre, Good Morning, Mr. Gershwin ouvrait en fanfare la Biennale de la danse. Portrait chorégraphique du compositeur, ce spectacle pour quatorze interprètes présente deux visages de Gershwin : Broadway, à droite, avec ses girls aux jambes jusqu’au menton ; bidonvilles, à gauche, avec la misère des Noirs dans les années 1930. Entre swing et blues, les Préludes pour piano cousent de mélancolie les pas de deux à claquettes.Good Morning, Mr. Gershwin puise aussi au registre esthétique multiculturel des chorégraphes. Le premier volet, « Broadway », active la pompe du plaisir en lançant les danseurs comme des bombes. Sur des airs des comédies musicales de Gershwin comme Embraceable you, les interprètes, en pointes, baskets ou claquettes, cognent les styles dans la ligne haute définition Montalvo-Hervieu.Le « plus » qui excite : l’apparition, grâce à des hip-hoppeurs bluffants Priska et P. Lock, de pas de deux entre comédie musicale à la Fred Astaire et acrobaties jamais vues. Glissants, nerveux, d’une grande amplitude spatiale, ces duos virevoltent jusqu’à faire passer la virtuosité pour une évidence.Pièce-virage, Good Morning, Mr. Gershwin ressemble à une mise au point. La narration de l’histoire de Porgy a obligé les chorégraphes à repenser leurs acquis au diapason du sens. Demeure un instinct de jouissance qui met à flot le public. Sans oublier cette note militante, chère à Gershwin, qui veut penser le monde, aussi sombre soit-il, réversible.

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